Université Du Québec Montréal
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UN PROJET DE MICROFINANCE
L'EFFET COMMUNAUTAIRE
MÉMOIRE
PRÉSENTÉ
DE LA MAÎTRJSE EN GÉOGRAPHIE
PAR
CAROLINE LEMA Y
NOVEMBRE 20 Il
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
Service des bibliothèques
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commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier M. Juan-Luis Klein qui m'a encouragée dans ce projet dès
notre première rencontre. Je me suis sentie appuyée tout au long de la démarche et
n'aurais pas pu réussir cet exercice académique sans son aide. Je remercie
également la population de Baguineda-Camp de m'avoir accueillie parmi eux,
plus particulièrement la famille d'Ami Sangare. Des remerciements au groupe de
CCI avec lequel j'ai vécu mes premières expériences maliennes. Merci à ma
famille d'avoir cru en moi et en ces périples africains. Merci à mes proches de
m'avoir épaulée à tout moment et des remerciements particuliers à Richard
Tremblay pour ses encouragements à la persévérance.
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE 1
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE I
CHAPITRE IV
L'Afrique depuis des décennies est le théâtre d'une multitude de projets d'aide
extérieure. Un vaste programme de coopération internationale a été appliqué entre
les institutions de ce continent et celles des États développés. Diverses
organisations participent concrètement à l'amélioration des conditions de vie des
populations africaines en fournissant des fonds pour des projets divers. Les effets
de ces projets sont souvent analysés par les bailleurs de fonds eux-mêmes pour
évaluer la pertinence des sommes octroyées. L'analyse de l'impact de ces projets
pourrait toutefois être approfondie pour inclure les effets directs sur le citoyen.
C'est dans cette optique que la présente recherche veut soulever l'effet
communautaire d'une action de coopération internationale. Nous étudierons le
partenariat entre une organisation non gouvernementale (ONG) canadienne et une
ONG malienne qui a permis à des projets de microcrédit de prendre place dans
une région rurale au Mali. Quatre villages se sont succédés annuellement depuis
2005 pour bénéficier de cette collaboration, laquelle a permis à des femmes
d'amorcer des initiatives devenues économiquement rentables. L'impact de ces
projets au niveau individuel pour les personnes bénéficiaires est évident, mais
qu'en est-il de ses conséquences à long terme au niveau de la communauté entière,
ce qui inclut les gens n'ayant pas participé directement aux projets. On ne peut
ignorer l'échelle locale et la dimension temporelle dans l'analyse des impacts du
microcrédit, étant donné que les projets concernent des communautés
territorialement circonscrites et qu'ils mettent en place des réseaux multisectoriels
à diverses échelles où ces communautés sont amenées à s'insérer. La perception
qu'a la population de ce type de projet est ainsi pertinente à étudier afin de saisir
son intégration dans le milieu. L'analyse de l'effet de ces projets sur la collectivité
locale permettra d'évaluer l'efficacité des outils fournis par la microfinance. De
plus, J'analyse du suivi après la mise en place de ces projets permettra d'évaluer
de façon plus fine la durabilité de leur impact sur le développement de la
communauté locale.
projet de mise en place d'un fonds de roulement de microcrédit pour les femmes.
Afin de valider les retombées de ces projets, nous nous pencherons sur les effets
de ces projets ressentis dans chacun de ces villages.
Nous poursuivons trois objectifs dans cette recherche. En premier lieu, nous
voulons mettre en lumière les résultats qui découlent d'un projet de
développement avec pour outil de développement la microfinance afin de montrer
la pertinence de ce type de projets pour les populations en besoin. En deuxième
lieu, nous chercherons à élargir notre champ d'investigation aux impacts sur
l'ensemble de la communauté dans laquelle s'insère le projet. Ainsi, nous verrons
si ces projets de microfinance dans le contexte bien précis de la région de
Baguineda-Camp amènent du développement à la communauté ou seulement aux
personnes y ayant participé. En troisième lieu, nous chercherons à saisir comment
s'inscrivent les réseaux et la proximité dans la dynamique de microfinance. Les
réseaux qui pourront être dégagés nous permettront de voir les effets des projets
sur la construction de réseaux de consommation susceptibles de rendre durables
les effets de ces projets.
L'hypothèse que nous défendons dans cette recherche est que les réseaux qui sont
créés par l'implantation et la continuité des projets de microfinance engendrent
des processus durables de développement social et économique mais à certaines
conditions. Nous considérons que le contexte de la communauté accueillant les
projets, ainsi que les liens entretenus entre la population et l'institution qui les met
en oeuvre, influencent leur réussite et leur potentiel de développement. Nous
croyons aussi que les outils de mise en place et de suivi des projets sont essentiels
à leur réussite et à leur continuité, maximisant ainsi leur pérennité et par le fait
même les effets sur le développement de la communauté.
L'empowerment des femmes est perceptible entre autres par leur capacité
d'influencer la prise de décisions dans leur famille et dans leur communauté. En
participant au projet de microfinance, elles renforcent leur pouvoir, tant dans le
cadre familial, où elles participent au revenu à partir de leur investissement, que
dans le cadre de la communauté alors qu'elles peuvent investir de l'argent dans
des réponses aux besoins collectifs, tels les services d'éducation et de santé.
2. Quels sont les éléments mis en place par l'institution de la microfinance (IMF)
permettant d'implanter des réseaux pérennisant les projets des participants et
favorisant un développement local durable?
Dans ce chapitre, nous présenterons un bref portrait de la situation qui prévaut sur
le continent africain en mettant en relief la décentralisation politique et les
difficultés de financement du monde agricole. Nous ciblerons par la suite un État
d'Afrique, le Mali, pour présenter la situation des femmes du groupe ethnique
bambara. Les détails de l'évolution du statut de la femme dans ce pays
permettront de bien comprendre les possibilités et les limites des projets de
développement dirigés vers cette population. Pour terminer, il sera question de la
microfinance et de ses impacts. Elle prend place dans différents milieux, offrant
un crédit à faible taux. Avec le difficile développement de l'Afrique, elle prend
tout son sens.
Les pays en développement, qui ont connu des régimes politiques bien particuliers,
colonisations et dictatures, et des crises économiques avec des effets dévastateurs,
sont des milieux où la situation d'extrême pauvreté est une réalité pour la majorité
de la population. En effet, la colonisation ramenait toutes les richesses des pays du
Sud vers le Nord, dans un contexte capitaliste (Amin, 1973). C'était le modèle de
développement qui primait au milieu du XIXe siècle sur fond de début de
révolution industrielle qui encourageait cette façon de faire. Une idée s'était
développée à l'époque, amenée par l'économiste Adam Smith. Pour cet auteur,
« c'est la division du travail, dans le cadre des industries, qui est à l'origine de la
croissance, grâce à la hausse de la productivité» (Brasseu l, 2008 : 41). Cette
division n'est possible qu'en libéralisant les échanges, donc en ouvrant des
frontières aux échanges (Persky, 1989). Dans la même optique, David Ricardo
développe cette idée que si chacun des États produit les biens qui sont les plus
rentables dans leur contexte, une spécialisation se crée par territoire et les
échanges entre ceux-ci permettent la croissance. Il appelle cela les «avantages
comparatifs» (Ricardo, 1970). Ces avantages comparatifs sont intéressants, dans
l'optique où tous y sont gagnants. Toutefois, ce ne fut pas le cas. Les colonies
étaient utilisées pour leurs ressources, principalement les matières premières, mais
n'en retiraient aucun avantage, tout le capital dégagé allant au colonisateur. La
décolonisation n'eut pas l'effet de renverser fondamentalement cette situation.
Ainsi, le contexte de crise qui a caractérisé les années 1970 a suscité la remise en
question de la capacité des États à prendre en charge les besoins de leur
population, et ce, particulièrement dans les pays en développement (Sl6hr et
Taylor, 1981). Les États d'Afrique étaient indépendants depuis peu pour une
7
Lors de la colonisation, les pays affricains étaient utilisés pour leurs ressources.
Les produits agricoles étaient cultivés sur de grandes étendues pour ensuite être
envoyés au Nord aux pays européens. À l'époque, le découpage administratif du
territoire était informel et non défini.
9
Cet extrait présente l'abus territorial qui a pu se produire à cette époque et sa mise
en place. Il nous laisse d'un autre côté entrevoir la présence d'agriculteurs avant la
présence européenne.
Les zones rurales qui font l'objet de subventions en matière de prêts agricoles de
faible montant sont «les zones rurales à production vivrière ou agropastorale»
(CERISE, 1999), en contraste avec «les zones rurales à production de rente» (Ibid)
sur de grandes étendues pour assurer un profit plus important. Quelques
caractéristiques distinguent ces deux zones. Les zones à production vivrière et
agropastorale concernent la majorité de la population de J'Afrique (60%) (Ibid).
Ce sont des territoires qui sont généralement à une distance éloignée de la capitale,
donc par le fait même, qui sont loin des marchés principaux pour les échanges
économiques. Des infrastructures comme l'électricité ou le réseau d'aqueduc sont
bien souvent absentes, le paysage étant composé de villages distancés ayant
quelques centaines d'habitants vivant principalement d'agriculture familiale, donc
avec un pouvoir financier limité. Le manque d'infrastructures scolaires affecte le
niveau de scolarité de la population qui est faible dans ces zones, de même que le
taux d'alphabétisation (Ibid).
10
Même si les populations les plus pauvres de ce continent y vivent, ces zones
méritent une attention particulière et face aux échecs du passé où les efforts de
développement étaient portés vers les productions à haut rendement (Organisation
des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, 2000), il convient de les
considérer pour l'analyse des initiatives de développement local. Pecqueur (2004)
mentionne à cet effet que
Cette rupture peut prendre place dans un cadre de développement par la base,
contrairement à l'idéologie dominante qui préconise un développement du haut
vers le bas.
Les besoins financiers des petits producteurs sont récurrents. Les semences, les
engrais et les pesticides doivent être renouvelés arulUellement. Dans certains cas,
de la main-d'œuvre supplémentaire est nécessaire pour tout récolter. Ces besoins,
qu'on peut qualifier de productifs, puisqu'ils engendrent un produit
potentiellement générateur de profit, sont essentiels à combler puisque, comme le
Il
De plus la transformation doit être considérée dans les coûts. En effet, certains
produits doivent être transformés avant la vente, c'est le cas notamment des
arachides qui doivent être séchées, ou du riz qui nécessite l'utilisation de
machinerie. Cette machinerie peut être achetée. Par contre, le pouvoir financier
des petits producteurs pour ce faire est insuffisant. La location est donc une
solution de rechange, qui s'avère beaucoup plus coûteuse à long terme.
Également, les paysans utilisent une grande partie de leur récolte pour la
consommation (Verheye, 2000). Les récoltes étant limitées par les conditions
climatiques, les interludes entre les récoltes peuvent occasionner des dépenses
pour l'alimentation. Ces besoins sont également à considérer dans les besoins
financiers de ces zones où la saison sèche peut durer cinq à six mois dans le cas
des pays d'Afrique de l'ouest (Devèze, 2008).
Il y a ainsi place à des initiatives à cet effet pour engendrer une valorisation du
labeur des agriculteurs de ces petits espaces. Les projets de développement pour
les faire sortir de la marginalisation existent, nous les verrons un peu plus loin.
Nous nous concentrerons d'abord dans les lignes qui suivent sur un aspect social à
ne pas négliger dans le milieu africain, la place de la femme.
La place des femmes dans les initiatives de développement n'est pas assurée en
Afrique. Dans un système social où la tradition est importante, la femme est un
acteur qui a longtemps été reléguée à des tâches quotidiennes plutôt
12
qu'encouragée à construire son autonomie financière, et ce, non pas par manque
de travail. «Les femmes [africaines] sont responsables de 70 % de la production
vivrière, 50 % du stockage de la nourriture, 100 % du traitement des aliments,
50 % de l'élevage et 60 % de la commercialisation des produits agricoles» (Manuh,
1998). Cette implication fait d'elles des candidates idéales pour les projets de
développement et ce n'est pas le fruit du hasard si elles sont de plus en plus
ciblées par ces initiatives. Les résultats de leur reconnaissance à l'intérieur de la
sphère familiale et communautaire n'en demeurent pas moins lents à se faire
ressentir. Les femmes du groupe ethnique bambara, groupe prédominant du Mali,
seront présentées. Cibler un groupe particulier pour présenter une situation
largement répandue pennettra d'illustrer plus concrètement les réalités d'une
femme africaine de la région que nous étudions.
Dans le système social rural au Mali, la vie des femmes africaines, plus
spécifiquement des femmes du groupe ethnique bambara, est régulée selon des
normes sociales précises. Les tâches des femmes et des hommes sont séparées.
Une grossière division énoncerait que la place de l'homme est dans la sphère
publique, et celle de la femme dans la sphère privée. Toutefois, quelques nuances
s'imposent puisque la femme est tout de même présente dans la sphère publique.
Cet élément permet de confirmer leur potentiel pour le microcrédit puisque gérant
déjà des petits montants, cela facilite leur autonomie financière.
Le rôle des femmes est principalement à la maison. Elles doivent effectuer les
tâches domestiques (Turrittin, 1988). Cela comprend la préparation des repas, la
coupe du bois, le lavage des vêtements, etc. Les Bambaras forment un groupe
ethnique composé d'une majorité d'agriculteurs, les femmes sont également
impliquées dans l'activité agricole, mais dans une agriculture secondaire, n'étant
pas dans le champ familial principal, mais dans le ou les champs secondaires. La
13
vente de produits peut également être effectuée par les femmes, toutefois, elles
sont restreintes dans cette tâche aux produits non transformés (Ibid.), donc des
fruits, légumes ou céréales bruts, mais également à certains produits d'artisanat.
Dans les sociétés du Nord, les vagues de changement de la société dans les années
1960 et 1970 ont amené le rôle de la femme à être questionné et éventuellement à
son émancipation hors de la sphère privée. C'est ainsi que par des nouveaux
courants de pensée émergeants et gagnants en popularité, comme le courant
radical et féministe, les habitudes de vie ont été remises en question. Pendant ce
temps, les pays de l'Afrique ont vécu des situations particulières plutôt complexes
de décolonisation et de dictatures dans un contexte de Guerre froide et n'ont donc
pas été touchés par ces changements.
La capacité d'agir des femmes augmente grâce aux projets qui s'adressent de plus
en plus à elles. On peut ainsi voir des projets réservés aux femmes. Ce type de
changement engendre un pouvoir plus élevé de négociation dans le ménage
(Vonderlack et Schreiner, 2003).
Il y a toutefois encore des limites qui persistent. Affirmer la différence entre les
hommes et les femmes est une chose, mais cela ne permet pas de supprimer les
inégalités. Si les inégalités entre les genres sont présentes sur un territoire, les
projets de développement ne peuvent les éliminer (Vonderlack et Schreiner,
2003), ils peuvent seulement les réduire. Dans le même ordre d'idée, la vision du
rôle de la femme peut avoir été retravai liée dans les textes politiques, mais la
vision des hommes dans la population sera longue à changer, et si les hommes
n'acceptent pas que les femmes s'émancipent économiquement, ce qui est
actuellement le cas au Mali (Koloma, 2007), les projets sont limités. La formule
idéale de projet serait de toujours inc1ure une formation appropriée à la situation
(Becker, 1990), variable d'un endroit à l'autre, afin de sensibiliser aux lacunes
potentielles qui pourraient avoir une incidence sur la réussite des projets à long
15
terme et qui pourraient amener des réflexions sur la place de la femme dans toutes
les sphères. Cet élément additionnel de la mise en place des projets de
développement vient s'ajouter aux visées déjà établies par ces derniers. Nous
pourrons d'ailleurs voir cette tendance également présente dans les projets de
microfinance abordés dans la section qui suit.
1.4 La microfinance
Comme il a été dit plus tôt, l'accès aux services des institutions financières du
système formel pour des prêts en agriculture, surtout pour les petits producteurs
des pays en développement, est fortement limité. L'individu souhaitant y
participer, soit en y déposant ses économies ou en formulant la demande pour un
prêt, doit s'astreindre à des conditions très strictes.
Ce n'est donc pas par hasard que dans ce contexte un système informel de prêt et
d'épargne se soit développé. La tontine, qui est un système de crédit rotatif
expérimenté en Afrique, où, dans un groupe de personnes, une ou plusieurs à la
fois ont la possibilité de demander un prêt. Cette possibilité est accessible aux
autres membres du groupe à tour de rôle. La formule consiste en un regroupement
d'individus désirant investir financièrement dans un projet, mais ne pouvant
emprunter dans une institution formelle pour diverses raisons. Ils se partagent
donc un avoir financier, où tous fournissent un même montant, que chacun utilise
à tour de rôle. Ainsi, la première personne à prendre le total de l'argent a la
pression des autres membres pour rembourser, puisque si elle ne rembourse pas,
les autres ne peuvent en profiter. Selon Essombe Edimo (1997 : 93) la tontine
exprime « la volonté des hommes et des femmes d'être solidaires les uns vis-à-vis
des autres». C'est donc de l'entraide donc il est question ici.
depuis plus d'un siècle. Les premières formes africaines de ce genre de système
ont été connues par des Occidentaux en 1843 au Nigéria (Sharunugam, 1991). En
Asie, c'est vers la fin du 19° siècle, soit en 1887 en Inde et en 1889 en Chine
(Ibid.). Elles peuvent également être observées aujourd'hui sur les continents
Américains et Européens. Bien que des alternatives au prêt bancaire à fort taux
d'intérêt se soient développées et existent à ce jour, les tontines sont encore une
réalité et cohabitent parfois sur un même territoire où une institution de la
microfinance est présente (Jacquier, 1999). Les tontines sont principalement une
source de financement pour des services coûteux qu'une famille ne peut se
permettre, comme des soins de santé ou d'éducation. D'un autre côté, le
microcrédit vient plutôt permettre d'investir afin de rendre une activité
économique viable. La micro-épargne qui pourrait remplacer la tontine
puisqu'elle a des visées semblables, n'est actuellement pas aussi répandue que le
service de crédit, surtout lorsqu'il est question du milieu rural africain. C'est ainsi
nécessaire pour les populations d'épargner autrement avec la tontine.
Toute cette démarche s'inspire fortement du modèle de la tontine. Elle fournit des
petits prêts ainsi qu'un service d'épargne aux moins nantis avec un principe de
groupe solidaire, pour ce qui est du microcrédit, où tous les membres du groupe
n'ont pas accès à un prêt au même moment. Ainsi, tout comme la pression de
remboursement de la tontine, celle de la Grameen Bank assure le remboursement
du montant de chaque individu. La grande distinction avec la technique de la
tontine réside en la formalisation de cette banque. Comme le mentionne l'auteure
Dominique Gentil de l'Institut de recherches et d'applications des méthodes de
développement (IRAM), grâce à cette institution, «[i]l est possible de faire du
crédit à des populations très pauvres, tels les paysans sans terre, ne présentant
aucune garantie recevables par les banques ou d'autres systèmes financiers»
(Gentil, 1996 : 116), c'est donc une innovation importante dont il est question.
Également, jointe aux services financiers, cette banque offre des séances de
sensibilisation aux participants afin de maximiser l'impact du prêt et d'étendre
son action. Ces séances de sensibilisation fournissent également une plus grande
garantie de remboursement. En effet, ce sont les conditions sociales qui pourraient
mettre en péril la réussite de l'activité économique qui sont ciblées et sur
lesquelles la Grameen Bank a décidé de travailler.
19
On ne pourrait également parler microfinance sans aborder les ONG. Elles sont
les piliers de ces actions de développement. Elles ont développé leur pouvoir
21
Précisons que la présence des ONG n'est pas qu'exclusive au Sud. Les ONG
travaillant plus spécifiquement dans le secteur de la microfinance sont impliquées
dans leur propre pays ainsi qu'à l'international. Les auteurs Mark Roesch et Betty
Wampfler qui ont élaboré une typologie afin d'identifier les différentes ONG de la
microfinance distinguent deux types d'ONG dépendamment de leur pays ou
région d'action:
Les ONG du Nord sont impliquées dans cette joute de POUVOIr. Comme le
mentionnent les auteurs Roesch et Wamplfer, «[l]es ONG du Nord plus
généralistes ont une capacité à mobiliser le grand public [... ], maIs
n'interviennent pas directement dans l'élaboration des politiques publiques»
(Ibid.). C'est plutôt par l'intermédiaire du financement de projets au Sud qu'elles
s'impliquent, ayant la capacité d'aller chercher des dons et d'accroître leur
visibilité.
Le but des projets de microfinance est de contrer les causes de la pauvreté (Woller,
Wheeler et Checketts, 1999), il est donc important comme on peut le voir à la
Figure J de se questionner sur le public cible des projets. On peut ainsi vérifier
s'il s'agit vraiment des gens les plus nécessiteux qui bénéficient de ces projets. On
peut donc déjà observer ici une complexification de l'impact puisque l'on doit
comparer le bénéficiaire avec son environnement et vérifier si des persOlmes
vivant dans une plus grande pauvreté auraient pu avoir accès aux services. Pour ce
qui est des thèmes abordés pour mesurer l'impact, ils sont principalement
économiques, mais n'excluent pas le volet social, comme on peut le voir
également à la Figure J. La difficulté qui se pose aux chercheurs dans ce domaine
lorsque l'on aborde les impacts sociaux, c'est la démarche qui nécessite une
méthodologie flexible. La question de l'empowerment des femmes est un thème
social qui a notamment été présenté à quelques reprises dans les recherches (Brau
et Woller, 2004). Au niveau économique, la création d'emploi et l'augmentation
24
INTENSION ET STRUCTURE
Quelle est la mission sociale de l'institution?
A-t-elle des objectifs sociaux établis?
-l
fONCTIONNEMENT INTERNE ET ACTIVITÉS
Quelles activités seront implantées en concordance avec la mission sociale?
Le fonctionnement est-il favorable à l'atteinte des objectifs sociaux?
-l
EXTRANTS
L'institution dessert-elle les pauvres et les plus pauvres?
Les produits et services offerts ont-ils été développés pour combler leurs besoins?
-l
RÉSULTATS
Les clients ont-ils amélioré leurs conditions sociales et économiques?
-l
RÉSULTATS/IMPACTS
Ces améliorations ont-elles été induites par des actions de l'institution?
Des projets vont également plus loin et mettent en pratique des initiatives pour
engendrer un impact pour la conununauté. Nous présentons dans la section
suivante l'expérience de Banco Palmas et ses diverses initiatives de
développement local ayant pour base le microcrédit afin de dégager le type
d'effets positifs pour la communauté et la façon de les évaluer.
27
Depuis ses débuts, elle offre des taux d'intérêt très faibles, de l'ordre de 2 à 3%
pour les prêts. Ces taux permettent aux micro-empnmteurs de maximiser Je profit
de leurs petites entreprises. Toutefois, ces taux d'intérêt ne couvrent pas tous les
frais nécessaires pour fonctiormer (Eckert, 2004). Il s'avère donc nécessaire de
trouver des moyens de financement additiormels avec des partenaires nationaux et
internationaux.
Plusieurs projets ont été lancés par cette banque, ne se limitant pas au microcrédit
conventionnel, mais tentant d'aller plus loin. Elle a créé des programmes de prêts
pour des projets spécifiques, dont la rénovation d'une habitation, ou encore
destinés à l'empowerment des femmes. Les projets sont nombreux et la
population est au rendez-vous. À titre d'exemple, en 2009, Banco Palmas avait
déjà 430 membres actifs pour du microcrédit dans la communauté, ce qui équivaut
à 2000 personnes touchées directement et indirectement (De Melo Neto Segundo,
2009). L'institution a également mis sur pied une ligne de vêtement,
«Palmafashion, la griffe de la favela» (Chao Beroff et Prébois, 2001), une carte de
28
Après un peu plus de dix ans d'existence, le bilan de l'action de cette banque a
montré des résultats encourageants et prometteurs (USS, 2006). On pouvait noter
une augmentation de 40% des commerces sur le territoire de la communauté, une
avancée économique fort encourageante pour ce territoire qui jadis stagnait
économiquement. La création d'emplois est également positive, avec 300 emplois
directs et 600 emplois indirects (Ibid.).
1.4.3.1 Acteurs
Population locale
Le territoire de la favela qui nous intéresse n'ayant pas été préalablement préparé
à l'implantation de nouveaux habitants, aucune infrastructure, ni équipement
n'étaient présents. Les gens prirent ainsi la décision de se regrouper, ce qui aboutit
à la création de l'ASMOCONP en 1981 (Eckert, 2004). Le besoin alimentaire fut
priorisé et des besoins tels que ceux en infrastructures furent mis en veilleuse dans
les années 1980.
Les conditions ne s'améliorant pas à Conjunto Palmeira entre autres pour cette
raison, un séminaire fut organisé afin de discuter de l'avenir. Il s'agit du séminaire
«Habiter l'inhabitable», qui eut lieu en 1991 (Jemio, 2006). Les résultats se
concrétisèrent durant la décennie 1990, de sorte que diverses infrastructures furent
mises en place: eau, électricité et canalisation, L'expérience ayant porté fruit,
mais constatant les manques économiques et sociaux toujours bien présents,
d'autres mobilisations ont été amorcées en 1997. C'est ainsi que Banco Palmas se
présenta comme une solution potentielle à ces manques. AMOSCONP n'est
pourtant pas seule dans cette aventure, bien que porteuse du projet. Elle n'aurait
pas pu agir sans l'appui de plusieurs partenaires.
30
Partenaires
Participants
Dans cet extrait il est question de Neto, pour Joao Joaquim de Melo Neto, qui est
le pilier de Banco Palmas depuis les débuts et son initiateur. Ainsi, la méthode
d'aller parler au voisinage de la personne intéressée à participer à la microfinance,
c'est d'une certaine façon inclure l'informel dans la forme institutionnalisée,
retournant aux bases du microcrédit qui a démarré informellement avec les
tontines comme on l'a vu précédemment.
31
On peut donc voir qu'il est possible de pousser plus loin les impacts d'un projet
de microcrédit. La participation d'une variété d'acteurs dans ce cas particulier est
notable. Banco Palmas a donc réussi à augmenter la consommation locale avec
des incitatifs économiques, ce qui a mené à un intérêt entrepreneurial et un
foisonnement de commerces sur ce territoire. La qualité de vie de la population a
également été affectée avec les prêts d'habitation pour combler plus efficacement
le besoin de se loger convenablement. Nous pouvons dégager du cas de Banco
Palmas que le microcrédit peut avoir un impact significatif sur les communautés
et non seulement sur les individus. Voyons maintenant comment cela serait
possible dans le contexte malien et quelles structures pourraient favoriser
l'implantation de projets de microcrédit porteur de développement local.
reconnaître une IMF en tant que telle. De par ce rôle, elle participe au contrôle de
la qualité des institutions pour éviter que des fraudes surviennent.
Ses craintes se confirment peu à peu aujourd 'hui et une réflexion à ce sujet
s'impose.
Les défis de la microfinance sont donc encadrés par la législation, malgré ses
limites. Les limites ne sont toutefois pas uniques à ce niveau et on peut noter des
failles sur divers plans. L'objectif principal de la microfinance est de permettre à
des gens normalement exclus du système bancaire d'avoir accès au crédit. Une
grande partie de la population africaine fait partie de cette catégorie. Il est alors
fréquemment dit à ce propos qu' «en Afrique Subsaharienne, pour toucher le plus
grand nombre de populations très pauvres, c'est dans ces zones là qu'il convient
de s'implanter» (CERISE, 1999). Comme il a été mentionné un peu plus tôt, le
monde agricole de ce continent connaît de graves problèmes de financement. Pour
renchérir avec le portrait de la microfinance, on peut voir dans le tableau qui suit
(Tableau 1), les crédits qui sont octroyés à des fins agricoles au Mali qui sont de
l'ordre de 49% du volume des crédits totaux des IMF en 1997. On peut ainsi voir
le lien entre le manque de financement et la réponse de la microfinance. Toutefois,
bien que ces zones soient à privilégier par les institutions de la microfinance, elles
ont des caractéristiques qui posent des défis à leur intervention. Ces défis sont
présents sur le territoire malien, tout en représentant la situation de l'ensemble de
la région subsaharienne de l'Afrique.
34
Estimation en % du volume
de crédit global offerts par
les IMF pour des besoins
agricoles
BÉNIN 36
TOGO 10
CÔTE D'IVOIRE 20
SÉNÉGAL 19
MALI 49
NIGER 29
BURKINA 27
TOTAL 27
Source: (Lapenu, 2001)
Les conditions salariales des employés des institutions sont également un défi. En
effet, le collectif Comité d'échange, de réflexion et d'information sur les systèmes
d'épagne-crédit (CERlSE) parle de «salaires élevés dans le contexte d'Afrique de
l'Ouest, comparés aux ratios des mêmes expériences en Asie, dont le modèle
s'inspire» (1999). Afin de réduire les coûts, la solution générale est d'impliquer la
population. Cette soIution est finalement avantageuse puisqu'elle favorise
l'appropriation des projets par les bénéficiaires Leur implication peut prendre
35
Nous venons donc de voir un portrait de la situation. Les manques qui prévalent
dans les pays en développement de ['Afrique, plus spécifiquement en Afrique de
l'ouest et au Mali ont été mis en évidence. Des solutions concrètes et actuelles
viennent par contre jeter une lueur d'espoir; la place des femmes en changement,
les projets de microfinance qui sont de plus en plus valorisés par les instances
internationales et leurs impacts élargis, les projets de microfinance porteurs de
développement local et les structures politiques du Mali. La table est mise pour
aborder plus en profondeur au prochain chapitre les tenants théoriques soutenant
les réflexions qui suivront.
CHAPITRE Il
Dans le présent chapitre, nous présenterons les concepts clés de ['étude afin de
baliser l'analyse. Le concept de développement dans ses nombreux aspects et
celui de réseau dans le contexte du développement local seront définis dans ce
chapitre. La démarche méthodologique à la base de cette recherche sera par la
suite exposée pour bien comprendre la réflexion exposée dans les chapitres
subséquents.
Dans la seconde moitié du 20" siècle, la géographie, de même que les sciences
humaines vivent un bouleversement majeur. En effet, c'est à cette époque que la
méthode inductive est remise en question. Plusieurs innovations viennent changer
la donne et engendrent ce changement. L'apparition des premiers ordinateurs est
38
la fois; elle se manifeste en des points ou pôles de croissance, avec des intensités
variables; elle se répand par divers canaux et avec des effets terminaux variables
pour l'ensemble de l'économie» (Perroux, 1955 : 27). Son analyse se base sur
l'économie régionale. «La politique régionale et d'aménagement peut, selon
Perroux, favoriser ce type de croissance [régionale]» (Lévy et Lussault, 2003 :
708). Ce constat influencera par la suite les planificateurs qui cherchent à créer
des pôles qui concentrent le développement (Klein et Lasserre, 2006).
Le sous-développement
Dans une même optique critique, des auteurs comme Raul Prebish et Samir Amin
ont développé l'approche centre-périphérie (Klein et Lasserre, 2006). Celle-ci
postule que «par le jeu de la libre concurrence, des investisseurs et des prêts
bancaires, les pays développés, au centre du système, sont en mesure d'accumuler
toujours plus de richesse aux dépens des pays qui se «sous-développent» en
périphérie» (Gélinas, 2000). Cette relation structurelle n'est toutefois pas
40
nécessairement permanente, c'est du moins ce qui est avancé «[d]ans les années
1970, [où] Immanuel Wallerstein épaissit et élargit le concept en lui donnant une
ampleur géo-historique, dans l'esprit de Fernand Braudel : les centres et les
périphéries peuvent changer, on peut trouver des intermédiaires (les «semi
périphéries») relativement stables» (Lévy et Lussault, 2003 : 142). Cette structure
n'est donc pas déterministe, elle peut être nuancée.
Un autre thème important est la notion de tiers monde. Inspirée par Alfred Sauvy
en 1952, elle fait son chemin dans les milieux intellectuels. Elle est définie
comme une «[e]xpression désignant l'ensemble des pays sous-développés» par
Yves Lacoste (Lacoste, 2003 : 383), un auteur qui reprendra ce terme maintes
fois, mais qui n'hésite pas à le nuancer. Le débat est ouvert dans les années 1980
sur le bien fondé de cette définition englobante de ces États dont les conditions de
vie sont mauvaises. Ce sont les tiers-mondistes et les anti-tiers-mondistes qui
s'affrontent. Lacoste, géographe fondateur de la revue de géographie et de
géopolitique Hérodote, se faisait le défenseur du tiers-mondisme, sans toutefois se
priver d'une perspective critique à l'égard de certains tiers-mondistes. Son
argumentation concernant l'importance de la reconnaissance du mouvement tiers
mondiste se base essentiellement sur un appel à augmenter l'aide considérée
comme fortement nécessaire sur l'ensemble du territoire représenté par le tiers
monde, malgré la diversité des trajectoires des États qui le constituent (Lacoste,
1985 : 144).
Le développement local
Le contexte de crise qui affecta les années 1970 remit en question les pouvoirs des
États à prendre en charge les besoins de leur population, plus particulièrement
dans les pays en développement. La décentralisation du pouvoir, insérée ou non
dans un cadre législatif, engendra une multitude d'actions locales. À la lumière de
ces prises en charge, le milieu dans lequel s'insèrent ces actions est essentiel à
comprendre. C'est du moins ce que dit la théorie des milieux novateurs. Cette
théorie postule que «le territoire n'est plus un simple contenant où viennent
s'inscrire les mécanismes économiques, mais plutôt un facteur participant à leur
mode d'organisation et à leur dynamique» (Vachon et Lemieux, 1996). Ses
concepteurs, P. Aydalot et D. Maillat, du Groupe de recherche européen sur les
milieux innovateurs (GREMI), viennent ainsi intégrer «le potentiel innovateur
régional et le concept de développement local, [qui] donnera ensuite à la région sa
spécificité dans la croissance économique» (Bailly, 1994). Ce thème sera repris
par un collègue du GREMI, Camagni, qui définit que «la relation «milieu» maille
l'entreprise à son, .environnement proche» (Stühr, 2003) tout en y ajoutant «que les
42
2.1.2Les réseaux
Les réseaux font partie intégrante du quotidien. Ils sont formés par des
interconnexions et des nœuds. La formation de réseaux est inévitable pour tout
individu vivant en communauté, la vie de groupe nécessitant des échanges
relationnels de toutes sortes pour son bon fonctionnement. Les réseaux en général
44
Il s'agit donc d'une mesure qui s'avère essentielle à mettre en lumière dans le
contexte qui nous intéresse.
2. Quels sont les éléments mis en place par l'IMF permettant d'implanter des
réseaux pérennisant les projets des participants et favorisant un développement
local durable?
Notre recherche pose l'hypothèse que les réseaux qui sont créés par l'implantation
et la continuité des projets de microfinance engendrent du développement social
et économique. De plus, nous considérons que le contexte de la communauté
accueillant le projet, ainsi que les liens entretenus entre la population et
l'institution implantant le projet influencent la réussite non seulement du projet,
mais du potentiel de développement.
Nous présenterons dans les lignes qui suivent l'approche méthodologique choisie
pour notre recherche, les raisons nous ayant menée au choix de notre terrain
d'étude, et, finalement, la méthode de collecte des données que nous analyserons.
Il a été important pour atteindre nos objectifs de sélectionner un projet ayant déjà
eu lieu. Nous avons choisi un projet qui a déjà été amené à terme dans trois
villages et qui, au moment de notre recherche, était mené dans un quatrième
village. Ce choix a permis d'ajouter un aspect participatif à notre démarche. Le
terrain choisi pour illustrer l'impact du microcrédit sur le développement se situe
en Afrique de l'ouest à quelques kilomètres de Bamako, capitale du Mali. Pays
48
La collecte de données, d'une durée de trois mois, s'est effectuée dans les quatre
villages dont il a été question ci-dessus, Soundougouba, Tiema, Massaconi et
Farakan, situés dans la région de Baguineda-Camp. Elle a eu lieu entre février et
mars 2009.
Pour obtenir l'information nécessaire à notre recherche nous avons d'abord réalisé
des rencontres collectives dans chaque village étudié avec des femmes qui avaient
une expérience de participation dans le projet de microcrédit. Les entretiens ont eu
lieu à l'aide d'un guide d'entretien (voir Annexe A).
La maîtrise des expressions de base dans la langue locale a facilité l'approche des
femmes, de même que le passage dans les années passées de groupes de stagiaires
québécois dans chacune de ces communautés. Le traducteur fut également un
élément clé de l'ouverture de la population. Natif de la région, il avait été
impliqué dans la mise en place du projet dans son village en 2005, de même
qu'acteur de premier plan dans le projet prenant place en 2006. Il est également
actif sous plusieurs plans dans les regroupements citoyens depuis de nombreuses
années, notamment dans les associations de production agricole et l'association
des femmes de Baguineda-Camp.
Pour le village de Farakan, la mobilisation fut plus simple, les femmes ayant
préalablement connu ]'auteure l'été précédent et du fait qu'elle résidait dans ce
village au moment de la recherche. Dans ce village, la rencontre a eu lieu un jeudi,
un moment que les femmes associaient aux formations en microcrédit puisque
49
c'est le moment qui avait été utilisé lors de la mise en œuvre du projet. Un peu
plus d'une trentaine de femmes se sont présentées pour discuter et répondre aux
questions.
Pour les trois autres villages, des entrevues exploratoires étaient nécessaires, sous
forme de visites de courtoisie, pour informer les responsables du village, préparer
les rencontres et pour sélectionner le meilleur moment pour les tenir. Le chef des
villages ont également été rencontrés pour connaître leur vision des choses et
avoir leur appui. Les vendredis matins se sont avérés le moment approprié. Une
vingtaine de femmes furent ainsi interrogées dans chacun de ces trois villages. Ce
furent principalement les vieilles femmes influentes qui se présentèrent. Selon
l'agent de terrain et les observations passées, même si plus de jeunes femmes
avaient été présentes, par hiérarchie, elles ne se seraient pas exprimées.
Des discussions seule à seule avec des femmes tenues entre janvier et avril 2009
ont également permis de recueillir des informations qui n'avaient pas été obtenues
dans les rencontres collectives. Ce type de collecte de données est plus intime et
amène une plus grande ouverture de la part des femmes, qui se confient en toute
liberté. Il est également pertinent de noter que ces échanges n'ont pu avoir lieu
qu'à la suite de la maîtrise plus fine de la langue locale par l'auteure. En effet, ils
se sont déroulés sans l'aide du traducteur.
Il est à noter que des événements ont aidé à valider des informations obtenues lors
des rencontres collectives et des entretiens individuels. Nous avons pu assister au
remboursement des prêts dans un village qui a eu lieu en mars 2009, nous
permettant d'observer concrètement son déroulement. Un autre évènement auquel
nous avons pu assister a été la journée où l'agente en charge de la coordination
des projets de l'ONG canadienne est venue s'assurer du bon déroulement des
actions financées, lors de sa visite annuelle en mars 2009. Elle a questionné les
participantes de tous les villages pour connaître leur degré de satisfaction afin de
s'assurer de l'atteinte des objectifs.
50
Notons que, pendant la collecte de données, nous avons eu à faire face à plusieurs
imprévus. En Afrique, il est fréquent que des événements inscrits dans la vie
quotidienne surgissent sans prévenir, ce qui provoque l'annulation d'une
rencontre par exemple. Ce fût le cas à quelques reprises dans le cadre de cette
recherche. Le problème du transport a également été un facteur d'annulation de
rencontres.
Nous avons utilisé plusieurs guides d'entretien. Les questions incluses dans ces
guides ont été inspirées par les questions clés soulevées pour l'étude d'impacts du
Fonds d'équipement des Nations Unies (Figure 2). Ces questions nous suggèrent
qu'il est possible d'élaborer une démarche de recherche d'impacts sociaux et non
pas seulement économiques.
51
Domaine d'impact 1 y a-t-il eu des changements positifs dans la vie des Individus et des
Réduction de la communautés en termes, en autres, de réduction de la pauvreté et
pauvreté d'émancipation grâce à l'accés amélioré aux services financiers
résultant des interventions appuyées par le FENU ?
Domaine d'impact 2 Les IMF offrent-elles des services à des clients pauvres sur une base
Pérennité pérenne? Quelle preuve existe-t-il que l'appui du FENU aux IMF les a
institutionnelle renforcées et les a pérennisées?
Les questions ont également été fortement influencées par l'outil d'évaluation de
performance sociale élaboré par le Comité d'échanges, de réflexions et
d'information sur les systèmes d'épargne-crédit (CERISE) (Figure 3).
52
Ciblage géographique
Responsabilité sociale ~ __
communauté Ciblage individuel
Responsabilité sociale
Ciblage méthodologique
clients 1
/
Construction du capital
Qualité des services
social
Sources: (Comité d'échanges de rénexion et d'information sur les systèmes d'épargne-crédit, 2005)
Les éléments théoriques issus de la recherche documentaire qui ont été présentés
jusqu'à maintenant permettront de valider les informations recueillies et de les
associer à une démarche scientifique. Pour ce qui est de la présentation des
résultats, nous présenterons d'abord au prochain chapitre un portrait des
communautés à l'étude. Cette mise en contexte nous permettra d'effectuer un
constat du besoin de développement dans un premier temps et de dégager leur
expérience en matière de projets de développement dans un deuxième temps.
Nous nous pencherons par la suite sur les projets dans les communautés, en
présentant leurs différentes composantes et les impacts engendrés. Par la suite,
nous ferons ressortir de cette description les réponses à nos questions de recherche
à travers l'analyse des informations recueillies.
CHAPITRE III
À cet escient, nous exposerons les différentes dimensions qui caractérisent le Mali
en général et sa région qui nous intéresse en particulier. La présentation des
projets de développement et du noyau communautaire de la région de Baguineda
Camp nous permettra par la suite de bien comprendre les difficultés que l'on tente
d'atténuer avec des solutions concrètes et la nécessité de poursuivre dans cet élan
de coopération. La table sera ainsi mise afin d'expliquer sous toutes ses facettes le
projet de Femmes et microcédit. Puis nous terminerons ce chapitre avec des
conclusions qui peuvent être tirées des impacts du projet sur le développement.
55
Au Mali, il est estimé que près de 70% de la population vit en milieu l1lral
(Economist intelligence unit, 2008). Cette même proportion vit de l'agriculture,
de l'élevage et de la pêche. En effet, «[IJe secteur agricole participe à hauteur de
45 % à la formation du PIB, contribue pour près de 75 % aux recettes
d'exportation et assure des revenus à près de 80 % de la population»
(Département de l'agriculture et de développement rural, 2005), il s'agit donc
d'un secteur non négligeable. C'est ainsi que la majorité de la population travaille
la terre et c'est principalement d'une agriculture sur de petites superficies dont il
est question, les agriculteurs ayant des moyens techniques peu mécanisés pour la
culture.
Le principal noyau urbain du pays qui nous intéresse est la capitale, Bamako. Elle
«concentre entre 60 et 75 % des industries nationales et contribue à hauteur de
86,3 % à la valeur ajoutée du Mali» (Partenariat pour le développement municipal,
2004). Bamako n'est pourtant pas la seule ville, il y en a d'autres, mais de taille
beaucoup plus modeste. À titre de comparaison, la deuxième ville la plus
populeuse, Sikasso, avait une population de 225 753 habitants en 2009 contre les
1 809 106 habitants de Bamako (Institut national de la statistique Mali, 2009). La
décentralisation est jeune au pays, le Mali sortant d'un long régime de dictature au
56
début des années 1990. Ainsi, ce que ce passage de dictature à démocratie peut
entraîner concrètement sur le terrain c'est une décentralisation du pouvoir du
centre vers la périphérie. Pour ce qui est de la gestion territoriale, la division
communale malienne a connu un changement important dans les dernières années.
En 1999, le Mali a modifié son nombre de communes, passant de 19 uniquement
urbaines à 703 communes qui s'étendent sur tout le territoire du pays (Association
des municipalités du Mali, 2006). Cette réforme administrative a permis la
présence d'élus à une échelle plus accessible pour la population rurale, les
communes étant administrées par des conseillers élus et un maire nommé parmi
ces conseillers à la suite des élections.
Le paysage physique quant à lui est caractérisé principalement par une végétation
de type savane avec quelques forêts, dont des forêts protégées par l'État. Les
forêts protégées sont une ressource utilisée par l'ensemble de la population. Elle
l'est principalement pour la préparation des repas qui se fait à l'aide de charbon de
bois (Economist intelligence unit, 2008), l'électricité ne desservant qu'une petite
partie de la population. On peut noter une coupure entre le Nord et le Sud du Mali.
L'utilisation du sol est différente, le Sud connaissant des conditions plus
favorables à l'agriculture que le Nord désertique. Dans la région de la capitale et
aux alentours, ce que l'on considérera ici comme le Sud, les conditions
climatiques ainsi que la proximité des cours d'eau permettent deux récoltes
principales. Il y a l'hivernage, qui est une période qui s'étend de juin à septembre,
57
et la contre-saison, qui dure des mois de janvier à avril. Les deux saisons sont
propices à la culture, toutefois, des conditions défavorables surviennent à
l'occasion, de sorte que les récoltes sont soumises aux aléas climatiques et
humains.
Les villages à l'étude sont situés dans la partie sud du pays, dans la région de
Koulikoro, une des huit régions du Mali. Cette région compte sept cercles:
Kangaba, Kati, Kolokani, Nara, Banamba, Koulikoro et Diolla. Son territoire
enclave la capitale, mais cette dernière est considérée une entité distincte
administrativement, nommée le district de Bamako. La région de Koulikoro
compte 2418 305 habitants (Institut national de la statistique Mali, 2009). Fidèle
au portrait général du pays, sa population vit à majorité de l'agriculture. Le fleuve
Niger ainsi qu'un canal d'irrigation traversent le territoire de Koulikoro, qUI
représentent les deux sources hydriques importantes de ce territoire.
La commune qui est le théâtre des expériences qui nous intéressent est celle de
Baguineda-Camp. Elle s'insère dans le cercle de Kati, où l'on dénombre une
population de 948 128 résidents (Ibid.). Elle est la première commune à l'est de
celles de la ville de Bamako. Baguineda-Camp, situé à une trentaine de kilomètres
de la capitale, a une superficie de 3000 ha (Département de l'agriculture et de
développement rural, 2005). La conunune a une population de 58 661 en 2009
(Institut national de la statistique Mali, 2009), le tout réparti dans 32 villages. Son
village principal, Baguineda, compte 6000 habitants (Association Kolomba-Mali,
2007).
La commune est délimitée par le fleuve Niger et est traversée par le canal
d'irrigation mentionné ci-haut. Le fleuve regorge de ressources pour les
communautés vivant à ses abords. La pêche est l'activité de la majorité des
riverains. Il y a d'ailleurs sur le territoire de Baguineda-Camp une coopérative de
pêcheurs et deux organisations affiliées à cette occupation. Le fleuve est
également utilisé, dans une moindre mesure, pour l'activité économique
58
d'extraction du sable. Les locaux sont impliqués dans ce travail, mais les
gestionnaires sont d'origines diverses, principalement de la capitale, détenant les
moyens financiers de défrayer les coûts de transport de la matière extraite. Le
canal d'irrigation, long de 37 kilomètres (Département de l'agriculture et de
développement rural, 2005), est également riche en poissons. Son utilité
principale est toutefois de pennettre le lien entre les puits et les réseaux de
canalisations locaux des villages qui bordent ce cours d'eau. À l'aide de cette
ressource hydrique, les populations peuvent cultiver divers produits. Le canal a
également une utilisation communautaire non officielle, d'abord par les femmes
qui y lavent les vêtements en groupe et ensuite par les enfants qui s'y retrouvent
en masse pour s'y baigner.
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La formation de ces entités villageoises à cet endroit est récente. Leur histoire est
liée à la mise en place du canal d'irrigation, laquelle s'inscrit dans un effort de
mise en valeur des territoires maliens au début du 20 e siècle. C'est ainsi qu'en
1926 le canal est achevé par l'autorité coloniale française de l'époque
(Département de l'agriculture et de développement rural, 2005) par l'entremise
d'un organe nommé ['Office du Niger. L'Office du Niger, largement critiqué à
60
l'époque, avait pour objectif de mettre en valeur les territoires le long du fleuve
Niger partout sur le territoire malien (Djibril ; Dejou, 1997). Le canal sur le
territoire de la commune de Baguineda-Camp fût mis en place pour amener des
travailleurs sur ce territoire afin de cultiver ses terres.
coloniale française] avait pas paru excessif que les colons ainsi stabilisés puissent,
en dehors des sociétés de prévoyance fonctionnant dans les Cercles administratifs,
se regrouper en associations professionnelles, voire en fédération de ces
associations pour l'amélioration de leurs exploitations et la défense de leurs
intérêts» (Belime, 1955 : 37). Le mode associatif est donc ancré dans les mœurs
de cette population.
Toutefois, malgré cette proximité, le milieu rural est loin d'être desservi de
manière adéquate par des services essentiels. L'électricité, outre pour quelques
privilégiés qui sont situés aux abords de la route principale, est quasi-inexistante
sur le territoire de la commune et, lorsqu'elle est disponible, les tarifs sont élevés
et financièrement inaccessibles pour une majorité (Economist intelligence unit,
2008). L'eau courante n'est pas disponible, de même que le service des eaux
usées. Les écoles ne suffisent plus à la demande. On estime à 53 le ratio d'élèves
par enseignants sur le territoire de la commune (Projet de mobilisation des
initiatives en matière de sécurité alimentaire au Mali, 2008), estimation qui exclut
les nombreux enfants n'allant pas à l'école. Les cliniques de santé sont également
62
loin d'être accessibles pour une grande partie de la population de par leur
éloignement. Il y a seulement deux services de santé principaux sur les 3000 ha de
Baguineda-Camp. Les transports en commun offrent un service plusieurs fois par
jour, mais ce service est trop coûteux pour les populations villageoises qui se
déplacent plutôt en charrette tirée par un ou deux ânes ou encore à pied. De plus, à
propos de la vente des produits, lorsque les femmes ne font pas elles-mêmes la
vente, elles sont soumises à des intermédiaires qui empochent une somme
importante (Association Kolomba-Mali, 2007). Cela réduit donc le profit possible
pour elles. On dénote également une difficulté pour les femmes de liquider tous
les produits maraîchers (Dia, 2009). En effet, on y produit beaucoup de fruits et
légumes, mais Je pouvoir d'achat de la population n'est pas suffisant pour les
écouler.
3.1.3.1.1 Tanima2000
Organisme sans but lucratif qui a vu le jour en 1993, Tanima 2000 emprunte son
nom à un village de la conunune de Baguineda-Camp où un de leurs projets a pris
place en 2000. L'objecüf principal de cette association est de «promouvoir des
pratiques de développement durable au Mali» (Tanima 2000, 2008) avec des
projets liés à l'éducation, à la santé, à l'économie et à l'environnement. Les
actions de cet organisme ont été amorcées à la suite d'une évaluation de la
pauvreté existante en milieu rural malien (Tanima 2000, 2008). Les acteurs
principaux sont les fondateurs, dont l'actuelle présidente, Fanny Bréchard, les
chargés de projet venus de France pour agir sur le territoire malien, les animateurs
de projet originaires de la commune malienne dans laquelle prennent place les
projets, ainsi que les bénéficiaires qui sont amenés à s'approprier les projets par le
biais de responsabilités diverses.
Le projet qui nous intéresse plus particulièrement est le projet AKADI. Son
objectif principal est de fournir des séchoirs solaires pour la transformation des
fruits et légumes cultivés dans la commune. Les séchoirs permettent de
transformer entre autres l'oignon et la mangue. Les femmes reçoivent les
semences et l'engrais pour cultiver, qu'elles ont sous condition de remboursement
à la fin de la saison à un faible taux d'intérêt. Elles font la récolte et se sont
organisées entre elles pour mandater certaines participantes pour l'étape du
séchage. Cette étape consiste à découper les produits, les mettre dans les séchoirs
et les ramasser lorsqu'ils sont prêts. Rien ne se fait de façon isolée; les fenunes
sont toujours en groupe à effectuer les tâches, ce qui est l'occasion d'échanger sur
les modalités de fonctionnement et les réajustements possibles s'il y a des
problèmes. Il y a ensuite J'ensachement qui est fait à Bamako et la vente dans les
différents marchés de la capitale. Les femmes, lorsque la situation le permet, font
64
Ces deux volets complémentaires sont intéressants pour l' empowerment des
femmes puisqu'ils améliorent différentes capacités qui seront applicables non
seulement dans le cadre de ce projet, mais pour l'avenir dans toutes les sphères de
leur vie. Les tontines consistent à réunir hebdomadairement les femmes et à
procéder à la mise en commun de sommes d'argent distribuées à une ou des
bénéficiaires chaque semaine comme il a été expliqué précédemment concernant
le fonctionnement d'une tontine. Le déroulement de la tontine, tel qu'observé
dans le village de Farakan, débute par l'échange monétaire et est suivi d'un
moment festif de danse et de chant où les femmes peuvent également échanger
informellement sur divers sujets pendant ce temps.
Pour ce qui est de J'alphabétisation, pour chacun des villages, il a été construit un
centre pour qu'aient lieu les cours, mais également pour qu'il soit utilisé pour
diverses réunions ainsi que pour conserver les séchoirs à l'abri des intempéries
durant la période où ils ne sont pas utilisés. L'alphabétisation des femmes est une
nécessité au Mali considérant l'écart existant entre le taux d'alphabétisation des
femmes et celui des hommes (12,1 % pour les femmes et 48,3% pour les hommes)
(United Nations Development Program, 1998). Comme le mentionne le rapport
d'évaluation d'une tierce partie,
nous donne», «on n'a plus besoin de quelqu'un d'autre pour écrire»
(Auteur inconnu, 2006)
Mais, l'insécurité alimentaire perdure. Jusqu'à maintenant, la preuve n'a pas été
faite que les produits séchés sont consommés par les familles participantes; on
constate plutôt que les femmes semblent plutôt vouloir en faire la vente. De plus,
les produits séchés sont soumis à la concurrence de produits frais provenant
d'autres régions dont le coût est moindre (Ibid.). Pour ce qui est des tontines, les
fonds sont d'une faible importance. Ils ne permettent pas un investissement à long
terme, mais plutôt à répondre à un besoin immédiat. Du côté de l'alphabétisation
des femmes, elle est porteuse d'améliorations, mais il est à noter qu'elle se fait en
langue bambara seulement. Le bambara, bien que langue principale du pays avec
le français, ne donne pas accès à la vente aux étrangers, ceux-ci étant
presqu'exclusivement francophones. Sans compter à travers toutes ces limites que
le travail des femmes peut faire face à des facteurs conjoncturels hors du contrôle,
comme par exemple les travaux dans le canal d'irrigation en 2009 qui ont tari les
puits utilisés pour l'agriculture, donc qui ont eu un impact négatif sur les récoltes
de la saison d'hivernage (Dia, 2009).
3.1.3.1.2 AADeC
La décentralisation du Mali est jeune comme on l'a dit un peu plus tôt avec
l'exemple de la division communale. Ce processus est également long et difficile
à s'étendre à la population, le manque de moyens de diffusion fiables étant une
grande lacune dans un pays manquant de ressources en général. C'est à partir de
ce constat qu'est née en 1991 l'Association d'appui à l'auto développement
communautaire. Cette ONG a pour mission de «[p]romouvoir l'auto
développement des couches défavorisées (collectivités, communautés rurales et
urbaines du Mali) par l'appui à leurs initiatives» (Association d'appui à l'auto
développement communautaire, 2006). Bien que basés à la capitale, ses chargés
de projet se déplacent à travers le pays. C'est ainsi qu'elle a effectué divers projets
66
Au-delà des projets d'ONG dirigés par des gens de l'extérieur de Baguineda
Camp, de nombreuses associations se côtoient sur cette commune. Il y a d'abord
des associations villageoises pour chacun des villages. Elles sont constituées de
différents membres dont le président et le trésorier. Son mandat consiste à trouver
des sources de financement pour divers besoins, principalement pour les intrants
de la culture rizicole. L'achat en grande quantité de ce genre de produits étant très
avantageux pour la réduction des coûts. Se côtoient également indépendamment
de cette structure, des associations de différentes activités économiques. Les
pêcheurs et les producteurs de riz en sont des exemples. Ce type de regroupement
permet à des producteurs de faire pression sur les instances politiques
communales pour que leurs besoins soient entendus.
Il y a également des divisions par genre. En effet, les hommes ont l'exclusivité
des pouvoirs politiques villageois, cette entité politique étant constituée d'un chef
de village et de ses conseillers. Afin de trouver une voie commune leur permettant
de participer à la prise de décisions, les femmes se sont donc regroupées. Elles ont
67
formé une association par village, pas encore toutes reconnues formellement, et
ces groupements ont des représentantes qui se rencontrent périodiquement pour
échanger avec les femmes des autres villages de la commune. Elles sont
aujourd'hui prises en compte dans les projets de développement du pays. Par
exemple, dans le renforcement des capacités du canal, dans le rapport d'évaluation
définissant les divers éléments à tenir en compte pour le projet, il est mention des
femmes à plusieurs reprises (Département de l'agriculture et de développement
rural, 2005). Ce pas en avant est important, mais il n'est qu'une bribe
d'amélioration. Peu d'entre elles sont scolarisées et elles doivent faire appel à des
hommes pour bien les encadrer et les amener à comprendre toutes les procédures à
mettre en place et toutes les ressources qu'elles pourraient mobiliser.
Les sonunes pour cette politique furent dégagées pour la production de 2008/2009.
Ayant pour mission de diminuer les coûts de l'alimentation (Primature - Cabinet
du Premier Ministre, 2008), elle fournit des sommes pour la distribution d'engrais,
de semences, d'équipements et d'appui conseil.
Une particularité à noter pour l'Initiative riz de Baguineda par rapport à celles
existant sur le reste du territoire malien, c'est la mise sur pied d'une structure de
réflexion composée de paysans. La Cellule d'Initiative riz se veut ainsi être le
porte-voix des réalités spécifiques sur le terrain qui ne peuvent être mieux
connues que par la population même. Elles sont donc quatre personnes qui ont
pour tâche de définir le calendrier agricole pour que la livraison des différents
intrants concorde avec les besoins (Camara, 2008). Elles déterminent également
les capacités de production du territoire afin d'atteindre le plus adéquatement
possible les résultats escomptés.
Lancé dans la même lignée que l'Initiative riz, financé en grande partie par la
Banque africaine de développement et dans une moindre mesure par le
gouvernement malien, le projet d'intensification du canal vise également à
optimiser la production agricole du secteur. La mise en œuvre était prévue pour
69
2007, mais n'a finalement débuté qu'à la fin de l'année 2008. Le retard de ces
travaux majeurs a été attribué à la compagnie, Gold 2000, en charge de la mise en
œuvre d'une partie des travaux. Elle a, en effet, accusé plusieurs délais dans
l'exécution, et il a été révélé qu'elle ne disposait pas des équipements qu'elle avait
prétendu détenir lorsqu'elle a déposé sa candidature pour ce projet (Coulibaly,
2009).
3.2.1 Kilabo
C'est par l'initiative de deux jeunes maliens voulant mettre des efforts en œuvre
pour le milieu rural de leur pays que l'ONG Kilabo a été fondée. Ils œuvrent avec
leur équipe au développement des communautés rurales depuis 1984. Ils ont su
70
La mission officielle qui chapeaute toutes les actions de Kilabo est de «contribuer
à l'émergence d'une société civile forte à travers la mise en œuvre d'actions
participatives de développement» (Kaya, Traore et Aune, 2005). L'organisation
intervient dans les zones de Kouliroko, Sikasso et Ségou, et ce, dans une
multitude de domaines dont l'agriculture, la promotion féminine et le
renforcement organisationnel (Kodio, 2006). Ayant sa base à Bamako, elle se
compose d'une équipe comptant des agents de terrain mobiles un peu partout sur
le territoire national et des gens servant à son bon fonctionnement administratif
travaillant presque exclusivement dans la capitale.
de maraîchage pour les femmes lorsqu'elle leur fût présentée par l'organisation
Kilabo. De plus, ayant déjà consolidé des projets du genre dans une autre région
du Mali, soit Diolla de 2001 à 2004, cette ONG n'en était pas à ses débuts dans le
domaine du microcrédit. Elle avait également une bonne relation de confiance
avec les populations de la région de Baguineda-Camp, travaillant avec elles à
l'amélioration de leurs conditions de vie depuis plus de vingt ans.
Un projet qui peut être considéré comme une prémisse à celui qui nous intéresse
est l'introduction d'une fédération villageoise entre les communautés dans ce
secteur. Travaillant dans le sens d'une décentralisation politique à l'échelle
régionale, ce projet consiste à «aider les communautés à créer une structure inter
villageoise appelée à prendre en charge tous les aspects du développement du
terroir ou de la commune» (Kaya, Traore et Aune, 2005 19). Un projet qui donne
lieu à des réunions périodiques consiste en le prêt d'un montant à chacun des
villages participants, prêt qui doit être remboursé dans une période déterminée. Ce
fonds permet l'investissement dans des éléments de la vie quotidienne de ce
milieu rural, tel que l'achat d'intrants agricoles. Le moment du remboursement est
également une occasion d'échanges sur les différentes réalités que vivent les
multiples communautés sur le territoire de la commune.
C'est en 2001 dans [a commune de Diola que prend place la première édition de
Femmes et microcrédit. Il s'agit du premier d'un projet triennal qui devait
permettre à trois communautés d'en bénéficier à tour de rôle, année après année.
Les projets sont prometteurs, ce qui amène bailleurs de fonds et artisans sur le
terrain à poursuivre l'aventure dans la commune de Baguineda-Camp, nous
sommes alors en 2005. Il est prévu d'effectuer un projet triennal dans trois
villages de la commune, mais la réception dans ce secteur est telle qu'un
quatrième village est ajouté en cours de route. C'est donc de 2005 à 2008 que se
succèdent les communautés de Soundougouba, Tiema, Massaconi et Farakan. Les
expériences exigent toutefois un suivi étroit pour répondre aux difficultés qu'elles
rencontrent, clôtures innefficaces et récoltes difficiles en sont deux exemples. La
décision est finalement prise d'offrir des outils de renforcement des capacités aux
éditions de Baguineda à l'été 2009.
Pour chaque village, le projet de base est de mettre en place une parcelle
maraîchère de 0.5 hectares pour les femmes. À ceci s'ajoute la mise en place d'un
fonds de roulement de microcrédit autogéré par et pour les femmes qui ont pour
tâche de développer des projets individuels avec cet argent. Différents objectifs
généraux sont visés avec ce projet. D'abord le renforcement des capacités
organisationnelles de l'Association des femmes, ensuite l'appui à la formation des
groupements de femmes en épargne et crédit, puis l'acquisition de connaissances
dans ce domaine. Il s'agit d'accroître le revenu des femmes pour permettre ainsi
leur autonomie financière.
Afin de s'assurer de l'appropriation du projet, les femmes ont été formées pour les
deux volets. Pour les quatre éditions qui nous intéressent, la formation s'est faite
durant une période de huit semaines, entre les mois de juin et août. Dans une
optique d'échange interculturel, le bailleur de fonds, CCI, envoya non seulement
les sommes nécessaires, mais également, à chaque année, un groupe différent de
73
Toutes les femmes qui participent au fonds de microcrédit sont membres d'une
association, nommée l'association de crédit. Elle a été formée durant les périodes
de formation des femmes. Cette association a des règlements qui ont été votés en
assemblée lors de sa mise en place. Les décisions ont été prises démocratiquement
75
Une subdivision interne se dessine également entre tous les membres. Il y a des
groupes de solidarité à l'intérieur de l'association. Faire partie d'un groupe de ce
genre est d'ailleurs une condition pour recevoir un prêt. Les groupes ont été
constitués lors des formations, ils l'ont été par les femmes. Le nombre idéal dans
un groupe défini par Kilabo est de six, toutefois, selon les villages, le nombre de
participante par groupe varie grandement, allant de quelques unes à plus d'une
trentaine. Chaque groupe a son mode de fonctionnement interne propre, un
élément est par contre unanime, chacun des groupes doit avoir une chef de groupe
responsable de l'ensemble de ses membres. Cette chef doit assurer quelques rôles,
il y a d'abord celui de percevoir le montant du prêt lors de la distribution du fond
de roulement, ensuite de s'assurer de la distribution de ce montant entre ses
membres selon les dispositions établies à l'intérieur du groupe. Elle est également
en charge de la perception du remboursement, de sorte que la journée du
recouvrement, c'est la chefde groupe qui remet l'argent de son groupe.
Selon les villages, ce sont différentes proportions des femmes du village qui
participent au microcrédit, de 28 à 74%. Les montants de base du fonds ont été
fixés selon le nombre total de femmes dans le village, ces sommes ayant été
décidés avant de connaître le nombre de participantes. Ainsi, on peut observer à la
Figure 6 des disparités dans le nombre de bénéficiaires et le montant du fonds.
En 2009, on peut noter qu'elles sont plus de 500 femmes dans les quatre villages
qui ont accès à des fonds de microcrédit. Les fonds augmentent à chacun des
recouvrements, étant bonifiés des taux d'intérêt. Pour donner l'exemple de la plus
ancienne édition, Soundougouba, qui a débuté en 2005, les femmes de
l'association de ce village ont vu leur fonds doubler en quatre ans, passant de
725 125 à 1 543 770 Fcfa (1 450 à 3 088$CAN).
77
1 Soundougouba 1 1 Tiema 1
Été 2005 : 228 femmes, 725 125 Fefa Été 2006 : 91 femmes, 485 000 Fe fa
(28.75% des femmes du village) (74.59% des femmes du village)
1 Farakan 1 1 Massaconi
Été 2008 : 102 femmes, 500 000 Fefa Été 2007: 144 femmes, 520000 Fefa
(41.46% des femmes du village) (51.61 % des femmes du village)
Les projets personnels financés par ces fonds sont diversifiés, mais tous reliés à
l'agriculture. À titre d'exemple, Nana Doumbia, qui est résidente de Farakan, a eu
accès à un premier prêt en 2008. Avec un prêt de 10000 Fcfa (5$ CAN) obtenu
par le biais du fonds de microcrédit, Nana a pu défrayer avec cette somme la
moitié du coût nécessaire pour acheter des semences et de l'engrais pour cultiver
du ngan, un condiment très utilisé dans la cuisine malienne. Elle a trouvé une
source alternative pour financer la seconde moitié du coût. Après la récolte, elle a
vendu son lot du produit à un petit kiosque aux abords d'une des routes
principales, celle qui longe le canal d'irrigation. Un peu moins de 10000 Fcfa est
le montant du profIt que ce produit lui a engendré. Son profit est maigre, mais
important, selon Nana, toutefois pour cinq mois de travail, c'est encore très peul.
Ma, quant à elle, a également eu un prêt de 10000 Fcfa, mais elle a plutôt acheté
des semences d'oignon. Tout comme Nana, elle a usé d'une source alternative
pour défrayer le montant total pour aboutir à un produit fini (coût de l'engrais
principalement). L'oignon n'ayant pas encore été récolté, elle ne savait pas, au
1 Ces chiffres et réflexions proviennent d'une rencontre qui a eu lieu en mars 2009 au village de
Farakan
78
moment de notre étude, dans quel marché elle allait écouler son stock nt les
2
profits .
2 Ibid.
79
ce qui sera semé, de toutes les modalités d'achat pour les intrants, de même que
de ce qui adviendra du fonds. En règle générale, elles se partagent les tâches pour
l'entretien: l'irrigation, le désherbage, la récolte, etc. Deux modèles ont été
observés dans les villages, un premier où il s'agit d'un comité nommé
spécifiquement pour s'assurer du bon entretien. Une autre façon de faire implique
directement les membres du bureau de crédit, lequel s'occupe de la distribution
des rôles.
Les parcelles de chacun des villages qui nous intéressent sont toutes
fonctionnelles à l'heure actuelle. Elles permettent deux récoltes principales liées
aux saisons, une durant l'hivernage et une à la contre-saison. Des récoltes de
différents produits se sont succédées depuis la mise en place de la première
parcelle: oignons, aubergines, poivrons, choux et maïs en sont des exemples. Ce
sont des aliments qui étaient pour la plupart déjà en culture dans la région dans
des quantités variables.
Le fonds pour la communauté quant à lui peut rapporter des sommes très
intéressantes et être investi pour couvrir des besoins spécifiques. Au village de
Tieman, l'association a pu procéder à J'achat d'une batteuse de riz. Elle est
aujourd 'hui disponible pour rendre le riz propre à la consommation de façon
mécanique. La mécanisation étant encore extrêmement rare pour tous les procédés
agricoles dans cette région, c'est une grande innovation que de rendre cela
accessible.
Tous n'ont toutefois pas encore eu l'occasion de faire un achat de cette envergure.
En effet, en raison de l'assèchement du canal durant la contre-saison 2009 pour
les travaux encadrés par l'OPIB, les puits des parcelles n'ont pu suffire à la
demande en eau. Des sommes ont ainsi dû être débloquées pour payer le
surcreusement des puits afin d'aller de plus en plus profondément pour trouver de
l'eau. Ce genre de situation conjoncturelle force à repousser l'investissement pour
80
Le projet qui nous intéresse permet aux femmes de se retrouver dans une
organisation structurée afin d'avoir des occupations communes. Les femmes ne
sont pas les seules à avoir mis la main à la pâte à ce projet et, on peut également
constater qu'elles ne sont pas les seules à bénéficier des retombées directes et
indirectes.
L'appui des acteurs clés sur le territoire est essentiel à l'acceptation de la présence
d'un projet. Bien que le projet Femmes et microcrédit requière essentiellement la
participation des femmes, les hommes s'y sont impliqués. On ne peut faire
abstraction des hiérarchies culturelles dans un premier temps, c'est pourquoi le
chef du village a été consulté pour avoir son appui. Le projet ainsi accepté par ce
dernier et ses conseillers, a pu être mis en place. S'il n'avait pas eu cette
approbation, le projet n'aurait pas pu être implanté. Lors de la mise en place, les
rôles traditionnels ne furent également pas mis de côté. C'est ainsi que la jeunesse
masculine du village fût consultée et interpellée lorsqu'il a été question de travaux
physiques au champ. La responsabilité de la mobilisation des femmes revint à la
présidente des femmes et l'animateur villageois. L'animateur villageois est un
homme qui a été désigné par le village pour faire le pont entre Kilabo et le projet.
Une dimension non négligeable également qui a déjà été mentionnée plus tôt est
la présence de stagiaires canadiens. Leur prise en charge par des familles du
village et leur participation à la vie quotidienne amena une dimension d'échange
interculturel sur tout le territoire de la communauté. À cela s'ajoute la présence de
l'agent de terrain, qui ne provient pas de [a communauté, mais qui est accueilli par
81
une famille ou qui réside à proximité. Pour toutes les éditions, à l'exception d'une
seule, l'agent de terrain a été le même. Il a donc pu bénéficier de son expérience à
travers les projets. L'exception est l'édition 2007 à Massaconi. Toutefois, cette
situation n'a pas affecté la qualité de l'expérience puisque le remplaçant avait été
l'animateur villageois de l'édition 2005 et il connaissait très bien le projet.
La majorité des projets qui ont pris naissance à la suite de la mise en place de
Femme et microcrédit engendre une production de denrées alimentaires. On
constate donc à cet effet la disponibilité renforcée de produits de consommation à
l'échelle locale et régionale. En effet, divers légumes et céréales sont cultivés dans
les parcelles respectives des villages et il en résulte une disponibilité plus
importante de ces produits, c'est du moins ce qui ressort des rencontres que nous
avons eues avec les femmes. L'aubergine et le chou par exemple sont des aliments
qui étaient plus difficiles et onéreux à se procurer avant le microcrédit. D'un autre
82
côté le maïs est une céréale qui constitue une des bases de l'alimentation, il n'est
donc pas abusif d'en cultiver une grande quantité. On peut bien comprendre
l'utilisation des produits cultivés lorsqu'on se penche sur l'échelle de ventes de
ces produits. Le volume le plus important est vendu informellement entre les
femmes du village, donc il reste dans la communauté. Ce qu'elles pensent avoir
en surplus est amené par la productrice même ou via une intermédiaire dans les
marchés locaux et régionaux hebdomadaires ou encore les marchés de la capitale
qui sont quotidiens ou hebdomadaires.
Les femmes ont traditionnellement le rôle de la vente des produits de base non
transformés, elles sont donc habituées à ce commerce. C'est ainsi qu'en
connaissance de cause de leurs revenus habituels qu'elles ont affirmé avoir vu une
augmentation de leurs revenus. On parle ici d'une augmentation ressentie qui a été
soulevée par les femmes des quatre villages, le manque de formalisation des
achats et des ventes rendant impossible la quantification du revenu. Les ventes des
boutiques ainsi que celles au marché ont connu également une augmentation. On
peut constater des étalages qui se vident plus rapidement pour les vendeuses dans
les marchés hebdomadaires locaux, ce qui indique un meilleur pouvoir d'achat des
consommatrices. Il y a également les engrais et semences de la parcelle
maraîchère qui sont achetés dans des entreprises de la région. Les boutiques étant
l'affaire des hommes, on peut donc induire qu'ils ont également un bénéfice des
retombées de ces projets réservés aux femmes.
À partir du fonds pour la communauté, lorsqu'il n'est pas utilisé comme coussin
de sécurité pour la parcelle, il peut avoir pour vocation l'achat d'équipement pour
une utilisation collective comme on l'a vu plus tôt. Cette utilisation n'est pas
nécessairement restreinte aux participantes. L'équipement en question est régi par
83
les modalités décidées par l'association de crédit. À plus long terme, dans le futur,
les femmes ont également des objectifs plus importants qui pourraient bénéficier à
tous, comme la mise sur pied d'une école ou d'une clinique de santé, des
exemples d'infrastructures qui ne suffisent actuellement pas à la demande dans la
région.
Nous pouvons conclure de ces constats qu'un projet de coopération engendre des
retombées économiques qui sont importantes à noter. L'augmentation constante
du fonds de microcrédit pour que les participantes aient l'accès à un prêt de plus
en plus élevé leur permettant de faire perdurer un projet individuel nous amène à
constater un impact individuel du projet Femmes et microcrédit. À cette seule
conclusion, nous pourrions qualifier cette expérience de réussite. La discussion
peut toutefois aller plus loin et des éléments économiques et sociaux viennent
renforcer les impacts à une autre échelle, soit celle de toute la collectivité. Même
des personnes n'ayant pas participé au projet en ont été indirectement
bénéficiaires. C'est un apport non négligeable dans des communautés rurales
ayant de grands besoins essentiels à combler conune on l'a vu dans la présentation
84
Comme nous avons pu le voir au chapitre précédent, le projet qui nous intéresse a
un impact au-delà des participantes. Le projet Femmes et microcrédit est un fonds
de microcrédit qui est opérationnel et qui fructifie avec les années pour le bénéfice
de l'ensemble de la collectivité. Les lignes qui suivent nous montreront les
dimensions du développement local engendré par l'implantation de ce fonds de
microcrédit. Afin de comprendre la durabilité du projet, l'acceptation dans la
communauté d'implantation sera présentée en premier lieu. Seront ensuite
dégagés les réseaux impliqués et créés par sa présence, puis la proximité des
agents de réseaux afin de montrer ses effets pour le développement local de
l'ensemble de la population de la communauté. Pour bien vous repérer dans les
explications qui suivront, le tableau synthèse présenté en Annexe C est une
référence à ne pas négliger.
Tel que cela a été présenté au premier et second chapitre, les ONG ont une
approche décentralisée du développement et ont une grande proximité avec les
acteurs locaux. Il est important de comprendre que les projets qu'elles proposent
résultent d'une réflexion de leur part sur les besoins des populations. Lorsque l'on
parle d'une ONG qui se développe en un lieu pour y implanter un projet, c'est
d'une action de la base dont on parle. Toutefois, on peut observer que les ONG
peuvent se développer également sur l'ensemble du territoire d'un pays et agir sur
une multitude de communautés. Certaines ONG du Nord, par exemple, définissent
86
leurs objectifs avec une vision internationale. Dans ces cas, il ne s'agit pas d'une
initiative du milieu. On parle plutôt dans ces cas d'une concertation des ONG du
Nord et du Sud, comme la situation qui nous occupe dans la présente recherche,
pour mettre en œuvre un projet viable avec les moyens financiers et techniques
disponibles, en accord avec les valeurs des organisations.
Il importe ainsi pour les organisations de bien préparer le terrain avant la mise en
place du projet pour s'assurer de son acceptation par la communauté. Dans le cas
qui nous intéresse, les conditions sont optimales. Comme on l'a vu au chapitre
précédent, le projet a déjà eu lieu dans une autre commune, ce qui amène un
argument de poids pour montrer à la population de Baguineda-Camp, le terrain
que nous étudions, que ce projet est viable. La confiance est également bien
ancrée puisque Kilabo et les quatre communautés sont partenaires d'une multitude
d'actions de développement depuis plus d'une dizaine d'années. L'organisme
connaît donc les procédures traditionnelles appropriées afin d'y présenter un
projet.
Leur vision du microcrédit est donc très positive. Nous l'avons également
confirmé lors de nos rencontres avec ces femmes. Une femme en particulier
illustre bien cet opinion. Lorsqu'on demande à un groupe de femmes ce qu'elles
87
Les ONG mettent ainsi en place un projet avec des participantes motivées et une
communauté favorable aux changements. Pour ce faire, elles investissent temps et
argent pour s'assurer de leur réussite. Ces efforts donnent lieu à l'appropriation du
projet par la population locale afin qu'elle supporte celle action par la suite pour
assurer sa durabilité. Il se crée alors des réseaux (Tableau 2). Nous aborderons les
indicateurs de ces réseaux dans cette section en montrant le rôle des ONG vis-à
vis Femmes et microcrédit dans un premier temps et les réseaux qui peuvent en
être dégagés par la suite.
3 Cette citation provient d'une rencontre de groupe qui a eu lieu en février 2009 avec les femmes
du village de Tieman
88
crédit dans chacune des communautés. Mais sa contribution amène également une
dimension culturelle au projet avec les stagiaires qui en sont partie intégrante.
Kilabo de son côté s'assure dans un premier temps d'aller chercher l'appui des
instances politiques locales et celui des hommes. Il a ensuite la tâche de favoriser
le renforcement des liens de solidarité des femmes en les regroupant dans
l'association et dans les groupes.
Les populations ont donc les projets entre les mains avec les formations offertes,
par contre cela ne signifie pas que les ONG aient terminé leur mandat après cette
Maintenant que les rôles des différents acteurs ont été mentionnés, il est de mise
de dégager les réseaux d'acteurs identifiables pour ce projet. Comme il a été
possible de le voir au chapi tre II, les réseaux sont omniprésents dans tout échange.
Ils aident à illustrer les interconnexions. Dans le cas qui nous intéresse, ce seront
des interconnexions entre individus et groupes d'individus dont il sera question.
D'abord en ce qui concerne les réseaux politiques, il faut préciser que les villages
dont il est question sont régis de façon traditionnelle. Bien qu'il Y ait un maire de
la commune et des conseillers élus, le choix du chef du village n'est pas
démocratique. Le rôle de chef est générationnel, c'est donc par transmission
d'autorité de père en fils que la tradition est respectée. Lorsque le chef décède, il
est remplacé par le plus âgé de ses fils. Ainsi, peu importe son âge, il a une très
grande notoriété. Comme l'a mentionné en riant une femme de Tieman lorsqu'on
lui demande si elles ont l'appui du chef du village pour Femmes et microcrédit :
«s'il n'avait pas accepté le projet, il n'aurait pas pu avoir lieu»4. L'agent de terrain
qui doit initier le projet ne peut donc négliger les connexions politiques. Le projet
a ainsi été expliqué à cette instance. Les chefs des quatre villages qui nous
intéressent sont d'accord en ce qui concerne l'impact d'un tel projet et ils sont
tous en mesure de constater les apports qu'il amène à toute la collectivité. Ils sont
également prêts à être présents lors des remboursements.
4Cette citation provient d'une rencontre de groupe qui a eu lieu en février 2009 avec les femmes
du village de Tieman
90
On peut ainSI vOIr la flexibilité avec laquelle agissent les acteurs comme
conséquence de l'action en réseau. Ils s'impliquent et s'adaptent. L'on rejoint ici
l'affirmation qui présentait la communauté comme très ouverte aux changements.
En voilà encore une preuve. Voyons maintenant comment la proximité joue un
rôle clé dans toute cette dynamique.
Pour qu'une communauté soit soudée, il est essentiel qu'elle compte parmi elle
différents réseaux. Comme nous l'avons vu précédemment, il y en a qui ont été
renforcés ou créés à la suite de l'implantation du projet qui nous intéresse. Ces
réseaux ne sont pas nécessairement liés par une proximité géographique, il est
plutôt question d'une proximité qui se crée avec des similitudes de valeur entre les
agents impliqués. On parle alors de proximité organisée. On ne peut toutefois pas
nier l'importance de l'échelle locale et la proximité physique qu'elle engendre.
Surtout considérant les communautés dont il est question dans la présente étude.
Elles sont dispersées sur un large territoire et ont un faible accès aux transports et
aux technologies de communication. Nous présenterons donc dans les lignes qui
suivent comment la proximité des agents a une forte importance dans Je
développement de la collectivité. La proximité et son effet sur l'économie locale
seront d'abord montrés à travers le multiplicateur keynésien. Suivra l'amélioration
des conditions de travail par l'achat communautaire dans une collectivité où le
partage entre les pairs prime sur les valeurs de tout un chacun. Puis sera exposée
('amélioration sociale de la condition des femmes par le renforcement de son
regroupement.
92
La majorité des interactions qui ont lieu dans les communautés rurales se font
ainsi à l'intérieur même du village. Il est possible de penser que l'emichissement
d'une personne a des effets plus étendus qu'au niveau du ménage seulement. En
effet, la personne enrichie engendrera la création d'emplois avec tous ses achats,
puisqu'ils seront effectués en grande majorité à l'intérieur de la communauté et de
la commune puisqu'ils y augmenteront la demande pour certains produits. Pour
expliquer ce phénomène, on parlera de multiplicateur keynésien, comme il a été
vu au chapitre II.
La Banco Palmas qui a été présentée plus tôt au chapitre 1 va enCOre plus loin dans
cette réflexion en implantant une monnaie locale. Cette monnaie contraint donc
les emprunteurs à faire leurs achats à l'intérieur du périmètre définit par les
utilisateurs.
L'augmentation des revenus non seulement des femmes, mais également des
ventes dans les boutiques et marchés qui a été mentionnée au chapitre précédent
nous amène également à considérer cette multiplication. Plus leurs revenus
93
Bref, on peut maintenant dire que la proximité forcée de ces communautés de par
l'accès restreint aux services permettant d'établir des réseaux sur des vastes
territoires leur permet de prioriser le local. En agissant ainsi, ces populations se
soutiennent mutuellement par leurs achats et leurs ventes. Les participantes,
comme le reste de la collectivité, sont amenés à agir comme des agents dans cette
dynamique pour le développement économique local. La vente de produits locaux
permet également une sécurité alimentaire accme.
collectivité, elle en fera bénéficier plus que ses membres, considérant le besoin
flagrant de tous.
5Cette citation provient d'une rencontre de groupe qui a eu lieu en février 2009 avec les femmes
du village de Soundougouba.
95
croire qu'elles sont prêtes à gérer les sommes nécessaires à travers le fonds pour
la communauté pour ce type de service bénéfique à la collectivité et permettant
une amélioration des conditions sociales.
Les choix d'investissement des femmes sont donc d'une grande pertinence. Il est
bon à cet effet de réitérer qu'elles sont actrices de premier ordre pour être au fait
des besoins de la famille. Travaillant aux tâches de la sphère privée où l'homme
n'a pas sa place, elles peuvent rapidement cibler ce qui manque à la famille. Leur
pouvoir de discussion est donc primordial pour faire valoir les nécessités à
l'intérieur de leur ménage. Leur voix mérite également d'être entendue à la place
commune. Les femmes ont des besoins spécifiques en matière d'installations
communautaires, par exemple en matière de soins de santé lors de la grossesse,
qui doivent être comblés de façon adéquate.
La place de la femme dans le groupe ethnique bambara a été expliquée plus tôt
pour bien faire comprendre les enjeux actuels. Les femmes des communes qui
nous intéressent ont déjà enclenché le processus de prise du pouvoir. À Massaconi,
il y a un conseiller attitré à la défense des intérêts des femmes, ce titre n'étant pas
accessible au genre féminin. À Farakan, une femme est plutôt éloquente sur le
sujet lorsqu'on demande si le statut des femmes est différent depuis le microcrédit,
elle répond «si on n'avait pas le pouvoir, on ne prendrait pas d'argent»6. Elles ont
également une association qui les représente dans la commune afin de faire valoir
leurs préoccupations. Si l'on renforce leur capacité de discuter et de réfléchir en
groupe pour des solutions, il s'agit d'un intérêt collectif.
6Cette citation provient d'une rencontre de groupe qui a cu lieu en février 2009 avec les femmes
du village de Farakan
96
La création d'une association de crédit et la mise en place d'un lieu de travail pour
les femmes, comme la parcelle, deviennent des vecteurs de discussions et de
débats privilégiés. On organise ainsi la proximité des femmes en les faisant se
rencontrer. N'oublions pas qu'elles ont toutes un point commun lorsqu'elles sont
membres de l'association; elles désirent obtenir un prêt pour subvenir à un besoin
financier via le microcrédit et accumuler un fonds monétaire à partir de la vente
des produits de la parcelle. Elles se regroupent donc par intérêt et non pas
seulement parce qu'elles sont près l'une de l'autre dans l'espace.
Nos questions de recherche nous ont menée à nous pencher sur la réception du
projet dans les communautés à J'étude dans le contexte concret de la région de
Baguineda-Camp. Il en ressort que Je bagage de la population est important
lorsqu'il est question d'associations et de projets communs. Cet aspect a facilité la
mise en place et la continuité du projet Femmes et microcrédit, plus
particulièrement la relation qu'entretient depuis de nombreuses années la
population avec l'ONG Kilabo. Les porteurs de projet n'ont toutefois pas négligé
les moyens de présentation du projet, les formations et le suivi, s'assurant du
respect des mœurs locales.
Notre recherche a poursuivi trois objectifs. Le premier était de donner à voir les
résultats d'un projet de microfinance. À partir des informations collectées, nous
pouvons conclure que le projet Femmes et microcrédit est sur la bonne voie pour
99
Un second objectif était de voir si le développement local peut être engendré par
la mise en place et la continuité d'un projet de microfinance, et ce au-delà de
l'impact sur les individus et les ménages qui participent au projet. Nous avons
donc pu recueillir les informations lors de la collecte de données nous informant
que non seulement les participantes au projet avaient vu leurs revenus augmenter,
mais qu'un effet économique sur l'ensemble du village s'est fait sentir. Le
développement social a également pu être engendré. L'empowerment des femmes
a été renforcé dans la mesure où elles prennent une place dans la définition des
objectifs de développement de la communauté et qu'elles améliorent la sécurité
alimentaire de ses habitants. Par ailleurs, l'achat d'outils pouvant être utilisés par
tous de façon accessible est rendu possible. On peut donc voir se dessiner des
opportunités grandissantes avec une augmentation constante du fonds de
roulement de microcrédit ainsi que du fonds pour la communauté.
La générosité des témoignages recueillis nous ont permis d'en velllr à ces
conclusions. Les entretiens de groupe et les discussions informelles forment la
base des résultats présentés dans cette étude. La participation à des événements
clés a permis de vérifier et de compléter les informations obtenues à travers lesdits
entretiens.
Une démarche plus approfondie aurait permis d'évaluer les impacts de ces projets
d'une façon quantitative. Toutefois, les femmes participant à ces projets en sont à
leurs débuts en tant qu'entrepreneures et la tenue de livres est quasi-inexistante. Il
est donc difficile dans ce contexte de quantifier les achats et les ventes de produ its
effectués à partir de l'accès aux prêts. Il en est de même pour les données sur les
revenus de la population. Aucune information n'est disponible à cet égard. La
quantification de la fluctuation du revenu des habitants et des ménages est donc
impossible. Nous avons dû nous en remettre à la perception que les gens ont de
cette augmentation. Il n'en demeure pas moins que les résultats de notre étude
nous ont permis de confirmer le bien fondé de notre hypothèse.
Les réseaux qui sont créés par l'implantation et la continuité des projets de
microfinance engendrent des processus de développement social et économique
qui peuvent être durables à condition que le fonds de roulement perdure et que la
parcelle maraîchère soit cultivée. La bonne entente engendrée par les discussions
lors des assemblées permettra aux femmes d'avancer malgré les difficultés et les
choix qui se présenteront à elles. La présence des ONG malienne et canadienne
constitue également un facteur notable dans la réussite à court et moyen termes,
comme on a pu le voir avec le suivi effectué et qui a permis aux femmes de se
sentir soutenues. Ces femmes ont la volonté de persévérer pour l'atteinte de
meilleures conditions de vie et elles ont, grâce à la microfinance, des outils qui
leur permettent d'assurer la continuité des processus de développement local
amorcés.
ANNEXE A
GUIDES D'ENTRETIEN
102
La perception du microcrédit
Qu'en pensent les clientes? Avant la formation, pendant la formation et
après la formation.
Connaissent-elles quelqu'un qui y avait déjà participé?
Qu'en pense la population en générale?
Connaissance de sa présence
La population en générale sait-elle qu'il y a du microcrédit dans la
communauté?
Quelles personnes sont responsables du microcrédit?
Depuis combien de temps il y a du microcrédit dans la communauté
Outils offerts
Quelles formations ont été faites? (durée, nombre de formations)
Ont-elles reçu une formation pour les informer de qu'est-ce que le
microcrédit?
Ont-elles reçu une formation pour les former en gestion du prêt?
Combien de femmes l'ont utilisé? (une estimation: la totalité, la moitié ... )
Suivi offert
y a-t-il un suivi qui est offert par Kilabo?
Kilabo vient-il régulièrement les visiter ou s'il le fait quand elles le
solicite?
Les femmes utilisent-elles les conseils de Kilabo?
Les femmes mettent-elles toutes leurs suggestions en pratique?
103
Modalité de prêt
Le montant du prêt est-il le même pour toute? Quel est le montant du prêt?
À quelle fréquence se fait le recouvrement?
Quel est l'intérêt exigé?
À quoi sert cet intérêt? (fond de la communauté? Réparti entre chacune des
participantes?)
Modalité d'épargne
Où est gardée l'épargne?
Quelles sont les conditions d'ouverture d'un compte? De retrait? Les coûts
annuels?
Raison de l'emprunt
À quel moment les participantes se sont impliquées? Au début? Après
quelques semaines?
Pourquoi veulent-elles empnmter une somme d'argent?
Ont-elles des objectifs ou des projets pour l'enrichissement futur?
Rôle du participant
Combien de femmes empruntent seulement?
Combien de femmes sont impliquées dans l'association?
Combien de femmes sont impliquées dans le bureau?
Pourquoi voient-elles l'importance de s'impliquer?
Effet d'entraînement
Avant de prendre le prêt, ont-elles été encouragées par des projets de
microcrédit dans les autres villages qui ont reçu l'appui de Kilabo?
Ont-elles été réconfortées par le succès des autres villages?
Gouvernance locale
Ont-elles l'appui du chef du village?
Comment s'implique-t-il dans les projets?
Ont-elles un appui de la commune de Baguineda-Camp?
Gouvernance locale
4) Y a-t-il des produits qui n'étaient pas disponible avant le microcrédit qui le sont
aujourd'hui?
5) Les boutiques ont-elles vu une différence dans les ventes depuis le microcrédit?
6) Y a-t-il des services essentiels qui sont plus disponibles depuis le microcrédit?
ANNEXEB
Perception
Connaissance
Services financiers
Services de soutient
Projets réalisés
Réseaux économiques
Réseaux sociaux
Réseaux politiques
Développement local
économique
Développement local
social
o
-..l
ANNEXE C
TABLEAU SYNTHÈSE
Tableau synthèse
VariablesNilles
oarticioantes Soundouoouba (2005) Tiema (2006) Massaconi (2007) Farakan (2008)
Sensibilisation fait à toute la populalion par Sensibilisation fait à toute la population par Sensibilisation fait à IOUle la populalion par Sensibilisation fait à toute la population par
Diffusion
Kilabo. Kilabo. Kilabo. Kilabo.
L'objectif du microcrédit est d'épargner et de L'objectif du microcrédit est de se prendre en Elles ont déjà eu des craintes, mais ont été
Perception Le microcrédit c'est bien.
former un coussin de sécurité charqe et de renforcer ses capacités. rassurées par une animatrice bancaire
Les femmes peuvent dire Quand s'est implanté Les femmes peuvent dire quand s'est implanté Les femmes peuvent dire quand s'est implanté
Les femmes peuvent dire quand s'est
Connaissance le microcrédit. Elles ont expérimenté plusieurs le microcrédit. Elles ont déjà fait de l'entraide le microcrédit. Il y a déjà eu du microcrédit
implanté le microcrédit
formes informelles dans le Dassé.8S solidaire pour l'aÇJriculture. informel en olace.
Groupes de 20 à 30 personnes, des intérêls de Les groupes sont tous différents, des intérêts de Groupes de 6 personnes, des intérêts de 5% et Groupes de 6 personnes, des intérêts de SOlo,
Services financiers S%, et l'épargne est conseillée dans un compte S% et l'épargne est conservée dans un compte l'épargne est conservée dans un compte à l'épargne est conservée dans un compte à
du villaqe à SoundouDouba. Soundouqouba. 8aQuineda.
Une formation d'un jour pour une femme. FQrmatiQn de 2 jours pour loutes les femmes.
Formation de 2 jours pour toutes les femmes. Formation de 2 jours pour plus de la moitié des
formation d'Un jour en nUlrition et de deux jours Suivi régulier. mais il ne palie pas tous les
Services de soutient Le suivi par Kilabo est fait. mais le capital est femmes. Le suivi de Kilabo est régulier et ses
pour la gestion à toutes les femmes. Le suivi de problémes (il est question de l'eau qui
peu. conseils sont appliqués.
Kilabo est réQulier. manque dans les puits).
Dans la parcelle: maïs et aubergines. Projets
Dans la parcelle: onions. aubergines. poivrons Dans la parcelle: aubergines.
Projets réalisés individuels el collectrts : acheter engrais et Dans la parcelle: maïs et onions.
el chou. Individuellement: Ngan et maïs (entre autre).
semences.
Les membres du bureau et la présidente de Les responsables de groupe sont les Les responsables de groupe sont les
Implication dans le projet Il ya des responsables.
l'association de crédit sont les responsables. responsables. responsables.
Achat commun des intrants pour la parcelle
Vente de produits dans les marchés locaux et Vente de produits dans les marchés locaux et
dans une boutique locale. vente de produits
Réseaux économiques régionaux et vente de produits entre les Aucune information disponible à cet effet. régionaux. vente de produits entre les femmes
dans les marchés locaux et régionaux et vente
femmes. et consommation des produits par la famille.
de produits entre les femmes.
Mélhode de vente déjà implantée avant le Méthode de vente déjà implantée avant le Méthode de vente déjà implantée avant le
Réseaux sociaux Aucune information disponible à cet effet.
1 projet. projet. 1 proiet.
Appui du chef du village et des conseillers. Appui du chef du village el des conseillers. Au
Réseaux politiques Appui du chef du village et des conseillers. Implication du chef du village dans une décision conseil du village, un conseiller est allitré à la Appui du chef du village et des conseillers.
concernant la oarcelle et la vente de maïs. reorésentation des femmes.
Augmentation du revenu des femmes et Légére augmentation du revenu des femmes et
Développemenllocal Augmentation du revenu des femmes. Augmentation du revenu dans les boutiques.
auomentation de la vente dans les boutiques. des boutiques.
Disponibilité alimentaire accrue. sensibilisation
Achat d'une bateuse de riz et augmentation du
Développement local des femmes aux différentes réalités culturelles Regroupement des femmes. Regroupement des femmes.
pouvoir des femmes.
et volonté nouvelle de travailler plus fort.
o
\0
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