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jeudi 17 octobre 2024

Vivre après...

 « Comment notre famille peut survivre à ça ? ». 

Voilà la question que s’est posée Anne-Dauphine Julliand après avoir perdu trois de ses 4 enfants.



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mercredi 3 janvier 2024

Année d'espérance

 

Qu’est-ce qu’une « bonne » année ?
 
Reflets vous souhaite une bonne année !

Le vœu est banal. Tout le monde se souhaite une bonne année.
Par politesse ? Par habitude ? Par dépit ?
Chacun essaie un moment d’oublier la folie du monde. Chacun sait au fond de lui que ce monde va à sa perdition, se leurrant avec des mesurettes dont chacun sait, par avance, l’inefficacité.
 
Alors que peut être une « bonne » année ?
C’est une année où nous (moi, vous) progressons en amour.
 
Si à la fin de l’année je constate que je suis plus bienveillant, plus souriant, plus miséricordieux, ce sera une bonne année. Je suis sûr que l’activité discrète, sincère, au quotidien, de bien faire ce que nous avons à faire, donc de faire du bien à autrui, change le destin du monde.
L’ancien monde égoïste se fissure, se désagrège ; mais qu’importe si un nouveau émerge doucement, plus vaste, plus propre, plus paisible, plus vivable.
 
Cette espérance n’est pas un vœu pieu. Elle est entre nos mains.
 
 
Christian Rœsch

source : Revue Reflets (14 euros pour 6 mois)


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samedi 7 janvier 2023

Choisir la joie ?


 Pour Anne Ducrocq, la joie s’apparente à une résistance. Auteure du bonheur, ça se pratique (La Martinière) et Joies ! (Gründ), elle livre dans ce dernier :

« L’espérance, comme la joie, sait ce que résister signifie. Cette résistance est collective, nous pouvons rejoindre des créateurs d’idées, des collectifs sociaux, des rassemblements de réflexion, donner de notre temps. Cette résistance est aussi individuelle. Il appartient à chacun de ne pas baisser les bras, de célébrer la vie et, surtout, de voir tout cet amour inemployé qu’il a en réserve et qui n’attend que d’être offert. Rien ni personne ne pourra résister à notre joie de vivre si nous la choisissons. »

source : Magazine La Vie


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vendredi 4 mars 2022

Une chance d'espoir...

 


En contemplant le ciel, ce soir, je me disais qu’il faudrait vraiment que les êtres humains arrêtent de se mentir à eux-mêmes à propos de leur soi-disant nature supérieure qui les placent au-dessus des autres êtres vivants. Nous avons un cerveau finalement assez limité car, même si notre cortex - la partie récente de notre cerveau - nous a permis d’élaborer une pensée complexe et de créer des outils sophistiqués, notre pensée et nos outils sont encore au service d’instincts extrêmement primaires gérés par les anciennes parties de notre cerveau. Cela fait de nous des êtres très puissants mais d’autant plus dangereux pour nous-mêmes et pour les autres, des prédateurs pour l’ensemble de notre environnement. Si seulement nous avions l’humilité de nous l’avouer et de tout faire pour dompter nos instincts primaires tellement destructeurs. 

Désolé de vous partager cette pensée un peu sombre… mais je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut pouvoir affronter ce qui est sombre pour donner une chance à la lumière de se révéler.

Thierry Janssen



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mercredi 1 décembre 2021

Pluie... dedans.

 


Parfois il ne pleut pas dehors.

Il pleut dedans.

Dru, charnu, lourd, il pleut.

La nappe de l’âme est alors pleine, imbibée.

Il pleut tant que ça déborde des yeux, les yeux qui dévalent ce qui ne peut être vu.

Les caniveaux déserts de l’esprit se font torrents.

Torrents traversés .

Les barrages cèdent, ils cèdent et inondent tout.

Ils inondent la pluie elle même.

Et pour ne pas se noyer il faut plier un bateau en papier et à ce bateau en papier confier nos vies.

Et si le bateau en papier se dissout…il faut marcher sur l’eau…

Mais pour survivre il n’est qu’une issue: devenir eau. Il faut se noyer se dissoudre s’imbiber se fondre et couler.

Boire à pleines mains, et surtout ne pas essuyer, ne pas sécher, ni pas éponger, …..

Puis, cette eau qui pleut, féconde et devient promesse. Promesse d’espérance. 

L’espérance que tout verdira . 

Bientôt.

Jusqu’à Fleurir. 

Bientôt.

Jusqu’à porter du fruit.

Bientôt.

Jusqu’à aimer qu’il pleuve.

Maintenant.

Federico isahaq Dainin Jôkô sensei

Illustration: Folon - Lily aime-moi

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samedi 26 septembre 2020

Je suis positif !

 


J'ai fait le test. Je suis positif. J'ai hésité à l'annoncer à ceux qui me sont proches, mais je leur dois la vérité. S'ils craignent de le devenir, ils devront se protéger de moi : je n'ai aucune envie de les éviter ! Je ne sais pas bien comment j'ai pu attraper ça. J'ai dû croiser quelqu'un qui était contagieux ou séjourner dans un cluster sans le savoir. Je suis positif : il va falloir que l'on fasse avec. Il faudrait - pour un bien ? - que je me mette en quatorzaine, comme on dit aujourd'hui : c'est ce qui est recommandé, pour ne pas dire obligatoire. Mais si je suis positif, je dois dire que j'en suis plutôt heureux : j'espère de tout mon cœur que je n'en guérirai pas !

Positif à l'espérance

Je n'évoque pas ici le Covid, vous l'aurez bien compris. J'évoque ici un certain regard sur la vie, une façon de me tenir dans l'existence qui me fait oublier ou au moins traverser - je vous l'assure - le sombre inévitable des jours, des mois et des années. Une façon, ces temps-ci, d'aborder autrement la rentrée que d'aucuns prédisent infiniment morose. À vrai dire, « positif » n'est pas vraiment le mot juste. Pas plus qu'« optimiste ». Et pas béat non plus. Aucunement naïf - qu'on m'avertisse, si c'est le cas ! Et pas non plus « béni oui-oui » ... Les événements économiques, écologiques et pandémiques qui secouent la planète, du bout du monde jusque dans nos intérieurs, ont de quoi troubler et inquiéter. Ce serait sot de ne pas le reconnaître !

L'espérance ne s'achète pas. Elle ne se décide pas. Elle se transmet sans crier gare, comme un virus.

Plutôt que testé « positif », c'est « positif à l'espérance » qu'il faudrait plutôt dire. Cette espérance, qui n'a pas de point commun avec la méthode Coué, ne consiste pas à dire à qui mieux mieux que tout ira bien demain, mais à croire que chaque chose qui arrive a un sens. Il reste à le trouver. Il n'est rien, dans tout ce qui touche l'homme et notre humanité, qui ne soit un appel à des audaces nouvelles, à un tremplin pour accueillir ou inventer un « à-venir », à un chemin nouveau à défricher et à risquer. Même les plus terribles des déroutes.

L'espérance ne s'achète pas. Elle ne se décide pas. Elle se transmet sans crier gare, comme un virus, au contact de ceux qui s'étonnent chaque matin de la vie qui est donnée, qui discernent les possibles, font le choix de se réjouir d'abord de ce qui va bien, s'émerveillent des petites choses. Elle se reçoit dans l'attention à ceux qui s'aventurent sur les sentiers de justice, de partage et de fraternité. Elle se greffe dans l'intime à la lecture de paroles fortes qui élèvent le coeur. Ils sont nombreux, autour de nous, ceux qui portent les symptômes bienfaisants de l'espérance. Et plus nombreux encore ceux qui n'en savent rien, mais sont déjà atteints et contagieux de cette heureuse « maladie ».

Apprendre à déchiffrer la vie

Il ne faut pas lutter. Pas résister. Ne pas se prémunir d'eux. Tant mieux si le virus de l'espérance se propage dans ce monde qui en a tant besoin. Il faut refuser aux crieurs de mauvaises nouvelles leurs soi-disant vaccins d'information et de recettes consuméristes qui nous entraînent du côté de l'obscur. L'espérance, la « petite fille espérance » comme la nommait Charles Péguy, entraîne notre foi et notre charité du côté où la vie est possible (le Porche du mystère de la deuxième vertu). Sans elle, elles ne seraient rien que « deux femmes d'un certain âge. Fripées par la vie ».

L'espérance soutient tout. Elle donne de comprendre, comme l'écrit Madeleine Delbrêl, que « comme l'arabe, les vrais signes de Dieu sont écrits à l'envers de notre écriture à nous. C'est pourquoi nous voyons si souvent une tentation de désespoir là où il y a un signal d'espérance, une destruction là où il y a une fondation » (Œuvres complètes, volume 3, Nouvelle Cité). Elle donne d'apprendre à déchiffrer la vie. Nos livres spirituels et nos rites religieux ne serviront à rien si nous n'apprenons pas à déchiffrer notre vie et les signes des temps. L'espérance se plaît à dilater en nous des « yeux de chouette » capables de nous faire avancer à temps et à contretemps. Plaise à Dieu que nous nous laissions toucher.


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vendredi 15 mars 2019

Matins de tendre Espérance avec Lise

Lise fait vibrer dans son recueil l’éclat du Poème qui est devenue sa boussole depuis l'accident de santé dont elle est ressortie plus vivante et poreuse à la beauté des choses et des être.
Photo


  

 

Matins de tendre espérance

(110 pages, 15 euros)

 


Il est un Chant qui nous traverse.
Lorsque de toutes parts la vie nous appelle par notre nom, vient personnellement nous dire de lui répondre avec une force égale sans autre souci que la Joie du don en ayant le courage d'être soi, que pouvons nous répondre sinon " oui". 


Je croyais en la beauté du jour comme une chose acquise qui ne tremble pas et la lumière se fit sombre pour me rencontrer dans l’interstice.
Au plus fort de la tourmente est né un prénom de plume veillant mot à mot dans la forêt du langage « ce qui ne meurt jamais »


Perdue entre hier et demain, étrangement paisible de la seule force de son pas, l’onde enveloppe cet être si fragile qui tremble de tout son feuillage à la brise de la vie, l'éprouve jusqu'au plus profond de sa ramure et sait que cela suffit au bonheur du Jour, ce vent frais des matins de tendre espérance qu'un enfant tient dans la paume de ses mains, au creux d'un sourire.


Extrait :

Le matin 

Vois tu ce tourbillon 
Qui jamais ne se pose 
Et toujours nous reprend, 

Semblable au papillon 
Aux pétales de roses 
S'éparpillant au vent, 

Dont le cœur est si dense 
Et le feu si ardent 
Qu'on pourrait se brûler, 

S'il n'y avait ce Don 
Qui toujours recommence 
Sans jamais continuer. 

Le matin est venu 
Sur la pointe des pieds 
Et a tout embrasé

Lise

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lundi 28 janvier 2019

Espérance


Une vidéo pour ceux qui se disent que c’est trop tard pour vous, trop tard pour vivre vos rêves, trop tard pour changer ce qui vous dérange... trop tard pour la relation à laquelle vous aspirez, trop tard pour dire je t’aime ou pardon à vos enfants ou à des gens que vous savez avoir blessé ... trop tard pour quoi que ce soit...
Maintenant, c’est toujours le bon moment !!!
N’arrêtez jamais d’avoir des rêves. Et vivez les!!! 
Tendrement

Armelle Six


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samedi 4 juin 2016

Célébration avec Alexandre Jollien


Voici une partie d'une ancienne interview d'Alexandre Jollien retrouvée dans mes nombreuses archives en souffrance... 
Bon week-end, chèr(e)s ami(e)s !




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jeudi 3 décembre 2015

DEMAIN, le film pour repartir autrement...


Et si montrer des solutions, raconter une histoire qui fait du bien, était la meilleure façon de résoudre les crises écologiques, économiques et sociales, que traversent nos pays ?








mercredi 7 octobre 2015

Mes conseils pour résister avec Pierre Rolinet

1. Gardez l'espérance
L'espérance, c'est ce que la foi m'a toujours procuré. Elle me vient de Dieu et m'a toujours accompagné. Chaque jour, chaque heure, la prière au plus profond de moi m'animait. Elle est un soutien qui permet de tenir en vue d'un avenir dans lequel on veut croire, quand on n'est plus sûr qu'il adviendra.

2. Organisez-vous
Résister ne se fait pas n'importe comment. Cela passe obligatoirement par une organisation que l'on met en place : quand j'étais dans le camp de concentration, c'était des processus de survie ; à mon retour, une ligne de conduite à laquelle j'ai adhéré toute ma vie. Organiser sa vie autour de principes donne une assise à nos actes, cela leur donne du sens. Je me souviens avec douleur de certains prisonniers, à notre arrivée dans le camp, qui troquaient parfois leur pain contre des cigarettes. Ils avaient perdu espoir de rentrer et, ne faisant plus attention à eux-mêmes malgré nos avertissements, ils oubliaient de s'organiser pour survivre.

3. Engagez-vous !
Je ne conçois pas que l'on puisse mener une vie sans s'engager. L'engagement est une manière de résister. Ensuite, il faut bien choisir la voie que l'on veut emprunter. Dans l'engagement, ce sont les choix qui sont difficiles, et il faut accepter ensuite leurs conséquences. M'engager en résistance voulait dire que je pouvais en mourir. Survivre aux camps m'appelait à en témoigner.

4. Prenez des risques mesurés
Une fois dans le camp de concentration, j'ai très vite appris à mesurer chaque risque que je prenais. Est-ce que tel acte m'aiderait à vivre plus longtemps ou est-ce que cela me rapprochait du danger ? Le plus grand risque que j'ai pris a été d'accepter de garder les colis de prisonniers protestants hollandais d'un autre baraquement que le mien, la nuit. En échange, ils me donnaient leur ration de pain. Mais si j'étais découvert, la sentence pour être sorti de mon lit aurait été 100 coups de Schlag qui m'auraient été fatal.

Pierre Rolinet

(La Vie)


lundi 28 septembre 2015

Survivre pour témoigner avec Pierre Rolinet

Déporté en 1943, ce résistant franc-comtois protestant en est sorti marqué par l'expérience de la mort mais aussi de la solidarité et de la foi vécues dans le camp. Il sera aux Etats généraux du christianisme, à Strasbourg, le 3 octobre.

En arrivant devant la grande porte du camp de concentration de Natzweiler-Struthof, en Alsace, l'odeur du four crématoire qui crachait sa fumée de cadavres m'a pris à la gorge. Dans cette atmosphère lourde, j'ai vu des hommes qui marchaient. J'en ai reconnu certains, résistants comme moi, croisés à la prison de Besançon. Leur visage avait changé, leur corps semblait brisé, ils ne ressemblaient déjà plus à des hommes. Une question m'a assailli : comment transforme-t-on des êtres humains ainsi en si peu de temps ? À 93 ans, ce souvenir de ma déportation est toujours inscrit en moi.

J'étais jeune quand je me suis engagé dans la résistance. À 20 ans, en 1942, après avoir grandi dans une famille protestante d'Allenjoie, en Franche-Comté, j'ai découvert la résistance lors d'un camp d'été de l'Union chrétienne des jeunes gens (UCJG). C'est le pasteur qui nous en a parlé et cela a fait écho à ma vision de la foi : une espérance active. Je ne suis pas du genre à me mettre à genou dans le recueillement et à demander à Dieu de résoudre mes problèmes. La prière, à mes yeux, doit s'accompagner d'une mise en pratique, sinon elle est vide.

Dessinateur industriel à l'usine de Peugeot, j'étais bon pour le service du travail obligatoire (STO). Grâce au responsable de la résistance de Montbéliard, un pasteur lui aussi, j'ai changé de nom et suis devenu surveillant dans un établissement scolaire protestant à Glay, à 18 km de chez moi. Avec un professeur et quelques jeunes de l'internat, nous avons organisé un groupe. Mais la Wehrmacht nous a contrôlés alors que nous transportions des armes.

« La loi allemande est claire : vous serez fusillés. » Le verdict est tombé le 24 décembre 1943. Cette condamnation ne m'a pas surpris ni même attristé : j'ai accepté la possibilité de cette mort-là quand j'ai choisi de résister. En attendant le jour fatidique dans notre cellule, je sortais parfois ma petite Bible tolérée par la sentinelle, et nous fredonnions des cantiques avec mes camarades, persuadés de la fin de notre combat.

Je n'ai jamais pensé que c'était une autre sorte de « mort » qui m'attendait. Et pourtant... nous n'avons finalement pas fait face au fusil, ensemble, en chantant la Marseillaise, comme nous le pensions. Nous avons été envoyés en camp de concentration. « Vous rentrez par la porte, vous sortirez par la cheminée », ont dit les SS à notre arrivée. Deux N ont été peints en rouge sur les vêtements qu'on nous a donnés à l'entrée du camp de Natzweiler-Struthof : nous sommes devenus « Nacht und Nebel », destinés à mourir dans la « nuit et le brouillard ». Tout nous a été enlevé. Jusqu'à notre nom. Nous étions engloutis dans les 12 heures de travail par jour, sous les morsures de la faim : celle-ci brise les hommes. L'objectif des SS était de se débarrasser de nous.

C'est un effort énorme que de résister à cela : chaque geste doit être pensé pour éviter la réprimande. Le danger est partout, garder une santé psychologique est un combat constant. J'ai prié... jusqu'à ce que j'en oublie les mots. On vivait avec les morts : un matin, je me suis réveillé, et mon voisin était décédé. On mourait de faiblesse, d'avoir été battu... Puis, je suis tombé malade, atteint de la diphtérie à peine deux mois après être arrivé. Nous avons été 15 à entrer dans le Revier, une baraque où la plupart des malades agonisaient. Je suis un des rares à en être sorti vivant.

Je n'ai jamais cessé de croire en Dieu, je n'ai jamais perdu espoir. Et quand je me suis cru mort, c'est l'acte de solidarité de mes camarades qui m'a sauvé et m'a transformé à jamais. Car en sortant de ma maladie, avec 25 kg en moins, je ne tenais pas debout seul. Face à la déshumanisation du camp, nous avions quand même réussi à mettre en place un système d'entraide. Chaque prisonnier prélevait sur sa ration de pain une petite partie, de la taille d'un ongle, pour aider ceux qui traversaient une « mauvaise période ». Avant d'être malade, j'en avais récolté pour les autres. Mais recevoir cette solidarité, tenir dans mes mains trois fois ma ration normale de pain... peu de mots peuvent traduire ce sentiment. Si je suis encore sur terre, c'est parce que les copains se sont privés pour moi.

La force que cette période m'a donnée ne m'a plus quitté. Dans les camps, il n'y avait plus de classes sociales : nous avons vécu une fraternité qui dépasse toutes les frontières que l'on retrouve dans la société. Parfois, avec quelques protestants, nous nous cachions pour une petite prière, ultime défiance à l'interdiction de se regrouper.

Au Revier, j'ai été auprès d'un général mourant pendant une semaine. Il était catholique et ne connaissait pas le protestantisme ! Nous avons discuté des différences entre nos religions et de leurs points communs jusqu'à son dernier souffle. C'est à Dachau, en 1944, que j'ai ressenti ce lien indestructible entre des hommes qui vivaient l'expérience de la résistance jusque dans leur chair. Avec 18 autres personnes de mon baraquement, le jour de notre libération, en mai 1945, nous nous sommes promis de nous revoir. Chaque année, nous nous retrouvons chez l'un ou chez l'autre. J'ai fait le tour de la France comme ça !

Cette amitié a été d'autant plus importante que rentrer n'a pas été facile. Pendant 20 ans, je n'ai pas parlé de ma déportation. J'ai pu l'exprimer à Jacqueline - qui est devenue mon épouse en 1946 -, car elle savait que j'en avais besoin pour me « désintoxiquer » des camps, pour me libérer. Mais l'émotion m'assaillait quand les collègues de chez Peugeot, où j'ai fait toute ma carrière jusqu'à devenir cadre, me posaient des questions. Depuis que je suis à la retraite, je rencontre régulièrement des élèves dans les écoles. Dans les camps, on disait souvent qu'il fallait survivre pour raconter. J'essaie de transmettre aux enfants la foi que la déportation n'a pas brisée en moi.

Les étapes de sa vie
1922 Naissance à Allenjoie (Doubs).
Été 1942 S'engage dans la résistance avec l'Organisation civile et militaire (OCM).
Mars 1943 Devient Pierre Georges.
Novembre 1943 Arrêté et emprisonné à Montbéliard puis à Besançon.
24 décembre 1943 Condamné à mort.
13 avril 1944 Déporté à Natzweiler-Struthof, en Alsace.
Septembre 1944 Transféré à Dachau, en Allemagne.
27 mai 1945 Rentre à Allenjoie, chez ses parents.
3 août 1946 Épouse Jacqueline, avec qui il aura trois enfants.
Depuis 2007 Président de l'Amicale nationale de Natzweiler-Struthof.
2015 Élevé au grade de commandeur dans l'Ordre de la Légion d'honneur.


samedi 24 janvier 2015

Faire le choix de l'espérance avec Monique Durand-Wood


1. Laissez-vous toucher par ce qui vous entoure
Soyez attentif aux personnes croisées, rencontrées et laissez-vous toucher par de petits détails. Dans le métro, j’aime regarder les visages. Parfois je devine leurs fragilités, leur fatigue, leur anxiété, et je me laisse atteindre par cette humanité dont je me sens solidaire. Remplacez la méfiance par ces petites touches d’émerveillement. Vous ressentirez des forces d’amour et de bienveillance circuler au beau milieu des hommes.

2. Prenez soin de votre sanctuaire intérieur
Chaque jour, prenez au moins dix minutes pour vous poser, déposer l’agitation intérieure, si possible chez vous, dans le retrait et le calme. Mais rentrez aussi en vous-même dans les embouteillages ou à votre bureau. En prenant conscience de votre respiration, laissez-vous aussi toucher par ce flux et reflux, silencieux, discret, vous permettant de vivre. Dites-vous intérieurement « Je reçois, je donne ». Cela vous mettra dans une posture de gratitude face à la vie. Je récite certains morceaux de psaumes ou de prières dans ma voiture. A posteriori, je réalise que ces moments de retrait intérieur m’aident à agir de manière plus juste et plus sage.

3. Faites preuve de délicatesse
Une main tendue, un sourire peuvent faire plus qu’une parole. J’ai appris que même dans le mutisme ou le silence il se passait quelque chose avec les patients. C’est la même chose avec nos proches. Faire preuve de délicatesse, c’est aussi être attentif : « Tiens, tu as changé de coiffure, comment te sens-tu ? »… L’autre est valorisé et petit à petit découvrira que ses goûts et ses choix ont de l’importance.

4. Espérez pour l’autre
Je crois à une solidarité dans l’invisible, à la communion des saints. Quand quelqu’un n’a plus d’espoir, on peut espérer pour lui, lui dire. Cela le portera. On retrouve cette idée chez Dostoïevski, notamment dans les Frères Karamazov : pourvu qu’un autre croie en lui, le pire des hommes peut être sauvé.





vendredi 3 octobre 2014

Raymond Devos, bouffon de Dieu (3)


Fin de l'interview de Raymond Devos 
qui éclate les mots avec le rire aux éclats
(21 min.)




(source : RCF)





mercredi 8 mai 2013

En ce jour de paix... avec Edmond Michelet

« Chacun a le droit de retirer de son expérience concentrationnaire telle conclusion qui lui plaît. Et cette conclusion est inspirée tout autant par les conditions dans lesquelles cette expérience a été subie que par la nature même de celui qui l'a vécue. 

Pour moi, c'est une leçon d'espérance en l'homme que je veux retirer de mon aventure.
Libre à d'autres de ne promener leur projecteur que sur l'aspect décourageant des êtres et des choses. Il est bien vrai que cet aspect-là aussi existe. Indiscutablement. 


Mais je veux croire que la volonté sincère de chercher, avant tout, ce qui peut redonner confiance dans les incroyables possibilités de l'âme humaine est le seul bon moyen de franchir une traversée comme celle que nous avons connue. »


Edmond Michelet,

Extrait de Rue de la Liberté

vendredi 28 décembre 2012

L'espérance au coeur de nos prisons...


Les larmes coulent beaucoup en prison, laissant l’administration pénitentiaire démunie. Car la source des larmes, inatteignable à la vue, est cachée, nul ne peut la saisir. 

Ces larmes qui sourdent de la fêlure que l’homme est à lui-même, sont donc une échappée qui ouvre sur une profondeur, sur un mystère qu’aucun savoir ne peut saisir. 

Elles nous rappellent que l’homme est plus grand que lui-même, plus grand que ses actes, plus grand que sa vie. Voilà pourquoi, au cœur du pire, il y a encore l’espérance.

Soeur Anne Lécu
Médecin en prison, elle est confrontée chaque jour à la souffrance physique et existentielle. 

Conseils pour accueillir les larmes :

1 Mettez-vous en présence de Dieu
Chaque jour, prenez un temps gratuit, de silence, pour Dieu. Soyez simplement là, sans rien faire, sans pas trop penser, en silence, comme un ami avec son ami. Et si vous tremblez de ne pas savoir quoi lui dire, murmurez un verset de psaume, ou une parole biblique, répétez-la sans vous y agripper.

2 Apprenez la lucidité
Lisez la Bible, tout spécialement l’Ancien Testament, et découvrez-y avec quel réalisme la vie des hommes y est contée. Au travers des histoires d’amour, de violence, de pouvoir, d’idolâtrie et de bonté, lisez-y votre vie, telle qu’elle demeure, et apprenez, à travers elle, à voir la réalité en face.

3 Éveillez-vous
Cultivez le goût du beau, de tout ce qui réjouit les sens : écoutez de la belle musique, lisez de la poésie, préparez avec soin le repas afin que votre vie soit hospitalière, accueillante. 

4 Faites preuve de sobriété
Fuyez ce qui anesthésie le regard et le cœur, et fuyez spécialement l’accusation mutuelle, y compris dans les petits détails du quotidien. Usez de sobriété envers les techniques qui ont envahi nos existences, et envers ces « divertissements » qui provoquent l’absence de présence à soi-même, aux autres et à ce qu’on fait.

5 Recevez les larmes comme un don
Ne recherchez pas les larmes, mais ne les fuyez pas non plus. Si elles vous viennent, accueillez-les comme un secret. L’expression « don des larmes », dont parle la spiritualité monastique, suggère qu’elles sont un cadeau à recevoir, venu de cette source intérieure sur laquelle on ne peut mettre la main. Un cadeau qui jaillit de ce fond de l’être que certains nomment la « trace de Dieu ». Laisser déborder ses larmes a quelque chose à voir avec la transcendance. Ce n’est pas seulement un signe de déploration. Les larmes sont aussi un réveil, car seuls les vivants pleurent. Qui pleure a le cœur brûlant.