vendredi 3 janvier 2025
Nos 3 liens
samedi 21 décembre 2024
Etre dans le bain
exercice de style: drôle, comique, satirique, ironique, sarcastique, léger.
La Non-Dualité : Parce qu’On Est Tous Dans le Même Bain
Alors, la non-dualité, c’est quoi ? C’est un peu comme si l’univers te disait : « Surprise, mon pote ! Tout ce que tu pensais séparé, c’est en fait une seule et même chose. » Toi, moi, la chaise, le chat, le wifi qui lag – tout ça, c’est qu’un gros mélange. Pas de frontières, pas de limites, juste une immense soupe cosmique où tout flotte ensemble. Appétissant, non ?
En Inde, ils appellent ça Brahman. Le concept, c’est que tout est une grande conscience universelle. Mais toi, tu crois que t’es spécial avec ton petit « moi » bien distinct. Eh bien non ! Tout ça, c’est un effet spécial de māyā, une sorte de Netflix spirituel où tu regardes un film tellement immersif que t’oublies que c’est pas la vraie vie.
Les bouddhistes, eux, disent que tout est vide. Non, pas vide comme ton frigo à la fin du mois, mais vide d’existence propre. En gros, rien n’a de substance toute seule, tout est interconnecté. C’est un peu comme quand tu fais tomber ton téléphone : ce n’est pas juste la gravité, c’est une conspiration universelle pour te rappeler d’acheter une coque.
Et Plotin, le philosophe néoplatonicien, te dira que tout vient de l’Un. Pas « un » genre « toi tout seul », hein. « Un » genre le Grand Tout. Tu vois une forêt ? Eh bien, c’est pas une forêt, c’est un arbre multiplié à l’infini par un logiciel divin. Magique, non ?
Le truc avec la non-dualité, c’est qu’elle te met face à une vérité simple mais difficile à avaler : la séparation, c’est dans ta tête. Pas de « moi contre le monde », parce que t’es le monde. Et le monde, c’est toi. Alors la prochaine fois que tu râles contre la météo, rappelle-toi que techniquement, t’es aussi les nuages. Voilà, ça calme, hein ?
Bref, la non-dualité, c’est pas juste un délire de yogis perchés ou de philosophes en sandales. C’est une invitation à arrêter de te prendre trop au sérieux. T’es une vague dans l’océan, mon ami. Alors, surf ou plonge, mais surtout, profite du bain.
Pierre Vaillancourt
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lundi 24 juin 2024
Du roseau pensant au réseau conscient
L’homme n’est pas un « roseau pensant » comme le dit Pascal, mais plutôt un « réseau pensant », ou plus exactement un réseau de consciences plus profond que les réseaux d’affects et de concepts qui s’agitent plus qu’ils n’agissent à la surface de la planète.
Sortir de l’agitation, apaiser nos pensées, découvrir le « sigélium » (de sigè - silence) qui relie silencieusement les consciences profondes des êtres humains sur tous les continents, est-ce une issue au chaos que nous vivons ou subissons ?
Un ami me disait il y a quelques jours : « Ce n’est pas en restant assis sur un coussin qu’on sauve le monde. Vous devriez avoir honte de rester ainsi, silencieux, immobile, pendant que des hommes, des femmes, des enfants sont « rayés de la carte »… »
Je réponds : « Et vous, que faites-vous ? Assis devant votre TV, ordinateur ou smartphone, en train de regarder des images plus ou moins fabriquées, à vous exciter, vous lamenter, vous mettre en colère ou vous culpabiliser… » Est-ce que cela change quelque chose ?
Si vous ne pouvez rien faire concrètement pour changer les évènements et le cours de l’histoire, vous pouvez encore vous changer vous-même, et puisque vous faites partie, intriquée, interdépendante de cette histoire, vous pouvez ainsi très concrètement modifier son cours, sans rajouter de la violence à la violence, de la souffrance à la souffrance, de la culpabilité ou de la condamnation, à l’horreur…
Être assis sur notre coussin, tourné vers l’intérieur et la profondeur silencieuse et bienheureuse de notre être, c’est être tourné vers la profondeur silencieuse et bienheureuse de tous les êtres, c’est communiquer et agir de façon sans doute plus subtile mais tout aussi réelle.
Nos corps séparés ne sont pas seulement matières, mais aussi énergies et ils influent les uns sur les autres. Ces corps-énergies sont aussi des corps « informés » par une information commune à tous les corps. Cette information est manifestation d’une conscience intelligente, insaisissable, infinie et cette conscience est reliée à une source silencieuse, origine de tout ce qui vit, désire, pense, aime et respire…
Dans ces instants d’assise profonde, c’est à partir de la Source silencieuse, de ce fond et de ce don abyssal que nous agissons, nous nous approchons de l’acte pur qui fait être tout ce qui est.
Notre action n’est vraiment efficace que par participation à cet acte pur…
L’amour n’est pas un vain mot, mais une force subatomique, dont les informations structurantes défient toutes énergies et particules destructrices.
Faut-il parler de néguentropie ? Si on veut éviter tout ce jargon pseudo-scientifique, il suffit de rappeler que l’être humain est un réseau conscient, il est traversé de mille et une informations. Si ce réseau, si cette conscience « a un cœur » et que ce cœur est apaisé, il prendra les bonnes décisions, il agira… comme la brise, comme un « trou blanc » où se résorbent les tempêtes…
Jean-Yves Leloup, juin 2024
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lundi 6 mai 2024
La séparation avec soi
Le lien à soi est aussi en souffrance, et il est, lui aussi, à restaurer. Il s’agit de la relation que Ion a avec son propre cœur, un cœur entendu au-delà même de la capacité à ressentir ou éprouver quelque chose, comme un organe spirituel qui nous relie à l’infini, à l’infiniment plus grand que soi, à ce qui est au-delà de l’espace et du temps, à l’origine de toutes choses. Mais, là encore, quelle éducation à trouver son cœur recevons-nous ? Qui nous apprend à vivre selon ce qui jaillit de ce cœur ? Quel exercice spirituel pratiqué au quotidien peut libérer dans notre existence tout entière sa source de vie, d’amour et de puissance ? Car le cœur n’est pas seulement un organe physique, sensible. Il nous relie à une profondeur à côté de laquelle la profondeur de l’univers lui-même n’est qu’une surface. Et du côté de cette profondeur, de cette origine, il y a une fontaine de miséricorde, issue d’une source mystérieuse d’où surgissent l’univers et son harmonie... Mais laquelle de nos méditations nous apprend à creuser assez profond pour libérer son jaillissement ?
Nous vivons des existences qui, hélas, sont rarement alignées entre ce plus profond intérieur et l’extérieur, où l’eau fondamentale ne s’écoule pas de nos cœurs à nos pensées jusqu’à nos actes, nos engagements, si sincères soient-ils. Nous ressentons dès lors comme une souffrance, entre ce que nous sommes et ce que nous faisons, et nous remplissons ce vide avec des consommations extérieures. Nous souffrons aussi d’une société qui ne nous donne pas l’occasion, dans notre travail, de chercher puis de libérer et d’engager la ressource de ce moi si profond, mais qui nous conditionne et nous condamne à ne vivre qu’en surface de nous-mêmes. Ainsi, nous restons si faibles, si fragiles, que nous devenons une proie toujours plus facile pour toutes les dominations, exploitations, aliénations, illusions qui prolifèrent dans le monde d’aujourd’hui.
Pour résister à cela, pour être plus forts que ce qui nous me, nos grands liens sont des canaux. Ils nous relient à des énergies sans lesquelles nous serons, hélas !, toujours plus impuissants et deviendrons plus encore des proies pour les prédateurs de toutes les dominations, de toutes les aliénations, à commencer par les aliénations consuméristes, mais aussi les aliénations politiques. L’enjeu du spirituel, c’est-à-dire l’enjeu de la puissance des liens, est inséparablement un enjeu politique. Voilà pourquoi il est urgent et nécessaire, me semble-t-il, que nous réfléchissions ensemble, que nous méditions ensemble, à partir de la ressource la plus intérieure, à la façon dont nous allons pouvoir reconstruire des vies authentiquement humaines, retisser nos liens essentiels, nos liens de vitalité, nos liens de lucidité, nos liens de lumière, les liens qui nous engagent dans le monde de façon à la fois intelligente, généreuse et amoureuse.
Abdennour Bidar - La puissance des liens
De Ilios Kotsou, Caroline Lesire, Christophe André, Abdennour Bidar, Fabienne Brugère, Rébecca Shankland, Matthieu Ricard
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mercredi 17 avril 2024
Ecole de la souplesse
L’école du saule (par Cécile Bolly)
Il était une fois, il y a très longtemps, dans un pays très loin d'ici, un homme qui marchait. Il marchait parfois vite, parfois lentement, sous le soleil ou dans le vent. Il quittait la Chine, où il venait d'apprendre les arts martiaux, et rentrait chez lui. En chemin, il pensait à la technique qu'on lui avait enseignée. Il sentait qu’il y avait sans doute quelque chose à associer à cette technique ; quelque chose de plus intérieur, une réflexion philosophique, peut-être, ou un fondement spirituel. Quelle est, se demandait-il, la force qu’il faut opposer à la force pour la combattre ? Se retirant longuement dans un temple zen afin d'y méditer, il se promène un jour dans le grand jardin alors qu'il y neige abondamment. Son attention est subitement attirée par le bruit d’une branche de cerisier qui casse sous la neige malgré sa robustesse. Un peu plus loin, alors qu'il s'approche d’un saule, il voit la neige glisser silencieusement à terre et la branche pourtant fragile du saule se relever, indemne. À ce moment-là, son esprit s'éclaire, son âme s’éveille. Il comprend que ce n’est pas la force qu'il faut opposer à la force, mais bien la souplesse ; que ce n’est pas la lance qu’il faut opposer à la lance, mais bien la main vide et le cœur pacifié. Depuis lors, on attribue à ce médecin japonais, Shirobei Akiyama, la création de l'école du saule, Yoshin-ryu, qui a donné naissance au judo et au ju-jitsu. Cette école du saule, ou plus précisément cette école de l’esprit du saule, est ma préférée ! Que ce soit dans mon travail de médecin, dans celui de vannière ou à d’autres moments encore, je me sens avant tout dans la recherche du geste juste.
Le saule est un des arbres qui permet de faire de la vannerie. Les branches de saule une fois coupées deviennent des brins d’osier, que des mains tissent pour réaliser un panier. La beauté de celui-ci dépend de la qualité de chaque geste effectué, qui n’est pas seulement un geste technique, mais une trace de l’interdépendance entre différentes formes du vivant. Au moment de l’imaginer ou même de le créer, nul ne sait ce que ce panier pourra contenir. Dans mon travail de médecin et de psychothérapeute, la recherche du geste juste est tout aussi importante. Pour moi, elle se manifeste avant tout dans la qualité de l’écoute que je peux offrir à l’autre. Qu’est-ce qu’écouter, si ce n’est offrir un contenant, être contenant, afin que ce moment de rencontre puisse accompagner, relier, soutenir, contenir, protéger parfois.
Plus largement, quels que soient notre place, notre rôle, notre fonction, l’école de l’esprit du saule nous apprend donc la souplesse, la disponibilité, l’attention à tout être vivant. Elle nous rend ainsi capables de tisser des liens solides et porteurs de sens, des liens qui libèrent.
Extrait du livre "La puissance des liens" de Ilios Kotsou, Caroline Lesire, Christophe André, Abdennour Bidar, Fabienne Brugère, Rébecca Shankland, Matthieu Ricard
vendredi 15 décembre 2023
L'invisible ressenti
La pratique c’est aussi laisser être ramenés au visible tous les fils invisibles qui relient entre eux chaque partie en une inouïe harmonie chaque fois qu’on l’oublie.
Lorsque l’on lève un bras, ça n’est pas juste ce bras qui se lève, tout le corps et même l’être entier y participe, il se lève grâce à tout, même à nos orteils, même à notre rein, même à notre salive, …
Sentir ça. Sentir Ça.
Lorsque l’on est dans une salle entouré.e des autres personnes avec lesquelles on partage notre pratique, ou même lorsque l’on pratique seul.e dans sa chambre, toutes les personnes avec lesquelles nous sommes connecté.e.s d’une façon ou d’une autre pratiquent avec nous comme nous pratiquons avec elles et même si elles ne pratiquent pas du tout.
Sentir ça. Sentir Ça.
Lorsque l’on croit être qui et ce que l’on croit être, simple petit individu singulier avec son histoire chronologique, ses souvenirs, ses événements marquants, ses ceci, ses cela, tout ce qui constitue cette petite vie que l’on habite où chaque élément a pourtant tellement d’importance pour nous, nous rappeler encore et toujours à la grande vie qui nous habite, bien plus importante encore que chaque ceci-cela et sans laquelle ça n’existerait pas.
Sentir ça. Sentir Ça.
Pas de pièces détachées, isolées les unes des autres, assemblées par la force des choses, indépendamment d’un puissant désir primordial qui les veut et les crée unies.
Vaste mystère divin qui prend forme(s) à travers la chair sous laquelle toutes les rivières sacrées suivent leur chemin depuis et jusqu’à la source de notre cœur vibrant en écho avec tout le vivant.
Palpitant.
Sentir ça. Sentir Ça.
Marie Ghillebaert - prof de yoga - https://yogasesame.com/
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mercredi 4 octobre 2023
lundi 3 juillet 2023
Se rallier
Le rat qui ne s'ennuie pas
"Prenez un rat, mettez-le dans une cage. Donnez-lui deux bouteilles : la première remplie d’eau, la deuxième d’eau mélangée à de l’héroïne ou de la cocaïne. Le rat choisit quasiment toujours de boire l’eau droguée. Presque toujours, il se tue rapidement.
Dans les années 70, le Pr Alexander s’interroge. Nous mettons le rat dans une cage vide. Il n’a rien à faire à part prendre ces drogues. Essayons quelque chose de différent.
Le Pr Alexander construit alors une cage, appelée « Rat Park », qui est l’équivalent du paradis pour les rats. Ils ont du fromage, des boules de couleur, des tunnels. Ils ont plein d’amis et de rapports sexuels…. et les deux bouteilles d’eau, l’eau normale et l’eau droguée.
Ce qui est fascinant : à « Rat Park », les rats n’aiment pas l’eau droguée. Ils ne la consomment presque jamais. Aucun d’entre eux ne la consomme de façon compulsive. Aucun ne fait d’overdose. On passe de presque 100% d’overdoses lorsqu’ils sont isolés à 0% d’overdose lorsqu’ils ont une vie heureuse et sociale.
Et si la dépendance avait à voir avec la cage ?
Et si la dépendance était une adaptation à un environnement ?
Peut-être ne devrions-nous pas l’appeler dépendance mais attachement? Les êtres humains ont le besoin naturel et inné de se lier. Lorsque nous sommes heureux et en bonne santé, nous nous lions et nous connectons avec autrui mais si nous ne pouvons pas faire ça, parce que nous avons été traumatisé, isolé ou écrasé par la vie, nous allons nous lier avec quelque chose qui nous procurera du bien-être.
Dans les phénomènes d’addictions, nous parlons tout le temps du rétablissement individuel, mais nous devrions parler de la guérison sociale. Nous avons créé une société où nombre d'entre nous sont drogués.
Nous avons créé une société hyper individualiste et hyper consumériste. Pour beaucoup, la vie ressemble bien plus à la cage isolée qu’à « Rat Park ». Nous sommes conditionnés dès l’enfance à focaliser nos espoirs sur l’ambition d’acheter et de consommer.
Nous devrions nous focaliser sur le lien social. L'opposé de l'addiction n'est pas la sobriété mais le lien social."
J'ajouterais à cette conclusion sociétale que l'ennui et/ou la solitude peut conduire certains individus aux addictions. Cela dépendant de l’environnement et l’éducation.
Catherine Willems
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Le texte trouvé ci-dessus m'est apparu comme sympathique mais je ne suis pas sur qu'il corresponde à la réalité scientifique : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rat_Park
jeudi 8 juin 2023
Le trésor de la vie
Ne vous laissez pas leurrer par des techniques ! Il n'y a pas de techniques de démontage de l'ego. Il n'y a pas de techniques pour faire de Dieu la victime de votre avidité. Il n'y a pas de techniques pour s'emparer du réel. Il y a la possibilité d'une vie de rigueur, de discipline, de conscience. Mais n'attendez pas de quelque technique qu'elle fasse de vous des êtres conscients.
Peut-être y a-t-il des différences à constater entre les disciplines de conscience. Mais si nous restons dans le rêve et le sommeil, nous serons continuellement les victimes de nos mécanismes, de nos automatismes, et opposer à cela la mentalité moderne de la technique efficace serait une autre façon de perpétuer le rêve.
Depuis toujours, il y a la même base à toute discipline. Si la finalité de l'existence c'est aimer, avant que de pouvoir aimer il faut être conscient, et ne peut être conscient que celui qui s'oblige à la conscience
De la même façon que le rêve, le sommeil semble être devenu notre nature, il faut s'obliger de telle façon que la conscience soit notre nature. Personne ne peut nous rendre conscients, aucun événement, aucune situation en particulier. Pourquoi ? Parce que tout veut nous rendre conscients, parce que tout aspire à la conscience, ce qui vit aspire à la conscience. C'est pourquoi ce n'est ni un événement ni une situation en particulier que l'on doit favoriser ou privilégier : tout est conscience.
Tout est conscience, tout aspire à sa propre reconnaissance. Et nous faisons partie de ce mouvement-là : tout doit être occasion de travail, tout doit être occasion de conscience pour nous.
C'est le manque de conscience qui engendre la souffrance, qui engendre la destruction. Parce que c'est dans le manque de conscience qu'il y a l'irrespect de ce qui est, le manque de souci, de soin de ce qui est.
C'est pourquoi celui qui vit dans la conscience, on doit voir dans sa vie, dans ses actes, dans ses relations le souci constant du bien. Aujourd'hui plus que jamais des êtres conscients sont nécessaires, je ne donnerai aucune technique, je ne peux que rappeler l'obligation de conscience.
mercredi 22 février 2023
"Le dépouillement a aussi été pour moi une sorte de « gros machin » inatteignable. J’imaginais que pour l’atteindre, il me fallait devenir moine, presque un stakhanoviste du détachement, et envoyer paître tout ce qui relève du matériel. Jusqu’au jour où j’ai pris conscience que le « gros machin » dont je devais me détacher, c’était moi. Le « moi je », le « moi d’abord » ; le rôle que j’essaie tous les jours de jouer, du matin au soir. Sur mon chemin, j’ai alors croisé un ami. Il m’a dit cette phrase qui m’a bouleversé : « Plus de liens, moins de bien. » Il est vrai que jusqu’alors, j’avais tendance à aller chercher dans les librairies, dans les supermarchés, dans les grandes surfaces, un remède aux manques, aux blessures, aux aliénations. Depuis que j’ai entendu cette phrase – « plus de liens, moins de bien » –, j’y ai perçu comme une invitation à faire de l’ordre, à me libérer chaque jour du trop. Ce qui rejoint cette intuition magnifique dans le bouddhisme selon laquelle nous sommes tous la nature de Bouddha. Nous sommes : ce n’est pas de l’ordre de la possession. Ce n’est pas quelque chose que l’on ajoute à ce que l’on est pour être heureux. Nous sommes déjà la nature de Bouddha. Le sale parent, le violeur d’enfants, la personne handicapée. Encore qu’il n’y aucun rapport entre la personne handicapée et les deux autres ! J’y ai décelé une invitation à changer totalement notre regard sur autrui.
Précisément, le dépouillement auquel invite le zen, et par là toute la tradition philosophique du bouddhisme, c’est la voie du détachement. Se débarrasser de toutes les représentations mentales dont on recouvre les choses, les êtres, et nous-mêmes en fin de compte. Nous avons une image de nous et, du matin au soir, nous voulons nous y conformer. Un jour, j’ai décidé qu’Alexandre Jollien serait comme cela, et gare à moi si je ne suis pas à la hauteur. On n’imagine pas l’infinie souffrance qu’engendre une telle fixation. Se dépouiller, c’est se mettre à nu. Je l’ai écrit dans mon dernier livre qui porte le titre explicite du Philosophe nu : le calme est déjà là, en moi, à demeure si je puis dire. Si je le cherche ailleurs, je lui suis infidèle. Être dans le dépouillement, c’est être totalement soi, totalement nu pour laisser éclater cette joie qui est déjà présente en nous, qui nous précède. Nul besoin d’aller la chercher, de la séduire pour qu’elle vienne. Elle est déjà là."
extrait du livre "Petit traité de l'abandon" d'Alexandre Jollien
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dimanche 17 juillet 2022
Ecoute consciente
L’écoute véritable est un autre moyen d’apporter le calme dans la relation. Lorsque vous écoutez vraiment, la dimension du calme émerge, devenant un aspect essentiel de la relation. Mais l’écoute véritable est un talent rare.
Habituellement, une personne accorde une grande part de son attention à sa pensée. Au mieux, elle peut évaluer vos paroles ou préparer son prochain propos. Ou elle n’écoute peut-être pas du tout, perdue dans ses propres pensées.
L’écoute véritable dépasse largement la perception auditive. C’est l’attention éveillée, un espace de présence dans lequel les paroles sont reçues. Celles-ci deviennent alors secondaires, pouvant ou non avoir un sens.
Ce qui compte, bien plus que ce que vous écoutez, c’est l’écoute même ; l’espace de présence consciente se manifeste dans votre écoute. Cet espace est un champ de conscience homogène dans lequel vous rencontrez l’autre sans les barrières créées par la pensée conceptuelle. Ainsi, cette personne n’est plus « autre ». Dans cet espace, vous êtes tous deux reliés en une seule conscience.
Eckhart Tolle
Extrait du livre : Quiétude: A l'écoute de sa nature essentielle.
mardi 22 mars 2022
samedi 5 mars 2022
Comment la nature régénère-t-elle notre cerveau et participe à notre bien-être ?
Il n’est pas vain d’aller se balader en forêt, de s’émerveiller devant les premières lumières du jour et de laisser son esprit vagabonder face à la mer. Les effets de régénération de la nature sur notre cerveau sont aujourd’hui indéniables et démontrés par de nombreuses études neuroscientifiques.
Michel Le Van Quyen a été frappé par ce manque de nature qu’il a subi pendant le premier confinement, en partant de cette expérience personnelle il s’est intéressé aux recherches scientifiques menées sur l’importance des effets bénéfiques de la nature sur notre cerveau et de la nécessité pour tout Homme de se plonger régulièrement dans une expérience de nature. Dans son essai Michel Le Van Quyen rappelle que cette expérience de nature est tout autant essentielle pour le cerveau qu’elle ne l’est pour notre éveil à la cause environnementale et à l’enjeu de protéger la nature.
« Pourquoi les espaces naturels sont-ils si vitaux en cette période troublée ? La réponse est simple : la nature nous « ressource », elle « infuse en nous son énergie » et « suspend momentanément nos préoccupations et nos conflits intérieurs ». Elle nous procure des émotions profondes, qui évacuent le stress et augmentent le bien-être. »
«Notre environnement a brutalement changé, passant du vert au gris, mais pas notre cerveau. Il reste encore largement celui d’un chasseur-cueilleur des steppes verdoyantes de nos origines paléolithiques. »
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jeudi 17 février 2022
Un homme ou une femme averti.e en vaut deux.
Fabrice Jordan :
"Qu'est-ce que cela signifie? Simplement que si nous disposons de plus d'information sur une situation donnée, nous pouvons prendre de meilleures décisions, plus éclairées.
C'est exactement ce que le Yi Jing nous apporte : une vision holographique 3D de la situation qui nous questionne. En nous permettant de la voir sous différents angles, il nous aide à prendre de meilleures décisions, qui dépendent toujours, bien évidemment, de notre libre-arbitre.
Dans cette nouvelle vidéo, je vous présente les différentes modalités du Yi Jing et ses différentes versions, dont la version dite "taoïste", qui utilise temporalité et éléments pour décrypter l'hexagramme. "
lundi 22 novembre 2021
Le sentiment de séparation
La grande illusion dans laquelle nous vivons, c’est le sentiment de séparation !
Cette expérience de la séparation, nous la vivons et nous l’expérimentons comme solitude, et au cœur de celle-ci, nous revendiquons et réclamons d’être aimés, ce qui nous semble apparemment le plus logique pour sortir de cette solitude et de ce sentiment de séparation. Ce qui revient à revendiquer une appartenance, pour avoir le sentiment de ne pas être exclus. Nous vivons cela d’une manière tellement non formulée, non analysée que nous nous laissons complètement prendre par la contradiction que cette demande porte en elle.
Cette même personne qui souffre de la séparation, plutôt que de pénétrer le cœur et l’intimité, revendique immédiatement le fait d’abolir la séparation d’être aimée. Mais la personne qui veut être aimée va s’accorder l’importance suffisante et nécessaire par tous les jeux habituels que
nous connaissons de l’ego pour être aimée. Mais quel est le processus sous-jacent ? Nous souffrons de la séparation et cette contradiction se manifeste à notre insu. Cette même personne, cette identité séparée à laquelle nous nous identifions, cette entité veut être aimée sans se rendre compte qu’en étant aimée, elle est renforcée dans sa nature d’objet et dans sa nature de séparation.
C’est là qu’est l’ascèse.
C’est là qu’est le sacrifice.
C’est là qu’est le chercheur.
Le disciple de la voie se distingue de l’être ordinaire qui court d’amant en amant. Qui veut m’aimer ? Qui veut de moi aujourd’hui ? Qui m’aime ? Nous voilà prêts à toutes les concessions, à tous les compromis pour être aimés et bien sûr nous sommes aussi prêts à aller sur les chemins de la spiritualité, voire de la religion. Et nous allons prendre Dieu au même piège de notre hisroire. Nous allons prendre l’instructeur à ce même piège de notre histoire, et nous comporter devant lui de façon à être l’objet séparé digne de son amour.
Or l’instructeur authentique ne va pas nous aimer dans le sens courant du terme, il ne va pas faire de nous un objet aimé. Son souci, c’est de lever le mirage de la séparation, pas de nous perpétuer au travers de l’amour de l’objet séparé. Ce qui est important pour chacun de nous, c’est de reconnaître cela, de sentir une fois pour toutes qu’il vaut mieux ne pas être aimés et surtout qu’il ne faut pas tomber sur un instructeur qui va se mettre à nous aimer. La preuve flagrante de l'amour de Dieu, c’est qu’il ne se limite pas à un objet aimé. Quand nous crions son absence parce que nous ne nous sentons pas aimés, là est la preuve flagrante de son amour. L’amour authentique fonctionne autrement que de créer des êtres aimés, de faire des objets aimés. L’amour abolit la séparation.
L’amour amourifie.
L’amour ne rend pas aimé.
L’amour rend aimant.
Alors, derrière tout le jeu de notre ego, derrière toutes les stratégies habituelles, du manque et les multiples séductions que l’on connaît, il faut aller explorer l’illusion du besoin d’être aimé ! L’illusion de la séparation...
jeudi 30 septembre 2021
L’Intercontinentale des consciences
L’Intercontinentale des consciences est un réseau de méditantes et méditants engagés.
Ce réseau veut rassembler toutes celles et ceux qui partagent la conviction que seul un approfondissement de conscience, personnel et collectif, pourra inspirer assez puissamment nos engagements visant, dans toute leur diversité, à réparer ensemble le tissu déchiré du monde.
J’aime beaucoup ce proverbe qui dit : « On entend le bruit des chênes que l’on abat, on n’entend pas le bruit de la forêt qui pousse. »
L’Intercontinentale des consciences est pour moi « cette forêt qui pousse », qui pousse depuis bien longtemps, cette forêt de veilleurs et de silencieux qui, par la méditation ou par une autre pratique de la conscience exercée, font ce que font les arbres par la photosynthèse : transformer le gaz carbonique en air respirable…
Grâce aux méditants engagés dans la pratique de la « kardiosynthèse », c’est-à-dire l’apaisement des pensées troubles et maléfiques, dans le silence et la lumière du cœur, l’Intercontinentale des consciences peut transformer en air vif l’atmosphère polluée de haine et d’envie qui rend notre monde de plus en plus irrespirable.
Cela ne fait pas de bruit mais c’est d’une efficacité incroyable : l’efficacité silencieuse des arbres qui communiquent par ce réseau souterrain et invisible qu’est le mycélium.
La forêt humaine et ses veilleurs silencieux et solitaires communiquent, eux aussi, par un réseau intime et invisible d’ondes. Ce réseau d’intentions et d’informations lumineuses garde l’univers dans la saveur de l’Un et le goût de l’Autre. Ni fusion, ni séparation, ni syncrétisme, ni sectarisme, mais « Alliance » toujours nouvelle de ceux qui boivent à la Source jaillissante de « l’Amour qui fait tourner la terre, le cœur humain et les autres étoiles ».
Jean-Yves Leloup
Voir le site pour se lier aux autres méditants
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samedi 4 septembre 2021
Prise en main
Quiconque aura aimé sait ces choses-là entre mille : étreindre une main, c’est tout donner, d’un coup, sans prudence, sans contrat, sans rien. Tenir la main, tous les enfants le savent, n’est pas seulement s’accrocher au passage : tenir ta main, c’est tenir à toi, tenir de toi. Et plus je serre, plus j’entrecroise nos doigts, les entrelace, plus je te dis mon incommensurable besoin, un besoin tel que ta paume me renseigne sur toi. Sur ta paume, j’ai pu lire que tu étais quelqu’un de bien.
- Gilles Leroy, Dormir avec ceux qu'on aime
mardi 16 mars 2021
Fil d'Amour
samedi 6 mars 2021
Une communication unique
mercredi 25 novembre 2020
Aux jeunes et ceux qui viennent après nous.
(Ce texte reprend une chronique parue dans le magazine Kaïzen)
Si nous pouvons nourrir de légitimes craintes, et pourquoi pas aussi quelques espoirs en la capacité de rebond et de réveil de l’humain, nous ne savons exactement pas de quoi demain sera fait, jusqu’à quel point, dans quelle mesure, les temps seront difficiles. Et quelle que soit la teneur des défis qui viendront, ils seront relevés par des êtres humains qui y feront face non seulement avec leurs compétences, leurs idées et leurs valeurs, mais aussi et avant tout avec leur qualité d’être.
Gilles Farcet