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dimanche 22 décembre 2024

Le mental par Swami Prajnanpad

 Qu’est-ce que le mental ? Le mental est ce qui vous éloigne de la Réalité, de l’objet. Quand vous vous abandonnez au mental, vous vivez dans l’erreur et donc dans la peine. Le mental ne vous mène jamais à l’objet. Il vous en éloigne toujours. Aussi, il vous faut annihiler le mental si vous voulez vivre dans la réalité. C’est-à-dire, vous devez entièrement vous orienter vers le Ici et Maintenant. Être libre du mental, c’est vivre dans la Vérité.

Comment peut-on dire que le mental cache la Réalité? C’est parce qu’il prend la place de la Réalité.

Le mental n’est rien d’autre qu’une illusion qui vous éloigne de vous-même. A tout moment demandez-vous : «Qu’est-ce que je veux ici et maintenant?» «Qui suis-je dans cette situation ? » Ce que vous voulez être, vous l’êtes déjà. Le désir c’est ce qui vous pousse à agir. Le forgeron veut forger. Le mental forge à la perfection. Mais la plupart des gens ne savent pas ce qu’ils veulent. Ils gaspillent leur énergie et n’obtiennent pas ce qu’ils prétendent vouloir. Vous n’êtes pas le corps ni le mental seulement. Vous pouvez accorder une certaine attention au corps mais pas toute votre attention. Le corps et le mental sont vos deux instruments. Si l’un des serviteurs domine le maître, quel spectacle désolant !


Le mental crée son propre monde d’irréalité. Chacun crée son propre monde et donc le monde de chaque homme est différent. Et ce monde change pour le même homme d’un jour à l’autre, même si l’homme ne change pas d’endroit. Comme chacun crée son propre monde ; cela ne vaut donc pas la peine de se disputer avec autrui. On doit accepter, s’ajuster, s’adapter à ce qui est, c’est-à-dire, au monde qu’autrui a créé pour lui-même.

Sortez de votre coquille. Soyez à l’aise, naturel. Le monde dans lequel vous vivez et celui avec lequel vous entrez en contact sont également « vôtres ». Ayez le sentiment que toutes les choses sont à vous et acceptez-les. Dites oui à tout. Ne refusez rien et encore moins quelque chose qui se trouve en vous-même.


Le mental a tendance à fuir la réalité. Nous voyons une rivière et nous disons qu’elle fait des zigzags. Mais qu’est-ce qu’une rivière ? Simplement de l’eau. Prenez de l’eau dans vos mains et voyez si elle fait des zigzags. Non. C’est le lit de la rivière qui fait des zigzags. Cependant le mental dit que la rivière fait des zigzags. Le mental prend toujours l’apparence pour la réalité.

Comment distinguer l’apparence de la Réalité? Nous disons qu’un homme est de Madras, qu’un autre est du Bengale. Mais leur essence à tous deux c’est d’être des hommes. Le mental ne voit pas cette réalité sous-jacente, cette unité sous-jacente. L’apparence l’en éloigne. Il voit des vêtements différents et leur donne des noms différents. Comment pouvons-nous savoir que nous voyons l’apparence ou la réalité? Si nous éprouvons un sentiment d’unité, c’est que nous voyons la réalité. Si nous avons l’impression d’être séparé de ce qui nous entoure c’est que nous voyons l’apparence.

La différence est uniquement dans l’apparence. Eventuellement, ces deux hommes sont pareils et il n’y a pas d’antagonisme. Quand nous les séparons l’un de l’autre, immédiatement un conflit surgit. L’émotion apparaît. L’apparition de l’émotion est le test de l’intrusion du mental. Aussi évitez l’émotion, voyez l’unité, non la séparation.

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mercredi 5 juin 2024

Se libérer du mental

 


  • Écoutez aussi souvent que possible cette voix dans votre tête. Prêtez particulièrement attention aux schémas de pensée répétitifs, à ces vieux disques qui jouent et rejouent les mêmes chansons peut-être depuis des années. C’est ce que j’entends quand je vous suggère « d’observer le penseur ». C’est une autre façon de vous dire d’écouter cette voix dans votre tête, d’être la présence qui joue le rôle de témoin.

  • Lorsque vous écoutez cette voix, faites-le objectivement, c’est-à dire sans juger.

  • Ne condamnez pas ce que vous entendez, car si vous le faites, cela signifie que cette même voix est revenue par la porte de service. Vous prendrez bientôt conscience qu’il y a la voix (Le mental) et qu’il y a quelqu’un qui l’écoute et qui l’observe qu'on appelle la conscience.

  • Cette prise de conscience que quelqu’un surveille, ce sens de votre propre présence, n’est pas une pensée. Cette réalisation trouve son origine au-delà du « mental ».


    (Le pouvoir du moment présent - Eckhart Tolle)
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vendredi 3 mai 2024

Le mental se sert de nous

 


  • Le mental se sert de vous et vous vous êtes inconsciemment identifié à lui. Par conséquent, vous ne savez même pas que vous êtes son esclave.

  • C’est un peu comme si vous étiez possédé sans le savoir et que vous preniez l’entité qui vous possède pour vous. La liberté commence quand vous prenez conscience que vous n’êtes pas cette entité, c’est-à-dire le penseur.

  • En sachant cela, vous pouvez alors surveiller cette entité. Dès l’instant où vous vous mettez à observer le penseur, un niveau plus élevé de conscience est activé et vous comprenez petit à petit qu’il existe un immense royaume d’intelligence au-delà de la pensée et que celle-ci ne constitue qu’un infime aspect de cette intelligence.

  • Vous réalisez aussi que toutes les choses vraiment importantes la beauté, l’amour, la créativité, la joie, la paix – trouvent leur source au-delà du mental. Et vous commencez alors à vous éveiller.

Eckhart Tolle
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jeudi 25 avril 2024

 Mes chers amis,

By Photo Dharma from Sadao, Thailand 

L'impermanence conditionne toute notre vie et il est bien de ne jamais la perdre de vue.

L'impermanence est la caractéristique de tout ce que nous pouvons percevoir au travers de nos 5 sens (le vue, l'audition, le toucher, le goût et l'odorat), et de notre mental (pensées, émotions, ressentis...)

Que veut dire impermanent ? Cela caractérise ce qui a un début (et donc n'existe pas depuis toujours) et a une fin (càd qui ne durera pas toujours).

Or nous, les êtres humains ordinaires, (par opposition aux grands maîtres et les êtres réalisés) sommes très sujets à l'attachement. Ce que nous aimons bien, nous y devenons très facilement attachés et nous éprouvons du chagrin, ou de la souffrance quand nous devons nous détacher que ce soit d'objets matériels, de sensations plaisantes (visuelles, auditives, gustatives, tactiles ou olfactives)  et encore bien plus quand il s'agit d'êtres vivants animaux ou humains.

Il ne s'agit pas de n'avoir aucun attachement, ce qui serait un leurre bien impossible à atteindre, mais d'être libre de ses attachements, de savoir que l'attachement est illusoire, puisque ce à quoi on s'attache est transitoire, soit cela se terminera avant moi, soit moi je partirai sans l'emporter.

Car bien sûr, moi aussi je suis impermanent, comme toutes les choses mon corps est apparu un jour il est certain qu'il disparaîtra. Mes pensées apparaissent et disparaissent.

En tant qu'être humain ordinaire je suis très identifié à mon corps/mental, ce que j'appelle moi. Qui peut vraiment affirmer qu'il ne croit nullement en l'existence d'un moi ?

Même si théoriquement, il a compris que ce moi ne peut être trouvé nulle part.

La méditation d'hier a été une réflexion sur ce sujet. Nous n'avons pas cultivé le calme mental, mais nous avons réfléchi. Nous sommes finalement revenus à cette pure présence que nous sommes, cette pure présence spacieuse, qui est là d'instant en instant, insaisissable, mais vaste et source d'amour.

Avec ma profonde amitié pour vous tous.

Philippe Fabri

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samedi 18 novembre 2023

Busy ?


 Trop occupé pour regarder cette vidéo ?

Besoin de s'occuper de son esprit...


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vendredi 17 novembre 2023

Laisser la Vie vivre

 

En vérité les situations (Swamiji disait « conditions and circumstances ») sont simples, elles sont ce qu’elles sont.
Recevons ce qu’elles nous apportent, acceptons ce qu’elles nous refusent.
La vie est bien plus généreuse que ne le croit le mental.
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dimanche 29 octobre 2023

L'existence en Toi


 
La vérité est toujours là mais tu es trop complexe et trop distrait pour la voir. Il te faudra donc parcourir tout l’univers pour revenir la trouver juste sous ton nez. C'est le paradoxe de l'existence. C'est toujours toi, ça a toujours été toi, mais tu penses que c'est autre chose. C'est toi mais ce n'est pas le "toi" que tu voudrais être ou que tu penses être ; c'est le vrai Toi.

~ Mooji

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vendredi 15 septembre 2023

Du côté de l'instructeur, épisode 4

 GERER LA RESISTANCE CONSTANTE 

A propos de la relation élève- instructeur en TDI (voir articles précédents sur ce sujet),  j’ai parlé de « mariage » dont les vœux seraient pris très au sérieux. 

De même que, dans le cadre d’une relation à long terme et au quotidien, les partenaires vont devoir gérer la friction de la durée, de la vie en commun avec ses hauts et ses bas, bien loin des escapades de week end ou des rendez vous amoureux comme autant de parenthèses magiques, l’ami spirituel et ses élèves vont inévitablement connaitre des pics et des creux, parfois des montagnes russes, au fil de leur relation.

 Inévitables, ces hauts et bas le sont d’autant plus que le travail s’intensifie et conduit à des moments de déstabilisation. Quand survient une telle phase, la relation ami spirituel élève peut prendre des allures de couple en crise. 

La négativité dans ses formes brutes ne pleut pas constamment , fort heureusement.

La résistance, par contre, est quasiment constante. 

C’est une force considérable avec laquelle il faut compter et vis à vis de laquelle il convient de se faire des muscles, ces fameux « circuits intérieurs », encore eux, si l’on se trouve distribué dans ce rôle improbable et insensé d’ « ami spirituel »

Comment se fait il que la résistance soit, comme je l’affirme ici, quasiment constante ?  Il peut être utile de s’attarder un peu sur cette question. 

Entendons nous : personne a priori n’a « envie » de résister. Les personnes qui s’investissent un peu sérieusement dans un travail auprès d’un instructeur sont toutes sincères et motivées, même si leur motivation est inégale et varie. 

Là encore, je ne fais pas allusion au public d’une conférence , ou même aux participants d’un séminaire de week-end , même si la résistance s’y manifestera aussi très vite dés lors que le propos ne correspondra pas à l’attente. Mais les enjeux ne peuvent pas y être comparables à ceux qui prennent place dans le cadre d’une relation d’investissement à long terme. 

Personne, donc, n’entreprend volontairement d’« entrer en résistance » sur la voie. Chacun est là parce que il ou elle a été touché dans sa profondeur par ce qu’il ou elle a pu plus ou moins consciemment pressentir à travers l’instructeur, l’enseignement, le climat de la transmission …

En vérité, tout serait fort simple si cette profondeur qui a été touchée menait seul le jeu tout au long du cheminement. Seulement voilà. Il y a un hic, comme on dit, et ce hic, c’est que la surface en chacun de nous s’emploie très tôt à contrecarrer l’impulsion lancée par la profondeur. Passé l’émerveillement des débuts, la surface vient à comprendre qu’elle se trouve menacée et à partir de là met tout en œuvre pour contrecarrer l’intention de la profondeur. 

Ce n’est pas une des moindres compétences de l’instructeur accompagnant que de se forger des circuits internes aptes à soutenir le constant flux de projections , aussi bien positives, d'ailleurs , que négatives. 

La tradition parle de l’ami spirituel comme devant être « indifférent à la louange et au blâme ». 

Je l’exprimerai plutôt pour ma part en termes de non appropriation. 

Si des élèves, pour un temps, me considèrent d’un regard énamouré et paraissent momentanément fascinés par ma personne à laquelle ils trouvent toutes les qualités, je n’envisage pas un instant, et fort heureusement , que cela ait grand chose à voir avec « moi », quelles que puissent être mes caractéristiques en tant qu’être humain. Il se trouve simplement que les élèves en question sont dans la phase « amoureuse » , laquelle est susceptible de durer plus ou moins longtemps. J’ajoute que je crois m’employer à autant que possible décourager cette phase dans ce qu’elle a d’excessif, même si, tout comme la sidération amoureuse des premiers temps dans le cadre d’une relation de couple, elle a une certaine nécessité pour poser certaines fondations. Sans chercher à imiter un Lee Lozowick ou un Monsieur Gurdjieff, je sais assez bien me montrer légèrement désagréable et irritant, exagérer mes travers et faire mon possible pour agacer celles et ceux qui risqueraient de m’idéaliser. 

La gestion des projections dites négatives relève essentiellement de la même non appropriation. Tant que je demeure intègre, si un élève vient à m’en vouloir , voire à être très en colère contre « moi », ce n’est parce que je suis un monstre ou même du fait des mes inévitables  défauts, mais parce qu’il ou elle se cogne contre le mur de ses propres mécanismes que ma fonction me contraint à dresser devant lui. Ce processus durera aussi longtemps que l’élève résistera. Si il ou elle ne dépasse pas cette résistance, il y aura départ ou éloignement. Sinon, il y aura rapprochement et approfondissement.

Reste que la gestion des projections négatives ne va pas toujours de soi…

(Suite au prochain épisode)

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mercredi 30 août 2023

Rentrée bien ordonnée commence par soi-même

 Après avoir désencombré, la clé du succès réside dans l’installation d’aménagements pertinents et l’adoption de nouveaux réflexes. Coach en rangement et en organisation, Élodie Boulard, alias Fée du tri, décrit dans ses formations les étapes pour fluidifier son quotidien.


« J’ai trié des maisons de 300 m2 quasiment vides et des appartements de 80 m2 envahis par le bazar, qui m’ont demandé un temps fou », nous prévient Élodie Boulard, vêtue d’une longue robe fluide aux motifs géométriques. Debout devant un grand écran, cette professionnelle de l’organisation, au surnom de Fée du tri sur Internet, assure à Paris une formation pour devenir home organiser.

Installées autour d’une table, sur des fauteuils ou dans un canapé, 12 femmes prennent des notes avec application. Des persiennes mi-closes préservent de la chaleur estivale la salle de réunion parquetée aux murs blancs et aux plafonds décorés de moulures. « Comprendre les causes du bazar permet non pas de les modifier, mais de proposer un cadre adéquat à vos clients, explique-t-elle. Le but est d’être pleinement bien chez soi. Il existe un désordre rampant que l’on ne voit pas, car on entasse rapidement quand il y a du monde, ou avant de partir en vacances. Mais votre cerveau, lui, sait que la cave est à ranger depuis 10 ans ! » Et que les placards croulent si on les ouvre, et que l’on ne peut plus mettre un pied dans le grenier…

Différentes causes du désordre

Dynamique, elle énumère 10 profils enclins à se laisser déborder : le collectionneur, le passionné qui change de projets tous les deux jours – « il s’inscrit au yoga et achète toute la panoplie, mais abandonne et opte pour la poterie, laissant traîner le matériel qui le culpabilise à chaque fois qu’il passe devant… Il ne termine rien et transforme rapidement une maison en capharnaüm ! » –, le sentimental pour lequel chaque objet est rattaché à une personne ou une histoire, dont il ne saurait se séparer, le perfectionniste qui procrastine, craignant de n’avoir pas le temps de tout faire parfaitement, l’angoissé qui achète « au cas où » et garde « au cas où »… Des sourires entendus se dessinent. « On l’est tous plus ou moins ! », rassure la professionnelle.

Inutile de vouloir adopter une meilleure organisation sans passer au préalable par la case désencombrement. « Je rêve de susciter une prise de conscience, afin d’enclencher la dynamique nécessaire pour trier, jeter, organiser… Et ainsi, changer de vie, retrouver sa liberté au quotidien et ses priorités. » Par où commencer pour repartir du bon pied ? « Le dressing n’est pas si compliqué à faire et génère le déclic », précise la professionnelle.

Un à un, elle présente chaque effet à sa cliente et demande si celle-ci souhaite le garder. Son mantra : « S’il y a un doute, cela ne fait pas de doute : il doit sortir ! » Mais elle tâche au préalable de faire verbaliser le problème : il est neuf et je ne l’ai jamais mis, c’est du 38 et je fais maintenant du 40, il est bien mais je transpire dedans, il a coûté cher, c’est un cadeau de mon mari… « Autant de fausses excuses qui ne justifient pas de le garder ! » Après avoir ainsi passé chaque pièce au peigne fin, « c’est en moyenne 60 % de la maison qui s’en va ». Et autant de place de gagner, d’un point de vue spatial comme mental.


Optimiser son quotidien

En un clic, Élodie passe à une nouvelle page sur son écran, qui présente les causes structurelles du désordre, à commencer par un rangement peu pertinent – éloigné, incongru, etc. Et d’illustrer : « L’appareil à raclette utilisé trois fois par an, mieux vaut l’envoyer au garage. Tout ce qui sert au quotidien doit être accessible : rien de plus pénible que de devoir dégager cette grande poêle posée sous quatre casseroles. »

Deuxième problème : les objets « sans domicile fixe » : « Votre mission consiste à leur trouver une maison ! Le bazar vient souvent du fait que chaque objet ne possède pas une place attitrée. Comme il en change souvent, on ne sait jamais où il est, et on perd du temps à le chercher. 

Quand il ne faut pas carrément le racheter, dans l’urgence, faute d’avoir remis la main dessus à temps. Le bazar est aussi imputable à une organisation trop complexe : « Plus de 2 gestes pour ranger un objet et c’est un risque d’échec », prévient Élodie Boulard. Ce qui explique pourquoi tant de chaussures traînent dans l’entrée, au lieu d’être rangées dans le placard, portes fermées…

Revisiter son mode de vie

Pour éviter l’effet rebond, différentes règles sont à observer : un objet rentre, un autre sort ; remettre en place sitôt après usage ; réparer ce qui est cassé. « Prévoyez dans l’entrée un “action bag” où vous centralisez tout ce qui doit sortir : le pull oublié par la copine, la paire de chaussures à emporter chez le cordonnier, l’objet défectueux à déposer chez Darty, etc. Si vous laissez quelque chose de cassé dans un tiroir, il y restera des mois, croyez-moi ! » Sans conteste.

Et si l’on veut vendre ? Élodie Boulard esquisse une moue : « Le gain me semble dérisoire par rapport au temps passé pour photographier, écrire l’annonce, répondre aux questions, préparer le colis, imprimer le bon, aller au point relais, etc. Je conseille plutôt de donner à des associations ou au Relais. Apporter 40 sacs de vêtements, comme l’a déjà fait une cliente, produit un électrochoc quant à sa consommation et aide à en changer radicalement… »

Source : magazine La Vie

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samedi 19 août 2023

Sortir de l'illusion

Se noyer dans l'illusion et tenter de respirer un instant



" Mais ce qui est proprement insensé, 

c’est que le mental considère comme 

le monde véritable celui de sa fabrication, 

qui n’a, je ne le redirai jamais trop, 

aucune existence d’aucune sorte, et 

c’est par rapport à ce monde totalement 

chimérique -tissé d'idées et de pensées-

qu’il se permet de juger le monde réel. » 😇

Arnaud Desjardins

illustration : Jérôme Bosch



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jeudi 20 juillet 2023

Un Chemin pas à pas

 « La réalité dans laquelle nous vivons est une réalité de la rencontre » K.G Durckheim



Lorsque j’ai pris cette photo, je m’apprêtais à passer mon chemin rapidement en me disant :

« Tiens, étonnant cette fleur sortant du béton ».

Et puis, je me suis arrêté, touché par la puissance de vie qui se dégage de cette fleur jaillissant d’une terrasse en pierre. Ce geste, si simple, si fragile, éclatant de vie, comme si de rien n’était, m’a arrêté dans mon « plein de choses à faire ».

Jacques raconte souvent cette promenade en forêt avec Durckheim, presque aveugle à la fin de sa vie, lors de laquelle il lui demande :

« - Que voyez-vous là, Jacques ?

- Là, je vois un arbre magnifique !

- C’est curieux, là où vous voyez un arbre, je vois un geste de la vie ».

« La réalité de la rencontre » dont parle K.G. Durckheim est cette vision, ce contact avec le geste vital qu’est tout être vivant, rencontre qui se produit avant de nommer ce que l’on voit, ou avant d’émettre des idées, des jugements sur ce que l’on rencontre.

Réalité bien plus vaste, bien plus sacrée que des pensées du type : « cette fleur est bien jolie … quel est donc son nom ? … Comment peut-elle pousser là ?... »

Si je rencontre cette fleur avec le mental, j’en reste à : « c’est joli … C’est étrange … », et je retourne à mes activités bien plus importantes.

Mais si le geste de vie qu’est la fleur me touche, je suis obligé de m’arrêter, ne serait-ce que quelques instants. Être touché, cela veut dire que je sors autrement de cette rencontre, qu’il y a forcément un changement dans ma manière d’être : plus calme … plus ouvert … moins précipité ?

En prenant le temps de la rencontre avec cette fleur, je suis touché par la force de vie, la beauté d’un tel contraste ; touché par l’ordre naturel des choses qui fait que tout ce qui vit est appelé à se développer selon sa forme propre, voulue par la vie, avec les conditions existentielles du moment.

Je suis touché par le lien qui unit la fleur et la pierre : ce geste n’existerait pas sans la dalle de pierre ; la fleur s’appuie sur ces conditions particulières, que l’on peut qualifier de très difficiles, pour néanmoins se révéler dans un geste pleinement épanoui.

Cette rencontre me recentre, fait passer le mental au second plan, et, pour un moment au moins, je me sens plus vivant, en contact avec un aspect de moi que je mets souvent en veilleuse : « être complètement, essentiellement là », ouvert à une rencontre sensible, sensorielle avec ce qui est, sans « le miroir du mental ».

Je suis touché, parce qu’en rencontrant cette fleur, je comprends certains aspects de la pratique du zen ; de même que la particularité de cette fleur nait de la dalle fissurée, l’Être que je suis peut se révéler sur les rudesses, les fissures, les failles du « mur de l’égo ».

L’Être s’appuie sur les craquelures de l’ego pour grandir, s’épanouir, en tant que forme, geste, et cela d’une manière unique : c’est la forme individuelle propre à chacun de nous, voulue par la vie, que l’on appelle dans notre enseignement « Être Essentiel ».

Cela me rappelle une expérience faite lors d’un zazen particulièrement éprouvant : je suis un bloc de béton, tout en résistance et lutte intérieure ; je brûle intérieurement de colère et d’impuissance à ne pas pouvoir lâcher prise : quelques centimètres carrés de douleur entre les omoplates prennent tout l’espace. Et puis, tout d’un coup, je sens un filet d’air qui se faufile à travers ce bloc de tension : tiens, je respire encore … « Cela respire »

Le souffle se fait plus présent, plus ample ; je réentends les oiseaux à l’extérieur ; je redeviens plus souple, plus ouvert ; des larmes coulent … Le « mur de l’égo » semble avoir été transpercé par l’élan vital que je suis, toujours présent, quelles que soient les circonstances existentielles.

La « réalité de la rencontre » avec ma vraie nature n’oppose pas moi existentiel et être essentiel, mais remet les choses à leur place : « Je suis un être vivant » met au second plan « je suis un être pensant ».

Pour revenir à la photo de ce geste-fleur, il s’agit d’une rencontre que j’ai faite un matin sur le palier de ma maison, et sans doute suis-je passé devant de nombreuses fois sans y prêter attention. En sortant de chez moi, lorsque je les Vois, je ne manque donc pas de m’incliner devant ces quelques fleurs, et ainsi changer ma manière de marcher pour aller vers « plein de choses à faire ».

Joël PAUL

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samedi 27 mai 2023

dimanche 1 janvier 2023

un petit poème sympa pour démarrer 2023...

 ESPRIT IMMONDE, EN PLEINE FORME EN 2023  ....

Nouvel an,  bonnes résolutions, bonne année, etc ... Vous avez peut être envie d'un petit poème sympa pour démarrer 2023 ? 

INTERPELLATION DE L’ESPRIT IMMONDE

« Quand le souffle esprit immonde sort de l'humanité, il erre à travers des lieux arides en quête d'un repos impossible. » Evangile selon Matthieu, traduction de Frédéric Boyer

« Jusqu'à quand aurais-je l'inquiétude en mon âme, et chaque jour la peine en mon cœur ? Jusqu'à quand durera le triomphe de mon ennemi ? » Psaume 12, traduction de André Frossard

Esprit immonde 

toi le diviseur

comme tu t’y entends 

à me tourmenter 

encore 

tu t’acharnes 

d’autant plus 

qu’il m’a été donné d’apprendre

à déjouer tes ruses 

repousser tes assauts 

alors tu uses de toute ton habileté 

toi le malin 

qui me connaît si bien 

en chacun de mes recoins 

tu attaques 

aux endroits les plus sensibles 

tu agaces 

les zones les plus douloureuses 

tu choisis ton moment 

n’interviens 

qu’aux heures les plus vulnérables 

tu prends ce serviteur par surprise

lorsque tu le sens fatigué 

Il est la proie de choix

qu'oeil fixe tu guettes 

à l’affût du lieu 

de la situation 

où tu le trouveras 

le plus à découvert 

je m’avoue encore surpris 

de la violence brute

de tes frappes 

de leur soudaineté 

quand la garde est baissée 

à midi jubilant sans bruit 

à minuit suffoquant 

dans la nuit obscure 

criant vers le Père 

qui m’a abandonné 

en ces limbes 

où tu présides 

oh je sais me reprendre 

regagner possession de moi même 

me lever encore 

avec l’aube nouvelle

et vaquer aux affaires de mon Père 

dont la présence peu à peu

me revient

oui 

je me ressaisis 

déterminé 

à ce que ton règne 

n’arrive pas

en moi 

mais tu es si habile  

tu ne renonces jamais 

d’autant moins 

que ton emprise faiblit 

à peine ai je relevé la tête

que tu lâches tes hordes 

tel ces despotes qui

lorsque leurs sujets grondent 

aux abords du palais

répliquent

par une répression sauvage

alors 

que puis je

moi chétif serviteur

sinon persister 

dans ma récusation 

de toutes tes pompes 

de toutes tes œuvres 

récusation qui

selon charité bien ordonnée 

commence en moi même

que puis-je 

sinon

pratiquer ce que je prêche 

prier mon Père dans le secret 

ne rien céder 

aux raccourcis

aux facilités faussement rassurantes

nulle autre option

que de veiller

sur mon intention 

prunelle de mes yeux 

poursuivre la Guerre Sainte 

jusqu’à l’heure du repos

implorer ta pitié ? 

te supplier d’une trêve ? 

voilà qui serait bien naïf

c’est vers le Père 

que je peux me tourner

en appeler à sa clémence 

ne pourrait il lui

considérer 

la poignée de mérites 

de ce serviteur fidèle 

le prix qu’il a déjà payé

faible est l’endurance de ce serviteur

au regard 

de ce qui est demandé 

sa carrure est chétive

malgré toutes les bénédictions 

dont il a été inondé

que gémit-il il lui le nanti

lui l’élu 

lui le choyé

et cependant …

mais qu’il soit fait selon Ta volonté !

Gilles Farcet

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dimanche 20 novembre 2022

La pratique

Une pratique véritablement spirituelle apporte la certitude intérieure, le non-attachement, la richesse intérieure et extérieure, la santé, la compassion et crée le genre de personne que les gens veulent côtoyer.
En cours de route, il y a des luttes, oui, et des ténèbres à réconcilier avec la non-dualité, bien sûr.
Si votre pratique vous apporte l'incertitude, la mauvaise santé, le manque de compassion, la pauvreté et vous a transformé en une personne qui repousse les gens, c'est probablement la mauvaise voie.
Si vous critiquez sans cesse les autres d'un point de vue intellectuel arrogant, ou si vous êtes agacé par toutes sortes d'obsessions mineures, de tics, d'apparences extérieures, etc. Vous êtes loin d'être là où vous devriez être. Peu importe que votre voie provienne du Dao, du Tantra, du Yoga, du Bouddhisme, du Vedanta, du New Age etc.
Il se peut que vous soyez sur un chemin avec une imagination dite "sombre", ce n'est pas grave, car la compréhension sous-jacente est que tout est divin, et que la gnose/jnana créera un respect encore plus grand pour la vie, sa fragilité et son caractère sacré.
Si ce n'est pas le cas, il s'agit probablement d'un chemin faux, "glamour", davantage basé sur les clichés "sataniques" des bandes dessinées que sur la réalité de la nature.
Comme le souligne David Wallis, érudit tantrique et sadhaka :
"Le but de la pratique spirituelle ne peut être d'atteindre l'union avec Dieu.
car vous êtes déjà un avec la réalité divine. Elle n'a pas non plus pour
pour but de vous rendre plus beau ou plus parfait, car il n'existe rien qui ne soit pas Dieu.
n'est pas Dieu, donc vous ne pouvez pas être plus beau ou plus parfait que vous ne l'êtes déjà.
Pourtant, vous ne faites pas actuellement l'expérience de la réalité de cette façon, en raison de la perception erronée que vous avez de vous-même.
Ainsi, le but premier de la pratique spirituelle est de déstabiliser les constructions mentales profondément ancrées et faussées à propos de vous-même, constructions que vous projetez également sur les autres dans votre vie.
Ces visions de la réalité ne sont pas en alignement avec la Vérité et vous débilitent donc.
Le processus consiste à miner les vues erronées par la pratique continue jusqu'à ce qu'elles soient vues pour ce qu'elles sont et commencent à s'effondrer.
Lorsque vos constructions mentales obscurcissant disparaissent vous vous voyez automatiquement tel que vous êtes vraiment : un être libre, à la conscience bienheureuse, jouant un rôle important dans la vie de tous les jours.
Un être libre, à la conscience bienheureuse, jouant avec ses pouvoirs d'intention,
de compréhension et d'action.
Lorsque vous vous voyez clairement, un éclair de reconnaissance se produit : vous êtes une expression microcosmique des mêmes pouvoirs divins qui créent, maintiennent, et dissolvent cet univers entier.
Lorsque vous réalisez par expérience que les mêmes pouvoirs magnifiques et impressionnants qui orchestrent le déploiement complexe et merveilleux et merveilleuse de cette création entière coulent en vous, vous créant alors même que vous créez avec eux, fournissant la fondation même de votre de votre expérience de la réalité, il y a un profond changement.
Votre peur et votre mesquinerie tombent alors que vous tombez harmonieusement dans la danse de l'énergie vitale, en réalisant que vous êtes le seul qui ait jamais limité votre potentiel.
Une explosion de joie accompagne la réalisation qu'il n'y a rien à faire, rien à accomplir, autre que d'embrasser pleinement les pouvoirs divins qui cherchent à se manifester à travers vous en exprimant la totalité de votre être authentique dans la plénitude de chaque instant, dans un flux infini de ces instants."
Trad. d'un texte de Jason Read par Fabrice Jordan

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vendredi 18 novembre 2022

Comme si c'était sérieux...

 


Q : Les affaires ne m’intéressent pas et j’ai peur que cela ne soit un obstacle à mon yoga ?

M : Non, cela ne le sera pas. Votre point de vue va changer comme il est dit dans la Gita (Chapitre 2). Vous allez regarder les affaires comme si c’était un simple rêve, mais cela n’affectera pas votre travail, parce que vous aller continuer à vous en occuper comme si c’était sérieux.

Q : La difficulté est d’être à la fois dans l’état sans pensées et de faire son travail.

M : Laissez l’état sans pensées s’occuper de lui–même.

 Ne considérez pas que c’est quelque chose qui vous appartienne ; quand vous marchez, chaque pas est fait involontairement (automatiquement). Laissez vos autres actions se faire de la même manière.

 Progressivement, la concentration va devenir plaisante et facile et vous demeurerez dans cet état, aussi bien dans l’activité que quand vous vous assoirez spécifiquement pour un temps de méditation.

 Le travail sera d’autant plus facile pour vous lorsque votre mental sera rendu stable et fort par la concentration.

Ramana Maharshi

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dimanche 31 juillet 2022

Acceptation et bienveillance

 Le but de l’acceptation n’est pas de se sentir mieux, mais bien de s’ouvrir à la vitalité du moment, et d’agir de façon plus efficace dans les directions qui comptent pour vous. Autrement dit, le but de la bienveillance est de ressentir pleinement tous les sentiments qui se présentent, même (ou tout particulièrement) les mauvais, et ce afin de pouvoir vivre plus intensément. Ainsi, au lieu de chercher à se sentir mieux, on cherchera dorénavant à mieux se sentir. Pour reprendre l’image du piège à doigts chinois, il s’agit de pousser doucement les doigts vers l’intérieur pour gagner de l’espace plutôt que de se débattre en vain pour s’opposer à son expérience. Acceptation et bienveillance signifient « se laisser la place de respirer ». 

En adoptant cette position, vous pouvez ouvrir les volets et les fenêtres de votre maison et laisser la vie s’y engouffrer : vous laissez alors entrer l’air frais et la lumière dans ce qui était jusqu’ici fermé et obscur. Il s’agit de traverser les marécages de votre histoire personnelle si ceux-ci se trouvent dans la direction où vous souhaitez aller. Être dans l’acceptation et la bienveillance signifie comprendre que vous êtes le ciel, pas les nuages ; l’océan, pas les vagues. Cela veut dire que vous êtes assez grand pour contenir toutes vos expériences, tout comme le ciel peut contenir tous les nuages et l’océan toutes les vagues. Cette succession de métaphores n’a pas pour but de vous transformer en un instant, mais seulement de vous donner une idée de l’objectif de cet ouvrage. Si vous vous rendez compte que votre mental leur est favorable, ou au contraire qu’il résiste, contentez-vous de le remercier pour cette pensée. Il est le bienvenu dans notre voyage, mais l’acceptation et la bienveillance sont des états que le mental ne peut pas atteindre. Par bonheur, vous êtes bien davantage qu’un catalogue de relations et de symboles. Même si votre mental ne peut apprendre le lâcher-prise, vous le pouvez.

Penser moins pour être heureux, Steven C. Hayes, Spencer Smith, éd. Eyrolles


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samedi 18 juin 2022

Tout le reste vient du Malin

 En l'honneur de l'anniversaire d'Arnaud, un texte extrait de Adhyatma yoga, À la recherche du soi I 


Je vais donc prendre un exemple très simple. Contre lequel vous ne vous révolterez pas et qui ne soulèvera pas d’émotion profonde dans vos inconscients respectifs. Imaginons une jeune fille d’un milieu social moyen, disons bourgeoisie moyenne, ni la fille de Rothschild, ni une fille vivant dans la pauvreté. Elle passe son bachot. Elle a un parrain qui ne lui fait plus de cadeau depuis qu’elle n’est plus une petite fille, qui a même oublié la date de son anniversaire et qui lui dit : « Écoute, si tu es reçue à ton bachot de terminale, je te fais un très beau cadeau. Il y a longtemps que je ne t’ai rien donné, ça fait des années, j’ai des tas de cadeaux en retard, je te fais un très beau cadeau. Qu’est-ce que tu voudrais ? » La fille dit : « Parrain, je n’ose pas te le dire, c’est un très beau cadeau. » – « Et quoi ? » – « Un vélomoteur pour 85 jeune fille. » – « Ça coûte combien ça ? Mes prix sont peut-être dépassés. » – « 1 500 F. » – « Écoute, dit le parrain, tu réussiras bien à compléter et, si tu es reçue, je te donne 1 000 F. » C’est un très beau cadeau pour une fille de dix-sept ans. La voilà très heureuse mais, comme elle n’a pas encore ce bachot de terminale, elle n’a donc pas les 1 000 F et elle n’est pas emportée par l’émotion. Elle travaille bien, elle est reçue et elle demande à ses parents : « Qu’est-ce que je fais ? » Les parents lui répondent : « Écoute, c’est nous qui allons prévenir parrain, c’est plus discret. » Les parents préviennent parrain. Suivez bien cette petite histoire inoffensive, le chemin, la vérité, la sagesse suprême, tout est contenu dans cette petite histoire. Voilà qu’arrive une enveloppe de format allongé, comme celles où l’on met un chèque qu’on ne veut pas plier et, sur l’enveloppe, l’écriture du parrain. Notre jeune bachelière l’ouvre. Il y a un petit mot de l’écriture de parrain et un chèque. Elle lit le petit mot : « Bravo ; reçue ; je suis fier de toi ; voilà le cadeau promis ; sois heureuse. Parrain. » Sur le chèque, il y a marqué en chiffres et en lettres : « Payez 500 F à l’ordre de Mlle Sophie Dupont. » Quelle émotion ! Suivez-moi bien. Cette petite histoire, c’est la vie de l’humanité jour après jour, minute après minute. Voilà que cette jeune fille est désespérée de recevoir 500 F. 50 F ce serait déjà beau, 500 F c’est magnifique. Vous croyez qu’elle est heureuse de recevoir 500 F ? Ah ! son cœur se serre et la voilà malheureuse. Pourquoi ? Parce que sur le chèque de 500 F qui est la seule réalité – « c’est, c’est ; ce n’est pas, ce n’est pas » – le mental surimpose un second : le chèque de 1 000 F qui n’a aucune réalité d’aucune sorte, ici et maintenant. Et c’est cette surimposition, cette création d’un second par le mental, qui produit l’émotion douloureuse. Si la jeune fille pouvait être « un avec » le chèque de 500 F, sans qu’il y ait entre elle et le chèque de 500 F l’épaisseur d’un cheveu de non-adhésion, le chèque de 1 000 F n’aurait aucune possibilité d’intervenir dans la situation et cette fille n’aurait pas de « mental ». Elle serait une avec la réalité relative du monde phénoménal, elle serait sans émotion, elle aurait un sentiment réel. « Un chèque de 500 F, c’est magnifique, il y a tant de filles qui ne les ont pas et je vais pouvoir faire beaucoup de choses avec cet argent. » Elle aurait aussi la possibilité d’agir sans émotion : « Voyons, parrain m’avait promis 1 000 F, il m’envoie 500 F ; est-ce qu’il a été distrait, est-ce qu’il oublie ? Je n’ose pas trop en reparler, qu’est-ce que je peux faire ? » Ses parents lui auraient peut-être dit : « Écoute, nous sommes assez intimes avec parrain pour, au moins, lui poser la question. »

Je reprends ma même histoire. Un parrain dit à sa filleule : « Qu’est-ce que tu voudrais, si tu es reçue au bachot ? » Le parrain veut faire un très beau cadeau. – « Ah ! une motocyclette. » – « je te promets 1 000 F. » La fille reçue au bachot, on avertit parrain, arrive une enveloppe du format allongé qu’on utilise si on veut envoyer un chèque sans le plier. À l’intérieur de l’enveloppe se trouve une petite carte avec l’écriture de parrain et un chèque. Sur la carte, il est marqué : « Reçue, je te félicite, je suis fier de toi. Voici un peu plus que le cadeau promis, comme ça tu pourras faire entièrement la dépense prévue. » Et sur le chèque il y a marqué 2 000 F. Je mets au défi cette jeune fille de ne pas être emportée par une émotion intense de bonheur. Cette jeune fille est condamnée au bonheur. Comme une marionnette dont quelqu’un, de l’extérieur, tire les fils. Elle ne se sent plus de joie. « À ces mots le cor beau ne se sent plus de joie », dit La Fontaine, à ce chèque la jeune fille ne se sent plus de joie. Pourquoi, pourquoi y a-t-il émotion ? Pourquoi est-elle emportée par l’émotion ? Parce que sur le chèque de 2 000 F, le mental surimpose le chèque de 1 000 F attendu. Celui-ci n’a aucune réalité d’aucune sorte, la seule réalité c’est le chèque de 2 000 F. 

C’est. It is. Et tout le reste vient du Malin.

Arnaud Desjardins

vendredi 6 mai 2022

Le but d'être sans but ?

 Le mot méditation est aujourd’hui sur toutes les lèvres.

En 1967, Il y a plus de cinquante ans, je demandais à Graf Dürckheim ce qu’il entendait par méditation ?

« Méditation ! C’est un concept. Si vous posez cette question à vingt personnes je suis persuadé que vous aurez vingt définitions différentes. On ne peut pas dire la méditation c’est ça ! On peut décrire ce que l’on comprend en pratiquant soi-même un exercice proposé sous ce nom. La méditation que je pratique et enseigne est désignée au Japon comme étant zazen. »

Le maître Zen Hirano Katsufumi Rôshi, que nous avons eu l'honneur et la chance de recevoir au Centre au cours des dix dernières années, a toujours souligné que « Il y a mille et une façons de méditer mais qu'il n’y a qu’une façon de pratiquer zazen ».


Pour Graf Dürckheim, la visée du Zen est la découverte et la libération de la vérité de soi-même. Qu'est-ce que la vérité?

Jinen San, Maître Zen qui enseigne au Japon et en Australie, répond que "La vérité est la vérité sans vérité ! C'est la vérité. Et il ajoute que "Lorsque nous disons ou mentionnons simplement la vérité, c'est habituellement la vérité dans le concept. Il y a donc une séparation entre la vérité et la vérité conceptuelle".

On ne pratique pas zazen avec le mental. A la question - Pourquoi est-il si difficile de faire l'expérience de la vérité ? Jinen San répond: "Si difficile ? Parce que nous pensons! C'est une sorte d'habitude, nous pensons qu'il faut tout penser... voilà le problème. Nous pensons que nous ne savons pas grand-chose sur les choses sans les conceptualiser, sans les approcher par la pensée. Ce qui est la cause de beaucoup de problèmes".

- Vous voulez dire que la clé qui ouvre sur la vérité est donc la MÉDITATION ?

« C'est la raison de la méditation. Mais lorsqu'on dit "méditation" il serait plus juste de dire ZAZEN. Lorsqu'on dit "méditation", c'est une pratique à travers le concept. Zazen est hors concept. On utilise la même position assise pour zazen ou pour méditer, mais la manière de pratiquer est très différente si on médite ou si on pratique zazen".

Parmi les promoteurs d'une pratique méditative dite moderne - la méditation de pleine conscience -nombreux sont les initiateurs qui font l'amalgame entre zazen et méditation. En affirmant un tel assemblage ils attestent d'une vérité : ils n'ont jamais encore pratiqué zazen. La plupart des personnes qui pratiquent "la méditation de pleine conscience" cherchent à obtenir quelque chose. La liste des CENT bienfaits associés et promis à celles et ceux qui pratiqueront cette méthode est en totale opposition avec l'exercice essentiel du Zen - ZaZen - qui est pratiqué SANS but.

Je ne pratique pas zazen en espérant atteindre un but prémédité. Je ne pratique pas zazen en cherchant à me faire une idée de la vérité qu'il me faudrait atteindre.

Pratiquer zazen en ayant un but, serait faire de zazen un moyen alors que zazen, par lui-même, est l'activation des qualités d'être qui sont à l'origine, au commencement de notre existence : la paix de l'âme (le calme intérieur), la paix de l'esprit (la sérénité) et la simple joie d'être qui en est l'expression.

Le Maître Zen Daigu Ryokan (1758-1831) écrit que " Zazen n'est pas un moyen ; zazen est une preuve".

Une preuve ? Oui, la confirmation à travers un vécu intérieur, de la libération de notre vraie nature d'être humain hors des chaînes d'un moi mondain - l'ego - qui est devenu le domaine de l'angoisse et des états qui l'accompagnent (soucis, inquiétude latente, peur souterraine). Expérience libératrice qui, même lorsqu'elle a la douceur d'un souffle, est bouleversante.

Zazen est l'exercice au cours duquel s'opère une véritable métamorphose. "Lorsqu'on pratique zazen, le corps prend la forme du calme !" (Hirano Roshi).

Zazen est un exercice indubitablement corporel et spirituel. 

Corporel ! Ici encore il nous faudra distinguer la vérité dans le concept et la vérité vraie. Ce qui exige d'avoir un regard nouveau sur ce qu'on appelle : le corps.

Passage de l'idée d'un corps que l'homme —A — à l'expérience du corps que l'homme —EST—. Au cours de la pratique de zazen s'éveille la conscience de ce que les japonais désignent comme étant le corps du Chemin". Cela ne concerne pas le corps que nous avons (Körper) mais le corps vivant dans sa globalité et son unité. (Leib).

C'est dans l'attention à l'acte de respirer que nous expérimentons la métamorphose de notre manière d'être au monde. " La respiration est davantage qu'une alimentation de l'homme en oxygène. L'acte de respirer est ce geste vital au cours duquel l'homme peut se donner lorsqu'il expire et se recueillir lorsqu'il inspire" (K.G. Dürckheim).


Lorsqu'on pratique zazen il faut donc éviter de se concentrer sur quelque chose : la respiration. Ce qui importe est l'attention portée au fait que en ce moment, pour ce moment, "Je Inspire"!

Il serait plus approprié d'écrire —JeInspire— sans intervalle entre le sujet et le verbe. Parce que, en vérité, il n'y a ni distance ni écart de temps entre ce que je nomme "Je" et ce que je nomme "inspire". "Je respire" est la vérité dans le concept. "JeInspire" est la vérité vraie.

Spirituel ! Lorsque la vie spirituelle devient une profession de foi et donc, une vérité dans le concept et un objet de réflexion mentale ; la personne se coupe de sa racine essentielle, de sa propre essence, de sa vérité vraie. Le Maître Zen - qui n'est pas un maître de vie mais un maître dans la pratique d'un exercice - nous propose une Voie d'éveil à notre nature spirituelle à travers un chemin d'expérience et d'exercice. Les grandes formules abstraites, les grandes idées laissent place à un engagement : "Le chemin est la technique ; la technique est le chemin".

Jacques Castermane

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mercredi 3 novembre 2021

L'esprit du Zen

 

Ce que le zen recèle « d’universellement » humain


C’est ce qui est proposé au Centre depuis son inauguration par K. G. Dürckheim il y a quarante ans.

Le pilier de la Voie tracée par K.G. Dürckheim à son retour du Japon n’est pas une théorie à propos du Zen, c’est l’exercice appelé Zazen (exercice à ne pas confondre avec ce qu’on entend actuellement par méditation).

Dans ses instructions Dogen Zenji (1) postule que : « Chercher à comprendre profondément le Zen n’est rien d’autre que pratiquer zazen ». Graf Dürckheim précise que cet exercice, zazen, n’a de sens que s’il est pratiqué dans « l’esprit du Zen ».

DANS L’ESPRIT DU ZEN !

Cette indication a souvent été et est encore souvent mal interprétée. Signifie-t-elle qu’il s’agit d’un Zen édulcoré, lénifié, réduit à un usage qui pourrait être annexé, sans trop les déranger, à différents secteurs de la culture occidentale ?

D’où la mise en place ici d’un Zen-laïque opposé à un Zen-chrétien ou d’un Zen dit moderne opposé à un Zen dit ancestral et donc suranné ! Un tel entendement ne peut que diviser et nous écarter du caractère universellement humain du Zen. Y aurait-il une respiration-chrétienne, une respiration-laïque, une respiration-moderne qui serait plus avantageuse pour l’être humain que celle qui, d’instant en instant s’organise et prend forme selon les intentions de la Vie, les intentions de l’être, les intentions de notre vraie nature ?

Lorsqu’il parle de l’esprit du Zen, Graf Dürckheim attire notre attention sur deux approches absolument différentes du réel : « L’esprit occidental PENSE le réel comme étant un ensemble d’objets ; L’esprit oriental VOIT le réel comme étant un ensemble de processus, un évènement ».


J’invite celles et ceux qui seraient embarrassés ou importunés par cette distinction à lire la préface de Christian Bobin pour un ouvrage sur l’art et la spiritualité au Japon (2). Voici quelques lignes de son avant-propos titré Métaphysique des bébés : « L’Occident s’en va depuis quelques temps voler aux Orientaux ce qu’il croit être leur “sagesse”. Dans ce pillage il le dénature, le change en cela seulement qu’il comprend : des techniques, des recettes, des savoirs ».

« En cela seulement qu’il comprend ! »

Le verbe comprendre est propre à la mentalité de l’homme occidental. Un maître de Kyudo (l’art du tir à l’arc), un maître du Chado (l’art qu’est la cérémonie du thé) n’enseigne pas un savoir ou un savoir-faire. Il n’invite pas ses disciples à comprendre quoi que ce soit. Un maître Zen partage sa connaissance. Partager sa connaissance est en lien avec l’expérience intérieure, le vécu corporel, le vécu intime de l’enseignant. Partager sa connaissance ne peut se faire que sur un chemin d’expérience et d’exercice ; le chemin est la technique — la technique est le chemin. Oui, mais c’est propre à la tradition orientale ? Non, observez, en Occident, l’enseignement proposé par un maître de danse ou un maître de musique. Il n’enseigne ni un savoir ni un savoir-faire ; lui aussi partage sa connaissance.

Hirano Katsufumi Rôshi, grâce aux sesshin qu’il anime Amérique et en Europe depuis plus de trente ans, a perçu l’écueil qui empêche les occidentaux de simplement et véritablement pratiquer zazen. Je crois pouvoir dire que cet obstacle est la difficulté de l’homme occidental de passer de l’usage de la conscience DE à l’usage de la conscience SANS de.

Voilà pourquoi, chaque fois qu’il est venu au Centre, Hirano Rôshi n’a cessé de répéter que :

« Il y a mille et une manières de méditer

mais il n’y qu’une façon de pratiquer zazen »

« On ne pratique pas zazen avec le mental »

« Zazen est pratiqué SANS but »

« Zazen est un exercice indubitablement corporel ».

Injonctions que je souhaite respectées et affirmées par les élèves du Centre qui proposent la Voie de l’action ; ce chemin à tracer qui exige que l’on reprenne tout à zéro. (3) Au Centre Dürckheim la question « Pourquoi pratiquer zazen ?» laisse place à la question « Comment pratiquer zazen ? ». Autrement dit, il ne s’agit pas de mentaliser zazen. Il s’agit d’exercer zazen, de se laisser imprégner physiquement par la technique afin de l’intégrer, de l’incorporer. L’incorporer c’est retrouver le calme intérieur, la paix intérieure, la simple joie d’être, symptômes de notre état de santé à l’origine.

Zazen ! Retour à la métaphysique des bébés ? Je suis tenté de répondre ... oui.

Jacques Castermane

(1) Lire : Hirano Katsufumi Rôshi : ENSEIGNEMENTS (recueillis par J. Derudder) (2) Préface de Christian Bobin dans “Comme le lune au milieu de l’eau” de Yoko Orimo - Ed. Sully (3) Voir rubrique « Pratiquer près de chez soi » sur le site du Centre : www.centre-durckheim.com