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mardi 3 décembre 2024

Ligne courbe

- Oui, l’Occident a développé la raison, qui a façonné un mode de pensée dit cartésien, basé sur la
séparation de tous les composants. En cela il néglige le vivant qui englobe tout. Il y a du lien partout, et le lien est porteur d’information, même s’il n’est pas visible. Chaque espèce vivante est porteuse d’information qui se transmet, cela la rend créative en puissance.

L’ajout de deux éléments crée un tout plus vaste que la simple addition des deux initiaux séparés. Plus on laisse le silence nous envahir, plus on peut vérifier la subtilité et le mystère de la vie. La vie n’est pas une ligne droite qui se termine. C’est un cycle. Tout est cyclique : le jour, la nuit, les saisons. Rien ne meurt, tout se transforme. Où est la ligne droite dans la nature ? La vie est courbe, souple, car elle vient de l’eau. Regardez les formations nuageuses, les dépressions, les courants marins, les traces des astres, la formation des continents… La souplesse d’un bébé, d’une tige avec son bourgeon, et la raideur de ce qui s’apprête à mourir. Celui qui vérifie cela s’entraîne à garder l’esprit souple, léger. L’homme est fait pour évoluer à travers le cycle des vies et des renaissances. Il est partie intégrante d’un tout dont il ne soupçonne pas l’intelligence.

Extrait du livre à paraître "L'évidence retrouvée" de Yannick David

Pour renseignement : https://www.simply-crowd.com/produit/levidence-retrouvee/

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jeudi 27 juin 2024

Intelligence...

 La pensée est si rusée, si habile, qu'elle déforme tout pour sa propre convenance.

~ Jiddu Krishnamurti


Quand vous dites : "C’est un homme très intelligent", que voulez-vous dire ? Je pense que même si vous ne réussissez jamais un examen ou ne lisez jamais un seul livre, vous pouvez tout de même être extraordinairement intelligent. Alors, écoutez attentivement pendant que j’aborde la question de ce qu’est l’intelligence...

Pour moi, l’intelligence est la capacité de penser très clairement. C'est la capacité de penser sans qu'aucun désir personnel, aucune fantaisie, aucun espoir ni aucune peur ne soient projetés dans notre pensée. C'est de voir les faits tels qu’ils sont : voir la corruption telle qu'elle est, voir l'ambition telle qu'elle est, voir les exigences sexuelles telles qu'elles sont.

Tout voir clairement — sans aucune sorte de distorsion — est le début de l'intelligence.

~ Jiddu Krishnamurti - A Timeless Spring

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vendredi 14 juin 2024

Un point après l'autre : en avant !


 « Au tennis, la perfection est impossible. Sur les 1526 matches de ma carrière, j’ai gagné presque 80% de ces matches. J’ai une question pour vous : Quel pourcentage de points gagnés pensez-vous que j’ai lors de ces matches ? Seulement 54%. En d’autres termes, même les meilleurs joueurs du monde gagnent à peine un peu plus de la moitié des points qu’ils jouent.

Vous apprenez à vous dire : Je fais une double faute, c’est juste un point. Je suis venu au filet et je me suis encore fait passer. C’est juste un point. Même un coup superbe, un smash de revers qui finit dans le Top 10 d’ESPN. Ça aussi, c’est juste un point. Voilà pourquoi je vous raconte cela : quand vous jouez un point, cela doit être la chose la plus importante du monde. Mais quand le point est derrière vous, il est derrière vous. Cet état d’esprit est vraiment crucial car il vous permet d’être totalement impliqué dans le prochain et dans les suivants avec intensité, clarté et concentration.

Dans la vie, peu importe le jeu que vous allez jouer, parfois, vous allez perdre. Un point, un match, une saison, un travail, ce sont les montagnes russes avec beaucoup de hauts et de bas et c’est normal de douter de soi quand on est en bas et d’être désolé pour soi. Mais votre adversaire doute aussi de lui également. N’oubliez jamais cela. Mais de l’énergie négative est de l’énergie gâchée. 

Devenir un maître pour surpasser les mauvais moments est pour moi le signe d’un champion. Les meilleurs du monde ne sont pas les meilleurs car ils gagnent tous les points mais car ils savent qu’ils vont perdre encore et encore et ils ont appris à le gérer. Vous l’acceptez, vous pleurez si vous en avez besoin, puis vous vous forcer à sourire. Vous avancez sans relâche, vous grandissez, vous travaillez plus dur, plus intelligemment. N’oubliez pas : travaillez intelligemment ! »

Roger Federer lors de son discours de remise des diplômes à l'Université de Dartmouth.

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vendredi 3 novembre 2023

"Face aux écrans, apprendre le discernement"

 

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(extrait d'un interview de Bruno Patino, journaliste et spécialiste du numérique, dans le magazine La Vie. Il est l'auteur de "Submersion".)
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jeudi 20 avril 2023

L'intelligence du corps et le refus...

 Ce qui fait souffrir, c'est le refus de ce qui est...

Daniel Morin nous conseille de laisser monter et de voir les pensées qui viennent sans les filtrer, sans s'y opposer...


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jeudi 5 janvier 2023

« Seule la joie peut durer »


« Pour les Anciens, le but de la vie était d’accéder à la sagesse. La notion du bonheur n’a été considérée qu’au XVIIIe siècle, avec Diderot ou Kant par exemple, mais sitôt exclue du champ philosophique car jugée trop singulière, subjective : le bonheur ne peut être pensé de manière universelle. On doit à Bergson d’avoir montré qu’il est lié à notre élan vital : la joie indique que la vie en nous a gagné du terrain, remporté la victoire. Notre société consumériste propose de faux bonheurs, associés à la richesse, à la possession, au plaisir. Or ils ne suffisent pas à rendre heureux. Seule la joie peut durer. Elle suppose de ne pas désirer l’impossible, d’éviter de se lamenter, de se réjouir d’être en vie, même sous la pluie… “Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté”, considérait Alain. Être optimiste demande de l’intelligence et du courage. Que choisissons-nous d’entretenir : le manque ou le plein ? »

Éric-Emmanuel Schmitt, agrégé de philosophie, auteur de la série les Contes de la Chouette (dernier paru : l’Ours qui voulait être heureux, Hachette enfants).

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jeudi 27 octobre 2022

Intellect et cœur

 


L'intellect bien utilisé est en prise directe avec la réalité interne et externe.

Plus il s'exerce, plus il devient pénétrant et efficace, plus il rend possible le passage de l'émotion au sentiment. 

L'intellect permet de voir, et quand on voit, on sent.

Il n'y a donc pas d'opposition entre l'intellect et le cœur.


Swâmi Prajñânpad,  Abc d'une sagesse.

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samedi 8 octobre 2022

pas de prise de tête


L'intellect bien utilisé est en prise directe avec la réalité interne et externe.

Plus il s'exerce, plus il devient pénétrant et efficace, plus il rend possible le passage de l'émotion au sentiment. 

L'intellect permet de voir, et quand on voit, on sent.

Il n'y a donc pas d'opposition entre l'intellect et le cœur.

Swâmi Prajñânpad,  Abc d'une sagesse.


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mardi 23 août 2022

Formes d'inteligence


 Dans les textes védantiques, une analyse très précise est faite entre trois formes d'intelligence : 

1. La "manas" (ce que l'on peut traduire par mental), qui est notre intelligence à tous, pour nous qui ne sommes pas éveillés et qui se traduit par un mélange d'analyse (qui peut être juste) et d'émotion (ce qui la rend inopérante, à côté de la plaque, pour parler familièrement). 

2. La buddhi inférieure, qui est l'intelligence scientifique, qui elle a toute sa place, toute sa justesse, même si elle est limitée dans sa portée. 

3.La buddhi supérieure, celle qu'un Matthieu Ricard ou un Dalaï lama cultivent à longueur de journée par une méditation constante (immobile ou active).

Sabine Dewulf

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mercredi 27 octobre 2021

Un banc de réflexions

 

S'étendre sur le dos par une belle nuit étoilée. De préférence en un lieu où l'horizon est bien dégagé, comme dans un désert ou sur la mer. Se voir et se sentir dans l'espace, parmi les étoiles qui nous entourent de partout. Et se dire: " je suis un habitant du cosmos"

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mardi 10 novembre 2020

Les racines de notre nature…


Christian Bobin :
La racine du génie, c'est l'empathie, la grâce de bondir hors de soi, hors de sa carapace pour entrer au cœur de l'autre et en connaître toutes les douleurs, tous les secrets du feu destructeur. 
 Le Monde des Religions n°84 (07-08/2017)

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Source : magazine "Les 4 saisons"

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jeudi 27 octobre 2016

La gentillesse contre la folie par Roger McGowen



Un souvenir me revient souvent à l’esprit, ici dans ma cellule. Je suis un petit garçon de 7 ou 8 ans et je me tiens debout sur une planche en bois posée entre deux parpaings. Je me vois en train de remuer un liquide visqueux dans le grand chaudron noir de sorcière, comme nous l’appelions à l’époque. J’y mets toute mon énergie, à l’aide d’une cuillère en bois, pour obtenir une belle texture lisse. Comme j’étais fier d’aider ainsi mon arrière-grand-mère à faire du savon ! Elle qui m’a élevé ainsi que tous mes frères et sœurs ! Je n’oublierai jamais comme j’étais heureux de pouvoir remuer cette cuillère dans cette grosse marmite, tandis que la fumée s’élevait du feu allumé juste en dessous.

Quand tout était fondu, les graisses et tout ce qu’elle rajoutait pour parfumer le savon, il fallait laisser refroidir. Puis nous versions le mélange dans une poêle plate qu’elle utilisait pour le faire sécher. Ensuite, elle coupait le savon en petits carrés qu’elle entassait à l’arrière de la maison sous la véranda, pour qu’il sèche encore. Une fois qu’il était bien sec, après de nombreuses vérifications de ma part, nous allions faire le tour du voisinage pour le distribuer aux personnes âgées. Oh mon Dieu, ils étaient tous si heureux de recevoir leur petit carré de savon ! Ensuite, c’était la période des conserves et des confitures. Je grimpais dans le prunier du voisin pour cueillir ses prunes bien mûres. Je remplissais le panier de mon arrière-grand-mère avec tellement d’ardeur ! Puis je l’aidais à éplucher tous les fruits. Cela m’amusait beaucoup, parce que je pouvais lécher la cuillère quand elle avait fini et dérober quelques fruits pour les manger en cachette.

Rasés, baignés, épouillés

Beaucoup de mes amis du quartier se moquaient de nous quand nous refaisions le tour avec mon arrière-grand-mère, pour distribuer cette fois toutes nos conserves et nos confitures non seulement aux personnes âgées, mais aussi aux familles pauvres des alentours. Oh bon sang, comme j’étais gêné parfois que l’on me voie avec cette grand-mère ! Comme il m’est arrivé d’avoir honte de cette distribution sous les yeux de mes copains ! Et bien sûr elle devinait mon embarras et me lançait haut et fort : «Roger McGowen, il n’y a pas de honte à être gentil !» Ou encore : «Roger McGowen, n’aie jamais peur de donner quand tu possèdes plus que le nécessaire !» Ou bien : «Roger McGowen, il n’y a rien de mal à donner tout ce qu’il te reste si quelqu’un en a plus besoin que toi !»

Ces mots se sont imprimés en moi pour le reste de ma vie. J’ai sans doute été si heureux de vivre aux côtés de cette arrière-grand-mère, de participer à tous ces actes de bonté que ces petites phrases et tous ces dons complètement désintéressés ont fini par intimement m’imprégner.

L’un des actes le plus désapprouvé en prison, spécialement dans le couloir de la mort, c’est précisément celui de la «gentillesse». Elle est même fortement déconseillée par les gardiens, tant elle peut produire de la camaraderie, voire de l’amitié, ce qui est formellement interdit en milieu carcéral. Oui, la gentillesse est si dangereuse, tant elle pourrait démontrer combien les prisonniers sont encore des êtres humains, au lieu des animaux que tout le monde souhaite nous voir devenir.

Pour la plupart d’entre nous, l’incarcération se fait en plusieurs étapes. D’abord nous sommes placés dans la prison du comté, en attendant le procès. Et puis une fois que le procès a eu lieu, et que le verdict de culpabilité a été prononcé, chacun doit subir divers examens. Nous sommes alors rasés, baignés, épouillés, et l’on nous donne le peu de choses autorisées en prison. Pendant tous ces épisodes, une phrase nous est constamment répétée par chaque personne que nous rencontrons : «N’accepte jamais quoi que ce soit de qui que ce soit… C’est un piège ! N’accepte jamais rien d’autrui !» Soyons justes, d’ailleurs : il est certain que beaucoup de jeunes détenus se sont parfois fait avoir avec quelques générosités manipulatrices, produisant alors des conséquences graves pour leur vie carcérale. La plupart des détenus qui arrivent en prison sont donc dans une extrême méfiance. Et ils n’acceptent rien de personne même si, dans de nombreux cas, les aides offertes par les codétenus le sont sans intention de mal faire. J’ai tellement vu de vieux prisonniers qui essayaient seulement d’aider le nouvel arrivant à mieux vivre cette période difficile qui suit l’incarcération, un moment que chacun vit toujours si douloureusement. Tout au plus essayent-ils de rendre cet enfermement soudain un peu moins dur que ce qu’ils ont connu eux-mêmes.

Je n’étais pas différent en arrivant dans le couloir de la mort ! J’étais un jeune prisonnier encore sous le choc de son incarcération, rempli de méfiance envers tous les autres. Mais en ayant grandi auprès de cette arrière-grand-mère, une petite phrase trottait sans cesse dans mon esprit : «Roger McGowen, il n’y a pas de honte à être gentil !» Sans doute, malgré tous les avertissements de chacun, avais-je encore un peu confiance dans les hommes !

Odeur âpre, sauvage, animale


Je suis arrivé dans le couloir de la mort en novembre 1987. Et la première chose qui m’a frappé, ce fut l’obscurité, et l’odeur de l’aile de la prison dans laquelle je fus enfermé. Je m’en souviens encore, c’était l’aile J-23 ! Il y avait du grillage de poulailler tendu au-dessus des cellules, et des rangées de clôture tout autour de la promenade. La lumière pâle et blafarde était si faible qu’elle donnait une atmosphère lugubre au cachot. Quant à l’odeur, elle m’était totalement inconnue. Elle était âpre, sauvage comme une odeur animale. Je n’avais jamais rien senti de tel. Quelle stupeur pour un homme d’entrer dans un monde pareil !

J’en suis certain aujourd’hui, tout était amplifié par ma peur. Car personne ne peut imaginer qu’un tel monde soit possible sur la Terre. J’en suis certain aussi, cette odeur incroyable était due aux prisonniers enfermés dans leurs toutes petites cellules. A tous ces corps non lavés, à toute cette sueur, auxquels s’ajoutait la puanteur de la mort ambiante.

Dès mon arrivée, je fus placé dans une petite cellule (3 mètres sur 2) au deuxième étage. Ayant été transféré tard, j’avais manqué le repas du soir. Cette situation était tellement nouvelle, si inattendue, dans un monde tellement hostile, que je ne savais pas à quoi m’attendre. Fallait-il que je dise quelque chose ? Fallait-il que je fasse quelque chose ? Ou bien devais-je tout simplement m’asseoir là, et attendre ?

«N’accepte rien d’autrui»

Mon problème fut vite résolu quand un jeune gardien noir vint dans ma cellule pour m’apporter une sorte d’oreiller contenant aussi deux draps, une brosse à dents, de la poudre de dentifrice et des écouteurs pour écouter la télévision (à cette époque, nous pouvions encore regarder la télévision). Je m’en souviens très bien : il me confia son nom, et me demanda si j’avais mangé. Evidemment sur la défensive, craignant un de ces pièges dont on m’avait parlé, je lui répondis que non !

Alors il partit, et je fus pris par la crainte de la célèbre loi des prisons : «N’accepte jamais rien d’autrui !» Il revint quelques minutes plus tard et déposa un petit sac dans ma cellule sans rien me dire. Ce fut plus fort que moi : j’en sortis le contenu, si dérouté par l’événement qui venait d’avoir lieu. Il y avait là un sandwich au thon, un paquet de chips et une pomme. Il y avait là surtout un peu d’humanité ! Plus tard, j’ai su qu’il m’avait donné la moitié de son propre dîner. Ainsi, peu à peu, lui et moi nous avons eu une excellente relation, sans jamais reparler de ce petit repas offert à mon arrivée.

Les années passant, j’ai souvent été en situation de pouvoir aider à mon tour beaucoup d’autres détenus. Certains acceptèrent mes dons, mais à cause de la règle tacite consistant à refuser toute aide, d’autres non. Combien de chaussures, de cafetières et de vivres ai-je ainsi pu offrir à tous ceux qui le voulaient bien ? C’était à mon tour, comme le faisait mon arrière-grand-mère, de partager avec les plus démunis, même en risquant la honte dans un tel lieu.

Un matin, je fus transféré au tribunal pour le procès concernant mon affaire. Et dans la prison du comté où je fus placé, je savais qu’il allait faire très froid, tant dans ces bâtiments blindés ils maintiennent tout le temps une climatisation glaciale, été comme hiver. Aussi fallait-il s’y préparer en s’habillant chaudement. Les seuls vêtements qui nous étaient donnés pour ce transfert étaient tellement fins : juste une combinaison de prisonnier, à savoir un pantalon et une chemise à manches courtes ! Alors j’ai décidé de rajouter mon sous-vêtement long, et deux tee-shirts, avec en plus ma veste enfilée par-dessus. Mais malgré tout cela, j’avais quand même très froid dans cette cellule d’attente où nous étions déjà trente, si serrés.

Et puis ils ont rajouté un jeune gars dans notre cellule pourtant bondée. Il avait seulement sa petite combinaison légère sur lui. Il tremblait de froid par tous ses membres en essayant de tirer sur ses manches pour les rallonger. Certes, j’avais froid, mais je savais qu’à cet instant il avait bien plus froid que moi. Et c’est là que la voix de mon arrière-grand-mère a surgi dans mon esprit : «Roger McGowen, la gentillesse ne connaît pas la honte !» Alors j’ai déboutonné ma combinaison pour enlever mon long sous-vêtement et l’un de mes tee-shirts, et je lui ai offert de les mettre pour se réchauffer un peu. Il y a eu alors un instant incroyable. Il m’a d’abord simplement regardé. Et je l’ai moi aussi regardé, sans qu’un seul mot soit prononcé. Et nous nous sommes vus, tellement vus tous les deux. Cela a duré peut-être trente secondes. Puis, il a pris les vêtements pour les enfiler sans faire aucun commentaire. Pas un mot ne fut prononcé. Mais je peux vous dire qu’apparemment, il avait bien plus chaud, grâce aux vêtements mais aussi grâce à l’événement qui venait de se passer… Et j’ai entendu mon arrière-grand-mère qui riait derrière moi !

La leçon de l’arrière-grand-mère

Quand on nous ramena à la prison, il fut placé dans la même aile que moi. Et il vint à ma table pendant le dîner, ce tout jeune détenu si égaré qui vivait à son tour son premier jour d’incarcération. Après le repas, en passant devant sa cellule, j’ai pu voir combien il n’avait rien, aucun ustensile, rien. Alors je lui ai apporté d’abord une tasse et un bol. Et puis je lui ai empaqueté un grand sac de nourriture, complément indispensable pour manger à sa faim. Evidemment, il commença par refuser, tant il avait été averti lui aussi de la règle de ne jamais rien accepter. Alors je lui ai raconté ma propre histoire lors de mon arrivée. Et je lui ai dit combien, depuis ce jour, je faisais tout ce que je pouvais pour aider au mieux les nouveaux détenus. Et puis je l’ai rassuré : «Je ne réclame rien en échange, tout ce que je te demande, c’est de transmettre de l’amour à ton tour !» Il a regardé autour de nous, juste pour voir si personne ne nous épiait. Il était inquiet. Il voulait tellement ne pas être pris pour un faible en acceptant quelque chose de ma part. Alors pour le rassurer un peu plus, je lui ai confié ce que mon arrière-grand-mère me disait toujours : «La gentillesse ne connaît pas la honte !» Il a pris le sac, avec un petit sourire. Et nous avons fini par devenir bons amis au fil du temps.

Plus tard, bien plus tard, il fut libéré. Et je l’ai vu donner à un autre prisonnier, qui venait d’arriver, tout ce que je lui avais donné. Après sa sortie, il m’envoya une lettre de remerciements, et il y avait mis de l’argent pour m’aider. Je n’ai plus jamais, par la suite, entendu parler de lui. J’espère qu’il mène une vie droite et honnête, et qu’il continue à transmettre de l’amour.

Savons-nous combien nous pouvons faire toute la différence dans la vie d’une autre personne, seulement en offrant un peu de gentillesse ? Savons-nous combien un peu de gentillesse peut parfois tout changer ? Je crois que c’est la plus grande leçon que m’ait offerte mon arrière- grand-mère. C’est la leçon qui me sert chaque jour, ici, dans le couloir de la mort. Parce que s’il existe un lieu où la gentillesse est vitale, c’est bien dans le couloir de la mort. Etre gentil sans honte, c’est parfois la seule manière de sauver sa raison, d’éviter de sombrer dans la folie. Essayez-le ! Essayez-le surtout avec ceux qui ne sont pas gentils, ou bien envers ceux avec qui vous n’avez jamais été gentils ! Essayez-le sans attendre, tendez la main vers celui qui a besoin d’un geste réconfortant. Souvenez-vous de mon arrière-grand-mère : «La gentillesse ne connaît pas la honte !»


Traduit de l’américain par Catherine Spec
— 12 décembre 2009

En vue de la révision du procès de Roger McGowen, vous pouvez envoyer des chèques libellés à l’ordre de Comité français de soutien à Roger Mc Gowen et adressé à : Comité Français de soutien à Roger Mc Gowen, Poitou, 47220 Caudecoste. Ou sur le site www.rogermcgowen.fr, paiement par carte bancaire ou Paypal. Pour toute correspondance : [email protected]


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lundi 11 avril 2016

Pierre Rabhi et le mystère de la vie...

Depuis que l’Homme a levé la tête vers les cieux, il ne cesse de s’interroger sur les grands mystères de sa présence : D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Nous serions des poussières d’étoiles animées par une intelligence dont on sait peu de choses : la vie. 
Plus cette vie évolue, plus elle se complexifie, jusqu’à faire apparaître des arbres, des animaux et même des hommes qui prennent conscience de leur propre existence. 
Aujourd’hui, en entrant dans l’anthropocène, nous comprenons seulement l’impact que notre présence engendre sur ce qui l’entoure, tout en nous rendant compte du rôle de modérateur qu’il va falloir essayer d’adopter.
Lors de notre entretien avec Pierre Rabhi début 2016, nous avons pu questionner le paysan philosophe sur des énigmes métaphysiques auxquelles ils donnent une réponse simple : l’amour.

Bio à la Une : Pourquoi la graine germe-t-elle ?

Pierre Rabhi : J’ai beaucoup fréquenté les philosophes pour savoir si quelqu’un pouvait m’éclairer sur ce mystère. Je me suis rendu compte que les philosophes n’étaient pas forcément d’accord. Il n’y en a qu’un que j’ai retenu, Socrate, qui dit “la seule chose que je sais, c’est que je ne sais pas”. C’est clair. Nous ne savons pas, ou pas grand-chose. Pourquoi nous sommes nés, etc. Quand au mystère de la vie, c’est vrai qu’on est fasciné de voir une graine germer. On peut méditer dessus des heures. Une toute petite chose contient une puissance de vie complètement extraordinaire. Vous la mettez dans la terre, elle va germer.

Une simple graine de tomate va donner des kilos et des kilos de tomates, on peut même dire des tonnes de tomates. On comprend le mécanisme à peu près, mais au-delà, je ne sais pas pourquoi la graine germe. Je ne connais rien de l’intelligence qui la conduit. On est dans le monde du mystère de la vie. Même notre propre corps est un formidable mystère. Il n’y a pas un bouton pour dire respiration, un autre pour dire circulation du sang, le corps est intelligent lui-même. Il fait tout sans avoir besoin d’autre chose, sans que notre mental s’en mêle. Justement, quand il s’en mêle, c’est là qu’arrivent toutes sortes de complications. Le corps humain s’autorégule, il est lui-même d’une très grande intelligence. D’où vient cette intelligence, moi je n’en sais rien. C’est là le mystère.

Bio à la Une : Même si on ne sait pas pourquoi, la graine germe, c’est un fait. Est-ce pour vous le début d’une réflexion plus profonde ?


Pierre Rabhi : La vie m’émerveille. Je ne la comprends pas. À travers ce mystère, je crois vraiment que la plus grande puissance que peut développer un être humain pour modifier le cours de sa vie, c’est l’amour. Ce n’est pas simplement l’amour humain, mais l’Amour dans sa grande dimension d’aimer. Vraiment aimer. S’il y avait l’amour dans notre quotidien et nos décisions, on ne détruirait pas la vie, nous n’aurions pas d’armements, de missiles, de chars d’assaut et toutes ces stupidités liées au meurtre. Non, on n’aurait pas besoin de tout cela. Il faut surtout apprendre à aimer et prendre soin, plutôt qu’à détruire ou à haïr.
Je suis très attaché à ce monsieur qu’on a crucifié, alors qui ne parlait que d’amour. Il n’a jamais dit “construisez-moi des cathédrales ou des églises”, il a simplement dit que l’amour est la puissance absolue qu’un être humain peut déployer, à condition, toutefois, que cet amour ne soit pas réduit à rien du tout. Dans les couples par exemple. “Je t’aime” un jour, “je ne t’aime plus” un autre. L’amour ce n’est pas ça. Je ne juge personne bien entendu, je ne veux pas choquer qui que ce soit.

Bio à la Une : Pensez-vous comme Vendana Shiva que les femmes doivent être au cœur du changement ?

Pierre Rabhi : Les femmes ont un rôle important à jouer. En donnant la vie, elles sont un être d’amour par excellence. Attention tout de même, car elles savent aimer, mais aussi haïr, peut-être pour mieux se protéger. C’est dans les deux sens. Il ne faut pas tomber dans le piège. Par contre, ce à quoi je souscris, c’est qu’il est dommage que les femmes soient partout sur la planète subordonnées et que, effectivement, si il y avait eu cette énergie inouïe, peut-être que l’histoire n’aurait pas été la même.

Bio à la Une : On revient sur la modération donc ?

Pierre Rabhi : Oui, bien sûr.

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samedi 5 mars 2016

4ème dimanche de Carême avec Jean Vanier


Monde de l'émerveillement et de la contemplation



Il y a le danger, à notre époque, d'être saturés d'informations, et de n'enregistrer que des choses très superficielles. Il est toujours bon de pénétrer avec notre intelligence dans un petit domaine de ce vaste monde de la connaissance qui est le reflet de notre immense univers: celui des choses visibles et invisibles. 

Si on creuse avec son intelligence un domaine restreint, que ce soit la croissance de la pomme de terre ou l'approfondissement d'un mot de l'Écriture, dans chacune de ces réalités on touche le mystère. 

Si on explore une chose à fond avec notre intelligence, on entre dans le monde de l'émerveillement et de la contemplation. Une intelligence qui touche la lumière de Dieu cachée au cœur des choses et des êtres renouvelle toute la personne.



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lundi 8 juin 2015

Anne Doufourmentelle et l’intelligence du rêve...


Essayer de se pincer (ou vérifier que la toupie s’arrête bien), 
pour être sûr que l’on n’est pas « en train de rêver »... 
personne n’y a jamais cru. 
Et pourtant le rêve travaille bien, de l’intérieur, 
la réalité de celui qui croirait ne pas rêver.




Anne Dufourmantelle, docteur en philosophie (Sorbonne) et diplômée de Brown University, a enseigné à l’Ecole d’architecture UP6-la Villette. Elle dirige une collection d’essais chez Stock intitulée « L’autre pensée » et exerce en tant que psychanalyste à Paris. Elle est aussi auteur de plusieurs livres.


samedi 1 mars 2014

Entretien avec Richard Moss par Gilles Farcet (2)


« Quand j’enseigne, (…) les mots jaillissent spontanément, portés par un courant d’énergie ou de présence. Ils s’écoulent d’eux-mêmes, s’organisant en des voies inattendues, parfois d’une étonnante acuité, et qui bien souvent viennent stimuler chez les auditeurs comme en moi des espaces profondément ressentis... »
Richard Moss

Partie 2 : 28 min.

vendredi 3 janvier 2014

Love is calculation. L’amour, c’est du calcul.


L’amour, c’est du calcul? Impossible ! 
 Voilà bien un langage de mathématicien. 
Cela paraît cynique de parler ainsi et pourtant la vérité n’est pas ailleurs. La vérité se situe bien au-delà de nos rêves, de notre idéalisme, de celui des autres qui ne correspond pas toujours au nôtre et des conflits d idéaux qui en résultent. 
Je calcule : « Si je fais cela, qu’est-ce que l'autre va recevoir ? » Comment vais-je utiliser mon temps, mon énergie et mes moyens financiers pour le meilleur rendement possible de mes manifestations d’amour ? Dire «je t aime » n’est pas une manifestation suffisante en elle-même. Comment faire sentir à l’autre qu’il est aimé et qu’il reçoit? Alors je calcule. À chacun de le faire réalistement, dans le relatif, avec les facteurs qui lui sont propres. L amour est calcul, l’amour est habileté. 

Cette habileté est une forme d’intelligence, une intelligence de la tête, bien sûr, mais surtout l’indispensable intelligence du cœur et même du corps qui peut nous faire sentir : ce dont l’autre a le plus besoin, c’est d’un peu de repos! «Allez, allonge-toi et repose-toi un instant. » — « Mais la vaisselle n’est pas faite. » — « Eh bien, je m’occupe de la vaisselle. »Vous avez donné à l’autre le repos dont il avait précisément besoin. 

Si vous avez un peu conscience de votre corps, si vous êtes attentifs à vos propres besoins, vous comprendrez les nécessités du corps de l’autre. Rien n’est parfois plus bouleversant que d’être deviné, compris, sans avoir formulé la moindre demande. Mais la tête n’est pas assez intelligente pour sentir ces choses toutes simples qui peuvent tellement toucher l’autre. 

Oui, cette parole de Swâmiji m’a surpris : « Quel langage terre à terre pour parler d'amour ! » Maintenant, je comprends très bien ce qu’il voulait dire après m’être rendu compte qu’il y avait tant d’amour derrière cette terminologie abrupte. 
Swâmiji m’a montré, manifesté un amour infini, un amour absolu. Je vous livre la clef : l’homme qui m’a enseigné love is calculation est celui par qui je me suis senti non seulement le plus, mais le mieux aimé, le plus intelligemment aimé. 





Arnaud Desjardins
LaVoie du cœur, chap. « L’amour est habile ».
 Extrait de "Les formules de Swami Prajnanpad"

jeudi 21 novembre 2013

L'enfance avec Alexandre Jollien

"La foi de mon enfance m’a légué un lourd héritage, en tout cas un grand sentiment de culpabilité. J’ai longtemps cru que l’amour de Dieu se méritait. Je ne me suis vraiment libéré de ce poids que lorsque j’ai compris qu’il s’agissait, en fait, d’un amour inconditionnel."


jeudi 1 août 2013

Intelligence émotionnelle avec Ilios Kotsou (1)

Nous avons hérité de nos ancêtres d'un système d'alarme et de protection très efficace. Face à un danger (ou à la perception d'un danger), nos ancêtres réagissaient par l'attaque, la fuite ou le repli. Ces trois réponses se retrouvent encore aujourd'hui dans notre attitude face aux émotions.

Nous essayons d'éviter au maximum ce qui nous est désagréable ou nous fait souffrir et recherchons ce qui nous semble positif. Or, face aux émotions, l'évitement est une option peu efficace. Il est possible d'éviter, de contrôler ou de fuir un événement externe (un tigre, une personne désagréable, etc.), mais il n'est pas possible d'éviter des éléments intérieurs comme des pensées ou des émotions.

Ce que l'on croit être une solution devient le problème. La recherche a montré que l'évitement des émotions était non seulement inefficace, mais qu'il pouvait en outre avoir l'effet paradoxal d'augmenter notre mal-être à moyen ou long terme.

Plutôt que d'éviter ou de contrôler : accueillir...



Ilios Kotsou
(petit cahier d'exercices d'intelligence émotionnelle)

lundi 23 juillet 2012

Prodigieux pouvoirs de la Vie...

Les chamanes disent depuis longtemps que la nature utilise des signes et communique. Leur manière de voir pourrait améliorer la compréhension qu'ont les scientifiques de la nature...


J'ai aussi commencé à regarder les êtres vivants avec des yeux neufs. Le fait d'apprendre que les cellules des plantes s'envoient mutuellement des signaux similaires à ceux utilisés par mes propres neurones, que les plantes évaluent le monde qui les entoure et prennent les décisions appropriées, tous ces éléments m'ont conduit à considérer chaque plante, y compris les mauvaises herbes, avec un respect grandissant. Et maintenant, j'admire les myxomycètes, j'apprécie les nématodes, je crains la salmonelle et je respecte les cafards...


Désormais, les autres espèces me semblent plus humaines, et les humains, plus naturels. Reconnaître que la capacité de savoir existe en dehors de l'humanité mène à une existence plus riche, plus aventureuse, plus confortable. Au lieu de dégrader aveuglément la planète, nous pouvons voir que les prodigieux pouvoirs de la vie habitent chacun de ses habitants.


Jeremy Narby 
Intelligence dans la nature 
En quête du savoir