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jeudi 21 novembre 2024

Peut-on saisir l'instant

 Mes chers amis,


Lama Sangpo qui a pris la succession de lama Teunsang au centre bouddhiste de Montchardon était ce Week end en visite au centre bouddhiste tibétain de Genève dont Jean Marc Falcombello est l'enseignant .

Il nous a donné une instruction très simple pour nous aider à méditer : 

"Si je porte mon attention à la pensée, dans l'instantanéité, juste au moment où elle se produit, cela disparaît, cela cesse."

Cette invitation, extrêmement simple est très profonde, car elle nous fait réaliser, si on la pratique vraiment, qu'aucune pensée n'est saisissable, que nos pensées sont semblables à courant dans lequel il n'y a jamais la même eau.

Chaque pensée ne peut être vue que dans l'instant et elle est sans durée. On ne peut donc en faire l'expérience que dans l'instant.

L'instant est le seul moment auquel nous avons accès. Nous n'avons plus accès à avant et nous n'avons pas encore accès à après. Nous ne connaissons que la pensée de maintenant. Et ce que nous percevons dans l'instant, si nous nous en approchons, cela disparaît, comme un mirage dans le désert.

Ce monde de pensée ne serait donc qu'une succession d'instants insaisissables. Quelle est donc la substance des pensées ?

Ne peut-on pas dire qu'elles sont insubstantielles, sans substance individualisable ? Qu'elles sont en essence vides, sans nier leur apparence ? Peut-on en dehors de la méditation rester conscient de cela ?

Nous ne choisissons pas nos pensées, mais les pensées que nous suivons vont être à la base de nos actes. Etre conscient de ses pensées dans l'instant est la base d'une vie avec des actes conscients, des actes dont nous allons progressivement découvrir les conséquences.

Allons-nous favoriser les actes qui font du bien à nous et aux autres, plutôt que ceux qui entraînent de la souffrance ? Lequel de ces deux types d'actes nous permet-il de nous détendre dans le bien-être ?

Dévoiler la nature de nos pensées est un chemin pour dévoiler notre véritable nature et la laisser s'exprimer par son expression naturelle qui est pleine d'amour et de compassion.

Avec ma profonde amitié pour vous tous.

Philippe Fabri

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vendredi 25 octobre 2024

Résistance à l'émotion...

 
Toute résistance à l'instant, à ce qui est là devant toi, provoque un mouvement de recherche en vue de trouver un refuge temporaire, un endroit qui sert à te calmer, ou même une pensée qui te soulage. Les refuges peuvent être mentaux, émotionnels ou physiques. Ils nous semblent sécuritaires. Ils tentent d'apaiser le personnage qui a peur d'affronter la réalité, en masquant celle-ci, en la niant ou en tentant de l'améliorer.

Ils sont le carburant de la machine à rêver. Ils agissent comme des pansements sur vos vieilles blessures, au lieu de vous permettre d'y faire face. Ils empêchent vos émotions de terminer leur route, de se déraciner. La résistance à l'émotion provoque une cristallisation et une densification du personnage imaginaire auquel on s'identifie.

~ Betty Quirion

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jeudi 24 octobre 2024

Derrière le Je...

 


« Si je voulais partager un message avec le monde entier...

Je dirais ne vous inquiétez de rien.

Vous vous en souvenez, vous n'êtes pas ici par accident. Même sous cette forme. C'est juste un costume que vous devez porter pendant un certain temps. Mais celui qui est derrière ce costume, celui-là est éternel.

Si vous le savez et avez confiance en cela, vous ne réagirez pas et n'agirez pas si prématurément.

Vous resterez simplement silencieux et permettrez à votre esprit de revenir gentiment dans votre cœur. Ensuite, vous commencerez à voir à partir de votre état naturel.

Votre cœur est si plein d'amour et de paix.

Vous n'avez pas besoin d'aller en Inde pour trouver la paix, vous n'avez pas besoin d'aller dans l'Himalaya ou dans les Caraïbes pour trouver la paix et le bonheur parce que c'est juste là où vous êtes.

Je veux partager quelque chose avec vous :

Quand vous dites " Je "... Le vrai sens de " Je " c'est la Joie, c'est le Bonheur, c'est la Vie et le Témoin de la Vie.

Toutes les autres choses passent à côté. Comme des nuages ​​dans le ciel. Vous ne voulez pas vous accrocher à aucun nuage, sinon combien de temps cela va-t-il durer? Laissez-les passer. Laissez-les passer.

Quoi qu'il arrive dans la vie, tout va bien.

Soyez simplement Heureux, Heureux, Heureux ! »

~ Mooji

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mardi 22 octobre 2024

Fraîcheur de l'instant

 Extrait du livre de Betty Quirion "La Fraîcheur de l'instant, la fin d'un rêve d'individualité".


Quand les nombreuses empreintes mémorielles se réactivent, je reviens toujours à l’instant, sans aucune interprétation. Calmement, j’accueille l’instant, peu importe comment je l’interprète. L’instant est d’une parfaite précision, car, tel un miroir, il reflète qui je crois être. 

Si les émotions me brûlent, je reste là, dans l’instant, sans bouger, sachant qu’elles sont passagères. Si j’ai l’impression que rien ne semble arriver, je reste là, de la même manière! Si tout semble évoluer ou se détériorer, je reste toujours là. Tout est vu comme passager. Habituée à gérer des excès d’agitation et de crispation, quand je ressens une impression d’ennui, je reviens à l’instant présent, où toute possibilité d’identifier un état vole en mille éclats.

Je reste là sans rien attendre, détendue, sans fuir, sans retour dans le passé, sans cette habitude de toujours puiser dans des références apaisantes, sans imaginer un futur réconfortant. En même temps, le corps me donne parfois un message de forte tension, provoquée par l’opposition entre mon ancien mode de fonctionnement (croire) et celui-ci (voir).

 Me remettre continuellement dans l’instant désencombre le mental et me rend disponible pour voir.

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dimanche 20 octobre 2024

Un grand et un petit retournement

 Les anciens chamans ou thérapeutes allaient à la recherche de l’âme perdue ou exilée de ceux qui étaient considérés comme des corps malades ou malheureux.


Leur âme perdue, c’est leur énergie perdue, leur santé, leur souffle, la vibration subtile de leurs corps vivants.

Leur âme perdue, c’est leur conscience perdue, cette lumière, ce discernement, cette claire vision de tout ce qui est, sans jugement.

Leur âme perdue, c’est leur bonté perdue, cette bienveillance qui reconnaît et respecte tout ce qui existe, qui ne fait qu’« un avec ».

Leur âme perdue, c’est leur silence perdu, l’infini, la liberté qui contient tous les bruits du monde et ne s’arrête en aucun.

Cette âme perdue, pourtant, elle n’est jamais loin…

La vie, la conscience, l’amour, le silence, ne sont jamais loin…

C’est le revers de l’unique médaille, l’implicite de l’explicite, l’intérieur de l’extérieur, l’invisible du visible, l’onde de la particule, le Réel en toute réalité.

Chaque instant d’attention, c’est le retour de la conscience perdue, ce retournement de la médaille.

Chaque instant de bonté et de générosité gratuite, c’est le retour de l’amour perdu, le retournement de la médaille.

Chaque instant de plaisir, c’est le retour de l’énergie perdue.

Chaque instant est une occasion favorable d’accueillir la vie, la conscience, l’amour, le silence souvent oubliés, jamais perdus, c’est un grand et un petit retournement.

 Jean-Yves Leloup, octobre 2024

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vendredi 6 septembre 2024

Energie de Vie

"Voilà ce qu’il avait compris, pour peu qu’il ait compris quoi que ce fût : cette effrayante énergie appelée vie se damnait et se rachetait à chaque instant.

Elle se damnait par l’oubli, par l’indifférence, par l’inhumanité ordinaire, par la sécheresse instituée en condition courante, par l’absence de perspective de l’esprit et du cœur lovés sur leur plus petit dénominateur commun, le moi rabougri, la personne atrophiée parce que réduite à la personnalité, l’identité embryonnaire...


Et elle se rachetait par l’attention, par le moi non plus étanche mais transparent au point de voir au travers de ses propres parois.

Elle se rachetait par le plus insignifiant des actes de bonté, le plus anodin des gestes généreux, le plus inaperçu des sourires.

Il y avait ce sens-là et il n’y en avait pas d’autre : cette existence était un raz-de-marée de souffrances qui toutes se brisaient contre le mur invisible et à chaque instant remonté de la compassion active.

Voilà ce qu’il avait compris : perte et rédemption, damnation et rachat, étaient la diastole et systole de la circulation de cette vie, elles en régissaient le cœur dans sa marche immémoriale.

Le monde s’abîmait à chaque instant dans l’abomination et, à chaque instant, il appartenait à tout être conscient de le sauver, et de le sauver d’un rien, sans se prendre pour un sauveur et surtout pas se revendiquer comme tel.

L’être conscient avait vocation de fonctionnaire du salut : en poste pour opérer de moment en moment des sauvetages de rien du tout.

Car tous les sauvetages n’étaient de rien du tout, y compris ceux que d’aucuns voyaient, louaient, célébraient, autant que tous ceux qui n’étaient vus de personne. Tous les sauvetages étaient goutte d’eau dans l’océan de la souffrance ininterrompue, et pourtant ... Chacun de ces sauvetages rachetait l’ensemble, dans l’instant comme pour toujours.

C’était à n’y rien comprendre et il n’y comprenait rien. Mais il le vivait, il respirait de cela."

Gilles Farcet, 𝐿𝑎 𝑟𝑒́𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑒𝑝𝑡 𝑎̀ 𝑔𝑒́𝑜𝑚𝑒́𝑡𝑟𝑖𝑒 𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑏𝑙𝑒. Ed. L'Originel 2022.

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lundi 19 août 2024

Un jardin d'instants...

A un jardin

Oui nécessaire clôture
Pour que le lieu devienne lien
Et le temps attente.

Que le sentier mène à l’amante,

Que tout désir aille à son terme,
Que chaque fleur porte visage et nom,
Que chaque fruit préserve faim et soif,
Que vent et pluie soir et aube
Renouvellent leurs offrandes sur l’herbe,
Que l’infini, lui, fasse halte
Sur la cime des pins.

Oui nécessaire clôture
Pour que le lieu soit appel,
Et l’instant répons sans fin.

François Cheng - La vraie gloire est ici

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mardi 13 août 2024

La présence attentive (1)

 


Alors qu’il arrivait en France pour être auprès de sa fille sur le point d’accoucher, il venait juste d’apprendre que son père, vivant à Québec, était mourant. Nous le joignons à ce moment-là. Nous lui proposons de remettre l’interview. Il refuse. « Même si j’ai un peu de tremblements dans la voix parce que je suis sous le choc de cette annonce, je vais faire l’entrevue avec vous maintenant avec plaisir. » Cette circonstance douloureuse qu’il surmonte résume la qualité de ce médecin québécois. La présence attentive, c’est du vécu en direct.

Qu’est-ce que le bonheur ?

Bien des philosophes se sont posé cette question. J’y réponds simplement : c’est d’arriver le plus possible à avoir toute son attention dans le moment présent. En voici un exemple. Je suis aujourd’hui dans une situation incroyable. Je suis à Toulouse avec ma fille qui doit donner naissance à son bébé et j’apprends que mon papa à Québec va mourir dans les prochaines heures. Où est le bonheur dans tout cela ? Il est dans la présence totale et absolue que je peux avoir avec ma fille et aussi avec son petit garçon qui a presque trois ans. J’ai passé un moment absolument magique avec ce petit bout de chou. J’étais dans un bien-être profond d’être en sa présence, de jouer avec lui à l’astronaute, parce que toute mon attention était avec lui. Ses parents lui avaient dit que j’avais un grand chagrin. Alors, ce bout de chou de deux ans et demi a pris mon visage dans ses mains et m’a dit : « Je te fais des caresses pour ton chagrin. » Ce sont des petits moments tout simples. On cherche le bonheur ailleurs, alors qu’il est disponible à chaque instant. Le bonheur pour moi est dans l’apaisement de paquets de peurs inutiles, pour être complètement ouvert, disponible à ce qu’offre la vie dans des moments aussi difficiles que celui que je traverse présentement. Cette présence apaise la peur. Mon petit-fils, qui s’appelle Jules, avait inventé une station spatiale. Nous étions tous les deux dans l’espace. J’étais dans un grand moment de bonheur parce que la peur que mon papa parte sans que j’aie pu le revoir, l’embrasser s’est apaisée. Ce n’est pas de la négation, c’est être réaliste. J’allais pouvoir partir, aller au Québec. Il ne sera peut-être plus là quand j’arriverai peu importe. J’aurai profité de chaque instant de bonheur. Je n’avais qu'a ouvrir ma conscience, ma présence pour pouvoir les accueillir. Être vivant dans l’instant présent.

....

Serge Marquis (extrait du magazine Reflets - mars 2019)

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vendredi 21 juin 2024

Rêve


 « On rêve d'une minute de silence universel où le monde se tiendrait soudain immobile et muet, les yeux clos, attentif au seul respir du vent dans les arbres, au chuchotement clair d'un ruisseau, au déploiement d'une herbe dans la lumière, à l'unanime pulsation du sang dans les cœurs, une minute pour que le monde reprenne conscience et se réajuste à la seule réalité qui vaille, le pur sentiment d'exister un et multiple, entre deux néants, sur la terre perdue dans les cieux innombrables. »

Jean Pierre Siméon - La poésie sauvera le monde

peinture Charles Guilloux 1886-1946 - La rivière au crépuscule

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mardi 28 mai 2024

Le yoga


 

« Le yoga (telle posture, tel pranayama, telle méditation, etcetera),


… c’est comme ça et pas autrement »

… c’est tout (et n’importe quoi) »


Entre les deux, trouver l’équilibre.


Une structure, une discipline,

mais dans laquelle on ne se rigidifie et on ne s’enferme pas.


Une ouverture, une souplesse,

mais dans laquelle on ne se dilue et on ne se perd pas.


Pourtant si simple.

Mais apparemment pas facile pour autant.


On peut tellement tout aussi bien être esclave de la légèreté que de la rigueur.


Entre les deux extrêmes,

trouver la juste place.


A réactualiser d’instant en instant,


Le dosage approprié variant

selon les moments,

les personnes,

leurs besoins,

leurs possibilités,

leurs circonstances,

tout simplement.


Réévaluer, adapter, affiner.


Identifier un excès ?

Le laisser être contrebalancé.

Sans violence, au risque de basculer dans l’excès opposé.

Le laisser être contrebalancé.


Tout concourt tout le temps à retrouver son juste équilibre lorsque, tout en y étant vraiment présent, on ne vient néanmoins pas s’en mêler (s’emmêler ?)


Comme un souffle qui naturellement s’apaise après s’être emballé,

Comme un souffle qui de lui-même reprend son fil après avoir été coupé.


Expérimenter le contraste

Jusqu’à ce qu’il ne soit même plus nécessaire de le vivre pour se sentir vivant.


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Sculpture : Frederick Edward McWilliam, Variante de Gomukhāsana ? 🙂

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jeudi 7 décembre 2023

Les amis de Pierre Dhainaut

 Ici de Pierre Dhainaut


Tiens-toi face à l’instant qui vient, qui se

dérobe à chaque instant, et ce monde enfin,

tu le nommeras d’ici.


T’aurait-on expliqué où l’on te mène,

c’est le moment de te dire :

ta place est ici.


AVEC LES ONDES…

Avec les ondes

dès leur naissance

apprendre

à renaître éphémères.


Libres, les enfants

font mieux

que nous rendre

visite.


S’ils tiennent

debout, ces murs,

c’est grâce

aux herbes folles.


L'association des amis de Pierre Dhainaut sera présent au premier marché de la poésie à Lille.


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vendredi 1 décembre 2023

Présence sans attente

Je vous propose d'essayer aujourd'hui : 


 La présence, c'est quand tu n'attends plus le prochain moment, quand tu cesses de croire que le prochain moment t'apportera plus que ce que tu vis maintenant.

~ Eckhart Tolle

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dimanche 12 novembre 2023

Arbre d'amour


 "Hier après-midi, je suis tombé amoureux d'un arbre. 

Il passe ses jours au bord d'une route départementale, à une dizaine de kilomètres d'ici. Son feuillage surplombe une partie de la route. En traversant l'ombre qu'il donne, j'ai levé la tête, regardé ses branches. 

Comme à l'entrée d'une église, les yeux se portent d'instinct vers la voûte. Son ombre était plus chaude que celle des églises. Une des plus fines expériences de la vie est de cheminer avec quelqu'un dans la nature, parlant de tout et de rien. 

La conversation retient les promeneurs auprès d'eux-mêmes, et parfois quelque chose du paysage impose le silence, impose sans contraindre. 

L'apparition de cet arbre a fait surgir en moi un silence de toute beauté. Pendant quelques instants je n'avais plus rien à penser, à dire, à écrire et même, oui, plus rien à vivre. J'étais soulevé à quelques mètres au-dessus du sol, porté comme un enfant dans des bras vert sombre, éclaircis par les taches de rousseur du soleil. 

Cela a duré quelques secondes et ces secondes ont été longues, si longues qu'un jour après elles durent encore. Je ne retournerai pas voir cet arbre - ou bien dans longtemps. 

Ce qui a eu lieu hier m'a comblé. Il me semblerait vain d'en vouloir la répétition. 

Vain et inutile : en une poignée de secondes, cet arbre m'a donné assez de joie pour les vingt années à venir - au moins."

Christian Bobin, Autoportrait au radiateur, 1997

mardi 10 octobre 2023

Pas de règles.


 Il n'y a pas un personnage qui va basculer. 

Parce que c'est la FIN du personnage. 

Donc, le personnage ne va pas accéder à une autre réalité. 

On pense toujours à partir du point de vue du personnage que l'on croit être, donc on a vraiment l'impression qu'on va se libérer de quelque chose. 

Il n'y a pas de règles, on voit ce qui se fait dans l'instant. 

~ Betty Quirion

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dimanche 10 septembre 2023

Chaque matin, vivre l'aujourd'hui

 Raphaël Buyse : Chaque matin, vivre l'aujourd'hui

Cette manie que nous avons de nous projeter « comme des fous dans l'avenir », dit le prêtre lillois, peut nous faire passer à côté de la vie. Il appelle à la rescousse Madeleine Delbrêl et l'Évangile pour nous faire basculer dans le présent. Et l'accueillir « comme une manne ». 

Mi-août. À grand renfort d’affiches publicitaires, une grande jardinerie située à quelques kilomètres de chez moi annonce que les décorations ­d’Halloween et de Noël sont déjà en rayon. Les articles de la prochaine rentrée sont sans doute écoulés depuis Pâques…

La question de Winnie l’Ourson


On pourrait presque en rire, mais c’est ainsi : en nous cette propension naturelle, accentuée ces derniers temps, ou bien de nous réfugier dans le passé et d’avoir la nostalgie de ce qui, quelquefois, n’a même pas existé ; ou bien de nous projeter comme des fous dans l’avenir, en nourrissant les chimères d’un après-demain somme toute incertain.

Combien de fois entendons-nous ou disons-nous, au début d’une semaine : « Vivement le week-end prochain ! » ou une veille de rentrée : « Vivement les prochaines vacances ! », comme si l’aujourd’hui n’était finalement qu’une parenthèse ? Et quoi penser aussi de ce jeune étudiant, entendu il y a quelques mois à la télévision, qui s’inquiétait de la retraite à laquelle il aspirait déjà sans avoir même pensé que ses années de travail pourraient être aussi quelques belles années de vie et d’épanouissement ?

En rédigeant cette chronique, j’ai dans la tête ce dessin de Winnie l’ourson qui demande à son ami Porcinet : « Quel jour sommes-nous ? », et reçoit cette réponse : « Aujourd’hui ! » Alors Winnie s’exclame : « Tant mieux, c’est le jour que je préfère !… » 

Madeleine Delbrêl à la rescousse

Et si nous nous rappelions que seul l’aujourd’hui nous est donné, et qu’il ne sert à rien de vouloir épuiser par avance le lendemain. La rage de vivre et de courir en avant risque de nous faire passer à côté de la vie. Vivre dans l’excitation constante de l’avenir, vouloir passer rapidement à plus tard par crainte de rater quelque chose ou de mourir sans avoir pu tout croquer peut être symptomatique d’un mépris de l’aujourd’hui, comme si Dieu nous offrait ce temps-là sans motif et sans l’avoir rempli de ses dons.

Madeleine ­Delbrêl écrivait : « C’est pourtant, chaque matin, notre journée tout entière que nous recevons des mains de Dieu. Il nous donne une journée préparée pour nous par lui. Il n’y a rien de trop et rien de pas assez, rien d’indifférent et rien d’inutile. C’est un chef-d’œuvre de journée qu’il vient nous demander de vivre. » Le risque sera toujours grand de ne regarder notre journée que « comme une feuille d’agenda marquée d’un chiffre et d’un mois » et de la traiter « à la légère, comme une feuille de papier » (Œuvres complètes. Humour dans l’amour, Madeleine Delbrêl, Nouvelle Cité).

Demain est un autre jour


Dans l’Évangile, on voit Jésus de ­Nazareth prendre le temps de s’arrêter quand d’autres voudraient le pousser plus loin, de parler avec un pauvre quand ses disciples voudraient continuer leur chemin, de s’inquiéter de la santé d’Untel quand d’autres l’ont enfermé dans son passé. En lui, quelque chose d’une haute qualité d’existence, une capacité foncière de voir la profondeur de la vie, et sûrement pas de courir après le vent.

Il nous donne une leçon : celle de bien faire ce qui est à faire ici et maintenant, de ne pas vouloir être un homme lorsque l’on n’est encore qu’un enfant, de ne pas être un virtuose avant d’avoir été un débutant, de ne rien rater de nos rencontres et des événements, quand bien même ils pourraient nous paraître futiles. Il nous prend par la main pour nous faire découvrir la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur du quotidien. Et c’est alors que notre cœur peut se préparer à accueillir demain.

J’aime, le soir, m’unir aux moines qui chantent le psaume 90 après s’être affairés du matin jusqu’au soir : ils savent qu’il est bon de s’endormir « à l’ombre de ses ailes », et que demain sera un jour nouveau donné à accueillir avec un cœur préparé par l’hier. Vivre l’aujourd’hui qui est donné chaque matin comme une manne n’a rien d’une approche zen du temps.

Le temps n’est pas une illusion. Chaque journée déploie en nous des espaces intérieurs où les secondes, les minutes et les heures ne filent pas comme du sable fin dans les mains d’un enfant. Alors nous apprenons à reconnaître la grandeur cachée des petites choses : c’est là que se joue sans attendre le Royaume de Dieu.

Il ne sert à rien de vouloir être en décembre avant d’avoir vécu septembre. Et sans se battre contre lui…

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Raphaël Buyse est prêtre du diocèse de Lille. Il est l’auteur d’Autrement, Dieu et d’Autrement, l’Évangile (Bayard) et d’Il n’y a que les fous pour être sages (Salvator).


samedi 9 septembre 2023

Apprivoiser le temps

Par Jean-Marc Bastière

La question d’habiter le présent, nos heures, nos jours se pose avec acuité en ce mois de rentrée. Prendre soin de cette dimension essentielle de notre existence, est nécessaire. Voici quelques points d'attention à cultiver.


Notre condition est de vivre dans le temps. Il nous semble parfois être prisonnier de son cours implacable comme si nous étions emportés dans un fleuve impétueux, jamais loin de nous noyer. Comment rompre avec ce sentiment d’impuissance et d’inquiétude qui nous saisit alors pour retrouver un sentiment de liberté et de gratuité ? Comment habiter le temps de façon à donner à nos vies densité et plénitude, reflets de la joie et de la paix éternelles ? Ce sont des questions cruciales.

S’ouvrir au mystère

« Qu’est-ce que le temps ?, s’interroge saint Augustin dans ses Confessions. Si personne ne me le demande, je le sais bien ; mais si on me le demande et que j’entreprenne de l’expliquer, je trouve que je l’ignore. » Avant d’être une abstraction mesurée par les horloges, le temps est un mystère. Mais il n’existe vraiment qu’incarné, peuplé de visages et de paysages, de voix humaines et de sons familiers, de poisson grillé sur la plage et de moments d’oraison silencieuse… Le temps, je le perçois mes sens ouverts et mon cœur réceptif.

Cultiver la reconnaissance

Le temps n’est pas un dû mais un don, comme de l’eau pure qui nous est offerte ou une grâce qui nous est octroyée. ­L’attitude première que nous avons à cultiver est ainsi la reconnaissance pour ce temps qui nous est offert afin que notre vie s’y déploie. Nous pouvons en faire notre malheur si nous cherchons à l’accaparer comme un trésor, si nous nous cramponnons à lui de façon désespérée et cherchons à retenir de façon fébrile son écoulement inexorable, entre un passé qui n’est plus, un présent qui s’évapore et la mort qui se rapproche ! Un peu de confiance et de reconnaissance suffisent au contraire pour que le temps prenne un goût de bonheur.


S’imposer un régime du temps

Pour ne pas le subir, un emploi du temps réfléchi, sinon médité, a une grande vertu. Quand nous avons l’impression de ne plus rien maîtriser, tout remettre à plat et s’imposer un « régime du temps » drastique peut être salutaire. Avec des renoncements, des allégements. Savoir dire non à une sollicitation, ne pas précipiter une décision pour que la clarté se fasse et surtout pouvoir respirer à pleins poumons grâce à des moments de rafraîchissante gratuité.

D’où l’importance des offices liturgiques qui remettent tout en perspective. Pour goûter pleinement un rendez-vous, nous pouvons prendre un peu d’avance. A contrario, quand nous arrivons en retard, en particulier à la messe, nous ne sommes pas dans les meilleures dispositions.

Écouter sa voix intérieure

Quand je dois décider d’engager de mon temps, il peut être judicieux d’interroger quelle puissance de vie recèle mon choix. C’est une question d’oreille, non pas interne, mais intérieure. Ou de ressenti subtil. Est-ce de la joie et de la paix que je ressens ? C’est alors bon signe. Ou du trouble, une dissonance qui devrait me conduire à être prudent ? C’est une façon d’exercer le « discernement des esprits » évoqué par saint Ignace de Loyola dans ses Exercices spirituels.

Pour autant, il ne s’agit pas de renoncer, loin de là, à tout ce qui est rébarbatif, mais il faut alors mettre cela en perspective en fonction de notre but. Tenir ses engagements nous stabilise intérieurement. La vie n’est pas qu’une succession d’instants ; elle s’inscrit dans une durée qui lui confère son unité.


Habiter le présent

Le passé a été et l’avenir n’est pas encore. Seul le présent existe, mais quel est-il ? Le présent, en tant que succession d’instants toujours divisibles, n’est jamais présent, il se dérobe toujours. C’est pourquoi le présent véritable transcende l’instant, il l’englobe dans une réalité supérieure. Quand je suis avec quelqu’un, cette présence qui nous fait oublier le temps forme un tout – presque un tiers entre nous. Elle se trouve, sous sa forme la plus parfaite, dans le cœur-à-cœur avec Dieu, la « porte de notre chambre » refermée. D’où l’importance, si cela nous est possible, de ne pas mettre à la dernière place ces temps de prière silencieuse, comme nous en avons tous la tentation.

S’ouvrir à l’éternité

La voici donc, la porte dérobée de l’éternité : cette présence insistante qui se signale dans une douceur de brise. Nous la ressentons par intermittence, mais elle est toujours là, par-delà le temps. Pour l’accueillir, la disponibilité du cœur suffit. Comme si, occupé dans une maison de famille, nous apercevions par la fenêtre, sans nous y attendre, la merveilleuse nuit étoilée. Elle apparaît toujours par surprise, cette jeune éternité. Même son absence est présence. Car elle laisse dans son sillage un parfum de tendresse et d’amour.

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source : magazine La Vie

lundi 4 septembre 2023

Transformation silencieuse.


 On ne peut pas imposer la liberté, ni la sécurité, on ne peut rien imposer. Votre attitude seulement va permettre à votre environnement de se questionner profondément. Dès lors commence une profonde transformation. Faire face aux faits, à ce qui est fonctionnel, cela s'apparente davantage à une attitude spirituelle; laisser la vie se révéler, non pas en sélectionnant selon sa préférence, son vouloir, ou son attente, mais en restant totalement disponible à chaque instant.

Le spirituel s'est s'immerger dans l'évidence de l'instant sans vouloir le manipuler ou l'utiliser. Etre disponible. A ce moment-là cette attitude de disponibilité va libérer la situation. Vous allez vous rendre compte que la situation se réfère toujours à votre écoute, à votre silence. D'un point de vue spirituel, il n'y a pas de conflit possible et rien à résoudre. Il y a uniquement acceptation, célébration de l'évidence.

Le sacre du dragon vert : Pour la joie de ne rien être - Eric Baret

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jeudi 24 août 2023

Connaissance épanouie

 Les fleurs ont la connaissance de l'instant et du cosmos.


Beaucoup de gens sont prisonniers de leur mental à un point tel que la beauté de la nature n'existe pas réellement pour eux. Même quand ils disent : « Quelle belle fleur ! » il s'agit seulement d'un étiquetage mental automatique. Étant donné qu'ils ne connaissent pas le silence intérieur et ne sont pas présents, ils ne voient pas véritablement la fleur, n'en sentent pas l'essence, l'aspect sacré, de la même façon qu'ils ne se connaissent pas eux-mêmes, ne sentent pas leur propre essence ou leur propre aspect sacré...

Une autre façon d'accéder au non-manifesté, c'est de cesser de penser. Vous pouvez commencer très simplement en prenant une inspiration consciente ou en regardant une fleur dans un intense état de vigilance, de manière qu'aucun commentaire mental ne se produise en même temps. Il existe de nombreuses façons de créer une discontinuité dans l'incessant flot des pensées. La méditation en est une. La pensée appartient au monde du manifesté. L'activité mentale continue vous maintient prisonnier du monde de la forme et constitue un écran opaque vous empêchant de prendre conscience du non-manifesté, de l'essence divine intemporelle et sans forme qui est en vous et en toute chose et toute créature. Quand vous êtes intensément présent, vous n'avez plus besoin de vous préoccuper de cesser de penser, bien entendu, puisque le mental s'arrête automatiquement. C'est pour cette raison que j'ai affirmé que le présent constituait un aspect essentiel de chacune des autres portes d'accès au non-manifesté.

Le pouvoir du moment présent - Eckhart Tolle

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samedi 5 août 2023

Conseils d'existence

Souffrir de stress c'est être dans l'incapacité d'apprécier la réalité comme elle est et donc de ne pas profiter de l'instant présent.

Les gens qui souffrent de stress ont en commun de regretter le passé (parfois), d'avoir peur de l'avenir (souvent).

Pour combattre le stress et mieux profiter de la vie Ernie Zelinski donne les conseils suivants :


Cessez de vous projeter dans le futur et de vous demander si vous aurez le temps d'achever ce que vous avez à faire. Si vous l'avez vous en viendrez à bout. Si vous ne l'avez pas, vous terminerez demain.

Lorsque vous vous arrêtez pour prendre un café, accordez-vous un instant pour le savourer. Buvez-le lentement comme si le temps s'était arrêté pour vous permettre de le déguster.

Au volant de votre voiture; levez le pied même si vous êtes pressé.

Accordez-vous une "récréation" d'une demie-heure ou plus par jour, à utiliser de manière impromptue, suivant l'envie du moment.

Ménagez-vous une à deux heures de solitude chaque jour et laissez le répondeur se charger de vos appels.

Lorsque vous admirez un coucher de soleil, regardez-le jusqu'à ce que le dernier rayon ait disparu derrière l'horizon.

Quand vous parlez avec votre voisin(e), laissez la conversation avoir un début et une fin naturels plutôt que dictés par la montre.

Lorsque vous prenez une douche le matin, abandonnez-vous à ce moment jusqu'à ressentir le bien qu'il vous fait.

Cherchez tout ce que vous pouvez APPORTER au monde qui vous entoure plutôt que ce que vous pouvez PRENDRE.

Cultivez la paix intérieure.

Gardez une pensée positive.

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mardi 18 juillet 2023

3 modes pour intégrer l'instant

 Apprendre à se connaître permet de mieux connaître les autres.

Et pour se connaître, voici 3 modes possibles que l'on peut pratiquer à chaque instant :

- La vigilance : voir la "tension vers" qui se crée en nous et nous éloigne de l'instant.

- Le oui à ce qui est : voir le refus qui est une "tension contre" la réalité présente.

- L'action juste : être unifié dans le choix que l'on fait, pour éviter la division sans cesse proposée par les pensées. 


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