J’ai dû accepter que balayer mon trottoir chaque matin n’était qu’un doux leurre, un geste pour me convaincre que ce petit coin du monde était mien, alors qu’il ne l’était pas. Ma maison, mon refuge, n’était qu’un toit passager,
mercredi 8 janvier 2025
J’ai dû accepter…
J’ai dû accepter que balayer mon trottoir chaque matin n’était qu’un doux leurre, un geste pour me convaincre que ce petit coin du monde était mien, alors qu’il ne l’était pas. Ma maison, mon refuge, n’était qu’un toit passager,
jeudi 2 janvier 2025
Quand et combien de temps méditer ?
À quel moment de la journée consacrer un temps spécifique de méditation ? L’expérience montre que le matin, avant de commencer toutes nos activités, est un excellent moment. Ce n’est pas pour rien que, dans toutes les traditions spirituelles, les moines privilégient la méditation ou la prière matinales. Cela permet de clarifier et d’ancrer notre esprit et de conserver toute la journée le parfum de ce temps privilégié de présence. Malheureusement, il est souvent difficile, lorsqu’on a une vie familiale et professionnelle bien remplie, de prendre du temps le matin sans abréger son temps de sommeil, tout aussi précieux ! Je recommande alors de prendre seulement deux minutes pour se centrer, respirer, sentir son corps, poser une intention pour sa journée. On pourra renouveler l’exercice plusieurs fois dans la journée, dans les transports par exemple, ou à son bureau : fermer les yeux, respirer amplement avec attention, sentir son corps et lâcher son mental quelques minutes. Si nous parvenons à prendre au moins sept fois par jour ces précieuses minutes d’attention, cela aura un véritable impact sur nos vies. On peut aussi prendre un petit temps le soir avant de dormir, mais en conservant l’esprit alerte et vigilant, car si on est trop fatigué, on risque de confondre méditation et engourdissement de l’esprit.
On recommande généralement en mindfulness de méditer au moins trente minutes par jour d’affilée. C’est en effet une bonne durée pour permettre à l’esprit de s’entraîner efficacement. Mais mon expérience m’a montré que la régularité comptait plus que la durée : mieux vaut méditer dix minutes tous les jours que deux heures une fois par semaine. Et surtout, encore une fois, l’essentiel c’est ensuite d’essayer d’appliquer cette qualité de présence que l’on développe en méditation à tous les moments de la journée : lorsqu’on marche, lorsqu’on travaille, lorsqu’on mange, lorsqu’on échange avec les autres.
jeudi 10 octobre 2024
Tendre l'oreille
"Je n’ai pas envie de parler de moi,
mais de tendre l’oreille
pour écouter la germination et le bruit du temps."
Ossip Mandelstam 1891-1938
art graphique: Sarah Jarret
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dimanche 15 septembre 2024
La trame du temps
Oui, le temps nous fait et nous défait, nous tisse et nous détisse. Il n’est pas l’ennemi, même s’il nous donne parfois l’impression de nous mordre, de nous faire tourner en bourrique, d’effacer les traces de nos pas sur le chemin. Il nous déleste, nous détache, nous accoutume, nous transforme, nous simplifie. On comprend que Gilles Baudry cite, parmi les exergues qui jalonnent son très beau recueil de poèmes, le Chant du balancier (Ad Solem, 2024), cette réflexion lumineuse, bouleversante de confiance, d’Hölderlin : « Le temps est d’une précision littérale et d’une infinie miséricorde. »
Et cette autre du paysan de Dieu, François Cassingena-Trévedy : « Les heures sont les étamines du temps que chaque jour énumère, émerveillé, jusqu’à ce que le temps même nous cueille. » Nous cueille ! Nous revient à l’oreille, comme un chant d’espérance, la Cantate à trois voix de Paul Claudel : « Mais toi, mon âme, dis : Je ne suis pas née en vain et celui qui est appelé à me cueillir existe ! »
La science de l’adieu
Le temps nous conduit où nous devons aller, fait de nous ce que nous devons être, défait ce qui doit l’être, et sauvegarde ce noyau étrange, cette musique irréductible, ce souffle improbable que nous sommes encore quelques-uns à appeler l’âme. L’âme ! Un de ces « mots déshabillés de tout savoir », comme le dit Gilles Baudry.
Le temps nous apprend la science de l’adieu, si amère vue de l’amour que nous avons contracté pour les choses de cette terre, ses fruits merveilleux, ses passants qu’on voudrait immortels. Le poète y décèle un scintillement autre : « L’adieu tu en connais / les extases et les ombres // la fêlure de rechercher / partout sa doublure invisible // le pied vacille / le cœur se vrille // le silence des larmes / la poignante mélancolie des choses // l’adieu pourtant / ne peut mourir définitivement // il se retire / comme la mer pour laisser advenir // dans l’interstice de l’absence / cette lumière murmurée // l’instant porté / à l’état pur // inattendu se lève en nous / le visage intérieur et sa lueur d’eau vive. »
Il y a une lenteur propre au temps. Cet espace, creusé en lui, pour la naissance. Cette naissance qui n’en finit pas. Qui se confond avec le mouvement même de la vie. Un mouvement, pour ainsi dire immobile. Cette lenteur, nous apprenons à en trouver la porte — c’est une aile, nous dit le poète. Et à l’habiter. Mais pour l’habiter, il faut sortir du temps agité, faussement productif, frénétique, où le monde voudrait nous enfermer : « Plus tu fais, moins tu es / et moins tu contemples, / plus tu t’agites, / moins tu habites. »
Le commencement de l’effacement
Habiter ! Voilà ce que le temps nous apprend. Habiter le passage, la traversée des apparences, l’Évangile douloureux de la mort — cet « ange qui revient chercher ses ailes », comme l’écrit le poète Jean-Baptiste Para, cité par Gilles Baudry. Habiter, ne pas esquiver, amoindrir l’épreuve de la mort : « Immobile la chambre / comme l’attente / la fenêtre se signe / il s’est quitté / enfin. »
Habiter, voir dans le visage de l’ami qui s’en va pour jamais quelque chose de difficile à nommer : le commencement de l’effacement, mais aussi le signe presque imperceptible de l’acheminement. Comme une promesse de Destination. Le poème est dédié à Philippe Mac Leod, mort en 2019 : « Tu n’avais plus que le visage de l’absence / mais au cœur du silence chacun voyait luire / l’inextinguible flamme de l’humble présence. / C’était assez d’amour infini pour partir, / prendre congé de nous sans vraiment nous quitter. / La mort à notre vue qui croyait te ravir / a fait éclore à son insu l’éternité. » Il existe une fécondité et même une sainteté du temps. L’œuvre d’une vie, la seule qui compte ? Le découvrir, en soi et hors de soi. Et pour cela, « voir ce qui demeure dans ce qui passe », comprendre ce qui fait qu’à chaque instant « les aiguilles / de l’horloge sont à deux doigts / de se taire ».
Emmanuel Godo, poète et essayiste, est professeur de littérature en classes préparatoires. Il a notamment publié les Passeurs de l’absolu (Artège), les Égarées de Noël (Gallimard) et Maurice Barrès (Tallandier). Son dernier livre, Ton âme est un chemin (Artège), sort le 18 septembre.
Source : La Vie
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lundi 19 août 2024
Un jardin d'instants...
A un jardin
Oui nécessaire clôture
Pour que le lieu devienne lien
Et le temps attente.
Que le sentier mène à l’amante,
Que tout désir aille à son terme,Que chaque fleur porte visage et nom,
Que chaque fruit préserve faim et soif,
Que vent et pluie soir et aube
Renouvellent leurs offrandes sur l’herbe,
Que l’infini, lui, fasse halte
Sur la cime des pins.
Oui nécessaire clôture
Pour que le lieu soit appel,
Et l’instant répons sans fin.
mardi 18 juin 2024
Qu’y a-t-il dans ma tasse ?
Intéressant. On dit d'ailleurs souvent que la coupe est pleine...
" Vous tenez une tasse de café, quelqu’un arrive et vous heurte et vous fait renverser votre café partout. Pourquoi avez-vous renversé le café ?
“Eh bien parce que quelqu’un m’a poussé, bien sûr”…
Mauvaise réponse.
VOUS avez renversé le café parce qu’il y avait du café dans votre tasse.
S’il y avait eu du thé dans la tasse, vous auriez renversé du thé.
Tout ce qui se trouve à l’intérieur de la tasse, c’est cela qui va déborder.
Par conséquent, lorsque la vie se produit et vous secoue, ce qui arrive souvent, tout ce qui est à l’intérieur de vous sortira.
Nous devons donc nous demander : “Qu’y a-t-il dans ma tasse ?”
Quand la vie devient difficile, qu’allons-nous faire déborder ?
La joie, la reconnaissance, la paix et l’humilité ?
Ou la colère, l’amertume, les mots durs et la réactivité ?
Qui choisit ?
A partir d’aujourd’hui, travaillons à remplir nos tasses de gratitude, de pardon, de joie, de paroles d’affirmation pour nous-mêmes et de gentillesse, de douceur et d’amour pour les autres.
La vie est amour, joie et bonheur.
Il faut du temps pour laver les vêtements boueux dans la machine à laver. OK ? Réveillez-vous.
Si vous voyez que quelqu’un est en colère ou vous porte de la haine ou de la jalousie, peu importe.
Donnez-leur un peu de temps pour se recentrer.
Comprenez qu’il leur faut du temps pour essuyer leur poussière intérieure.
Vous devez avancer dans la vie avec la clarté de l’esprit, la pureté dans le cœur et la sincérité dans l’action.
Détendez-vous.
Soyez à l’aise avec vous-même et avec tout le monde autour."
Sri Sri Ravi Shankar
(auteur non vérifié)
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mercredi 12 juin 2024
Débrouille
jeudi 23 mai 2024
L'autre versant
Il y a un ordre
lundi 20 mai 2024
Ce qui est
Vous ne pouvez pas observer "ce qui est" si vous le critiquez sans cesse, si vous l'aimez ou le détestez.
Le conflit est le déni de ce qui est, ou la fuite de ce qui est. Il n'y a pas d'autre conflit à part celui-là. Notre conflit devient de plus en plus complexe et insoluble parce que nous ne faisons pas face à ce qui est.
Il n'y a aucune complexité dans ce qui est, mais seulement dans les nombreuses évasions que nous recherchons.
Le temps s'arrête lorsqu'il n'y a que "ce qui est".
(Public Talk 3, Ojai, CA) - Jiddu Krishnamurti
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dimanche 24 mars 2024
Anne Le Maître : « Le silence conduit au cœur profond » (2)
Le silence peut être perçu comme une perte de temps… Vous, vous croyez au contraire à sa fécondité ?
Oui, et j’aime l’image de la jachère : parfois, ne rien faire est plus fécond que faire. Si cela est avéré en agriculture, pourquoi cela ne serait-il pas vrai pour nous aussi ? En passant pendant deux ans dans mon petit jardin à écouter les oiseaux, j’ai réalisé qu’il y en avait 41 sortes différentes. La fécondité de cette écoute ne fut pas seulement l’identification de 41 espèces, elle engendra aussi une prise de conscience le jour où il en manqua un : je mesurai alors l’effondrement biologique, et, face à cette réalité insupportable, je me mis dans l’action en m’engageant dans l’écologie. L’idée de jachère prend ici tout son sens : dans mon silence du matin, j’ai longtemps ignoré que 41 sortes d’oiseaux se cachaient dans le jardin. Le silence permet une autre perception du réel. Il nous rend plus poreux à ce qui nous entoure, et offre ainsi la possibilité de se laisser toucher et rejoindre.
Si le silence est fécond, il peut aussi être mortifère…
On parle de « silence de mort ». Il y a le silence des victimes et celui des bourreaux. Le silence de celui qui n’a pas la place de s’exprimer, et du témoin qui ne veut pas voir, pas dire. Le silence comme négation de l’être, de ce que vit l’autre : ceci n’existe pas, je ne veux pas entendre ta parole. On le voit notamment avec les abus sexuels. C’est là le contraire du silence d’écoute. Il y a aussi le silence enfermant, de la personne qui ne peut plus parler en elle-même, parce qu’elle est, par exemple, en dépression. Il faudra beaucoup d’écoute pour parvenir à la faire sortir de ce silence…
Alors que nous aspirons, dans une société très bruyante, à de plus en plus au silence, ce dernier nous fait peur…
Il y a peut-être, dans ce paradoxe, une réaction de survie : nous vivons dans une société de la sursollicitation permanente, en bruit, en sons, en monde. En images aussi – qui génèrent du bruit intérieur. Nous avons du mal à échapper aux écrans dans l’espace public, cela envahit nos cerveaux. Sans parler de nos téléphones qui nous envoient des notifications. Notre organisme en pleine overdose voudrait être plus tranquille et dans le même temps, s’il est enfin moins sollicité, on se sent esseulé, comme mort. Si la relation n’est que sur le mode de la sursollicitation, alors l’absence de sollicitations reviendrait à absence de relation. Là se niche peut-être l’angoisse, en partie. Et pourtant : si le langage est relation avec l’autre, le silence peut aussi être relation. Merveille du silence partagé dans l’amitié ou l’amour… Pouvoir se taire à deux, c’est vivre ensemble la présence.
Notre société est aussi celle de la performance, de la frénésie, du rendement…
Et le silence, lui, est gratuit et prend du temps… Le risque de nos sociétés hypermatérialistes est de nous vider de l’intériorité. Et ce qu’il reste de l’intériorité, on nous le vend sous forme marchande : multiplication de stages de développement personnel, de yoga, de jeûne, etc. Loin de moi l’idée de condamner tous les stages, mais il s’agit de faire preuve de discernement et il y a des miroirs aux alouettes. La gratuité est d’ailleurs suspecte et c’est comme les stages de jeûne où vous payez très cher le fait d’être encadré pour ne pas manger : j’imagine que si l’on avait réussi à mettre un prix au silence, il y aurait des marchands de silence.
Vous faites le lien dans votre livre entre le silence et le jeûne…
Dans les deux, on creuse pour faire place à l’inattendu. Car, si on attend quelque chose, on ne fait pas réellement place. L’inattendu est comme la Résurrection. Quelle surprise pour les apôtres face au Christ ressuscité ! On retrouve cet inattendu dans la Nativité, faisant suite à l’Avent, temps d’attente et de silence : un roi enfant né dans une mangeoire… Jeûner de bruit, pratiquer « l’abstinence des lèvres », comme l’écrit Nathalie Nabert, dans le Maître intérieur, n’a ainsi pas pour but d’attendre quelque chose de précis, au contraire. La fécondité est la possibilité d’un surgissement quel qu’il soit. D’un projet, d’une parole, d’une rencontre.
Dans le silence comme dans le jeûne, la question du manque est cruciale…
Le silence nous fait éprouver le manque, car il nous oblige à nous asseoir et à nous poser les vraies questions. À revenir à l’essentiel. Or, face à une société du plein, du gavage, avec trop de bruit, de calories, de choses à acheter ; une société qui répond toujours à la satisfaction immédiate du besoin et du désir, se découvrir habité par le manque – et je pense qu’il est consubstantiel à ce qu’on est – me paraît un remède sain. Car c’est en se vivant dans l’incomplétude qu’on ira chercher ailleurs, qu’on s’ouvrira à la relation à l’autre et à Dieu.
-----------------------lundi 11 mars 2024
Quand il faut se résoudre à installer ses parents en Ehpad
C'est un passage important dans la vie d'une famille, dans les rapports entre les enfants et les parents vieillissants. Il est temps de solder le passé et de préparer la fin de vie des aînés.
Nicole Prieur, psychologue et essayiste
Si la culpabilité apparaît en premier, tenace et envahissante, elle ne représente qu’un aspect de la tempête psychique et émotionnelle qui s’élève dans la tête des enfants confrontés à cette difficile décision. La question « Suis-je une bonne fille, un bon fils ? » est d’autant plus douloureuse que l’on a eu du mal à voir ses parents vieillir. Fréquemment, elle n’a pas la même acuité pour les femmes et pour les hommes.
C’est souvent par le déni que nous accueillons les premiers signes de fragilisation de nos parents. Une mère toujours vaillante qui se casse le col du fémur, un père à qui on diagnostique une grave maladie… nous n’avons pas envie de prendre la mesure du temps qui passe. Cette forme de déni protège contre une prise de conscience qui serait trop brutale et, à la fois, la préparerait.
Prendre soin de ses parents
Car, déjà, de grands mouvements s’opèrent en profondeur. Un réaménagement des images parentales s’impose devant leur vulnérabilité qui s’installe. Prendre soin de ses parents, alors qu’ils ont été les figures d’attachement de la famille, nous met à une place nouvelle, nous devenons plus ou moins le parent de notre parent. Cela inverse les loyautés, et les remet en question. Ce père ou cette mère dont j’attends peut-être encore une reconnaissance manquante, qui ne m’a pas donné l’affection, le soutien dont j’avais besoin, que lui dois-je aujourd’hui ? La machine inconsciente des comptes et contentieux s’active.
Ainsi, quand l’état des seniors s’aggrave et qu’il faut décider pour eux, souvent contre eux une entrée en Ehpad, nous savons que ce sera leur dernier lieu de vie. La responsabilité est lourde. Au-delà de la tristesse ressentie, nous y enfermons aussi, par ce geste, une partie de notre enfance, surtout si le parent, témoin précieux de ce temps révolu, en a perdu la mémoire et ne nous reconnaît plus. Dans cette absence, quelque chose meurt, déjà. Alors comment faire ?
Le temps de la réconciliation
Pour apaiser sa culpabilité, il est important d’être au clair avec cette décision, même si elle n’est pas validée par le reste de la famille, critiquée souvent par les personnes mêmes qui se contentent d’un rapide et rare coup de téléphone. Reconnaître et admettre qu’il n’y a pas d’autres solutions, que c’est l’unique lieu où ce parent sera en sécurité. S’assurer aussi de la qualité des soins prodigués par l’établissement choisi, ne pas hésiter à faire son enquête, à en visiter plusieurs.
Rien de tel aussi que de considérer ce temps comme particulièrement propice à une réconciliation. « Solder les comptes », ne plus lui en vouloir de ses insuffisances. Grandir, c’est s’affilier aux côtés positifs de ce parent, mesurer ce que l’on a reçu de lui, malgré tout. Ne garder que les bons moments, les beaux souvenirs, les sourires partagés qui continueront à vivre en nous.
C’est aussi une manière de préparer le deuil et d’entrer dans la gratitude. Selon une interprétation rabbinique, tel est le sens du commandement « Tu respecteras ton père et ta mère ». Le verbe hébreu traduit par « respecter » veut dire littéralement, « rendre lourd », « donne du poids à la vie de tes parents, donne du sens, comprends pourquoi ils ont été ce qu’ils ont été ». Peut-être, alors, le pardon n’est pas loin, et l’apaisement adviendra malgré la perte.
---------------- source : La Vie
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mardi 9 janvier 2024
Non connaissance.
Betty Quirion : Dans un total abandon, comme une fiancée promise à un inconnu, j'ai accueilli la non-connaissance : ne pas savoir intellectuellement, ne pas comprendre le processus et ne pas marchander le temps ; plonger dans le vide, seule...
Un sage qu'elle a rencontré : Tu sais Betty, la souffrance que tu as vécue, et que tu vis encore, ressemble à un voltage électrique qui ajuste ton corps graduellement pour ce que j'appelle "le grand rendez-vous avec la vérité". Cette énergie, qui sera ta demeure, est d'une telle force que si tu y avais accès maintenant, ton corps brûlerait ! Sois patiente ! Tu ne le sais pas encore, mais un évènement, interprété comme spirituel et exceptionnel, semblera t'arriver. Mais toi, Betty, telle que tu te conçois actuellement, tu ne seras même pas là pour t'en rendre compte.
Betty : Si le temps n'existe pas, pourquoi attendre qu'il arrive je ne sais trop quoi ?
Sage : Tu poses la question à partir de ta demeure actuelle : le temps. C'est ta volonté personnelle qui parle, car tu te crois un être de volonté qui a un pouvoir personnel, et c'est à partir de ce point de vue là que tu poses une question. Tu crois encore en ta personne. Et c'est parfait ! Ton corps n'est pas encore prêt. Des ouvertures se font depuis ton enfance, et ta volonté personnelle les referme aussitôt. Actuellement tu souffres, car tu prends tout personnellement ; mais ce n'est rien cette souffrance, ne t'en soucie pas.
(La Fraîcheur de l'instant, la fin d'un rêve d'individualité)
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vendredi 5 janvier 2024
Présence de l'année
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samedi 18 novembre 2023
Busy ?
Trop occupé pour regarder cette vidéo ?
Besoin de s'occuper de son esprit...
vendredi 3 novembre 2023
"Face aux écrans, apprendre le discernement"
mardi 17 octobre 2023
samedi 9 septembre 2023
Apprivoiser le temps
Par Jean-Marc Bastière
La question d’habiter le présent, nos heures, nos jours se pose avec acuité en ce mois de rentrée. Prendre soin de cette dimension essentielle de notre existence, est nécessaire. Voici quelques points d'attention à cultiver.
Notre condition est de vivre dans le temps. Il nous semble parfois être prisonnier de son cours implacable comme si nous étions emportés dans un fleuve impétueux, jamais loin de nous noyer. Comment rompre avec ce sentiment d’impuissance et d’inquiétude qui nous saisit alors pour retrouver un sentiment de liberté et de gratuité ? Comment habiter le temps de façon à donner à nos vies densité et plénitude, reflets de la joie et de la paix éternelles ? Ce sont des questions cruciales.
S’ouvrir au mystère
« Qu’est-ce que le temps ?, s’interroge saint Augustin dans ses Confessions. Si personne ne me le demande, je le sais bien ; mais si on me le demande et que j’entreprenne de l’expliquer, je trouve que je l’ignore. » Avant d’être une abstraction mesurée par les horloges, le temps est un mystère. Mais il n’existe vraiment qu’incarné, peuplé de visages et de paysages, de voix humaines et de sons familiers, de poisson grillé sur la plage et de moments d’oraison silencieuse… Le temps, je le perçois mes sens ouverts et mon cœur réceptif.
Cultiver la reconnaissance
Le temps n’est pas un dû mais un don, comme de l’eau pure qui nous est offerte ou une grâce qui nous est octroyée. L’attitude première que nous avons à cultiver est ainsi la reconnaissance pour ce temps qui nous est offert afin que notre vie s’y déploie. Nous pouvons en faire notre malheur si nous cherchons à l’accaparer comme un trésor, si nous nous cramponnons à lui de façon désespérée et cherchons à retenir de façon fébrile son écoulement inexorable, entre un passé qui n’est plus, un présent qui s’évapore et la mort qui se rapproche ! Un peu de confiance et de reconnaissance suffisent au contraire pour que le temps prenne un goût de bonheur.
S’imposer un régime du temps
Pour ne pas le subir, un emploi du temps réfléchi, sinon médité, a une grande vertu. Quand nous avons l’impression de ne plus rien maîtriser, tout remettre à plat et s’imposer un « régime du temps » drastique peut être salutaire. Avec des renoncements, des allégements. Savoir dire non à une sollicitation, ne pas précipiter une décision pour que la clarté se fasse et surtout pouvoir respirer à pleins poumons grâce à des moments de rafraîchissante gratuité.
D’où l’importance des offices liturgiques qui remettent tout en perspective. Pour goûter pleinement un rendez-vous, nous pouvons prendre un peu d’avance. A contrario, quand nous arrivons en retard, en particulier à la messe, nous ne sommes pas dans les meilleures dispositions.
Écouter sa voix intérieure
Quand je dois décider d’engager de mon temps, il peut être judicieux d’interroger quelle puissance de vie recèle mon choix. C’est une question d’oreille, non pas interne, mais intérieure. Ou de ressenti subtil. Est-ce de la joie et de la paix que je ressens ? C’est alors bon signe. Ou du trouble, une dissonance qui devrait me conduire à être prudent ? C’est une façon d’exercer le « discernement des esprits » évoqué par saint Ignace de Loyola dans ses Exercices spirituels.
Pour autant, il ne s’agit pas de renoncer, loin de là, à tout ce qui est rébarbatif, mais il faut alors mettre cela en perspective en fonction de notre but. Tenir ses engagements nous stabilise intérieurement. La vie n’est pas qu’une succession d’instants ; elle s’inscrit dans une durée qui lui confère son unité.
Habiter le présent
Le passé a été et l’avenir n’est pas encore. Seul le présent existe, mais quel est-il ? Le présent, en tant que succession d’instants toujours divisibles, n’est jamais présent, il se dérobe toujours. C’est pourquoi le présent véritable transcende l’instant, il l’englobe dans une réalité supérieure. Quand je suis avec quelqu’un, cette présence qui nous fait oublier le temps forme un tout – presque un tiers entre nous. Elle se trouve, sous sa forme la plus parfaite, dans le cœur-à-cœur avec Dieu, la « porte de notre chambre » refermée. D’où l’importance, si cela nous est possible, de ne pas mettre à la dernière place ces temps de prière silencieuse, comme nous en avons tous la tentation.
S’ouvrir à l’éternité
La voici donc, la porte dérobée de l’éternité : cette présence insistante qui se signale dans une douceur de brise. Nous la ressentons par intermittence, mais elle est toujours là, par-delà le temps. Pour l’accueillir, la disponibilité du cœur suffit. Comme si, occupé dans une maison de famille, nous apercevions par la fenêtre, sans nous y attendre, la merveilleuse nuit étoilée. Elle apparaît toujours par surprise, cette jeune éternité. Même son absence est présence. Car elle laisse dans son sillage un parfum de tendresse et d’amour.
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source : magazine La Vie
mardi 22 août 2023
S'occuper de son corps à temps
On ne s'accorde pas beaucoup de temps pour sentir le corps.
À un moment donné, plutôt que de réfléchir sur votre vie affective, sur la spiritualité ou sur quoi que ce soit, vous vous accordez un espace dans la journée, où vous êtes présent sensoriellement : éventuellement vous explorez un mouvement du doigt, du poignet, du souffle... Vous êtes présent.
Votre questionnement se fait tactilement, comme un musicien qui, lui, a un questionnement auditif. Ainsi, peu à peu, les zones endormies redeviennent conscientes. Il faut rester doux, être patient.
Le but de la vie c'est de commencer par observer les obstacles. On n'a pas le regard vers un but, mais vers le ressenti de l'obstacle pour sentir les zones du corps qui bloquent et empêchent de le réaliser. On devient disponible aux automatismes et réactions psychologiques, l'insatisfaction, le rejet, l'amertume, l'échec, le doute, l'agitation. Par la sensibilité, on décode la façon dont ces éléments se surimposent constamment à notre ressenti.
La réaction de notre psychisme à travers les réactions du corps est le cœur du travail. Ce qui arrive est nécessaire, que ce soit la tristesse ou la joie, que ce soit l'extase ou la difficulté, et à un moment donné, il y a cette écoute, qui va être de plus en plus là, où je deviens à l'écoute de ce qui se présente.
L'accent n'est pas mis sur ce qui se présente, sur ce que l'on écoute, mais sur le ressenti. Il est normal que la première fois que l'on fait l'expérience du corps vacant, d'une vibration très forte, il y ait une espèce de joie.
On ne va pas s'en vouloir parce que l'on est joyeux de sentir enfin la vibration, mais à un moment donné, il n'y a plus cet élément psychologique, on est dans l'écoute et ce qui est écouté passe au second plan. Le processus d'écoute du corps va de plus en plus refléter la Conscience.
C'est l'enseignement traditionnel, qui d'abord se fait sur le corps.
Le corps, c'est le symbole de la vie. La relation au corps c'est celle que l'on a avec le monde. La façon dont on traite son corps, c'est la façon dont on traite le monde. L'inconfort du corps, c'est l'inconfort qu'on a avec le monde. Quand le corps va devenir Conscience, le monde va devenir Conscience.
Le monde est une projection du corps. On est en relation avec le monde exactement comme on est en relation avec le corps. C'est très important de rendre ce processus conscient.
~ Éric Baret
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vendredi 21 juillet 2023
Du cœur à l'ouvrage
Paris, avril 2023
DU COEUR A L'OUVRAGE
Rue du Faubourg Montmartre, non loin de notre domicile parisien, il y a un établissement où l’on mange des glaces, des crêpes et des galettes de sarrasin. J’y vais régulièrement prendre des galettes « à emporter » qui nous font notre repas.
Outre les galettes elles-mêmes, qui sont très bonnes, ce que j’aime dans cet endroit, ce sont les quelques minutes où, ma commande passée (deux galettes) je regarde les cuisiniers les faire sous mes yeux. C’est toujours beau et nourrissant de voir des personnes exercer une expertise, faire un travail et le faire bien.
Chacun des deux employés verse sur une grande plaque circulaire la pâte liquide qui, cuite, deviendra la galette. La couleur est belle, jaune d’or, la pâte prend, puis le cuisinier y dispose les ingrédients spécifiques correspondant à mes commandes. Morceaux de poireaux, fromage de chèvre, miel, noix pour l’une ; plus classique, fromage râpé, jambon, oeuf cassé d’un mouvement sûr pour l’autre.
Ces hommes qui font cela toute la journée sont calmes, posés. Je ne vois pas chez eux, sur leurs visages, dans leurs gestes, l’agitation si évidente un peu partout. Ils ne trainent pas, mais ils ont le temps. Il savent le prendre.
Du coup, on jurerait qu’il prennent du plaisir à faire ce qu’ils font. Chacun regarde la galette en train de prendre forme d’un œil serein et bienveillant, comme un artisan se plait à voir son ouvrage émerger.
J’adore le moment où le cuisinier va plier la galette. Il prend son outil là où il sait le trouver, et, de quelques coups de maître, confère une forme à ce qui jusqu’à présent était plat. Il la laisse encore quelques instants sur la plaque, juste le temps qu’il faut. Puis, d’un autre geste sûr, il soulève la galette pour la mettre dans la boîte prévue à cet effet. Un autre employé prend le relais pour disposer un peu de salade dans une petite boîte, y rajouter une pincée de sauce, mettre les boîtes contenant les galettes et salades dans un sac, y ajouter des couverts, deux serviettes en papier …
Lui aussi accomplit ce qu’il a à accomplir avec tranquillité et soin.
Voilà, ce travail là est terminé, l’employé me tend le sac, je m’en vais manger chez moi ce qu’ils viennent de me préparer avec une réelle reconnaissance pour le cœur qu’ils montrent à l’ouvrage.
La rue est fourmillante de passants, le grand boulevard juste à côté crépite de véhicules, de piétons pressés, de sons stridents.
Mais dans cet établissement pourtant très fréquenté, où ceux qui veulent s’ installer doivent souvent faire la queue, des gens savent encore prendre le temps ou plutôt ne pas jouer le jeu insensé de la précipitation. Ils ne se dérobent pas à eux mêmes leur dignité en gesticulant sous prétexte qu’ils « n’ont pas le temps. »
Gilles Farcet
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samedi 17 juin 2023
Temps qui trépasse...
Le temps s'accélère et se contracte. Le nombre de mails, de sms, de contacts... de disruptions font de nous des êtres branchés. Les pauses sont là pour rattraper le temps perdu. La durée du sommeil diminue.