dimanche 5 janvier 2025
Ilaria Gaspari : « Le bonheur résulte d’un exercice de liberté »
dimanche 25 août 2024
« J’ai le vague à l’âme de l’été, la nostalgie de l’enfance où le temps du repos était long »
Paule Amblard arpente les rues désertées du Paris estival… et cette saison lui évoque l'insouciance de ses jeunes années, les déambulations des poètes, l'abandon au présent des spiritualités orientales.
À l’heure où j’écris, la ville dans laquelle j’habite est dépeuplée. À Paris, les rues sont en deuil avec leurs commerces fermés par les lourdes ferrailles des rideaux gris, les trottoirs sont désertés des humains, des poussettes, des chiens. Je pourrais me réjouir de ce calme retrouvé, où la cité semble reprendre souffle.
Débarrassée de son trop-plein d’habitants, elle apparaît nue dans la beauté de ses musées, de ses monuments, de ses immeubles de vieilles pierres, de ses éléments qui n’appartiennent qu’à elles : une entrée de métro signée Guimard, une fontaine Wallace avec ses cariatides, un bouquiniste le long de la Seine. La pierre reprend ses droits sur la foule qui s’est enfuie, elle redevient un objet de contemplation. Je pourrais me réjouir de ce spectacle qui brille pour une poignée d’égarés qui ne sont pas partis. Mais le temps radieux m’invite ailleurs.
Ce bonheur d’enfant
J’ai le vague à l’âme de l’été, la nostalgie de l’enfance où le temps du repos était long, heureux, loin de mon quotidien d’écolière. L’été avait le goût de pêche, l’odeur de fleur et de vent, la surprise de l’instant non prévu, le sourire des adultes détendus. C’était si simple, le temps d’enfance, à rêvasser, à bouger sans fatigue ou lassitude, à regarder l’infiniment petit dans une fourmi ou l’infiniment grand dans les constellations célestes.
À l’heure où je devrais travailler, j’aimerais voyager dans ce passé des étés de l’enfance, revoir mon grand-père dans le jardin confectionner pour ma sœur et moi des pagnes de Tahitiennes avec des fanes de carotte. J’aimerais revenir dans l’église où nous allions chaque dimanche célébrer la messe avec ma grand-mère, l’entendre chanter fort à me faire rougir d’être à ses côtés, mettre ma main dans la sienne à l’heure de communier, aller dans le cimetière sur la tombe familiale pour dire un bonjour hebdomadaire à ceux qui sont partis et nettoyer la pierre, l’orner de nouvelles fleurs et enfin revenir dans la maison, rejoindre mon grand-père qui ne croit pas mais respecte la ferveur de son épouse.
J’aimerais retrouver ce bonheur d’enfant fait de grandeurs et de manques, d’engouements et d’ennuis. Pourquoi à l’âge adulte est-ce devenu si complexe de vivre pleinement, sans crainte, en faisant confiance à notre destinée ? Il faudrait faire comme les bouddhistes, laisser passer les nuages des pensées, des obligations, des projections pour fixer sa conscience sur l’instant présent, qui laissera sa place à un autre instant.
Une question de conscience
Il faudrait être comme les poètes qui n’ont pas besoin de sortir de chez eux pour déambuler dans la nature et être en communion avec le monde : « J’irai dans les sentiers, / Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : / Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. / Je laisserai le vent baigner ma tête nue. / Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : / Mais l’amour infini me montera dans
l’âme », écrit Rimbaud dans son poème Sensation.
Il faudrait être comme les voyants, sentir le ravissement spirituel, quitter nos pesanteurs, se retourner et voir le ciel ouvert comme Jean à Patmos. Que l’on reste, que l’on parte, on voit bien que tout ceci est une question de conscience. Vacances ou non, il s’agit de trouver la bonne orientation, celle qui mène à l’Orient de nous-mêmes, vers la lumière qui est la nôtre.
Alors les nuages, les nostalgies seront laissées à ce qu’ils sont, des souvenirs. Si vous partez en vacances ou si vous ne partez pas, - puissiez-vous goûter les pêches et sentir l’odeur du vent. « Ici une buée, et là une buée / Et après la Clarté ! » (Emily Dickinson).
Paule Amblard
Historienne de l’art, spécialisée dans l’art du Moyen Âge et la symbolique chrétienne, elle est l’autrice de l’Apocalypse de saint Jean, illustrée par la tapisserie d’Angers (Diane de Selliers, 2010), des Enfants de Notre-Dame et de la Chambre de l’âme (Salvator, 2021 et 2023).
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mardi 13 août 2024
La présence attentive (1)
Alors qu’il arrivait en France pour être auprès de sa fille sur le point d’accoucher, il venait juste d’apprendre que son père, vivant à Québec, était mourant. Nous le joignons à ce moment-là. Nous lui proposons de remettre l’interview. Il refuse. « Même si j’ai un peu de tremblements dans la voix parce que je suis sous le choc de cette annonce, je vais faire l’entrevue avec vous maintenant avec plaisir. » Cette circonstance douloureuse qu’il surmonte résume la qualité de ce médecin québécois. La présence attentive, c’est du vécu en direct.
Qu’est-ce que le bonheur ?
Bien des philosophes se sont posé cette question. J’y réponds simplement : c’est d’arriver le plus possible à avoir toute son attention dans le moment présent. En voici un exemple. Je suis aujourd’hui dans une situation incroyable. Je suis à Toulouse avec ma fille qui doit donner naissance à son bébé et j’apprends que mon papa à Québec va mourir dans les prochaines heures. Où est le bonheur dans tout cela ? Il est dans la présence totale et absolue que je peux avoir avec ma fille et aussi avec son petit garçon qui a presque trois ans. J’ai passé un moment absolument magique avec ce petit bout de chou. J’étais dans un bien-être profond d’être en sa présence, de jouer avec lui à l’astronaute, parce que toute mon attention était avec lui. Ses parents lui avaient dit que j’avais un grand chagrin. Alors, ce bout de chou de deux ans et demi a pris mon visage dans ses mains et m’a dit : « Je te fais des caresses pour ton chagrin. » Ce sont des petits moments tout simples. On cherche le bonheur ailleurs, alors qu’il est disponible à chaque instant. Le bonheur pour moi est dans l’apaisement de paquets de peurs inutiles, pour être complètement ouvert, disponible à ce qu’offre la vie dans des moments aussi difficiles que celui que je traverse présentement. Cette présence apaise la peur. Mon petit-fils, qui s’appelle Jules, avait inventé une station spatiale. Nous étions tous les deux dans l’espace. J’étais dans un grand moment de bonheur parce que la peur que mon papa parte sans que j’aie pu le revoir, l’embrasser s’est apaisée. Ce n’est pas de la négation, c’est être réaliste. J’allais pouvoir partir, aller au Québec. Il ne sera peut-être plus là quand j’arriverai peu importe. J’aurai profité de chaque instant de bonheur. Je n’avais qu'a ouvrir ma conscience, ma présence pour pouvoir les accueillir. Être vivant dans l’instant présent.
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Serge Marquis (extrait du magazine Reflets - mars 2019)
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lundi 22 juillet 2024
Ne tirez pas sur le bonheur !
Aujourd’hui, nous parlons d’un sujet qui fait du bien : le bonheur. Allez, commençons par une petite revue de littérature.
Friedrich Nietzsche “Le bonheur ? Un but mesquin d’homme faible…”
Charles Baudelaire, dans une lettre adressée à un certain Jules Janin : “Vous êtes heureux. Je vous plains, Monsieur, d’être si facilement heureux. Faut-il qu’un homme soit tombé bas pour se croire heureux ! Je vous plains, et j’estime ma mauvaise humeur plus distinguée que votre béatitude.”
Gustave Flaubert : “Bonheur : as-tu réfléchi combien cet horrible mot a fait couler de larmes ? Sans ce mot-là, on dormirait plus tranquille et l’on vivrait à l’aise”.
Arthur Rimbaud : “Le bonheur est un désastre”.
Michel Houellebecq : “N’ayez pas peur du bonheur ; il n’existe pas”
Eh ben… Voilà de quoi donner raison à Aristote, quand il écrit : “Contrairement à tous les autres biens que l’on recherche en vue d’autre chose, le bonheur est recherché pour lui-même : il est le souverain bien. C’est sur la nature et la définition de ce en quoi il consiste qu’il n’y a pas accord.”
Effectivement, il n’y a pas d’accord sur la nature et la définition, ni sur l’importance et le rôle du bonheur… Mais il y a quand même, me semble-t-il, deux certitudes.
La première certitude, c’est qu’a priori, dans l’absolu, tout le monde préfère le bonheur au malheur ; du moins quand il s’agit de l’éprouver et non d’en causer. Chaque humain s’éveille le matin en souhaitant passer une journée plutôt heureuse, et non en espérant une journée de galères et d’adversités.
La seconde certitude, c’est que chacun sait que la vie est difficile, et que le malheur, les galères et les adversités s’y inviteront, quoi que nous fassions.
Et la conséquence de ces deux certitudes, c’est que le bonheur n’est pas une option mais une nécessité. Il n’est pas un petit plus, un petit luxe, il n’est pas un écran ou un refuge qui nous permettrait d’éviter le malheur, mais il est le carburant de la vie, la source d’énergie qui nous permet de traverser les épreuves. Il n’est pas une naïveté mais une lucidité.
Si, comme le pense Jules Renard, « le bonheur c’est du malheur qui se repose », alors le bonheur c’est ce qui nous permet de mieux affronter les périodes de retour du malheur.
Quand on sait que le bonheur existe, quand on l’a déjà vécu, alors la traversée du malheur sera un peu moins hasardeuse et périlleuse, un peu moins désespérante. Et sera peut-être même féconde.
C’était en tout cas la conviction de Nietzsche : « Quiconque confie au papier ce dont il souffre devient un auteur mélancolique ; mais il devient un auteur sérieux lorsqu’il nous dit ce dont il a souffert, et pourquoi il se trouve à présent dans la joie. »
Ce n’est pas le malheur qui nous rend créatifs et lucides, c’est la traversée du malheur suivie par le retour du bonheur.
Voilà pourquoi la quête du bonheur est une affaire sérieuse : une affaire qui nous permet d’affronter l’adversité et d’en tirer, éventuellement, quelques enseignements…
Christophe André
Illustration : un kangourou au comble du bonheur (par Anu Garg).
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vendredi 8 mars 2024
Relation du cœur
« Après 22 ans passés dans les bidonvilles du Caire où la joie de vivre court de cabane en cabane, je rentre en France.
Et là, choc terrible : la morosité court de demeure en demeure, on ne se regarde pas, on ne se parle pas, on ne se connaît pas.
Pendant ce temps, la joie chante là où l’on vit sans eau, sans électricité, sans loisirs, mais dans la fraternité quotidienne.
Bonheur, où loges tu ?
Dans l’abondance des biens ou dans la relation du cœur à cœur ? »
Sœur Emmanuelle
Ode à la Fraternité
Au Coeur du Cœur 💗
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mercredi 6 mars 2024
Acceptation du monde
Dans un monde où la quête du bonheur peut devenir une injonction, le philosophe Alexandre Jollien nous offre une perspective rafraîchissante, privilégiant la joie et l’acceptation du monde tel qu’il est. À travers son expérience personnelle et sa réflexion spirituelle, il nous guide vers une compréhension plus profonde de l’harmonie intérieure.
L’Éventail – Comment définiriez-vous le bonheur ?
Alexandre Jollien – Je me méfie un peu de la notion du bonheur qui, aujourd’hui, tend à devenir une injonction qui jette pas mal de monde sur le bas-côté et qui culpabilise ceux qui n’y arrivent pas. Je préfère parler de joie, d’adhésion au monde. Tordons le cou aux préjugés qui associent le bonheur à la possession. Il s’agit d’un état, d’une activité de l’âme et du cœur, une sorte de béatitude intérieure qui, très humblement, s’incarne dans un mode de vie. Le grand défi, c’est rejoindre, comme diraient les bouddhistes, la nature de Bouddha. Au fond, il n’y a rien à ajouter en soi. Nous sommes déjà équipés de tout ce qu’il faut pour être heureux. En un mot, se libérer et laisser circuler la vie.
– Vous parlez souvent de la spiritualité comme d’un chemin vers le bonheur. Pouvez-vous expliquer en quoi la spiritualité influence votre perception du bonheur ?
– Le bonheur est avant tout un exercice, une activité de l’être. Rien ne le contrarie plus que l’immobilité, le statique. Comme la vie, il est mouvant, il évolue. À chaque étape, nous sommes appelés à pratiquer les exercices spirituels. Les philosophes antiques se percevaient comme des “progressants”. Chaque jour, ils devaient déraciner de leur âme tout ce qui appesantit, plombe, afin d’évoluer vers une vie vertueuse. À chaque instant, comme dit le zen, nous mourons et nous renaissons. L’important est de composer avec les forces du jour, ne plus être ligoté à des objectifs et s’ouvrir à une vie sans pourquoi. Si nous limitons le bonheur à un état précis et matériel, nul doute que nous allons passer à côté de l’essentiel.
– Quelles pratiques quotidiennes recommanderiez-vous pour cultiver le bonheur et la pleine conscience dans nos vies trépidantes ?
– Dans ma petite pharmacopée personnelle, j’ai quelques ingrédients, quelques potions aptes à me mettre en joie. D’abord, le matin, avec Nietzsche. Dans Humain, trop humain, le philosophe nous conseille de nous lever en ayant à l’esprit et dans le cœur le désir de faire plaisir à quelqu’un ce jour-là. Geste éminemment concret qui nous arrache au narcissisme pour nous inciter à nous donner aux autres, au monde. La pratique du zen et la méditation ne sont pas des baguettes magiques qui nous changeraient illico, mais plutôt un art qui nous invite à descendre au fond du fond, comme dirait maître Eckhart, pour trouver une joie qui nous précède. Ce déménagement intérieur permet de regarder, sans les juger, les émotions, les passions qui nous traversent. Fabuleux outil ! Un ingrédient majeur, c’est aussi le lien à l’autre. Un lien désintéressé, gratuit, donné. En allant au lit, j’ai souvent en tête les mots de Sénèque qui proposait que l’on se demande, à cette occasion, quels progrès nous avons accomplis dans la journée. Très concrètement, dans une société au rythme trépidant, on peut aussi, à tout moment, faire des retraites intérieures. Apprenons à ralentir : à une caisse de supermarché, en attendant le train… Retourner au fond du fond, où nous avons, comme dit Jacques Castermane, infiniment le temps. Voir qu’il y a un immense gouffre entre ce après quoi nous courons et ce que nous désirons réellement. Au fond, l’art de la joie et du bonheur est infiniment plus concret que nous ne le croyons, et les philosophes l’ont bien perçu quand ils nous invitent à adopter un art de vivre, à pratiquer.
– Si vous aviez un message à partager avec ceux qui cherchent le bonheur mais qui se sentent perdus ou découragés, quel serait-il ?
– Lorsque je suis dans la panade, lorsque le désespoir me guette, je me dis souvent qu’il s’agit de mettre la main à la pâte, car rien ne plombe plus que l’immobilisme, la résignation, le fatalisme. Au fond, j’essaie toujours d’inscrire ma vie dans une dynamique et de m’interroger. Quel progrès puis-je accomplir aujourd’hui ? Jusqu’à la fin de la vie, même un mourant peut progresser. Il ne faut jamais, non plus, hésiter à demander de l’aide. De même que dans l’aviation il y a des protocoles en cas de pépins, je me suis aussi fait un protocole en cas de crash existentiel. Quel acte poserais-je si j’en venais à envisager le pire ? À qui téléphonerais-je ? L’important, c’est de viser la grande santé. Nietzsche, dans Le Gai Savoir, nous invite à bien faire la différence entre la bonne santé – être sans handicap, sans maladie, sans traumatisme – et la grande santé qui consiste à intégrer, à faire feu de tout bois, à composer avec tout ce qui nous constitue. Ça m’a changé la vie. Avant, je voulais guérir, liquider tout ce qui n’allait pas bien me lançant ainsi dans de vains combats. Aujourd’hui, plus humblement, j’essaie de trouver la joie au cœur du chaos. C’est d’ailleurs ce qu’écrit Nietzsche dans la préface du Zarathoustra : “Il faut encore porter du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse”.
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vendredi 27 octobre 2023
Ne vous dispersez pas
Le monde moderne a perdu de vue le chemin vers le bonheur véritable. Le modèle de vie qui nous est proposé conduit de nombreuses personnes vers la déprime, le stress, l’angoisse, l’ennui... Beaucoup se tournent maintenant vers le développement personnel ou les chemins spirituels car ils ne trouvent pas satisfaction dans le mode de vie occidental. Avez-vous déjà entendu dans le monde occidental que le bonheur est inhérent à la nature même de l’être, qu’il se trouve en nous-mêmes et qu’on y parvient par un cheminement intérieur? Non, le monde occidental nous fait croire que nous serons heureux si nous disposons d argent, de luxe, de notoriété, de pouvoir, de relations sexuelles, etc.
Ainsi, il nous faut naviguer habilement dans ce monde moderne. Ne le voyez pas pour autant comme un monde « mauvais » ou habité par « le mal ». Voyez-le plutôt comme un monde infantile, immature. Quand on sent du plaisir, on est heureux sur le coup, c’est vrai. De façon simpliste, le monde occidental est donc organisé pour maximiser le plaisir. Mais en restant à ce niveau-là, on passe nos vies à courir après des plaisirs passagers, en étant malheureux lorsqu’on subit les désagréments qui alternent avec ces plaisirs passagers. Vient un moment où notre être ne veut plus vivre de cette façon parce qu’il pressent qu’un autre bonheur est possible.
Ne vous dispersez pas dans le monde moderne qui fonctionne de façon immature. Inutile de vous retirer pour autant d'un monde que vous regarderiez avec condescendance. Il suffit simplement de vivre avec vigilance, en étant parfois inséré dans le monde, mais sans y être submergé. Soyez donc vigilants sur vos relations, vos activités, votre travail, vos loisirs, vos vacances… Essayez toujours de vous rappeler que vous voulez cheminer vers le bonheur véritable, et que les différentes influences autour de vous joueront plus ou moins positivement sur votre cheminement.
Carl de Miranda (100 conseils spirituels pour être heureux)
mercredi 25 octobre 2023
Cherchez à mieux vous connaître
Le chemin vers le bonheur véritable est un chemin vers notre propre profondeur. Il n’est pas possible d’y parvenir en faisant abstraction de ce qu’il y a en nous. Cheminer vers la profondeur, c’est plonger de plus en plus profondément et traverser toutes les couches qui se superposent en nous, jusqu'à parvenir tout au fond de notre être. Les pensées, les émotions, les désirs, les sensations. internes, les structures inconscientes qui nous conditionnent... Peu à peu, il nous faut mieux comprendre qui nous sommes, comment nous fonctionnons.
Avec enthousiasme et innocence, ce travail de découverte de soi peut avancer rapidement. Voici deux exemples soulignant la nécessité de la connaissance de soi.
• Certains sont en quête de transcendance, ils sont motivés par le but spirituel ultime, le bonheur parfait, et pensent pouvoir passer directement de là où ils sont aujourd’hui à ce but ultime. Il est vrai que le bonheur parfait nous attend en nous-mêmes, déjà maintenant. Certains peuvent d’ailleurs avoir, à travers une expérience spirituelle, un aperçu temporaire du fond heureux de l'être ; pour autant, un état intérieur heureux, stable et résistant dans le temps nécessite que les différents aspects de notre vie intérieure soient connus et harmonisés, au moins dans une certaine mesure. Sinon, le flux de la vie aura vite fait de nous replonger dans ses hauts et ses bas.
• Certains se sentent particulièrement portés vers les autres, et pensent que c’est uniquement en rendant les autres heureux que l’on peut être heureux, et que la connaissance de soi est secondaire, facultative. Il est vrai que servir les autres, les rendre heureux, est en soi une pratique spirituelle très puissante, contribuant aussi à notre bonheur. Or, le service des autres devient d’autant plus puissant lorsqu’il s’accompagne d’un travail parallèle de connaissance de soi, car on est alors mieux à même de servir les autres selon leurs besoins, et non selon nos projections. En cherchant à mieux nous connaître, nous évitons aussi que le service des autres ne devienne une fuite de soi-même, qui tôt ou tard nous posera problème.
"Connais-toi toi-même." Socrate
dimanche 3 septembre 2023
Colette et l'impermanence heureuse
un interview sur "L'impermanence heureuse" où il est question de Prajnanpad, d'Alzheimer et de Théâtre.
mardi 29 août 2023
Chemin vers la bonne humeur
Faites ce que vous sentez, dit Swamiji. Prendre le temps de sentir ce que l'on sent et regarder ce ressenti avec bienveillance, quel qu'il soit, est le début de la sagesse.
Swamiji parle beaucoup de joie : "Toute action qui ne procure pas de joie ou un sentiment de bien-être est dangereuse." Si on devait appliquer ce critère avec rigueur, on ne ferait pas grand-chose de ses journées, ici en Occident. Et pourtant, si je dois faire quelque chose, pourquoi le ferais-je sans plaisir ? Oui, pourquoi? Si je n'arrive pas à tenir la joie dans ma main, je dois au moins aller vers la bonne humeur.
Pour aller vers la bonne humeur, il est indispensable de chasser sans pitié la moindre contrariété. La contrariété appelle le sentiment de séparation. Je refuse ce qui arrive, je m'en sépare et je me sépare du courant de la vie. Qu'est-ce que je vais gagner ? Un état de Robinson sur une ile déserte, un état de confusion qui me fait croire que moins je vois ce qui se passe plus je m'en protège. C'est juste l'inverse qui est vrai. Si je vois clairement, je peux faire un tri dans ce qui arrive, garder ce qui me plaît et me nourrir et jeter le reste.
Chaque matin, la priorité consiste à retrouver sa bonne humeur si on l'a perdue, à la renforcer si elle se montre capricieuse ou hésitante. Ce faisant, on est obligé de se poser des questions, on est obligé de voir et d'accepter un peu plus les choses comme elles sont, ce qui permet d'entrouvrir la porte au bonheur, et à la joie qui l'accompagne.
Extrait de "L'impermanence heureuse" de Colette Roumanoff - comment j'ai transformé ma vie avec la philosophie de Prajnanpad.
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vendredi 30 juin 2023
Vision illusoire...
Vous devez abandonner votre conception du bonheur. C'est votre propre conception du bonheur qui vous bloque et vous fait souffrir. Votre plus grande difficulté est d'avoir des images du bonheur, avec les peurs qui sont là, et la nécessité de maintenir les deux, car c'est la nécessité de maintenir votre monde.
Même la guidance : vous vous imaginez que la guidance vous amène vers vos images du bonheur. Mais ce n'est pas le cas. Il n'y a pas de bonheur "là-bas", il n'y a que misère. Vos espoirs pour un futur meilleur, vos images du bonheur, c'est la misère à venir.
~ Sriman Narayana
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mercredi 21 juin 2023
Inspirations
dimanche 7 mai 2023
Le goût du bonheur
Comment cultiver le goût bonheur par Marie-Christine Barrault :
Ne pas dépendre des événements
Comme disait Marie Curie, que j’ai eu la chance d’incarner au cinéma, il ne faut pas dépendre des événements. Le bonheur est comme un château intérieur que rien ni personne ne peut détruire. Mais ce château, il faut le défendre des attaques ennemies, c’est-à-dire des épreuves, petites ou grandes, qui adviennent inévitablement. Comment ? En veillant sur lui, constamment, chaque jour, grâce à un travail intérieur. On ne peut pas être heureux en se laissant vivre.
Être dans la gratitude
Au lever, je souris à moi-même, je me demande quelles merveilles vont m’être offertes et je dis « oui », je me lance dans la vie. Je me regarde ensuite dans la glace et je me dis : « Ne t’énerve pas. Dans 10 ans, si tu es toujours là, tu regretteras ton visage d’aujourd’hui, alors profite ! » La vieillesse n’est pas un cauchemar, elle n’est qu’une étape sur le chemin de notre existence. Je la respecte infiniment. Le soir, je revois chaque détail de la journée et je m’en réjouis. La gratitude cultive et nourrit mon bonheur, elle le rend tangible, malgré mes douleurs et mes peines.
« Je souffre donc je suis »
Quand j’ouvre l’œil le matin, je suis très optimiste, mais quand je mets le pied par terre, c’est douloureux (rires). J’ai 79 ans tout de même, alors, oui, je dois accepter que mon corps me fasse défaut. Mais je souffre donc je suis ! Mes douleurs me rappellent que je suis toujours vivante. On peut construire quelque chose sur la douleur à condition de ne pas la refuser, mais de l’accompagner.
Être là, présent au présent
À l’âge que j’ai maintenant, je pense que la réponse à tout ce qui peut arriver dans une vie, c’est : être là. C’est une façon de vivre qui aide à transcender toutes les questions de l’existence. Tous les drames aussi. Je l’ai compris au moment de la mort de Vadim. Plutôt que de faire à tout prix, il s’agit d’être. Ma vision de l’interprétation tient donc en ces deux mots : être là. Dans la vie comme sur scène.
source : La Vie
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vendredi 7 avril 2023
Des milliards de mondes
Je me souviens d’un après-midi où j’étais assis sur les marches de notre monastère au Népal. Les orages de la mousson avaient transformé la cour en une étendue d’eau boueuse, et nous avions tracé un chemin de briques pour servir de marchepieds. Une de mes amies s’est approchée du bord de l’eau, a observé la scène d’un air dégoûté et s’est plainte de chaque brique en traversant. Quand elle est arrivée à moi, elle a roulé des yeux et a dit : « Beurk ! Et si j’étais tombée dans cette boue dégoûtante ? Tout est si sale dans ce pays ! » Comme je la connaissais bien, j’ai prudemment hoché la tête, espérant lui apporter un peu de réconfort par ma sympathie silencieuse.
Quelques minutes plus tard, Raphaëlle, une autre amie « Hup, hup, hup ! » chantait-elle en sautillant, atteignant la terre ferme avec le cri « Quel plaisir ! ». Les yeux pétillants de joie, elle ajouta : « Ce qui est génial avec la mousson, c’est qu’il n’y a pas de poussière » Deux personnes, deux façons de voir les choses ; six milliards d’êtres humains, six milliards de mondes.
Un jour, lors d’une réunion publique, un jeune homme s’est levé pour me poser la question : « Pouvez-vous me donner une seule raison de continuer à vivre ? » Avoir perdu toute raison de vivre, c’est ouvrir un abîme de souffrance. Le bonheur est avant tout un amour de la vie. Aussi influentes que puissent être les conditions extérieures, la souffrance, comme le bienêtre, est essentiellement un état intérieur. Comprendre cela est la condition préalable essentielle à une vie digne d’être vécue. Quelles sont les conditions mentales qui sapent notre joie de vivre, et celles qui la nourrissent ? Changer notre façon de voir le monde n’implique pas un optimisme naïf ou une euphorie artificielle destinée à contrebalancer l’adversité. Tant que nous serons esclaves de l’insatisfaction et de la frustration qui naissent de la confusion qui régit notre esprit, il sera tout aussi vain de nous répéter sans cesse « Je suis heureux ! » que de repeindre un mur en ruine.
La recherche du bonheur ne consiste pas à regarder la vie à travers des lunettes roses ou à s’aveugler sur la douleur et les imperfections du monde. Le bonheur n’est pas non plus un état d’exaltation à perpétuer à tout prix ; il s’agit de se purger des toxines mentales telles que la haine et l’obsession qui empoisonnent littéralement l’esprit. Il s’agit aussi d’apprendre à relativiser les choses et à réduire l’écart entre les apparences et la réalité. Pour cela, nous devons acquérir une meilleure connaissance du fonctionnement de l’esprit et une vision plus juste de la nature des choses, car dans son sens le plus profond, la souffrance est intimement liée à une mauvaise appréhension de la nature de la réalité.
Matthieu Ricard
source : Sagesses bouddhistes
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mercredi 1 mars 2023
Aveuglement
" Cette civilisation moderne a conduit l'humanité à deux guerres mondiales, mais la leçon n'a servi à aucun politicien. La politique ne se préoccupe que des apparences et ne tient aucun compte des réalités profondes. Seule la conscience de leur nature spirituelle commune peut unir les hommes. Le sens de leur individualisme les condamne à l'égoïsme et aux conflits. C'est dans la vision même de l'homme et du sens de sa vie que se trouve la racine de tous les « problèmes ». Tant que l'aveuglement et l'ignorance prévaudront, tout problème résolu fera immédiatement place à un autre, dans un déséquilibre permanent. L'intérêt pour la politique tient aujourd'hui la place que tenait autrefois l'intérêt pour la religion. Moins les gens ont l' intention de se diriger et de se réformer eux-mêmes, plus ils se préoccupent de la façon dont il faudrait diriger ou réformer la société. En fait, les « problèmes » politiques, économiques et sociaux ne sont qu'une façade qui masque le véritable problème, lequel est spirituel et psychologique. Aucune mesure ne sauvera la situation, qui ne tiendra pas compte de la réalité spirituelle, de la vraie nature de l'Homme. Pour le moment, l'humanité tourne le dos à cette vérité fondamentale. L'existence devient sans cesse plus complexe à tous égards et interdit de plus en plus aux hommes et aux femmes toute velléité de vie intérieure. Le véritable bonheur ne peut se trouver que dans la « réalisation » ou la prise de conscience de la Nature profonde, du Soi, mais jeunes et vieux cherchent désespérément des plaisirs et des satisfactions qui ne peuvent pas durer. C'est, par excellence, le fruit de ce que tous les enseignements initiatiques ont appelé l'aveuglement et l' ignorance.
Arnaud Desjardins , Monde moderne et Sagesse ancienne ( 1973 )
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samedi 25 février 2023
Réaliser une tâche, pour le seul bonheur de « faire »
Dans une journée, tu « fais » beaucoup : tu marches, tu travailles, tu cuisines, tu manges, tu nettoies, tu ranges… mais tu n’y prends aucun plaisir parce que tu es obsédé(e) par le seul but de ton action : finir le plus vite possible et du mieux possible, pour enchaîner avec les autres tâches qui t’attendent – et auxquelles tu penses déjà.
Cette fois, tu vas procéder différemment. Choisis une tâche : finir la vaisselle, répondre aux mails, cuire une omelette, tailler ton rosier… Tu vas la réaliser pour le seul bonheur de « faire » et donc entrer pleinement dans cette expérience. La clé consiste à ne pas t’aliéner dans ta tâche (en maugréant, en t’énervant, en minutant le temps qu’elle te prend) mais à l’accompagner. Imprègne-toi d’elle, désencombre ton esprit et laisse-là te guider. Elle va devenir pour toi le lieu où tu peux souffler à nouveau, te sentir mieux puis, progressivement, de plus en plus vivant. Tu ne réussiras pas forcément la première fois, mais ose une deuxième, une troisième fois. La vaisselle sera pour toi le lieu d’une expérience de très haute spiritualité, comme l’avait été l’omelette pour Laurent de la Résurrection.
Fabrice Midal - Les 5 portes
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jeudi 13 octobre 2022
Sur le bonheur...
Le livre prétexte à cette (rare) rencontre publique s'intitule "la réalité est un concept à géométrie variable". Je ne sais pas si le sujet est "le bonheur" ... Ou alors avec un point d'interrogation. Voici ce qui en est dit dans le livre en question :
"Il osait le ressentir mais osait à peine le dire. Il était heureux, d’un sentiment violent. Violent par son évidence comme quand une pluie nettoie tout un paysage ou qu’un soleil de printemps fige une prairie dans sa gloire matinale...
Toujours heureux ? En vérité il n’y avait pas de toujours.
Juste le changement et derrière le changement, le pressentiment de plus en plus insistant de ce qui n’y participe pas. L’idée même de se présenter comme ayant atteint quoi que ce soit lui paraissait ridicule et malhonnête. Illusoire, à vrai dire.
Et, tout de même, Il était heureux. Contre toute attente raisonnable. Toutes prévisions déjouées, toutes statistiques défaites, toute pseudo-rationalité à jamais bafouée.
Il était heureux et il n’y était pour rien, ou pour pas grand-chose.
.....
Le bonheur ? Oui et non. Plutôt non, en vérité. Le bonheur, d’abord, il n’y croyait pas.
Il n’adhérait pas à cette fable pour la simple raison qu’il était dans l’incapacité de percevoir une autre réalité que celle de la non-permanence.
Alors le bonheur ... À d’autres !
Et puis, surtout, il ne se sentait pas sur une terre ferme. En lui-même il s’éprouvait ferme, bien planté, solide, oui.
Mais de sol ferme, il n’y en avait pas, oh que non.
Il se vivait tel ce personnage de l’histoire zen qui, tombé de la falaise, s’est rattrapé à une branche qu’il sent craquer sous son poids tandis que de son autre main il cueille des fraises sauvages poussées dans le creux de la roche et s’émerveille de leur goût.
Il était au courant.
Tout ne tenait qu’à un fil.
...
Chaque instant était un miracle, chaque respiration un don inouï, chaque petit plaisir une bénédiction.
Rien n’était dû, jamais.
Tout était accordé par une sidérante grâce.
Il était heureux et il n’en revenait pas. Il n’avait aucune intention d’en revenir.
------- Gilles Farcet
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dimanche 31 juillet 2022
Acceptation et bienveillance
Le but de l’acceptation n’est pas de se sentir mieux, mais bien de s’ouvrir à la vitalité du moment, et d’agir de façon plus efficace dans les directions qui comptent pour vous. Autrement dit, le but de la bienveillance est de ressentir pleinement tous les sentiments qui se présentent, même (ou tout particulièrement) les mauvais, et ce afin de pouvoir vivre plus intensément. Ainsi, au lieu de chercher à se sentir mieux, on cherchera dorénavant à mieux se sentir. Pour reprendre l’image du piège à doigts chinois, il s’agit de pousser doucement les doigts vers l’intérieur pour gagner de l’espace plutôt que de se débattre en vain pour s’opposer à son expérience. Acceptation et bienveillance signifient « se laisser la place de respirer ».
En adoptant cette position, vous pouvez ouvrir les volets et les fenêtres de votre maison et laisser la vie s’y engouffrer : vous laissez alors entrer l’air frais et la lumière dans ce qui était jusqu’ici fermé et obscur. Il s’agit de traverser les marécages de votre histoire personnelle si ceux-ci se trouvent dans la direction où vous souhaitez aller. Être dans l’acceptation et la bienveillance signifie comprendre que vous êtes le ciel, pas les nuages ; l’océan, pas les vagues. Cela veut dire que vous êtes assez grand pour contenir toutes vos expériences, tout comme le ciel peut contenir tous les nuages et l’océan toutes les vagues. Cette succession de métaphores n’a pas pour but de vous transformer en un instant, mais seulement de vous donner une idée de l’objectif de cet ouvrage. Si vous vous rendez compte que votre mental leur est favorable, ou au contraire qu’il résiste, contentez-vous de le remercier pour cette pensée. Il est le bienvenu dans notre voyage, mais l’acceptation et la bienveillance sont des états que le mental ne peut pas atteindre. Par bonheur, vous êtes bien davantage qu’un catalogue de relations et de symboles. Même si votre mental ne peut apprendre le lâcher-prise, vous le pouvez.
Penser moins pour être heureux, Steven C. Hayes, Spencer Smith, éd. Eyrolles
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samedi 16 juillet 2022
Précieuse vie
" Attendre sans cesse un événement futur, un projet, une rencontre, un dîner, un amour, des vacances, du temps libre, la retraite ...
jeudi 19 mai 2022
Consolation et bonheur
Anne-Dauphine Julliand : « Pleurer devant les autres, c’est déjà un appel à la consolation »
On ne console l’autre que dans la relation que l’on tisse avec lui et dans l’amour qu’on a pour lui. La consolation, c’est un cœur à cœur.
Comment vaincre sa douleur ?On ne la vainc pas. Si on se dit qu’on livre une bataille et qu’on va la gagner, on a perdu. Ce n’est pas de cette nature-là. Le plus beau combat, c’est d’arriver à accepter qu’elle fasse partie de notre vie, de pouvoir lui dire : « Ok, d’accord, tu as ta place ». Au début, on est submergé et elle va occuper tous les aspects de notre vie. Petit à petit, elle ne fait juste que partie de notre vie et elle n’interdit pas tout le reste, même si elle le complique, parfois. On peut aussi se dire : « Cette peine fait partie de ce que je suis, mais elle ne me définit pas. Il y a tout ce que j’aime, tout ce qui me constitue qui perdure malgré tout ». Au début, on est plongé dans le brouillard. Puis on peut l’écarter un peu pour découvrir qu’il y a encore des zones claires, de belles choses qui subsistent dans la vie.
Je crois que cela demande beaucoup de douceur avec soi-même. Parfois, la seule chose à faire quand on a mal, c’est pleurer et prendre le temps d’accueillir cette peine et de la vivre pleinement. Là ou l’on pourrait avoir tendance à se dire qu’il faut se ressaisir, je pense au contraire qu’il faut être d’une infinie douceur avec soi-même. On nous invite tellement à nous ressaisir ! Je reste convaincue que la seule façon d’arriver à vivre pleinement la joie, c’est d’avoir vécu auparavant pleinement sa peine, de s’être presque vidé le cœur et les yeux de cette douleur de l’instant, comme font les enfants qui pleurent profondément le temps que dure la peine et qui après recommencent à jouer.