Au Fil Des Mares 05
Au Fil Des Mares 05
Au Fil Des Mares 05
Sommaire
Actualités du Pôle-relais
Mares et Mouillères
Actualités des Pôles-
relais régionaux
Le réseau SAGNE
La Jacinthe d’eau
• Lagunes du Parc de
Gascogne
• Mare pédagogique dans
un ENS d’Isère
• Protection du Triton
crêté dans un lycée
agricole
© ADREE - Mare tourbeuse (Vesle et Caumont, Aisne)
Mares d’ailleurs…
Origine et rôle des Pôles-relais…
Mares temporaires du Suite au constat d’une dégradation accélérée des zones humides sur notre territoire,
Maroc et changement la France lance en 1995 un Plan National d’Action pour les Zones Humides (PNAZH).
climatique
Décliné en différentes mesures, il se traduit en 2002 par la mise en place de pôles de
compétences – les Pôles-relais – qui correspondent à six grands types de zones
Science : sangliers et humides rencontrées en France (marais littoraux, lagunes méditerranéennes, vallées
dispersion en Camargue alluviales, zones humides intérieures, mares et mouillères et enfin, tourbières). Ces
derniers partagent, à l’échelle nationale, les mêmes missions qui sont :
Publications récentes
• Le recueil et la mise à disposition des connaissances
• La promotion d’une gestion durable
Agenda
• L’évaluation des résultats et la collaboration aux mesures nationales
Appel à données L’animation du Pôle-Relais Mares et Mouillères est assurée depuis janvier 2007 par la
bibliographiques Maison de l’Environnement de Seine-et-Marne.
Proposez un article !
Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Inscription Maison de l’Environnement de Seine et Marne
Etang de Moret
26 rue de Montarlot
77250 Ecuelles
Tél. : 01 64 31 06 84
Courriel : [email protected]
Site : www.pole-mares.org
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 1 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Actualité du Pôle-relais Mares et Mouillères
Avenir du Pôle-relais Mares…
L’année 2009 va apporter un grand nombre de nouveautés au sein du Pôle-relais Mares et Mouillères de France. Ce dernier
ne va en effet plus exister sous sa forme actuelle mais fusionne avec les thématiques « zones humides intérieures » et
« vallées alluviales » à partir du 1er janvier 2009. Principalement financé par l’ONEMA (Office National de l’Eau et des
Milieux Aquatiques), ce nouveau pôle sera animé par la Fédération des Parcs naturels régionaux de France.
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 2 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Actualité des Pôles-relais régionaux
La préservation des mares en Picardie
D’abord locales, ces actions ont pris ces dernières années une envergure régionale. Pour mener à bien ces missions, l’ADREE
s’appuie sur des structures partenaires qui fédèrent les principaux usagers des mares (agriculteurs, chasseurs, pêcheurs,
naturaliste, etc.).
La con
naissance des mares de la région
Travailler sur les mares nécessite avant tout de bien connaître leur répartition sur le territoire. Dans ce domaine, l’ADREE a
choisi une approche par filière d’usage. Ainsi, elle a accompagné avec le soutien du Pôle-relais Mares et Mouillères de
France la démarche de recensement des mares de huttes de chasse de l’Aisne entreprise par la Fédération des Chasseurs de
l’Aisne. Cette étude touchant aujourd’hui à sa fin, l’ADREE souhaite poursuivre ce recensement en lançant un inventaire
des mares de Thiérache. Située au nord du département de l’Aisne, la Thiérache constitue une zone bocagère où les mares
prairiales sont nombreuses. Ce type de mares représentant un enjeu majeur pour la préservation des espèces animales et
végétales de zones humides, l’ADREE s’est associé à l’Atelier Agriculture Avesnois Thiérache (AAAT), association locale de
promotion des produits du terroir. Elle pourra donc compter sur l’expérience et les relations que l’AAAT entretient avec les
agriculteurs de la zone pour lui faciliter ce travail de recensement.
La s
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 3 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
L’aide aux porteurs de projets
L’ADREE est régulièrement sollicitée par des particuliers ou des collectivités pour des problèmes relatifs à la création, la
restauration et la gestion de mares. Afin d’y répondre, l’association a édité des fiches techniques, résultats de plusieurs
réunions thématiques avec des partenaires associatifs et administratifs. Ces fiches permettent de mieux concevoir son
projet de création de mare en posant un certain nombre de questions. Des contacts sont également proposés pour
approfondir certaines problématiques.
Pour un particulier notamment, mener à bien un projet de création ou de restauration de mare implique un nombre
important de démarches pour recueillir les conseils réglementaires, techniques, naturalistes, etc. Cette multiplication des
interlocuteurs peut lasser le propriétaire qui, bien souvent, finit par abandonner son projet.
Pour répondre à cela, l’ADREE a entrepris de mettre en place une « plate-forme de conseillers sur les mares ». Ainsi,
l’ensemble des structures partenaires de l’association mais également des administrations et des professionnels ont été
invités à prendre part à ce groupe, le but étant de créer un « guichet unique de la mare ».
Afin de donner les premières pistes de réflexion aux participants, des scenarii de
fonctionnement de la Plate-forme ont été préparés pour déterminer notamment le
type de coopération auquel chacun souhaitait aboutir. Les participants ont alors
demandé à ce que soit établi un état des lieux des structures intervenant sur les
mares en Picardie et de leurs spécialités dans ce domaine (pédagogie,
réglementation, inventaires naturalistes, etc.).
Ce travail touche à son terme et une seconde réunion est programmée afin que
cette plate-forme soit opérationnelle en 2009.
L’ADREE, inspirée par l’expérience d’autres structures et dans l’esprit du Pôle-Relais Mares & Mouillères de France, œuvre
dans ce sens afin que les mares continuent à faire partie de notre paysage.
Note : L’ADREE est soutenue dans le cadre de ses activités sur les mares par la DIREN Picardie, le Conseil Régional de
Picardie, les Conseils Généraux de l’Aisne et de l’Oise et l’Agence de l’Eau Seine-Normandie.
Contact : ADREE / Chemin du Pont de la Planche - Barenton-Bugny / BP 19 / 02930 LAON Cedex 9 / Tél: 03 23 23 40 77 /
[email protected] / www.naturagora.fr
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 4 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Du côté des régions…
Le Réseau SAGNE : la coopération au service des zones humides
Le Réseau SAGNE est un dispositif d’assistance technique aux gestionnaires de zones humides
très original, né en 2001 en Région Midi-Pyrénées, avec le soutien de l’Agence de l’Eau Adour-
Garonne, la Région Midi-Pyrénées et l’Etat.
Ce dispositif vise à sauvegarder les tourbières de Midi-Pyrénées en s’appuyant sur les principes suivants :
• travailler avec les gestionnaires de sites en les responsabilisant, sans prime à la clé
• apporter un conseil technique précis et adapté aux contraintes des milieux
• développer une approche de coopération avec les gestionnaires, basée sur le volontariat et le partage des
responsabilités.
Le Réseau SAGNE innove encore : un programme d’intérêt public porté par un collectif de citoyens engagés et
responsables
Dispositif expérimental à l’origine porté par une association de protection de la nature, il est en 2007 reconduit au regard
de ses résultats très positifs. Il est désormais porté par une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (S.C.I.C.), Rhizobiòme,
qui réunit dans ses associés à la fois des techniciens de la protection de la nature, des propriétaires et gestionnaires de
sites, des centres de formations, des collectivités publiques, des scientifiques, et des citoyens. Ces différents acteurs ont
des intérêts individuels différents mais un objectif commun : contribuer ensemble à la sauvegarde du patrimoine naturel.
Cette nouvelle structure, unique en France à ce jour, est née de cette histoire de coopération engagée entre techniciens et
gestionnaires dans le Réseau SAGNE, tous bien décidés désormais à porter ensemble le dispositif pour avoir une
représentation politique beaucoup plus légitime.
Rhizobiòme permet enfin aux gestionnaires privés engagés dans une démarche volontaire de développement durable d’être
représentés, de valoriser leurs efforts en faveur des milieux naturels, et d’être reconnus par les institutions publiques en
charge de l’environnement avec lesquelles un dialogue constructif est désormais possible.
La protection du patrimoine naturel est affaire de nombre d’acteurs du monde rural, Rhizobiòme les réunit et leur permet
de coopérer pour une action plus efficace à long terme.
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 5 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Qu’est-ce qu’un pesquier ?
Dans les régions des Monts de Lacaune et de la Montagne Noire, on en recense à ce jour plus de 4000 mais beaucoup
d’entre eux ont disparu suite à l’exode rural (l’entretien et le fonctionnement de ces pesquiers nécessitent de la main
d’œuvre) et à l’arrivée des engrais chimiques azotés.
Autour de ces bassins artificiels se sont développées une faune et une flore typiques des milieux de zones humides. La
restauration de ces pesquiers contribue à l’effort collectif en faveur des zones humides
Céline THOMAS, Rhizobiòme
C'est dans cette optique, afin d'avoir un état des lieux préalable le plus complet possible, que je sollicite les botanistes
ayant rencontré cette plante de me faire remonter l'information avec le maximum de détails, si possible au moins :
localisation, date, habitat, taille de la population.
Contact : Guillaume Fried / Chargé de mission « Plantes envahissantes » / Laboratoire National de la Protection des
Végétaux (LNPV) / Station de Montpellier / SupAgro / Bâtiment 18 / 2 Place Viala / 34060 Montpellier cedex 01 /
fried@supagro. inra.fr
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 6 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
La France des mares
Origine et formation
La région naturelle des Landes de Gascogne est délimitée par l’extension des formations sableuses
qui se sont déposées durant le pléistocène dans la partie centrale du Bassin aquitain. Les Landes de
Gascogne, dont l’altitude reste inférieure à 100 mètres, sont caractérisées par une vaste étendue
sableuse d’une épaisseur moyenne de 2 à 3 mètres, qui présente la particularité d’être naturellement
mal drainée.
Les lagunes résulteraient de l’apparition de lentilles de glace lors de phases climatiques froides. Ce phénomène peut être
mis en parallèle avec les formations actuelles de "pingos" dans le Grand Nord Canadien et le Groenland. La fonte des
lentilles de glace lors des périodes postglaciaires serait l’origine de la formation des Lagunes.
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 7 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Faune et flore :
L’organisation en ceintures de la végétation permet à une grande variété de plantes
de se développer suivant le gradient hydrique. Depuis le centre de la lagune vont se
développer des herbiers aquatiques oligotrophes formés par le Potamot à feuille de
renouée, la Grande utriculaire ou le Nénuphar blanc jusqu'à la Lande humide
dominée par la Molinie et la Bruyère à quatres angles. Entre ces deux formations
végétales une succession de gazons amphibies (de bas niveau topographique à haut
niveau topographique) sont composés de joncs (principalement Juncus bulbosus,
Eleogiton fluitans, Eleocharis multicaulis), du Millepertuis des marais, de l’Ecuelle
d’eau, de la Baldelie fausse renoncule. Les zones de "cicatrisation" permettent le
Lagune © D. SAUTET - PNRLG développement de groupements végétaux remarquables formés par des
Rhyncospores (R. alba et R. fusca), Drosera intermedia et Lycopodiella inundata
(Protection nationale).
L’espèce la plus remarquable et sans doute le Faux cresson de Thore, protégé à
l’échelle nationale et européenne (annexe 2 de la Directive Habitat), que l’on
trouve couramment avec l’Agrostide des chiens. Ce groupement se développe sur
des sols organiques présentant toujours une émersion estivale.
On y trouve également des communautés d’hélophytes (cladiaie à marisque,
roselières, …) et des formations tourbeuses.
Millepertuis des marais © D. SAUTET - PNRLG La faune ayant colonisé ces milieux est tout aussi exceptionnelle.
Si autrefois les lagunes accueillaient le frai des brochets ce n’est plus le cas
aujourd’hui car le drainage généralisé du plateau ne permet plus de connecter les
lagunes au réseau hydrographique à la période des hautes eaux.
On y trouve en revanche de nombreux amphibiens. 10 espèces ont été recensées
parmi lesquelles les Rainettes verte et méridionale, le Triton marbré et parfois le
Crapaud calamite et l’Alyte accoucheur, toutes protégées.
Le Lézard vivipare (qui est ovipare dans les Landes de Gascogne) est le reptile
emblématique des lagunes.
On retrouve également une grande diversité chez les invertébrés (coléoptères
aquatiques, libellules et papillons notamment). On soulignera la présence de trois
espèces de Leucorrhines : la Leucorrhine à gros thorax, la Leucorrhine à Large
Lézard vivipare © D. SAUTET - PNRLG queue et la Leucorrhine à front blanc, toutes protégées en France et inscrites dans
les annexes 2 et/ou 4 de la Directive Habitat. Pour ces espèces du Paléarctique
central, les Landes de Gascogne constituent l'extrême sud-ouest de leur répartition
où l'on trouve de belles populations de ces espèces sur les lagunes. Elles se
développent en général dans les eaux stagnantes acides et oligotrophes souvent
envahies par une végétation à feuilles flottante (Potamogeton sp., Nymphea sp.,
etc.)
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 8 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Menaces et préservation :
Leur petite taille (< 0.1 ha en général), leur
distribution dispersée, la relative discrétion de la
biodiversité, font des lagunes des milieux très
vulnérables dont la richesse biologique passe trop
souvent inaperçue.
Ces soixante dernières années, les activités humaines,
ont fait peser un lourd tribu à ces écosystèmes
d’exception et selon une étude menée en 1995
(GEREA,1996), le taux de disparition des lagunes a été
estimé à 50 % sur 15 ans.
D’une part, le drainage intensif du plateau landais a
provoqué un abaissement généralisé de la nappe
phréatique, les lagunes ont totalement disparu en
contexte agricole (maïsiculture intensive) mais se
maintiennent dans le massif forestier des Landes de
Gascogne lorsque les parcelles sont gérées © D. SAUTET - PNRLG
durablement.
Dans un second plan, des dégradations directes et des méthodes de gestion inadaptées sont le fait de la méconnaissance et
de la non prise en compte de ces milieux particuliers.
Les lagunes constituent un élément fort du patrimoine naturel du Parc des Landes de Gascogne. Que se soit par de
l'acquisition de connaissances, des suivis de leur l'état de conservation, des portés à connaissance, de la sensibilisation, ou
la mise en œuvre de documents d'objectifs Natura 2000, le Parc et ses partenaires s'engagent dans la préservation de ces
écosystèmes remarquables.
Contact : Parc naturel régional des Landes de Gascogne / Mission Patrimoine Naturel / Maison du Parc / 33, route de
Bayonne / 33830 Belin-Béliet / tel : 05.57.71.99.99 / [email protected] / http://www.parc-landes-de-
gascogne.fr
Bibliographie citée :
GEREA, 1996. Parc naturel régional des Landes de Gascogne, Inventaire et diagnostic des lagunes (partie Girondine).
LEGIGAN ph., 1979. L'élaboration de la formation du sable des Landes, dépôt résiduel de l'environnement sédimentaire pliocène-pleistocène centre aquitain.
Thèse de Doctorat d'Etat, Université de Bordeaux I.
MAIZERET C., 2005. Les Landes de Gascogne. Delachaux & Nietlé, Paris.
Création d'une mare pédagogique dans l'Espace Naturel Sensible (ENS) communal de la Rolande (commune
de Le Cheylas – Isère)
Situé dans la vallée du Grésivaudan entre Grenoble et Chambéry, l'espace alluvial de la Rolande est
intégré dans ce qui constituait autrefois le lit majeur de l'Isère. Avant son endiguement, cette zone
était régulièrement inondée. Ces phénomènes laissaient fréquemment le terrain à nu et la
dynamique de la végétation n'était jamais très avancée, formant ainsi un ensemble de milieux
pionniers. Ce site unique de la vallée du Grésivaudan héberge entre autre les dernières populations
de Rainette verte et de Triton crêté de cette vallée. Le Blongios nain et le Petit gravelot qui
fréquentent également les lieux sont des espèces devenues rares sur le territoire isérois. La commune
de Le Cheylas a fait labelliser ce site remarquable de son territoire en tant qu'Espace Naturel
Sensible par le Conseil général de l'Isère qui mène une politique de préservation et de valorisation
pédagogique des sites naturels remarquables du département.
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 9 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Construire une mare ? Oui, mais sous certaines conditions !
Pour que la mare puisse être créée, il a fallu faire une demande en mairie afin que soit vérifié la conformité du projet avec
le Plan d'Occupation des Sols (POS). Sa superficie étant inférieure à 0,1 hectare (350 m²) et le fait qu'elle fonctionne en eau
close implique que le projet n'était pas soumis aux démarches administratives imposées par la "Loi sur l'eau". Il faut noter
qu'en Isère, le règlement sanitaire départemental interdit la construction de mare à moins de 35 m de toute zone
contenant des structures naturelles ou artificielles dont les eaux sont destinées à l'alimentation humaine et à moins de 50
m d'habitations, sauf si c'est celle du propriétaire. La mare pédagogique du Cheylas n'est pas concernée par cette dernière
réglementation.
Enfin, pour l'exécution des travaux, une Déclaration d'Intention de Commencer les Travaux a été adressée à chaque
exploitant de réseaux (EDF, Télécom, SPMR…) pour s'assurer de la possibilité de creuser à l'emplacement retenu sans risque
d'endommager une quelconque canalisation…
Finition et accessibilité
Les alentours de la mare ont été aménagés pour l'accueil d'un large public et pour permettre la réalisation d'animations
auprès des scolaires (voir le plan schématique de la mare).
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 10 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Calendrier de réalisation
Décembre 2006 pour le gros œuvre et
de mars à décembre 2007 pour les
finitions avec le concours d'une
structure d'insertion
intercommunales (Atelier d'Insertion
Professionnelle).
Coût de la réalisation
Environ 41600 € TTC
Guillaume PASQUIER & Anouk MERLIN, Conservatoire des espaces naturels de l'Isère
Alain DARAMY, Mairie de Le Cheylas
Contacts : Conservatoire des espaces naturels de l'Isère / 10 rue Raspail / 38000 Grenoble / Tél. 04 76 48 24 49 / Guillaume
PASQUIER [email protected] / http://avenir.38.free.fr
Alain DARAMY / Mairie de Le Cheylas / [email protected]
La conservation du Triton crêté dans un lycée agricole : l’expérience de Sées (Orne, Basse-Normandie)
La ferme du lycée agricole de Sées, en Basse-Normandie, possède plusieurs mares. Dans l’une de
celle-ci, quelques individus de Triton crêté ont été recensés il y a plusieurs années. De petits
aménagements à vocation pédagogique ont été réalisés sans que cette population soit bien connue.
Un projet mené depuis le début de l’année 2008 permet d’approfondir nos connaissances sur cette
population et de prendre conscience de notre rôle dans la conservation du patrimoine naturel.
La mare bordée de quelques hélophytes dont la Laîche des rives est recouverte à plus de 75% d’hydrophytes où dominent
des Characées et le Potamot fluet. Ce peuplement à Characées des eaux oligo-mésotrophes basiques forme un habitat
d’intérêt communautaire (EUR 3140.1). Aucune étude complète de la faune n’a été réalisée. Les amphibiens qui ont été
jusqu’ici recensés appartiennent au cortège des bocages : Grenouille verte, Triton crêté, Triton alpestre, Triton palmé et
Triton ponctué.
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 11 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Une population de Triton crêté en bon état de conservation
La population de Triton crêté a été particulièrement étudiée au printemps 2008. Deux
classes d’âge peuvent facilement être identifiées : les jeunes nés en 2007, mesurant moins
de 9 cm et les adultes, mesurant plus de 10,5 cm. L’indice d’abondance mesuré à la lampe
torche s’élève en moyenne à 1,2 individu par mètre de berge prospectée. D’importantes
variations de cet indice (de 0,6 à 2,5 individus) s’expliquent par la variation des effectifs au
cours du printemps mais aussi par la turbidité de l’eau (fréquentation, pluie, vent), les
conditions climatiques (température de l’air) et des incidents techniques (lampe torche).
Le nombre d’adultes a été estimé par la méthode de capture-marquage-recapture. Les
individus ont été capturés au filet troubleau lors de six soirées s’étalant du 22 février au 3
mai 2008. Les individus ont été identifiés par photographie de la face ventrale. L’estimation
de la population atteint 300 individus adultes. Le sex-ratio, calculé à partir des estimations
à la lampe torche s’élève de 12 à 15 femelles pour 10 mâles. Des parades nuptiales avec
dépôt de spermatophore, la découverte d’oeufs sous des feuilles de Véronique des ruisseaux,
la capture d’une vingtaine de larves de l’année et de 48 juvéniles permet d’affirmer que le
Triton crêté se reproduit dans la mare du lycée.
Une prospection de 18 mares proches du lycée a été réalisée en mai 2008. Les espèces
suivantes ont été identifiées : Grenouille verte (100% des mares), Triton alpestre (28%),
Face ventrale de Triton crêté – Triton palmé (28%), Rainette arboricole (22%), Triton crêté (22%), Crapaud commun (11%) et
© Renaud JEGAT Triton ponctué (6%). Deux sites de présence du Triton crêté ont été recensés, ils se situent
toutefois à plus de 2 km du lycée.
Les conséquences de ce travail vont bien plus loin que l’intérêt que
nous portons au Triton crêté. Il nous montre qu’une exploitation
agricole moderne, reconnue pour ses résultats économiques peut
contribuer à la conservation d’une population d’espèce protégée.
Deux pistes restent à développer : l’amélioration globale de la
biodiversité sur l’exploitation et la promotion d’un système laitier
herbager favorable aux amphibiens. La création d’un club nature en
2008, la poursuite de l’inventaire des mares de la région de Sées
mené en partenariat avec le Parc naturel régional Normandie-Maine
depuis 2003 et la mise en place d’un sentier d’interprétation sur le Etudiants participant à la reconnaissance individuelle des
lycée devraient y participer. Tritons crêtés – © Renaud JEGAT
Contact : Rénaud Jégat / Responsable du projet, coordonnateur BTSA Gestion des espaces naturels / Lycée agricole de Sées
/ [email protected] / http://pagesperso-orange.fr/triton-crete-sees/topic/index.html
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 12 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Mares d’ailleurs...
Les mares temporaires du Maroc et les changements climatiques
Introduction
Les mares temporaires méditerranéennes, sont des habitats humides caractérisés par
l’alternance de phases inondée et sèche au cours du cycle annuel. Bien que réparties
sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, les mares temporaires sont plus
abondantes dans le bassin occidental, et particulièrement au Maroc où elles sont
développées sur la presque totalité du territoire sous des bioclimats méditerranéens
aride à humide: depuis les plaines atlantiques jusqu’aux hauts plateaux orientaux en
passant par les montagnes du Rif, du Moyen Atlas et du Haut Atlas.
© L. RHAZI
Habitats diversifiés, riches mais vulnérables
Les mares temporaires du Maroc sont considérées comme les plus riches de l’Afrique
du Nord avec des enjeux de conservation importants aussi bien sur le plan floristique
que faunistique. Cette richesse est locale (à l’échelle de la mare), liée aux conditions
écologiques difficiles favorisant des espèces petites à cycle court mais aussi régionale
résultant de leur grande diversité de leurs caractéristiques écologiques telles que la
taille, la profondeur, l’origine, les usages. La richesse exceptionnelle de ces habitats
est actuellement menacée par leur disparition rapide, sous les effets conjugués de
nombreuses perturbations, dont les principales sont l’urbanisation et l’agriculture.
Les changements climatiques accentuent probablement leur vulnérabilité même si les
© L. RHAZI impacts directs restent aujourd’hui difficiles à prédire.
Les sangliers (Sus scrofa Linnaeus, 1758) visitent fréquemment les mares
pour s’y nourrir de racines et de tubercules de plantes aquatiques et
également pour y prendre des bains de boue (fonction thermorégulatrice
et antiparasitaire). Ceci donne l’occasion à des propagules d’invertébrés
(œufs ou autres stades résistants) d’être transportées de mare en mare.
Le potentiel de dispersion endozoochore (le transport via le transit
intestinal) et epizoochore (transport sur le pelage) par les sangliers
camarguais a été étudié par des chercheurs du Laboratoire d’Ecologie
Aquatique et de Biologie Evolutive de l’université de Leuven
(K.U.Leuven, Belgique) en collaboration avec la Station Biologique de la
Tour du Valat en Camargue. Les résultats de cette étude seront publiés
dans Freshwater Biology (Vanschoenwinkel Bram, Aline Waterkeyn, Tim
© A. WATERKEYN
Vandecaetsbeek, Olivier Pineau, Patrick Grillas & Luc Brendonck.
Dispersal of freshwater invertebrates by large terrestrial mammals: a case study with wild boar (Sus scrofa) in
Mediterranean wetlands, in press).
Pour réaliser cette étude, des échantillons de faeces et de boue, provenant d’arbres où les sangliers se frottent pour se
débarrasser de leur boue et de leurs parasites, ont été récoltés sur le domaine de la Tour du Valat. La distance des sites
d’échantillonnage jusqu'au système aquatique (source potentielle) le plus proche a été calculée avec un logiciel SIG. Après
avoir été séchés les échantillons ont été immergés dans des aquariums et incubés au laboratoire de Leuven. Au total, 17
taxons d’invertébrés ont éclos à partir des échantillons de boue et 11 à partir des échantillons de faeces. Ceux-ci
contenaient des rotifères, des cladocères, des copépodes, des ostracodes, des turbellariés, des tardigrades, des bryozoaires
et quelques grands branchiopodes.
Des propagules ont été récoltées jusqu’à 318 m de la source la plus proche. En outre, le nombre d’éclosions et la richesse
d’espèces dans les échantillons diminuent avec la distance de dispersion.
Contact : Aline Waterkeyn / Laboratoire d’Ecologie Aquatique et de Biologie Evolutive / Charles Deberiotstraat 32 / 3000
Leuven (BELGIQUE) / Tél. +32 16 32 39 48 / [email protected] / Site http://bio.kuleuven.be/de/dea/
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 14 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Publications récentes
Tin Ta Mare n° 16
Groupe MARES du Nord – Pas de Calais
Le dernier numéro de Tin Ta Mare, feuille de liaison du groupe MARES Nord – Pas de
Calais est sorti. Au sommaire de ce numéro, un retour sur la plénière du 30 juin avec
la découverte d’une RNR (réserve Naturelle Régionale), l’exemple d’une action de
gestion écologique dans le cadre d’un partenariat cynégétique, un projet « mare »
conduit dans le cadre d’un programme interreg III et enfin le retour sur un inventaire
des mares du bassin versant de l’Yser.
Au sommaire du dernier numéro de Zones humides Infos, un dossier très complet sur l’impact
du réchauffement climatique dans les zones humides.
Cette publication du groupe d’experts « zones humides » est disponible auprès de la SNPN
(Socété Nationale de Protection de la Nature) et sur leur site Internet à l’adresse
http://www.snpn.com/article.php3?id_article=679
Publié par le réseau européen de conservation des mares et étangs (EPCN, European Pond
Conservation Network), ce document propose une stratégie de conservation des mares et
des étangs en Europe mais également en Afrique du Nord. Au travers des connaissances
actualisées sur l’importance des mares et des étangs pour la biodiversité des zones
humides, sur les services écologiques qu’elles rendent et sur leur valeur économique et
sociale, « the pond manifesto » propose une véritable politique de conservation de ces
micro-habitats.
Issu des réflexions entre gestionnaires et chercheurs présents lors des deux premiers
congrès européens de l’EPCN, ce document (disponible pour l’instant seulement en
anglais), se veut être utilisable dans l’ensemble de l’aire considérée. Il est téléchargeable
sur le site de l’EPCN (www.europeanponds.org) et un résumé en français est déjà
disponible (http://campus.hesge.ch/epcn/projects.asp).
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 15 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Agenda
Voici déjà la 5ième édition du Mois des Mares. Depuis 2004, l’ADREE vous propose lors des
Semaines Régionales de l’Environnement du Conseil Régional de Picardie une série de
rendez-vous autour de ces petits plans d’eau. Des associations, collectivités et même
particuliers vous ouvrent leurs portes pour découvrir les mares et leur intérêt pour la
préservation de la biodiversité. Ces structures souhaitent également partager avec vous leur
expérience dans la création ou l’entretien de ces milieux. L’ADREE vous propose donc un
calendrier de sorties diversifiées sur toute la Picardie.
Pour venir à la rencontre des mares, il vous suffit d’enfilez vos bottes, de prévoir des
vêtements de pluie (on ne sait jamais…) et de suivre le guide !
Programme complet sur http://www.naturagora.fr/RECHERCHE/index-
recherche.htm
L’association « les Blongios, la nature en chantiers » organise tout au long de l’année des chantiers nature de bénévoles
pour la restauration et la gestion écologique des sites naturels.
Seul, en couple, entre amis ou en famille, venez participer à une journée ou à un week-end convivial tout en donnant du
temps pour la préservation de la nature.
Les repas, pris en commun, et l’hébergement, en gîte, sont offerts aux participants pour toute la durée du chantier. Seul le
transport jusqu’au lieu du chantier est à la charge des bénévoles. Possibilité de faire un premier chantier journée ou week-
end sans adhérer. Adhésion pour un an 15 € (tarif réduit) / 20 €.
Les chantiers au cours de l’automne 2008 :
• les 13 et 14 septembre septembre à Merlimont (Pas de Calais), Réserve Biologique Domaniale de la Côte d’Opale
(avec l’Office National des Forêts) : restauration de mares, arrachage de plantes invasives
• les 27 et 28 septembre à Vred (Nord), Réserve Naturelle Régionale de la Tourbière de Vred (avec le Pnr Scarpe-
Escaut) : restauration de fossé et curage doux à la baguernette
• les 27 et 28 septembre à Saint-Amand-les-Eaux (Nord), Forêt Domaniale de Wallers-Saint-Amand-Raimes (avec
l’Office National des Forêts) : restauration et aménagement de mare forestière
• les 25 et 26 octobre à Vred (Nord), Réserve Naturelle Régionale de la Tourbière de Vred (avec le Pnr Scarpe-
Escaut) : restauration de fossé et curage doux à la baguernette
La notion d’aménagements durables renvoie à la fois à une logique d’action, et à une prise en compte au long terme
d’équilibres (changeants) entre enjeux environnementaux, sociaux, et économiques. Elle s’exprime donc en appui aux
décisions environnementales, mais aussi aux politiques globales. La thématique de l’eau constitue un enjeu majeur dans le
contexte du changement global. Les politiques publiques européennes, à travers les directives existantes ou futures
(Directive cadre européenne sur l’eau, Directive Eaux Résiduaires, Urbaines, Nitrates, Inondations, Pesticides, REACH,…),
ainsi que les recommandations environnementales des Organisations Mondiales et des traités planétaires, placent la
problématique de l’eau au centre de questions essentielles. Ce colloque, dont la thématique croise fortement les politiques
européennes de recherche en environnement aussi bien que celles de sa gestion opérationnelle, est une contribution à la
structuration européenne des recherches dans le domaine de l’eau et des développements induits. Les sciences de l’eau,
qui intègrent Sciences Biophysiques et Sciences de l’Homme et de la Société, sont au cœur du colloque où elles expriment
leur potentiel d’appui aux politiques d’aménagement durable des territoires, dans une dialectique ressources-usages,
actions préservations et, in fine, eaux-territoires. La thématique du colloque exprime la nécessité d’une forte inter et
pluridisciplinarité qui est une condition de la construction des objets de recherche complexes caractérisant les
questionnements des sciences de l’eau.
Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 16 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France
Appel à données
Appel à données bibliographiques
Vous pouvez donc nous envoyer tout travail relatif aux mares ou aux mouillères (plaquette, rapport d’étude, rapport de
stage, rapport technique, brochure, bulletin, livre…) soit sous forme papier, soit sous forme électronique (document PDF),
soit les deux afin que nous l’intégrions à la base de données. Merci d’essayer (dans la mesure du possible) de nous fournir
une version électronique du document, ceci facilitant grandement sa diffusion dans les réseaux et aux personnes
demandeuses.
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Au fil des mares… n°5 – été 2008 – page 17 – Pôle-relais Mares et Mouillères de France