Chanoines

L'article examine la diffusion des chanoines réguliers dans les diocèses de Die, Gap et Sisteron. Si les chanoines des chapitres cathédraux demeurèrent des séculiers, les évêques encouragèrent le développement des réseaux canoniaux de Saint-Ruf et d'Oulx et surtout, créèrent des réseaux locaux de chanoines réguliers.

Abdi Sofiane, « Les collégiales Saint-Firmin-le-Confesseur, Saint-Nicolas-au-Cloître et la cathédrale d'Amiens au Moyen Âge, une histoire partagée », dans Bulletin de l'Association des Amis de la Cathédrale d'Amiens, Amiens, 2014, p. 40-53. La marque imposante et solitaire qu'imprime aujourd'hui sur le paysage urbain la cathédrale d'Amiens a contribué à faire oublier que le quartier cathédral était d'abord un pôle liturgique, une terre d'églises au pluriel, dans lesquelles s'activaient une multitude de clercs, aux statuts très divers, membres d'une pluralité de communautés religieuses. Parmi elles, les collégiales Saint-Firmin-le-Confesseur et Saint-Nicolas-au-Cloître 12 figuraient en bonne place à Amiens à quelques pas de la cathédrale (cf. ). Elles y demeureront ainsi jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, époque de leur destruction 13 .

La Révolution française, en supprimant l'institution pluriséculaire du chapitre cathédral ainsi que la réalité juridique de la seigneurie d'Église, a rendu à la ville d'Amiens un quartier autrefois en grande partie clos et réservé, le quartier canonial 49 (cf. figure n° 1). Quartier dont il ne reste aujourd'hui que partiellement la trame viaire ainsi que d'anciennes demeures capitulaires cossues rebâties surtout au XVIII ème siècle avec, pour certaines, des caves médiévales. Les fouilles archéologiques, trop rares, n'ont pas encore été d'un grand secours pour comprendre l'histoire de ce quartier. Par contre, les archives du chapitre cathédral, principal fonds documentaire de l'Ancien Régime, nous permettent d'en retracer l'évolution, l'organisation et la vie dès les derniers siècles du Moyen Âge. Les quartiers canoniaux ont fait l'objet d'un regain d'intérêt depuis les années 80 profitant de l'essor de la recherche dans deux domaines : d'un côté, l'archéologie urbaine se consacrant à l'étude du cadre de vie des hommes 50 et, de l'autre, l'histoire des chapitres cathédraux et de leurs membres, les chanoines 51. Fruits de ces deux approches, d'importants travaux ont permis de renouveler nos connaissances sur cette question notamment l'étude de référence parue en 1994 sur la topographie des quartiers canoniaux dirigée par Jean-Charles Picard et d'Yves Esquieu 52. Parallèlement, en 1996, paraît le premier volume d'une grande collection toujours en cours, celle issue du programme de recherche au CNRS « Fasti ecclesiae gallicanae », ayant pour objectif l'élaboration d'un répertoire prosopographique des évêques, dignitaires et chanoines des diocèses de France de 1200 à 1500. Le premier opus de ce projet ambitieux fut consacré au diocèse Amiens 53. Dans cet élan, le quartier canonial d'Amiens fait alors l'objet d'une attention nouvelle de la part de chercheurs comme Nathalie Manoury auteur d'une thèse en 2002 sur les quartiers canoniaux des provinces ecclésiastiques de Reims et de Rouen et Jean-Marc Albert qui lui a consacré une synthèse récente dans l'ouvrage Amiens, la grâce d'une cathédrale paru en 2012 54. Le quartier canonial ou cloître d'Amiens dans son organisation générale est donc plutôt bien connu mais nombre de questions demeurent toutefois en suspens. Certains aspects peuvent encore à la lecture des actes originaux être approfondis notamment quant à la formation de ce quartier, à ses réalités topographiques, aux questions statutaires des maisons canoniales le composant et quant à l'usage que les chanoines faisaient de leur claustrum. Il est important avant de poursuivre de revenir sur la terminologie employée, celle de quartier canonial qui permet de circonscrire notre étude. Il est en effet nécessaire de distinguer les termes de quartier cathédral, quartier épiscopal et quartier canonial parfois utilisé indifféremment mais qui recouvrent des réalités à nuancer. Le quartier cathédral est d'un usage plus large englobant indifféremment l'espace environnant et en relation avec la cathédrale, réunissant le quartier de [p. 56] l'évêque avec son palais et celui du chapitre cathédral. Mais ces deux quartiers, épiscopal et canonial, recouvrent des réalités juridiques et topographiques bien distinctes, plus circonscrites, reflet des deux pouvoirs ecclésiastiques indépendants parfois rivaux qui cohabitent dans cette partie de la ville. La notion de quartier cathédral est donc un terme plus général et consensuel. 49 Aussi appelé cloître des chanoines, de claustrum en latin signifiant clôture. 50 Résultant notamment du développement de l'archéologie préventive préalable désormais à tout projet d'aménagement. En 1986 s'est constitué un groupe de recherche au CNRS consacré aux approches archéologiques du cadre de vie des hommes du Moyen Âge dont la vocation le portait à s'intéresser tout particulièrement aux quartiers canoniaux. 51 Incarné notamment par la thèse d'Hélène Millet, Les chanoines du chapitre cathédral de Laon (1272-1412), Rome-Paris, 1982. 52 J.-C. Picard, Y. Esquieu (dir.), Les chanoines dans la ville. Recherches sur la topographie des quartiers canoniaux en France, Paris, 1994. Amiens ne fait pas partie de l'échantillonnage des vingt-deux villes ciblées dans l'ouvrage. 53 P. Desportes, H. Millet, Fasti Ecclesiae Gallicanae. Répertoire prosopographique des évêques, dignitaires et chanoines de France de 1200 à 1500, t. I : Diocèse d'Amiens, Turnhout, 1996. Une notice est consacrée au cloître d'Amiens rédigée par J.-M. Albert, p. 21-24. 54 N. Manoury, Les quartiers canoniaux des provinces ecclésiastiques de Reims et de Rouen du IXe au XIIIe siècle, thèse sous la direction de Michel Rouche, Université Paris-Sorbonne, 2002. J.-L. Bouilleret (Mgr), André A., Boniface X. (dir.), Amiens, la grâce d'une cathédrale, Strasbourg, La Nuée bleue, 2012.

La collégiale Notre-Dame de Trie-sur-Baïse est un très intéressant exemple de collégiale tardive fondée dans un espace urbain (une bastide gasconne) à la fin du Moyen Âge. Son plan singulier, la qualité de son décor renvoient à la prospérité de la région à la fin du 15e siècle.

L a tradition historiographique réserve à Saint-Martin le qualificatif, encore usité aujourd'hui, de « prieuré » 1. L'usage de ce terme, polysémique s'il en est, ne se généralise qu'à la fin du xii e siècle à la faveur du concile Latran III (1179, canon 10), où le mot devient synonyme d'obédience conventuelle, dépendante d'une maison mère. Sous les plumes contemporaines, le prieuré désigne des réa-lités fort diverses, de la communauté de plusieurs dizaines de frères à la simple grange, réalités qui ont pour seul point commun d'être sous la dépendance d'un établissement extérieur. Même si le terme n'est pas utilisé dans les sources de Saint-Martin et que le chef du chapitre collégial est désigné comme prior, du point de vue canonique des institutions régulières, il s'agit pourtant bien d'une collégiale, c'est-à-dire d'une église desservie par une communauté ou un collège de chanoines, terme beaucoup précis et, en ce sens, préférable à celui de prieuré. Que ce soit ou non en raison de la faiblesse de la documentation conservée 2 , Saint-Martin de Miséré, qui fut pourtant l'une des collégiales régulières les plus 1. On la désigne cependant au xvii e siècle comme une abbaye. Voir les gloses marginales de la copie de l'acte de fondation dans le cartulaire B écrites de la main de Nicolas Chorier (Copie cartulaire de l'église de Grenoble [cartulaire C], n° 101, AD 38, 4G 36 (microfilm 2MI 575), f° 51v°. 2. Robert-Henri Bautier, Janine Sornay disent du recueil des privilèges du prieuré (actes xiii e-xv e siècles) qu'il est somme toute « d'intérêt médiocre » (Les sources de l'histoire économique et sociale du Moyen Âge, vol. II, Provence, comtat Venaissin, Dauphiné, États de la maison de Savoie, Archives ecclésiastiques, communales et notariales, archives des marchands et des particuliers, Ce tiré à part numérique est réservé au strict usage personnel du contributeur et de son cercle familial.

Cet article est une recherche sur les archives disparues de l'abbaye de chanoines réguliers de saint Augustin d'Abondance au diocèse de Genève. Fondée à la fin du XIe siècle dans les montagnes de Savoie, au sud du Léman, cette puissante maison était à la tête d'une congrégation canoniale s'étendant en Jura et Valais. Grâce à des sources modernes appelées "réductions de bénéfices", il est possible de saisir précisément les modalités de gestion et la composition du chartrier dont seules quelques épaves subsistent.

Ce texte forme l'introduction de l'édition des actes du chartrier d'Abondance pour les XIIe et XIIIe siècle. Ce travail n'est pas publié mais est disponible sur Academia.

Au regard de la royauté léonaise sous Ferdinand II, la primauté de Saint-Isidore dans le paysage monastique léonais est totale. Cet article vise à établir et expliquer cette situation par la documentation diplomatique, en démontrant qu’il existe clairement une politique de faveur envers cette collégiale, tant la ventilation des donations royales se fait à son avantage.
Ce phénomène ne se réduit pas à une tradition dynastique. Dans le contexte du morcellement politique s’accentuant en Péninsule suite au décès d’Alphonse VII, Ferdinand II investit dans cet établissement — et dans les diplômes qui lui sont adressés —, des projections idéelles qui servent ses ambitions pan-hispaniques.
Lorsque cette politique n’est plus soutenable, Saint-Isidore demeure un établissement de premier rang même si sa primauté
s’effrite.
Mots-clés : Collégiale régulière, Diplomatique, Ferdinand II, politique monastique, Royauté, Saint-Isidore-de-Léon

Recension de Deflou-Leca, Noëlle - Demotz, François (dir.): Établissement monastiques et canoniaux dans les Alpes du Nord. Ve-XVe siècle. Actes du colloque international du Château de Ripaille, 5-6 Novembre 2015, 349 p., 24,6 x 17cm, ISBN : 978-2-7535-7933-0, 28€
(Presses universitaires de Rennes, Rennes 2020)

La restructuration du chapitre canonial de Saint-Junien (Haute-Vienne) par son premier prévôt, saint Israël († 1014), semble avoir été voulue et initiée par l’évêque de Limoges Hilduin (1014-1022) qui souhaitait réactiver les relais de son pouvoir qu’étaient les chapitres, et particulièrement celui de Saint-Junien, situé au cœur de l’episcopium, à une époque où la chute de l’Empire carolingien avait entraîné morcellement territorial et affrontements des pouvoirs. Si elle n’a jusqu’ici guère retenu l’attention des historiens, cette restauration du chapitre de Saint-Junien par saint Israël a pourtant été perçue comme une césure par les commentateurs médiévaux et modernes, notamment en raison du changement de dénomination qui se produisit à ce moment, le premier dignitaire du
chapitre n’étant plus un abbé mais un prévôt : cette nouvelle dénomination, premier indice d’une restructuration institutionnelle, a semé la confusion parmi plusieurs générations d’érudits quant au statut de cet établissement. Si cette restructuration fut perçue comme une césure, c’est parce qu’elle fut probablement de grande ampleur, touchant à la fois aux domaines institutionnel, juridique, architectural et liant pour des siècles le chapitre de Saint-Junien à une autre communauté canoniale très différente de lui, celle du Dorat.

Les villages s’établissent au cours du Moyen Âge, avec leurs églises, en formant autant de paroisses (du grec paroiken : « habiter auprès de ») qui, non sans adaptations, traversent les siècles, et même la Révolution française en tant que communes. Si la loi de 1905 a consacré la séparation de l’Église et de l’État, ce n’est que très récemment que, affectées par le manque de prêtres, nombre de paroisses ont dû se regrouper. Au même moment, pour mieux se gérer, les communes se rassemblaient en de nouvelles communautés (de communes, d’agglomérations, urbaines ou de pays), sans pour autant disparaître. L’ancienne unité du village avec sa paroisse, qui marquait une France d’abord rurale, s’en trouve définitivement rompue.
Les villes, où l’appartenance paroissiale se déclinait en quartiers, désormais agglomérées et entourées de marges diffuses, animées de multiples mobilités, recomposent d’autres solidarités spatiales qui ne sont plus fondées sur le seul « habiter en ville ». Pour ajouter à cette profonde restructuration territoriale, notre société, que l’on pensait sécularisée, où la pratique religieuse devenait minoritaire, a vu éclore de nouveaux mouvements religieux, détachés des paroisses, et a accueilli d’autres religions que le christianisme. Multiplicité des croyances, diversité des lieux de culte, configuration en réseaux largement déterritorialisés, mais aussi mise en place de modèles communautaires qui tendent à privilégier les appartenances identitaires et spirituelles au détriment des cadres institutionnels et territoriaux. Le lien, pluriséculaire, qui unissait jadis la communauté d’habitants à son église, est rompu.
Nos contemporains ont alors du mal à percevoir à quel point, auparavant, la Maison Dieu et la Maison du Peuple pouvaient former une même entité, gage de protection tant matérielle que spirituelle. Notre regard sur les communautés paysannes a, d’ailleurs, pu pâtir du primat de l’économique, du social et du politique, qui négligeait leurs églises, pourtant, matricielles, et leurs desservants. L’incidence du clergé sur ses ouailles ne se limitait pourtant pas à une emprise spirituelle et temporelle ; ces relations étaient plus subtiles, et réciproques.
Cet essai entend rompre avec ces approches. À partir des Pyrénées centrales, nous désirons montrer combien, sur plus d’un demi-millénaire, entre deux réformes majeures de l’Église - la réforme grégorienne et la réforme tridentine - les montagnards ont élevé leurs églises tout en organisant leurs villages, pour ensuite user de l’édifice ecclésial et de son clergé. Résistant aux appétits des seigneurs et des prélats, ils s’attachèrent à en garder un certain contrôle, en accord avec leurs privilèges défensifs sur les marges des royaumes. Ces églises, dont certaines ont évolué en châteaux communaux, garantissaient leur relative autonomie. Mais le renforcement, antagoniste, des États souverains, sur une frontière désormais à contrôler, et une Réforme catholique conquérante, minèrent ces équilibres. Au cours de cette riche et longue histoire, le Val d’Aran, vallée axiale, se révèle comme le « type idéal » d’une mutation diffuse, mais générale.
S’appuyant sur une recherche originale, élaborée il y a près de 25 ans, ce livre s’enrichit du renouvellement récent de cette problématique. Il nous engage à réfléchir, et, nous l’espérons, à regarder différemment ce fascinant patrimoine architectural des vallées pyrénéennes, composé d’agrestes villages perchés, aux ravissants édifices romans.
Table des matières

Introduction

Chapitre 1 : Des montagnards qui construisent leurs églises (IXe-XIIIe siècles)
A. La haute vallée de la Garonne
1. Le Val d’Aran, convoité
2. « Un blanc manteau d’églises »

B. Posséder des églises au cœur du Moyen Âge
1. En diocèse d’Urgell (IXe-XIIe siècles)
2. En Bavartès, ou vallée de Saint-Béat (Xe-XVe siècles)
3. En Couserans (IXe-XIe siècles)
4. En Andorre (IXe-XIIe siècles)

C. Des montagnards menacés par la réforme grégorienne
1. Les Commingeois doivent « restituer » leurs dîmes
2. Un Val d’Aran en demi-teinte
3. Anticléricalisme et catharisme ?

Chapitre 2 : Des laïcs contraints d’abandonner leurs dîmes
A. Chevaliers et notables commingeois restituent leurs revenus et droits sur les églises
1. Deux vagues successives de restitution de dîmes en Bas puis Haut-Comminges
2. L’âpre convoitise du chapitre cathédral de Comminges sur le haut pays, au tournant des XIIIe et XIVe siècles
3. Une troisième vague de restitutions : les dîmes des marguilliers du Haut-Comminges (1330-1340)

B. Les Aranais résistent à la restitution de leurs dîmes
1. Le Val d’Aran sous le joug français (1283-1296) : cessions de dîmes et prétentions seigneuriales
2. Le retrait des Français (1296-1313) : frein aux appétits des féodaux et des prélats

Chapitre 3 : Les revenus d’églises passent des familles à leurs prêtres (XIIIe-XIVe siècles)
A. Les églises du Val d’Aran à la fin du XIVe siècle
1. Prêtres « portionnaires » et fabriques détiennent les dîmes
2. Le service des prêtres natifs

B. Changement du mode d’appropriation des biens d’églises
1. Tour ecclésiale contre tour seigneuriale
2. Gérer les dîmes comme les terres communes

C. Des familles de prêtres aux prêtres des familles
1. Des familles sacerdotales en vallées d’Aran, de Cardós, d’Àneu, de Lladore et d’Andorre
2. Des prêtres chefs de maison
3. L’avènement du prêtre de la maison ou capellan de casa

D. D’autres façons de réagir à l’injonction grégorienne
1. Les vallées d’Àneu et de Boí
2. Béarn et Bigorre : fadernes et abbés laïcs

Chapitre 4 : Comminges et Val d’Aran : concurrence de souverainetés et d’obédiences (XIVe-XVe siècles)
A. L’irruption d’une frontière d’États
1. Surenchère de droits de douanes et affrontements sur les estives
2. Des chartes de franchises, prémices des futures « lies et passeries »

B. Jubilé aranais contre jubilé commingeois
1. En Comminges : honorer saint Bertrand… et reconstruire sa cathédrale
2. En Val d’Aran : la miraculeuse Sainte Croix de Salardú

C. Grand Schisme et petites affaires
1. De la Santa Cruz à la Vera Cruz
2. De la bonne obédience

Chapitre 5 : Communautés de prêtres et communautés d’habitants du Comminges (XIVe-XVIe siècles)
A. Collégialité curiale et obituaire : taulas et mensas
1. Les mesaus : fraternités de prêtres des Pyrénées centrales
2. En Val d’Aran : de la paroisse d’archiprêtré aux taulas

B. Des dîmes sous contrôle
1. De la gestion des bénéfices ecclésiastiques : cumuls
2. De la gestion des bénéfices ecclésiastiques : affermage
3. En Haut-Comminges : affermage des dîmes et caisses de secours mutuel

Chapitre 6 : En Val d’Aran : le pouvoir de la terra, et le péril de la désunion
A. En Val d’Aran : pouvoir de la terra et structure communautaire de défense (XVe-XVIe siècles)
1. D’indispensables accords de « lies et passeries » pour le commerce… et la défense (1283-1513)
2. La faiblesse des représentants du roi et du comte de Ribagorça (1313-1574)
3. Le redécoupage des terçons

B. Le péril huguenot (1560-1629)
1. Un gouverneur fantoche face au prieur de Pujòlo
2. Six forças de terçons
3. 1594 : la clameur des tambours de la guerre franco-espagnole

C. Unification et « autonomie » ecclésiastiques
1. Au début du XVIe siècle : la dualité aranaise
2. Le triomphe de l’unicité de traitement des Aranais
3. Les archiprêtrés du Val d’Aran ne seront pas rattachés à l’évêché d’Urgell

Chapitre 7 : Avril 1643 : le fratricide aranais
A. Des églises fortifiées, et des châteaux ecclésiaux
1. Le privilège de pouvoir se défendre
2. Les capacités défensives des Aranais en 1613

B. L’affrontement
1. Une germandat engendrée par la taula de Pujòlo
2. La germandat de Pujòlo tend à dominer le Conseil général d’Aran
3. Une guerre civile

Conclusion

Glossaire

Index des noms de personnes

Index des noms de lieux

Bibliographie sommaire

Table des matières

Table des cartes et illustrations

Gérard Haecks, Descriptiones bonorum hereditariorum venerabilium et circumspectorum virorum ac dominorum insignis ecclesie collegiate sancti Servatii Traiectensis Leodiensis dyocesis tam titrici, siliginis, ordei, avene ac spelte […] ac eciam mensuraciones omnium pratorum ac terrarum de villagio ad villagium tam in partibus Hasbanie quam transmosanis…, Maastricht, 1526.

[texte initialement paru dans : O. Charles (dir.), Christophe-Michel Ruffelet, Les Annales briochines (1771). Saint-Brieuc : histoire d'une ville et d'un diocèse, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 66-81]

A une époque où l’écriture de l’histoire prend, sous l’impulsion d’hommes d’Eglise – les bénédictins de Saint-Maur –, son tournant critique puis évolue entre érudition et philosophie , les chanoines produisent en effet des travaux historiques au même titre que les mauristes ou les jésuites. J.-M. Le Gall, dans une étude consacrée aux catalogues d’évêques imprimés entre le XVIe et le XVIIIe siècle, ne recense ainsi pas moins de 41 chanoines dans un échantillon de 121 auteurs . La proportion est donc loin d’être négligeable. On objectera certes que les chanoines de par la position qu’ils occupent dans l’Eglise diocésaine et leur attachement à l’église cathédrale ainsi qu’à certaines prérogatives capitulaires étaient particulièrement bien placés pour produire ce genre de travaux. Il n’empêche ! Ce constat, comme le suggère l’auteur autorise à douter de « l’atonie intellectuelle du monde canonial » que tendraient à accréditer certains travaux. Comment le vérifier ? Partir des chanoines et des compagnies aboutit nécessairement à une vision fragmentée. Et reconstituer le paysage littéraire capitulaire du royaume tel qu’il est susceptible d’apparaître au travers des études régionales  ou monographiques  relève de la gageure et, de toute manière, de nombreux angles morts interdiraient toute vue d’ensemble. La production des chanoines est donc mal connue et semble devoir nous échapper. S’agissant des écrits historiques en particulier, nous nous proposons donc de tenter d’inverser la logique : entreprendre un examen systématique des publications et proposer une première pesée du phénomène. Notons que Robert Darnton avait déjà proposé une sociologie des auteurs français du XVIIIe siècle en dépouillant les volumes de la France littéraire, un almanach publié à partir de 1755. Outre l’inflation du nombre des auteurs dans la seconde moitié du siècle, il conclut à la forte présence des clercs . Mais quid des chanoines en particulier ? Comme le suggère J.-M. Le Gall, « il faudrait étudier la production de ces hommes dont on a jusqu’alors surtout apprécié la culture à partir de leurs bibliothèques et de leurs lectures  ». C’est précisément ce que permet de faire, mais en partie seulement, la Bibliothèque historique de la France de l’oratorien parisien Jacques Lelong augmentée par le parlementaire dijonnais Fevret de Fontette .

Cet ouvrage rassemble les actes d'un colloque qui s' est tenu à Limoges et au Dorat à l' occasion d'un anniversaire : le millénaire de la mort d'Israël du Dorat. Selon la tradition, ce clerc était chantre de l' église collégiale du Dorat, ou bien préchantre ou encore écolâtre. Il aurait été aussi le premier prévôt de l' église collégiale de Saint-Junien dont il aurait réformé la communauté de chanoines. Il aurait été, enfin, chapelain mais aussi auxiliaire d'Hilduin, l' évêque de Limoges qui meurt la même année que lui, en 1014. Quoiqu'il en soit des certitudes ou des incertitudes, Israël apparaît indéniablement comme l'un des personnages forts du Limousin de l'an Mil et surtout comme une figure exemplaire pour aborder la question des chanoines autour de l'an Mil. Depuis au moins une décennie, les études consacrées au monde des chanoines ont complètement renouvelé notre connaissance de ces communautés de religieux. La figure d'Israël du Dorat a ainsi fourni l' occasion d'un nouveau coup de projecteur sur des réalités anciennes souvent difficiles à appréhender et plus encore mal aimées ou mal perçues parce que « coincées » entre deux périodes mieux connues que sont les temps carolingiens et la Réforme grégorienne. Autour de lui bien des questions sont abordées à nouveaux frais : la culture et la formation de ces chanoines, leurs réseaux, le fonctionnement des communautés mais encore les cadres monumentaux qui accueillaient leurs célébrations et leur vie commune. C' est finalement un courant dynamique de réformes et de fondations qui est ici mis en exergue, ainsi que des figures de prélats énergiques. La mémoire d'Israël n' est pas moins digne d'investigation car, au XII e siècle, il est une rare figure de saint chanoine. L' étude du dossier hagiographique se conjugue ici à celle des sources monumentales pour constituer un cas exemplaire d' édification de la sainteté mais aussi de réécriture de l'histoire d'une communauté canoniale. Au-delà des textes, la collégiale romane du Dorat est sans nul doute le plus beau témoignage de la réussite de l' entreprise et de ces chanoines. En couverture : Bas-relief représentant la fête chrétienne du sacrifice de la messe, ivoire lotharingien, 33.3 cm © Musée Liebieghaus de Francfort-sur-le-Main. Anne Massoni Éric Sparhubert (dir.) Israël du Dorat Être chanoine en l'an Mil histoire Israël du Dorat Être chanoine en l'an Mil Sous la direction de Anne Massoni et Éric Sparhubert ISBN : 978 284 287 795 8 22 € Israël du Dorat-couverture-17 octobre 2019.indd 1

Publication du plus vieille index alphabetique "de fin de livre" connu, compile au commencement du XIIe siecle pour servir au Grand cartulaire de Saint-Julien de Brioude, en Auvergne, afin de hierarchiser et organiser les entrees geographiques des bien-fonds principaux mentionnes dans ses chartes.

Extrait de : Nicole LEMAITRE, Réseaux religieux et spirituels : du Moyen Âge à nos jours, Paris, Édition électronique du CTHS (Actes des congrès des sociétés historiques et scientifiques), 2016.

À la fin du Moyen Âge, les membres du haut clergé séculier sont avant tout partie prenante de réseaux, horizontaux, qui les lient à l’élite locale dont ils sont issus. À Barcelone, on observe, à partir de la documentation notariée de la cathédrale, des testaments des chanoines du chapitre et des correspondances du gouvernement municipal, que leur insertion dans ces réseaux familiaux fait des chanoines des acteurs de la vie publique, au-delà de leur rôle d’ecclésiastiques. En tant que chanoines et membres d’une grande famille locale, plusieurs d’entre eux sont ainsi mobilisés à la fin du xve siècle par le gouvernement municipal pour intercéder en faveur de la ville auprès des instances religieuses. Le canonicat est à son tour instrumentalisé pour récompenser des familles anciennes de la ville, mêlant ainsi les réseaux – ecclésiastique et formel d’un côté, familial et informel de l’autre.

Cette journée s'inscrit dans le cadre du programme Vie religieuse et enjeux judiciaires dans les sociétés anciennes (labex Comod) https://comod.universitelyon.fr/vie-religieuse-et-enjeux-judiciaires-dans-les-societes-anciennes-27857.kjsp Programme : à partir de 9 h 00 : accueil en salle H 2.6. 9 h 30 : Sébastien Fray (Univ. Saint-Étienne, LEM-CERCOR) « Introduction » 10 h 00 : Manuel de Souza (Univ. Saint-Étienne, Hisoma) « Juges et témoins religieux dans l'oeuvre de Cicéron » 10 h 30 : discussion et pause 11 h 00 : Martin de Framond (Archives départementales de Haute-Loire) : « L'épée de justice de l'évêque du Puy. À l'origine de l'emblématique du Velay » 11 h 30 : Pauline Bouchaud (EPHE) « La chronique d'Étienne Maleu († 1322), reflet de l'attachement des chanoines séculiers à leur pouvoir judiciaire » 12 h : discussion et déjeuner 14 h 30 : Emmanuel Grélois (Univ. Rennes 2, Tempora) « L'exercice de la juridiction du chapitre cathédral de Clermont sur ses choriers et dépendants : compétences, crimes et délits, peines » 15 h 00 : Jean Bernard (École des chartes) « La soif de justice du commandeur. Revendication, proclamation et manifestation des droits de justice des Templiers et des Hospitaliers en Franche-Comté. »

Un premier fonds existe dans celui des confréries ecclésiastiques 3 , et un second au sein des importantes archives de l'abbaye de Moissac 4. Il existait en effet un lien très fort qui unissait le puissant monastère bénédictin à Castelsarrasin.

La Haute-Bretagne connaît peu de collégiales pour le Moyen Âge central, cinq seulement apparaissent dans les sources écrites entre le XIe et le XIIIe siècle. Toutes sont liées à un château, majeur la plupart du temps (Vitré, Fougères, La Guerche-de-Bretagne...). Il y a donc un lien fort, étroit entre les châtelains et les religieux, entre la noblesse et le clergé. On a longtemps dressé un portrait idyllique de ces relations, où l’installation d’un château aurait nécessité la présence de clercs, dévolus à la cura de la familia castrale. Mais de récentes relectures de sources permettent de nuancer ce point de vue.
On ne peut uniquement parler d’une association « du sabre et du goupillon ». Les exemples étudiés montrent, au contraire, une très forte diversité des situations. Si au XIIIe siècle, les fondations de collégiales castrales se déroulent dans un cadre apaisé, aux XIe-XIIe siècles, les tensions furent particulièrement fortes. La construction de châteaux, la réforme grégorienne et sa diffusion au sein de la noblesse, l’apparition de nouveaux ordres religieux engendrèrent des tensions dans un contexte de frémissements urbains. Les exemples vitréen et fougerais, les mieux documentés, illustrent les multiples conflits entre clergé et noblesse où interviennent la papauté, les grandes abbayes de l’Ouest, les évêques, les principaux princes régionaux, les seigneurs châtelains et les réseaux locaux.

Jean François Boyer : Canonicalis habitus in monachalem habitum et sanctae religionis vitam mutatur…
Bouleversements institutionnels à Saint-Martial de Limoges au printemps 848.
D’après les annales contemporaines, au printemps 848,  les desservants du tombeau de saint Martial, réputé premier évêque de Limoges, ont troqué leur état canonial pour celui de moine et les divers sanctuaires du site de Saint-Martial de Limoges furent intégrés dans un nouveau monastère. Ce bouleversement  se fit probablement sous l’impulsion du roi Charles le Chauve, alors en pleine lutte pour contrôler le regnum d’Aquitaine face à son neveu Pépin, fils du roi défunt Pépin I d’Aquitaine. Jusqu’à lors, et ce probablement depuis le VIe siècle, le culte organisé autour du sépulcre de Martial était assuré par des clercs dépendant du chapitre cathédral, ce qui peut expliquer la ferme opposition manifestée par l’évêque Stodilus. Quels furent alors les tenants et aboutissants de cette transformation ?  Comment s’est déroulé cet événement dont le récit un peu trop théâtral fait un siècle et demi plus tard par Adémar de Chabannes doit être considéré avec prudence ? Il est certain que le contexte politique et les enjeux de pouvoir ont joué un rôle essentiel dans cette mutation qui donna naissance à l’une des plus puissantes abbayes d’Aquitaine.

Negli ultimi decenni le ricerche sui canonici regolari hanno recuperato il terreno che in precedenza era stato perduto, storiograficamente parlando, a vantaggio dei monaci. È stato così ridato il giusto spessore a esperienze che ebbero sicuramente un gran peso nel movimento che portò alla riforma della Chiesa tra XI e XII secolo. Il robusto volume (1060 pagine) di Yannick Veyrenche, nato da una tesi di dottorato condotta sotto la guida di Nicole Bériou, prende in attento esame l'abbazia di Saint-Ruf, uno dei nuclei a partire dai quali tale riforma poté svilupparsi nella valle del Rodano e nella Francia meridionale. Il volume si compone di tre parti, disposte cronologicamente, e di un'appendice. Nella trattazione si tiene conto delle trasformazioni della canonica senza perdere di vista né la più generale evoluzione delle istituzioni ecclesiastiche, né le relazioni tra l'abbazia e la società della Francia meridionale (questo è peraltro uno degli intenti dell'autore, dichiarato fin dal titolo). La prima parte si occupa delle origini della comunità canonicale, che nacque nel 1039 nella chiesa di Saint-Ruf presso Avignone. Se ne esaminano l'ispirazione (mettendo in luce i fondamenti evangelici dello stile di vita che sarà poi chiamato "regola agostiniana") e l'organizzazione, rivolta prima di tutto a far sì che il clero si mettesse al servizio delle anime dei fedeli. I canonici regolari appaiono dunque come il risultato della volontà di riattualizzare l'esempio della Chiesa primitiva: una dinamica che nella storia si riproporrà poi più volte. In questa parte del lavoro si guarda anche alla capacità di Saint-Ruf di interagire con altri movimenti di riforma e di condizionarli. La seconda parte ha il suo fulcro nel trasferimento della canonica a Valence, avvenuta nel 1158 (e non nel 1058, com'è scritto erroneamente-due volte!-a p. 16 e a p. 33). La comunità canonicale si spostò dunque in una città posta ancora nella valle del Rodano, ma ben 120 km più a nord; ciò comportò anche un cambiamento di diocesi e di provincia ecclesiastica, cosa giudicata del tutto eccezionale (257). Il trasferimento viene spiegato da Veyrenche a partire dalle dinamiche che richiedevano di collocare il baricentro della canonica più a nord. Tali dinamiche potevano anche avere un contenuto politico: si menziona il ruolo dei conti di Barcellona (si tratti di aree nelle quali il re di Francia non imporrà il suo potere prima del Duecento). A partire dalla metà del XII secolo si ha anche un significativo aumento della documentazione disponibile, per cui in questo settore si dà ampio spazio pure alla storia dei priorati che dipendevano da Saint-Ruf e che SEHEPUNKTE-Rezension von: Chanoines réguliers et sociétés méri...