CLERC_Laura
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CLERC_Laura
Travail de Bachelor
Par
Laura Clerc
Promotion 2008-2011
Le 4 juillet 2011
RÉSUMÉ
La démence est souvent synonyme de rupture des liens avec les autres et avec la vie de
tous les jours (Cuisinier 2002). En effet, les capacités de compréhension et d’expression
de la personne s’altère au fur et à mesure que la maladie évolue. Ainsi, la
communication non verbale et certains comportements (les cris…) deviennent les seuls
moyens de communication (Lévesque, Roux & Lauzon, 1990). Le soignant joue donc
un rôle-clé dans l’interprétation de ces comportements (SCPD1) et dans la mise en place
de stratégies de communication différentes. De plus, ces SCPD ont un impact important
sur le bien-être du soignant au travail.
Méthode : Il s’agit d’une revue de littérature étoffée menée entre septembre 2010 et
juin 2011. Chaque article a été synthétisé sous forme de grille de lecture. Les résultats
sont ensuite analysés à l’aide des cadres de référence : la communication selon
Lévesque, l’approche centrée sur la personne de Carl Rogers, la stimulation basale
d’Andréas Frölich et le snoezelen ainsi que le concept de qualité de vie au travail.
1
SCPD = Symptômes Comportementaux et Psychologiques de la démence
2
REMERCIEMENTS
Mon premier « Merci ! » va à Madame Amélie Rosado Walker pour son soutien et ses
précieux conseils et encouragements tout au long de la réalisation de ce travail.
J’adresse également mes plus vives remerciements à Madame Stella Bonnet pour sa
précieuse aide dans la traduction des recherches ainsi qu’à mon parrain Monsieur Jean-
Daniel Scyboz pour le temps consacré à la relecture de cet écrit.
Enfin, je ne peux finir ces remerciements sans mentionner mes collègues de classe de la
promotion Bachelor 2008 qui m’ont apporté leurs conseils, leurs encouragements et qui
n’ont pas manqué de répondre à mes questions durant ces nombreux mois consacrés à la
réalisation de ce travail.
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TABLE DES MATIÈRES
1. INTRODUCTION ................................................................................................. 6
6. MÉTHODE .......................................................................................................... 29
7. RÉSULTATS ....................................................................................................... 38
4
7.2 TABLEAU RÉCAPITULATIF DES RÉSULTATS SIMILAIRES ET DIVERGENTS ENTRE
LES ÉTUDES ................................................................................................... 51
8. DISCUSSION....................................................................................................... 54
9. CONCLUSION .................................................................................................... 78
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1. Introduction
Les soins et les relations aux personnes âgées atteintes dans leurs capacités cognitives
recèlent pleins de trésors et permettent d’aller à la découverte de l’Autre au plus
profond de son être et en même temps de se découvrir soi-même en tant qu’humain
soignant. Dans la profession infirmière, nous sommes fréquemment amenés à soigner
des personnes âgées atteintes dans leur santé psychique et physique, dans différents
services, engendrant notamment des problématiques communicationnelle et
relationnelle. Cependant, nous souhaitons baser notre questionnement sur les soins à ces
personnes vivant en établissement médico-social (EMS) car elles représentent une partie
importante de la population soignée. Selon une étude française (Cohorte PAQUID,
2003, cité par Vellas et al., 2005), deux tiers des personnes touchées par la maladie
d’Alzheimer vivraient en institution. Ces chiffres concernent des personnes sévèrement
atteintes, population cible que nous avons choisie pour notre revue de littérature. De
plus, les personnes atteintes de troubles cognitifs, particulièrement celles se trouvant à
un stade avancé de démence, manifestent fréquemment des symptômes
comportementaux et psychologiques difficiles à gérer pour les soignants. En effet, il
semblerait que ces symptômes soient plus présents chez les personnes vivant en
institution que chez celles vivant à domicile (Landreville, Rousseau, Vézina & Voyer,
2005).
Par ces quelques chiffres, nous pouvons aisément formuler l’hypothèse qu’à l’avenir,
nous rencontrerons encore plus fréquemment des personnes atteintes de démence de
type Alzheimer dans les différents services de soins. Cette augmentation considérable
du nombre de personnes touchées par la démence dans l’avenir ainsi que la complexité,
la richesse et les défis que représentent ces prises en soins constituent pour nous une
motivation à réaliser cette revue de littérature étoffée sur cette thématique.
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2. Problématique et question de recherche
Cuisinier (2002), psychologue clinicienne spécialisée en gérontologie, rattache plusieurs
termes au phénomène de la démence commençant tous par le qualificatif « Dé ». Elle
cite les mots : « dé/possédé, dé/motivé, dé/valorisé, dé/sinvesti, dé/placé (avec le
placement) (…) » (p.325). Selon elle, il s’opère alors un phénomène de dé/liaison.
Ainsi, la démence survient quand la personne ne parvient plus à réaliser les liens par la
pensée. Il y a aussi une rupture des liens avec les autres et avec la vie de tous les jours
(Cuisinier, ibid.). Ces éléments nous permettent déjà d’appuyer le fait que la relation
avec un patient dément est modifiée. Abordons maintenant ces diverses modifications
altérant la communication et la relation avec la personne démente puisque, selon
Lévesque et al. (1990), la perte progressive des capacités de compréhension et
d’expression constituent sans doute la manifestation clinique la plus désastreuse pour la
personne malade.
Dans le dernier stade de la démence de type Alzheimer appelé stade avancé ou sévère
(score au MMSE inférieur à 9), du point de vue symptomatologique, on retrouve une
atteinte de la mémoire à court et à long terme (Vellas et al., 2005). La personne malade
ne reconnaît ni ses proches ni les soignants et ne réagit quasiment plus aux stimulations
verbales ; elle se retrouve donc dans un isolement social. (Phaneuf, 2007). La
communication en est aussi réduite à de rares mots ou monosyllabes, voire au mutisme
complet, à l’exclusion des pleurs, des cris et de quelques grognements qui deviennent
les seules formes d’expression (Lévesque et al., 1990). Ainsi, les personnes atteintes de
démence qui ont partiellement perdu l’usage de la parole communiquent d’une manière
accrue par des moyens non verbaux (comportements, gestes). Le soignant a donc un
rôle important à jouer en observant et décodant ces comportements pour tenter de
répondre au mieux aux besoins de la personne, d’obtenir sa collaboration et surtout de la
confirmer dans sa dignité et son identité (Lévesque et al., ibid.). Toutefois, cette tâche si
importante s’avère souvent complexe car la personne malade peut difficilement
confirmer l’exactitude de notre compréhension (Lévesque et al., ibid.). Ceci nous
permet de poser la question pertinente : par quels moyens pouvons-nous essayer
d’instaurer une communication et entrer en relation avec ces personnes quand elles ne
saisissent plus le sens des mots et ne savent même plus qui elles sont ? Phaneuf (2007)
amène un premier élément de réponse quand elle aborde le fait que les personnes
démentes ont besoin que l’on établisse avec elles une communication où le regard et le
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toucher viennent remplacer les mots qui pour elles ont perdu leur sens. De par la
progression de la maladie, nous devons, en tant que soignants, adapter continuellement
notre style de communication car « nous servons en quelque sorte de trait d’union entre
le malade et un monde extérieur qui se révèle de plus en plus difficile à comprendre et à
interpréter » (Lévesque et al., 1990, p.120). Lévesque et al. (ibid.) affirment que :
Notre expérience clinique démontre clairement qu’il est possible d’entretenir un
contact avec le malade dément jusqu’à la fin, même si les moyens dont nous
disposons pour nous faire comprendre de lui sont de plus en plus limités au fur et à
mesure que la maladie évolue (p.121).
Nous développons maintenant un peu plus l’atteinte du « Moi » que subit la personne
démente et les répercussions possibles sur le soignant. Selon Phaneuf (2007), « la
personne atteinte de démence de type Alzheimer oublie tout, y compris sa propre
identité » (p.242). Le Gouès, psychiatre et psychanalyste (1991) cité par Charazac
(2009) parle de la désidentification démentielle qui provoque la perte du sentiment de
soi. Au niveau de la relation, il semblerait qu’il n’y ait pas que le patient qui devienne
dément mais aussi la relation qui bascule dans la démence puisque celle-ci est
considérablement modifiée par la perte d’identité du patient et la désorganisation de sa
personnalité (Charazac, ibid. ; Phaneuf, 2007). Comme nous abordons la notion de
relation, nous évoquons le phénomène d’identification qui est à la base de toute
interaction humaine. Celui-ci a dans la relation avec un patient atteint de la démence de
type Alzheimer un retentissement considérable pour le soignant. L’atteinte de l’identité
du patient trouble quasi automatiquement l’identité professionnelle et personnelle du
soignant (Charazac, 2009). Celui-ci, pour combattre cette influence, va chercher à
supprimer les symptômes « dérangeants ». Toutefois, il est nécessaire de soulever qu’en
procédant de cette manière, un autre trouble du comportement apparaîtra pour remplacer
l’autre (exemple : l’apathie remplacera l’agitation) (Charazac, ibid.). Il se peut aussi que
sans le vouloir, le soignant contribue ou accentue une crise catastrophique relié à ces
symptômes « dérangeants » appelés aussi symptômes comportementaux et
psychologiques de la démence (SCPD) en étant centré davantage sur le soin que sur le
résident (Institut universitaire de gériatrie de Montréal, s.d). Ceci nous permet de
soulever l’importance de prendre du recul pour le soignant par rapport à ces SCPD et
d’adopter une attitude de soin centrée sur le résident.
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d’Alzheimer atteint le cerveau, organe noble, mystérieusement fabuleux et inquiétant,
peur parce que la médecine paraît encore désarmée face à celle-ci, peur parce qu’elle ne
touche pas seulement des personnes âgées, peur parce que la plupart des gens ont pu
reconnaître les ravages qu’elle peut faire sur un proche ou dans leur entourage. En plus
des notions de transfert et de contre-transfert propres à la relation, nous pensons que le
personnel soignant peut aussi avoir ces peurs. La question serait de savoir, comment
influencent-elles les soignants dans leurs soins quotidiens aux personnes démentes ?
En tant que soignants, nous devons avoir conscience que les attitudes que nous adoptons
avec ces personnes atteintes de démence influent très fortement sur les soins et leurs
réactions à nos interventions (Phaneuf, 2007). Selon Brodaty (s.d), « la réaction d'un
patient est souvent liée à la façon dont il interprète les gestes du personnel infirmier.
Une personne démente peut donner à un geste une interprétation différente de la
réalité » (p.23). « (…) la relation d’aide exige d’abord du soignant une prise de
conscience de ses modes de communication, une volonté d’améliorer sa manière
d’entrer en relation (…) » (Phaneuf, 2002, p.13) car nous avons tendance à être dans
une attitude de domination et à considérer le malade Alzheimer comme une chose que
l’on place et déplace sans lui prêter attention et sans lui parler (Rigaud, 1998, cité par
Phaneuf, 2007). Cette approche de domination entraîne souvent des comportements
d’anxiété, d’opposition et même d’agitation. Ces mêmes comportements-symptômes
portent un nom. Il s’agit des SCPD que l’on retrouve chez 70 à 90 % des personnes
souffrant de démence modérée à sévère (Bassal, 2009). « Une étude rapporte que le coût
des soins associés aux SCPD peut représenter jusqu’à 30 % des coûts totaux consacrés à
la prise en charge des sujets atteints de maladie d’Alzheimer » (Beeri et coll., 2002, cité
par Landreville, et al., 2005, p.63). Il semblerait également que les patients vivant en
institution développent plus de symptômes comportementaux et psychologiques
(SCPD) que les personnes vivant à domicile (Landreville et al., ibid.).
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ces troubles qui, on le sait, ont une influence sur la qualité de vie des patients.
Toutefois, ces SCPD n’ont pas seulement une influence sur la qualité de vie des
personnes souffrant de démence mais ils ont aussi un impact sur la santé des soignants
et des aidants naturels si la personne vit à domicile. Ces situations sont sources
d’épuisement, de stress, d’anxiété voire de dépression pour les soignants avec le risque
de maltraitance c’est pourquoi, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide et à favoriser
la collaboration interdisciplinaire (Bassal, 2009, Institut universitaire de gériatrie de
Montréal, s.d). Nous pouvons faire l’hypothèse que ces SCPD auront une influence sur
l’établissement d’une relation soignant-soigné. Vellas et al. (2005) disent que les
familles sont souvent démunies devant ces situations. Il en est de même pour les
soignants qui ressentent certainement un fort sentiment d’impuissance, difficile à gérer.
Pour Phaneuf (2007), « faire face quotidiennement à des malades dont les
comportements nous sont inintelligibles risque de devenir un défi difficile à relever,
voire un cauchemar » (p.205). Ainsi, plusieurs éléments dont l’acquisition de
connaissances au sujet de la maladie d’Alzheimer et des moyens d’interventions sont
essentiels à l’application de soins infirmiers de qualité (Phaneuf, ibid.). De plus, pour
analyser correctement ces SCPD, il faut avoir une bonne connaissance du vécu
biopsychosocial de la personne affectée, de sa situation actuelle, des conséquences
biopsychosociales de ses lésions cérébrales et des moyens dont elle dispose pour
s’accommoder de son état (Brodaty, s.d).
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La complexité de tous ces éléments identifiés et mis en lien au travers des recherches
effectuées dans la littérature nous amène à notre question de recherche.
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manifestations. Nous souhaitons soulever le fait que « quel que soit le stade évolutif de
la maladie, la personne malade est un être humain unique, qui mérite respect et attention
et donc de soins de qualité (…) » (Vellas et al., 2005, p.628).
Le début de la maladie est insidieux, non manifeste, pouvant durer de 15 à 25 ans. C’est
donc après de nombreuses années que les premiers signes précurseurs (oublis plus
fréquents, distractions répétées, perte d’objet, humeur plus changeante, comportements
inhabituels, jugement altéré…) se manifestent (Phaneuf, 2007). Après le stade
préclinique, nous retrouvons le stade initial ou la personne oublie fréquemment des
choses courantes comme des noms, numéros de téléphone… Elle manifeste notamment
de la difficulté à retenir de nouvelles informations, à suivre des conversations et à
trouver le mot juste. (Phaneuf, ibid.). Durant ce stade, la personne malade a conscience
de son état ce qui engendre du stress, de l’anxiété et un risque de dépression. Au stade
initial, selon le consensus GRECO (s.d), les résultats du MMSE sont supérieurs ou
égales à 23 points (atteinte cognitive légère).
Vient ensuite le stade modéré. Il marque l’accentuation de tous les symptômes. Les
troubles de la mémoire deviennent très manifestes. En effet, « la personne oublie
progressivement son passé, elle ne reconnaît plus ses amis et sa famille (…). Le langage
devient difficile : dysarthrie, jargon » (Phaneuf, 2007, p.75). Il est aussi difficile d’avoir
une conversation avec la personne car même si elle entend les mots, elle ne parvient
plus à en saisir le sens (Phaneuf, ibid.). Au niveau de l’évaluation des déficits cognitifs
(MMSE), un score inférieur à 18 sur 30 correspond à une atteinte modérée (Consensus
GRECO, s.d).
13
(Landreville et al., ibid.). De nombreuses divergences existent dans les écrits
scientifiques quant à la dénomination de ces manifestations non cognitives. On retrouve
les expressions suivantes : perturbations comportementales, troubles
neuropsychiatriques, troubles affectifs, psychotiques… (Landreville et al. ibid.). C’est
en 1996 qu’un groupe de chercheurs consensuels de l’International Psychogeriatric
Association [IPA] a proposé la dénomination de « signes et symptômes
comportementaux et psychologiques » (SCPD) pour désigner les symptômes de
perturbations de la perception, du contenu de la pensée, de l’humeur, et du
comportement apparaissant fréquemment chez les sujets atteints de démence » (Finkel,
1996, cité par Landreville et al., 2005, p.4). Tout au long de notre travail, nous
utiliserons le terme de SCPD.
Une classification de ces symptômes est proposée par Landreville et al. (ibid.) cité par
Bassal (2009) en trois groupes : « Les troubles anxieux et troubles de l’humeur (ex :
anxiété et phobies, labilité émotionnelle, dépression), les troubles comportementaux
(agitation, syndrome crépusculaire, irritabilité et agressivité, apathie et indifférence…)
et les symptômes psychotiques (idées délirantes, hallucinations, illusions et fausses
reconnaissances) » (p.2). Dans les démences sévères, il s’agit surtout de l’apathie, de
l’agitation, de l’agressivité, parfois de la déambulation, des troubles du sommeil
(inversion nycthémérale complète), de l’opposition et des cris (Vellas et al., 2005).
Comme pour le stade modéré, « certains de ces troubles sont sous-tendus par des
éléments délirants et/ou hallucinatoires » (Vellas et al., ibid., p.629). L’IPA cite les
SCPD qui posent le plus de problèmes pour les soignants (Bassal, ibid.). En voici
quelques-uns : les cris, l’agression physique, l’errance, la dépression, la méfiance et les
accusations, les insomnies et le refus d’être aidé pour accomplir les AVQ. « Ces
symptômes représentent la raison la plus fréquente de consultation psychiatrique et
d’internement prématuré de personnes souffrant de démence » (Bassal, ibid., p.3).
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rapport à notre question de recherche. Malgré leur formation professionnelle, ils
éprouvent beaucoup de difficulté avec les patients présentant des SCD. « La première
conséquence des SCD pour les soignants est l’augmentation des exigences du travail, en
raison de la supervision accrue que demande le patient » (Landreville et al., ibid.,
p.313). Ainsi, ces exigences de soins plus élevées ont tendance à engendrer des attitudes
négatives qui pourraient pousser le soignant à éviter le malade. Toutes ces raisons
peuvent aussi décourager les professionnels de la santé, et plus particulièrement les
jeunes infirmiers diplômés, à travailler dans ce domaine (Landreville et al., ibid.). Un
lien a également montré que la fréquence des SCD dans une unité de soins peut avoir un
impact négatif sur la qualité de ces soins (Landreville et al. ibid.). Comme évoqué dans
la problématique, l’ensemble de ces SCPD représente un coût non négligeable pour le
système de santé. En conséquence, il est nécessaire d’identifier ces SCPD afin
d’orienter le diagnostic, de les prévenir et de les gérer de manière adaptée. Pour ce faire,
il existe plusieurs outils d’évaluation : l’échelle de Cohen-Mansfield plus spécifique
pour certains symptômes comme l’agitation l’échelle BEHAVE-AD (évaluation
globale) et le NPI-R qui permet notamment d’évaluer le retentissement de ces SCPD et
le niveau de détresse chez les soignants ou les aidants naturels (Bassal, 2009 ;
Landreville et al., 2005).
Selon Marc & Picard (s.d), « La communication et la relation interpersonnelle sont deux
termes proches. La communication est le rapport d’interaction qui s’établit lorsque les
partenaires sont en présence » (p.2). Celle-ci peut être verbale et/ou non verbale et se
déployer à plusieurs niveaux : intrapersonnelle, interpersonnelle, de groupe, de masse
(Fornerod, s.d.). Fornerod (ibid.) décrit la communication ainsi : « (…) processus
interactif de construction de sens se réalisant entre subjectivités (aptitudes à percevoir la
réalité à partir de sa propre expérience) dans un contexte social » (p.2). Elle se réalise au
moyen de quatre canaux principaux qui sont les distances entre les interactants, les
signes non-verbaux, les éléments para-verbaux et le canal langagier (Fornerod, ibid.).
Les personnes sévèrement atteintes de démence ayant de grandes difficultés à
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s’exprimer avec des mots auront recours à un autre type de communication appelée la
communication non verbale. Phaneuf (2002) la définit comme : « (…) un échange sans
mots. Sans être organisé en fonction d’un code précis, ce langage fait de regards, de
mimiques, de gestes, de postures est porteur de sens » (Phaneuf, ibid., p.66). Il
transmettrait selon Mehrabian 93 % de la signification de nos messages (Phaneuf, ibid.).
La relation désigne la forme et la nature du lien qui unit deux personnes. Dans les soins
prodigués aux personnes atteintes de démence de type Alzheimer, la relation occupe une
place centrale. Selon Diener (2002), elle « confère soutien et sécurité et influence donc
considérablement le déroulement de la maladie » (p.23). Pour les soignants, cela
représente un réel défi car ils vont devoir apprendre à communiquer avec une personne
qui perd le contrôle et qui a de la difficulté à se conformer aux normes et aux règles de
la société (Diener, ibid.).
5. Cadres de référence
Le présent chapitre développe les cadres de référence choisis que nous mettrons en lien
avec les résultats des recherches effectuées. Le cadre de référence peut s’appuyer à la
fois sur des théories ou sur des modèles conceptuels. Le cadre correspond à la base
conceptuelle de la recherche (Loiselle & Profetto-McGrath, 2007).
Toutefois, il ressort de nos lectures que les termes de cadre théorique et de cadre
conceptuel sont souvent utilisés de façon interchangeables c’est pourquoi nous
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préférons utiliser le terme général de cadre de référence pour éviter toute confusion
(Loiselle & Profetto-McGrath, ibid.).
Lévesque et al. (ibid.) proposent des conditions essentielles pour créer un climat qui soit
propice à la meilleure communication possible. Sans ces conditions, il semble difficile
de parvenir à communiquer sincèrement et valablement avec une personne atteinte de
démence de type Alzheimer. Toutefois, même si ces attitudes/conduites augmentent la
probabilité de comprendre le message de la personne, il se peut que cela soit un échec
étant donné la difficulté d’obtenir une confirmation du message par la personne malade
(Lévesque et al., ibid.).
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La connaissance de ses goûts, de ses habitudes, de son passé est essentiel pour assurer
son bien-être et lui créer un milieu qui respecte ses préférences. De plus, il faut être
attentif à la présence possible de troubles auditifs et visuels pouvant influencer la
communication. Lévesque et al. (ibid.) font entrer les attitudes d’acceptation
inconditionnelle et d’empathie de Carl Rogers dans les conditions indispensables à la
communication. Quelques précautions comme le choix du moment opportun
(fatigue…), le respect des capacités et du rythme, le maintien des promesses permettent
de faciliter l’établissement de la communication entre le soignant et le soigné (Lévesque
et al., ibid.).
Dans leur ouvrage, Lévesque et al. (ibid.), apportent des moyens pour aborder la
personne atteinte de démence. En effet, malgré les troubles du langage dont la personne
peut souffrir, il est essentiel qu’elle puisse communiquer de manière verbale et non
verbale (Lévesque et al., ibid.). « Afin d’établir le contact avec la personne, il faut
apprendre à l’approcher judicieusement puis à lui parler d’une manière simple et
concrète » (Lévesque et al., ibid., p.125). Les expressions de plaisir et de déplaisir sont
un bon moyen pour évaluer et poursuivre efficacement une relation. Des moyens très
simples comme se manifester à notre arrivée, approcher lentement la personne par
l’avant signalent notre présence et évitent de la faire sursauter. Il est aussi très important
de rechercher un contact visuel en se mettant à la hauteur de la personne pour essayer
d’obtenir un indice de réceptivité de sa part (Lévesque et al., ibid.).
Le toucher thérapeutique envers la personne proposé par Lévesque et al. (ibid.) nous
permet de faire le lien avec le concept « d’Humanitude » où le toucher prend une place
prépondérante. Il s’agit d’un concept anthropologique fondamental définit par Jacquard
(1987) et repris plus près de nous par Yves Gineste et Rosette Marescotti, « (…) qui
l’ont popularisé et inscrit dans une pensée philosophique et une méthode appliquée aux
soins quotidiens des Hommes vieux » (Phaneuf, 2007, p.9). Ces auteurs définissent
l’Humanitude comme : « l’ensemble des particularités qui permettent à l’homme de se
reconnaître dans son espèce, l’humanité… et de reconnaître un autre homme comme
faisant partie de l’humanité » (Phaneuf, ibid., p.9). Ces particularités sont : la verticalité,
le regard échangé, l’intelligence, la capacité de toucher l’autre, le sourire et le rire, la
socialisation… (Phaneuf, ibid.).
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Nous ne les développerons pas tous car certains ne concernent pas forcément notre
problématique.
Le toucher : « Il contribue à la formation de notre mémoire affective. Les impressions
qui sont emmagasinées au cours de notre vie dans notre mémoire affective sont les
dernières à s’effacer en cas de maladies neurodégénératives » (Phaneuf, ibid., p.11). De
plus, la peau constitue l’organe sensoriel le plus étendu de notre corps et nous confère
notre premier moyen de communication avec le monde extérieur (Phaneuf, ibid.).
Le regard : Il représente une source d’éveil et un contact visuel, c’est pourquoi il est
communication. « Le regard bienveillant de la soignante est une reconnaissance de
l’humain en lui et un appel d’humanitude » (Phaneuf, ibid., p.14). Cependant, comme la
confusion et les troubles visuels augmentent avec la progression de la maladie, les
perceptions du malade sont limitées. En conséquence, ce regard doit se faire plus
rapproché.
Le sourire : source de sérénité : « Le sourire est aussi le propre de l’humain ; c’est donc
un autre signe d’humanitude important pour les personnes âgées en perte d’autonomie
sur le plan cognitif » (Phaneuf, ibid., p.15).
L’éclosion de la parole : Les paroles ont une très grande influence sur les autres. Ainsi,
« la communication est un appel d’humanitude montrant à la personne démente qu’elle
est suffisamment importante pour que nous lui adressions la parole, que nous
l’écoutions, au risque de la comprendre et de nous ouvrir à sa souffrance » (Phaneuf,
ibid., p.16).
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domaine de la relation d’aide et de la psychothérapie. Nous lui devons seize ouvrages et
plus de deux cents articles traduits dans une soixantaine de langues différentes
(Kirschenbaum & Land Henderson, 1987 ; ACP Pratique et Recherche, 2011).
C’est à partir des années 1940 qu’il a développé successivement son approche
psychothérapeutique nommée « approche non-directive » qui, par la suite, est devenue
« approche centrée sur le client » et enfin, en 1974, « approche centrée sur la personne »
(Kirschenbaum & Land Henderson, 1987 ; Poirier, 1984).
Nous développons brièvement les fondements théoriques de cette approche centrée sur
la personne (ACP) avant de nous intéresser plus longuement à la relation d’aide
développée par ce même Carl Rogers.
La conception humaniste dans laquelle s’inscrit Rogers et son ACP peut se définir
ainsi : « Thérapie centrée sur le client dans sa globalité et son individualité » (Bulliard
Verville, 2005, p.1). Cette définition nous permet de faire un lien avec la prise en soins
des personnes atteintes de démence. Avant tout, nous nous devons de considérer le
patient comme un être humain à part entière et ne pas le « réduire » à une maladie ou à
un symptôme. Ceci nous semble d’autant plus important que le patient peut en arriver à
oublier sa propre identité. Nous soutenons également la nécessité d’adopter une vision
globale et individualisée de la situation de la personne afin de répondre au mieux à ses
besoins spécifiques et à ceux de son entourage.
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atteinte de démence a de la difficulté à savoir qui elle est. Toutefois, cela ne signifie pas
qu’elle ne peut plus se réaliser et qu’elle ne possède plus aucune ressource. A notre
sens, la présence chaleureuse et rassurante du soignant est là pour l’aider et peut-être
pallier à cette difficulté. Ces éléments nous permettent de faire le lien avec la relation
d’aide développée par Rogers.
Par relation d’aide, Rogers entend : « (…) une relation dans laquelle l’une au moins des
parties prenantes a pour objectif d’encourager l’autre (individu ou groupe) à s’épanouir,
à se développer, à mûrir, à mieux se porter et à mieux faire face à la vie »
(Kirschenbaum & Land Henderson, 1987, p.139). Dans les situations de personnes
atteintes de démence de type Alzheimer, la relation d’aide est primordiale afin d’essayer
d’empêcher l’édifice psychique de cette personne de s’écrouler complètement, de
combattre la dépression et le découragement, de lutter contre l’humiliation et la honte
qu’elle peut ressentir et de prendre conscience d’elle-même afin de préserver son
identité (Phaneuf, 2007).
Il ne faut pas oublier que dans une relation, il y a deux personnes. En conséquence
s’instaure une relation d’aide dans laquelle l’infirmière réagira avec tout ce qu’elle est
pour essayer notamment de comprendre le vécu de la personne et pour lui apporter son
soutien empathique (Phaneuf, ibid.). Ceci montre l’importance pour la soignante
d’apprendre à se connaître elle-même (émotions, valeurs…). Cette relation
professionnelle est très complexe. L’infirmière recueille les confidences, les demandes
ou les reproches du malade et de son entourage. Elle observe le comportement non
verbal, tente d’interpréter ce qui se passe pour pouvoir ensuite intervenir par la parole,
le toucher affectif ou par des interventions adaptées au contexte (Phaneuf, ibid.).
Pour créer une relation d’aide digne de ce nom, Carl Rogers définit les caractéristiques
nécessaires qu’elle doit posséder. Il s’agit de la congruence, de l’authenticité, de
l’empathie, de l’attitude chaleureuse et positive, de l’acceptation inconditionnelle et du
non-jugement (Rogers, 1972). Une définition précise de toutes les attitudes se trouve
dans l’annexe B.
21
personne démente. De plus, il semblerait que le manque de stimulation provoque
souvent une aggravation de la confusion et de l’errance nocturne (ANAES, 2003).
« Les soins quotidiens sont une occasion particulière de contact avec le malade. Ils
représentent des moments privilégiés pour communiquer avec lui et pour avoir accès à
son corps » (Phaneuf, 2007, p.257). « Les objectifs recherchés sont principalement la
réduction du stress, de l’angoisse des patients, la réduction des troubles du
comportement, l’amélioration du confort et de la qualité de vie des patients » (ANAES,
2003, p.21). Ces moments précieux doivent être mis à profit pour stimuler la personne
et la conserver dans un état d’éveil.
22
et diverses vibrations » (Phaneuf, ibid., p.259). De là, on peut tirer un parallèle avec la
notion de verticalité et de l’importance du lever et du mouvement proposé par le
concept d’Humanitude. Tous les mouvements apportent une stimulation vibratoire.
Toutefois, la personne alitée ou en chaise roulante ne reçoit que peu de ces stimulations.
Ainsi, par l’organisation de loisirs favorisant des gestes où la personne peut manipuler,
pétrir et par les massages corporels lors des soins d’hygiène, les soignants peuvent
pallier un peu ce manque de stimulation vibratoire (Phaneuf, ibid.). Le dernier type de
stimulation archaïque est la stimulation vestibulaire. On peut la percevoir lors des divers
positionnements du corps car le vestibule est un organe de l’oreille interne qui renseigne
l’être humain sur la position qu’il occupe dans l’espace, sur la situation de ses membres
(Phaneuf, ibid.). Ce système est essentiel à tous nos mouvements car c’est lui qui nous
permet de nous diriger et de nous orienter. Malheureusement, chez la personne qui
bouge peu, cette stimulation est quasi inexistante. Le soignant peut par exemple essayer
d’effectuer des mouvements de balancier du tronc d’avant en arrière en passant son bras
autour des épaules du soigné. « Ces stimulations vestibulaires ont un grand pouvoir
calmant et aident à rétablir un tonus musculaire approprié à la situation et à la posture
nécessaire » (Phaneuf, ibid., p.260).
Cette stimulation basale s’adresse aussi à d’autres sens : à l’ouïe par l’écoute de
conversations, de musique, par l’audition de bruits de la nature, par le goût et l’odorat.
Toutefois, nous devons aider la personne à les identifier. Plusieurs systèmes peuvent
être sollicités en même temps comme pour le jeu de percussion (système oral, auditif,
vibratoire et vestibulaire).
Ces éléments nous permettent de faire le lien avec le snoezelen qui peut être utilisé avec
une personne démente, désorientée, présentant des troubles du comportement tels que
de l’agitation, de l’agressivité ou des troubles du sommeil. Un des objectifs de
l’utilisation de cette technique est le développement d’un mode de communication non
verbale basée sur le toucher relationnel, ce qui à notre sens, appuie nos propos de la
problématique (Orain, 2008). Selon Alenda (2009), consultante en projets Alzheimer et
Renard (2009), le snoezelen permet de communiquer autrement avec ces personnes
atteintes dans leurs fonctions cognitives et constitue non pas une méthode mais bien un
outil de communication et de relation.
23
Le terme snoezelen est un néologisme, né de la contraction de deux verbes
néerlandais : snuffelen qui signifie renifler, flairer, fureter et présente une dimension
plutôt active, de découverte, (…), de stimulation, et doezelen qui signifie somnoler,
estomper, (…), et renvoie davantage à une idée de calme, de sérénité et de détente
Le snoezelen fait référence à une démarche d’accompagnement, à un mode d’approche
qui consiste à consacrer aux personnes soignées un temps dédié, dans un espace
approprié fait de couleurs, de matières, d’odeurs, de sons et de goûts, à des « activités »
reposant sur des sollicitations sensorielles, où l’excitation des sens se fait simultanément
ou séparément, d’où le lien avec la stimulation basale exposée précédemment (Orain,
ibid.). Comme la stimulation basale, le snoezelen est utilisé depuis de nombreuses
années dans le monde du handicap mais il n’apparaît en gérontologie que depuis
récemment (Orain, ibid.).
Pour Orain (ibid.), le snoezelen se vit, se sent, dans la relation, dans l’intensité. Il s’agit
« (…) avant tout d’un état d’esprit qui s’attache de façon prioritaire à trois axes :
l’importance du respect de la personne ; la priorité aux expériences sensorielles ; la
recherche de la détente et de la satisfaction » (Orain, ibid., p.l59). Tout comme la
stimulation basale, le snoezelen peut se vivre à n’importe quel moment de la journée,
partout, à condition de prendre la peine et le temps de vivre chacune des expériences
(Orain, ibid.). « Les objets ne sont que des supports. Seule la relation humaine, son
intensité, son authenticité peuvent donner une véritable valeur à l’outil » (Orain, ibid.,
p.159). En effet, le snoezelen constitue un espace où la relation est si intense qu’elle n’a
pas besoin d’être rythmée par des mots. « Les réactions, les regards, les sourires, les
émotions, la gestuelle ont plus d’importance que n’en aurait le langage parlé » (Orain,
ibid., p.161). Ainsi, la communication non verbale prend là, plus qu’ailleurs un véritable
sens. Du côté des soignants, cela implique d’être dans la relation en associant
profondeur, respect, sincérité, sensibilité, authenticité. « Pour le soignant, oser toucher
l’autre, c’est aussi prendre le risque d’être touché, et d’être éventuellement déstabilisé
par la puissance de la relation d’où un certain nombre de pré-requis pour lesquels il faut
être particulièrement vigilant » (Orain, ibid., p.161).
Ce lieu doit être contenant, cocoonant même, rassurant, apaisant où la personne se sent
en sécurité, en confiance (Orain, ibid.). De plus, le snoezelen doit être un espace de
liberté qui n’engage aucun enjeu d’acquisition cognitive, ni de performance physique
mais qui doit laisser place à l’imagination, au rêve, à la subjectivité et à la créativité
24
même (Orain, ibid.). Ainsi dans cette philosophie de prise en charge, « Le rien faire
devient accessible, tolérable et permissible » (Orain, ibid., p.160).
En effet, nous avons pu mettre en lumière que la prise en soins des personnes démentes
représente un défi réel pour les soignants au quotidien. La nécessité d’adapter
continuellement notre façon de communiquer, l’observation incessante pour tenter de
décoder les comportements afin de répondre au mieux aux besoins de ces personnes
demandent beaucoup d’énergie et d’implication de la part des soignants (Lévesque et
al., 1990). De plus, les soignants exerçant dans le domaine de la gériatrie « (…) sont
confrontés au quotidien à des phénomènes éprouvants tels que la souffrance, (…),
l’incohérence, (…), l’isolement, (…) (Bardot & Dauriac, 2007, p.23). Samacoits &
Martin (2008) mentionnent elles, des sentiments de culpabilité et d’impuissance chez
les soignants en lien avec l’écart entre un idéal thérapeutique et la réalité de la pratique
en gériatrie où leur rôle n’est pas orienté vers la guérison. Une parole d’une soignante
travaillant en gériatrie nous a particulièrement marqués : « Etre soignant c’est guérir, ici
personne ne guérit, tout le monde meurt » (Samacoits & Martin, ibid., p.24). A notre
sens, ces mots en disent beaucoup sur les représentations sociales que beaucoup ont sur
la personne âgée. Cette vision passablement négative des soins à nos aînés, qui plus est
atteints de troubles cognitifs et manifestant fréquemment des symptômes
« dérangeants », nous font dire que le quotidien auprès de cette population doit être
source de beaucoup de stress, d’anxiété voire d’épuisement. Le stress au travail
notamment constitue un concept faisant partie d’une notion plus large nommée la
qualité de vie au travail. Nous définissons ci-après, dans les grandes lignes, l’historique
de ce concept et les différents concepts s’y rapportant.
C’est vers la fin des années 60 que le terme de « Quality of work life » est utilisé pour la
première fois à l’occasion de la mise sur pied par la compagnie General Motors d’un
programme visant à évaluer le niveau de satisfaction des employés. Ce programme a été
prévu dans le but de développer une série de mesures contribuant à augmenter la
productivité des travailleurs (Goode, 1989 cité par Dupuis et al., 2009).
25
La qualité de vie au travail englobe plusieurs dimensions tels que le stress, la santé
psychologique, la satisfaction et tient compte des facteurs organisationnels pouvant
l’influencer (Dupuis et al., ibid.).
« Le stress au travail résulte d’un déséquilibre entre les capacités de l’individu et les
exigences de son environnement de travail » (Dupuis et al., ibid., p.14). En effet, le
soignant s’occupant d’une personne atteinte de démence est amené à faire face à des
exigences tant sur le plan physique que psychique. Si celui-ci a le sentiment de ne pas
avoir les ressources et les capacités personnelles pour y faire face, sa perception du
stress s’en trouvera modifiée. (Aldwin, 2007 ; Lazarus & Folkman, 1984, cité par
Dupuis et al., 2009). Lazarus & Folkman (1984) cité par Bruchon-Schweitzer (2001)
ont développé la notion de « stress perçu » pour expliquer cette perception individuelle
et singulière que les individus peuvent avoir d’une même situation de stress. En effet, ce
n’est pas son intensité, sa fréquence ni sa gravité qui sont stressantes en soi mais bien
son retentissement émotionnel et sa signification pour un individu en particulier
(Bruchon-Schweitzer, ibid.). Bruchon-Schweitzer (ibid.) nous apprend aussi que :
« L’individu ne subit pas passivement les événements de vie aigus et chroniques. Il
essaye de « faire face » (to cope) » (p.68). Ces stratégies que l’individu va élaborer pour
maîtriser, réduire ou tolérer ces situations sont nommées « stratégies de coping ».
Celles-ci peuvent prendre plusieurs formes : les stratégies cognitives (« évaluation de la
situation stressante, évaluation de ses ressources, recherches d’informations… »
(Bruchon-Schweitzer, ibid., p.68)), les stratégies affectives (« expression ou au contraire
répression de la peur, de la colère, de la détresse,… (Bruchon-Schweitzer, ibid., p.68))
et les stratégies comportementales (« résolution de problème, recherche d’aide,…
(Bruchon-Schweitzer, ibid., p.68)).
26
démentes. Nous pouvons poser les questions suivantes : Quelle satisfaction les
soignants retirent-ils de la prise en charge des personnes démentes avec lesquelles
l’établissement d’une communication et d’une relation est si difficile ? Comment celle-
ci peut-elle être influencée par les manifestations de SCPD des résidents dans les soins
quotidiens ?
Nous ne pouvons aborder l’aspect de la qualité de vie au travail sans parler de la santé
psychique/mentale des soignants. La santé psychique constitue une dimension
essentielle de la santé au même titre que les aspects physiques et sociaux de l’individu.
L’OMS (2003) la définit comme étant un : « (…) état de bien-être dans lequel une
personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail
productif et contribuer à la vie de sa communauté » (p.1). Ainsi, la santé psychique ne
signifie pas l’absence de troubles psychiques mais plutôt un équilibre dynamique où
l’individu est parfois confronté à des événements de vie difficiles (rupture, deuils,
sentiment d’impuissance, démotivation, stress, surmenage…).
La notion de bien-être au travail fait partie à part entière de la qualité de vie au travail.
Selon Dupuis et al. (2009), cette notion fait référence :
« (…) à un état plus englobant que celui de santé puisqu’il prend en considération la
personne dans son ensemble, ce qui se traduit par un sentiment et une sensation
d’épanouissement, de confort, de satisfaction générale, tant en parlant du corps que
de l’esprit » (p.14).
Après avoir défini les différentes dimensions du concept de qualité de vie au travail,
nous développons brièvement un instrument de mesure de la qualité de vie au travail qui
permet de cibler les domaines problématiques et de faire de la prévention. Il s’agit de
l’Inventaire systémique de qualité de vie au travail (ISQVT) de Martel & Dupuis
(2006). Ces auteurs ont construit leur définition de la qualité de vie au travail en
s’appuyant sur la définition de la qualité de vie en général. Voici la définition qu’ils en
donnent :
« La Qualité de Vie au Travail, à un temps donné, correspond au niveau atteint par
l’individu dans la poursuite dynamique de ses buts hiérarchisés à l’intérieur des
domaines de son travail où la réduction de l’écart séparant l’individu de ses objectifs
se traduit par un impact positif sur la qualité de vie générale de l’individu, (…) »
(p.27).
Cette définition a permis l’élaboration de l’ISQVT qui est constitué de trente-quatre
questions touchant les trente-quatre domaines de vie au travail. Ceux-ci peuvent être
regroupés dans huit sphères différentes : la rémunération, le cheminement
professionnel, les horaires de travail, le climat avec les collègues, le climat avec les
supérieurs, les caractéristiques de l’environnement physique, le soutien offert à
l’employé (prise en charge des absences, relation avec le syndicat…) et les facteurs qui
influencent l’appréciation des tâches (efficacité au travail, temps pour les tâches,
28
autonomie…) (Annexe C) (Centre de Liaison sur l’Intervention et la Prévention
Psychosociales (CLIPP), s.d.). Pour construire l’ISQVT, Martel & Dupuis (2006) ont dû
analyser un nombre considérable de modèles et outils de mesure tels que : le modèle
d’Evaluation du stress au travail (Job content questionnaire) de Karasek (1998), le
guide de l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) (2007) permettant de
dépister les risques psychosociaux etc.
Nous développons brièvement le questionnaire de Karasek (1998) qui est basé sur
l’équilibre entre les demandes (quantité de travail, exigences intellectuelles) et la
latitude décisionnelle (degré de contrôle, autonomie de décision). Ce modèle a été
développé par Karasek en 1979 et enrichi d’un facteur supplémentaire, le soutien social
en 1990 par Karasek et Theorell (Réseau francophone formation, santé, travail, 2010).
En résumé, ce modèle affirme que : « Une situation de travail génère du stress si elle
associe des exigences élevées, peu ou pas de contrôle et un soutien social faible de la
part de l’équipe de travail ou de la hiérarchie » (Dupuis et al., 2009, p.52). Nous
essayons de faire le lien avec la situation des soignants œuvrant auprès de personnes
atteintes de démence de type Alzheimer. Le degré de contrôle à savoir la perception
d’avoir la maîtrise de la situation peut, à notre sens, être compromise dans les soins aux
personnes démentes puisque le soignant est toujours confronté à l’imprévu, à
l’incertitude et à l’inconnu. De plus, les exigences du travail sont très élevées tant du
point de vue de la charge de travail que des exigences intellectuelles puisque nous
pouvons affirmer que la prise en soins des personnes démentes est très complexe et
demande de nombreuses connaissances et compétences. Tous les éléments nous
semblent donc réunis pour réaffirmer que la prise en soins des personnes atteintes de
démence peut être la source d’un stress important pour les soignants.
6. Méthode
6.1 Argumentation du devis et recherche de sources probantes
En vue de répondre à la question de recherche : quelles sont les interventions
infirmières qui peuvent aider à communiquer et à maintenir une relation avec une
personne sévèrement atteinte de démence de type Alzheimer tout en tenant compte de
l’impact des symptômes comportementaux et psychologiques (SCPD) sur les soignants
dans un contexte d’EMS, nous avons réalisé une revue de littérature étoffée sur la
banque de données Pubmed/Medline. Une revue de littérature étoffée doit permettre de
29
« faire le point sur l’état des connaissances touchant un sujet donné […] » (Loiselle &
Profetto-McGrath, 2007, p.138). En effet, ce devis permet à la personne novice en
matière de recherche d’extraire, de synthétiser des résultats probants portant sur un sujet
précis, d’évaluer les pratiques en vigueur et de recommander des changements (Loiselle
& Profetto-McGrath, ibid.). Ces éléments permettront ensuite de mettre au point des
savoir-faire et des interventions cliniques pertinentes et fondées dans le but d’améliorer
la pratique clinique.
Nous avons fait le choix de nous limiter à cette banque de données car nous avons pu
avoir accès à un nombre considérable d’études de qualité scientifique en lien avec notre
thématique. En effet, Pubmed peut être décrit comme un portail de recherche
d’informations médicales produit par la National Library of Medicine (NLM) aux Etats-
Unis.; sa composante principale est Medline qui rassemble plus de dix-neuf millions de
références d’articles issus de 4'800 revues médicales de 1949 à nos jours (guide abrégé
par la bibliothèque de la Faculté de médecine du CHUV, 2009). Elle constitue la base
de données de références pour les sciences biomédicales et donc une source de données
fiables pour la recherche en soins infirmiers.
Cette recherche a été menée de septembre 2010 à juin 2011 en s’appuyant sur les cours
reçus durant les modules 15 et 16.1 sur l’utilisation de la banque de données Pubmed
ainsi qu’en se référant au guide pour la recherche documentaire et la commande
d’articles scientifiques (Dubey, 2010) et à l’ouvrage de méthodes de recherche en
sciences infirmières de Loiselle & Profetto-McGrath (2007).
Des termes [Mesh] ont été choisis pour mener les recherches sur Pubmed. Les différents
termes [Mesh] utilisés nous ont, à plusieurs reprises, conduits à des résultats identiques.
De ce fait, nous pouvons affirmer que le choix de nos termes [Mesh] s’est avéré bon et
nous permet de faire l’état des connaissances sur notre question de recherche.
30
6.2 Critères de sélection
6.2.1 Critères d’inclusion
31
Le terme [Mesh] que l’on retrouve dans la majorité des stratégies est le suivant :
A ce terme [Mesh], nous avons associé différents autres termes [Mesh] dont nous
apporterons la définition selon Pubmed lors de leur première utilisation. Ces différentes
stratégies devraient nous permettre de trouver des articles qui pourraient répondre soit à
la première partie de notre question à savoir les interventions infirmières qui peuvent
aider à communiquer et à maintenir une relation avec les personnes sévèrement atteintes
de démence de type Alzheimer et/ou à la seconde partie sur l’impact des SCPD sur les
soignants dans un contexte d’EMS.
Stratégie 1
Recherche simple à l’aide de mots-clés sur Pubmed :
"Snoezelen in dementia"
Le terme « snoezelen » a été introduit dans une stratégie de recherche car nous avons pu
lire à plusieurs reprises que la stimulation sensorielle constitue une stratégie pour
favoriser ou maintenir une communication et une relation avec les personnes démentes.
Résultats : vingt-deux articles et quatre revues de littérature. Trois articles et une revue
de littérature ont été retenus sur la base des critères de sélection développés au point 5.2.
Livingston, M.D., Johnston, K., Katona, C., Paton, J. & Constantine, G. (2005).
Systematic Review of Psychological Approaches to the Management of
Neuropsychiatric Symptoms of Dementia.
Van Weert, J.C., Dulmen Van, A.M., Spreeuwenberg, P.M., Bensing, J.M. &
Ribbe, M.W. (2005). The effects of the implementation of snoezelen on the
quality of working life in psychogeriatric care. (1)
Van Weert, J.C., Dulmen Van, A.M., Spreeuwenberg, P.M., Bensing, J.M. &
Ribbe, M.W. (2005). Behavioral and mood effects of snoezelen, integrated in
24-hour dementia care. (2)
Van Weert, J.C, Kerkstra, A., Dulmen Van, A.M., Bensing, J.M., Peter, J. &
Ribbe, M.W. (2004). The implementation of snoezelen in psychogeriatrics care:
an evaluation through the eyes of caregivers. (3)
32
Stratégie 2
Recherche simple à l’aide de mots clés sur Pubmed :
"Snoezelen and communication"
Résultats : quatre articles et une revue de littérature. Un article a été retenu sur la base
des critères de sélection précédemment cité au point 5.2.
Van Weert, J.C., Dulmen Van, A.M., Spreeuwenberg, P.M., Bensing, J.M. &
Ribbe, M.W. (2005). Effects of snoezelen, integrated in 24h dementia care, on
nurse-patient communication during morning care. (4)
Stratégie 3
"Alzheimer’s Disease" [Mesh] AND "Music Therapy" [Mesh] AND "Behavioral
Symptoms" [Mesh]. Cette stratégie met en évidence deux nouveaux termes [Mesh]
issus de nos lectures sur le domaine. La musicothérapie est ressortie notamment dans
l’ouvrage sur la validation de Naomi Feil (1990), auteure de référence dans les soins
aux personnes atteintes de démence. Le terme [Mesh] "Behavioral Symptoms" est la
traduction de « symptômes comportementaux », manifestations fréquemment présentes
dans les états démentiels.
"Music Therapy" [Mesh] : The use of music as an adjunctive therapy in the treatment
of neurological, mental, or behavioral disorders. Year introduced: 1974
Résultats: neuf articles et une revue de littérature. Un article a été retenu sur la base des
critères de sélection développés ci-dessous.
Svansdottir, H.B. & Snaedal, J. (2005). Music therapy in moderate and severe
dementia of Alzheimer’s type : a case-control study.
De la bibliographie de cette étude, nous avons extrait la référence suivante
(revue de littérature) que nous avons pu retenir conformément aux critères de
sélection : Gräsel, E., Wiltfang, J. & Kornhuber, J. (2003). Non-Drug Therapies
for Dementia: An Overview of the Current Situation with Regard to Proof of
Effectiveness.
Stratégie 4
"Alzheimer’s Disease" [Mesh] AND "Job Satisfaction" [Mesh] AND "Stress,
Psychological" [Mesh]. Le choix des termes [Mesh] "Job Satisfaction" et "Stress,
Psychological" s’est aussi fait sur la base de lectures sur le domaine ainsi que sur la
perception que nous avions de l’impact des SCPD sur les soignants. Pour nous, la
33
notion de stress est indissociable de celle de la satisfaction et de la qualité de vie au
travail.
"Job Satisfaction" [Mesh] : Personal satisfaction relative to the work situation. Year
introduced: 1976
Résultats : trois articles. Un article a été retenu conformément aux critères de sélection.
Visser, S.M., McCabe, M.P., Hudgson, C., Buchanan, G., Davison, T.E. &
George, K. (2008). Managing behavioural symptoms of dementia : Effectiveness
of staff education and peer support.
Stratégie 5
"Dementia" [Mesh] AND "Stress, Psychological" [Mesh] AND "Job Satisfaction"
[Mesh]
Résultats : dix-neuf articles et une revue de littérature. Deux articles sont retenus selon
les critères de sélection.
Zimmerman, S., Williams, C.S., Reed, P.S., Boustani, M., Preisser, J.S., Heck,
E. & Sloane, P.D. (2005). Attitudes, Stress and Satisfaction of Staff Who Care
for Residents With Dementia.
Brodaty, H., Draper, B. & Low, L.F. (2003). Nursing home staff attitudes
towards residents with dementia : strain and satisfaction with work.
Stratégie 6
"Alzheimer’s Disease" [Mesh] AND "Nursing Homes" [Mesh] AND "Workload"
[Mesh]. L’étude de Brodaty, Draper & Low (2003) nous a permis de ressortir un
nouveau terme [Mesh] à savoir "Workload" qui a été mis en évidence au travers de
l’instrument de recherche (échelle suédoise de satisfaction avec les soins).
"Nursing Homes" [Mesh] : Facilities which provide nursing supervision and limited
medical care to persons who do not require hospitalization.
34
Résultats : six articles. Un article est retenu conformément aux critères de sélection.
Edvardsson, D., Sandman, P.O., Nay, R. & Karlsson, S. (2008). Associations
between the working characteristics of nursing staff and the prevalence of
behavioural symptoms in people with dementia in residential care.
Stratégie 7
"Alzheimer’s Disease" [Mesh] AND "Behavioral Symptoms" [Mesh] AND "Stress,
Psychological" [Mesh] AND "Nurses" [Mesh]
Résultats : deux articles. Un article est retenu sur la base des critères de sélection.
Roper, J.M., Shapira, J., Beck, A. (2001). Nurse caregiver feelings about
agitation in Alzheimer’s disease.
Avant de procéder à une analyse fine et à la réalisation des grilles de lecture pour les
douze études sélectionnées, nous avons parcouru les résumés des articles afin d’étudier
leur structure et leur contenu. Nous avons ensuite récolté des informations sur les
auteurs afin d’en savoir plus sur leur parcours professionnel et leur importance. Puis,
nous avons fait les démarches pour obtenir l’article en texte intégral soit directement pas
l’intermédiaire de Pubmed ou en inscrivant le titre de l’étude sur Google. Pour la
majorité des articles, nous avons pu les obtenir avec ces stratégies. Cependant, deux
articles n’étaient pas disponibles en texte intégral par ce biais-là, nous les avons donc
commandés auprès de la Bibliothèque Cantonale de Fribourg et de l’Université de
Berne.
Une première traduction des articles rédigés en anglais en vue d’une première lecture
nous a permis d’évaluer la qualité de la recherche notamment au niveau de la structure
méthodologique par exemple à l’aide du devis de recherche. Cette analyse
méthodologique a été réalisée dans la limite de nos compétences. Nous nous sommes
appuyés sur les contenus de cours reçus dans les modules 15 et 16.1 pour la réalisation
de ce travail de Bachelor ainsi que sur l’ouvrage de Loiselle & Profetto-McGrath (2007)
sur les méthodes de recherche en sciences infirmières. Cook et Campbell (1979) cité par
Loiselle & Profetto-McGrath (2007) mentionnent quatre critères importants dont il faut
35
tenir compte pour évaluer un devis quantitatif. Les études quantitatives de notre panel
ont été observées en regard de trois de ces critères :
2. La validité interne : « S’il y a bien une relation, quelle est la fiabilité des éléments
attestant que c’est la variable indépendante étudiée […], plutôt que des facteurs
parasites (extrinsèques ou intrinsèques), qui a engendré les résultats ? » (Loiselle &
Profetto-McGrath, ibid., p.203). Concernant ce critère, force est de constater que nous
manquons de connaissances scientifiques pour être capable d’évaluer nos études de
façon précise. Nous nous basons donc sur la façon dont les auteurs ont évalués eux-
mêmes leurs études. De manière générale, tous les auteurs ont mentionné de façon
détaillée et précise les limites de leur étude ce qui représente pour nous un gage de
fiabilité et de validité (annexe F).
3. La validité externe : « Quelle est la fiabilité des éléments attestant que les relations
observées peuvent se généraliser et s’appliquer à d’autres personnes et contextes, et ce
au fil du temps ? » (Loiselle & Profetto-McGrath, ibid., p.203). En effet, le chercheur
qui s’attèle à une étude quantitative souhaite que les résultats découverts puissent être
généralisables à d’autres groupes de personnes (Loiselle & Profetto-McGrath, ibid.). Le
pouvoir de généralisation des résultats de nos études est peu abordé par les auteurs eux-
mêmes. Toutefois, les échantillons retenus nous semblent pertinents et représentatifs de
la population ce qui nous permet d’affirmer que la possibilité de généraliser les résultats
et de les appliquer à l’ensemble de la population est bonne. Nous avons quelques doutes
36
sur les possibilités de généralisation des résultats pour l’étude de Svansdottir & Snaedal
(2005). En effet, les résultats de cette étude concernent un type de musicothérapie bien
précis et à notre sens, il n’est pas sûr que ces résultats puissent être généralisables à
d’autres types de musicothérapie comme le chant, l’écoute passive etc.
Mis à part la pertinence du plan d’échantillonnage, la validité externe d’une étude peut
aussi être influencée par d’autres aspects. En effet, lorsqu’une intervention est nouvelle,
il se peut que les participants tout comme les chercheurs modifient leur comportement
(enthousiasme, scepticisme face à la nouvelle approche par exemple) (Loiselle &
Profetto-McGrath, 2007). Ainsi, « […] les résultats reflètent parfois les réactions à la
nouveauté plutôt que les qualités intrinsèques du traitement » (Loiselle & Profetto-
McGrath, ibid., p.206). Les résultats sont aussi potentiellement influencés par le fait que
les sujets ont conscience de participer à l’étude. On parle dans ce cas-là de l’effet
Hawthorne (Loiselle & Profetto-McGrath, ibid.). Etant donné que nos recherches
étudient parfois des interventions nouvelles pour les soignants, nous estimons que le
risque de modification du comportement est bien présent. Van Weert et al. (2005) (1)
abordent cet effet Hawthorne dans le paragraphe concernant les limites de leur étude. En
effet, il est possible que les soignants dans le groupe expérimental où la mise en œuvre
du snoezelen a eu lieu aient modifié leur comportement parce qu’ils savaient qu’ils
participaient à une étude. Cependant, le fait de procéder à des études en aveugle lorsque
cela est possible permet de limiter tous ces risques. Dans plusieurs études consultées, les
auteurs ont pris soin de le faire (par exemple : Van Weert et al., 2005, (2) (4)).
37
Cadre de référence et concepts utilisés, Discussion et seuil de signification
Commentaires en lien avec la question de recherche
Cette étape de classement des résultats probants est essentielle à la rédaction d’une
analyse. Ce genre de grille est un survol qui permet de synthétiser une grande quantité
d’informations (Loiselle & Profetto-McGrath, 2007).
7. Résultats
7.1 Démarche de synthèse des résultats
Après avoir décrit précédemment les différentes étapes suivies pour la recherche et la
synthèse des résultats probants, nous développons la manière dont nous allons
synthétiser les résultats. En effet, il est important de réfléchir à comment structurer le
texte avant de le rédiger pour que l’analyse soit cohérente (Loiselle & Profetto-
McGrath, ibid.). « (…), l’objectif général est de structurer l’analyse dans le but de
parvenir à une présentation logique et synthétique, qui permette de faire le bilan des
connaissances sur le sujet » (Loiselle & Profetto-McGrath, ibid., p.147). Afin de rendre
compte des résultats de la manière la plus claire possible, nous allons les organiser
comme suit : un premier chapitre abordera plus spécifiquement la première partie de
notre question de recherche à savoir les interventions infirmières favorisant le maintien
de la relation et de la communication avec une personne démente. Les catégories de
résultats que nous avons pu dégager pour cette première partie de question sont les
suivantes : la stimulation multi-sensorielle (le snoezelen), la musicothérapie, le toucher
thérapeutique, l’approche centrée sur la personne (ACP) et le climat de soins, la
formation, la supervision et le soutien de la hiérarchie.
Un second chapitre développera l’impact des SCPD sur les soignants permettant de
répondre à la deuxième partie de notre question. Les catégories ressorties sont : les
perceptions et attitudes des soignants dans les soins aux personnes atteintes de démence,
la satisfaction et le stress.
Toutefois, nous avons conscience que ces deux aspects sont indissociables puisque
l’impact des SCPD sur les soignants aura forcément une influence sur les stratégies
d’intervention que le soignant mettra en place.
38
7.1.1 Les interventions infirmières
Les interventions infirmières que nous allons développer ci-dessous sont, dans certains
articles, abordées dans le sens de la gestion des SCPD. Toutefois, à notre sens, le
maintien de la communication et de la relation avec les personnes atteintes de démence
passe par la gestion des SCPD parfois si envahissants et perturbateurs et vice versa.
Selon Ponticaccia (s.d), médecin dans un centre de gérontologie clinique, les hypothèses
psychodynamiques sur l’étiologie des SCPD passent notamment par la prise en compte
de la qualité des interactions entre la personne malade et son entourage. Van Weert,
Van Dulmen, Spreeuwenberg, Bensing & Ribbe (2005) (2) expriment des propos
similaires. Le processus de démence résulte d’une interaction entre une déficience
neurologique et des processus psychologiques et sociaux (exemple : l’interaction entre
le soignant et le patient atteint de démence) (Van Weert et al., ibid. (2)).
Avant de développer les résultats concernant cette intervention, nous faisons un état des
définitions du snoezelen dans la littérature consultée. Van Weert et al. (2005) (1) (2) (4)
et Van Weert, Kerstra, Van Dulmen, Bensing, Peter & Ribbe (2004) (3) définissent le
snoezelen de la façon suivante : L’équivalent français du terme snoezelen est
« stimulation multi-sensorielle ». Dans les articles de ces auteurs, il s’agit d’une
approche intégrée dans les soins de 24h qui stimule activement les sens (ouïe, toucher,
vue, odorat) dans un environnement non-menaçant et orienté sur le résident (voir dans
le chapitre sur l’approche centrée sur la personne) (Van Weert et al., 2005, (1) (2) (4) ;
Van Weert et al., 2004, (3)). Le but est de fournir une stimulation sensorielle douce et
individuelle respectant les préférences sensorielles propres à chacun sans avoir à fournir
un processus cognitif (mémoire, apprentissage) afin de parvenir à ou maintenir un état
de bien-être. De ce fait, le snoezelen est considéré comme un outil approprié pour
communiquer avec les personnes sévèrement atteintes de démence puisque qu’il ne fait
pas appel à des capacités intellectuelles. De plus, le snoezelen devrait réduire les
comportements inadaptés et augmenter les comportements positifs des résidents atteints
de démence mais aussi réduire le stress des soignants et de là améliorer la qualité de vie
au travail. D’un point de vue pratique, les aspects du snoezelen peuvent être utilisés
dans les soins quotidiens au lit du patient, dans la salle de bain et le salon (Van Weert et
al. ibid., (1) (2) (4) ; Van Weert et al., ibid., (3)). Selon les articles de Gräsel, Wiltfang
& Kornhuber (2003) et de Livingston, Johnston, Katona, Paton & Constantine (2005),
39
la stimulation sensorielle est utilisée pour lutter contre la privation sensorielle chez des
patients atteints de démence. Ces interventions de stimulation sensorielle ont lieu dans
une pièce spécialisée et durent entre trente et soixante minutes (Livingston et al., ibid.).
Les résultats de Livingston et al. (ibid.) et de Van Weert et al. (2005) (2) permettent
d’affirmer que de manière générale, le snoezelen a eu un effet bénéfique sur l’humeur,
les comportements apathiques et agressifs. Toutefois, ces deux groupes d’auteurs ne
sont pas d’accord sur les résultats en ce qui concerne les comportements d’agitation.
Pour Livingston et al. (2005), le snoezelen a eu un effet bénéfique sur les
comportements d’agitation tandis que pour Van Weert et al. (2005) (2), le snoezelen n’a
pas d’impact sur l’agitation. Quant à la durée des effets, pour Livingston et al., (ibid.),
ils se limitent à la durée de la session et jusqu’à l’heure suivante. L’effet à long terme,
par exemple un mois après, n’a pas non plus pu être prouvé (Livingston et al., ibid. ;
Gräsel et al., 2003).
2
Communication instrumentale positive : autonomie, information et orientation…(annexe D)
40
ont plus utilisé la communication verbale affective positive3 ainsi que la communication
non verbale (regard orienté vers le résident, toucher affectif, sourire) que ne l’ont fait les
aides-soignantes dans le groupe contrôle (soins habituels) (Van Weert et al., ibid., (4)).
La musicothérapie
Livingston et al. (2005) incluent dans cette thérapie le fait de jouer de la musique durant
des sessions prévues à cet effet ou durant des moments particuliers de la journée comme
les soins d’hygiène. Les participants sont aussi invités à bouger sur la musique s’ils le
souhaitent. Svansdottir & Snaedal (2005) en donnent une définition plus précise. Il
s’agit d’un type d’intervention non-pharmacologique basé sur l’utilisation systématique
de mélodies, de sons spécifiques et des mouvements. Quant à la revue de littérature de
Gräsel et al. (2003), ils entendent l’utilisation de musique ou d’éléments musicaux à des
fins de guérison. Pour eux, cette thérapie comprend l’écoute de musique et
l’improvisation musicale par le chant par exemple et nourrit l’objectif d’influencer
positivement les symptômes sociaux et comportementaux. Selon ces mêmes auteurs, le
but de la musicothérapie est de compenser les limitations dans la capacité d’agir et de
s’exprimer des patients atteints de démence (Gräsel et al. ibid.).
Les études consultées sur cette thématique ressortent un effet de la musicothérapie sur
les personnes sévèrement atteintes de démence principalement durant le moment de son
utilisation et directement après (Svansdottir et al., 2005 ; Gräsel et al., 2003 ; Livingston
et al., 2005). Tout comme pour le snoezelen, cet effet ne semble pas se prolonger sur un
long terme. Pour Svansdottir & Snaedal (2005), la musicothérapie a un effet significatif
sur ce qu’ils nomment les perturbations des activités4 car elle permet une participation
3
Communication verbale affective positive : conversation sociale (ex : « Bonjour, comment ça va ? »),
validation (communication orientée sur les émotions, comprendre la réalité subjective dans laquelle est le
patient sur le moment), entente et compréhension (montrer son accord et sa compréhension), affection,
attitude de partenaire de soins, discussion sur la stimulation sensorielle, question affective (ex :
« Comment vous sentez-vous ? Pourquoi êtes-vous si triste ? »)
4
Les perturbations des activités comprennent : les comportements de fugue, les activités sans objet et les
activités inappropriées.
41
active des patients durant la session (création d’activités concrètes pouvant donner du
sens à leur quotidien). La revue de littérature de Gräsel et al. (2003) met, quant à elle, en
évidence un impact de la musicothérapie sur les aptitudes sociales (interactions),
l’humeur et la réduction des problèmes de comportement comme l’agitation et
l’errance. Cet impact sur les comportements d’agitation est réaffirmé par les études
consultées par Livingston et al. (2005).
Le toucher thérapeutique
Les revues de littérature (Livingston et al., ibid. ; Gräsel et al., 2003) ainsi que l’article
sur la communication soignant-soigné durant les soins du matin lors de l’implantation
du snoezelen (Van Weert et al., 2005, (4)) abordent la notion de toucher thérapeutique.
Dans certaines études comme dans celle de Livingston et al. (2005), la technique de
toucher thérapeutique utilisée est détaillée alors que dans l’étude de Gräsel et al. (2003),
aucune précision sur la technique préconisée n’est donnée. Le seul élément apporté par
ces auteurs est qu’ils classent le toucher thérapeutique dans la thérapie du milieu comme
c’est le cas pour la stimulation sensorielle. Les résultats obtenus ne sont donc pas remis
ensemble car il n’est pas sûr qu’ils abordent le même type de toucher thérapeutique.
Pour Gräsel et al. (ibid.), le toucher thérapeutique est préconisé pour parvenir à la
relaxation chez les personnes sévèrement atteintes de démence. Cette approche semble
réduire le stress et les problèmes de comportement comme l’agitation motrice ainsi que
les vocalisations inappropriées durant la période de l’intervention, mais l’effet ne se
poursuivrait pas sur le long terme (Gräsel et al., ibid.). Comme mentionné ci-dessus, la
technique de toucher thérapeutique appliquée dans les études retenues dans la revue de
littérature de Livingston et al. (2005) est détaillée. Il s’agit d’associer aux massages
d’autres stimulations sensorielles (musique, odeur, goût). Cette technique aurait pour
effet de diminuer les comportements d’agitation et les comportements perturbateurs ceci
également seulement durant la session et directement après (effet : maximum cinq
jours). Enfin, l’étude de Van Weert et al. (2005) (4) montre que les aides-soignantes
appliquant l’approche du snoezelen dans les soins du matin ont plus utilisé le toucher
thérapeutique que leurs pairs dans le groupe des soins habituels.
Plusieurs articles s’intéressent à l’ACP et/ou au climat de soins (Van Weert et al., 2004,
(3) ; Van Weert et al., 2005, (1) ; Zimmerman, Williams, Reed, Boustani, Preisser,
42
Heck & Sloane, 2005, Edvardsson, Sandman, Nay & Karlsson, 2008). Van Weert et al.
(2005) (1) thématisent l’ACP en la mettant en lien avec le climat de soins. Edvardsson
et al. (2005) n’ont pas nommé l’ACP de manière explicite. Ces auteurs parlent plutôt
d’un climat de soins vécu comme étant thérapeutique ou non selon la perception qu’en
ont les soignants. Quant à Zimmerman et al. (2005), ils détaillent seulement leur vision
de l’ACP.
L’étude de Van Weert et al. (2004) (3) affirme clairement que des changements dans
l’organisation journalière des soins et le climat de soins ont eu lieu suite à
l’implantation du snoezelen et de l’ACP puisque quatre services expérimentaux sur six
ont remodelé toute leur organisation quotidienne. Nous ne revenons pas sur les résultats
concernant le snoezelen car ils ont été développés précédemment. Toutefois, le
snoezelen et l’ACP seront associés dans la discussion ci-après. Les principales
adaptations dans l’organisation des soins sont les suivantes : possibilité de faire les soins
d’hygiène le matin ou le soir selon les préférences de la personne soignée ou
opportunité de prolonger les soins d’hygiène au-delà du cadre habituel (temps de pause
le matin) (Van Weert et al., ibid., (3)). Les aides-soignantes rapportent que la mise en
œuvre du snoezelen a permis d’aboutir à un style de travail plus décontracté. Elles
précisent quand même que tout le travail est effectué dans le temps prévu. Elles
expliquent cela par le fait qu’elles se sentaient moins gênées par les comportements
dérangeants des résidents (Van Weert et al., 2005, (1)). Les résultats mentionnés ci-
dessus mettent en évidence un climat de soins positifs et perçu comme tel par les
soignants. Edvardsson et al. (2008) ont cherché à comparer les services dans lesquels le
climat de soins est perçu positivement et les services dans lesquels le climat de soins est
plutôt négatif. Les résultats obtenus par ces auteurs ont reçu un fort soutien statistique et
permettent d’affirmer que les comportements d’errance, de fuite et d’agitation sont
significativement plus présents dans les services où les soignants ont une perception
négative du climat général de soins en comparaison des services où une perception
positive du climat de soins prédomine. Toutefois, Edvardsson et al. (ibid.) mentionnent
un besoin de recherche supplémentaire notamment sur comment créer et maintenir un
climat de soins favorable. L’effet de ce climat sur les résidents pourrait aussi être plus
développé. Ces auteurs concluent leurs résultats en s’appuyant sur d’autres articles. Des
recherches précédentes soutiennent l’argument qu’un climat de bien-être est essentiel
pour les personnes atteintes de démence. Kitwood (1997) cité par Edvardsson et al.
43
(2008) affirme que les souvenirs émotionnels sont plus longtemps présents que les
souvenirs « cognitifs » chez les personnes atteintes de démence. Ces souvenirs
émotionnels sont utilisés pour interpréter et communiquer dans le présent (Kitwood,
1997, cité par Edvardsson et al., ibid.). Par conséquent, un climat de soins calme,
chaleureux et accueillant pourrait faciliter le bien-être et l’expérience de sécurité chez le
résident alors qu’un climat de stress, hostile et peu accueillant pourrait avoir un impact
négatif sur le bien-être du patient. Quant à Van Weert et al., (2004) (3) et Zimmerman et
al. (2005), ils n’utilisent pas le terme de « climat de soins » mais plutôt celui « d’attitude
et d’approche de soins ». Dans les services où le snoezelen est développé, les aides-
soignantes rapportent qu’elles prennent plus de temps pour réaliser leurs soins. Voici
une parole d’une soignante évoquant cela : « (…) Avant tout était fait vite, vite, vite,
sortir les gens du lit… Mais maintenant, nous avons plus de temps pour l’autre » (Van
Weert et al., 2004., (3)). Ces mêmes soignantes précisent qu’avant l’implantation du
snoezelen, le soin était orienté vers la tâche et moins vers le résident (Van Weert et al.,
ibid., (3)). Ainsi, l’arrivée du snoezelen leur a permis de modifier leur attitude face à la
personne soignée. Le concept d’ « approche centrée sur la personne » en lien avec le
snoezelen est décrit dans l’étude de Van Weert et al. (ibid.) (3). Pour Zimmerman et al.
(2005), cette approche centrée sur la personne en revient à adopter une attitude de soins
individualisée face à la personne soignée. Les détails dans la façon de définir cette ACP
sont présentés dans la discussion. De manière générale, le fait d’adopter une attitude de
soins centrée sur la personne implique de ne pas se restreindre à « la maladie du
résident » mais de considérer « le résident avec une maladie » (Van Weert et al., 2004,
(3)). Le changement dans l’attitude des soignants a abouti à des résultats positifs chez
les résidents. Les soignants remarquent qu’ils sont plus réceptifs et qu’il est plus aisé
d’établir une communication avec eux. De plus, il semble que les résidents manifestant
de l’agitation, de l’agressivité deviennent plus calmes et satisfaits des soins (Van Weert
et al., ibid., (3)).
44
revue de littérature. Pour Van Weert et al. (2004) (3), la formation a été identifiée
comme étant à la base de tout changement dans les habitudes d’une personne. Toutefois,
l’impact de cette formation à la fois sur l’établissement d’une relation et d’une
communication avec les personnes démentes et sur les SCPD diverge selon les études.
Pour Livingston et al., (2005), la formation contribue à la réduction de l’expression de
violence par le résident envers le soignant. Roper et al. (2001) développe un résultat
intéressant mais qui ne peut pas être comparé directement avec celui de Livingston et al.
(2005) ou avec ceux que nous développerons ci-dessous. Roper et al. (2001) mettent en
évidence que les soignants avec le moins d’années de formation dans les soins ont plus
tendance à se retrouver dans une attitude de personnalisation de la maladie c’est-à-dire
notamment qu’ils s’identifient personnellement avec le patient et qu’ils ont de la
difficulté à maintenir une distance professionnelle adéquate (Roper et al., ibid.).
Quant à Gräsel et al. (2003) pour qui la formation devrait constituer une piste pour
améliorer les comportements et les états émotionnels des résidents obtiennent des
résultats différents selon les études consultées. Trois études quasi-expérimentales
(Kihlgren et al., 1993 ; Wells et al., 2000 ; McCallion et al., 1999) consultées par Gräsel
et al. (ibid.) affirment que suite à la formation, les soignants étaient plus en mesure
d’offrir des soins dans un climat positif propice à une meilleure coopération et
participation des résidents dans les activités de la vie quotidienne. De plus, une
augmentation du contact verbal soignant-soigné durant les soins du matin a été
observée. C’est précisément sur ce dernier aspect qu’une autre étude consultée par
Gräsel et al. (2003) met en évidence un résultat inverse. Selon Chappell & Reid (2000)
cité par Gräsel et al., (2003), il n’y a pas de lien significatif entre la formation des
soignants et les compétences d’expression des résidents. Les résultats de l’étude
d’Edvardsson et al. (2008) n’ont, quant à eux, pas montré d’effet significatif de la
formation sur les manifestations de SCPD contrairement à ce qu’ils auraient pensé.
Van Weert et al. (2004) (3) ont clairement mis en évidence que les soignants ont besoin
du soutien du supérieur et de la direction pour poursuivre leur effort dans le changement
45
de leurs habitudes. Ce soutien de la hiérarchie a aussi intéressé Visser et al. (2008)
puisqu’ils ont mené une recherche abordant spécifiquement l’efficacité de la formation
avec ou sans le soutien du supérieur hiérarchique direct comme une stratégie de gestion
des SCPD. Pour ces auteurs, le soutien de la hiérarchie inclut l’échange d’informations,
un soutien mutuel, une cohésion de groupe. Ce soutien a pour but d’augmenter le
coping, l’efficacité personnelle, la sécurité dans l’équipe et de diminuer l’isolement
social et le stress (Kurtz, 1977, cité par Visser et al., 2008). Les résultats de cette étude
révèlent que contrairement à leurs attentes, la formation associée au soutien de la
hiérarchie n’est pas plus efficace que la formation sans ce soutien dans la réduction des
SCPD et dans le niveau de burn-out des soignants. Toutefois, les soignants recevant la
formation associée au soutien de la hiérarchie perçoivent que leurs compétences et
connaissances ont augmenté. Cependant, ces soignants ainsi que ceux du groupe sans
intervention (groupe contrôle) mentionnent des obstacles au changement (Visser et al.,
ibid.). Ces éléments pourraient signifier que les soignants dans le groupe formation
associée au soutien de la hiérarchie ressentent qu’ils ont des compétences et de la
motivation pour amorcer un changement dans leur façon d’interagir avec les résidents
mais que l’aménagement de l’environnement rendrait cela difficile (Visser et al., ibid.).
La supervision est également mentionnée dans plusieurs articles (Visser et al., 2008 ;
Brodaty et al., 2003 ; Edvardsson et al., 2008 ; Van Weert et al., 2004, (3)). Nous y
reviendrons dans la discussion.
A notre sens, l’impact des SCPD sur les soignants est directement en lien avec la
perception qu’ils possèdent de la maladie et des soins aux personnes atteintes de
démence. Nous développons ci-dessous, pour commencer, les perceptions des soignants
mises en évidence au travers des articles sélectionnés avant de nous intéresser plus
spécifiquement à l’impact des SCPD sur les soignants par le biais du sentiment de
satisfaction au travail et de la notion de stress.
Les perceptions / attitudes des soignants dans les soins aux personnes atteintes de
démence
Plusieurs études consultées abordent les perceptions et les attitudes des soignants dans
les soins aux personnes démentes (Brodaty et al., 2003 ; Roper et al., 2001 ;
Zimmerman et al., 2005 ; Visser et al., 2008).
46
Les résultats de l’étude de Brodaty et al. (2003) mettent en évidence une attitude des
soignants plutôt négative. En effet, tous les items avec lesquels les soignants sont
d’accord sont négatifs. Les cinq perceptions prévalentes que possèdent les soignants
prenant en charge des patients atteints de démence sont les suivantes : « ils sont
anxieux », « ils ont peu de contrôle sur leurs problèmes comportementaux », « ils sont
imprévisibles », « ils sont solitaires », « ils sont apeurés et vulnérables ». Ces auteurs
ont aussi questionné les soignants sur les manifestations auxquelles ils ont le plus de
peine à faire face. Plus de la moitié des soignants interrogés ont répondu : « les résidents
qui sont agressifs, hostiles », « ceux qui ont peu de contrôle sur leurs difficultés
comportementales », « ceux qui sont obstinés/résistants », « ceux qui sont délibérément
difficile » et « les résidents qui sont imprévisibles » (Brodaty et al., ibid.). Il ressort
également de cette étude que les réponses des attitudes des soignants face aux soins de
la personne démente ne sont pas corrélées significativement avec l’âge de ceux-ci ni
avec les années d’expérience en EMS (Brodaty et al., ibid.).
Quant aux études de Zimmerman et al. (2005) et Visser et al. (2008), il en ressort plutôt
des attitudes positives. Pour Zimmerman et al. (2005), la perception/l’attitude du
soignant est à mettre en lien avec le type d’approche/de philosophie de soins qu’adopte
le soignant. Les résultats de cette étude mettent en évidence que les perceptions des
soignants optant pour une attitude centrée sur le résident sont plutôt positives. Cette
étude montre que le personnel s’estimant bien formé dans les soins aux personnes
atteintes de démence est aussi plus susceptible d’adopter une attitude positive. Quant à
l’étude de Visser et al. (2008), ils ont cherché à savoir si les attitudes/perceptions des
soignants se modifient selon l’intervention à laquelle ils étaient soumis (groupe contrôle
= sans intervention, groupe avec la formation, groupe avec la formation associée au
soutien de la hiérarchie). Les soignants rapportent des scores permettant d’affirmer
qu’ils sont plutôt d’accord avec les déclarations5 et ceci indépendamment du groupe
dans lequel ils se trouvent (Visser et al., ibid.). Ceci montre qu’ils ont une perception
plutôt positive.
5
« Je suis intéressé à travailler avec des résidents atteints de démence »
« Je ressens qu’il est possible d’améliorer les comportements difficiles des résidents atteints de démence
en mettant en place de nouvelles stratégies »
« Une partie de mon rôle est de développer et de mettre en œuvre des stratégies pour faire face aux
comportements difficiles »
47
Roper et al. (2001) ont identifié deux patterns distincts reflétant les sentiments des
soignants. Le premier pattern concerne le soignant qui « personnalise » la maladie c’est-
à-dire qu’il s’identifie au patient et/ou identifie celui-ci à un proche (Roper et al., ibid.).
Sa perception de la personne atteinte de démence et des soins à cette même personne est
donc plutôt négative. Dans cette manière d’aborder la relation soignant-soigné, le
soignant se sent vulnérable face à la maladie, nourrit des attentes irréalistes face au
patient et à lui-même. Il se retrouve donc confronté à des sentiments de frustration,
d’impuissance et de désespoir et parfois infantilise la personne malade (Roper et al.,
ibid.). La présente étude montre que les soignants qui « personnalisent » la maladie sont
sur-impliqués ou engagés de manière dysfonctionnelle avec les patients et souvent
submergés par leurs propres émotions. Le deuxième pattern mis en évidence au travers
de cette étude est le soignant qui « contextualise » la maladie (Roper et al., ibid.) et qui
a donc une vision plutôt positive du patient atteint de troubles cognitifs. Celui-ci
parvient à donner du sens au comportement du patient et à l’attribuer au processus
pathologique de la maladie. De ce fait, le soignant a des attentes réalistes qui se basent
sur les capacités que le patient conserve et n’exprime pas de sentiments de frustration,
d’impuissance ou de désespoir. De plus, les soignants expriment le fait qu’ils ne se
laissent pas submerger ni toucher personnellement par les manifestations des patients
telles que l’agitation.
La satisfaction
La satisfaction apparaît très en lien avec les attitudes et les perceptions des soignants
face aux personnes démentes. Toutefois, des résultats en lien avec ce sentiment ne
peuvent pas être classés dans les différents chapitres déjà abordés, c’est pourquoi nous
faisons le choix d’un chapitre séparé. Dans la discussion des résultats, la satisfaction
sera remise en lien notamment avec les attitudes et perceptions des soignants.
48
le sentiment de satisfaction au travail. Ceci signifie que plus le soignant a une attitude
positive, plus il est susceptible d’éprouver de la satisfaction au travail (Zimmerman et
al., ibid.). Van Weert et al. (2005) (1) affirment eux aussi que les aides-soignantes dans
les services où le snoezelen est mis en place se disent plus satisfaites notamment par
rapport à la qualité des soins et au contact qu’elles peuvent avoir avec les résidents. Ces
deux études permettent d’affirmer qu’il y a un lien clair entre la satisfaction au travail et
la relation, communication entre le soignant et le soigné. Pour Roper et al. (2001), la
satisfaction va aussi de pair avec l’attitude des soignants. Le soignant qui se retrouve
dans une attitude de « personnalisation » de la maladie c’est-à-dire qu’il s’identifie au
patient et qu’il ne parvient pas à prendre du recul sur la situation et la pathologie mais
aussi sur le plan émotionnel (« se laissant submerger par ses émotions ») ne se sent pas
satisfait de son travail et exprime des sentiments de frustration, d’impuissance, de
désespoir et d’insuffisance. A l’inverse, le soignant qui arrive à prendre un certain recul
sur la situation et sur le plan émotionnel se sent satisfait des soins qu’il offre à la
personne atteinte de démence.
Des différences dans les résultats entre les études de Brodaty et al. (2003) et
Zimmerman et al. (2005) sont visibles en ce qui concerne l’âge des soignants. Les
résultats statistiques de l’étude de Brodaty et al. (2003) montrent qu’il y a une
corrélation significative entre l’âge des soignants et le sentiment de satisfaction au
49
travail. La satisfaction au travail semble diminuer à mesure que le soignant avance en
âge. Quant à l’étude de Zimmerman et al. (2005), elle rapporte aussi une légère
différence entre l’âge des soignants et le sentiment de satisfaction mais la différence
principale réside dans le fait que selon ces auteurs, les travailleurs âgés éprouvent plus
de satisfaction.
Le stress
Pour terminer ce chapitre concernant les résultats, nous nous intéressons à la notion du
stress chez les soignants prenant soin de personnes atteintes de démence. Celle-ci a été
abordée dans les articles d’Edvardsson et al. (2008) de Zimmerman et al. (2005),
Brodaty et al. (2003) et Van Weert et al. (2005) (1). Le stress va être abordé sous
plusieurs angles : le lien entre le stress et l’attitude/la perception du soignant ainsi que le
climat de soins (Edvardsson et al, 2008 ; Zimmerman et al., 2005 ; Brodaty et al., 2003 ;
Van Weert et al., 2005, (1)), l’impact du stress sur les résidents (Edvardsson et al.,
2008), le lien entre le stress, l’âge et le sexe du soignant (Edvardsson et al., 2008 ;
Zimmerman et al., 2995 ; Brodaty et al., 2003).
Les résultats de l’étude d’Edvardsson et al. (2008) montrent que les soignants évaluant
leur stress comme élevé sont significativement plus souvent ceux qui estiment que leur
climat de soins est plutôt négatif. Zimmerman et al. (2005) corroborent ces résultats en
affirmant qu’ils ont mis en évidence une corrélation possible entre les attitudes des
soignants et le stress. Il semblerait que si le soignant adopte une attitude positive, il
ressentirait moins de stress. Van Weert et al. (2005) (1) ont aussi mis en évidence que
les aides-soignantes dans les services où le snoezelen est développé montrent moins de
réactions de stress et de signes d’épuisement que leurs pairs dans les services où les
soins habituels se poursuivent. En revanche, les résultats de ces trois études sont
contredits par Brodaty et al. (2003) pour qui le fait d’avoir une attitude négative face à
un patient atteint de démence n’est pas synonyme d’un stress plus élevé. En effet, les
soignants interrogés par ces auteurs ayant une attitude négative expriment un niveau de
stress plus faible.
L’impact du stress sur les résidents a été mis en évidence dans la seule étude
d’Edvardsson et al. (2008). Les résultats montrent que les résidents se trouvant dans les
services où le stress est perçu comme élevé semblent avoir plus de difficultés dans les
activités de la vie quotidienne et présenter plus de déficits sur les plans de la
50
communication verbale et de la motricité. Les comportements verbalement
perturbateurs (crier continuellement, chercher constamment l’attention des soignants)
semblent aussi significativement plus importants dans les services où les soignants
perçoivent un degré de stress élevé. Une interprétation possible formulée par ces auteurs
pour la haute prévalence des SCPD dans les services où le stress est perçu comme élevé
serait que les soignants vivant des caractéristiques de travail tendues adoptent une
attitude plus distante envers les résidents. Une telle distance entre les résidents et les
soignants pourrait créer un sentiment d’insécurité chez le résident (Kitwood, 1997, cité
par Edvardsson et al., 2008).
Les études d’Edvardsson et al. (2008) ainsi que de Zimmerman et al. (2005) et Brodaty
et al. (2003) font des liens entre l’âge, le sexe du soignant et le stress. Pour Edvardsson
et al. (2008), les jeunes soignantes avec peu d’expérience expriment significativement
plus de stress que les autres catégories de soignants. Quant à Zimmerman et al. (2005),
il apparaît de leur recherche que ce sont les jeunes soignants qui éprouvent le plus de
stress. Ainsi les soignants plus âgés (45 ans et plus) seraient moins stressés. Brodaty et
al. (2003) n’apportent pas de résultat sur ce lien possible entre le sexe du soignant et
l’âge. Par contre, ces auteurs ne partagent pas l’avis d’Edvardsson et al. (2008) et de
Zimmerman et al. (2005) qui affirment que le manque d’expérience peut constituer une
cause de stress. Pour Brodaty et al., (2005), au contraire, l’expérience et l’âge
augmenterait le risque de se sentir stressé au travail.
51
Interventions infirmières favorisant le maintien de la relation et de la communication avec les personnes démentes
Stimulation multi-sensorielle (snoezelen)
Résultats similaires (par rapport à la relation et à la communication) Etudes
Effets + sur : l’interaction sociale et la relation, réactions (sourire, regard), Gräsel et al. (2003)
communication verb. (résidents) Van Weert et al. (2005) (2) (4)
Effets sur les soignants : commun. verbale affective (+) et commun. non verbale (Approche orientée sur le résident intégrée dans les soins de 24h)
(regard, toucher affectif, sourire)
Résultats divergents (par rapport aux SCPD) Etudes
Effets + : durant la session et une heure après Livingston et al. (2005) (pièce spécialisée, session de 30 à 60
Effets + sur : l’agitation, l’humeur, l’agressivité, l’apathie min.)
Pas d’effets sur : agitation, cpts antisociaux et anxieux Van Weert et al. (2005) (2)
Musicothérapie et toucher thérapeutique
Résultats similaires Etudes
Musicothérapie : effets + sur : agitation, errance, fugue…, les aptitudes sociales et Livingston et al. (2005)
l’interaction durant la session et directement après, pas de preuve sur l’efficacité à long Svansdottir & Snaedal (2005)
terme Gräsel et al. (2003)
Toucher thérapeutique : effets + sur : agitation, cpts perturbateurs (vocalisations Livingston et al. (2005)
inappropriées) durant la session et directement après Gräsel et al. (2003)
ACP / climat de soins
Résultats similaires Etudes
ACP = définie de manière complémentaire (voir dans la discussion) Van Weert et al. (2004) (3) ; Edvardsson et al. (2008)
Climat vécu comme soignant (voir dans la discussion) Zimmerman et al. (2005)
Formation, supervision et soutien de la hiérarchie
Résultats similaires Etudes
Quel type de formation est utile et nécessaire ? Formation centrée sur la pathologie ? Gräsel et al. (2003)
Formation basée sur l’expérience de la personne soignée ? > préciser de quel type de formation on parle Edvardsson et al. (2008)
Formation considérée comme importante Livingston et al. (2005) ; Gräsel et al. (2003)
Résultats divergents Etudes
Effets + sur : expression de violence, meilleure coopération et participation des Livingston et al. (2003)
Kihlgren et al., 1993 ; Wells et al., 2000 ; McCallion et al., 1999,
52
résidents, contact verbal soignant-soigné cité par Gräsel et al., (2003)
Chappell & Reid, 2000 cité par Gräsel et al., (2003)
Pas d’effets sur les SCPD et compétences d’expression des résidents Visser et al. (2008)
Edvardsson et al. (2008)
Visser et al. (2008)
Besoin de pouvoir discuter des situations de soins, des conflits éthiques > supervision Van Weert et al. (2004) (3)
Brodaty et al. (2003)
Impact des SCPD sur les soignants
Perceptions / attitudes des soignants dans les soins aux personnes atteintes de démence
Résultats divergents Etudes
Perception plutôt (-) Brodaty et al. (2003)
Roper et al. (2001) (pattern « personnalisation de la
maladie »)
Perception plutôt (+) Zimmerman et al. (2005)
Visser et al. (2008)
Roper et al. (2001) (pattern « contextualisation de la
maladie »)
Satisfaction
Résultats similaires Etudes
Lien clair entre satisfaction et relation (contact) avec le résident, ACP = satisfaction Zimmerman et al. (2005) ; Van Weert et al. (2005) (1)
Résultats divergents Etudes
Satisfaction quand l’âge du soignant Brodaty et al. (2003)
Satisfaction quand l’âge du soignant Zimmerman et al. (2005)
Stress
Résultats divergents Etudes
Perception (+) = moins de stress / Perception (-) = plus de stress Edvardsson et al. (2008)
Manque d’expérience = source de stress Zimmerman et al. (2005)
Attitude (-) = moins de stress Brodaty et al. (2003)
âge et expérience = stress
53
8. Discussion
Dans ce présent chapitre, nous allons, pour commencer, émettre une critique sur la
qualité des résultats obtenues. Nous poursuivrons en commentant les résultats
significatifs en vue de répondre à la question de recherche.
Les résultats développés ci-dessus sont basés sur la sélection de douze articles dont
deux revues de littérature et dix articles qui ont été réalisés sur une période allant de
2001 à 2008 ce qui nous amène à dire qu’elles sont récentes et que les résultats ressortis
reflètent l’état actuel des connaissances. Huit articles ont un devis quantitatif, une étude
est qualitative et une autre repose sur une méthode mixte (annexes E, F). Afin d’évaluer
la qualité des résultats présentés ci-dessus, nous nous basons sur les critiques
développées par les auteurs de chaque étude ainsi qu’à l’aide des grilles de lecture
critique de Nadot & Bassal (2011) que nous avons complétées pour huit d’entre elles
(annexe F).
Concernant les huit études quantitatives sélectionnées, les devis utilisés diffèrent
quelque peu. Sur ces huit études, quatre ont un devis non expérimental (Brodaty et al.,
2003 ; Zimmerman et al., 2005 ; Edvardsson et al., 2008 ; Svansdottir & Snaedal, 2005).
La recherche non expérimentale est une « étude dans laquelle le chercheur rassemble
des données sans modifier le cadre de son enquête » (Loiselle & Profetto-McGrath,
2007, p.193). En effet, dans ces études, la plupart cherche à évaluer les attitudes, le
stress, la satisfaction ou les caractéristiques du travail des soignants travaillant au
contact de personnes atteintes de démence. Nous pouvons faire l’hypothèse que ce devis
est approprié car les auteurs ne souhaitent pas modifier ni l’environnement ni les
caractéristiques des patients atteints de démence avant de réaliser leur étude. Concernant
l’étude de Svansdottir et Snaedal (2005), il s’agit d’une étude avec un devis cas-témoin.
Loiselle & Profetto-McGrath (2007) définissent ce type de devis comme suit : « Devis
non expérimental de recherche reposant sur la comparaison d’un « cas » (personne
54
atteinte de l’affection étudiée (…) avec un cas témoin correspondant (personne similaire
n’ayant pas cette affection) » (p.194). Le principal inconvénient de ce devis est le fait
qu’il ne permette pas de mettre en lumière avec certitude les relations causales (Loiselle
& Profetto-McGrath, ibid.). Une limite principale de cette étude se situe, de ce fait, déjà
dans le choix du devis de recherche puisque celui-ci ne permet pas d’affirmer avec
certitude qu’il y a une relation causale entre l’intervention de musicothérapie et les
manifestations des SCPD. Toutefois, nous souhaitons garder cette étude dans notre
panel car l’échantillon concerne des personnes sévèrement atteintes de démence,
population cible de notre revue de littérature.
Les quatre autres études ont soit un devis expérimental ou quasi-expérimental (Visser et
al., 2008 ; Van Weert et al., (2005), (1) (2) (4)). Visser et al. (2008) utilisent dans leur
recherche un devis expérimental. La différence principale d’un devis expérimental et
non expérimental repose sur le fait que dans les recherches expérimentales, le chercheur
est actif alors que dans les études non expérimentales celui-ci est plutôt observateur et
passif (Loiselle & Profetto-McGrath, 2007). En effet, dans leur étude, Visser et al.
(2008) sont actifs car ils mettent en place des stratégies (pas d’intervention, formation
uniquement, formation associée au soutien du supérieur hiérarchique direct) pour
évaluer si ces interventions ont une influence dans la gestion des SCPD. Dans une
recherche expérimentale, la répartition de la population cible doit se faire de manière
aléatoire (=randomisée) (Loiselle & Profetto-McGrath, ibid.). Ce critère a été respecté
dans cette étude. Les trois études réalisées par Van Weert et al. (2005) (1) (2) (4) sont
des études quasi-expérimentales. Ce type d’étude ressemble beaucoup aux études
expérimentales puisqu’elle consiste aussi à manipuler une variable indépendante (dans
le cas des études sélectionnées, il s’agit de la mise en place du snoezelen dans les
services). La seule différence c’est qu’elle ne s’accompagne pas d’une répartition
aléatoire ce qui limite la capacité de faire des déductions causales (Loiselle & Profetto-
McGrath, 2007).
L’étude qualitative retenue nous permet de nous faire une idée des sentiments et des
expériences vécues par les soignants prenant soins de personnes atteintes de démence de
type Alzheimer et présentant de l’agitation (Roper et al., 2001). De manière générale,
nous pouvons dire qu’il est très difficile d’évaluer une analyse qualitative même pour un
chercheur expérimenté car « (…) le lecteur n’a pas les moyens d’établir objectivement
55
si les chercheurs ont fait preuve de jugement et de perspicacité pour encoder les
documents narratifs, élaborer une analyse thématique et intégrer les éléments dans un
tout cohérent » (Loiselle & Profetto-McGrath, 2007, p.420). Le fait de pouvoir
identifier si le processus analytique c’est-à-dire la technique utilisée pour l’analyse est
suffisamment décrite constitue un élément important pour critiquer la validité d’une
étude qualitative. Dans l’étude qualitative (Roper et al., 2001), les méthodes de recueil
de données à savoir l’observation participante, les interviews et la revue des documents
existants sont décrites et définies de façon précise. Les auteurs décrivent ensuite
comment ils ont analysé les résultats et comment les deux patterns distincts ont émergé.
De plus, le devis de recherche (étude ethnographique) est constant tout au long de
l’étude ce qui permet d’affirmer que cette étude a été menée avec rigueur. De ce fait,
nous considérons les résultats comme probants et généralisables.
Enfin, la dernière étude consultée peut être appelée « étude mixte » (Van Weert et al.,
2004, (3)). « Cette expression désigne souvent les études dans lesquelles on recueille et
on analyse à la fois des données qualitatives et des données quantitatives » (Loiselle &
Profetto-McGrath, 2007, p.250). Dans cette étude, les données quantitatives concernent
la mise en œuvre du snoezelen dans les soins quotidiens et les données qualitatives
rassemblent les expériences des soignants consécutives à cette implantation par le biais
d’interviews semi-structurés. En effet, les données qualitatives peuvent enrichir les
essais cliniques entrepris dans le cadre d’un devis expérimental lorsque le chercheur
évalue des interventions complexes (Loiselle & Profetto-McGrath, ibid.). La structure
méthodologique et le contenu de l’article permettent de voir rapidement à quel endroit
l’approche qualitative est utilisée. Cela représente pour nous une force de cette étude.
En conclusion de ce tour d’horizon des différents devis des études sélectionnées, nous
pouvons dire que la variété de ces devis constitue une richesse pour aborder cette
thématique complexe et touchant des domaines très larges.
Concernant les deux revues de littérature retenues, nous avons quelques critiques à
formuler (Livingston et al., 2005 ; Gräsel et al., 2003). En effet, ces recherches ne
traitent pas spécifiquement d’interventions que l’on peut utiliser avec une personne
sévèrement atteinte de démence mais elles abordent plutôt des interventions non-
médicamenteuses utiles indépendamment du stade de la maladie dans lequel se trouve la
personne. Nous avons donc dû faire le tri nous-mêmes entre ces propositions pour
56
développer celles qui étaient pertinentes en regard de notre population cible. De plus,
elles sont centrées essentiellement sur des techniques de gestion des comportements et
moins sur des interventions par rapport à la communication et à la relation avec les
personnes démentes. Toutefois ces revues de littérature sont récentes et permettent une
vision globale des interventions efficaces, ainsi des parallèles intéressants entre la
gestion des SCPD et le maintien de la relation et de la communication sont possibles.
Nous mentionnons quand même une limite importante pour l’étude de Gräsel et al.
(2003) qui détaille très peu la méthodologie suivie. Cependant, le fait qu’elle est récente
et que les interventions évaluées sont bien décrites et expliquées nous amènent à faire le
choix de la garder.
Pour poursuivre, nous développons quelque peu les méthodes et/ou les instruments de
récoltes de données utilisés dans les différentes études. Pour la majorité des études, les
chercheurs ont utilisé des questionnaires construits à l’aide de différentes échelles telles
que : les échelles suédoises « Strain in Nursing Care Assessment Scale » et
« Satisfaction with Nursing Care and Work Assessment Scale, le « Work Stress
Inventory », la « Multidimensional Dementia Assesment Scale », l’échelle basée sur le
modèle du stress de Karasek auquel nous faisons référence dans le cadre de référence…
D’autres études ont aussi utilisé des interviews associées à un questionnaire ou
simplement des interviews. Nous souhaitons relever que dans tous les articles consultés,
les méthodes de collectes des données sont très bien décrites et détaillées ce qui permet
au lecteur d’avoir des détails importants pour mieux comprendre et interpréter les
résultats.
Un autre critère de qualité des études est leur échantillon. En les additionnant (les études
de Van Weert et al., 2004, (3) et Van Weert et al. (2005) (1) (2) (4) se basant sur les
mêmes échantillons, les chiffres ont été pris en compte qu’une seule fois), notre
recherche se base sur un total de 1618 patients et 942 soignants. Tous les patients inclus
ont un diagnostic de démence établi. Dans la majorité des études, les patients sont
atteints de démence de type Alzheimer à un stade avancé. Toutefois dans certains
articles, la précision du type de démence n’est pas apportée. Etant donné que la maladie
d’Alzheimer constitue le trois quart des maladies neurodégénératives, nous considérons
qu’il y a de fortes chances pour que dans la majorité des études, les chercheurs parlent
de ce type de démence. Selon les buts poursuivis par les auteurs, il est fréquent que les
57
échantillons comportent à la fois des soignants et des patients. Ceci constitue un
élément important pour notre recherche puisque nous nous intéressons aux interventions
infirmières ayant un impact sur les patients. Toutefois, nous n’oublions pas les
soignants puisque nous avons cherché à mettre en évidence l’impact des SCPD sur les
soignants dans notre double question. Concernant les soignants, les échantillons sont
constitués à la fois d’infirmiers(ères) diplômé(e)s et d’aides soignants(soignantes). Ces
différences ont été prises en compte lorsqu’il s’agissait d’interpréter les résultats par
rapport à la formation notamment.
Un élément important pour affirmer la validité d’une étude concerne le respect de règles
d’éthique. Toutes les études consultées ont tenu compte de ces mesures éthiques à
savoir le consentement libre et éclairé des institutions, des soignants et des résidents ou
d’un membre de leur famille, la possibilité de se retirer à tout moment de l’étude et
l’anonymat des données. La majorité des études ont également été approuvées par des
comités d’éthique.
Nous souhaitons également mentionner que toutes les études sélectionnées ont été
menées dans des pays occidentaux. Toutefois, trois études ont été menées aux Etats-
Unis (Livingston et al., 2005 ; Zimmerman et al., 2005 ; Roper et al, 2001). Il est
possible que les différences dans le système de santé, dans les prises en charge et les
différences culturelles aient pu jouer un rôle. Cependant, il nous semble que malgré
cette petite différence que nous ne pouvons affirmer avec certitude, les résultats peuvent
quand même être considérés comme homogènes.
Pour ce faire, nous souhaitons organiser notre discussion en abordant, d’abord, les
interventions infirmières pouvant aider à communiquer et à maintenir une relation avec
une personne démente à un stade avancé. Puis, l’impact des SCPD sur les soignants sera
58
développé. Ces deux aspects sont très liés mais nous préférons les aborder de manière
séparée pour une meilleure compréhension. Les résultats seront commentés en nous
appuyant sur les cadres de références précédemment explicités. Les catégories
effectuées pour organiser les résultats sont quelque peu modifiées. Pour les
interventions infirmières, nous avons choisi les catégories suivantes : la stimulation
multi-sensorielle et l’ACP, la musicothérapie et le toucher thérapeutique, la formation,
la supervision et le soutien de la hiérarchie. L’impact des SCPD sur les soignants
regroupent trois catégories interreliées : les perceptions et attitudes des soignants dans
les soins aux personnes atteintes de démence, ces mêmes perceptions et attitudes en lien
avec le sentiment de satisfaction au travail puis en lien avec le stress.
Dans ce chapitre, le snoezelen est mis directement en lien avec l’ACP. Le snoezelen
apparaît comme une stratégie d’intervention fréquemment mentionnée par les auteurs en
ce qui concerne les soins aux personnes atteintes de démence. Les définitions données
par ces auteurs ne diffèrent que très peu. La différence principale réside dans le fait que
dans l’étude de Livingston et al. (2005), la thérapie a lieu dans une chambre
spécialement équipée et durant des moments précis alors que dans les autres articles, le
snoezelen est pratiqué durant les soins quotidiens c’est-à-dire sur une période de 24h
(Gräsel et al., 2003 ; Van Weert et al., 2004, (3) ; Van Weert et al. (2005), (1) (2) (4)).
Un autre aspect est à relever qui n’est mentionné que par certains auteurs. Pour eux,
l’approche snoezelen passe par le fait d’adopter une attitude de soins centrée sur la
personne. En revanche, toutes les études abordant le snoezelen mettent en évidence
qu’il est utilisé pour lutter contre les privations sensorielles que le patient pourrait subir
en lien avec sa condition. Andréas Frölich appuie aussi cela en disant que les personnes
alitées ou en chaise roulante risquent d’être peu stimulées (Phaneuf, 2007).
La mise en œuvre d’une approche telle que le snoezelen implique des changements dans
l’attitude des soignants. En effet le snoezelen requiert d’adopter une attitude de soins
centrée sur la personne (Van Weert et al., 2004, (3)). Cette ACP ressort dans deux
autres articles qui ne sont pas basés sur le snoezelen (Zimmerman et al., 2005,
Edvardsson et al., 2008). Les définitions de cette approche des soins sont
complémentaires. Pour Van Weert et al. (ibid.) (3) adopter une approche de soins
59
centrée sur la personne implique de tenir compte des habitudes de vie, des préférences
et des désirs de la personne. En résumé, cela signifie prendre en considération les
besoins physiques, psychiques, émotionnels, sociaux et spirituels des personnes
soignées. Zimmerman et al. (2005) complètent cette définition en disant que le soignant
considère le patient par rapport aux capacités qu’il conserve et pas seulement par
rapport à ses pertes et limites en lui donnant la possibilité par exemple de faire des
choix. Cette approche est aussi basée sur une attitude empathique, compréhensive,
réconfortante de la part du soignant. Celui-ci devrait essayer de donner du sens aux
manifestations comportementales que le patient peut avoir. Lévesque et al. (1990)
donnent également de l’importance au fait de pouvoir identifier les causes d’un
comportement. Elles préconisent aussi l’utilisation de l’empathie pour faciliter les
interactions. Quant aux propos d’Edvardsson et al. (2008), ils peuvent être considérés
comme une conclusion. Ces auteurs affirment qu’un climat est vécu comme soignant
quand les patients peuvent aller à leur rythme, quand ils sont abordés comme des êtres
uniques dans un environnement où il y a une philosophie de soins partagée par tous
comme l’ACP et où la possibilité de créer et/ou maintenir des relations sociales est
offerte. Ces propos sont en accord avec ceux de Lévesque et al. (1990) qui préconisent
de choisir le moment opportun (fatigue…) pour aborder la personne atteinte de démence
et de respecter les capacités et le rythme de la personne dans les activités de la vie
quotidienne. Les définitions articulées ci-dessus correspondent également à la
conception humaniste dans laquelle s’inscrit l’ACP développée par Carl Rogers qui la
définit comme une thérapie centrée sur le patient dans sa globalité et son individualité
(Bulliard Verville, 2005). De plus, les façons dont les auteurs définissent cette approche
laissent clairement penser qu’ils ont une vision positive du patient tout comme Rogers.
Ceci est visible lorsque Zimmerman et al. (2005) affirment qu’il faut considérer le
patient par rapport à ses capacités et non par rapport à ses limites. Rogers affirme
toutefois un élément qui n’est repris par aucun auteur ci-dessus. En effet, Rogers insiste
sur le fait que l’individu possède en lui-même des ressources considérables lui
permettant de se comprendre et d’éventuellement changer son comportement vis-à-vis
de lui-même (ACP Pratique et Recherche, 2011). Il se peut que cet élément n’ait pas été
repris dans les recherches car il semble difficile d’affirmer qu’une personne atteinte de
démence à un stade avancé parvienne encore à se comprendre quand on sait qu’à ce
stade, la personne malade a de la peine à savoir qui elle est.
60
Les effets concernant le snoezelen basée sur l’ACP sont commentés ci-après. Pour les
SCPD, le snoezelen apparaît comme une stratégie pas forcément efficace que ce soit à
court ou à long terme. Livingston et al. (2005) mettent en évidence un effet bénéfique
sur l’humeur, les comportements d’agitation durant la session et directement après
(durant une heure) mais les effets ne semblent pas se prolonger (ex : après un mois). Les
résultats d’une étude importante indiquent eux que l’intervention snoezelen n’a pas eu
d’effet significatif sur les comportements d’agitation ni sur les comportements
antisociaux et anxieux (Van Weert et al., 2005, (2)).
Par contre, les effets du snoezelen et de l’ACP sur l’établissement d’une communication
et d’une relation avec les personnes atteintes de démence sont unanimement reconnus.
Gräsel et al. (2003) ont observé une augmentation de l’interaction sociale avec les
patients déments après les sessions. Toutefois, ces auteurs n’ont pas suffisamment de
preuve pour se prononcer quant aux possibles effets prolongés de cette thérapie. Les
résultats d’une étude importante où les auteurs se sont intéressés spécifiquement à la
communication soignant-soigné durant les soins du matin quand le snoezelen est mis en
œuvre sont décrits de façon approfondie. (Van Weert et al., 2005, (4)). Il apparaît que
les aides-soignantes, dans les soins du matin, ont davantage communiqué de manière
non verbale (regard orienté vers le résident, toucher affectif, sourire). Quant à la
communication verbale, les aides-soignantes ont plus utilisé une communication dite
affective positive c’est-à-dire notamment qu’elles ont utilisé la validation6, qu’elles ont
adopté une attitude où le patient est un partenaire de soins et qu’elles ont montré de
l’affection pour le patient. Lévesque et al. (1990) affirme qu’il faut privilégier la
dimension affective de la personne et accorder une grande importance à la
communication non verbale. Le contact visuel en se mettant à la hauteur de la personne
pour obtenir un indice de réceptivité de sa part est également proposé par Lévesque et
al. (1990). Le regard et le sourire notamment se retrouvent dans le concept
d’Humanitude défini par Jacquard (1987) et repris plus récemment par Yves Gineste et
Rosette Marescotti (Phaneuf, 2007). Le regard représente, selon ces auteurs, une source
d’éveil et de communication et constitue en lui-même une forme de reconnaissance de
l’humain qui habite la personne démente malgré toutes ses limites (Phaneuf, ibid.). Le
sourire représente également une source de sérénité et constitue donc le propre de
6
Validation : communication orientée sur les émotions, comprendre la réalité subjective dans laquelle se
trouve le patient dans le moment présent (Van Weert et al., 2005, (4)
61
l’humain (Phaneuf, ibid.). Tous ces éléments permettent aisément de comprendre
pourquoi cette communication tant sur le plan verbal que non verbal est essentielle. De
plus il apparaît que, chez les résidents, ces changements de communication ont
augmenté les réactions (regards, sourires) aux paroles du soignant. Il semble également
que les résidents soient parvenus à s’exprimer avec des phrases de longueur normale.
Ainsi, on peut dire que la relation entre le soignant et le patient s’est nettement
améliorée en lien avec l’utilisation du snoezelen et de l’ACP. En effet, Alenda (2009)
consultante en projets Alzheimer et Renard (2009) soulignent que le snoezelen permet
de communiquer autrement avec ces personnes atteintes de démence et constitue non
pas une méthode mais bien un outil de communication et de relation. Orain (2008)
abonde en disant que le snoezelen se vit, se sent dans la relation, dans l’intensité.
Comme c’est le cas dans les études de Van Weert et al. (2004) (3) et Van Weert et al.
(2005) (1) (2) (4), Orain (2008) mentionne que le snoezelen peut aisément se vivre à
n’importe quel moment de la journée puisque l’important se situe dans l’intensité et
l’authenticité de la relation vécue. En effet, pour lui, ce n’est pas les objets ou le fait
d’avoir une chambre spécialement équipée comme c’est le cas dans l’étude de
Livingston et al. (2005) qui donnent de la valeur à l’outil. De plus, comme Orain (2008)
le précise, le snoezelen ne doit pas avoir pour but de développer ou de maintenir des
capacités cognitives. Cet aspect est également mentionné dans les différentes études
consultées. En conclusion, les résultats obtenus sont complètement en accord avec les
propos tenus par les experts en stimulation sensorielle que nous avons consultés pour
construire notre cadre de référence.
62
effet, la musicothérapie est mentionnée dans la stimulation basale d’Andréas Frölich.
Celle-ci s’attache à stimuler tous les sens pour parvenir à entrer en relation avec la
personne atteinte de démence (Phaneuf, 2007). Pour le toucher thérapeutique, Lévesque
et al. (1990), Phaneuf (2007) et Ylieff (1979) le proposent comme une stratégie pour
aborder la personne démente puisque la peau constitue notre premier moyen de
communication avec le monde extérieur. Le toucher fait également partie de la mémoire
affective et celle-ci est la dernière à être affectée dans les maladies neurodégénératives
comme la démence (Phaneuf, ibid.). Celui-ci a été thématisé dans le concept
« d’Humanitude » qui considère que le toucher occupe une place prépondérante
(Phaneuf, ibid.). Quant à Frölich dans sa conception de la stimulation basale, elle
encourage aussi le contact avec le corps de la personne malade par le toucher lors des
soins d’hygiène par exemple si la personne apprécie ce contact (Phaneuf, ibid.). En
effet, pour Frölich, les soins quotidiens comme les soins d’hygiène représentent des
moments privilégiés pour communiquer avec la personne malade par le biais de son
corps (Phaneuf, ibid.). Les objectifs de l’utilisation d’une telle approche sont la
réduction du stress, de l’angoisse des patients et des troubles du comportement
notamment (ANAES, 2003). Les résultats obtenus dans les études consultées nous
permettent d’affirmer que ces objectifs sont atteints en tout cas durant le moment où le
toucher thérapeutique est utilisé.
Les résultats entre les études sont assez contradictoires. Certaines études ont plutôt un
avis positif en ce qui concerne la formation des soignants (Livingston et al., 2005 ;
Zimmerman et al., 2005) et d’autres plutôt un avis nuancé voire négatif (Visser et al.,
2008 ; Edvardsson et al., 2008 ; Chappell & Reid, 2000, Kihlgren et al., 1993, Wells et
al., 2000, McCallion et al., 1999, cité par Gräsel et al., 2003).
Les points de vue positifs sont détaillés. En effet, il apparaît que la formation
permettrait une diminution des manifestations comportementales agressives des
résidents envers les soignants (Livingston et al., 2005). De plus, les personnes
63
s’estimant bien formées dans les soins aux personnes démentes seraient plus
susceptibles d’adopter une attitude de soins centrée sur la personne et se diraient
également plus satisfaites de leur travail (Zimmerman et al., ibid.). Par rapport à la
littérature consultée, un lien entre le sentiment de satisfaction au travail et la formation
serait possible. En effet, le concept de satisfaction au travail inclut le fait que le travail
doit contribuer aux besoins de croissance personnelle (Locke 1976, cité par Dupuis et
al., 2009). Ce besoin de croissance personnelle pourrait se retrouver dans le souhait
qu’ont les soignants de continuer à se former. De plus, il semblerait que la formation
n’ait pas seulement un lien avec la satisfaction au travail mais également avec le fait
d’offrir des soins pertinents et de qualité (Phaneuf, 2007 ; Brodaty, s.d., Lévesque et al.,
1990). En effet, Phaneuf (2007) propose l’acquisition de connaissances au sujet de la
maladie d’Alzheimer comme moyen permettant d’offrir des soins de qualité aux
personnes souffrant de troubles cognitifs. Une bonne connaissance du vécu
biopsychosocial et spirituel de la personne touchée est également préconisée par
Brodaty (s.d). Lévesque et al. (1990) n’abordent pas la formation de manière explicite
mais celle-ci est sous-entendue car ces auteures disent bien qu’il faut apprendre à
aborder la personne ayant une atteinte cognitive. Ainsi, tous ces éléments nous font dire
que le fait d’offrir des soins de qualité passe indéniablement par la formation. En plus
de fournir au soignant des pistes et des stratégies de soins basées sur des modèles
conceptuels (communication selon Lévesque, l’Humaindevenant de Parse, l’ACP de
Rogers…), la formation permet au soignant de prendre conscience et de se questionner
sur ses représentations, ses perceptions face à la personne atteinte de démence. Cette
prise de conscience et ce questionnement peuvent l’aider à prendre du recul sur les
situations de soins et à offrir au patient des soins de qualité.
Pour poursuivre, les avis négatifs concernant la formation sont décrits. Pour Visser et al.
(2008), la formation ne constituerait pas une stratégie efficace pour aider les soignants à
mieux gérer les SCPD des résidents ou améliorer leur qualité de vie. De plus, cette
étude a rajouté une dimension puisqu’elle s’est intéressée aussi à la formation associée
au soutien du supérieur hiérarchique direct. Les résultats ne montrent aucune différence.
Pour expliquer leur résultats, Visser et al. (2008), dans leur discussion, insistent
vivement sur le fait que les facteurs environnementaux (charge de travail,…) peuvent
avoir une influence considérable sur la formation des soignants. Ainsi sans la prise en
compte du contexte socioculturel dans lequel évolue le soignant, la formation n’a
64
aucune chance d’amener des bénéfices. Une autre étude a évoqué l’hypothèse qu’il se
peut que la formation contribue à une diminution des SCPD chez les patients
(Edvardsson et al., 2008). Toutefois, cette hypothèse ne s’est pas confirmée par la suite.
Les auteurs de cette étude (Edvardsson et al., 2008) commentent ces résultats inattendus
par rapport aux précédentes études en disant qu’il serait nécessaire de réaliser d’autres
recherches en précisant de quel type de formation on parle. Est-ce qu’il s’agit de
formations sur la pathologie, son diagnostic et ses manifestations ou plutôt des
formations basées sur les expériences et l’histoire de vie de ces personnes ? Point de vue
partagé par d’autres auteurs qui affirment qu’il existe une vaste gamme de programmes
de formation très différents avec des buts divers (Gräsel et al., 2003). Ces résultats sont
plutôt négatifs mais soulèvent surtout un besoin de recherches supplémentaires tenant
compte des facteurs environnementaux et socioculturels et précisant le type de
formation étudié.
Visser et al. (2008) proposent aussi d’offrir aux soignants de la supervision en plus de la
formation. Ceci pourrait constituer une stratégie leur permettant d’utiliser leurs
compétences à bon escient. Ce besoin de supervision ressort également dans les études
de Van Weert et al. (2004) (3), de Brodaty et al. (2003) et d’Edvardsson et al. (2008)
même s’il n’est pas mentionné de manière explicite. En effet, les soignants interrogés
dans les études citées précédemment mentionnent un besoin de pouvoir discuter des
situations de soins difficiles où il y a parfois des conflits éthiques. Ils souhaiteraient
aussi avoir l’opportunité de discuter du stress psychologique et des défis professionnels
65
auxquels ils sont confrontés dans leur quotidien. La supervision n’a pas été thématisée
par les auteurs consultés dans notre cadre de référence. Une hypothèse pourrait être faite
par rapport à cela. Il se peut que dans les années 1990, année de parution du livre de
Lévesque et al. (1990), la supervision n’apparaissait pas encore comme une stratégie
pouvant soutenir les soignants dans les soins aux personnes atteintes de troubles
cognitifs. Cependant, l’évolution actuelle des soins montre que les sessions d’analyse de
pratique professionnelle/supervision sont de plus en plus utilisées pour permettre aux
soignants d’échanger sur leurs expériences, leurs sentiments etc afin de leur permettre
d’offrir des soins de qualité en se respectant en tant qu’être humain soignant. En effet,
les situations de soins rencontrées particulièrement en gériatrie sont la source
d’émotions et de sentiments parfois forts (impuissance, culpabilité…) qu’il est
nécessaire que le soignant reconnaisse et accepte pour se sentir bien au travail
(Samacoits & Martin, 2007).
Les perceptions / attitudes des soignants dans les soins aux personnes atteintes de
démence
Les études mettent en évidence qu’il est difficile d’affirmer de manière tranchée que les
soignants ont soit une attitude positive ou soit une attitude négative face aux personnes
atteintes de démence.
Dans l’étude de Brodaty et al. (2003) les soignants mentionnent notamment qu’ils
perçoivent les résidents atteints de démence comme imprévisibles, ayant peu de
contrôle sur leur comportement. Parfois même, ils ont le sentiment que leur perturbation
comportementale est délibérée et volontaire. Ces perceptions traduisent donc une
attitude plutôt négative.
L’étude de Roper et al. (2001) a obtenu des résultats plus contrastés puisqu’une partie
des soignants ressent plutôt des sentiments positifs et une autre plutôt des sentiments
négatifs. Ces différences de perception sont en lien avec le positionnement des
soignants. Les sentiments positifs sont ressentis chez les soignants qui adoptent une
posture professionnelle où ils ne se laissent pas submerger et toucher par les
comportements difficiles car ils parviennent à prendre du recul et à donner du sens à ces
comportements. En effet, Lévesque et al. (1990) abordent l’importance de chercher du
sens dans les comportements des patients. Cristophani (2010) dit également que l’écart
66
entre l’idéal de soins du soignant et la réalité peut le conduire à perdre le sens de ses
actions. Pour lui, le bien-être au travail du soignant passe donc par cette quête
continuelle du sens tant dans ses actions que dans les comportements des patients. La
formation et la supervision pourrait constituer des stratégies permettant aux soignants de
verbaliser leur ressenti par rapport à des comportements et les aider à donner du sens à
ceux-ci par une prise de recul. Une parole d’un soignant reflète ce besoin de donner du
sens : « You have to understand how sick they are, you have to understand their
condition, you have to treat them nice and help them, you have to be willing to
accommodate them whenever they feel sad and depressed… agitation is nothing
unusual… I accept that they are the way they are »7 (Roper et al., ibid.). En revanche,
les soignants exprimant des sentiments négatifs (frustration, impuissance, désespoir) ne
parviennent pas à respecter cette distance professionnelle et sont sur-impliqués
émotionnellement dans la maladie puisqu’ils ont tendance à s’identifier au résident
malade. Concernant la relation soignant-soigné, celle-ci est parfois tellement biaisée que
les soignants en arrivent à infantiliser la personne soignée. Voici les propos d’un
soignant qui reflète bien cela : « They’re worse than little kids. Kids can be dealt with,
have some idea of structure, but that is all gone in the Alzheimer’s patient » 8(Roper et
al., ibid.). Phaneuf (2002) dit également que le soignant prenant soin d’une personne
atteinte de démence a tendance à être dans une attitude de domination et à considérer la
personne malade comme une chose. Ceci pourrait s’apparenter à cette attitude
d’infantilisation relevée par Roper et al. (2001). Charazac (2009) s’est également
intéressé à cette relation soignant-soigné quand le patient est atteint de démence. Il a pu
mettre en évidence que toute la relation bascule dans la démence car celle-ci est
modifiée par la perte de l’identité du patient et la désorganisation de sa personnalité qui
ont tendance à se répercuter sur le soignant. Cette difficulté pour le soignant d’entrer
dans une relation appropriée et professionnelle avec la personne démente pourrait être
travaillée par le biais de la formation. En effet, la formation s’emploie notamment à
donner du sens aux actions des soignants en s’appuyant sur des philosophies de soins
comme l’ACP de Rogers, l’Humaindevenant de Parse etc. Les études de Van Weert et
al. (2004) et Van Weert et al. (2005) (1) (2) (4) appuient clairement cela en disant que le
7
« Vous avez à comprendre comment ils sont malades, vous devez comprendre leur état, vous devez les
traiter gentiment et les aider, vous devez être prêt à les accueillir quand ils se sentent tristes et
déprimés…l’agitation n’est rien d’inhabituel…J’accepte que cela est la façon dont ils sont ».
8
« Ils sont pires que des petits enfants. Les enfants, on peut faire quelque chose avec eux, ils ont des
idées, mais tout est parti chez les patients avec la maladie d’Alzheimer ».
67
fait d’adopter une nouvelle philosophie de soins (le snoezelen) a permis aux soignants
de donner du sens à leurs actions et de guider leur quotidien.
Pour terminer ce tour d’horizon sur les perceptions et attitudes des soignants, nous nous
intéressons à des résultats qui rapportent une perception plutôt positive. Une étude en
particulier fait ressortir que les soignants ont de l’intérêt à travailler avec les résidents et
qu’ils estiment avoir les moyens pour agir sur les comportements des résidents (Visser
et al., 2008). Une autre étude importante fait également un parallèle entre l’attitude
positive des soignants et le fait d’adopter une attitude de soins centrée sur la personne
(Zimmerman et al., 2005). Les propos de Visser et al. (2008) pourraient renvoyer au
besoin qu’ont les soignants d’agir et d’être dans l’action par « peur » de l’impuissance.
En effet les soignants mentionnent fréquemment que les soins en gériatrie leur font
ressentir des sentiments comme l’impuissance, la culpabilité (Samacoits & Martin,
2007). A nouveau, la formation et la supervision/analyse de pratique pourraient aider les
soignants à mieux se connaître et à mieux gérer leurs émotions.
De manière générale, il apparaît que le soignant qui a une attitude positive envers le
résident se dit satisfait de son travail et à l’inverse le soignant qui est plutôt dans une
attitude négative ressent de l’insatisfaction.
68
individualisés avec la personne atteinte de démence. La définition de la satisfaction au
travail qui dit qu’elle est en lien avec ce que l’individu souhaite retirer de son travail et
ce qui lui est offert permet également une hypothèse (Locke, 1976, cité par Dupuis et
al., 2009). Il semblerait que les soignants accordent beaucoup d’importance au fait de
pouvoir construire une relation par la communication et le contact. Ceci serait possible
par l’utilisation du snoezelen et de l’ACP. De ce fait, les soignants se sentiraient
satisfaits dans leur travail justement parce qu’ils parviendraient à satisfaire leur besoin
d’interactions et d’échanges avec les personnes soignées.
L’étude de Roper et al. (2001) montre également que le soignant qui arrive à prendre un
certain recul sur la situation, sur la pathologie mais également sur le plan émotionnel se
sent satisfait des soins qu’il offre à la personne soignée. Un soignant s’exprime : « If
your satisfaction comes from giving comfort and not expecting recovery, you can get
9
enormous satisfaction from working with Alzheimer’s disease patients » (Roper et al.,
ibid.). Un soignant différent relate : « I enjoy them (patients with AD)… I think your
enjoyment depends on the expectations – if they are very high, of their recovery, you
10
may not have satisfaction » (Roper et al., ibid.). En effet, Locke (1976) cité par
Dupuis et al. (2009) nous apprennent que la satisfaction est en rapport avec les valeurs
liées au travail. De plus, comme mentionné précédemment, la satisfaction est aussi en
lien avec ce que l’individu souhaite retirer de son travail et ce que celui-ci lui offre
réellement (Locke, 1976, cité par Dupuis et al., 2009). Si le soignant défend les valeurs
d’offrir des soins de qualité ne visant pas la guérison (comme c’est le cas dans les soins
aux personnes démentes), il a plus de chances d’être satisfait de son travail que le
soignant qui souhaite la guérison à tout prix. En effet, le soignant qui offre des soins
dans un but de guérison ne pourra pas être satisfait car la différence entre ses attentes et
la réalité est énorme. Ainsi, les résultats de cette étude corroborent les propos de Locke
(1976) repris plus près de nous par Dupuis et al. (2009). Un dernier élément mérite
d’être soulevé. Il apparaît que ce sont principalement des infirmiers/ères diplômé/es qui
adoptent ce type d’attitude. Ceci peut certainement être mis en lien avec la formation
qui, comme nous l’avons mentionné à plusieurs reprises, peut fournir un modèle
conceptuel sur lequel le soignant peut s’appuyer pour guider ses soins et leur donner du
9
« Si votre satisfaction vient d’offrir des soins confortables et pas d’attendre une guérison, vous pouvez
obtenir une énorme satisfaction de travailler avec des patients atteints de maladie d’Alzheimer ».
10
« J’apprécie ceux-ci (patients avec la maladie d’Alzheimer)…Je pense que votre plaisir dépend des
attentes – si elles sont vraiment hautes, de leur guérison, vous ne pouvez pas avoir de satisfaction ».
69
sens. De plus, la formation peut aider le soignant à identifier ses ressentis, ses attitudes
et ses représentations face à la personne atteinte de démence.
A l’inverse, le soignant qui a tendance à se laisser submerger par la situation et par ses
émotions ne se sent pas satisfait de son travail. Ces soignants verbalisent avec beaucoup
de tristesse et de remords le fait qu’ils aimeraient vraiment pouvoir offrir de meilleurs
soins mais qu’ils n’y parviennent pas. Ils disent qu’ils savent comment faire mais qu’ils
ne sont pas capables de les réaliser de manière efficace. Voici quelques paroles d’un
soignant trahissant ces sentiments : « I want to help them, but I can’t »11 (Roper et al.,
2001). Le soignant qui se voit impliqué de manière dysfonctionnelle dans la relation au
résident semble en décalage avec les attentes qu’il nourrit envers lui-même et envers le
résident mais également par rapport aux soins qu’il souhaite offrir et ceux qu’ils offrent
réellement. Cet important décalage est à la source même du sentiment d’insatisfaction
que décrit le soignant.
Enfin l’hypothèse selon laquelle les soignants qui ont une attitude négative se disent
moins satisfaits semble se vérifier. Brodaty et al. (2003) mentionnent que les soignants
ayant une attitude négative sont un quart à affirmer que les patients déments ne leur
fournissent pas de satisfaction au travail. Ainsi, l’hypothèse peut être faite que le
soignant qui se dit insatisfait au travail ne trouve plus les conditions nécessaires à son
bien-être au travail. Ceci pourrait par exemple être en lien avec la difficulté à conserver
du sens dans les soins aux personnes démentes où plus aucun comportement n’est dicté
par la logique mais aussi par le fait que le soignant se retrouve en décalage par rapport à
son idéal de soins (Lévesque et al., 1990 ; Cristophani, 2010). Ces hypothèses sont
construites sur la base du concept de qualité de vie au travail incluant la notion de bien-
être. Le bien-être peut être considéré comme un état qui se traduit notamment par un
sentiment et une sensation d’épanouissement, de satisfaction générale (Dupuis et al.,
2009). Cristophani (2010) affirme que le bien-être au travail du soignant passe
justement par le fait de pouvoir exercer sa profession au plus près de son idéal soignant.
En résumé, tous les liens qui ont pu être faits entre le cadre de référence sur la qualité de
vie au travail (plus particulièrement la satisfaction) et les résultats des études nous
amènent à dire que les raisons de l’insatisfaction dans les soins aux personnes démentes
11
« J’aimerais les aider, mais je ne peux pas ».
70
sont la plupart du temps en lien avec une différence trop importante entre les attentes
des soignants (un idéal de soins) et la réalité.
Il semble difficile d’affirmer clairement que le stress augmente ou diminue selon les
attitudes des soignants puisque certains résultats divergent.
L’étude de Brodaty et al. (2003) démontre que les soignants manifestant une attitude
négative face aux patients atteints de démence expriment un niveau de stress plus faible.
Cela s’expliquerait par le fait que le soignant qui a une perception négative des résidents
est moins impliqué dans la relation soignant-soigné. De ce fait, le stress serait lui aussi
moins important. Cette hypothèse est corroborée par les résultats de Zimmerman et al.
(2005) qui mettent en évidence que le stress a été évalué comme le plus élevé dans le
domaine des soins aux résidents. Ceci sous-entend que la prise en soins des personnes
démentes est source de stress. Bassal (2009) et l’Institut universitaire de gériatrie de
Montréal (s.d.) abondent en disant que les situations des patients manifestant des SCPD
sont sources de stress, d’anxiété voire d’épuisement pour les soignants. Ainsi le
soignant qui s’implique moins dans la prise en charge ressentirait aussi moins de stress.
Contrairement à Brodaty et al. (2003), Edvardsson et al. (2008) affirment que les
soignants qui ont une perception négative du climat de soins ressentent un stress plus
élevé. Toutefois, ces résultats concernaient un type de soignants à savoir les jeunes
femmes avec peu d’expérience. De ce fait, ces résultats ne sont pas forcément
généralisables à tous les soignants. En effet, le stress est en lien avec une perception
individuelle différente pour chaque individu. Des auteurs se sont intéressés à cette
perception singulière du stress en développant la notion de « stress perçu ». Il s’agit de
Lazarus & Folkman (1984) cité par Bruchon-Schweitzer (2001) pour qui une situation
stressante n’est pas en lien avec son intensité, sa fréquence ou sa gravité mais plutôt en
lien avec le retentissement émotionnel et sa signification pour un individu en particulier.
Le phénomène du stress dans les soins aux personnes démentes peut aussi être détaillé à
travers le modèle d’Evaluation du stress au travail développé par Karasek & Theorell
(1990) et repris par Dupuis et al. (2009). Ce modèle affirme qu’une situation de travail
engendre du stress si elle associe des exigences élevées (quantité de travail, exigences
intellectuelles), peu ou pas de contrôle (autonomie de décision, degré de contrôle) et un
71
soutien social faible de la part des collègues ou de la hiérarchie (Dupuis et al., ibid.).
Dans les soins aux personnes démentes présentant des manifestations
comportementales, les exigences du travail sont souvent très élevées (dépendance
élevée, charge de travail importante…) et le soignant n’a que peu voire pas du tout de
contrôle sur ces comportements car il a souvent beaucoup de peine à leur donner du
sens. Landreville et al. (2005) abondent en disant que la première conséquence des
symptômes comportementaux de la démence est l’augmentation des exigences du
travail en raison d’un besoin accru de soins de la part du résident. Ces éléments
permettent d’affirmer que les soignants s’occupant de personnes atteintes de démence
sont à risques par rapport au stress. Landreville et al. (ibid.) disent également que des
exigences de soins élevées ont tendance à engendrer des attitudes négatives et donc un
climat délétère pour la qualité des soins. Edvardsson et al. (2008) se sont justement
intéressés à ces attitudes et au climat de soins qu’ils ont mis en lien avec le stress et les
comportements manifestés par les résidents. Pour eux, un soignant qui a une perception
négative est plus stressé et a plus de risques de voir une augmentation des difficultés
chez les résidents dans les activités de la vie quotidienne (mobilité) et dans la
communication. De ce fait, les exigences liées au travail augmentent encore et le stress
également avec un impact certainement négatif sur le climat de soins. Ainsi, un cercle
vicieux s’instaure.
73
particulières. Il nous semblerait intéressant que de futures études évaluent leur efficacité
potentielle dans les soins quotidiens.
La formation et la supervision
La formation malgré des résultats parfois divergents auxquels nous ne nous attendions
pas forcément a quand même été unanimement retenue comme un point-clé de la prise
en charge des personnes démentes. Nous souhaitons soulever que les résultats plutôt
négatifs concernant la formation ressortis dans les études de Visser et al. (2008) et
d’Edvardsson et al. (2008) sont à nuancer puisque ces deux groupes d’auteurs disent
bien que celle-ci dépend du type de formation donnée et de nombreux facteurs
(environnementaux, socioculturels). Il nous semble que les autres études consultées sur
la formation n’ont pas forcément pris en compte ces facteurs. De ce fait, il apparaît
difficile d’affirmer de manière tranchée que la formation est efficace ou pas. Ces
résultats sont donc considérés avec un certain recul. Ainsi, de ces éléments ressort un
besoin conséquent de recherches pour notamment identifier de manière plus précise ces
facteurs environnementaux et socioculturels. En effet, Visser et al. (2008) parlent de la
charge de travail comme facteur environnemental mais les autres éléments ne sont pas
détaillés. Il en va de même pour les aspects socioculturels qui ne sont pas du tout
définis. Des études pourraient également investiguer le lien et l’impact entre ces
facteurs et la formation.
Nous souhaitons également revenir sur le type de formation. Les études consultées nous
ont permis de nous rendre compte qu’il ne suffisait pas de dire que la formation « c’est
bien » et qu’on en a besoin. En effet, il est nécessaire d’évaluer auprès de la population
concernée (les soignants) de quel type de formation elle aurait le plus besoin. Selon
nous, une formation d’abord basée sur la pathologie et ses manifestations nous
semblerait pertinent puisque comme le mentionne Phaneuf (2007), il est nécessaire
d’avoir des connaissances au sujet de la maladie d’Alzheimer pour pouvoir offrir des
soins de qualité.
74
partager sur ses émotions et ressentis par rapport à des comportements dérangeants par
exemple. Ces sessions d’analyse de pratique professionnelle/supervision pourraient
notamment permettre aux soignants de prendre du recul sur les situations. Celles-ci ont
été proposées dans plusieurs études (Visser et al., 2008 ; Van Weert et al., 2004, (3) ;
Brodaty et al., 2003). Ces sessions de discussion/supervision pourrait être menée par des
infirmières cliniciennes, soit externes au service, soit faisant partie de l’équipe.
Nous retenons des études consultées que ces deux approches associées ont un impact
significativement positif sur la relation et la communication avec les personnes
sévèrement atteintes de démence (Gräsel et al., 2003 ; Van Weert et al., 2004, (3) ; Van
Weert et al., 2005, (2) (4)). En effet, elles ont conduit à une modification dans la façon
de communiquer qui s’est orientée majoritairement vers des techniques non verbales
telles que le toucher affectif, le regard et le sourire (Van Weert et al., ibid., (4)). Ces
techniques non verbales ont déjà été mises en évidence par des auteures de référence
comme Lévesque et Phaneuf et ont fait leurs preuves. Ces résultats très probants nous
font donc dire qu’il serait très intéressant de développer le snoezelen associé à l’ACP
dans nos établissements de soins. Toutefois, nous avons conscience que pour des
raisons tant architecturales qu’économiques, il serait difficile voire impensable de
développer cette approche comme elle est mentionnée dans l’étude de Livingston et al.
(2005) c’est-à-dire de posséder une salle équipée de matériel snoezelen. Toutefois, dans
les autres études, le snoezelen est pratiqué durant les soins quotidiens (Gräsel et al.,
2003 ; Van Weert et al., 2004, (3) ; Van Weert et al., 2005, (2) (4)). Ceci nous semble
par contre tout à fait envisageable et même beaucoup plus profitable pour la personne
soignée. Comme pour la musicothérapie et le toucher thérapeutique, le snoezelen
75
pourrait être utilisé durant les différents moments de soins tout au long de la journée.
Frölich proposait déjà l’utilisation de la stimulation basale durant diverses activités de la
vie quotidienne (Phaneuf, 2007). Orain (2008) envisage également d’utiliser le
snoezelen à n’importe quel moment de la journée. Pour lui, la seule condition est de
prendre le temps de vivre ce moment au travers d’une relation authentique notamment
rythmée par un langage non verbal.
Concernant l’impact des SCPD sur les soignants, nous souhaitons retenir l’importance
de l’influence des perceptions et des attitudes des soignants sur l’offre en soins et sur la
qualité générale de vie au travail (satisfaction et stress au travail notamment). De
manière générale, la perception qu’ont les soignants des symptômes et de cette terrible
maladie que constitue la démence est plutôt négative. Ceci nous amène à penser que les
soignants sont très influencés par leurs représentations sociales qui semblent peu
différer de celles de la population générale. En effet, Roper et al. (2001) ont mis en
évidence que certains soignants expriment par exemple la peur d’être touchée par cette
maladie. Cette peur a aussi été exprimée par Micas (2008) qui s’est intéressé aux peurs
de la population générale. La formation et la supervision/analyse de pratique
professionnelle nous apparaissent comme des stratégies pertinentes car elles permettent
aux soignants de se questionner sur leurs représentations et d’en prendre conscience. De
ce fait, les soignants grâce à la formation pourraient être amenés à modifier leurs
perceptions et attitudes face aux personnes atteintes de démence. En effet, le soignant
étant pris dans une routine, il est très difficile pour lui de se questionner de manière
individuelle et de se remettre en question par rapport à ses représentations par exemple.
76
Les moments de supervision/analyse de pratique, quant à eux, sont propices à ces
réflexions notamment parce qu’ils ont lieu en groupe et offrent aux soignants la
possibilité d’échanger sur leurs expériences et ressentis.
La satisfaction
A priori, nous aurions proposé que le soignant se questionne sur son idéal de soins.
Toutefois, ceci semble difficilement envisageable car ce questionnement apparaît
souvent lorsque le soignant atteint un niveau d’épuisement professionnel (burn-out),
situation dans laquelle il est « obligé » de se remettre en question notamment sur son
idéal de soins. Afin d’éviter que cette réflexion n’ait lieu que dans des situations comme
le burn-out, il pourrait être intéressant et pertinent d’en discuter et d’anticiper la
réflexion sur le sujet lors de moments d’analyse de pratique professionnelle. Cependant,
nous avons conscience que cette thématique est délicate à aborder qui plus est en
groupe. Ainsi, selon nous, la formation constitue un élément complémentaire à la
supervision dans le sens où elle pourrait permettre une sensibilisation du soignant sur ce
sujet même si celui-ci ne souhaite pas s’exprimer à ce propos.
Le stress
77
d’études afin de pouvoir susciter une réflexion sur le sujet et éventuellement envisager
des modifications dans l’organisation des soins par exemple. Ceci sous-entendrait de
modifier les pratiques en s’appuyant sur les résultats EBN12 que préconisent les
recherches. Cette évolution dans la façon de concevoir la pratique infirmière est pleine
de défis pour le futur soulevant de nombreuses questions auxquelles nous n’avons pas
encore toutes les réponses. Quel temps et quels outils sont mis à disposition pour
permettre aux infirmiers/ères d’effectuer des recherches dans des contextes de soins où
la charge de travail est toujours plus importante et où la dotation est toujours revue à la
baisse ? Comment et par quels moyens les résultats EBN trouvés peuvent-ils être
transmis aux collègues et utilisés dans la pratique quotidienne des soins tout en tenant
compte des facteurs institutionnels, économiques et politiques ? A notre sens, toutes ces
questions permettent d’affirmer que des recherches seraient justement nécessaires afin
d’évaluer l’utilisation des résultats EBN dans la pratique.
Toutes les recherches consultées, à la lumière des résultats ci-dessus, nous permettent
d’affirmer que nous avons trouvé des interventions infirmières pertinentes pour la
pratique et que nous avons pu mettre en évidence de manière précise quel impact les
SCPD peuvent avoir sur les soignants. A notre sens, ce travail nous a permis aussi de
mettre en évidence un besoin de recherches important notamment sur l’efficacité
potentielle sur le long terme des approches proposées par rapport à la relation avec les
personnes atteintes de démence.
9. Conclusion
Ce chapitre est consacré aux points faibles et aux points forts de ce travail ainsi qu’à
l’appréciation et à l’avis personnel de l’auteure.
12
EBN = Evidence Based Nursing
78
démente, thématique choisie pour cette revue de littérature. De ce fait, les deux aspects
ressortent dans cet écrit mais nous avons essayé d’être attentifs à toujours faire le lien
entre les deux.
Le choix des études sélectionnées n’a peut-être pas non plus toujours été le plus
judicieux. En effet, certaines études se heurtent à de nombreuses limites
méthodologiques que nous avons eues beaucoup de difficultés à mettre en évidence au
début de la réalisation de ce travail et sur lesquelles nous aurions peut-être dues nous
montrer plus critiques. Le recours à la grille de lecture critique des études de Nadot &
Bassal (2011) nous a beaucoup aidés à évaluer la qualité méthodologique des études.
Toutefois, nous ne possédions pas ces grilles au début du travail ce qui pourrait
expliquer cette difficulté rencontrée.
Un des points forts de ce travail concerne les résultats développés en lien avec l’impact
des SCPD sur les soignants. Les études sur lesquelles nous nous sommes appuyés sont
de grande qualité et permettent un bon état des connaissances sur le sujet. Le choix
d’une double question de recherche a permis de mettre en évidence plus d’éléments et
de connaissances sur ce sujet. Toutefois, si nous devions recommencer ce travail, nous
pensons que nous ferions le choix de ne développer qu’une seule question afin de
pouvoir y répondre de manière encore plus approfondie.
79
Mes apprentissages concernant la méthodologie sont aussi très conséquents. En effet
avant de construire ce travail, ce terme me semblait assez « barbare » et vide de sens
mais le développement de ces compétences méthodologiques m’ont permis de parvenir
à lire et à mieux comprendre les études qui représentent le siège de connaissances riches
et variées. Pour ma future pratique professionnelle, je souhaite continuer à actualiser
mes connaissances par ce biais-là et pouvoir transmettre et discuter de ces savoirs avec
mes futurs/es collègues.
Voici un poème rédigé par une infirmière qui suscite en moi beaucoup d’émotions et
qui, à mon sens, donne à réfléchir…
80
10. Bibliographie
Documents publiés
Ouvrages
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Canada : ERPI.
81
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(4)
Vellas, B., Gauthier, S., Allain, H., Andrieu, S., Aquino, J.P., Berrut, G., Berthel, M.,
Blancard, F., Camus, V., Dartigues, J.F., Dubois, B., Forette, F., Franco, A., Gonthier,
R., Grand, A., Hervy, M.P., Jeandel, C., Joel, M.E., Jouanny, P., Lebert, F., Michot, P.,
Montastruc, J.L., Nourhashemi, F., Ousset, P.J., Pariente, J., Rigaud, A.S., Robert, P.,
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Autres
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http://www.rffst.org/index.php/Glossaire:Mod%C3%A8le_de_Karasek. [Page consultée
le 21 mai 2011].
86
11. Annexes
11.1 Annexe A : Déclaration d’authenticité
« Je déclare avoir réalisé ce travail moi-même, conformément aux directives. Les
références utilisées dans le travail sont nommées et clairement identifiées ».
Laura Clerc
87
11.2 Annexe B : Attitudes relationnelles de base de Carl Rogers
La congruence : Elle permet que l’on puisse compter sur nous comme des êtres réels.
Rogers utilise le mot « congruent » pour désigner ce que l’on voudrait être. Il entend
également par ce terme que notre attitude ou le sentiment que l’on éprouve, quels qu’ils
soient, seraient en accord avec la conscience que l’on en a. Si nous parvenons à cela,
c’est que nous puissions être ce que l’on est au plus profond de nous-mêmes (Rogers,
1972).
L’authenticité : Il s’agit d’essayer de « […] communiquer sans ambigüité l’image de la
personne » que l’on est, en essayant d’avoir conscience de ses propres sentiments et de
les accepter. Ceci nous permettra de « […] former une relation d’aide envers quelqu’un
d’autre » (Rogers, ibid., pp.39-45).
Attitude chaleureuse et positive : Cette attitude relève la question : Sommes-nous « […]
capable d’éprouver des attitudes positives envers l’autre : chaleur, attention, affection,
intérêt, respect ? […] Eprouver librement ces sentiments positifs envers une autre
personne » semble être une crainte pour bon nombre de personnes. Nous avons plutôt
« […] tendance à établir une distance entre nous-mêmes et les autres, une réserve, une
attitude professionnelle, une relation impersonnelle » (Rogers, ibid., pp.39-45).
Compréhension empathique : Les questions sous-jacentes à la compréhension
empathique seraient : Pouvons-nous nous « […] permettre d’entrer complètement dans
l’univers des sentiments d’autrui et de ses conceptions personnelles et les voir sous le
même angle que lui ? ». Pouvons-nous « […] pénétrer dans son univers intérieur assez
complètement pour perdre tout désir de l’évaluer ou de le juger ? ».
Acceptation inconditionnelle : Il s’agit ici, d’accepter l’autre tel qu’il est en tant qu’être
humain avec toutes ses facettes (qualités, défauts, ressources, limites…). Cependant, il
se peut que nous n’arrivions à « […] l’accueillir que conditionnellement c’est-à-dire en
acceptant que certains aspects de ses sentiments et en désapprouvant d’autres tacitement
ou ouvertement » (Rogers, ibid., pp.39-45). Si nous cherchons à découvrir pourquoi
nous avons été incapables de l’accepter sous tous ses aspects, nous nous apercevons
généralement que c’est parce que nous avons eu peur ou nous nous sommes sentis
menacés en nous-mêmes par quelques aspects de ses sentiments. Ainsi, pour être plus
aidant, il est important que nous nous développions nous-mêmes et que nous acceptions
ces sentiments en nous-mêmes (Rogers, ibid.).
88
Non-jugement : Selon Rogers (ibid.), les jugements « […] ne favorisent pas le
développement de la personnalité ». Par conséquent, ils ne peuvent pas faire partie de la
relation d’aide. Rogers soulève également le fait qu’un « […] jugement positif est aussi
menaçant en fin de compte qu’un jugement péjoratif, puisque dire à quelqu’un qu’il agit
bien suppose que » nous avons « […]aussi le droit de lui dire qu’il agit mal » Ainsi, si
l’on parvient à « […] maintenir une relation sans jugement de valeur », la personne
pourra mieux se rendre compte que « […] le lieu de jugement, le centre de la
responsabilité réside en elle-même » (Rogers, ibid., pp.39-45).
89
11.3 Annexe C : Contenu du questionnaire de l’ISQVT
Rémunération
90
Commentaires et évaluation : Fréquence et pertinence de l’évaluation et des
commentaires faits sur le travail ou, si vous préférez, feedback que l'employé reçoit.
Communication de l’information : Efficacité avec laquelle l’information (mémos,
consignes, plan d’action, etc.) est transmise à l’intérieur de l’entreprise.
Caractéristiques de l’environnement physique
Lieu de travail : Qualité du lieu physique de travail (bruit, éclairage, propreté, etc.).
Équipement et outillage : Équipement et outillage disponibles pour exécuter le travail.
Support offert à l’employé
Prise en charge des absences : Ce qui est accompli dans les tâches lorsque l'employé
doit s’absenter.
Répartition de la tâche : Répartition de la charge de travail occasionnée par l’absence
d’un(e) ou de plusieurs employés(es).
Facilités : Garderies, accès aux restaurants, stationnement, etc.
Relation avec le syndicat : Soutien du syndicat dans différents aspects du travail.
Ressources d’aide aux employés : Programme d’aide aux employés (PAE), etc.
Facteurs qui influencent l’appréciation des tâches
91
11.4 Annexe D : Tableaux des indicateurs de la communication
verbale et non verbale
Communication verbale
Communication affective positive
Conversation sociale Exemple : « Bonjour, comment ça va ? »…
Validation Communication orientée sur les émotions,
comprendre la réalité subjective du patient
Entente et compréhension Montrer son accord et sa compréhension
Affection Montrer de l’affection, de l’empathie, implication
émotionnelle
Attitude de partenaire de soins « Nous l’avons bien fait ensemble »
Discussion sur la stimulation « Est-ce que vous aimez cette odeur ? »
sensorielle
Question affective « Comment vous sentez-vous ? Pourquoi êtes-vous
si triste ? »
Communication affective négative
Désapprobation « Je ne veux pas me laver »
Colère Montrer des émotions très négatives, de la colère,
de l’irritation
Communication instrumentale positive
Information et orientation « Maintenant, nous allons dans la salle de bain »
Instruction Donner des instructions, guider la personne
Autonomie « Est-ce que vous aimeriez porter cette robe ? »
Question pour des clarifications « Qu’est-ce qu’il a voulu dire ? »
Question instrumentale « Est-ce que votre genou vous fait toujours mal ? »
Communication instrumentale négative
Connaissances factuelles « Aujourd’hui c’est mercredi et non lundi »
Questions fermées sur des « Est-ce que Julie vient vous rendre visite
connaissances factuelles aujourd’hui ? »
Questions ouvertes sur des « Quel est le nom de votre fille ? »
connaissances factuelles
Communication non verbale
Indicateurs de communication non verbale des aides-soignantes
Contact avec les yeux Regard dirigé vers le résident : l’aide-soignante
le regarde dans les yeux.
Toucher instrumental contact physique délibéré, (nécessaire pour
mener à bien une tâche)
Toucher affectif toucher relativement spontané montrant de
l’empathie
Sourire énoncé du visage convivial dirigé vers le
résident)
Indicateurs de communication non verbale des résidents
Contact avec les yeux regard dirigé vers l’aide-soignante. : le résident
la regarde dans les yeux
Sourire énoncé du visage convivial dirigé vers l’aide-
soignante
92
11.5 Annexe E : Tableau de synthèse des études retenues
Etudes Buts Population/Echantillon Méthodologie Pays
Brodaty et al. (2003) Investiguer le stress et la satisfaction des 647 patients et 253 Devis non expérimental Australie
soignants en lien avec les soins aux personnes soignants (corrélationnel
atteintes de démence descriptif)
Edvardsson et al. (2008) Investiguer les associations entre les 354 patients et 346 Devis non expérimental Suède
caractéristiques du travail des soignants et la soignants (corrélationnel
prévalence des SCPD chez les personnes prédictif)
atteintes de démence.
Gräsel et al. (2003) Evaluer les thérapies non-médicamenteuses de Pas d’indication Revue de littérature Allemagne
la démence par rapport à leurs buts, aux
critères d’utilisation et à leur efficacité.
Livingston et al. (2005) Editer des recommandations sur les approches 162 études Revue de littérature Etats-Unis
psychologiques possibles pour gérer les
symptômes neuropsychiatriques de la
démence.
Roper et al. (2001) Explorer les sentiments des soignants par 30 soignants Devis qualitatif, étude Etats-Unis
rapport aux comportements d’agitation des ethnographique
patients atteints de démence,
Svansdottir & Snaedal Evaluer les effets de la musicothérapie sur les 38 patients Etude de cas témoin Islande
(2005) SCPD chez des patients atteints de démence
modérée à sévère.
Visser et al. (2008) Evaluer l’efficacité de la formation des 76 patients et 52 Devis expérimental Angleterre
soignants pour gérer les SCPD et comparer soignants
cette efficacité lorsqu’elle est associée au
soutien du supérieur hiérarchique direct.
Van Weert et al. (2005) (1) Etudier l’efficacité de la mise en œuvre du 120 soignants Devis quasi- Pays-Bas
snoezelen sur la qualité de vie au travail des expérimental
aides-soignantes
93
Van Weert et al. (2005) (2) Investiguer l’effet du snoezelen intégré sur le 120 patients Devis quasi- Pays-Bas
comportement et l’humeur des résidents expérimental
souffrant de démence.
Van Weert et al. (2004) (3) Evaluer le processus de mise en œuvre de 80 soignants Etude mixte Pays-Bas
l’approche intégrée du snoezelen dans les (quantitative et
soins quotidiens délivrés par les aides- qualitative)
soignantes (à travers les yeux des soignantes)
Van Weert et al. (2005) (4) Investiguer dans quelle mesure les aides- 120 patients Devis quasi- Pays-Bas
soignantes modifient leur communication en expérimental
respectant les principes sous-tendant la
philosophie du snoezelen. Les effets de la mise
en œuvre sur les capacités de communication
des résidents sont aussi évalués.
Zimmerman et al. (2005) Examiner les attitudes des soignants face à la 421 patients et 154 Devis non expérimental Etats-Unis
démence, le stress qu’ils éprouvent au travail soignants (corrélationnel
et la satisfaction. descriptif)
94
11.6 Annexe F : Grilles de lecture et grilles d’analyse critique des études retenues (Nadot & Bassal, 2011)
Brodaty et al. (2003): Nursing home staff attitudes towards residents with dementia : strain and satisfaction with work
Auteurs Brodaty, H., professeurs de psychogériatrie et directeur du département académique pour la psychiatrie de la personne âgée
Draper, B., assistant de direction du département de M. Brodaty
Low, L-F., assistant de recherche
Nursing home staff attitudes towards residents with dementia : strain and satisfaction with work
95
Design = devis Design
Aspects éthiques Cette étude a un devis quantitatif non expérimental. Dans les devis quantitatifs non expérimentaux, on retrouve plusieurs types d’étude. Il
s’agit ici d’une étude corrélationnelle descriptive qui cherche à explorer des relations entre des variables.
Aspects éthiques
Pas de consentement obtenu de la part des établissements mais directement de la part des résidents, de leurs familles et de leur médecin
traitant pour le TTT de l’étude.
Participation des soignants était volontaire et il n’y avait pas de critères d’inclusion et d’exclusion.
L’approbation du « New South Wales Guardianship Tribunal , the Ethics Committees of the South-Eastern Sydney Area Helath Service et the
University of New South Wales » a été obtenue.
Méthodologie Collecte des données
Données sociodémographiques sur les résidents récoltées à partir des dossiers des homes. Les soignants ont aussi rempli une échelle
comportementale complète pour chaque résident.
Des questionnaires sur le stress des soignants et leur satisfaction ont été distribués par les directeurs de chaque établissement aux équipes de
soins.
Instrument
Le stress des soignants en relation avec les soins aux personnes démentes a été mesuré en utilisant une traduction anglaise de l’échelle
suédoise « Strain in Nursing Care Assessment Scale » (SNC) : 36 items (15 positifs et 21 négatifs), tous les items sont additionnés pour avoir
un score total (score le plus haut = attitudes plus négatives). Fiabilité interne mesurée par le coefficient de Cronbach.
La satisfaction des soignants a été mesurée en utilisant une traduction anglaise de l’échelle suédoise « Satisfaction with Nursing Care and
Work Assessment Scale » (SNCW) : 35 items couvrant les domaines tels (coopération, développement, qualité des soins, charge de travail…),
items sont additionnés et un score total haut = grande satisfaction.
Tous les 647 résidents ont été évalués avec l’échelle BEHAVE-AD. Cette échelle permet de mesurer les symptômes comportementaux et
psychologiques de la démence durant les 2 semaines précédentes.
Analyse des données
Le questionnaire sur le stress et la satisfaction des soignants devait être complété au moins à 90% pour être inclus dans l’analyse. L’analyse
statistique a été performée en utilisant la version 9 SPSS. Un niveau de signification de 5% a été mis pour chaque test. L’association entre les
attitudes des soignants, le stress, la satisfaction et les variables démographiques ont été investigués en utilisant t-test et la corrélation (lien) de
Pearson. Un modèle paramétrique d’ANOVA a été utilisé pour analyser les différences entre les homes sur les scores totaux des attitudes, du
stress et de la satisfaction.
Résultats Résultats
253 questionnaires ont été retournés.
Les attitudes envers les résidents et le stress dans la relation avec les personnes démentes sont présentées dans le tableau 2. Les 5 perceptions
prévalentes des personnes démentes sont qu’ils sont anxieux, qu’ils ont peu de contrôle sur leurs problèmes comportementaux, qu’ils sont
imprévisibles, qu’ils sont solitaires et apeuré/vulnérable. Les 5 attributs auxquels les soignants trouvent le plus difficile à faire face : les
résidents qui sont agressifs/hostile, ceux qui ont peu de contrôle sur leurs difficultés comportementales, ceux qui sont obstinés/résistants,
délibérément difficile et imprévisible.
96
La satisfaction avec le travail est présentée dans le tableau 3. Les 5 affirmations sur l’échelle de satisfaction avec lesquelles les soignants sont
le plus d’accord sont : « les patients/résidents au travail reçoivent presque toujours des bons soins », « il est important d’essayer et d’entrer
dans l’expérience que vivent les patients, « donner assez d’informations sur les soins et les traitements à l’entourage (parents) », « j’apprécie
ma situation de travail actuelle et notre organisation de travail est bonne ».
L’âge :
Pas de corrélation significative avec les attitudes
Corrélation positive et significative avec le stress
Corrélation négative significative avec la satisfaction
Expérience dans les homes :
Corrélation significative avec le stress
Pas de corrélation significative avec les attitudes et le stress
Pas de corrélation significative entre les attitudes, le stress et la satisfaction et le genre, le statut professionnel, le pourcentage de travail ou le
fait d’avoir une formation avec les personnes démentes.
Les attitudes sont corrélées négativement avec le stress et la satisfaction En d’autres termes, les soignants avec plus d’attitudes négatives
rapportent un niveau inférieur de stress et moins de satisfaction au travail. Le score total de stress et la satisfaction sont faiblement corrélés. Il
y a une différence significative d’ensemble entre les homes sur le stress vécu dans les soins aux personnes démentes mais pas de différence
sur la satisfaction et les attitudes.
La moyenne du BEHAVE-AD et le score de stress pour les 11 homes sont complétés et présentés dans la figure 1. Le graphique suggère qu’il
n’y a pas d’association entre le stress et le niveau de perturbation comportementale dans le home.
Cadres de référence et Cadres de référence et concepts
concepts utilisés Ils ont utilisé l’échelle suédoise « Strain in Nursing Care Assessment Scale (SNC) sur laquelle ils se sont basés pour faire leur questionnaire
ainsi que sur l’échelle suédoise « Satisfaction with Nursing Care and Work Assessment Scale » (SNCW). Tous les résidents ont aussi été
Discussion et seuil de évalués à l’aide de l’échelle du comportement BEHAVE-AD.
signification Les concepts utilisés sont : le stress, la satisfaction au travail, les attitudes des soignants. Ils n’en donnent pas de définition précise mais tout
au long du travail ces notions sont utilisées.
Discussion
Les auteurs se sont aperçus que l’attitude des soignants était plus négative que positive. Les 5 items avec lesquels les soignants étaient le plus
d’accord sont tous des items négatifs. Les comportements que les soignants trouvent le plus difficile à s’occuper sont l’agressivité, la non-
coopération et l’imprévisibilité. Plusieurs soignants pensent que ces comportements sont délibérés plutôt qu’une conséquence de la démence.
Un quart des soignants rapportent que ces résidents ne leur fournissent pas de satisfaction au travail. Malgré le fait qu’il est difficile de
travailler avec ces résidents, les soignants pensent que les résidents reçoivent de bons soins et qu’il est important d’essayer de les comprendre.
La plupart des soignants (91.7 %) aiment leur situation de travail et sont contents des responsabilités (89.2%) et de l’indépendance (84.2 %)
qu’ils ont au travail. Cependant, la moitié rapporte qu’ils n’ont pas assez de temps pour compléter leurs tâches et qu’ils s’inquiètent que leur
travail soit affecté par les changements organisationnels.
97
Il y avait une différence significative entre les homes et le score total de stress lequel ne semble pas être en lien avec le niveau de perturbation
comportementale. Les différences entre le stress pourraient être le résultat de plusieurs autres facteurs comme les différences de culture
d’acceptation des comportements des résidents entre les homes, les différents styles de leadership des dirigeants des soins. Les pires attitudes
envers les résidents sont associées à moins de stress et à moins de satisfaction au travail. Peut-être les soignants qui voient les résidents plus
négativement sont moins impliqués dans leur travail, d’où ils ressentent moins de stress dans la relation soignante, mais aussi moins de
satisfaction avec leur travail. Dans l’échantillon actuel, être âgé n’est pas associé avec plus de perceptions négatives des résidents mais est
associé avec un stress plus grand dans la relation avec les comportements des résidents et moins de satisfaction. Une plus grande expérience
dans les homes était aussi associée avec plus de stress. Plus de 30 % des soignants rapportent qu’ils n’avaient pas assez d’opportunités au
travail pour discuter du stress psychologique et 55 % des soignants sentent qu’ils ne connaissent pas assez sur la pathologie et les TTT des
résidents. Des interventions futures pour diminuer le renouvellement pourrait inclure la formation et fournir un support et des techniques de
coping, et se fixer spécialement sur les soignants qui travaillent depuis longtemps en home.
Limites de l’étude
Un manque de données sur la représentativité de l’échantillon, les auto-évaluations biaisées et le manque de données démographiques ont
limité l’analyse.
Les questionnaires ont été laissés aux directeurs de chaque home pour qu’ils les distribuent. Une faiblesse dans l’étude est que l’on n’a pas
d’info sur le taux de distribution et on ne peut pas calculer le taux de réponse. Des soignants n’ont peut-être pas répondu parce qu’ils n’ont
pas reçu le questionnaire, parce qu’ils étaient trop occupés, parce qu’ils n’étaient pas intéressés ou qu’ils étaient protecteurs sur leur propre
intimité. Cependant, nous n’avons pas d’info sur les non-répondants.
Il y aussi des limitations avec les instruments. Le SNC mesure seulement l’expérience du stress à travers les interactions avec les patients et
n’incluent pas le stress en lien avec la charge de travail, les relations sur la place de travail ou la gestion des conflits qui contribue aussi au
stress des soignants sur leur place de travail (Wheeler, 1998). Le SNCW ne mesure pas de secteurs comme la récompense et la motivation qui
peuvent influencer la satisfaction.
La validité et la fiabilité de la version anglaise de la SNC et SNCW n’a pas été établie.
Conclusions
Les soignants dans cette étude sont généralement satisfaits de leur travail mais perçoivent les résidents comme ayant des caractéristiques
négatives et étant difficile à prendre en soin. Beaucoup de soignants voient les comportements anormaux des résidents comme délibéré,
voulu. Il y avait des différences entre les homes concernant comment les soignants trouvent que c’est difficile de s’occuper des résidents. Ces
différences ne sont pas apparues en lien avec le niveau de perturbation comportemental dans les homes, suggérant que d’autres facteurs
comme les caractéristiques du job ou les caractéristiques individuelles sont importants.
La modification des imprévus (stress causé par la gestion du temps) et des incertitudes liées à l’organisation, à la formation et au soutien pour
les soignants serait aidant.
Des études futures pourraient inclure la mesure de telles variables.
Seuil de signification : Voir grille de critique des études quantitatives
Commentaires en lien Suite à ces résultats, on peut se poser la question de savoir s’il ne serait pas nécessaire de préciser sur quels SCPD on veut se baser. Dans cette
avec la question de étude, ressortent surtout l’agressivité, la non-coopération, l’imprévisibilité. Nous sommes surpris que plusieurs soignants pensent que ces
comportements sont délibérés. Nous pouvons faire l’hypothèse qu’ils ont ces propos car ils pensent que ces SCPD reflètent aussi un aspect de
recherche
98
la personnalité et du caractère de la personne.
Nous retenons aussi que les soignants ont une perception plutôt négative des résidents. Ceci doit sûrement avoir un impact sur la relation
soignant-soigné et sur l’investissement des soignants. Les soignants mentionnent aussi que ces résidents ne leur fournissent pas de satisfaction
dans leur travail.
Cette étude permet donc de répondre plutôt à la deuxième partie de la question de recherche à savoir l’impact des SCPD sur les soignants.
> risque de désinvestissement, démotivation, prise de distance, soins moins personnalisés, perceptions négatives des résidents.
Les facteurs organisationnels ressortent aussi dans cette étude. Les soignants font part de leurs craintes quant aux répercussions possibles de
changements organisationnels. Cet aspect était aussi bien abordé dans l’étude de Visser qui mentionnait que si l’on ne tient pas compte du
contexte socioculturel et des facteurs organisationnels, on peut essayer n’importe quelle stratégie. Celle-ci n’aura donc que peu d’effets.
Dans cette étude, les auteurs abordent le fait que les différences entre le stress (entre les homes) peuvent être le résultat de plusieurs facteurs
comme les différents styles de leadership des dirigeants. Ainsi, c’est la deuxième étude (après Visser) qui soulève la question de la hiérarchie
et indirectement du soutien de celle-ci.
Nous retenons aussi que les soignants mentionnent le fait qu’ils leur manquent des temps pour discuter, échanger sur les situations, leurs
ressentis. Ceci nous permet de faire le lien avec l’étude Visser sur la gestion des comportements et des symptômes de la démence (2008) qui
mentionne l’importance de proposer des moments de supervision et de formation pour les soignants.
L’impact sur les soignants semble aussi différent en fonction de l’expérience de la personne. Cette étude révèle qu’une plus grande expérience
est associée avec plus de stress. Nous avons de la peine à comprendre ces résultats car à notre sens, l’expérience constitue justement un
facteur aidant.
Le fait que les soignants soulèvent le manque de connaissance sur les pathologies et TTT des résidents ne nous étonnent pas. Comme nous
l’avons dit, la formation des soignants nous semble être un moyen nécessaire pour gérer au mieux ces comportements perturbateurs.
Grille de lecture critique d’un article scientifique quantitatif : Etude de Brodaty et al. (2003)
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Titre -Permet-il de saisir le problème de X Le titre est précis. Il permet déjà de cibler précisément les concepts qui
recherche ? seront étudiés dans cet article à savoir, les attitudes des soignants (stress et
satisfaction) envers les patients déments.
Résumé -Contient-il les principales parties de la X Oui, le résumé contient toute la structure que doit avoir une étude. Ils ont
recherche (par ex., l’introduction, le cadre même fait apparaître les buts de façon claire dans le résumé ce qui permet au
théorique, la méthodologie, etc.)? lecteur de les saisir rapidement. On peut aussi dire que le résumé est très
complet, les résultats sont déjà bien détaillés dans le résumé.
Introduction -Le problème de recherche est-il énoncé X On voit tout de suite que soigner des personnes ayant une atteinte cognitive
Enoncé du problème clairement ? peut générer du stress et avoir un impact sur la satisfaction au travail et le
renouvellement du personnel. Cette introduction est synthétique mais très
claire.
99
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur les X Oui, parfaitement. On peut le voir avec la présence des noms des auteurs qui
variables étudiées ? ont déjà publié sur le domaine.
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts sont-ils X
conceptuel définis ?
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement X Une des hypothèses clairement nommée est que la formation des soignants
formulées ? pour les soins aux personnes démentes réduirait leur fardeau.
En se basant sur la recension des écrits, ils font aussi l’hypothèse tacite que
les soins aux personnes démentes a une influence sur le stress et la
satisfaction au travail.
-Découlent-elles de l’état des connaissances X Oui, voir la réponse à la question précédente.
(théories et recherches antérieures ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? X Le devis de recherche n’est pas clairement explicité mais on peut le déduire
Devis de recherche de la méthode utilisée.
Population -La description de l’échantillon est-elle X
et contexte suffisamment détaillée ?
-La taille de l’échantillon est-elle adéquate X On ne connaît pas le pourcentage de réponses obtenues puisqu’il n’a pas été
par rapport au contexte de la recherche ? demandé aux directeurs des institutions de noter le nombre de questionnaires
distribués et le nombre obtenus en retour.
Collecte des données -Les instruments de collecte des données X Oui, les soignants devaient remplir un questionnaire (aussi avec des infos
et mesures sont-ils décrits ? démographiques) et pour les résidents, des données sociodémographiques ont
été récoltées.
-Les variables à mesurer sont-elles décrites X Oui, cela a été très bien fait, les échelles utilisées sont bien décrites et
et opérationnalisées ? expliquées.
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle décrite ? X Le consentement pour l’étude a été demandé à la famille/aux proches ou
l’étude -A-t-on pris les mesures appropriées afin de médecin traitant de la personne. Pour les soignants, cela s’est passé sur le
préserver les droits des participants mode volontaire de participation ou non à l’étude. L’approbation d’une
(éthique) ? commission d’éthique a aussi été obtenue.
Résultats Des analyses statistiques ont-elles été X Ils ont utilisé le t-test et la corrélation de Pearson ainsi qu’un modèle
Traitement des entreprises pour répondre à chacune des paramétrique d’ANOVA.
données hypothèses ?
100
La partie des résultats où le r et le p sont notés sont plus difficiles à
comprendre car il faut arriver à se retrouver dans tous ces chiffres.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils interprétés X La discussion est courte mais très clairement exprimée. Toutefois, le lien
Intégration de la à partir du cadre théorique et conceptuel, avec les recherches antérieures n’est pas fait.
théorie et des concepts ainsi que des recherches antérieures ?
-Les chercheurs abordent-ils la question de X Non, ils n’abordent pas cette question.
la généralisation des conclusions ?
-les chercheurs rendent-ils compte des X Les auteurs mentionnent bien les limites que l’on a identifiées par rapport à
limites de l’étude ? l’échantillon retenu mais aussi sur l’instrument de mesure qui mesure
seulement le stress dans l’interaction avec la personne démente et n’inclus
pas le stress en lien avec le contexte de travail (charge de travail, gestion des
conflits…)
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des X Oui, ils mentionnent des pistes de réflexion pour des recherches futures
conséquences de l’étude sur la pratique notamment pour diminuer le renouvellement du personnel. Il s’agirait
clinique et sur les travaux de recherche à d’inclure la formation, un support et des techniques de coping et de se fixer
venir ? surtout sur les soignants qui travaillent depuis longtemps en home.
Questions générales -L’article est-il bien écrit, bien structuré et X Oui, l’article est très bien construit et reprend toutes les étapes clés que doit
Présentation suffisamment détaillé pour se prêter à une contenir un article scientifique.
analyse critique minutieuse ?
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats probants X Nous trouvons que les résultats obtenus sont très intéressants et permettent
susceptibles d’être utilisés dans la pratique de susciter une réflexion sur nos attitudes en tant que soignant face aux
infirmière ou de se révéler utiles pour la personnes démentes.
discipline infirmière ?
101
Edvardsson et al. (2008): Associations between the working characteristics of nursing staff and the prevalence of
behavioural symptoms in people with dementia in residential care
Auteurs Edvardsson, D., (doctorat)
Sandman, P.O., (doctorat)
Nay, R. (professeur, Director of the Institute for Social Participation)
& Karlsson, S. (department of Community Medicine and Rehabilitation, Geriatric Medicine)
Titre de la recherche Associations between the working characteristics of nursing staff and the prevalence of behavioural symptoms in people with dementia in
residential care
Journal International Psychogeriatrics
2008
Année de publication
Pays Suède
Question de recherche Introduction et état de la question :
Hypothèses SCPD = complication fréquente et pénible liée à la démence. (Voir définition des symptômes comportementaux dans la partie cadre de
référence.
Buts de la recherche L’étiologie des SCPD implique des facteurs biologiques, sociaux et psychologiques (Purundare et al., 2000) et jusqu’à 90 % des personnes
avec une démence montrent des symptômes comportementaux à un moment donné au cours de la progression de la maladie (Grossberg et
Desai, 2003).
Des études indiquent, qu’en plus des caractéristiques des patients, des variables comme l’environnement de soins physique et
psychologique, les caractéristiques du travail dans les soins et des soignants ont été démontrées comme influençant le bien-être des
personnes atteintes de démence (Karlsson et al, 2001 ; Norberg et al, 2002 ; Lövheim et al, 2006 ; Pekkarinen et al, 2006).
Lorsque l’on étudie la façon dont l’environnement psychosocial de travail influence les résultats pour la santé, le modèle de stress au
travail est l’un des plus utilisé (Karasek et Theorell, 1990). Voir description du modèle dans la partie cadre de référence.
L’expérience clinique suggère que le bien-être des soignants a une influence sur le bien-être des personnes atteintes de démence dans les
établissements de soins résidentiels (home). Cependant, peu d’études ont exploré si les caractéristiques des soignants sont associées avec
des résultats chez les personnes atteintes de démence dans de tels contextes.
But de la recherche et hypothèses :
Le but de cette étude est d’investiguer les associations entre les caractéristiques du travail des soignants et la prévalence des symptômes
comportementaux chez les personnes atteintes de démence dans les homes dans le Nord de la Suède.
Cette enquête est donc basée sur les hypothèses suivantes :
1. Les unités dans lesquelles les soignants évaluent leur stress au travail comme étant plus haut auront une prévalence plus haute de
symptômes comportementaux chez les résidents en comparaison des unités dans lesquelles les soignants évaluent leur stress
comme plus bas.
102
2. Les unités dans lesquelles les soignants évaluent leur climat de soins comme moins positif auront une prévalence plus haute de
symptômes comportementaux chez les résidents en comparaison des unités où les soignants évalueront leur climat de travail
comme plus positif.
3. Les unités dans lesquelles les soignants évaluent leurs connaissances dans les soins aux personnes démentes comme plus
basses/faibles auront une prévalence plus haute de symptômes comportementaux chez les résidents en comparaison des unités
dans lesquelles les soignants évaluent leurs connaissances dans les soins aux personnes démentes comme plus hautes.
Population/échantillon Cette étude utilise des données d’un projet de plus grande intervention qui étudie les effets d’un programme éducatif pour les soignants
dans les établissements de soins (homes) de 9 municipalités du Nord de la Suède.
Un total de 40 unités de soins pour les personnes démentes a participé à l’étude.
Design = devis Le devis n’est pas mentionné tel quel mais à l’aide des buts, on peut le déduire.
Aspects éthiques Il s’agirait donc d’une étude quantitative avec un devis corrélationnel prédictif. Il s’agit de vérifier des relations prévues entre les variables
avec en général un échantillon de grande taille.
L’étude a été approuvée par le comité d’éthique de l’université Umea de Suède.
Méthodologie Mesures pour la récolte des données :
Echelle d’évaluation du stress au travail : (Karasek et Theorell, 1990)
L’échelle d’évaluation du stress au travail se compose des exigences du travail (ex : « Mon travail requière de travailler très vite ».), du
contrôle du travail (ex : « Mon travail requière un haut niveau de compétences ») et du soutien social (« Mes collègues de travail sont là
pour moi »). Cette échelle permet de mesurer les perceptions des soignants sur leur environnement de travail.
Echelle d’évaluation multidimensionnelle de la démence (MDDAS) : (Sandman et al, 1988)
La MDDAS mesure les symptômes comportementaux et psychiatriques, les fonctions moteurs, le langage, l’ouïe, les capacités visuelles,
l’orientation et les fonctions des AVQ chez les résidents atteints de démence, et la charge de travail physique et psychologique des
soignants.
L’évaluation du climat de soins dans les unités, ainsi que l’autoévaluation des connaissances dans les soins aux personnes démentes sont
récoltées en utilisant 2 échelle visuelle analogue de 100mm allant de « Très mauvais » à « Très bon » et de « Très bonnes connaissances »
à « moins bonnes connaissances » respectivement. Une question concernant dans quelle mesure les soignants ont l’occasion de discuter les
difficultés et les conflits éthiques au travail fournit des données supplémentaires.
Analyse :
Un score de niveau moyen de stress au travail a été calculé pour chaque unité participante, et les unités ont été ensuite classées entre 40 et
1 représentant les unités dans l’ordre du plus haut au plus bas total de stress au travail. La même procédure de classement a été répétée
pour les scores sur le climat des soins et les connaissances sur les soins aux personnes démentes, et le score de climat des soins dans les 20
unités avec le plus haut score total de stress a été comparé avec les mêmes caractéristiques des soignants dans les 20 unités avec le score
de niveau de stress le plus faible. De plus, les caractéristiques des résidents comme le sexe, l’âge, le score des AVQ, les capacités
communicationnelles et motrices ont été comparées dans les 20 unités avec le score de stress le plus haut et versus les 20 unités avec le
score de stress le plus bas.
Statistiques :
En plus des statistiques descriptives, le Mann-Whitney U-test a été utilisé pour examiner les associations entre les variables ordinales des
103
échelles, x2 ont été employées pour examiner les différences entre les variables dichotomiques, et le t-test indépendant a été employé sur
les variables des échelles. Une valeur de p de 0.05 ou moins a été considérée comme statistiquement significatif. Toutes les données ont
été analysées en utilisant SPSS pour Windows (version 11.0).
Résultats L’échantillon comprend 40 unités de soins de homes pour personnes atteintes de démence sélectionnées (un nombre total de 354 lits). Le
score de réponse des données auto-déclarées des soignants était de 88 % (N=346).
Les 20 unités où le stress est évalué comme le plus haut : jeunes femmes avec peu d’expérience qui ont perçu le climat de soins comme
négatif, ces personnes rapportent peu de possibilités de discuter des conflits éthiques et des défis au travail. Les résidents dans ces services
ont un score plus bas dans les AVQ et des capacités communicatives et motrices inférieures (Tableau 1).
Hypothèse 1 : il a été trouvé que les comportements verbalement perturbateurs étaient significativement plus prévalent dans les unités où
les soignants ont classé leur stress comme plus haut en comparaison des unités où les soignants ont classé leur stress comme inférieur. Pas
d’autres symptômes comportementaux n’ont été significativement différents quand on comparait les 10 unités avec le score de stress le
plus bas avec les 10 unités avec le score de stress le plus haut.
Hypothèse 2 : la prévalence des symptômes comportementaux chez les résidents dans les unités où les soignants évaluaient leur climat de
soins comme étant moins positif a été comparée à la prévalence des symptômes comportementaux dans les unités évaluées comme ayant
un climat de soin plus positif. C’était l’hypothèse qui recevait le plus fort soutien statistique. Le comportement d’errance était
significativement plus prévalent dans les unités où le climat de soin était évalué comme moins positif (n=20) en comparaison des unités où
le climat de soin était évalué comme plus positif (n=20). Lorsque l’on compare les 4 unités (100 %) avec les évaluations du climat de soin
moins favorables avec les 4 unités avec les évaluations du climat plus positives, les comportements suivants ont été significativement plus
fréquentes dans les unités au climat moins positif : comportement de fuite comportement d’agitation et comportement d’errance.
Hypothèse 3 : Pas de soutien statistique n’a été trouvé pour cette troisième hypothèse.
Cadres de référence et Concepts et cadres de référence :
concepts utilisés Les auteurs définissent comme concept les symptômes comportementaux. Voici, la définition qu’ils nous en donnent. Les symptômes
comportementaux ont été décrits comme des expressions de changements de perception de la réalité avec une perturbation de l’humeur et
Discussion et seuil de des comportements se manifestant à travers l’expression d’anxiété, des hallucinations, des illusions, de l’agressivité et de l’agitation, de
signification l’errance et d’autres comportements socialement et/ou sexuellement déviants (Finkel et al., 1996).
Le cadre de référence choisi par les auteurs dans cette étude est le modèle du stress au travail de Karasek et Theorell, 1990. Le modèle
stipule que les personnes travaillant sous stress élevé au travail (exigences élevées de travail avec peu de soutien et de contrôle) ont plus de
risque de problèmes de santé que ceux qui ont peu ou pas de tel stress. La preuve précédente suggère qu’un stress élevé au travail est
associé avec des risques augmentés, par exemple pour les maladies coronariennes et la mortalité cardiovasculaire (Kivimäki et al, 2002 ;
Kuper et Marmot, 2003). Ce modèle postule que la combinaison d’exigences psychosociales élevées, de faible contrôle et de faible soutien
social au travail donnent lieu à du stress/pression au travail. Les exigences psychosociales renvoient à des expériences de charge de travail
en termes de rythme, intensité, et les compétences demandées pour être capable de faire ce travail ; le contrôle renvoie aux expériences de
contrôle de la situation de travail en termes de créativité, répétitivité et liberté de décider quoi faire et quand le faire ; et le soutien social
renvoie dans quelle mesure la place de travail en général est perçue comme soutenante, compréhensive et agréable (Karasek et Theorell,
1990).
Discussion :
104
Service où le stress est perçu comme faible = moins de comportements verbalement perturbateurs chez les résidents que dans les
autres services où le stress est perçu comme élevé (dans ces services : les résidents ont plus de difficultés à exercer les AVQ > + de
difficultés à marcher indépendamment, + de difficultés dans la communication verbale > cela pourrait augmenter le stress chez les
soignants car dépendance croissante). Une interprétation possible pour la haute prévalence des symptômes comportementaux dans le
contexte avec un stress élevé est que les soignants qui vivent des caractéristiques de travail tendues se sont montrés distants des résidents
(Norberg et al, 2002). Une telle distance entre les résidents et les soignants peut créer un sentiment d’insécurité chez les résidents plutôt
qu’un sentiment de sécurité (Kitwood, 1997). C’est pourquoi, la prévalence significativement plus haute de symptômes comportementaux
dans les environnements tendus et moins bienveillants pourrait être interprétée comme l’expression de l’insécurité des résidents due aux
soignants tendus et peut-être distants. Le climat de soin des unités et son effet sur les résidents et les soignants est une question dans le
besoin de future recherche dans les soins de la démence .Cependant, même si la connaissance de savoir comment créer et maintenir un
climat de soin positif n’est pas clair, des recherches précédentes soutiennent l’argument qu’un climat de bien-être est important pour les
personnes atteintes de démence. Par exemple, il a été décrit que les souvenirs émotionnels durent plus que les souvenirs cognitifs pour les
personnes démentes, et que ces souvenirs émotionnels sont utilisés pour interpréter et communiquer les expériences dans le présent
(Kitwood, 1997). Par conséquent, un climat de soin calme, chaleureux et accueillant pourrait faciliter le bien-être et l’expérience de
sécurité, alors qu’un climat de stress, hostile et peu accueillant pourrait entraver le bien-être des résidents. Le concept « climat de soins » a
été exploré et les conclusions montrent que le climat est vécu comme soignant quand les personnes vivent un rythme calme, quand elles
sont abordées comme des personnes dans un environnement familier, où il y a une philosophie de soins partagés, une possibilité de créer
ou maintenir des relations sociales, et où les soignants disponibles et dignes de confiance montrent une approche accueillante et généreuse
(Edvardsson et al, 2005). De futures études sur comment un climat de soin est vécu, créé, maintenu et mesuré dans les soins de la démence
sont nécessaires.
Climat de soins perçu comme positif = moins de comportements de fuite, d’errance, de régression (que dans le service où le climat
est perçu négativement)
Prévalence des SCPD n’est pas associée avec les connaissances auto-déclarées des soignants dans les soins aux personnes démentes
Cependant, il a été suggéré que les soignants qui perçoivent eux-mêmes qu’être mieux formé dans les soins de la démence sont plus
susceptibles d’adopter des soins centrée sur la personne et d’avoir une satisfaction au travail plus élevée (Zimmermann et al, 2005) et les
soignants formés qui s’occupent des personnes avec des déficits cognitifs peuvent améliorer le bien-être des résidents (Lintern et al, 2000).
Les conclusions de cette étude sont quelque peu contradictoires à ces conclusions, comme des connaissances auto-déclarées plus élevées
dans les soins aux personnes démentes chez les soignants n’étaient pas accompagnées par une prévalence plus faible de symptômes
comportementaux chez les résidents. Ces résultats contradictoires indiquent un besoin de compléments d’enquête. Une question d’intérêt
est de savoir si les différents types de formation sont tout aussi influents dans la prestation de bons soins pour les personnes atteintes de
démence. Par exemple, est-ce que la connaissance des faits – par exemple, les symptômes, les facteurs de risque, les diagnostics et
traitement – sont moins, également ou plus important pour soigner les résultats que les connaissances basées sur les expériences du vécu et
des histoires de vie des personnes atteintes de démence ? Est-ce que les connaissances sur – et la volonté d’accomplir – des raisonnements
éthiques et des comportements moraux ont un impact positif sur les résultats pour les résidents et les soignants ?
Dans les études portant sur les soins aux personnes atteintes de démence, il a été noté que les soignants ont besoin d’avoir la possibilité de
pouvoir discuter au travail des problèmes et des conflits éthiques auxquels ils font face, si les soignants n’ont pas ce genre de possibilités,
105
cela affecte négativement leur satisfaction au travail et augmente leur stress (Hallberg et Norberg, 1995 ; Brodaty et al. 2003). Cette étude
soutient les conclusions précédentes que la possibilité d’avoir des discussions concernant les conflits éthiques et les difficultés sont
bénéfiques pour le bien-être des soignants comme mesuré dans le modèle demande-contrôle au travail.
Les limites de l’étude :
A cause de la nature transversale (cross-sectional) des données, il n’est pas possible d’évaluer si les niveaux plus hauts de stress au travail
chez les soignants résultent d’une prévalence plus haute de perturbations comportementales chez les résidents, ou si c’est le contraire –
une prévalence plus haute de perturbations comportementales chez les résidents résulte de niveaux plus hauts de stress chez les soignants.
De même, il n’est pas connu si un climat de soin plus positif résulte d’une prévalence plus basse de perturbations comportementales chez
les résidents, ou si une prévalence plus faible de perturbations comportementales crée un climat plus positif. Des recherches
supplémentaires sont nécessaires pour tester la direction des associations entre les caractéristiques du travail des soignants et les
comportements des résidents pour voir si en introduisant des interventions pour améliorer le climat de soin cela réduirait les
comportements et le stress. Des études supplémentaires sont aussi nécessaires pour investiguer le rôle et le contenu de la formation et son
impact sur les soins. Néanmoins, cette étude montre que la situation des soignants (stress au travail, climat de soin) est associée avec le
bien-être des résidents comme mesuré par la prévalence des perturbations comportementales. Est-ce possible d’interpréter les conclusions
comme suggérant simplement que la démence plus sévère produit plus de SCPD sévères qui conduit à un stress au travail plus élevé pour
les soignants ?
Pour résumer, les limites de cette étude indiquent que les résultats devraient être regardés comme indicatifs plutôt que concluants.
Conclusions :
Cette étude fournit des preuves pour l’expérience clinique souvent citée que le bien-être des soignants est associé avec le bien-être des
personnes atteintes de démence dans les contextes de home. Les conclusions montrent qu’il y a significativement moins de symptômes
comportementaux chez les personnes atteintes de démence résidant dans des environnements où les soignants vivent moins de stress et ont
un climat de soin plus positif. Cette étude met en lumière l’interaction qui existe entre le bien-être des soignants et le bien-être des
résidents, et augmente notre compréhension de ce qui constitue un environnement de soins pour les personnes démentes. Bien que la cause
et les effets restent à établir, cette étude suggère prudemment les interventions pratiques suivantes :
1. L’établissement d’un climat de soin calme, accueillant et chaleureux où les relations sociales ont de la valeur/sont appréciées et
les personnes sont plus importantes que « faire la tâche rapidement ».
2. Le développement d’une culture dans laquelle les soignants se sentent valorisés et où un esprit d’équipe est encouragé.
3. L’établissement et un soutien continu pour le développement et le maintien des compétences des soignants dans les soins de la
démence.
4. L’offre de possibilités de discussion et de débat constructif des problèmes éthiques et des conflits qui se posent dans la pratique.
Seuil de signification :
Voir la grille d’analyse critique des études quantitatives
Commentaires en lien Concernant la thématique du stress dans les soins aux personnes démentes et suite à nos lectures, il nous semble qu’il y ait un phénomène
avec la question de assez circulaire tant sur le versant positif que négatif. Si l’on fait une synthèse des résultats des études de Brodaty et al. (2003), de
Zimmerman et al. (2005) et de cette étude-ci, nous arrivons à ces conclusion exprimées sous forme schématique.
recherche Nous associons les attitudes/perceptions positives des soignants face aux personnes atteintes de démence avec un climat de soin positif car
106
nous estimons que les attitudes des soignants influenceront forcément sur le climat de soin.
Climat de soin positif/attitude positive attitude centrée sur la personne, bons contacts avec les résidents, implication ++ dans les soins,
maintien d’une relation et d’une communication bien-être chez les résidents diminution de la prévalence des symptômes
comportementaux (SCD) diminution du « mauvais stress » chez les soignants et donc satisfaction augmente (stress quand même
présent car prise en charge complexe) climat de soin positif. Ce phénomène circulaire résumé ici, ne tient pas compte des facteurs
organisationnels et institutionnels qui peuvent avoir une influence sur celui-ci.
Climat de soin négatif/attitude négative + stress (en lien avec les caractéristiques du travail) augmentation des SCD (surtout des
comportements verbalement perturbateurs, cpts d’errance, cpts de fuite et d’agitation) + diminution des capacités dans les AVQ (ex : diff.
à la marche) augmentation de la dépendance + distance dans les soins insécurité + diminution du bien-être des résidents
augmentation +++ des SCD augmentation du stress +++ et certainement du climat négatif diminution de la satisfaction risque
d’épuisement au travail, démotivation, désinvestissement augmentation ++ de la distance dans les soins… Il s’agit à notre sens, d’un
cercle vicieux dans lequel il faut éviter de tomber.
Cette étude met en avant le fait que le stress était plus élevé chez les jeunes soignantes avec peu d’expérience. L’étude de Zimmerman et
al. (2005) a aussi mentionné un stress plus élevé chez les jeunes professionnels mais plus chez les hommes. Nous n’arrivons pas forcément
à tirer des conclusions sur cette prévalence plus élevée une fois chez les hommes et une fois chez les femmes. Nous pensons que cela est
plus influencé par la personnalité et les stratégies individuelles de gestion du stress. Nous n’avons pas d’autres hypothèses sur ce fait-là.
Concernant le stress plus élevé chez les jeunes diplômés, c’est la deuxième étude après Zimmerman et al. (2005) qui soulève
indirectement que le fait d’avoir de l’expérience engendre moins de stress chez les soignants.
L’importance d’avoir une attitude centrée sur la personne ressort encore une fois puisqu’il est dit dans cet article que le climat de soins est
vécu comme « soignant » quand les personnes vivent un rythme calme, c’est-à-dire quand le soignant s’adapte au rythme individuel de la
personne, quand elles sont abordées comme des personnes dans un environnement familier avec une philosophie de soins partagées (=
prise en charge globale, individualisée et avec une continuité dans les soins). L’élément principal que nous retenons c’est aussi le fait de
pouvoir créer ou maintenir des relations sociales par une attitude accueillante, généreuse, professionnelle des soignants. Ceux-ci doivent se
montrer disponibles et dignes de confiance.
Cette étude avait aussi une hypothèse concernant la formation, notion que l’on retrouve dans chaque étude.
Ici, les auteurs ont fait l’hypothèse que les unités dans lesquelles les soignants évaluaient leurs connaissances sur les soins aux personnes
démentes comme plus grandes auraient une prévalence moins grande de SCD chez les résidents. Toutefois, cette hypothèse n’a pas pu se
vérifier sur le plan statistique. Nous sommes un peu étonnés de ces résultats car suite à nos lectures, nous pensions que la formation aurait
une influence sur cette prévalence. En effet, Brodaty et al. (2003) propose de fournir de la formation pour améliorer la gestion des SCPD
et l’étude de Zimmerman et al. (2005) amène aussi le fait que les soignants qui perçoivent eux-mêmes qu’être mieux formé dans les soins
de la démence sont plus susceptibles d’offrir des soins de qualité centré sur la personne et donc d’avoir plus de satisfaction au travail.
Dans cette étude, les auteurs disent aussi que leurs résultats sont un peu contradictoires avec ceux des études précédentes. Cela nécessite
d’autres études. Comme ils le mentionnent, il serait intéressant d’en savoir plus sur quelle type de formation serait bénéfique pour les
soignants. Ici, ils mentionnent une formation plus centrée sur le bio-médical (symptômes, traitements…) et une autre plus basée sur
l’expérience, le vécu, les histoires de vie. Cela reviendrait à notre sens, à avoir une meilleure connaissance de l’histoire de vie des patients
et des connaissances plus « psychosociales ». Dans l’étude de Brodaty et al. (2003), il s’agit clairement de la formation basée sur les
107
connaissances de la pathologie et des traitements qui est abordée. Il se peut aussi que cette hypothèse n’a pas pu se vérifier parce qu’autres
éléments entraient en ligne de compte comme des facteurs environnementaux qui jouent un rôle clé dans l’efficacité de la formation
(Brodaty et al., 2003).
Cette étude ressort aussi que les soignants ont besoin d’avoir la possibilité de pouvoir discuter au travail des problèmes et des conflits
éthiques auxquels ils doivent faire face. Ceci nous fait penser à la supervision qui est aussi aborder dans l’article de Brodaty et al. (2003).
Le dernier élément que nous souhaitons retenir est que le stade d’évolution de la démence ne semble pas en lien avec une augmentation du
stress. Ainsi, une démence sévère n’engendrerait pas une augmentation du stress.
Les pistes d’interventions pour la pratique rejoignent celles que l’on a pu lire précédemment à savoir :
L’établissement et le soutien continu pour le développement et le maintien des compétences formation
L’offre de possibilités de discussion et de débat constructif sur des problèmes éthiques supervision
L’établissement d’un climat de soin calme, accueillant et chaleureux où les relations sociales ont de la valeur/sont appréciées et les
personnes sont plus importantes que « faire la tâche rapidement » attitude de soins centrée sur la personne
Le développement d’une culture dans laquelle les soignants se sentent valorisés et où un esprit d’équipe est encouragé importance du
maintien la santé psychique des soignants.
Grille de lecture critique d’un article scientifique quantitatif : Etude d’Edvardsson et al. (2008)
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Titre -Permet-il de saisir le problème de X Avant même la lecture de l’article, on peut se saisir très précisément la
recherche ? thématique de la recherche et même le but de celle-ci.
Résumé -Contient-il les principales parties de la X Le résumé est très structuré avec des titres séparés correspondant à chaque
recherche (par ex., l’introduction, le cadre partie de la recherche.
théorique, la méthodologie, etc.)?
Introduction -Le problème de recherche est-il énoncé X Oui, le problème de recherche est amené très clairement en partant d’un point
Enoncé du problème clairement ? de vue assez général puis en affinant les propos > principe de « l’entonnoir ».
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur les X La recension des écrits permet de justifier la problématique. Elle est très bien
variables étudiées ? référencée.
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts sont-ils X Les auteurs définissent de façon précise le concept principal de cette étude à
conceptuel définis ? savoir les symptômes comportementaux ainsi que le cadre de référence
choisi (modèle du stress au travail de Karasek et Theorell) qui nous semble
très approprié pour cette étude. Les autres concepts sont le climat de soins, le
stress au travail et les connaissances sur les soins aux personnes démentes
qui ont permis d’élaborer les hypothèses.
108
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement X Oui, c’est le premier article où les hypothèses sont nommées telles quelles.
formulées ? Cela permet de bien voir où les auteurs veulent aller à quelle question ils
souhaitent répondre. La numérotation utilisée permet de bien les mettre en
évidence et permet au lecteur de les repérer rapidement.
-Découlent-elles de l’état des connaissances X Les hypothèses découlent tout à fait de l’état des connaissances donc du
(théories et recherches antérieures ? cadre théorique choisi.
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? X Le devis de recherche n’est pas clairement exprimé mais avec toutes les
Devis de recherche infos, il est possible de le déduire.
Population -La description de l’échantillon est-elle X Oui, l’échantillon choisi est très bien décrit notamment à l’aide d’un tableau
et contexte suffisamment détaillée ? qui reprend toutes les caractéristiques des soignants et des résidents inclus
dans l’étude.
-La taille de l’échantillon est-elle adéquate X Nous pensons que oui. Une étude avec un devis corrélationnel descriptif
par rapport au contexte de la recherche ? comme celle-ci doit avoir un échantillon suffisamment grand. Ceci est le cas
dans cette étude puisqu’il réunit plus de 300 soignants et 300 résidents.
Collecte des données -Les instruments de collecte des données X Les 2 échelles utilisées sont décrites précisément avec chaque fois des
et mesures sont-ils décrits ? exemples pour chaque item ce qui facilite la compréhension.
-Les variables à mesurer sont-elles décrites X Oui, la partie concernant l’analyse décrit bien les variables et comment
et opérationnalisées ? celles-ci ont été analysées.
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle décrite ? X Toute la procédure méthodologique est décrite allant de la récolte des
l’étude -A-t-on pris les mesures appropriées afin de données à l’analyse à l’aide des statistiques. Il est clairement mentionné que
préserver les droits des participants l’étude a été approuvée par un comité d’éthique.
(éthique) ?
Résultats Des analyses statistiques ont-elles été X Un paragraphe est consacré uniquement aux statistiques. Dans celui-ci, les
Traitement des entreprises pour répondre à chacune des auteurs expliquent comment ils s’y sont pris pour analyser leurs résultats et
données hypothèses ? quels outils ils ont utilisé (t-test, x2…)
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de manière X Les résultats sont présentés de manière synthétique dans 2 tableaux qui à
résultats claire (commentaires, tableaux, graphiques, notre, sens, facilitent leur compréhension. On voit bien les différences de
etc.) ? chiffres entre les 20 unités avec le score de stress le plus haut et les 20 unités
avec le score de stress le plus bas. De plus, la valeur de p est à chaque fois
mentionnée à côté des résultats. Le paragraphe sur les résultats est court mais
précis et complet. C’est intéressant le fait qu’ils ont mentionné laquelle des
hypothèses avaient le meilleur pouvoir statistique. Cela permet de se situer
rapidement sur le degré de signification des résultats pour chacune des
hypothèses.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils interprétés X Les résultats sont en lien avec les 3 concepts principaux et donc les 3
109
Intégration de la à partir du cadre théorique et conceptuel, hypothèses sur le stress au travail, le climat de soins et la connaissance. Ils ne
théorie et des concepts ainsi que des recherches antérieures ? sont pas directement interprétés avec le cadre de référence qui est le modèle
du stress au travail de Karasek mais cela est sous-entendu puisque ce modèle
a permis la récolte des résultats. Les auteurs auraient peut-être pu interpréter
leurs résultats en se basant sur les 3 dimensions du modèle à savoir les
exigences du travail, le contrôle et le soutien social.
Dans la discussion, les résultats sont bien mis en lien avec les études
précédentes dont les apports sont pertinents.
-Les chercheurs abordent-ils la question de X Non, rien n’est signalé à ce sujet mais nous supposons que ces résultats à
la généralisation des conclusions ? savoir que le bien-être des soignants peut être associé au bien-être des
patients peut être généralisé. A notre sens, cela n’est pas différent dans un
autre type de service qui aurait comme population des personnes atteintes de
démence.
-les chercheurs rendent-ils compte des X Oui, celles-ci sont très bien détaillées. Les auteurs sont très critiques sur leur
limites de l’étude ? étude et les limites explicitées permettent de bien saisir quelles études
seraient nécessaires pour le futur. A la lecture de ces limites, nous nous
rendons bien compte que ces résultats sont plus à visée à informative.
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des X Nous avons trouvé très intéressant de mentionner quelques interventions
conséquences de l’étude sur la pratique pratiques qui nous semblent très pertinentes et qui nous semblent réalisables
clinique et sur les travaux de recherche à pour les institutions. Par la mise en évidence très claire des limites de l’étude,
venir ? on arrive à se faire une idée précise des études à faire dans le futur.
Questions générales -L’article est-il bien écrit, bien structuré et X Oui, nous trouvons que cet article est très structuré et agréable à lire. Le
Présentation suffisamment détaillé pour se prêter à une vocabulaire et les tournures de phrases sont assez aisés pour la
analyse critique minutieuse ? compréhension. Nous avons apprécié la précision des résultats les tableaux
présentés.
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats probants X Comme dit ci-dessus, cet article propose des pistes d’intervention
susceptibles d’être utilisés dans la pratique intéressantes pour la pratique.
infirmière ou de se révéler utiles pour la
discipline infirmière ?
110
Gräsel et al. (2003): Non-Drug Therapies for Dementia : An Overview of the Current Situation with Regard to Proof of
Effectiveness
Auteurs Gräsel, E., Wiltfang, J., Kornhuber, J.
Titre de la recherche Non-Drug Therapies for Dementia: An Overview oft he Current Situation with Regard to Proof of Effectiveness
111
aussi efficace dans la réduction des problèmes de comportement (ex : agitation, errance). Du point de vue méta-analytique, les études
expérimentales montrent un effet significatif dans la comparaison entre les paramètres avant le traitement et après le traitement, bien que
la taille de l’effet n’était pas uniforme entre toutes les études. Il doit aussi être noté que les auteurs n’ont pas pu trouver une seule étude
contrôlée de sorte que l’efficacité n’a pas pu être évaluée de façon fiable.
Art thérapie :
La stimulation sensorielle est au premier plan à travers les éléments de la ligne, la couleur et la forme de référence qui sont en 2
dimensions (dessin, peinture) ou tridimensionnel (sculpture par ex. avec de l’argile).
D’un autre côté, l’art thérapie contribue à la réduction de l’isolement et à une augmentation dans les sentiments d’identité et de confiance
en soi.
La preuve de l’efficacité (influence positive sur l’agitation intérieure) est basée sur la description de cas (par exemple, Dunker et Kahn-
Denis). Pas d’études contrôlées n’existent.
Thérapie du mouvement :
La thérapie du mouvement peut être utilisée dans une variété large de stades de la démence en vue de maintenir et d’améliorer les
fonctions moteurs. Dans les stades légers à modérément sévère, il est possible de cibler l’équilibre, la mobilité, la force et l’endurance.
Dans les cas de patients avec une démence sévère et avec lesquels on ne peut pas marcher longtemps sans aide, il est parfois possible
(quand la cause n’est pas une paralysie) de remobiliser le patient. Dans le cas de patients qui sont alités, il est possible, par le biais de
mouvements passifs de membre, d’éviter des contractures secondaires. Des études empiriques sans groupe contrôle montre que dans les
cas de patients au stade léger, il est possible par le biais d’une activité psychomotrice à réaliser une amélioration dans le comportement
social particulièrement dans les situations de groupe. La fréquence des comportements agressifs chez les patients avec un stade sévère peut
être réduite par un programme de promenades régulières. Comme c’est le cas pour l’art-thérapie, il n’y a pas d’études contrôlées sur la
thérapie du mouvement dans la démence.
Il y a des indications initiales que les patients déments bénéficient plus d’une combinaison de thérapie du mouvement et de musicothérapie
que de la musicothérapie seule.
Thérapie de réminiscence :
Le support essentiel de la thérapie de réminiscence est la communication. L’écoute active, l’attention aux signaux non-verbaux
particulièrement dans les cas de patients déments dysphasiques ou aphasiques, et un langage approprié à la démence sont des éléments
essentiels pour travailler avec la thérapie de réminiscence.
Dans leur évaluation méta-analytique, Spector et al. n’ont pu s’appuyer que sur une seule étude avec un devis de groupe contrôle
randomisé. Pour les 15 sujets de l’expérience, il n’y a pas de différence significative entre les groupes aux niveaux cognitif et
comportemental. Il y a un besoin urgent de recherche depuis qu’une étude sur l’utilisation de cette thérapie dans plusieurs pays européens
a montré que les aidants familiaux ont déclaré qu’après la thérapie de réminiscence, ils étaient mieux en mesure de faire face à la maladie.
Selon Woodrow, la thérapie de réminiscence a le potentiel de renforcer le comportement empathiques des soignants professionnels dans le
traitement des patients déments.
Entraînement de la mémoire :
Il semble logique d’essayer d’influencer le symptôme cardinal du syndrome démentiel, les troubles de la mémoire par le biais d’exercices
thérapeutiques spécifiques.
112
Les résultats de deux études contrôlées montrent, cependant que même au sein d’un seul groupe de recherche, les résultats sont
incohérents. Tandis que la fonction de la mémoire et le MMSE dans le groupe d’entraînement de la mémoire sont restés au même niveau
pendant un an, la performance du groupe contrôle s’est considérablement détériorée. Ici, nous avons affaire à des patients dont l’acuité
visuelle et auditive est suffisamment bonne, les patients dont le comportement social n’est pas perturbé et qui ne sont que légèrement
atteint de démence. En revanche, un programme d’entraînement des compétences cognitives également avec les patients à un stade
précoce de la démence, un programme qui entraîne aussi les capacités cognitives (concentration, mémoire, langage, calcul) et les stratégies
de gestion ne prévient pas la détérioration des performances cognitives.
Un danger de base dans le cas d’entraînement cognitif réside dans des exigences trop élevées. Par ailleurs, connaître ses propres lacunes
peut amener à de la frustration et à l’augmentation du retrait social. Des troubles dépressifs peuvent à leur tour être une conséquence. C’est
pour cette raison que l’entraînement de la mémoire fait sens seulement pour les patients qui sont dans les stades légers de démence et qui
souhaitent eux-mêmes entraîner leurs compétences cognitives.
113
réminiscence, de la thérapie du milieu et de la thérapie de validation pour réaliser son but principal. Ce but est le maintien, pour le plus
longtemps possible, de l’identité personnelle et la continuité des patients atteints de démence. Le point de départ pour les auteurs était
l’idée que les déficiences cognitives, des interruptions dans la continuité des expériences personnelles et le manque de nouvelles
expériences conduit à des changements et des déséquilibres dans le soi.
Sur une étude de 43 patients, Romero et Wenz ont pu montrer que 3 semaines de thérapie d’auto-maintenance réduit significativement la
dépression et d’autres symptômes psychopathologiques (valeur cumulée de par ex. labilité affective, apathie, agitation et agression). Une
évaluation valide des bénéfices thérapeutiques n’a pas été faite à l’heure actuelle, puisqu’aucune étude contrôlée n’a été conduite.
114
sociale après les sessions de thérapie, mais aucun changement dans le sentiment de bien-être.
Un exemple particulier de l’utilisation de la stimulation sensorielle est l’aromathérapie. Les huiles essentielles d’aromathérapie sont
employées pour tenter d’améliorer le sommeil nocturne des patients déments et pour diminuer les comportements perturbés la journée.
Dans des études de cas avec un ou 2 patients, une amélioration dans les comportements motivationnels pour être identifiée après la phase
de thérapie, comme une amélioration dans la moyenne de sommeil par semaine. La combinaison de l’aromathérapie et des massages
conduit à une réduction dans les comportements perturbés seulement chez 1 patient sur 4. Avec 2 des patients, le traitement a conduit à
une augmentation des comportements agités. Les résultats concernant l’efficacité de l’aromathérapie sont peu concluants, d’autant plus
que dans la seule étude randomisée (avec 21 patients), l’aromathérapie a été examinée seulement en combinaison avec les massages, en
comparaison avec les massages, en combinaison avec la conversation et en comparaison avec les massages tout seul. Il y a un manque
d’études contrôlées dans lesquelles l’aromathérapie a été testée en monothérapie.
La thérapie avec les animaux peut motiver les patients à aller en promenade régulière et peut soulager la solitude. Caresser les animaux
peut avoir un effet calmant. Une étude de 58 patients gérontopsychiatriques (la plupart d’entre eux souffrait de dépression ou de démence)
qui ont été divisés de manière randomisés entre un groupe avec les animaux et un groupe de comparaison, ont montré qu’après une
intervention de 5 jours, ils ont construit un contact principalement avec les chiens, il n’y avait pas de changement dans le groupe animaux
ni de différence significative entre les 2 groupes en ce qui concerne l’irritabilité ou les comportements de repli sur soi. Les effets de la
thérapie avec les animaux sur des problèmes de comportement en particulier dans les cas de patients déments doivent encore être
examinés.
Le toucher thérapeutique est employé pour parvenir à la relaxation chez ces patients déments qui ne rejettent pas. Cela semble fonctionner
à réduire le stress (tendance à la cortisone de devenir plus faible dans la salive et dans l’urine) et à réduire les problèmes de comportement
comme l’agitation motrice et les vocalisations inappropriées, au moins pour la période de traitement et la phase immédiatement après.
Des exemples de changements spéciaux du milieu thérapeutique en détail, sont l’utilisation de barrières subjectives comme une porte avec
un miroir ou un motif à rayure au sol en face de la porte de sortie pour réduire le danger que le patient avec une agitation motrice n’erre.
Avec ces méthodes douces, sans avoir besoin de construire d’obstacles physiques ou de fermer les portes, il est possible de réduire de
moitié la fréquence des contacts avec la porte extérieure. Il faut dire, cependant, que les études qui sont montrées ne sont pas des études
contrôlées, et que les mesures ne fonctionnent pas avec le même effet pour tous les patients (problème de non-répondant). De plus, le
modèle d’apprentissage a permis aux patients atteints de démence, aussi, de surmonter les obstacles subjectifs à ouvrir les portes. Price et
al. ont été incapable de trouver une étude contrôlée sur l’efficacité des barrières subjectives lorsqu’il s’agit de patients déments qui sont
errants. Ils n’ont pas trouvé que ce soit des études relatives à l’efficacité de ce type de mesure à domicile. Afin de pouvoir faire une
évaluation valide de la valeur thérapeutique de procédures de thérapie du milieu, il sera nécessaire de produire des résultats avec des
études avec des devis élaborés et avec un nombre suffisamment important de patients.
Formation des soignants :
Bien que la formation des soignants puisse aussi sembler être une forme de thérapie du milieu (elle apporte des changements dans
l’environnement social du patient dément), cette forme d’intervention devrait en fait être traitée avec sa propre section à cause de son rôle
spécial – la cible pour le changement étant ici principalement le personnel.
La plupart des membres de l’équipe ressente que les comportements perturbés des patients déments créent du stress mental chez le
personnel. Une conséquence de cela pourrait être un changement dans le style de soins (par exemple, comportement du personnel moins
115
empathique) qui pourrait conduire à une augmentation des comportements perturbés. Si ce cercle vicieux existe bel et bien, alors il doit
être possible par la formation des soignants d’améliorer le comportement des patients déments et/ou leur état émotionnel. Ces hypothèses
sont-elles bien fondées ?
Les analyses de la connexion entre les dimensions des variables des résultats des soins et liés au patient indiquent que pour un large
échantillon de patients atteints de démence (510 résidents dans une institution de soins de longue durée au Canada), il y a une corrélation
significative, pas particulièrement marquée, entre la formation des soignants et l’agitation des patients. Plus le personnel a reçu de la
formation, moins il y a eu d’augmentation dans l’agitation au cours d’une année. Pas de corrélation significative n’a été établie entre la
formation des soignants et le fonctionnement physique des patients, niveau d’expression du langage, les habiletés sociales et le
fonctionnement affectif et cognitif. Le score donné par Chappell et Reid à la valeur de la formation des soignants se rapportent à une
grande variété de différents types de formation conduites dans les unités de soins qui ont été étudiées, mais la question demeure quant à
quel type de formation des soignants peut influencer le plus efficacement le comportement des patients déments et cette question peut être
résolue qu’en utilisant les résultats d’études d’interventions.
Jusqu’à maintenant, une large gamme de programmes de formation des soignants très différents à été mise au point, dont la plupart vise
principalement à améliorer le niveau de compréhension de et pour les capacités limitées des patients déments, offrant la possibilité de
l’augmentation des capacités avec lesquelles le patient conserve et négocie des techniques pour améliorer la communication.
3 études quasi-expérimentales avec un groupe de comparaison sans formation des soignants ont délivré les résultats suivants : directement
après la phase de 3 mois d’intervention, l’intégrité de promotion des soins (mesures pour créer un climat positif pour les patients déments)
ainsi que des améliorations dans les soins a conduit à un nombre accru de possibilités pour les patients déments d’être plus actifs dans
l’élaboration des activités et à prendre des décisions, une plus grande coopération et une augmentation de contact verbal durant les soins
du matin. Le programme axé sur les capacités dans les soins du matin développé par Wells et al. est constitué principalement par des
interventions visant à maintenir ou à compenser les aptitudes sociales et les auto-soins. 3 mois et aussi 6 mois après l’intervention, une
amélioration significative peut être identifiée et a participé à un comportement calme, ainsi que dans son fonctionnement général et social.
Il y a aussi une diminution significative dans les niveaux d’agitation. Dans le programme de compétences communicatives pour les inf.
aux., développé par McCallion et al., il est possible après 3 mois d’identifier une réduction significative dans l’agitation verbale et dans les
comportements physiquement agressifs, mais après 3 mois de plus, les effets sont clairement moins marqués. Les résultats des études
contrôlées suggèrent que le comportement et la maladie des patients déments dans des institutions de longue durée peut être influencé
positivement par la formation des soignants.
Même si une session de programme de formation visant à améliorer les connaissances des soignants sur la démence, les comportements
d’errance et des stratégies de gestion est conduite, après le programme en cours d’emploi, directement à une amélioration dans le niveau
de connaissances en soins des soignants, cet effet était déjà en perte après 1 mois de suivi.
Des études futures montreront quels éléments du programme de formation des soignants est plus efficace. Une autre question qui se pose
est comment la formation doit être intensive et combien de temps ses effets durent comment la formation doit être rafraîchie ?
Cadres de référence et Discussion :
concepts utilisés Compte tenu de la variété et le nombre de procédures différentes, notamment celles employées dans les principes de thérapies générales
suivants comme la thérapie comportementale ou la thérapie du milieu, cette vue d’ensemble ne peut pas être totalement exhaustive. Les
Discussion et seuil de conclusions des études permettent d’évaluer les thérapies à l’égard des buts, les critères d’utilisation et l’efficacité.
signification
116
Efficacité des thérapies/traitements non-médicamenteuses :
Une variété d’études individuelles a montré des effets souhaitables dans un éventail de thérapies non-médic. utilisées. Pour la plupart, ces
études doivent être considérées seulement comme des observations de l’utilisation de ces thérapies. Pour la plupart des procédures, il n’y a
pas encore de preuve de l’efficacité qui est basée sur des études contrôlées et randomisées avec un échantillon assez grand. En outre, il n’y
a guère de conclusions relatives aux conditions qui peuvent conduire à des effets indésirables (conclusions par exemple, sur la question si
des symptômes émotionnels ou comportementaux négatifs sont causés par des exigences excessives sur les patients). Dans la plupart des
études, la thérapie en question est efficace seulement pour le temps que continue la thérapie. Il n’y a pas d’étude si ces thérapies sont
efficaces sur le long terme.
Procédures non-médic dans le contexte thérapeutique total :
Dans les soins aux patients déments, les thérapies non-médicamenteuses sont utilisées relativement peu souvent. La raison première à cela,
n’est pas le scepticisme concernant l’efficacité potentielle de ce type de thérapies. Une raison essentielle pour le développement
relativement lent des thérapies non-médic. est le manque de lobby. Pas d’intérêts commerciaux sont liés aux thérapies non-médic. De plus,
les fonds de la recherche proposés sont maigres depuis que les politiques de recherche sont actuellement tous et complètement dominés
par la conviction que le traitement efficace peut être prévu par des approches biochimiques et pharmacologiques.
Recherches requises :
Compte tenu des avantages potentiels de thérapies non médicamenteuses et la situation insatisfaisante en matière de preuve de l'efficacité,
il y a clairement un besoin considérable de recherche. Les futures études devraient aborder les questions suivantes :
Est-ce que tous les symptômes du syndrome démentiel sont influencés par une thérapie en particulier, et si c’est le cas, quels sont ses
symptômes et quelle est l’étendue de la mesure ?
Quelle structure (en relation avec le contenu, la durée, la fréquence de l’unité de thérapie) fournit le meilleur effet ?
Quels critères d’inclusion et d’exclusion devraient être considérés pour une thérapie particulière pour que le meilleur effet possible soit
atteint ?
Quelles caractéristiques des patients sont adaptés pour distinguer les répondants des non-répondants ?
Y-a-t-il des effets qui perdurent au-delà de la période de thérapie ? Si c’est le cas, pour combien de temps cela perdure ?
Est-il possible d’augmenter les effets désirés en combinant une variété de thérapies non-médic ? Si c’est le cas, quelles combinaisons sont
les plus puissantes ?
Les conclusions relatives à ces questions permettront de créer la base sur laquelle dans le futur une définition claire de la valeur des
traitements non-médic. pourra être donnée.
Seuil de signification et limites de l’étude :
Une critique de cette étude est le manque d’informations sur l’échantillon d’études récoltées pour cet article. En effet, rien n’est mentionné
sur le nombre d’études sélectionnés. De plus, la méthodologie suivie n’est pas décrite précisément. Le seul élément mentionné par les
auteurs est qu’ils ont pris les études sur les banques de données (Medline, Psychinfo…) selon la disponibilité de celles-ci. Il manque aussi
la notion de temps. On ne sait pas de quand à quand va la période de récolte des études. Toutefois, les différentes thérapies non-
médicamenteuses sont vraiment bien expliquées et détaillées. Cet article va nous permettre de nous faire une idée et avoir une vue
d’ensemble sur ce qui pourrait être proposé mais nous serons vigilants par rapport aux résultats et à leur réelle fiabilité. Cet article va aussi
nous permettre de comparer les résultats avec d’autres études déjà lues. Pour la plupart, ces études doivent être considérées seulement
117
comme des observations de l’utilisation de ces thérapies. Pour la plupart des procédures, il n’y a pas encore de preuve de l’efficacité qui
est basée sur des études contrôlées et randomisées avec un échantillon assez grand.
On peut définir cet article comme une revue de littérature se basant des études qui sont des méta-analyses. Selon Fortin (2004), « les méta-
analyses font appel à des méthodes objectives permettant d’intégrer une grande quantité de résultats et ainsi d’observer les tendances qui
se dégagent de ces études […] » (p.202). « La méta-analyse permet de concilier les résultats différents des études répondant à une même
question. Elle s’appuie sur une méthodologie rigoureuse qui assure la valeur de la synthèse et sa reproductibilité » (Cucherat, Boissel &
Leizorovicz, 1997 cité par Fortin, 2004, p.203). Ainsi, on peut faire l’hypothèse que les études qui ont été retenues dans ces méta-analyses
sont assez fiables.
Commentaires en lien Musicothérapie :
avec la question de Voir commentaires en lien avec la question de recherche dans l’article de Svansdottir & Snaedal (2003).
Art thérapie :
recherche Dans l’art thérapie, les auteurs incluent la stimulation sensorielle. Nous n’y avions pas pensé mais il est vrai qu’à travers l’art thérapie, on
peut travailler la stimulation sensorielle puisqu’on utilisera des matériaux différents. Toutefois, ceci nous semblerait possible avec des
patients ne souffrant pas d’une atteinte sévère. Comme il est dit dans l’article, cela est difficile à réaliser avec des patients souffrant
d’apraxie ou de troubles du comportement tels que l’agitation, l’apathie, troubles que l’on peut retrouver chez des patients sévèrement
atteints de démence. La preuve de l’efficacité se baserait sur la description de cas et il n’y aurait pas d’études contrôlées. Toutefois, ces
études mentionnées, datent de 1994 et 1997. Cela pourrait être un Mesh Term (Art Therapy) pour de futures recherches afin de voir si l’art
thérapie est mentionné ou fait l’objet d’autres études plus récentes. De plus, nous souhaitons ressortir que la stimulation sensorielle se
retrouve dans chacune des revues de littérature parcourues ce qui donne déjà du poids à l’argument sur son utilité auprès d’une population
atteinte de troubles cognitifs.
La thérapie du mouvement :
Cette thérapie semble avoir un bénéfice dans l’amélioration du comportement social auprès de personnes à un stade précoce de la maladie.
Ceci est facilement compréhensible puisqu’il est nécessaire que le patient ait des capacités physiques relativement conservé (activités
psychomotrices, promenades régulières…) ce qui n’est forcément le cas pour un patient sévèrement atteint. De ce fait, cette thérapie ne
nous semble pas correspondre vraiment au type de population de notre travail si on part du principe que ces patients sont souvent fragiles
sur le plan physique et difficilement capable d’effectuer des promenades régulières. Il s’agirait de savoir la durée des promenades…
Toutefois, dans ces études sur la thérapie du mouvement, ils parlent aussi de mouvements passifs. Ceci serait par contre un élément
applicable avec notre population. Nous pouvons faire un lien avec la stimulation basale d’Andréas Frölich qui ressort 3 besoins
fondamentaux dont le mouvement. Elle parle de la stimulation vibratoire. Celle-ci se réalise par les mouvements et les déplacements du
quotidien, les exercices physiques, le sport… Dans l’esquisse, nous avions déjà fait un lien avec la verticalité et l’importance du lever qui
ressort dans le concept d’Humanitude. Ainsi, à notre sens, il s’agit vraiment de thérapie par le mouvement. Nous souhaitons chercher
éventuellement d’autres articles qui aborderaient cette notion puisque les résultats de ces études disent que la fréquence des
comportements agressifs chez les patients sévèrement atteints pourrait être réduite notamment par des promenades régulières.
Selon ces études, il serait aussi bénéfique de combiner une thérapie par le mouvement à de la musicothérapie.
La thérapie de réminiscence :
L’étude de Livingston et al. (2005) mentionne une amélioration du comportement quand la réminiscence est précédée par l’orientation
118
dans la réalité mais pas à l’inverse. Toutefois, nous ne savons dans aucune des 2 études avec quels patients la réminiscence peut être
utilisée. Selon Feil (1997), il semblerait que la réminiscence ne serait que rarement efficace avec les personnes sévèrement atteints de
démence. Nous expliquons cela par le fait qu’une personne sévèrement atteinte n’a plus la capacité de réunir ses souvenirs, ses
expériences et de les mettre en mots pour les partager avec les autres. Cette approche nous semblerait utile dans un stade précoce de la
maladie où il est nécessaire d’essayer de maintenir l’estime de soi, mise à mal par la conscience de la perte des capacités cognitives.
Par contre tous les éléments comme l’attention aux signaux non-verbaux, l’écoute active mis en avant dans cette étude constituent à notre
sens, des règles que l’on peut et doit appliquer avec n’importe quelle approche thérapeutique et à n’importe quel stade de la maladie.
Les résultats que nous retenons sur cette thérapie sont les suivants :
Dans leur évaluation méta-analytique, Spector et al. (2002) n’ont pu s’appuyer que sur une seule étude avec un devis de groupe contrôle
randomisé. Pour les 15 sujets de l’expérience, il n’y a pas de différence significative entre les groupes aux niveaux cognitif et
comportemental. Il y a un besoin urgent de recherche depuis qu’une étude sur l’utilisation de cette thérapie dans plusieurs pays européens
a montré que les aidants familiaux ont déclaré qu’après la thérapie de réminiscence, ils étaient mieux en mesure de faire face à la maladie.
Selon Woodrow (1998), la thérapie de réminiscence a le potentiel de renforcer le comportement empathique des soignants professionnels
dans le traitement des patients déments.
La thérapie d’orientation dans la réalité (RO) :
Il semblerait que la mémoire, l’orientation et les comportements orientés s’amélioreraient significativement avec une telle approche.
Toutefois, les auteurs disent quand même qu’ils ne savent pas si cela persiste à la fin de la thérapie. Dans l’étude de Livingston et al.
(2005), cette approche est évaluée lorsqu’elle est combinée avec la thérapie de réminiscence mais c’est tout. Il serait nécessaire d’effectuer
d’autres recherches sur cette approche en utilisant éventuellement le Mesh Term suivant : Reality Orientation.
L’entraînement de la mémoire :
Dans l’étude Livingston et al. (2005), ils parlent de stimulation cognitive. Il s’agit de la même approche. De plus, dans ces 2 revues de
littérature (Livingston et celle-ci), les mêmes auteurs ressortent (Spector et al.). Au moment de la lecture de l’étude de Livingston, nous
sommes allés consulter l’étude de Spector et al. car elle avait un niveau d’évidence (de preuve) très bon mais nous nous sommes rendu
compte que cette approche n’était possible que dans des stades précoces de la maladie. Ceci se retrouve aussi dans cette étude qui
mentionne le risque d’augmenter la frustration et le retrait social si la personne se sent en échec car elle ne parvient pas à réaliser ces
exigences ce qui est le cas dans le stade sévère de la maladie. Ainsi, on peut dire que tous ces résultats vont dans le même sens.
La thérapie de Validation :
On peut dire que cette approche s’oppose à la thérapie d’orientation dans la réalité puisqu’on ne cherche pas à remettre la personne dans la
réalité extérieure (qui est la nôtre et pas forcément la sienne). Dans la thérapie de validation, on accepte la personne dans ce qu’elle est à
ce moment-là et dans sa propre réalité malgré un possible décalage avec notre réalité.
Voici les résultats développés dans cette étude :
La base des motifs de validation qu’il y a toujours une raison sous-jacente au comportement d’un individu vieux et désorienté et que les
techniques de validation peuvent reconstituer des mécanismes d’adaptation du passé permettant à l’individu de faire face aux crises du
présent n’a pas été empiriquement prouvé. Ici, il y a de grands doutes sur la validité de la théorie.
Dans leur méta-analyse de la thérapie de validation, Neal et Briggs (2002) ont pu s’appuyer sur des études contrôlées et randomisées. Sur
la base de ce petit nombre de cas, pas de différence significative entre les groupes n’a émergé.
119
Dans l’étude de Livingston et al. (2005), il ressort aussi qu’il n’y a pas de différence significative ni d’effets à long terme suite à
l’utilisation de la Validation. Nous souhaitons parcourir une troisième étude sur cette thérapie car nous avons pu lire des propos différents
dans le livre de Naomi Feil, auteure de référence pour la thérapie de la Validation.
Nous ne développons pas les résultats sur la thérapie d’auto-maintenance car cela relève à notre sens d’un travail psychothérapeutique
nécessitant des compétences particulières que l’infirmière n’a pas forcément.
La thérapie comportementale :
Dans l’étude Livingston et al. (2005), ils abordent les thérapies non-spécifiques de la démence comme des techniques de gestion du
comportement. Nous pensons que ceci se rapproche de la thérapie comportementale développée dans cette étude puisqu’elle se base sur
des procédures très diverses. Ils prennent l’exemple de « l’incitation à la miction » pour rechercher la continence chez le patient. Il s’agit
d’une technique d’apprentissage se basant sur le conditionnement classique (Pavlov) et le conditionnement opérant développé par Skinner.
Nous ne développons pas ce modèle d’apprentissage car cela ne correspond à notre population de recherche puisque les capacités
d’apprentissage ne sont plus présentes. Voilà les résultats de cette étude :
Dans le cas des patients déments, à un certain point de sévérité de la maladie, la condition préalable pour atteindre des effets durables
d’apprentissage, par exemple par conditionnement opérant, n’est plus remplie à savoir une mémoire qui fonctionne encore assez bien.
La thérapie du milieu :
Dans l’étude de Livingston et al. (2005), ils développent les manipulations environnementales avec notamment la proposition
d’adaptations matérielles de l’environnement. Ils parlent comme dans cette étude, de panneaux d’orientation, de miroirs, de barrières
subjectives. L’élaboration de l’environnement matériel est maintenant de plus en plus perçue comme un soutien important dans les soins
aux patients atteints de démence. Dans cette étude, les auteurs ont eu de la peine à trouver des preuves de l’efficacité de ces aménagements
de l’environnement et il semblerait qu’il y ait un manque d’études avec des échantillons suffisamment grands pour être représentatifs.
Les études de Brodaty et al. (2003) et Visser et al. (2006) mentionnent aussi un probable effet des facteurs environnementaux et
organisationnels sur les SCPD des patients.
Il y a une variété importante de thérapies du milieu possible. Dans cette étude, ils ont choisi de développer la zoothérapie, la stimulation
sensorielle (l’aromathérapie), le toucher thérapeutique. Nous nous pencherons sur la stimulation sensorielle et le toucher thérapeutique
exclusivement.
Voici les résultats pour la stimulation sensorielle :
La stimulation sensorielle ciblée est employée pour lutter contre la privation sensorielle chez des patients atteints de démence hospitalisés.
Dans des études de cas de 4 patients âgés (homme 77 à 84 ans) déments, Spaull et al. (1998) ont observé qu’il y avait une plus grande
interaction sociale après les sessions de thérapie, mais aucun changement dans le sentiment de bien-être. Ces résultats vont dans le sens de
l’étude de Van Weert et al. (2005) (étude n°2) qui dit que la communication et la relation entre l’inf. aux. et le patient était meilleur.
Toutefois, on ne sait pas non plus si ces effets se sont poursuivis à long terme, ce qui constitue la critique habituelle qui est faite à cette
approche. En effet, il y aurait des effets bénéfiques et significatifs au moment de la session et directement après, mais pas à long terme.
Dans cette étude, les auteurs amènent un autre type de stimulation sensorielle. Il s’agit de l’aromathérapie (huiles essentielles) mais les
résultats sur l’efficacité semblent peu significatifs et il ressort un manque important de recherches contrôlées et randomisées pour pouvoir
affirmer ou infirmer avec plus de fiabilité l’efficacité de cette approche surtout pour son utilisation en monothérapie car les seules études
sont faites sur l’aromathérapie en combinaison avec d’autres approches (massages…).
120
Concernant le toucher thérapeutique, nous savons qu’il est préconisé dans la stimulation basale d’Andréas Frölich. Dans cette étude, les
résultats montrent qu’il contribue à la réduction du stress et des problèmes de comportement comme l’agitation motrice, les cris durant la
période de traitement et juste après.
Nous souhaitons lire encore une recherche sur le toucher thérapeutique.
Formation des soignants :
En effet, la formation ressort dans toutes les études déjà lues (Livingston, Visser, Brodaty…) comme un élément primordial dans la
gestion des SCPD et dans le maintien d’une communication et d’une relation adaptée avec ces personnes atteintes de démence. Les
résultats de cette étude vont aussi dans ce sens. Une étude faite au Canada avec un très large échantillon (159 résidents atteints de
démence) indique une corrélation significative entre la formation des soignants et l’agitation des patients. Une autre étude a montré une
augmentation du contact verbal durant les soins du matin suite à la formation des soignants mais il semblerait quand même que ces effets
diminuent après 3 mois.
Toutefois, on ne sait dans aucune des études quels types de formation sont proposés aux soignants. Cela pourrait être intéressant d’en
savoir plus.
Impact sur les soignants : lien avec l’article de Brodaty et al. (2003) sur les attitudes des soignants face aux patients déments.
La plupart des membres de l’équipe ressente que les comportements perturbés des patients déments créent du stress mental chez le
personnel. Une conséquence de cela pourrait être un changement dans le style de soins (par exemple, comportement du personnel moins
empathique) qui pourrait conduire à une augmentation des comportements perturbés.
La conclusion qui ressort à nouveau de cette étude est le fait que toutes ces thérapies sont peut-être efficaces sur le moment mais qu’il n’y
a aucune étude sur leur efficacité potentielle à long terme.
121
Livingston et al. (2005) : Systematic Review of Psychological Approaches to the Management of Neuropsychiatric
Symptoms of Dementia
Auteurs Livingston, G. docteur en médecine
Johnston, K. master of science
Katona, C. docteur en médecine
Paton, J. bachelor of science
Constantine G. Lyketsos docteur en médecine
Groupe de travail vieillesse de la fédération mondiale de psychiatrie biologique
Titre de la recherche Systematic Review of Psychological Approaches to the Management of Neuropsychiatric Symptoms of Dementia
Am J Psychiatry
Journal
Année de publication 2005
Pays USA
Question de recherche Question de recherche
Hypothèses Il n’y a pas de question de recherche formulée par les auteurs mais en voici une qui aurait été possible :
Quelles sont les interventions psychologiques ou dérivées d’un modèle psychologique/psychosocial qui auraient un effet bénéfique à
Buts de la recherche court ou à long terme sur les symptômes neuropsychiatriques de la démence?
Hypothèses
La médication psychotrope est souvent prescrite pour gérer les symptômes neuropsychiatriques mais des inquiétudes ont été soulevées
quant à la sécurité et à l’efficacité de ces TTT.
Les approches psychologiques auraient moins de risque mais nous n’en savons que très peu sur leur efficacité.
Buts de la recherche
Les auteurs ont décidé de mener une revue de littérature systématique sur les approches psychologiques possibles pour gérer les
symptômes neuropsy. de la démence. Suite à ces recherches, ils souhaitent éditer des recommandations sur ces diverses interventions. Ils
ont aussi inclus dans leur recherche les études qui abordent des thérapies dérivées d’un modèle psychologique ou psychosocial
Population/échantillon 162 études
Design = devis Design
Aspects éthiques Il s’agit d’une revue de littérature étoffée avec un devis de méta-analyse. « Il s’agit d’une technique d’intégration statistique des résultats
des études quantitatives. Elle traite les résultats d’une étude comme s’il s’agissait d’une donnée. Ainsi, on combine les résultats de
plusieurs études sur un même sujet de manière à créer un ensemble de données que l’on peut analyser comme s’il s’agissait de données
obtenues auprès d’être humains. Chacune des études devient l’unité d’analyse » (Loiselle, Profetto-McGrath, 2007, p.150).
Aspects éthiques
Rien n’est mentionné dans l’article au sujet de l’aspect éthique mais celui-ci devait être abordé dans chaque étude séparément.
122
Méthodologie Collecte des données
Les auteurs ont cherché des données électroniques durant le mois de Juillet 2003 en s’appuyant sur des références trouvées dans des
articles de revue et dans la librairie Cochrane pour avoir des études faites par des experts. Ils ont inclus celles dépassant Juillet 2003. Ils
ont aussi pris le contenu de 3 journaux publiés durant les 10 dernières années.
Mots-clés utilisés
Ils ont utilisé des mots-clés englobant les démences et l’individu et les interventions. Ils ont inclus des recherches avec des résultats
quantitatifs s’ils étaient liés aux symptômes neuropsychiatriques (ex : qualité de la vie, institutionnalisation, diminution des prises de
médicaments).
Critères d’exclusion
Les critères d’exclusion étaient : personne sans démence ou avec une démence consécutive à une maladie cérébrale, les interventions qui
impliquent une médication ou qui ne sont pas basées sur un modèle psychologique comme l’aromathérapie, l’homéopathie…
Analyse des données
Les auteurs ont attribué un niveau d’évidence selon les critères de l’Oxford Centre for Evidence-Based Medicine aux études. Le niveau
d’évidence est classé de 1 à 5. Plus le chiffre est petit, meilleur est la qualité. Ensuite chaque type d’intervention a reçu « un grade de
recommandation » en accord avec les critères de l’Oxford Centre for Evidence-Based Medicine. Les niveaux vont de la lettre A à la
lettre D. La lettre A correspond à un niveau 1 d’évidence…
Résultats Résultats
La thérapie de Réminiscence :
Les auteurs ont identifié 5 études (12-16) sur les interventions de réminiscence. 3 sont de petits essais randomisés. Un de ceux-ci compte
10 participants et signale une amélioration du comportement quand la réminiscence est précédée par l’orientation dans la réalité mais pas
à l’inverse (13). Dans cette étude, 5 patients ont reçu l’orientation dans la réalité et ensuite la réminiscence thérapie (1 er groupe) et 5 ont
eu l’inverse (2ème groupe). Il semblerait que les patients du premier groupe ont montré une amélioration du comportement dans les 6
mois par rapport aux 5 autres patients qui n’ont pas eu d’amélioration significative du comportement. Le degré d’évidence de cette étude
est de 2b. Les 2 autres études n’ont pas montré de bénéfices à long terme de cette thérapie, si ce n’est quelques petites améliorations
mais pas au-delà de 5 semaines (14-15).
Ces résultats semblent fiables car les études un bon niveau d’évidence (2b). Toutefois, toutes les études ayant un bon niveau d’évidence
datent de plus de 10 ans. Les études récentes (2000 et 2004) ont un moins bon niveau d’évidence (4). C’est pourquoi au regard de ces
études, les auteurs donnent un degré D de recommandation pour la thérapie de Réminiscence.
La thérapie de Validation :
Les auteurs ont identifié 3 études. La première étude de cas (17) avec 5 personnes soumises à 22 séances de Validation montrent une
amélioration de l’irritabilité mais cette étude date de 1988 et a un score d’évidence de 4 ce qui nous permet de relativiser ces résultats.
De plus, l’échantillon est petit, rien n’est spécifié sur le nombre de personnes dans le groupe de comparaison. La seconde étude (18)
compte aussi 5 patients sans groupe de contrôle et ne montre aucun changement dans le comportement après 20 semaines de thérapie de
Validation en groupe. La dernière étude (19) datant de 1997 est randomisée. Elle a cherché à comparer l’utilisation de la Validation à des
soins standards et l’utilisation d’un contact social en groupe chez 88 patients atteints de démence. 31 patients ont eu la Validation et 57
étaient dans le groupe comparatif (28 ont reçu le contact social et 29 des soins standards). Les résultats n’ont montré aucun changement.
123
Après une année, les soignants pensaient qu’il y avait des améliorations suite à l’utilisation de la thérapie de Validation mais en fait, il
n’y avait pas de différence dans les besoins en soins ou dans l’utilisation de médicaments psychotropes ou même dans l’utilisation de la
contention, c’est pourquoi les auteurs donnent un degré D de recommandation.
La thérapie d’orientation dans la réalité :
La thérapie d’orientation dans la réalité est basée sur l’idée que la déficience dans l’orientation temporelle (jour, date, temps…) empêche
les patients déments de fonctionner correctement. Les rappels pourraient les aider. 11 études (13, 20-29) évaluent cette thérapie. Une
seule étude est randomisée. Il s’agit d’une étude de 1981 avec un degré 2b d’évidence où 57 patients ont participé (28 ont eu
l’intervention et 29 étaient dans le groupe contrôle). Cette étude (24) n’a pas montré de bénéfices immédiats avec la thérapie
d’orientation dans la réalité. Dans une autre petite étude (13) randomisée (N=10), les patients qui ont reçu cette thérapie suivie de la
réminiscence avaient moins de symptômes neuropsy. comparé aux patients qui l’avaient dans le sens inverse (voire dans résultats sur la
Réminiscence). L’autre petite étude non randomisée qui combine l’orientation dans la réalité avec des manipulations environnementales
montre une amélioration de l’humeur, une diminution des symptômes neuropsy. et retardent l’institutionnalisation. Toutefois, cette étude
est ancienne (1985) et n’a qu’un degré 4 d’évidence. Ces résultats sont à relativiser. Ainsi, selon les auteurs le degré de recommandation
pour la thérapie d’orientation dans la réalité est D.
La thérapie de stimulation cognitive :
Elle est dérivée de la thérapie d’orientation dans la réalité et utilise le TTT de l’information plutôt que la connaissance basée sur des faits
pour aborder les problèmes de fonctionnement des patients atteints de démence. 3 études randomisées sur 4 (31-35) utilisant la
stimulation cognitive montre des résultats positifs bien que les études utilisent différents points de comparaison (tout de suite après la
thérapie jusqu’à 9 mois après). Toutefois, après 9 mois, il n’y pas de différence significative entre les groupes. 2 études (34-35) récentes
avec un niveau d’évidence très haut (1b et 2b) mentionnent une amélioration de la qualité de vie et une diminution significative de la
dépression. Etant donné le bon niveau d’évidence et sa cohérence que la thérapie de stimulation cognitive améliore les symptômes
neuropsy. immédiatement et pdt qq mois les auteurs ont attribué un degré B de recommandation.
Thérapies spécifiques de la démence :
Les auteurs ont identifié 2 autres thérapies (30, 33). La première consiste à consacrer 30 min. et à focaliser son attention sur un individu
et effectuer avec lui une activité adaptée individuellement (30). Les patients, dans cet essai pilote randomisé, étaient leur propre sujet de
comparaison. Durant la période d’intervention, leur comportement ne s’est pas détérioré comparé à leur comportement avant
l’intervention. Cette étude date de 1996 et a un degré 4 d’évidence, c’est pourquoi nous pensons qu’il serait intéressant de voir si cette
approche est mentionnée dans d’autres recherches. La seconde thérapie (33) s’attache à aider le patient à maintenir un sens, une
continuité et une cohérence dans son identité. Cette intervention incorpore des techniques provenant de la Validation, de la
Réminiscence et de la psychothérapie. Les patients se retrouvent pendant 3 semaines dans une unité où cette thérapie de self-
maintenance est pratiquée. On retrouve une diminution significative des dépressions et des problématiques de comportement. Ces
résultats pourraient être en partie attribués à l’environnement. Le fait que ces 2 études ont un niveau d’évidence de 4, le degré de
recommandation des auteurs est C pour ces 2 interventions.
Thérapies non-spécifiques de la démence :
25 rapports décrivent l’utilisation de thérapies psychologiques non-spécifiques de la démence pour les patients atteints de démence (36-
60). Presque toutes ces études ont examiné des techniques de gestion des comportements. Dans une grande étude randomisée, les
124
patients et les aidants participaient à une thérapie comportementale mettant l’accent sur des événements agréables ou à l’inverse à une
thérapie mettant l’accent sur la résolution de problème (uniquement pour les aidants) (43-44). Ces deux interventions ont eu un résultat
égal sur l’amélioration des symptômes dépressifs immédiatement et 6 mois après la thérapie. Ces 2 études ont un très bon niveau
d’évidence (1b). Toutefois, elles datent un peu (1994, 1997). 2 autres petites études randomisées ont aussi montré des résultats positifs.
Dans une de ces études (42), les participants présentaient significativement moins de symptômes neuropsy. après 2 mois de thérapie de
relaxation musculaire. Dans l’autre étude (37), les techniques de gestion du comportement utilisées (éducation, « entraînement social »,
identification des comportements anormaux) ont permis de réduire l’agression sociale et la déshinibition. Cette étude est qualifiée d’un
niveau d’évidence élevé (2b) et est récente (2000). 2 autres études randomisées (36-40) ont utilisé des techniques de gestion du
comportement. Dans une de deux (36), ces techniques ont été inefficaces. Ils ont essayé d’utiliser ces techniques (stimulation sensorielle,
utilisation d’un vocabulaire simple (ordre à 1 mot), stratégies d’orientation) durant toutes les activités de la journée. La seconde étude
(40) étant de 1978, nous ne développons pas ses résultats. D’autres études de cas sont résumées dans le tableau mais ont un degré
d’évidence de 4 voire 5, c’est pourquoi nous ne prenons en compte leurs résultats. Les auteurs ont attribué un degré de recommandation
B pour ces techniques de gestion du comportement dans la démence. Les conclusions de ces grandes études randomisées sont constantes
et positives et leurs effets durent quelques mois.
Les interventions psychologiques avec les aidants familiaux :
Ces interventions sont désignées pour améliorer les symptômes neuropsy. et la fréquence des institutionnalisations des personnes
démentes (61-79). Le degré de recommandation pour les techniques de gestion des comportements sous la forme d’éducation et
d’enseignement aux aidants familiaux (sur comment changer leur interaction avec le patient) est A car plusieurs études utilisées ont un
haut niveau d’évidence.Une autre étude non contrôlée suggère que le soutien aux familles est aidant dans la réduction de
l’institutionnalisation des patients (76). Ainsi le degré de recommandation pour le conseil aux familles est C à cause du degré d’évidence
4 des études utilisées. Nous ne développons pas plus cette intervention car elle est destinée aux aidants naturels.
Les interventions psychosociales :
« Augmentation, amélioration sensorielle » :
La musicothérapie : Cette thérapie inclus jouer de la musique d’une époque ou d’un genre particulier durant des sessions d’activités ou à
certains moments de la journée (repas, toilette…). Les participants jouent de la musique, bougent sur la musique ou participent dans la
composition et l’improvisation des sessions. Sur 24 interventions de musicothérapie (15, 80-102), 6 étaient randomisées (15, 84, 89, 92,
95, 98). Toutes étaient de petites études randomisées et montraient une amélioration dans les comportements perturbateurs. Dans 2
études, le comportement a été observé durant les sessions de musique, mais il n’y a pas de preuve qu’il y a des bénéfices après la session
(84, 92). Dans 3 études, des changements de comportement ont été observés en dehors des sessions de musicothérapie. Dans la première,
les patients étaient significativement moins agités durant et après la session dans laquelle les musiques étaient choisies en fonction des
préférences des patients (89). Toutefois, cette étude a un niveau de preuve de 5 ce qui permet de douter des résultats. Les résultats de la
seconde étude sont similaires (95) avec un niveau d’évidence 2b ce qui est plus intéressant par rapport à l’étude précédente. Dans la
troisième étude (niveau 2b d’évidence) qui évalue l’utilisation de la musique combinée aux massages des mains, on retrouve une
diminution de l’agitation une heure après l’intervention (98). Le degré de recommandation pour la musicothérapie pour une amélioration
immédiate du comportement perturbateur est B parce que plusieurs études avec un niveau 2 d’évidence suggère une diminution de
l’agitation durant et immédiatement après la session. Toutefois, il n’y a pas de preuve que la musicothérapie est utile dans le TTT des
125
symptômes neuropsy dans le long terme.
La thérapie Snoezelen / stimulation multisensorielle : Le snoezelen qui combine la relaxation avec l’exploration des stimulations
sensorielles comme les lumières, les bruits, le toucher est basé sur l’idée que les symptômes neuropsy. sont le résultat de période de
privation sensorielle. Les interventions ont lieu dans une pièce spécialisée et durent entre 30 et 60 minutes. Sur 6 essais abordant ce
thème, 3 étaient randomisées. La première (103) était très petite (5 participants) avec des résultats peu clairs malgré un degré 2b
d’évidence. Les 2 autres (niveau d’évidence 1b et 2b) ont trouvé que les comportements perturbateurs se sont brièvement améliorés en
dehors du cadre du TTT mais qu’il n’y avait pas d’effet après l’arrêt du TTT (104, 105). 2 autres études sont des études de cas (106, 107)
et 1 affirme voir une amélioration directement après la thérapie et encore 3 semaines après. Nous ne pouvons nous fier totalement à ces 2
études car le niveau d’évidence n’est que de 5 puisqu’il ne s’agit pas d’essais randomisés ou de méta-analyse. Le degré de
recommandation pour le snoezelen pour l’amélioration immédiate des comportements perturbateurs est de B sur la base des études
quottées à 2 niveaux d’évidence. Les effets sont apparents seulement sur un court moment après la session.
Autres stimulations sensorielles : Sur 7 essais traitant d’autres formes de stimulation sensorielle, 3 sont randomisées. Le premier essai
compare le massage avec la musique dans des conditions similaires puis en combinant le massage et la musique (98). Une diminution de
l’agitation est observée une heure après l’intervention. Le deuxième essai examine un programme d’intégration sensorielle qui met
l’accent sur les réponses du corps, sur la stimulation sensorielle et cognitive. Il s’avère que cette intervention n’a pas d’effets sur le
comportement (112, niveau d’évidence 2b). Une intervention de toucher thérapeutique (massage et discussion) (environ 5 min. par jour)
durant une période de 10 jours diminue immédiatement les comportements perturbateurs et ce durant 5 jours. Toutefois, cette étude n’a
qu’un niveau 4 d’évidence et date de 1999 (111). Un essai (niveau 4) contrôlé de la stimulation avec des éléments naturels durant le bain
(bruits d’oiseaux, de ruisseaux, petits animaux) a montré que l’agitation diminue significativement mais que durant cette période de la
toilette (115). Une autre étude de cas (113) ne montre pas de différence dans l’agitation avant et après un toucher thérapeutique ou un
massage. Dans les 2 dernières études, l’effet de plusieurs formes de stimulations sensorielles incluant le toucher, l’odorat et le goût ont
été examinés. Un petit essai randomisé (niveau 4) ne rapporte aucun changement dans l’association de ces interventions (110) et l’autre
étude (niveau 4) montre que l’intervention est aidante (116). Le degré de recommandation pour ces courts bénéfices de la stimulation
sensorielle est C mais il n’y a pas de preuve pour une efficacité prolongée.
La thérapie de présence simulée : 6 études ont investigué les effets de la thérapie de présence simulée dans laquelle la mémoire
autobiographique est présentée au patient sous la forme d’une conversation téléphonique enregistré par un membre de la famille ou un
substitut. Une étude randomisée ne montre aucun changement dans les comportements agités ou repliés sur soi-même (117, niveau 2b).
L’équipe pense à une réduction de l’agitation chez les patients qui reçoivent l’intervention comparé au groupe placebo, mais pas
comparé aux patients qui reçoivent des soins habituels. Une petite étude (118) a trouvé une amélioration dans l’attention et l’interaction
sociale. Finalement dans une série d’études (niveau d’évidence 4 et 5) de cas, Peak et Cheston (120) rapportent des résultats mixtes avec
une augmentation de la maladie chez une personne et une diminution de l’anxiété et une amélioration dans l’interaction chez les autres
participants. L’utilisation d’une vidéo pour fournir une présence simulée n’est pas associée avec un changement significatif des
comportements d’agitation (121). Le degré de recommandation pour la thérapie de présence simulée est D.
Les activités structurées :
Programmes d’activités thérapeutiques : Il y a 5 études randomisées sur ce thème-là. Dans une petite étude randomisée (123, niveau 2b
d’évidence), les activités thérapeutiques récréatives à domicile sont associées à une diminution de l’agitation. Une autre étude (122, 2b)
126
montre qu’un petit moment de discussion en groupe suivi d’un peu de vélo soulage la dépression des patients mais pas l’agitation après
10 semaines. La troisième s’est intéressée au jeu du puzzle mais aucun effet sur l’humeur et l’interaction sociale n’a été mis en avant
(95, 2b). Une comparaison entre le jeu de puzzle et le snoezelen ne montre pas d’amélioration dans l’humeur et le comportement (104,
1b). Les autres études sur les activités thérapeutiques ne sont pas randomisées. Une étude (125, 4) avec une combinaison d’activités de
groupes et individuelles durant une journée augmentent significativement l’agitation au-dessus de 10 semaines. Un essai clinique non
randomisé (126, 4) proposant des activités en petits groupes n’a pas montré de changement de comportement mais quand même une
diminution de l’utilisation des moyens de contrainte et de psychotropes chez 7 patients sur 20. Dans 2 études qui utilisent des sessions de
lecture, des améliorations ont été vues dans les comportements d’errance et les comportements perturbateurs durant la session et 1
semaine après (87, 5). Pas tous les programmes d’activités thérapeutiques utilisent les mêmes interventions, mais en général, les
conclusions des études sont pas incohérentes et peu concluantes. Le degré de recommandation est D.
Les activités « Montessori » : Les activités Montessori utilisent des principes de réhabilitation et vont du simple au complexe dans les
répliques et dans la progression dans les activités. 3 essais non randomisés se sont basés sur ces activités et n’ont pas montré de
changement dans la dépression et l’agitation (132, 135, 138).
Les exercices : 3 études ont examiné l’utilisation des exercices/mouvement/marche comme une intervention pour gérer les symptômes
neuropsy. Une étude randomisée (131, 1b) n’a pas trouvé d’effets sur le comportement dans l’utilisation du « marcher-parler » dans
lequel un soignant marche avec deux résidents ou marche et parle avec deux résidents. Un essai randomisé (133, 2b) sur un programme
d’activation psychomotrice n’a pas trouvé d’effets sur le comportement. Les 2 autres études ne sont pas randomisées. La première dans
laquelle 11 patients sont leurs propres sujets de comparaison montre une réduction significative des comportements agressifs le jour où
le groupe de marche a lieu (134, 4). La seconde (136, 4) sur des exercices de groupe ne montre pas de réduction significative des
comportements d’agitation. Le degré de recommandation pour les exercices est D.
Les interactions sociales : 1 étude de cas (137, 5) montre une diminution des symptômes neuropsy chez un tiers des patients qui ont une
interaction sociale ac les infirmières (3h/j. pdt 1-2 mois). Le grade de recommandation de D est mis aux interactions sociales.
La stimulation sensorielle réduite : Celle-ci est investiguée par 2 petites études. Une semaine d’intervention calme (éteindre la TV,
baisser le ton de la voix, réduire la vitesse des mouvements) amène rapidement une diminution significative de l’agitation (mesurée par
une échelle non standardisée) en comparaison de la période avant l’intervention (135, 4). Dans une autre étude non randomisée (130, 4),
les patients sont dans une unité spécifique qui diminue la stimulation (sans TV, radio, téléphones, périodes de visites restreintes et
programmées). Aucune diminution des symptômes neuropsy. n’a pu être observée (mesurée par une échelle standardisée) comparé la
période avant l’intervention. Toutefois, l’utilisation des moyens de contrainte diminue. Ainsi le degré de recommandation est D.
Les manipulations environnementales :
L’environnement visuel complexe : 8 études non randomisées ont investigué les effets suite à la modification de l’environnement visuel.
La présence de 2 dimensions de quadrillages sur le sol près des portes ne réduit pas les comportements de fuite (150, 4). Cependant, 2
études dans lesquels un quadrillage horizontal est utilisé diminue les tentatives des patients pour ouvrir la porte (142, 144, niveau
d’évidence 4). Des résultats similaires ont été obtenus dans une étude sur les effets de peintures murales sur les parois au-dessus des
embrasures de portes (145, 4). Des stores et des barrières en tissu sont placés devant les poignées et des signes sont installés pour attirer
l’attention des patients. Ces éléments sont efficaces pour réduire le temps où les patients font des tentatives pour sortir de l’unité (140,
143, 148, niveau d’évidence 4 à 5). L’augmentation de l’environnement visuel dans un espace limité du home peut être associée avec
127
une diminution des comportements agités bien que les conclusions ne soient statistiquement non significatives (139, 4). Les études étant
d’un niveau 4 d’évidence, les auteurs ont attribué un grade C de recommandation.
Les miroirs : 2 petits essais non randomisés ont investigué les effets des miroirs dans l’environnement du patient. Dans une étude avec
un devis d’étude de cas, un patient sur 2 étaient moins agités après le retrait des miroirs dans l’environnement de l’unité (146, 5). Le
degré de recommandation pour l’utilisation de miroirs est D.
Les poteaux indicateurs : 3 essais non randomisés ont investigué les effets des poteaux indicateurs sur les symptômes neuropsy. 2 études
de cas ont trouvé que les panneaux tous seuls étaient inefficaces mais que s’ils étaient combinés avec la thérapie d’orientation dans la
réalité, cela améliorait l’orientation dans l’unité chez 2 patients sur 4 et 5 patients sur 5 respectivement (141, 149, niveau d’évidence 5 et
4). Dans la troisième étude, les poteaux ont été placés dans le but d’attirer l’attention sur les signes; cet arrangement a permis de réduire
les symptômes neuropsy. chez les 5 participants (143, 5). Ainsi, le degré de recommandation est D.
Autres manipulations de l’environnement :
Vie de groupe : C’est le nom donné spécialement pour désigner les établissements de soins qui encouragent une atmosphère intime.
Dans un essai randomisé, pas de changement dans les symptômes neuropsy n’a été trouvé dans un cadre « living group » comparé à une
communauté de logements (155, 2b). 2 autres études randomisées montrent une diminution de l’agression, de l’anxiété et de la
dépression et moins d’utilisation de neuroleptiques pour un an chez les résidents avec une vie de groupe avec une atmosphère intime
(151, 152, 4). Après 3 ans, il n’y avait plus de différence entre le group living et le groupe contrôle. Plusieurs études ont des limites
parce que les résidents étaient sélectionnés pour leur admission et n’avaient pas le droit s’ils avaient des symptômes frontaux, une
démence sévère, ou des co-morbidités physiques. Un petit essai non randomisé et non contrôlé sur le group living rapporte des effets
bénéfiques sur les symptômes neuropsy à 6 mois et une diminution de l’utilisation des moyens de contrainte (153, 4). Cependant, dans
une autre étude, les symptômes neuropsy. augmentent significativement chez les sujets d’un group living par rapport au groupe contrôle
à 6 mois et à 1 an (156, 4). En résumé, le group living peut avoir des bénéfices ou des effets délétères ou pas d’effets sur les symptômes
neuropsy. Ainsi, le degré de recommandation est D.
Les portes pas fermées : Une petite étude (154, 4) non contrôlée examine les effets des portes de l’unité non fermées pdt 3 heures. Les
patients montrent moins de symptômes neuropsy et diminue les phénomènes de fuite quand les portes sont ouvertes. Le degré de
recommandation pour ces portes non fermées est D.
La formation :
La formation des soignants prof. dans la gestion des problèmes de comportement : Neuf études ont investigué l’effet de la formation des
professionnels dans le TTT des symptômes neuropsy. 3 études sont randomisées (163-165). Une étude randomisée sur les techniques de
communication entraînées par les professionnels permettent une réduction significative de la violence des patients (à 3 mois) et de la
dépression (à 6 mois) (163, 1b). Par l’acquisition de connaissances sur la démence et sur les stratégies de gestion les soignants peuvent
diminuer l’utilisation de moyens de contention et la violence des patients envers les soignants (161, 165, 2b). Des soins spécialisés
associés à la formation du personnel soignant en EMS ont amélioré le statut émotionnel et la qualité de vie des résidents dans les 12
mois (157, 4). Entraîner les soignants dans la promotion de soins intègres (donner plus de temps aux patients, rendre l’environnement
plus intime, encourager les patients à faire plus et s’habiller seul) améliore l’anxiété des patients et leur humeur dépressive. Ce sont les
résultats d’un petit essai contrôlé (158, 4). Les auteurs ont attribué un degré B de recommandation pour la formation des soignants dans
la gestion des troubles du comportement.
128
Des interventions environnementales combinées avec la formation des soignants : 8 essais non randomisés ont investigué les effets des
interventions environnementales comme avoir une unité spéciale pour les personnes démentes et des soignants formés à cela. Une unité
spécialisée avec moins de résidents et un espace de vie plus large que dans les unités standards semble être associée à une diminution des
comportements perturbateurs (171, 3). Similairement, dans un essai contrôlé, une combinaison de group living et formation des
soignants améliore les résultats émotionnels et physiques des patients et étaient moins coûteux que des soins standards (166, 167, niveau
3 et 4 d’évidence). Dans une autre étude, les unités de soins spécialisées étaient associées à une réduction des symptômes neuropsy,
spécialement de l’agitation et de la dépression ainsi qu’une réduction de l’utilisation d’une médication neuroleptique (167, 169, 4, 3).
L’agressivité et les activités perturbées ont été réduites dans les unités spécialisées (170, 4). Cependant, 3 autres études n’ont pas trouvé
d’effets (168, 172, 173, 3, 3, 4), c’est pourquoi le grade de recommandation pour ces unités spécialisées combinées à la formation des
soignants est D.
Cadres de référence et Cadres de référence et concepts
concepts utilisés A notre sens, le cadre de référence serait ces différentes approches psychologiques ou dérivés auxquels les auteurs s’intéressent (ex :
Validation, musicothérapie…). Cependant, les auteurs ne mentionnent pas de cadre de référence.
Discussion et seuil de On pourrait aussi mentionner le descriptif que font les auteurs des symptômes neuropsy. de la démence. Ceci serait le concept à la base
signification de cette étude. Ils donnent une petite définition des symptômes neuropsy. de la démence. Ils disent qu’ils incluent les signes et
symptômes de perturbation de la perception, de la pensée, de l’humeur et du comportement. Les symptômes neuropsychiatriques de la
démence sont très présents dès le stade modéré de la maladie et sont donc très présents dans les EMS. Ces symptômes contribuent
significativement à l’épuisement des soignants, à l’institutionnalisation et à la diminution de la qualité de vie des personnes touchées.
Très souvent, nous essayons de les gérer par une médication psychotrope mais nous ne connaissons par réellement ses effets et ses
risques.
Discussion
Les auteurs nous font part qu’ils ont trouvé un nombre important de recherches sur les approches psychologiques en lien avec les
symptômes neuropsy. Ils ont essayé de trier, résumer et classifier ces études en utilisant les guidelines de la médecine fondée sur des
preuves (EBM) dans le but d’aider le clinicien à comprendre quelles interventions sont efficaces et durant combien de temps. Ils ont
aussi essayé de distinguer les interventions qui étaient inefficaces par rapport à celles pour lesquelles un trop petit niveau d’évidence
était présent, ce qui ne permettait pas de juger de leur efficacité. Comme il y avait beaucoup d’interventions, on aurait pu les classifier de
différentes façons en fonction de différents critère. Ils ont essayé d’avoir le bon ajustement et de décrire les interventions afin de rendre
leur jugement transparent. Quelques thérapies peuvent demander une quantité énorme de travail pour de très petits bénéfices c’est
pourquoi ils n’ont pas mesuré ces aspects. En plus, certaines thérapies peuvent amener du plaisir (pour la personne soignée ou le
soignant) et par conséquent être valable même si l’intervention ne change pas les symptômes neuropsy. Ils n’ont pas jugé ces aspects
différents. De la même manière, qu’ils n’ont pas étudié l’aspect cognitif bien que certaines thérapies sont destinées à avoir un effet sur la
cognition.
Thérapies psychologiques efficaces :
Les techniques de gestion du comportement centrées sur la personne et son cpt sont généralement un succès pour la réduction des
symptômes neuropsy. Les effets de ces interventions durent pendant plusieurs mois malgré les disparités qualitatives.
La psychoéducation est destinée à changer le comportement des aidants est efficace surtout si elle est pratiquée en individuel plutôt
129
qu’en groupe. Avec cette intervention, l’amélioration des symptômes neuropsy. dure plusieurs mois, c’est pourquoi ils recommandent
ces types d’intervention.
La musicothérapie et le snoezelen et d’autres types de stimulations sensorielles sont utiles dans le TTT des symptômes neuropsy. durant
la session mais n’ont pas d’effets à long terme. Le coût et la complexité du snoezelen et les petits bénéfices retirés sont des barrières à
son utilisation.
Les types d’éducation spécifiques du personnel soignant mènent à des réductions des symptômes comportementaux et diminue
l’utilisation des mesures de contraintes. De plus, cela contribue à améliorer les états émotionnels. L’enseignement au personnel est
hétérogène (différentes formes, diff. lieux) bien que les instructions aux soignants dans les compétences de communication et
l’amélioration de leurs connaissances sur la démence pourraient améliorer les résultats en lien avec les symptômes neuropsy.
Quelles interventions ont besoin de plus de preuve ?
Peu de preuves sont valables sur l’efficacité de la thérapie de Réminiscence, mais il y a plus de preuves positives pour la thérapie de
stimulation cognitive. L’entraînement des proches aidants dans les techniques de gestion du comportement montre des résultats
incohérents mais il mériterait d’avoir d’autres études sur le sujet.
Les preuves pour les activités thérapeutiques sont vraiment variées et les conclusions de ces études pour ces interventions sont
contradictoires et peu concluantes.
Les unités spécialisées pour les personnes démentes ne sont pas systématiquement bénéfiques mais modifier l’environnement visuel et
ne pas fermer les portes réduisent avec succès les fugues dans les institutions. Ces interventions prometteuses méritent d’autres études.
Il n’y pas de preuve convaincante que l’intervention de présence simulée ou les unités pauvres en stimulation sont efficaces pour ces
symptômes neuropsy.
Quelles interventions sont inefficaces ?
La thérapie d’orientation dans la réalité, la thérapie de Validation, les activités « Montessori » n’ont pas d’effets sur les symptômes
neuropsy. De plus, les preuves convaincantes suggèrent que l’exercice répétitif simple ne marche pas pour les symptômes neuropsy.
Conclusions selon les auteurs :
En général, nos conclusions sont limitées à cause du manque de recherches de hautes qualités. Nous avons trouvé seulement 9 études
avec un niveau 1 d’évidence. Cependant, le manque de preuve sur l’efficacité ne veut pas dire manque d’efficacité. Parce que le système
attribue un degré haut d’évidence à des études randomisées et que la plupart des études sur les approches psychologiques ne sont pas
qualifiées de hautes qualités. La littérature sur les interventions liées au comportement place une grande importance sur les études de cas
avec des descriptions des interventions individuelles. Le but de la publication, cependant, est de fournir des preuves qui peuvent être
généralisées pour une utilisation future. Nous avons par conséquent utilisé le système de l’Oxford Centre for Evidence-Based Medicine
pour évaluer ce niveau de preuve. Nous encourageons l’utilisation d’interventions standardisées (qui peuvent être adaptées
individuellement et au contexte) dans les futures recherches afin que ces interventions puissent être efficaces pour d’autres populations.
Seuil de signification :
La question de recherche n’est pas mentionnée mais le but de la recherche est clairement énoncé.
L’introduction est très succincte mais très précise.
Les références à la bibliographie sont faites de manière pointue dans le texte ce qui permet de se retrouver rapidement et de pouvoir se
rendre dans la bibliographie.
130
Le résumé est pertinent et convaincant, déjà séparé en différents paragraphes (objectifs, méthode, résultats, conclusion).
Utilisation de 12 tableaux récapitulatifs des diverses études trouvées en lien avec différentes approches psychologiques. Tableaux très
détaillés avec le nom de l’auteur, la randomisation (2 groupes formés aléatoirement), la présence ou non d’un groupe comparatif, le
nombre de sujets utilisés et le nombre de sujets comparatifs, le « régime » thérapeutique, les résultats et le degré d’évidence selon
Oxford Centre for Evidence-Based Medicine guidelines.
Commentaires en lien La Réminiscence :
avec la question de A notre sens, il serait intéressant de comparer ces résultats avec d’autres recherches en lien avec la thérapie de Réminiscence malgré le
fait que les auteurs n’attribuent pas un grand niveau de preuve à cette thérapie. Toutefois, selon Feil (1997), il semble que la
recherche Réminiscence ne serait que rarement efficace avec les personnes sévèrement atteintes de démence se trouvant dans le stade des
Mouvements répétitifs.
La thérapie de Validation :
Concernant la Validation, les résultats nous surprennent quelque peu car nous pensions que cette intervention était bénéfique. Toutefois,
nous ne prenons pas ces résultats pour acquis car les études ont un petit degré d’évidence et qu’elles datent passablement. De ce fait,
nous souhaitons trouver d’autres études abordant la Validation afin de comparer les résultats.
La thérapie de stimulation cognitive :
Nous n’avions encore rien lu au sujet de cette thérapie mais nous souhaitons nous y intéresser car les auteurs ont donné un degré B de
recommandation. Toutefois, nous émettons quelques réserves car nous nous questionnons quant à savoir si cette thérapie serait
réellement efficace avec des personnes sévèrement touchées. A priori, nous pensons qu’elle pourrait être bénéfique dans les stades
précoces de la maladie.
Nous avons consulté l’étude de Spector, Thorgrimsen, Woods, Royan, Davies, Butterworth & Orrell (2003) car cette revue de littérature
systématique a attribué à cette étude un niveau 1b d’évidence. Cette étude avait pour but de tester l’hypothèse que la thérapie de
stimulation cognitive pour les personnes âgées atteintes de démence a des bénéfices pour la cognition et la qualité de vie de la personne.
Spector et al. (2003) ont réalisé un essai randomisé avec 201 personnes recrutées dans 169 centres de jour ou homes. Ils ont sélectionné
au minimum 8 personnes dans chaque centre (5 pers. dans le groupe TTT et 3 dans le groupe contrôle). Les critères d’inclusion étaient
très précis : critères du DSM-IV pour une démence ; un score entre 10 et 24 au MMSE ; avoir la capacité de communiquer et de
comprendre ; ne pas avoir de problème de vue ni d’audition afin de pouvoir participer au groupe et utiliser le matériel ; ne pas avoir de
problème physique majeur ; ne pas avoir de grandes difficultés de lecture.
Suite à la description de ces critères, nous pouvons déjà nous dire que cela ne correspond pas à la population cible de notre travail car
une personne sévèrement atteinte de démence a un MMSE inférieur à 10. Sa capacité de communiquer et de comprendre est aussi
fortement touchée. Ainsi, nous faisons le choix de ne pas plus développer cette étude de Spector et al. (2003) par souci de pertinence par
rapport à notre question de recherche.
Référence de cette étude : Spector, A., thorgrimsen, L., Woods, B., Royan, L., Davies, S., Butterworth, M., & Orrell, M. (2003).
Efficacy of an evidence-based cognitive stimulation therapy programme for people with dementia : randomised controlled trial. British
Journal of Psychiatry, 183, 248-254.
Thérapies spécifiques de la démence :
Dans la discussion, les auteurs n’abordent pas directement ces thérapies spécifiques de la démence comme ils les appellent. Il nous
131
semble que ces thérapies incorporent des techniques provenant d’autres thérapies qui sont aussi développées dans cette revue de
littérature systématique. Il s’agit par exemple de mettre l’individu au centre de nos préoccupations, de lui accorder du temps et de
valoriser son individualité. Ces études n’ont obtenu qu’un grade C de recommandation. Nous allons être attentifs dans les futurs articles
afin de voir si des approches similaires à celles-ci sont mentionnées.
Thérapies non-spécifiques de la démence :
Les techniques de gestion du comportement centrées sur la personne sont pour les auteurs un succès dans la réduction des symptômes
neuropsy. et ceci durant plusieurs mois. Le bon degré d’évidence attribué aux études abordant cette question d’interventions visant la
gestion du comportement nous amène à penser qu’il serait intéressant de parcourir d’autres études.
Les interventions psychologiques avec les aidants familiaux :
Les auteurs développent différentes interventions dans ce paragraphe. Voici ces interventions :
Eduquer les aidants familiaux à gérer les comportements (degré de recommandation D)
Psychoéducation des aidants (modifier leur façon d’entrer en interaction avec la personne démente) (degré de recommandation
A)
Conseil aux familles (degré C)
Toutefois, ces interventions ne sont pas pertinentes par rapport à notre question de recherche car nous nous situons dans un contexte
d’EMS alors qu’ici il s’agit des personnes vivant à domicile avec des aidants familiaux. Ainsi, nous ne les retenons pas.
Les interventions psychosociales :
Concernant la musicothérapie et le snoezelen, les auteurs retiennent une diminution de l’agitation durant la session et immédiatement
après. Toutefois, il n’y a pas de preuve que la musicothérapie et le snoezelen est utile dans le TTT des symptômes neuropsy. à long
terme. Ayant nommé la musicothérapie et le snoezelen dans notre cadre de référence, nous souhaitons chercher d’autres études afin de
comparer les résultats.
Dans cette étude les périodes de stimulation sensorielle se sont limitées à environ 1h. Dans l’étude de Van Weert et al. (2005), ils ont
essayé de mettre en œuvre l’approche snoezelen dans les soins sur 24h ce qui peut peut-être constitué une différence importante.
De plus dans cette étude, ils se sont intéressés uniquement à l’effet potentiel du snoezelen sur les symptômes neuropsy. de la personne
malade mais pas du tout sur l’impact possible sur les soignants. Van Weert et al (2005) ont cherché à mettre en évidence l’impact sur la
qualité de vie au travail chez les soignants qui s’en trouve améliorée. > voir commentaires dans l’article de Van Weert (2005).
Les activités structurées :
Les conclusions des études concernant les activités structurées étant contradictoires et peu claires, les auteurs attachent une importance
limitée à ces activités thérapeutiques. Quant aux activités Montessori, elles n’ont pas d’effets sur les symptômes neuropsy. Il y a aussi un
manque de preuve convaincante sur les unités pauvres en stimulation. A priori, nous ne retenons pas ses résultats par rapport à notre
question de recherche et notre cadre de référence.
Les manipulations environnementales :
Concernant l’environnement, il serait intéressant de parcourir d’autres recherches car la communication non verbale fait appel à nos sens
et nos sens perçoivent l’environnement. Ainsi, celui-ci est susceptible d’avoir un impact sur les symptômes comportementaux et
psychologiques de la démence.
Nous avons pu lire dans les études de Brodaty (2003) et Visser (2006) que les facteurs environnementaux avaient probablement un
132
impact sur ces symptômes et qu’il était absolument nécessaire d’en tenir compte pour mettre en place de nouvelles stratégies (comme
favoriser la formation des soignants).
Les résultats concernant la formation des soignants professionnels dans la gestion des comportements sont très intéressants. Dans notre
esquisse, nous abordons déjà l’importance de la formation et de la connaissance au sujet de la maladie d’Alzheimer afin d’offrir des
soins de qualité. Nous allons effectuer plus de recherches sur cet aspect. Dans les études de Brodaty et Visser, nous avons déjà pu mettre
en évidence la notion de formation et de supervision des soignants comme des stratégies de gestion des SCPD, de gestion du stress.
Nous souhaitons retenir que cette revue de littérature systématique ne met pas en avant des bénéfices clairs quant à l’utilisation d’unités
spécialisées pour accueillir les personnes démentes car nous y pensions depuis le début du travail. Il serait intéressant de trouver d’autres
articles sur le sujet.
Les mots-clés ressortis de cette étude :
Neuropsychiatric symptoms
Psychological approaches
Staff education
133
Roper et al. (2001) : Nurse caregiver feelings about agitation in Alzheimer’s disease
Auteurs Roper, J.M., (infirmière enregistrée, doctorat et directeur Nursing Research Program)
Shapira, J., (infirmière enregistrée et clinicienne)
Beck, A. (infirmière enregistrée)
Nurse caregiver feelings about agitation in Alzheimer’s disease
Titre de la recherche
134
sont les problèmes principaux empêchant les membres de la famille de continuer les soins à domicile pour les patients atteints de DTA et
précipitent le placement dans un contexte de soins de longue durée (Dunkin & Anderson-Hanley, 1998 ; Steele, Robner, Chase &
Folstein, 1990),
Les conséquences émotionnelles de soigner des patients déments agités parmi les différents niveaux des soignants ne sont pas connues.
Les préoccupations et les réponses des soignants en lien avec les comportements des patients atteints de DTA sont observées durant une
période de consultation et d’observation participante dans le service à l’étude. Il a été demandé aux soignants quelles stratégies
enseignées sont à utiliser quand les patients sont agités. Fait intéressant, lorsque le sujet de l’agitation est introduit durant la première
session de consultation, beaucoup d’infirmières ont demandé : De quelle agitation sommes-nous en train de discuter, celle des patients
ou celle de l’équipe ? Ces infirmières ont reconnu un lien entre le comportement des patients et leurs propres sentiments.
Comme les sessions continuaient avec ces infirmières et leurs interactions avec les patients agités ont été observées, il a été reconnu que
les soignants évaluaient l’agitation de façon différente. Par exemple, le comportement perçu comme agité par une infirmière n’était pas
défini comme cela par une autre soignante. Ou le comportement d’un patient était accepté comme « normal » par certains soignants et
était interprété par d’autres collègues soignants comme pénible et précipitait l’utilisation de contention physique.
L’interprétation ou la signification que ces soignants attribuaient à ces comportements spécifiques semblaient être fortement influencées
par leurs propres sentiments et perceptions (Roper, Shapira & Chang, 1991).
Se basant sur ces observations, une interview ethnographique a été développée pour répondre à la question suivante : Quels sont les
sentiments des infirmières sur les soins aux personnes agitées et démentes ?
Population/échantillon Echantillon et sélection de l’échantillon :
Tous les 30 membres de l’équipe de soins d’une unité d’hospitalisation ont été invités à participer à la recherche. 17 soignants (57%) ont
consenti à l’interview.
Le setting :
Le service à l’étude était un service de 30 lits médico-psychiatrique désignée pour les soins des patients avec des problèmes
comportementaux. La moitié du service était désignée pour les patients neurocomportementaux, incluant ceux avec une DTA. Les autres
15 lits étaient utilisés pour fournir des soins à des patients avec une maladie mentale concomitante – conditions qui ne pouvaient pas être
gérées dans une unité médicale ou psychiatrique traditionnelle. Au moment de l’étude, 30 membres de l’équipe soignante fournissaient
des soins pour la population totale de patients. 3 médecins, 2 travailleurs sociaux et un psychologue à temps partiel complètent l’équipe
professionnelle.
Les patients avec une DTA avaient de longues périodes d’hospitalisation. Les patients restent dans cette unité pour être stabilisé sur la
médication qui pourrait aider les soignants familiaux à garder le patient à la maison, ou l’unité est utilisée comme un répit pour les
soignants familiaux. Pour certains, cette unité est un pas avant un placement dans un home. Les autres viennent dans ce service, comme
leurs conditions se détériorent en lien avec les effets de la DTA ou des complications comme des infections. Le service était sécurisé
pour que les patients ne puissent pas se promener et se perdre. Une chambre de loisirs, une salle de séjour, un patio fermé et un long
couloir à sens unique fournit un lieu sécurisé pour marcher et s’asseoir.
135
Design = devis et tradition Un devis qualitatif avec une étude ethnographique fournit des informations descriptives qui ne pourraient pas être obtenues avec des
de recherche mesures quantitatives standardisée (Brink & Wood, 1994 ; Roper & Shapira, 1999). Spécifiquement, l’observation participative, les
interviews ethnographiques, et la revue des documents existant nous permettent d’explorer ;
Aspects éthiques Le processus par lequel les soignants évaluent et réagissent aux comportements agités.
Les sentiments des soignants sur les soins aux patients atteints de DTA qui sont agités.
La gestion rapportée des soins aux patients déments et agités.
La tradition de recherche de cet article est l’ethnographie puisque les auteurs disent qu’ils ont mené des interviews ethnographiques.
L’ethnographie est la principale tradition de recherche de la discipline « anthropologie » (s’intéresse surtout aux cultures humaines).
« L’ethnographie fournit un cadre qui permet d’étudier les significations, les modèles et les expériences d’un groupe culturel défini de
façon globale » (Loiselle & Profetto-McGrath, 2007, p.220). Elle travaille à la fois sur le terrain et dans des textes écrits. On distingue
encore la macro et la micro-ethnographie. La macroethnographie s’intéresse à des cultures définies de manière globale. « Mais les études
ethnographique portent aussi parfois sur des cultures définies de façon plus restreinte ; c’est la microetnographie » (Loiselle & Profetto-
McGrath, ibid.,p.221). C’est le cas pour notre étude qui s’intéresse aux sentiments des soignants face à l’agitation dans une unité de
soins particulière. Il s’agit donc d’un groupe restreint avec une culture particulière.
Aspects éthiques :
L’approbation a été obtenue de l’Institutional Review Board et chaque participant, après avoir accepté d’être dans l’étude, ont signé une
forme de consentement.
Méthodologie Collecte des données :
L’observation participante : (« […] est souvent utilisée pour se livrer à des observations naturalistes sur le terrain. L’observateur
participe au fonctionnement du groupe ou de l’établissement étudié ; il s’efforce de noter ce qui se passe et de consigner l’information
selon les contextes, les expériences et les symboles pertinents pour les participants. La participation permet d’avoir des idées qui auraient
échappé à une observation plus passive » (Loiselle & Profetto-McGrath, ibid., 309). Ce type d’observation est souvent utilisée dans les
recherches ethnographiques.
Comme consultant dans le service, les chercheurs étaient capables d’explorer les problèmes identifiés par les soignants par rapport aux
soins des patients avec une DTA. Ce processus a eu lieu sur plusieurs mois tout en interagissant avec les soignants sur les problèmes, en
écoutant leur point de vue sur les soins des patients, et en les aidant à résoudre des situations difficiles avec les patients déments. Ces
observations ont aidé les chercheurs à formuler des questions pour les soignants pour l’interview ethnographique.
Les interviews ethnographiques :
Le but des interviews ethnographiques était de mieux apprécier les sentiments des soignants par rapport aux comportements des patients
agités. Des questions avec une attention particulière ont été développées après que les observations participantes aient été conduites dans
l’unité et que les documents pertinents aient été passés en revue. Les participants ont été initialement questionnés pour discuter leur
compréhension de la DTA et pour identifier les problèmes spécifiques par rapport à cette pathologie. Les questions sont devenues de
plus en plus orientées vers le comportement d’agitation, qu’est-ce que l’agitation, ce que le patient fait, ce que le patient doit faire pour
gérer cela, et quels sentiments sont associés avec cet événement.
Les participants ont été encouragés à élaborer leurs réponses. Par exemple, quand les participants parlaient sur les soins aux patients
déments, il leur a été demandé plus de détails sur ces soins et leurs sentiments par rapport aux soins et aux patients. L’interview s’est
136
concentrée sur les comportements des patients et les sentiments des soignants. Si l’infirmière ne discutait pas spontanément de
l’agitation, une question spécifique était posée sur les comportements problématiques. Les soignants ont été questionnés pour penser à
un patient qui était agité et refléter leurs sentiments par rapport aux soins du patient. Tous les interviews ont été enregistrés, transcrits et
contrôler pour la précision. Ces enregistrements étaient gardés dans un cabinet fermé à clé.
Revue des documents existant :
Les documents existant comportaient des dossiers de patients, des rapports des soignants et des politiques et procédures du service. Les
dossiers des patients et les rapports des soignants ont été passés en revue pour identifier les événements d’agitation spécifique et les
stratégies d’intervention. L’examen des politiques et des procédures formelles ont permis aux chercheurs de discerner les exigences
institutionnelles sur l’évaluation et la gestion des comportements agités. Les chercheurs étaient, par conséquent, capables de situer ce
que les infirmières expliquaient au sujet de leurs réponses sur les patients agités avec les règles formalisées de la structure hospitalière.
Analyse :
Les interviews ethnographiques ont été examinées par l’écoute des bandes et la lecture des transcriptions. Deux investigateurs ont
examinés toutes les bandes, codées celles-ci, et ensuite discutés ceux-ci. Dans ce codage initial, l’utilisation répétée de mots comme la
frustration, la satisfaction, la fatigue et les références à traiter les patients comme des enfants ont été notés. Des patterns/modèles
émergent des interviews comme des codes sortis entre même groupe et groupe différent.
Résultats Conclusions :
2 patterns distincts ont été identifiés qui aident les chercheurs à comprendre les sentiments des soignants qui s’occupent des patients
avec une DTA – la personnalisation et la contextualisation de la maladie. Ces 2 patterns reflètent les sentiments des soignants sur les
soins aux patients agités avec une DTA et comment ces sentiments influencent potentiellement la gestion des soins des patients.
La personnalisation de la maladie :
Les soignants répondant à ce patterns s’identifient personnellement avec les patients. Ils parlent des patients avec une DTA comme s’ils
étaient leur propre parent. Ces soignants répondent aux questions sur la gestion de l’agitation en disant : « je les traite comme ma grand-
maman » ou « comme mon grand-papa vous savez ». Les participants décrivent aussi des proches âgés nécessitant des soins similaires.
Les soignants qui personnalisent leurs soins réfléchissent à leur propre situation et problèmes avec leurs proches dans leur foyer avec la
gestion des membres de la famille quand ils parlent des patients dans le service. Des doutes sur leurs capacités à prendre soin des
patients atteints de DTA ont été exprimés malgré leur expérience personnelle avec un membre de la famille. Ils craignaient qu’ils ne
soient pas capables de faire plus pour soulager les souffrances.
Beaucoup de soignants qui s’identifient personnellement avec les patients expriment, leur crainte, qu’un jour à leur tour ils pourraient
avoir une DTA. Ces soignants voulaient traiter les patients de la manière dont ils aimeraient être soignés, comme « s’ils étaient le
patient ». Un soignant a déclaré : « Je me sens triste, triste vous savez. Parce que je pense que (DTA) peut aussi m’arriver quand je serai
vieux aussi, et je me sens triste ». Ces participants se sentent vulnérables face à la maladie.
De plus, ces soignants transforment émotionnellement ces patients atteints de DTA en enfant. Une soignante a déclaré : « Vous avez à
regarder après eux comme des bébés » et une autre « tu te sens comme une baby-sitter ». Les références sont faites sur le besoin de
changer la couche/protection des patients comme « tu fais tout pour lui (le patient) ». Un autre rapporte : « tu l’habilles, tu prends sa
main comme si tu voulais un petit bébé ». Parfois je suis frustré… parfois c’est difficile d’imaginer un adulte être de cette façon… Cela
ne semble par réel, mais c’est la façon dont il est (soupire) ». Une autre soignante dit : « Ils sont pires que des petits enfants » Les
137
enfants tu peux t’en occuper, ils ont des idées de la structure mais avec les patients déments tout est parti ».
Des sentiments d’impuissance et de désespoir sont exprimés. Une soignante dit : « C’est la façon dont il est. Il n’y a rien que quelqu’un
puisse faire » Travailler avec des patients déments c’est « juste un autre jour », avec « rien que tu ne puisses faire pour empêcher
l’agitation », et « tu ne peux rien faire pour aider ». Ces sentiments ont été le mieux caractérisés par un participant qui a dit « Quand tu
as un patient Alzheimer, parfois tu essaies tout et tu ne peux pas rien faire ».
Ces soignants qui personnalisent les soins des patients atteints de DTA ne sont pas satisfaits dans la prestation de soins. Même s’ils
expriment des préoccupations pour les patients, ils perçoivent eux-mêmes qu’ils n’offrent pas des soins efficaces. Dans la plupart des
cas, alors qu’ils savaient comment offrir des soins, ils ne se sentaient simplement pas capables de les faire de manière efficace. Ils
expriment des sentiments d’insuffisance, de frustration, d’impuissance et de désespoir. Alors que tous les niveaux des soignants étaient
représentés dans ce pattern de réponses, les soignants avec moins d’années de formation en soins étaient prédominants.
Un pattern de personnalisation de la maladie avec la projection de sentiments sur ses propres membres de sa famille sur le patient a été
identifié parmi un groupe de soignants. Les sentiments des soignants de désespoir, d’impuissance et frustration ont été associés avec ce
pattern. Ces soignants qui se sentent inadéquate, n’étaient pas satisfaites avec les soins qu’ils offraient et étaient inquiets qu’ils ne
pouvaient pas offrir de meilleurs soins. Des sentiments de profonde tristesse, de remords ont été exprimés.
La contextualisation de la maladie :
Un second pattern était caractérisé par le fait de regarder les soins des patients déments avec le contexte de la maladie et la situation
spécifique. Les comportements difficiles des patients ont été présentés comme un point de vue d’un processus pathologique. Des attentes
réalistes sur les résultats des soins sont exprimées. Contrairement aux soignants qui personnalisent leurs soins, les sentiments de
frustration, d’impuissance et de désespoir ne sont pas exprimés. En fait, les soignants qui contextualisent la maladie apparaissent
confiants et satisfaits de leurs soins. Les participants avec ce pattern de réponses étaient principalement des infirmières.
Ces soignants qui ne sont pas personnellement identifiés avec l’état de leurs patients mais perçoivent les comportements en lien avec les
stades spécifiques du processus pathologique. Un soignant décrit le soin du patient comme « individuel en fonction des incapacités qu’ils
ont et les capacités qu’ils conservent ». Un autre déclare : « Je me concentre sur les tâches à accomplir, je ne pense pas à mes
sentiments… Je me sens calme la plupart du temps. J’apprécie les patients ». Ce même soignant élabore plus loin, « tu apprends à
gérer/à faire avec cela. Il va avec le territoire ». En général, ils sont satisfaits avec les soins qu’ils offrent, voient de l’humour dans les
situations et se sentent compétents dans leurs efforts. Par exemple, un soignant a dit : « Si votre satisfaction vient d’offrir des soins
confortables et pas d’attendre une guérison, vous pouvez obtenir une énorme satisfaction de travailler avec des patients atteints de
DTA ».Ce soignant rapporte plus loin : « Si elle (l’équipe soignante) comprend la DTA, elle ne va pas être ou se sentir complètement
frustrée et irritée. Mais si sa compréhension de la perte de mémoire est très compréhensive, alors je pense qu’elle doit aimer les soins ».
Un soignant différent relate : « J’apprécie ceux-ci (patients avec une DTA)… Je pense que votre plaisir dépend des attentes – si elles
sont vraiment hautes, de leur guérison, vous ne pouvez pas avoir de satisfaction ». Cette même soignante explique qu’elle se sent
satisfaite/contente avec de petites réalisations des patients. Une autre soignante détaille comment elle interagit avec les patients déments
et les plaisirs qu’elle a de les soigner, même s’ils ne l’appellent pas par le bon prénom. Un autre soignant reflète : « Vous avez à
comprendre comment ils sont malades, vous devez comprendre leur état, vous devez les traiter gentiment et les aider, vous devez être
prêt à les accueillir quand ils se sentent tristes et déprimés… l’agitation n’est rien d’inhabituel…J’accepte que cela est la façon dont ils
sont ».
138
Gestion des soins :
Des interventions et des résultats spécifiques n’ont pas été mesurés dans cette étude. Cependant, les connaissances rapportées des
participants et les actions observées de l’équipe par rapport à la gestion de l’agitation chez les patients déments étaient impressionnantes.
La plupart des soignants dans cet échantillon verbalisent des mesures régulièrement rapportées dans la littérature (Beck & Heacock,
1988 ; Morishita, 1990 ; Teri, Larson & Reifler, 1988) et identifient des techniques spécifiques pour le comportement des patients.
Cependant, les soignants diffèrent dans les stratégies qu’ils décrivent dépendant de s’ils personnalisent ou contextualisent les
comportements.
Par exemple, ces soignants qui personnalisent les comportements et expriment des sentiments d’impuissance, de désespoir connaissaient
les stratégies basiques pour se déplacer au rythme du patient, établir un contact visuel, parler doucement et de manière claire, et
permettre au patient de bouger dans le service. Ces mêmes membres de l’équipe savaient aussi que la contention n’est pas toujours la
meilleure façon de gérer l’agitation, mais croyaient qu’ils n’avaient pas d’alternative. Ces soignants sentent qu’ils n’offrent pas des soins
efficaces, et ont été impuissants dans leur tentative d’offrir des soins pour le patient.
Les participants qui expriment une vulnérabilité personnelle avec les patients déments utilisent une variété d’interventions. Cependant,
l’utilisation de contention et les médications sont les stratégies identifiées en premier quand ils répondent aux questions sur la gestion
des patients déments. Les contentions chimique et physique ont été soulignées plutôt que des techniques plus interactives telles que la
distraction, le toucher et la parole.
Les soignants qui considèrent les soins avec le contexte ou la situation de la maladie ont reconnu qu’ils faisaient moins appel à la
médication et à la contention physique et ont plus souvent identifié la distraction, la diversion et l’utilisation de stratégies verbales et
non-verbales pour gérer l’agitation. Ces soignants se sentent confiants sur leur gestion de ces patients. Ils reconnaissent qu’une partie du
défi de la gestion des patients atteints de DTA a été d’accepter que la même intervention ne fonctionne pas dans toutes les circonstances
avec tous les patients. Déterminer quelles stratégies étaient efficaces a été une tâche qu’ils ont facilement acceptée.
Cadre conceptuel et Cadre conceptuel :
concepts utilisés 2 patterns distincts ont été identifiés pour aider à expliquer les sentiments des infirmières qui soignent les patients déments et agités. Des
infirmières ont personnalisé la maladie et le comportement des patients en résultant et d’autres sont capables de contextualiser les
Discussion réponses des patients avec la perspective de la maladie sous-jacente.
Implications pour la Le concept sous-jacent de cette étude est l’agitation. Elle définit comme suit.
pratique L’agitation a été conceptualisée comme un événement d’interaction, qui inclue le comportement spécifique du patient et la réponse de
Seuil de signification l’infirmière à ce comportement agité.
Discussion :
2 patterns de réponses ont émergé quand les soignants ont été questionnés pour décrire leurs sentiments quand ils soignent des patients
déments et agités. Les soignants qui personnalisent leur interaction avec les patients approuvent des sentiments d’impuissance et de
désespoir. Les autres soignants qui contextualisent leurs réponses aux patients et perçoivent le sens de l’agitation en terme de maladie et
de stade du processus pathologique. Pour ces soignants, les connaissances professionnelles et l’expérience en lien avec la DTA étaient
associés avec la satisfaction et la confiance. Les chercheurs croient que tous les soignants participant dans cette étude essaient de faire
face aux exigences d’offrir des soins à des patients vulnérables avec des problèmes de comportements/comportements difficiles.
Ceux qui personnalisent leur relation avec les patients se sentent infructueux avec le rôle de soignant, pendant que les soignants qui
139
approuvent une approche contextualisée étaient plus satisfaits.
Une explication pour cette différence dans les patterns émotionnels est trouvé dans le modèle de Carmack d’équilibre entre l’engagement
le détachement durant le processus de soins (Carmack, 1992 ; 1997). Carmack (1992 ; 1997) interviewe des soignants formels
(professionnel) et informels (signifiant les autres) pour apprendre comment ils font face à de multiples pertes en lien avec le Sida et a
découvert un continuum allant de l’engagement dysfonctionnel au détachement dysfonctionnel. Ces répondants s’efforcent activement
de maintenir une balance fonctionnelle leur permettant de faire des soins émotionnels sans être submergé par les besoins des patients.
Dans la présente étude, les soignants qui personnalisent leurs interactions sont sur-impliqués ou engagés de manière dysfonctionnelle
avec les patients. Ces soignants utilisent leurs propres expériences avec les membres de leur famille pour fournir une signification aux
soins qu’ils fournissent. Comme les soignants s’identifient personnellement avec les patients en pensant en terme d’eux-mêmes ou de
leurs proches, ils ne peuvent pas donner de sens réelle à l’aide pour le patient parce que la charge émotionnelle était trop grande.
Les interviews ont été marqué avec le souci de l’état du soignant. Un soignant a dit : « je veux les aider, mais je ne peux pas ». Les
chercheurs ont été impressionné par les états émotionnels écrasant qui ne permettaient pas à ces soignants de gérer efficacement ces
patients (dans leurs propres opinions). Ils se sentent responsables pour les résultats des patients et ne peuvent pas accepter leurs propres
limites dans la réalisation de ces résultats. Ils se sentent inefficaces, impuissant et sans espoir.
Au contraire, les soignants qui contextualisent leur rôle de soignant ont formulé leurs réponses aux patients et ont perçu la signification
des comportements des patients en terme de la pathologie et de son stade. Ils n’ont pas laissé l’agitation des patients les submergés ou les
touchés personnellement, mais ont compris et expliqué les comportements perturbateurs comme une partie de la maladie. Ils ne sont pas
empêtrés dans leur propre état d’âme et ont offert des soins objectifs, appropriés et qui ne reposent pas sur les sentiments personnels face
aux patients.
Ces soignants étaient capables d’offrir des soins empathiques tout en se sentant compétent et confiant sur les compétences et leur rôle de
soignant. Ils ont accepté leurs propres limites comme celles des patients. Ces soignants paraissent avoir un rapport significatif avec les
patients d’une façon qui équilibre le détachement nécessaire et l’engagement approprié (Carmack, 1997).
La présente étude démontre un lien entre les sentiments des soignants, la satisfaction avec le rôle de soignant, et les préférences
déclarées pour la gestion des comportements perturbateurs. Les soignants qui situent les comportements des patients avec la maladie et
parviennent à un degré optimal de détachement émotionnel approuvent des sentiments de confiance et de satisfaction avec leurs soins.
Aussi, ces soignants déclarent qu’ils comptent moins sur les médications et la contention physique. Ils ont plus souvent identifié des
stratégies verbales et non-verbales de gestion de l’agitation en comparaison des soignants qui se sentent impuissant, sans espoir sur leur
rôle et personnalisent leurs soins aux patients avec une DTA. De plus, les soignants qui se sentent plus satisfaits avec leur rôle ont plus
d’années de formation dans les soins.
Implications pour les soins :
Les chercheurs pensent que ce sera bénéfique pour les soignants qui sont émotionnellement plus engagés et personnalisés dans leurs
soins aux patients déments pour adopter des méthodes d’adaptation qui comprennent un cadre de détachement équilibré et des attentes
réalistes de ce qu’ils peuvent accomplir. Pour répondre à ce besoin, des programmes incluant la reconnaissance des réactions
émotionnelles habituelles vécues par les soignants dans un groupe de soutien avec une ambiance promouvant le partage des sentiments
et des expériences, combiné avec une augmentation des connaissances sur la démence et sur les stratégies de gestion qui ont du succès
pour l’agitation et qui pourraient être développées et systématiquement évaluées. Les cours de formation rapportés dans la littérature de
140
soins ont rapporté des résultats positifs.
Les données sur une étude de 1996 sur 400 unités de soins traitant les patients avec une démence indiquent que la formation spécialisée
sur les stratégies de gestion efficaces a des conséquences sur le maintien du personnel professionnel et paraprofessionnel (Grant, Kane,
Potthoff & Ryden, 1996). Il a été trouvé que ces unités des méthodes de formation augmentées dans le travail avec les patients déments
sont associées avec des connaissances et des compétences augmentées. De plus, la satisfaction des aides-soignants a été plus grande par
rapport aux évaluations de pré-formation.
Mentes et Ferrario (1989) ont identifié un programme qui fournit de la formation aux aides-soignants, comme une opportunité pour
l’équipe de partager leurs expériences en lien avec les personnes démentes avec leurs pairs. Les compétences de communication
(particulièrement non-verbal) et une meilleure compréhension de la maladie des patients aident les aides-soignants dans leur offre en
soins. D’autres recherches seraient nécessaires pour déterminer si ce type de programme pourrait aider ces soignants qui s’identifient
personnellement avec les patients et sont impuissants et sans espoir pour qu’ils soient dans une position plus positive, plus confiante,
plus contextuelle et réaliste.
Gerdner, Richards & Buckwalter (1996) ont développé un modèle pour la gestion de la démence par les membres de la famille
incorporant 6 principes mettant l’accent sur la sécurité, la communication et la formation des aidants. Ce modèle dit qu’en augmentant
les connaissances, les membres de la famille augmenteront leur satisfaction avec les soins et diminueront leurs sentiments de
charge/fardeau. Parce que certains soignants dans cette étude approuvent des émotions compatibles avec le fardeau, incluant
l’impuissance, le désespoir, un programme similaire pourrait être fourni aux soignants avec en plus des compétences aidantes dans le
maintien de sens pour l’équilibre émotionnel comme pour les soins physiques qu’ils fournissent.
Une autre étude de recherche avec les conjoints des patients avec une démence a démontré que les sessions de conseil, incluant les
compétences de communication, des techniques pour résoudre les problèmes de gestion des comportements perturbateurs et fournir un
soutien émotionnel pour les membres de la famille, aboutit à l’extension du temps à domicile pour le patient avec un placement dans un
établissement de soins de longue durée en comparaison avec les patients du groupe contrôle sans ce conseil spécialisé (Mittleman et al,
1996). En outre, les conjoints dans le groupe expérimental éprouvent significativement moins de dépression que les conjoints dans le
groupe contrôle. Il est possible que les soignants puissent aussi bénéficier d’un programme similaire.
Il devrait être donné l’opportunité à l’équipe d’exprimer ces sentiments sur le fait de travailler avec des patients atteints de DTA qui sont
agités. Apprendre plus au sujet de la maladie et les stratégies de gestion spécifique pourraient aider les soignants à distinguer des attentes
réalistes et appropriées des comportements des patients d’une sur-implication et de sentiments de vulnérabilité personnelle. Alors que
tous les soignants devraient bénéficier du programme, on fait l’hypothèse que les aides-soignants et le nouveau personnel – le personnel
avec le moins de connaissances formelles – devraient probablement bénéficier le plus de celui-ci.
D'autres programmes cliniques et de recherche ont ciblé l'environnement comme une variable importante des soins. Par exemple,
l’utilisation de musique a été évaluée pour déterminer ses effets sur les patients dans les homes (Clark, Lipe & Bilbrey, 1998 ; Cohen-
Mansfield & Werner, 1997 ; Ragneskog & Kihlgren, 1997 ; Thomas, Heitman & Alexander, 1997). Bien que le nombre de patients
étudiés dans ces échantillons est petit, cet organisme de recherche a trouvé que l’utilisation de musique réduisait l’agitation et les
problèmes de comportements chez les résidents des homes (Gerdner & Swanson, 1993).
Alors que l’impact de la musique sur les soignants en terme d’état émotionnel n’a pas été directement étudié, Clark et al (1998) a conclu
que la présence de musique durant le temps du bain rendait l’activité plus plaisante pour le soignant, ainsi que la réduction de certains
141
comportements agressifs des patients. La relation entre la musique et la réduction des comportements agités chez les patients et les
soignants méritent une étude approfondie (Kneafsey, 1997).
Conclusion :
La recherche liée à la gestion de l’agitation chez les personnes démentes dans les institutions de soins est un sujet saillant pour les projets
futurs. Les études ont démontré la nature interactive des soignants et des comportements des patients (Burgener & Barton, 1991 ;
Dunkin & Anderson-Hanley, 1998), mais n’a pas directement examiné ce que les soignants font pour avoir un impact sur les
comportements des patients. Il est nécessaire de considérer empiriquement le rôle des sentiments des soignants, des valeurs et des
croyances quand des études désignées examinent l’interaction complexe entre les comportements des patients et les actions des
soignants.
Du point de vue limité de cette étude, 2 patterns de réponses émotionnelles ont été décrits par les soignants des patients agités avec une
DTA. La réponse personnalisée paraît immobiliser le soignant, le laissant aux sentiments d’impuissance et de désespoir. De plus, pour
comprendre la maladie et les comportements attendus des individus avec la maladie, les soignants doivent apprendre à reconnaître leurs
propres sentiments en lien avec les patients et les soins. Ces membres de l’équipe qui se sentent impuissants et sans espoir pourraient
bénéficier en recadrant leurs perceptions du patient atteint de DTA et par conséquent, la perception d’eux-mêmes.
Seuil de signification :
Se référer à la grille de lecture critique des études qualitatives, voir en annexe.
Commentaires en lien Il s’agit de la première étude qualitative que nous lisons pour ce BT. Nous avons dû nous familiariser avec la méthodologie particulière
avec la question de propre à ce type d’article. A priori, nous sommes surpris par le fait que les résultats et la discussion amènent des éléments que nous
connaissons déjà. En effet, cet article met en évidence des éléments que nous avons pu lire dans les études quantitatives que nous avons
recherche parcourues.
Premièrement, nous souhaitons retenir que cet article est dans les premiers à aborder la question des sentiments des soignants prenant
soin des personnes démentes. En effet, beaucoup de littérature existe mais sur le ressenti des aidants naturels qui s’occupent d’un proche
atteint de DTA. Ceci nous interpelle. A notre sens, comme ce sont des soignants professionnels et donc formés à ces soins, il se peut que
l’on se dise que c’est normal puisque c’est leur profession et qu’ils doivent savoir gérer ces situations. Toutefois, il apparaît normal et
important que les soignants aient des ressentis face à ces comportements difficiles et surtout qu’ils puissent les exprimer.
Cet article nous permet aussi de justifier le fait d’avoir construit notre question de recherche en incluant l’impact des symptômes sur les
soignants.
Cet article a mis en évidence 2 patterns distincts à savoir « la personnalisation de la maladie » et « la contextualisation de la maladie ».
Nous allons les commenter séparément.
« La personnalisation de la maladie » :
Les soignants qui ont cette approche selon les auteurs, s’identifient au patient. Nous pouvons faire le lien avec les notions de transfert et
contre-transfert que l’on peut vivre dans la relation à l’autre. D’une part, le soignant s’identifie au patient et se sent vulnérable lui aussi
face à la maladie et exprime clairement la peur de tomber malade. D’autre part, il identifie le patient à l’un de leur proche. La relation
soignant-soigné est donc biaisée et le soignant n’est plus en mesure d’offrir des soins de qualité. Ceci est aussi mis en évidence dans cet
article. Ceci pose à notre sens, la question de la distance professionnelle. Dans cet article, les soignants qui sont dans cette attitude de
personnalisation sont sur-impliqués et submergés par leurs émotions et par la situation toute entière et ne peuvent plus être totalement
142
soignant. Ils ne parviennent pas à donner du sens à l’aide qu’ils offrent au patient.
De plus, il apparaît que ces soignants ont des attentes irréalistes face aux patients. Ils seraient plus dans l’objectif de la guérison. Ceci
n’étant pas possible, ils se retrouvent confrontés à des sentiments de frustration, d’impuissance, de désespoir. Ces sentiments négatifs
trahissent une attitude négative face au patient. Le fait que les soignants infantilisent les patients montrent aussi qu’ils ont une perception
négative des patients. Ceci nous amène à tirer des parallèles avec les articles de Brodaty et al. (2003), de Zimmerman et al. (2005) et de
Edvardsson et al. (2008) dont nous avons fait la synthèse dans la grille de lecture d’Edvardsson et al. (2008). Nous avons mis en
évidence un lien important entre l’attitude et le climat de soins et la perception de stress chez le soignant.
Encore une fois, il apparaît que la satisfaction dans les soins n’est pas présente pour les soignants qui développent une telle attitude. Les
soignants ne peuvent pas non plus se réaliser au travers de leur profession. Cet article met à plusieurs reprises, en évidence que les
soignants ne sentent pas compétents et qu’ils ne parviennent pas à offrir des soins « efficaces ».
L’élément principal qui ressort de ce pattern est qu’il est plus fréquent chez les soignants qui ont moins d’années de formation. Cela
appuie à notre sens, l’importance de proposer et d’encourager les soignants à se former pour offrir des soins de qualité aux personnes
démentes. En effet, on peut se dire que les soignants peu formés se sentent démunis car ils ont peu ou pas connaissance des stratégies
pouvant les aider à gérer ces symptômes difficiles mais également sur la pathologie en général. Ces soignants n’ont peut-être pas non
plus conscience des émotions suscitée par ces patients et n’arrive donc pas à les exprimer. Ils parviendront donc peut-être moins
facilement à identifier à quel moment la relation qu’ils ont avec le patient devient biaisée par ces émotions, transferts… Ils seront peut-
être plus facilement submergés par ces émotions et auront de la difficulté à prendre du recul et à analyser la situation. L’impact sur les
soignants nous apparaît donc différent selon le statut professionnel.
Les stratégies décrites par les soignants qui se situent dans ce pattern sont clairement orientées vers la contention physique et/ou
médicamenteuse. Ceci est mis en lien avec un manque de connaissance sur de possibles autres alternatives de soins.
Cet article propose de mettre en place des programmes favorisant l’expression des ressentis et émotions dans le but de reconnaître ces
sentiments. Les auteures proposent aussi comme c’est le cas pour les aidants familiaux d’offrir aux soignants un soutien émotionnel.
Cela nous permet de faire le lien avec la supervision proposée à plusieurs reprises comme un outil (voir étude de Edvardsson et al.
(2008) et de Brodaty et al. (2003)).
La formation est aussi proposée pour augmenter les connaissances sur la pathologie et sur les stratégies de gestion mais également sur
les compétences communicationnelles (utilisation de la communication non-verbale). Le lien entre la formation et la satisfaction est
aussi mentionnée dans cet article, comme c’est le cas dans celui d’Edvardsson (2008). En effet, les soignants qui ont plus d’années de
formation, se sentent plus satisfaits avec leur rôle. La formation pourrait aussi, selon cet écrit, aider les soignants à adopter une attitude
plus positive et diminuer leur sentiment de fardeau/charge (voir étude d’Edvardsson et al. (2008)).
L’élément principal que nous souhaitons retenir concerne la formation car celle-ci a, selon nous, un impact important sur différents
aspects : le choix de stratégies de soins adaptées (autres que la contention physique et/ou médicamenteuse) ; la conscientisation des
ressentis des soignants et donc leur gestion dans le but de préserver la santé psychique des soignants.
« La contextualisation de la maladie » :
Dans ce pattern, il apparaît que les soignants parviennent à faire le lien entre la pathologie, son stade d’évolution et ses manifestations
(situation spécifique). De ce fait, les soignants ont des attentes réalistes face aux patients. Les sentiments exprimés à l’encontre des
patients sont très positifs. Ils apprécient les soins qu’ils leur prodiguent. Ils mentionnent offrir une prise en charge individualisée. Les
143
soignants ont, ici, clairement une attitude positive face au patient et se disent aussi satisfaits. Tous ces éléments permettent de faire un
lien avec la synthèse réalisée dans la grille de lecture de l’article d’Edvardsson et al. (2008). Ce pattern est aussi plus fréquent chez les
infirmières. Ceci pourrait de nouveau être expliqué à notre sens, par l’aspect de la formation. Prenons un exemple, les infirmières
connaissant le processus pathologiques, celles-ci peuvent construire les objectifs de soins en fonction de celui-ci et donc ne pas avoir des
attentes orientées vers la guérison mais plutôt vers le confort et la qualité de vie.
L’expérience semble aussi être en lien avec le sentiment de confiance et de satisfaction. Nous pouvons faire l’hypothèse en lien avec les
articles d’Edvardsson (2008) et de Zimmerman et al. (2005) que le fait d’avoir de l’expérience diminue le stress et augmente la
satisfaction.
Aux questions concernant les stratégies de gestion de l’agitation, les soignants ont reconnu qu’ils utilisent plus facilement des stratégies
verbales et non-verbales, la distraction et la diversion plutôt que la contention physique et/ou médicamenteuse. Les soignants ressortent
surtout l’importance de la prise de conscience et de l’acceptation que les interventions doivent être individualisées et qu’il ne sert à rien
d’utiliser les mêmes chez tous les patients.
Concernant les ressentis, les soignants affirment qu’ils ne sont pas laissés submerger ou touchés personnellement par l’agitation des
patients. Les auteurs mettent ceci en lien avec le fait qu’ils ont réussi à percevoir la signification des comportements en les attribuant au
processus pathologique et surtout à accepter leurs limites. Nous trouvons cela important car selon nous, le fait d’accepter nos limites et
celles des patients permet d’éviter de s’épuiser dans la quête d’un idéal ou d’objectifs personnels et professionnels trop hauts ainsi que
d’avoir des attentes trop hautes vis-à-vis des patients > lien avec le stress, le burn-out. Les soignants semblent avoir trouver l’équilibre
entre l’engagement approprié et le détachement nécessaire > lien avec la distance professionnelle.
Cet article développe aussi la notion de musicothérapie. Il semblerait que l’écoute de musique durant les soins d’hygiène aurait aussi une
influence sur le soignant en lui rendant cette activité plus plaisante. Nous n’avons rien lu en lien avec cela mais nous trouvons cette idée
intéressante et plausible. Si la musicothérapie a une influence sur le patient pourquoi n’en aurait-elle pas sur la relation soignant-soigné
et donc aussi sur le soignant ?
Grille de lecture critique d’un article scientifique qualitatif : Etude de Roper et al. (2001)
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Titre -Permet-il de saisir le problème de X Le titre est court et aborde le thème principal intéressant les auteurs.
recherche ?
Résumé -Synthétise-t-il clairement les principales X Le résumé mentionne le but de la recherche. Le devis est clairement nommé
parties de la recherche (par ex. ainsi que les implications pour la pratique.
l’introduction, le cadre théorique, la
méthodologie, etc.) ?
Introduction -Le problème ou phénomène étudié est-il X L’introduction est courte mais cible rapidement le problème étudié. Il s’agit
Enoncé du problème clairement défini ? dans cette étude, des sentiments des soignants qui soignent des patients
déments agités. Cette thématique n’a pas été abordée dans la littérature.
144
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur le X Comme la thématique du ressenti des soignants prenant soin de patients
problème ou phénomène étudié ? déments n’a pas été étudié, la recension des écrits est basée sur le ressenti des
aidants naturels à domicile qui prennent soin d’un proche atteint de DTA.
Mais pour s’assurer de la pertinence de leur problématique, les auteures se
sont rendues sur le terrain pour faire de l’observation participante pour
affiner leur question de recherche et leur devis.
Cadre théorique ou -La base philosophique, la tradition, le cadre La tradition est mentionnée. Il s’agit de l’ethnographie (voir dans grille de
conceptuel conceptuel ou l’orientation idéologique sont- lecture dans la partie consacrée au devis).
ils définis ? Il nous semble que le cadre théorique ait été développé dans l’introduction.
Les 2 patterns distincts (la « personnalisation » de la maladie et la
« contextualisation » de la maladie) mis en évidence permettent d’expliquer
les sentiments des soignants. Dans la discussion, les auteurs font appel au
modèle de Carmack (1992 ; 1997) sur l’équilibre entre l’engagement et le
détachement dans le processus de soins pour analyser les résultats.
Question de recherche -Les questions de recherche sont-elles X Oui, à la fin de cette première partie (introduction, contexte, buts de la
clairement formulées ? recherche), la question de recherche est clairement mentionnnée.
-Découlent-elles de l’état des connaissances X La question de recherche découle de l’observation participante ainsi que de
(théories, concepts, idéologie et recherches l’état des connaissances mais se basant plus sur le ressenti des aidants
antérieures) ? naturels qui prennent soin d’un proche atteint de DTA.
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? X Le devis de recherche est mentionné clairement à savoir un devis qualitatif et
Tradition et devis de -Les méthodes utilisées pour recueillir et plus précisément une étude ethnographique (voir définition dans la grille de
recherche analyser les données correspond-elle à la lecture de l’article). Le temps passé sur le terrain pour l’observation est selon
tradition de la recherche ? les auteurs de plusieurs mois. Ce laps de temps n’est pas très précis mais on
-Les temps passé sur le terrain est-il en peut supposer que cela leur a laissé suffisamment de temps pour
adéquation avec les devis de recherche ? l’observation. Les méthodes de recueil des données sont l’observation
participante, les interviews et la revue de doc. existants. La variété de ces
instruments est positive car les données ne reposent pas seulement sur un
outil comme les entretiens.
Le devis de recherche est toujours le même tout au long de l’étude ce qui
permet de maintenir une bonne rigueur dans l’étude. Le devis n’a semble-t-il
pas été choisi avant de commencer l’étude. En effet, les auteurs ont d’abord
observé les soignants pour aboutir à la question de recherche et au choix du
devis (étude ethnographique), pratique courante dans les études qualitatives.
Population -La description du cadre de l’échantillon est- X Le nombre de soignants ayant participé à l’étude est mentionné. Toutes les
et contexte elle détaillée ? caractéristiques de l’échantillon sont détaillées comme l’âge, le statut
professionnel, la durée d’expérience dans cette unité, le niveau de formation.
145
Le setting (contexte) dans lequel se passe l’étude est très clairement détaillé.
-Les chercheurs ont-ils saturé les données ? X On ne sait pas si les auteurs sont allés jusqu’à ce niveau-là. On ne sait pas si
avec le nombre de soignants inscrits dans l’étude, les résultats sont arrivés à
saturation c’est-à-dire que pas de nouvelles données ne sont pas apparues.
Collecte des données -Les instruments de collecte des données X Les 3 instruments choisis sont : l’observation participante, les interviews et la
et mesures sont-ils décrits ? revue des documents existants. Ils sont très bien décrits, on peut savoir le
type de questions qu’ils ont posé aux soignants, le type de documents
consultés…
-Y a-t-il une adéquation entre le phénomène X Oui, comme dit ci-dessus, la variété des outils de collecte des données
étudié, la question de recherche et les permet d’obtenir plus d’infos et par le fait de répondre plus précisément à la
instruments de collecte des données ? question de recherche.
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle décrite ? X Les droits des participants ont été préservés. Un consentement écrit leur a été
l’étude -A-t-on pris les mesures appropriées afin de demandé.
préserver les droits des participants Toute la procédure suivie est décrite clairement.
(éthique) ?
Rigueur -Les chercheurs ont-ils suffisamment étayé X A notre sens, les conclusions des auteurs sont crédibles et transférables dans
le déroulement de l’étude afin que leurs d’autres milieux de soins comme les EMS, contexte de notre BT. Le
conclusions soient crédibles et déroulement étant expliqué clairement sans zone d’ombre, nous pensons
transférables ? pouvoir nous fier aux résultats.
Résultats -Les méthodes de traitement des données X Il nous semble que cette partie aurait méritée d’être plus détaillée. Nous
Traitement des ont-elles été suffisamment décrites ? savons seulement que les interviews ont été enregistrées et que les chercheurs
données ont réécouté les bandes. Ils parlent d’un codage des données mais on n’en
sait pas plus. Ils auraient peut-être pu détailler un peu cela.
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de manière X Les résultats sont séparés selon 2 patterns distincts que les auteurs ont choisi
résultats claire (commentaires, tableaux, graphiques, pour les aider comprendre les sentiments des soignants. On peut donc dire
etc.) ? que les résultats sont organisés selon le cadre conceptuel choisi. Puis, à la fin
des résultats, un tableau récapitule l’ensemble ce qui facilite la
compréhension.
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Discussion -Les principaux résultats sont-ils interprétés X Voir ci-dessus.
Intégration de la à partir de l’approche philosophique, ainsi
théorie et des concepts que des recherches antérieures ?
-La recherche tient-elle compte de la X Cette question n’est pas abordée clairement mais dans la partie sur
question de généralisation des conclusions ? l’implication pour la pratique, les pistes proposées sont généralisées à
146
différentes populations puisque qu’il est proposé des actions qui ont été
bénéfiques sur les aidants en pensant que celles-ci pourraient être bénéfiques
pour les soignants.
-les chercheurs rendent-ils compte des X Les limites sont très peu développées ce qui pourrait constituer une faiblesse
limites de l’étude ? de cette étude.
Perspectives -Les chercheurs traitent-ils des X Tout un paragraphe est consacré pour les implications pour la pratique. Les
conséquences de l’étude sur la pratique auteurs mettent en lien ces implications avec d’autres pistes utilisées dans
clinique et sur les travaux de recherche à d’autres articles. Ceci est très intéressant.
venir ?
Questions générales -L’article est-il bien écrit, bien structuré et X Le texte est bien structuré mais pas très agréable à lire car écrit en petit et
Présentation suffisamment détaillé pour se prêter à une surtout disposé en 3 colonnes. Le texte mériterait d’être plus aéré. Par contre,
analyse critique minutieuse ? le contenu est très pertinent et très intéressant.
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats probants X Cet article est très intéressant pour la pratique car très il y a très peu, voire
susceptibles d’être utilisés dans la pratique pas du tout, d’articles qui abordent les sentiments des soignants qui prennent
infirmière ou de se révéler utiles pour la soin des personnes atteintes de troubles cognitifs. On s’intéresse très souvent
discipline infirmière ? au vécu des aidants naturels mais pas de celui des soignants dans l’institution
peut-être parce que l’on se dit que c’est leur profession et qu’ils doivent
pouvoir gérer cela…
147
Svansdottir & Snaedal (2005) : Music therapy in moderate and severe dementia of Alzheimer’s type: a case-control study
Auteurs Svansdottir, H.B & Snaedal, J. (département gériatrique Landspitali University Hospital)
Titre de la recherche Music therapy in moderate and severe dementia of Alzheimer’s type: a case-control study
International Psychogeriatrics
Journal
Année de publication 2005
Pays Islande
Question de recherche Etat de la question :
Hypothèses Une majorité de patients atteints de démence de type Alzheimer montre des signes de détresse psychiatrique et dans de nombreux cas
une gamme de comportements anormaux peut apparaître dans les derniers stades de la maladie. Ces symptômes connus sous le nom de
Buts de la recherche SCPD (BPSD en anglais) ont tendance à être épisodiques plutôt que progressifs. Ils reflètent une diminution du bien-être du patient, une
dépréciation de la qualité de vie et constituent un lourd fardeau pour les soignants. Les SCPD sont souvent la cause
d’institutionnalisation ou d’hospitalisation de courte durée. On a fait valoir que même de modestes avantages susceptibles d’améliorer la
qualité de vie peuvent faire la différence entre vivre à domicile et l’institutionnalisation (Herrmann et Black, 2000). Les paramètres des
SCPD peuvent mettre à rude épreuve le personnel ainsi que les autres résidents. Le traitement est le plus souvent pharmacologique et
comme la prévalence des SCPD est haute, beaucoup de patients atteints de démence dans les derniers stades sont traités avec des
sédatifs, neuroleptiques ou antidépresseurs. Ceci a causé des soucis très étendus quant à l’utilisation inappropriée des médicaments
psychotropes dans les homes (Talerico, 2002). L’agitation et la nervosité sont 2 des symptômes les plus perturbants des SCPD dans la
démence de type Alzheimer. Le traitement pharmacologique de l’agitation est habituellement des neuroleptiques mais le résultat est
insuffisant chez de nombreux patients et les effets secondaires sont communs (Raskind et al., 1987) même avec l’utilisation des
neuroleptiques atypiques les plus récents (Zarate et al., 1997).
Les options de traitement non pharmacologique ont reçu beaucoup moins d’attention que le traitement pharmacologique, en partie à
cause du manque de recherches fiables. La recherche dans ce domaine est dans la plupart des cas basée sur un nombre très limité de
sujets ou même sur des rapports de cas. Il y a une grande variabilité dans les méthodes non pharmacologiques. Dans une revue sur les
méthodes d’intervention non pharmacologiques, Gräsel et al. (2003) ont conclu que : « une évaluation fondamentale des bénéfices
thérapeutiques des thérapies non médicamenteuses dans le traitement de la démence ne peut pas encore être faite ». But de la recherche :
Dans cette étude de cas-témoin, l’effet de la musicothérapie sur les SCPD chez les patients modérément à sévèrement atteints de
démence est évalué.
Il n’y pas de question de recherche qui est mentionnée mais celle-ci pourrait être :
Quels sont les effets de la musicothérapie sur les SCPD des patients modérément à sévèrement atteins de démence ?
Population/échantillon Initialement, 47 patients âgés entre 71 et 87 ans ont été recrutés de 2 homes et de 2 services de psychogériatrie. Au moment de l’essai,
tous ces patients avaient un diagnostic de maladie d’Alzheimer en accord avec le ICD-10 (CIM-10) et avait un stade de démence modéré
148
ou sévère (stade 5-7 sur la Global Deterioration Scale) (Reisberg et al., 1982). Les patients avec d’autres types de démence ont été
exclus.
Un consentement éclairé écrit a été donné par un proche parent. Seul un patient a refusé de participer. Les 46 patients restants ont ensuite
été répartis de manière aléatoire dans le groupe de musicothérapie ou le groupe contrôle, avec 23 individus dans chaque groupe. Le taux
d’abandon était signifiant puisque 8 patients (17.4 %) ont quitté le service de psychogériatrie pour aller au home (n=5), se sont détériorés
(n=2) ou décédés (n=1). Par conséquent, 38 patients ont pu participer à toutes les sessions et ont été évalués : 20 dans le groupe de
musicothérapie et 18 dans le groupe contrôle.
Design = devis Il s’agit d’une étude de cas témoin avec un petit échantillon de personnes. Selon Fortin (2006), « l’étude cas-témoins tente de lier un
Aspects éthiques phénomène présent au moment de l’enquête à un phénomène antérieur. […]. L’étude cas-témoins est toujours rétrospective. Il s’agit de
sélectionner un groupe de sujets déjà atteints de la maladie considérée (cas) et un groupe ou plus de sujets sains (témoins). […] elle
comporte des risques d’erreur liés surtout au choix de la population (p. 201-202).
Un consentement éclairé écrit a été donné par un proche parent. L’étude a été approuvée par un comité de bioéthique et enregistrée par la
commission centrale des données d’Islande.
Méthodologie Evaluation :
Après l’inclusion dans l’étude, tous les patients avec des SCPD ont été classés selon l’échelle BEHAVE-AD après une interview avec
les soignants. L’échelle a été traduite en islandais et validé. 2 infirmières ont été formées dans l’utilisation de l’échelle BEHAVE-AD et
ne prenaient pas connaissance de la thérapie. Les infirmières n’étaient pas une partie de l’équipe du service. La même infirmière a évalué
chaque patient durant l’étude.
Le groupe de thérapie a reçu 18 sessions de musicothérapie, chacune durant 30 minutes, 3 fois par semaine pendant 6 semaines mais le
groupe contrôle n’a pas de changement dans ses soins. Après les 6 semaines de l’étude, tous les patients ont été classés une seconde fois,
et après 10 semaines pour une troisième fois quand le groupe de thérapie n’a pas reçu de musicothérapie depuis 4 semaines. Tout au long
de l’étude, le thérapeute qualifié a conduit la musicothérapie.
Musicothérapie :
3 ou 4 patients participent dans chaque session. Une collection de chansons, familières aux personnes-âgées islandaises ont été
sélectionnée initialement par le thérapeute musicale et utilisée durant l’étude. Une sélection de ces chansons a été choisie par le groupe et
le thérapeute et chaque chanson a été chantée 2 fois. Ces patients qui n’ont pas participé activement sont assis avec les autres tenant le
livre de chant et écoutant.
Dans ce sens, chaque patient participe activement ou passivement et par conséquent, il est possible d’inclure des patients à différents
stades de leur démence dans la même session. Entre les chansons, les patients bavardent entre eux ou avec le thérapeute. Dans les
sessions, les patients et les thérapeutes chantent, accompagnés par une guitare (thérapeute) et des instruments variés (patients) de leur
choix. Initialement, beaucoup de patients sont peu enthousiastes à utiliser des instruments mais par la suite, ils ont rejoint les autres et
semblent apprécier la session. Les instruments sont aussi utilisés pour de l’improvisation avec ou sans thème. Parfois, les patients ont
une forte envie de bouger et de danser en harmonie avec la musique et ceci est permis librement.
Analyses statistiques :
Comme les auteurs n’ont pas anticipé de variations normales dans ce petit groupe, ils ont utilisé le test de Wilcoxon. Cependant, les
résultats sont les mêmes en utilisant le t-test.
149
Résultats La plupart des patients étaient stables en ce qui concerne leur démence pour les 3 semaines passées. Les symptômes les plus prévalent
classés sur l’échelle BEHAVE-AD sont des Troubles des Activités (comportements de fugue, activités sans objet (errance ?) et activités
inappropriées) et Idées paranoïdes et Illusions. D’autres symptômes sont moins fréquents comme les hallucinations et les perturbations
du rythme diurne. Dans le tableau 1, les scores des sous-échelles de la BEHAVE-AD sont montrés, comme le total dans les 2 groupes.
Après 6 semaines, il y a une diminution significative dans les symptômes classés dans Troubles des Activités dans le groupe de thérapie
(p=0.02) mais pas dans le groupe contrôle (p>0.5). Ces effets diminuent durant les 4 semaines suivantes sans la thérapie et n’était pas
significativement plus bas qu’au début.
Il n’y a pas de diminution significative dans le total des points sur le BEHAVE-AD dans le groupe de thérapie après 6 semaines de
musicothérapie (p=0.3) et une plus petite et non-significative diminution dans le groupe contrôle (p > 0.5). De plus, la diminution dans
les points totaux durant les 4 semaines suivantes dans le groupe contrôle était principalement dû à des changements chez un patient. Il
n’y a pas de diminution dans les symptômes classés dans les autres sous-échelles, ni dans le groupe contrôle ni dans le groupe de
thérapie.
Quand 3 des 7 catégories de BEHAVE-AD (perturbations des activités, agressivité et anxiété) sont mises ensemble, il y a une réduction
significative dans les symptômes dans le groupe de thérapie (p<0.01) mais pas dans le groupe contrôle (p=0.5).
Les bénéfices de la musicothérapie ont disparu 4 semaines après la dernière session en ce qui concerne tous les scores.
Cadres de référence et Cadres de référence et concepts utilisés :
concepts utilisés Le cadre de référence de cette étude est l’échelle BEHAVE-AD de Reisberg et al. (1987) qui est une échelle d’évaluation
comportementale globale. Elle comprend 7 grands domaines parmi lesquels on retrouve l’item Agressivité qui distingue les Accès
Discussion et seuil de verbaux, les Menaces physiques et/ou Violence et l’Agitation. Il existe aussi un item Troubles des Activités dans lequel figure les
signification comportements de fugue, les activités sans objet et les activités inappropriées.
Le concept principal de l’étude est la musicothérapie. Les auteurs en donnent la définition suivante. La musicothérapie est un type
d’intervention non-pharmacologique. La thérapie est basée sur l’utilisation systématique de mélodies, des sons et des mouvements. Le
thérapeute utilise des mélodies ou des sons spécifiques où la qualité inhérente des timbres, qui sont produits dans les sessions pour
atteindre les buts de la thérapie pour les individus avec des SCPD. Les patients atteints de démence sont dans la plupart des cas en
mesure de participer à la musicothérapie et les études ont suggéré que leur bien-être augmente (Clair, 1996). La musicothérapie semble
aussi améliorer l’interaction entre les patients et donc diminuer leur sentiment d’isolement (Pollack, and Namazi, 1992).
Les auteurs développent tout au début de l’article le concept des SCPD (voir dans paragraphe sur état de la question).
Discussion :
La musicothérapie est une des méthodes non-pharmacologiques utilisées dans le traitement des SCPD (Grässer et al., 2003).
Théoriquement, une participation active dans les sessions de musicothérapie devrait donner du sens à la vie des patients qui ont perdu
leurs capacités à créer des activités significatives. Leur désir pour les activités serait par conséquent satisfait et les symptômes d’activités
vides de sens diminueraient. L’anxiété, laquelle est souvent le résultat des difficultés des patients à identifier leur environnement,
pourrait aussi être un symptôme cible de la musicothérapie. Toutefois, il sera difficile d’argumenter que les symptômes les plus
vraisemblablement basés directement sur des changements organiques comme les hallucinations et les mauvaises identifications
bénéficieraient de ce genre de thérapie. Un nombre d’études sur l’utilisation de la musicothérapie dans les derniers stades de la démence
ont été publiées. Une étude utilisant des groupes de chant dans un groupe de 10 patients a montré un changement significatif dans le
150
comportement après les sessions de traitement mais il n’y avait pas de groupe contrôle (Olderog-Miller et Smith, 1989). Une étude
utilisant un devis transversal sur 39 individus avec de l’agitation et une sévère déficience cognitive a montré une réduction significative
dans l’agitation durant et suivant une session individuelle comparée à une session de musique classique (Gerdner, 2000). La
musicothérapie a été utilisée comme un traitement de l’humeur dépressive chez les individus âgés sans démence (Hanser et Thompson,
1994 ; Suzuki, 1998) comme avec démence (Ashida, 2000). Seulement quelques études ont été conduites en utilisant des mesures
quantitatives des effets de la musicothérapie. Une est une étude cas-témoin sur les effets des sessions de musicothérapie sur la pensée et
le comportement, laquelle a montré une amélioration significative dans la pensée mesurée par le MMSE mais n’a pas d’effet sur le
comportement (Van de Winckel et al., 2004).
Notre étude montre qu’un des symptômes cibles de la musicothérapie, Troubles des Activités, peut être affecté positivement par des
sessions répétées de 6 semaines. De plus, quand les scores de sous-échelles mesurant les Troubles des Activités, l’agressivité et l’anxiété
sont rédigés, il y a un changement significatif dans le groupe de thérapie. D’autres symptômes restent inchangés. L’effet a diminué un
mois après que la thérapie est finie.
La force de cette étude est le devis parce qu’il est en simple aveugle contrôlé (les infirmières formées pour l’observation et le
remplissage de l’échelle BEHAVE-AD ne tient pas compte de la thérapie mise en place. Elles s’en tiennent juste à l’observation)
placebo, avec des groupes comparables au début. L’étude inclue seulement des patients avec la maladie d’Alzheimer, les autres
démences sont exclues. En ayant le même thérapeute musicale qualifié pour tous les patients et les mêmes infirmières formées comme
évaluatrices, les différences inter-juges possibles sont évitées.
Les limites de cette étude sont la petite taille de l’échantillon et le taux d’abandon de 20 %, lequel peut s’attendre dans ce groupe
vulnérable de patients. La thérapie en soi n’était pas la raison de l’abandon. De plus, seulement quelques patients ont des symptômes
considérables/importants comme quotés sur la BEHAVE-AD, les autres ont seulement des symptômes mineurs ou modérés. La thérapie
n’était par conséquent pas probable de montrer un changement significatif dans les symptômes dans certaines sous-échelles en raison de
l’effet plancher/plafond (consiste en une première mesure obtenant des résultats minimaux ou maximaux par rapport auxquels il sera
difficile par la suite de mesurer les différences effectives). Le symptôme le plus prévalent, Troubles des Activités montre une diminution
significative dans le groupe de thérapie à l’opposé du groupe contrôle. Il doit être considéré que cette étude a montré un effet en utilisant
un seul type de musicothérapie, la participation active du patient avec le thérapeute, à la fois avec des instruments et en chantant.
L’étude ne s’adresse pas à d’autres types de musicothérapie comme l’écoute passive ou le chant. Il n’y a pas non plus de comparaison
entre les différents types de musique.
Un des avantages de la musicothérapie est l’apparente absence d’effets secondaires. Un autre avantage pourrait être un intérêt accru de la
part du personnel (motivation) dans les soins et le traitement des patients, ce qui pourrait diminuer le taux de renouvellement élevé du
personnel dans ce type de soins.
Les résultats de cette étude appuient les résultats de beaucoup d’autres études et rapports de cas que les Troubles des Activités et
l’anxiété peuvent être affectées par la participation des patients à la musicothérapie. Il y a, cependant, un besoin de comparaison entre la
musicothérapie et la thérapie pharmacologique dans les SCPD.
Seuil de signification :
Voir grille d’analyse critique des études quantitatives
Commentaires en lien On retiendra de cette étude qu’il existe différents types de musicothérapie : Participation active du patient avec des instruments, en
151
avec la question de chantant et en bougeant, l’écoute passive, le chant
recherche L’étude de Livingston et al. (2005) a aussi donné sa définition de la musicothérapie. Cette thérapie inclus jouer de la musique durant des
sessions d’activités ou à certains moments de la journée (repas, toilette…). Ainsi, les participants jouent de la musique, bougent dessus
et participent à des sessions d’improvisation. Ce type de musicothérapie correspond à celle étudiée dans cette étude ce qui nous permet
de comparer les résultats. L’étude de Livingston et al. (2005) met en évidence des effets bénéfiques sur l’agitation pendant et
immédiatement après la session mais pas à long terme. Dans cette étude, les symptômes qui réagiraient bien à cette thérapie sont les
troubles de l’Activité (cpts de fugue, cpts sans objet > errance ?, cpts inappropriés) ainsi que l’anxiété. La musicothérapie permettrait de
donner du sens à la vie de la personne car la poussant à réaliser des activités concrètes. On retrouve aussi une amélioration pendant la
période de l’intervention mais après 4 semaines suite à l’intervention ses effets bénéfiques diminueraient voire disparaîtraient. Ces
résultats iraient donc dans le même sens que ceux présentés par Livingston et al. (2005).
L’étude de Gräsel et al. (2003) aborde surtout les effets possibles sur les symptômes sociaux. Il semblerait que la musicothérapie soit
efficace dans l’amélioration des aptitudes sociales (interaction), l’humeur et les symptômes comportementaux comme l’errance et
l’agitation (Brotons et al., 1997). Toutefois, nous devons relativiser ces résultats car ils datent quelque peu et parce que dans cette étude
de Brotons et al. (2997), apparemment, il n’y a avait pas de groupe contrôle.
En conclusion sur l’approche de la musicothérapie, nous manquons encore d’arguments pour affirmer son efficacité potentielle pour
améliorer la communication et la relation avec les personnes démentes. Nous souhaitons consulter d’autres articles. Nous souhaitons
aussi retenir de cette étude, le fait que la musicothérapie pourrait augmenter l’intérêt et la motivation des soignants dans la prise en
charge des personnes démentes et ainsi diminuer le renouvellement élevé du personnel dans ce type d’institution de soins.
Grille de lecture critique d’un article scientifique quantitatif : Svansdottir & Snaedal (2005)
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Titre -Permet-il de saisir le problème de X On sait qu’il va traiter de la musicothérapie chez les patients atteints de
recherche ? démence modérée à sévère. Le devis est : étude de cas-témoin.
Résumé -Contient-il les principales parties de la X Le résumé contient le contexte (= introduction), la méthode utilisée, les
recherche (par ex., l’introduction, le cadre principaux résultats et les conclusions.
théorique, la méthodologie, etc.)?
Introduction -Le problème de recherche est-il énoncé X Les auteurs mentionnent les SCPD et les impacts qu’ils peuvent avoir sur la
Enoncé du problème clairement ? personne et sur les soignants. Ils expliquent que c’est principalement les
approches médicamenteuses qui sont utilisées avec des bénéfices limités et
surtout des effets secondaires. Ils disent que les approches non
médicamenteuses ont reçu beaucoup moins d’attention et qu’il y a quand
même un manque de recherche fiable puisque la plupart des recherches sont
faites sur des petits échantillons de personnes.
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur les X Voir ci-dessus
152
variables étudiées ?
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts sont-ils X Ils expliquent ce que sont les SCPD mais dans cette partie, ils ne parlent pas
conceptuel définis ? encore de la musicothérapie et de l’échelle BEHAVE-AD que nous avons
identifié comme étant le cadre de référence et le concept principal de l’étude.
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement X Les hypothèses ne sont pas clairement définies mais on peut dire qu’elles
formulées ? sont sous-jacentes notamment dans le titre puisqu’on associe la
musicothérapie à la démence de type Alzheimer aux stades modérés à
sévères. Ils auraient peut-être pu être plus précis et les nommer comme telles.
-Découlent-elles de l’état des connaissances X Nous pensons que oui, puisque dans l’état de la question, ils disent que les
(théories et recherches antérieures ? approches non médicamenteuses manquent d’attention. Ainsi, les auteurs
cherchent à remédier à cela en s’intéressant à la musicothérapie qui fait partie
des approches non médicamenteuses.
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? X Le devis de recherche est décrit dans le titre et le résumé mais il n’a pas de
Devis de recherche rubrique/paragraphe précis dans le texte.
Population -La description de l’échantillon est-elle X Oui, les auteurs donnent des indications précises sur la population concernée
et contexte suffisamment détaillée ? et comment ils les ont inclus (diagnostic de DTA en accord avec la CIM-10
et un stade modéré à sévère sur la Global Deterioration Scale).
-La taille de l’échantillon est-elle adéquate X Il est vrai qu’il s’agit d’un petit échantillon de personne mais ils ont pu faire
par rapport au contexte de la recherche ? 2 groupes (groupe de thérapie et groupe contrôle) ce qui rend les résultats
plus fiables.
Collecte des données -Les instruments de collecte des données X Oui, les soignants ont été interviewés et 2 infirmières formées ont évalué les
et mesures sont-ils décrits ? patients selon l’échelle BEHAVE-AD. On sait aussi exactement à quel
moment, les 2 infirmières ont évalué les patients (avant l’intervention, 6
semaines après puis 10 semaines après c’est-à-dire 4 semaines après la fin de
l’intervention).
-Les variables à mesurer sont-elles décrites X Oui, il s’agit des SCPD classés selon l’échelle BEHAVE-AD et la
et opérationnalisées ? musicothérapie
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle décrite ? X Oui, ils ont demandé un consentement éclairé écrit aux proches de la
l’étude -A-t-on pris les mesures appropriées afin de personne et un comité de bioéthique a approuvé cette étude.
préserver les droits des participants ?
Résultats Des analyses statistiques ont-elles été X Oui, les auteurs mentionnent qu’ils ont utilisé le test de Wilcoxon.
Traitement des entreprises pour répondre à chacune des
données hypothèses ?
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de manière X Les résultats sont peu détaillés. Les auteurs auraient dû préciser plus les
153
résultats claire (commentaires, tableaux, graphiques, symptômes de l’échelle BEHAVE-AD sur lesquels ils se basent et en donner
etc.) ? une définition par exemple. Ils parlent de Troubles des Activités mais on ne
sait pas ce qui est classé dans cet item. Les figures présentées pour expliquer
les résultats n’aident pas du tout à la compréhension de ceux-ci.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils interprétés X En effet, ils discutent leurs résultats à partir des symptômes de l’échelle
Intégration de la à partir du cadre théorique et conceptuel, BEHAVE-AD qu’ils ont ressorti précédemment à savoir les Troubles des
théorie et des concepts ainsi que des recherches antérieures ? Activités, l’anxiété, l’agressivité.
Ils font le lien avec d’autres études réalisées sur la musicothérapie mais ces
études ne semblent pas très fiables. Une étude a un échantillon de seulement
10 personnes et pas de groupe contrôle, deux autres datent de plus de 10 ans.
-Les chercheurs abordent-ils la question de X Les auteurs disent bien que cette étude a montré ces résultats que pour un
la généralisation des conclusions ? type de musicothérapie et pas pour d’autres types de musicothérapie comme
l’écoute passive ou le chant. Ainsi, la portée de ces résultats semble très
limitée puisque ces résultats sont difficilement généralisables et qu’ils
auraient vraiment besoin d’être comparés avec la thérapie pharmacologique
dans les SCPD.
-les chercheurs rendent-ils compte des X Il semblerait que ces limites sont quand même très grandes et que les
limites de l’étude ? résultats ont peut-être été biaisés par le fait que les patients présentent des
degrés de SCPD variables. De plus, l’échantillon est petit. A ceci s’ajoute un
taux d’abandon élevé (17 %).
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des X Il semble que les auteurs ont oublié d’aborder cet aspect.
conséquences de l’étude sur la pratique
clinique et sur les travaux de recherche à
venir ?
Questions générales -L’article est-il bien écrit, bien structuré et En fait, cet article est assez général et n’entre pas beaucoup dans les détails.
Présentation suffisamment détaillé pour se prêter à une La structure de l’article est bonne. Toutefois, les résultats mériteraient
analyse critique minutieuse ? vraiment d’être développés plus précisément.
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats probants X Cette étude amène quelques pistes de réflexion concernant les approches non
susceptibles d’être utilisés dans la pratique médicamenteuses entre autre la musicothérapie.
infirmière ou de se révéler utiles pour la
discipline infirmière ?
154
Visser et al. (2008) : Managing behavioural symptoms of dementia : Effectiveness of staff education and peer support
Auteurs Visser, S.M. école de psychologie (Victoria, Australie)
McCabe, M.P. école de psychologie
Hudgson, C. centre Peter James (Victoria, Australie)
Buchanan, G. centre Peter James
Davison, T.E. école de psychologie
George, K. centre Peter James
Titre de la recherche Managing behavioural symptoms of dementia : Effectiveness of staff education and peer support
(Gestion du comportement et des symptômes de la démence : efficacité de la formation des soignants et du soutien du supérieur immédiat)
Journal Aging and Mental Health
Année de publication 2008
Pays Angleterre
Question de recherche Question de recherche
Hypothèses Aucune question de recherche n’est mentionnée par les auteurs. Toutefois, les buts de l’étude et l’hypothèse sont très bien énoncé ce qui
devrait nous permettre de formuler une question. Quels sont les impacts que peuvent avoir la formation des professionnels associée au
Buts de la recherche soutien du supérieur hiérarchique direct sur les attitudes des soignants, sur les comportements et la qualité de vie des résidents?
Hypothèses
Ils font l’hypothèse que la formation des soignants a un impact positif tant sur les professionnels que sur les résidents après l’intervention
par rapport au groupe contrôle mais que ces effets sont encore plus grands et durent plus longtemps quand le groupe reçoit le soutien de la
hiérarchie.
Buts de la recherche
Le but de cette étude est d’évaluer l’efficacité de la formation des professionnels comme une stratégie de gestion des symptômes
comportementaux de la démence. Le programme de formation est désigné pour encourager une approche individuelle de la gestion des
comportements en se basant sur le modèle comportemental. Fournir dès le début et en continu un support aux professionnels peut être un
aspect important pour le succès de leur formation. Par conséquent, cette étude a aussi pour but de comparer l’efficacité de la formation des
soignants offertes avec ou sans le soutien de la hiérarchie par rapport à un groupe contrôle après l’intervention puis ensuite après 3 et 6
mois.
Population/échantillon 52 soignants ont participé dans cette étude. 10 participants (2 hommes et 8 femmes) ont été mis dans le groupe avec la formation
seulement. Il y avait un très haut taux d’usure parmi ce groupe (plus de 50%). Par conséquent, la taille de cet échantillon dans le suivi est
très petite (n=6) et ont donc été exclu des analyses de suivi. 17 participantes ont constitué le groupe formation + soutien de la hiérarchie.
Le groupe de contrôle est constitué de 25 participants (1 homme et 24 femmes). Le « taux d’usure » était moins grand dans le groupe
formation + soutien et dans le groupe contrôle (15 et 14% respectivement).
Un total de 76 résidents a participé à l’étude. 21 (3 hommes et 18 femmes) sont dans le groupe avec la formation seulement. Le groupe
formation + soutien a réuni 23 résidents (4 hommes et 19 femmes). Le groupe de contrôle est constitué de 32 résidents (8 hommes et 24
155
femmes). Pour que les auteurs puissent inclure le résident, il fallait qu’il ait régulièrement au moins un des 29 symptômes présents dans
l’échelle de Cohen-Mansfield.
Design = devis Design
Aspects éthiques Il s’agit d’une recherche quantitative avec un devis expérimental (présence d’un groupe contrôle et d’une répartition aléatoire >
randomisée). Le niveau de recherche est ainsi prédictif et de contrôle > il s’agit d’estimer la probabilité que tel ou tel résultat attendu se
produise = prédictif, contrôle = introduire et manipuler une intervention : faire varier les conditions dans une situation de recherche. Dans
cette recherche, il s’agit de voir si la formation des professionnels (variable indépendante) et le soutien de la hiérarchie (variable
indépendante) a un impact dans la gestion des symptômes comportementaux de la démence (variable dépendante). Les conditions varient
puisqu’il y a un groupe qui ne reçoit que la formation et un groupe qui reçoit la formation + le soutien des collègues et enfin un groupe
contrôle.
Aspects éthiques
Les soignants étaient libres de participer au même titre que les institutions et les résidents. De simples déclarations et une forme de
consentement ont été envoyées au directeur des soins des institutions qui ont fait suivre aux proches du résident. Ainsi, ils étaient libres
d’accepter ou non.
Méthodologie Matériel :
L’échelle d’agitation de Cohen-Mansfield (CMAI) :
C’est une échelle que les soignants peuvent utiliser pour évaluer les comportements chez des personnes âgées vivant dans un home.
L’échelle mesure la fréquence de 29 cpts que les soignants ont pu observer dans les 2 dernières semaines. Les réponses sont mises sur une
échelle allant de 1 à 7 (1 = jamais, 7= plusieurs fois par jour). Le score peut être calculé en accord avec 4 sous-échelles : comportement
physique agressif / comportement physique non agressif / comportement verbal agressif / comportement verbal non agressif.
Instrument de recherche pour évaluer la qualité de la vie concernant la santé (ADRQL) :
Cet instrument est utilisé pour des personnes démentes. L’ADRQL consiste en 47 items qui décrivent les comportements associés dans 5
domaines importants pour la qualité de la vie concernant la santé chez une personne démente. Ces 5 domaines sont : interaction sociale (12
items), conscience de soi (8 items), sentiments et humeur (15 items), plaisir des activités (5 items) et réponse à l’environnement (7 items).
Ce sont les soignants ou les aidants familiaux qui répondent à ce questionnaire. Cela demande à la personne de bien connaître les
comportements récents et les activités quotidiennes de la personne malade. L’évaluateur lit les items à haute voix et laisse du temps au
soignant pour répondre par d’accord ou pas d’accord. Cependant, dû aux nombres de soignants participants à cette étude, il n’est pas
faisable d’interviewer séparément chaque soignant. Les soignants ont rempli individuellement le questionnaire pour un seul résident.
Questionnaire sur les attitudes des soignants :
Ce questionnaire a été développé spécifiquement pour cette étude. Il a été désigné pour mesurer les attitudes et perceptions des soignants
sur le travail avec des résidents déments et sur leurs pensées en lien avec leur rôle de soignant. C’est un questionnaire que le soignant
remplit seul. Il contient 16 déclarations sur les attitudes des soignants au travail. Le soignant attribue un score de 0 à 10 où 0 = fortement
en désaccord et 10 = fortement d’accord. Le questionnaire prend à 5 à 10 minutes pour être complété. Le questionnaire a été analysé et a
révélé 3 sous-échelles : Education et responsabilité personnelle / Compétences et connaissances / Barrière au changement.
L’inventaire du burn-out de Maslach (MBI) :
C’est un questionnaire destiné à mesurer le burn-out. Le MBI consiste en 22 déclarations en lien avec les ressentis sur le travail. Les
156
participants ont classé leurs réponses sur une échelle de 0 à 6 où 0 = jamais et 6 = chaque jour. Les réponses aux déclarations peuvent être
classées en 3 sous-échelles : L’épuisement émotionnel / Dépersonnalisation / Accomplissement personnel.
Les soignants de chacun des trois groupes ont complété le questionnaire sur les attitudes des soignants et l’inventaire du burn-out de
Maslach avant l’intervention, après l’intervention puis après 3 et 6 mois. Chaque soignant a aussi sélectionné un résident qu’il connaissait
bien pour compléter le questionnaire sur la qualité de vie et 2 résidents pour compléter l’échelle de Cohen-Mansfield. Les soignants ont
été assignés à un groupe d’intervention avec la formation seulement ou au groupe avec formation et soutien de la hiérarchie durant 8
semaines.
Le programme de formation :
Le programme de formation consiste en 8 éléments qui ont lieu 2x/sem. durant 1 ½ h. Il a été demandé aux soignants qui ont accepté de
participer à l’étude d’assister à un de ces éléments chaque semaine. Les 3 premiers éléments étaient là pour fournir des informations sur la
démence et sur les symptômes comportementaux aux soignants. On parle d’éléments didactiques. Les 5 éléments suivants concernaient
des ateliers basés sur le modèle comportemental. Durant les ateliers, les soignants ont développé un plan de soins individuel pour les
résidents en tenant compte des antécédents et des conséquences des comportements afin de les modifier de manière appropriée. Les
soignants étaient engagés dans des groupes de discussion et utilisaient des fiches de travail spécifiquement conçues. Une des forces de ce
modèle comportemental est qu’il a le potentiel pour aider les soignants à développer des compétences et des connaissances qu’ils peuvent
appliquer dans une variété de situations et comportements (Teri et al., 1998). Par conséquent, les ateliers ont été créés pour refléter cela en
encourageant les soignants à développer leurs propres stratégies pour gérer les comportements. Ainsi, ils ont l’opportunité de mettre en
œuvre leurs compétences durant le programme de formation et pour développer des stratégies pour continuer à les utiliser quand la
formation se termine.
Le soutien de la hiérarchie (supérieur direct) :
Le programme de soutien de la hiérarchie se tient pendant 30 minutes après les éléments de formation et commence à l’élément 5. Le
groupe a été aidé par un membre de l’équipe de recherche mais dans le but de se préoccuper des soucis des membres du personnel (stress
lié au travail).
Le groupe doit développer durant les sessions des buts et des lignes directrices, fournir des informations et discussion sur la
reconnaissance et la gestion du stress et examiner les situations ayant une répercussion sur les soins aux résidents et comment ces
situations pourraient être mieux gérées par les soignants. Les soignants reçoivent aussi la possibilité de continuer ce soutien de la
hiérarchie pour eux-mêmes après l’intervention. Cependant, les soignants ont des manques de temps et de ressources pour continuer avec
ce soutien sans être assisté.
Collecte des données
Ils ont approché les directeurs de soins de 3 établissements de soins et leur ont proposé de participer à cette étude.
Les 3 établissements d’accord de participer ont été de manière aléatoire (randomisé) mis dans l’un des 3 groupes.
La répartition aléatoire ne pouvait pas se faire au niveau de l’individu (soignant ou résident) car il pouvait y avoir des répercussions sur le
TTT si le service était pris à la fois dans l’intervention et dans le groupe contrôle.
Ensuite, ils ont demandé aux directeurs des soins des institutions de sélectionner les résidents « appropriés » à l’étude. Ceci devait être fait
en fonction de la manifestation régulière ou non d’au moins 1 des 29 comportements listés dans l’échelle de Cohen-Mansfield. Les
différents instruments, échelles choisies (voir ci-dessus dans matériel) ont été évalués pour leur fiabilité interne, leur validité en fonction
157
du score de Cronbach.
Analyse des données
Les résultats de cette étude sont analysés en utilisant Mixed Design Analysis of Variance (ANOVA).
Résultats Résultats
L’échelle d’agitation de Cohen-Mansfield (CMAI) :
Les scores sur la CMAI ont été analysés avant et après l’intervention pour chaque groupe avec le temps qui est pris comme facteur dans le
sujet traité et dans les différents groupes. Il n’y avait pas de différence significative dans les scores à travers le temps et les groupes. Il n’y
avait pas non plus d’interaction significative entre le temps et le groupe pour chaque sous-échelle. Le score à la CMAI a aussi été analysé
à 3 et 6 mois après l’intervention pour le groupe contrôle et le groupe formation + soutien de la hiérarchie. Pas d’effets significatifs sur le
groupe, le temps et l’interaction n’ont été trouvés dans le suivi.
Instrument de recherche pour évaluer la qualité de la vie concernant la santé (ADRQL) :
Le score sur l’échelle ADRQL a été analysé en utilisant ANOVA avec le temps comme facteur dans le sujet traité (pré et post-intervention
et dans le suivi) et dans les différents groupes. Il n’y avait pas de temps ni de groupe ou d’effets de l’interaction significatifs sur les 3 sous-
échelles. Le score sur l’échelle ADRQL a été analysé à 3 et 6 mois après l’intervention pour le groupe contrôle et le groupe formation +
soutien de la hiérarchie pour chaque sous-échelle (excepté la réponse de l’environnement laquelle a été enlevée des analyses du suivi à
cause d’une faible fiabilité). Pas d’effets significatifs sur le groupe, le temps et l’interaction n’ont été trouvés dans le suivi.
Questionnaire sur les attitudes des soignants :
Ce questionnaire a été analysé avec le temps comme facteur dans le sujet traité (pré et post-intervention et dans le suivi) et dans les
différents groupes. L’analyse des 3 sous-échelles a révélé qu’il n’y avait pas d’effet de groupe de temps ou d’interaction pour la sous-
échelle Education et responsabilité personnelle en pré-intervention et dans le suivi. Il n’y avait pas non plus d’effets significatifs sur la
sous-échelle Barrière au changement en post-intervention. L’évaluation des résultats pour le groupe contrôle et le groupe formation +
soutien de la hiérarchie dans le suivi a révélé un effet significatif du temps à 3 et 6 mois. Les résultats pour la sous-échelle Compétences et
connaissances a révélé une interaction significative entre le groupe et le temps. Les analyses univariées ont révélées qu’il y avait une
amélioration significative dans le score de compétences et connaissances en post-intervention pour le groupe formation + soutien de la
hiérarchie alors qu’il n’y avait aucun changement dans le score de compétences et connaissances pour le groupe formation seulement et le
groupe contrôle. Les résultats pour le groupe contrôle et le groupe formation + soutien de la hiérarchie dans le suivi a révélé de manière
similaire un effet d’interaction significatif, avec une amélioration du score compétences et connaissances à 3 mois, à 6 mois de suivi (pour
le groupe formation + soutien de la hiérarchie) alors qu’il n’y avait pas de changement significatif dans le score pour le groupe contrôle à
3 et 6 mois de suivi.
En résumé, les soignants ont perçu l’éducation et la responsabilité personnelle comme ne changeant pas suite à l’intervention. Le score des
barrières au changement augmente dans le groupe formation + soutien de la hiérarchie et dans le groupe contrôle après l’intervention et
dans le suivi et le score de compétences et connaissances augmente dans le groupe formation + soutien de la hiérarchie seulement en post-
intervention et à chaque moment du suivi.
L’inventaire du Burn-out de Maslach :
Il a été analysé avec le temps comme facteur dans le sujet traité (pré et post-intervention et dans le suivi) et dans les différents groupes.
Cette analyse a révélé qu’il n’y avait pas d’effet de groupe de temps ou d’interaction pour chacune des sous-échelles en post-intervention.
158
(Il n’y avait pas d’effets significatifs dans le suivi pour le groupe contrôle et le groupe formation + soutien de la hiérarchie).
Cadres de référence et Cadres de référence et concepts utilisés
concepts utilisés Le cadre de référence serait un modèle comportemental proposé par Landreville, Dicaire, Verreault & Levesque. Ceci attire notre attention
car Landreville et Levesque sont des auteurs que nous connaissons puisque Landreville s’est beaucoup intéressé aux symptômes
Discussion et seuil de comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD) et que Levesque est une auteure réputée dans la communication avec une
signification personne démente. En accord avec ce modèle, le comportement se présente comme le résultat de l’interaction entre les antécédents
(événements qui déclenchent le comportement) et les conséquences qui renforcent le comportement (ou augmentent la probabilité que ce
cpt se répète). La gestion des symptômes comportementaux de la démence implique d’évaluer les possibles antécédents et conséquences
chez les individus déments et de développer des stratégies pour résoudre ou modifier ces antécédents/conséquences. Un des bénéfices de
cette approche est qu’elle encourage la résolution de problème et fournit des outils pour les soignants pour rester efficace (Teri et al.,
1998). De plus, ce modèle comportemental permet la gestion individuelle des cpts.
Ils définissent aussi un concept important dans cette étude. Il s’agit du soutien de la part de la hiérarchie. Les potentiels bénéfices du
soutien de la hiérarchie incluant un échange d’informations, un soutien mutuel, une cohésion de groupe augmentent le coping, l’efficacité
personnelle, la sécurité dans l’équipe et diminuent l’isolement social, le stress (Kurtz, 1997). Il est reconnu que les programmes de
formation des professionnels peuvent mettre en question la compréhension des comportements des résidents déments et souligner le rôle
qu’ils peuvent jouer dans la gestion de ceux-ci. Le programme de formation a donc été conçu pour augmenter les compétences et une
autonomie efficace tout en accordant un soutien professionnel et émotionnel par le biais du programme de soutien de l’encadrement
(hiérarchie).
L’efficacité du programme est évalué en fonction de son impact sur le comportement des résidents, sur sa qualité de vie ainsi que sur les
attitudes des professionnels et le burn-out.
Discussion
Les résultats de cette étude révèlent que le programme de formation basé sur le comportement utilisé dans cette étude n’est pas une
stratégie efficace pout aider les soignants à mieux gérer les comportements des résidents ou améliorer leur qualité de vie. De plus, ce
programme de formation n’a pas d’impact significatif sur le niveau de burn-out des soignants. Contrairement à nos attentes, le soutien de
la hiérarchie n’est pas plus efficace que la formation toute seule dans la réduction des symptômes comportementaux de la démence et dans
le burn-out des soignants. Il y a, cependant, une amélioration significative dans les compétences et connaissances perçues par les soignants
dans le groupe de formation + soutien de la hiérarchie après l’intervention et à 3 et 6 mois. Par conséquent, les soignants qui ont reçu la
formation + soutien de la hiérarchie ont plus de probabilité de se sentir satisfaits de leurs connaissances sur la démence, de leur niveau de
compétences et de confiance quand ils travaillent avec des résidents déments après l’intervention. Cela se maintient pendant 6 mois après
le programme formation + soutien de la hiérarchie. En contraste de ces conclusions, les soignants dans le groupe contrôle et le groupe
formation + soutien de la hiérarchie ont aussi perçu des barrières au changement à 3 et 6 mois de suivi. Par conséquent, les soignants
avaient plus de probabilité de rapporter qu’ils avaient des barrières qui les empêchaient d’essayer de nouvelles pistes de travail avec les
résidents. La conclusion que seuls les soignants qui ont reçu du soutien de la hiérarchie rapportent des compétences et des connaissances
est cohérente avec la recherche qui démontre que le programme de formation est efficace avec un soutien en plus (Edberg & Hallberg,
2001). Le manque d’impact du soutien de la hiérarchie sur le burn-out, cependant, était inattendu, comme le soutien des collègues de
travail étaient corrélés négativement avec le burn-out (Jenkins & Allen, 1998; Plaud, Moberg & Ferraro, 1998; Taormina & Law, 2000).
159
Par conséquent, les résultats de cette étude suggère que le soutien de la hiérarchie directe tout seul est insuffisant pour modifier le burn-out
des soignants ou que des aspects du soutien de la hiérarchie ont une efficacité limitée. Le groupe de soutien de la hiérarchie dans cette
étude a seulement tenu durant une courte période. Il est probable que le soutien de la hiérarchie ne continue pas après le programme de
formation comme espéré. Ainsi, le bénéfice potentiel de réduction du burn-out ne peut pas être achevé dans cette étude.
Une augmentation significative dans la perception des soignants de barrières au changement a été détecté entre autre dans le groupe
contrôle et le groupe formation + soutien de la hiérarchie. Ceci se présente en même temps que les soignants dans le groupe formation +
soutien de la hiérarchie rapportent qu’ils ont plus de connaissances et compétences après l’intervention. Cette conclusion paradoxale
pourrait suggérer que les soignants dans le groupe formation + soutien de la hiérarchie ressentent qu’ils ont les compétences et la
motivation pour changer leur façon d’interagir avec les résidents mais que l’aménagement de l’environnement rend cela difficile pour
mettre en œuvre ces interventions souhaitées. La conclusion que les soignants s’aperçoivent de grandes barrières pour changer pourrait
être une raison significative pourquoi le groupe de formation + soutien de la hiérarchie n’a pas rapporté de changements dans les résultats
avec les résidents, comme changer les pratiques des soignants ne pourraient être possibles dans l’environnement résidentiel. La littérature
sur la formation des soignants indique que les facteurs organisationnels peuvent fréquemment avoir un impact sur l’efficacité des
interventions (Cassidy & Seikh, 2002) en particulier au niveau du soutien de la part de la direction (Moniz-Cook et al., 1998; Smith et al.,
1994). Le niveau de soutien pour les soignants dans cette étude n’a pas été évalué. Cependant, des inquiétudes ont été soulevées dans le
groupe soutien de la hiérarchie notamment dans les difficultés des soignants à concilier la formation le temps où ils ne sont pas disponibles
dans les soins. Ceci suggère que le soutien de la direction est faible.
Un autre facteur qui peut avoir un impact sur les résultats de cette étude est la petite taille de l’échantillon (10 participants) qui a mené à
l’exclusion du groupe formation seul dans le suivi et qui a diminué significativement le pouvoir statistique de détecter des changements
entre les groupes. De plus, pour que les interventions basées sur le modèle comportemental soient efficaces, les soignants ont besoin de
travailler ensemble pour mettre en œuvre des stratégies de gestion des comportements (McGovern & Koss, 1994). Depuis que les
soignants assistant au programme de formation sont en minorité, ceci ne peut être réalisé.
Une autre limite de cette étude était que les comportements des résidents étaient considérés par les soignants qui s’occupent d’eux et qui
sont eux-mêmes impliqués dans le programme de formation. Ceci peut avoir influencé les soignants dans l’évaluation des symptômes
comportementaux. Burgio et al. (2001) ont critiqué les recherches dans ce domaine pour ne pas avoir évalué si les soignants ont eu
l’intervention désirable. Les méthodes d’observation utilisant des observateurs aveugles aux hypothèses des études sont une ressource
mais prennent du temps et de l’énergie. De plus, les situations comme un accord/consentement, l’effet de l’observation sur les soignants et
les comportements des résidents et les difficultés potentielles associées à l’observation des soignants durant les soins habituels n’est pas
facilement résolu. Il est cependant reconnu que la méthode utilisée dans cette étude n’est pas idéale mais adoptée en raison de limitations
pratiques. Les problèmes/questions d’évaluation ne sont pas facilement résolus mais quand des observations directes ne sont pas faisables,
des mesures objectives de la fréquence des comportements spécifiques peuvent être moins susceptibles de biaiser l’évaluation globale des
comportements. Des problèmes similaires sont associés avec l’évaluation des soignants sur la qualité de vie des résidents.
Malheureusement, en raison de la sévérité de la démence des résidents dans cette étude, ils ne peuvent pas être améliorés dans l’évaluation
de leur qualité de vie.
L’impact direct des plans de soins développés pendant le programme n’a pas été pris en compte dans les résultats. Il en va de même pour
la généralisation des compétences enseignées dans les groupes de formation.
160
Moniz-Cook et al. (1998) a trouvé que quand les plans de soins n’étaient pas mis en œuvre, les perturbations de comportements
augmentaient. Une stratégie potentielle pour améliorer l’utilisation des compétences des soignants pourrait être de fournir au travail de la
supervision et de la formation.
Cette étude avait pour but d’offrir par rapport aux anciennes recherches en incluant un groupe contrôle, des groupes randomisés et un suivi
des mesures. Le programme de formation a été créé pour impliquer activement les soignants et faciliter la généralisation de
techniques/compétences de gestion des comportements pendant qu’on explore aussi si le soutien de la hiérarchie peut compléter la
formation. Les résultats de l’étude suggèrent que les soignants qui ont reçu la formation + le soutien de la hiérarchie perçoivent une
augmentation dans leurs compétences et connaissances alors qu’est signalé une augmentation dans les barrières qui les empêchent de
changer leurs pratiques. Ces conclusions suggèrent que les facteurs organisationnels sont gravement importants dans le succès de la
formation des soignants en termes de résultats pour les soignants et les résidents. Cette étude fournit la preuve que la formation des
soignants sans tenir compte du contexte socio-culturel avec lequel les soignants travaillent ne peut pas être une approche efficace pour la
gestion des symptômes comportementaux de la démence. D’autres recherches dans le futur sont nécessaires pour explorer comment on
peut de manière réaliste et faisable fournir avec la formation des soignants et le soutien des changements de pratiques avec les contraintes
des établissements de soins et de leur environnement. On souhaiterait une mobilisation plus active de la direction ainsi qu’un engagement
pour faciliter la gestion du programme de formation continu pour les futures recherches et travaux dans ce domaine.
Seuil de signification :
Voir grille de lecture critique
Commentaires en lien Quelles sont les interventions infirmières qui peuvent aider à communiquer et à maintenir une relation avec une personne sévèrement
avec la question de atteinte de démence de type Alzheimer tout en tenant compte de l’impact des symptômes psychologiques et comportementaux (SCPD) sur
les soignants dans un contexte d’EMS ?
recherche Lors de la réalisation de notre esquisse, nous avons lu à plusieurs reprises qu’il est important que les soignants aient des connaissances sur
la démence afin d’offrir des soins de qualité.
Plus que le fait que la formation peut jouer un rôle dans la gestion des symptômes comportementaux, nous retiendrons surtout le fait que
les aspects organisationnels et environnementaux jouent un rôle primordial dans l’efficacité de la formation des soignants pour gérer les
comportements des résidents. Il est donc réducteur de dire qu’il est important que les soignants aient des compétences pour soigner les
résidents déments si nous n’avons pas à l’esprit toutes les contraintes de l’environnement dans un établissement de soins (notamment au
niveau du soutien de la direction et de la hiérarchie souvent peu présent). Il serait intéressant d’en savoir plus sur ces contraintes citées
dans cet article. Ainsi, dans nos futures recherches, nous essaierons de bien garder à l’esprit l’importance de l’environnement dans lequel
on se trouve.
161
Grille de lecture critique d’un article scientifique quantitatif : Visser et al. (2008)
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Titre -Permet-il de saisir le problème de X
recherche ?
Résumé -Contient-il les principales parties de la X Le résumé est bien détaillé et précis. Toutefois, pour une lecture rapide, les
recherche (par ex., l’introduction, le cadre auteurs auraient peut-être dû noter les titres des chapitres pour mieux le
théorique, la méthodologie, etc.)? structurer.
Introduction -Le problème de recherche est-il énoncé X
Enoncé du problème clairement ?
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur les X La recension des écrits est très bien développée et très complète.
variables étudiées ?
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts sont-ils X
conceptuel définis ?
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement X Les hypothèses et les buts sont clairement décrits permettant de déduire la
formulées ? question de recherche qui n’est pas mentionnée telle quelle.
-Découlent-elles de l’état des connaissances X
(théories et recherches antérieures ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? X Le devis de recherche n’est pas décrit de manière explicite mais
Devis de recherche suffisamment d’informations sont données pour pouvoir le déduire. Il s’agit
d’une étude quantitative avec un devis expérimental.
Population -La description de l’échantillon est-elle
et contexte suffisamment détaillée ?
-La taille de l’échantillon est-elle adéquate X Un des biais possible dans cette étude est le fait que l’échantillon de
par rapport au contexte de la recherche ? personnes dans le groupe formation seul est petit (n=10) ce qui a mené à
l’exclusion de ce groupe dans le suivi et a donc diminuer le pouvoir
statistique de détecter des changements entre les groupes.
Collecte des données -Les instruments de collecte des données X
et mesures sont-ils décrits ?
-Les variables à mesurer sont-elles décrites X Oui, il s’agit du programme de formation et du soutien de la hiérarchie.
et opérationnalisées ?
162
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle décrite ? X Un consentement écrit a été demandé aux institutions, aux soignants et aux
l’étude -A-t-on pris les mesures appropriées afin de résidents.
préserver les droits des participants
(éthique) ?
Résultats Des analyses statistiques ont-elles été X
Traitement des entreprises pour répondre à chacune des
données hypothèses ?
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de manière X Les points faibles de cette étude sont : des résultats peu compréhensibles, des
résultats claire (commentaires, tableaux, graphiques, tableaux peu représentatifs et compréhensibles par rapport aux résultats. Ces
etc.) ? résultats peu compréhensibles sont dus à la recherche elle-même et pas en
lien avec la traduction.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils interprétés X
Intégration de la à partir du cadre théorique et conceptuel,
théorie et des concepts ainsi que des recherches antérieures ?
-Les chercheurs abordent-ils la question de X Ils mentionnent que d’autres recherches dans le futur sont nécessaires pour
la généralisation des conclusions ? explorer comment on peut de manière réaliste et faisable fournir avec la
formation des soignants et le soutien des changements de pratique avec la
contrainte des établissements de soins et de leur environnement. Ces
perspectives de recherche sont générales et généralisables à d’autres
domaines.
-les chercheurs rendent-ils compte des X Les auteurs décrivent de façon précise les limites de leur étude et portent à
limites de l’étude ? notre sens, un regard critique pertinent. La seule limite qu’ils n’abordent pas
selon nous est le manque de clarté des résultats.
Relation entre la validité interne et la validité externe : il nous semble que
dans cette étude la validité interne est peut-être un peu faible mais que la
validité externe est meilleure. « Si le chercheur veut augmenter la validité
externe en incluant divers groupes et milieux, la validité interne sera affectée
du fait des variations existant entre ces derniers » (Fortin, 2006, p. 184).
Toutefois, la validité interne est plus importante que la validité externe parce
que si on n’est pas sûr de nos résultats cela ne sert à rien de les généraliser.
Dans cette, étude, il y a quand même des éléments positifs en faveur de la
validité interne comme la répartition aléatoire, il semble qu’il y a quand
même une relation de cause à effet entre la formation et le soutien de la
hiérarchie et la gestion des symptômes comportementaux de la démence.
163
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des X Voir ci-dessus dans la question sur la généralisation des résultats.
conséquences de l’étude sur la pratique
clinique et sur les travaux de recherche à
venir ?
Questions générales -L’article est-il bien écrit, bien structuré et X
Présentation suffisamment détaillé pour se prêter à une
analyse critique minutieuse ?
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats probants X Oui, nous regrettons juste que les résultats ne soient pas plus
susceptibles d’être utilisés dans la pratique compréhensibles.
infirmière ou de se révéler utiles pour la
discipline infirmière ?
164
Van Weert et al. (2005) (1) : The effects of the implementation of snoezelen on the quality of working life in psychogeriatric
care
Auteurs Van Weert, J.C., (ergothérapeute et sociologue)
Dulmen Van, A.M., (doctorat)
Spreeuwenberg, P.M., (master)
Bensing, J.M. (Professor of Health Psychology)
& Ribbe, M.W. (Doctor of Medicine)
Titre de la recherche The effects of the implementation of snoezelen on the quality of working life in psychogeriatric care
Journal International psychogeriatrics (IPA)
Année de publication 2005
Netherland
Pays
ARTICLE 1
Question de recherche Etat de la question
Hypothèses Le travail dans les soins est caractérisé par des exigences émotionnelles (Arts et al., 2001). Des conditions de travail spécifiques ont été
identifiées comme stressantes : le travail en équipe, les changements d’équipe > rotations, le manque de flexibilité dans les heures de
Buts de la recherche travail et de temps libre.
Les comportements et les perturbations psychologiques accompagnant souvent la démence peuvent être hautement problématique pour
les soignants et augmenter leur charge de travail. Une grande charge de travail peut influencer négativement le niveau de stress dans les
réactions et la satisfaction au travail. Ils font le lien avec le burn-out.
Les aspects comme la charge de travail, le stress, la satisfaction au travail et burn-out sont associés à un concept qui est « la qualité de
vie au travail ». Ces aspects ont reçu plus d’attention dans les recherches dans les différents services de soins. Arts et al. (2001) ont
intégré 3 modèles existants sur la qualité de vie au travail dans un nouveau modèle, reflétant la relation entre la charge de travail d’un
côté et les résultats physiques et psychologiques du travail de l’autre côté avec un tampon dans la capacité à faire face (c’est-à-dire avoir
une porte de sortie). Dans cette étude, ce modèle est adapté au but de cette recherche. La relation hypothétique entre la mise en œuvre du
snoezelen, la charge de travail (caractéristiques organisationnels, caract. du job, les conditions de travail) et les résultats psychologiques
du travail (satisfaction au travail, réactions de stress, burnout) sont montrée dans un tableau. (voir ds hypothèse).
La formation et la mise en œuvre d’interventions pour les soignants qui s’occupent de personnes avec des troubles cognitifs est un pas
gratuit de la part des institutions pour alléger les effets des stresseurs sur les soignants. Si les infirmières sentent qu’elles ont les
ressources adéquates pour répondre aux besoins de ces patients, elles seront plus satisfaites.
Voir définition du snoezelen dans le cadre de référence
Question de recherche
Les auteurs ne mentionnent pas de question de recherche mais ils développent précisément leurs hypothèses.
Hypothèses
Les auteurs font l’hypothèse que l’intervention (snoezelen = variable indépendante) amènera des changements positifs et mesurables
165
dans :
Charge de travail (variable dépendante) : les activités que qqun doit effectuer dans un environnement particulier. Elles sont classifiées
dans les caractéristiques du job (variétés de compétences, occasions d’apprentissage/formation, autonomie, droit à la parole) et les
conditions de travail (pression des horaires, conflit de rôle).
Résultats psychologiques chez les infirmières auxiliaires (variable dépendante) : l’expérience subjective de la charge de travail révélée
dans la perception des problèmes, réactions de stress, la satisfaction au travail, le burn-out).
Buts de la recherche
Le but de cette recherche est d’étudier l’efficacité de la mise en œuvre du snoezelen chez les infirmières auxiliaires certifiées durant la
journée sur leur qualité de « vie au travail »
Population/échantillon 6 homes dans différents endroits des Pays-Bas ont été sélectionnés sur 19 sites potentiels.
Pour établir l’efficacité du snoezelen, un échantillon de 120 infirmières auxiliaires autorisées (60 dans le groupe expérimental et 60 dans
le groupe contrôle) a été requis.
La population de la recherche pour l’étude parallèle est composée de 125 résidents avec une démence modérée à sévère dans le pré-test
(62 dans le groupe expérimental et 63 dans le groupe contrôle) et 128 résidents dans le post-test (66 dans le groupe expérimental et 62
dans le groupe contrôle).
Design = devis Design
Aspects éthiques Un devis quasi-expérimental (pré et post intervention) a été choisi. L’étude a été conduite dans 12 services de psychogériatrie de 6
homes hollandais. Dans chaque home un service a été choisi pour être expérimental et un autre pour être le groupe contrôle. Les 6
services expérimentaux ont reçu pour les soignants une formation sur le snoezelen et sa mise en œuvre dans les soins sur 24h. Dans les 6
services contrôle, les soins habituels se sont poursuivis. Cette période de mise en œuvre a duré 18 mois (entre janvier 2001 et février
2003), période minimum nécessaire pour une mise en œuvre avec succès. L’efficacité du snoezelen pour les soignants a été évaluée à
l’aide d’un questionnaire.
Dans 4 homes, les 2 services impliqués dans chaque home ont été tirés au hasard (dans un conteneur scellé) par une personne
indépendante. Les 2 autres services des autres homes ont été assignés au groupe contrôle sur la base de considérations pratiques (la
présence d’une salle qui pourrait être utilisée comme salle de snoezelen par les autres disciplines comme les thérapeutes occupationnels
> animation). Ces décisions ont été prises après une évaluation approfondie des autres différences entre le service expérimental et le
service contrôle qui pourraient porter préjudice aux comparaisons de traitement (population, motivation des équipes de soins, ambiance
de travail) afin d’exclure le choix des résidents et d’éviter des choix biaisés.
Aspects éthiques
Les homes ont signé un accord que les services faisant partie du groupe contrôle devraient s’abstenir de formation et de mise en œuvre
d’éléments du modèle de soins snoezelen durant la période de l’étude. Un contrôle de la contamination du service de contrôle (éviter que
le groupe contrôle n’utilise la méthodologie du snoezelen dans son service) a été fait en interviewant l’infirmière cheffe 15 mois après le
début de la mise en œuvre dans le service expérimental. Ces interviews ont révélé que sur 3 services de contrôle des infirmières
auxiliaires ont commencé à mettre en pratique des parties de la méthodologie du snoezelen dans les soins quotidiens (musique…).
Personne n’a intégré ces éléments dans une approche individuelle et centrée sur le résident, et personne ne l’a fait de manière structurée.
Méthodologie Collecte des données
166
Des interviews ont été menées avec les soignants pour obtenir des informations et pour examiner si ces différents homes remplissent les
critères d’inclusion.
Critères d’inclusion
Le snoezelen n’a jamais été mis en œuvre dans les soins quotidiens à leurs résidents.
La présence de 2 unités comparables (population des résidents, compositions des équipes, modèle de soins…) dans la même
institution.
La bonne volonté de créer des conditions pour la mise en œuvre du snoezelen dans les soins quotidiens pour le groupe
expérimental.
La présence de conditions basiques, pratiques (ex : des fauteuils confortables).
Pas de changements organisationnels prévus durant la période de l’étude.
Pour être admis dans l’essai, les infirmières auxiliaires devaient remplir les critères suivants :
Etre employé depuis au moins 3 mois dans le home.
Travaillé au moins 12 heures par semaine.
Travaillé des jours fixes durant la semaine ou pas (rotation)
Les infirmières auxiliaires qui s’attendent à être absentes durant une longue période durant la période de l’étude sont exclues, de
même que les infirmières auxiliaires qui travaillent uniquement la nuit.
Les infirmières auxiliaires qui ont quitté de manière imprévue sont remplacées par d’autres infirm. aux. Les nouvelles inf. aux.
ont reçu une formation de la part de l’infirmière cheffe ou du coordinateur de la stimulation sensorielle et ont assisté aux
rencontres de suivi dans l’application de la méthode snoezelen. Elles étaient aussi coachées sur comment donner des soins en
conformité avec le plan de soins snoezelen des résidents.
Mots-clés utilisés
Snoezelen, multi-sensory stimulation, workload, job satisfaction, burnout, nursing homes, dementia.
Formation
Les infirmières auxiliaires ont été formées au snoezelen par des formateurs qualifiés et expérimentés du centre Bernardus. La formation
interne incluait 4 sessions/sem. et des devoirs. Les objectifs principaux de la formation étaient d’améliorer les connaissances et
compétences des soignants avec le regard snoezelen et de motiver tous les membres de l’équipe à mettre en œuvre un nouveau modèle
de soins sur 24h. L’attention a été mise à l’histoire de vie des résidents, à l’attitude des soignants envers les résidents atteints de
démence, à l’observation des préférences sensorielles des résidents, à la compréhension de leurs besoins et aux compétences pratiques
nécessaires avec le regard de la stimulations sensorielle. Les stagiaires ont reçu un livre complet de soins, des formes d’observation
méthodologiques et un certificat. Au total, 59 infirmières auxiliaires et 6 infirmières cheffes ont assisté au programme de formation
comme 15 autres soignants qui n’étaient pas formellement inclus dans l’étude (personne qui donne à manger, animateur). La compliance
aux sessions de formation était de 92.5%. En moyenne, l’évaluation globale de la formation par les soignants sur une échelle de 10
points était de 8.4.
La mise œuvre dans le service :
Après la formation, les soignants ont commencé la mise en œuvre du snoezelen dans les soins quotidiens aux résidents. Les infirmières
auxiliaires ont demandé une histoire détaillée (récolte de données) de la vie des résidents et de leurs préférences en interviewant les
167
membres de leur famille. Le résident était ensuite observé durant 10 semaines 1h/session en utilisant la méthodologie acquise durant la
formation (sélection des stimuli préférés). Ensuite, les inf. aux. ont écrit un plan individuel de snoezelen dans le but d’intégrer les
conclusions de l’observation dans les soins quotidiens (24h) (ex : approche requise, comment le réveiller, si le résident est capable de
choisir ses propres habits, si aromathérapie, musique, parfum, maquillage peuvent être utilisés).
Suivi et rencontres générales :
3 rencontres internes de suivi ont été offertes aux soignants sur une période totale de 15 mois sous la guidance du même formateur. Le
but de ces rencontres de supervision est de soutenir la mise en œuvre du snoezelen dans les soins quotidiens (conseils pratiques,
échanges d’expérience, discussion de problèmes). En plus, il y a avait 2 rencontres générales auxquelles ont assisté 3 représentants de
chaque home (infirmières cheffes, directeurs des soins). Le but de ces rencontres était de soutenir la mise en œuvre du snoezelen au
niveau organisationnel/logistique.
Les effets de l’intervention sur les résidents :
Dans une étude parallèle (Van Weert et al, 2005, Behavioral and mood effects of snoezelen, integrated in 24-hour dementia care), les effets de l’intervention
décrite au-dessus sur les résidents ont été étudiés. L’efficacité du snoezelen a été étudiée par des observations du service et en analysant
des vidéos des soins du matin en utilisant des échelles d’observation du comportement et de l’humeur des personnes âgées démentes.
Les résultats des observations ont montré un effet significatif du traitement en faveur du groupe expérimental par rapport aux
comportements apathiques, à la perte de la dignité/fierté > négligence, aux comportements de rébellion, aux cpts agressifs et dépressifs.
Les résultats de l’analyse de la vidéo ont montré des changements significatifs dans le pré et post-test dans le bien-être et les
comportements adaptés (d’adaptation) des résidents dans le groupe expérimental. Un effet du traitement en faveur du groupe
expérimental a été trouvé par rapport à l’humeur, au bonheur et au contentement, au plaisir, aux bonnes relations avec les inf. aux.,
répondant à une conversation avec des phrases de longueur normale. Les résidents du groupe expérimental ont aussi montré une
diminution du niveau de tristesse, des comportements d’ennui/inactivité, de négativisme et du manque d’envie/lâcher-prise.
En conclusion, les résultats de cette étude parallèle soutiennent l’efficacité du snoezelen sur le comportement et l’humeur des résidents
des homes atteints de démence. Les soins snoezelen semblent diminuer de manière positive les comportements de retrait et les
comportements dérangeants (le fait de déranger) et dans l’amélioration de l’humeur et du bonheur. Les détails sur ces effets sur les
résidents ont été décrits dans une autre étude (Van Weert et al., 2005).
Cette étude élabore des conclusions sur l’étude des effets du snoezelen sur la qualité de vie des soignants au travail.
Analyse des données
Les aspects divers de la qualité de vie au travail ont été mesurés en utilisant l’échelle la plus fiable, valide et sensible en hollandais. Sauf
indication contraire, la cohérence interne des données était suffisante à bonne.
Charge de travail :
Le questionnaire « Expérience et évaluation du travail » (VBBA) de Van Veldhoven et Meijman (1994) a été utilisé comme échelle des
caractéristiques du job et des conditions de travail. 4 caractéristiques du job ont été mesurées : variétés de compétences, occasions
d’apprentissage, autonomie, droit à la parole. Les conditions de travail étaient mesurées dans la pression des horaires : vitesse et quantité
de travail et conflit de rôle : tâches qui sont contradictoires ou performantes que qqun ne préfère pas faire (effectuer des tâches que l’on
n’aimerait pas faire).
Les résultats psychologiques :
168
Job satisfaction : la satisfaction au travail des inf. aux. a été mesurée en utilisant l’échelle de Maastricht sur la satisfaction au travail dans
les soins (MAS-GZ). Cette échelle consiste en 7 sous-échelles avec 3 items, chacun d’eux est quoté sur une échelle de 5 points. De plus,
un score global de satisfaction est calculé en incluant tous les 21 items. 4 sous-échelles sont sélectionnées pour cette étude : satisfaction
avec qualité des soins, réalisation de soi, contacts avec les collègues et contacts avec les résidents. La bonne entente avec le chef et les
possibilités de promotion sont considérées comme moins pertinents. La satisfaction avec la clarté des tâches et des règles a été exclue de
l’analyse du sous-groupe à cause du bas coefficient de Cronbach.
Perceived problems (general) : Pour examiner les problèmes perçus par les inf. aux. dans les soins aux résidents déments, l’échelle de
NIVEL pour les problèmes perçus dans les soins de la démence (NSPP-DC) a été utilisée. C’est un questionnaire structuré
spécifiquement créé pour évaluer les problèmes des soignants dans les soins des personnes démentes. L’analyse des facteurs a fait
ressortir 4 sous-échelles avec un désaccord expliqué de 40,3 % : problèmes causés par un manque d’assurance/de confiance dans les
soins aux personnes âgées atteintes de démence, problèmes causés par un manque de temps, sentiments négatifs envers les cpts des
personnes âgées démentes et problèmes dans l’équilibre entre la participation émotionnelle et la distance professionnelle.
Perceived problems (specific behaviors) : L’échelle NIVEL pour les problèmes perçus avec les cpts spécifiques des patients atteints de
démence (NSPP-SB) a été conçue pour mesurer les problèmes des inf. aux. avec les cpts spécifiques souvent exprimés par les patients
déments. L’échelle consiste en 12 sous-échelles : problèmes avec les cpts durant les soins du matin, cpts agités, agression, symptômes
psychiatriques, cpts odieux, désobligeants, cpts durant les repas, cpts revendicateurs, cpts désorientés, cpts dépressifs, la perte de la
dignité, l’isolement social, les troubles du langage (énonciation du langage). Un score total de l’échelle est calculé en incluant les 60
items.
Stress reactions : La version courte du questionnaire général de la santé (GHQ-12) a été utilisée pour mesurer le stress perçu par les inf.
aux. sur une gamme de 0 à 12. Les évaluations étaient relatives aux semaines précédant l’administration de l’échelle. Chacun des 12
items étaient classés dans une des 4 catégories de réponse : absent (0 point), la même chose que d’habitude (0 point), plus que d’habitude
(1 point) ou beaucoup plus que d’habitude (1 point).
Burnout : Le burn-out a été décrit comme un syndrome d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et diminuant l’accomplissement
personnel. La traduction hollandaise de l’inventaire du burnout de Maslach (MBI-NL) est spécialement développée pour mesurer le
burnout dans les secteurs des services humains, et a donc été utilisé pour l’évaluation du burnout. L’inventaire de Maslach consiste en 3
sous-échelles : épuisement émotionnel, dépersonnalisation, accomplissement personnel avec un total de 20 items. A cause du faible
score de Cronbach pour la sous-échelle dépersonnalisation qui soutient les conclusions précédentes sur la cohérence interne de cette
sous-échelle, elle est donc exclue de l’analyse.
Gestion des données et analyses :
Data management : Tous les questionnaires ont été critiqués immédiatement après qu’ils les aient reçus. Les questionnaires incomplets
ont été retournés aux inf. aux. Les valeurs manquantes qui restent sur les items qui étaient une part d’une échelle ont été remplacées
selon « la valeur moyenne de principe de sous-test valable » : les valeurs manquantes ont été remplacées par les valeurs moyennes
calculées à partir du score d’items valides de l’échelle obtenue pour le cas au même moment. Cette stratégie de remplacement a été
utilisée seulement si 25 % ou moins des items avaient des valeurs manquantes Si plus de 25 % des items avaient des valeurs
manquantes, l’échelle de ce cas était exclue de l’analyse (n dans les tableaux représentent le nbre de questionnaires qui ont pu être
analysés).
169
Data analysis : Des statistiques descriptives ont été obtenues sur les caractéristiques démographiques des sujets dans le pré et post-test et
dans le groupe expérimental et le groupe contrôle. Les différences dans ces variables ont été examinées en utilisant x 2test ou t-test qui
était aussi utilisé pour examiner les différences entre les complétants (=finissant) et les non-complétants (non-finissant) (ceux qui ont
arrêté l’étude et les nouvelles inf. aux. incluses). Comme ceux qui ont arrêtés étaient substitués par les nouvelles inf. aux., des analyses
multi-niveaux, exécutées avec MLwiN-software, ont été utilisées pour l’analyse des données. Un modèle d’analyse à plusieurs niveaux
de mesures répétées a été choisi qui prend en compte tous les données disponibles d’une façon adéquate : les données des finissants et
des non-finissant et des nouvelles inf. aux. L’analyse multi-niveau prend aussi en compte l’influence entre autre des mesures, causée par
la structure hiérarchique des données. Ils distinguent 3 niveaux d’analyse : 1. Mesure, 2. Inf. aux. et 3. Service. En incluant le niveau du
service, les similarités à l’intérieur des services pourraient être prises en compte, signifiant que les inf. aux. sont impliquées dans le
service et l’effet et son interaction sont prises en compte. Les changements de scores sont calculés pour comparer le taux de changement
en travers du groupe expérimental et du groupe contrôle sur chaque mesure du pré et post-test. Les différences de moyenne pour le pré et
le post-test dans le groupe expérimental ont été mises à l’épreuve contre les différences de moyenne dans le groupe contrôle. Des
analyses supplémentaires ajustées ont été conduites dans lesquelles les caractéristiques suivantes ont été ajoutées comme des
covariantes : âge, sexe, années d’expérience, années de travail dans ce service et heures de travail par semaine.
Résultats Réponses :
Au total, 129 questionnaires d’inf. aux. ont été analysés pour le pré-test (64 dans le gr. exp. et 65 dans le gr. contrôle) et 127 pour le
post-test (64 ds le groupe exp. et 63 ds le gr. contrôle).
Caractéristiques du contexte :
Le tableau 1 résume les caractéristiques démographiques des inf. aux. dans le pré et le post-test. Le tableau montre que les
caractéristiques du contexte du groupe exp. et du groupe contrôle sont en grande partie comparable. Il n’y a pas de différence
significative entre le groupe expérimental et le groupe contrôle dans le pré et le post-test, non plus entre les mesures dans le groupe
expérimental et le groupe contrôle.
Résultats
Charge de travail :
Le tableau 2 montre les moyennes ajustées estimées (95 % d’intervalle de confiance) et le score de changement du groupe expérimental
en comparaison avec le groupe de contrôle sur toutes les variables par rapport à la charge de travail. Sur toutes les mesures dans ce
tableau, les changements positifs indiquent un changement en faveur du groupe expérimental.
Un effet significatif du traitement a été obtenu pour « droit à la parole », « conflit de rôle » et « pression du temps ». La pression du
temps diminue significativement dans le groupe expérimental. Les effets de « droit à la parole» et « conflit de rôle » ont été obtenu car
d’après le groupe contrôle, « droit à la parole » et « conflit de rôle » ont significativement changé négativement en comparaison avec le
pré-test.
Résultats psychologiques :
Les effets du snoezelen sur les problèmes perçus par les inf. aux., la partie de l’impact psychologique lié au travail, sont présentés dans
le tableau 3. Dans ce tableau, les changements positifs indiquent un changement favorable en faveur du groupe exp.
Les scores au NIVEL (NSPP-DC) montrent un effet significatif du traitement en faveur du groupe exp. pour les sous-échelles « manque
d’assurance dans les soins » et problèmes causés par « un manque de temps ». Dans le groupe expérimental, il y a aussi un changement
170
significatif entre le pré et le post-test pour la sous échelle « sentiments négatifs envers les personnes âgées atteintes de démence ». Le
dernier, cependant n’a pas abouti à un effet significatif du traitement.
Le groupe exp. a aussi montré un changement positif significatif dans le score total des problèmes perçus avec les cpts spécifiques des
personnes atteintes de démence (NSPP-SP). En ce qui concerne les sous-échelles de cette échelle, un effet significatif du traitement a été
trouvé pour les cpts dépressifs (score de chgt : 2.47, p > 0.001 = significatif), perte de la dignité (2.08 ; p<0.05) et pour les cpts agités
(1.79 ; p<0.05) (pas représenté dans le tableau).
Le tableau 4 présente les moyennes ajustées estimées et les scores de changement pour le groupe exp. en comparaison avec le gr.
contrôle sur les réactions au stress, la satisfaction au travail et le burnout, toute la partie des résultats/impact psychologiques liés au
travail. Sur les mesures représentant la satisfaction au travail et la sous-échelle de burnout « accomplissement personnel », un score de
changement négatif indique un changement positif en faveur du groupe exp. Sur les autres mesures, un score de chgt positif est en faveur
du groupe exp. Il y a un effet significatif sur les réactions stress et l’épuisement émotionnel en faveur du groupe exp. Des améliorations
significatives en faveur du groupe exp. ont aussi été obtenues dans la satisfaction avec la qualité des soins, avec le contact avec les
résidents et la satisfaction totale. Pour ces sous-échelles, il y a un changement positif pour le pré et le post-test dans le groupe exp.
comme un effet positif du TTT. La satisfaction avec l’auto-actualisation a montré un changement significatif dans le pré et le post-test
comme un résultat d’augmentation de la satisfaction (p<0.1) dans le groupe exp. et de diminution de satisfaction (p<0.05) dans le groupe
contrôle.
Cadres de référence et Cadres de référence et concepts
concepts utilisés Le cadre de référence de cette étude est l’approche snoezelen aussi appelée stimulation multi-sensorielle. Dans cette étude, le snoezelen
est défini comme une approche, intégrée dans les soins sur 24h, qui stimule activement les sens (ouïe, toucher, vue, odorat) dans un
Discussion et seuil de environnement non-menaçant et orienté sur les résidents. Le but est de fournir une stimulation sensorielle douce et individuelle sans
signification avoir à fournir un processus cognitif (mémoire, apprentissage) afin de parvenir à ou maintenir un état de bien-être.
Le snoezelen devrait réduire les comportements inadaptés et augmenter les cpts positifs des résidents atteints de démence mais aussi
réduire le stress des soignants et de là améliorer la qualité de vie au travail. Toutefois, la preuve des avantages attendus du snoezelen
pour les soignants est limitée.
Le concept développé dans cette étude est la qualité de vie au travail. Ils le définissent comme un ensemble d’aspects associés. Il s’agit
de la charge de travail, le stress, la satisfaction au travail et le burn-out. Ces aspects ont reçu plus d’attention dans les recherches dans les
différents services de soins. Arts et al. (2001) ont intégré 3 modèles existants sur la qualité de vie au travail dans un nouveau modèle,
reflétant la relation entre la charge de travail d’un côté et les résultats physiques et psychologiques du travail de l’autre côté avec un
tampon (porte de sortie) dans la capacité à faire face. Dans cette étude, ce modèle est adapté au but de cette recherche. La relation
hypothétique entre la mise en œuvre du snoezelen, la charge de travail (caractéristiques organisationnels, caract. du job, les conditions de
travail) et les résultats psychologiques du travail (satisfaction au travail, réactions de stress, burnout) sont montrée dans un tableau. (voir
ds hypothèse).
Discussion
Les résultats de cette étude soutiennent l’efficacité du snoezelen dans l’amélioration de la qualité de vie au travail des inf. aux. dans les
soins de la démence. En ce qui concerne la charge de travail, la pression du temps diminue du pré-test au post-test dans le groupe exp.,
bien que le nbre de membres de l’équipe n’a pas augmenté. Les inf. aux. travaillant dans le service qui met en œuvre le snoezelen dans
171
les soins quotidiens ont montré moins de réactions de stress et moins d’épuisement émotionnel que dans l’application des soins
habituels. Le groupe exp. était plus satisfait de son contact avec les résidents et avec la qualité des soins que dans le gr. contrôle. La
satisfaction totale et la satisfaction avec la croissance/maturation développementale ont aussi montré un effet du TTT en faveur du
groupe expérimental. De plus, le groupe exp. a noté moins de problèmes causés par le manque de temps et par l’incertitude. Ils ont aussi
perçu moins de problèmes avec les comportements spécifiques des résidents, spécialement avec les cpts dépressifs, la perte de
bienséance et les cpts agités. Dans l’étude parallèle étudiant les effets du snoezelen sur les cpts des personnes démentes dans les homes,
des effets positifs ont été trouvés, entre autre, sur la dépression, l’apathie et la perte de bienséance (Van Weert et al., 2005). Ces cpts
semblent être sensibles à l’approche snoezelen. Dans cette étude, les inf. aux. ont aussi rapporté qu’elles pourraient mieux faire face à
ces cpts après la mise en œuvre du snoezelen. Les résultats sont conformes avec les expériences subjectives des inf. aux. participantes,
évalués durant les rencontres de suivi et les interviews avec les infirmières cheffes et les leaders du projet. Les inf. aux. ont mentionné
que, d’une part, les résidents retirés deviennent plus réceptifs, et d’autre part, les résidents avec des cpts dérangeants deviennent plus
calme. Elles rapportent que la mise en œuvre du snoezelen a abouti à un style de travail plus décontracté, mais qu’elles sont encore en
mesure d’obtenir le travail fini, par exemple parce qu’elles étaient moins gênées par les cpts dérangeants des résidents. Les facteurs
relatifs à la charge de travail, à l’impact sur les résidents et l’impact psychologiques sur les soignants, semblent se renforcer
mutuellement dans le processus circulaire lequel indique que le modèle de recherche d’hypothèses devrait être étendu à l’impact sur les
résidents. Comment ces facteurs interagissent précisément les uns avec les autres doit être déterminé dans les recherches futures.
Les résultats sont en partie en faveur de la littérature récente. Hoffman et Scott (2003) ont constaté que les infirmières ont éprouvé un
accomplissement professionnel plus grand et une satisfaction de carrière quand les stratégies sont mises en œuvre promouvant des
environnements de pratique autonomes, reconnaissant un statut de professionnel et fournissant des motivations (primes). Le snoezelen
convient le mieux dans un environnement de travail centré sur l’équipe, répondant aux besoins d’autonomie et de reconnaissance
professionnelle mais pas à une augmentation du salaire. Selon Shelledy et al. (1992), la satisfaction de la paie ne peut pas seulement être
prévue par le salaire réel mais aussi par des facteurs comme l’indépendance de travail, le stress au travail et le climat organisationnel.
Les institutions devraient par conséquent chercher des façons d’éclaircir les demandes au travail et de rendre le travail plus intéressant
(Chappell et Novak, 1992). La mise en œuvre du snoezelen semble être un outil approprié pour atteindre ces buts. Cela amène la
question de savoir si les homes ont les moyens financiers pour mettre en œuvre un modèle de soins innovateur comme le snoezelen.
Dans cette étude, l’environnement snoezelen a été élargi à un concept multidimensionnel, c’est-à-dire un paquet total qui doit être
appliqué pendant la journée par tous les soignants impliqués, y compris une attitude orientée sur le résident et une stimulation
sensorielle. Le dernier ne doit pas être un paquet de haute technologie. Une chambre spéciale snoezelen peut avoir des valeurs
supplémentaires, mais n’est certainement pas exigé. Des attributs simples dans l’environnement des résidents combinés avec une
certaine créativité des soignants sont suffisants. Cela signifie que les investissements dans l’équipement snoezelen pourraient varier
autour de 200 euros (seulement des attributs simples) à 25'000 euros (pour une chambre snoezelen bien équipée) voire plus (pour une
salle de bain snoezelen). Un investissement qui a certainement dû être fait dans la formation en snoezelen, de préférence pour toutes les
inf. aux mais aussi pour les superviseurs et les autres disciplines, comme les thérapeutes d’activités. La formation coûte autour de 365
euros par stagiaire ou 3000 euros par cours interne pour 15 stagiaires (excluant l’allocation de voyage). Les coûts de formation doivent
être évalués structurellement pour former les nouveaux membres de l’équipe. De plus, il est recommandé de noter/évaluer les coûts pour
les rencontres de supervision pour soutenir la mise en œuvre.
172
Limites :
Quelques considérations méthodologiques requièrent l’attention. Premièrement, bien que le modèle à multi-niveaux prenne en compte
les données des finissants (inclus dans le pré et le post-test) comme les non-finissants (inclus dans le pré et le post-test), les résultats
pourraient être biaisés. Il n’y avait pas de différence suffisante entre les finissants et ceux qui ont arrêté ou entre les finissants et les
nouvelles inf. aux. inclues en ce qui concerne les caractéristiques générales et les mesures des résultats. De plus, les analyses des sous-
groupes post hoc ont été effectuées sur les variables qui ont montré des chgts significatifs. Les résultats n’ont pas montré de
contradiction entre le sous-groupe de finissants et le groupe total. Par conséquent, pas de grand biais dans les résultats par les licenciés et
les nouvelles inf. aux. n’est supposé.
Deuxièmement, la mise en œuvre du snoezelen dans les services expérimentaux a apporté un nouvel enthousiasme pour les membres de
l’équipe. Cela pourrait être comparé à un effet Hawthorne parce que l’intervention a été comparée à la vie réelle des soins quotidiens de
la démence donnés par le groupe contrôle. Les soignants qui ont eu l’opportunité de suivre un cours de formation ont amélioré leur
satisfaction indépendamment du contenu du cours. Cependant, si l’effet Hawthorne expliquerait tous ces résultats, cet effet se serait
produit dans les études précédentes qui utilisaient des soins standards dans les groupes contrôle. De plus, nos résultats n’étaient pas
marginaux mais étaient convaincants et en conformité avec les conclusions des études parallèles. Par conséquent, l’effet Hathworne n’est
pas assumé pour expliquer tous les effets dans cette étude.
Troisièmement, les mesures de résultats ne pouvaient être aveuglées, ce qui peut conduire à une surestimation des effets. Par conséquent,
les échelles complètes ont été incluses dans le questionnaire, bien que nous ne nous soyons pas attendus à des effets sur toutes les sous-
échelles. Les effets trouvés étaient en conformité avec les effets supposés.
Conclusion et recommandations :
Les résultats suggèrent que la mise en œuvre du snoezelen est ajoutée à la qualité de vie au travail des inf. aux. dans les soins en
psychogériatrie. Pour confirmer nos conclusions, l’étude pourrait être répétée, de préférence en exposant un second groupe contrôle au
traitement qui est équivalent au TTT de snoezelen (éducation et formation). En attendant, la mise en œuvre de ce nouveau modèle dans
les services de psychogér. avec des patients modérément à sévérement atteint de démence semble être prometteur. Dans les études
futures, les recherches recommandées sont sur la diminution du stress au travail, l’augmentation de la satisfaction au travail et la
diminution de l’épuisement émotionnel à inclure dans des résultats physiques comme la diminution des congés maladie.
Conflits ou déclaration d’intérêts :
Ce projet de recherche a été financé par l’organisation hollandaise pour la recherche dans la santé et le développement, par le programme
de recherche « Soins vieux », par la fondation centrale RVVZ et la province de Zeeland. Barry Emons a donné une remise sur le matériel
de snoezelen pour les services expérimentaux. Il n’y avait pas de relation financière entre les auteurs et avec n’importe quelle
organisation avec un droit acquis dans la conduite et le reportage de l’étude.
Description des rôles des auteurs :
Les résultats de cette étude sont une partie de la thèse du premier auteur J. van Weert qui a collecté les données, conduit l’analyse
statistique et écrit l’essai. S. van Dulmen était le superviseur et le copromoteur du premier auteur. P. Spreeuwenberg était responsable de
l’analyse multi-niveaux. J. Bensing a soumis l’application et a été le premier promoteur du premier auteur. M. Ribbe a fourni les
connaissances supplémentaires d’un autre home et était le second promoteur du premier auteur.
Seuil de signification :
173
Voir grille d’analyse critique
Commentaires en lien L’étude précédemment consultée (Livingston et al., 2005), n’a pas ressorti d’effets sur le long terme dans les cpts perturbateurs lors de
avec la question de l’utilisation du snoezelen. La différence avec cette étude est que l’approche snoezelen était utilisée dans des périodes définies ce qui
n’est pas le cas dans cette étude. De plus, dans cette étude, les auteurs se sont intéressés aussi au vécu des soignants par rapport à cette
recherche approche.
Ils ont pu mettre en évidence un effet du snoezelen dans l’amélioration de la qualité de vie au travail des inf. aux. dans les soins aux
personnes démentes. Les inf. aux. présentaient moins d’épuisement émotionnel et moins de réactions de stress probablement par le fait
qu’elles arrivaient mieux à gérer les cpts perturbateurs des résidents et étaient moins « gênées » par ceux-ci. Elles mentionnent aussi une
plus grande satisfaction dans les contacts qu’elles ont eus avec les résidents. A notre sens, ceci signifie aussi implicitement l’importance
d’avoir une formation pour s’occuper de personnes atteintes de démence puisque toutes les inf. aux. qui ont participé à cette recherche
ont reçu une formation sur l’approche du snoezelen ainsi que des moments de supervision (discussions, échange de conseils…).
Ces éléments nous semblent importants par rapport à notre question de recherche, puisque nous cherchons des interventions infirmières
qui peuvent aider à maintenir une communication et une relation avec les personnes démentes. Selon cette étude, l’approche snoezelen
pourrait être une piste. Nous soulevons aussi que la population retenue dans cette étude correspond totalement à la population cible de
notre question de recherche, à savoir les personnes sévèrement atteinte de démence.
Nous souhaitons aussi consulter d’autres recherches de Van Weert et al. dont nous avons les références dans cette étude. Une étude a été
faite en parallèle à celle-ci, notamment sur les effets du snoezelen sur l’humeur et les cpts des personnes atteintes de démence. Les cpts
les plus sensibles au snoezelen semblent être la dépression, l’apathie…
De plus, les personnes agitées semblent être plus calmes avec cette approche.
L’ambiance de travail semble aussi être améliorée notamment par le fait que les inf. aux. se sentent moins gênées par ces cpts.
Toutefois, les auteurs relèvent la question de savoir si les homes ont les capacités financières pour la mise en place d’une telle approche.
Cependant, ils mentionnent aussi qu’il n’est pas forcément nécessaire de faire de gros investissements pour utiliser ce modèle de soins.
Nous souhaitons retenir cette étude car elle donne des informations sur l’impact sur la qualité de vie au travail des soignants et sur des
pistes d’interventions infirmières que l’on pourrait imaginer pour maintenir une communication et une relation avec les personnes
démentes.
Nous avons conscience que les soignants dans cette étude étaient des infirmières auxiliaires. Toutefois, les SCPD n’ont pas seulement un
impact sur les infirmières c’est pourquoi il est intéressant de tenir compte de ces résultats. De plus, ces interventions sont à discuter à
notre sens, en équipe et dans les homes, les soignants sont en majorité des aides-soignantes.
Grille de lecture critique d’un article scientifique quantitatif : Van Weert et al. (2005) (1)
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Titre -Permet-il de saisir le problème de X
recherche ?
174
Résumé -Contient-il les principales parties de la
recherche (par ex., l’introduction, le cadre
théorique, la méthodologie, etc.)?
Introduction -Le problème de recherche est-il énoncé
Enoncé du problème clairement ?
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur les
variables étudiées ?
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts sont-ils X Le cadre conceptuel à savoir le modèle de recherche sur la qualité de vie au
conceptuel définis ? travail est très bien décrit et présenté notamment à l’aide d’un tableau.
L’explication du cadre de référence choisi pour cette étude est très
rapidement décrit dans l’introduction de même que le concept à l’étude (le
snoezelen)
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement X Les hypothèses sont clairement décrites et mises en évidence dans le texte.
formulées ?
-Découlent-elles de l’état des connaissances X Elles sont basées sur le modèle de recherche sur la qualité de vie au travail.
(théories et recherches antérieures ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? Il s’agit d’un devis de recherche quasi expérimental car il n’y a pas eu à
Devis de recherche chaque fois une répartition aléatoire. Le devis quasi expérimental est moins
efficace parce que, en l’absence de répartition aléatoire, il est impossible de
supposer que le groupe expérimental et le groupe témoin sont équivalents au
départ » (Loiselle & Profetto-McGrath, 2007, p.190).
Certains services ont été répartis de manière aléatoire et les autres ont été
répartis selon des critères pratiques > risque de biais. Toutefois, les auteurs
disent avoir évaluer ces risques de biais.
Population -La description de l’échantillon est-elle X Les critères d’inclusion à la fois du service et des infirmières aux. sont
et contexte suffisamment détaillée ? présentés de manière détaillée.
-La taille de l’échantillon est-elle adéquate X Cela fait un total de 120 infirmières aux. ce qui représente quand même un
par rapport au contexte de la recherche ? chiffre considérable.
Collecte des données -Les instruments de collecte des données
et mesures sont-ils décrits ?
-Les variables à mesurer sont-elles décrites
et opérationnalisées ?
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle décrite ?
l’étude -A-t-on pris les mesures appropriées afin de
préserver les droits des participants
175
(éthique) ?
Résultats Des analyses statistiques ont-elles été X Toutes les mesures statistiques utilisées ont été décrites avec précision.
Traitement des entreprises pour répondre à chacune des
données hypothèses ?
176
pas forcément les mêmes caractéristiques > limite mentionnée par les
auteurs.
La validité externe :
« La validité externe réfère à la possibilité de généraliser les résultats d’une
étude à d’autres personnes que les seuls participants et à d’autres contextes
que ceux qui sont considérés dans l’étude. La validité externe ne peut être
appréciée que si les conditions pour assurer la validité interne ont été jugées
satisfaisantes » (Cook et Campbell, 1979 cité par Fortin, 2006, p. 182). Les
facteurs d’invalidité externe sont : l’effet de réactivité (effet hawthorne) >
c’est l’effet que peut avoir sur le déroulement de la recherche le fait d’être
conscient de participer à une étude. Cet effet se traduit par une modification
du cpt ou par une tendance à donner des réponses favorables, les biais du
chercheur (effet pygmalion) > les caractéristiques du chercheur peuvent
influer sur l’attitude des participants. Si un chercheur désire obtenir la
confirmation de ses hypothèses et amène inconsciemment les participants à
vouloir le satisfaire, il peu en résulter des évaluations biaisées...
Dans cette étude, il relève un effet de hawthorne possible puisque les
soignants dans le groupe expérimental ont eu un nouvel enthousiasme et
donc peut-être un comportement modifié. Toutefois, les auteurs ne sont pas
sûrs de cela.
Il nous semble que cette étude a un haut degré de validité interne et externe
car nous n’avons pas identifié de facteurs particuliers pouvant les influencer.
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des X Les besoins en recherche sont mentionnés mais très peu détaillés.
conséquences de l’étude sur la pratique
clinique et sur les travaux de recherche à
venir ?
Questions générales -L’article est-il bien écrit, bien structuré et X
Présentation suffisamment détaillé pour se prêter à une
analyse critique minutieuse ?
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats probants X Cet article est très intéressant et permet de faire le lien entre les deux parties
susceptibles d’être utilisés dans la pratique de notre question de recherche et nous donne des pistes pertinentes.
infirmière ou de se révéler utiles pour la
discipline infirmière ?
177
Van Weert et al. (2005) (2) : Behavioral and Mood Effects of Snoezelen Integrated into 24-Hour Dementia Care
Auteurs Van Weert, J.C., Dulmen Van, A.M., Spreeuwenberg, P.M., Bensing, J.M. & Ribbe, M.W.
Titre de la recherche Behavioral and Mood Effects of Snoezelen Integrated into 24-Hour Dementia Care
Journal American Geriatrics Society
178
Bien-être : plus de bonheur/contentement, plus de joie, meilleure humeur.
Cpts adaptés : plus d’attention dans la relation à l’environnement, plus d’initiatives personnelles, meilleures relations avec les
soignants.
Cpts inadaptés : moins de cpts antisociaux, apathiques, perte de bienséance, perte de conscience, cpts de rébellion, cpts
d’agitation de désorientation, d’angoisse, d’agression et de dépression.
Buts de la recherche
Le but de l’étude est d’investiguer l’effet du snoezelen intégré sur le comportement et l’humeur des résidents souffrant de démence.
Population/échantillon 6 homes différents dans diverses parties des Pays-Bas sur un potentiel de 19 sites ont été sélectionnés pour cette étude. Les soins dans les
homes hollandais sont comparables à ceux pratiqués aux Etats-Unis. Il y a des salles séparées pour les patients atteints de démence.
Pour établir l’efficacité du snoezelen, un échantillon de 120 résidents (60 dans chaque groupe) a été requis. Pour être admis pour l’essai,
les résidents devaient remplir les critères d’inclusion suivants :
Démence modérée à sévère selon le DSM III diagnostiquée par un médecin
Une dépendance modérée à sévère dans les soins mesurée par l’échelle de dépendance utilisée en psychogériatrie. Le degré de
dépendance dans les soins est évalué sur une échelle de Lickert à 5 points. Une somme totale avec un rang théorique entre 15 et
75 peut être compté, le score le plus haut = le moins de dépendance dans les soins. La cohérence interne de l’échelle est haute.
L’absence d’un autre diagnostic psy. (ex. schizophrénie ou autre tr. psychotique)
Audition et vision complètement ou partiellement intacte
Non alité (grabataire)
Les soignants des services ont sélectionné au minimum 15 résidents qui remplissent les critères ci-dessus.
Les infirmières auxiliaires :
Chaque résident inclus est associé à une inf. auxiliaire qui connaît bien le patient. La majorité des soignants recrutés pour l’étude (81.4
%) travaillent en rotation. Les soignants temporaires, les étudiants et les infirmières travaillant seulement la nuit ne sont pas admis dans
l’étude. Les infirmières aux. participent au programme d’entraînement et aux sessions d’observation en partie sur leur temps de travail.
Design = devis Design
Aspects éthiques Un devis quasi-expérimental avec un pré et un post-test a été utilisé. L’étude a été exécutée dans 12 services de psychogériatrie de 6
homes. Chaque home a désigné un service expérimental et un service contrôle. Les 6 services expérimental ont mis en place le snoezelen
dans les soins sur 24h. Les soins habituels se sont poursuivis dans les 6 autres services contrôle. La période de mise en œuvre a duré 18
mois par service entre janvier 2001 et février 2003. Les mesures ont été exécutées à la ligne de base et après 18 mois.
Aspects éthiques
Près d’un mois avant les mesures, les représentants légaux (tuteurs) des résidents sélectionnés ont été informés par mail de la nature et
du contenu de l’étude. Il leur a été demandé de signer un consentement qui permettait de filmer les soins du matin pour des buts de
recherche et l’utilisation des caractéristiques médicales de fond. Les tuteurs ont été informés de leurs droits de se retirer à n’importe quel
moment de l’étude.
Le consentement de la part des soignants a été obtenu par le directeur des soins.
Méthodologie Collecte des données
Chaque couple infirmière aux. – résident ont été enregistré une fois dans le pré-test et une fois dans le post-test durant les soins du matin
179
en utilisant une caméra sur pied. 12 inf. aux. (7 dans le pré-test et 5 dans le post-test) ont été enregistré 2 fois parce qu’elles étaient plus
résidentes qu’inf. Quand le niveau de capacités intellectuelles du patient permettait la communication verbale, l’inf. aux. informait le
résident de l’enregistrement vidéo et lui demandait son accord. L’inf. aux. et l’assistant de recherche ont été instruit pour arrêter
l’enregistrement quand ils notaient des réactions négatives de la part du résident. Immédiatement après les soins du matin, la possibilité
est donnée aux inf. aux. de révéler leurs sentiments sur l’enregistrement vidéo. Bien que, en général, elles ressentent du stress en avance,
la majorité a rapporté après coups que le stress n’a pas réellement affecté leur cpt et que la vidéo reflète la situation réelle. Malgré le fait
évident qu’ils étaient en train d’être observé, les inf. aux. et les résidents se sont adaptés à la présence de l’observateur comme rapporté
précédemment. 37 inf. aux sur 117 ont été perdues dans le suivi, principalement parce qu’elles ont changé de job (19 dans le groupe
expérimental et 18 dans le groupe contrôle), des nouvelles inf. aux. les ont remplacées. Pour être capable d’appliquer la méthode
snoezelen, les nouvelles inf. aux. ont reçu une formation au travail et assisteront aux prochaines rencontres. Le groupe expérimental et le
groupe contrôle d’inf. aux. n’a pas de différence significative dans les caractéristiques. Au début, 92.2 % étaient des femmes et elles
avaient une moyenne d’âge de 34.9 ans. La moyenne d’années d’expérience était de 7.6 ans. En moyenne, elles travaillaient 29.1 heures
par semaine.
Stratégies avec la perte de suivi :
Pour être sûr qu’au moins 60 résidents pourraient être inclus dans chaque situation dans le post-test, le service expérimental a été instruit
pour appliquer des soins snoezelen à tous les résidents (aussi les nouveaux) qui remplissent les critères d’inclusion. En conséquence, une
seconde cohorte de sujet devra être recruté pour remplacer les pers. manquantes de la première cohorte de résidents. 3 mois avant le
post-test, la même procédure de consentement éclairé a été suivie pour obtenir un consentement par procuration des tuteurs légaux des
nouveaux résidents admis. Une fois que le nouveau modèle (snoezelen dans les soins de 24h) a été mis en œuvre avec succès, le
programme snoezelen était censé être efficace au niveau des résidents à 3 mois, bien que le post-test était prévu 18 mois après le pré-test,
parce que 15 mois est considéré comme le temps minimum nécessaire pour une mise en œuvre réussie du nouveau modèle de soins. Ce
temps est requis pour effectuer un changement des soins orientés sur la tâche vers des soins orientés sur le résident et pour effectuer un
changement dans le niveau d’organisation, comme un investissement dans le matériel de snoezelen, adapter les plannings quotidiens, les
activités et les procédures (ex : ne pas réveiller les résidents qui préfèrent dormir tard le matin, ne pas presser pour être prêt avec les
soins du matin avant le déjeuner).
Intervention :
Un professionnel qualifié et expérimenté du centre Bernadus Expertise, un home avec un centre spécialisé dans le snoezelen a formé les
inf. aux au snoezelen. La formation inclue 4 heures par sessions sur 4 semaines (16 heures en tout) et des devoirs. Les objectifs
principaux étaient de motiver les membres des équipes et améliorer leurs connaissances et compétences pratiques avec le regard des
soins orientés sur le patient (attitude vers la communication verbale et non-verbale) et le snoezelen (comment faire une anamnèse >
histoire de famille, examiner les problèmes spécifiques de cpts, observer les préférences sensorielles, adapter les plans de soins et
appliquer la stimulation sensorielle dans les soins quotidiens). Un manuel vaste sur le snoezelen était disponible avec des instructions
spécifiques, des méthodologies, des formes d’observation et exemples sur l’intégration du snoezelen dans les soins quotidiens. A la fin
du cours, les stagiaires ont reçu un certificat. 80 soignants ont assisté au programme de formation, 59 étaient des inf. aux. et 6 des inf.
cheffes. Les autres participants (pas inclus dans les mesures) étaient des thérapeutes d’activités (physio ?) (10), des diététiciens (2), un
manager de soins (1), un employé de commerce (1) et un étudiant infirmier. Par conséquent, presque l’équipe entière était formée. La
180
compliance avec les sessions de formation était de 92.5 %.
Après la formation, les inf. aux. ont pris une anamnèse détaillée de la vie des résidents et de leurs préférences en interviewant les
membres de leur famille. Ensuite, un tri / une sélection des stimulus de préférence a été organisé pendant 10 semaines (1 heure par
session). Une variété de stimulations sensorielles (tactile, visuelle, auditive, olfactive, gustative) est offerte aux résidents pour se
renseigner sur lesquels plaisent le plus au résident. Leurs réactions ont été observées et soigneusement inscrites.
Ensuite, les inf. aux. ont écrit individuellement un plan de soins snoezelen basé sur l’histoire de vie, la sélection de stimulus préférés et
les conférences mutlidisciplinaires. Le plan snoezelen décrit les comportements spécifiques des résidents et comment réagir à ces cpts (
ex : anxiété : Mme X. est anxieuse quand elle doit aller se coucher. Approche : s’asseoir sur le bord du lit, prendre sa main. Ensuite, elle
s’endort). Le plan snoezelen est traduit dans plan de soin snoezelen du résident pour intégrer l’approche requise dans les activités
quotidiennes (ex : quand se réveiller, si le résident est capable de choisir ses vêtements, si du parfum ou du maquillage peuvent être
utilisés, comment le contact doit être établi > yeux, si le résident aime être touché affectivement, si la musique ou l’aromathérapie
peuvent être utilisés, si les activités snoezelen peuvent être offertes dans la salle de séjour). Durant les consultations multidisciplinaires,
les plans snoezelen sont évalués et si nécessaire adaptés aux changements du résident dans sa réponse ou sa condition.
Chaque service expérimental a créé un groupe de travail, d’habitude comprenant 3 inf. aux., l’inf. cheffe et un thérapeute de l’activité ou
coordinateur en stimulation sensorielle. Le but du groupe de travail est d’évaluer le processus de mise en œuvre structurelle et faire des
adaptations si nécessaire. 3 rencontres de suivi sont offerts aux soignants (10 heures au total) sous la guidance du même professionnel
formateur. Le but de ces rencontres de supervision est de soutenir la mise en œuvre du snoezelen dans les soins quotidiens en discutant
les observations, en évaluant les plans de soins snoezelen et fournir des feed back et des exercices vidéo. De plus, 3 représentants
(infirmière cheffe, manager de soins) par home ont assisté à 2 rencontres générales qui soutiennent la mise en œuvre du snoezelen au
niveau organisationnel. Dépendant des embouteillages mentionnés par les membres exécutants, les problèmes de mise en œuvre dans le
groupe expérimental ont été discuté.
Critères d’inclusion
Les interviews avec les soignants ont révélé si les homes potentiels remplissaient les critères suivants :
Le snoezelen n’avait pas déjà été mis en œuvre dans les soins quotidiens pour ces résidents
La présence de 2 unités comparables (population de résidents,, composition des équipes de soins, modèle de soins utilisés,
niveau d’attention et d’aide) avec au moins 15 résidents qui remplissent les critères d’inclusion (supposition d’un tiers de non-
réponse) et au moins 10 inf. aux.
L’enthousiasme pour créer les conditions pour la mise en œuvre du snoezelen dans les soins quotidiens pour les services
expérimentaux
Pas de formation de snoezelen ou de mise en œuvre d’éléments de snoezelen durant la période de l’étude pour les services
contrôle.
La présence de conditions pratiques de base (ex : un fauteuil adapté pour les massages…)
Pas de changement d’organisation substantiel durant cette période
L’engagement à ces critères ont été disposé dans un accord coopératif.
Les 6 homes ont un nombre moyen de 194 résidents (entre 122 et 280) et 21 résidents par service (entre 15 et 32). En moyenne, la
dotation était de 0.15 inf. aux par résident (0.14-0.16). Dans tous les homes, les inf. aux s’occupent systématiquement des mêmes
181
résidents chaque jour. Pour être sélectionné dans le groupe expérimental ou le groupe contrôle dans le même home, le service contrôle
doit être comparable au service expérimental en terme de capacité, de dotation, de système d’assignation des résidents, de type de
service, de plans de soins utilisés et de niveau d’aide.
La randomisation a pris place au niveau du service. Dans 4 homes, les services ont été randomisés par une personne indépendante. 2
services ont été assigné au groupe expériemental en se basant sur des considérations pratiques (la présence d’une chambre pouvant être
utilisé comme une chambre de snoezelen par les autres thérapeutes). Cette décision a été prise après une évaluation minutieuse des autres
différences entre le service expérimental et le service contrôle qui pourrait amener à des préjudices dans les comparaisons de TTT
(population, motivation des soignants, atmosphère de travail) afin d’éviter les biais.
Mots-clés utilisés
Dementia, snoezelen, multisensory stimulation, effects
Analyse des données
L’efficacité du snoezelen a été étudiée en observant les résidants dans le service et sur les enregistrements vidéo des soins du matin. Les
observations dans le service ont été faites avec l’intention de donner un regard sur les comportements généraux des résidents durant les 2
dernières semaines. Les enregistrements vidéo ne peuvent pas détailler les observations des cpts des résidents durant un moment de soins
défini. Les soins du matin sont enregistrés parce qu’ils se passent dans chaque service et dans chaque home et permettent une
comparaison non biaisée entre le groupe traitement et le groupe contrôle.
Fiabilité interne des observations vidéo :
La fiabilité interne contrôlée sur les mesures d’observation a été conduit durant la formation des observateurs. La fiabilité finale entre les
observateurs a été calculée pour 25 à 250 enregistrements vidéo (10 %). La fiabilité interne des 24 items INTERACT sélectionnés était
de 0.83 et de 0.84 pour la FACE.
Interviews :
Après 15 mois, l’infirmière-cheffe du service contrôle a été interviewé pour renseigner si le service contrôle s’est abstenu de faire du
snoezelen durant cette période, conformément aux accords coopératifs. Les résultats ont révélé que sur 3 services contrôle, des inf. aux.
ont commencé à appliquer des parties de la méthodologie snoezelen dans les soins quotidiens (musique, aromathérapie) mais pas un ne
l’a intégré ces parties dans une approche individuelle, centrée sur le résident, donc aucun ne l’a intégré de manière structurée. Parce que
l’on considère ceux-ci comme des conditions importantes pour que le snoezelen soit efficace, aucun risque de contamination n’était
présent dans le service contrôle.
Analyse des données :
Tous les instruments ont été passés en revue immédiatement après l’achèvement ce qui a permis de contacter les inf. aux. s’il manquait
des données. La quantité de données manquantes pour le BIP, CMAI et CSDDD était donc négligeable. Les résultats des données pour
l’analyse vidéo étaient complets.
Des statistiques descriptives ont été obtenues sur les caractéristiques démographiques des sujets dans le pré et le post-test et dans le
groupe expérimental et le groupe contrôle. Les différences dans ces variables ont été examinées en utilisant le chi-square (tableau 2).
Comme les manquants ont été substitués par les nouveaux résidents, une analyse multi-niveau, performée en utilisant le modèle multi-
niveau de l’institut d’éducation de Londres, a été utilisée pour analyser les données. Un modèle mixte d’analyse multi-niveau pour des
mesures répétées a été choisi, qui prend en compte toutes les données disponibles d’une façon adéquate : 2 niveaux d’analyse se sont
182
distingués : mesure et résidents.
Pour comparer le taux de changement à travers les 2 groupes, les différences prétest/post test moyennes du groupe expérimental ont été
évaluées contre les différences prétest/post test moyennes dans le groupe contrôle.
Les caractéristisques suivantes ont sélectionnées comme covariantes appropriées dans l’analyse pour corriger des différences de
conditions et de caractéristiques de fond chez les résidents : dépendance dans les soins, tr. mémoire, âge, durée en home et le sexe.
Le nombre de services était trop petit pour comparer les sous-groupes des homes ou prendre les similitudes en considération
Résultats Résultats
Réponse :
Figure 2 présente l’organigramme d’étude.
Avant le pré-test, 155 tuteurs légaux ont été interpellés pour donner un consentement éclairé écrit ; 25 ont refusé (11 dans le groupe
expérimental et 14 dans le groupe contrôle). La raison principale était l’objection à l’enregistrement vidéo. Pas de différence
significative n’a été obtenue sur l’âge et le sexe entre les participants et les refusants. 4 cas (3 dans le prétest et 1 dans le post-test) ont
été exclus de l’analyse final parce que les informations sur les variables de fond manquaient. A cause du refus des résidents, 3
enregistrements vidéo des sujets expérimentaux manquaient. Comme ils recevaient le programme snoezelen, les observations du service
ont encore continué. Sur les 125 résidents analysés dans le prétest, 61 complétants peuvent être inclus dans le post-test.
Caractéristiques de fond :
Le tableau 2 résume les caractéristiques démographiques pour les sujets. Le tableau montre que le groupe expérimental et le groupe
contrôle sont en grande partie comparable sur les caractéristiques de fond. A la ligne de base, il n’y avait pas de différence significative
entre le groupe exp. et le groupe contrôle.
Résultats :
Le tableau 3 fournit les moyennes ajustées estimés (95 % d’intervalle de confiance) et le score de changement pour le groupe exp. et le
groupe de contrôle sur les cpts observés. Sur toutes les mesures, les scores de changement positif indique un changement en faveur du
groupe expér.
Un effet significatif du TTT a été obtenu pour les cpts apathiques, la perte de bienséance, les cpts de rébellion, les cpts agressifs et
dépressifs.
Les effets du snoezelen durant les soins du matin sont présentés dans le tableau 1. Sur les mesures représentant des sentiments positifs ou
de cpts adaptés (heureux/contentement, sentiment de joie, phrases de longueur normale), les scores de changement négatif indique un
changement en faveur du groupe expérimental. Sur les mesures représentant des cpts négatifs maladaptés (agitation, ennui/inactivité,
colère verbale), un score de changement positif indique un changement en faveur du TTT.
Des effets significatifs du TTT ont été vus dans les mesures de résultats des 9 INTERACT suivants : en larmes/triste, heureux/content,
parler avec une longueur de phrase normale, plaisir personnel, ennui/inactivité, répondant au discours, négativité/plaintes, répugance. Le
score sur FACE a aussi montré un effet significatif en faveur du groupe expérimental. Agitation et colère verbale s’améliore
marginalement (P<.100).
Cadres de référence et Cadres de référence et concepts
concepts utilisés Les auteurs utilisent l’approche snoezelen comme cadre de référence dans cette étude. Ils le définissent comme une approche qui stimule
activement les sens en utilisant la lumière, le son, l’odorat et le goût. L’application du snoezelen requière une attitude orientée sur le
Discussion et seuil de
183
signification résident, des connaissances et des compétences permettant aux soignants d’incorporer les circonstances personnelles comme les
habitudes de vie, les préférences, les désirs et la diversité culturelle pour parvenir à ou maintenir un niveau de bien-être. Par conséquent,
le snoezelen correspond au concept de « centration sur le patient ». Les soignants ne doivent pas se limiter à la plainte du résident mais
s’orienter vers le résident avec une plainte. La tâche principale du soin centré sur la personne démente est de maintenir la personnalité
face à la perte des facultés mentales en montant de l’empathie et par la connaissance de l’histoire personnelle de l’individu, sa
personnalité et ses besoins. L’attitude centrée sur la personne requise pour appliquer le snoezelen inclut les différents types
d’interactions décrites dans la structure dialectique comme les cpts positifs au travail.
Discussion
Les résultats de cette étude supportent l’efficacité du snoezelen dans les soins aux personnes démentes. Les résidents ont reçu une
approche snoezelen, intégré dans les soins de 24h démontrant significativement plus d’améliorations en ce qui concerne leur niveau de
cpt apathique, perte de bienséance, cpt de rébellion, cpt agressif, et dépression que le groupe contrôle qui reçoit des soins habituels.
Durant les soins du matin, les résidents recevant le programme snoezelen ont montré plus de bonheur et de joie, une relation meilleure
avec les inf. aux. et étaient plus sensible à la conversation et parlait plus fréquemment avec des phrases de longueur normale que le
groupe contrôle. Ils étaient aussi de meilleure humeur et montraient moins de tristesse, de cpts ennuyé et d’inactivité, négativité et
répugnance.
Bien que des occasions ont été rapportées dans lesquelles les participants avaient temporairement une détérioration du cpt ou des
problèmes sévères de cpt, lequel apportait un stop définitif aux sessions snoezelen, dans la présente étude, aucun participant n’a arrêté
pour cette raison. Une explication pourrait être que, dans cette étude, contrairement à la plupart des autres études, une sélection des
stimuli de préférence était une part de l’intervention. Cela a permis aux soignants d’exposer sélectivement les participants aux stimuli
qu’ils trouvent plus agréable et plus approprié à leur condition, lesquels sont recommandés pour prévenir ou minimiser les problèmes de
cpt dans le contexte snoezelen. Les améliorations trouvées pendant la session sont accord avec la découverte positive obtenue plus tôt,
dans des études moins rigoureuses (nombre limité de sessions, utilisation de données descriptives, conditions de contrôle faible).
Beaucoup de littérature sur le snoezelen démontre une vaste gamme de résultats positifs, mais il y a peu d’évidence (preuve) de
généralisation. 4 études trouvées ont montré des effets immédiats après la session plus favorables que ceux de conditions de contrôle,
cependant à long terme, des effets généralisés ont seulement été rapporté dans 2 des 6 études et ces études ne remplissaient pas les
critères d’une méthodologie de haute qualité. L’amélioration d’ensemble des cpts dans le service, trouvée dans cette étude, semble être
une indication d’effets généralisés des soins de snoezelen intégrés. Comme prévu, le snoezelen influence les cpts perturbés comme les
agressions physiques et rébellion et les cpts repliés comme l’apathie ou la dépression. L’effet d’un TTT a aussi été trouvé sur la perte de
bienséance laquelle n’a jamais été rapportée avant. L’augmentation de l’attention des inf. aux. pour les préférences des résidents pour
leur apparence personnelle, laquelle représente une part du programme de snoezelen intégré mais pas des sessions de snoezelen dans une
chambre spéciale décrit dans les études précédentes pourrait s’expliquer ici. Il n’y a pas d’amélioration généralisée des cpts antisociaux,
cpts d’agitation, cpts anxieux, perte de conscience, agression verbale ou des cpts physiquement non agressifs. Les cpts tombant dans le
domaine de la parole n’ont pas changé. Il est probable que le snoezelen ait moins d’effets sur ces domaines. Les symptômes négatifs
comme l’apathie et la perte de bienséance sont peut-être ouverts au TTT alors que des cpts plus complexes comme l’agitation, la
nervosité et l’anxiété où plus de compétences cognitives comme le langage semblent être plus difficile à influencer. Le(s) ingrédient(s)
efficace(s) réel(s) de l’intervention snoezelen reste toujours indéterminé. La combinaison de soins individualisés et centrés sur la
184
personne et un plan de soins de 24h intégrant la stimulation multi-sensorielle pourrait contribuer au succès, bien que de la recherche
scientifique supplémentaire serait nécessaire pour gagner plus de perspicacité sur les mécanismes sous-jacents.
Le but de l’utilisation de l’enregistrement vidéo pour les soins du matin était de fournir des données supplémentaires à l’observation
dans les services avec l’avantage de l’évaluation en aveugle. La limitation aux soins du matin peut créer un biais de mesure. Dans les
futures études, les observations vidéo devraient être étendues aux autres moments de soins.
Le post-test était limité à une mesure. Les futures études devront considérer les résultats des mesures à différents moments pour
renforcer les résultats. Les intervalles de mesure sont aussi recommandés pour investiguer l’efficacité du snoezelen à un niveau
individuel, pour renseigner si des résidents bénéficient plus de l’intervention snoezelen que d’autres.
Les résultats doivent être interprétés avec précaution parce que le groupe expérimental semble montrer plus de problèmes de
comportement au début que le groupe contrôle, bien que les interactions désordonnées comptent encore pour des résultats convaincants.
Il n’y a pas d’explication claire pour ces différences dans ces scores du début. Il pourrait y avoir des biais inattendus de sélection (ex : le
service expérimental pourrait avoir plus de passion à inclure les difficultés des résidents). Dans les recherches futures, ceci pourrait être
prévenu en sélectionnant les participants pour l’équipe de recherche (ex : après une période d’observation des résidents) en randomisant
le service après le prétest ou sélectionnant les résidents sur leur problème principal (ex : mettre le focus sur l’agressivité ou la
dépression).
Finalement, l’échelle INTERACT ne donnent pas de somme de scores et l’analyse item par item augmente le risque de faux positif
(erreur de type 1). Bien que pas de contradictions n’ont été trouvé dans les résultats, les études futures devraient développer une échelle
avec des sous-échelles de multi-items mesurant les mêmes domaines. Au début de cette étude, une telle mesure n’était pas disponible.
Seuil de signification :
Voir grille de lecture critique Van Weert et al. (2005) (1)
Commentaires en lien Nous avons déjà lu l’étude parallèle de Van Weert et al. (2005) sur les effets de la mise en œuvre du snoezelen sur la qualité de vie au
avec la question de travail. Nous ne ressortons donc que les infos supplémentaires que nous trouvons dans cette étude. Les résidents qui ont bénéficié d’une
approche snoezelen dans les soins de 24h démontrent significativement plus d’améliorations en ce qui concerne les cpts apathiques, de
recherche rébellion, agressifs et dépressifs que les résidents qui reçoivent les soins habituels. Toutefois, il n’y a pas d’amélioration généralisée des
cpts antisociaux, d’agitation, anxieux ainsi que dans les cpts du domaine de la parole. Ils attribuent cela au fait que ces cpts comme
l’agitation, l’anxiété sont des cpts complexes et donc plus difficiles à influencer. Nous retenons donc un bénéfice dans l’utilisation du
snoezelen pour quelques cpts mais pas pour tous. Ceci permet donc de relativiser quelque peu les bienfaits de cette approche peut-être
pour des stades précoces de la démence où l’anxiété, l’agitation et les troubles phasiques sont plus présents. Dans notre cas, nous nous
intéressons au stade avancé de la maladie où l’apathie et le retrait social sont importants et où le maintien de la relation et de la
communication est difficile. Cette étude aborde aussi la notion de communication et de relation. En effet, celle-ci était meilleure avec les
inf. aux. lors de l’utilisation de l’approche snoezelen Ceci constitue une donnée supplémentaire pour nous par rapport à notre question de
recherche. L’approche snoezelen intégrée dans les soins de 24h constituerait un élément intéressant pour maintenir une communication
et une relation avec les personnes sévèrement atteintes. Un autre élément que nous souhaitons relever est que dans cette étude, ils ont
décidé de faire un tri dans les différentes stimulations sensorielles possibles afin de mettre en évidence les préférences des résidents.
Ceci nous semble pertinent puisque chaque individu est différent et à une manifestation de la maladie qui est unique. Ceci renforce le fait
que notre prise en charge doit être personnalisée et avoir du sens pour la personne, c’est-à-dire en prenant en compte son histoire de vie,
185
ses habitudes…
Les auteurs ressortent aussi que leurs résultats sont en accord avec les découvertes positives obtenues dans les précédentes études
(amélioration des cpts durant les sessions de snoezelen). Toutefois, ils soulèvent que ces études manquaient parfois de rigueur et de
méthodologie précise.
L’utilisation de l’approche snoezelen est évaluée pour une période plus longue que simplement durant la session, mais il serait
intéressant de trouver des articles où l’évaluation des résultats ne se limiterait pas aux soins du matin par ex. mais considérerait d’autres
moments de la journée. Ceci renforcerait encore les résultats.
Van Weert et al. (2004) (3) : The implementation of snoezelen in psychogeriatrics care : an evaluation through the eyes of
caregivers
Auteurs Van Weert, J.C., Kerkstra (coordinateur nursing research) A., Dulmen Van, P.M., Bensing, J.M., Peter, J.(homme politique) & Ribbe,
M.W.
The implementation of snoezelen in psychogeriatrics care: an evaluation through the eyes of caregivers
Titre de la recherche International Journal of Nursing Studies
Journal 2004
Année de publication Netherland
Pays
CNA = certified nursing assistant = inf. aux., aide-s soignante-s
ARTICLE 3
Question de recherche Etat de la question :
Hypothèses La démence est une maladie neurologique progressive et irréversible qui affecte les domaines physique, cognitif, comportemental et
émotionnel de 1 % de la population hollandaise de 65 ans et plus. Cette augmentation va jusqu’à 40 % des personnes âgées de 90 ans et
Buts de la recherche plus. Comme une conséquence de la démence, les résidents des homes psychogériatriques perdent graduellement leurs capacités de
communication verbales et non verbales. Le snoezelen ou la stimulation multi-sensorielle est largement utilisée depuis 15 ans pour
améliorer la qualité de vie des résidents (Lancioni et al., 2002). Traditionnellement, le snoezelen est appliqué dans une chambre spéciale
avec un tableau d’équipement, offrant des stimulations multiples, couvrant tous les canaux sensoriels (vibration du lit, mobilier
confortable et doux, vapeurs d’arômes, lumières, miroirs et musique), certains stimulant ou relaxant (Noorden, 1999 : Lancioni et al.,
2002). Dans la présente étude, le snoezelen est étendu aux soins de 24h (voir définition dans le cadre de référence).
Les effets du snoezelen dans les soins à long terme ne sont pas bien connus (Chung et al., 2002). Nous sommes en train d’investiguer les
effets du snoezelen dans les soins à long terme des personnes démentes. Dans cette structure, il est important de connaître les facteurs
qui facilitent ou empêchent la mise en œuvre.
But de la recherche :
De là, le but de cet article est d’évaluer le processus de mise en œuvre de l’approche intégrée du snoezelen dans les soins quotidiens
186
délivrés par les inf. aux.
Beaucoup d’études d’intervention manquent sur l’enquête et le processus de traitement des variables, bien qu’ils permettent aux
chercheurs de comprendre que les aspects de l’intervention ont été mis en œuvre avec succès. Sans une évaluation précise si
l’intervention a été délivrée comme prévu, les conclusions quant aux mesures des résultats sont discutables (Phillips and van Ort, 1995 ;
Burgio et al., 2001). Voir dans concept pour un descriptif sur la formation.
Prendre un cours est seulement le premier pas pour la mise en œuvre. L’introduction d’un nouveau modèle de soins requière des
changements permanents de comportement chez les soignants. Les changements positifs dans les connaissances et compétences
n’amènent pas automatiquement des changements actuels dans les comportements. Le pas de « savoir » à « savoir comment » et
« montrer » est influencé par des caractéristiques organisationnelles et structurelles des professionnels travaillant l’environnement
(Kruijver, 2001). Une combinaison des approches apparaît comme le chemin le plus efficace pour achever les derniers changements
(Grol and Grimshaw, 1999). De plus, des ajustements organisationnels (ex : créer des conditions organisationnelles et structurelles,
restructurer les processus de soins, changer les tâches, fournir des ressources et du soutien) sont nécessaires pour maintenir le
changement.
En conclusion, les effets de la mise en œuvre d’un nouveau modèle de soins comme le snoezelen dépendent de différents facteurs qui
peuvent faciliter ou empêcher sa mise en œuvre. Cette étude, par conséquent, aborde les questions de recherche suivantes :
Quels facteurs facilitent ou empêchent la mise en œuvre du snoezelen dans un service expérimental aux yeux des soignants ?
Les soignants éprouvent-ils des changements au niveau des soignants, des résidents et de l’organisation suite à la mise en œuvre du
snoezelen dans les soins de 24h ?
Le modèle de recherche (voir dans cadre de référence)
Population/échantillon 6 services expérimentaux ayant mis en œuvre le snoezelen dans les soins de 24h ont été comparés à 6 services contrôle qui ont continué
à donner des soins standards. La période de mise en œuvre a duré 18 mois par service dans la période de janvier 2001 à février 2003.
Au total 80 soignants ont assisté au programme de formation,
Design = devis Un devis de pré-test et post-test randomisé avec un groupe contrôle a été exécuté. L’étude a été performée dans 12 services de
Aspects éthiques psychogériatrie dans 6 homes hollandais. Les homes inclus dans l’étude n’avaient jamais mis en œuvre le snoezelen dans les soins
quotidiens de leurs résidents. La randomisation a pris une place au niveau des services.
Méthodologie Le processus de mise en œuvre :
En bref, le processus de mise en œuvre dans les services expérimentaux a consisté en pas/étapes discutés dans les sections suivantes :
Formation :
Les inf. aux. ont été formées au snoezelen par des formateurs professionnels qualifiés et expérimentés du Centre Bernardus. La
formation interne a compris 4 sessions de 4h par semaine. Le but principal de la formation était d’améliorer les connaissances et les
compétences des soignants en ce qui concerne le snoezelen pour dissiper la répugnance si nécessaire et pour motiver tous les membres
de l’équipe à la mise en œuvre d’un nouveau modèle de soins dans les soins de 24h (box 1).
Le groupe d’étude :
Dans le dernier jour de formation, un groupe d’étude a commencé dans chaque home comprenant d’habitude 3 inf. aux., l’inf. cheffe et
un thérapeute de l’activité ou coordinateur dans la stimulation sensorielle. Le but du groupe d’étude était d’évaluer le processus de mise
en œuvre, d’adapter si nécessaire et de commencer de nouvelles activités appropriées aux besoins de chaque service.
187
Sélection des stimuli de préférence et plan de snoezelen (soins) :
Après la formation, les soignants ont commencé à utiliser le snoezelen dans les soins de 24h des résidents. Chaque inf. aux formées
correspond à un résident. L’inf. aux. prend une histoire détaillée de la vie des résidents et de ses préférences en interviewant les membres
de sa famille. Ensuite, la sélection des stimuli de préférence est arrangée pour trouver quels stimuli le résident aime le plus (Lancioni et
al., 2002). Donc, le résident participant a été observé pendant 10 sessions d’une heure par semaine, selon la méthodologie acquise
pendant la formation. A la fin de la période d’observation, l’inf. aux. a écrit un plan individuel de snoezelen basé sur ses observations.
Le plan snoezelen décrit les cpts spécifiques des résidents (ex : anxiété, détresse/souffrance ou agression et comment réagir à ces cpts
(ex : Anxiété : Mme X est anxieuse quand elle va au lit. Approche : s’asseoir sur le bord du lit, caresser sa joue, prendre sa main.
Ensuite, elle s’endormira bientôt). Ensuite, le plan snoezelen est traduit en « plan de soins snoezelen du résident », dans le but d’intégrer
l’approche requise dans les AVQ (Activities of Daily Life), en particulier les soins du matin. Ainsi, tous les autres soignants, incluant les
employés temporaires, sont informés sur comment le résident devrait être approché pour parvenir à ou maintenir un état optimal de bien-
être (ex : comment le résident doit être réveillé, comment le contact par les yeux peut être utilisé, si le résident est capable de choisir lui-
même ses vêtements, si le résident aime être touché, si l’aromathérapie, la musique, le parfum ou le maquillage peuvent être utilisés).
Aussi, les activités exécutées par les physio ou d’autres soignants sont basées sur la sélection de stimuli préférés et le plan snoezelen. Le
plan snoezelen, le plan de soins snoezelen et les activités ont été évalués et adaptés régulièrement, de préférence durant les consultations
interdisciplinaires. La méthodologie systématique du snoezelen est résumée dans la figure 2.
Rencontres de suivi :
Durant la période 18 mois de mise en œuvre, il a été offert aux soignants 3 rencontres de suivi interne sous la guidance du même
formateur professionnel. Le but de ces rencontres de suivi était de soutenir la mise en œuvre du snoezelen dans les soins quotidiens. Les
observations des réactions des résidents à la stimulation sensorielle ont été discutées et le développement de plans de soins intégrés,
basés sur les observations, a été évalué et soutenu. Les soignants ont aussi reçu des exercices vidéo et des feed-back. En plus, il y a eu 2
rencontres générales assistés par des représentants de chaque home (inf. cheffes, directeur de soins). Le but de ces rencontres était de
soutenir la mise en œuvre du snoezelen au niveau organisationnel. Dans la première rencontre, les participants ont reçu des informations
théoriques sur les barrières de mise en œuvre et ont appris comment écrire un plan de mise en œuvre à long terme. Dans la seconde
rencontre, ils ont dû présenter leurs plans de mise en œuvre entre eux. Dans les deux rencontres, il y avait des discussions de sous-
groupes sur les problèmes de mise en œuvre, présentés par l’organisation elle-même.
Instruments de mesure :
La récolte des données a été exécutée en utilisant un questionnaire sur la formation, les interviews sur la mise en œuvre du snoezelen et
sur la participation aux rencontres de suivi quant à la mise en œuvre.
Questionnaire :
Dans le but d’identifier dans quelle mesure les objectifs de formation ont été réalisés, les stagiaires (pers. formées) ont complété un
questionnaire à la fin du programme. Le questionnaire développé par le centre Bernardus incluant des questions du IKN (Integraal
Kankercentrum Noord Nederland) pour mesurer l’avis des soignants sur le programme de formation. Les points suivants ont été
considérés comme des facteurs décisifs dans l’accomplissement du changement dans les connaissances, les compétences et la
motivation :
Contenu de la formation (10 items ; 8 questions fermées et 2 questions ouvertes)
188
Les compétences professionnelles du formateur (4 items ; toutes les questions sur une échelle de Lickert à 5 points, allant de 1
« pas » à 5 « vraiment/beaucoup »
L’atmosphère durant les sessions de formation (2 items ; toutes les questions de type Lickert)
Le système social de l’environnement de travail (3 items ; 2 sur une échelle de Lickert à 5 points et une question ouverte)
L’intention de changer après la formation (4 items ; 3 sur une échelle de Lickert à 5 points et une question ouverte)
L’opinion général sur la formation (un item ; une note de « 1 très mauvais » à « 10 excellent ».
Pour gagner plus loin de la perspicacité dans le processus de mise en œuvre et le résultat de la mise en œuvre, une approche qualitative a
été utilisée.
Interviews :
6 interviews semi-structurés ont été tenus avec l’inf. cheffe et parfois aussi avec le leader du projet. Les interviews se sont concentrés sur
les expériences avec la mise en œuvre du snoezelen, en particulier les facteurs facilitant et empêchant et des changements suite à la
formation. Les interviews ont duré approximativement 1h. Tous les interviews ont été enregistrés et des questions appropriées ont été
transcrites mot à mot.
Rencontres de suivi :
Le processus de mise en œuvre a été contrôlé par le chercheur en suivant les 3 rencontres de suivi avec les stagiaires. Le sujet principal
d’intérêt était le même que dans le schéma d’interview. Toutes les réponses aux questions des soignants ont été enregistrées mot pour
mot. La même procédure a été suivie durant les 2 rencontres générales.
Analyse des données :
L’analyse des données des questionnaires a été faite en utilisant des statistiques descriptives. Les questionnaires des membres de
l’équipe ont été remplis par 66 stagiaires (94.3%).
Les données de l’interview et les données des rencontres de suivi et des rencontres générales ont été analysées qualitativement. Les
réponses ont été groupées dans des catégories, séparées du modèle de mise en œuvre. Des numéros et des lettres sont utilisés partout
dans cet article pour représenter : le home (NH), les soignants (CG), les rencontres de suivi (FM1-FM3 car 3 rencontres de suivi) et
l’interview (I1-I6 car 6 interviews avec les inf. cheffes). Les quotes données dans le texte sont illustratrices et reflètent les réponses
données par les soignants.
Résultats Evaluation du programme de formation :
Premièrement, nous évaluons l’avis des soignants sur le contenu du programme de formation en ce qui concerne la connaissance et les
compétences. La majorité trouve la formation informative (100%), applicable (100%), pratique (98.5%) et intéressante (98.5%). Selon
leur avis, l’information est claire, bien structurée (100%) et la formation a convenu à leur expertise et à leur situation de travail (96.9%).
En plus, il a été demandé aux participants d’indiquer qu’est-ce qu’ils considèrent comme aspect le plus utile dans la formation. La moitié
des participants considère l’entier du programme de formation comme très utile. Un autre 25.8 % était spécialement enthousiaste pour
les sessions d’aromathérapie. 4 personnes interrogées (6.1 %) ont loué le développement de plan de soin de snoezelen intégré. Les autres
(18.2%) ont mis en lumière différents aspects.
En ce qui concerne les aspects les moins utiles, 37.9 % n’ont rien rempli, 33.3 % ont dit explicitement qu’il n’y avait rien d’inutile. La
seule partie de la formation, mentionnée par plus de 2 personnes qui n’a pas été utile, était la session de toucher thérapeutique (19.7%).
Le tableau 1 montre que les participants sont vraiment satisfaits des compétences professionnelles du professeur. Ils se sont sentis à
189
l’aise tant avec le professeur qu’avec les autres participants et étaient encouragées par leur inf. cheffe et les collègues pour mettre en
œuvre le snoezelen dans les soins de 24h. La majorité s’est sentie suffisamment encouragée pour mettre en œuvre le nouveau modèle de
soins dans la pratique et ayant l’intention de mettre en pratique ce qu’ils ont appris pour le futur. En réponse à la question ouverte,
l’aromathérapie en particulier (26x) et l’utilisation de l’approche orientée sur le résident (17x) ont été considérés comme applicables
dans la pratique. Le massage manuel des bras (7x), l’utilisation de matériel, musique, lumière (7x), l’utilisation d’une chambre snoezelen
(6x), le toucher thérapeutique/massage en général (5x) et l’amélioration des récoltes de données sur l’histoire et les plans de soins
individuels (4x) sont aussi mentionnés.
Evaluation du processus : facteurs facilitant et empêchant :
Bien que les résultats du questionnaire indiquent que les soignants ont évalué très positivement le programme de formation, plus de la
moitié des stagiaires (n= 35, 53 %) s’attendent à ce qu’à la fin du programme de formation, ils aient des barrières à la mise en œuvre du
snoezelen, particulièrement en ce qui concerne : la charge de travail/manque de temps (15x), manque de personnel (11x), manque
d’argent et de matériel (9x), soutien de la direction des soins (8x), manque de chambre ou autres installations (5x) et résistance des
membres de la famille (4x).
Tant les interviews que les rencontres de suivi ont fourni une vue détaillée sur l’expérience réelle avec la mise en œuvre. Les résultats
reportés des interviews et des rencontres de suivi représentent l’avis des soignants (inf. aux., inf. cheffe). Comme les inf. cheffes et les
leaders du projet ont habituellement assisté aux rencontres de suivi, nous n’avons pas trouvé de contradiction entre les informations
rassemblées par les interviews et les informations présentées durant les rencontres de suivi.
Le tableau 2 montre les interventions facilitant qui ont été exécutées. Le contenu du tableau sera discuté ci-dessous.
Les interventions facilitant le changement des habitudes :
La formation a été identifiée comme la base pour un changement dans les habitudes. Durant le processus de mise en œuvre, les soignants
reconnaissaient toujours l’importance de ces changements, quoi qu’ils aient annoncé particulièrement dans le premier ou second suivi,
qu’il n’était pas toujours facile de parvenir à ou adhérer au nouveau style de travail.
« C’était une contradiction majeure dans notre équipe, c’était vraiment difficile de laisser tomber le vieux style d’approche. Ce
changement dans l’attitude est extrêmement important. Le résident est le point de départ des soins (NH2, CG1, FM2). Il est facile de
revenir dans les vieilles façons de penser (NH4, CG5, FM1) ».
Tous les services ont rapporté que les rencontres de suivi étaient motivantes dans le maintien des nouvelles habitudes de changement.
L’expérience des soignants de ces rencontres a été encourageante pour continuer leur mise en œuvre.
Durant la pratique quotidienne, un coaching individuel et un feed-back se sont avérés essentiels dans l’établissement de changement
dans les habitudes. L’inf. cheffe a supervisé habituellement le processus de mise en œuvre et donné un feed-back régulier aux soignants.
Cependant, il semble difficile de maintenir les efforts quand il n’y a pas de coopération avec les autres membres de l’équipe. 3 inf.
cheffes ont été supervisées par le directeur des soins, ce qu’elles ont trouvé utile et indispensable dans certains cas. Dans 2 services, une
personne spéciale, indépendante, qualifiée a été nommée (ex : coordinateur dans la stimulation sensorielle) pour soutenir l’inf. cheffe
dans la supervision de l’équipe et pour fournir un feed-back individuel aux soignants durant la pratique quotidienne. Ces interventions
ont été rapportées comme utile, parce que les soignants se sentent en sécurité avec eux et ont pu discuter des améliorations dans les
procédures quotidiennes. Dans un service, une formation spéciale a été offerte aux soignants pour fournir des feed-back à un autre.
De plus, l’utilisation des plans de soins snoezelen a été proposée comme une intervention dans le but de changer les procédures établies.
190
Bien qu’au début, la rédaction des plans de soins snoezelen étaient parfois accueillies avec circonspection, à la fin elles se sont avérées
utiles.
« En utilisant un plan de soins snoezelen, nous avons quelque chose à quoi se référer sur comment délivrer des soins. Nous savons
beaucoup sur les résidents maintenant (NH4, CG8, FM3) »
Au début, beaucoup de soignants se sentent embarrassés parce qu’ils ne considèrent pas leurs observations et l’application d’activités
snoezelen comme un « travail réel ». La planification des observations, la rédaction de plan de soins snoezelen et d’autres activités
snoezelen dans le schéma quotidien semble être efficace en permettant à la méthode snoezelen de devenir une partie intégrante du
programme normal de soins.
« Le snoezelen doit être regardé comme un travail. Au début, ils ont pensé : « tu es en train de donner un massage et je travaille mes
doigts jusqu’à l’os ». Maintenant, c’est une partie normale du travail (NH5, CG1, I5) ».
« La salle de bain snoezelen est utilisée par calendrier, 3 fois/jour, le matin, l’après-midi et le soir (NH1, CG1, FM1) »
Dans un service, le plan de soins snoezelen n’a pas été écrit par les soignants eux-mêmes, ce qui les rendait moins impliqués. Dans
quelques services, les soignants étaient activement soutenus par les thérapeutes de l’activité dans l’observation et la rédaction des plans
de soins snoezelen sans être complètement pris en charge. Ils se sont sentis confortables avec ce système.
En plus, l’augmentation dans les 2 consultations réciproques formelles et informelles a été vue comme un outil pour maintenir et
améliorer encore les changements dans la procédure. Les soignants ont d’habitude rapporté leurs expériences en utilisant le plan de soins
snoezelen. Comme un résultat, ils ont commencé à parler plus sur les problèmes de cpts des résidents et avaient plus de discussion sur
les solutions.
« Nous parlons plus au sujet des résidents, nos soins sont à l’écoute les uns des autres maintenant (NH2, CG3, FM3) ».
« Il y a plus de consultations entre les soignants. L’idée que le problème peut être résolu ensemble. Quand tu notes que quelqu’un
devient plus agité, tu commences à penser immédiatement « comment tu vas pouvoir résoudre cela ? » (NH6, CG3, FM2) ».
La plupart des services a décidé d’évaluer les plans de soins structurellement. Certains l’ont fait seulement avec les membres de l’équipe
et les autres dans des consultations multidisciplinaires.
« Cela fait partie maintenant de la consultation multi-disciplinaire avant pas (NH5, CG9, FM3) ».
191
d’équipement snoezelen a une valeur ajoutée. Ils ont aussi prêté attention à l’ameublement et à l’aménagement du service.
« Nous avons créé un coin salon vraiment agréable et confortable (NH5, CG2, FM3). Tu notes qu’il y a beaucoup de changements dans
le service. Tout est en place et est joli. Tu peux parler avec le résident sur l’aquarium dans le hall… C’est la façon dont vous entrez en
contact avec l’autre (NH6, CG3, FM3) ».
Interventions facilitant la continuité de la mise en œuvre du changement :
4 homes ont complété un plan de mise en œuvre à long terme, en incluant un plan du temps et un budget. 3 de ceux-ci ont le projet de
continuer la mise en œuvre du snoezelen dans d’autres services dans un prochain avenir. Un a fait un plan pour plus d’un an pour une
formation structurelle des nouveaux membres de l’équipe.
Les obstacles contextuels :
Les soignants ont identifié plusieurs obstacles principalement dans l’environnement de travail comme montré dans le tableau 3. Les
soignants de tous les services ont indiqué, que dans leur expérience, la charge de travail a été un obstacle à certaines occasions. Ils
rapportent qu’ils n’avaient pas assez de temps, particulièrement dans la première phase de la mise en œuvre du processus quand
l’observation des résidents prenaient beaucoup de temps. A la suite de cela, aucun service n’a réussi avec succès à compléter les
observations et les plans snoezelen à temps pour la première rencontre de suivi. Le haut niveau d’absence des membres de l’équipe, dû
aux vacances ou maladies a aussi été pensé comme ayant un effet négatif. 3 services ont traversé une période de manque de personnel
causés par les lacunes, lesquelles ont empêchées la mise en œuvre. Un service rapporte un haut taux de renouvellement de l’équipe
(presque 2 tiers de l’équipe).
« Parfois, il y avait un manque de personnel. Ensuite, l’ancienne attitude orientée sur la tâche revenait (NH3, CG4, FM2) ».
Les 2 services qui n’on pas reçu de soutien financier ont aussi rapporté un manque de soutien de la direction centrale. Il manquait une
politique intégrée et ils ont aussi mentionné le manque d’intérêt et de coopération de la direction centrale.
« Un obstacle a été formé par le manque de coopération de la direction centrale. La direction a échoué à montrer de l’intérêt et du
soutien. Je peux m’imaginer qu’il n’est pas facile de trouver de nouveaux membres pour l’équipe, mais ils ne sont pas venus jeter un œil
et voir comment on se débrouillait. Je pense que c’est vraiment bizarre(…). Donc, nous avons fait sans soutien financier et intérêt de la
direction dans le projet (HH4, CG1, I4) ».
Les services qui ont eu un soutien financier ont interprété l’investissement financier comme un signe d’intérêt et de coopération.
Toutefois, ils voulaient encore une appréciation personnelle de la direction, par exemple sous la forme de visites pour voir le nouvel
équipement et encourager les soignants. Seulement un service a rapporté ce genre d’appréciation de la direction.
3 services ont mentionné qu’ils devaient aussi gérer d’autres projets importants (mise en œuvre d’un programme de soins informatisé,
préparation pour le déménagement), lesquels ont nécessité beaucoup de contributions. Les soignants pensaient que trop d’innovations
allaient être mises en œuvre simultanément.
« Maintenant, je pense que ça fait beaucoup, spécialement avec l’introduction du programme informatisé. J’ai remarqué que j’ai perdu
de l’enthousiasme juste à cause des autres choses qui doivent être faites. Mais je ne pouvais pas me permettre de prendre du retard au
début du programme d’informatique (interlect) (NH5, CG1, I5) »
Rétrospectivement, certains soignants, en particulier, les inf. cheffes ont estimé que leurs attentes au début du projet étaient très hautes.
Elles voulaient commencer trop de choses en même temps. Cela a été considéré comme un obstacle, jusqu’à ce qu’elles aient adapté
leurs attentes et posé des nouveaux buts réalistes.
192
Evaluation des résultats : changements dans les soins quotidiens :
Les interviews et les rencontres de suivi ont fourni des informations sur les changements que les soignants ont expérimentés comme un
résultat de la mise en œuvre du snoezelen.
Changements chez les soignants :
Les soignants ont rapporté que leurs attitudes face aux résidents ont changé. Une attitude orientée sur le résident est une condition de
base dans l’application du snoezelen. Les soignants considèrent le passage des soins orientés sur la tâche à des soins orientés sur le
résident comme le changement le plus important au niveau individuel.
« Tu sais ce qui rend les gens heureux et ce qui les rend malheureux (NH6, CG4, FM1). Aucun des résidents n’est le même. Maintenant,
nous sommes attentifs à ce que les résidents aiment. Petit à petit, tu apprends réellement à comprendre ce qui est important pour un
résident en particulier (NH3, CG2, FM1) »
Dans le dernier suivi, tous les soignants ont mentionné qu’ils ont réussi à appliquer les bases des soins orientés sur les résidents. Bien
que les inf. cheffes ont noté que pas tous les soignants n’avaient nécessairement les qualités pour un nouveau style de travail, elles ont
ressenti que la plupart des membres de l’équipe ont changé pour des soins orientés sur les résidents.
« Dans les soins quotidiens, tu peux voir que pas tout le monde est capable de donner des soins réellement orientés sur le résident. Et que
ce n’est pas une question de mauvaise volonté. Mais la majorité a réussi (NH4, CG1, I4) »
Le but de la mise en œuvre du snoezelen était d’intégrer la stimulation multi-sensorielle dans un programme de soins quotidien.
Evidemment, il y avait des différences entre les services participant. 4 services ont investi dans un équipement snoezelen et les soignants
ont commencé à utiliser le matériel, la salle de bain snoezelen ou la chambre snoezelen. Ils ont aussi commencé à appliquer les activités
snoezelen durant la journée. 2 services, cependant, se sont restreints à une approche orientée sur le résident, laquelle ils ont pu appliquer
durant des périodes de soins (soins du matin, repas, soins du soir).
« Dans notre service, ce n’est pas le matériel qui est essentiel (NH2, CG5, FM3). Nous mettons l’accent sur notre comportement : Quelle
est l’approche juste pour le résident ? (NH4, CG1, FM3) ».
Dans certains services, les soignants ont noté que l’utilisation de médicaments a diminué, parce que les soignants ont amélioré leur
capacité de résolution de problème et commencé à essayer d’autres solutions en premier.
« Quand un résident manifeste un problème de cpt, nous parlons sur ce sujet d’abord. Nous ne courons pas immédiatement sur la
médication, mais d’abord nous en discutons : « Que pouvons-nous faire ? » (NH2, CG4, FM3).
« Dans le passé, nous disions « ce résident est agité, quelle médication nous pouvons donner ? Maintenant, nous nous rapportons à la
consultation multidisciplinaire : Nous essayons cela, nous essayons l’aromathérapie, nous essayons la musique sur l’oreiller, ceci semble
aller et ceci pas (NH5, CG5, FM2) ».
Changements chez les résidents :
Selon l’avis des soignants, la mise en œuvre du snoezelen aboutit à des résultats positifs pour les résidents. Il y a eu 2 changements
primaires chez les résidents. Les soignants ont noté qu’il était plus facile d’obtenir des résidents et que les résidents à leur tour ont
montré plus de réponses.
« Les résidents avec lesquels il est difficile d’établir un contact peuvent maintenant être atteints (NH1, CG9, FM2). Quand Mme E. a
assisté à notre service, elle était beaucoup plus apathique que maintenant, et qui vient d’arriver en appliquant tout le temps, un contact
avec les yeux et beaucoup lui parler. ».
193
De plus, les soignants ont rapporté qu’à leur avis, les résidents agités, agressifs devenaient plus calmes et satisfaits.
« Il me semblait que les résidents se calmaient (NH3, CG5, FM2). Je vois un changement significatif dans le comportement des
résidents. Maintenant, nous avons un résident qui a été transféré d’un autre service. Il y a une différence maintenant dans le cpt, je pense
comparer avec l’autre service. Elle est plus satisfaite et plus calme, pas si agressive (NH1, CG3, FM3) ».
Les 4 services qui ont investi dans un équipement snoezelen ont aussi rapporté des changements positifs chez les résidents comme le
résultat de l’utilisation du matériel snoezelen et l’aromathérapie.
« Nous avons eu beaucoup d’animaux en peluche et nous avons observé la réaction des résidents. Maintenant, tu vois beaucoup de gens
marchés avec des jouets en peluche, bien plus de résidents que je ne m’y attendais (NH5, CG3, FM1). Je suis vraiment surprise des
effets de l’aromathérapie (NH3, CG6, FM1) ».
Changements organisationnels :
Au niveau du service, les soignants ont rapporté un changement dans le planning de la journée principalement dans « l’utilisation de
l’horloge ». Dans le passé, chaque chose était faite à l’heure. Maintenant, ils ignorent le temps, lequel, selon l’avis des soignants a des
effets positifs pour les résidents et pour eux-mêmes. « Quand on compare le présent avec il y a 6 mois, maintenant je vois une réelle
différence. Avant, tout était fait vite, vite, vite, sortir les gens du lit… Mais maintenant, nous avons juste plus de temps pour l’autre
(NH3, CG5, FM1). Je suis nouveau dans ce service. Il me semble que quand j’ai commencé ici il n’y avait pas d’horloge (NH5, CG5,
FM3) ».
Dans certains services, le temps des pauses a changé ou est devenu plus flexible. Dans d’autres services, les soignants ne se forcent plus
pour finir les soins du matin avant la pause.
« A un moment donné, nous avons questionné le groupe d’étude : N’est-il pas possible de changer les pauses ? Pourquoi le lit d’un
patient doit-il être nettoyé avant 10h30 ? Changer les pauses est un réel tabou. Mais nous avons réussi et les membres de l’équipe se sont
adaptés très bien (NH3, CG1, I3) ».
« La ruée est allée. Nous n’avons pas besoin que chacun sorte du lit avant la pause-café. Nous sommes plus relaxés, moins stressés
qu’avant (NH6, CG1, FM1) »
En travaillant de manière plus détendue durant les soins du matin, on pourrait s’attendre à un manque de temps pendant le reste de la
journée. Cependant, l’expérience des soignants, est qu’ils étaient encore capables de terminer leur travail. Ils ont mentionné que quand il
n’y avait pas de bataille durant les soins du matin, le reste de la journée avançait plus en douceur.
« Par exemple, Mme K, qui quand elle se réveillait trop tôt le matin, devenait de très mauvaise humeur. Nous savons maintenant qu’elle
a besoin de dormir jusqu’à 9h30 et ensuite se réveille spontanément. Il s’agit d’une sorte de gain de temps. Quand elle est de mauvaise
humeur, cela prend plus de temps pour l’habiller (NH3, CG12, FM3). C’est étrange, même si tu ne travailles pas pour l’horloge, quand
tu rentres à la maison tout est fait (NH4, CG4, FM3) ».
Il n’y avait pas d’autres changements qui mené à des moments différents de la journée, mais ces changements variaient d’un service à
l’autre. Dans 3 homes, un projet de déjeuner a été commencé, pour permettre aux résidents de sentir différents odeurs de cuisine (ex :
lard et œufs, crêpes, café). 2 services ont fait des changements similaires dans l’organisation du souper.
Cadres de référence et Cadres de référence et concepts utilisés :
concepts utilisés Le cadre de référence est le modèle de recherche utilisé pour la mise en œuvre du nouveau modèle de soins (snoezelen). La relation entre
les facteurs facilitant et les facteurs empêchant durant la période de mise en œuvre et les changements résultants de la mise en œuvre
Discussion et seuil de
194
signification sont montrés dans la figure 1
Le modèle de recherche est adapté du modèle pour la mise en œuvre et le changement dans les soins de la santé (Implementation of
Change in Health Care, ICHC-model) (Theunissen et al., 2003). Dans le processus d’évaluation, en analysant les interventions qui ont
été exécutées avec succès, les facteurs facilitant et empêchant ont été identifiés. L’absence de facteurs facilitant peut être considérée
comme un facteur empêchant (ex : le manque de soutien financier pourrait être une barrière à la mise en œuvre). Les interventions durant
le processus de mise en œuvre ont été subdivisées comme des interventions sous :
Connaissances : fournir des informations théoriques
Compétences : entraîner/former les soignants à mettre la théorie en pratique
Motivation à changer : utiliser des techniques motivationnelles, discuter le nouveau modèle de soin et trouver des consensus
avec les membres de l’équipe
Habitudes : changer les comportements des soignants et les styles de travail existant
Structure organisationnelle dans laquelle l’intervention est mise en œuvre : adapter les structures existante ou développer une
nouvelle
Structure organisationnelle ayant besoin d’établir des changements de mise en œuvre : faire des changements de politique et des
changements structurels pour garantir la suite de la mise en œuvre du modèle de soins.
De plus, nous voulons trouver quels variables contextuelles empêchent le processus de mise en œuvre et les résultats. En particulier, les
caractéristiques de l’environnement de travail sont étudiées.
En ce qui concerne l’évaluation des résultats, une attention spéciale est donnée à :
Changements chez les soignants : changements réels de comportements chez les soignants
Changements chez les résidents : changements réels de cpt chez les résidents
Changements organisationnels : changements réels dans l’organisation des soins.
Les résultats finaux « changements dans la qualité des soins et dans changements dans la qualité de vie » pourraient être étendus dans
une étude séparée.
Les concepts dans cette étude sont le snoezelen et les soins orientés vers le résident ainsi que le processus de formation. Dans la présente
étude, le snoezelen est étendu aux soins de 24h. Il peut être défini comme une approche intégrée, appliquée par les soignants durant les
soins quotidiens lesquels stimulent activement les sens par la lumière, le son, l’odeur et le goût (Kok et al, 2000). L’intention est de
fournir une stimulation sensorielle douce, individualisée dans un environnement non effrayant sans faire appel à des processus cognitifs
élevés comme la mémoire ou l’apprentissage. En incorporant les circonstances personnelles comme le style de vie, les préférences, les
désirs et les diversités culturelles, le snoezelen est façonné aux besoins des résidents. En conséquence, l’application du snoezelen
requière une attitude orientée sur le résident, des connaissances et compétences permettant aux inf. aux d’assister aux besoins physiques,
émotionnels, sociaux et spirituels des résidents dans le but de parvenir ou maintenir un état de bien-être (Noorden, 1999). Dans l’optique
du concept « centré sur le patient », les soignants ne doivent pas se restreindre à « la maladie du résident » mais s’orienter vers « le
résident avec une maladie ». Le but ultime est la compréhension réelle des besoins, des préférences et des souhaits du résident par les
soignants (Bensing, 2000). Voici maintenant un descriptif sur la formation et les facteurs pouvant influencer celle-ci.
Généralement, la mise en œuvre de l’intervention est précédée par une formation et suivie par l’introduction du nouveau modèle dans le
service. En ce qui concerne la formation, la perspicacité est nécessaire pour mesurer dans quelle mesure les buts de formation sont
195
atteints. L’efficacité de la formation peut être affectée par un certain nombre de facteurs comme les caractéristiques du programme (les
sujets, les exercices et la durée) et l’environnement de travail (soutien des supérieurs, des collègues). Le succès du processus
d’apprentissage peut aussi dépendre de facteurs complémentaires comme la relation avec le professeur, la sympathie et le soutien entre
les participants et l’intention de changer le comportement après la formation (Francke et al., 1995).
Conclusions principales :
Les résultats de cette étude montrent que le nouveau modèle de soins snoezelen peut être mis en œuvre avec succès dans les soins
quotidiens. Tous les services participant rapportent des changements au niveau des soignants, des résidents et des changements
organisationnels. La combinaison d’interventions au niveau des soignants et les interventions dans la structure organisationnelle
semblent être des indicateurs de succès particulièrement importants. Pour 2 services, il manquait les interventions au niveau
organisationnel et ont seulement mentionné des changements limités au niveau des soignants. Ils ont rapporté un changement des soins
orientés à la tâche vers des soins orientés sur le résident mais sont restés en arrière avec l’intégration de la stimulation multi-sensorielle
dans les soins de 24h. Les 4 autres services ont aussi rapporté des changements supplémentaires au niveau des soignants tels que
l’application de la stimulation multi-sensorielle dans les soins quotidiens ou l’exécution des activités snoezelen. Si la réorientation vers
les soins axés sur le résident peut être considéré comme la base du snoezelen, et donc un point de départ important, l'intégration de
l'approche snoezelen dans les soins quotidiens est destinée à être plus que cela. Cette étude a montré que les efforts et le soutien du
directeur de soins, y compris l’intérêt et le soutien au fil du temps, est crucial pour le succès. Les soignants ont besoin d’être confirmé
que le nouveau modèle de soins est essentiel pour améliorer la qualité des soins. 4 services ont reçu un soutien financier et ont fait une
politique à l’égard de la mise en œuvre continue. Le groupe d’étude, proposé comme un outil de surveillance du processus de mise en
œuvre, semble être de grande valeur dans les 4 homes dans l’identification des obstacles, l’élaboration de stratégies et l’évaluation du
processus, tous considérés comme des étapes importantes dans le cycle de mise en œuvre. Comme c’était le cas avec Schrijnemaekers et
al. (2002), l’étude a montré que des changements organisationnels fondamentaux sont nécessaires pour mettre en œuvre un nouveau
modèle de soins.
Contrairement aux autres études, les soignants n’ont pas seulement subi des obstacles comme la charge de travail ou le manque de
personnel mais ont aussi rapporté un éventail d’interventions facilitées qui ont été exécutées au niveau des soignants. Enlever les
horloges a été l’une d’elles. Les rencontres de suivi, l’utilisation de plans de soins snoezelen et l’augmentation des consultations
mutuelles ont aussi été identifiés comme facilitant la mise en œuvre.
Comme le progrès du processus de mise en œuvre, particulièrement l’établissement de changements de procédure, requière beaucoup de
compétences de gestion de l’inf. cheffe, coacher celle-ci apparaîtrait comme essentiel pour établir une continuité dans le processus de
mise en œuvre. L’encadrement de l’inf. cheffe par le directeur des soins, a semblé être significatif tout comme l’assistance à fournir un
feedback au soignant par exemple par un professionnel qualifié indépendant. L’expérience de l’importance de stratégies de coaching est
conforme avec la littérature récente sur le processus de mise en œuvre. Grol and Grimshaw (1999) ont mentionné qu’en général,
l’examen du rendement, fournir des feedback, donner des outils pratiques et offrir des incitations ou des sanctions peuvent être des
stratégies de coaching qui conviennent pour le changement. De plus, Burgio et al. (2000) a déclaré que la réceptivité des inf. aux. dans
les soins aux personnes démentes pour apprendre de nouvelles compétences doit être poursuivie par l’établissement de système de
motivation du personnel, comme la supervision comportementale (feedback spécifique suggérant des façons pratiques pour maximiser
196
les compétences). Ces interventions se sont avérées être un succès pour motiver les inf. aux et assurer le maintien des compétences.
Oltkamp (2003) a aussi recommandé plus de supervision et de soutien pour les soignants durant la période d’intervention. Par
conséquent, une attention constante aux différents niveaux de gestion/direction a été identifiée comme une stratégie importante pour
motiver les soignants à appliquer des interventions compliquées. Dans la présente étude, la combinaison des stratégies de coaching aux
différents niveaux pour les inf. aux. comme pour les inf. cheffes semblaient en effet être plus efficace. Le coaching pour les inf. aux. a
été donné dans tous les services. Cependant, le coaching des inf. cheffes a besoin de nouveau du soutien de la direction centrale (des
soins) et a seulement été offerte dans 2 des 6 services.
La période de mise en œuvre a commencé avec la formation au snoezelen pour les soignants. Dans la recherche de Schrijnemaekers, la
formation a été considérée par les soignants comme une confirmation de leur pratique actuelle ; cependant, les soignants dans cette étude
ont évalué positivement la formation à l’égard de l’amélioration des connaissances et des compétences et la réalisation d’une intention
de changer. Par rapport à l’évaluation du programme de formation sur les compétences communicationnelles des inf. en oncologie, les
soignants dans notre étude, ont donné une évaluation positive de tous les items (Kruijver, 2001). Il semble apparaître que le programme
de formation a atteint ses buts.
Néanmoins, plus de la moitié des participants ont rapporté des obstacles attendus à la mise en œuvre d’un nouveau modèle de soins. La
charge de travail perçue, spécifiquement le manque de temps, ont empêché/entravé en effet la mise en œuvre dans tous les services
participant. Comme mentionné précédemment, une pénurie de personnel et un manque de soutien de la direction semblent être un
obstacle dans certains services.
La mise en œuvre retardée et ajustée a aussi été rapportée par Holtkamp et al. (2001), qui ont trouvé des difficultés comparables à
obtenir du personnel qualifié, en raison de manque de personnel ou un renouvellement élevé du personnel.
Le modèle de mise en oeuvre a montré que ces problèmes contextuels, qui ne sont pas toujours faciles à résoudre, influence le processus
de mise en œuvre. Quand on facilite à la fois les interventions au niveau des soignants et de l’organisation, il est toujours possible de
réussir. Toutefois, il doit y avoir un équilibre : s’il y a trop de facteurs obstructifs, ils devraient être traités en premier, avant de
commencer la mise en œuvre.
En conclusion, selon les soignants, la mise en œuvre a réussi dans tous les services participant, bien que 2 services étaient en retard avec
l’intégration de la stimulation multi-sensorielle dans les soins de 24h. La plupart des soignants ont noté des changements au niveau des
résidents. Ils ont observé qu’il y avait plus de contact avec les résidents, le niveau de réponse des résidents augmentait et les résidents
étaient plus stables. En ce qui concerne les changements organisationnels, la libération de l’utilisation de l’horloge a été spécialement
nommée comme un changement majeur et positif. Il semble nécessaire de créer un milieu de travail centré sur le personnel comme décrit
par Kitwood (1997) pour être capable de délivrer des soins centrés sur le résident ou la personne. Le type d’environnement qui s’est
avéré nécessaires dans notre étude reflète bon nombre de caractéristiques de l’environnement de type B de Kitwood. Dans les paramètres
de type B, le rôle du directeur/gestionnaire est plus de permettre et de faciliter plutôt que contrôler, et cela implique de donner beaucoup
de feedback au personnel. L’ensemble du groupe de personnel (directeur, supérieur des soins, assistants de soins) se développe sur la
coopération et le partage. Il y a un engagement ferme pour réduire au minimum l’écart de pouvoir. L’organisation est hautement
qualifiée en matière de relations interpersonnelles et a des voies de communication bien développées. Les paramètres de type B sont
sensibles à ce que les membres du personnel vivent et ressentent. Chaque membre de l’équipe peut soumettre des dossiers, en sachant
qu’ils ne seront pas critiqués, mais recevant le soutien dont ils ont besoin. Chaque résident peut être connu dans son unicité grâce à une
197
combinaison habile d’empathie et de connaissance personnelle (Kitwood, 1997).
Recommandations pour la pratique :
Basées sur cette étude, les conditions préalables les plus importantes pour l’introduction réussie de l’approche Snoezelen en
psychogériatrie sont :
De déterminer la politique de la direction générale avant le début de la mise en œuvre, y compris l’évaluation des obstacles
possibles : des propositions pour résoudre ou réduire les obstacles et l’accomplissement des conditions telles que le
financement, les installations et les besoins en personnel. La préparation prend environ 9 mois (Dröes et al., 1999).
Déterminer avec précision le début de la mise en œuvre, en évitant :
o La mise en œuvre de plusieurs innovations en même temps ;
o De commencer par une équipe instable.
Formation pour l’équipe complète par un formateur professionnel qualifié, qui vise non seulement à améliorer les
connaissances et les compétences, mais aussi pour réaliser l’intention de changer chez les soignants.
Des participations des formateurs aux rencontres de suivi
Des évaluations structurelles du processus de mise en œuvre, ce qui conduit à l’adaptation ou au développement de nouvelles
stratégies
Soutien de l’inf. cheffe à différents niveaux :
o Par le superviseur pour contrôler les progrès et pour entraîner la poursuite du processus
o Par une personne indépendante et qualifiée, pour soutenir l’inf. cheffe dans le coaching de l’équipe.
Soutien des inf. aux. en donnant des feedback réguliers ou de la supervision. Kitwood (1997) conseille une heure de supervision
par mois pour tous les employés dans les soins de la démence.
Des intérêts structurels et du soutien de la direction centrale
Un plan à long terme de mise en œuvre, incluant un calendrier, budget, formation structurale des nouveaux membres de
l’équipe et une évaluation structurale pour établir la poursuite du projet.
Implications pour la recherche :
Les homes, les décideurs et les chercheurs accordent une grande importance dans le temps et l’argent pour développer, mettre en œuvre
et étudier les interventions. En l’absence d’une évaluation précise des problèmes de mise en œuvre, les conclusions sur les mesures de
résultats sont difficiles à interpréter. Cette étude donne des informations détaillées sur les facteurs facilitant et empêchant. Les résultats
nous ont rendus curieux de savoir sir les opinions des soignants donnés dans les rencontres de suivi et les interviews se refléteraient dans
la pratique quotidienne. Une étude plus approfondie est nécessaire pour déterminer si les comportements des résidents et des soignants a
en effet changé positivement.
Seuil de signification et limites :
Cette étude est une recherche expérimentale puisqu’elle fait appel à la randomisation, appelée aussi répartition aléatoire. Le devis est
prédictif causal. Il se caractérise par l’établissement de relations de cause à effet entre des variables (Fortin, 2006). Il s’agit dans cette
étude de chercher des facteurs facilitant et empêchant la mise en œuvre du snoezelen. La variable dépendante serait dans cet article la
mise en œuvre du snoezelen et les variables indépendantes seraient les facteurs facilitant et empêchant. Pour évaluer la qualité de l’étude,
il faut se pencher sur la validité interne et externe de l’étude. Concernant la validité externe, il se peut que dans cette étude, on retrouve
198
un effet Hawthorne c’est-à-dire le fait d’être conscient de participer à l’étude et donc un risque de modification du comportement ou par
une tendance à donner des réponses favorables. En effet, les auteurs se disent curieux et intéressés de savoir si ce que les soignants ont
dit pendant les rencontres de suivi et les interview se vérifient réellement dans la pratique. On pourrait faire l’hypothèse qu’ils sont
influencés dans leur réponse par le fait qu’ils participent à cette étude.
Un élément positif pour la validité interne est la répartition aléatoire entre les 2 groupes. Il ne nous semble pas qu’il y ait de variables
étrangères qui puissent influer sur l’effet de l’intervention.
Commentaires en lien Cette étude nous a permis d’aborder l’utilisation du snoezelen sous un autre aspect, nous nous intéressons ici aux facteurs qui peuvent
avec la question de faciliter ou empêcher la mise en œuvre du snoezelen. Les autres articles sur le snoezelen abordaient plus les bénéfices de son utilisation
c’est pourquoi dans ces commentaires nous ne reviendrons pas trop sur ceux-ci mais développerons plus ces différents facteurs.
recherche Dans notre esquisse, nous abordons le fait que le soignant peut augmenter les manifestations de SCPD chez un patient en étant
davantage centré sur le soin. Ceci est confirmé dans cette étude qui soulève l’importance d’offrir des soins orientées vers la personne et
pas sur la tâche à effectuer ce qui représente une condition essentielle à la mise en œuvre du snoezelen. Ainsi de ce point de vue-là le
snoezelen serait déjà une approche bénéfique puisqu’orientée vers le résident. Selon les soignants de cette étude, cette nouvelle façon de
penser le soin constitue le changement le plus important au niveau individuel.
Nous souhaitons aussi relever le fait que dans cette étude, les soignants ont pris conscience que leur comportement a beaucoup
d’influence sur le résident puisqu’ils se questionnent sur l’approche à adopter avec chacun d’eux…Avant tout adaptation
environnementale ou autre, il est nécessaire de se remettre en question soi-même sur notre façon d’être et d’agir en tant que soignant et
personne, élément que nous soulignons dans notre esquisse. Nous ressortons ce paragraphe qui nous semble très évocateur.
« En travaillant de manière plus détendue durant les soins du matin, on pourrait s’attendre à un manque de temps pendant le reste de la
journée. Cependant, l’expérience des soignants, est qu’ils étaient encore capables de terminer leur travail. Ils ont mentionné que quand il
n’y avait pas de bataille durant les soins du matin, le reste de la journée avançait plus en douceur ».
Nous abordons, dans notre esquisse, l’importance de l’acquisition de connaissances au sujet de la démence pour offrir des soins de
qualité. Dans cet article concernant la mise en œuvre du snoezelen, une grande partie est consacrée à la formation nécessaire. « La
formation a été identifiée comme la base pour un changement dans les habitudes ». Celle-ci leur a permis d’améliorer leurs
connaissances et compétences dans les soins et leur intention d’initier un changement. Nous ressortons aussi l’importance de recevoir
une supervision, un feedback de l’inf. cheffe/de la hiérarchie pour se situer et avancer dans le processus. Nous avions déjà pensé à ces
éléments dans notre esquisse et dans les études de Brodaty et al. (2003) et Visser et al. (2008) qui ressortaient aussi cela comme des
stratégies dg gestion des SCPD et de gestion du stress.
Dans l’étude de Visser et al. (2008) sur le soutien de la hiérarchie dans la gestion des symptômes comportementaux de la démence, on
voit bien l’importance de tels facteurs. Nous retrouvons cela dans cet article, puisque les soignants mentionnent leurs besoins d’être
encouragés et soutenus dans le processus par les inf. cheffes et le directeur de soins notamment. Dans cet article, ce soutien se retrouve
aussi dans l’aspect financier qui peut aider à mettre en place un équipement particulier pour la pratique de la stimulation multi-
sensorielle. L’autre recherche de Van Weert et al. (2005) mentionnait déjà la question de savoir si les homes ont les capacités financières
pour la mise en place d’une telle approche. A leur sens, il ne serait pas forcément nécessaire de faire de gros investissements mais dans
cette étude, les auteurs disent quand même que cela est une plus value.
Cette étude permet de répondre à une partie de notre question de recherche concernant les interventions infirmières qui peuvent aider à
199
communiquer et à maintenir une relation avec une personne sévèrement atteinte de DTA.
« La plupart des soignants ont noté des changements au niveau des résidents. Ils ont observé qu’il y avait plus de contact avec les
résidents, le niveau de réponse des résidents augmentait et les résidents étaient plus stables ». « De plus, les soignants ont rapporté qu’à
leur avis, les résidents agités, agressifs devenaient plus calmes et satisfaits »
Nous abordons maintenant les changements organisationnels qui ont aussi été mentionnés dans d’autres études consultées (Brodaty et
al., 2003 et Visser et al, 2008) comme étant des éléments dont on doit absolument tenir compte.
« L’étude a montré que des changements organisationnels fondamentaux sont nécessaires pour mettre en œuvre un nouveau modèle de
soins ». Les services ont par exemple modifié leur organisation journalière en enlevant les horloges. De ce fait, les soignants n’avaient
pas absolument besoin de réveiller les résidents à une heure précise pour que tous les soins du matin soient finis avant midi…Ainsi, il est
possible que les résidents fassent leur toilette le soir si cela leur convient mieux. Nous pouvons faire un lien direct avec la méthodologie
de soins de Gineste Marescotti inspiré du concept d’Humanitude qui d’un point de vue pratique, préconise de respecter le rythme de la
personne, ses habitudes… Dans ce concept, le toucher, le regard prennent une place prépondérante. Ceci constitue aussi des principes de
la stimulation multi-sensorielle. Ainsi, ces 2 concepts sont très proches.
Nous développons maintenant plus précisément les obstacles mentionnés par les soignants pour mettre en œuvre une approche telle que
le snoezelen. Plus de la moitié des soignants s’attendent à des barrières à la mise en œuvre du snoezelen particulièrement en ce qui
concerne : la charge de travail/manque de temps, manque de personnel, manque d’argent et de matériel, soutien de la direction des soins,
manque de chambre ou autres installations et résistance des membres de la famille.
Ceci constitue des barrières environnementales. Nous avons déjà pu voir que ces éléments ont une influence sur la satisfaction au travail
des soignants (Brodaty et al. 2003). Il s’agit surtout de la charge de travail et du manque de personnel qui limite les soignants notamment
dans la possibilité d’échanger entre eux sur leur vécu et ici sur la mise en œuvre optimale d’un nouveau modèle de soins. « Ils rapportent
qu’ils n’avaient pas assez de temps, particulièrement dans la première phase de la mise en œuvre du processus quand l’observation des
résidents prenaient beaucoup de temps ». Nous avons conscience que nous ne pouvons pas ne pas tenir compte de cela dans nos
propositions d’interventions si nous voulons être pertinents et inscrits dans la réalité du monde du travail de la santé actuel.
Un nouvel aspect est mentionné dans cette étude. Il s’agit de la collaboration interdisciplinaire. En effet, cela nous semble être pertinent
car la prise en charge des personnes démentes est complexe et nécessite des regards et des positionnements de différents intervenants.
Van Weert et al. (2005) (4) : Effects of snoezelen, integrated in 24h dementia care, on nurse-patient communication during
morning care
Auteurs Van Weert, J.C., Dulmen Van, A.M., Spreeuwenberg, P.M., Bensing, J.M. & Ribbe, M.W.
Titre de la recherche Effects of snoezelen, integrated in 24 h dementia care, on nurse-patient communication during morning care
Patient Education and Counseling
Journal
Année de publication 2005
200
Pays Netherland
ARTICLE 4
Question de recherche Etat de la question :
Hypothèses Une communication efficace est essentielle à la qualité de vie des personnes âgées résidant dans les EMS. Le pouvoir de la
communication est confirmé par la preuve que les résidents répondent aux soins et vivent plus longtemps quand ils sont engagés dans
Buts de la recherche une relation interpersonnelle avec les soignants.
Dans les établissements de soins pour la démence, la communication entre les résidents et les soignants est plus compliquée par le déclin
dans les capacités de communication verbale et non-verbale des patients déments. Les déficiences cognitives des résidents déments dans
les homes rend la tâche essentiel pour les soignants d’adapter leur communication aux capacités des résidents.
En conséquence, il y a des arguments considérables dans la littérature sur le besoin de formation spécialisée pour les soignants dans les
soins gériatriques. Les problèmes de communication des soignants peuvent être résumés comme des stéréotypes négatifs des résidents et
de leurs besoins communicationnels, dévalorisant la communication en comparaison des aspects physiques et médicaux des soins aux
patients.
Le snoezelen ou stimulation multi-sensorielle est supposée être un outil approprié pour communiquer avec les patients sévèrement
atteints parce qu’il ne fait pas appel à des capacités intellectuelles.
Le snoezelen dans les soins de 24h est combiné à une approche centrée sur la personne avec la stimulation des sens par la lumière, le
son, le goût et l’odorat. Le but final est d’améliorer ou de maintenir le bien-être des personnes démentes.
Jusqu’à mtn, peu de recherches ont été faites pour étudier les effets du snoezelen. La plupart des études évaluaient les effets des sessions
de snoezelen dans une chambre spéciale sur les comportements des patients déments. Dans quelques essais, des résultats positifs
immédiats ont été trouvés sur les cpts des résidents mais les effets à long terme ne sont pas évidents.
But de la recherche :
Le but de la présente recherche est d’investiguer dans quelle mesure les inf. aux. certifiées parviennent à modifier leur communication
conformément aux principes sous-tendant la philosophie snoezelen. Les effets de la mise en œuvre du snoezelen sur les comportements
actuels de communication des résidents déments dans les homes sont aussi examinés.
Les questions de recherches sont les suivantes :
Quels sont les effets de la mise en œuvre du snoezelen dans les soins de 24h sur les cpts réels de communication des inf. aux. dans les
soins du matin ?
Quels sont les effets de la mise en œuvre du snoezelen dans les soins de 24h sur les cpts réels de communication des résidents déments
durant les soins du matin ?
Les hypothèses :
En particulier, l’hypothèse a été faite que la mise en œuvre du snoezelen amènerait les changements suivants :
Une augmentation des cpts non verbaux des inf. aux et des résidents (toucher thérapeutique, le sourire…)
Une augmentation de la communication verbale des inf. aux. avec le besoin d’établir une relation de confiance
Une diminution de la communication instrumentale négative des inf. aux. et des résidents.
Population/échantillon 12 services de psychogériatrie dans 6 homes en Hollande (6 services expérimentaux > reçoit la formation et la mise en œuvre du
snoezelen est faite et 6 services contrôle > soins habituels). Période de mise en œuvre : 18 mois entre janvier 2001 et février 2003.
201
Les critères d’inclusion sont les mêmes > voir étude de Van Weert et al. (2005) (1)
120 résidents (60 dans le groupe expérimental et 60 dans le groupe contrôle). Critères d’inclusion : démence modérée à sévère selon le
DSM-III-R, dépendance modérée à sévère dans les soins évaluée à l’aide de l’échelle de dépendance dans les soins (CDS) (échelle de
likert à 5 points, le score total allant de 15 à 75, le score le plus haut = le moins de dépendance dans les soins, pas d’autres diagnostics
psychiatriques, pas de grande déficience des organes des sens, ne pas être alité.
Pour la sélection des inf. aux. : elles ont toutes été inclues même celles qui travaillent la nuit de temps en temps, mais pas celles
travaillant uniquement la nuit. Voir les autres critères d’inclusion dans la grille de Van Weert et al. (2005) (1).
Design = devis Devis quasi-expérimental avec une pré et post-intervention
Aspects éthiques Voir pour plus de détails le chapitre design de l’étude de Van Weert et al. (2005) (1) car c’est la même chose.
Un consentement écrit a été obtenu des résidents ou du représentant légal. Il leur a été aussi dit qu’ils peuvent se retirer de l’étude quand
ils le souhaitent.
Méthodologie Premièrement, les soignants ont sélectionné un minimum de 15 résidents qui remplissaient les critères ci-dessus. Ensuite, chaque
résident a été associé à une inf. aux. Chaque couple inf. aux. – résident a été enregistré une fois dans le pré-test et une fois dans le post-
test durant les soins du matin (depuis qu’elles arrivent au pied du lit jusqu’à ce qu’elles quittent la chambre). Quand le niveau de
capacités intellectuelles des résidents permet la communication verbale, l’inf. aux. informent le résident de l’enregistrement et
demandent sa permission. Les inf. aux. comme les assistants de recherche ont été formés pour arrêter l’enregistrement quand ils
remarquaient des réactions négatives du résident, causées par la présence du chercheur ou en lien avec l’enregistrement.
Pour être sûr d’avoir au moins 60 résidents que l’on peut inclure dans le pré et le post-test les services expérimentaux ont été formés
pour appliquer le snoezelen à de nouveaux résidents s’ils remplissaient les critères. Ceci permettait de remplacer les résidents qui ont dû
quitter l’étude.
Le post-test a lieu 18 mois après le pré-test, temps nécessaire pour une mise en œuvre adéquate.
Intervention :
La formation
Les infirmières auxiliaires ont été formées au snoezelen par des formateurs qualifiés et expérimentés du centre Bernardus. La formation
interne incluait 4 sessions/sem. et des devoirs. Les objectifs principaux de la formation étaient d’améliorer les connaissances et
compétences des soignants avec le regard snoezelen et de motiver tous les membres de l’équipe à mettre en œuvre un nouveau modèle
de soins sur 24h.
La philosophie sous-jacente du snoezelen est compatible avec le développement de soins centrés sur la personne, laquelle a pour but de
maintenir la personnalité en acquérant des connaissances sur chaque individu et en montrant une participation affective. Durant la
formation, une attention a été mise aux attitudes des inf. aux. face à la communication verbale et non verbale et le besoin d’attention
verbale et non verbale. En ce qui concerne la communication, la formation s’est concentrée en particulier sur :
Le développement de la sensibilité des inf. aux. sur les besoins physiques, sociaux et émotionnels des résidents (en donnant de
l’attention aux cpts verbaux et non-verbaux et apprenant à les interpréter).
Etablir le contact avec les résidents déments et en leur montrant de l’empathie et de l’affection
En encourageant les résidents à être réactifs (en attendant une réponse)
En évitant de corriger la réalité subjective des résidents (par la validation)
202
De plus, la formation a mis l’attention sur les compétences pratiques nécessaires pour l’application de la stimulation multi-sensorielle
comme faire une récolte des données sur l’histoire de vie avec les membres de la famille, les préférences sensorielles et écrire un plan de
soins décrivant comment approcher le résident et comment intégrer la stimulation multi-sensorielle dans les soins de 24h.
203
le résident dément. A l’intérieur du domaine « la communication affective négative » a été distinguée, incluant la désapprobation et la
colère lesquelles sont attendus comme ayant une influence négative sur la relation inf. aux /résident. De plus, deux sous-catégories ont
été spécifiées dans le domaine « communication affective positive » à cause de leur valeur avec le concept snoezelen. Premièrement, la
catégorie « discussion sur la stimulation sensorielle » comme parler sur la couleur des habits. Deuxièmement, la catégorie « validation »
ou « communication orientée sur les émotions » signifiant que la discussion est adaptée à la réalité subjective perçue par le résident, si le
résident est confus ou pas.
Dans le domaine instrumental, le cluster « communication instrumentale négative » est distingué contenant « la communication
cognitive ». La communication cognitive inclut le fait de fournir des connaissances factuelles, lesquelles sont utiles dans le contexte de
la situation actuelle, contrôler les connaissances des faits du résident ou corriger les faits exprimés par les résidents. Comme le snoezelen
ne fait pas appel aux capacités intellectuelles du résident, l’utilisation active de la communication cognitive pourrait rendre le résident
confus et est donc évitée. Nous distinguons les questions ouvertes et les questions fermées sur les connaissances des faits, parce que les
questions fermées sont considérées comme moins perturbantes pour les patients déments que les questions ouvertes.
La fiabilité a été évaluée à l’aide du coefficient de Pearson.
Analyse des données :
Des statistiques descriptives ont été obtenues sur les caractéristiques des sujets dans le pré et le post-test et dans les 2 groupes (utilisation
du t-test).
L’analyse des observations enregistrées a été faite avec des statistiques descriptives. La fréquence des énoncés verbaux dans chaque
catégorie des schémas d’observation a été calculée ainsi que la durée moyenne des cpts non-verbaux « regard », « toucher instrumental »
« toucher affectif » et la fréquence moyenne des sourires.
Dans l’analyse de la communication des inf. aux., l’âge, le genre, l’expérience de travail et la période de travail dans le service ont été
ajoutés dans le modèle comme covariantes. Des analyses ajustées ont aussi été faites car les possibilités de communication pour les inf.
aux. dépendent de l’implication des résidents (dépendance dans les soins, déficit de mémoire, âge, depuis quand il sont au home et le
sexe).
Le nombre de service (n=6) est trop petit pour permettre la comparaison entre les sous-groupes ou pour prendre en compte les similarités
entre les services.
Résultats Caractéristiques des résidents :
Les groupes expérimentaux et les groupes contrôle sont comparables sur les caractéristiques avec une exception pour l’âge. Dans le post-
test, le groupe exp. est significativement plus âgé que le groupe contrôle. Bien que l’âge ne semble pas apparaître comme un facteur
d’importance pour la dépendance, la différence est comptée dans les analyses. Pas d’autres différences n’est trouvée.
Caractéristiques des inf. aux :
Il n’y a pas de différence significative dans les caract. entre les groupes exp. et les groupes contrôle. La majorité des soignants sont des
femmes avec une moyenne d’âge de 36 ans et près de 8 ans d’exp.
Effets de la communication non verbale :
Le tableau 5 fournit les moyennes ajustées estimées et les scores de changement pour le groupe expér. en comparaison du groupe
contrôle sur la communication non verbale.
Sur toutes les mesures, les scores de changement négatif indiquent un changement en faveur du groupe exp. En ce qui concerne les cpts
204
non- verbaux des inf.aux. un effet significatif du TTT a été obtenu pour la durée du contact avec les yeux, le toucher affectif et le nombre
moyen de sourires. Au prorata de la durée totale des soins du matin, les pourcentages de contact avec les yeux (regard dirigé vers le
résident) et de toucher affectif augmentent significativement, pendant que le pourcentage de toucher instrumental reste le même.
En ce qui concerne, le cpt non-verbal des résidents, la durée du contact avec les yeux (regard dirigé vers l’inf. aux) et la moyenne du
nombre de sourires des sujets expérimentaux augmentent significativement. Le pourcentage de contact avec les yeux à l’intérieur du
groupe exp. montrent aussi une augmentation signif. mais en comparaison avec le gr. contrôle, le score total de changement n’est pas
significatif.
Les soins du matin avec les inf. aux. formées ont tendance à être plus longs. La longueur totale des soins du matin augmentent
significativement dans le gr. expér. comparé au groupe contrôle.
Effets sur la communication verbale :
Les effets de l’application du snoezelen sur la communication verbale des inf. aux. durant les soins du matin sont présentés dans le
tableau 6. Sur les mesures représentant la communication verbale positive (affective et instrumentale) les scores de changement négatif
indiquent une différence en faveur du groupe exp. Les effets signif. du TTT sont particulièrement visibles dans les catégories
« communication affective positive » et « communication instrumentale positive ». Ces effets sont principalement causés par des
augmentations significatives dans les sous-catégories suivantes : conversation sociale, entente et compréhension, discussion sur la
stimulation sensorielle, donner des infos et autonomie. Par ailleurs, le cpt affectif négatif et le cpt instrumental négatif diminuent en
faveur du groupe exp. Le nombre total d’énoncés verbaux de inf. aux. montrent une diminution signif. dans le groupe exp.
Au prorata du nombre total d’énoncés verbaux, les pourcentages de discussion sur la stimulation sensorielle et l’autonomie diminuent et
les pourcentages de désapprobation, de colère, de connaissances et de questions ouvertes sur les connaissances diminuent.
Les effets sur la communication verbale des résidents sont présentés dans le tableau 7. Un effet significatif du TTT a été trouvé dans la
catégorie communication affective négative. Plus de détails dans l’analyse révèlent dans le post-test que les résidents dans les conditions
exp. montrent moins de désapprobation et de colère alors que ceux dans les conditions contrôle augmentent dans les manifestations de
colère. De plus, l’analyse de la communication des résidents montre une augmentation significative dans l’autonomie (donner son
opinion, faire des choix) chez les résidents dans les conditions expérim. Par conséquent, le nombre total de réponses instrumentales
positives augmentent significativement dans les conditions expérim, bien que ne menant pas à un effet significatif dans le score de
changement total.
Les résidents dans les conditions exp. montrent aussi significativement plus d’énoncés verbaux dans le post-test que dans le pré-test.
Pourtant, un score total de changement n’a pas été atteint.
Il n’y a pas de changements significatifs dans le ratio de comportement affectif (positif ou négatif) versus le comportement instrumental
(positif ou négatif) des résidents.
Cadres de référence et Le concept développé dans cette étude est celui du snoezelen. (voir autre étude de Van Weert et al., 2005). Un autre concept est celui des
concepts utilisés soins du matin qui constitue le moment précis durant lequel les auteurs souhaitent évaluer la communication. L’efficacité est évaluée
durant un moment bien défini et délimité : les soins du matin c’est-à-dire de 7h à midi dans les activités comme les soins d’hygiène. Les
Discussion et seuil de expériences cliniques et la littérature ont indiqué que la période des soins du matin est difficile pour les résidents et les inf.aux. parce que
signification c’est le temps où les comportements problématiques comme l’agitation arrivent fréquemment.
Les cadres de référence sont à notre sens, les indicateurs de communication non verbale et les indicateurs de communication verbale
205
dont ce sont inspirés les auteurs. Voir dans le paragraphe sur les mesures des résultats. Les principes de communication en lien avec la
philosophie du snoezelen constituent pour nous aussi le cadre de référence.
Durant le snoezelen, une attitude empathique, affective des soignants est essentielle : les soignants doivent être se concentrés sur le
partage et entrer dans l’expérience des résidents déments et créer une atmosphère de confiance et de relaxation. Pour promouvoir un sens
d’unité mutuelle avec le résident, les soignants doivent trouver l’équilibre dans leurs interactions entre le verbal et le non verbal. La
communication non verbale soutient la communication verbale, transmet les attitudes interpersonnelles et les états émotionnels et
fonctionne comme un substitut pour le langage quand c’est possible. Le toucher est très important dans l’établissement d’une relation et
peut être utilisé pour montrer de l’affection, du soin et du confort. La communication verbale qui fait appel à des capacités cognitives ne
correspond pas à l’approche snoezelen. En incorporant ces principes de communication sous-tendant l’approche snoezelen les soins
orientés sur le résident peuvent être fournis lesquels devraient diminuer les cpts problématiques et augmenter la qualité de vie.
Discussion :
Les résultats de cette étude soutiennent l’utilisation des principes du snoezelen par les inf. aux. pour des améliorations sont observées
dans la communication verbale et non-verbale dans les soins de la démence. Les inf.aux appliquant l’approche snoezelen dans les soins
du matin démontrent plus de rapport de capacités dans les cpts non verbaux (regard orienté vers le résident, toucher affectif, sourire) que
le groupe contrôle lequel applique des soins habituels. En ce qui concerne la communication verbale, ils montrent plus de
communication affective, particulièrement de conversation sociale, entente et compréhension et discussion sur la stimulation sensorielle.
La communication verbale négative comme fournir des connaissances factuelles ou les manifestations de désapprobation diminuent. La
communication améliorée des inf. aux formées semblent faciliter la communication réactive des résidents. Les résidents montrent une
augmentation dans les regards dirigés vers les inf. aux. et les sourires comme une diminution dans la désapprobation verbale et la colère.
Ces conclusions sont en accord avec nos hypothèses. De façon inattendue, les inf. aux. du groupe exp. donnent plus d’infos facilitant
l’autonomie (communication instrumentale). Les résidents à leur tour montrent une augmentation dans le fait de prendre leur autonomie
(donner son opinion, faire des choix). Bien que ces résultats n’étaient pas attendus à l’avance, ils sont assez faciles à expliquer. Durant la
formation « snoezelen pour les soignants », les inf. aux ont appris à être plus conscients des besoins physiques, sociaux et émotionnels
des résidents. Un de ces besoins, souvent identifiés par les inf. aux semblent être le besoin d’infos. Prendre en compte les possibilités des
résidents semble en être un autre. En permettant au résident de faire ce que l’on ne pensait pas qu’il parviendrait à faire auparavant, l’inf.
aux facilite l’autonomie du résident.
La durée moyenne des soins du matin a aussi augmentée dans le groupe exp. Comparé à une étude descriptive précédente mesurant la
durée des soins dans 2 services de psychogér. hollandais en 1996, la durée moyenne des soins du matin était de 2.2 minutes plus courtes
dans le pré-test dans cette étude (21.2 minutes en 1996 contre 19 min en 2000). Dans le post-test (en 2001), la durée moyenne des soins
du matin augmentent à 23.7 min. dans le groupe exp. C’est intéressant comme la communication change (augm. de la commun. non
verbale des inf. aux et des résidents) coïncide avec la durée des soins du matin. On pourrait faire valoir que durant des soins du matin
plus longs, les inf. aux. ont plus d’opportunités de communiquer, juste parce qu’elles ont plus de temps pour le faire. Par conséquent,
seuls les résultats proportionnés ont leur importance. Une ligne plus fondée sur la théorie du raisonnement connu de la recherche sur la
communication docteur-patient est que l’utilisation des cpts verbaux et non verbaux par les soignants encourage le patient à répondre
avec des durées de consultations plus longues en conséquence. Suivant cette hypothèse, les mesures absolues devraient être présentées
pour éviter les (réels) effets d’amélioration de la communication verbale et non verbale en étant masqué par des mesures relatives.
206
Selon Bensing et al., ces lignes de raisonnement semblent être particulièrement vraies pour la pratique générale et renforce chacun dans
un processus circulaire. Les soins de la démence diffèrent spécialement des soins somatiques dans les attentes que l’on pourrait avoir de
la communication du patient. Les résidents déments des homes ne peuvent généralement pas être prévu pour initier la communication ;
ils peuvent de manière plus probable répondre aux encouragements d’autres personnes. Cela signifie que les efforts des soignants pour
faciliter la réponse des résidents pourraient être encore plus importants que dans les autres contextes de soins. De plus, les résidents ont
besoin de temps pour assimiler l’entrée des inf. aux. et pour être capable de fournir une réaction. Prendre cela en compte, semble plus
probable d’augmenter les initiatives de communication des inf. aux. dans le but de faciliter de manière adéquate les réponses des
personnes démentes. Cela sera suivi automatiquement par une augmentation de la longueur des soins du matin. Ce qui soulève la
question de savoir si un engagement a augmenté au cours du temps des soins du matin doit être considéré comme problématique.
Dans les soins de la démence, il y a peu de moments de soins avec la possibilité de contact individuel réel entre les inf.aux et les
résidents. Les soins du matin en font partie. Les routines de soins individuelles pourraient entraîner un profit durant le reste de la
journée. Ce train de pensée a été confirmé par les inf. aux. du groupe exp. Elles ont mentionné que quand une bataille durant les soins du
matin pouvait être évitée et le résident reste de bonne humeur durant les soins de routine, le reste de la journée progressait plus en
douceur aussi. Elles ont aussi rapporté qu’elles arrivaient quand même à finir leur travail. De plus, la mise en œuvre du nouveau modèle
de soins ne requièrent pas une expansion du nombre de soignants, ce qui suggère que le passage dans l’investissement de temps a été
fait. En conclusion, l’engagement dans le temps dans les soins du matin pourrait être faisable dans l’environnement des soins parce que
les bénéfices semblent balancer l’investissement de temps.
Forces et limites :
Cette étude montre que l’observation des comportements peut être utilisée dans le contexte d’une étude.
Cette étude a aussi des limites. Comme elle utilise des enregistrements vidéos, les réactions des inf. aux. à l’observation pourraient être
un problème potentiel. Les compétences de performance des inf. aux. durant l’observation pourraient être influencés par des facteurs
sociaux et pourraient ne pas être complètement représentatif.
A cause que l’intervention est une combinaison de principes de communication et l’application de stimulation sensorielle, ce n’est pas
possible de dessiner une conclusion fixée sur les contributions séparées de chaque élément.
La présente étude montre que les inf. aux ont utilisé les principes de communication sous-tendant le snoezelen 18 mois après la
formation. Si une formation distincte dans les compétences de communication ou une formation distincte dans l’application du
snoezelen amènent les mêmes conclusions, cela devrait être étudié dans de futures recherches.
Pour observer la communication non verbale, nous nous sommes appuyés sur les instruments utilisés dans les études de Caris-Verhallen,
Kerkstra et al. et Kruijver. En ce qui concerne la communication verbale, nous avons construit avec RIAS. Ces instruments ont prouvé
qu’ils étaient fiables et valides dans l’analyse de la communication soignant-patient. Le RIAS contient un nombre large de variables en
ce qui concerne tant la communication des inf. aux. que des résidents. Dû à cela, il y a une diminution dans le pouvoir des tests
statistiques et en même temps une augmentation dans le risque de faux positifs.
Les résultats de la présente étude révèlent par exemple que le cpt affectif non verbal augmente pdt que le nombre d’énoncés verbaux
affectifs changent à peine. Cela suggère que l’empathie et l’affection sont principalement exprimées de manière non verbale. Le regard
et le toucher affectif sont essentiels dans la relation soignant-soigné et le sourire est aussi supposé comme une caractéristique importante
pour un soignant qui souhaite établir un bon rapport avec les patients. Cependant, l’affection verbale peut aussi être exprimée par
207
l’utilisation de communication sociale ou en demandant l’opinion du résident au lieu de l’utilisation des états affectifs explicitement
prononcés. C’est intéressant d’évaluer la qualité de l’interaction dans de futures recherches pour trouver si les inf. aux. ont la juste
attitude et si elles agissent d’une façon empathique et respectueuse.
Implications pour la pratique :
Dans les soins de la démence, des idées ont été développées rapidement dans les dernières années et la philosophie sous-jacente du
snoezelen est compatible avec ce type de développement. Sous-tendant la formation des compétences dans une philosophie de soins
centrés sur la personne est essentiel. Cette étude fournit la preuve d’un bénéfice perçu de la formation dans le snoezelen chez les
résidents et les soignants dans les homes. Les buts du snoezelen sont de répondre aux besoins individuels de la personne. La mise en
œuvre du snoezelen contribue à une meilleure compréhension de la situation du résident et aident les inf. aux à comprendre ce qui est
important dans la vie des résidents. Pour atteindre cela, les soignants ont besoin d’avoir des compétences de communication, formés
pour faciliter une communication efficace malgré les difficultés de communication des patients déments. Formés les inf. aux. à fournir
des soins snoezelen tient ses promesses comme une approche pour améliorer l’environnement de la communication dans les homes. En
fin de compte, la réalisation des environnements de communication optimale dans les homes est considérée comme contribuant à la
satisfaction au travail et au bien-être. Atteindre les buts d’un programme de formation requière un leadership d’équipe solide et de la
communication, une définition claire des buts orientés sur les patients et la compréhension et l’appréciation des rôles dans les disciplines
variées, et partager les responsabilités pour le patient.
Dans la présente étude, des changements favorables à l’intérieur des catégories verbales et non verbales ont lieu. Les programmes de
formation d’habitude attirent moins l’attention sur les performances des compétences non verbales. Le comportement non verbal semble
faciliter les réponses des résidents de manière efficace. En ce qui concerne la communication verbale, spécialement la facilitation de
l’autonomie semblent résulter des réponses des résidents. Même si les résidents sévèrement atteints de démence semblent capables de
faire des choix entre, par exemple, deux vêtements qu’on leur propose. En stimulant l’autonomie (verbal et non verbal), les résidents
sont soutenus dans leurs propres choix et trouvent leur propre réponse, ceci s’est avéré possible jusqu’à un stade avancé de la maladie.
Seuil de signification :
Voir grille de lecture critique
Commentaires en lien Nous retenons les liens avec la satisfaction au travail et le bien-être.
avec la question de Importance tant de la communication verbale que non verbale.
Impact du snoezelen sur la façon de communiquer des soignants
recherche
Grille de lecture critique d’un article scientifique quantitatif : Van Weert et al. (2005) (4)
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Titre -Permet-il de saisir le problème de X
recherche ?
208
Résumé -Contient-il les principales parties de la X
recherche (par ex., l’introduction, le cadre
théorique, la méthodologie, etc.)?
Introduction -Le problème de recherche est-il énoncé X Oui, les auteurs développent beaucoup l’importance tant de la
Enoncé du problème clairement ? communication verbale que de la communication non verbale avec les
résidents ayant une atteinte cognitive.
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur les X
variables étudiées ?
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts sont-ils X Le concept à l’étude est le snoezelen que les auteurs définissent bien et
conceptuel définis ? mettent en lien avec la thématique principale de la recherche à savoir la
communication soignant-soigné. Le deuxième concept serait les soins du
matin durant lesquels les auteurs souhaitent évaluer la communication.
Comme cadre de référence, nous mettons en évidence les indicateurs de la
communication verbale et non verbale sur lesquels les auteurs s’appuient
pour analyser les résultats. Les principes de communication sous-entendus
dans la philosophie snoezelen font aussi partie du cadre de référence.
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement X Les hypothèses sont clairement décrites et mises en évidence dans le texte.
formulées ?
-Découlent-elles de l’état des connaissances X Oui, elles se basent sur les principes de communication en lien avec la
(théories et recherches antérieures ? philosophie du snoezelen.
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? X Il s’agit d’un devis de recherche quasi expérimental car il n’y a pas eu à
Devis de recherche chaque fois une répartition aléatoire. Le devis quasi expérimental est moins
efficace parce que, en l’absence de répartition aléatoire, il est impossible de
supposer que le groupe expérimental et le groupe témoin sont équivalents au
départ » (Loiselle & Profetto-McGrath, 2007, p.190).
Certains services ont été répartis de manière aléatoire et les autres ont été
répartis selon des critères pratiques > risque de biais. Toutefois, les auteurs
disent avoir évaluer ces risques de biais.
Population -La description de l’échantillon est-elle X
et contexte suffisamment détaillée ?
-La taille de l’échantillon est-elle adéquate X Cela fait un total de 120 infirmières aux. ce qui représente quand même un
par rapport au contexte de la recherche ? chiffre considérable.
Collecte des données -Les instruments de collecte des données X Il s’agit des indicateurs de communication verbale et non verbale qui sont
et mesures sont-ils décrits ? décrits de façon détaillée.
-Les variables à mesurer sont-elles décrites
et opérationnalisées ?
209
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle décrite ? X Le consentement a été demandé. Toutes les considérations éthiques sont
l’étude -A-t-on pris les mesures appropriées afin de respectées.
préserver les droits des participants Les auteurs décrivent comment se sont passés les récoltes de données par le
(éthique) ? biais d’enregistrement vidéo.
Résultats Des analyses statistiques ont-elles été X Toutes les mesures statistiques utilisées ont été décrites.
Traitement des entreprises pour répondre à chacune des
données hypothèses ?
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats probants X La seule critique que nous émettrons concerne le chapitre sur les limites de
susceptibles d’être utilisés dans la pratique l’étude qui n’est pas facile à comprendre sinon l’étude suit une méthodologie
infirmière ou de se révéler utiles pour la rigoureuse.
discipline infirmière ?
210
Zimmerman et al. (2005) : Attitudes, Stress, and Satisfaction of Staff Who Care for Residents With Dementia
Auteurs Zimmerman, S., (doctorat)
Williams, C.S., (doctorat)
Reed, P.S., (doctorat)
Boustani, M., (Docteur of medicine)
Preisser, J.S., (doctorat)
Heck, E. ( master of social work)
& Sloane, P.D. (Docteur of medicine)
Titre de la recherche Attitudes, Stress and Satisfaction of Staff Who Care for Residents With Dementia
The Gerontological Society of America
Journal
Année de publication 2005
Pays Etats-Unis
Question de recherche Etat de la question :
Hypothèses Les fournisseurs de soins directs dans les établissements de longue durée ont un travail difficile. Les infirmières et le personnel soignant
travaillent de longues heures, sont mal payés, reçoivent des bénéfices minimaux et sont sujets aux blessures et à la dépression
Buts de la recherche (Deutschman, 2000 ; Mercer, Heacock & Beck 1993 ; Schrim, Uhman & Barton, 1996). Ironiquement, concomitant avec ces défis, c’est la
reconnaissance que ces travailleurs sont au cœur de la qualité de vie des résidents, et que la relation entre le résident et le soignant est un
élément central de cette qualité (Bowers, Esmond & Jacobson, 2000). Ainsi, les approches exposées et les facteurs de stress vécus par les
aides-infirmiers et aides-soignants personnels sont d'une importance pour le bien-être non seulement des travailleurs eux-mêmes, mais
aussi des résidents et des familles qu'ils servent. Cela peut être une surprise, alors que beaucoup de recherches considèrent le stress dans la
prise en charge des personnes démentes chez les aidants familiaux, peu de recherches ont investigué ces facteurs de stress chez les
soignants dans les soins de longue durée (Mackenzie & Peragine, 2003 ; Mccarty & Drebing, 2003). Cet oubli s’applique aux soins dans
les homes dans lesquels plus de 50 % des résidents ont une démence (Krauss & Altman, 1998) – et dans les soins en établissement/aide
dans le milieu de vie (RC/AL = appartements protégés ? home simple ????), dans lesquels 24 à 42 % des résidents ont une démence
modérée à sévère, incluant jusqu’à 8 % de démence sévère (Zimmerman & Sloane, 1999).
Les questions en lien avec l’offre de soins dans ces RC/AL sont particulièrement étudiées car cet élément de soins de longue durée a
récemment connu une croissance significative. Voir définition dans le cadre de référence. Entre 15 et 37 % des résidents sont affaiblis
dans 3 ou plus dépendances de base (habillage, se nourrir et les transferts) et 37 à 49 % présentent des symptômes comportementaux, avec
des taux de dépréciation qui tendent à être plus élevés dans les petites institutions (Zimmerman, Sloane & Eckert, 2001 ; Zimmerman et
al., 2003). Comme RC/AL est devenu un site de soins remarquable de plus d’un million de personnes (Golant, 2004), il est important
qu’ils soient inclus lorsque des déclarations sont faites sur la situation du prestataire de soins directs en soins de longue durée.
Le modèle théorique du stress chez les soignants dans les homes fournit des connaissances de base aidantes pour ce sujet. Voir définition
dans le cadre de référence. Un taux de renouvellement dépasse 100 % dans plusieurs établissements de soins de longue durée (Pillemer,
1997), le temps est venu de mieux comprendre les attitudes, les facteurs de stress et la satisfaction des soignants qui offrent des soins à ces
211
personnes démentes.
Buts de la recherche :
Nous avons conçu cette étude pour examiner les attitudes que les soignants dans les soins de longue durée ont face à la démence, le stress
qu’ils éprouvent au travail et la satisfaction qu’ils retirent de travailler avec ces résidents. Nous explorons les différences par types
d’établissements et les caractéristiques des travailleurs, et d’examiner les sources de stress, les variables intervenants, le niveau résultant
de stress et les réponses au stress. Nous terminons avec des suggestions sur des pas qui pourraient être faits pour affecter/influencer les
attitudes, le stress et la satisfaction qui ont une implication dans la qualité des soins.
Population/échantillon Les établissements et les équipes participant dans ce projet font partie des études en collaboration avec les soins de longue durée (CS-
LTC), un consortium de plus de 350 RC/AL et homes à travers 4 états (Floride, Maryland, New Jersey et Caroline du Nord) qui ont
participé à des études liées à la qualité de vie et la qualité des soins depuis 1997. Utilisant la typologie développée par CS-LTC, le projet
de soins dans la démence inscrit 4 différents types d’établissement : les homes, les établissements RC/AL avec moins de 16 lits, les
RC/AL traditionnels et les nouveaux modèles d’établissements RC/AL qui se distinguent par l’offre de soins infirmiers qui s’adressent à
une population affaiblie. Les détails de CS-LTC et de la typologie des établissements peuvent être trouvés ailleurs (Zimmerman et al.,
2001).
Le projet de soins dans la démence utilise en grappe plusieurs stratégies d’échantillonnages. Il inscrit un échantillon raisonné de 45
établissements, dont 33 ont été tirés dans ceux qui participaient déjà dans la CS-LTC et connaissait les variabilités de preuve dans certains
domaines des soins de la démence (acceptation des symptômes comportementaux). Les représentants de l’Association Alzheimer ont
identifié 12 établissements supplémentaires qui ont certaines caractéristiques ayant un intérêt particulier (propriétaire de réponse, une unité
spéciale, des soins individualisés programmés de manière journalière, la formation des soignants ou des caractéristiques
environnementales). En général, nous excluons les établissements avec moins de 2 résidents « admissible » (dans les établissements avec
moins de 16 lits) ou de 13 résidents admissibles (dans les autres établissements) de l’étude. Nous nous sommes inscrits dans tous les
établissements admissibles de sorte à maintenir une stratifiation entre les Etats et par types des établissements. Durant le recrutement, 22
établissements (33 %) ont refusé de participé. Les établissements qui ont refusé ne différaient pas des établissements participant, par le
type, la taille ou l’état. L’échantillon final inclus 14 établissements avec moins de 16 lits (24 %), 10 établissements RC/AL avec le
nouveau modèle (22 %) et 10 homes (22%). Proportionnellement, plus de petits établissements ont été inscrits pour augmenter le nombre
de résidents et de soignants qui représentent cet état. La Caroline du Nord a 12 établissements et tous les autres états ont 11 établissements.
Au sein de ces établissements, nous avons sélectionné de manière aléatoire 421 résidents âgés de 65 ans et plus avec un diagnostic de
démence et nous avons demandé à un prestataire de soins direct (voir définition dans cadre de référence) de fournir des informations sur le
résident comme sa ou ses propres attitudes, stress et satisfaction. Chaque administrateur des établissements a fourni des informations sur
les caractéristiques de l’établissement.
Le projet a été approuvé par l’Institutional Review Boards de l’université de Caroline du Nord et de Maryland et la récolte des données a
été conduite sur ces sites entre septembre 2001 et février 2003.
Design = devis Le devis n’est pas mentionné tel quel. Il semblerait que ce soit une étude avec un devis quantitatif corrélationnel descriptif puisque le but
Aspects éthiques de cette étude est d’examiner les attitudes, le stress et la satisfaction des soignants. On cherche d’éventuelles corrélations entre ces 3
thématiques.
Ils ne font pas mention de critères éthiques mais ce projet a été approuvé par l’Institutional Review Boards de l’université de Caroline du
212
Nord et de Maryland.
Méthodologie Les auteurs ont très peu développé la partie sur la récolte des données. Il semblerait qu’ils ont réalisé des questionnaires traitant des 3
thématiques : les attitudes, le stress et la satisfaction.
Mesures :
Nous avons utilisé 3 mesures pour récolter des données concernant les attitudes, le stress et la satisfaction.
Approaches to Dementia : Cette mesure (Lintern, Woods & Phair, 2000) inclus 19 items d’attitude, chacun noté de 1 (fortement en
désaccord) à 5 (fortement d’accord). Ils sont additionnés pour former un score total (éventail de 19 à 95) ainsi qu’un sous-score de l’espoir
(8 items, éventail de 8 à 40) et un sous-score centré sur la personne (11 items, éventail 11 à 55). Des scores plus élevés indiquent des
attitudes plus positives. Des exemples d’items indicatifs de l’espoir (score inversé) incluent « les personnes atteintes de démence sont
vraiment semblables à des enfants » et « il est important de ne pas être trop attaché à ces résidents ». Les items en lien avec les soins
centrés sur la personne incluent « il est important pour les personnes atteintes de démence qu’elles puissent faire le plus de choix possible
dans les activités de la vie quotidienne » et « les personnes atteintes de démence ont besoin de se sentir respecté comme tout le monde ».
Work Stress Inventory (inventaire du stress au travail) : Cette mesure (Shaefer & Moos, 1993) est une modification de la mesure originale
est obtenue en calculant la moyenne des fréquences de 45 facteurs de stress, chacun noté de 1 (jamais pas du tout) à 5 (souvent très bien).
Les scores les plus hauts indiquent plus de stress, et des sous-échelles ont pu être créées pour chacun des 6 domaines : stress en lien avec
les événements, soins des résidents, relations avec les collègues, relations avec les superviseurs, charge de travail et programmation et
conception physique. Des items exemples (un pour chaque domaine) pose des questions sur les 30 derniers jours et incluent les items
suivants : Combien de fois avez-vous eu des tâches à faire pour lesquelles vous n’aviez que peu ou pas de formation ? Combien de fois
vous êtes-vous occupé d’un résident qui n’était pas coopérant, en colère ou se plaignant ? Combien de fois n’avez-vous pas eu l’aide de la
part de vos collègues alors que vous en aviez besoin ? Combien de fois avez-vous été incertain quant à savoir si vos superviseurs pensaient
que vous aviez fait un bon travail? Combien de fois avez-vous eu à travailler avec du personnel qui était inexpérimenté et mal formé?
Pourriez-vous décrire votre lieu de travail comme n'ayant pas d’endroits pour « s’échapper » des résidents ?
Staff Experience Working With Demented Residents (Expériences de travail avec les résidents déments) : Cette mesure (Astrom, Nilsson,
Norberg, Sandman & Winblad, 1991) inclus 21 items évaluant la satisfaction, chacun noté de 0 (pas du tout) à 4 (extrêmement) et
additionné pour créer un score total allant de 0 à 84. Les scores les plus élevés indiquent plus de satisfaction, et des sous-échelles peuvent
être créées pour chacun des 6 domaines : satisfaction avec le feedback, l’organisation des soins, ses propres attentes, le contact avec le
patient, les attentes des autres et l’environnement. Des exemples d’items (un pour chaque domaine) demandent dans quelle mesure les
éléments suivants se produisent : « vous expérimentez des contacts avec des résidents confus comme stimulant » « des mouvements bons
entre le personnel de jour et celui de nuit » ; « les familles des résidents répondent à vos attentes à leur égard » ; « vous pouvez être aidant
et voir les besoins des résidents déments » ; « vous pouvez répondre aux attentes de vos collègues » et « votre place de travail est l’idéal
pour les soins aux personnes démentes ».
Les prestataires directs de soins ont aussi fourni des informations démographiques sur eux-mêmes et ont constaté que bien formés, ils se
considéraient comme capables d’évaluer et de traiter les symptômes comportementaux, la dépression, la douleur, la pratique de l’activité,
la mobilité, la consommation de nourriture et de liquides (voir les rapports dans le présent numéro). Les scores vont de 0 (se sent pas du
tout ou un peu formé dans tous les domaines) à 21 (se sent extrêmement bien formé dans tous les domaines). Enfin, les administrateurs des
établissements ont déclaré sur la taille des établissements, l’âge, les bénéfices de statut, s’ils ont fourni des soins particuliers pour les
213
résidents atteints de démence…
Analyses :
Nous avons calculé les statistiques descriptives simples (moyennes, les écart-type et les pourcentages) pour les établissements et les
caractéristiques démographiques des prestataires de soins ainsi que pour les soins, les attitudes des prestataires, le stress au travail et la
satisfaction. Pour développer le score total et le score de la sous-échelle sur les mesures de « Approaches to Dementia », « Work Stress
Inventory » et « Staff Experience Working With Demented Residents », nous avons créé des scores résumés si au moins 75 % des éléments
composants n’étaient pas manquant, avec les scores rééchelonnés pour maintenir le même taux. Nous avons examiné la cohérence interne
en utilisant le coefficient alpha de Cronbach pour les scores totaux ainsi que pour chaque sous-échelle en se basant uniquement sur les
répondants n’ayant pas manqué d’items pour chaque mesure ou sous-mesure.
Pour estimer les associations entre les attitudes, le stress au travail et la satisfaction, nous avons calculé les coefficients de corrélation de
Pearson pour les scores totaux et les sous-échelles. Nous avons testé la signification statistique de ces associations en utilisant le modèle
linéaire général avec des erreurs corrélés (Diggle, Heagerty, Liang & Zeger, 2002), spécifiant une structure de corrélation composée,
symétrique dans les établissements. En utilisant le modèle linéaire, nous avons testé les associations bivariées entre les établissements et
les caractéristiques des prestataires de soins et chaque mesure des attitudes, du stress au travail et de la satisfaction comme variables
dépendantes et les établissements et les caractéristiques des prestataires de soins comme des variables indépendantes, à nouveau nous
avons spécifié une structure de corrélation composée, symétrique des prestataires de soins dans les établissements. (parce que nous avons
estimé un modèle séparé pour chaque association dans les analyses bivariées, nous avons conduit de multiples tests statistiques pour
chaque variable dépendante ; par conséquent, l’interprétation des résultats se concentre sur les caractéristiques associées avec plus d’une
mesure). Enfin, nous avons estimé les associations indépendantes des caractéristiques des prestataires de soins et des établissements avec
les attitudes, le stress et la satisfaction, chacun dans un seul modèle de régression qui inclut toutes les caractéristiques des établissements et
des prestataires de soins (ainsi que les attitudes, le stress et la satisfaction, excepté quand ils sont la variable dépendante).
Résultats Un total de 154 prestataires directs de soins de 41 établissements ont fourni des données pour ces analyses (4 petits établissements ne sont
pas représentés).
Le tableau 2 fournit des statistiques descriptives pour les mesures des attitudes, du stress et de la satisfaction l'ensemble et par leurs
domaines respectifs, tels que rapportés par les 154 répondants. Les attitudes et la satisfaction étaient plus marquées vers le positif
(moyenne de 70.7 sur un possible de 98 et 62.3 sur un possible de 84, respectivement) et le stress étaient plus marqués vers le négatif
(faible stress ; moyenne de 1.8 sur un possible de 5). Les scores cumulés sur un niveau d’établissement étaient assez semblables, avec une
moyenne de 71 (écart-type 4.7) pour les attitudes, 62.7 (écart-type 6.6) pour la satisfaction et 1.8 (écart-type 0.4) pour le stress.
Considérant les scores dans chaque domaine, nous avons constaté que les attitudes positives ont été le plus évidentes dans la sous-échelle
centrée sur la personne (comparé avec la sous-échelle espoir) ; le stress était plus élevé dans la sous-échelle soins des résidents, et la
satisfaction était plus élevée dans la sous-échelle contact avec le patient.
Les corrélations entre les 3 mesures (pas montrées) étaient -0.03 (attitudes et stress), 0.21 (attitudes et satisfaction ; p<0.01), et -0.24
(satisfaction et stress, p<0.01). La corrélation la plus forte entre les scores de sous-échelle et les scores totaux étaient entre les soins centrés
sur la personne et la satisfaction (r =0.28, p<0.01) et entre le stress avec les collègues, superviseurs, charge de travail et conceptions
physiques avec la satisfaction (r=-0.20 à -0.27, p<0.01). La corrélation la plus forte entre les sous-échelle était entre l’attitude des soins
centrés sur la personne et la satisfaction (avec le feedback et le contact des patients) ; et entre la satisfaction (avec l’organisation et ses
214
propres attentes) et le stress (lien avec les collègues de travail et la charge de travail), tous ces 6 allant de +/- 0.30 à +/- 0.45, p<0.001).
Le tableau 3 affiche la relation des caractéristiques de l’établissement et des prestataires de soins avec les scores totaux et de sous-échelles
des attitudes, du stress et de la satisfaction.
Etant donné le nombre de comparaisons qui ont été faites, nous trouvons qu’il est préférable de se concentrer sur celles qui démontrent de
la cohérence et sont significatifs de l’ensemble des variables. Avec cette mise en garde à l’esprit, il est d’abord évident qu’aucune
caractéristique des établissements ou des fournisseurs de soins n’est complètement en lien avec les trois résultats d’intérêt (attitudes, stress
et satisfaction) ; au mieux, les variables sont en lien avec 2 de ces domaines à l’étude. Se concentrant d’abord sur les caractéristiques des
établissements, nous avons constaté que seulement 2 variables étaient significativement associées avec les mesures résumées : les
établissements d’âge avancé sont reliés à moins d’attitudes optimales et ayant une unité de soins spécialisés reliés à plus de stress. Aucun
des domaines ne diffèrent par le type d’établissement dans lequel le personnel a travaillé (RC/AL, home), et seulement quelques
caractéristiques des résidents ont été liées à l’espoir et à certains éléments de satisfaction, mais pas au stress au travail.
Les caractéristiques des prestataires de soins qui ont été associées de manière cohérente avec les variables à l’étude incluent l’âge du
travailleur, temps de travail et l’adéquation perçue de la formation. Les travailleurs âgés ont rapporté de manière cohérente moins de
stress. Les travailleurs âgés ont aussi rapporté plus de satisfaction, bien que de manière moins cohérente (3 des 6 sous-échelles étaient
significatives). Le personnel qui travaillait pendant 6 mois à 2 ans ont rapporté moins de stress (allant de 43.3 à 46.6, SD=28.5, 23.8) que
ceux qui travaillait depuis plus de 2 ans (M=31.7, SD=21.8) ; cependant, ceux qui travaillait depuis 1 à 2 ans ont rapporté plus d’espoir et
d’attitudes centrées sur la personne (M=73.8, SD=5.6) que ceux qui travaillait depuis une période plus longue (M=69.5, SD=6.2, p<0.01).
Des analyses supplémentaires ont montré que le personnel qui travaille depuis plus de 2 ans ont tendance à travailler dans les
établissements les plus anciens (âge des établissements M=29.9 ans contre 19.3-21.4 ans pour les autres groupes d’âge du personnel). De
plus, le personnel qui se sent mieux formé pour évaluer et traiter les séquelles courantes de la démence était plus susceptible d’embrasser
une attitude centrée sur la personne (r=0.26 et 0.29, p<.0.002 respectivement) et sont plus satisfaits (r=0.58 et 0.56, p<.0.001
respectivement). Enfin, les blacks et les autres minorités de personnel (qui étaient plus susceptibles de rester à leur poste pendant plus de 2
ans ; les données ne sont pas présentées) sont moins susceptibles que les blancs de rapporter des soins centrés sur la personne ((M=46.1,
SD=3.7 et M=44.6, SD=2.2, respectivement contre M=47.6, SD=4 ; p<0.05) mais plus susceptibles d’être satisfaits avec l’environnement
(M=9.4, SD=2.1 et M=9.9, SD=1.7, respectivement contre M=8.5, SD=2, p<0.05).
Après les ajustements pour toutes les caractéristiques des établissements et des soignants (voir tableau 4), l’espoir et les attitudes centrées
sur la personne sont plus souvent adoptés par des travailleurs avec une plus haute éducation (p<0.05) et ceux qui travaillent depuis 1 à 2
ans (contre une plus longue période de temps ; p<0.1) ; il a été moins souvent rapporté par ceux-ci qui n’étaient pas black (contre ceux qui
étaient blancs, p<0.01). Le stress était plus souvent rapporté par les hommes, jeunes travailleurs, et ceux travaillant depuis 1 ou 2 ans
(contre une plus longue période de temps, p<0.05) mais moins souvent rapporté pour les travailleurs des établissements RC/AL avec
moins de 16 lits que par les travailleurs des homes. Enfin, la satisfaction était plus haute chez les travailleurs qui n’étaient pas black
(contre ceux qui étaient blancs, p<0.05 et ceux avec plus de formation dans l’évaluation, p<0.001) et le traitement (p<0.05).
Cadres de référence et Cadres de référence et concepts utilisés :
concepts utilisés Le premier concept auquel les auteurs font référence est le type d’établissement RC/AL. RC/AL est généralement défini comme étant des
établissements, agrées par l’état, à un niveau de soins non-infirmiers à domicile, qui procurent un hébergement, de la nourriture et une
Discussion et seuil de surveillance de 24 heures et de l’aide dans les activités de la vie quotidienne (Kane & Wilson, 1993). Ils montrent la diversité marquée,
signification
215
couvrant des maisons avec seulement quelques lits de résidents allant jusqu’à une centaine de lits. Un autre concept défini par les auteurs
est celui de prestataire direct de soins. Il s’agit de l’individu qui offre le plus de soins et connaît le plus sur les soins du résident, sa santé,
son humeur, et les AVQ.
Le cadre de référence serait le modèle théorique du stress chez les soignants. Il reconnaît les sources de stress (stresseurs personnels et
ceux liés à la fonction globale du milieu de travail et les interactions avec les collègues et les résidents), les variables intervenantes
(ressources personnelles et de travail, dont le dernier comprend la formation professionnelle, l’ajustement résultant entre le job et la
personne, la réponse au stress (incluant les réactions émotionnelles comme le cynisme ou l’optimisme et la satisfaction, et les réactions
comportementales comme partir) et l’impact du stress sur la place de travail (en lien avec la qualité des soins ; voir Cohen-Mansfield,
1995). D’autres conviennent que dans les facteurs contribuant au stress, on peut inclure un manque de préparation à offrir des soins et un
manque de confiance dans la perception de la capacité à fournir des soins et que l’impact du stress comprend une diminution de la
satisfaction au travail et augmente le renouvellement (Evers, Tomic & Brouwers, 2001 ; Mackenzie & Peragine, 2003 ; Schaefer & Moos,
1996).
Discussion :
Dans cet article, à l’aide de 3 mesures relativement nouvelles qui évaluent les caractéristiques pertinentes pour l’offre en soins pour les
résidents déments, nous présentons les perspectives de 154 prestataires de soins directs interrogés à partir d’une gamme d’établissements
de soins de longue durée. En faisant cela, nous nous concentrons sur un élément négligé des soins de longue durée, le personnel de
première ligne, et identifier les domaines de la pratique qui pourrait bénéficier d’attention. Notre étude bénéficie également de la
communauté universitaire en rendant plus accessible 3 mesures qui ne sont pas souvent citées dans la littérature et qui ont des propriétés
psychométriques adéquates lesquelles justifient son utilisation future.
Des analyses ajustées indiquent des associations variées avec des mesures globales des attitudes, du stress et de la satisfaction. A noter,
aucune caractéristique des établissements n’a atteint un niveau significatif de p<0.05. Cependant, comparé avec les travailleurs des homes,
ceux qui travaillent dans les établissements RC/AL avec moins de 16 lits ont rapporté moins de stress (p<0.1). Ces conclusions, couplées
avec les mérites reconnus des plus petits établissements (fournir un environnement plus intime et familial) et les résultats bénéfiques pour
les résidents (moins de déclin fonctionnel et social sur un an) reconnaît encore un autre avantage de cet environnement soutenant (Morgan,
Gruber-Baldini, Eckert & Zimmerman, 2004 ; Zimmerman, Sloane, Eckert et al., 2005). Le stress était aussi plus souvent rapporté par les
travailleurs masculins, jeunes travailleurs et ceux travaillant depuis 1 ou 2 ans (contre plus longtemps) ; certainement, d’apporter un
soutien ciblé à ces personnes semblent justifié, d’autant qu’ils ont déjà démontré un niveau d’engagement dans l’emploi. Sur une question
connexe, ces individus qui ont travaillé pendant 1 ou 2 ans sont plus susceptibles d’adopter des attitudes d’espoir centrées sur la personne
que ceux qui travaillent depuis plus longtemps. Ainsi, la participation au bien-être et la formation continue de ces travailleurs peuvent
atténuer une tendance à devenir blasé au fil du temps ou de chercher des opportunités d’emploi ailleurs. Les travailleurs plus formés sont
aussi plus susceptibles de rapporter des attitudes sensibles face à la démence, mais comparé avec les travailleurs blancs, ceux qui n’étaient
pas black (les asiatiques) étaient moins susceptibles de rapporter ce genre d’attitudes. Ironiquement, ils étaient aussi plus satisfaits que les
travailleurs blancs (tout comme les travailleurs qui avaient plus de formation). Comme la main-d'œuvre dans les soins de longue durée est
de plus en plus celui de la diversité raciale et ethnique, ces résultats suggèrent qu'une attention particulière peut être nécessaire pour
assurer la prestation de soins adaptés à la culture. Enfin, de noter le changement de direction/sens dans la relation entre le type
d’établissement (RC/AL) et les attitudes face à la démence, quand les relations sont ajustées pour les caractéristiques des établissements et
216
des prestataires de soins ; ce changement suggère que les caractéristiques personnelles et environnementales sont susceptibles d’exercer
une forte influence sur les attitudes des soignants.
Pendant que les analyses ajustées élucident la contribution indépendante des caractéristiques des établissements et des prestataires de soins
aux résultats de notre étude, des comparaisons bivariées sont utiles parce que la relation entre les caractéristiques et les attitudes, le stress
et la satisfaction sont rarement « ajustées » dans le monde réel. A cet égard, une des conclusions les plus remarquable est que les attitudes
envers les soins de la démence (et spécialement les soins centrés sur la personne) sont en lien avec la satisfaction des travailleurs. A notre
connaissance, cette étude est la première qui évalue de manière empirique les corrélations des soins centrés sur la personne, le mode de
soins individualisés pense que la véritable intention de l’amélioration de la qualité des réformes des soins dans les homes énoncés dans le
Omnibus Budget Reconciliation Act de 1987 (Rader, 1995).
Les items reflétant ce mode de soins abordent le besoin de fournir des activités stimulantes et agréables, le choix, l’empathie, la
compréhension et le réconfort, le respect et les soins aux besoins psychologiques ; de voir les résidents comme ayant des capacités et des
raisons à leur comportement ; de se réjouir d’être avec les résidents et de croire que ce qui est dit à une personne démente compte
réellement. Des soins individualisés ont été présentés comme importants pour le bien-être des résidents déments, mais jusqu’à maintenant,
rien n’avait été documenté sur sa relation avec le bien-être du personnel. Soigner pour le personnel signifie se préparer suffisamment
(Kitwood, 1997), et une perspective de soins centrés sur la personne peut être en lien avec la satisfaction du personnel parce qu’il indique
une meilleure préparation pour relever le défi d’offrir des soins aux personnes démentes.
Une attitude centrée sur la personne à soigner est plus souvent rapportée par le personnel soignant travaillant dans les établissements plus
nouveaux et par ceux qui se sentent mieux formés. Etant donné la récente nouvelle évolution de la philosophie de soins centrés sur la
personne, nous trouvons qu’il est hautement plausible que sa plus petite prévalence dans les établissements plus anciens représente un
retranchement du plus traditionnel modèle médical de soins. Par conséquent, considérant qu’une « culture de l’établissement » des soins
dans la démence peut évoluer au fil du temps (Mead, Eckert, Zimmerman & Schumacher, 2005, cette question), les administrateurs
seraient bien avisés d’intégrer une formation centrée sur la personne dans leur liste de priorités. Ils peuvent envisager d’utiliser un
instrument similaire à la mesure des Approches de la Démence pour déterminer dans quelle mesure les membres des équipes adoptent une
attitude sensible à la démence, et ensuite de développer et mettre en œuvre les programmes de formation pour soutenir ces attitudes. Bien
que la bonté et la gentillesse peuvent être dans une certaine mesure des qualités innées, la sensibilité peut être encadrée et apprise quand ce
genre d’attentes sont posées (Fazio, Seman & Stansell, 1999).
Cette étude a aussi trouvé que les travailleurs qui perçoivent eux-mêmes qu’être bien formés dans les soins de la démence rendent plus
susceptible d’adopter des soins centrés sur la personne et rapportent plus de satisfaction (cette dernière constatation est significative dans
les analyses ajustées aussi). Etant donné la nature transversale de cette étude, il n’est pas clair s’il résulte de la satisfaction de la formation
ou si ce sont ceux qui sont plus satisfaits qui perçoivent eux-mêmes qu’ils sont mieux formés. De manière similaire, il est possible qu’une
attitude centrée sur la personne fournisse un cadre/structure nécessaire pour la perception de compétence ou que la compétence encourage
une attitude centrée sur la personne. Néanmoins, ces résultats suggèrent que les avantages de la formation au-delà de ceux qui sont
accordés aux résidents, en permettant à un travailleur de se sentir assurés tout en effectuant ses tâches (Kitwood, 1997). D’autres études
ont aussi trouvé que la formation des soignants contribue à la satisfaction au travail, à la motivation et à l’engagement (Gurnik & Hollis-
Sawyer, 2003 ; Landie et al., 1999 ; Mackenzie & Peragine, 2003). Dans une intervention, par exemple, une session de formation de 80
heures sur offrir des soins à des personnes démentes aboutit à une meilleure connaissance de la maladie d’Alzheimer, à de la satisfaction
217
au travail et à de la satisfaction avec la préparation à l’emploi (Mass, Buckwalter, Swanson & Mobily, 1994).
Dans une note moins positive, le stress des travailleurs est plus haut dans les établissements qui ont des unités spécialisées.
D'autres études publiées sur la relation entre les unités spécialisées de la démence et le stress du personnel ont donné des résultats mixtes,
avec des études contrôlées suggérant que le stress n'est pas lié à l’état de la démence en soi mais plutôt à des facteurs tels que la sévérité de
la démence, la dotation personnel/résident et la formation du personnel (U.S. Congress, 1992 ; aussi voir McCarty & Drebing, 2002).
Ainsi, une explication possible pour la relation détectée est que les unités spécialisées offrent des soins pour une population plus affaiblie,
une hypothèse qui est soutenue dans cette étude par la conclusion que les individus avec une démence sévère à très sévère sont plus
prévalent dans les établissements avec des unités spécialisées (76 % contre 52 %, p<0.003). De plus, les participants dans les
établissements avec les unités spécialisées présentent significativement plus de symptômes comportementaux et légèrement plus de
déficiences dans les activités du quotidien (pas significatif).
Toutefois, le fait que le type d'établissement et le cas des résidents à l'emploi ne sont pas liés à l'une des variables à l'étude plaide contre
cette hypothèse. Au contraire, il peut être utile d'examiner certains des éléments inclus dans les deux sous-échelles de stress qui sont
importants (soins des résidents et de la charge de travail et de la programmation), et les deux sous-échelles de satisfaction qui sont
importants (satisfaction avec l'organisation des soins et de l'environnement). Ceux-ci impliquent que les travailleurs des unités spécialisées
font face à un groupe de défis stressants, incluant les résidents qui sont indifférents ou peu coopératifs, les familles qui se plaignent ou qui
ont besoin d’un soutien affectif, le manque de personnel, les collègues inexpérimentés, l’insatisfaction liée au flux du travail et des attentes
non satisfaites. Ainsi, les établissements qui ont des unités spécialisées (dans cette analyse 45 % de ceux-ci sont des RC/AL et 80 % de
ceux-ci dans les homes) peuvent attirer une clientèle démographique différente, subir les défis organisationnels pas constaté dans les autres
établissements et peut-être établir des attentes difficiles à satisfaire. Considérant cela, la majorité des soins de longue durée pour les
résidents avec une démence ne sont pas offerts dans des unités de soins spécialisées (dans les établissements RC/AL, 68 % sur 89 % des
résidents qui ont une démence modérée à sévère ne résident pas dans une unité spécialisée ; voire Sloane, Zimmerman & Ory, 2001) et le
manque de données démontre le bénéfice des unités spécialisées (Phillips et al., 1997), nous pensons qu’il incombe aux administrateurs de
reconsidérer la structure et les buts des unités spécialisées et d’examiner les déficits dans l’organisation de ces soins. Au minimum, les
établissements pourraient bénéficier des mécanismes administratifs pour réduire le stress et offrir un soutien au personnel (Kilster &
McCracken, 1995).
Limites de l’étude :
Comme pour tous les travaux, les limites de cette étude doivent être connues. Parce que les établissements devaient avoir un nombre
minimum de résidents déments pour être admis dans l’étude (2 dans les établissements de moins de 16 lits et 13 dans les établissements
plus grands), plus d’établissements dans cet échantillon ont des unités de soins spécialisées (54 %) que d’habitude dans les établissements
RC/AL, où la gamme actuelle est de 8 à 25 % (Sloane et al., 2001). Toutefois, ce suréchantillonnage a permis un examen plus robuste de
la relation entre les unités de soins spécialisées et ces résultats. De plus, cette étude s’est limitée aux travailleurs de 41 établissements et les
données sont auto-évaluées et ne peuvent pas être vérifiées dans la réalité. Alors que les attitudes, le stress et la satisfaction peuvent être
mieux auto-évalués, l’évaluation des approches de soins est certainement le meilleur témoin, mais des efforts en sont à leurs débuts (voir
Zimmerman, Sloane, Williams et al. 2005, cette question pour ce nouveau travail dans ce domaine). Néanmoins, malgré les limites, la
compréhension de la corrélation des attitudes des travailleurs et du bien-être offre une occasion d’améliorer non seulement la situation des
travailleurs mais aussi celle des résidents dont ils prennent soin.
218
Seuil de signification :
Voir grille critique d’analyse des études quantitatives
Commentaires en lien En résumé, les résultats de cette étude montrent que la satisfaction et les attitudes des soignants sont plutôt positives et qu’il y a un niveau
avec la question de de stress relativement faible. Le score le plus haut pour les attitudes face à la démence se retrouve dans la sous-échelle « soins centrés sur
la personne » pour la satisfaction il s’agit « du contact avec les résidents ». Concernant le niveau de stress, celui-ci est le plus élevé dans la
recherche sous-échelle sur « les soins aux résidents ». Donc, on peut tirer les conclusions que le fait d’avoir une attitude centrée sur la personne ainsi
qu’un bon contact avec les résidents sont synonymes de perception positive des personnes démentes et surtout de satisfaction. On peut
aussi affirmer que la prise en charge des personnes démentes est complexe et exigeante et donc source de stress pour les soignants.
L’étude de Brodaty et al. (2003) affirme, elle, que les soignants qui ont des perceptions négatives rapportent un niveau de stress inférieur.
On peut donc faire l’hypothèse que les soignants ressentent du stress dans la prise en charge des personnes démentes parce qu’ils sont très
impliqués dans celle-ci alors que ceux qui ressentent moins de stress seraient moins impliqués et plus distants dans la relation.
Les 3 mesures à l’étude ici (attitudes, stress et satisfaction) ont aussi été mises en corrélation les unes avec les autres. L’analyse de ces
corrélations permet d’affirmer que :
Plus l’attitude est positive, plus le stress diminue.
Plus l’attitude est positive, plus la satisfaction augmente.
Plus le stress est faible, plus la satisfaction est bonne.
Il ressort aussi qu’il y a une forte relation entre la sous-échelle « soins centrés sur la personne » et la satisfaction notamment dans le
contact avec le résident et le feedback. Ceci appuie les propos développés ci-dessus. Les résultats de cette étude sont assez contradictoires
avec l’étude de Brodaty et al. (2003) qui affirme que les soignants ont une attitude plutôt négative face aux personnes démentes et n’ont
donc que peu de satisfaction au travail. Par contre, on peut tirer la conclusion générale, que la satisfaction des soignants dans leur pratique
est directement en lien avec leur attitude face aux personnes démentes. Ceci permet aussi d’affirmer que les interventions des soignants
seront fortement influencées par leur perception/attitude face aux personnes démentes. Les soignants qui ont répondu avoir une attitude
positive face aux personnes démentes proposaient une offre en soins centrée sur la personne et appréciaient le contact avec eux.
Inversement, on peut se dire qu’un soignant ayant une perception négative des personnes démentes risque certainement de moins s’investir
dans la relation et le contact avec ces personnes.
Nous souhaitons aussi relever que cette étude met en évidence que plus l’établissement est petit, moins il y a de stress. De plus, ces
établissements fournissant un environnement intime et familial ont un impact positif sur les résidents avec moins de déclin fonctionnel et
social sur un an. Ces propos vont dans le même sens que ceux que nous avons pu lire dans l’étude de Visser et al. (2008) qui mentionnent
que les aspects organisationnels et environnementaux jouent un rôle primordial dans la gestion des SCPD. Brodaty et al. (2003) font aussi
part de leur crainte quant aux répercussions possibles des changements organisationnels.
Cet article met aussi en évidence un stress plus important chez les jeunes travailleurs (jeunes diplômés) et chez les nouveaux travailleurs
dans l’institution. Nous pouvons faire un lien ici avec l’expérience qui selon cet article, serait synonyme de moins de stress. L’étude de
Brodaty (2003) met en évidence le fait qu’une plus grande expérience dans les homes était associée avec plus de stress ce qui contredirait
les résultats de cette étude. A priori, nous pensons aussi que l’expérience constitue un facteur aidant.
Cette étude aborde le fait que les soignants qui ne travaillent que depuis 1 à 2 ans dans l’établissement adoptent plus facilement une
attitude centrée sur le résident que ceux qui travaillent depuis plus longtemps. Nous avons un peu de peine à commenter ce résultat mais
219
on pourrait faire l’hypothèse que les soignants qui travaillent depuis plus longtemps ont de la difficulté à offrir une prise en charge
toujours centrée sur le résident car on sait que cela est très exigeant et demande un grand investissement de la part du soignant et beaucoup
d’énergie. Ceci nous fait penser à la thématique de l’épuisement des soignants que l’on a abordé dans notre esquisse car l’on sait que la
prise en charge au quotidien de patients atteints de troubles cognitifs est très difficile. En effet, lorsque le soignant souffre d’épuisement
professionnel, la relation à l’autre risque fortement d’être altérée avec un détachement de la relation et donc un désinvestissement. Le
soignant qui est « nouveau » a certainement de la motivation et de l’intérêt et surtout de l’énergie à investir dans ces projets de soins. Ceci
soulève l’importance de prendre soin de la santé psychique des soignants pour qu’ils puissent offrir des soins de qualité aux résidents en
mettant en place notamment de la formation continue comme proposé dans cet article. La formation constitue un élément central tant dans
la perspective d’offrir des soins de qualité centrés sur le résident que dans la satisfaction des soignants. Le soignant a besoin de se sentir
formé pour pouvoir offrir des soins individualisé et de qualité. Cet aspect de formation est mentionné de manière unanime dans chacun des
articles consultés. Dans l’étude de Brodaty et al. (2003), 55 % des soignants sentent qu’ils ne connaissent pas assez sur la pathologie et les
TTT des résidents. L’étude de Visser et al. (2008) qui a spécifiquement étudié l’efficacité de la formation des soignants dans la gestion des
symptômes comportementaux de la démence propose de fournir de la supervision et de la formation mais rapporte surtout que les aspects
organisationnels et environnementaux jouent un rôle clé dans l’efficacité de celle-ci. Dans les aspects organisationnels, on pourrait
mentionner l’importance d’avoir le soutien de la hiérarchie. L’étude de Brodaty et al. (2003) aborde aussi le fait que les différences de
stress peuvent être le résultat de plusieurs facteurs comme les différents styles de leadership des dirigeants et indirectement du soutien de
la hiérarchie.
Nous pouvons donc faire un lien entre les deux parties de notre question de recherche à savoir, d’une part, les interventions infirmières qui
peuvent aider à maintenir une communication et une relation avec les personnes sévèrement atteintes de démence et d’autre part, l’impact
des SCPD sur les soignants. En effet, la formation constitue une intervention infirmière qui peut aider à maintenir une relation avec une
personne démente car elle permet d’acquérir des compétences tant sur la pathologie que sur sa prise en charge. Nous avons pu aussi, à
travers nos lectures, nous rendre compte que les symptômes de la démence peuvent avoir un impact direct sur la satisfaction au travail des
soignants. Cette même formation peut être un outil pour améliorer la satisfaction des soignants.
Le dernier élément que nous souhaitons retenir de cette étude est l’affirmation que le stress des soignants serait plus élevé dans les
établissements possédant une unité spécialisée. Ceci est argumenté par le fait que ces unités spécialisées accueillent des résidents avec une
démence très avancée et donc des symptômes comportementaux plus importants. Ainsi, les soignants feraient face un groupe de défis
stressants sur plusieurs plans (organisationnel, accompagnement et soutien de la famille, comportements difficiles des résidents).
Grille de lecture critique d’un article scientifique quantitatif : Zimmerman et al. (2005)
Aspects du rapport Questions oui Non Peu Commentaires
clair
Titre -Permet-il de saisir le problème de X Le titre est précis et clair. On sait tout de suite la thématique qui sera
recherche ? abordée.
220
Résumé -Contient-il les principales parties de la X Le résumé est clair. Toutefois, le cadre théorique n’est pas clairement
recherche (par ex., l’introduction, le cadre exprimé ainsi que le devis de recherche qui n’est pas du tout mentionné. Les
théorique, la méthodologie, etc.)? auteurs mentionnent un sous-titre « implications ».Cela peut porter à
confusion parce que l’on peut croire qu’il s’agit des implications pour de
futures recherches alors qu’en fait il s’agit de pistes d’action.
Introduction -Le problème de recherche est-il énoncé X Il n’y pas d’introduction en tant que tel.
Enoncé du problème clairement ?
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur les X La recension des écrits est très bien développée avec plusieurs références à
variables étudiées ? d’autres études.
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts sont-ils X Les auteurs n’ont pas donné de définition à tous les concepts utilisés. Nous
conceptuel définis ? pensons qu’ils auraient dû définir les 3 thématiques principales à savoir : les
attitudes, le stress et la satisfaction. Toutefois, ils amènent quelques
définitions d’autres concepts comme les établissements RC/AL et ce qu’ils
entendent par prestataire de soins direct ce qui est très bénéfique pour une
bonne compréhension de l’étude et de ses résultats. Le cadre théorique est,
quant à lui, mentionné de façon clair. Il s’agit du modèle théorique du stress
des soignants qui est bien référencé.
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement X Il est difficile d’identifier précisément dans le texte à quel moment les
formulées ? auteurs font mention de celles-ci. Cela constitue à notre sens un manque dans
cette étude.
-Découlent-elles de l’état des connaissances X Il paraît difficile de répondre à cette question car nous ne sommes pas
(théories et recherches antérieures ? parvenus à identifier clairement la présence ou non d’hypothèses.
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? X Cela est un grand manque. Rien n’est mentionné sur celui-ci. On sait juste
Devis de recherche qu’ils ont récolté des données par questionnaire et qu’ils les ont analysés à
l’aide de statistiques et de coefficient de corrélation.
Population -La description de l’échantillon est-elle X Cette partie concernant l’échantillon est très bien détaillée et on sait d’où cet
et contexte suffisamment détaillée ? échantillon est tiré.
-La taille de l’échantillon est-elle adéquate X Oui, l’échantillon est suffisamment grand (N=154) et permet d’obtenir des
par rapport au contexte de la recherche ? résultats significatifs.
Collecte des données -Les instruments de collecte des données X Oui, les auteurs décrivent précisément les 3 mesures utilisées pour récolter
et mesures sont-ils décrits ? des données. Il s’agit de : « Approaches to Dementia », « Work Stress
Inventory » et « Staff Experience Working With Demented Residents ».
-Les variables à mesurer sont-elles décrites X Oui, les auteurs nomment clairement quels sont les variables dépendantes et
et opérationnalisées ? les variables indépendantes. Ceci facilite la compréhension. Les variables
dépendantes sont : les attitudes, le stress et la satisfaction et les variables
221
indépendantes sont : les caractéristiques des établissements et des prestataires
directs de soins.
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle décrite ? X Ils ne mentionnent pas clairement les critères éthiques mais ils disent que
l’étude -A-t-on pris les mesures appropriées afin de l’étude a été approuvée par un institut de l’université de Caroline du Nord et
préserver les droits des participants de Maryland.
(éthique) ?
Résultats Des analyses statistiques ont-elles été X Ils décrivent très bien tout le processus pour les statistiques qu’ils ont
Traitement des entreprises pour répondre à chacune des entrepris. Ils ont d’abord calculé les statistiques descriptives simples
données hypothèses ? (moyennes, écart-type et pourcentage). Ils ont fait appel au coefficient de
Cronbach pour évaluer la cohérence interne. Pour estimer les associations
entre les attitudes, le stress au travail et la satisfaction, ils ont calculé le
coefficient de corrélation de Pearson.
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de manière X Les commentaires sur les résultats sont difficiles à comprendre et à lire par la
résultats claire (commentaires, tableaux, graphiques, présence de beaucoup de chiffres dans le texte. On aurait tendance à se
etc.) ? perdre dans ces chiffres. Il est nécessaire de les lire plusieurs fois. De plus,
les tableaux ne constituent pas un élément favorisant la compréhension
rapide des résultats car ils sont eux-mêmes très compliqués.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils interprétés X Les résultats sont bien interprétés par rapport aux 3 mesures choisis pour
Intégration de la à partir du cadre théorique et conceptuel, cette étude à savoir les attitudes, le stress et la satisfaction. Ils sont très bien
théorie et des concepts ainsi que des recherches antérieures ? mis en lien avec les résultats d’autres études. On peut le voir dans le texte
grâce aux multiples références mentionnées.
-Les chercheurs abordent-ils la question de X Les auteurs ne mentionnent rien à ce sujet.
la généralisation des conclusions ?
-les chercheurs rendent-ils compte des X Les limites sont mentionnées mais ne sont pas très claires.
limites de l’étude ?
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des X En résumé, cette partie discussion n’est pas très bien construite. Il manque la
conséquences de l’étude sur la pratique question de la généralisation des résultats et des perspectives pour de futures
clinique et sur les travaux de recherche à recherches.
venir ?
Questions générales -L’article est-il bien écrit, bien structuré et Il semblerait qu’il y a plusieurs manques dans cette étude mais la précision
Présentation suffisamment détaillé pour se prêter à une dans l’analyse des données sur le plan statistiques constitue une force de
analyse critique minutieuse ? l’étude. De plus, il est à chaque fois mentionné si les résultats peuvent être
considérés comme significatifs ou pas. L’échantillon de l’étude est aussi très
bien développé et très précis ce qui aidant pour la compréhension globale de
l’étude. L’article en général est bien structuré avec plusieurs sous-chapitres
malgré le fait qu’ils ont oublié de décrire le devis.
222
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats probants X Oui, les résultats de cette étude sont pertinents et très intéressant pour la
susceptibles d’être utilisés dans la pratique pratique car très peu d’articles se sont intéressés au stress des soignants dans
infirmière ou de se révéler utiles pour la les soins de longue durée alors que l’on sait que les soignants sont au cœur
discipline infirmière ? de la qualité de vie des résidents.
223