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lundi 23 septembre 2024

L'Indestructible, par Arnaud Desjardins


 « Swâmiji m’a dit un jour : « You know shooting films because you have the being of a cameraman – vous savez filmer parce que vous avez l’être d’un cameraman. » En tant que réalisateur de films, je peux dire que c’était vrai : j’ai été bien servi par le cameraman Arnaud Desjardins, donc je comprends bien Swâmiji. Mais, une fois rentré dans ma petite chambre et notant mon entretien, je me suis demandé : « Pourquoi m’a-t-il dit cela ? Qu’est-ce que cette formulation qui mélange les verbes avoir et être ? » C’est qu’en effet « l’être d’un cameraman » est périssable et mourra si j’ai une maladie évolutive aux yeux qui fait que je vois de moins en moins bien. La cécité détruit les cameramen et les coureurs automobiles, pas les ténors. Et elle ne détruit pas les pères ou les mères. 

Si une femme pianiste virtuose et mère perd son enfant, la mère est brisée mais pas la pianiste. On peut même imaginer que sa souffrance de mère, si elle arrive à la surmonter, puisse enrichir sa sensibilité pour interpréter certaines œuvres. Mais un accident aux mains, même léger, et la pianiste est détruite. Elle peut encore jouer une petite mélodie pour apprendre des chansons à ses enfants mais la virtuose a été tuée. Tous ces aspects de nous-mêmes pour lesquels nous nous prenons sont destructibles – tous ne seront pas détruits mais la plupart le seront par le vieillissement : on n’a plus les mêmes performances physiques, la même mémoire, le même magnétisme sexuel. 

Réfléchissez à cette idée. J’ai des enfants, donc c’est moi en tant que père qui suis plus ou moins comblé, déçu ou détruit. Mes enfants sont charmants et bons élèves, je suis un père heureux. Un de mes fils tombe sous la coupe d’une bande de jeunes révoltés et il en arrive au petit banditisme : je suis détruit en tant que père heureux. J’étais et je ne suis plus. 

Si nous remplaçons la peur de mourir par la peur d’être détruit dans un aspect ou un autre de ce à quoi nous nous identifions et qui est changeant, nous comprenons que la voie spirituelle, c’est la recherche de l’Indestructible en nous, ce que le Bouddha avait appelé le Non-Né, ce que l’Évangile appelle le Royaume des Cieux ou le Royaume de Dieu, ce que le vedanta appelle l’atman. Il s’agit d’une recherche menée en soi-même. Ceci est destructible, cela est destructible. Le reconnaître n’est pas pessimiste mais réaliste. La beauté est fragile : un accident au visage que la chirurgie esthétique ne peut pas complètement réparer et une actrice n’est plus une star. Ayez le courage de reconnaître : « En quoi suis-je destructible – ou, plutôt, quels aspects de “moi” le sont-ils ? » Croyez-le ou non, pour certains hommes, la destruction de leurs cheveux par la calvitie est une souffrance cruelle ! Qu’est-ce qui est détruit ? L’homme qui avait une belle chevelure. »

(Arnaud Desjardins, «La paix toujours présente», chap. 3)

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lundi 12 août 2024

Histoire Zen


Taiyô Kyôgen (943-1027) et son maître allèrent présenter leurs condoléances à la famille d’un ami décédé.

Taiyô Kyôgen demanda à son maître : « Est-il vivant ou mort ? »

Le maître répondit : « On ne peut pas dire qu’il est vivant, on ne peut pas dire qu’il est mort. »

Taiyô Kyôgen demanda alors : « Pourquoi ne peut-on pas dire cela ? »

Le maître lui dit : « Si on ne peut pas le dire, on ne peut pas le dire. »

Taiyô Kyôgen se mit en colère : « Vous feriez mieux de me le dire ou je vous frappe ! »

Le maître répliqua : « Si tu dois me frapper, frappe-moi. Je ne le dirai toujours pas. »

Taiyô Kyôgen demanda alors : « Quel genre de maître êtes-vous ? Vous savez et pourtant vous ne voulez pas le dire à votre disciple. »

Taiyô Kyôgen frappa le maître et s’en alla. Quelque temps plus tard, son maître mourut. Taiyô Kyôgen trouva un autre maître nommé Ryôzan Enkan et lui posa la même question.

Ryôzan Enkan répondit : « On ne peut pas dire qu’il est vivant, on ne peut pas dire qu’il est mort. »

En entendant ces mots, Taiyô Kyôgen accéda à l’éveil.

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mercredi 31 juillet 2024

Accompagnement et présence

 

  • QUESTION : Mon père est en train de mourir et j’ai besoin d’aide. Il a un cancer en phase terminale et j’ai très peur qu’il se mette à souffrir. J’ai envie de l’accompagner dans ce processus et j’ai très peur d’être complètement submergé.

  • ECKHART TOLLE : En fait, vous n’avez pas peur de votre père en train de mourir. Vous avez vraiment peur de vos pensées à ce sujet. Vos pensées à ce sujet créent la peur. Et je relève dans votre question que toutes les choses dont vous avez peur ne se produisent pas pour l’instant. Vous dites « j’ai peur qu’il se mette à souffrir » », « j’ai très peur d’être complètement submergé ». Toute cette peur provient de ce que vous en pensez.
  • Vous remarquerez que dans le moment réel, quand vous êtes assis auprès de lui, faites quelque chose pour lui, quand vous l’écoutez, lui parlez, il n’y a pas de peur. Vous serez capable d’être présent « ici et maintenant » et vous ne serez pas submergé par ce moment présent avec votre père mourant, mais dès que vous allez dans la tête, vous êtes submergé.
  • La plus belle chose que vous puissiez faire pour votre papa, c’est être présent pour lui, quitter le mental et permettre à cette situation, la mort, de vous amener complètement dans le moment présent. Permettez-lui – personne ne doutera que c’est un défi énorme – de vous entraîner dans la présence absolue et si vous pouvez être là pour lui, dans la présence absolue, c’est la plus belle aide que vous pouvez lui apporter. Il se peut qu’il vous rejoigne dans cette présence.
  • Ensuite, à tout moment de ce processus de mort qui pourrait prendre des semaines, des mois ou (qui sait ?) parfois un an ou deux, à chaque moment, vous pouvez être totalement là et juste faire ce que l’instant requiert. C’est la façon de vivre en toute circonstance. Ultimement, c’est vivre en étant éveillé où le moment présent est le point focal de votre attention, le reste n’étant que des choses pratiques, le passé, le futur...
  • Ici, vous pouvez donc à la fois vivre un changement d’état de conscience grâce à cela et en utilisant cette expérience douloureuse, mais qui peut aussi favoriser l’éveil... Vous l’utilisez et vous la renversez : vous retournez quelque chose qui aurait été considéré comme entièrement négatif et douloureux dans l’ancien mode de conscience. Je ne dis pas qu’il n’y a plus de douleur.
  • Même dans le moment présent, assis auprès de lui, il peut y avoir de la douleur, mais vous ne vous sentirez pas submergé. Vous sentirez la douleur, la douleur émotionnelle. Et vous acceptez cela. Ce n’est pas alors un problème qui vous submerge. C’est juste là. Vous lui permettez d’être et il y a alors un approfondissement. Vous sentez alors quelque chose au-dessous de la douleur, une paix en dessous. Il peut y avoir les deux. Il y a la douleur et il y a un sentiment plus profond de paix en dessous quand vous êtes présent.
  • Donc, le principal pour vous est de ne pas permettre à vos pensées de vous attirer hors du moment présent. En ce cas, vous n’êtes d’aucune aide pour votre papa si vous êtes plein de nervosité : « Je ne peux plus supporter ça ! ». Pourquoi est-ce insupportable ? Parce que vous êtes en train de penser à quelque chose qui n’est pas ici. Ce moment est tel qu’il est et il est simple.
  • Donc, vous pouvez mourir avec lui, mourir au faux soi. Et pour lui, la mort peut être un éveil à qui il est au-delà de la forme. Votre pratique revient donc à renoncer au futur, à renoncer au penser, lequel est le futur.

ECKHART TOLLE.TV : (Conférence Questions et réponses)
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dimanche 23 juin 2024

Ombre et lumière


Mordom. Il s’appelait Mordom. Il était terrible. En tout cas je l’imaginais tel. Quoi qu’il eût le pouvoir de se rendre invisible (je ne l’avais jamais vu et chacun n’en parlait que pour dire son absence), il ne semblait pas appartenir à la galaxie des super-héros. J’avais épluché bien des comics, espéré tomber sur une page où il serait vaincu par Superman ou terrassé par Spiderman…

Mais pour cela, encore fallait-il offrir prise. Apparaître. Or, de Mordom, nous ne connaissions que le nom. Et cela suffisait à susciter l’effroi. Peut-être ce nom n’était-il qu’une variante, à partir de la première syllabe, de cet autre ennemi invisible, et par-là invincible, ce professeur Moriarty que jamais Watson ne verra et que Sherlock Holmes n’affronte physiquement qu’une seule fois, et encore, le jour de sa mort…

Mordom a-t-il un corps ? A-t-il toutes ses dents ? De quelle couleur sont ses cheveux ? N’est-il pas le diable lui-même, dont les noms mystérieux suffisent à inspirer la crainte : Satan, Lucifer, Belzébuth, Béelzéboul, Légion… ? À mesure que je grandissais, celui que j’imaginais comme une grosse brute au visage sombre devenait plus diaphane. Bien plus tard, je reconnus l’impression que me laissait Mordom dans les figures évanescentes et non moins terrifiantes que l’on trouve des nouvelles de Lovecraft. Il y a Cthulhu, évidemment, l’affreuse créature tentaculaire. Il y a surtout Nyarlathotep, démon à l’identité flottante, ombre qui plane, monstre dont la forme est celle que lui donnera votre propre angoisse…

Relativiser l’épreuve

Un jour, j’ai compris. J’ai compris que quand les adultes rencontrent une épreuve, ils éprouvent le besoin de la mettre en perspective, de la replacer dans un champ plus large. Bref de la relativiser. Ou bien de relativiser l’épreuve de leurs congénères, afin de n’avoir pas à s’y intéresser ou à les consoler. J’ai aussi compris que ce qui me distinguait d’un adulte était précisément ce recul qu’on acquiert face à la contrariété. Ce jour où j’ai compris, c’était avant l’école.

Ma mère revenait de la boulangerie. « Cette nuit, quelqu’un a visité notre voiture ! », nous annonce-t-elle. L’inconnu a pris un paquet de cigarettes qui traînait là et piqué la monnaie du parking dans la boîte à gants. « Bah, il n’y a pas mort d’homme. » Non pas le Mordom dont la présence aurait signifié pire que toutes les effractions. Non, seulement une façon de dire que ce n’est pas grave. Je me souviens : le pain était là, tout frais, mais il n’y avait plus de chocolat en poudre pour mettre dans mon lait. Comme il n’y a pas non plus mort d’homme, on m’a demandé de retenir mes larmes.


Sous un fond de grâce

Mordom n’est parti pas comme ça. Le pouvait-il seulement, lui qui jamais n’est venu ? Car jamais je n’entendis dire : « Il y a mort d’homme ! » Mordom m’a laissé sa leçon de sagesse. Quand il m’arrive aujourd’hui un peu plus qu’un lait chaud sans poudre chocolatée, ou qu’une visite de la boîte à gants, quand vraiment le bât me blesse, je sens avec une acuité particulière l’absence d’un mal qui fût pire.

Mordom a fait mieux. Il m’a confié une lumière pour éclairer sous un jour plus favorable mes épreuves. Relativiser l’adversité non en la maximisant par imagination peut mener à se rendre insensible. Plus sage encore est de reconnaître que l’épreuve n’a jamais lieu que sous un fond de grâce. On ne tombe malade que d’être en vie. Il n’y a de tension en famille que parce qu’il y a là une famille assez unie pour vivre les tensions. Nos disputes en couple écrivent l’histoire d’amour sans laquelle elles n’existeraient pas. Etc.

Mordom est devenu Rich. Car tout ça, n’est-ce pas, ce sont les problèmes de Rich.

 

Par Martin Steffens. 

Professeur de philosophie en classe préparatoire, il a notamment publié Petit traité de la joie. Consentir à la vie, Rien que l’amour. Repères pour le martyre qui vient, l’Amour vrai. Au seuil de l’autre (Salvator), et Faire face. Le visage de la crise sanitaire (Première Partie). Dernier ouvrage paru : Dieu, après la peur (Salvator).

source : La Vie 

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samedi 22 juin 2024

Deux cadeaux...

 Carte blanche à Jacques Arnould (ancien dominicain, chargé des questions éthiques au Centre national d'études spatiales)


source: magazine La Vie; juin 2024

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lundi 22 avril 2024

Faire la paix avec la mort

 FAIRE LA PAIX AVEC LA MORT…

♥😊♥
Certains maîtres Zen distinguent
La Grande mort de la petite mort…
La petite mort est la mort du corps...
La Grande mort est la vraie mort :
Celle de votre nom, prénom
Et de tout ce qui se cache derrière
Votre identité, votre monde intérieur
Incluant vos rêves, cauchemars
Espoirs et désespoirs…
En un mot, l’effacement de vous-même !
Sous quelque forme que vous puissiez vous imaginer !
La mort du corps n’est rien
Qu’un changement de peau
En particulier si vous croyez
Si vous vous accrochez
À l’idée-bouée de sauvetage
Que vous continuez après
Que la réincarnation existe, etc…
La vraie mort est terrifiante
La mort du corps, au pire
Un mauvais moment à passer…
Faire la paix avec la mort
Implique
Faire la paix avec votre disparition complète…
Comprendre et accepter avec le sourire
Que dans peu de temps
Vous ne serez plus même un souvenir
Dans la mémoire de personne…
Le corps physique
Avec le cerveau et son extension, les sens
Est l’équivalent d’un casque de réalité virtuelle
Qui plonge l’esprit que vous êtes
Temporairement
Dans un monde qui « apparait » matériel
Jusqu’à son obsolescence programmée…
Si le fœtus savait ce qu’est la naissance
Disait Charlie Chaplin
Il paniquerait…
La naissance est un passage
La mort, un autre passage…
Mais l’esprit qui retrouve sa forme
Après la disparition du corps
Est temporaire lui aussi…
Il peut faire plusieurs aller-retours
Ou voyages matériels ou spirituels
Mais au moment où il réalise
De façon claire et définitive
Qu’il n’est qu’une autre forme éphémère
Du Grand Silence Éternel
Il disparait lui aussi
Ne laissant aucune trace derrière
Dans le Grand Silence…
C’est la Grande mort !
Aucune forme n’est éternelle !
Physique, spirituelle, mentale, astrale
Toute forme, quelle qu’elle soit
Est éphémère…
Cherchez ce qui est éternel
Dans les profondeurs de votre être
Touchez le « sans forme »
Sans identité aucune…
Même l’océan d’amour
Que vous trouverez sur votre route
N’est pas le bout du chemin !
Dans les grandes profondeurs
Vous êtes un potentiel d’énergie infini
Conscient
Un big-bang à venir de créativité !
Une liberté magique !
Au creux de votre éternité
Sans nom, sans forme
Vous êtes de la même nature
Que la fourmi, que le soleil
Que l’ombre du renard sur la neige
Que les pas de tous les Bouddhas
Sur les plages de l’espace-temps…
Abandonnez-vous avec ivresse
Au Grand jeu divin
Au travers des multiples joies et douleurs
Elles sont toutes temporaires…
Laissez-le vous transporter
Vous porter à travers tous les mondes
Possibles et impossibles
Jusqu’à la Source silencieuse
Magique
Mystérieuse
Que vous êtes de tout temps
De toute façon
En dehors de l’espace-temps…
Préparez-vous à la Grande mort
À la fusion définitive
Avec le cœur silencieux de toute chose…
♥♥♥

Claude Leclerc

Image : « Flight », Carl Bergstrom CC , Seattle, Washington, mars 2018.

lundi 15 avril 2024

7 maintenant...

En ce dimanche, pour moi jour de repos, je vais jouer à réfléchir
Je vais essayer sept fois, autant que les jours de la semaine.
1. Pas d'avant, pas d'après, tout est MAINTENANT.
2. Si ce n'est pas MAINTENANT, quand ?
Si ce n'est pas ICI, où ?
Si ce n'est pas TOI, qui ?
3. Nous ne pouvons pas changer le monde, mais nous pouvons commencer à le changer. (Ne divisons pas, unissons-nous ! )
4. La mort n'est qu'un changement
La vie ne finit jamais.
5. Nous ne vivons pas dans un pays mais sur une planète.
6. Ce que tu donnes, tu le donnes.
Ce que tu ne donnes pas, tu le retires.
7. ET MAINTENANT, une vérité : notre squelette n'a ni pensées, ni sentiments, ni désirs, il n'a pas de vie mais il existe. C'est notre meilleur ami.
Du sang dans le sang.
Âme dans l'âme.
Temps dans le temps.
Os dans la chair.
Amour dans mon câlin pour toi.

Alexandre Jodorowsky

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vendredi 5 janvier 2024

Présence de l'année

 


Notre avenir ? La mort ou l’éternité ?





Dire que notre avenir c’est la mort, ce n’est ni très sérieux, ni très intéressant.

Notre avenir, c’est l’éternité, le non-temps.

Certains diront que cette éternité est une illusion, une consolation.

N’est-ce pas plutôt l’avenir qui est une illusion, une idolâtrie consolatrice puisqu’il est malgré tous les prolongements qu’on peut lui imaginer voué à l’impermanence et à la mort ?

L’éternel, c’est le Réel.

Se soucier de son éternité plutôt que de son avenir, n’est-ce pas du bon sens avant d’être de l’intelligence et du discernement ?

Mais dira-t-on : « le temps peut-il connaître le non-temps » ? 

Vérifiez : arrêtez trois minutes d’« avoir des pensées ». Soyez simplement, silencieusement, conscient… 

Voyez ! Écoutez ! 

Vous voyez quoi ? 

L’invisible, l’espace, qui est partout et toujours là.

Vous entendez quoi ? 

Le silence qui est partout et toujours là.

Le Réel, la vie, étaient là avant que vous y pensiez. Le Réel, la vie, seront toujours là quand vous cesserez d’y penser…

Se soucier de son avenir et de l’avenir du monde ne change rien à notre destin. Se soucier de notre éternité, n’est-ce pas devenir libre à l’égard du destin et changer de monde ? 

Pourquoi dit-on que l’éternité, cet invisible, « cet obscur et lumineux silence » est une illusion, un rêve, alors que c’est la réalité que nous avons sans cesse devant les yeux, la lumière sans laquelle nous ne pourrions rien voir, l’espace qui demeure quand tout ce qui le remplit ou l’encombre s’efface et meurt ?

N’est-ce pas plutôt ces mille et une choses que nous voyons qui sont une illusion, puisqu’elles changent sans cesse, à peine apparues, elles disparaissent ?

« L’univers tel que nous le voyons est en train de disparaître ». Tout le monde le sait et personne ne veut le savoir. 

Est-ce légitime et raisonnable de tant se préoccuper de ce qui doit disparaître et de donner si peu d’attention à ce qui demeure, cet ineffable et effrayant silence qui est partout et toujours là ?

Écoute ! Sois attentif à ce qui est là vraiment ! C'est l'exercice nécessaire pour revenir au Réel. C’est ce qu’il faut chercher « d’abord ». Tout le reste, le temps, les univers, nos plus proches et nos plus lointains, sont des êtres relatifs. Ils nous sont donnés par surcroît, non pour les mépriser, ni pour les idolâtrer, mais pour les célébrer. Les remercier comme manifestations de l’invisible infini silence.

Comment ne pas se souhaiter une nouvelle année moins soucieuse de l’avenir et de ses illusions, une année plus attentive à l’éternité, au non-temps, à cette conscience de la présence invisible et silencieuse partout et toujours là ?

Douter du soleil n’enlève rien à sa clarté, mais nous prive de sa clarté.

À toutes ces ombres annoncées, puissions-nous répondre avec un corps, un cœur et un esprit ensoleillés…
 
- Jean Yves Leloup, décembre 2023



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dimanche 24 décembre 2023

Des yeux de miséricorde


Tu prendras les mots comme ils te viendront. Mais ce que tu diras reviendra à ceci : dans la crèche il y a l’enfant-roi, l’enfant divin. Autour un père, une mère, des animaux avec des yeux de miséricorde. Un peu plus loin, un peu plus tard, il y a des bergers, des mages, tout un peuple qui vient prendre sa place. Et ce soir, il y a nous, autour de la même crèche, sur le même plan qu’elle. Elle n’est pas un élément du décor. Elle est le centre de nos vies. Le véritable soleil.

À Noël, l’enfance nous regarde d’un regard solaire. L’enfance de Dieu. Dieu comme enfance. À jamais. C’est le seul cadeau qui ne s’évente pas. Qui ne soit pas déjà ouvert. La mort peut venir avec ses hymnes désastreux. Le temps peut frapper à la porte avec ses clichés usés jusqu’à la trame. Le roi-enfant nous donne sa gloire et son regard d’amour. Ici et maintenant. À Noël, l’enfance te regarde. Elle revient de la longue nuit, et tu portes au visage, soudain, tes beaux yeux de toujours.

Emmanuel Godo. Poète et essayiste

(source : La Vie)

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mardi 12 décembre 2023

Pommes brisées


 "La vie vous brisera. Personne ne peut vous protéger de cela, et le fait d’être seul ne vous protégera pas non plus, car la solitude vous brisera aussi avec ses envies et ses aspirations.

Il faut aimer. Il faut ressentir. C’est la raison pour laquelle vous êtes ici sur terre.

Vous devez risquer votre cœur.

Vous êtes ici pour être engloutis, avalés. 

Et quand il vous arrive d’être brisé, ou trahi, ou abandonné, ou blessé, ou que la mort vous frôle de trop près, asseyez-vous près d’un pommier et écoutez les pommes tomber tout autour de vous en tas, dilapidant leur douceur.

Dites-vous que vous en avez goûté autant que vous le pouviez."

Louise Erdrich in The painted drum

(par Fabrice Jordan)

mardi 31 octobre 2023

Une présence attentive

Cécilia Dutter : « En certaines circonstances tragiques, seule une présence attentive représente une aide effective »

L’écrivaine et critique littéraire nous livre sa chronique. Avec cette question : lorsque quelqu’un vient se confier à nous, « est-ce si difficile de faire silence pour se concentrer sur la personne qui s’exprime ? » L’enjeu : s’ouvrir ensemble à la présence d’un Plus Grand que soi.


 Il est peu dire que l’individualisme forcené qui marque notre époque, l’hyper-accélération du temps dans lequel nous vivons, la recherche permanente de la performance et la marchandisation de toute chose, ne nous apprennent pas l’art, subtil et essentiel, de l’écoute, qui suppose, au contraire, de se tourner vers l’autre pour se mettre gratuitement à son service.

En cette période de Toussaint qui ravive la souffrance du deuil de nos chers disparus, quand un ami, un parent ou un collègue nous confie sa tristesse face à la mort récente d’un proche, nous sommes souvent démunis. Nous l’écoutons, certes, ou du moins, nous tentons de le faire, mais, souvent, notre écoute n’est que de surface.

« Notre insupportable ego ramène tout à lui »

Disons qu’au mieux, nous entendons quelques bribes de sa plainte et, très vite, nous avons la fâcheuse tendance à intervenir pour lui donner des conseils ou notre avis, donc notre jugement sur ce qu’il essayait tant bien que mal de nous dire avant que nous ne l’interrompions. « Si j’étais à ta place, je ferais… », « cela me rappelle la fois où je… », voilà le genre de phrases qui sortent de notre bouche et viennent aussitôt clouer malencontreusement la sienne. Quel est ce « moi-je » qui s’exprime alors qu’on ne lui demandait que de se taire et d’ouvrir grand ses oreilles et ses yeux pour saisir chaque détail, verbal ou non, de ce que l’autre souhaitait lui dire ?

Notre insupportable ego ramène tout à lui alors que, précisément, nous ne sommes pas à la place de l’autre qui vit les événements avec son propre ressenti, lié à son caractère et son histoire. Est-ce si difficile de faire silence pour se concentrer sur la personne qui s’exprime, s’imprégner de ses mots, entériner ses silences, ses soupirs ou ses pleurs, en lui témoignant, par notre regard et notre attention, une profonde compassion ?

L’aide que nous pouvons lui apporter se situe dans cette bienveillante empathie lui permettant de s’épancher et de desserrer le nœud d’angoisse et de chagrin qui l’étreint. En prenant du recul sur le chaos intérieur qu’il traverse, notre interlocuteur reprend peu à peu confiance dans ses propres ressources pour surmonter l’épreuve. Car lui seul est capable de retrouver des forces vives. Nous ne pouvons que lui tendre le miroir de notre regard afin qu’il les puise en lui.

« Être là », aux côtés de celui qui pleure


En un autre temps, dans les ténèbres de la Shoah, au sein du camp de transit de Westerbork où elle était détenue, face au désespoir de ses pairs juifs déportés qui arrivaient des quatre coins des Pays-Bas après avoir été raflés par l’ennemi nazi, Etty Hillesum écrivait ceci dans son journal : « Mon faire consiste à être là. » À 29 ans, elle avait déjà acquis cette sagesse de savoir qu’en certaines circonstances tragiques, seule une présence attentive, procédant d’une dilatation de l’être, capable alors de toucher le prochain dans sa vérité et sa fragilité, représente une aide effective.

Écouter l’autre, c’est, à l’image de cette somptueuse figure spirituelle qu’est Etty Hillesum, « être là » aux côtés de celui qui pleure, l’entourer de ses bras, compatir silencieusement à son sort, tout en témoignant, coûte que coûte, de notre confiance en lui et de notre foi en la Vie, dont le flux magistral, indépendant du cours conjoncturel et des épreuves qu’il charrie, jamais ne faiblit.

« Être là » pour rappeler, à travers soi, la présence d’un plus Grand que soi dans le clair-obscur du quotidien, lumière divine indiquant le chemin de l’Ouvert où tout respire à nouveau. Écouter l’autre dans le profond respect de sa personne, le laisser s’abandonner en accueillant et recueillant sa peine, l’envelopper de sollicitude sont une seule et même prière élémentaire à laquelle le Christ nous appelle : nous aimer les uns les autres.

Cécilia Dutter. Écrivaine et critique littéraire, elle a publié des romans, dont À toi, ma fille (Cerf), ainsi que des essais dont Etty Hillesum, une voix dans la nuit (Robert Laffont). Depuis la rentrée 2023, elle anime l’émission Écoute dans la nuit sur Radio Notre-Dame, diffusée aussi sur RCF.

Source :  La Vie magazine

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lundi 9 octobre 2023

Hommage pour un 9 octobre 1978

Le rire est dans le cœurLe mot dans le regardLe cœur est voyageurL'avenir est au hasard...


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jeudi 14 septembre 2023

Sixième extinction de masse

 Je vous conseille l'émission de Arte :

Insecticide - Comment l'agrochimie a tué les insectes | ARTE

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samedi 29 juillet 2023

Cette vie... et au-delà (5)

 

L’amour-compassion


Pour que l’oiseau puisse s’envoler dans le ciel, il lui faut aussi l’aile de l’amour-compassion. S’il ne doit rester qu’un seul enseignement issu de tous ces phénomènes que nous avons abordés, c’est bien celui-là. Certes, affirmer que l’amour est l’axe essentiel de notre mission de vie peut prêter à sourire, sembler un peu grandiloquent. Et pourtant, relisez les témoignages de ces personnes qui ont frôlé la mort : n’est-ce pas l’amour qui leur est apparu comme la seule chose qui comptait vraiment dans leur existence ? Mais de quel amour s’agit-il ? En sanscrit, on découvre quatre magnifiques facettes de cette notion qui sont autant de voies d’inspirations à incarner dans notre vie :

— Maitri désigne la bienveillance ou l’amour bienveillant. Il réside dans le désir d’un parent d’aider son enfant afin qu’il gagne en confiance en lui, dans l’enthousiasme d’une enseignante qui souhaite éveiller ses élèves aux merveilles du monde, dans le souhait de construire une amitié dont on pressent la richesse. C’est un mouvement en avant du cœur qu’il est toujours possible de susciter en soi.

Karuna parle de compassion et d’ouverture quand on voit la peine ou la souffrance d’autrui. C’est le geste délicat d’une infirmière qui redresse avec douceur un malade dans son lit, c’est le désir de rejoindre une association qui apporte du réconfort à celles et ceux qui en ont besoin, c’est cet élan intérieur qui pousse à vouloir consoler une femme qui vient de perdre son compagnon.

Mudita est la joie altruiste, le partage sans calcul de tout ce que l’on est en tant que personne. C’est le don gratuit, joyeux de nos talents, de nos aptitudes, de notre intelligence, de notre sensibilité...

Upeksa est l’aspiration à la paix, à l’harmonie, à l’égalité dans le regard qu’on porte sur les autres, à l’équanimité dans l’amour ou l’attention donnée, à la non-discrimination. C’est aussi le souhait de libérer (les autres et soi-même) de tout ce qui empêche, de tout ce qui entrave...

Pas besoin de grandes missions humanitaires pour mettre tout cela en œuvre ! Pas besoin d’être un saint non plus ! Il suffit d’une simple décision, renouvelée chaque jour, chaque minute, chaque seconde, d’aligner sa vie sur une direction d’amour. C’est choisir d’offrir un sourire alors qu’on pourrait très bien s’en passer, ou de s’abstenir d’une parole blessante dont on savourerait pourtant l’impact. Ce sont des choix qui, là encore, sont entre nos mains à chaque instant. Une multitude de choix qui, isolément, semblent insignifiants mais qui, aux dires des personnes ayant fait une EMI, sont la marque première de ce qui définit une vie "réussie".

livre de Christophe Fauré - Cette vie et au-delà : enquête sur la continuité de la conscience après la mort.

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mercredi 26 juillet 2023

Cette vie... et au-delà (2)

 

La conscience d’être mort, associée à un profond sentiment de paix


La sortie du corps s’accompagne d’un sentiment de raix, de sérénité, de légèreté, de liberté qui contraste avec es conditions souvent traumatiques ayant conduit à l'EMI (accident, noyade, etc.). Si la douleur physique était présente juste avant le début de l’expérience, celle-ci disparaît totalement dès les premiers instants de l’EMI :

"Après la violence de la collision de la voiture, la douleur s’est évanouie en un instant. Je ne ressentais absolument rien ! Je n’avais plus mal. J’étais incroyablement paisible. "

«Je me sentais comme libéré d’un énorme poids, en paix comme jamais je ne l’avais été. C’était une impression extraordinaire ! »

« En voyant mon corps étendu dans le salon après mon arrêt cardiaque, j’ai pris conscience que j’étais morte... mais ça ne me faisait pas grand-chose. Je n’étais pas triste, mais au contraire c’était très calme, très paisible. C’était comme une évidence de me retrouver dans cette situation... C’est vraiment dur de vous expliquer quel sentiment cela me procurait... mais c’est comme si je rentrais à la maison. Je me sentais en totale sécurité. »

La perception d’un tunnel et d’un environnement décrit comme « paradisiaque »

« Puis, je me suis retrouvé comme propulsé, ou aspiré, à vive allure dans une sorte de tunnel... enfin, je n’en voyais pas vraiment les parois mais je sais que c’était comme un long tunnel. C’était sombre mais pas du tout effrayant. J’avais l’impression d’aller à toute vitesse vers un point très lumineux qui était tout au bout et qui grandissait au fur et à mesure que je m’en approchais. Je ne sais pas pourquoi mais j’étais en confiance, comme si je savais ce qu’il y avait à son extrémité... je savais que j’étais déjà venu là. Cela m’était curieusement familier. »...

La rencontre avec un être de lumière

Autre élément essentiel des récits d’EMI : la rencontre avec un «être de lumière». C’est ainsi que le nomment bon nombre de personnes. Les noms qu’on lui attribue sont multiples et sont le reflet des croyances individuelles : certaines personnes l’appellent « Dieu », d’autres l’associent à une figure emblématique comme le Christ, le Bouddha, le Prophète, un archange, etc. Quoi qu’il en soit, il est clair que toutes décrivent une seule et même réalité. Or, cette rencontre est un aspect déterminant des EMI car elle semble à l’origine des changements profonds qui surviennent chez les personnes ayant fait cette expérience.

« J’étais propulsé à vive allure dans ce tunnel et, à son extrémité, je me suis retrouvé dans une intense lumière. C’était très brillant mais pas du tout éblouissant. Et cette lumière était “quelqu’un”. Je savais que j’étais en présence d’une parfaite entité de lumière, débordant d’une compassion et d’un amour infini, un être de sagesse qui me voyait dans tout ce que j’étais. Cet être n’était qu’amour et il n’y avait rien d’autre que l’amour qui existait, comme si cela était la seule et unique texture de l’univers. »

«J’ai pris alors conscience d’une immense Lumière qui m’enveloppait complètement. Elle pénétrait mon âme, qui se trouvait comme dans un bain d’amour. Elle était extrêmement intense mais sans m’éblouir. C’était une présence avec une personnalité distincte. Elle était paisible, et d’elle émanaient amour et pardon. Je ressentais auprès d’elle un sentiment de complète sécurité, comme jamais je ne l’ai ressenti. C’était la perfection. Tout était là, dans cette Lumière... »

« Il en émanait un amour qui surpasse celui que peut donner un parent, un conjoint ou un enfant. C’était mille fois plus grand, mille fois plus beau et plus profond ; c’était la combinaison de toutes les formes d’amour qui peuvent exister. J’aurais pu rester en sa présence jusqu’à la fin des temps... »

La revue de vie

La rencontre avec l'être de lumière mène à ce qui semble être un autre aspect essentiel de l'expérience de mort imminente : la revue de vie.

« En un instant, j’ai vu ma vie se dérouler devant mes yeux! C’était comme un film mais en 3D. C’était tellement intense, tellement réel ! Ça remontait en arrière : des événements les plus récents jusqu’aux plus anciens, quand j’étais bébé. »

« L’être de lumière s’est estompé et j’ai aussitôt vu défiler toute ma vie, comme s’il souhaitait me montrer ce que j’avais fait de mon existence. Cela me semblait très intentionnel de sa part, pour que je comprenne et que j’apprenne. Je revoyais les situations les plus importantes de ma vie, elles étaient intactes et je les revivais avec toutes les pensées et toutes les émotions que j’avais ressenties à ce moment-là. Je revoyais le meilleur et le pire de moi-même... J’ai compris que rien - absolument rien - n’est oublié : tout est inscrit quelque part dans l’univers et j’en faisais à nouveau l’expérience dans ses moindres détails. »

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livre de Christophe Fauré - Cette vie et au-delà : enquête sur la continuité de la conscience après la mort.

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mardi 25 juillet 2023

Cette vie... et au-delà (1)

 


J'ai lu pendant ma semaine de retraite (où j'ai pu être plus conscient de la conscience) le livre de Christophe Fauré - Cette vie et au-delà : enquête sur la continuité de la conscience après la mort (sortie Novembre 2022). Voici une série d'extraits qui sera ma série de l'été...

...Tel est le déroulé complet d’une EMI. Toutes les personnes ne vivent pas cette expérience dans sa totalité. Comme le souligne le Dr Chris Roe, professeur de psychologie à l’université de Northampton (Royaume-Uni), « chaque NDE est unique et peut inclure n’importe quelle combinaison de phases. Les phases peuvent se produire dans n’importe quel ordre. Aucune caractéristique n’est commune à toutes les EMI ». Certaines personnes, par exemple, ne passent que par le stade de sortie du corps, quand d’autres ne perçoivent que des proches décédés et réintègrent leur corps, sans traverser les autres étapes. Il semblerait que plus l’expérience est complète, plus les changements ultérieurs chez la personne sont profonds. Ainsi, l’impact sera moindre sur celle qui n’a connu qu’une sortie du corps - elle sera sujette à moins de transformations intérieures sur le long cours - que sur celle qui a vécu la totalité du processus.

Revenons en détail sur chaque élément caractéristique de l’EMI.

La sortie du corps — out-of-body expérience (OBE)

Elle survient le plus souvent dans une situation où la personne est en danger : un accident entraînant une défaillance cardiaque, un infarctus, un incident au cours d’une intervention chirurgicale... La personne prend soudain conscience qu’elle n’est plus dans son corps physique, alors qu’elle le perçoit sur le sol ou sur la table d’opération. Elle est parfaitement consciente de la situation. Ses sens sont extrêmement vifs, aiguisés, sans aucune confusion. Elle voit son corps apparemment sans vie et n’en éprouve pas de frayeur particulière. Durant une telle expérience, certaines personnes affirment même avoir éprouvé un certain détachement, un certain désintérêt à son égard.

« La première chose dont je me souviens, c’était que j’étais sorti de mon corps. Comme si je flottais au-dessus de lui. Il y avait beaucoup de monde autour qui essayait de le réanimer mais je me sentais très détaché par rapport à lui. C’était comme si je regardais un vieux vêtement que j’avais mis autrefois mais dont je n’avais plus l’utilité. Je me sentais plus vivant que jamais. Sans douleur, sans besoin d’aucune sorte. J’étais juste “là”, présent dans cette paix qui m’enveloppait. C’est là que j’ai compris que nous ne sommes pas notre corps ! »

«Je me suis soudain retrouvée à environ deux mètres au-dessus de mon corps. Je ne l'ai pas immédiatement reconnu. L’équipe médicale s’agitait sur lui. Et puis d’un seul coup, j’ai su que c’était moi... ou plutôt que c’était mon corps parce que “moi”, je n’étais plus dans ce corps ! »

La personne se rend progressivement compte que les gens qui se trouvent autour d’elle ne l’entendent pas, ne la voient pas, alors même qu’elle essaie de communiquer avec eux. Elle capte parfois leurs pensées. Si elle se trouve dans un environnement hospitalier, elle voit les tentatives de réanimation des médecins pour faire repartir son cœur. En tant que témoin direct de cette scène, elle sera par la suite en mesure de décrire avec une grande précision ces procédures, même si elle était inconsciente à ce moment-là, en arrêt cardiaque, les paupières souvent closes - voire fermées avec des compresses et du sparadrap - et sans activité cérébrale lui permettant d’enregistrer la moindre information sensorielle.

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