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lundi 23 décembre 2024

Le plus beau cadeau : la vie.

 


Aujourd'hui, mon dimanche de repos, je te le dédierai. Je vais essayer de t'offrir 12 petits cadeaux de Noël.

1. Courage poète ! Les oiseaux volent sans crainte de s'écraser dans le ciel.

2. Quand tu obtiendras le silence intérieur, tu entendras les pleurs du monde.

3. L'eau contient le vase

4. Tout ce que tu nommes devient ton miroir

5. Ce que nous montrons est ce que nous sommes. Sous notre masque, il n'y a rien.

6. Tu me définis juste donc il me manque ou pour ce qui me reste.

7. Pour l'ange le fond de la mer. Pour l'huître, le sommet du ciel.

8. N'y arrive pas, Je t'en supplie ! Mon plaisir c'est de t'attendre

9. Un jour nous comprendrons que nos parents, ce sont nos frères.

10. Mes années se raccourcissent. Mes jours s'allongent.

11. Le miroir reflète pareil une pièce d'or ou une pierre.

12. Soudain il apparait un motif de larmes de joie

… 

Le plus beau cadeau : la vie.

Je t'embrasse

Alexandro Jodorowski

Etant donné que la traduction n'est pas toujours parfaite, voici le texte en espagnol

Hoy, mi domingo de descanso, lo dedicaré a ti. Intentaré darte doce regalitos de Navidad.
1. ¡Ánimo poeta!
Los pájaros vuelan sin temor de estrellarse contra el cielo.
2. Cuando logres el silencio interior, escucharás el llanto del mundo.
3. El agua
contiene
al vaso
4. Todo aquello que nombras
se convierte en tu espejo
5. Lo que mostramos
es lo que somos.
Bajo nuestra máscara
no hay nada.
6. Tan sólo me defines
por lo que me falta
o por lo que me sobra.
7. Para el ángel
el fondo del mar.
Para la ostra
la cima del cielo.
8. ¡No llegues,
te lo ruego!
Mi placer
es esperarte
9. Un día comprenderemos
que nuestros padres
son nuestros hermanos.
10. Mis años
se acortan.
Mis días
se alargan.
11. El espejo refleja igual
una moneda de oro
o una piedra.
12. De pronto
al parecer son motivo
lágrimas de alegría
El mejor regalo: la vida.
Un abrazo,
Alejandro
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jeudi 12 décembre 2024

Prendre conscience...


 Phrases extraites de "La stratégie du Oui" de Denise Desjardins

Consoler l'enfant perdu que nous avons été, ce n'est pas le dorloter, nourrir son obstination, en revivre obsessionnellement les souffrances.

Donner à l'enfant toute permission de s'exprimer, certes pour qu'il puisse grandir, évoluer. Nous portons cet enfant en nous, mais nous ne le sommes plus.

Travail de désidentification à faire ;

Réflexion sur le plan de la compréhension de nos comportements, jamais sur celui des "excuses". Evitons cette erreur puérile.

Nous sommes programmés par notre mémoire, comme un ordinateur doté de "mémoires" différentes selon les questions que l'on souhaite lui poser.

Prendre conscience de ce que nous sommes, de ce qui nous régente de loin : le passé. Ce passé, avec ses impressions restées toutes puissantes, invisibles, qui nous manœuvrent à notre insu comme une marionnette dont il tire les ficelles.

Principe incontournable : ce qui vient, vient pour partir : états de conscience provisoires, pensées instables, émotions changeantes ; notre psychisme entier est transitoire.

Comment pourrait-on être en paix avec autrui si on ne l'est avec soi-même.

Nous avons perdu le souvenir de notre implacable sensibilité d'enfant. Toute les sensations s'enregistrent chez lui comme une plaque ultra-sensible où s'amplifient le moindre son, le plus léger choc.

Un geste agressif, et il se sent tué. Il désire tuer à son tour immédiatement. L'enfant ne croit qu'à l'agréable et à sa permanence. Au moindre désagrément, il est perdu ; s'il subit un violent traumatisme, pas de nuances, le ressentiment sera long à passer.

Du ressentiment à la compréhension jusqu'à la réconciliation.

Qu'est-ce que comprendre l'autre sinon voir sa souffrance, son irresponsabilité, essayer de se mettre à sa place.

La mémoire : alors que chaque sensation, chaque perception est unique et qu’il n'y a pas de continuité, la mémoire s'immisce et nous incite à juger, comparer, en ramenant sans cesse des impressions anciennes. Elle établit des ponts, relie l'impression actuelle à celle du passé et ce lien donne l'illusion de la continuité. Quelque chose semble persister, devient insensiblement un "je" qui se développe et convaincu de sa propre permanence, se gonfle d'importance. C'est à travers la mémoire que se vomissent les émotions douloureuses du passé sur celles du présent, elle qui les dramatise et les fait dérailler. 

La mémoire est neutre, c'est un instrument, que l’on emploie à sa guise.

Pourquoi ? Le "pourquoi" : je questionne lucidement, et je quitte le plan du mental pour celui de la buddhi ; l'intelligence discriminative.

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samedi 7 décembre 2024

Bonté originelle

 Mes chers amis,

J'ai reçu ce matin la pensée de la semaine de Mathieu Ricard. Je voulais la partager avec vous car elle me semble particulièrement d'actualité :


La "vision pure" pourrait donc être comparée à une "bonté originelle"; en elle repose l'idée que la nature ultime de notre esprit n'est pas modifiée par les poisons mentaux qui peuvent l'envahir pour un temps et qu'il est possible de neutraliser. Le contraire de la vision pure est donc la croyance que le monde et les humains sont fondamentalement mauvais. Cette tendance mène à condamner en bloc l'ensemble d'une communauté humaine du fait que certains individus se comportent de manière abjecte. [...] En essence, la réponse aux atrocités trop souvent commises par le genre humain passe par la transformation et la bienveillance, non par la haine et la vengeance.

Matthieu Ricard

C'est par cette attitude que nous arriverons à nous détendre et nous souhaitons tous être détendus.

La haine, la colère, le jugement qui condamne, la malveillance n'amènent jamais à une vraie détente.

Il est bon de réaliser que fondamentalement, nous avons tous en nous cette "bonté originelle" qui malheureusement est parfois recouverte de voiles très épais. Ces voiles sont les émotions qui nous perturbent, qui nous agitent, qui nous mettent en tension. Elles s'appellent essentiellement colère, haine, peur et avidité.

Avec ma profonde amitié pour vous tous.

Philippe Fabri

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vendredi 22 novembre 2024

Sans bénéfice...

 


Si vous attendez que votre recherche vous apporte des bénéfices, qu'ils soient matériels, psychologiques ou spirituels, c'est le signe que vous n'avez rien compris. La vérité n'apporte aucun bénéfice. Cela ne vous donnera pas une position plus élevée, ni un pouvoir sur les autres. Tout ce que vous obtiendrez avec la vérité, c’est d’être libéré du faux.

~ Nisargadatta Maharaj

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jeudi 14 novembre 2024

Espace vacant

 


Vous êtes devenu un toxicomane de cette drogue que l’on appelle intellect et sous son influence,

vous analysez tout ; 

vous cogitez, 

vous considérez…..

vous rendez compliquées les choses les plus simples ! 

Vous devez vous débarrasser de cette accoutumance et vous abandonner au processus intuitif de la réceptivité pure.

Réaliser sa vraie nature ne requiert aucun effort d’ordre phénoménal.

L’illumination ne peut être atteinte, ni forcée.

Elle ne peut que survenir, lorsqu’on lui en donne l’opportunité, lorsque cesse l’obstruction opposée par les concepts. 

Elle ne peut apparaître que lorsqu’on lui donne un espace vacant dans lequel apparaître.

Voyez le faux comme le faux, et ce qui reste est vrai.

Nisargadatta  Maharaj

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vendredi 8 novembre 2024

Tout faire un peu plus lentement


Dans sa lettre d’octobre, Jacques nous invite à ne pas séparer dans notre quotidien « l’action, reliée aux intentions de l’être, et l’activité, orientée vers un but extérieur » ou encore « l’infaisable et le faire ». Pour ne pas se laisser emporter par l’activisme journalier, une indication est précieuse dans le zen : tout faire un peu plus lentement.

Indication donnée par K.G. Dürckheim à Jacques à la fin de l’une de leur première rencontre : « si vous voulez pénétrer le monde du zen, je vous invite, les jours à venir, à tout faire un peu plus lentement ». Il n’échappe à personne que la mode actuelle est à la performance, la vitesse et l’efficacité, quelle que soit l’activité.


Tout faire un peu plus lentement, avant de devenir un acte sacré, est un sacré apprentissage !

Je m’en suis rendu compte dans le domaine de la montagne que je connais bien ; j’ai pu sentir combien cette indication était finalement bien plus difficile à mettre en œuvre qu’une pratique habituelle, bien réglée et mécanique, basée sur la vitesse et la performance.

La montagne, lieu de contemplation par excellence, n’échappe pas à la règle. Trails, ultra-trails et courses diverses et variées fleurissent un peu partout dans les Alpes. Les yeux rivés sur le chronomètre ou la montre connectée, nous nous fions à ce que nous disent les instruments, et faisons peu de fi de ce que nous ressentons et de ce qui nous entoure.

Seuls comptent les chiffres que nous indique l’écran : gagner quelques minutes, quelques secondes, quelques mètres. Ces activités se situent principalement dans une optique crispée et volontariste, s’appuyant sur un instrument supplémentaire que l’on appelle « mon corps », au service des attentes et des objectifs du mental.

L’obsession du chronomètre, d’une distance à parcourir, d’une altitude à dépasser, c’est la toute-puissance du temps pensé et de l’espace pensé, ce qui se mesure, se contrôle, sur le temps vécu et l’espace vécu, insaisissable moment qui ne se goûte qu’au présent.

C’est la toute-puissance du mental et du corps outil sur la sensorialité du corps vivant.

Toujours ailleurs et plus tard, quand j’aurai accompli ceci ou cela … enfin la paix ? Rien n’est moins sûr.

Apprendre à ralentir, ce n’est pas s’engager dans une lenteur, mais juste ralentir un peu, très légèrement, changer ses habitudes, transformer sa mécanicité en acte plus conscient.

Cela ne se remarque pas de l’extérieur, ou à peine, mais intérieurement, il se passe quelque chose de très riche : l’initiation, l’invitation à la Présence.

Tout faire un peu plus lentement demande une grande attention, non plus aux instruments de mesure divers et variés, mais au corps, à ses rythmes et ses gestes vitaux.

Plus vigilant, plus à l’écoute de ma manière d’être, suis-je vraiment en train d’habiter ce que je suis en train de faire ? Etant présent à tout ce qui vient de l’extérieur, suis-je vraiment en train de répondre à ce que la situation propose, exige ?

Dans toute action, il est possible de redécouvrir et de nourrir une autre manière d’être, une autre relation au corps et au monde.

Par un retour attentif aux actions vitales, spontanées, naturelles du corps vivant, je peux commencer à sentir ce qui m’anime, me nourrit, me porte et me met en relation à ce qui m’entoure. Le corps n’est plus l’instrument du mental, mais devient le centre vital de l’action et donne sens, richesse et profondeur au geste pratiqué de manière plus juste ; plus juste parce que plus en accord avec les lois du vivant. Paradoxalement, cette démarche intime et intérieure me plonge au cœur de la relation au monde.

Quelles sont ces actions naturelles, spontanées qui n’ont rien à voir avec mon désir de performance ? Va-et-vient du souffle, rythme cardiaque ... Forme et tenue corporelles plus justes (les 4 attitudes dignes), actions sensorielles : ce que je sens, ressens, vois, entends …

Cette présence vitale est la source de ma vraie nature, en même temps que le lien qui m’ouvre à un regard neuf sur le monde, comme l’illustre ce dialogue rapporté par Jacques lors d’une promenade en forêt avec Dürckheim :


« - Jacques que voyez-vous là ?

- Je vois un arbre, un très bel arbre !

- C’est curieux, là où vous voyez un arbre, je vois un geste de la vie. »

Cela demande une grande vigilance de sentir que, quelle que soit l’action, je ne satisfais pas seulement une volonté d’utilité ou de mainmise sur le monde, que je ne maitrise pas qu’un savoir-faire, mais que l’activité engagée ouvre sur un savoir-être, une transparence à ma vraie nature. C’est ce que nous appelons dans le zen la pratique de la voie intérieure.

« L’exercice du savoir-faire est terminé lorsque le résultat extérieur est acquis, satisfaisant. L’exercice sur la voie commence seulement au moment où l’on sait faire ce que l’on a appris en pratiquant régulièrement ; l’exercice consiste alors en une répétition perpétuelle du même geste… » nous dit Dürckheim.

Cette indication peut nous sembler bien ennuyante, mais le mot -répétition- prend une tout autre signification si nous l’entendons dans le sens de renouvellement. L’épanouissement de l’être humain peut alors se trouver dans les activités les plus banales, et la libération du savoir-être se découvre au cœur même de la contrainte existentielle ; c’est la voie du zen.

Indubitablement et quotidiennement, nous sommes effectivement dans l’obligation de répéter des activités ayant un but extérieur certain, mais nous en oublions la plupart du temps le sens sacré : le contact avec la source de toute activité. C'est-à-dire la présence et la soumission aux actions corporelles vitales, impermanentes et infaisables, qui réactualisent notre manière d’être, nos gestes, à chaque instant, et nous maintiennent au contact de l’essentiel.

Seulement ainsi, soumis à un changement permanent, voulu par la vie, nous sommes une

Personne en devenir, interagissant avec l’Ensemble, un être « divinement humain ».

Si les lois du mental nous enferment dans un besoin de normes et de mesures, dans un savoir figé et limité à notre besoin de compréhension et de maîtrise de notre existence, les lois du corps vivant nous ouvrent à une connaissance illimitée ; illimitée parce que sans cesse renouvelée par l’acte d’être. Sortir de la banalité demande à prendre au sérieux l’instruction de tout faire un peu plus lentement, afin de faire l’expérience que « Le zen n’est pas un art de vivre, c’est devenir un artiste de la vie » D.T. Suzuki

Joël PAUL 

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mercredi 6 novembre 2024

Ma maison


Il n'y a pas de mur dans ma maison
Pas de brique, ni de cloison
Il n'y a pas de saison dans ma maison
Pas de pluie, pas de moisson
Il n'y a pas de culte dans ma maison
Pas de dieu, pas d'oraison
Pas de mendiant, pas de champion
Il n'y a personne dans ma maison
Il n’y a pas d'illusions dans ma maison
Ni exception, ni projection
Pas de gestion, ni réalisation
Pas de mérite, ni punition
Ma maison est un doux mirage
Sans lieu et sans visage
Elle soupire des milliers de diamants
Pour réjouir mille innocents
- Betty
Extrait d'un texte paru dans le revue 3e millénaire.

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vendredi 11 octobre 2024

Non voir

 


L'unité vient de voir, la dualité vient de penser. L'unité vient de voir la différence, la dualité de penser que l'autre est comme moi. L'unité est le fait, la réalité, ce qui est. La dualité c'est l'apparition d'autre chose, le refus de ce qui est, le non voir.

Swami Prajnanpad


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vendredi 4 octobre 2024

Grâce divine

 

"Quand vous parlez de la grâce divine, cela sous entend que quelque chose descend sur l'homme sans raison perceptible. Cela vient de soi-même, en son temps. Un enfant par exemple, peut oublier sa mère parce qu'il est absorbé dans son propre jeu; mais la mère se penche vers lui avec amour et le prend sur ses genoux. C'est ainsi que la grâce divine touche quelqu'un. L'affection d'une mère se révèle avant que l'enfant ait le temps d'y penser. Vous allez certainement dire que les bénédictions sous forme de grâces divines sont les résultats des bonnes actions dans les vies antérieures. Cela peut être vrai d'un certain point de vue, mais d'un autre on peut dire qu'il ne faut pas chercher à sonder les intentions de Dieu, dans la mercure où celui-ci est absolument libre de l'enchaînement des causes et effets. Bien que nous nous troublions souvent l'esprit pour essayer de trouver des raisons à la grâce, sa miséricorde s'étend également sur tous les êtres. Mais lorsqu'on développe une vision plus haute, on commence à sentir le contact divin. Prenez refuge en cela, et tâchez d'être toujours en contact avec Lui ; vous ressentirez le libre flot de ses bénédictions sur votre âme, de même qu'un seau d'eau sort d'un puit seulement lorsqu'on tire la corde à laquelle il est attaché."

Bhaïji, Matri Darshan

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lundi 9 septembre 2024

Gravissement...


Aujourd’hui, j’ai gravi la montagne

Derrière mon parfait ermitage ;
Et du sommet, j’ai contemplé
Ces scènes si douces.
J’ai levé la tête et vu le ciel sans nuages :
Il m’a évoqué l’espace absolu, sans limite,
J’ai ressenti une liberté
Sans milieu ni fin.
J’ai baissé la tête et regardé en face :
Alors j’ai vu le soleil de ce monde.
Il m’a évoqué la méditation
Lumineuse et sans voile.

Shakbar
L'esprit du Tibet de Matthieu Ricard.

Matthieu Ricard. Un monastère tibétain émerge de la brume en haut d’une colline près du lieu saint connu sous le nom de Namo Bouddha, dans les contreforts himalayens au Népal.

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dimanche 8 septembre 2024

Ici et maintenant

 

Un autre élément de la pratique de l'acceptation consiste à accepter ce qui est ici et maintenant. Pas demain, le mois prochain, dans deux ans. Le concept même de chemin implique que l'on se rende d'un point à un autre, mais en fait on ne bouge jamais. On ne fait que réaliser où l'on se trouve déjà.

Pourquoi la notion de « ici et maintenant » s'avère-t-elle si importante dans le processus de l'acception de ce qui est ? Nous avons tendance à formuler de grandes généralités, puis à prétendre les appliquer en toutes circonstances.


Souvent, nous allons inconsciemment accepter que nos habitudes sont ce qu'elles sont, comme si, puisqu'il en a toujours été ainsi, cela ne devait jamais changer, au lieu de faire face au moment présent. Par exemple, il se peut que nous soyons régulièrement virés parce que nous arrivons toujours au boulot avec une demi-heure de retard. Puis nous découvrons une voie spirituelle où l'on nous propose d'accepter « ce qui est ». Nous nous tenons donc le raisonnement suivant : « Je vais accepter ce qui est : je suis toujours en retard. » Le problème, en l'occurrence, c'est que notre acceptation n'a rien à voir avec ce qui se produit ici et maintenant et que nous utilisons cette idée de « l'acceptation » pour nous complaire dans une mauvaise habitude du passé. Alors que, consciemment, nous prétendons vouloir changer, inconsciemment nous sommes en train de nous dire : « Je suis comme je suis et je n'ai pas besoin de m'interroger sur mon manque d'intégrité. »

L'« ici et maintenant » dans la formule « accepter ce qui est » élimine le passé comme le futur et nous ramène au moment présent. C'est un point tout à fait crucial, le pivot de cet enseignement sur l'acceptation de ce qui est. « Ici et maintenant » définit la réalité de ce moment comme absolument distincte des schémas chroniques de mécanicité qui trouvent leur source dans le passé et déterminent le futur. « Ce qui est ici et maintenant » est seulement dans le moment présent. Le passé n'a aucun pouvoir sur le moment présent et le futur n'existe pas, à moins que notre inconscient ou nous-mêmes ne fabriquions des influences passées ou futures.

Par conséquent, tout peut arriver dans le moment suivant dès lors qu'il est dégagé de ces influences. Donc, au lieu de nous dire : « Ce qui est, c'est que je suis toujours en retard », nous pouvons reconnaître que, oui, nous sommes en retard maintenant, tout en étant ouverts au moment suivant. Dans le moment présent, il n'y a pas de moment suivant ; c'est seulement lorsque le moment suivant devient le moment présent que ce moment existe.

Lorsque nous disons « Ce qui est est ici et maintenant », cela signifie uniquement ici et maintenant. Ce n'est pas : « Ce qui est ici et maintenant était... », ou : « Ce qui est ici et maintenant va être ». L'acceptation de ce qui est est précise, spécifique, elle relève d'une connaissance spécifique du moment présent. Lorsque nous acceptons ce qui est ici et maintenant, nous disons à la vie : « Je n'ai pas besoin de te manipuler, de te contrôler. Tout est bien tel quel. » Et dans cette liberté, c'est la vie qui définit le moment suivant plutôt que notre psychologie.

Lee Lozowick

 Eloge de la Folle Sagesse 

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vendredi 30 août 2024

Silence du dedans


 "Un jour, on découvre ce silence du dedans, qui existe en dehors de tous les mouvements de l'âme. Comme un espace profond, mystérieux, inexprimable.

Ce silence du dedans n'est pas absence de bruit, mais une vie, une présence qui absorbe le temps, efface toute chose. A ce moment, le monde entier baigne dans le silence, il est enveloppé par lui, et ce silence est plénitude".

Erik Sablé, Brèves de Sagesse, Editions Dervy.



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jeudi 22 août 2024

Jour de transformation...

 Hexagramme du 22 / 08 ..., il est tellement inspirant

🙂 :
50 - "Le Chaudron"
"Ding" (鼎)
Cet hexagramme est constitué des trigrammes suivants :
• En haut : Li (☲), le trigramme du Feu (火).
• En bas: Sun (☴), le trigramme du Vent ou du Bois (風).
Sous l’arche céleste, un pont sacré s’étend, invisible, reliant la terre dense et riche à l’infini des cieux. Ce pont, c’est le Chaudron, cet ancien symbole de transformation et de communion, où l’alchimie du feu et de la matière opère en silence.

Ambiance du jour :
Aujourd’hui, l’univers tout entier semble respirer au rythme de cette énergie subtile. C’est une journée où les choses se mettent en place avec une lenteur presque solennelle, où chaque geste, chaque parole, résonne avec un écho profond. Comme les piliers du pont, nos intentions se dressent, solides et inébranlables, pour soutenir cette traversée entre le tangible et l’intangible.
Dans le domaine affectif, ce pont est celui qui unit les cœurs, parfois à distance, parfois dans une proximité brûlante. Les liens se renforcent dans ce creuset sacré, où le temps joue en notre faveur, invitant à la patience et à l’attention portée à l’autre. C’est le moment de construire sur des fondations profondes, de laisser les relations évoluer avec la sagesse du feu qui ne consume pas, mais transforme.
Dans la sphère professionnelle, ce jour est une étape cruciale. Ici, les projets ne sont pas simplement des tâches à accomplir, mais des graines semées dans la terre du quotidien, appelées à croître grâce à l’inspiration et aux efforts partagés. La créativité s’élève comme une vapeur douce qui monte du chaudron, prête à prendre forme dans la réalisation. C’est une période pour innover, pour réévaluer avec soin, et pour guider avec une vision qui traverse le pont, reliant le présent tangible aux aspirations les plus élevées.
Ainsi, sous l’influence bienveillante du Chaudron, nous avançons avec respect et intention, conscients que chaque pas sur ce pont sacré est un acte de création.
C’est un jour où le ciel et la terre se rencontrent dans un espace de potentialité pure, où ce que nous préparons avec soin aujourd’hui deviendra les offrandes de demain, des cadeaux faits à nous-mêmes et à l’univers tout entier.
On ne peut évoquer le chaudron sans faire le lien avec le chamanisme car il en est le cœur battant, un symbole où convergent les forces célestes et terrestres. Il est le creuset de transformation, où le chaman, tel un alchimiste spirituel, mélange les énergies du monde visible et invisible. Dans son métal brûlant, les matières brutes sont purifiées, transmutées en sagesse et en guérison. Le chaudron devient alors un portail, un utérus cosmique où naissent les visions, où la vie et la mort s'entrelacent dans une danse infinie.
Les flammes en dessous libèrent l’essence des herbes, des chants, et des prières, les transformant en un souffle sacré qui monte vers les cieux. Chaque offrande devient un pont, chaque rituel, une cérémonie de communion entre l’humain et le divin, où les esprits sont nourris et apaisés.
Dans la profondeur de sa transe, le chaman plonge dans les mondes inférieurs ou s'élève vers les sphères célestes, traversant le voile de la réalité pour dialoguer avec les esprits, recueillir leurs conseils, et ramener la guérison.
Le chaudron devient ainsi l’outil de cette navigation mystique, un sanctuaire où les visions se forment, où le chaman, guidé par la sagesse ancestrale, traverse les dimensions pour restaurer l’équilibre entre le ciel et la terre.
A travers ce lien profond entre l'homme et le bol, se révèle la nature du chamanisme : une voie de transformation, de connexion sacrée, où chaque offrande, chaque rituel, et chaque voyage spirituel sont autant de pas sur le pont invisible qui unit l’éther au sol, le divin à l’humain.

Par Han Hi-Yes
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vendredi 16 août 2024

Deux réalités (fin)

 Il n'y a pas de séparation, pas de dualité, pas d'opposition entre la vague et l'Océan, entre le moi existentiel et notre réalité essentielle.

La souffrance propre à l'être humain, souffrance fabriquée mentalement, est la souffrance de la séparation. Une souffrance qui n'a donc pas une cause réelle mais notre représentation mentale du réel. Représentation que je me fais ou représentation à laquelle on m'invite à croire (le credo) ou à laquelle on m'oblige à adhérer (le dogme).

La vague qui pense être séparée de l'Océan, l'homme qui pense être séparé de sa propre essence souffre ; l'homme souffre d'un manque.

Non. Il souffre de l'impression d'un manque.

“Je ne souffre pas de ce qui manque ; je souffre d'ignorer ce qui ne manque pas.” K.G.Dürckheim


Afin de perdre l'ignorance, le maître Zen nous invite à nous mettre en chemin. Le chemin est la technique, la technique est le chemin. Un chemin d'expérience et d'exercice.

Vous êtes actuellement en vacances au bord de l'Océan. Profitez-en pour vous allonger à la surface de l'eau, et laissez-vous porter par cette action de l'Océan qu'est le va-et-vient des vagues. Comme, lorsque vous pratiquez zazen, vous vous livrez au va-et-vient qu'est le souffle vital. Ne rien faire, rien. Et le corps vivant que nous sommes prend de lui-même la forme du calme.

“La meilleure façon de purifier une eau boueuse est de la laisser tranquille.” (Alan Watts)

Jacques Castermane

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dimanche 11 août 2024

Pensées psychomagiques...

  • La vérité n'est pas la réalité. La vérité n'est que la saisie d'un des multiples aspects de la réalité.
  • Le désir de donner fait fleurir. Le désir de posséder fait flétrir.
  • Hors de notre opinion, les choses en elles-mêmes ne sont ni pures ni impures. La boue fertile est aussi pure ou impure que l'or.
  • Maître Ejo Takata m'a dit : « Vous êtes la cause de ce qui vous oppose. Il n'y a aucune opposition en dehors de toi. ”
  • Conseils pour la vie sociale : À l'intérieur le lumineux, dehors le neutre ; à l'intérieur la force, dehors la délicatesse ; à l'intérieur la noblesse, dehors la conduite commune. Ne t'exhibe pas !
  • Déclarations d'amour : Que signifie l'éternel sans ton regard éphémère ? Tel que tu es sans moins ni plus. Donnez-moi vos imperfections, je m'en contenterai.
  • Bonne éducation : Nous pouvons tous être nécessaires, peut-être jamais indispensables.
  • On lui fait du mal en forçant l'autre à recevoir quelque chose qu'il ne demande pas.

Alejandro Jodorowsky

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vendredi 9 août 2024

Vie quotidienne


"Mais si Ramana Maharshi m'a activement découragé d'avoir des relations sociales, il m'a également découragé de m'asseoir tranquillement et de méditer pendant les années où j'ai travaillé à l'ashram.
Pendant cette période de ma vie, si Bhagavan me voyait assis les yeux fermés, il m'appelait et me donnait du travail à faire.
À l'une de ces occasions, il m'a dit : " Ne t'assieds pas et ne médite pas,
"Ne t'assieds pas pour méditer. Il suffit que tu n'oublies pas que tu es le Soi. Garde cela à l'esprit tout le temps pendant que tu travailles. Cette sadhana vous suffira.
La véritable sadhana ne consiste pas à oublier le Soi. Ce n'est pas s'asseoir tranquillement les yeux fermés. Vous êtes toujours le Soi. Il suffit de ne pas l'oublier.
La méthode de Bhagavan ne crée pas de guerre entre le corps et l'esprit. Il n'oblige pas les gens à s'asseoir et à combattre l'esprit les yeux fermés.
Habituellement, lorsque vous vous asseyez en méditation, vous luttez pour atteindre quelque chose, vous vous battez pour obtenir le contrôle de l'esprit.
Bhagavan ne nous a pas conseillé de nous engager dans ce genre de combat. Il nous a dit qu'il n'était pas nécessaire de s'engager dans une guerre contre le mental parce que le mental n'a pas d'existence réelle et fondamentale.
Ce mental, disait-il, n'est rien d'autre qu'une ombre.
Il m'a conseillé d'être continuellement conscient du Soi pendant que je faisais les choses ordinaires de la vie quotidienne, et dans mon cas, c'était suffisant."
Annamalai swami
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mercredi 7 août 2024

Richesse...

 


Q : Je veux être riche mais mon vœu n'est jamais exaucé.

Ma Anandamayi : Vous recevez exactement ce qui vous est dû, rien de moins et rien de plus.

Ce qui gêne sur le chemin spirituel porte en soi les graines de souffrances futures. Pourtant, le chagrin et l'angoisse résultant de ces entraves sont le début d'un éveil à la conscience. S'il y a quelque chose à obtenir – quoi que ce soit, de quelque manière que ce soit – cela doit être obtenu de Lui seul. 

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samedi 3 août 2024

Attention à l'attention



C'est aussi ce qu'écrivait Montaigne...

"Lorsque vous mangez, mangez. Lorsque vous marchez, marchez. Lorsque vous lisez, accordez toute votre attention à cela, qu'il s'agisse d'un roman policier ou d'un magazine...

Ce qui est important n’est donc pas ce que vous faites, mais si vous pouvez y accorder une attention totale."

~ Jiddu Krishnamurti 

Public Talk 9, Saanen, July 28, 1966

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dimanche 14 juillet 2024

La sagesse au sommet


Au Pakistan, au cœur des géants himalayens, la Tour Sans Nom du massif du Trango s’élève à 6 240 m d’altitude. Avec mon compagnon, Arnaud Petit, nous grimpons cette aiguille de granit en escalade pure, où seul le couloir d’approche contient de petits passages de glace et de neige. Nous installons notre bivouac, perchés à 6 000 m sur une petite vire enneigée. Le lieu est plutôt austère mais un sentiment de communion avec la nature m’envahit. Le soir tombe sur les glaciers alentour, avec ses couleurs pastel. Il est de ces moments où le temps se dilate. Je suis heureuse.

Je ressens cette forme de plénitude, d’abandon de soi. Nous sommes en 2005. Je crois que le fait d’être entourée de paysages grandioses, à cette époque de ma vie, me permet de me sentir reliée au monde. Désormais, j’ai la chance de m’y sentir connectée sans prendre autant de risques !

Aujourd’hui, à 48 ans, je ne grimpe plus comme je grimpais autour de mes 30 ans, quand j’étais en quête de performance, mais plutôt dans une recherche de fluidité, d’harmonie entre le souffle et le geste. C’est une façon de retrouver sa juste place au cœur du vivant : arriver au sommet d’une voie et, simplement, se retourner. Me sentir en accord avec mon environnement, voir le paysage qui se déploie d’une manière totalement différente. Tout cela me fascine, c’est un émerveillement constant.

De la formation de yoga que j’ai effectuée à un tournant de ma vie de grimpeuse — j’étais alors dans une forme d’hyperactivité —, je conserve cette notion de l’agir gratuit, sans attendre les fruits de l’action. Je suis récompensée par la beauté du geste fait pour lui-même. Les lettrés chinois parlent du non-agir, que j’ai d’abord compris comme une forme de contemplation passive. Il s’agit plutôt d’agir dans le flux, dans une sorte de « cours de la vie » spontané.

C’est ce que je recherche dans mon escalade : ne plus être dans une lutte, même s’il faut bien sûr s’agripper, mais essayer plutôt de faire corps avec les éléments, avec la roche, et ressentir ce plaisir de l’ascension légère.

La puissance du « grand tout »

Je ne me revendique pas d’une confession religieuse. S’il fallait définir ma croyance, je serais plutôt agnostique. Mais je me sens profondément reliée à la nature. Plus je vis dans mon jardin, plus je grimpe, plus j’observe la beauté du monde, la forme des rochers, la spirale d’un escargot, l’arborescence des fougères qui résonne avec celle des arbres, jusqu’à nos propres veines… Tout fait écho. Finalement, je me dis qu’il y a un ordre, un sens à tout cela.

Sans mettre dessus le mot de Dieu, je le définirais plutôt comme un « grand tout ». Ma foi à moi, si foi il y a, serait plutôt spinoziste, dans une forme d’immanence. Avec cette certitude que, connectés à notre environnement, en lien avec les oiseaux, les pierres et l’eau des ruisseaux, nous ne sommes jamais seuls, nous pouvons avoir confiance en la vie ; car tout se poursuit, selon ces cycles de vie et de mort qui sont autant de renaissances perpétuelles.

Livrée à la force des éléments

J’adhère à une spiritualité sauvage. Je me sens intuitivement attirée par la philosophie des peuples premiers, des personnes qui vivent au quotidien avec la nature, qui doivent survivre avec elle.

Mes expériences m’ont confrontée à l’inconfort, par moments au danger. Cela m’a fait prendre conscience de la fragilité de notre place dans le monde. Nous ne sommes plus, à ce moment-là, des hommes et des femmes tout-puissants ayant le sentiment de pouvoir contrôler tout un cocon protecteur autour de nous grâce à notre téléphone… Au contraire, nous sommes par moments livrés à la force des éléments, à la pluie, aux orages, dont j’ai très peur d’ailleurs !

Ce sens des limites m’a aussi été donné au fil des années par ma santé fragile — je suis asthmatique depuis l’enfance. Et par un accident dans le Haut Atlas, au Maroc, où j’ai failli mourir d’une chute au-dessus d’une falaise. Je me suis retenue in extremis. C’était en 2007 et, après cet épisode, j’ai ressenti le besoin de ralentir. À force de faire des ascensions de plus en plus risquées j’en étais venue à ressentir un sentiment d’invincibilité. Cette chute et certains échecs m’ont appris à renouer avec une pratique plus saine de ma passion et à me poser les bonnes questions : pourquoi grimpes-tu ? Qu’est-ce qui te meut ?

L’escalade est à l’image de la vie. C’est un cheminement. Si nous ne sommes pas capables de le savourer avec tous nos sens, nous passons sans doute à côté de beaucoup de choses. Il ne s’agit pas d’une recherche spirituelle à proprement parler, mais d’une nécessité d’être en lien. Ma spiritualité se trouve dans cet essentiel, dans ce souffle qui traverse toute chose, avec ce sentiment que tout est modelé par cet élan de vie qui nous anime tous et nous dépasse.

Les montagnes, ces cathédrales vivantes


L’escalade me guide. Dans ma construction personnelle, cela a été quelque chose de très évident. Moi qui suis plutôt d’un tempérament rêveur, dès mon enfance dans les Hautes-Alpes, le toucher du calcaire de la falaise de Ceüse m’a mise en lien avec le réel. Quoi de plus concret que la pierre ! Il faut trouver des prises, caresser, effleurer, sentir ce sur quoi on peut s’agripper. Résoudre pas à pas de minuscules problèmes et rester concentré.

Mes lieux sacrés sont ces rochers ; les montagnes, des cathédrales vivantes. Je fais naturellement ce parallèle avec les chapelles ou temples bâtis par les hommes, dont les fondations sont souvent des socles naturels de rochers.

Goût pour le détail

En commençant à grimper, la beauté est une des premières choses qui m’a touchée. Celle du paysage et des choses minuscules qu’il m’était donné de contempler. J’ai gardé ce goût pour le détail, les choses ténues, quasiment invisibles. Comme la flore de la paroi et ces petits coussins de fleurs, les silènes acaules, que l’on trouve sur le sommet du Grand Capucin, dans le massif du Mont-Blanc.

Toute cette beauté nous entoure et nous nourrit. Il faut en être conscient et en éprouver de la gratitude. Pour moi, cela consiste à essayer de vivre aujourd’hui plus lentement, plus simplement. Temps et silence : deux éléments qui sont devenus des luxes aujourd’hui.

On peut grimper selon les âges de la vie de diverses manières. J’ai eu la chance de traverser toutes les disciplines, de la grimpe spontanée, enfant, au sport de haut niveau et à l’ascension de hautes parois, jusqu’à une pratique plus « contempl-active ». Notamment durant certaines aventures au long cours, partagées avec mon compagnon.

Au Venezuela, nous avons passé 15 jours à gravir la paroi du Salto Ángel, la plus haute chute d’eau du monde, entourés de quatre coéquipiers. Je me souviens d’une pluie diluvienne durant une nuit de bivouac. La cascade s’est mise à enfler. Totalement aspergés, nous avions l’impression d’être des marins en haute mer.

Vivre ces expériences-là rend plus humble. Nous restons des êtres humains avec un corps vulnérable. On apprend aussi le renoncement : où met-on le curseur en terme de risque ? L’escalade m’a apporté une connaissance plus fine de moi-même, dans un perpétuel ajustement entre retour à soi et retour au monde.

Resserrer son regard


Je me souviens de cette fissure large aux États-Unis, où je me suis retrouvée tétanisée par la peur. La chute pouvait être mortelle. Pour avancer, j’ai simplement resserré mon regard et recentré ma respiration au niveau du ventre. J’ai changé mon pouce d’inclinaison, j’ai tourné mon épaule, j’ai soudain aperçu une prise de pied sur laquelle pousser et je m’en suis sortie. Cela m’a éclairée sur le fait que dans le quotidien, quand on est piégé dans un tunnel d’obligations, on perd ce témoin qu’on a en soi, cette capacité de détachement. D’abord, resserrer son regard sur ce qu’on peut faire dans l’immédiat pour aller mieux, afin de retrouver une vision globale…

L’escalade et la vie m’ont enseigné que si l’on ne s’autorise pas à dépasser certaines de nos peurs de temps en temps, nous risquons de passer à côté de très belles choses. Des peurs, nous en avons tous. Les miennes peuvent paraître dérisoires à d’autres. Ne craignant pas le vide, j’ai été capable d’affronter des risques qui feraient frémir beaucoup de personnes tandis que je me sens handicapée dans certaines situations sociales tout à fait banales mais trop bruyantes pour moi.

Certains me disent : « Je ne pourrais jamais faire de l’escalade, j’ai le vertige. » Je veux leur dire : « Essayez ! » Lorsque nous avons le désir d’expérimenter quelque chose, nous sommes capables de bien plus que ce que nous imaginons.

Stéphanie Bodet

Source : La Vie

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samedi 6 juillet 2024

Egocentrisme raconté...


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 Les sacs de grain

Chaque année après les récoltes, tous les villageois se retrouvent près du moulin du village.
Il y a une grande meule, tout le monde vient avec ses sacs ie grain.
Chacun à son tour prend une mesure de grain, la fait passer uns la meule, recueille la farine et en remplit un autre sac.

Niais Nasredin ne cesse de puiser dans le sac de son voisin immédiat. Son manège finit par être repéré, et le voisin f insurge:

Nasredin, arrête donc de prendre le grain de mes sacs !

Oh, pardon ! Tu sais, je suis un peu idiot...

Le voisin opine de la tête, mais reste sur ses positions :

Oui, mais même si tu es idiot, pourquoi tu n’en prends pas de ton propre sac ?

Je suis idiot, admet Nasredin, mais pas à ce point-là!

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La volonté divine

Un jour, Nasredin se rend chez l’imam et lui annonce triomphalement:

J’ai enfin la preuve que TOUT dans ce monde va selon la volonté du Très-Haut.

Quelle foi profonde, Nasredin, mais qu’est-ce qui t’a permis d’arriver à cette conclusion?

Oh, c’est évident, dit Nasredin. Jamais rien dans ce monde ne va selon ma volonté à MOI.



Source : Les folles histoires du sage Nasredin par Ilios Kotsou et Matthieu Ricard
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