« Comment notre famille peut survivre à ça ? ».
Voilà la question que s’est posée Anne-Dauphine Julliand après avoir perdu trois de ses 4 enfants.
« Comment notre famille peut survivre à ça ? ».
Voilà la question que s’est posée Anne-Dauphine Julliand après avoir perdu trois de ses 4 enfants.
source : Revue Reflets (14 euros pour 6 mois)
« L’espérance, comme la joie, sait ce que résister signifie. Cette résistance est collective, nous pouvons rejoindre des créateurs d’idées, des collectifs sociaux, des rassemblements de réflexion, donner de notre temps. Cette résistance est aussi individuelle. Il appartient à chacun de ne pas baisser les bras, de célébrer la vie et, surtout, de voir tout cet amour inemployé qu’il a en réserve et qui n’attend que d’être offert. Rien ni personne ne pourra résister à notre joie de vivre si nous la choisissons. »
source : Magazine La Vie
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En contemplant le ciel, ce soir, je me disais qu’il faudrait vraiment que les êtres humains arrêtent de se mentir à eux-mêmes à propos de leur soi-disant nature supérieure qui les placent au-dessus des autres êtres vivants. Nous avons un cerveau finalement assez limité car, même si notre cortex - la partie récente de notre cerveau - nous a permis d’élaborer une pensée complexe et de créer des outils sophistiqués, notre pensée et nos outils sont encore au service d’instincts extrêmement primaires gérés par les anciennes parties de notre cerveau. Cela fait de nous des êtres très puissants mais d’autant plus dangereux pour nous-mêmes et pour les autres, des prédateurs pour l’ensemble de notre environnement. Si seulement nous avions l’humilité de nous l’avouer et de tout faire pour dompter nos instincts primaires tellement destructeurs.
Désolé de vous partager cette pensée un peu sombre… mais je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut pouvoir affronter ce qui est sombre pour donner une chance à la lumière de se révéler.
Thierry Janssen
Il pleut dedans.
Dru, charnu, lourd, il pleut.
La nappe de l’âme est alors pleine, imbibée.
Il pleut tant que ça déborde des yeux, les yeux qui dévalent ce qui ne peut être vu.
Les caniveaux déserts de l’esprit se font torrents.
Torrents traversés .
Les barrages cèdent, ils cèdent et inondent tout.
Ils inondent la pluie elle même.
Et pour ne pas se noyer il faut plier un bateau en papier et à ce bateau en papier confier nos vies.
Et si le bateau en papier se dissout…il faut marcher sur l’eau…
Mais pour survivre il n’est qu’une issue: devenir eau. Il faut se noyer se dissoudre s’imbiber se fondre et couler.
Boire à pleines mains, et surtout ne pas essuyer, ne pas sécher, ni pas éponger, …..
Puis, cette eau qui pleut, féconde et devient promesse. Promesse d’espérance.
L’espérance que tout verdira .
Bientôt.
Jusqu’à Fleurir.
Bientôt.
Jusqu’à porter du fruit.
Bientôt.
Jusqu’à aimer qu’il pleuve.
Maintenant.
Federico isahaq Dainin Jôkô sensei
Illustration: Folon - Lily aime-moi
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Je n'évoque pas ici le Covid, vous l'aurez bien compris. J'évoque ici un certain regard sur la vie, une façon de me tenir dans l'existence qui me fait oublier ou au moins traverser - je vous l'assure - le sombre inévitable des jours, des mois et des années. Une façon, ces temps-ci, d'aborder autrement la rentrée que d'aucuns prédisent infiniment morose. À vrai dire, « positif » n'est pas vraiment le mot juste. Pas plus qu'« optimiste ». Et pas béat non plus. Aucunement naïf - qu'on m'avertisse, si c'est le cas ! Et pas non plus « béni oui-oui » ... Les événements économiques, écologiques et pandémiques qui secouent la planète, du bout du monde jusque dans nos intérieurs, ont de quoi troubler et inquiéter. Ce serait sot de ne pas le reconnaître !
L'espérance ne s'achète pas. Elle ne se décide pas. Elle se transmet sans crier gare, comme un virus.
Plutôt que testé « positif », c'est « positif à l'espérance » qu'il faudrait plutôt dire. Cette espérance, qui n'a pas de point commun avec la méthode Coué, ne consiste pas à dire à qui mieux mieux que tout ira bien demain, mais à croire que chaque chose qui arrive a un sens. Il reste à le trouver. Il n'est rien, dans tout ce qui touche l'homme et notre humanité, qui ne soit un appel à des audaces nouvelles, à un tremplin pour accueillir ou inventer un « à-venir », à un chemin nouveau à défricher et à risquer. Même les plus terribles des déroutes.
L'espérance ne s'achète pas. Elle ne se décide pas. Elle se transmet sans crier gare, comme un virus, au contact de ceux qui s'étonnent chaque matin de la vie qui est donnée, qui discernent les possibles, font le choix de se réjouir d'abord de ce qui va bien, s'émerveillent des petites choses. Elle se reçoit dans l'attention à ceux qui s'aventurent sur les sentiers de justice, de partage et de fraternité. Elle se greffe dans l'intime à la lecture de paroles fortes qui élèvent le coeur. Ils sont nombreux, autour de nous, ceux qui portent les symptômes bienfaisants de l'espérance. Et plus nombreux encore ceux qui n'en savent rien, mais sont déjà atteints et contagieux de cette heureuse « maladie ».
Il ne faut pas lutter. Pas résister. Ne pas se prémunir d'eux. Tant mieux si le virus de l'espérance se propage dans ce monde qui en a tant besoin. Il faut refuser aux crieurs de mauvaises nouvelles leurs soi-disant vaccins d'information et de recettes consuméristes qui nous entraînent du côté de l'obscur. L'espérance, la « petite fille espérance » comme la nommait Charles Péguy, entraîne notre foi et notre charité du côté où la vie est possible (le Porche du mystère de la deuxième vertu). Sans elle, elles ne seraient rien que « deux femmes d'un certain âge. Fripées par la vie ».
L'espérance soutient tout. Elle donne de comprendre, comme l'écrit Madeleine Delbrêl, que « comme l'arabe, les vrais signes de Dieu sont écrits à l'envers de notre écriture à nous. C'est pourquoi nous voyons si souvent une tentation de désespoir là où il y a un signal d'espérance, une destruction là où il y a une fondation » (Œuvres complètes, volume 3, Nouvelle Cité). Elle donne d'apprendre à déchiffrer la vie. Nos livres spirituels et nos rites religieux ne serviront à rien si nous n'apprenons pas à déchiffrer notre vie et les signes des temps. L'espérance se plaît à dilater en nous des « yeux de chouette » capables de nous faire avancer à temps et à contretemps. Plaise à Dieu que nous nous laissions toucher.
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