Desertification

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Plaidoyer et lutte contre

la désertification

Lutte contre
la désertification
Comment le plaidoyer
renforce l’action

mars 2012
Editeur :
CARI
12 rue du coureau
34380 Viols le fort
Tel : +33 4 67 55 61 18
Fax : + 33 4 67 55 74 37
mail : [email protected]
Site : www.cariassociation.org

Coordination de la publication : Maude Gentit


Auteurs : Stephanie Faure, Maude Gentit, Patrice Burger
avec la participation de Marc Bied Charreton, Christian Houdus,
Pierre Tainturier, Sophie Tolachides.

Iconographie : photos prises dans le cadre des projets des membres du


GTD, banque de photos de l’IRD, IRAM, Alexis Nouailhat, UNCCD, photo
de couverture fournie par l’IDD/Bulletins des Négociations de la Terre
Mise en page : Renaud Bevia

Remerciements pour leurs contributions et disponibilités aux membres


du GTD, à nos réseaux partenaires (CCFD, C2A, Coalition eau,
Coordination Sud) et bénévoles et aux permanents du CARI.

Avec le soutien du Comité Catholique Français Contre la Faim et pour le


Développement (CCFD) du Ministère de l’écologie, du développement
durable, des transports et du logement (MEDDTL) et de l’Agence
française pour le Développement (AfD).

Les points de vue exposés sur ce document reflètent uniquement


l’opinion du Cari et du GTD

Groupe de Travail Désertification


Lutte contre la désertifcation et société civile
Lutte contre
la désertification
Comment le plaidoyer
renforce l’action
LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION – COMMENT LE PLAIDOYER RENFORCE L’ACTION

PREAMBULE 6
Plaidoyer et lutte contre

CHAPITRE 1
la désertification

POURQUOI PLAIDER LA CAUSE DES ZONES ARIDES ? 8


1. LES ENJEUX 8
1.1. Un phénomène aux conséquences planétaires ! 8
1.2. Lutter contre la désertification, c’est lutter durablement contre la pauvreté 10
1.3. Du multilatéral au local : une mobilisation citoyenne 11
1.3.1. Le fonctionnement institutionnel de la CNULD : un plaidoyer d’état ? 11
1.3.2. Société civile : une mobilisation à organiser 12
2. PLAIDER POUR LA CAUSE DES ZONES ARIDES 14
2.1. Un plaidoyer : pour quoi faire ? 14
2.1.1. Améliorer la connaissance du paysage institutionnel 15
2.1.2. Assurer la reconnaissance des organisations de base 15
2.1.3. Pour des politiques nationales et des cadres juridiques plus cohérents et
mieux coordonnés 16
2.1.4. Pour une mobilisation décloisonnée et concertée 17
2.1.5. Améliorer les mécanismes de financement 17
2.2. Un plaidoyer multiple à travers plusieurs niveaux d’action 18
2.2.1. Le niveau multilatéral 18
2.2.2. Le niveau national 19
2.2.3. Le niveau local 19
2.3. Au-delà du plaidoyer… quelques limites… 20

CHAPITRE 2
APPUI METHODOLOGIQUE :
pensez trajectoire du plaidoyer plutôt que ligne droite 21
1. COMPRENDRE ET CONCEVOIR UNE STRATEGIE DE PLAIDOYER 21
1.1. Identifier les causes du problème 21
1.2. Appréhender les jeux d’acteur 22
1.3. Construire le contenu, les propositions et les objectifs du plaidoyer 22
1.4. Analyser les conditions de réussite et évaluer les risques 23
1.5. Planifier sa stratégie de plaidoyer 23
1.6. Budgeter et financer le plaidoyer 24
2. METTRE EN OEUVRE : LA CONDUITE DES EVENEMENTS DU PLAIDOYER 25
2.1. Une phase de sensibilisation pour ajuster son positionnement 25
2.2. Mobiliser les partenaires potentiels en vue d’une coalition 25
2.3. Faire réagir et agir avec les cibles du plaidoyer 26
2.4. Suivre le plaidoyer et faire évoluer sa stratégie 27
2.5. Bilan et leçons apprises 27

mars 2012

4
CHAPITRE 3
L’EXPERIENCE DU CARI DANS LE PROCESSUS CNULD 28
1. DECRYPTAGE DE LA PARTICIPATION DE LA SOCIETE CIVILE 29
Plaidoyer et lutte contre

1.1. Un constat initial : le déficit de mise en œuvre 30


1.2. Les sources de blocage 31
2. RENDRE OPERATIONNELLE LA PARTICIPATION DES OSC 33
la désertification

2.1. Les mises en réseau 33


2.1.1. La mise en place d'une plateforme nationale : l'expérience du GTD 35
2.1.2. Des réseaux légitimes à chaque niveau stratégique 38
2.2. Instaurer un dialogue état –société civile 39
2.3. La mobilisation en actions 40
2.3.1. Construire un discours commun 40
2.3.2. Faire réagir 41
2.3.3. Participer à la construction de décisions 43
2.3.4. Participer aux rencontres des Nations Unies 44
2.3.5. La Planification 45
3. L’INDISPENSABLE STRUCTURATION DES OSC 46
3.1. Des modalités de participation favorables 46
3.2. Les conditions de réussite 47

DESERTIFICATION, DEFIS IMMINENTS ! PLAIDOYER A SAISIR ? 48

ANNEXES 51
A. Les outils et méthodes du plaidoyer 51
B. Tableau des outils de communication 52
C. Modèle de carte des pouvoirs 55

REFERENCES ET BIBLIOGRAPHIE 56

LIENS UTILES 57

ACRONYMES ET ABREVIATIONS 59

mars 2012

5
Plaidoyer et lutte contre
la désertification
Préambule

Le plaidoyer est un domaine complexe qui touche souvent aux aspects


structurels des états et des sociétés, ce qui signifie un temps long et
des interventions à de multiples niveaux. Il faut le savoir et s’y pré-
parer afin de ne pas se décourager au premier revers.

Le plaidoyer touche aussi au changement et aux résistances au change-


ment qui imprègnent profondément les institutions comme les indi-
vidus ; changer représente une prise de risque que chacun veut sécu-
riser. Mais on peut aussi constater que les institutions comme les
personnes s’accommodent quelquefois de réalités malheureuses avec
lesquelles ils ne sont pas forcément d’accord, mais pour lesquelles,
par ignorance ou par paresse, personne en particulier ne se sent
mobilisé ou armé pour les changer. C’est un champ privilégié du plai-
doyer.

Par ailleurs, le plaidoyer est une action collective qui, au-delà d’un
acteur isolé, vise lui-même le changement dans un jeu d’acteurs. Cela
implique par exemple la nécessité d’être reconnu comme un interlo-
cuteur valable dans le domaine concerné et qui connaît le sujet. Dans
ce cadre, il faut accepter de faire des progrès pas à pas, être flexible
sur les moyens tout en restant ferme sur les objectifs. Au-delà des
arguments objectifs, la subjectivité des individus a aussi un rôle dans
le dialogue ; la qualité de la communication et la création d’un cli-
mat de confiance sont importantes. Il faut se souvenir que l’exem-
plarité et la manière de démontrer les bénéfices espérés en termes
d’amélioration de la situation sont de puissants vecteurs de persua-
sion.

Finalement le plaidoyer est un peu une école de citoyenneté où les argu-


ments de chacun doivent pouvoir être entendus avant d’être écartés
ou pris en compte dans le courant d’opinion qui va amener au résul-
tat souhaité.

mars 2012 © UNCCD

6
Ce document, issu d'expériences pratiques, a été conçu dans le cadre des
activités du Groupe de travail désertification (GTD) afin de disposer
d'un outil qui regroupe des connaissances utiles pour le plaidoyer
en faveur de la lutte contre la désertification et la dégradation des
Plaidoyer et lutte contre

terres.
Son objectif est de capitaliser les expériences des membres du GTD et de
leurs partenaires pour apporter des clés à tous les acteurs impliqués
dans la lutte contre la désertification (LCD) souhaitant mener une
la désertification

action de plaidoyer.
Celle-ci doit en effet être mieux comprise et reconnue comme un enjeu
politique majeur à l'échelle mondiale.

Ce document s'adresse à tous les acteurs qui souhaitent entreprendre des


actions de plaidoyer en faveur de la lutte contre la désertification et
la lutte contre la dégradation des terres et la dégradation des res-
sources naturelles en général. Plus largement il s'agit de plaider en
faveur des territoires et des populations des zones arides :
- au Nord car la proximité des acteurs avec les institutions politiques
et les bailleurs qui impriment les tendances leur donne un accès plus
aisé aux décideurs, cibles des actions de plaidoyer ;
- au Sud car il faut persuader les décideurs nationaux à adopter des
politiques publiques efficaces et à peser sur les pays du Nord dans
leurs relations bi et multilatérales.

Vous trouverez ainsi dans ce document :


- quelques arguments de base en faveur de la LCD étant entendu
qu'il est important de bien comprendre et faire comprendre les
enjeux et la nécessité de cette cause ;
- des outils et méthodes pour concevoir et mettre en œuvre une cam-
pagne de plaidoyer ;
- et enfin l’expérience du CARI au sein des réseaux GTD, eniD,
RéSaD et Drynet concernant le suivi du processus de la convention
des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULD).

Bonne lecture !

Alexis Nouailhat
© CARI

mars 2012

7
Pourquoi plaider la

Chap. 1
cause des populations
Plaidoyer et lutte contre

des zones arides ?


la désertification

1. LES ENJEUX Le manque de précision


Dans ce premier chapitre nous présenterons des arguments de bases pour de cette définition est
plaider en faveur de la lutte contre la désertification ainsi que des toujours un handicap pour la
chiffres clés utiles pour étayer un discours. CNULCD et sa mise en œuvre.

1.1. un phénomène aux conséquences planétaires !


Selon l’UNCCD, le terme désertification désigne la dégradation des
terres1 dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par
suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et
les activités humaines » (CNULD ; art.1er-(a)). Malgré un consensus
politique lors de la création de la convention, cette définition ne
permet pas de caractériser précisément tout ce qu’elle recouvre et
la complexité de ses causes.
En effet, les origines de la désertification sont complexes, elles sont à la
fois dues à des causes climatiques telles que l’aridité et la sécheresse
(suivie ou non de fortes pluies), le vent, etc. et humaines, notamment
par une mauvaise gestion des ressources naturelles ou par leur surex-
ploitation. D’une manière générale la science s’accorde à dire que
les causes sont majoritairement humaines.

Parmi les activités humaines, causes de la dégradation des terres, on peut citer2 :
• la mise en culture non adéquate des sols fragiles ou exposés au risque de ruissellement de l’eau
(d'érosion hydrique) et/ou aux vents (érosion éolienne) ;
• la réduction des temps de repos (jachère) des sols cultivés et le manque de fertilisation
organique et minérale ;
• le surpâturage ;
• la surexploitation des ressources ligneuses (en particulier pour le bois-énergie) ;
• la pratique incontrôlée des feux pour la régénération des pâturages, la chasse, les défrichements
agricoles, et certains conflits sociaux ;
• les pratiques agricoles exportatrices nettes de nutriments en particulier via les cultures
intensives de rente ;
• l’irrigation sans précaution pouvant conduire au lessivage ou à la stérilisation du sol par
les minéraux dont le sel ;
• d’une manière générale le travail du sol inadapté.

© UNCCD

1 Les terres sont comprises ici au sens large incluant le sol, l’eau, la végétation
mars 2012 2 Ces informations sont inspirées des données recueillies sur le site de la FAO
www.fao.org/docrep/v0265f/v0265f01.htm

8
La désertification en chiffres : les menaces3
les menaces4 :
• la désertification touche 3,6 milliards d’hectares à l’échelle mondiale, soit 25% (de la surface
totale) des terres émergées;
Plaidoyer et lutte contre

• 110 pays présentent un risque de dégradation des terres;


Des pertes conséquentes :
• 12 millions d’hectares de terres, soit la superficie du Bénin, sont perdus chaque année;
la désertification

• ces terres perdues chaque année pourraient produire 20 millions de tonnes de céréales;
• au moins 60 milliards de dollars, en termes de revenu, sont perdus chaque année du fait de la
désertification et de la dégradation des terres.
• plus de 3% du PIB agricole sont perdus suite à la dégradation des terres.

La désertification et la dégradation des terres se traduisent par la dimi-


nution ou la perte de productivité biologique - et par voie de consé-
quence économique - de la nature. Elle joue sur les différentes com- pour en savoir + sur
posantes des écosystèmes et détériore les services qu’ils fournissent.
Le niveau de vie des populations des zones touchées par la désertifi- le coût de l’inaction
cation est ainsi très affecté par ce phénomène. Dans les pays en déve-
loppement où sévit la pauvreté, elle accroît encore la pression sur
• cf. fiche 1 du dossier Repères
le milieu. Terres et Hommes sont pris dans une spirale où ils sont à pour comprendre et Agir
la fois acteurs et victimes. Ces populations souvent pauvres sont • cf. atelier de Rome
par ailleurs très peu considérées par la communauté internatio- « le coût de l’inaction »,
nale alors qu’elles représentent de l’ordre de 2 milliards de www.csf-desertification.org/
personnes, soient environ un tiers de la population mondiale. La index.php/activites-du-csfd/
désertification se pose ainsi comme un double problème d’environne- recherche-et-developpement/
ment et de développement. atelier-international-couts)
Concernant la dimension « environnementale » de la désertification,
elle ne se limite pas aux seuls pays qui en sont victimes.
Alors que la lutte contre
L’appauvrissement de la biodiversité, la réduction de la fixation de
la désertification porte ses
carbone et la gestion des eaux internationales sont souvent concer-
fruits là où elle est menée,
nés, ce qui renforce la dimension globale de la problématique. Les
la part de l’aide publique au
écosystèmes de ces zones ont une valeur quelquefois sous-estimée développement (APD)
pour la planète. Ainsi la désertification limite les fonctions des éco- consacrée au secteur rural
systèmes des zones arides. des zones sèches est en
De plus les travaux réalisés lors d’un atelier sur les coûts de l’inaction à diminution constante depuis
Rome en 2006, il a été démontré qu’aux vus des services rendus par 15 ans. En 2005, seulement
ces terres, l’inaction dans le domaine de la lutte contre la désertifi- 5% de l’APD mondiale étaient
cation à un coût réel non seulement pour les pays touchés mais pour dédiés à des opérations
l’humanité. Et ce coût est bien supérieur à celui de la réhabilitation d’aménagement des terres
et à la mise en place d’une gestion durable de ces terres. dégradées (Berry et al., 2006).

La désertification en chiffres : Valeur des déserts et des zones


arides4
• 90% de la population mondiale affectée fait partie de pays en
développement
• 50% du bétail mondial vit grâce aux pâturages extensifs
• 46% du carbone mondial est stocké dans les zones arides
• 44% des terres cultivées sont situés dans des zones arides
• 30% des plantes cultivées proviennent des zones arides
• 8 des 25 « hotspots » de biodiversité mondiaux sont situés en zone aride.
0,5% des espèces végétales de ces zones sont endémiques, mais la perte de leur habitat spécifique est
supérieure à 70%

Alexis Nouailhat
© CARI
3 Information issue du communiqué des Nations-Unies pour le lancement de la décennie pour
mars 2012 les déserts et la Lutte contre la désertification – Aout 2010 – Fortaleza
(http://unddd.unccd.int/press-releases.htm)

9
1.2. Lutter contre la désertification, c’est lutter
durablement contre la pauvreté !
La lutte contre la désertification comprend de nombreux aspects à la fois
bio-physiques et socio-économiques on ne peut simplement dire qu’il
Plaidoyer et lutte contre

s’agit de lutter contre la dégradation des terres dans les zones arides.
La raison est liée aux causes de la désertification qui sont elles- pour en savoir + sur
mêmes bio-physiques et socio-économiques et qui s’alimentent la désertification
la désertification

mutuellement mutuellement. C’est pourquoi, lutter contre la déserti-


fication demande d’intégrer des aspects très différents allant de • Fiche n°2 du guide
l’écologie aux questions de développement et à la lutte contre la pau- Désertification repères pour
vreté. comprendre et agir.
Les domaines d’action de la lutte contre la désertification peuvent ainsi (Éditeur : CARI, 2009)
être répartis en quatre catégories correspondant à des stratégies dif- • Dossiers thématiques du CSFD
férentes et complémentaires : n° 1 : La lutte contre
• Les méthodes correctives (réhabilitation) qui visent à stopper un
la désertification : un bien public
phénomène et à réparer les dégradations (conservation des eaux et
mondial environnemental ?
des sols, protection de la végétation,…) ;
Des éléments de réponse...
• Les techniques permettant de mieux gérer et valoriser les ressources
(agroécologie, agroforesterie, etc.) ; • Fiche : Evaluation des coûts
• La mise au point de modèles et de systèmes intégrés de gestion des économiques et sociaux de
ressources naturelles, c'est-à-dire une gestion globale, qui prend en la dégradation des terres et
compte tous les facteurs (socio-économiques, environnementaux,…) de la désertification
qui ont une influence sur les ressources naturelles ; en Afrique du document
• La mise en place de mécanismes institutionnels et politiques favo- "Lutte contre la désertification :
rables (paix civile, stabilisation des prix, participations de la société expérience et leçons apprises
civile à la gestion des ressources). sur le terrain"

Tous ces domaines d'action doivent se mener dans une approche globale
des problèmes d'environnement et de développement durable ce qui
permet de maintenir, d’accroître et de diversifier les ressources natu-
relles du territoire. Le but étant de permettre une élévation du
niveau de vie des populations, de stabiliser les équilibres entre res-
sources naturelles et leur exploitation, de rétablir des cadres sociaux
et politiques viables de gestion des ressources naturelles et des terres
agricoles.

Dans ce cadre, une multitude d’acteurs sont impliqués : des utilisateurs


des terres (agriculteurs, forestiers, éleveurs, etc.) aux décideurs poli-
tiques, du local à l’international en passant par les gestionnaires du
territoire, les OCB (organisations communautaires de base), les ONG
et les chercheurs, les acteurs du développement et ceux de la protec-
tion de l’environnement. Tous ces acteurs ont un rôle dans le combat
contre la désertification.

Lutter contre la désertification c’est d’abord :


• Mettre en place une meilleure gestion des ressources naturelles pour alléger la pression toujours
croissante sur ces ressources
• Reconstruire la fertilité des sols et leur capacité à circuler et stocker de l’eau.
• Reforester, revégétaliser, ne pas laisser le sol à nu.
• Diversifier l’économie locale (artisanat, commerce, tourisme, etc.)

Lutter contre la désertification doit viser à :


• L’accroissement des productions agricoles et alimentaires
• L’accroissement du fourrage disponible pour le bétail
• L’accroissement de l’eau disponible
• Une meilleure équité dans la répartition des ressources
naturelles
• Une stabilisation de la population
• Une récupération de la biodiversité
• Une meilleure adaptation au changement climatique Panneau de sensibilisation contre
• Une amélioration des revenus et du bien être des populations les feux de brousse.
touchées. © Fabrice Courtin, IRD

mars 2012

10
1.3. Du multilatéral au local : une mobilisation pour en savoir + sur
citoyenne l’UNCCD
Historiquement, l’instrument international qui traite ce problème, à
savoir la Convention des Nations Unies de lutte contre la • cf. fiche 3 du dossier Repères
Plaidoyer et lutte contre

Désertification (CNULCD) est née au cours de la Conférence des pour comprendre et Agir
Nations Unies sur l’Environnement et le Développement dite « som- • Guide des négociations de
met de la terre » à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992 ; le sommet tenait la Francophonie
la désertification

à marquer, pour la première fois dans l’histoire, un changement total • Le site internet de la CNULCD
de paradigme, à savoir la prise en compte de l’environnement dans www.unccd.int
les questions du développement. Ce changement a été repris dans la
Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, compo-
sée de 27 principes ou directives assortie d’un plan d’action pour le
21 siècle plus connu sous le nom « d’agenda 21 ».
Avec les deux autres Conventions Internationales dites « de Rio » – la
Convention sur la Diversité Biologique et la Convention Cadre sur les
changements climatiques - il s’agit des trois principaux accords mul-
tilatéraux de l’environnement (AME). Après une phase de négociation
la CNULD a été signée à Paris en 1994 et est entrée en vigueur en
décembre 1996 après la ratification du 50ème Etat. Elle est à ce jour
ratifiée par 193 Etats dans le monde soit presque la totalité des pays.
L’un de ses traits fondamentaux est de recommander et favoriser la par-
ticipation de la société civile. L’examen du texte fait mention de pas
moins de 22 références implicites ou explicites à cette participation,
sans que celle-ci ne soit d’ailleurs plus amplement décrite.

1.3.1. Le fonctionnement institutionnel de la CNULD : Pour mieux peser sur les


négociations :
un plaidoyer d’état ? – s’adresser aux deux groupes de
La convention des Nations Unies de lutte contre la désertification pays (touchés et donateurs) de
regroupe 193 pays signataires (pays Parties) de deux types : les pays manière différente selon leur
Parties touchés organisés en 5 annexes géographiques (Asie, sensibilité
Afrique, Amérique latine et Caraïbes, Méditerranée septentrionale, – s’allier à l’un des deux groupes.
Europe centrale et orientale) et les pays Parties donateurs.

La gestion de la convention est déléguée par les pays Parties, au


Secrétariat dirigé par le Secrétaire Exécutif qui compile les diffé-
rentes informations fournies par les pays, produit les documents de
base et au Mécanisme Mondial qui a pour rôle de susciter les flux de
ressources (financières, connaissances, humaines). Pour prendre les
décisions, les pays Parties se réunissent tous les deux ans lors des
Conférences des pays Parties (COP), forme d’assemblée générale sou- Les décisions étant prises
lors des COP, un travail
veraine selon les principes des Nations Unies (un pays=une voix). Un
de plaidoyer en amont est
Bureau placé sous la présidence du dernier pays hôte de la COP, gère indispensable.
les affaires courantes entre deux sessions.

La Convention est également dotée de deux organes subsidiaires :


- le Comité de la Science et de la Technologie (CST) qui doit fournir
des propositions de décision à la COP concernant les aspects scienti-
fiques de la désertification et de la lutte contre la désertification,
- et le Comité de révision de la mise en œuvre (CRIC) des plan d’ac-
tions nationaux (PAN) de lutte contre la désertification qui permet
de suivre la mise en œuvre des décisions de la COP par les pays
Parties par l’examen des rapports fournis par ceux-ci.

Lors des débats de la Convention, chaque partie ou regroupement


d'états, Institutions internationales ou encore les OScs développent
des stratégies de plaidoyer en faveur de leurs propres intérêts ; ces
derniers sont quelquefois loin de l'intérêt général. L’un des meilleurs
exemples est la discussion sur le budget des organes et institutions de
la Convention où chacun tente d’inclure les décisions qui lui sont le
plus favorable!
Un premier constat s’impose : les institutions présentes dans la CNULD,
sont toutes engagées dans un plaidoyer selon leur intérêt et mandat.
Selon le cas, ils sont alliés ou concurrents.

mars 2012

11
1.3.2. Société civile : une mobilisation à organiser
Lors de la création de la Convention des Nations-Unies sur la lutte
contre la désertification, les organisations de la société civile ont
joué un rôle important dans sa meilleure reconnaissance au plan
Plaidoyer et lutte contre

international. Contrairement aux deux autres grands AME,


l’UNCCD n’a pas d’emblée bénéficié du soutien des pays donateurs
et a même été initialement soutenue par quelques pays seulement,
dont la France, ainsi que par les pays du continent africain. Entres
la désertification

autres, elle souffre de l’absence de mécanisme financier fixe et


peine à bénéficier d’une reconnaissance internationale concrète.
Calqué sur l’organisation des états au Nations-Unies, un Réseau inter-
national des ONG sur la Désertification (RIOD) a été imaginé et mis
en œuvre. Malheureusement, ce réseau a été créé sous une forme trop
descendante, plus porté par le Secrétariat Exécutif et quelques pays
promoteurs de la CNULD plutôt que par l’effort de la société civile
elle-même. A ce jour, la mobilisation des OSC au sein du RIOD n’est
plus fonctionnelle exceptée à l’échelle de petites régions, en particu-
lier d’Amérique latine.

Le creux de la mobilisation des ONG, comme d’ailleurs des pays Parties,


a été atteint dans les années 2003 à 2007 après la COP 6 à CUBA
et durant COP7 à Nairobi. pour en savoir + sur
Toutes parties confondues (Etats, OSC, agences internationales…), une
vague de contestation pour une meilleure efficacité de la CNULD a les réseaux de
abouti à l'adoption d'un plan stratégique à dix ans. Concernant la la société civile
société civile, plusieurs décisions opérationnelles pour sa participa-
tion ont été prises à COP8, COP9 et COP10. • Guide Désertification :
Les OSCs ont désormais une légitimité reconnue et une place qui reste à Repères pour comprendre et agir ;
prendre ! fiche 8, 2009, CARI

Carte postale réalisée et diffusée par


les réseaux GTD, RéSaD et Drynet à
COP10 en octobre 2011.
© CARI

mars 2012

12
Réseaux d’action liés à la lutte contre la désertification
Plaidoyer et lutte contre

En France
Groupe de travail désertification (GTD)
la désertification

Le GTD est un réseau français d’acteurs de solidarité internationale mobilisés dans le domaine de la
lutte contre la désertification. Sa valeur ajoutée réside dans la mise en relation d’acteurs diversi-
fiés, et l’accès à la concertation permanente avec les décideurs gouvernementaux.
http://www.gtdesertification.org/

Au niveau de plusieurs pays


DRYNET
Ce réseau international travaillant sur quatre continents a pour but de renforcer les réseaux d’acteurs
de la société civile.
http://www.dry-net.org/

European networking initiative in desertification (eniD)


L’eniD réuni des Ong européennes impliquées dans la lutte contre la désertification.
http://www.cariassociation.org

Le Réseau Sahel Désertification (RéSaD)


Le RéSaD réunit 4 plateformes nationales au Burkina-Faso, Mali, Niger et France qui se mobilisent
pour les populations des zones arides. Les objectifs de ce réseau sont d’améliorer la prise en compte
de la lutte contre la désertification, d’intégrer la participation de la société civile dans les politiques
nationales de développement et de soutenir la mise en œuvre des initiatives locales.
http://www.cariassociation.org/resad

Le Réseau associatif de développement durable des oasis (RADDO)


Le RADDO est un réseau d'associations actives au Maghreb pour la sauvegarde des Oasis et pour la
promotion du développement durable en milieu oasien.
http://www.raddo.org/

Le Groupe de coordination des zones arides (GCOZA)


Le GCOZA est un réseau de renforcement de capacités sur la sécurité alimentaire en zones arides
d’Afrique à travers des échanges d’expériences pratiques et de bonnes connaissances. Les réseaux de
GCOZA opérant en Erythrée, en Ethiopie, au Mali et au Soudan comprennent des ONG et des ins-
titutions de recherche et des structures gouvernementales.
http://www.drylands-group.org/

A vocation scientique
Le comité scientifique français pour la lutte contre la désertification (CSFD)
Le CSFD répond à une double préoccupation des ministères en charge de la Convention des Nations
Unies sur la lutte contre la désertification :
• Mobiliser la communauté scientifique française compétente en matière de désertification, de
dégradation des terres et de développement des régions arides, semi-arides et sub-humides afin de
produire des connaissances et de servir de guide et de conseil aux décideurs politiques et aux acteurs
de la lutte.
• Contribuer à la diffusion et à la valorisation des connaissances scientifiques.
http://www.csf-desertification.org/

DesertNet International (DNI)


Le réseau international DNI présente une plateforme de discussions pour les scientifiques, leur but est
d’identifier, de documenter les connaissances sur la désertification et sa lutte.
http://www.european-desertnet.eu/

mars 2012

13
2. PLAIDER POUR LA CAUSE DES ZONES ARIDES
Le plaidoyer, se situe à la fois pour la cause des zones arides : en
défense des populations qui y vivent et pour une « meilleure » ges-
Plaidoyer et lutte contre

tion des ressources naturelles.


Il devrait se nourrir de l’expérience des populations touchées par la
désertification. C’est pourquoi des allers-retours continus, entre le
terrain et les sphères politiques nationales ou internationales, sont
la désertification

essentiels pour permettre de mener à bien un plaidoyer pertinent.

Le plaidoyer ne permet pas à lui seul de parvenir à un résultat concret tel que «augmenter la produc-
tivité agricole » ou « réduire la surface de terre dégradée » d’un territoire, mais il vise à ce qu’un
cadre favorable de dispositions publiques (lois, réglementations, plan d’actions, subventions, …),
permettant d’atteindre ces résultats, soit créé et que des mesures soient prises pour faire face au pro-
blème. Utilisé pour influencer les politiques publiques, le plaidoyer vise à faire agir les décideurs en
faveur de l’instauration ou de la réforme de politiques publiques qui vont dans le sens de la lutte
contre la désertification, mais aussi de leur mise en vigueur et de leur application efficace.

Pour être la plus efficace possible, l’action de plaidoyer doit avoir une
forte légitimité aux yeux des décideurs. Elle doit être argumentée à
travers des témoignages d’acteurs directement confrontés à l’impact
des politiques publiques et d’acteurs reconnus par ces décideurs, tels
que les chercheurs ou autres observateurs extérieurs.
Enfin, pour être crédible le plaidoyer doit viser un intérêt général ou
collectif affirmé, et dépasser la poursuite d’intérêts individuels ou par-
ticuliers. La légitimité et la crédibilité des OSC passe généralement par
leur expérience, leurs compétences, et par le fait que leur organisation
comprend une base sociale, y compris dans les pays et les régions tou-
chés. L’action de plaidoyer, pour être efficace, doit être portée par un
grand nombre d’acteurs lui conférant une dimension sociale ; ils peu-
vent pour cela être mobilisés dans le cadre d’un réseau ou d’une coali-
tion reconnue regroupée autour de positions concertées ;
Le plaidoyer est complémentaire des actions –en soi– de lutte contre la
Session de dialogue ouverte, CRIC 9,
désertification sur le terrain, il est sensé permettre à terme dans le février 2011, Bonn.
cadre d’une stratégie globale de parvenir à des résultats concrets et © CARI
durables pour les populations locales ciblées ou mobilisées.

2.1. Un plaidoyer : pour quoi faire ?


Le plaidoyer peut servir différents objectifs complémentaires que nous
avons tentés d'expliquer et d'illustrer à partir d'exemple d'actions
mené par les membres du GTD :
• Obtenir des politiques nationales et des cadres juridiques plus cohé-
rents et mieux coordonnés
• Améliorer la connaissance, la visibilité et la transparence du paysage
institutionnel/organisationnel au niveau national et international
• Assurer une vraie reconnaissance des organisations de base et de
leurs groupements, aider à faire porter leur voix
• Pour aider à décloisonner et mieux concerter l’action des différents
acteurs
• Améliorer les mécanismes de financement (Aide publique au déve-
loppement (APD), prêts, facilités,…) renouvelés, ou permanents.

Roberto Neumiller from SOS Sahel


International.
© UNCCD

mars 2012

14
2.1.1. Améliorer la connaissance du paysage
institutionnel
Il s’agit d’abord de faire connaître au plus grand nombre le fonctionne-
ment des institutions au niveau national et international afin de per-
Plaidoyer et lutte contre

mettre à la société civile de jouer son rôle de veille quant au fonction-


nement de ces institutions. Les spécificités et le manque de délimita-
tion du champs d’intervention de la LCD font qu'il y a un travail
la désertification

important à fournir pour améliorer la visibilité du paysage institu-


tionnel et organisationnel. En effet la question de la désertification
sous ces différents aspects (développement, environnement ; change-
ment climatique, biodiversité, agriculture, …) concerne de multiples
institutions.

Publications
Contribuer à une meilleure compréhension du paysage institutionnel
• Désertification, repères pour comprendre et agir, fiche 3 (CARI GTD, 2009)
http://www.gtdesertification.org
• La collection « guides des négociations » de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)
http://www.iepf.org/ressources/ressources-pub.php?id=13
• Negotiating and Implementing Multilateral Environmental Agreements, Stakeholder Forum
(http://www.stakeholderforum.org/sf/index.php/our-publications/books-in-our-publications)

2.1.2. Assurer la reconnaissance des organisations de


base
Cette reconnaissance peut permettre à un groupe d’être identifié comme
interlocuteur valable auprès des institutions, états ou bailleurs inter-
nationaux et permet de peser sur la décision. Cet objectif peut être
aussi une première étape d’une stratégie de plaidoyer, afin d’assurer
la reconnaissance d’un groupe pour asseoir sa légitimité et permet-
tre la réussite de ses actions futures.
Cette étape et d'autant plus importante dans le cadre de la lutte contre
la désertification que les populations des zones arides sont parmi les
plus pauvres au monde et ont donc un accès limité aux institutions
internationales mais également nationales.

Exemple d’action
Contribuer à la reconnaissance des agricultures paysannes
Agriculteurs et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) – 2010
Face aux nombreux facteurs liés aux politiques publiques qui fragilisent les éleveurs et les agriculteurs
du Sud, AVSF mène une action de Plaidoyer au Nord pour influer sur les politiques et pratiques de
développement et de coopération. Leur objectif est de "Promouvoir l'agriculture paysanne pour favo-
riser la souveraineté alimentaire des populations du Sud"
En lien avec cette thématique principale, ils abordent les axes suivants :
• Défendre l'accès équitable des paysans au foncier et aux ressources naturelles
• Défendre des politiques et des services adaptés pour des populations et territoires marginalisés et
enclavés (pasteurs transhumants et populations de montagne)
• Défendre un droit d'accès favorable aux marchés locaux et internationaux pour les organisations
paysannes
• Défendre les missions et les rôles des agricultures paysannes dans nos sociétés.
• Actuellement les actions de plaidoyer d’AVSF se présentent sous trois formes :
– Au Sud,
• L'appui aux partenaires dans leurs propres actions d'incidence politique afin que les collectivités
locales, les institutions régionales, les Etats, les agences de coopération reconnaissent et appuient les
agricultures paysannes au niveau financier, technique, etc... Cette action est organisée et pilotée par
les organisations partenaires d'AVSF au Sud, avec l'appui des équipes terrains AVSF et des per-
sonnes en charge du Plaidoyer.
– Au Nord,
• Des actions d'éducation au développement en France en direction d'étudiants des établissements
de l'enseignement agricole et la création et diffusion d'outils pédagogiques à partir de nos expé-
riences de terrain.
• La participation à des campagnes de sensibilisation en direction du grand public, mais également
en direction des décideurs politiques pour tenter d'avoir une incidence sur les politiques et pratiques
économiques, pour plus d'équité dans le développement.
mars 2012 http://www.avsf.org/fr/rubrique.php?rub_id=8

15
2.1.3 Pour des politiques nationales et des cadres
juridiques plus cohérents et mieux coordonnés
C'est-à-dire contribuer à créer des politiques publiques là où on en a
besoin et quand il n’en existe pas, contribuer à réformer les
Plaidoyer et lutte contre

politiques défavorables ou inefficaces ou à assurer que les bonnes


politiques sont mises en vigueur et appliquées sur le terrain.
En matière de gestion des ressources naturelles (GRN) et notamment de
la désertification

lutte contre la désertification, de nombreux cadres juridiques sont


concernés :
• les droits fonciers et la sécurisation foncière ;
• les réformes des codes juridiques environnementaux (forestier, pas-
toral, code de l’eau,…) ;
• la décentralisation et l’émergence des autorités locales ;
• les droits des associations, le droit coopératif, les libertés démocra-
tiques,… les opportunités d’action collective…

Exemple d’action
Pour une cohérence des politiques pour le développement
Commission Agriculture et développement (C2A) - 2010
La Cohérence des politiques pour le développement (CPD) :
1. Art 208 du traité de Lisbonne « […] L’union tient compte des objectifs de la coopération au dévelop-
pement dans la mise en oeuvre des politiques qui sont susceptibles d’affecter les pays en développe-
ment»
2. Le consensus européen pour le développement: « il est important que les politiques qui ne concernent
pas le développement viennent soutenir les efforts déployés par les pays en développement pour réa-
liserles OMD »
=> La CPD est un moyen d’aborder sous un nouvel angle les questions commerciales, migratoires, la PAC
etc…
Dans ce cadre les actions du C2A se font à deux niveaux :
Au niveau Européen, la C2A participe au groupe de travail de Concord sur la cohérence:
• Par le suivi du rapport biannuel de la commission (sept 2009) -> Rapport alternatif
• Spotlight on Policy coherence (participation à la rédaction du rapport)
• A travers des rencontres avec des parlementaires européens pour promouvoir et échanger sur ce
cadre
• A travers des rencontres avec la commission et des parlementaires sur 3 thématiques de suivi (Pac,
Foncier, Food Facility)
Au niveau Français
Dans le cadre de l’élaboration du document cadre français de coopération au développement (la straté-
gie pour les 10 ans à venir), la CPD y est reconnu comme un outil pour le développement au même
titre que l’APD.
La C2A organise pour le GISA (Groupe Interministériel pour la Sécurité Alimentaire, qui regroupe le
MAEE, l’AFD, le MAAPRAT, le MEDDTL, le SGAE, le MINEFI, le CIRAD et les ONG) un cycle de
réunion sur la mise en cohérence des politiques de la France vis-à-vis du développement
Les enjeux sont une nouvelle approche de sujets polémiques PAC /APE/immigration/ Investissement
Résultats:
• Mise en place d’un cycle de travail avec le GISA
• Une certaine cohérence dans les Stratégies Françaises de développement

Semis de mil dans


la région nord du Bénin
© Pierre Silvie, Ird-Cirad

mars 2012

16
2.1.4. Pour une mobilisation décloisonnée et concertée
Ici l’objectif est de faire connaître le travail et l’expertise des uns et des
autres, et de faciliter les échanges entre les différentes catégories
d’acteurs selon leur domaine et leur niveau d’action dans le cadre de
Plaidoyer et lutte contre

la lutte contre la désertification.


Il s’agit par exemple d’instaurer un dialogue entre les différentes parties
prenantes de la lutte contre la désertification d’un territoire ou d’un
pays comme les acteurs de terrains et les décideurs politiques.
la désertification

L’objectif peut être aussi de contribuer à une mobilisation coordon-


née des chercheurs du Sud et du Nord, et de valoriser leur voix (en
tant qu’alliés) ; ou de coordonner les actions des acteurs de la soli-
darité internationale (ONG, acteurs de la coopération décentralisée,
…) travaillant sur les mêmes territoires. Chacun étant cantonné à
son territoire ou son sujet, il s’agit de provoquer des événements qui
permettent d’ouvrir de nouveaux dialogues multi-acteurs.

Exemple d’action
Forum multi-acteurs pour interpeller grand public et décideurs
CARI, Both ENDS et ENDA Lead - Désertif’Actions, Septembre 2006, Montpellier
Cet évènement international a réuni des acteurs de 49 pays, des représentants d’ONG, des scientifiques,
des décideurs nationaux et locaux qui ont débattus autour de 3 thèmes :
• Rendre la question des zones arides plus prioritaire dans les agendas politiques nationaux et inter-
nationaux
• Explorer le potentiel économique innovant des zones arides en vue d’accroitre le revenu des com-
munautés locales.
• Faire entrer le rôle des organisations de la société civile et leurs réseaux nationaux/internationaux
dans une stratégie.
http://www.gtdesertification.org/ressourcotheque/files/rapport-final-DA-CARI-fr.pdf

2.1.5. Améliorer les mécanismes de financement


On cherche ici à faire en sorte que les financements soient augmentés et
mieux dirigés sur les problèmes et acteurs identifiés, afin d’éviter le
gaspillage de temps et d’argent, ceci grâce à des alliances avec les uti-
lisateurs de ces fonds. Il s’agit par des échanges soutenus entre béné-
ficiaires, gestionnaires, et financeurs, d’œuvrer à l’efficacité de
l’aide.
Dans le cadre de la lutte contre la désertification, malgré l’existence
d’un organe dédié à la collecte et mobilisation de fonds, le
Mécanisme Mondial, il n'existe aucun fonds dédié spécifiquement à
la désertification contrairement à la biodiversité et au changement
climatique. Il faut donc le plus souvent capter des fonds sur diffé-
rentes lignes budgétaires pour financer un programme de lutte
contre la désertification.

Exemple d’action
Pour une contribution plus efficace de l’aide publique au développement
Coalition Eau – 2010
La coalition Eau – 2010
En 2003, pour contribuer à l’atteinte des OMD dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, la
France s’engageait à doubler son Aide Publique au Développement (APD) Conclusion: l’aide de la
France a augmenté via un recours massif aux prêts bancaires, alors que les subventions ont chuté.
Mais cet instrument financier qu’est le prêt, accessible aux pays “émergents”, condamne les pays les
moins avancés (PMA) car leurs capacités d’emprunt sont très faibles. Pourtant, c’est dans ces PMA,
situés particulièrement en Afrique subsaharienne, que se posent de façon cruciale les problèmes d’ac-
cès à l’eau et à l’assainissement.
Face à ce constat, la Coalition Eau a présenté aux décideurs français sept propositions pour une contri-
bution plus efficace de l’APD en mettant l’accent sur la nécessite de cibler les pays ayant les plus
forts besoins et d’augmenter l’enveloppe de subventions.
La Coalition Eau : groupe d’ONG françaises dont Eau Vive est chef de file, mobilisées pour l’accès de
tous à l’eau et à l’assainissement.
http://www.coalition-eau.org/spip.php?article140
mars 2012

17
2.2. Un plaidoyer multiple à travers plusieurs
niveaux d’action
Concernant un sujet comme la lutte contre la désertification et la dégra-
dation des terres, il est possible de distinguer différents niveaux d’ac-
Plaidoyer et lutte contre

tion, du local au global, qui ont tous et à des degrés divers une
influence sur la situation des zones arides.
2.2.1. Le niveau multilatéral
la désertification

Les états et leur manière collective d’aborder les problématiques globales


sont l’une de composantes. Il s’agit surtout du cadre des Nations
unies et les lieux de concertation qui s’offrent aux acteurs étatiques
et les orientations qui s’y fabriquent, mais aussi leurs multiples
agences et leurs déclinaisons, en particulier sur les cinq régions
conventionnellement représentées aux Nations unies.
Qu’il s’agisse d’instruments thématiques tels que les agences spécialisées
comme par exemple la FAO ou le FIDA pour l’agriculture, l’OMS Les conférences
pour la santé ou l’UNRWA et le HCR pour les réfugiés, ce sont non internationales sont un lieu de
construction de légitimité et de
seulement des lieux de mise en oeuvre déléguée, mais aussi des lieux
reconnaissance pour les acteurs.
où se fabrique une opinion ou un avis qui impacte le sujet.

Pour la lutte contre la désertification il s’agit avant tout de la


Convention des Nations Unies de lutte contre la Désertification, de
ses organes subsidiaires que sont le Comité de la Science et de la
Technologie et le Mécanisme Mondial et leurs partenaires techniques
et financiers.

Ré union ONG-UE, Cop9, Buenos Aires,


septembre 2009

mars 2012

18
2.2.2. Le niveau national
Ce niveau concerne aussi les regroupements régionaux de pays selon des
thématiques (par exemple affectés par l’aridité et la sécheresse), géo-
graphiques (par exemple Afrique) ou des cadres économiques et poli- C’est un niveau crucial du
Plaidoyer et lutte contre

tiques communs (Union/Commission européenne, Union plaidoyer, car son impact se


africaine/NEPAD, UMA, ALENA). ressentira au niveau local et
se répercutera au niveau régional
et multilatéral.
Le cadre national est crucial dans les pays affectés comme dans les pays
la désertification

donateurs, car les pays sont le lieu de l’incarnation des actions au


plus proche des populations. Ils sont souvent aussi les financeurs de
leurs propres actions (mise en oeuvre locale comme financement de
fonds à l’international selon les pays) et leur légitimité s’impose non
seulement sur leurs territoires, mais aussi quelquefois au-delà de leur
territoire en tant que capacité d’influence via les financements
octroyés. Par exemple pour les OSCs de l’Union Européenne, l’orien-
tation de la politique d’aide au développement de l’UE (premier bail-
leurs public d’APD au monde), a forcément un impact important sur
la manière dont un problème (en l’occurrence la lutte contre la déser-
tification) est traité dans les pays affectés : plaider pour l’ouverture
d’une ligne budgétaire sur la lutte contre la désertification dans les
fonds de l’APD peut être déterminant. Les ministères techniques,
(agriculture, aménagement du territoire, transport, voire finances)
peuvent aussi être des cibles importantes selon leur poids et capacité
d’influence au niveau national. La même chose doit être dite sur les
instruments de financements tels que les organismes régionaux de la
banque mondiale, les banques régionales de développement telles que
la BAD (banque africaine de développement), la banque Arabe de
développement, ou, l’AfD (agence française de développement) pour
ne citer que ceux-là.

2.2.3. Le niveau local Le plaidoyer des OSC est


Au niveau local, toute la diversité des populations affectées est concer- d’autant plus crédible
née : acteurs, usagers et bénéficiaires des terres en quelque sorte, qu’il repose sur des réalisations
locales concrètes dont l’état peut
mais qui sont souvent considérés comme le baromètre de l’action s’inspirer pour les élargir ou les
politique et du degré d’urgence d’un problème à traiter au niveau multiplier.
politique.
Dans les pays à fort développement médiatique la voie de la presse et de
sa capacité à contribuer à l’information de l’opinion publique et à
faire passer des messages est cruciale. Dans les PVD, la radio rurale
ou les radios internationales sont de bons vecteurs. De la même
manière toutes les OSC du nord et du sud jusqu’aux OCB sont de C'est à ce niveau que se
construisent en général les
puissants canaux grâce à leur proximité des populations. Le proces- revendications les plus légitimes
sus de décentralisation a généré de nouveaux acteurs, dont le rôle des OSC car elles sont au plus
s'accroît, à savoir les municipalités ou toutes les formes collectives proche des implications pour les
de gestion d’un territoire. Voici encore une catégorie d’acteurs qui terres et les populations.
peut jouer un rôle important.

© IRAM

mars 2012

19
2.3. Au-delà du plaidoyer… quelques limites…
Une stratégie de plaidoyer doit obligatoirement passer par une analyse
du jeu des acteurs à tous les niveaux d'intervention : du cadre mul-
tilatéral à l’action locale en passant par l’opinion publique, les stra-
Plaidoyer et lutte contre

tégies des états et des bailleurs de fonds. L’ensemble de ces acteurs


est concerné à des degrés divers car ils ont tous des capacités d’in-
fluence sur les orientations et actions.
la désertification

Influencer sur un système complexe consiste bien souvent à influencer


un ou plusieurs acteurs stratégiques. L’opinion publique est souvent
choisie comme la porte d’entrée privilégiée car elle est relayée par les
médias qui aident d’une certaine manière à forger les idées qui sont
dans l’air du temps. En démocratie mais aussi dans des contextes
politiques moins favorables, l’opinion publique est une des clés.

Dans la sphère économique, le plaidoyer est quelquefois utilisé pour la


promotion d’intérêts particuliers loin de l’intérêt général, surtout
auprès des acteurs les plus influents ou auprès des donneurs d’ordre
dotés de leviers économiques ou politiques. Mais beaucoup d’autres
tendances, sources d’opinions, peuvent associer mode, opinion
publique, coup de projecteur d’actualités, injonctions étatiques ou
interétatiques, mots d’ordre d’activistes pouvant aboutir à des ten-
dances plus profondes et plus durables.

Quoi qu’il en soit faire remonter des priorités dans les politiques
publiques reste un travail de longue haleine dont il est souvent dif-
ficile de décrypter à l’avance les ressorts et les résultats. A titre
d’exemple il est intéressant d’observer les déclarations et interven-
tions régulières du Secrétaire Général des Nations Unies, Banki
Moon, sur des causes débattues aux Nations Unies pour les faire
reprendre par les médias et les décideurs. C’est un bon exemple de
plaidoyer

Alexis Nouailhat
© CARI

mars 2012

20
Appui méthodologique :

Chap. 2
Plaidoyer et lutte contre

pensez trajectoire du plaidoyer


plutôt que ligne droite
la désertification

Toute action nécessite une méthode. En ce qui concerne les actions de


plaidoyer, divers outils sont disponibles pour concevoir une stratégie
de plaidoyer et mettre en œuvre les actions qui en découlent. Ces der-
niers sont certes indispensables mais la méthode à suivre n’est pas
linéaire et doit être adaptée au fur et à mesure de l’action.
Ce chapitre reprend quelques étapes et outils généraux utiles pour tout
acteur souhaitant s’impliquer dans des actions de plaidoyer.

1 COMPRENDRE ET CONCEVOIR UNE STRATEGIE


DE PLAIDOYER
1.1. Identifier les causes du problème
Pour bien appréhender le problème à traiter, il est important de bien en
maîtriser toutes les facettes et d'identifier les différents leviers d’ac-
tion qui permettront le changement. Notamment si ces leviers sont
politiques car c’est sur ces leviers que nous tenterons d’appuyer dans
le cadre du plaidoyer. Avoir une vision historique est aussi très
important, car elle permet d’avoir une analyse sur la manière dont
la situation à laquelle on s’attaque s’est mise en place. Cette analyse
ne doit pas se cantonner à l’indispensable analyse technique du
problème, mais aussi à sa dimension sociale souvent déterminante.
A cet égard l’un des partenaires clés lors de cette phase est le monde
scientifique qui travaille sur la problématique ciblée. Son expertise
est très utile pour renforcer la connaissance du problème et permet
d’emblée d’étayer un argumentaire basé sur des faits avérés qui, par
la suite, légitimera en partie le discours.

PENSEZ-Y :
• Tenter de définir le problème majeur, ses causes et ses effets
• Identifier les acteurs et parties prenantes et affectées par
la problématique
• Se renseigner sur les programmes de recherches en cours sur
le terrain
• Collecter les avis des différents acteurs sur le problème (causes,
solutions possibles, ...)
• Pointer les aspects politiques et sociologiques des causes
• Définir les enjeux locaux, nationaux ou internationaux
• S'appuyer sur une méthode analytique comme le cadre logique ou
l'arbre à problème.

mars 2012 Alexis Nouailhat


© CARI

21
1.2. Appréhender les jeux d’acteur
Il s’agit de bien connaitre et comprendre le contexte politique qui
entoure votre problématique et le rôle des acteurs parties prenantes.
Ceci au niveau local, national ou international. L’articulation du
Plaidoyer et lutte contre

local au national peut permettre de s’appuyer sur un niveau de déci-


sion déjà validé (par exemple au niveau national) pour faire évoluer
un autre niveau (local ou international). Cet exercice prend du temps
la désertification

et demande une enquête sur le contexte et les forces en présence. Par


exemple la connaissance du contexte législatif (ou objets de poli-
tiques) comme une loi, une absence de loi, une mise en vigueur néga-
tive d’une loi, etc…C’est aussi l’occasion de tester les points de vue Les outils à votre
de ces acteurs, les "pour", les "contre" permettant une meilleur
analyse du rapport de forces. Cette étape permet aussi de mettre en disposition
évidence les alliés potentiels qui partagent votre point de vue mais
• La méthode de cartographie
qui ne sont pas en situation de le faire valoir.
des acteurs parties prenantes
PENSEZ-Y : (DRYNET, MM) – lien Internet
• Le tableau d’identification des
• Identifier les politiques favorables et les politiques qui limitent ou objets de politique – annexe A
sont contraires
• Diagnostiquer la mise en œuvre ou l’absence de mise en œuvre des
dispositions existantes
• Diagnostiquer les alliés et les opposants potentiels, et recenser leurs
arguments
• Vérifier le rôles des différents acteurs en faveur ou en défaveur
• S'assurer des alliances clés pour conduire le plaidoyer.

1.3. Construire le contenu, les propositions et les


objectifs du plaidoyer
Il s'agit de dégager les fondements de votre communication : messages
compréhensibles sur la situation et objectifs que vous visez en termes
de changement à apporter; Pour cela, avoir recours à un conseil en
communication s’avére souvent utile.
Il est important d’affecter des objectifs clairs et précis à l’action de
manière à pouvoir l’évaluer, ce qui constitue par ailleurs le support
indispensable à une communication claire avec les partenaires. A cet
égard cette étape est un moment de vérité, car il est souvent néces-
saire de reformuler les objectifs en lien avec les autres partenaires de
votre alliance, de manière à s’assurer d’une bonne compréhension et
adhésion de chacun.

Il s’agit aussi d’un moment clé où il faut trier entre :


• ce qu’il faudrait faire en général
• ce qu’il est réaliste de pouvoir atteindre en tenant compte de vos
moyens et de votre situation
• ce que vous allez réellement faire.
PENSEZ-Y :
• Vérifier que les objectifs sont spécifiques, mesurables, réalisables,
réalistes, définis dans le temps (SMART)
• S'assurer que les partenaires sont associés à la définition des buts
et des objectifs et que la compréhension des finalités comme des
moyens soient bien partagées

mars 2012 Alexis Nouailhat


© CARI
22
1.4. Analyser les conditions de réussite et évaluer
les risques
Comme pour tout projet, il est nécessaire d’anticiper le déroulement ;
ceci afin de s'assurer que toutes les conditions de réussite sont ras-
Plaidoyer et lutte contre

semblées et aussi appréhender les risques d'échecs afin de mettre en


place des mesures pour les anticiper, les éviter, les affronter ou pas-
ser outre. Il s’agit d’une analyse stratégique de l’action à mener avec
la désertification

des hypothèses de déroulement ; elle comporte non seulement l’ana-


lyse de l’environnement, mais aussi celle qui concerne le porteur du
projet de plaidoyer : quelles sont ses forces, ses faiblesses, les menaces
ou les opportunités ? Cette analyse permet la plupart du temps de
graduer les réponses possibles en fonction de l’intensité des résis-
tances anticipées. Elle permet aussi au groupe porteur ou à l’alliance
de s’identifier mieux face à des perspectives communes.

PENSEZ-Y :
• Clarifier quel acteur est à l’origine du plaidoyer et vérifiez sa légiti-
mité et son ancrage
• Vérifier la sensibilité du milieu par rapport au sujet abordé : est-il
perçu comme conflictuel, partisan, impartial, crédible ?
• Rechercher les autres acteurs impliqués sur ce problème en ce
moment : des alliances plus larges sont-elles possibles ? Qui
devriez-vous persuader de vous aider ?
• Penser à faire un tableau d’identification des forces, faiblesses,
opportunités et menaces.

1.5 Planifier sa stratégie de plaidoyer


Dans cette étape il s’agit de se représenter la stratégie d’actions de plai-
doyer en terme de cycle dans le temps : le lancement, les temps forts,
les moments favorables en fonction du contexte, les personnes ou ins-
titutions cibles à privilégier, etc…
La traduction de ces facteurs se fera via un calendrier qui fera se rejoin-
Alexis Nouailhat
dre les opportunités offertes par le calendrier local, national et inter-
© CARI
national et le calendrier du plaidoyer. Bien connaître l’agenda des
moments et du processus de décisions politiques permet de mieux choi-
sir sur lesquels on veut peser, certains pouvant constituer la phase pré-
paratoire à d’autres. Il s’agit aussi de calibrer les moyens utilisés et le
mode de communication le plus approprié en fonction de l’événement
visé, afin d’être visible d’une part et entendu d’autre part.

PENSEZ-Y :
• Avoir une claire vision du calendrier annuel et des moments clés du
plaidoyer
• Formuler les hypothèses de base de progression du plaidoyer et les
échéances
• Disposer d’une liste d’activités avec leurs résultats attendus, leurs
indicateurs de suivi
• Disposer d’une boîte à outils de supports de communication en fonc-
tion du contexte
• Avoir une idée précise de la répartition des rôles et des charges entre
les partenaires au plaidoyer
• Faire un résumé simple de la stratégie de plaidoyer
• Etablir un calendrier des moments forts qui marqueront les étapes
de votre action.

mars 2012

23
1.6. Budgéter et financer le plaidoyer
Maitriser son budget et ses sources de financement est indispensable
dans le cadre de cette activité à étapes : il faut s’assurer que les
financements sont disponibles lors des moments clés . La mise en
Plaidoyer et lutte contre

œuvre de la stratégie de plaidoyer pouvant s’étendre sur plusieurs


années, il faut maintenir un minimum d’ activité - même réduite ou
de veille - entre 2 évènements clés afin de garder la cohésion entre
la désertification

les partenaires et maintenir une pression constante sur les cibles de


l’action. En effet, au fur et à mesure du temps, les alliances peuvent
s’effriter ou des conflits d’intérêts entre partenaires peuvent surgir :
les conséquences sur les financements peuvent être importants et il
faut les anticiper par des sources de financements diversifiées et à
long terme.
L’indépendance financière est un autre facteur crucial à considérer : en
fonction des menaces qui s’exercent sur certains acteurs en position
de force, ceux-ci peuvent faire pression sur les bailleurs de fonds qui
financent le plaidoyer qui les menace.

PENSEZ-Y :
• Créer un cadre commun et transparent de gestion financière avec les
partenaires
• Penser à une répartition acceptée des efforts et des financements
entre partenaires
• Recherchez l’indépendance des bailleurs, la diversification et la
pérennité du financement.

mars 2012 Alexis Nouailhat


© CARI
24
2. METTRE EN ŒUVRE : LA CONDUITE DES
Plaidoyer et lutte contre EVENEMENTS DU PLAIDOYER
La conduite des étapes du plaidoyer n’est pas parfaitement linéaire. Elle
nécessite de répéter ou relancer les initiatives, pour maintenir ou
amplifier la pression face aux cibles. Il faut savoir mettre en valeur/à
profit les réussites et les opportunités créées ou qui se présentent.
la désertification

2.1. Une phase de sensibilisation pour ajuster son


positionnement
A partir du travail préalable de collecte d’information sur le problème,
y compris sur le plan juridique, vous pouvez désormais informer vos
futurs partenaires et cibles.
Cette forme de plaidoyer doux et informel permet dans un premier temps Les outils à votre
de sensibiliser sur l’aspect de la problématique qui vous préoccupe et disposition
de vous placer comme un interlocuteur légitime sur cette question en
connaissant bien le sujet. • Les outils à votre disposition :
Les outils pour informer,
PENSEZ-Y : sensibiliser, créer une visibilité -
Annexe B p 52
• Première approche des décideurs • Modèle de carte des pouvoirs
• Evaluer les rapports de force, les tensions et résistances, la motiva- Annexe C p 55
tion qui les sous-tend, les neutralisations à prévoir, le répondant
des alliés.
•S’imposer comme interlocuteur légitime (de droit, de fait).
• Recueillir le plus d'informations possibles sur vos interlocuteurs et
l'évolution du contexte pour affiner votre stratégie.

2.2. Mobiliser les partenaires potentiels en vue


d’une coalition
Parmi les différents type d'acteurs (décideurs politiques, organisations
ou encore individus), l’objectif est de créer un groupe porteur du plai-
doyer. Cette coalition devra être connue et reconnue par vos cibles et
vos partenaires, pourra faire circuler le message et être pourvoyeur
d’informations stratégiques ou vecteur d’actions ponctuelles. Ainsi,
au sein d'une coalition, certain acteurs seront plus à même de por-
ter une idée qu'une autre. Ainsi les scientifiques peuvent appuyer un
argumentaire et les communautés peuvent relater des situations
locales.

PENSEZ-Y :

• Identifier les autres acteurs qui ont les mêmes préoccupations que
vous
• Identifier les acteurs qui disposent d’une partie des informations
utiles pour avancer
• Chercher à mobiliser certains acteurs en vue de la constitution de la
coalition.
• Penser en permanence au renforcement des capacités de vos interlo-
cuteurs y compris de ceux que vous cherchez à convaincre, ils vous
en seront gré et vous aideront à vous constituer comme partie
prenante.

mars 2012 Alexis Nouailhat


© CARI
25
2.3. Faire réagir et agir avec les cibles du plaidoyer
Selon le problème, le contexte, les différents moments clés, vous aurez le
choix entre divers outils pour agir de manière formelle ou informelle
de manière « douce » ou « dure », souvent les divers outils pourront
Plaidoyer et lutte contre

être mené de front.

Les outils de plaidoyer selon les situations : un arsenal à géométrie variable


la désertification

Informel Officiel
Lettres aux autorités
« Diplomatie discrète »
Lettres analytiques
Contacts directs/indirects
Déclaration de position
Doux Conversations/discussions
Silencieux/Public
Lettres ciblées
Sensibilisation
Silencieux
« Bonnes pratiques »
Sensibilisation
« Diplomatie discrète »
Formation
Lettres confidentielles
Public
Dénonciations ciblées
Rapports publics
Dur Constats de carence
Communiqués de presse
Silencieux/Public
Témoignages accablants
Sensibilisation
Lettres de dénonciation
« Bonnes pratiques »
Pétitions, Pressions, Boycott

Nombreux sont les changements de points de vue voire des décisions


prises qui ne sont pas suivis d’effets. Il est donc important pour le
plaidoyer de mobiliser ses efforts sur la traduction des nouvelles
orientations et décisions en changements concrètes sur le terrain. Là
encore il est très utile de rester au contact régulièrement avec les
décideurs qui ont les moyens d’amorcer le changement tout en conso-
lidant celui réalisé dans les opinions. Souvent il faut même antici- Les outils à votre
per tous les scénarios de la prise de décision et de la mise en œuvre
des solutions que vous proposez : cela renforcera votre crédibilité et disposition
le « confort » de la prise de décision de ceux qui doivent accepter de
• Les outils pour mobiliser,
changer.
interpeller, dénoncer :
Tableau des outils de
PENSEZ-Y :
communication en
annexe B en p.52
• Interpeller les décideurs à base d’actions à forte visibilité
• Identifier des moments clés les plus pertinents pour des actions
ciblées
• Interagir avec les décideurs : échanges pour arriver à trouver des ter-
rains d’ententes et des solutions à la problématique y compris lors
de réunions informelles voire autour d’un verre.
• Confronter les décideurs aux solutions envisageables mais aussi aux
conséquences de la non-action.

mars 2012 Alexis Nouailhat


© CARI
26
2.4. Suivre le plaidoyer et faire évoluer
sa stratégie
Dans la conduite de l’action, il est important de pouvoir situer l'action
par rapport aux objectifs, aux résultats obtenus et au contexte et
Plaidoyer et lutte contre

d'être capable de réajustement. En effet une stratégie n’est pas figée


et doit viser l’efficacité en continu. Identifier et caractériser les forces
et faiblesses de son action de plaidoyer doit permettre de bénéficier
la désertification

immédiatement des erreurs comme des succès.


Attention aussi à ne pas confondre les moyens et les résultats. Si on a
souvent tendance à vérifier si on utilise bien nos moyens, le budget,
tenu le nombre de réunions prévues, il s’agit de vérifier avec la même Les outils à votre
rigueur les résultats de l’action : notre action a changé quoi, concrè-
tement, par rapport à la situation initiale et au problème identifié. disposition
Ceci en particulier par l’utilisation d’indicateurs mesurables de résul- • L'analyse d'impact à travers
tats et de d’indicateurs de changements.
une perspective d'acteurs,
note thématique n°5,
PENSEZ-Y : 2008 - IRAM
http://www.iram-fr.org/pdf-
• Procéder à un suivi évaluation continu permettant de mesurer les publications/437.pdf
écarts à partir de l’évolution des indicateurs en termes d’effica-
cité, efficience, pertinence, impact et viabilité
• Questionner les (non-) changements constatés, analyser l’impact
• Prévoir les ajustements possibles de votre action de plaidoyer en
fonction des changements attendus.

2.5. Bilan et leçons apprises


Une fois vos objectifs atteints et un nouvel état des lieux de la situation
effectués, c’est le moment d’envisager la suite. Faut-il répondre à un
nouveau problème identifié au cours de l’action, à de nouvelles
demandes, mettre en place de nouvelles démarches ou tout simple- Les outils à votre
ment de passer à une nouvelle étape dans la continuité du travail
effectué ? La capitalisation permet de s’appuyer sur une source cré-
disposition
dible d’informations pour aller plus loin • Traverses - n° 15 Capitalisation
d'expériences…
PENSEZ-Y : Expérience de capitalisations.
Comment passer de la volonté à
l'action ?-2004 - GRET
• Comparer la situation de départ à la situation actuelle ; mesurer et
http://www.gret.org/ressource/
analyser les écarts
• Collecter les leçons apprises dans les différents domaines (contexte, pdf/traverse_15.pdf
fonctionnement des rapports de force, méthodologie, …)
• Diagnostiquer les méthodes utilisées et les caractériser en fonction
de leur efficacité
• Préciser la nature des difficultés rencontrées et la manière dont elles
ont pu (ou non) être surmontées.

mars 2012 Alexis Nouailhat


© CARI
27
L'experience

Chap. 3
du CARI dans le
Plaidoyer et lutte contre

processus CNULD
la désertification

Depuis sa création, le CARI agit directement sur le terrain dans le cadre


de projets de développement dans divers pays en Afrique subsaha-
rienne et du nord, essentiellement en matière d’agriculture et de ges-
tion des ressources naturelles. Ses interventions se fondent sur le
conseil, l’appui technique et le renforcement des capacités visant
l’autonomie, en particulier la sécurité alimentaire via l’agroécologie.
Si le CARI s'est intéressé à la CNULD, c’est que cet instrument mul-
tilatéral se présente d’emblée avec la double préoccupation de l’envi-
ronnement et du développement. Non seulement parce qu’il s’agit de
la seule approche crédible de lutte contre la pauvreté dans les zones
arides, mais aussi parce qu’elle situe le problème de manière trans-
versale, intégrant les aspects socio-économique, et parce qu’elle porte
une importante dimension participative. Cette dernière est clé selon
le CARI.
S’inspirant de son expérience de terrain, et faisant le constat que les
solutions locales n’avaient un avenir durable que si elles étaient
reprises dans les politiques publiques nécessitant un véritable
dialogue entre les parties prenantes à tous le niveaux du local au
multilatéral, le CARI a décidé de s’engager dans le plaidoyer inter-
national sur la lutte contre la désertification.

Au fil du temps le CARI a été l’artisan ou s’est allié d'autres organisations de la société civile dans
différents réseaux :
• en France pour fédérer les acteurs de diverses origines via le Groupe de Travail Désertification
(GTD)
• en Europe pour constituer un interlocuteur valable à l’échelle de l’Union européenne avec l'euro-
pean network initiative on Desertification (eniD)
• au Maghreb avec le Réseau Associatif de Développement Durable des Oasis (RADDO) visant un
agroécosytème particulier des zones arides
• au niveau international dans le cadre du réseau DRYNET comme une plate forme capable de dia-
loguer dans le débat multilatéral
• et depuis peu, dans plusieurs pays du Sahel avec le Réseau Sahel Désertification (RéSaD) afin de
prendre en compte une zone clé et particulièrement ciblée par la France.

Ces réseaux se réfèrent tous au cadre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la déser-
tification (CNULD) en reprenant ses principes fondateurs :
• ils plaident pour le respect des engagements des pays signataires de la convention et l’augmenta-
tion de l’investissement et de l’aide publique au développement pour la mise en œuvre d'actions de
lutte contre la désertification
• ils apportent leur expertise dans les programmes et projets de lutte contre la désertification
• ils contribuent à l’information, la formation et la sensibilisation des acteurs, des décideurs et du
grand public.

Dans cette partie, nous proposons de retracer l'expérience de plaidoyer


du CARI pour une meilleure participation de la société civile au sein
de la CNULD à travers les actions auxquelles il a contribué.

mars 2012

28
1 DÉCRYPTAGE DE LA PARTICIPATION DE
LA SOCIÉTÉ CIVILE
La CNULD stipule que ses programmes d'action nationaux (PAN) doi-
Plaidoyer et lutte contre

vent « adopter une approche démocratique et participative de la base


au sommet ». Ils doivent renforcer la participation populaire et créer
un «environnement porteur » susceptible de permettre aux popula-
tions locales elles-mêmes de mettre fin au processus de dégradation
la désertification

des terres. Les gouvernements demeurent responsables de la création


de cet environnement et doivent procéder à des changements poli-
tiques appropriés via :
• La décentralisation ;
• L'amélioration des régimes fonciers ;
• L'attribution d'un réel pouvoir aux femmes, aux cultivateurs et aux
éleveurs ;
• La participation des organisations non-gouvernementales dans la
préparation et la mise en œuvre des programmes d'action.

Bien que la CNULD prône cette participation de la société civile par 22


références dans son texte d'origine, la participation n'est pas effec-
tive dans la mise en œuvre de la Convention dans les pays signataires
et au niveau international.

Il y a différentes manières de comprendre la participation dans le


contexte du développement (qui intéresse en premier lieu la CNULD)
depuis les consultations jusqu’à l’intégration pleine et responsable
dans les processus de prises de décisions à divers niveaux administra-
tifs, y compris au niveau international. Le CARI s’est basé sur le pos-
tulat que la participation est « l’implication active et compétente
dans la conception et la programmation du développement écono-
mique et social par des groupes pertinents d’acteurs dans des
contextes socio-géographiques déterminés ».

Dans la rhétorique des débats internationaux menés par les états, il est
par ailleurs important de faire une claire distinction entre la parti-
cipation dans laquelle une personne est soumise à l’activité par ses
décideurs et, au contraire, une action dans laquelle a lieu un partage
du pouvoir de décision. C'est de cette dernière conception que nous
traitons dans ce document.

Carte postale réalisée et diffusée par


les réseaux GTD, eniD et Drynet à
mars 2012 la Cop9 en septembre 2009.
© CARI

29
1.1. Un constat initial : le déficit de mise en œuvre
En s’intéressant plus précisément à la participation des OSC au sein de
la CNULD depuis 2002, le CARI et ses réseaux associés ont fait le
constat d’un déficit qualitatif et quantitatif de mise en œuvre.
Plaidoyer et lutte contre

En effet, au niveau national dans les pays affectés, la participation des


ONG à l'élaboration et la mise en œuvre des PAN est marginale. On
comprend que la démarche participative remet en cause de nom-
la désertification

breuses approches opposées développées dans le passé. Comme on


peut regretter que dans de trop nombreux pays, la participation soit
encore mal acceptée, voire combattue malgré les engagements pris
par les pays dans la Convention.
La participation en nombre des OSC aux rencontres de la CNULD est
aussi en nette diminution. Bien que très présentes lors des premières
rencontres de la CNULD, le peu de transparence du processus de par-
ticipation et le manque de visibilité de l'action de la CNULD sur le
terrain ont concouru à une diminution de la participation des OSC
à ces rencontres, à partir de la COP7 à Nairobi en 2005.
Diverses causes sont à la racine :
• Le manque de procédures opérationnelles de la participation des OSC ;
• La méconnaissance de la plus-value de la société civile ;
• Le manque de volonté politique, voire une opposition
• Le manque de structuration et de moyens alloués à la participation
de la société civile ;
• Le peu d'intérêt de la société civile à participer compte-tenu du peu
de visibilité de la CNULD…
Les effets sont importants :
• Les acteurs locaux sont ignorés ou mal pris en compte dans les stra-
tégies de lutte ;
• Une part importante des actions de la société civile n’est pas prise
en compte dans les PAN et rapports nationaux.
Ceci a entre autres pour résultante :
• Des actions des OSC sont trop peu capitalisées et reproduites ;
• Un manque de coordination dans les actions de lutte contre la
désertification malgré le cadre institutionnel commun : la CNULD.

Appui méthodologique
Arbre à problème sur la participation de la société civile au processus de décision
de la CNULD
Manque de coordination des actions de lutte contre la désertification

Effets Existence d’incohérences dans la mise en œuvre de la convention.

Les actions des OSC mise en


Les actions des OSC ne
Ces actions des OSC œuvre par l’Etats sont mal
sont pas capitalisées
ne sont pas intégrées dans les accueillies par les acteurs de
et reproduites
plans d’action nationaux ou terrains. Ils coopèrent donc
lorsqu’elles ont montré
régionaux difficilement à leur mise
leur efficacité
en place.

Une part importante des actions de lutte contre Les acteurs locaux sont ignorés
la désertification n’est pas prise en compte ou mal pris en compte les
dans les bilans nationaux et internationaux stratégies de lutte

Problème La société civile n’est pas impliquée dans le processus de mise en


central oeuvre de la CNULCD malgré l’affichage participatif de la convention

La manière dont la société civile doit Il n’y a pas de moyen alloué à


participer n’est pas décrite dans la participation de la société civile
les textes de la convention dans le cadre de la convention

Certain pays Parties ne souhaitent


La plus value de la participation de
pas impliquer leur population dans
la société civile est méconnue
les choix stratégiques de l’Etat

Causes
mars 2012 Manque de structuration collective de la parole des OSC

30
1.2. Les sources de blocage
En 2005, afin de déterminer la mesure de la participation des OSC à la
mise en œuvre de la CNULD en Afrique, un questionnaire a été
envoyé par courrier électronique à environ 60 OSC en Afrique tra-
Plaidoyer et lutte contre

vaillant avec divers membres de l’eniD. Environ un tiers de ceux-ci


ont répondu, en provenance des pays suivants : Algérie, Burkina
Faso, Bénin, Cameroun, Congo Brazzaville, Erythrée, Ethiopie, Mali,
la désertification

Mauritanie, Maroc, Niger, Sénégal, Afrique du Sud, Soudan,


Tunisie.

Cette étude ne fut pas exhaustive mais fut une tentative par l’eniD
d’avoir une certaine compréhension de la façon dont la participation
est pratiquée et vécue dans la mise en œuvre de la CNULD.

Les participants au questionnaire ont fait remarquer le déficit de


connaissance au sujet de la CNULD et du PAN de la part des autres
acteurs de la société civile dans leur pays.

De plus, et bien qu'ils soient en accord avec l’objet principal des PAN et
leur importance dans leur pays, les répondants se sont dits insatis-
faits de son exécution qu'ils imputent principalement :
• Au manque de moyens financiers alloués ;
• Au manque d’implication de la société civile ;
• Au manque de rationalisation des PAN avec d’autres cadres rela-
tifs aux politiques de développement ;
• Au manque d’informations et de communication, qui accroît encore
certaines faiblesses organisationnelles des divers acteurs.

Ils perçoivent clairement la valeur ajoutée qu’ils peuvent apporter à la


mise en œuvre de la CNULD et les principaux avantages comparatifs
que leur confère la participation :
• Etre près des populations et servir de relais entre les autorités cen-
trales et les populations locales ;
• Avoir une fine connaissance des problèmes locaux, la capacité à pour en savoir + sur
identifier les priorités et à se baser sur des expériences locales anté- la participation
rieures ;
• Une flexibilité dans la mise en œuvre de la CNULD et des actions • La participation de la Société
en général ; civile à la mise en œuvre de
• Une bonne maîtrise technique des problèmes ; l'UNCCD Afrique.
• Un bon ratio coût /efficacité ; Une contribution de l'eniD
• Des liens avec partenaires du Nord, opérateurs du développement présenté à CRIC3 le 3 mai 2005
ou bailleurs. http://www.drylands-
group.org/noop/file.php?id=528
Les principales contraintes que les participants au questionnaire ont • Action Locale, Immédiate!
identifiées dans leur participation à l’élaboration de l’exécution du Plan Stratégique sur Dix Ans
PAN dans leur pays étaient les suivantes : pour Renforcer la Mise en Œuvre
• Le manque de moyens financiers pour consacrer le temps nécessaire ; de la CNULD
• Le manque de consultation ; une Contribution de L’eniD,
• Le manque d'accès à l’information (ou à l’information décentralisée) ;
en Collaboration avec Drynet
• Le manque de transparence dans le processus de participation ;
http://www.dry-net.org/
• Le peu d'intérêt à participer ;
• Le manque de moyens pour participer.
uploaded_files/070901_
enidpaper_COP8_ACTION_
D'autres contraintes individuelles ont été identifiées : LOCALE_IMM_DIATE_FR.pdf
• La mauvaise perception par le gouvernement du travail de plaidoyer ; • Indicateurs sur la participation
• Le faiblesse de l’organisme de coordination national (PFN) ; de la société civile dans la mise
• Le manque d’environnement habilitant pour la participation dont en œuvre de l'UNCCD
l’absence d’une politique en vue d’enregistrer et d’accorder un statut http://www.drylands-
légal aux réseaux d’OSC ; group.org/noop/page.php?p=
• L’absence de femmes dans les processus de participation. Articles/318.html&d=1

mars 2012

31
Appui méthodologique
Matrice d’analyse de politique relative à la participation de la société civile
dans le processus CNLULD
Plaidoyer et lutte contre

ELEMENTS D’ANALYSE REPONSES


1. Quel est le problème? La participation de la société civile dans le cadre de la CNULCD n’est
pas effective
la désertification

2. Qui affecte t-il? Les populations touchées par le phénomène de désertification des
Où? pays Partie à la convention
3. POLITIQUE DE SOUTIEN 22 références implicites ou explicites à cette participation dans les 16
• Quelles politiques soutiennent la mise en œuvre de la solution articles du texte de la convention.
envisagée?
• Quand cette politique a-t-elle été promulguée?
Quels sont les facteurs qui ont donné lieu à cette législation?
4. POLITIQUE DE RESTRICTION
• Quelle politique limite la mise en œuvre de
la solution envisagée ?
• Depuis quand cette politique est-elle en vigueur? Quels sont les
facteurs qui ont donné lieu à l’adoption de cette politique?
5. MISE EN VIGUEUR DE LA POLITIQUE Bien que la participation soit citée comme un principe de base de la
• Quels programmes prônent-ils une politique de soutien? convention rien n’évoque la manière de la mettre en œuvre ni en terme
de méthode ni en terme de moyen.
• Quels programmes prônent une politique de restriction?

© Alexis Nouailhat

© Alexis Nouailhat

mars 2012

32
2. RENDRE OPERATIONNELLE LA PARTICIPATION
DES OSC
Il y a les différents types d'OSC impliquées dans la lutte contre la déser-
Plaidoyer et lutte contre

tification : les ONG, les autorités (collectivités) locales, les salariés et


syndicats, les entreprises et industries, les communautés scienti-
fiques et techniques, les paysans, les femmes, les enfants et les
jeunes, les peuples indigènes. On peut aussi distinguer parmi les
la désertification

ONG, celles d’appui au développement en zones arides, d'éducation


au développement, d'urgence, de commerce équitable, de plaidoyer.
Parmi elles, certaines sont accréditées à la CNULD et impliquées dans
les négociations.
A ce jour les OSC accréditées à la CNULD sont essentiellement des ONG
soit environ 800 structures. De l’ordre d’un tiers d’entre elles sont
actives. Des récentes décisions de COP10 prévoient une remise à jour
de cette liste à la fois quantitativement et qualitativement par la four-
niture de rapports réguliers. La possibilité pour les opérateurs privés
d’être accrédités a également été adoptée selon une procédure ad’hoc.
Et, en ce qui concerne leur mobilisation, elle est fonction essentielle-
ment de leur intérêt pour le sujet qui reste élevé. Mais elles hésitent à
s'impliquer dans les débats institutionnels d’une convention trop peu
reconnue et dont l'efficacité sur le terrain reste jusqu’ici questionnée.
Enfin leur mobilisation est aussi fonction des conditions encore floues
de la coordination de la société civile dans ce processus.
2.1. Les mises en réseau
La mise en réseau des acteurs et leur décloisonnement est pour le CARI
une nécessité avérée et le gage d’une plus grande efficacité des
actions au service du développement. En matière de plaidoyer en
faveur de décisions publiques, les réseaux pèsent d’un plus grand
poids et disposent d’une plus grande légitimité.
Si le CARI s’est investi dans la cause des zones arides, de leurs popula-
tions et de leurs écosystèmes en cherchant à agir sur le terrain, il
s’est aussi mobilisé pour favoriser la concertation des acteurs et la
connaissance des politiques publiques qui s’y rattachent. Du niveau
national au niveau multilatéral en passant par le niveau régional, le
CARI cherche à améliorer l’identification, la structuration et la prise
en compte des voix de la société civile comme un ingrédient indispen-
sable aux progrès dans ce domaine.

mars 2012 Alexis Nouailhat


© CARI
33
Quelques dates : le CARI et les réseaux de lutte contre la désertification
• 1992 - Rio de Janeiro – « Sommet de la Terre » (Conférence des Nations unies sur l’environne-
ment et le développement) - participation de Patrice Burger, futur directeur du CARI
Plaidoyer et lutte contre
• 17 Juin 1994 -– La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD)
est adoptée à Paris, France
• 1996 - Montpellier – les futurs membres du CARI co-organisent les « Rencontres euro-méditer-
ranéennes sur la lutte contre la désertification »
la désertification

• 1998 – Création du CARI


• 2000 – Création de deux réseaux initiés par le CARI :
- en France, création du Groupe de Travail Désertification (GTD)
- et pour l'Europe, constitution de l’european networking initiative on Désertification (eniD)
• 2001 – Mise en place du Réseau Associatif de Développement durable des Oasis (RADDO) sous
l’initiative du CARI
• 2006 – Initiateur et co-organisateur du forum international « Désertif'Actions » à Montpellier
réunissant 250 participants du monde entier dans l’année internationale des Déserts et de la
Désertification et lançant l’appel de Montpellier
• 2007 – Co-construction de DRYNET par le CARI en formalisant et élargissant les liens établis
par eniD
• 2010 – Création du Réseau Sahel Désertification (RéSaD).

Depuis 2000, les plates-formes ou réseaux dont la création a jalonné


cette démarche sont :
• Le GTD (Groupe de travail désertification – France réunissant des
ONG, le Comité scientifique français Désertification, des collectivités
locales impliquées dans la coopération décentralisée et positionné
comme interlocuteur des pouvoirs publics français pour l’ensemble
des politiques publiques du pays dans ce domaine) ;
• L’eniD (European networking initiative on desertification en
Europe) réunissant des acteurs similaires au GTD dans plusieurs pays
européens et positionné comme interlocuteurs des états membres de
l’Union Européenne ainsi que de l’Union Européenne et de la
Commission elles-mêmes ;
• Le RéSaD (Réseau sahel désertification au Mali, Burkina Faso et
Niger) constitué de plates formes nationales d’ONG au Mali, au
Burkina et au Niger associées au GTD à la fois comme interlocuteur
des états concernés et comme réseau porteur d’une voix régionale
subsaharienne dans les débats et initiatives régionales (comme
TerrAfrica ou la Grande Muraille Verte du Sahara ) et au niveau
multilatéral (Nations Unies ).
L’action du CARI et la reconnaissance de son expertise l’ont amené à
être partie prenante à deux réseaux intercontinentaux :
• DRYNET (15 partenaires et ONG travaillant sur quatre continents)
seul réseau intercontinental sur la désertification se situant comme
interlocuteur dans les pays concernés et au niveau multilatéral
(Nations Unies) ;
• DESIRE (26 centres de recherche scientifique travaillant sur 16
sites d’études dans le monde pour tester des stratégies de réhabilita-
tion des terres dégradées) constituant un des rares consortiums
engagés dans la recherche de solutions sur la dégradation des terres
au niveau international.

Réunion des OSC, COP8,


Madrid, 2008

mars 2012

34
2.1.1. La mise en place d'une plateforme nationale :
l'expérience du GTD
Le Groupe de travail désertification (GTD) est un chantier qui a vu le
jour en 2000.
Plaidoyer et lutte contre

Cette mise en réseau s'est tout d'abord réalisée par un rassemblement


d'ONG françaises proches du CARI ou identifiées dans le paysage des
la désertification

ONG françaises comme impliquées dans la lutte contre la désertifi-


cation. A titre d’information, de plus grande mobilisation et en vue
de la structuration du GTD, le CARI et Eau Vive ont entamé en
2005 un inventaire des acteurs français de la lutte contre la déser-
tification.

Exemple d’action
Etude de caractérisaction des acteurs en France
CARI et Eau Vive - 2005
L’enquête visait :
• les ONG à partir d’une pré-sélection en fonction de leurs activités indiquées sur base de données des
ONG françaises (RITIMO)
www.ritimo.org
• les collectivités locales à partir d’une présélection en fonction des informations fournies par la base
de donnée Commission Nationale de Coopération au Développement (CNCD)
http://www.diplomatie.gouv.fr/cncd/
Leçons apprises :
Sur 495 organisations contactées par questionnaire d’enquête, 79 seulement on répondu, dont 65 %
d’ONG. Sur ce nombre 22 % estimaient n’être pas concernées alors même que pour partie d’entre
eux leurs activités démontraient le contraire.
Les raisons qui peuvent motiver cette difficulté :
• des difficultés de définition et d’identification des actions de lutte contre la désertification ;
• les collectivités locales sont plus souvent des financeurs que des opérateurs directs et dans ce cas
ont de faible connaissance sur la spécificité des projets ;
• manque de temps pour remplir l’étude ;
• un questionnaire trop compliqué pour un public non averti ;
• manque d’information sur la lutte contre la désertification et UNCCD ;
• pour les organisations opérationnelles, les AME sont considérés comme trop abstraits.

Afin de mieux caractériser les structures fortement impliquées dans la lutte contre la désertification, les
11 thèmes initiaux ont été réduits à 7 en considérant en tant qu'activités principales les actions plu-
tôt "bio-physique" (Animal/élevage, Environnement, Sols, Agriculture, Eau, Énergie, Végétal), ce
qui a permis d’identifier un groupe de 50 organismes. On peut considérer ces 50 structures comme
le cœur de cible des acteurs français de la lutte contre la désertification.
Les réponses aux questionnaires pour ces structures ont ensuite été triées selon plusieurs paramètres que
sont le type d'activités, la méthodologie, les sources de financement et la connaissance de l'UNCCD.
Cette étude est loin d’être exhaustive, mais un premier niveau de conclusions et de recommandations
peut être fait, particulièrement sous l’angle de la participation :
• Il est difficile de favoriser la participation quand les acteurs impliqués s’ignorent
• Besoin de connaissance : développer des offres de formation / conférences, capitaliser et échanger
les expériences, promouvoir les travaux entrepris par OSI et collectivités locales, renforcer les actions
de ces organismes et leur participation à UNCCD
• La participation ne peut être effective que si la thématique est clairement définie et identifiée
• Besoin de communiquer davantage sur UNCCD pour augmenter l'intérêt et pour profiter d'ac-
tions/acteurs impliqués.
• Favoriser l'implication et l'expertise non institutionnelle en valorisant l'expertise des ONG
et de collectivités locales.
• Le pays doit communiquer sur sa stratégie d’action et d'investissements en matière de lutte contre
la désertification. Plus de moyens seront disponibles localement au nord et au sud, plus les pro-
gramme seront contrôlés et efficaces, plus la participation augmentera à tous les niveaux
• Augmenter les investissements pour la lutte contre la désertification, particulièrement les finance-
ments décentralisés

mars 2012

35
Caractérisation, sensibilisation: les bases de la mobilisation
L'expérience du GTD a montré que la caractérisation et la sensibilisa-
tion des acteurs sont des actions qui vont de pair. Elle permet une
sensibilisation à des enjeux quelquefois méconnus par ces acteurs et
Plaidoyer et lutte contre

même, dans les cas extrêmes, à se découvrir comme un acteur dans


ce contexte. Identifier qui fait quoi peut aussi être aussi l'opportu-
nité pour certains acteurs de mieux se situer par rapport à leurs pro-
pres pratiques et engagements dans un cadre international.
la désertification

Cependant, le cadre de la CNULD n'étant que faiblement visible, il


faut souvent démontrer et convaincre à propos des potentialités de la
Convention pour qu'ils s'y investissent. C'est souvent la mise en visi-
bilité de leurs actions, le service de mise en relation avec d'autres
acteurs et compétences ou encore le partage d'expérience qui les
incite à être membres d'un réseau.

Publications
Guide pratique pour l’identification des acteurs impliqués dans la LCD
Practical Guide for Mapping, Profiling & Analysing Community and Policy Level Engagement - Octobre
2008
Written by Paule Herodote, Global Mechanism; Marie José van der Werff ten Bosch, Both Ends; and
Patrice Burger, CARI
http://www.dry-net.org/uploaded_files/081101_mapping_guide_final_for_CRIC7.pdf

Vers une Plate-forme multi-acteurs.


Le GTD trouve sa force dans la diversité des profils de ses membres : des
ONG, un comité scientifique, des collectivités locales... mais aussi
dans le lien étroit qu’il a tissé et qu’il entretient avec les décideurs
politiques français.
Tous ont comme point commun d’intervenir, au moins pour une partie,
à partir de leurs activités et pratiques sur le thème du développement
des zones arides, de la restauration des terres et des alternatives pos-
sibles face à la dégradation des ressources naturelles et économiques
dans ces zones.

Chaque type d'acteurs a sa spécificité, ses besoins et nécessités, tout


comme sa valeur ajoutée au groupe pour une approche multi-
acteurs.
Ainsi, les scientifiques apportent une expertise utile à la fois pour ren-
forcer les connaissances, mais aussi pour étayer un argumentaire sur
le sujet et légitimer un discours face aux décideurs politiques. De
plus, la communauté scientifique, de plus en plus actrice d'une
recherche appliquée, peut, en concertation avec des OSC et collecti-
vités locales, renforcer leurs actions de terrain dans le domaine de la
Lutte contre la désertification. La nécessité de ce type de démarche
est de plus en plus avérée, en particulier sous l’impulsion nouvelle
que donne GIEC à propos du changement climatique.

Exemple d’action
Réseaux scientifiques sur les terres arides et la lutte contre la désertification
• Le réseau pour la recherche internationale sur la désertification - DesertNet International (DNI)
www.european-desertnet.eu
• Le réseau mondial d’approches et de techniques de conservation des eaux et des sols - WOCAT
www.wocat.net
• Le Comité Scientifique Français de Lutte contre la désertification (CSFD)
www.csf-desertification.org
• Interface « Science Policy » de la Commission européenne et notamment la page consacrée à
la science et les politiques environnementales
http://ec.europa.eu/environment/integration/research/interface_en.htm
• La note d’information DESIRE – « Recherche sur la désertification: C’est en échangeant entre cher-
cheurs et décideurs politiques que l’on peut faire toute la différence »
http://www.desirehis.eu/index.php?option=com_content&view=category&id=241&Itemid=569&lang=en

mars 2012

36
Parmi ces acteurs, les collectivités territoriales tiennent une place elle
aussi de plus en plus importante au fur et à mesure des avancées de
la décentralisation ; les collectivités sont désireuses d’articuler et
d’approfondir leurs actions de terrain et de sensibiliser les citoyens.
Plaidoyer et lutte contre

La coopération décentralisée offre un champ nouveau à cette expres-


sion, en particulier avec les incitations et dispositions financières
dont elle peut bénéficier suite à une tendance à la réduction des coo-
pérations bi-latérales entre états au profit du multi-latéral.
la désertification

Exemple d’action
Organisation du colloque “Développement local et gestion des ressources
naturelles en zones aride” - 2008 Cari, Arene IdF, GTD
Objectif: interpeler et mobiliser les collectivités territoriales aux enjeux des zones arides
Ce colloque qui s'est tenu dans l'hémicycle de la région Ile de France et a rassemblé plus de
200 personnes : élus, chargés de mission et techniciens de collectivités territoriales, institutionnels
gouvernementaux, organisations internationales, ONG et scientifiques concernés par la probléma-
tique de la LCD.
Cette journée a permis de :
• mieux connaître et valoriser des actions de coopération décentralisée en matière de LCD ;
• susciter le dialogue entre les différents acteurs et décideurs impliqués ;
• dégager des cadres d'interventions : DOS/LCD, PANLCD, SolArid… ;
• faire émerger des attentes en formation, en information et en accompagnement des acteurs de
la coopération décentralisée.
Suite à cette journée, il a été décidé de poursuivre la réflexion à propos d'un cadre de financement
possible lors de l'atelier du GTD qui va prendre forme dans le cadre d'un programme de gestion dura-
ble des Terres au Sahel FFEM
Les actes de ce colloque sont disponibles :
http://www.areneidf.org/fr/lutte-contre-la-desertification-developpement-local-et-gestion-des-
ressources-naturelles-en-zone-aride-139.html?idProduit=3

Colloque, hémicycle de la région


Ile de France, Paris, 2008

Le chemin peut sembler long pour passer de la mise en relation de com-


pétences multiples et complémentaires (scientifiques, ONG, collecti-
vités...) à la mise en opération sur le terrain. Mais la nature pluri-
acteurs d'une plateforme est une réponse certainement plus efficace
et pertinente aux besoins de concertation et de renforcement des
capacités garantes de la viabilité dans le temps .
Au-delà de la mise en place de plateformes, Il s’agit aussi de décloison-
ner les thématiques du développement (foncier, eau, changement cli-
matique, préservation de la biodiversité, agriculture…) et de
construire, expérimenter et élaborer ensemble, des synergies pour
apporter une réponse là où la dégradation des terres fait son œuvre.

mars 2012

37
2.1.2. Des réseaux légitimes à chaque niveau stratégique
Afin de porter un discours, il est non seulement important mais indis-
pensable d'être légitime vis-à-vis des cibles identifiées pour être
considéré comme un interlocuteur par les pouvoirs publics et déci-
Plaidoyer et lutte contre

deurs. C'est entre autre ce cheminement qui a guidé le CARI dans


son engagement à se situer comme force de proposition et d’expertise
à plusieurs niveaux décisionnel. C'est le cas avec le GTD en France,
avec l'eniD vis-à-vis de l'Union Européenne), avec le RéSaD pour la
la désertification

région Sahélienne et pays particulièrement affectés et avec Drynet


concernant le lien entre multilatéral et national.

Exemple d’action
Contributions de la société civile à différents niveaux
• Contribution aux prises de décision de l’UE via le WPEI
Les états membres de l’Union Européenne mènent des processus préparatoires et de synthèses qui précé-
dent ou suivent les réunions décisionnelles internationales de la CNULD. Ces concertations se tien-
nent dans le cadre des WIPEI. L’ensemble des points de l’agenda sont discutés et une position com-
mune des états membres de l’Union s’y élabore et sera exprimée en séance officielle à la COP. Que ce
soit au niveau France via le GTD ou au niveau européen via l’eniD , voire DRYNET, la société civile
est régulièrement associée à ces concertations et peut faire valoir son point de vue sur les décisions à
prendre. Cette position d’interlocuteur reconnu, permet aussi à ces réseaux de favoriser la concerta-
tion avec un cercle plus large d’OSCs et l’Union Européenne lors des COP et des CRIC, par exemple
en organisant des réunions au cours de ces événements.
• Contribution à la prise de décision de la CNULD à propos de la participation
La décision 5/COP9 (voir 2.3.3) instituant une procédure d’un panel de sélection des OSCs soutenues
pour participer aux COP et CRIC ainsi que la formulation d’un cahier des charges relatif à cette par-
ticipation a donné lieu à un vote des OSCs accréditées et la désignation de deux membres de DRY-
NET (CARI et ENDA) comme membres de ce panel. Ce dernier a conduit ses travaux pendant toute
l’année 2011 et a abouti à diverses propositions immédiatement mises en œuvre pour améliorer la
fonctionnalité et la transparence de cette participation.
• Contribution de la société civile pour plaider la cause de la lutte contre la désertification dans le
débat multilatéral
Comme suite à une décision de l’Assemblée générale des Nations Unies en 2010, il était prévu la tenue
d’un panel de haut niveau sur la lutte contre la désertification au cours de l’Assemblée Générale
2011 . Par suite d’un processus d’élection au sein des OSCs accréditées, le directeur du CARI a été
désigné pour faire une intervention dans ce panel le 20 septembre 2011. Ceci au nom du CARI d’une
part, mais surtout au nom des réseaux dans lesquels il est impliqué.

Intervention de Patrice Burger, directeur du CARI, assemblée générale des Nations UNies, septembre 2011.

mars 2012

38
2.2. Instaurer un dialogue état – société civile
Une société civile organisée peut mieux construire des positions et les
décideurs gouvernementaux sont plus disposés d'échanger avec une
société civile organisée.
Plaidoyer et lutte contre

Exemple d’action
la désertification

Une concertation pour des positions nationales


Une concertation pour des positions françaises
Les Ministères français (Ministère des affaires étrangères et européennes et Ministère de l’écologie, de
l’énergie, du développement durable et de la mer) ont développé des partenariats solides et travail-
lent de manière concertée avec la société civile française ainsi que la communauté scientifique. La
société civile s’exprime au travers du Groupe de Travail Désertification. C'est le cas notamment lors
des réunions de la délégation française en amont des rencontres de la CNULD contribuant à un par-
tage d'information mais aussi à la formulation des positions de la France. La communauté scienti-
fique est représentée par le Comité Scientifique Français Désertification (CSFD), qui contribue acti-
vement aux travaux du Comité Scientifique et Technique de la Convention des Nations-Unies sur la
Lutte Contre la Désertification (CNULCD).
Plus d'infos :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/enjeux-internationaux/environnement-et-developpement/desertification/

Des contributions des membres de Drynet à la mise en œuvre nationale de la CNULD


Le membre du réseau DRYNET au Sénégal (ENDA) a été un artisan majeur de l’alignement du plan
action national désertification avec les politiques nationales relatives aux changement climatique
conférant une plus grande efficacité aux deux.
Au Chili, le membre OLCA de DRYNET est devenu la principale interface entre le gouvernement et les
autres acteurs de la société civile sur les questions de lutte contre la désertification
Plus d’infos :
sur Drynet : www.dry-net.org
sur ENDA : http://energie.enda.sn/
sur OLCA : http://www.olca.cl/

Alexis Nouailhat
© CARI

Publications
La « Stratégie française de lutte contre la désertification » - 2006
Les principes d’action de la France dans ce domaine sont déclinés dans la « Stratégie française de lutte
contre la désertification ». Cette stratégie a été finalisée en 2006 par l’ensemble des acteurs fran-
çais concernés : société civile, ministères et agences de développement. Ce document stratégique défi-
nit les actions à entreprendre à tous les niveaux appropriés (mondial, régional, sous-régional, natio-
nal et local) avec les acteurs du développement et de la société civile, afin de créer des conditions
favorables à la mise en œuvre d’actions locales bénéficiant directement aux populations touchées par
mars 2012 la désertification.

39
2.3. La mobilisation en actions
Pour faire entendre la voix des acteurs locaux aux niveaux national et
international dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la
Lutte Contre la Désertification (UNCCD), la démarche de nourrir un
Plaidoyer et lutte contre

discours à partir des actions de terrains passe par différentes étapes :


• Informer les acteurs locaux des stratégies et politiques environne-
mentales ;
la désertification

• Faciliter la concertation ;
• Elaborer des positions à destination des décideurs.
C'est dans l'élaboration des plans d'action adaptés à chaque réseau que
des positions et discours communs peuvent être élaborés.

2.3.1. Construire un discours commun


Quelle que soit la méthode qu'elle soit sous forme de sondage, directe en
groupe de travail ou via des échanges de documents. Il s'agit de par-
tager ses points de vue avec les réseaux OSC au niveau national,
régional, international pour en faire des positions communes.
Ce fut le cas par exemple pour l'enquête réalisée par des membres de
l'eniD en 2005. Les résultats du sondage réalisé par l'eniD en 2005,
outre d'avoir permis d'identifié des sources de blocage à la partici-
pation de la société civile, ils ont aussi donné lieu à une base de pro-
positions pour une mise en place de la participation de la CNULD.
Ces propositions ont été présentées en 2005, lors d'un side-event
GTD, Gcoza Mali, eniD intitulé "Décideurs cherchent valeur ajoutée :
la participation comme réponse" et lors de la session de dialogue
ouvert de la COP8 CNULD en 2007.

Exemple d’action
Extrait des suggestions pour améliorer la participation de la société civile, éniD - 2005
A tous les pays Signataires de l’UNCCD :
• Prendre des décisions clairement définies et comprises pour assurer le cadre et les conditions d’une
participation effective, efficiente et indépendante de la société civile à l’UNCCD, à tous les niveaux
et garantir le cadre de confiance ad hoc en particulier à travers leur claire reconnaissance.
Au Secrétariat et au Mécanisme Global :
• Mettre en place un processus ouvert et transparent d’implication de la société civile, y compris au
niveau des négociations ;
• Assurer l’accès aux informations pertinentes à tous les niveaux requis, avec un effort particulier en
direction des acteurs qui sont loin des centres de décisions ;
• Répondre aux besoins de renforcement des capacités de la société civile sur le contenu et les procé-
dures de l’UNCCD pour une participation véritable.
Aux bailleurs de fonds, aux Parties des pays développés et au FEM :
• Fournir des informations accessibles à temps et à différents niveaux, particulièrement au niveau
décentralisé ;
• Selon les termes de la Convention, se positionner clairement pour promouvoir l’implication de la
société civile en tant qu’acteur à part entière à tous les niveaux et fournir au processus des moyens
adéquats en termes opérationnels ;
• Mettre en place des fonds réservés et accessibles pour la société civile (processus et activités) ;
• Soutenir et renforcer les partenariats stratégiques nord-sud et sud-sud ;
• Tenir clairement compte du temps et des coûts de la participation.
Aux Parties des pays affectés et aux pouvoirs décentralisés locaux :
• Fournir des informations accessibles à temps et à différents niveaux, particulièrement au niveau
décentralisé ;
• Mettre en place une plate-forme nationale claire de discussion, qui soit comprise et accessible ;
• Accepter de partager le pouvoir en matière de prise de décisions et développer la confiance ;
• Développer – et baser le travail sur – des indicateurs quantitatifs et qualitatifs de participation de
façon à garantir les conditions d’un dialogue constructif avec la société civile ;
• Assurer un soutien aux groupes et réseaux nationaux de la société civile qui mènent la lutte contre
la dégradation des terres/pour le développement durable des zones arides ;
• Tenir clairement compte du temps et des coûts de participation.
Aux organisations de la société civile :
• Fournir des informations accessibles à temps et à différents niveaux, particulièrement au niveau
décentralisé ;
• Adopter une attitude pro-active et contribuer à tous les niveaux ;
• Renforcer ses capacités eu égard au contenu et aux procédures de l’UNCCD ;
mars 2012 • Former des partenariats stratégiques avec les acteurs du Nord et du Sud y compris les réseaux ;
• Capitaliser et partager les expériences et l’information.

40
Dernièrement, une position des réseaux GTD, RéSaD et Drynet fut por-
tées au CRIC 9 en février 2011. Cette dernière fut construite à par-
tir d'une proposition du GTD, complétée puis validée à distance par
les membres du RéSaD et de Drynet. Des éléments de cette position
Plaidoyer et lutte contre

ont été distribués sur place en version papier

Exemple de papier de position


la désertification

Recommandations pour une participation opérationnelle des OSCs à la mise


en œuvre de la CNULD - cric9 - GTD RéSaD Drynet 2011
Le Groupe de Travail Désertification, le Réseau Sahel Désertification, et Drynet appellent à :
• Préciser et délimiter les champs d’intervention de la lutte contre la désertification telle que l’entend
la convention afin de mieux mesurer l’investissement réalisé, et fixer des objectifs chiffrés à attein-
dre d’ici 2018. Ceci permettrait de mettre en place des liens avec les deux autres conventions envi-
ronnementales ;
• Remobiliser tous les acteurs de la Convention selon des modalités différenciées ; au-delà des ONG
d’autres éléments de la société civile devraient être représentés, par exemple des regroupements
d’OCB, des organisations paysannes, des collectivités locales, et d’une manière générale tous les
acteurs impliqués au niveau du développement du territoire. Pour cela, nous proposons une révision
des procédures d’accréditations sur la base d’une caractérisation des OSC impliquées dans les pays
parties signataires de la Convention pour favoriser leur implication dans la LCD dans les pays concer-
nés et leur structuration au sein de l’UNCCD ;
• Valoriser le rapportage des OSC et celui des pays Parties déjà réalisé sur le portail PRAIS mis en
place par la convention, par une meilleure communication sur l’usage et la finalité de ce travail,
notamment en faisant le lien avec les sites et outils existants faisant ce genre d’exercice ;
• Développer en lien avec les OSC, un format de rapport adapté à leurs activités

http://www.dry-net.org/uploaded_files/recommandations_CRIC9.pdf

Manifestation des OSC, Cop8, Madrid,


2008.

mars 2012 Intervention de Patrice Burger en ODS,


Cop8, 2008.

41
2.3.2. Faire réagir
Afin de faire réagir des personnes ou institutions, il faut pouvoir inter-
peller par des actions visibles ou pour le moins qui font réagir et
créent la surprise par leur forme ou contenu. Il s'agit alors de faire
Plaidoyer et lutte contre

preuve de créativité pour faire en sorte que l'on se rappelle de l'ac-


tion. Nous pouvons citer les exemples suivants :
• Manifestation COP8 - Madrid : le 3 septembre 2008, jour de l’ou-
verture de la conférence des parties les ONG ont manifesté en
la désertification

brandissant une bannière marquée du slogan « une convention sans


action cause la désertification ». Cette campagne a été initiée par
l’eniD (qui avait travaillé en amont sur un document de position et
sur 5 slogans qui ont été repris sur des Tee shirt distribués aux
acteurs de la LCD en accord avec ces revendications.
• Au cours du segment spécial ODS (open dialogue session) réservé
aux ONG dans l’agenda officiel de la COP, trois thèmes ont été pré-
sentés et discutés : la participation, le genre, et l’adaptation au
changement climatique. Patrice Burger, au nom de l’eniD et des ONG
présentes à la COP, a ouvert la session plénière aux côtés de Mme
Christiana Narbonna, Ministre de l’Environnement de l’Espagne, et
Présidente de la COP8. Il avait revêtu un masque blanc dont la
bouche était barrée d’un croisillon noir, afin de signifier aux délégués
que la parole des ONG n’était ni libre ni entendue, et que, par consé-
quent, la « participation » était en fait une hypocrisie, bien que pré-
conisée par la CCD. Parallèlement, le journal Echo (quotidien réalisé
par les ONG) était garni d’un coton-tige, posant en éditorial la ques-
tion : « êtes-vous sourds ?». Patrice Burger fit ensuite une interven-
tion très détaillée sur la participation et les conditions de sa mise en
œuvre, en mettant en évidence qu’elle n’était pas accomplie dans
le processus de l’UNCCD. Sur ce point, la Présidente de la COP8
proposa, au nom de l’Espagne, de formuler des recommandations
pour les décisions finales de la COP8.
• Cartes postales pour interpeller : le CARI a réalisé une série de
cartes postales dans le cadre des réseaux de la société civile GTD -
RéSaD et Drynet. Il s'agit de cartes postales qui traitent en dessins
des sujets importants de manière caricaturale. Ceci a l'avantage de
ne pas laisser indifférents le lecteur et de susciter la réflexion sur
le sujet.

Ainsi des cartes postales ont été distribuées en français et en anglais


à la 10ème Conférence des Nations Unies sur la Lutte contre la
Désertification (Changwon octobre 2011) pour interpeller sur :
• L’affrontement entre le Mécanisme Mondial et le Secrétariat
Exécutif de la Convention ;
• L’utilisation des bonnes pratiques ;
• Le système de soumissions des rapports PRAIS mis en place dans la
Convention ;
• Le financement de la lutte contre la désertification ;
• Les moyens mis en place pour la participation de la société civile ;
• Et l’accaparement des terres.

Ces cartes postales ont aussi été valorisées dans la lettre d'information
des OSC à COP10 : ECO
Téléchargeables sur le site : Alexis Nouailhat
http://www.gtdesertification.org/article143.html © CARI

mars 2012

42
2.3.3. Participer à la construction de décisions
Afin d'être partie prenante à une décision, il convient avant tout d'être
force de proposition mais encore faut –il que ces propositions soient
entendues et prise en compte.
Plaidoyer et lutte contre

Il est donc parfois nécessaire de créer un cadre favorable à la concerta-


tion avec les décideurs et de suivre la proposition jusqu'à la décision
finale.
la désertification

Exemple d’action
Pour construire la décision 5/COP9 : procédures révisées pour la participation
des OSCs aux réunions et à d’autres activités liées à la CNULD - Drynet
Le réseau Drynet (Buenos Aires, septembre 2009) a organisé un side-event sur les modalités de partici-
pation de la société civile. Le format proactif du side-event a permis de construire des positions sur
critères de sélection des OSC financés pour participer à la COP; la représentation et mandat des OSC,
l'organisation du suivi à l’année du processus UNCCD par les OSC, la structuration des OSC en
Major groups. Ainsi après un temps court de présentation des différents sujets, les participants
étaient répartis en table-rondes (où les différents types d'acteurs étaient représentés : OSC, Parties,
Agence des Nations Unies…) pour construire une position acceptable pour une décision par l'UNCCD.
La restitution de ces discussions a fait l'objet d'une déclaration des OSC en « segment de haut niveau »
pendant la conférence des parties suivante : la COP9. Ceci contribué à l’adoption de la décision5/Cop9.

Cop9, Buenos Aires, septembre 2009.

Publications
Rapport France OSC – CARI - GTD
Dans le cadre de la soumission des rapports de la société civile à la mise en œuvre de la convention des
Nations Unies sur la lutte contre la désertification, le CARI à partir d’entretiens réalisés avec des
ONG, membres du GTD, a publié le rapport France société civile : Pratiques et recommandations d’un
panel d’OSC. Il a été diffusé lors de la 9ème session du comité de revue de la mise en oeuvre de
l’UNCCD à Bonn du 21 au 25 février 2011 sous version papier et électronique et a été présenté lors
de la session de dialogue ouvert en plénière.
http://www.gtdesertification.org/article84.html

mars 2012
ODS,CRIC9, février 2009.
43
2.3.4. Participer aux rencontres des Nations Unies
Les organisations de la société civile ont divers motifs pour participer
aux rencontres des Nations unies :
• Le partage d’expériences, s'informer et informer sur les activités
Plaidoyer et lutte contre

de terrain et les discussions institutionnelles

Exemple d’action
la désertification

Stand GTD/CSFD/France
Un stand permet de mettre en valeur un grand nombre de publications du GTD ainsi que les documents
apportés par les différents membres du GTD et leurs partenaires du sud. C'est aussi un lieu convi-
vial de discussions, de rencontres, et de passage.

Stand France, COP8, 2008


• Faire passer des messages en lien avec la réalité du terrain et avec
l’actualité.

Exemple d’action
« Quand insécurité et absence de développement couchent dans le même lit »
CARI - GTD - RéSaD
Le GTD et RéSaD ont organisé une table-ronde en marge du CRIC9 en février 2011
Malgré le titre provocateur, l'évènement a attiré environ 35 personnes dont les points focaux Mali et
Niger.

• Contribuer à l'agenda de la session


et au processus UNCCD en contribu-
tion aux activités collectives des
Organisations de la société civile (OSC)
présentes : déclaration d’ouverture et
de clôture, préparation des sessions de
dialogue ouvert (ODS), participer aux
journal des OSC: ECO…
side-event GTD Résad, CRIC9,
février 2011

Appui méthodologique
Principes de base pour participer aux rencontres UNCCD
De l'expérience du CARI qui participe depuis plus de 10 ans aux conférences des Nations Unies, nous
pouvons formuler des principes de base pour participer à une rencontre UNCCD :
• Bien comprendre les enjeux de la réunion à laquelle on s’apprête à assister
• Prendre contact avec le Point focal désertification et les OSC au niveau national.
• Avoir consulté les documents officiels et l’agenda détaillé
• Préparer des points de vue avec les autres OSC au niveau national sur les points discutés à l’agenda
• Partager ses points de vue avec les réseaux OSC au niveau régional, international pour en faire des
positions communes
• Prévoir une formulation des points proposés pouvant être directement incorporée dans le texte de
décision
• Préparer les interventions de manière la plus concise possible et appropriées aux moments oppor-
mars 2012 tun de l'agenda
• Désigner un intervenant OSC portant l’intervention

44
2.3.5. La Planification
Il s'agit d'identifier les temps forts et les moments de rencontres notam-
ment par rapport au calendrier international pour mettre en œuvre
Plaidoyer et lutte contre

des actions de plaidoyer.


la désertification

Exemple d’action
Calendrier des moments forts qui ont marqué les étapes du plaidoyer en faveur de
la participation de la SC à la mise en œuvre de la CNULCD

DATE EVENEMENTS INTERETS/OPPORTUNITES ACTIONS ENVISAGEES

Rencontre des pays Parties de


la convention désertification + Organisation d’une manifestation
septembre 2007 COP8 UNCCD, Madrid décisions concernant la stratégie des OSC « une convention sans
pour les 10 prochaines années de action cause la désertification »
la convention.

Organisation par le réseau Drynet


Rencontre des pays Parties de d’un side event sur la participation
la convention désertification pour des OSC
novembre 2008 CRIC 7 UNCCD Turquie
réviser la mise en œuvre de la Rédaction d’un papier de position «
convention. CSO participation in the UNCCD
process »
CSD17, Plaidoyer du réseau Drynet, eniD
mai 2009 Thématique désertification
New York auprès des décideurs

Réactions des réseaux Drynet, eniD


et GTD sur l’agenda prévisionnel de
diffusion de l’agenda Préparation de la COP9 avec la COP9 : « la CCD tourne le dos à
juillet 2009 opportunité d’influer sur ses engagements de participation
prévisionnel de la COP9 le programme »; envoi d’un mail aux Pays Parties
sur la place donnée à la société
civile.

Rencontre des pays Parties de


septembre 2009 COP9 UNCCD, Buenos Aires Plaidoyer auprès des pays Parties
la convention désertification

Papier de position
Rencontre des pays Parties de
février 2011 CRIC 9 UNCCD, Bonn Side event
la convention désertification
Rapport France OSC

Segment de haut niveau Intervention de Patrice Burger pour


septembre 2011 AGNU
Désertification les réseaux GTD Drynet RéSaD

Rencontre des pays Parties de


octobre 2011 COP10 Cartes postales
la convention désertification

mars 2012 Alexis Nouailhat


© CARI
45
3. L’INDISPENSABLE STRUCTURATION DES OSC
3.1. Des modalités de participation favorables
La participation des OSC semble prendre un tournant notamment à tra-
Plaidoyer et lutte contre

vers les résultats inscrits au plan stratégique 2008-2018 de


l’UNCCD : « les organisations de la société civile et la communauté
scientifique du Nord comme celle du Sud sont de plus en plus large-
la désertification

ment associées en tant que parties prenantes aux activités de la


convention et leurs initiatives en matière de plaidoyer, de sensibilisa-
tion et d’éducation font une place aux problèmes de la désertifica-
tion/dégradation des terres et de la sécheresse ».
De plus, lors de la 9ème conférence des Parties (COP9) à Buenos Aires,
les décisions prises visent à la participation des OSC au processus
décisionnel via leur concours direct au rapportage sur les bonnes pra-
tiques ; mais aussi à la mise en œuvre opérationnelle formulée
comme suit « d’engager activement les OSC dans la mise en applica-
tion de la stratégie et des plans de travail » (Déc. 5/COP9)
Dernièrement, la décision 5/COP.10 avance des procédures plus contrai-
gnantes allant vers une participation effective des OSC, et plus
transparente notamment avec l'élargissement du mandat du Jury de
sélection et de sa représentativité géographique. Il faudra aussi être
vigilant à l'ouverture au secteur privé.

Dans le cadre des décisions de COP9, les OSC accréditées sont reconnues
comme des «entités ayant la capacité de présenter un rapport sur les
initiatives de la société civile en matière de lutte contre la désertifi-
cation », soit en participant à la rédaction du rapport national de
leur pays, soit en élaborant leur propre rapport. Ce point représente
une avancée concrète pour la contribution des OSC au processus
décisionnel de la convention et peut constituer la base de réflexion
pour une mise en œuvre effective des engagements pris à la COP9.

De nombreuses questions restent en suspens : comment mobiliser la


société civile? Quelle intérêt la société civile a à s'impliquer dans une
convention peu reconnue et dont l'efficacité reste questionnée sur le
terrain ? Quelle valorisation des résultats des bonnes pratiques
transmis par les ONG ? Comment se traduit concrètement l’implica-
tion des OSC dans la mise en application de la stratégie et des plans
de travail au niveau des pays ?
Ceci revient à un ensemble de défis à relever :
• Conforter la connaissance collective de l’UNCCD, des acteurs, leurs
positions ;
• Renforcer l’organisation et la concertation des organisations de la
société civile, à la fois au niveau national auprès des gouvernements,
régional auprès des institutions, et multilatéral dans le cadre des
conventions des Nations Unies ;
• Avoir des positions concertées sur les sujets traités et à traiter dans
le cadre de la CNULD ;
• Toutes ces actions doivent avant tout servir la lutte contre la déser-
tification et les acteurs à la base.

Alexis Nouailhat
© CARI

mars 2012

46
3.2 Les conditions de réussite
Les divers essais de structuration de la société civile pour suivre le pro-
cessus UNCCD n'ont pas toujours été réussis. Néanmoins, lors de la
dernière COP en Octobre 2011 à Changwon en Corée du Sud, les
Plaidoyer et lutte contre

OSC coréennes ont lancé l'idée d'une "alliance mondiale OSC".


Cette initiative semble répondre à une forte demande et un besoin
des OSC. L’enjeu est la capacité des OSCs impliquées dans la lutte
la désertification

contre la désertification dans les pays affectés et les OSCs des pays
du nord plus proches des pays donateurs, de se constituer en coali-
tion fonctionnelle et durable pour dialoguer au niveau multilatéral.
La constitution d’une telle plate-forme par le passé s’est terminée
dans un certain chaos à cause de la confusion entre intérêts particu-
liers des organisations et intérêt commun pour la cause de la lutte
contre la désertification. Outre les questions organisationnelles qui
demeurent un véritable défi à cette échelle, se pose aussi la question
de son financement pérenne. Peu de bailleurs sont prêts à investir les
montants nécessaires au temps de travail et aux déplacements que
requière cette structuration.

Exemple d’action
Les forces, faiblesses, opportunités et menaces de la stratégie de plaidoyer pour
la participation de la Société Civile

FORCES FAIBLESSES MOYENS POUR LES SURMONTER


• Lien avec le terrain et les • Sources de financement • Diversification des sources
OCB uniquement issu de de revenu
• Existence de réseaux subventions publiques • Identifier les acteurs de
d’acteurs de la SC importants • Peu de moyens la société civile clé et
avec des ancrages sur tous • La société civile des pays les organiser
les continents. Parties n’est pas toujours
• Reconnaissance par les bien structurée
pouvoirs publics français
comme un acteur valable

OPPORTUNITES MENACES MOYENS POUR LES SURMONTER


• La « mode du participatif » ! • La « compétions » entre • Impliquer/consulter tous
• La demande de certains les réseaux les acteurs/réseaux identi-
points focaux désertification • La diminution de l’APD fiés avant de lancer une
à être appuyés, informés. • Existence de certaines action
(alliance objective avec restrictions sur la participa- • Plaider pour une participa-
certains acteurs étatiques des tion de la société civile tion de la société civile à
pays affectés) • La problématique de tous les niveaux (tant local
la participation n’est pas qu’international)
prioritaire pour les agences • Mettre en avant les avan-
internationales tages de la participation de
la SC pour les agences

mars 2012

47
Desertification,
défis imminents !
Plaidoyer et lutte contre

plaidoyer à saisir ?
la désertification

Dans cette publication, nous avons brossé un tableau de différents types


de plaidoyer en faveur de la cause des zones arides. L’expérience
du CARI au sein du processus CNULD nous amène à présenter en
priorité les chantiers à porter au sein de la Convention mais d’autres
actions doivent être investies si l’on souhaite des évolutions favora-
bles des conditions de vie dans les zones arides.
Pour une CNULD efficace
Après plus de 17 ans d'existence de la CNULD, et déjà 4 ans après l'adop-
tion du plan stratégique à 10 ans, Il nous paraît primordial et urgent
que la CNULD soit un outil efficace de lutte contre la désertification.
Pour cela, nous recommandons quelques actions prioritaires :
• Préciser et délimiter les champs d’intervention de la lutte au sein
de la CNULD.
L’ambigüité sur les limites du champ d’action de la Convention, par-
fois définie comme une Convention environnementale et d’autres fois
comme une Convention de lutte contre la pauvreté, n’aide ni à sa
bonne compréhension, ni à son efficacité. La question du lien entre
Environnement et Développement, 20 ans après RIO, reste encore
mal résolue au sein de la Convention comme ailleurs. Renforcer le
plaidoyer pour la lutte contre la désertification à partir du postulat
qui lie environnement et développement est indispensable envers les
pays parties donateurs, mais aussi au sein de la communauté des
organisations de la société civile et du grand public.

Alexis Nouailhat
© CARI

• Rendre la CNULD opérationnelle en termes de développement


des pays concernés.
Les Plans d’Action Nationaux, élaborés sous la Convention, ont sou-
vent été trop peu opérationnels et par conséquent peu soutenus
financièrement et peu efficaces.
Il faut maintenant espérer que l’exécution de la Convention à
l’échelle des pays va être facilitée par le plan stratégique de dix ans
ainsi que par la mission explicite du Mécanisme Mondial pour sou-
tenir le développement de stratégies financières intégrées et de cadres
complets d’investissement. Bien sur cette mise en œuvre ne pourra
mars 2012 être réalisée sans la volonté des Etats de jouer le jeu et le soutien de
la société civile.

48
• Plaider pour des objectifs chiffrés pour les Etats Parties à la
CNULD.
La difficulté de fournir des résultats sur la mise en œuvre d’actions
dans le cadre de la CNULD rend difficile l’exercice de convaincre sur
Plaidoyer et lutte contre

l’utilité d’investir ou de s’investir. Ceci est valable pour toutes sortes


d’interlocuteurs allant des ONG elles-mêmes aux bailleurs de fonds.
Afin de mieux mesurer l’investissement réalisé, il serait souhaitable
de fixer des objectifs chiffrés (en termes de réhabilitation des terres
la désertification

et d'augmentation du niveau de vie des populations) par pays à


atteindre d’ici 2018

• Nécessité de l'investissement et la condition du retour sur inves-


tissement
La lutte contre la désertification nécessite d’importants finance-
ments pour lesquels les engagements des états Parties n’ont jamais
été à la hauteur. En termes de montants, le PNUE estime1 entre 10
et 22 milliards d’USD par an l’effort financier à consentir pour espé-
rer pouvoir être efficace. Ce montant paraît négligeable en comparai-
son des pertes de revenus engendrés par la désertification et estimés
à 42 milliards de USD par an.

Pour différentes raisons d’ordre politique, l’instrument et cadre de


référence que constitue la Convention des Nations Unies de Lutte
contre la désertification (CNULD) n’a, dès sa signature en 1994 à
Paris et son entrée en vigueur en 1996, pas réussi à mobiliser les
montants nécessaires au plan international. De plus, et contraire-
ment aux deux autres conventions issues de Rio, la CNULD n’a pas
été doté dès le départ d’un instrument financier spécifique.

Il apparaît que non seulement les financements disponibles et mis en


œuvre pour la lutte contre la désertification sont très loin des besoins
évalués, mais qu’ils sont aussi difficiles à identifier et à mobiliser
pour différentes raisons :
- D’une manière générale, dans une conjoncture où l’argent est
plus rare et où les résultats des investissements doivent pouvoir
être évalués en termes d’efficience, la lutte contre la désertification
n’offre pas des indicateurs d’impacts assez rassurants pour les bail-
leurs.
- Concernant les différents acteurs, on constate également que les
bailleurs traditionnellement sensibles au sujet ont tendance à
réserver leurs subsides à leurs obligations multilatérales (ONU,
UE… ) et dont la mise en œuvre des fonds est quasi préemptée par
les Organisations internationales, ce qui laisse moins de place aux
organisations non gouvernementales ou organisations classiques
de la société civile.
- Enfin au niveau de la CNULD et de ses besoins de financement,
les débats alimentent aussi un vaste et croissant courant sur les
dangers de duplication des financements et les questions sur la
mise en cohérence, voire l’intégration des trois conventions de RIO.
Pour une cohérence des actions
Au-delà du cadre de la CNULD, d’autres axes de plaidoyer sont néces-
saires pour améliorer des initiatives institutionnelles :
• Établir un lien avec les initiatives régionales – exemples en
Afrique : TerrAfrica et GMV
Au-delà des actions engagées par les pays dans les limites de leurs
frontières et afin de prendre en compte les aspects transfrontaliers
des problèmes de désertification et des actions de lutte, les Parties à
la CNULD ont toujours regretté de ne pouvoir envisager une mise en
œuvre sur le terrain qui ne se heurte pas systématiquement aux
égoïsmes ou aux méfiances des pays concernés. Le cadre de négocia-
tions de la Convention, s’il offre un espace de dialogue où les points
de vue divergents peuvent être exprimés, ne parvient toutefois pas à
constituer une enceinte de décisions de mise en œuvre formelle assor-
tie des engagements fermes que cela demande.

mars 2012
1 http://www.unccd.int/publicinfo/factsheets/pdf/Fact_Sheets/Fact_sheet_08fre.pdf

49
L’Afrique, dont il faut rappeler qu’elle était la première destinataire
de la CNULD à tel point qu’elle est le seul continent mentionné dans
le titre, n’a jusqu’à présent pas présenté un front uni et ses lignes de
fractures linguistiques, nord-sud et économiques, l’ont probablement
Plaidoyer et lutte contre

desservie dans le profit qu’elle pouvait tirer de la CNULD.


Des bailleurs de fonds inspirés ont suscité diverses initiatives de pro-
jets transfrontaliers en Afrique pour tenter de donner corps à une
vision continentale ou tout au moins par région ; deux initiatives
la désertification

sont en cours sur le continent, TERRAFRICA et l’Initiative de la


Grande Muraille Verte pour le Sahara. Dans les initiatives régionales
TERRAFRICA et IGMVSS, il ressort que la participation de la société
civile est pour le moment absente sous une forme organisée ou, plus
négativement, une participation passive voire alibi. Cette question
sembler évoluer depuis peu pour l’IGMVSS depuis un atelier tenu à
Ouagadougou en décembre 2011 alors qu’elle était traitée jusqu’ici
de manière très choquante tout en invoquant une participation alibi.
Ces initiatives appellent à une grande vigilance. Il est difficilement
concevable que des bailleurs de fonds présents dans ces initiatives,
qu’ils soient bilatéraux ou multilatéraux comme l’Union européenne
ou le FEM, puissent durablement se désintéresser de cette question
en reniant déclarations et engagements pris à ce sujet.

Par ailleurs, ces initiatives portées politiquement sont lentes à se


construire et à pouvoir être mises en œuvre notamment du fait de
leur envergure inter-états mais aussi par un manque de financement
d’investissement de départ.

• Mettre en place des synergies effectives entre les conventions


CCNUCC et CDB et CNULD
Cette remarque est avérée et de plus en plus pertinente au fur et à
mesure que s’accumulent les rencontres d’un agenda international
où les questions traitées se recouvrent en partie en renvoyant d’une
rencontre à l’autre les décisions. L’empreinte écologique de ces ren-
contres devient elle aussi difficile à justifier dans un monde qui
devrait diminuer les émissions de carbone. Enfin la multiplication
des agences et organes et les coûts de transaction générés sont de
moins en moins justifiables en période de crise et de raréfaction des
finances publiques. Les dernières décisions de la COP16 de la
Convention cadre sur les changements climatiques (COP16 CCNUCC)
mettant l’accent sur l’égale importance des actions d’atténuation et
d’adaptation offrent une plate-forme de discussion sérieuse au sujet
des synergies. Les OSCs comme les autres acteurs peuvent difficile-
ment continuer de se référer séparément à des cadres cloisonnés alors
que les territoires sont intégrateurs des actions.
L’existence d’un « groupe de contact » censé faire le lien entre les
conventions est une avancée sur ce chapitre, mais peu de résultats
probants sont communiqués.

• Soutenir et renforcer les initiatives locales


Enfin, il ne faut pas oublier les préoccupations des populations des
zones arides en supportant leurs combats et initiatives. Par exemple,
plaider pour que les gouvernements affectés par la désertification
puissent mettre en place des mesures de protection de leur agricultures
vivrières pouvant garantir des prix d’achat plus juste aux agriculteurs,
ceci leur permettrait d’investir dans leur terre.
D’autres sujets alarment la société civile comme les questions du fon-
cier, de l’accaparement des terres, de la gestion de l’eau et des res-
sources naturelles, pour ne citer qu’elles. Il est important que ces
mouvements puissent êtres appuyés par une mobilisation plus globale.

mars 2012

50
Plaidoyer et lutte contre
la désertification
Annexes

ANNEXE A
A – Les outils et méthodes du plaidoyer
Méthodes Comment trouver la méthode :
• Voir la méthodologie élaborée par WOCAT dans le cadre du projet
DESIRE à adapter aux différents types de décisions
http://www.desirehis.eu/index.php?option=com_docman&task=cat_view&gid=33&Itemid
Méthode d’aide à la décision participative =189&lang=en
• Des groupes cibles aux groupes stratégiques : participation et exclusion. - P. Lavigne
Delville, Janvier 2000, 7 p., Les notes méthodologiques, n° 2.
http://www.gret.org/ressource/pdf/methodo2.pdf

http://www.iram-fr.org/documents/PAEPS_O3_OBJECTIFS.pdf
L’arbre à problème http://www.fao.org/Participation/french_website/content/arbre_de_problem_fr.htm

Le tableau d’identification des objets de


Modèle de tableau d’analyse des objets de politique page 32
politique

Le tableau d’identification des forces, faiblesses,


Voir tableau d’analyse FFOM page 23
opportunités et menaces (FFOM).

Les organisations de la société civile dans les terres arides : Guide pratique pour la carto-
graphie, l’identification des profils et l’analyse des communautés et de l’engagement poli-
Méthode de cartographie des acteurs parties
tique
prenantes (DRYNET, MM)
⇨ disponible sur le site de DRYNET en Anglais
www.dry-net.org dans l’onglet publication

• L'analyse d'impact à travers une perspective d'acteurs, note thématique n°5, 2008 -
IRAM
http://www.iram-fr.org/pdf-publications/437.pdf
Outils de capitalisation
• Traverses - n° 15 Capitalisation d'expériences… Expérience de
capitalisations. Comment passer de la volonté à l'action ?-2004 - GRET
http://www.gret.org/ressource/pdf/traverse_15.pdf

mars 2012

51
Plaidoyer et lutte contre
la désertification

mars 2012
informer, sensibiliser, créer une visibilité mobiliser, persuader mobiliser, interpeller, dénoncer échanger, interagir
La permet de faire passer des informations Permet de garder le contact avec les
note / le t tr e précises et personnalisées. Adapté aux différents acteurs parties prenantes
d’ in f or ma tio n diffusions ciblées via les listes de entre deux évènements politiques, ou
contacts de vos réseaux. deux actions de plaidoyer.
Le pap ier de Permet de présenter une position claire Permet d’afficher clairement votre
pos iti on face à vos interlocuteurs à propos de la position face à vos interlocuteurs à
problématique concernée; de proposer propos d’une politique publique ou
une position aux partenaires potentiels en réaction suite à un évènement.
(et même de la co-rédiger avec eux). Sa diffusion peut être publique où ciblée.
Ce document peut devenir le texte de
référence pour la coalition (même si
celui-ci évolue au cours du temps)
La Lett r e Permet de toucher des acteurs parties
c ibl ée prenantes peu accessibles.
Les l ivr es, informe de manière plus exhaustive sur
le s br oc hu r e s une problématique et les solutions pos-
sibles, ils permettent de donner une
information globale sur le problème dans
son contexte, ils peuvent cibler un
ANNEXE B (1)

aspect du problème ou rester général


dans un premier temps. Diffusion
publique, via un site internet, lors d’évè-
nements publics ou spécifiques où vos
cibles sont susceptibles de participer.
L e s f ly e r s utile pour le suivi il permet de reprendre en appui à une action de plaidoyer, en appui à une action de plaidoyer, il
Tableau des outils de communication pour :

les idées principales de vos messages pour permet de faire part d’un évènement, permet de faire part d’un évènement,
les rappeler à vos cibles. Diffusion lors de rappeler une position lors d’un ou de rappeler une position lors d’un
d’évènements spécifiques en lien avec évènement officiel. évènement officiel. Diffusion publique
vos préoccupations ou susceptibles de dans d’évènement particulier ou les
rassembler un grand nombre de vos cibles. cibles sont susceptibles d’être touchées.
Les En soutien à la diffusion de l’information En soutien à des actions de plaidoyer, il En soutien à des actions de plaidoyer, Permet de faire connaitre publiquement
c omm u n iq u é s pour annoncer la sortie d’un livre, ou de permet d’annoncer une position suite à il permet d’annoncer une position suite des travaux engagés avec les décideurs,

52
de p r es s e l’organisation d’un évènement. un évènement, ou de l’organisation d’un à un évènement, ou d’annoncer de les mettre en valeur dans cette
évènement. l’organisation d’un évènement. coalition pour renforcer leur engagement !
Plaidoyer et lutte contre
la désertification

mars 2012
informer, sensibiliser, créer une visibilité mobiliser, persuader mobiliser, interpeller, dénoncer échanger, interagir
Ar tic l es d e permet de réagir publiquement à un Autre moyen de diffusion publique d’une
p r e s s e, évènement, une information de faire part position.
ém iss ions de son avis sur une situation.
mé dia s
Les év éne- permet de créer une convivialité, de se permet de renforcer une coalition, de
me n t s fe s tif s faire connaître, de rassembler. créer une convivialité au sein du groupe
en et ainsi de faciliter les échanges.
supp or t
L e s c o l lo q u es , permet de faire part d’une situation et de Permet de faire part de votre position à
c onfér enc es proposer des solutions potentielles. vos cibles en les invitants en tant que
participants ou d’intervenants.
Organisés sur une thématique précise,
ces évènements permettent d’échanger
L e s a t e li e rs directement avec le public cible permet de créer une position commune
Permets de construire ensemble la
avec les partenaires potentiels d’une
réflexion pour sélectionner et mettre en
coalition.
ANNEXE B (2)

œuvre les solutions définies.

Les d ébat s permet de créer une position commune


avec les partenaires potentiels d’une
coalition.
Tableau des outils de communication pour :

La r enc ontr e Permet de se faire connaitre personnelle- permet d’avancer sur des aspects très
fac e à fac e ment face à certain décideurs ou acteurs précis de la mise en œuvre des solutions
cibles afin qu'ils soient à l'avenir plus avec des acteurs parties prenantes qui
attentifs à vos messages à distance ont un rôle déterminant.
(mail, appels téléphoniques …).

53
Plaidoyer et lutte contre
la désertification

mars 2012
informer, sensibiliser, créer une visibilité mobiliser, persuader mobiliser, interpeller, dénoncer échanger, interagir
Les ap pel s Il est important de garder un contact
tél épho niques régulier avec les acteurs parties prenantes
pour ne pas laisser tomber une dyna-
mique créee suite à une rencontre face à
face ou lors d’un évènement (Colloques,
ateliers, débats, …) dans ce cas un appel
téléphonique semble être le moyen de
communication le plus efficace. Il est
également important pour faire suite à
l’envoi d’une lettre ciblée, d’appeler sont
interlocuteur rapidement pour savoir s’il a
bien reçu le message et connaître ses
premières réactions.
Le si te permet de se faire connaître, de diffuser
in t e rn e t ses documents

L e s f or u ms Permet d’échanger à plusieurs lorsqu’il


é le c t ro n i q u e s est difficile pour les différents acteurs de
se rencontrer physiquement. Le forum
ANNEXE B (3)

électronique ne remplace pas les


rencontres, il peut servir en appui à
l’organisation d’une rencontre ou suite à
une rencontre pour continuer la
discussion.
peti ti ons Il s'agit d'un des outils pour acter la Permet de faire pression en montrant
Tableau des outils de communication pour :

mobilisation de partenaires et pour mon- l’appuie du nombre.


trer aux décideurs que la position que
vous portez est largement partagée
boyc ot t Peut être utilisé, en réfléchissant bien
aux conséquences qui en résulteront et
en s’assurant que le pourquoi du boycott
est bien compris, en réaction à une
invitation ou à une mesure.

54
Plaidoyer et lutte contre
la désertification

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  & #  " *(()'

Cet outil peut servir à la classification des acteurs selon leurs rôles, leur degré d’influence, leur soutien et leur intérêt spécifique pour les objets de politique. Même
si les décisions finales au sujet d’une politique sont prises par les décideurs, d’autres acteurs peuvent influencer cette prise de décision de façon significative.

                           
            
       
      
 
  

      


      
  
# 
ANNEXE C


      
 
$%
Modèle de carte des pouvoirs


      
 
$%

      



55
Réferences
et bibliographie
Plaidoyer et lutte contre
la désertification

• Support de présentation de la formation « Qu’est-ce que le plaidoyer » menée


par le CCFD le 8 Novembre 2011 dans le cadre du RADDO en Algérie.
• Support de présentation « Eléments de plaidoyer pour la lutte contre
la désertification et l’action du Réseau Sahel désertification (RéSaD) : pour une
schématisation repère. » conçu par Jean Louis Couture en septembre 2010.
Droit à l’eau et à l’assainissement : Manuel à l’usage des militants ;
2010 – FAN Global
http://www.freshwateraction.net
• Tanmia "Bonnes pratiques associatives en plaidoyer"
http://www.tanmia.ma/article.php3?id_article=25871
• Le guide du plaidoyer : Conseils pratiques pour approcher un plaidoyer ;
2002 – TEARFUND
http://tilz.tearfund.org/Francais/ROOTS/Le+guide+du+plaidoyer.htm
• Outils et Directives pour le plaidoyer : promouvoir le changement des
politiques ; 2001 – CARE
http://www.handicapinternational.fr/bibliographiehandicap/6SocieteCivile/
Advocacy/CAREFre.pdf
• Note d’orientation 3 : Plaidoyer – Humanitarian reform
http://www.humanitarianreform.org/humanitarianreform/Portals/1/
cluster%20approach%20page/clusters%20pages/Protection/IDP/
IDPH%20-%20P4%20-%20C3.pdf
• Guide pratique CIDSE du plaidoyer par pays : Comment effectuer un travail de
plaidoyer en faveur de la paix et des droits de l’Homme dans un pays donné ;
2007 – CIDSE
http://www.cidse.org/WorkArea/linkit.aspx?LinkIdentifier=id&ItemID=1132
• Introduction au Plaidoyer : Guide de formation ; 1997 – USAID
http://sara.aed.org/publications/cross_cutting/intro_advocacy/html/end_fr.htm
• Guide du plaidoyer ; 2007 – Wateraid
http://www.wateraid.org/documents/plugin_documents/guide_du_plaidoyer.pdf
• Droit à l’eau et à l’assainissement : Manuel à l’usage des militants ;
2010 - FAN Global
http://www.freshwateraction.net/sites/freshwateraction.net/files/
Droit-%C3%A0-l%E2%80%99eau-et-%C3%A0l%E2%80%99
assainissement-l%E2%80%99assainissement-Manuel-%C3%A0l%
E2%80%99usage-des-militants-Manuel-%C3%A0-l%
E2%80%99usage-des-militants.pdf

mars 2012

56
Plaidoyer et lutte contre
la désertification
Liens utiles

Sites utile :
http://www.plaidoyer-bf.net/?p=36
http://www.ngopulse.org/lobbying-and-advocacy
Science for environment policy (European commission):
http://ec.europa.eu/environment/integration/research/newsalert/index_en.htm

Le plaidoyer par les acteurs français :


EAU VIVE : http://www.eau-vive.org/plaidoyer/methodes-et-dossiers.html
AVSF : http://www.avsf.org/fr/rubrique.php?rub_id=8
GTD : http://www.gtdesertification.org/article13.html
Coordination Sud : http://www.coordinationsud.org/Plaidoyer

Les réseaux d’acteurs des thématiques liées à la Lutte contre


la Désertification :
International Land Coalition (ILC)
Cette alliance mondiale réunie des organisations de la société civile et intergouver-
nementales pour promouvoir un accès sécurisé et équitable à la terre et
à sa gestion pour les femmes et les hommes touchés par la pauvreté à travers des
activités de plaidoyer, de dialogue et de renforcement des capacités.
http://www.landcoalition.org/
World Initiative for Sustainable Pastoralism (WISP)
Le WISP est un réseau de renforcement des capacités qui favorise, le développement
durable pastoral pour la réduction de la pauvreté et la gestion de l'environne-
ment, et le plaidoyer. WISP est un catalyseur pour favoriser la collaboration
entre les pasteurs, les gouvernements, les organisations non gouvernementales,
les organisations internationales et le secteur privé.
http://iucn.org/wisp/
World Alliance of Mobile Indigenous Peoples (WAMIP)
Le WAMIP est une alliance mondiale des peuples nomades et des communautés qui
pratiquent les diverses formes de mobilité comme une stratégie de subsistance
par la conservation de la biodiversité et de l'utilisation des ressources naturelles
de manière durable.
http://www.wamip.org/
Réseau Climat et développement
Coordonné par le Réseau Action Climat-France et ENDA Tiers Monde, le Réseau
Climat & Développement vise un triple objectif : de renforcer l’influence de
la société civile et des délégués africains francophones dans les négociations
internationales sur le climat (compréhension et positions communes) ; d’assurer
la prise en compte des enjeux de développement au sein des politiques
climatiques et améliorer l’intégration des problématiques climatiques dans
les politiques de développement au niveau africain ; et d’encourager l’élaboration
et la mise en place de plans transversaux dits « Plans de Développement Sobres
en Carbone et Résilients « (PDSCR).
http://www.climatdeveloppement.org
Coordination Sud (Commission Agriculture et Alimentation et la commission Climat)
http://www.coordinationsud.org/Agriculture-et-Alimentation
http://www.coordinationsud.org/Climat

mars 2012

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Le Réseau des Plates-Formes d’ONG d’Afrique de l’Ouest et du
Centre (REPAOC)
Le REPAOC est le Réseau des Plates-Formes d’ONG d’Afrique de
l’Ouest et du Centre. Ce réseau est aujourd’hui constitué de 10
Plaidoyer et lutte contre

Plates-formes Nationales d’ONG (Bénin, Burkina Faso, Cap-vert,


Gambie, Guinée, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo) regroupant
au total plus de 800 ONG locales, nationales et internationales.
http://www.repaoc.org/
la désertification

Coalition Eau
La Coalition Eau est un regroupement d’ONG qui œuvre à promouvoir
un accès à l’eau et à l’assainissement pérenne pour tous, à travers
la préservation et la gestion durable de la ressource et la construc-
tion de compétences locales, pour des services publics efficaces,
transparents et qui intègrent des mécanismes de contrôle par
les usagers.
http://www.coalition-eau.org/

mars 2012

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Acronymes
et abréviations
Plaidoyer et lutte contre
la désertification

ALENA Accord de Libre-Echange Nord-Américain


A ME Accords Multilatéraux de l’Environnement
A PD Aide Publique au Développement
A PE Accord de Partenariat Economique
C2A Commission Agriculture et Alimentation
CIRAD Centre International de Recherche Agricole pour le Développement
COP Conference Of Parties, la Conférence des pays Parties
CRIC Committee for the Review of the Implementation of the Convention, Comité
de révision de la mise en œuvre de la convention
CSFD Comité scientifique français de lutte contre la désertification
CS T Comité de la Science et de la technologie
FAO Food and Agriculture Organization of the United Nations, c’est l’organisation des
Nations-Unies pour l’agriculture et l’alimentation
FIDA Fonds international de développement agricole
GISA Groupe Interministériel pour la Sécurité Alimentaire
GRN Gestion des Ressources Naturelles
GTD Groupe de Travail Désertification
HCR Haut Commissariat aux Réfugiés
IGMVSS Initiative de la Grande Muraille Verte du Sahara et au Sahel
JUSCANZ Japan, United States, Canada, Australia, and New Zealand
L CD Lutte Contre la Désertification
MAAPRAT Ministre de l’Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et
de l’Aménagement du Territoire
MAEE Ministère des Affaires Etrangères et Européennes
MEDDTL Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, du Transport et du Logement
MINEFI Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie
NEPAD Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique
OCB Organisation Communautaire de Base
ODS Open Dialogue Session
OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONC Organisation Nationale de Coordination
ONG Organisation Non Gouvernementale
OSC Organisation de la Société Civile
PA C Politique Agricole Commune
PA N Plan d’Actions National
PI B Produit Intérieur Brut
PV D Pays en Voie de Développement
RIOD Réseau International des ONG sur la Désertification
SC Société Civile
SGAE Secrétariat Général aux Affaires Européennes
SMART Specific Measurable Attainable Realistic Timely, c'est-à-dire Spécifiques,
Mesurables, Réalisables, Réalistes et définis dans le Temps
UE Union Européenne
UMA Union du Maghreb Arabe
UNCCD CNULCD en français, la Convention des Nations Unies de Lutte contre
la Désertification
mars 2012
UNRWA United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees

59
Groupe de Travail Désertification
Lutte contre la désertifcation et société civile
GTD s/c CARI Tél. : + 33 (0)4 67 55 61 18
12, Rue du Courreau Fax : + 33 (0)4 67 55 74 37
34380 Viols Le Fort Mail : [email protected]
France http://gtdesertification.org

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