De Bouches À Oreilles N°225 Mars 2012
De Bouches À Oreilles N°225 Mars 2012
De Bouches À Oreilles N°225 Mars 2012
RGION E
MMAS
PAYS
DE
L O I R E P ros 5 : 3 ,0 0 e u
OITOU
CHARENTE
La bouche ouverte
Parole ...
Daniel, compagnon
la communaut de Poitiers...
Le jardin de la Matauderie...
Ce mois-ci, nous vous proposons le tmoignage de vie de Daniel RETAILLE, compagnon la communaut de Poitiers, qui vient de signer la onzime Perle de Vie (voir page 5)... Voici donc de larges extraits de Mon Amrique moi... Cest Daniel, dit lAmricain, qui parle... aprs quelques mots de Bernard Dutilloy, responsable de la communaut de Saintes. Prface de Bernard Dutilloy (extraits) ... En lisant Daniel, je pense au pote Ren Char, et a ses "transparents" ces tres luni-solaires qui vont et viennent avec pour unique richesse la posie de leurs rves. Daniel c'est l'homme des lments ; de la terre d'abord qu'il aime nettoyer, ensemencer... De feu ; celui qui l'habite et toujours le fait avancer malgr les embches. Enfin homme de l'eau mais attendez de le lire, vous comprendrez.. MA "FAMILLE" Je suis n Versailles en 1954. 58 ans le 27 janvier 2012, avec le signe du Verseau ! C'est un sujet de conversation trs intressant les signes du zodiaque Mon contexte familial ? J'ai d avoir des parents jusqu' l'ge de deux ou trois ans et aprs j'ai t plac la DASS J'ai pas de souvenirs de mes parents La mre pas du tout. Le pre je l'ai vu bien plus tard Ni photo, ni rien Peuttre quand mme un souvenir C'tait pendant la guerre d'Algrie, le pre revenant de la guerre d'Algrie, sans doute en permission, j'tais dans le berceau mes yeux voyaient Il buvait le champagne et j'ai le souvenir d'un doigt sur mes lvres, comme a dans le berceau, a m'a marqu... DE FAMILLE EN FAMILLE D'ACCUEIL Avec la Dass, vers trois ou quatre ans, je ne sais pas trop j'ai t plac dans des familles, la premire sur Sanois ct d'Argenteuil dans le 95, prs de Sartrouville... Mes premires annes de maternelle, je commenais aller l'cole, tout seul, pied, et on revenait la maison. Les familles nous gardaient un an ou deux, pas plus. J'ai donc chang de famille, la Dass voulait pas qu'on s'attache, c'tait pas dans leur intrt. Une dame arrivait, ou un homme, ils nous prenaient en voiture avec nos affaires et on tait parti ailleurs... Beaucoup de familles vivaient de la Dass, aprs guerre la France se reconstruisait C'est plus tard que j'ai t en Foyer Tout petit comme a, de famille en famille, il faut avoir du caractre... J'ai atterri Ballancourt sur Essonne. C'tait bien. Je ne sais plus o a se situe. L c'tait une famille qui tait trs bien, parce qu'ils gardaient un chteau... L j'tais en pleine nature, en plein air. On jouait au lance pierre, aux arcs Y'avait trois filles du mme nom, qu'ils gardaient aussi, dans les mmes ges que moi. ON ME MET DANS UN ORPHELINAT
... Une ancienne maison de bonnes surs reprise par la Dass. Les monitrices, ils les appelaient les cheftaines. Une dame qui faisait la cuisine etc J'y suis rest 3 ans, dans les annes 65/66/67 j'avais une douzaine d'annes. L'cole finissait et j'ai commenc un apprentissage chez un pltrier peintre vitrier. J'tais pas pay, j'tais un arpette. Je me tapais 5 kms en vlo matin et soir pour aller bosser, c'tait dur. APPRENTISSAGE ET PREMIERS BOULOTS Et puis je suis revenu Paris au Mesnil St Denis en 1968, o j'ai travaill en apprentissage horticulture, de 14 16 ans La Dass m'avait dit : "Si tu te tiens pas l, tranquille, tu vas en maison de correction !" J'tais oblig de me tenir tranquille... Aprs l'apprentissage, j'ai fait deux ou trois patrons J'ai fait par exemple le Parc de St Cloud : nettoyer le parc etc Ca me plaisait pas trop, j'ai foutu le camp. Le boulot me plaisait mais on recevait des ordres, des commandements : moi, depuis tout petit, j'ai toujours eu des ordres et des commandements, alors j'ai un peu envoy tout chier ! Quand est-ce qu'ils vont me foutre la paix !!! C'est a le problme ! JE FAIS MON SERVICE MILITAIRE Et 18 ans, j'tais dj l'arme, j'avais devanc l'appel... J'tais Villacoublay dans les Yvelines, base d'aviation, base prsidentielle ! Je faisais mes 12 mois normaux j'tais aux petits oignons ! Les engags savaient que j'tais de la Dass et j'avais tout ce que je voulais. Ils m'aimaient bien! Incroyable ! Y'avait aussi des PFAT (ndlr : personnel fminin de l'arme) l-dedans, nous on tait des petits jeunes de 18 ans, et les PFAT de 20 ans, ouhhhh ben ouais !!! Oh sans plus on restait camarades ...Une fois que les classes taient finies, ils m'ont donn un poste : oprateur radio. Quand les avions dcollaient de Toulouse, de Blagnac, je recevais l'appel en morse. Je l'crivais sur un papier, c'tait dcalqu, et je le renvoyais la base d'arrive. Ils me faisaient confiance... Ca marchait trs bien. Je leur avais dit : "C'est bien beau votre truc, je veux bien
le faire, mais pas toute la journe !" - "Pourquoi ?" - "Parce que moi il me faut de l'air !" Et l'aprs-midi, je plantais les arbres dans la caserne de Villacoublay ! Les trous taient faits, y'avait la terre Ils m'ont dit : "Voil la pelle, tu plantes les arbres !" J'tais heureux, impeccable : le matin, oprateur radio et l'aprs midi dehors Puis j'ai repris 6 mois d'arme en Allemagne, du ct du Lac de Constance... L j'ai bien bu, des chopes de bire J'en ai profit pour visiter l'Allemagne, l'Italie par Turin, la Suisse et un peu l'Autriche... J'tais heureux. L'Etat s'occupait de moi, il me payait en francs et en marks, j'avais des sous, et j'en ai profit. Finalement, c'est la Dass qui m'a donn cette habitude de "promenade", en changeant souvent de maison en maison Je me disais : "Aprs tout, si c'est a la vie, pourquoi pas ?" RETOUR A LA VIE CIVILE JE ME MARIE ET J'AI DEUX ENFANTS La boite o je travaillais tait coule ! Alors oblig de retrouver d'autres boites, Clause, Truffault, mais a payait pas ! Je logeais dans un Foyer de Jeunes Travailleurs, Versailles, qui avait un directeur assez trapu, costaud. Quand a n'allait pas, il nous tapait dessus aussi, lui ! Moi j'tais pas violent mais j'tais rebelle : je savais que y'avait des enfants qui avaient leurs parents, et moi j'avais pas les miens, a me travaillait ! Alors je pensais qu' m'amuser. Entre chercher un foyer chercher d'autres emplois les emplois j'en ai fait un paquet, a durait pas trop longtemps non plus a payait pas et puis l'poque, on changeait de patron quand on voulait. Si un patron payait plus que l'autre, on changeait. C'tait une chane indfinie A cet ge l, on commence s'intresser aux femmes Elle s'appelait Josette. En fait cette fille avait dj un enfant de quelqu'un et puis moi je suis intervenu l-dessus, j'ai reconnu l'enfant etc On s'est maris en 1977, j'avais 23 ans, et elle 2 de moins. Je m'tais retrouv une famille, je m'tais dit : "Ca va peut-tre m'aider !" En fait a m'a pas aid du tout. Ca a dclin... En fait, les deux premires annes, a allait, on a eu deux enfants en plus de son fils Sbastien : Virginie et Nicolas, qui ont maintenant plus de 30 ans... J'AI UNE PREMONITION : UN GROUPE ! Et puis, dans cet HLM, on tait au 7me, je rflchissais mon avenir : "Moi ou elle, il faut qu'on fasse quelque chose!" Alors je ne sais pas si c'est des visions, dans mon esprit, j'ai vu un truc de groupe, un groupe. Qu'est-ce que a voulait dire l'poque ? J'en savais rien, rien du tout ! Et puis en fait le groupe il s'est avr plus tard que je l'ai trouv ! C'tait Emmas ! Et puis le temps a pass Le rgisseur m'a dit que si je ne peux plus payer, il peut me trouver plus petit Mais j'ai dit : "Non, non, c'est mme pas la peine, je prfre m'en aller" Et je suis parti en douce Entre temps ma femme tait partie aussi elle s'tait retrouv un mec, elle a emmen les enfants. Moi je lui avais dit : "Je ne sais pas ce que je vais devenir, j'en sais rien Prends les enfants avec toi et on verra plus tard" JE TAILLE LA ROUTE Moi, l-dessus, j'ai taill la route, dans les annes 80... J'ai fait comme Nino Ferrer : le Sud ! Le Sud ! J'ai travers toute la France je logeais dans n'importe quoi, dans des vieilles
Yves Godard qui nous a reus. C'tait l'poque de Jeanne qui tait responsable l'Auberge, en ville. Y'avait de la place... On a log l'Auberge. Y'avait un grand dortoir et des piaules plusieurs : on s'en fichait, du moment qu'il y avait un lit Y'avait trs peu de tls une l'Auberge. On jouait beaucoup aux boules, on discutait, c'tait bien. Une bonne ambiance, on discutait de chacun d'o il venait, ce qu'il avait fait Tout le monde tait content d'aller se coucher en ayant racont son petit brin de vie ! POITIERS EXPLOSE DE COMMUNAUTES ! Ca a t l'explosion Poitiers ! L'explosion pour moi c'tait l'ouverture des autres communauts, je suis arriv au bon moment ! Y'avait les communauts de Fraternit qui s'ouvraient presque en mme temps. Moi j'ai ouvert Saintes en 86, dans la premire quipe avec Pia et Bernard On a fait un camp de jeunes, une partie Saintes, une partie St Jean d'Angly, pendant quatre mois. L je me suis bien retrouv parce que on m'a fait confiance: "Tu seras responsable des mtaux, ferraille etc Tu superviseras les jeunes etc..." Ils m'avaient fait confiance, a c'tait bien ! Ca s'est bien pass. On tait 7 ou 8 pour s'occuper du camp de jeunes. La communaut a commenc une anne aprs, le temps de trouver les locaux. Je suis retourn, j'ai fait toute la tranche pour l'arrive d'eau les toilettes - y'avait pas de toilettes ! - il a fallu creuser des trous dans la terre pour les faire, y'avait rien. C'est une maison qui avait dj brl, elle avait t reconstruite. Elle tait inoccupe et c'est Emmas qui l'a occupe... L on comptait pas trop les heures, on bossait ! A Saintes, j'y suis rest un certain temps aprs je ne me rappelle plus trs bien Aprs je suis revenu sur Poitiers et j'ai un peu fait la navette Saintes/Poitiers/Saintes/Poitiers Au niveau boulot, depuis mon apprentissage, c'est les espaces verts qui me plaisent. En communaut, j'ai quand mme commenc par la ferraille et les mtaux. Avec un ancien qui s'appelait Henri Lemnie. C'est lui qui m'a appris. La ferraille, les mtaux, je ne savais pas ce que c'tait ! Il m'a appris : du laiton, du platin, du machin Ca m'a plu quand mme J'ai mme fait le mnage la Matauderie pendant 2 ou 3 ans, fallait bien le faire ! Les annes ont pass Aprs j'ai demand qu'on me mette au jardin, y'avait un grand jardin J'ai atterri au jardin et aprs j'en n'ai plus boug. JE REVOIS MES ENFANTS C'est grce au minitel : Bernard - de Saintes - a contact une dame que j'ai vue qui m'a aid faire un courrier ma femme pour voir si elle tait d'accord pour que je revoie les enfants. Y'a pas eu de problme. Je les ai vus. C'est moi qui me suis dplac... Depuis, les enfants ne m'ont pas fait signe, ni conserv de relations Et avec ma femme, c'tait clos ! Je serais bien rest en Champagne pour tre pas loin, mais je trouvais pas de boulot. Alors j'ai t oblig de revenir Saintes. JE QUITTE EMMAS PENDANT 9 ANS
Parole ...
Parcours de vie...
Le groupe Emmas ou M : .......................................................... Adresse : .......................................................................................... ............................................................................................................... Dsire recevoir les " PERLES DE VIE " suivants : nombre ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... ..... .....
1 Chienne de Vie (Michel Guillas) 2 De la souffrance la dlivrance (Paul Marmoux)) 3 Pour moi la vie va commencer (Jean Paul Dardier) 4 Qu'on me donne l'envie(Yves Gilhet) 5 Accroche-toi(Daniel Renard/Viviane Fuseau) 6 Moi Jean Claude dit TGV (Jean Claude Vinet) 7 La Renaissance (Pascal Bonnard) 8 Mes 20 ans dexil (Luli David) 9 Le bandit au repos (Jules Watel) 10 Ma vie nest quun rve (Jean Grard Brethez) 11 Mon Amrique moi (Daniel Retaille) JOINDRE CHEQUE lordre Emmas Peupins Solidarit Nombre de Perles de Vie X 3 =
..........
Rsistance...
Troisime campagne :
6
Nouvelles...
TOUJOURS DACTUALITE :
Cette citation de Thomas JEFFERSON, 3me Prsident des Etats Unis de 1801 1809 : "Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos liberts que des armes entires prtes au combat. Si le peuple amricain permet un jour que des banques prives contrlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d'abord par l'inflation, ensuite par la rcession, jusqu'au jour o leurs enfants se rveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquise."
Communaut de Poitiers
Eh bien voil, encore une page qui se tourne : la vente de la maison des Coquelicots, Poitiers, le Petit Naintr, 4 rue de la Croix... Une premire pense ceux qui lont ouverte... Une autre ceux qui ont particip la rnovation... La vie de toutes ces annes, dans cette maison o il y a eu de la joie, des douleurs et de la tristesse. Merci aussi La et Rene, qui nous en avaient fait don avec leur coeur. Moi Daniel, qui suis le dernier, a ferm la maison... je me rappelle de la chanson des gentils petits coquelicots... Quoi dire encore ? Que cette maison a eu une grande histoire dEmmas. Si nous voyageons dans nos penses, nous nous rappellerons de tout cela. Merci encore La et Rene
Abonnement
NOM: ....................................................... PRNOM: .................................................. ADRESSE: .................................................. ..................................................................
Abonnement annuel :
Parole de Tchadien...
Aboubakar de quelle origine es-tu ? Je suis originaire d'un pays africain appel le Tchad. Ce pays est devenu indpendant en 1960. Avant c'tait sous domination franaise. Nous tions dans la Francophonie. Moi j'ai quitt mon pays en 2008. Pour quelle raison? Pour des problmes politiques ? Peux-tu nous parler de ta vie au Tchad... comment vivais-tu ? Moi je travaillais, j'avais un magasin d'alimentation. Mais la vie au Tchad tait trs difficile avec la famille du prsident Idriss Deby Itno. Il est prsident depuis 1990 par une prise de pouvoir par les armes. Je donnais de l'argent, pour les impts mais aussi de l'argent non rembours. Des gens venaient acheter pour l'Etat, ils devaient me payer, mais rarement j'tais rembours. Les Tchadiens sont fatigus aprs vingt ans de pouvoir. Nous vivions sous la crainte, il n'y a pas de scurit. Cette inscurit elle est partout, dans les forts, dans les villes, nous sommes en inscurit. Tu te promnes en voiture, ils t'arrtent te demandent de l'argent et si tu ne payes pas ils tuent toute la famille. Tu as une famille l bas ? Oui, je suis mari et j'ai une petite fille. O vivent-ils ? Toujours au Tchad, je les ai cachs dans un petit village pour les protger avant de partir. Le 2 fvrier 2008 il y a eu un coup d'tat dans la capitale N'Djamena. On a tu des moutons et nous avons fait la fte avec les rebelles. Mais deux jours aprs, les rebelles quittent la capitale : c'est bizarre pour nous. Nous tions fatigus par le prsident, les gens ont tout cass, les meubles... De l'argent a t pris, des trsors
y a beaucoup de Soudanais et de Tchadiens mais trs peu de scurit. Kadhafi la tlvision disait que les noirs taient bien mais avec la population c'tait autre chose. Je n'ai jamais vu autant de racisme. Dans la rue les Libyens se mettent plusieurs pour t'attaquer et te voler. La police arrive mais c'est toi qui va en prison. Je me retrouve avec la mme peur qu'au Tchad et je me dis : "Quitte mourir, j'aime mieux mourir dans mon pays". J'arrive avoir des faux papiers mais je ne travaille qu'un deux mois de ci de l. Je reste 10 mois comme cela. Je fais le jardinier avec un ami et je me cache chez lui. Puis j'ai trop peur, a ne peut pas continuer comme cela. Comme j'ai de l'argent alors Comment vas-tu rejoindre l'Europe ? Je veux rejoindre la France car c'est le seul pays que je connaisse. J'ai entendu parler de ce pays, il y a beaucoup de libert, d'espoir pour moi. Je cherche une solution pour venir en France. Une personne me dit : "Je vais chercher des papiers pour toi. De vrais passeports Libyens". C'est comme cela que je me retrouve Charles de Gaulle. Avec l'argent qui me restait, j'ai achet une place d'avion pour rejoindre la France le pays de libert. a m'a cout 4000 les papiers et le billet d'avion. Mon ami de Libye m'a aid car ce que j'avais n'tait pas suffisant. Comment tu t'y retrouves dans cet norme aroport ? Ayant peur que les papiers ne soient pas accepts par la France et que j'ai trop peur d'tre renvoy en Libye, alors je vais aux toilettes, je dchire mes papiers et les jette dans les W.C.. Puis je vais voir la police et leur dclare que je suis demandeur d'asile politique. Je cherche un avocat pour m'aider. Ils me mettent neuf jours
en rtention puis me librent. Nous sommes en quelle anne ? En 2008. Aprs cette libration que fais-tu ? Je vais Paris, la police me donne une autorisation de 8 jours pour faire les dmarches. Je trouve des Soudanais qui me disent : "Il faut aller Angers, l bas ils sont gentils tu seras bien accueilli". J'arrive Angers et je me retrouve avec des Soudanais et des Tchadiens. Je leur demande o il faut aller pour faire les dmarches du droit d'asile. Un Tchadien m'accompagne l'espace d'accueil pour traduire, car moi je ne parle pas le franais. Je leur explique ma situation, l'assistante sociale me dit d'appeler le 115. Pendant ce temps je dors au squat et je passe plusieurs nuits la communaut Emmas d'Angers. Je suis all aussi dans la Doutre la Petite Maison. Le matin il faut partir 7 heures et retour 18 heures. Durant ce temps, je suis dans la rue toute la journe. Cela dure 4 mois ensuite l'espace accueil me dirige vers Chteauroux dans un foyer Cada, l j'y reste presque deux ans. Durant ce temps je passe par l'O.F.P.R.A pour obtenir des papiers. La rponse est ngative, je prends un avocat qui me cote 800 . Je dois passer devant le juge de Paris en mars 2012. N'ayant pas obtenu mes papiers, je dois quitter le Cada. Je fais appel la communaut de Chteauroux, il n'y a pas de place. J'appelle le 115 2 ou 3 fois mais je me retrouve dans la rue durant 1 mois. J'ai vu des enfants dans la rue. Je croyais que la loi franaise vitait cela c'est bizarre. Comment arrives-tu Angers ? J'ai quand mme travaill 3 mois la communaut de Chteauroux. Comme je n'avais pas de nouvelle pour mes papiers je me dis : "Moi je connais Angers alors". Je retourne Angers et me fais oprer de la thyrode. Je demande avoir un titre de sjour maladie. Comment se passe ton arrive la communaut d'Angers ? Ils sont trs gentils avec moi. Ici je me sens en scurit j'ai du travail et me sens tranquille. Je peux me reposer mais ma famille me manque beaucoup. Je n'ai pas de nouvelles de ma femme et de ma petite fille. J'ai eu des nouvelles de mes parents par tlphone. Ici dans cette communaut il n'y a pas de racisme, je me suis senti bien accueilli. Notre entretien se termine,quel ge as-tu ? J'ai bientt 28 ans. Je suis n un 1er avril
De Bouches Oreilles
R
GION
MMAS
PAYS
DE
LOIRE
s : 3 ,0 0 e u r o
E HARENT POITOU C
Bonjour ! De temps en temps nous aimerions avoir un Bouches Oreilles plus guilleret, plus jovial, qui donne des nouvelles sympas, raconte des histoires lgres, pourquoi pas un peu ol ol ! H bien non, le Bouches Oreilles c'est toujours du lourd, du vcu, du costaud : les paroles de Daniel ou de Aboubacar nous vont droit aux tripes, les interpellations de Christophe notre prsident sont fortes et percutantes ; Florence notre dlgue gnrale a rencontr un Collge des compagnons passionn et engag, Martial nous fait un discours Num 225 - 16 pages trs digne (presque martial) l'occasion de l'inauguration de la nouvelle 1/4 : Interview de Daniel, compagnon Poitiers. salle de vente de Niort et enfin 5 : La 11me Perle de Vie est parue ! 6 : Mobilisons nos voies (x) suite... comme d'habitude Emmas Naintr 7 : Nouvelles : Esteville... Poitiers... 8/9 : Parcours dAboubakar, companous rappelle nos fondamentaux de gnon Angers. l'accueil inconditionnel avec une prio- A : Edito... B/C : Collge des Compagnons Les Peupins le 8 mars 2012. rit envers les plus dmunis que sont D/E : Inauguration Niort-Prahecq le 1 mars 2012., dun entrepot bric brac. souvent les sans-papiers. F/G : Collectif migrants de Chtellerault. Bravo Bruno d'avoir su fdrer Directeur DE Publication : ARRU Bernard plusieurs associations autour d'un RdacteurS : duverger JCLAUDE et SOURIAU Georges si noble objectif... Imprim par Les Ateliers du Bocage Emmas Peupins - 79140 Le Pin bientt Bernard
Edito
Le pince oreilles
Sommaire
Compagnons...
Thme : le CONGRES EMMAS du 29 au 31 octobre 2012 Faites comme vous savez faire ! abb Pierre...
Florence DELAMOYE, nous a rappel les objectifs du Congrs : comment on se motive tous ensemble pour les 5 annes venir ? Pas entre lus du mouvement mais tous ensemble, le "trpied" et les trois branches confondues 900 personnes venues de tous les groupes de France Grce aux dbats en cours - comme celui d'aujourd'hui - le texte final d'orientation pour le Congrs sera tabli en juin
Ci-dessous des extraits de nos dbats...
Florence Delamoye
donc accueillir celles et ceux qui arrivent, aujourd'hui on n'est plus en 54 ou en 89 - et faire avec Attention aux grosses communauts qui ont tendance devenir des "usines" ! C'est l'ensemble des communauts qui pratique l'accueil inconditionnel et chaque communaut fait selon ses capacits dans tel ou tel type d'accueil C'est la Branche Communautaire d'aider la "mutualisation" de l'ensemble HUMOUR ? Dire qu'on se pose encore la question si on doit accueillir des femmes en Ct ? On devrait en tre se demander comment on accueille les homosexuels !
Un mot dhistoire :
Nous tions sur un lieu plein dHistoire ! - En 1977 - il y a 35 ans - est ne au Peux une communaut daccueil de handicaps et de valides manant de la Cit des Cloches... - En 1983, la communaut rejoint le mouvement Emmas et stend sur Maulon... - En 1992 se cre lentreprise dinsertion les Ateliers du Bocage, branche 3 dEmmas... qui fournit encore lessentiel du travail aux compa( suivre...) gnons qui rsident au Peux...
Financement du mouvement :
SURTOUT DES QUESTIONS : La question des partenariats est difficile parce que tous les partenariats ne sont pas de la mme espce ni de la mme importance... Comment faire le tri ? Et si on les refuse tous, que devient le Salon ? et certains salaris d'Emmas France ? Mais il vaut peut-tre mieux avoir moins de moyens et ne pas "perdre son me" ! PROPOSITIONS : Il faut diversifier nos ressources, mieux nous adapter aux nouvelles matires premires existantes telles que le plastique ou autres optimiser nos sources de revenus , que se soit dans les espaces de ventes ou dans la valorisation du recyclage. Financements extrieurs : diffrencier ce qui est du droit commun de la personne et de la famille (comme l'allocation logement la prime pour l'emploi) et ce qui est soutien financier d'une entreprise qui demande toujours un "retour sur investissement", en publicit ou autre !
Nos communauts sont associations de lutte contre l'exclusion ET actrices de l'conomie solidaire :
Nous sommes avant tout une association de lutte contre les plus exclus, tout en tant un acteur de l'conomie solidaire en lien avec ce qui existe. On cre du lien tout en protgeant notre plante, nous sommes un vritable acteur de l'environnement.
Prochain Collge des Compagnons : 14 juin Fontenay le Comte Le thme : actualit des travaux du Chantier Compagnons de la Branche Communautaire. Bndicte Demonque sera des ntres.
Inauguration...
Projets et mercis...
Que d'activits solidaires, durables et de protection de l'environnement partir des excdents de notre socit ! Et ce n'est pas fini : d'autres projets vont voir le jour comme le regroupement sur un seul site du bric brac de Niort et de la plate-forme de textile TRIO. Alors merci tous les bnvoles, tous ceux qui nous soutiennent d'une manire ou d'une autre, Monsieur le Maire de Prahecq qui nous a toujours facilit la vie, l'architecte qui nous a fait grce de ses honoraires, bien d'autres encore, bien sr aux trs nombreux donateurs sans qui rien de tout cela ne pourrait exister. Mais au-del des remerciements habituels, je profite de l'occasion qui m'est donne de dire publiquement que vous pouvez tre fiers, compagnons d'Emmas, de travailler dans cette intelligence de "servir premier le plus souffrant", dveloppant le sens de la solidarit, de la mutualisation et du faire-ensemble.
La nouvelle salle
Droits humains...
enfants peut percevoir dans le cadre du RSA un revenu maximum de 841,99 , toutes ressources confondues : allocations familiales etc Au niveau social, nos marges de manuvre sont trs limites, et on constate que l'inscurit permanente dans laquelle vivent les familles migrantes, n'est pas sans consquence sur le bien-tre des enfants. Si les marges de manuvre sont extrmement limites sur le plan alimentaire, elles le sont encore plus dans le domaine de l'hbergement. Actuellement, compte tenu de l'volution lgislative, nous sommes amenes faire appel de plus en plus aux Associations pour tenter de rpondre aux besoins primaires de ces familles et nous sommes un relais parmi d'autres dans le ddale des dmarches administratives. Nous consacrons une grande part de notre travail l'coute de leurs angoisses permanentes, gnres pour une grande part par la peur de la reconduite la frontire. Christelle Daubign et Maryline Douet