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samedi 21 décembre 2024

Etre dans le bain

 exercice de style: drôle, comique, satirique, ironique, sarcastique, léger. 


La Non-Dualité : Parce qu’On Est Tous Dans le Même Bain

Alors, la non-dualité, c’est quoi ? C’est un peu comme si l’univers te disait : « Surprise, mon pote ! Tout ce que tu pensais séparé, c’est en fait une seule et même chose. » Toi, moi, la chaise, le chat, le wifi qui lag – tout ça, c’est qu’un gros mélange. Pas de frontières, pas de limites, juste une immense soupe cosmique où tout flotte ensemble. Appétissant, non ?

En Inde, ils appellent ça Brahman. Le concept, c’est que tout est une grande conscience universelle. Mais toi, tu crois que t’es spécial avec ton petit « moi » bien distinct. Eh bien non ! Tout ça, c’est un effet spécial de māyā, une sorte de Netflix spirituel où tu regardes un film tellement immersif que t’oublies que c’est pas la vraie vie.

Les bouddhistes, eux, disent que tout est vide. Non, pas vide comme ton frigo à la fin du mois, mais vide d’existence propre. En gros, rien n’a de substance toute seule, tout est interconnecté. C’est un peu comme quand tu fais tomber ton téléphone : ce n’est pas juste la gravité, c’est une conspiration universelle pour te rappeler d’acheter une coque.

Et Plotin, le philosophe néoplatonicien, te dira que tout vient de l’Un. Pas « un » genre « toi tout seul », hein. « Un » genre le Grand Tout. Tu vois une forêt ? Eh bien, c’est pas une forêt, c’est un arbre multiplié à l’infini par un logiciel divin. Magique, non ?

Le truc avec la non-dualité, c’est qu’elle te met face à une vérité simple mais difficile à avaler : la séparation, c’est dans ta tête. Pas de « moi contre le monde », parce que t’es le monde. Et le monde, c’est toi. Alors la prochaine fois que tu râles contre la météo, rappelle-toi que techniquement, t’es aussi les nuages. Voilà, ça calme, hein ?

Bref, la non-dualité, c’est pas juste un délire de yogis perchés ou de philosophes en sandales. C’est une invitation à arrêter de te prendre trop au sérieux. T’es une vague dans l’océan, mon ami. Alors, surf ou plonge, mais surtout, profite du bain.

Pierre Vaillancourt

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vendredi 11 octobre 2024

Non voir

 


L'unité vient de voir, la dualité vient de penser. L'unité vient de voir la différence, la dualité de penser que l'autre est comme moi. L'unité est le fait, la réalité, ce qui est. La dualité c'est l'apparition d'autre chose, le refus de ce qui est, le non voir.

Swami Prajnanpad


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mardi 17 septembre 2024

Swami Prajnanpad , mon maître

 


Swami Prajnanpad, mon maître-Quarante ans d'enseignement / Sumangal Prakash / Editions Acarias-L'Originel

Ce livre-témoignage raconte le parcours d'un journaliste indien de Gandhi à Svâmi Prajnânpad. Il retrace plus de 40ans d'enseignement de Svâmiji avec le même disciple.

« Aussi longtemps que l’on ne voit pas une situation particulière comme elle est en réalité, quelque chose d'autre va apparaître à sa place. Quand vous n’acceptez pas ce qui est actuellement ici, vous avez besoin de créer quelque chose d’autre... Où que vous soyez, vous êtes en contact direct avec votre environnement. Chaque fois que vous sentez que ce contact direct manque, le mental a commencé ses mauvais coups. ››

C’est en partant de l'expérience du disciple, de son ressenti, sans ajouter quoique ce soit d’autre, que Svâmi Prajnânpad avance pas à pas avec lui : « Pourquoi un tel choc ? Parce que vous avez cru que tout doit arriver selon vos désirs. Mais la vie existe dans les deux états de favorable et de défavorable : le plaisir et la peine, la bonne santé et la maladie, etc. Le positif et le négatif sont indissolublement liés. Vous avez reçu un choc, parce que votre esprit avait pris l’aspect positif comme la seule vérité et n’était pas préparé à recevoir l’aspect négatif. C’est inévitable quand on vit dans le mensonge. Il n’y a alors que faiblesse, absence de joie et agitation. ››

En ayant l’esprit préparé aux deux aspects de la vie, on développe force, joie et paix. La joie est l'essence de la vie. Une vie sans joie n'est pas une vie pour un être humain. Une vie humaine se reconnaît au flux d’énergie pure et spontanée qui apporte la béatitude. Se sentir à l’aise et léger est votre véritable nature. Sumangal Prakash a été d’abord disciple de Gandhi, il a lutté pour l’indépendance de son pays et fait de la prison. Gravement déprimé, il s'est souvenu avoir rencontré à l 'université de Bénarès en 1923 un étrange professeur que l’on disait versé dans la psychanalyse. Entre temps ce professeur était devenu Svâmi Prajnânpad. Profondément athée, Sumangal s'est néanmoins engagé auprès de cet homme d'exception. Il raconte ici son parcours qui l'a conduit au succès journalistique et littéraire et des fonctions politiques de haut niveau. Il est l'auteur de L’expérience de l'Unité.

"Maintenant essayez seulement de voir ce que le mental fabrique. Il recouvre du sens du “moi” - qui est particulier - tout ce qui se passe dans le monde dans le jeu éternel de manifestations infinies, et il le cache à la vue. Il place là une seule forme, un seul “je” et en recouvre les manifestations infiniment variées. Que fait le mental ? Il transforme ce qui est si large et si vaste en une entité rudimentaire et mesquine. C'est pourquoi vous ne pouvez voir rien d'autre que vous-même. Vous transportez toujours un “devrait” avec votre “je” : “cela devrait être comme ceci”, “il devrait agir ainsi", etc.

Et à une autre place : chaque position est ce qu'elle est. Quand vous dites “je suis petit” vous oubliez que vous êtes grand aussi. Petit n’a donc aucune entité. La petitesse implique un absolu. Mais ce n'est pas ainsi ; vous ne faites que comparer. Ce n’est que le mental qui compare, il ne vous permet pas de voir la réalité. Et l’attente seule est sa mesure ou son étalon. Pour celui qui possède cent, cinq cents est au-delà de ses espérances. Mais pour celui qui ne possède que dix, cent est le chiffre le plus élevé qu’il puisse imaginer. Quelle est alors la plus grande quantité ? 1 cent, ou un million de roupies ? Tout cela dépend en fait de la fantaisie du mental. Selon ce que le mental pense, il le croit. Tout dépend de son mental. Le mental ne fait que penser, jamais il ne voit. »

« Ainsi, il y a toujours cette dualité, toujours une comparaison… Mais comment s'en sortir ? », demandais-je alors.


« Maintenant ne voyez-vous pas seulement “deux” ? répondit Svãmiji. Très bien, voyez seulement “deux ”alors. En fait, cependant vous ne les voyez pas comme « deux”, vous insérez un élément de votre propre « moi ›› dans l’autre ; vous ne voyez pas réellement “deux”. Voir deux en tant que deux, c’est être libre de deux. Cela devient Un. Bien entendu cela semble contradictoire. Ayant vu “deux', comment peut-on être “Un” ? Mais essayez seulement. ››

À une autre occasion encore Svãmiji dit : « Qui met l’obstacle sur votre chemin ? Le mental en réalité. Car le fait est que, où que vous soyez, vous êtes en contact direct avec votre environnement. Chaque fois que vous trouvez que ce contact direct manque, le mental a commencé ses mauvais coups. C’est de cette activité malfaisante dont on doit se rendre libre. ››

Svãmiji faisait une différence très claire entre penser et voir, les considérant comme opposés l'un à l’autre, le premier venant du mental et le second étant le moyen à travers lequel on devient un avec la réalité. « Pour aller plus profondément, pour savoir si on a vu ou si on n’a fait que penser à travers le mental, disait-il, il n'y a qu’un seul critère : Y a-t-il une quelconque émotion de quelque nature que ce soit ? Si c'est le cas, cela signifie que le mental a commencé son travail. Lorsqu’on voit, il n’y a aucune émotion.››

L’émotion comme le mental lui-même n’a pas d'entité qui lui soit propre. Elle est, comme Svâmiji l'a démontré avec tant de force, aussi illusoire que le mental. Pour le prouver, il en donna un exemple concret : « Maintenant qu’est-ce que ceci ? « Il cogne alors sur la petite table de bois à côté de lui, une ou deux fois avec son doigt. ›› Du bois ! Une émotion quelconque est-elle apparue ? Non. Mais s’il y a le moindre doute dans votre esprit sur le fait que c'est du bois, que cela pourrait être de l'acier, que se passe-t-il ? Celui qui sait que le bois n’est rien d’autre que du bois n'aura aucune émotion, il n’y aura pas d'exagération dans son affirmation, alors que quelqu'un d'autre argumentera que ce n'est pas du bois, mais de l’acier ou de l’or ou autre chose. Chaque fois qu’il y a une exagération, cela montre qu’il y a un refus caché derrière. Ce n’est que lorsqu’on a des doutes dans l’esprit concernant la nature de l'objet, du bois ou de l'acier, qu'on en fera toute une histoire en criant, en s'excitant et en affirmant son point de vue de manière excessive. Quand on voit, quand on n’a aucun doute dans son esprit, il n'y a rien par quoi on puisse être troublé, car on sait ce que cela est en réalité. Chaque fois qu'il y a un doute ou un refus, le mental apparaît. La définition du mental est : “Différent de ce qui est, autre chose que ce qui est. ” ››

Pour savoir si le mental a commencé son travail, c’est le seul moyen. Car de manière ultime l'émotion est le seul critère. Là où l’émotion a disparu tout le reste disparaît, le mental lui-même disparaît. La vérité ou la réalité apparaît. L’émergence de l'émotion elle-même est le mental. Et cela commence à exister seulement quand autre chose que ce qui est a été créé. Voilà ce qu’est le mental. Et ce« quelque chose d'autre ›› qui est créé par lui est maintenant attaché ou lié au moi. Et la forme la plus subtile de ce lien est l'attente.

« Quand on ne tient aucun compte de la réalité, quand on crée autre chose à sa place, on commence à attendre quelque chose de ce qu'on a créé, dit Svãmiji. Avec quel résultat ? Vous ne voyez pas maintenant celui dont vous attendez quelque chose, vous avez créé quelqu’un d’autre à sa place et vous construisez vos attentes sur lui.

Est-ce que je vous parle ? Si oui, comment puis-je me plaindre et dire : “Pourquoi parlez-vous de cette façon ? …Pourquoi faites-vous ceci ?” Alors pourquoi est-ce que je me plains ? J'admets moi-même que je parle à « vous ». Mais est-ce que je vous parle vraiment ? Si c'était le cas, j’aurais dû vous parler, après avoir découvert ce que vous étiez. J’aurais dû choisir la manière appropriée de parler avec vous. Alors il n’y aurait plus aucune possibilité d’éprouver le moindre ressentiment contre vous. D'où vient le ressentiment ? Du fait je n’ai pas vu “vous” en vous. En réalité j’ai parlé à une personne qui était ma propre création mentale. C’est ainsi que la contradiction s’installe et que le conflit s'ensuit.

Je dis : “Vous êtes ma bien-aimée”, mais ensuite je me plains de vous “Pourquoi avez-vous agi ainsi ?” Eh bien, elle a fait ce qu’elle a fait. Mais qu'est-ce que je voulais ? L’image d'elle que j’ai créée dans mon esprit ne doit pas agir de cette façon. J’étais supposé être en relation avec elle, mais en réalité j’étais en relation avec une création de mon mental.

C’est pourquoi Svãmiji ne demande rien d’autre que voir. Ne pensez pas, mais voyez. Ne faites pas de suppositions, mais voyez ce qui est. Ne pas voir montre que le mental est là. Il pense. Mais que signifie penser ? Créer quelque chose d’autre. Quand le mental crée quelque chose d'autre, il établit un lien avec son propre soi : l’action et la réaction commencent ainsi. Cette émotion seule est à la racine de ce que vous pouvez appeler existence, vie, ou individualité ; elle est en fait à la racine de toute la création. »

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dimanche 7 janvier 2024

Expérience duelle


Si vous avez fréquenté un minimum les cercles spirituels contemporains, vous savez qu’il existe un engouement pour « la non dualité ». Le concept et le rythme des mots autour de ce thème spirituel provoque quelque chose en soi, éveille une forme de distance froide, une posture surplombante qui fait planer l’esprit au-delà du monde et des contraintes de l'Incarnation. Le vague adoucissement émotionnel que l'on ressent parfois à l’écoute de cette perspective est réel mais n'est pas une confirmation que nous approchons de la vérité. 

Nous vivons une expérience de dualité. C’est tout simplement indéniable. Notre monde est animé par la relation (où il faut être au moins deux). Tout se joue dans la tentative laborieuse d’incarnation de l'amour entre deux ou plusieurs êtres. Même la relation au divin doit être personnelle aussi longtemps que nous sommes incarnés. On ne peut se dissocier de cette réalité du deux, de l'autre, humain et divin. Nous aimerions ne pas être pétris par le monde, par ses affaires, par les affres des relations mais la résolution n'est pas dans la dissolution de la dualité, dans le refus des contraintes de l'incarnation, dans le rejet de l'altérité, dans la perspective de se dissoudre dans une « unité » sans substance. 

La beauté de la relation à l’autre ne surgit qu'après un chemin de va-et-vient ou l’on réalise qu’incarner l'amour ce n'est pas le demander à tout prix, ni même l’éviter, c'est dépasser la demande d'amour infantile afin de pouvoir servir le projet d'amour divin, tissé de don de soi et de service.

Je sais qu’on peut, de façon savante, élaborer n'importe quelle vérité parallèle, comme un ange déchu qui souhaiterait entrer en compétition avec son créateur, démiurge avec des apparences de sauveur. Notre époque aime inventer des voies téméraires, des solutions d’apprenti-sorcier, en défiant les lois naturelles de ce monde. Et la spiritualité contemporaine n’est pas en reste dans cette attitude. Si bien qu'il y a quelque chose de nocif dans la posture non duelle occidentale.

Il est urgent de revenir à la simplicité, à la flagrante réalité de nos chemins de vie. Nous n’avons pas de temps à perdre. Mais surtout, au-delà de déconstruire le mythe non duel, nous pouvons restaurer le sens de la relation. Les abstractions désincarnées, sans compassion chaleureuse pour nos existences pétries à la fois par nos failles et nos fulgurances spirituelles, nous éloignent de ce qui se trame vraiment. 

Nous voulons aimer, ressentir le flux vivant de l’amour. Et même lorsqu’il s’agit de Dieu, nous ne rencontrons la reconnaissance de son amour infini que dans le lien personnel, parce que nous sommes constitués ainsi. Impossible de snober notre humanité. Le dépassement nécessaire de la demande infantile ne met pourtant pas à la poubelle la réalité du prodigieux lien interpersonnel littéralement attaché au processus de l’incarnation. Il n’y a pas de honte, ni rien de puéril, à vouloir vivre un « cœur à cœur » avec l’être aimé, fût-il divin.

L’expérience non duelle appartient à Dieu. Tout est en Lui mais, dans le mystère Créateur, nous ne sommes jamais Lui. Pour nous, il n’est question que de « communion ». La prétention à dissoudre le moi dans un « grand tout » est attrayante (plus ou moins) mais joue sur le douloureux déni du réel. Le problème de la faille humaine, c’est qu’elle produit des postures que l’on prend pour des réalités vivantes. Un peu comme quelqu’un qui dit « moi, je n’ai pas peur de la mort » (il faut vraiment toucher la perspective de la mort pour savoir ce que l’on ressent à ce sujet, quelle que soit la réalité du phénomène et de nos interprétations). 

Ne nous faisons pas de mal avec des postures déshumanisées, aussi attractives soient-elles (après tout, on sait qu’une drogue peut nous faire planer, ce qui est plaisant mais « plus dure sera la chute » !). Retrouvons, sans complexe, un chemin de vie porté par le désir de donner le meilleur de soi-même dans la relation, de respecter la création, la divine dualité, et de jouir des grâces avec gratitude. 

Thierry Vissac

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vendredi 2 septembre 2022

En lien


Unité du soir derrière la dualité...
Je ne suis qu'une apparence d'existence sur l'horizon.
Seul me tient le flux d'un élan inconscient.
Gardons la fibre du contact avec le tout
(même si je n'ai pas retrouvé internet ;-))

(photo personnelle)

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samedi 29 janvier 2022

Croyance et souffrance


 D’après mon expérience, la confusion est la seule souffrance. Vous êtes dans la confusion quand vous vous opposez à ce qui est. Quand vous êtes parfaitement clair, ce qui est est ce que vous voulez. Quand vous voulez quelque chose d’autre que ce qui est, vous pouvez alors être sûr d’être en pleine confusion.

Le Travail nous ramène toujours à ce que nous sommes vraiment. Chaque croyance assez investiguée pour être comprise, permet à la prochaine d’émerger. Vous défaites celle-là aussi. Puis vous défaites la suivante, et la suivante. Et vous découvrez qu’en fait, vous attendez avec confiance la prochaine. Au bout d’un moment, vous remarquerez peut-être que vous traitez en ami chaque pensée, chaque sensation, chaque personne, chaque situation. Jusqu’à en arriver à vous demander où vous pourriez bien trouver un problème. Jusqu’à finalement remarquer que vous n’en avez plus, depuis des années. 

A travers l’investigation, nous découvrons que l’attachement à une croyance nous fait souffrir. Avant l’histoire, il y a la paix. Puis une pensée nous passe par la tête, nous la croyons, et la paix semble disparaître. Nous remarquons à ce moment-là une sensation de stress, nous investiguons l’histoire qu’il y a derrière elle, et réalisons qu’elle n’est pas vraie. La sensation nous indique qu’en croyant la pensée, nous nous opposons à ce qui est. Elle nous dit que nous sommes en guerre avec la réalité. Quand nous remarquons que nous croyons un mensonge et vivons comme s’il était vrai, nous nous retrouvons à l’extérieur de notre histoire. Alors l’histoire disparaît à la lumière de la conscience, et seule demeure la conscience de ce qui est. La paix est ce que nous sommes en l’absence d’une histoire, jusqu’à ce qu’une nouvelle histoire stressante apparaisse. L’investigation finit par devenir vivante en nous comme la réponse naturelle et non formulée de la conscience à l’émergence de toutes pensées ou histoires.

Vouloir que la réalité soit différente de ce qu’elle est à cet instant revient à essayer d’apprendre à un chat à aboyer. Vous pouvez lui apprendre, et lui apprendre, et à la fin, le chat lèvera les yeux vers vous et fera: “Miaou!” Vouloir que la réalité soit différente de ce qu’elle est, c’est sans espoir. Vous pouvez consacrer le reste de votre vie à apprendre à un chat à aboyer. 

Je suis amoureuse de ce qui est, non par spiritualité, mais parce que c’est douloureux quand je me dispute avec la réalité. Aucune pensée au monde ne peut la changer. Ce qui est est. Tout ce dont j’ai besoin est déjà là maintenant. Comment puis-je savoir que je n’ai pas besoin de ce que je veux? Je ne l’ai pas. Tout ce dont j’ai besoin m’est donc accordé.

Vous ne pouvez pas avoir de haut sans bas. Vous ne pouvez pas avoir de gauche sans droite. C’est ça la dualité. Si vous avez un problème, vous devez déjà en avoir la solution. La question est: “Voulez-vous vraiment la solution? ou voulez-vous prolonger le problème indéfiniment?”

Katie Byron

mercredi 21 juillet 2021

Rester en contact

 

Gilbert Garcin

«Affrontez tout ce qui vous semble réel. Regardez sa véritable nature. Si quelque chose vous trouble, c'est le signe que cette chose est réelle pour vous. Cessez de fuir...Ayez le courage d'affronter les faits. Acceptez, acceptez ce qui est, n'essayez jamais de les refuser, de rejeter. Acceptez et devenez cela même qui vous trouble.
Rester en contact direct est indispensable pour vous permettre d'élargir votre champ de conscience étriqué. Quand vous avez tout absorbé, quand vous avez tout exploré, quand vous avez été partout, alors et alors seulement, vous pouvez devenir un.
Ne fuyez aucune situation. Vous devez prendre une part active à toutes les situations et à tous les événements.
Soyez dans la dualité maintenant, parce que vous êtes dans la dualité. Vous êtes tombé à terre? Relevez-vous en vous aidant du sol, en y prenant appui.
On n'apprend rien simplement en lisant. Seuls les chocs que vous ressentez en cas de succès et d'échecs consécutifs à l'effort que vous avez fourni vous font apprendre. Toute formulation empruntée est une source de déboires.»
L'ABC d'une sagesse de Swâmi Prajnanpad

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jeudi 18 mars 2021

Au delà de la dualité

 


Si vous savez que la dualité est une illusion, vous ne pouvez pas être affecté par les conséquences de la dualité.
En d'autres termes, aussi longtemps que vous êtes affecté par l'amour et la haine, le plaisir et la peine, tout ce que vous racontez sur la nature illusoire de la dualité n'a aucun sens !
Personne n'est affecté par une illusion !
Vous n'êtes affecté que par les choses que vous savez réelles.

Swâmi Prajnânpad, Le quotidien illuminé.


Aude Darthoit : À l'origine des émotions, il y a des mémoires, des pensées, des refus, tout cela étant la plupart du temps inconscient.
Comme les émotions se manifestent dans le corps, dans le mental, elles ont une réalité physique et psychique qui font qu'on les prend pour la réalité.
Cependant, à travers un travail analytique, respiratoire, et méditatif, la conscience s'éveillant alors, une autre réalité apparaît, la Réalité, dont une des expression est la paix.

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jeudi 26 mars 2020

Vision partielle


La plupart du temps, nous ne voyons qu'une partie des choses et nous pensons qu'elles sont séparées. Mais si nous prenons du recul, si nous nous laissons flotter sur l'instant, nous pouvons voir que tout est lié et nous prenons alors goût à ce que nous vivons...




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mercredi 4 décembre 2019

Une vraie dualité


A l'origine, le petit bébé fait très mal la distinction entre lui et le reste du monde – il vit ce qu'on appelle communément un état fusionnel avec la mère – puis il se rend compte peu à peu que si son bras ou sa jambe fait partie de lui, sa mère, elle, est autre que lui. Il peut bouger son bras s'il le veut mais il ne déplacera pas sa mère simplement en désirant que celle-ci le fasse; il l'appelle et elle ne vient pas. Pour le bébé, et en tout cas pour le fœtus tant qu'il est dans le sein de sa mère, il n'y a pas de dualité, de division entre « moi » et « séparé de moi ». La naissance inévitable de l'ego, c'est la perception de cette distinction : ceci n'est plus moi, c'est autre, indépendant, ne répondant pas à ma demande. Il y a chez le petit enfant une nature tyrannique qui veut que la réalité soit une avec lui et qui refuse l'abandon de cette fusion. L'enfant, en grandissant, se heurte – parfois violemment – à l'autre. Puis il se plie, il cède, sans se réconcilier au fond de lui-même avec l'implacable loi de l'altérité et de la différence. Là se trouve l'origine de la dualité au sens le plus immédiat, le plus concret, et il y a refus de cette dualité chaque fois qu'elle ne nous convient pas. C'est la base de la constitution de l'ego et du mental, avec leur tendance despotique qui cherche toujours à reprendre le dessus et qui est presque tout le temps, sinon tout le temps, battue en brèche par l'existence. Parmi les personnages contradictoires qui nous composent se trouve un tyran : je veux, j'exige, j'ordonne. Il faut reconnaître l'aspect psychologique subtil qui est à la source de ces comportements dictatoriaux. 

Cette nostalgie d'un monde qui ne serait pas autre que nous subsiste à travers les années. Elle est tout le temps présente et tout le temps déçue, avec l'espoir du miracle – hélas éphémère – dans la passion amoureuse : je vais trouver avec mon bien-aimé ou ma bien-aimée la relation fusionnelle que j'ai connue autrefois dans les bras et plus encore dans le sein de ma mère. Espoir illusoire et irréalisable que l'autre va devenir moi, va devenir comme moi, va devenir identique à moi. C'est le grand leurre de la fascination amoureuse : nous sommes un, nous sommes faits l'un pour l'autre, c'est l'âme sœur, nous nous correspondons exactement, comme s'il pouvait y avoir un autre moi-même. Un alter ego, cela n'a jamais existé, cela n'existera jamais. Cette fausse non-dualité peut s'exprimer, aussi choquant que cela paraisse, par « il n'y a que moi ». Et nous vivons en effet dans un monde où il n'y a que des prolongements de moi, des projections de moi, l'annexion par moi de la réalité, même si ce phénomène psychologique est sans cesse démenti par les faits. L'aspiration à faire triompher cette fausse non-dualité ou cette fusion est aussi puissante qu'elle est erronée. Le chemin de la non-dualité, de l'unité, de la communion, passe d'abord par une vraie dualité. 

Regardez bien le diagramme célèbre du yin et du yang : une partie noire avec un point blanc et une partie blanche avec un point noir, entrelacées, car il ne s'agit pas d'un cercle coupé en deux par un diamètre. Il y a bien un cercle, un, réunissant une partie noire et une partie blanche intimement associées, mais le noir reste noir, le blanc reste blanc. Et une certaine demande fusionnelle qui demeure en nous aboutirait à mélanger le noir et le blanc en une couleur grise uniforme : enfin nous ne sommes plus qu'un! Faux. Le diagramme de l'unité du yin et du yang n'est pas une couleur grise. C'est l'association intime, à l'intérieur d'un cercle, du noir et du blanc. Vous pouvez, sans être spécialiste du taoïsme, vous souvenir de cette image. Ne cherchez pas la non-dualité là où vous ne la trouverez jamais, là où elle ne sera jamais. 

La voie vers l'état sans ego commence donc par l'effort pour vivre, exister, dans une vraie dualité.



Arnaud Desjardins
La Voie et ses pièges

samedi 9 novembre 2019

Pour une mort sans peur...


Comprenez que dans une direction, il n’y a aucun espoir et que, dans l’autre, tous les espoirs sont possibles. Mais il faut jouer le jeu. Il faut avoir cette audace, qui est folie aux yeux des hommes et sagesse aux yeux de Dieu, d’accepter la souffrance complètement, de faire l’amour avec la souffrance. 

La voici : de tout mon être, je l’accueille, je la ressens, parce qu’il y a un secret à découvrir et parce que le secret de la souffrance, je ne le découvrirai que dans la souffrance…. Et vous ne découvrirez jamais le secret de Tout, le Secret suprême, avec la moitié de l’énoncé du problème, c'est-à-dire : le bonheur, en refusant, en niant l’aspect douloureux de votre existence.

Arnaud Desjardins


vendredi 20 septembre 2019

Vigilance (1)

« Si tu dois traverser un grand ravin sur un pont large, tu n’as pas besoin de beaucoup de vigilance. Mais si c’est une question de vie ou de mort et que tu dois traverser sur un tronc d’arbre, tu vas automatiquement être plus vigilant. Donc la vigilance est par rapport à ce que tu as peur de perdre. Vous ne pouvez pas apprendre à être vigilant. Vous l’êtes par rapport à ce que vous portez comme intention et à ce que vous ne voulez absolument pas perdre. »

Daniel Morin

Extrait de la belle anthologie de Marie Chantale Forest, Anthologie de la vigilance – Un chemin vers la Lumière, préface d’Eric Edelmann, éditions Accarias L’ORIGINEL, p. 36.



lundi 4 février 2019

Jeux de main...


La vidéo n'est pas de qualité mais le message oui ! 


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lundi 17 décembre 2018

Dualité illuminée...


« Lee Lozowick a déclaré que, dans notre tradition, le but de la pratique est de nous rendre capables d'être simultanément dans un état de prière, ou de communion avec le Divin, et parfaitement fonc­tionnels dans le domaine relatif. Cette description de la « Dualité Illuminée » nous montre la nécessité de devenir un virtuose dans deux domaines : celui de la perception ordinaire, et celui de la perception subtile. L'habileté dans ces deux domaines signifie que nous ne nous identifions pas et, par conséquent, ne nous limitons pas, à aucun des deux, et qu'à tout instant, pour répon­dre aux besoins du moment, nous sommes capables de porter notre attention sur l'autre domaine. Quel que soit l'aspect de la réalité qui nous fait les yeux doux, nous honorons notre autre maîtresse qui se languit de notre regard et de nos caresses. 
Lorsque nous faisons cela très fréquemment et de manière tota­lement invisible, nous devenons le creuset dans lequel le monde du surnaturel et celui de la matière peuvent cohabiter. Ce qui facilite cette rencontre de forces, c'est la chimie essentielle qui aboutit à l'alchimie de l'évolution, ou alchimie divine. C'est de là que vient l'expression de Lee : « Dualité Illuminée ».
 

Voici un article sur la "dualité illuminée"

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vendredi 2 novembre 2018

Seule la tranquillité constate l’agitation


Voici un autre extrait du beau livre  "Le corps est conscience" de Marc Marciszewer.

Transposé dans votre expérience quotidienne familière, le fait de vous consacrer délibérément à l’écoute par moments va vous permettre d’observer que quand vous pensez ou dites « je suis agité », c’est la tranquillité en vous qui le constate et l’exprime. Parce que si vous êtes vraiment agité, vous ne pouvez le remarquer qu’après, quand vous ne l’êtes plus ou que vous l’êtes moins.

Et même si c’est répétitif : la démarche de sophrologie proposée vous invite, lorsque vous vous pensez agité, à ressentir dans votre corps comment ça se passe. Dans votre poitrine, dans vos épaules, dans votre gorge, votre respiration, votre rythme cardiaque, etc. Vous quittez ainsi la pensée et découvrez 1 expérience sensorielle de 1 agitation, en ce moment précis. Puis l’agitation n’est plus qu’un mot désignant certaines sensations.


Une seconde phase vient, plus ou moins vite, où l’écoute change spontanément de direction : elle se centrait sur les sensations, là elle se porte instinctivement vers l’arrière-plan, l’espace où sont perçues ces sensations, et où naissent et disparaissent les pensées.

Cela réveille une profonde tranquillité du corps comme de l’esprit, intuitivement reconnue comme immuable, toujours déjà là.

Et l’instant d’après, cet émerveillement disparaît et l’écoute cède place à une nouvelle expérience... qu’il conviendra d’écouter dès que vous en viendra la présence d’esprit.

« Le corps n’est pas à l’extérieur. Il est conscience. Il s’agit de ne pas se limiter au corps. La corporalité est l'expression de l’arrière-plan. »
Éric Baret, (L’eau ne coule pas, yoga de la non-dualité, éditions du Relié, Gordes, 1995, p. 31)

Ainsi, dans cette vision du monde qui traverse les cultures et les époques, la Conscience n’est pas dans le corps, mais le corps dans la Conscience. Mieux : le corps est Conscience.

Dans la sophrologie de l’écoute (ou sophrosophie), en écho à cette vision que nous partageons, hormis dans certains cas spécifiques qui ne peuvent être abordés par écrit, nous ne faisons pas référence à la physiologie du corps, pour ne pas le garder séparé de son environnement et au contraire lui permettre de ressentir une large palette de sensations, le ressentir comme lourd, léger, rayonnant, immense, vacant, vibrant, puisant.

La démarche de sophrologie ici proposée, à l’instar du yoga de l’écoute tel que celui du Cachemire, ne se réfère pas tant à l’anatomie physique qu’à la sensitivité, au corps d énergie, ce qui suscite une liberté et un dégagement quant à la perception du corps. Nous n’intervenons pas pour « nettoyer » les nœuds, les tensions, les contractures, parce que nous faisons l’expérience que l’écoute sensitive dégagée de toute référence nettoie d’elle-même, sans notre intervention, et mieux que nous le pourrions, de par l’éclaircissement émancipateur quelle apporte (sur nos modes de fonctionnement, les processus physio-psychiques, la nature et la fonction des émotions)...
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mardi 23 janvier 2018

Mieux s'aimer... pour mieux aimer les autres. (2)

Y a-t-il un risque à se donner au-delà de ses forces ?
Sans aucun doute. Nous n'avons pas à être des amis, des pères, des collègues parfaits, mais à être d'abord responsables de notre propre existence ; on peut s'engager pour les autres, mais pas les sauver. Malgré ma longue expérience de la méditation, j'ai longtemps cru que mon devoir de bienveillance passait par le sacrifice, notamment pour mon compagnon très malade et en pleine détresse. « Sauvez votre peau ! » : cette parole d'un ami thérapeute a été un déclic. Et du jour où j'ai assumé que je ne pouvais sauver mon ami, que je pouvais être là, que je pouvais l'aimer et l'aider sans me sacrifier pour autant, je lui ai laissé la possibilité de trouver en lui-même sa propre solidité. Il nous faut sortir de cette fausse dualité entre mon mauvais égoïsme et la prééminence de l'autre à qui je devrais tout.
Il nous faut sortir de cette fausse dualité entre mon mauvais égoïsme et la prééminence de l'autre à qui je devrais tout.
On a fait de « l'autre » un totem écrasant, dites-vous. Pourquoi ? Où sont les fautifs ?
« Je ne vaux rien, et ce qui compte, ce sont les autres ! » Nous devons cet impératif catégorique aux philosophies occidentales ! Notons au passage un changement de vocabulaire révélateur : on est passé du « prochain »  – celui qui m'est proche !  – à un « autre » complètement abstrait. Je peux aimer mon prochain, mais comment puis-je aimer « l'autre » ? C'est au XIXe siècle qu'Auguste Comte a inventé l'altruisme, la meilleure réponse, selon lui, à notre égoïsme... Or, cela ne fait que renforcer le problème. Autrui n'est pas séparé de moi. Le croire est une folie ! Tout autant l'égoïste qui croit pouvoir vivre sans s'ouvrir à l'autre que l'altruiste qui croit que cela passe par le déni de soi font fausse route ! La philosophie n'a jamais demandé de se sacrifier soi-même sur l'autel de la raison. Dans Ménon, Socrate invite tout être humain – et même l'esclave ! – à parler en son nom, à réfléchir par lui-même en interrogeant le sens de son existence.
La théologie chrétienne serait-elle aussi victime de ces dérives ?
Bien sûr ! Je suis frappé de voir qu'on identifie le christianisme au péché originel et qu'on en a fait la source de toutes nos culpabilités. On a retenu cette idée que si l'homme se regarde, il se voit forcément mauvais. Or il suffit d'ouvrir les Évangiles pour voir que le Christ ne cesse de montrer sa capacité à aimer chacun comme il est, aussi imparfait soit-il. Sa parole n'est jamais écrasante, on le voit dans sa rencontre avec la Samaritaine. Il l'aime plus qu'elle ne s'aime et la conduit, à partir de cet amour-là, à se prendre elle-même, la pécheresse, en considération. S'aimer sans condition, simplement parce que je suis un être humain, ce message est d'une vraie modernité. À l'ère de l'auto-exploitation, où nous n'avons plus le droit de nous arrêter pour nous écouter, nous retrouver, être attentifs à nos ressentis, c'est révolutionnaire. Le malentendu de notre temps est là : ce n'est pas par l'auto-contrôle que l'on parvient à s'aimer, mais par un don gratuit que nous pouvons nous octroyer à nous-mêmes, ou plus simplement accepter de recevoir.
Je rejoins la vision de la philosophe Simone Weil d'un amour de soi qui est d'abord l'amour de la vie qui nous habite.
S'aimer soi-même n'empêche donc pas l'ouverture au monde ?
Le « moi » n'est pas une identité dangereuse qui nous enfermerait sur nous-mêmes, mais plutôt une énigme à rencontrer. Ni mes angoisses, ni mes colères, ni mes peurs ne me résument totalement. Je reste toujours « autre », à découvrir. « Deviens ce que tu es », conseillait déjà le poète lyrique grec Pindare au Ve siècle avant notre ère. Le mythe de Narcisse nous parle de cette aventure d'advenir à soi. À l'opposé de l'individualisme égoïste de notre temps, je rejoins la belle vision de la philosophe Simone Weil (1909-1943) d'un amour de soi qui est d'abord l'amour de la vie qui nous habite. Le narcissique est le contraire du vaniteux, qui est loin de lui-même et qui a besoin que tous reconnaissent qu'il est génial. Le narcissique  – celui qui s'est rencontré  – est en paix avec lui-même, n'a pas besoin qu'on lui dise qu'il est le meilleur. Il ne reste pas à se regarder dans le miroir, mais s'engage pour le monde. C'est la peur qui sépare des autres, pas l'amour de soi. L'alternative n'est donc pas de s'occuper de soi ou des autres, c'est un même mouvement, car l'amour n'est pas un gâteau : la part que je m'octroie, je ne l'enlève pas aux autres.
Qui peut nous aider aujourd'hui à trouver cet amour juste et à sauver notre peau ?
Les spirituels qui nous parlent de ce don incroyable d'être aimé au-delà de soi-même. Les bons thérapeutes qui nous aident à retrouver notre socle par la rencontre véritable : ils nous permettent d'aimer enfin ce que nous sommes. Enfin, les poètes qui nous parlent de la confiance en la vie et de l'humanité qui nous habite. Je pense ici particulièrement à Rainer Maria Rilke, qui m'a guidé pour ce livre, avec notamment sa figure du « Narcisse exaucé » : dans sa rencontre avec lui-même, le monde entier lui est donné.

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source : la Vie

vendredi 17 novembre 2017

A absolument lire comme c'est !




J’aime ces livres, rares, que l’on peut ouvrir à n’importe quelle page, n’importe quand, et pouvoir me laisser tomber dans le déroulé d’une seule de ses phrases, avec le sentiment de franchir sans effort un seuil : celui de la conscience ordinaire, qui volète à l’aveuglette vers ses automatismes, pour me diriger droit dans l’espace et l’instant du présent, de la Présence. 
Exactement comme le dit ce tout premier sous-titre : « Je suis tombée dans l’être », p. 27. Je n’ai pas eu spécialement envie de lire tout de suite l’introduction, d’ailleurs brève et utile, pour sentir, pour savoir que l’auteure vit exactement là où elle écrit, que ses pensées et son corps se trouvent au même endroit, à la même seconde. C’est seulement après avoir eu cette immédiate impression – sensation ? – que j’ai aperçu ces deux phrases, dans la note au lecteur, p. 17 : « Le mental est alors très paisible et les sens ne sont pas encore en alerte. Il ne demeure que ce sentiment pur, « Je suis » naturellement conscient et présent dans une grande limpidité. » En effet, c’est bien là le climat dans lequel baigne chaque petit passage de ce livre limpide comme une eau de source, dès que je tombe sur une page, au hasard de mon feuilletage. Qu’il est agréable de lire sans fatigue, juste pour se poser et se ressourcer dans le plus simple et le plus profond !

Cela n’empêche pas Christine Morency de nous accompagner par un choix de chapitres courts et de sous-titres qui guident. Tous les titres vont à l’essentiel : « Il n’y a personne », « L’éveil », « La rechercher spirituelle ou le chercheur assoiffé », « Etre – Je suis – Existence », « Présence, Conscience, le Soi », « L’Absolu », « L’Amour. Non-séparation » et « L’intégration de l’éveil ».


Sabine Dewulf         


Voir la présentation de l'éditeur

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vendredi 12 mai 2017

Séparation... et unité... avec Arnaud Desjardins


A l'origine, le petit bébé fait très mal la distinction entre lui et le reste du monde – il vit ce qu'on appelle communément un état fusionnel avec la mère – puis il se rend compte peu à peu que si son bras ou sa jambe fait partie de lui, sa mère, elle, est autre que lui. Il peut bouger son bras s'il le veut mais il ne déplacera pas sa mère simplement en désirant que celle-ci le fasse; il l'appelle et elle ne vient pas. Pour le bébé, et en tout cas pour le fœtus tant qu'il est dans le sein de sa mère, il n'y a pas de dualité, de division entre « moi » et « séparé de moi ». La naissance inévitable de l'ego, c'est la perception de cette distinction : ceci n'est plus moi, c'est autre, indépendant, ne répondant pas à ma demande. Il y a chez le petit enfant une nature tyrannique qui veut que la réalité soit une avec lui et qui refuse l'abandon de cette fusion. L'enfant, en grandissant, se heurte – parfois violemment – à l'autre. Puis il se plie, il cède, sans se réconcilier au fond de lui-même avec l'implacable loi de l’altérité et de la différence. Là se trouve l'origine de la dualité au sens le plus immédiat, le plus concret, et il y a refus de cette dualité chaque fois qu'elle ne nous convient pas. C'est la base de la constitution de l'ego et du mental, avec leur tendance despotique qui cherche toujours à reprendre le dessus et qui est presque tout le temps, sinon tout le temps, battue en brèche par l'existence. Parmi les personnages contradictoires qui nous composent se trouve un tyran : je veux, j'exige, j’ordonne. Il faut reconnaître l'aspect psychologique subtil qui est à la source de ces comportements dictatoriaux.


Cette nostalgie d'un monde qui ne serait pas autre que nous subsiste à travers les années. Elle est tout le temps présente et tout le temps déçue, avec l'espoir du miracle – hélas éphémère – dans la passion amoureuse : je vais trouver avec mon bien-aimé ou ma bien-aimée la relation fusionnelle que j'ai connue autrefois dans les bras et plus encore dans le sein de ma mère. Espoir illusoire et irréalisable que l'autre va devenir moi, va devenir comme moi, va devenir identique à moi. C'est le grand leurre de la fascination amoureuse : nous sommes un, nous sommes faits l'un pour l'autre...


Le chemin de la non-dualité, de l'unité, de la communion, passe d'abord par une vraie dualité. Regardez bien le diagramme célèbre du yin et du yang : une partie noire avec un point blanc et une partie blanche avec un point noir, entrelacées, car il ne s'agit pas d'un cercle coupé en deux par un diamètre. Il y a bien un cercle, un, réunissant une partie noire et une partie blanche intimement associées, mais le noir reste noir, le blanc reste blanc. Et une certaine demande fusionnelle qui demeure en nous aboutirait à mélanger le noir et le blanc en une couleur grise uniforme : enfin nous ne sommes plus qu'un! Faux. Le diagramme de l'unité du yin et du yang n'est pas une couleur grise. C'est l'association intime, à l'intérieur d'un cercle, du noir et du blanc. Vous pouvez, sans être spécialiste du taoïsme, vous souvenir de cette image. Ne cherchez pas la non-dualité là où vous ne la trouverez jamais, là où elle ne sera jamais...

Chaque fois que nous refusons qu'un aspect ou un autre de la réalité soit ce qu'il est, nous tentons de nier cette dualité et de revenir à une fausse non-dualité dans laquelle la réalité relative est un as­pect de nous et, par conséquent, correspond à notre attente. Si je ne suis pas paralysé et que je veux porter ma main à mon front, cela m'est possible. Mais si je veux que tel ou tel aspect de la réalité m'obéisse, cela ne se produira que rarement. Tout nous le montre du matin au soir, c'est une évi­dence mais, en profondeur, pourquoi ne le reconnaissons-nous pas plus facilement? Si nous acceptions vraiment cette évidence, quelle émotion pourrait subsister? Regardez bien. S'il est tellement évident que l'autre est un autre, moi et lui, que j'ai un certain pouvoir sur moi mais que je n'ai qu'un pouvoir très limité sur lui, si vous êtes vraiment d'accord, comment se fait-il qu'il y ait encore des émotions? L'émotion ne peut naître qu'à partir de cette vaine espérance que la réalité est mon pro­longement, que je suis le centre de toute la création. Si j'admets que cette prétention va être tout le temps battue en brèche, je n'ai plus d'émotions. Chaque émotion, chaque « oh non! », sous toutes ses formes, chaque déception, chaque attente trahie, proclame notre illusion d'une fausse non­ dualité et notre tentative inlassable mais vaine d'égocentrisme.


ARNAUD DESJARDINS 
La Voie et ses pièges
extraits
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mardi 21 mars 2017

Rappel mental...

«On dit que l'on vit dans le monde. C'est une affirmation fausse. C'est une illusion. En réalité on ne vit pas dans le monde. On ne vit pas avec quelqu'un d'autre. On vit toujours dans son propre monde. On ne parle pas à quelqu'un d'autre. On parle à un objet de sa propre création. Voilà ce qu'est le mental.

Pour vérifier ceci, essayez seulement de voir si vous avez une émotion, un trouble, un sentiment de mal-à-l'aise quelconque en vous ? Comment vous sentez-vous ? Toujours la même question. Comment vous sentez-vous réellement : êtes-vous tout à fait à l'aise ou non ?... Si vous vous êtes séparé de la réalité, essayez encore une fois de voir ce qui se passe. La dualité est la nature véritable du mental.

La dualité est la caractéristique de la création : action-réaction, haut et bas, chaque chose a une forme duelle. Il n'y a rien sans dualité. Une seule roue pour une charrette ne suffit pas. Deux roues sont indispensables...»

Swami Prajnanpad, 
«L'expérience de l'unité»

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dimanche 28 août 2016

L’expir, Verbe créateur avec Annick de Souzenelle


S’il ignore ce qu’il est, l’homme est aliéné, par rapport à son potentiel vital ; il ne vit qu’à la superficie de lui-même, ne respire donc qu’à la superficie de lui-même, survit en redoutant la mort qu’il crée d’autant plus et plus vite qu’elle devient en fin de compte, inconsciemment, son seul objectif. Je ne pense pas que nous puissions prendre délibérément et consciemment pour objectif la vie sans l’objectiver au plus haut niveau de conscience, c’est-à-dire sans avoir l’audace de plonger dans son mystère oublié, mais dont nos mythes traditionnels sont la mémoire.
Je vous invite à cette audace en ouvrant ensemble le livre de la Genèse dont la tradition hébraïque nous dit qu’il est tout entier contenu dans le premier chapitre, lui-même dans le premier verset, celui-là dans le premier mot — Bereshit — et ce premier mot dans la première lettre, le Beith. Obtenant du « Saint-Béni-Soit-Il », selon le Zohar, de présider à la création du monde, la lettre Beith fait présider avec elle le nombre 2, l’altérité, le « toi ». Dieu crie : « Toi, ma bien-aimée » dans un dire-expir-orgasme archétypiel, et la Création est.
« Dire-expir-orgasme » sont inséparables l’un de l’autre. Les sept jours de la Création sont une coulée de cet expir-verbe divin. Les six premiers jours, un ordonnancement de l’énergie ainsi écoulée. Le septième jour, le Shabat, fond de l’expir, rétention du souffle créateur, préparation de l’inspir divin dans lequel toute la création est emportée. Cet inspir est l’histoire, notre histoire, celle de l’humanité, celle de chacun de nous. Dans le Shabat, l’étincelle de vie est déposée au cœur de chacun de nous, amorçant notre propre respiration dont le rythme à deux temps à l’image du rythme divin, s’inscrit dans l’inspir archétypiel. C’est l’histoire du 2 dans son retour à l’un.
Bereshit, le premier mot de la Genèse, en contient deux : Bara – crée ; Shit, se pose dans un fondement. Dans le premier verset : « Bara shit Bara Elohim eth Hashamaim Veet Ha-aretz », le rythme à 2 temps saisit toute l’œuvre ; tout respire : diastole, systole ; le jour, la nuit ; lumière, ténèbre ; été, hiver ; flux et reflux des mers ; le rire et les larmes ; la naissance et la mort. Un immense cœur bat.
Mais avant même que le premier jour fasse éclater la lumière, « le souffle de Dieu plane sur la face des eaux » – « Ve Roua’h Elohim Mera’hephet al Pne Hamaïm ». Une pneumatologie grandiose s’instaure.
Le verbe « planer » ne rend pas compte de la force pénétrante en même temps que réchauffante et ouvrante du terme «Méra’hephet » : le souffle de Dieu, en même temps qu’un expir, est verbe. Il est une pénétration mâle et amoureuse des eaux qui alors éclatent et se séparent. C’est à la rupture des eaux que naît le Beith. Et le Beith lui-même est constitué, dit le 1er verset, de « Shamaîm » et « Aretz », « cieux et terre » qui plus tard seront appelés « humide et sec ». Je dirai aussi « inaccompli et accompli » qui sont les deux seuls réels temps du verbe hébraïque, car il appert que la respiration de l’homme lui est donnée pour s’accomplir et que son accomplissement constitue l’inspir divin.
Dans cette perspective, à l’image archétypielle, l’expir de l’homme est verbe, verbe créateur. Mais depuis le drame de la chute, il se diversifie en verbe créateur, sa fonction ontologique, et organe procréateur, fonction temporaire qui lui est donnée en attente de son retour aux normes ontologiques. Ce qui fait que le bloc urogénital de l’homme n’est qu’une diversification du bloc cardiorespiratoire et phonatoire...

(Revue Énergie Vitale. No 11. Mai-Juin 1982)
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