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lundi 23 septembre 2024

L'Indestructible, par Arnaud Desjardins


 « Swâmiji m’a dit un jour : « You know shooting films because you have the being of a cameraman – vous savez filmer parce que vous avez l’être d’un cameraman. » En tant que réalisateur de films, je peux dire que c’était vrai : j’ai été bien servi par le cameraman Arnaud Desjardins, donc je comprends bien Swâmiji. Mais, une fois rentré dans ma petite chambre et notant mon entretien, je me suis demandé : « Pourquoi m’a-t-il dit cela ? Qu’est-ce que cette formulation qui mélange les verbes avoir et être ? » C’est qu’en effet « l’être d’un cameraman » est périssable et mourra si j’ai une maladie évolutive aux yeux qui fait que je vois de moins en moins bien. La cécité détruit les cameramen et les coureurs automobiles, pas les ténors. Et elle ne détruit pas les pères ou les mères. 

Si une femme pianiste virtuose et mère perd son enfant, la mère est brisée mais pas la pianiste. On peut même imaginer que sa souffrance de mère, si elle arrive à la surmonter, puisse enrichir sa sensibilité pour interpréter certaines œuvres. Mais un accident aux mains, même léger, et la pianiste est détruite. Elle peut encore jouer une petite mélodie pour apprendre des chansons à ses enfants mais la virtuose a été tuée. Tous ces aspects de nous-mêmes pour lesquels nous nous prenons sont destructibles – tous ne seront pas détruits mais la plupart le seront par le vieillissement : on n’a plus les mêmes performances physiques, la même mémoire, le même magnétisme sexuel. 

Réfléchissez à cette idée. J’ai des enfants, donc c’est moi en tant que père qui suis plus ou moins comblé, déçu ou détruit. Mes enfants sont charmants et bons élèves, je suis un père heureux. Un de mes fils tombe sous la coupe d’une bande de jeunes révoltés et il en arrive au petit banditisme : je suis détruit en tant que père heureux. J’étais et je ne suis plus. 

Si nous remplaçons la peur de mourir par la peur d’être détruit dans un aspect ou un autre de ce à quoi nous nous identifions et qui est changeant, nous comprenons que la voie spirituelle, c’est la recherche de l’Indestructible en nous, ce que le Bouddha avait appelé le Non-Né, ce que l’Évangile appelle le Royaume des Cieux ou le Royaume de Dieu, ce que le vedanta appelle l’atman. Il s’agit d’une recherche menée en soi-même. Ceci est destructible, cela est destructible. Le reconnaître n’est pas pessimiste mais réaliste. La beauté est fragile : un accident au visage que la chirurgie esthétique ne peut pas complètement réparer et une actrice n’est plus une star. Ayez le courage de reconnaître : « En quoi suis-je destructible – ou, plutôt, quels aspects de “moi” le sont-ils ? » Croyez-le ou non, pour certains hommes, la destruction de leurs cheveux par la calvitie est une souffrance cruelle ! Qu’est-ce qui est détruit ? L’homme qui avait une belle chevelure. »

(Arnaud Desjardins, «La paix toujours présente», chap. 3)

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mardi 23 juillet 2024

De tout, il resta trois choses


 De tout, il resta trois choses
 :

La certitude que tout était en train de commencer,

la certitude qu’il fallait continuer,

la certitude que cela serait interrompu avant que d’être terminé.

Faire de l’interruption, un nouveau chemin,

faire de la chute, un pas de danse,

faire de la peur, un escalier,

du rêve, un pont,

de la recherche…

une rencontre.

Fernando Pessoa

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lundi 19 février 2024

Violence, tensions, micro-agressions : comment apprendre à se préserver



INTERVIEW. Le psychiatre Christophe Massin nous invite à analyser nos propres mécanismes de défense et partage des pistes pour se protéger et « se réconcilier avec soi-même ».

par Alice Pairo-Vasseur (Publié le 16/02/2024) dans Le Point

«  Avoir du mal à se défendre n’est pas une fatalité. On peut avoir le sentiment que cela nous dépasse, qu’on ne peut faire autrement, mais la vérité est que chacun peut progresser dans ce domaine », fait valoir le Dr Christophe Massin.

L'attitude délétère d'un proche, le mépris d'un chef, l'agressivité d'un quidam… La nécessité de se défendre et de se faire respecter nous concerne tous. Or nous n'avons pas tous la même capacité à le faire. Pourquoi certains subissent quand d'autres protestent et savent poser leurs limites ? Et comment apprendre à s'opposer et se préserver ? Avec Savoir se défendre – L'immunité psychique (éd. Odile Jacob), le psychiatre Christophe Massin propose une analyse fine et accessible des mécanismes de défense. Il nous invite à observer notre propre fonctionnement, à prendre conscience de nos conditionnements et partage ses pistes pour faire face aux agressions extérieures. Et « se réconcilier avec soi-même ».

Le Point : Vous nous invitez, à travers votre livre, à préserver notre « immunité psychique ». De quoi s'agit-il exactement ?

Christophe Massin : Comme avec l'immunité physiologique, qui nous protège des agressions de toutes sortes (microbiennes, infectieuses…), l'immunité psychique vise à nous défendre de situations (actions, paroles…) qui pourraient nous atteindre et nous perturber sur le plan psychologique. Mon observation part d'un constat clinique : pour m'être occupé de risques psychosociaux en entreprise, j'ai pu observer pendant des décennies combien les personnes qui manquaient de défenses, de limites, pouvaient être maltraitées, exploitées ou écrasées.

Et ce, dans tous les milieux : ouvriers, cols blancs, infirmières, gendarmes… Ces actions ne mettaient pas, à proprement parler, leur vie en danger. Mais elles avaient le pouvoir de les atteindre, de les perturber sur le plan psychique et même, à terme, d'avoir un impact sur leur corps et leur santé (allergies, déficiences immunitaires, maladies auto-immunes…). Préserver son immunité psychique revient donc à distinguer ce qui est bon pour soi de ce qui peut nous faire du tort. Mais aussi à se faire respecter, à poser ses limites et à défendre son intégrité. Comme une sentinelle qui dirait : « Non, ça, je ne laisse pas passer. »

Notre société nous mettrait plus à l'épreuve que jamais, exposez-vous dans votre livre. Expliquez-nous…

Je ne suis pas sociologue et cela mériterait une analyse à part entière. Mais force est de reconnaître qu'une désinhibition des pulsions agressives opère dans notre société. Et le mouvement semble général : les conducteurs de bus, les maires, les médecins, les professeurs. Tous ceux qui travaillent au contact du « public » sont touchés. Les écriteaux de salles d'attente rappelant qu'on doit « respecter la secrétaire », les professeurs qui racontent qu'ils se font insulter par leurs élèves…

Tout cela aurait été inconcevable quelques années en arrière ! Cette agressivité dépasse d'ailleurs nos frontières, le climat de tensions et de crises que l'on observe sur l'ensemble de la planète (réchauffement climatique, conflits…) fait monter les réflexes de peur, donc la violence. Dans cet environnement de plus en plus instable et imprévisible, il est fondamental de s'interroger sur ses ressources. Suis-je prêt à faire face ? Vais-je réussir à ne pas me laisser embarquer ?

Vous pointez aussi les effets délétères d'une agressivité « minimisée », « banalisée »…

Oui, car cette agressivité n'est pas reconnue comme telle, et peut être, de fait, un véritable piège. Plus pernicieuse que l'attaque frontale ou l'insulte, elle est faite de jugements dépréciatifs, de mépris, voire d'une surdité à ce que l'on est. Quand, en réunion, ce supérieur ou ce collègue vous fait une remarque « l'air de rien », ce peut être une flèche, un projectile que vous recevez. Et il est important de ne pas s'y habituer. Cela commence par le fait de le reconnaître et de le nommer puis de le signifier. Cela n'a souvent « pas l'air méchant », mais ce peut être, dans certains cas, un poison : vous êtes déstabilisé, commencez à douter de vous, à culpabiliser…

Comment savoir si l'on malmène son immunité psychique ?

Les retours des autres (proches, amis, collègues…) peuvent être très utiles en la matière. Si mon entourage me fait part de réactions qui lui paraissent inadaptées (« mais tu ne dis rien ? », « pourquoi tu laisses faire ça ? »), cela mérite, sans doute, que j'y regarde de plus près… Mais je peux aussi en prendre conscience, de moi-même.

Certains, par exemple, vont être affirmés dans certains contextes, et se montrer plus inhibés dans d'autres : ils se défendent avec assurance dans leur vie personnelle mais ne font pas de vagues au travail, ou l'inverse. S'ils en sont satisfaits, alors il n'y a pas nécessairement de problèmes. Mais s'ils se sentent frustrés, blessés, humiliés, si cela joue sur leur confiance en eux ou affecte leur capacité à agir et prendre position, alors c'est qu'ils malmènent leur immunité psychique.

Il existe en nous des mécanismes basiques face à l'agression. Ce sont d'ailleurs les mêmes que chez les animaux : le neurobiologiste et spécialiste du comportement animal Henri Laborit avait ainsi détecté trois modes de réponses (symbolisés par ce qu'il appelait les « 3 F », pour « fight, flight, freeze ») : j'« entre en conflit », je « fuis » ou je me « pétrifie » – il en existe aussi de plus marginaux, comme la ruse. L'important est de s'assurer que j'adapte cette palette de réactions selon les circonstances, car chaque situation requiert une réponse sur mesure. Si, par exemple, ma réaction aux agressions est toujours la même (je me montre agressif, contourne, fais profil bas ou tente d'amadouer mon interlocuteur), c'est que ma réponse immunitaire n'est pas adaptée.

Ces réactions sont souvent le fruit de conditionnements profonds, dites-vous dans votre livre. Comment les contredire ?

En effet, certains conditionnements peuvent avoir des effets importants – et délétères – sur nos capacités à nous défendre. En premier lieu desquels la peur, qui peut complètement inhiber un enfant, et l'adulte qu'il deviendra. Comme le manque de soin, qui l'amènera à penser qu'il est quantité négligeable et peut se « laisser faire ». Ou le fait qu'il s'attache à ne pas reproduire certains comportements (en particulier ceux d'un parent), qui le conduiront à répondre de façon inadaptée aux situations d'agression.

Pour autant, avoir du mal à se défendre n'est pas une fatalité. On peut avoir le sentiment que cela nous dépasse, qu'on ne peut faire autrement, mais la vérité est que chacun peut progresser dans ce domaine ! Bien sûr, cela ne se fait pas d'un coup de baguette magique. Se défaire de conditionnements (particulièrement lorsqu'ils ont trait à la peur, qui reste l'inhibiteur le plus fort) demande du travail et l'on peut se faire aider pour cela. Je donne des pistes concrètes dans ce livre. Mais, comme je l'expliquais plus tôt, il y a un préalable et cela commence par une prise de conscience de son propre fonctionnement.

La colère – généralement présentée comme improductive, voire comme un signe de faiblesse – est plutôt valorisée dans votre livre. Expliquez-nous…

Oui, car il y a de saines colères. Qu'il convient de distinguer des emportements colériques, qui soulagent momentanément mais ne résolvent rien, ne sont bénéfiques à personne et induisent parfois des retours coûteux… Une colère saine n'est pas dirigée contre l'autre, elle permet d'affirmer que j'existe, de signifier que je refuse qu'on piétine ce qui est important pour moi et de préserver ce qui m'est précieux (mon intégrité, mon identité…).

Elle est une manifestation de l'immunité psychique. Voyez, dans la nature, comment les femelles sont capables de faire reculer l'ennemi pour protéger leurs petits : une lionne peut sortir les griffes face à deux lions dominants, un oiseau poursuivre un gros prédateur parce qu'il s'est approché trop près du nid… C'est magnifique et surtout salvateur, au sens premier du terme !

Votre livre expose, enfin, que ce qui est opérant au niveau individuel l'est aussi pour nous tous. Qu'avons-nous à gagner, collectivement, à préserver notre immunité psychique ?

Il n'y a qu'à voir quels ressorts les mouvements populistes, ou les démagogues, actionnent. En mobilisant la peur, la haine et en désignant un bouc émissaire (le Juif, l'étranger, le riche…), ils conditionnent leurs sympathisants et biaisent, d'une certaine manière, leur immunité psychique. Ce qui apparaît comme un danger suscite, alors, une réponse disproportionnée, voire inadaptée, à ce qui apparaît comme une menace. Être conscient de ces mécanismes et apprendre à y répondre est donc un enjeu individuel et collectif.



Savoir se défendre – L'immunité psychique, de Christophe Massin, éd. Odile Jacob, 208 pages, 21,90 euros.

La nécessité de se défendre nous concerne tous : une relation où l’on est agressé par un proche, des exigences professionnelles qui dépassent les limites, un réseau qui cherche à nous embrigader en distillant de fausses informations.
Or nous n’avons pas tous la même capacité à nous défendre.
Pourquoi certains restent-ils passifs alors que d’autres protestent et savent poser leurs limites ? Pourquoi d’autres encore retournent l’agression contre eux-mêmes ou bien réagissent de façon excessive ?
Prendre conscience de son fonctionnement psychologique, en élucider les motivations profondes est un préalable à un véritable travail de renforcement de l’immunité psychique, qui permettra d’en finir avec l’impuissance et la culpabilité et de se réconcilier avec soi-même.

L’immunité psychique : une nouvelle approche pour apprendre à se défendre, à se faire respecter et à empêcher la violence contre soi.

Christophe Massin est psychiatre. Il a notamment publié Souffrir ou aimer. Transformer l’émotion, qui a reçu le prix Psychologies-Fnac en 2014, et Une vie en confiance. Dialogues sur la peur et autres folies qui sont de grands succès. 

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mardi 28 novembre 2023

Où est la peur ?


 Devenez conscient de la localisation de la "peur" dans votre corps, dans votre estomac, dans la poitrine, dans le cou ou la mâchoire ; alors vous êtes dans le présent.

En d'autres termes, abandonnez le concept "peur" parce qu'il appartient au passé, et faites fasse à la peur actuelle avant de la nommer.

C'est du très grand art, que de faire face à la sensation sans la contrôler, sans la fuir, l'analyser ni la juger, mais tout simplement l'écouter.

C'est dans cette écoute que vous parviendrez à comprendre que vous n'êtes pas le corps.

Jean Klein / Entretiens à Delphes

œuvre de Gérard Beaulet

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dimanche 5 novembre 2023

La guerre quotidienne

Comme il est difficile d’admettre qu’Israéliens et Palestiniens ont la même souffrance anthropologique !

Les palestiniens souffrent d’enfermement à en mourir. Les Israéliens d’encerclement à en mourir.

Si nous examinons notre émotion face aux massacres des deux camps, nous nous apercevons qu’elle évoque notre propre peur de mourir. Ce qui permet la compassion.

Poussons le bouchon plus loin si nous admettons que ces deux peuples ont autant le droit de vivre et qu’ils s’entretuent pour survivre.

Dans les deux camps, ils ont oublié le sacré de la vie humaine. Et comble de la déraison, parfois et souvent, ils tuent au nom de Dieu.

Dieu n’est pas Dieu s’il n’est pas universel, s’il n’est pas amour.

Tuer est une profanation de Dieu, une ignorance de la nature divine de l’homme. Seulement la miséricorde pour leur lutte de survie permet de les comprendre (ce qui ne veut pas dire justifier).

 « TU NE TUERAS POINT »

Ce commandement universel est au futur. L’humanité n’est pas encore prête.

Cette proposition nous invite au présent à remplacer nos réactions de haine, par des pensées de miséricorde. Et même, dans le quotidien, être fâché contre quelqu’un, contre soi-même, réclame un acte de tendresse, un acte anti-guerre. Le futur commence maintenant.

 Christian Rœsch (revue Reflets)




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mercredi 1 novembre 2023

Voir clair !


 Voir quelque chose clairement est l'action la plus totale qui soit.

Quand un inconnu vous aborde, vous ne savez pas si c'est votre futur mari ou quelqu'un qui veut vous étrangler. Comment le savoir ? Vous allez écouter, regarder, sentir, être présent.

Vous n'allez pas vous laisser abuser par l'apparence...

Écoutez comment est son corps, sa pupille, ses mains, la position de ses pieds, son souffle, sa tête, comment il se présente, son débit d'allocution, le ton de sa voix, quand la voix se coince, se libère... et vous allez savoir si c'est votre futur mari ou s'il vaut mieux accélérer le pas. 

Vous ne pourrez le percevoir qu'en écoutant. De l'écoute vient le geste juste. À un  moment donné, cette écoute devient instantanée. Si vous ne l'avez pas instantanément, c'est qu'il reste en vous un relent de peur, d'angoisse. Il faut écouter, c'est tout. Vous n'avez pas à ôter la peur. Voir quelque chose clairement est l'action la plus totale qui soit.

~ Éric Baret

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lundi 24 juillet 2023

Conscience des pensées

 

Hier à la méditation chez nous à Saint Maxire nous avons continué l'exploration de notre esprit en nous interrogeant sur la source de notre distraction et la source de nos émotions.


Si nous voyons une corde et que nous imaginons que c'est un serpent, nous sommes distraits de la corde et avons peur du serpent, et habituellement nous allons essayer de fuir la corde. Que se passe-t-il en réalité ? Nous n'avons pas peur de la corde, nous avons simplement peur de notre pensée au sujet de la corde. Nous avons vu la corde et la pensée qui a suivi est "c'est un serpent" et les pensées se sont enchaînées pour aboutir à une émotion de peur qui est une facette de l'aversion.

Donc la réalité c'est que nous avons peur de ce qui est apparu dans notre propre conscience, nous avons peur de nos constructions mentales. C'est en soi une très bonne nouvelle car à ce niveau nous avons tout pouvoir de faire se dissoudre cette peur qui n'est qu'un mouvement de notre esprit. Cela nous amène à prendre conscience petit à petit, pas à pas, que notre problème n'est pas tant ce qui arrive et sur lequel nous ne pouvons pas grand chose, mais la relation que nous entretenons avec ce qui arrive.

La clé de ce travail est de prendre conscience des pensées qui ce lèvent après une simple perception qui est factuelle. Et nous pouvons observer que suite à une perception, nous pouvons observer un mouvement de notre esprit, ce qui est humain et toute à fait normal. Ce mouvement est le plus souvent rempli d'attachement et d'aversion, ce qui est encore humain et tout à fait normal. Le problème est la saisie de cet attachement ou de cette aversion que nous prenons pour un phénomène existant, comme nous croyons à la réalité du serpent, alors qu'il ne s'agit que d'une pensée, d'un mouvement de notre esprit.

Pouvons-nous essayer de conserver notre esprit fluide avec la discrimination nécessaire ? C'est par cette présence à nous-mêmes que petit à petit nous pourrons commencer à nous libérer des émotions qui nous perturbent à cause de la saisie de nos attachements et de nos aversions.

Avec ma profonde amitié pour vous tous, je vous souhaite à tous une très belle journée, conscients de ce qui se passe dans votre petit esprit.

Philippe Fabri

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dimanche 23 juillet 2023

Le parfum d'une fleur est là.

 KRISHNAMURTI : L'AMOUR EST L'ATTENTION TOTALE 


Il y a perception d'une souffrance. Mon fils, ma mère, mon père meurt. Ce qui se passe généralement, c'est que je fuis. Parce que je ne peux pas faire face à ce sentiment énorme du danger de solitude, de désespoir, alors je fuis. Je m'évade dans l'idéologie, dans les concepts, et de bien d'autres façons. Percevoir la fuite, juste la percevoir, pas la vérifier, pas la contrôler, mais juste être conscient qu'on fuit, alors la fuite s'arrête. 

L'élan de la fuite est un gaspillage d'énergie, mais la perception met fin au gaspillage. Par conséquent, vous avez plus d'énergie. Puis, lorsqu'il n'y a pas d'échappatoire, vous êtes confronté au fait de "ce qui est", c'est-à-dire : vous avez perdu quelqu'un. La mort, la solitude, le désespoir... C'est exactement ce qui est. Il y a une perception de ce qui est. Le fait est que j'ai perdu quelqu'un. C'est un fait. Ils sont partis. Et je me sens terriblement seul, c'est un fait. Seul, sans aucun sentiment de relation, sans aucun sentiment de sécurité. Je suis complètement à bout. 

Il y a une prise de conscience de ce vide, de cette solitude, de ce désespoir. Quand vous ne vous échappez pas, vous conservez l'énergie. Maintenant il y a cette conservation d'énergie quand je suis confronté à la peur de ma solitude. Alors j'examine l'état de l'esprit qui a perdu, l'esprit qui dit : "J'ai tout perdu. Je suis vraiment désespéré." Et il y a la peur : voyez cette peur. Ne fuyez pas, ne lui échappez pas, n'essayez pas de l'étouffer : voyez cette peur. 

N'ayez pas le choix d'être conscient de cela. Puis dans cette prise de conscience, la peur disparaît. Elle disparaît vraiment. Et vous avez maintenant plus d'énergie. 

Pourquoi y a-t-il de la souffrance ? Qu'est-ce que la souffrance ? Est-ce de l'apitoiement sur soi ? Que signifie l'apitoiement sur soi ? Voyez-vous, cela signifie que le "Moi" est plus important que l'autre personne. 

La vérité est : je n'ai jamais aimé cet homme. Je n'ai jamais aimé cet enfant. Je n'ai jamais aimé ma femme, mon mari, ma sœur ou mon frère. Là je découvre que dans l'état de conscience, il y a la découverte que l'amour n'a jamais existé. Je ne l'avais pas, je ne pouvais pas l'avoir. L'amour signifie quelque chose de complètement différent. Maintenant, j'ai une énergie formidable. Pas d'échappatoire, pas de peur, pas d'apitoiement sur moi-même, à être tellement préoccupé par moi-même, par mon anxiété. Il y a cela à cause de cette souffrance. Il y a une énergie bouillonnante, qui est vraiment l'Amour !

Maintenant, je ne porte plus mon attention sur la personne décédée, mais plutôt sur mon état d'esprit. L'esprit qui dit : "Je souffre". Donc je découvre que l'amour est une attention totale. Sans aucune division. C'est vraiment important, car pour nous, l'amour est sexuel et d'autres façons. L'amour est plaisir. Et l'amour c'est la peur, l'amour c'est la jalousie, l'amour c'est la possessivité, la domination. Nous utilisons ce mot "amour" pour dissimuler tout cela. Amour de Dieu, amour de l'homme, amour de la patrie, etc. Tout cela est l'amour de mon souci de moi-même. 

C'est une formidable découverte qui exige une grande honnêteté pour dire : je n'ai jamais vraiment aimé personne. J'ai fait semblant, j'ai exploité, je me suis adapté à quelqu'un. Mais le fait que je n'ai jamais su ce que signifie aimer, c'est une immense honnêteté. Dire que je pensais que j'aimais et que je ne l'ai jamais trouvé. Maintenant, je suis tombé sur quelque chose qui est réel, c'est-à-dire : j'ai observé "ce qui est" et j'ai avancé à partir de cela. Il y a une conscience de ce qui est et cette conscience bouge. 

C'est vivant, ce n'est pas quelque chose qui arrive à une conclusion. Ne dites pas : "j'aime, je n'aime pas, c'est bien, c'est mal..." Soyez juste conscient. Et puis à partir de là, grandit la flamme de la conscience, si nous pouvons l'appeler ainsi. Lorsque vous êtes si conscient, il y a cette qualité d'amour. Vous n'avez pas à être ou ne pas être. C'est déjà là, comme le parfum d'une fleur – c'est là !

~ Jiddu Krishnamurti

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mercredi 17 mai 2023

Tu as de la chance

 (remarque entendue aujourd'hui) 


L'art de la chance consiste à saisir les chances qui se présentent à nous pour construire une destinée.

Tout le monde a "de la chance", en ce sens que la vie nous présente régulièrement de très bon trains pour suivre notre fil rouge vital intérieur.

Oui, mais trop souvent, "ce n'est pas le bon moment", "ce n'est pas raisonnable", "c'est trop cher", "je ne suis pas assez qualifié, avancé", "je le ferai plus tard", "je suis trop...", "il y a un proche dont je dois m'occuper," "ça sert à rien ça ne marchera jamais ", "je sais ce que j'ai je vais pas risquer ça pour un truc incertain", "je ferai ça à la retraite, quand les enfants seront loin, quand j'aurai fini ce livre...".

Personne n'a de la chance plus qu'un autre. Toutes les cartes Bazi comportent forces, faiblesses et opportunités.

En plus si l'on est honnêtes, on le sait, on le sent, que toutes nos cellules nous crient notre fil rouge, notre suite. Mais personne ne peut nous mentir autant que nous, à nous-mêmes. Nous sommes les champions de la dissimulation...à nous-mêmes. 

Les personnes qui se déploient et trouvent une assise joyeuse en elles-mêmes sont simplement celles qui ont bravé leurs peurs, qui ont osé, contre l'avis de leur inertie, qui ont dit non à tout ce qui était "au dessous de leur dignité" (Swami Prajnanpad de mémoire). Et qui ont osé suivre l'évidence, parfois, souvent, contre l'avis des systèmes en place. 

Alors, seul.e devant ton miroir, où va ton fil rouge ? Et oseras-tu ?

Fabrice Jordan

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samedi 1 avril 2023

Face à la peur

 Q : Ce serait quoi par exemple perdre le contrôle ?

Éric Baret : C'est de se trouver sans dynamisme pour faire ou ne pas faire. Plus la moindre prétention à ma propre capacité. L'ego ne peut pas supporter un tel moment. J'ai passé ma vie à développer mes facultés, à créer un monde où je suis relativement compétent, à prétendre être indépendant, à pouvoir survivre et me sortir de situations complexes et là, en un seul instant, je m'aperçois que j'ai rêvé ma vie. Toutes les compétences que j'ai acquises par mon ascèse, grâce à mes capacités intellectuelles ou affectives, étaient un rêve... 


Quand je me réveille, la fortune, les châteaux, les titres que je possédais, les œuvres que j'ai accomplies en rêve : qu'en reste-t-il...?

Ce moment est une émotion profonde. 

J'ai rêvé ma vie. J'ai tout inventé. Rien de tout cela existe, sauf ma peur, la codification de ma peur. Ma vie est la représentation de cette peur. Quand un psychiatre compétent – si cela existe – me demande de dessiner un arbre, il y voit les ramifications de ma peur. Si je lui montre la photo de ma femme, de mes enfants, de mon chien, de ma maison, de ma voiture et de mon corps, il ne voit que ma peur. La peur qui m'a fait acheter une femme, une maîtresse, un chien de cette race, qui m'a fait fabriquer ces enfants, qui m'a fait travailler pour être riche ou pauvre, qui me fait m'habiller, me tenir, respirer, parler, me présenter de telle manière, qui m'attache à telle idée politique ou sociale, à tel goût littéraire ou cinématographique. Tout cela est ma peur qui joue dans sa splendeur. 

Pas de critique : je constate cela en moi. Je ne peux pas faire autrement. Ce n'est pas comme si je pouvais fonctionner sans peur. Je me rends compte que la vie que je me suis créée, les capacités que j'ai cherché à développer – la force, le courage, l'intelligence, la spiritualité, la méditation, la sagesse ou autres balivernes – tous ces éléments je les ai développés pour ne pas faire face à l'émotion qui m'habite constamment. 

Pour fuir cette évidence qui me montre ma totale inadéquation, j'ai créé un monde où je me prétends une capacité. Alors je deviens un bon mari, un bon citoyen, un bon amant, un bon père, un bon bouddhiste... tout ça pour prétendre exister. D'un coup, je me réveille, je me rends compte qu'il n'y avait là que prétention, que je ne suis rien de tout cela...

Cette émotion, on la connaît tous, quand on est dépassé, submergé par quelque chose. Par mauvaise habitude, quand ça arrive, on dit : "c'est une émotion, je perds le contrôle, je vais essayer de me calmer, prendre un tranquillisant, faire quelque chose pour chasser l'émotion"...

Au contraire, ce moment d'humilité, de non-savoir, cette abdication, est le vrai savoir, la vraie sécurité. 

Voir sa non-qualification est l'émotion essentielle. Tant que l'on prétend à une qualité, cet imaginaire étouffe la vie en soi. 

C'est profondément une reconnaissance. 

~ Éric Baret

De l'abandon 

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vendredi 27 janvier 2023

L'année 2023 : remettre en cause nos troubles habitudes

 

Douceur et travail sur les peurs.
Prendre du recul pour se régénérer et structurer des actions.
Faire et se faire confiance !


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lundi 29 août 2022

Le rapide demain

 

Peur du lendemain
 

C’est la rentrée.
L’été – pas encore achevé – a été prodigue en évènements divers.
Les phénomènes climatiques ont dominé l’information. La chaleur caniculaire mondiale entraîne la sécheresse avec ses conséquences : incendies monstres, cultures desséchées, alternant avec des orages catastrophiques.
L’autre volet d’inquiétude est la guerre en Ukraine. Elle s’étire sans paraître pouvoir être arrêtée. Au contraire, elle ravive l’inquiétude du risque d’un accident nucléaire majeur, et celui d’une possible guerre mondiale. Elle a été la justification d’une reprise de l’inflation, avec une envolée du prix de l’énergie entraînant celui des matières premières et de l’alimentation. Cette situation économique aggrave la distorsion entre les plus riches… et tous les autres ! La pauvreté s’accroît, gravement pour les plus fragiles.
Le troisième volet médiatique, comme un leitmotiv, est la persistance du covid, avec l’annonce de nouveaux virus et la réactivation d’anciennes maladies.
 
Malgré le joli bronzage, comment ne pas être inquiet ?
Il est normal d’avoir peur.
Les pouvoirs publics, dans tous les pays, souhaitent que nous y succombions, pour que nous les prenions pour des sauveurs et accepter leurs remèdes.
Mais nous ne sommes pas obligés de céder notre libre arbitre.
Savez-vous que la peur est une bonne conseillère ?
À condition d’apprendre à l’utiliser.
Soit on lui cède, et dans ce cas elle provoque la tétanisation ou l’agitation, avec son cortège de paroles inutiles, amenant la panique, pour finir par faire n’importe quoi. Voire le pire, dans les comportements de foule prise de panique.
 
Comme c’est bon d’apprivoiser la peur et de lui parler :
J’ai peur de quoi précisément ?
J’ai peur qu’il m’arrive ceci ou cela !
C’est le début d’un dialogue intérieur essentiel. Plus je vais creuser, plus je vais me tranquilliser.
Peur qu’il m’arrive quoi exactement ?
Ayant identifié la cause, je peux chercher un soulagement.
Qu’est-ce que je peux faire pour que cela ne m’arrive pas ?
Si c’est un problème personnel, un souvenir peut éclairer la situation. Il permet d’apercevoir une piste de solution pour que le passé ne se répète pas.
Si c’est un problème sociétal, la question devient :
Qu’est-ce que je peux faire si cela arrive ?
Dans tous les cas, ce dialogue intérieur apaise la peur, évite l’enchaînement vers l’aggravation, donne du recul et prépare à un acte salvateur.

Cet automne, nous aurons certainement l’occasion de mettre en pratique cet usage bénéfique de la peur.
 
 
 
Christian Rœsch
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samedi 23 juillet 2022

Zoom arrière

 Swâmiji comparait les désirs à des créanciers : tant qu'on ne les a pas remboursés, ils réclament leur dû; dès qu'ils ont été remboursés, on n'entend plus parler d'eux. Il faut parvenir à ce que les désirs, qui ont été si puissants pour nous et dont le non-accomplissement représentait une telle souffrance, nous laissent tranquilles. La page est tournée, nous n'avons plus besoin de ce qu'ils exigeaient, de même que nos désirs d'enfant, poupée, train électrique ou patins à roulettes, ne nous travaillent plus aujourd'hui.


Comment, à quelles conditions? D'abord avant de me lancer dans l'accomplissement d'un désir, quel qu'il soit, je le regarde, j'essaie de comprendre pourquoi il revêt une telle intensité et ce qui lui est sous-jacent. D'où provient son caractère impérieux, quelle est la motivation réelle cachée à l'arrière-plan : un besoin de revanche, un point à marquer pour impressionner quelqu'un? Qu'est-ce que j'attends vraiment et quelles vont en être les conséquences éventuelles? Il ne s'agit pas de penser irréalistement, de sombrer dans l'inquiétude ou de s'enthousiasmer sans raison, mais de prévoir : voilà les conséquences possibles, est-ce que je suis prêt à les assumer? Avec quelle naïveté nous pouvons nous lancer dans une entreprise et ensuite nous désespérer parce que les choses ne se passent pas comme nous l'avions espéré ou plutôt rêvé. Alors nous maudissons le ciel, la terre, nos parents, notre destin au lieu d'incriminer notre impulsivité et notre manque de lucidité. « C'est la faute de mes enfants, de mon métier, de ma femme, du poids de la vie, j'avais tout pour réussir mais je n'ai pas pu. » Voilà les mensonges dans lesquels le mental se complaît. Nous pouvons aussi examiner l'autre aspect, l'envers de la médaille, si je puis dire, la peur de souffrir : qu'y aurait-il de si terrible à ce que ce désir ne soit pas accompli? Qui suis-je vraiment pour avoir ces besoins, pour avoir ces peurs? Qui est comblé, qui est brisé par l'opposé, à savoir l'échec? Voyez quelle démarche de rigueur, de compréhension cela suppose.

Enfin, j'essaie de comprendre ce que ce désir représente dans l'ensemble de mon destin d'homme ou de femme et dans l'ensemble de mon existence actuelle. Ne partez pas dans l'accomplissement du désir comme un taureau qui fonce sur la cape rouge du matador. Tout désir doit être situé dans un contexte. Le mental fonctionne comme un téléobjectif : il isole un détail de l'ensemble et ne voit plus qu'une chose, par exemple l'objet momentané d'une certaine fascination, et tous les autres paramètres de votre existence, de votre réalité totale, passent au second plan ou sont carrément oblitérés. C'est véritablement le doigt qui cache la forêt. Donc, pour reprendre l'image des objectifs photographiques, le mental fait le zoom avant, attiré, hypnotisé par un détail, tandis que la buddhi fait le zoom arrière, revient au grand angle, opère le recul nécessaire pour replacer ce désir dans la globalité de votre existence. Il n'y a pas d'accomplissement conscient du désir si vous n'avez pas l'honnêteté de voir tous les aspects de la réalité à l'intérieur de laquelle ce désir et son accomplissement possible peuvent s'insérer – même ceux que, momentanément, nous préférerions oublier.

La Voie et ses pièges de Arnaud Desjardins
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vendredi 22 juillet 2022

Désir insatisfait...

 
En fait, aucun désir ne peut être réellement satisfait : j'ai obtenu le poste de directeur que je convoitais depuis des années mais cela ne m'apporte pas ce que j'en attendais, je ne suis pas complètement content. Qui plus est, cette promotion a entraîné une série de conséquences fâcheuses auxquelles je ne m'attendais pas et qui pèsent sur moi : jalousie d'un de mes collègues qui briguait également ce poste et qui fait tout pour me nuire à présent, ou surcroît de travail que j'aurais dû prévoir mais que je n'ai pas voulu envisager et qui m'amène à ne plus pouvoir m'occuper de mes enfants le soir comme je le faisais auparavant. Donc non seulement ce désir ne m'a pas apporté la satisfaction que j'en escomptais mais il a même été la cause de conflits dans mon milieu professionnel et familial auxquels je dois maintenant faire face. Aucun désir ne peut être vraiment satisfait. Si vous regardez, si vous voyez, vous en serez très vite convaincus. Je ne suis pas en paix. J'ai certes obtenu ce poste de directeur mais mon désir de réussite et de puissance n'a pas pour autant diminué.

En ce cas, pourquoi accomplir des désirs si cela ne doit pas procurer une diminution de ceux-ci? Parce qu'on ne peut se rendre compte de leur vanité qu'après avoir réellement tenté de leur donner ce qu'ils réclament. Sinon, on reste persuadé que le bonheur dépend de l'accomplissement de telle ou telle aspiration : « si » et « quand ». Comme le disait une célèbre vedette : « L'argent ne fait pas le bonheur, mais je ne le sais vraiment que depuis que j'en ai. » Derrière tous les désirs relatifs, il y a en effet un goût, une recherche d'absolu : l'objet du désir, une fois conquis, n'est jamais assez complet, jamais assez intense, jamais assez beau par rapport à cette demande d'absolu immanente à l'être et que seul l'Absolu pourra satisfaire. Un jour apparaît une nouvelle aspiration qui est d'être vraiment libre de toutes ces attirances. En être libre devient encore plus important que de les combler et vous êtes alors mûrs pour la mise en cause du fait même du désir, du jeu du désir, et de son opposé, la peur. Ceci dit, je le répéterai comme un leitmotiv, c'est une érosion progressive. Où en êtes-vous aujourd'hui et vers quoi est-ce que vous allez?

La Voie et ses pièges de Arnaud Desjardins
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jeudi 16 juin 2022

L'instant vous respire

 


"Rien de plus banal, rien de plus miraculeux que le souffle. N'oubliez pas qu'une respiration n'est jamais prise, mais offerte.

Reconnaissance. 

En ce même moment, ce qui tourbillonne dans la galaxie et que chantent les étoiles, vous respire. Chaque cellule de votre chair le sait et doucement sourit.

Chaque montée et chute d'inspiration, d'expiration, polit la coupe d'or de votre cœur, dont le vide étincelant reçoit l'image de la face sacrée de chaque créature.

Quelque part dans la forêt, une fougère se déploie ; c'est aussi votre respiration. Un trille contemple toutes vos nuances de vert. Dans le nid vide du rouge-gorge, la coquille brisée contient tout le ciel bleu.

Juste pour un instant, vous revenez au miracle ordinaire de votre corps, et le royaume de la peur disparaît à jamais."

Alfred K. LaMotte 

What swirls - ce qui tourbillonne (traduction libre)

photographie peinte:© Thomas Dodd Art

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samedi 14 mai 2022

Accueil perceptif

 


Faites de votre peur une perception réellement pure, laissez-la se déployer, sentez-la dans votre corps.

En un certain sens, il s'agit d'une énergie comprimée qui se dissipe en se déployant.

Elle ne peut se déployer qu'en l'absence d'un "je", qui est son complice naturel, qu'en présence d'une acceptation innocente, d'une écoute innocente, d'un regard innocent.

Vous ne pouvez comprendre cela qu'en expérimentant la perception pure.

Jean Klein -Transmettre la lumière

éditions le Relié


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mardi 11 janvier 2022

Vaincre la peur

Extrait de "Pour une mort sans peur" de Arnaud Desjardins - Le chapitre Vaincre la peur.


Après que Swamiji m'eut donné cet enseignement, j’ai regardé mes peurs d'une tout autre manière : mais comment est-il possible que je souhaite ce dont j'ai si peur et dont je voudrais tellement que cela ne se produise pas ? Et pourtant, si j'ai confiance en Swamiji, je dois penser que s'il est aussi affirmatif c'est qu'il sait ce qu'il dit. Qu'est-ce que je souhaite ? J'ai vu notamment monter en moi la peur de la mort de certains êtres. Ah! Alors je la souhaite cette mort ? Bien sûr qu'à la surface une voix crie: « Non, non, ce n'est pas vrai. » C’est la façon dont la surface essaie de nier, de réprimer encore plus la profondeur. Cela m'est arrivé, cela arrivera. J'ai eu peur de la mort de certaines personnes et il me semblait qu'elle serait terrible pour moi mais je me suis souvenu de l’enseignement de Swamiji. Alors, Courage !

Ouvrons-nous à notre propre vérité; et chaque fois, c’est monté comme une révélation extraordinaire - oui, une découverte pareille n'est pas une petite chose : C'est vrai ; j’ai peur de cette mort comme d'une chose terrible et au plus profond de moi, une part de moi la souhaite, est attirée. Cela me fascine, d'une manière ou d'une autre, quelle que soit la cause pour laquelle je veux que ce phénomène se produise. Je ne suis pas unifié, une part de moi refuse, je refuse mon refus et il se transforme en peur.

Pouvez-vous essayer d'avoir cette honnêteté, ce goût de la vérité et, disons-le, ce courage vis-à-vis de vos différentes peurs ? En quoi cette éventualité me concerne-t-elle, pourquoi est-ce que cela m'intéresse tellement ? Nous pouvons employer aussi le mot « intéressé ». Nous disons de quelqu'un qu'il est très désintéressé dans le bon sens du mot, c'est-à-dire qu'il n'introduit pas de motivation égoïste ou égocentrique dans une situation donnée. Il agit sans chercher aucun profit. Mais nous disons aussi qu'une chose nous intéresse quand elle nous passionne, quand elle nous attire particulièrement. En quoi suis-je intéressé? « Non, non, ça ne m'intéresse pas, au contraire, ça me fait horreur. » Mensonge !

Si l'un d'entre vous me dit: «Arnaud, j'ai peur de la maladie et de la mort. »-«Ah! en quoi et pourquoi cela vous intéresse-t-il donc tellement ? Cela vous passionne-t-il à ce point-là que vous en ayez peur ?» Oui. 


Personne avant Swâmiji n'était allé pour moi aussi loin dans les détails. Les 
réponses que j'avais obtenues ailleurs étaient toujours les réponses spirituelles classiques: * N'ayez pas peur, Dieu veut votre bien ; abandonnez votre destin entre les mains de Dieu ; vous ne savez pas ce qui est bien et ce qui est mal, d'un mal peut sortir un bien ; faites confiance absolument ; celui qui veut sauver sa vie la perdra, qu'importe de mourir physiquement si vous sauvez votre âme. » Certes les explications religieuses chrétiennes ou hindoues sont vraies et peuvent transformer radicalement une existence mais elles sont moins claires, moins percutantes, moins profondes que l'enseignement que j'ai reçu de Swâmiji.

Entendez-le : ce dont vous avez peur, c'est ce qui vous fait horreur ? NON, C'est ce qui vous passionne, c'est ce qui vous intéresse particulièrement, c'est ce par quoi vous vous sentez particulièrement concerné.

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mercredi 1 septembre 2021

Vigilance et détachement avec Arnaud Desjardins

 


Dans quel domaine êtes-vous faibles, influençables ? Dans quel domaine l’existence a-t-elle plein pouvoir sur vous ? Dans le domaine affectif, sexuel, social, monétaire ou autre ? C’est cela qui doit être vu d’abord. Et se dire ensuite : je ne rêverais pas de sagesse tant que je n’aurais pas conquis mon autonomie, tant que je ne me raconterais pas d’histoires dans ce domaine-là. Car on ne peut espérer se libérer en gardant une grande vulnérabilité, une faille à l’intérieur de soi.

Cela est difficile, car dans ce secteur-là, la peur et le désir demeurent tout-puissants. On ne peut croire être libre en gardant en soi une grande dépendance à l’égard de quoi que ce soit. Dépendance qui se trouve d’ailleurs presque toujours interprétée en termes d’infantilisme. Un adulte, avec un sexe d’adulte et un cerveau d’adulte, se conduit, dans le domaine de sa faiblesse propre, comme un enfant. Donc il faut, en chacun, mettre cela à jour, afin de le combattre. Car cette vulnérabilité imprègne non seulement l’existence mais toute la vie spirituelle. Et l’on voit très facilement les motifs cachés tout-puissants qui peuvent imbiber une quête spirituelle et la rendent fausse. Il faut donc découvrir le mensonge qu’on se fait à soi-même. C’est le b.a ba du chemin vers la vérité. Et lorsque l’illusion dans laquelle on vit est détruite, ce moment qui pourrait paraître cruel, difficile, et l’est à bien des égards, débouche sur une parfaite paix. Car l’on se réconcilie alors avec soi-même, on crée l’harmonie en soi et on est, alors seulement, capable de s’ouvrir vraiment à une nouvelle réalité et découvrir sa liberté à l’intérieur de sa fatalité personnelle.

Ceci est la première purification. Essentielle.

(L’orient Intérieur. Collectif. Autrement 1985)

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