Les Besoins Des Infirmières en Soins Intensifs Lors de La Prise en Soins D'un Donneur Potentiel Et de Ses Proches

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Don d’organes

Les besoins des infirmières en soins intensifs


lors de la prise en soins d’un donneur potentiel
et de ses proches

Une revue de littérature étoffée

Travail de Bachelor

Marie Deillon et Aurélie Rouiller


Promotion 2011-2014

Sous la direction de François Magnin et Sylvie Baeriswyl

Haute École de Santé Fribourg


Filière des soins infirmiers

Le 30 juin 2014
Résumé

Introduction : Actuellement, le don d’organes représente une problématique


dans le domaine de la santé suisse en raison d’un taux insuffisant de donneurs
pour répondre à la demande croissante d’organes. Les difficultés rencontrées
par les infirmières en soins intensifs, lors de la prise en soins d’un donneur
potentiel et de ses proches, sont encore peu étudiées dans la littérature
scientifique. Leur compréhension est alors nécessaire pour améliorer la
pratique du don et indirectement augmenter le taux de consentement au DO.

Objectif : cette revue étoffée de littérature consiste à effectuer un état des


connaissances concernant les difficultés et les besoins des infirmières en soins
intensifs lors de la prise en soins d’un donneur potentiel et de ses proches ;
ceci, afin de proposer des moyens pouvant les aider à mieux gérer la
complexité d’une telle situation et son impact psychologique.

Méthode : Les recherches menées sur différentes bases de données nous ont
permis de sélectionner dix articles scientifiques. L’utilisation de diverses
stratégies de recherche à l’aide de Mesh Terms ainsi que la définition de
critères d’inclusion et d’exclusion ont facilité la sélection des études. L’analyse
de ces dernières et la mesure de leur pertinence ont été effectuées à l’aide de
grilles d’analyse critique qualitatives et quantitatives. Finalement, les résultats
des dix études ont été catégorisés afin d’identifier les principaux besoins des
infirmières et les moyens proposés pour y répondre.

Résultats : Trois catégories ont émergé de la lecture des résultats : l’éducation


et les connaissances, les perceptions et les attitudes, la communication et la
relation. Chacune de ces catégories a permis de ressortir des besoins infirmiers
et des pistes d’action dont l’efficacité doit toutefois être confirmée par de futures
études.

Conclusion : Cette revue de littérature démontre l’importance de mieux


connaître et comprendre les besoins des infirmières en soins intensifs dans le
processus de don. L’instauration d’une formation adéquate peut influencer
positivement leur compréhension du concept de mort cérébrale mais aussi leurs
perceptions et leurs attitudes. La réflexion au sein de l’équipe médico-infirmière

2
sur les enjeux éthiques induits par les situations de don pourrait améliorer la
communication et la relation avec les proches de donneurs potentiels.

Mots-clés : nurse’s needs, intensive care, tissue donors, relatives, organ


donation

3
Remerciements

Nous tenons à remercier nos directeurs de Bachelor Thesis, Monsieur François


Magnin et Madame Sylvie Baeriswyl, pour leur investissement, leurs conseils et
la confiance qu’ils nous ont accordée au cours de notre travail.

Nous souhaitons également adresser nos sincères remerciements à Madame


Catherine Dubey et Madame Sandrine Pihet qui, par leurs précieux conseils,
nous ont permis d’avancer sûrement dans l’analyse de nos articles
scientifiques.

Nous remercions Madame Delphine Carré pour l’intérêt qu’elle a porté à notre
travail ainsi que pour ses conseils et sa disponibilité.

Enfin, nous tenons à remercier nos parents, Monsieur Nicolas Deillon et


Madame Claire-Lyse Rouiller qui ont relu attentivement et avec patience
l’ensemble de notre travail.

4
Table des matières

Introduction ...................................................................................................... 7

1. Problématique .............................................................................................. 9

1.1. But et question de recherche ................................................................. 12

2. Cadre de référence ..................................................................................... 13

2.1. Éthique ................................................................................................... 13

2.2. Concepts intégrés au cadre de référence .............................................. 15

2.2.1. Mort cérébrale ................................................................................. 15

2.2.2. Crise................................................................................................ 16

2.2.3. Advocacy ........................................................................................ 18

3. Méthodologie .............................................................................................. 20

3.1. Stratégies de recherche ......................................................................... 21

3.2. Démarche d’analyse et de synthèse des données ................................ 24

4. Résultats ..................................................................................................... 25

4.1. Éducation et connaissances des infirmières au sujet du DO ................. 26

4.2. Perceptions et attitudes des infirmières en SI ........................................ 30

4.3. Communication et relation avec les proches ......................................... 38

5. Discussion .................................................................................................. 40

5.1. Qualité des résultats .............................................................................. 40

5.2. Synthèse des résultats ........................................................................... 44

5.3. Interprétation des résultats .................................................................... 45

5.3.1. Connaissances et éducation ............................................................... 45

5.3.2. Perceptions et attitudes ...................................................................... 50

5.3.3. Compétences et techniques relationnelles ......................................... 55

5
5.4. Réponse à la question de recherche ..................................................... 61

6. Conclusion.................................................................................................. 63

6.1. Implication pour la pratique .................................................................... 63

6.2. Besoins de recherches futures .............................................................. 65

6.3. Forces et faiblesses du Bachelor Thesis ............................................... 67

6.4. Le mot des auteures .............................................................................. 68

Liste des références bibliographiques ......................................................... 70

Annexes .......................................................................................................... 75

Annexe A : Déclaration d’authenticité ........................................................... 75

Annexe B : Grilles de lecture critique des 10 articles scientifiques ............... 76

Annexe C : Synthèse de l’interprétation des résultats des 10 articles


scientifiques ................................................................................................ 122

Annexe D : Diagnostic de la mort dans le contexte de la transplantation


d’organes (ASSM), p. 5-7 et p. 21-25 ......................................................... 131

6
Introduction

En Suisse, comme ailleurs dans le monde, la population reste très partagée sur
le sujet du don d’organes1 [DO]. Les taux de donneurs par million d’habitants,
extrêmement divergents d’un pays à l’autre en Europe, nous démontrent
l’ambiguïté et la dispersion des opinions concernant cette thématique
(SwissPOD, 2012, p.57). Les facteurs, tant culturels (religion, traditions,
coutumes), personnels (perceptions, attitudes, valeurs) qu’intellectuels
(connaissances, formation, expériences), influencent notre manière d’aborder la
question du DO et d’en débattre face à la société. Bien que les autorités
politiques et médicales tentent de faire connaître le déséquilibre croissant
existant entre l’offre et la demande et de sensibiliser la population au DO
(Swisstransplant, 2013), nombreuses sont les personnes pour qui ce sujet
demeure tabou.

Lors de notre formation à la Haute École de Santé de Fribourg, nous avons eu


l’occasion d’effectuer un stage en soins aigus en Suisse romande et
alémanique. Très intéressées par cette thématique, nous avons questionné les
professionnels afin de mieux comprendre le rôle joué par l’infirmière2 dans
l’identification d’un donneur potentiel et le processus de don en général. Nous
avons alors été surprises par les différences organisationnelles existantes d’une
institution à l’autre (absence ou présence d’un coordinateur et de directives) et
par la réaction personnelle des infirmières face à ce sujet. Parlant librement et
avec enthousiasme du DO, nous avons alors pris conscience que, même dans
le domaine de la santé, certaines personnes ne ressentent pas l’envie de parler
de cette problématique. Suite à cette expérience, nous comprenons qu’une
situation de don est loin d’être évidente à gérer et suscite énormément
d’émotions chez les infirmières, d’où un certain malaise lorsque nos questions
ont été posées.

Au travers de nos recherches dans les bases de données, nous avons constaté
que les études scientifiques s’intéressent pour la plupart au vécu des proches

1
Le terme « don d’organes » se réfère dans ce travail au don d’organes et de tissus.
2
Le terme « infirmière » est utilisé dans ce travail pour représenter les deux sexes afin d’en
faciliter la lecture et la compréhension. De plus, il se rapporte aux infirmières travaillant dans
une unité de soins intensifs.

7
de la situation de don et à l’efficacité des systèmes politiques en vigueur dans
différents pays. Le nombre d’études portant sur l’expérience et le rôle des
infirmiers et des médecins semble restreint. Nous nous interrogeons alors sur
les raisons d’un aussi faible intérêt consacré jusqu’à présent aux professionnels
de la santé, alors que ceux-ci constituent le pilier central du processus de don ?

Nous débuterons notre revue de littérature en expliquant la problématique


actuelle que constitue le DO. De celle-ci découlera notre question de recherche.
Puis, nous définirons notre cadre de référence ainsi que les concepts clés de
notre travail. La méthodologie établira la manière dont nous avons sélectionné,
analysé et critiqué les articles scientifiques retenus. Nous poursuivrons par la
description et la catégorisation des résultats en vue de les discuter.
Effectivement, la discussion visera à commenter et à interpréter les résultats à
l’aide du cadre de référence, de concepts et de théories. Elle permettra
également de répondre à notre question de recherche. Pour conclure, nous
évaluerons l’implication de ces résultats dans la pratique infirmière et nous
mettrons en évidence les besoins de recherches futures et les limites de ce
travail.

8
1. Problématique

En Suisse, le taux insuffisant de DO entraîne le décès de nombreuses


personnes chaque année (Swisstransplant, 2013). Avec son taux de 12.7
donneurs décédés par million d’habitants (Spring & Hess, 2012), la Suisse se
retrouve bien loin des performances européennes dont celles de l’Espagne qui
affiche un taux de 35.3 en 2011 (SwissPOD, 2012). L’Espagne comme
l’Allemagne, l’Italie, la Norvège, la Finlande ou encore l’Autriche, utilise le
modèle du consentement présumé (Spring & Hess, 2012 ; L’Assemblée
fédérale – Le Parlement suisse, S.d.). « Il prévoirait que chaque personne
n’ayant pas explicitement refusé de son vivant le prélèvement d’organes soit
considérée comme un donneur potentiel » (Spring & Hess, 2012, p.4).
Toutefois, le Conseil fédéral (2013) affirme que ce dernier, appliqué dans
différents cantons suisses avant l’introduction de la loi fédérale sur la
transplantation en 2007, n’a pas permis une augmentation du nombre de
donneurs. Malgré les efforts effectués par les instances politiques et médicales
concernées, la liste d’attente ne cesse de s’allonger (Swisstransplant, 2013).

Selon l’article sur le Programme latin de DO [PLDO] rédigé par Chevrolet et al.
(2008), les raisons d’un manque de donneurs d’organes sont encore mal
déterminées :

Elles semblent liées au faible nombre d’accidents et d’hémorragies


cérébrales en Suisse, à la démographie vieillissante, et aux spécificités du
système sanitaire suisse (activation rapide des chaînes de secours, temps
de transports courts, forte densité hospitalière, complexité des filières de
prise en charge et des transferts). p.2683

Concernant les causes liées à l’institution, le rapport annuel de Swisstransplant


(2012) cite « … un manque de ressources dans les hôpitaux, une détection
lacunaire des donneurs potentiels (par manque de personnel formé dans
certaines parties de la Suisse alémanique) …, un déficit de connaissances et
de directives en matière de processus de dons d’organes » (p.27).

La Suisse compte six réseaux de don auxquels les unités de soins intensifs
[USI] sont rattachées (SwissPOD, 2012) : Bâle, Berne, Lucerne, le PLDO
(cantons de Suisse Romande et le Tessin), Saint-Gall et Zürich. Leur objectif
est d’agir le plus efficacement possible tout au long du processus de DO qui
9
débute par l’identification d’un donneur, puis se poursuit par la pose du
diagnostic de mort cérébrale et se termine par la transplantation (SwissPOD,
2012). Après la pose du diagnostic, le patient est identifié dans l’unité de soins
intensifs [USI] comme donneur potentiel par l’équipe médico-infirmière
(Derkenne, 2014 ; Conseil fédéral, 2013). En cas d’absence, le coordinateur de
prélèvement peut être contacté à tout moment. Son rôle est de soutenir l’équipe
d’USI et de faciliter l’organisation de la suite du processus grâce à la
coordination des différentes équipes d’interventions. Vient ensuite la demande
de prélèvement d’organes effectuée auprès des proches du patient qui vont
alors soit consentir au don, soit le refuser. En raison des disparités culturelles
existantes entre les différents cantons suisses et les pays, il est important
d’adapter la communication et l’approche des familles en tenant compte des
caractéristiques culturelles et religieuses de chacun. Cependant, comme
affirmé dans l’étude SwissPOD (2012), la culture ne suffit pas à elle seule à
expliquer les différences de consentements et de refus relevées notamment
entre les cantons suisses.

Avec 42% de donneurs potentiels identifiés hors des hôpitaux universitaires


[HU], la participation au DO des hôpitaux cantonaux et régionaux est non
négligeable (Swisstranplant, 2013). De plus, l’étude SwissPOD (2012) souligne
l’implication des USI dans la problématique du DO ; effectivement, 82.4% des
décès analysés ont eu lieu aux soins intensifs [SI] contre 17.6% aux urgences
(SwissPOD, 2012). Pour ces raisons, les auteures s’intéressent aux infirmières
d’USI de tout type d’hôpitaux, c’est-à-dire sans distinguer les HU des autres
hôpitaux (cantonaux, régionaux).

Les directives médico-éthiques de l’Académie Suisse des Sciences Médicales


(ASSM, 2011) mettent en avant l’importance du rôle joué par les professionnels
dans le processus de DO qui constitue pour eux un défi majeur et une grande
charge émotionnelle. « Assumer le destin de la personne décédée et de ses
proches et favoriser les différentes interactions … sont des missions qui exigent
des capacités élevées sur le plan professionnel, psychologique, de la
communication et de l’organisation » (ASSM, 2011, p.19). Il est primordial que
les infirmières en SI bénéficient donc de séances répétées d’information et de
formations régulières concernant la physiopathologie de la mort et sa

10
constatation, l’organisation du processus de DO, les aspects éthiques du don et
de la mort cérébrale ainsi que sur l’attitude à avoir dans la relation avec les
proches (ASSM, 2011, p.20). De même, l’USI devrait offrir à son personnel une
supervision et la possibilité de développer des stratégies d’adaptation afin de
mieux faire face et s’adapter à ce genre de situations de crise (ASSM, 2011, p.
20). Ces moyens mis à disposition des infirmières leur permettraient de
développer et d’améliorer leurs capacités à soutenir et à accompagner les
proches de donneurs potentiels.

Parmi les donneurs décédés, la fondation Swisstransplant (2013) distingue les


patients en état de mort cérébrale, Heart-Breathing-Donors (à Cœur Battant),
de ceux ayant succombé à un arrêt cardiaque, nommés également Non-Heart-
Breathing-Donors (à Cœur Non Battant), dont la réanimation est impossible. La
mort cérébrale est provoquée dans la majorité des cas soit par un accident
vasculaire cérébral [AVC] (hémorragique et ischémique), soit par un
traumatisme crânien [TCC], soit par une anoxie [ANOX] (Carrier, 2009). Selon
les directives médico-éthiques approuvées par l’ASSM (2011), pour poser le
diagnostic de mort cérébrale, la loi exige que les professionnels se basent sur
la définition neurologique de la mort, c’est-à-dire : « … lorsque l’ensemble des
fonctions du cerveau, y compris du tronc cérébral, a subi un arrêt irréversible »
(p.3). « Une personne intubée et qui est suspectée de répondre aux critères
cliniques pour réaliser un diagnostic de mort cérébrale » est définie comme un
donneur potentiel (SwissPOD, 2012, p.18). L’évolution d’un type de donneur à
un autre est décrite au travers des notions de donneur possible, potentiel,
éligible, effectif et utilisé (SwissPOD, 2012). Dans ce travail, nous nous
intéressons au contexte des soins donnés au donneur potentiel et à ses
proches.

La problématique du DO concerne tout professionnel de la santé prodiguant


des soins à un patient présentant des signes cliniques de mort cérébrale. Par
sa présence auprès des proches du donneur potentiel, l’infirmière a le devoir de
participer activement au processus de don. C’est pourquoi nous souhaitons
avoir une meilleure connaissance et compréhension de ses difficultés et de ses
besoins dans cette prise en soins. Celles-ci permettront l’identification de
moyens pertinents susceptibles d’aider les infirmières dans leur pratique.

11
1.1. But et question de recherche

La problématisation est basée sur des articles récents issus de la littérature


scientifique et de l’actualité. En effet, le débat politique, éthique et médical
régnant autour du DO n’est de loin pas résolu en raison de l’écart croissant
existant entre l’offre et la demande d’organes. Inclure les infirmières dans ce
débat est non seulement nécessaire mais indispensable au bon déroulement du
processus de don. Le but de cette revue de littérature est donc d’identifier les
besoins des infirmières en SI dans la pratique du DO afin de les aider à mieux
gérer la complexité et l’impact psychologique des soins prodigués au donneur
potentiel et à ses proches. Ce travail n’a donc pas pour finalité de trouver une
solution au faible taux de DO en Suisse. Cependant, il est vrai que toute action
menée au niveau infirmier pourrait majorer le nombre de donneurs d’organes.

La question de recherche qui en découle est la suivante :

Quels sont les besoins des infirmières travaillant en SI lors de la prise en


soins d’un donneur potentiel et de ses proches dans le cadre d’un
processus de don ?

12
2. Cadre de référence

L’éthique constitue le cadre de référence de cette revue de littérature. Afin


d’étayer la réflexion sur les résultats des articles scientifiques étudiés, trois
concepts ont également été choisis. Ce sont les concepts de mort cérébrale, de
crise et d’advocacy.

2.1. Éthique

L’éthique, ensemble des règles et des mœurs dirigeant une bonne conduite,
s’intéresse aux normes et aux principes qui guident les actions de l’être humain.
Étroitement liée aux valeurs personnelles et professionnelles ainsi qu’au droit,
elle est la morale qui permet l’appréciation du bien et du mal dans les actions
humaines (Soins-Infirmiers.com, 2008, p.1).

L’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI, 2003) mentionne quatre


principes éthiques que les infirmières doivent intégrés dans leur travail au
quotidien :

L’autonomie, qui est la capacité à faire ses propres choix, à obtenir toute
l’information pour prendre des décisions réfléchies, éclairées et
respectées par autrui.
La non-malfaisance, qui consiste à faire non intentionnellement le mal.
La bienfaisance, qui consiste à faire intentionnellement le maximum de
bien pour le maximum de personnes.
La justice, qui intègre deux concepts :
 Le concept d’égalité qui signifie que tout le monde doit avoir un
accès égal aux soins.
 Le concept d’équité qui exige que des situations semblables soient
traitées de façon semblable.

Dans les situations complexes de DO, l’infirmière doit respecter et appliquer


dans sa pratique les principes éthiques fondamentaux pour assurer une prise
en soins de qualité. Afin que la décision des proches soit respectueuse de la
volonté du patient, l’infirmière veille au respect du droit à l’autodétermination du
défunt. L’autodétermination, synonyme d’autonomie juridique, est définie par

13
Hébert (1990) comme « la capacité à faire ses propres choix et de conduire ses
actions sans contraintes », du moins autres que légales (Durand, 2005, p.227).
De plus, Durand (2005) précise que l’autodétermination est « la liberté de faire
ce qui me convient pour autant que je ne fasse pas subir à autrui quelque
chose à quoi il n’a pas consenti » (p.227). Ce droit est attribué à toute personne
capable de comprendre des explications et les conséquences d’un acte, de
choisir délibérément en fonction de ses valeurs et de ses buts ainsi que
d’argumenter clairement ses choix à autrui (Durand, 2005). Dans le contexte du
DO, le droit à l’autodétermination consiste en le respect de la volonté du patient
qui aura informé ses proches, dans le meilleur des cas, quant à son
consentement ou à son refus de donner ses organes. Si sa volonté est
méconnue, le nouveau droit de la protection de l’enfant et de l’adulte, introduit
en janvier 2013 et remplaçant le droit à la tutelle, s’applique alors (Canton de
Vaud, Justice, S.d.). Touchant à la relation thérapeutique avec les proches de
patients incapables de discernement, ce nouveau droit n’est pas sans
conséquences pour les situations de DO. En effet, le pouvoir consultatif dont
bénéficiaient les proches s’est transformé en un pouvoir décisionnel ; c’est-à-
dire qu’il offre une place plus importante à l’opinion des proches dans la prise
de décisions concernant le patient. L’avantage reste toutefois donné aux
directives anticipées ainsi qu’au représentant thérapeutique. Sont ensuite
consultés dans cet ordre : le conjoint (marié ou pacsé), le concubin, les
descendants, les parents et enfin les frères et sœurs (Canton de Vaud, Justice,
S.d.).

Afin que les proches puissent prendre une décision mûrement réfléchie, dans le
cas où l’avis du patient concernant le DO est ignoré, le personnel médical et
infirmier doit fournir à l’entourage toute l’information nécessaire à une prise de
décision réfléchie (Saint-Arnaud, 2009). Ainsi, le consentement libre et éclairé
suppose une communication ouverte et empathique de la part des
professionnels de la santé envers les proches du donneur potentiel (ASSM,
2005).

Dans la pratique infirmière, il est parfois difficile pour les infirmières de concilier
leurs valeurs personnelles avec les exigences professionnelles définies par le
code déontologique (Blondeau, 1999). Ainsi, une contradiction entre ces deux

14
dimensions peut entraîner des conflits de valeurs, voire un dilemme éthique
(Blondeau, 1999). Cette problématique est régulièrement observée dans le
contexte du DO, par exemple, lorsque l’infirmière n’est pas favorable au DO, le
jugeant comme inhumain, mais qu’elle doit participer activement au processus
de don. Le rôle du code déontologique est alors de rappeler à l’infirmière les
principes et valeurs de sa profession. Toutefois, le dénouement du conflit
dépend de l’analyse qu’elle fait de la situation jugée éthiquement problématique
(Blondeau, 1999). C’est pourquoi « … à travers le code, la conduite
professionnelle devient le prolongement de la conduite personnelle »
(Blondeau, 1999, p.153).

2.2. Concepts intégrés au cadre de référence

Les trois concepts centraux identifiés en lien avec la question de recherche


nous permettront d’établir des liens pertinents avec les résultats obtenus suite à
l’analyse des articles.

2.2.1. Mort cérébrale

Selon Derkenne (2014), le diagnostic de mort cérébrale, appelé également mort


neurologique, consiste en un examen clinique détaillé, effectué par deux
médecins FMH neurologues ou en SI, indépendants de l’équipe de
transplantation (p.17). Le diagnostic repose sur la présence simultanée de sept
signes cliniques (ASSM, 2011) : un coma d’origine connue, une mydriase
bilatérale avec pupilles non réactives aux stimuli lumineux, l’absence des
réflexes oculo-céphaliques, cornéens, de toux et oropharyngé, l’absence de
toute réaction à des stimuli douloureux et l’absence d’activité respiratoire
spontanée (p.5).

Le concept de mort cérébrale est loin d’être simple à comprendre par les
proches et les professionnels de la santé et soulève souvent de nombreuses
interrogations. Malgré les examens cliniques et médicaux effectués pour
confirmer le diagnostic, il leur est parfois difficile de concevoir que la mort
cérébrale corresponde à la mort du patient et donc à la possibilité d’effectuer un
don. En effet, la difficulté régulièrement rencontrée vient du fait que le patient
sous respirateur artificiel, bien que diagnostiqué mort, ne présente pas les
15
caractéristiques habituellement attribuées par notre société à une personne
décédée (ASSM, 2011) :

… la cage thoracique se soulève et s’abaisse grâce au respirateur, la peau


est chaude, le pouls est palpable et quelquefois, des stimuli externes
peuvent même déclencher – par l’intermédiaire de réflexes spinaux – des
mouvements et des réactions circulaires, suscitant ainsi des incertitudes.
(p.18)

Il est primordial que la notion de mort cérébrale soit maîtrisée par les infirmières
et acceptée en tant que diagnostic de mort. En effet, l’ASSM (2011) affirme que
« par la défaillance irréversible des fonctions cérébrales, un être humain perd
de manière définitive l’organe central de son organisme. S’en suit la mort
inéluctable de tous les organes, tissus et cellules » (p.5). Malgré les
connaissances médicales sur le concept de mort cérébrale, certaines
infirmières sont confrontées à une ambiguïté naissante face à l’état clinique du
donneur potentiel, qui risque d’altérer la qualité de son rôle professionnel dans
le processus de don. Car, comme le démontrent Flodén, Berg et Forsberg
(2011a), si les infirmières présentent des divergences dans leurs perceptions
ou leur compréhension de la mort cérébrale, elles risquent alors d’adopter des
attitudes et des actions contradictoires pouvant affecter la prise en soins du
patient et de ses proches (traduction libre de l’anglais par les auteures de ce
travail).

2.2.2. Crise

Pour Doron et Parot (1991), « La crise est liée à un événement ponctuel et


localisé : c’est un changement décisif, un moment aigu de déséquilibre. La
notion de crise est donc liée à celle de continuité ou de discontinuité. »
(Formarier & Jovic, 2009, p.126).

Confronté à un événement particulier, l’individu évalue les risques et les


ressources qu’il a à disposition pour faire face à la situation. La crise émerge
alors lorsque le stress induit par celle-ci est ressenti comme une menace
(Brunet, Leblanc & Séguin, 2006). Face à cette menace perçue, l’individu ne
possède pas les mécanismes de défense ou stratégies de coping suffisants
pour réagir et vaincre la situation stressante (Brunet et al., 2006). Le coping,

16
défini dans le modèle transactionnel du stress de Lazarus et Folkman (1984),
consiste en l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux déployés
volontairement par un individu et destinés à gérer, réduire ou simplement
tolérer la situation aversive (Quintard, 2001). Lazarus et Folkman (1984)
mettent en évidence trois stratégies d’adaptation différentes et combinables
(Piquemal-Vieu, 2001) :

Le coping centré sur le problème dont le but est la résolution du


problème et l’affrontement de la situation grâce à des efforts cognitifs et
comportementaux.
Le coping centré sur les émotions dont le but est la gestion émotionnelle
en modifiant la signification de la situation stressante.
La recherche de soutien social.

De plus, selon ses valeurs, sa culture, ses représentations ou encore son


expérience de vie, l’individu réagit d’une manière unique et personnelle à la
crise qu’il traverse. Le niveau de tolérance diverge donc d’une personne et
d’une famille à une autre (Formarier & Jovic, 2009).

Dans le contexte du DO, l’infirmière en SI soutient les proches du donneur


potentiel au travers de plusieurs crises qui s’enchaînent et se chevauchent tout
au long du processus de don. La première crise est liée à la cause de
l’hospitalisation du patient dont le transfert rapide en USI constitue la seconde
crise. Viennent ensuite les crises suivantes : l’éventuel transfert en hôpital
universitaire, l’annonce du diagnostic de mort cérébrale et la demande de DO.
Ces crises sont alors à l’origine des transitions vécues par les proches.

Le terme de transition est défini par Afaf Ibrahim Meleis (2010) comme le
passage complexe et multidimensionnel d’une étape de vie, d’une condition,
d’un statut ou encore d’un état de santé à un autre. Ce modèle de soins
infirmiers s’intéresse aux changements déclenchés par les événements, parfois
simultanés, survenant au cours de la vie. Deux types de transition existent : les
transitions indépendantes du contrôle de l’individu (ex : transition de la mort,
transition liée à une demande de don) et les transitions dépendantes de la
volonté de l’individu (ex : transition liée au consentement ou au refus de la
demande de DO) (Meleis, 2010). Lors du processus de don, les infirmières en

17
SI sont confrontées aux crises vécues par les proches au cours de la prise en
soins du donneur potentiel. Satisfaire les besoins des infirmières est
indispensable pour qu’elles puissent assumer pleinement leur rôle auprès du
patient décédé et de son entourage. Tolérer la souffrance des proches qui
traversent une période de crises et de transitions et les soutenir constitue une
tâche émotionnellement difficile pour les infirmières en SI. À leur tour, celles-ci
peuvent se retrouver dans une situation épuisante et stressante perçue comme
une menace et pouvant aboutir à un état de crise.

2.2.3. Advocacy

Selon Formarier et Jovic (2009), « … l’advocacy consiste à permettre au patient


d’user de ses droits et d’exprimer ses choix. L’infirmière agit au nom de ceux
qui n’ont pas le pouvoir en tentant d’influer sur les décisions de ceux qui le
détiennent » (p.56).

En pratique, l’infirmière veille au respect de l’autodétermination de la personne,


ce qui nécessite de nombreuses connaissances dans les domaines suivants : la
communication, les droits du patient ainsi que leurs applications et leurs limites,
les ressources disponibles, les moyens, les conséquences et les risques liés à
la mise en œuvre de ce concept (Formarier & Jovic, 2009).

Dans son rôle d’advocate, l’infirmière défend et promeut les souhaits du patient
en état de mort cérébrale. De plus, elle doit privilégier les intérêts préalablement
définis par le patient de manière autonome au détriment de ceux qu’elle
soutient sur la base du principe de bienfaisance (Blondeau, 1999). Le but est
alors de veiller à ce que la volonté du patient décédé soit respectée par les
proches. Dans cette situation de crise, l’infirmière devient alors la partenaire de
soins des proches qui sont les représentants du patient dans la prise de
décision (Blondeau, 1999). Promouvoir les intérêts du donneur nécessite une
réelle autonomie professionnelle de la part de l’infirmière. L’advocacy
encourage donc à l’affirmation de l’identité professionnelle. Toutefois, Segesten
(1993) affirme que tous les professionnels ne bénéficient pas d’une estime de
soi suffisamment importante pour représenter les intérêts du patient (Blondeau,
1999). Il identifie également la problématique du temps dans l’exercice de

18
l’advocacy qui nécessite en effet beaucoup de disponibilité et de patience pour
de ne pas négliger l’exercice de ce rôle. De même, selon Pence et Cantrall
(1990), bien que l’advocacy consiste en une responsabilité intégrée au rôle
infirmier, les infirmières ne peuvent assumer leur fonction d’advocate sans
prendre un grand risque personnel (traduction libre de l’anglais par les auteures
de ce travail) (Blondeau, 1999, p. 168). En effet, Blondeau affirme qu’elles « …
ne possèdent ni le pouvoir ni l’autorité pour agir dans les intérêts du patient … »
(p.168). Parmi les autres difficultés mises en évidence, Reckling (1997)
souligne la peur éprouvée par les infirmières des conséquences économiques
et sociales qu’elles pourraient subir dans le cas où les médecins ne
reconnaitraient pas leur rôle d’advocate du patient (Blondeau, 1999). Par
conséquent, celles-ci minimisent l’importance de ce dernier par crainte des
répercussions en adoptant une attitude passive.

Après avoir identifié ces différents obstacles, Blondeau (1999) rappelle donc
qu’il est indispensable d’ « assumer pleinement son identité professionnelle,
avec les risques et les bénéfices qui y sont associés, s’employer à la promotion
des intérêts du patient et travailler en interdépendance avec tous les
professionnels de la santé au service unique du patient » (p.169).

19
3. Méthodologie

Ce Bachelor Thesis consiste en une revue étoffée de littérature, définie comme


une « … démarche scientifique rigoureuse de revue critique de la littérature
consistant à rassembler, évaluer et synthétiser avec rigueur les études
pertinentes et parfois contradictoires qui abordent un problème donné » (Nadot,
N., 2009, p.1).

Ce type de revue permet d’améliorer ses connaissances sur un sujet, d’évaluer


les interventions pratiques en vigueur dans les soins infirmiers, mais aussi de
proposer des recommandations de changements en se basant sur les résultats
probants d’études scientifiques (Loiselle, 2007). Afin de synthétiser les résultats
probants concernant notre domaine d’intérêt, nous avons suivi la démarche
suivante. La revue systématique de littérature a débuté par l’identification d’un
problème de recherche actuel au travers des connaissances préétablies sur la
thématique du DO. Puis, nous avons recherché et sélectionné les articles
traitant de notre problématique à l’aide de Mesh terms introduits dans
différentes bases de données (Pubmed, Medline, Cinhal, Cochrane Library,
Google Scholar) de septembre 2013 à mai 2014. Suite aux recherches
effectuées, nous avons modifié notre question de recherche afin de la rendre
plus pertinente et mieux adaptée aux articles retenus. L’utilisation de critères
d’inclusion et d’exclusion a permis la sélection des articles intéressants pour
réaliser cette revue étoffée de littérature (Loiselle, 2007).

Critères d’inclusion :

Échantillons composés d’infirmières travaillant en USI.


Contexte des soins au donneur potentiel et à ses proches.
Concept de mort cérébrale.
Études s’intéressant aux besoins des infirmières en SI dans le cadre du
processus de DO.
Études traitant des attitudes et des perceptions des infirmières en SI.
Études publiées entre 2003 et 2014.
Études présentant une méthodologie rigoureuse.
Études menées en Europe ou dans un pays anglophone.

20
Critères d’exclusion :

Populations constituées essentiellement de professionnels de la santé


autres que des infirmières d’USI.
Populations d’infirmières ne travaillant pas en USI.
Études publiées avant 2003.
Études conduites dans un pays jugé culturellement trop éloigné de
l’Europe (par exemple : pays asiatiques, pays du Moyen-Orient).
Étude ne comprenant pas de méthodologie rigoureuse.

Les grilles d’analyse des articles scientifiques nous ont servi à analyser, à
retenir les articles pertinents et à effectuer une synthèse de leur contenu (Nadot
& Bassal, 2011). Étant donné que la question de recherche traite d’une
thématique actuelle, il s’est avéré difficile de trouver un nombre approprié
d’articles scientifiques. Cependant, les études sélectionnées, bien qu’en
quantité restreinte, présentent des résultats probants généralement similaires.
Enfin, les résultats obtenus ont été interprétés et catégorisés dans une grille
que nous avons réalisée.

3.1. Stratégies de recherche

Nous avons décidé de représenter l’interprétation des résultats de nos


recherches sous forme de besoins au travers d’un tableau synthétique. Les
bases de données qui ont abouti à une récolte d’articles pertinents sont
Pubmed et Medline. De nombreux Mesh terms, choisis en fonction des critères
d’inclusion et d’exclusion, ont permis la sélection de trois articles scientifiques
dans Pubmed. Afin d’obtenir davantage d’études, nous avons introduit
directement les termes scientifiques dans la banque de données, sans les
identifier au préalable sous la forme de Mesh terms. Cette stratégie a permis de
sélectionner huit nouveaux articles. Au final, le nombre total d’articles s’élève à
dix après l’exclusion d’une étude ne respectant pas l’un des critères d’inclusion
(service d’urgences). En raison de la difficulté de trouver exclusivement des
articles traitant d’infirmières en SI des HU, nous avons étendu nos critères
d’inclusion à tous types d’hôpitaux. À la suite de six stratégies différentes de
recherche utilisées, 10 articles ont été retenus.

21
Banque de données Pubmed (5 stratégies)

Mesh Terms
Résultats Études retenues Devis de recherche Pertinence3
Termes scientifiques
Attitude [Mesh] AND Nurses ICU nurses' perceptions of responsibilities and Étude qualitative 22/ 25
[Mesh] AND Brain Death"[Mesh] 9 organisation in relation to organ donation -- a phénoménographique
AND Tissue Donors[Mesh] phenomenographic study.
A phenomenographic study of ICU - nurses' Etude qualitative 22/ 25
perceptions of and attitudes to organ donation phénoménographique
Perceptions Attitudes Organ
16 and care of potential donors.
donation ICU Nurses
Attitudes to organ donation among Swedish ICU Etude quantitative 18/ 22
nurses.
Change of focus: from intensive care towards Etude qualitative 16/ 25
organ donation.
Approaching families on the subject of organ Etude qualitative 22/ 25
Intensive care Organ donation donation: a phenomenological study of the herméneutique
89
Nurses experience of healthcare professionals. phénoménologique
The attitude and knowledge of intensive care Etude quantitative 20/ 22
physicians and nurses regarding organ donation transversal
in Hungary -- it needs to be changed.

3
Explication de l’échelle de pertinence à la fin de la page 25 du chapitre « 3.2. Démarche d’analyse et de synthèse des données ».

22
Organ and tissue donation: a survey of nurse's Enquête (étude 18/ 22
knowledge and educational needs in an adult ITU. quantitative)
Nurse's Role [Mesh] AND Brain Intensive care nurses' perceptions of their Enquête transversale 20/ 22
Death [Mesh] AND Family professional competence in the organ donor quantitative
9
[Mesh] AND Tissue Donors process: a national survey.
[Mesh]
Tissue and Organ Procurement Intensive care nurses' perceptions of brain death. Etude quantitative 18/ 22
[Mesh] AND Family [Mesh] AND naturaliste et
20
Brain Death [Mesh] AND descriptive
Intensive Care Units [Mesh]

Banque de données Medline (1 stratégie)

Termes scientifiques Résultats Études retenues Devis de recherche Pertinence

Critical Care staffs’ attitudes, confidence Etude quantitative de cohort 18/ 22


levels and educational needs correlate with
countries’ donation rates: data from the
Organ procurement and nurses
32 Donor Action database.
and brain death and attitudes
Australian emergency doctors’ and nurses’ Enquête nationale (étude Exclue
acceptance and knowledge regarding brain quantitative)
death: a national survey.

23
3.2. Démarche d’analyse et de synthèse des données

Afin de procéder au choix des articles scientifiques, nous avons tout d’abord
sélectionné ceux dont le résumé se rapportait à la population, au contexte et au
phénomène d’intérêt de notre question de recherche initiale. Puis, la structure
de ces études a été analysée afin d’exclure celles qui ne présentaient pas de
méthodologie adéquate. Cette première étape terminée, nous avons poursuivi
par la lecture approfondie et la traduction simultanée des onze articles en
anglais sélectionnés. La traduction libre des études s’est effectuée
minutieusement afin de préserver le sens du texte initial et de restreindre au
maximum tout risque d’erreur d’interprétation. C’est pourquoi elle a nécessité
un temps considérable. Après s’être réparti la traduction des articles, nous les
avons analysés ensemble à l’aide des grilles de lecture critique 4 de Loiselle et
Profetto-McGrath (2007) revues par Bassal et Nadot (2011). Une fois les
analyses terminées, la question de recherche initiale a été modifiée et adaptée
aux résultats obtenus. Ainsi, l’étude incluant comme population les infirmières
des urgences a finalement été exclue. En effet, nous pensions dans un premier
temps élargir notre population à celle des infirmières des urgences. Cependant,
les situations de mort cérébrale et de DO ne s’avèrent que peu traitées dans ce
type de service. Il a donc été décidé de garder uniquement la population initiale
constituée des infirmières en SI. Pour évaluer la pertinence des dix recherches,
nous avons additionné les points obtenus à la fin de chaque grille qualitative
(total sur 25 points) et quantitative (total sur 22 points). Finalement, une grille de
synthèse de l’interprétation des résultats5 des articles analysés a été élaborée
afin de mettre en évidence les besoins des infirmières d’USI ainsi que les
interventions proposées pour y répondre. À la fin de cette grille, nous avons
rassemblé les études dont les résultats se rapprochaient.

4
Annexe B : Grilles de lecture critique des 10 articles scientifiques
5
Annexe C : Synthèse de l’interprétation des résultats des 10 articles scientifiques

24
4. Résultats

Cette revue étoffée de littérature comprend six études avec un devis quantitatif
(n=6), dont deux enquêtes (n=2), une étude de cohorte (n=1), une étude
transversale (n=1), une étude naturaliste descriptive (n=1) et une étude
quantitative non détaillée (n=1). Les quatre autres études présentent un devis
qualitatif (n=4) et consistent en des études phénoménographiques (n=2), une
étude herméneutique phénoménologique (n=1) et une étude qualitative sans
davantage de précisions (n=1). Le devis n’étant pas clairement décrit dans
certains articles (Meyer & Bjork, 2007 ; Flodén, Persson, Rizell, Sanner &
Forsberg, 2011b), nous avons eu quelquefois des difficultés à le définir.

Les études réalisées entre 2003 et 2013 ont été principalement menées en
Europe : Suède (Flodén et al., 2011a ; Flodén & Forsberg, 2009 ; Flodén et al.,
2011b), Norvège (Meyer & Bjork, 2008 ; Meyer, Bjork & Eide, 2012 ; Oroy,
Stromskag & Gjengedal, 2013), Belgique et Pays-Bas (Roels, Spaight, Smits &
Cohen, 2010), Hongrie (Smudla, Mihaly, Okros, Hegedus & Fazakas, 2012b),
Royaume-Uni (Collins, 2005). Une des dix recherches inclue dans ce travail
s’est déroulée en Australie (White, 2003), pays culturellement proche de la
culture européenne.

L’échantillon, rassemblant les populations de neuf études, représente un total


de 15'465 infirmières. La population de l’étude 3 (Meyer & Bjork, 2008) dont le
nombre de participantes6 n’est pas précisé, n’a pas été comptée dans cet
échantillon. Certaines études (Roels et al., 2010 ; Oroy et al., 2013 ; Smudla et
al., 2012b) comprennent un échantillon incluant, en plus des infirmières en SI,
d’autres populations (3'613 médecins, 4 aumôniers, 2'138 personnel auxiliaire).
Cependant, la population d’infirmières (14'096) demeure toujours majoritaire.
Cinq études sur dix (Flodén et al., 2011a ; Flodén & Forsberg, 2009 ; Flodén et
al., 2011b ; Meyer et al., 2012 ; White, 2003) précisent le genre de leur
population. La proportion de femmes est alors nettement plus élevée que celle
des hommes avec 1’202.8 infirmières pour 135.2 infirmiers. L’âge moyen des
participantes mentionné dans six études (Flodén et al., 2011a ; Flodén &

6
Le terme « participantes » est utilisé dans ce travail pour représenter les deux sexes afin d’en
faciliter la lecture et la compréhension

25
Forsberg, 2009 ; Flodén et al., 2011b ; Meyer et al., 2012 ; Smudla et al.,
2012b ; White, 2003) est de 43.3 ans. Les infirmières de cinq articles (Flodén et
al., 2011a ; Flodén & Forsberg, 2009 ; Flodén et al., 2011b ; Meyer et al., 2012 ;
White, 2003) présentent une expérience moyenne en SI de 12 ans. Cette
donnée, traitée de manière peu claire dans l’étude 9 (Collins, 2005), n’a pas été
incluse dans la moyenne. L’échantillon de 13’977 infirmières de l’article 5
(Roels et al., 2010), rédigé en Belgique et aux Pays-Bas, comprend une
population européenne de 12'002 participantes et une population extra
européenne de 7'535 participantes. La totalité des articles traite d’une
population d’infirmières travaillant dans une USI. Certains auteurs précisent le
type d’USI concerné, mais nous avons décidé de ne pas les différencier. C’est
pourquoi nous utilisons dans ce travail le terme USI dans sa définition générale.

La synthétisation et la comparaison des résultats, qui a suivi l’analyse des dix


articles scientifiques, nous ont permis de former des catégories. Ces dernières
définissent les domaines dans lesquels les infirmières rencontrent des
difficultés lors du processus de DO. Les trois catégories principales découlant
de la mise en commun des résultats sont :

4.1. L’éducation et les connaissances des infirmières au sujet du DO.


4.2. Les perceptions et les attitudes des infirmières SI.
4.3. La communication et la relation avec les proches de donneurs
potentiels.

Les catégories énoncées ci-dessus nous ont permis d’ordonner et de structurer


la suite du chapitre « Résultats ».

4.1. Éducation et connaissances des infirmières au sujet du DO

Nombreux sont les auteurs qui relèvent un manque de connaissances des


infirmières en SI concernant différents aspects du processus de DO. Il en
résulte une altération de leurs perceptions et de leur compréhension du concept
de mort cérébrale et de son diagnostic ainsi qu’une méconnaissance marquée
des démarches institutionnelles en cours sur le lieu de travail et à plus large
échelle.

26
Dans son enquête, Collins (2005) s’est intéressé au niveau de connaissances
des infirmières concernant le DO en vue d’identifier les éventuels déficits. Afin
de récolter les données, un questionnaire a été complété et commenté par 31
infirmières (83.3%). Les participantes, diplômées d’un niveau D à G7, sont à
67% spécialisées en SI. 81% de l’échantillon (n=25) ont déjà pris soin d’un
donneur potentiel. Les résultats de cette étude révèlent que la majorité des
infirmières de niveau D (67%) n’ont pas vécu cette expérience alors que toutes
les diplômées de degré F et G l’ont expérimentée. Cependant, l’auteur souligne
que plus de la moitié des infirmières se sentent insuffisamment préparées (39%
sur 84%) ou incertaines (10% sur 84%) pour assumer leur rôle dans ce type de
prise en soins. En ce qui concerne la compréhension de la mort cérébrale,
seulement 61% des infirmières (n=19) s’estiment en mesure d’expliquer
efficacement ce concept aux proches. La capacité à définir la notion de mort
cérébrale et les tests associés à la pose de son diagnostic est corrélée avec le
niveau de formation. En effet, les infirmières de niveaux F et G sont plus
susceptibles d’effectuer cette tâche. 90% des participantes (n=28) sont prêtes à
participer à une journée d’étude sur le DO, la mort cérébrale et ses tests,
l’éthique et le rôle infirmier dans le processus de DO ainsi que sur les méthodes
d’approche des familles.

Dans leur étude qualitative, Meyer et Bjork (2008) ont tout d’abord étudié
l’éducation des infirmières d’USI au sujet du DO. Ensuite, elles ont cherché à
comprendre leurs besoins de connaissances et de soutien au moment de la
transition de la prise en soins du patient des SI à celle du donneur potentiel.
Dans un premier temps, le matériel éducatif et les directives de pratique
concernant le DO de 20 hôpitaux (sur 28) ont été retournés aux chercheurs.
Puis, dans un second temps, des entretiens de groupes composés de trois à six
infirmières ont permis l’acquisition de données supplémentaires. Quatre thèmes
principaux, dont « l’importance des connaissances et des compétences
professionnelles », ont émergé de l’analyse des données. Les résultats obtenus
montrent une différence importante d’une USI à l’autre concernant l’utilisation et
la mise à disposition de moyens éducatifs. Ceux-ci consistent en des directives

7
Selon le courrier électronique de Schmidhaeusler (2014), le niveau D correspond à une
infirmière nouvellement diplômée et le niveau G correspond à une infirmière présentant
davantage de responsabilités au sein de l’équipe ou de l’unité.

27
propres à l’institution, des articles, des cours internes, de la littérature ainsi que
des séminaires d’information (conférences). Les unités ne possédant pas de
matériel éducatif ni de procédure ont signalé la nécessité de structurer les
démarches liées au DO. L’instauration d’un programme éducatif semestriel est
jugée nécessaire. En effet, les situations de don sont rares, et maintenir son
expérience et ses connaissances à jour constitue un réel challenge.

Dans leur article, Meyer et Bjork (2008) ont également mis en avant
l’importance des discussions en équipe pour acquérir des connaissances
personnelles. En raison du manque de structures mises en place dans la
formation et l’éducation au sujet du DO, nombreuses sont les infirmières qui se
sont senties « jetées dans leur premier processus de don » (traduction libre de
l’anglais par les auteures de ce travail) (Meyer & Bjork, 2008, p.137). C’est
pourquoi un temps de réflexion s’avère nécessaire afin de favoriser le partage
des connaissances entre les infirmières expérimentées et moins
expérimentées. En effet, les résultats montrent que l’ensemble des groupes de
participantes sont favorables à l’instauration de temps de débriefings. Toutefois,
les auteurs ne fournissent pas de précisions concernant cette piste d’action.

Meyer et al. (2012) ont exploré les perceptions des infirmières en SI concernant
leurs compétences professionnelles dans le processus de DO afin d’identifier
leurs besoins éducatifs. Leur enquête transversale s’est déroulée auprès de
515 infirmières spécialisées en SI (90% de l’échantillon), provenant de 28
hôpitaux norvégiens. Les participantes estiment que leurs connaissances de
médiation sociale sont plus élevées que leurs connaissances théoriques,
pratiques et éthiques. Les connaissances théoriques sur le fonctionnement du
don et le diagnostic de mort se sont révélées très faibles, même si les
participantes ont fréquemment fait usage de protocoles sur le DO. Les
infirmières ont aussi rapporté que l’éducation de base en milieu hospitalier, les
séminaires éducatifs, les discussions en équipe et la lecture de la littérature
constituent des facteurs influençant positivement leur niveau de compétences
professionnelles. D’ailleurs, elles considèrent ces moyens comme
indispensables au bon développement de leurs compétences. Lorsque les
infirmières ont évalué leurs besoins éducatifs, elles ont souligné la nécessité de
recevoir un enseignement sur la manière d’aborder les mauvaises nouvelles

28
(68.9%, n=354) et sur la poursuite du processus (68.3%, n=372). Enfin, 75%
des participantes ont estimé bénéfique de participer à un cours annuel.

L’étude de cohorte de Roels et al. (2010) s’intéresse à étudier l’impact des


attitudes des infirmières et des médecins d’USI envers le DO, leur acceptation
du concept de mort cérébrale, ainsi que leurs compétences. Afin de récolter les
données, les auteurs ont remis des questionnaires au personnel des SI (19'537
professionnels dont 3'422 médecins, 13'977 infirmières et 2'138 autres). Les
données obtenues ont alors été introduites dans une base de données pour
être analysées. Les résultats diffèrent significativement entre la population
médicale et infirmière. En effet, les infirmières semblent moins à l’aise a et moins
confiantesb dans l’explication de la mort cérébrale aux proches par rapport aux
médecins (27.1% vs 58.1%, p<0.0001a ; 24% vs 51%, p<0.0001b).
Contrairement aux infirmières, les médecins sont plus nombreux à avoir reçu
une formation appropriée sur les questions liées au DO (26.7% vs 19%,
p=0.0008). Par conséquent, le personnel infirmier souhaite enrichir ses
connaissances grâce à un complément de formation (54.3% vs 43.3% de
médecins, p=0.0025).

Évaluant l’attitude et les connaissances des infirmières en SI concernant le DO


au travers d’une étude transversale, Smudla et al. (2012b) font part de données
intéressantes complétant celles précitées. Les données ont été récoltées au
moyen de questionnaires auprès de 103 infirmières (36.5%) appartenant à un
échantillon de 282 professionnels. Les résultats ont révélé que seulement
16.5% d’infirmières ont déjà suivi une instruction sur le DO avant l’étude
(p=0.000). Parmi les autres infirmières, seules 34.9% se disent prêtes à y
participer, sans en préciser les raisons. De plus, peu nombreux sont les
professionnels (30.9% des médecins et des infirmières) qui ont déjà eu
l’occasion de collaborer à la gestion du processus. Tout comme énoncé par
Collins (2005), le niveau d’expérimentation du DO est corrélé significativement
avec le degré de formation du personnel (participation à un cours sur le DO)
(p=0.002). 87.3% d’infirmières sont informées sur la législation nationale du
Royaume-Uni (consentement présumé) et 49.5% connaissent la voie juridique
pour contester le prélèvement d’organes (p=0.012). Les infirmières ayant
exercé à plusieurs reprises la gestion du don sont davantage familiarisées avec

29
les procédures en vigueur (p=0.025). Les résultats de cette étude démontrent
également que plus le niveau de formation est élevé, plus les connaissances
sont importantes (OR : 2.52).

L’auteur Geoff White (2003) aborde dans son étude naturaliste descriptive la
manière dont les infirmières en SI perçoivent la mort cérébrale. Afin d’obtenir
les informations nécessaires, 40 infirmières de niveaux de formation différents
ont participé à des entretiens structurés et répondu à un questionnaire. Les
résultats dévoilent que 78% des infirmières (n=31) conçoivent la mort cérébrale
comme la conséquence d’une cause cérébrale et 80% (n=32) reconnaissent le
patient comme décédé. Le coma et la mort cérébrale sont deux états distincts
pour 95% des infirmières (n=38). En effet, la mort cérébrale consiste en l’arrêt
des fonctions autonomes. Cependant, 48% des infirmières (n=19) perçoivent
l’état de mort cérébrale comme un état de mort incomplet. Concernant le
moment officiel du décès du donneur d’organes, 77.2% des participantes
(n=31) estiment qu’il survient avant l’opération de prélèvement. Au sein de
l’échantillon, l’arrêt des fonctions cardio-pulmonaires demeure le critère
dominant de diagnostic de mort. Enfin, l’étude démontre que les infirmières,
bénéficiant d’un niveau moins élevé de formation, sont plus susceptibles de
présenter des perceptions ambiguës et confuses.

4.2. Perceptions et attitudes des infirmières en SI

Les études traitées dans la catégorie précédente sont nombreuses à


investiguer l’impact des perceptions et des attitudes des infirmières sur leur
pratique du don. En effet, le niveau de connaissances et les perceptions
individuelles sont fortement liés. Nous avons donc décidé de ressortir de ces
mêmes articles uniquement les éléments pertinents traitant des perceptions et
des attitudes des infirmières en SI.

Des entretiens individuels menés auprès de 15 infirmières, spécialisées en SI et


ayant pris soins d’un donneur potentiel, ont permis aux auteurs Flodén et al.
(2011a) d’obtenir les données nécessaires à leur recherche
phénoménographique. Cette dernière s’intéresse aux perceptions qu’ont les
infirmières de leurs responsabilités professionnelles, du rôle organisationnel de

30
l’unité ou de l’hôpital dans le processus de don, ainsi que de la mort cérébrale
et de son diagnostic. Les catégories descriptives découlant de ces trois
thématiques ont permis de regrouper les différentes données récoltées.
Concernant la compréhension et l’acceptation du concept de mort cérébrale et
de son diagnostic, quatre types de perceptions éprouvées par les infirmières
sont mises en évidence (traduction libre de l’anglais par les auteures de ce
travail) (Flodén et al., 2011a, p. 311-312) :

1. Croire au diagnostic de mort cérébrale indépendamment de la méthode


utilisée : cette perception vaut pour les participantes qui, faisant
confiance aux différentes méthodes diagnostiques, n’éprouvent pas le
besoin d’être présentes lors de la pose du diagnostic de mort cérébrale
afin d’en être convaincues.
2. Avoir confiance dans les moyens utilisés par les médecins : les
participantes, adoptant une attitude de confiance face aux différents
outils médicaux mobilisés, ne ressentent pas le besoin de participer aux
examens cliniques effectués par les médecins.
3. Besoin d’être présentes durant la pose du diagnostic de mort cérébrale
afin de l’accepter : cette perception est ressentie par les infirmières qui
estiment indispensable leur participation à la pose du diagnostic pour le
comprendre et l’accepter intellectuellement mais surtout
émotionnellement.
4. Besoin de l’angiographie cérébrale afin d’être convaincues de la fiabilité
et de la précision des diagnostics de mort cérébrale : selon la loi
suédoise, l’examen clinique est la démarche standard appliquée pour
confirmer un diagnostic de mort cérébrale. Toutefois, certaines
participantes pensent que l’angiographie cérébrale est une méthode plus
sûre permettant de visualiser l’arrêt circulatoire cérébral et ainsi
d’accepter la mort cérébrale en tant que mort du patient.

Dans leur étude phénoménographique, Flodén et Forsberg (2009) étudient les


perceptions des infirmières concernant leurs expériences et leurs attitudes
envers le DO et la prise en soins des donneurs potentiels. La récolte des
données s’est faite grâce à des entretiens individuels auxquels ont participé
neuf infirmières, possédant une expérience avec un donneur potentiel. Les

31
réponses des participantes ont abouti à l’élaboration de catégories descriptives.
Dans la partie « le DO comme une situation », les résultats de l’étude montrent
que les infirmières perçoivent la situation de DO comme un fardeau porté par
les proches. Ce fardeau est alors vécu soit comme une situation définitive (mort
d’un proche), soit comme un double voire triple traumatisme (mort d’un proche,
demande de DO et parfois inexpérimentation du médecin).

Dans la partie « le DO comme un phénomène », la première perception


infirmière décrite est celle de l’incertitude et du malaise provoqués par la notion
de mort cérébrale. Cette incompréhension peut affecter les professionnels
lorsque leurs connaissances sur les tests de diagnostic clinique font défaut.
Avoir conscience de son attitude est fondamentale car si l’infirmière d’USI
doute, son incertitude et son manque de confiance dans le diagnostic
influenceront à leur tour la perception des proches.

La deuxième perception montre que certaines participantes conçoivent le DO


comme une opportunité de vivre une expérience professionnelle positive et
significative pour les proches. En effet, ceux-ci ont la possibilité d’honorer la
volonté de leur proche au travers de la demande de DO quelle qu’en soit
l’issue. Toutefois, la mort est également perçue par certaines infirmières
comme un échec. Cette troisième perception est expliquée de diverses façons :
la mort cérébrale n’est pas naturelle, les soins au donneur potentiel sont
inhumains dans le sens où « nous sommes censées nous occuper de la vie et
non de la mort » (traduction libre de l’anglais par les auteures de ce travail), la
mort est une défaillance de la part des professionnels (Flodén & Forsberg,
2009, p. 310).

La quatrième perception montre que les infirmières définissent différemment


l’être humain. Certaines le voient comme une entité indivisible, certaines
comme un ensemble où le corps, l’âme et l’esprit sont séparés et d’autres en
tant que corps et âme difficilement séparables. Cette seconde partie contient
une cinquième et dernière perception. Dans le cas d’un DO, les infirmières
ressentent le besoin de procurer des soins caractérisés par une dignité absolue
et un respect du donneur potentiel et de la situation en général. En effet, les

32
participantes soulignent l’importance d’une prise en soins harmonieuse de la
famille tout au long du processus.

Flodén et Forsberg (2009) s’intéressent dans leur troisième partie descriptive


aux perceptions que les participantes ont des attitudes infirmières envers le
don, susceptibles d’influencer la décision finale des proches à une demande de
don (traduction libre de l’anglais par les auteures de ce travail) (Flodén &
Forsberg, 2009, p.311) :

1. « Je peux alléger les souffrances » : selon les participantes, les


infirmières adoptant cette perception sont celles pour qui atténuer les
souffrances dans toutes les situations de vie et de mort fait partie de leur
rôle. Diverses perspectives existent pour soulager la souffrance, par
exemple, procurer des soins dignes et respectueux au donneur et à ses
proches.
2. « Mon devoir est de prendre soin de la vie et non de la mort » : cette
attitude adoptée par certaines infirmières est interprétée par les
participantes comme négative pour une situation de DO car elle risque
d’augmenter la souffrance des personnes impliquées (proches comme
soignants) et de négliger la volonté du défunt.
3. « La chose la plus importante est de rester neutre » : les infirmières dont
l’attitude apparaît vacillante et passive envers le DO peuvent engendrer
une incertitude chez les proches et un manque de soutien aux médecins.
Par conséquent, la demande de DO est parfois omise.
4. « L’ensemble du processus est désagréable » : une telle attitude est le
signe d’une insécurité et d’un malaise. Ces professionnels ont besoin
d’aide et de soutien de la part de leurs collègues afin d’être déchargés
de certaines tâches.

Flodén et al. (2011b) présentent dans leur étude quantitative des données sur
les attitudes des infirmières en SI concernant la mort cérébrale et le DO. Ces
données ont été récoltées au moyen d’un questionnaire complété par 702
infirmières provenant de différentes USI suédoises (69%). Les résultats
dévoilent alors que l’approche utilisée par les infirmières pour aborder la
thématique du DO varie. 48% des infirmières (n=339) ont déclaré présenter une

33
attitude neutre envers le don en laissant à l’entourage le libre choix de la
décision. La posture pro-don est adoptée par 11% des participantes (n=74) qui,
au cours de la conversation avec les proches, ont tenté d’éviter un refus
précipité en leur offrant les conditions préalables à une décision mûrement
réfléchie. Les 35% restants (n=248) s’avèrent incapables de décrire le type
d’approche utilisé. Les résultats concernant les perceptions des infirmières de
leur propre tension émotionnelle démontrent que 53% (n=369) ont vécu la
demande de don comme un sentiment plutôt positif tandis que 9% (n=66) ont
ressenti des émotions négatives. Indépendamment de l’expérience, la prise en
soins d’un donneur potentiel constitue une charge émotionnelle pour 344
infirmières (49%).

Selon Roels et al. (2010), les infirmières présentent une attitude nettement
moins positive que les médecins face à l’acceptation du concept de mort
cérébrale (p<0.0001) et du DO en général (soutien au don, don de ses propres
organes et de ceux de ses proches). En effet, l’origine principale d’une telle
attitude semble être liée à un manque de confiance des infirmières en ce
concept et à la complexité des tâches liées au don.

Comme affirmé ci-dessus dans l’étude de White (2003), un niveau de formation


insuffisant peut impliquer des perceptions ambiguës de la part des infirmières
au sujet de la mort cérébrale. Cinq catégories de perceptions sont alors mises
en évidence :

1. Acceptation de la mort cérébrale sans ambiguïté, ni équivoque (25%,


n=10).
2. Acceptation avec un discours parfois incohérent (27.5%, n=11).
3. Acceptation de la mort cérébrale uniquement en tant que notion médico-
légale (12.5%, n=5) : les participantes perçoivent la mort cérébrale
comme une forme incomplète de mort. Selon elles, le décès survient lors
de l’arrêt des fonctions cardio-pulmonaires, associé parfois à la perte de
l’esprit.
4. Acceptation ambiguë (22.5%, n=9) : les infirmières font part de
perceptions contradictoires avec un rejet plus fréquent de la notion de
mort cérébrale et un manque de connaissances médico-légales.

34
5. Rejet de la mort cérébrale sans ambiguïté (12.5%, n=5).

En plus de la thématique précédemment abordée, les résultats de l’étude de


Flodén et al. (2011a) traitent des perceptions qu’ont les infirmières de leurs
responsabilités professionnelles et de l’organisation du DO. Trois catégories
alimentent la thématique de la responsabilité professionnelle. « Faire son
maximum » correspond à fournir des soins de qualité, être le porte-parole du
patient ainsi qu’à assumer ses responsabilités. « Préserver les droits du
patient » sous-entend inclure le DO dans sa pratique quotidienne, être informée
sur les signes cliniques de la mort cérébrale, respecter le souhait du patient,
prendre soin et traiter dignement le donneur, être un modèle pour ses collègues
ainsi qu’offrir une attention particulière aux proches. Les participantes tentent
de « soulager la souffrance » en étant présentes, honnêtes et soutenantes pour
les proches, en laissant la responsabilité de la demande de don au médecin, en
participant à la discussion sur le DO avec la famille, en répondant clairement
aux questions des proches pour diminuer leur frustration et en leur offrant une
atmosphère agréable.

Les perceptions au sujet de l’organisation du DO sont relatées au travers de


trois autres catégories. « L’absence de leadership » entraine de l’ambiguïté et
un sentiment d’abandon lors de la prise en soins d’un donneur potentiel. C’est
pourquoi les infirmières soulignent la nécessité qu’un membre du personnel de
l’USI, de préférence un médecin, se préoccupe de la demande de don. Les
infirmières attribuent au médecin un rôle décisif en le considérant hautement
qualifié pour gérer l’équipe impliquée dans le processus de don. Son
expérience et sa charge de travail vont alors influencer le dénouement de la
situation de manière positive ou négative. Un manque de clarification des
responsabilités de chaque professionnel intervenant dans la démarche
constitue une entrave au DO. « Le manque de structures organisationnelles »
est présenté sous diverses formes : manque de protocoles, de chartes sur
l’organisation locale, de check-lists décrivant les différentes phases du
processus de don (surtout la phase initiale), de débriefings et d’aides proposés
par les chefs des SI, de feedback du coordinateur de transplantation ainsi qu’un
manque de réflexion globale dans l’hôpital au sujet du DO.

35
Les infirmières affirment aussi que si la charge de travail est trop importante, les
professionnels vont favoriser la prise en soins des patients en voie de guérison.
De ce fait, la demande peut être omise. Finalement, il est reporté qu’aucune
directive ne spécifie que le DO fait partie du cahier des charges de l’infirmière.

Flodén et Forsberg (2009) abordent, dans une des catégories des résultats
intitulée « le DO comme une situation », les perceptions qu’ont les infirmières
de leurs responsabilités. Face à une situation de don vécue comme dramatique
et difficile, les infirmières jugent important de se sentir en sécurité dans leur
rôle, de comprendre le sens de la mort cérébrale et de prendre conscience de
leurs attitudes. Assumer leurs responsabilités tout au long du processus exige
de leur part beaucoup d’énergie. En effet, le DO est perçu par les participantes
comme un défi professionnel en termes de connaissances à mobiliser, en
raison de la méconnaissance ou de la nouveauté du processus et d’une
situation éthiquement difficile. Parmi les responsabilités que s’attribuent les
infirmières, offrir une prise en soins digne et respectueuse apparaît primordial
dans ce genre de situation. Celles-ci affirment qu’être présentes, humbles et
professionnelles dans la relation avec les proches, fait partie de leur rôle, mais
est essentiel pour se protéger elles-mêmes. Les perceptions récoltées décrivent
aussi la situation de DO comme un événement délicat pour des raisons
principalement éthiques, telles que les problèmes de communication ou un
manque de sensibilité interculturelle.

L’un des quatre thèmes définis par Meyer et Bjork (2008) à la suite de l’analyse
des données est « la responsabilité multidimensionnelle ». Au cours des
discussions de groupe, les infirmières ont décrit plusieurs responsabilités dans
le processus de DO, telles que la création d’un environnement propice au don
et à la prise en soins du donneur potentiel et de ses proches. Les participantes
trouvent difficile de réconforter et de soutenir les proches tout en donnant
simultanément l’information nécessaire à une meilleure compréhension de la
situation de don. Certaines participantes considèrent qu’introduire la question
du DO est un devoir envers le patient. Les efforts menés par les infirmières afin
de préserver la qualité des organes sont perçus comme significatifs et
importants. La dignité et le respect doivent être au centre des soins prodigués
au donneur et à sa famille. Malgré la présence du médecin, les infirmières

36
estiment que la protection du patient et de ses proches relèvent avant tout de
leur responsabilité et requiert deux infirmières, une pour la prise en soins des
proches et l’autre pour l’acquisition des organes.

Le deuxième thème ressortant de l’analyse des résultats est « le DO comme un


processus » ; processus face auquel les proches et les professionnels de la
santé doivent se préparer. C’est pourquoi les infirmières ont jugé la
collaboration et la compréhension mutuelle au sein de l’unité comme
essentielles. Améliorer le travail en équipe peut rendre la communication avec
les proches plus aisée et plus ouverte. Infirmières et médecins doivent se
mettre d’accord sur le moment de la demande et le type d’informations à leur
donner. Nombreuses sont les participantes qui décrivent la transition des SI
vers le DO comme un passage sans étapes distinctes ou encore un processus
plus ou moins transparent. Durant cette transition, il est important d’offrir du
temps aux proches afin de leur permettre de se préparer mentalement à la
situation et de prendre une décision posée.

Flodén et al. (2011b) s’intéressent aux perceptions des infirmières concernant


les ressources mises à disposition dans l’USI. Dans cette catégorie descriptive,
il est reporté par les participantes qu’une augmentation du nombre de lits (47%,
n=329) ainsi que du personnel (38%, n=267) dans l’unité n’impliquerait pas une
élévation du taux de dons. 15% des répondantes (n=106) ont révélé qu’un
manque de ressources ou de compétences a parfois entraîné l’omission des
examens cliniques ou de l’angiographie cérébrale lors de la pose du diagnostic.
En répondant au questionnaire, 2% des infirmières (n=16) ont apporté des
propositions afin de faciliter le travail de l’infirmière dans le processus de DO :
une coopération plus étroite avec le coordinateur (soutien, conseils), plus
d’éducation et de listes de contrôle, une organisation interne avec des
ressources supplémentaires (supervision, débriefing). Au final, 63% (n=442) ont
indiqué que la contribution du coordinateur facilite considérablement la prise en
soins du donneur potentiel, sans préciser pour autant les différents aspects de
son rôle auprès de l’équipe infirmière et médicale.

37
4.3. Communication et relation avec les proches

Connaissances, perceptions et relation représentent des notions bien


différentes au premier abord mais qui se relient dans les résultats des dix
articles analysés. En effet, la qualité de la communication et de la relation avec
les proches est influencée par le niveau de formation de l’infirmière, les
perceptions qu’elle possède de la mort cérébrale, du DO et de ses
responsabilités dans le processus.

Dans la partie des résultats intitulée « le DO comme une situation », Flodén et


Forsberg (2009) soulignent l’importance d’accomplir la volonté du défunt quelle
qu’elle soit. Lors des entretiens individuels, les infirmières ont exprimé leurs
préoccupations quant à la relation avec les proches dont la qualité pourrait être
altérée s’ils se sentent sous pression. Quand la volonté du patient ne semble
pas respectée par l’entourage, les infirmières ont jugé la situation difficile.
Effectivement, celles-ci se sont senties frustrées en s’apercevant que le défunt
a été privé de la possibilité de faire don de ses organes. Afin que la famille soit
réceptive à la demande de don, il est indispensable qu’elle soit consciente et
convaincue du décès de son proche.

Comme expliqué dans les résultats de l’étude de Meyer et Bjork (2008), lorsque
le patient est décédé, il est important que les infirmières se tournent vers la
famille durant les soins et qu’elles parlent du patient en tant que défunt. Ainsi, la
distinction entre les deux phases (avant et après le décès) facilite la
compréhension des proches quant à la fatalité de la situation. De plus, la
participation de la famille aux tests cliniques favorise leur acceptation du
diagnostic de mort cérébrale.

Oroy et al. (2013) ont mené une étude phénoménologique qui vise à explorer et
à acquérir une meilleure compréhension des expériences des professionnels de
la santé concernant leurs interactions avec les proches de donneurs. 16
infirmières, sur un échantillon de 32 participantes (12 médecins et 4
aumôniers), ont pris part aux entretiens. Pour obtenir davantage d’informations,
les chercheurs ont effectué des observations de terrain. Une analyse
thématique des données récoltées a permis l’élaboration de trois grandes

38
catégories : « le moment crucial », « les conversations difficiles » et « les
attentes contradictoires ».

Trouver le meilleur moment possible pour aborder la demande de don est


difficile car les infirmières doivent veiller à ne pas causer de détresse chez les
proches. Selon leurs attitudes et leurs questions, ceux-ci semblaient plus ou
moins disposés à parler de ce sujet. Pour favoriser la préparation de la famille
face à une demande et éviter un conflit d’intérêt, une approche progressive du
médecin est fondamentale. De même, l’espace et le temps offerts aux proches
sont nécessaires afin qu’ils puissent se réorienter face à la situation après
l’annonce du diagnostic. Le fait de savoir si le sujet a déjà été discuté en famille
peut influencer la manière dont les professionnels vont l’aborder. Le vécu des
conversations dans le contexte du DO est jugé difficile et représente un défi
pour les professionnels de la santé. Malgré leur expérience, chaque situation
est nouvelle, unique et douloureuse et ils doivent s’y adapter constamment.
Bien que la collaboration soit généralement de bonne qualité, les infirmières
requièrent parfois une plus grande implication et présence de la part des
médecins. Transmettre les mauvaises nouvelles demande une attitude ouverte
et honnête, une compréhension commune de la situation ainsi qu’un langage
adapté. Les infirmières, présentes lors des conversations, ont pour tâche de
reprendre les questions et les réponses des proches si nécessaire. Le respect
des désirs du patient est primordial. Cependant, les proches doivent se sentir
libres de les transmettre ou non. Placer le donneur au centre de la discussion
peut aider la famille à comprendre son point de vue et ainsi favoriser une
décision réfléchie, sans l’imposer ou l’influencer.

Il existe des attentes internes et externes parfois contradictoires à prendre en


compte lors de la demande de don. Les attentes externes découlent de la
législation et de la politique et peuvent augmenter la tension dans une situation
déjà délicate. Les attentes internes proviennent du comportement altruiste des
professionnels de la santé. Bien que les infirmières soient conscientes de la
signification du DO, certaines considèrent cette demande comme inhumaine et
brutale. Cependant, lorsque tout espoir de guérison est perdu, l’intérêt du
receveur et la possibilité de lui offrir une « nouvelle vie » deviennent prioritaires.

39
5. Discussion

Après avoir exposé les principaux résultats dans le chapitre précédent, nous en
évaluerons la qualité. La synthétisation des résultats nous permettra ensuite de
les confronter, puis de les interpréter à l’aide du cadre de référence, de
concepts et de théories. Pour conclure ce chapitre, nous répondrons à notre
question de recherche.

5.1. Qualité des résultats

Cette revue de littérature est constituée de six études quantitatives et de quatre


études qualitatives. La majorité des devis sont décrits par les auteurs. Sur les
quatre articles qualitatifs présentant une méthodologie similaire, trois d’entre
eux possèdent un devis phénoménographique ou phénoménologique. Les
résultats obtenus par la méthode qualitative, au travers d’entretiens individuels
ou de groupes, ont permis d’explorer divers phénomènes tels que les besoins
éducatifs, l’expérience, les perceptions ou encore les attitudes des infirmières
en SI dans le contexte du DO. Les études quantitatives, dont les devis sont
différents, pourraient être perçues comme un facteur influençant négativement
la fiabilité et la pertinence de nos résultats. Cependant, les résultats des dix
études se rejoignent et se complètent. C’est pourquoi nous avons choisi de les
garder. Parmi les méthodes de récolte de données quantitatives utilisées par
les auteurs, nous retrouvons le questionnaire (9 études sur 10) ainsi que
l’entretien pour l’une d’elles. En effet, Geoff White (2003) a combiné une
méthodologie plutôt qualitative avec une analyse quantitative des données.
Après mûre réflexion, nous avons choisi d’utiliser une grille d’analyse critique
quantitative pour analyser cette recherche.

Concernant les données démographiques des participantes des dix études,


leurs caractéristiques sont fortement similaires, comme par exemple, le genre.
Étant donné que le métier d’infirmière reste majoritairement féminin, la
proportion d’hommes dans nos études est nettement inférieure à celle des
femmes, rendant l’échantillon moins homogène. Effectivement, les hommes
peuvent, selon nous, présenter des perceptions et des attitudes divergentes. De
plus, certaines études incluent un échantillon composé d’une population

40
infirmière et médicale. La séparation des données entre médecins et infirmières
nous a permis de sélectionner celles liées à la population de notre question de
recherche. La comparaison des deux types de résultats nous permettra
d’enrichir notre discussion et les pistes d’action qui en découlent.

Tous les auteurs nous informent sur leur lieu de travail (universités, hôpitaux,
instituts, fondations de DO, départements). Toutefois, seules trois études
précisent clairement le cursus de chaque intervenant. Après de plus amples
recherches, nous constatons que la majorité des auteurs ont un statut
d’infirmières spécialisées, de Docteurs en sciences de la santé ou de
Professeurs. Nous remarquons aussi que certains auteurs apparaissent à
plusieurs reprises. Ceci montre leur implication dans la problématique du DO et
leur intérêt pour la pratique infirmière et son évolution. Pour appuyer la qualité
des articles sélectionnés, nous nous sommes intéressées aux types de revues
dans lesquelles ils ont été publiés. Quatre études proviennent d’un journal
reconnu dans le domaine des soins infirmiers (Intensive and Critical Care
Nursing). Trois autres sont issus d’une revue spécifique traitant de la
thématique du DO et de la transplantation (European Society for Organ
Transplantation, Ann Transplant). Finalement, les journaux dans lesquels
apparaissent les trois dernières études concernent le contexte des soins aigus
et de la pratique avancée en soins infirmiers (Journal of Clinical Nursing,
Journal of Advanced Nursing, Australian Critical Care).

Flodén et al. (2011a) et Flodén et Forsberg (2009) basent leur méthode


d’entretien sur celle décrite par Marton (1981). Elle consiste à guider le cours
de l’entrevue à l’aide d’un nombre limité de questions préformulées, tandis que
la majorité des questions sont énoncées sur la base des réponses des
participantes. Des catégories descriptives, décrivant comment le phénomène
est perçu, ont été développées à la suite de sept étapes définies par Sjöström
et Dahlgren (2002) (Flodén & Forsberg, 2009) : la familiarisation, la compilation,
la condensation, le regroupement, la comparaison, la nomination, la
comparaison contrastive. Ces catégories constituent les résultats de la
recherche qui devraient, selon Marton (1981), pouvoir être discutés avec
d’autres chercheurs (Flodén & Forsberg, 2009). Nous constatons par ces
propos que Flodén et Forsberg (2009) ont mené une réflexion sur la façon dont

41
un entretien est dirigé. Les entretiens de groupe, menés par Meyer et Bjork
(2007), ont permis d’exploiter la diversité de l’expérience des infirmières.
L’analyse des données a été effectuée grâce à la méthode d’analyse qualitative
de Kvale (1997) qui se déroule en trois niveaux (Meyer & Bjork, 2007) : la
condensation des points de vue des participantes, l’interprétation et la fusion
des significations en catégories plus larges, l’investigation des catégories dans
un contexte théorique.

Flodén et al. (2011a) ont adapté et modifié un questionnaire de 34 items


précédemment utilisé pour explorer l’attitude des médecins en lien avec le DO.
Au cours de leur recherche, ils ont testé la fiabilité et la validité de ce nouvel
instrument à l’aide de différentes échelles reconnues. Celui-ci s’est avéré valide
en raison de la cohérence de ses réponses. Les variables (attitudes infirmières)
ont été mesurées et analysées par des méthodes statistiques.

Roels et al. (2010) ont utilisé les outils du « Donor Action Programm » [DAP]
pour collecter leurs données. Ceux-ci consistent en l’« Hospital Attitude
Survey » [HAS] et le « Medical Record Review » [MRR]. L’HAS est un
questionnaire de 32 items permettant d’évaluer différentes variables (attitudes,
connaissances, participation au DO, compétences, ressenti) et d’identifier les
besoins d’éducation et de soutien des infirmières dans le processus. Les
données du HAS et du MRR ont été introduites dans le « DA System
Database » [DA]. Les différences statistiques et les corrélations entre les sous-
groupes professionnels ont été réalisées à l’aide d’instruments et de tests
validés.

Un questionnaire de 22 items, incluant une échelle de Likert de cinq points, a


été élaboré par Meyer et al. (2012) pour mesurer les différentes dimensions de
la compétence professionnelle représentées par les connaissances théoriques,
pratiques, éthiques et de médiation sociale. Cet outil a été pré testé auprès de
neuf infirmières d’USI pour prouver sa pertinence et évaluer sa compréhension.
Au moyen de statistiques descriptives et déductives, les chercheurs ont analysé
les variables. La fiabilité et la validité des données ont été testées par l’alpha de
Cronbach.

42
Dans l’étude d’Oroy et al. (2013), les instruments de récolte des données
consistent en des observations de terrain et des entretiens individuels, guidés
par des questions ouvertes. Ces observations contextualisent les données,
augmentant ainsi la fiabilité des résultats. Une analyse thématique, telle
qu’utilisée par Benner (1994) et van Manen (1990), a été menée pour saisir le
sens des expériences vécues par les participantes et a abouti à l’élaboration de
trois thèmes principaux (Oroy et al., 2013).

Concernant l’étude de Smudla et al. (2012b), les variables (connaissances,


attitudes) ont été récoltées avec un questionnaire de 20 items, auto-administré
et possédant une échelle de Likert de cinq points. Celles-ci ont été analysées à
l’aide d’un ensemble de mesures statistiques et de modèles de régression
validés.

Collins (2005) a conçu un questionnaire de 18 items pour identifier les


connaissances et les manques éducatifs liés au DO, en partenariat avec
l’infirmière-cheffe et les coordinateurs locaux de transplantation de l’USI. Ils ont
formulé leurs questions sur la base du travail de Bidigare et Oermann (1991) et
y ont ajouté de nouvelles questions (Collins, 2005). Une corrélation entre les
résultats de son étude et ceux de Bidigare et Oermann (1991) a été effectuée.
Collins (2005) nous informe alors que le recours à des entretiens aurait permis
d’obtenir davantage d’informations sur la population concernée. Les résultats
sont exprimés à l’aide de catégories et de pourcentages.

Pour sa part, White (2003) a mené des entretiens structurés à l’aide de


questions fermées et posées sur la base de différents items. Les données
quantitatives ont été analysées au travers de procédures statistiques
descriptives, de divers tests et outils dont la fiabilité a déjà été approuvée.

Huit articles sur dix respectent les normes éthiques. Effectivement, les auteurs
ont pris les mesures appropriées afin de préserver les droits des participantes
en obtenant, par exemple, leur consentement libre et éclairé et/ou l’approbation
d’un comité éthique. Roels et al. (2010) ne mentionnent pas dans leur étude si
les démarches nécessaires au respect de la confidentialité des données et des
droits des participantes ont été prises. Bien que Smudla et al. (2012b) ne
précisent pas clairement cet aspect, il est affirmé dans leur recherche que leurs

43
données ont été récoltées au moyen d’un questionnaire anonyme, désigné par
des sociétés reconnues.

Nous avons élaboré deux échelles de pertinence sur la base des grilles
d’analyse des articles scientifiques8. Les moyennes obtenues avec les échelles
des six articles quantitatifs et des quatre articles qualitatifs sont les suivantes :

Types 6 échelles quantitatives 4 échelles qualitatives


d’échelle Total sur 22 points Total sur 25 points
Moyenne en
18.67/ 22 points 20.50/ 25 points
points
Moyenne en
84.86% 82%
pourcents
Taux le plus
18 – 20 16 – 22
bas – taux le
81.82% - 90.91% 64% - 88%
plus haut

Bien que l’article de Meyer et Bjork (2008) présente une pertinence de 64%,
nous avons décidé de l’inclure pour différentes raisons. Premièrement, les
auteures ont une expérience reconnue dans le domaine du DO (Meyer et al.,
2012). Deuxièmement, nous avons sélectionné un autre de leurs articles dont la
qualité est évaluée à 20 sur 22 sur notre échelle de pertinence (Meyer et al.,
2012). Enfin, les résultats de l’article sont cohérents et en partie similaires à
ceux des autres études analysées.

En résumé, nous constatons que l’ensemble des dix articles répondent de


façon positive aux différentes questions de la grille de lecture critique. Nous en
déduisons alors que les résultats sont de bonne qualité.

5.2. Synthèse des résultats

Trois grandes catégories ressortent de l’analyse des dix études scientifiques.


Celles-ci correspondent aux différents domaines dans lesquels les infirmières
d’USI rencontrent des difficultés lors de situations de don.

8
Annexe B : Grilles de lecture critique des 10 articles scientifiques

44
La première catégorie, représentée par les connaissances et l’éducation au
sujet du DO, traite d’un manque de savoir théorique sur le fonctionnement du
processus de don, la mort cérébrale et le diagnostic de mort en général. Les
moyens actuels mis à disposition ne suffisent malheureusement pas à combler
les déficits éducatifs des infirmières, relevés par les études analysées.

La seconde catégorie, abordant la problématique des perceptions et des


attitudes infirmières, identifie différentes postures influençant positivement ou
négativement l’approche du patient en état de mort cérébrale et de sa famille.
Ces attitudes et perceptions sont fortement corrélées au niveau de formation et
à l’expérience professionnelle. En termes de responsabilités et d’organisation,
la prise en soins d’un donneur potentiel constitue un défi et une situation
éthiquement difficile pour les infirmières d’USI. Le soutien et la collaboration
entre collègues ainsi que le respect et la dignité du patient et de ses proches
sont des facteurs aidant l’infirmière en SI à faire face aux situations de DO.

La communication et la relation avec les proches de donneurs potentiels


nécessite une constante adaptation de la part des professionnels de la santé.
En effet, cette troisième catégorie met en avant l’importance de
l’accomplissement de la volonté du patient, du moment de la demande, de la
compréhension mutuelle de la situation par toute l’équipe d’intervention, de la
préparation de la famille à la demande ainsi que du respect de sa décision.

L’interprétation des résultats nous permettra de mettre en évidence les besoins


infirmiers et les moyens pertinents pour y répondre ainsi que d’en discuter à
l’aide du cadre de référence, de concepts, de modèles et de théories.

5.3. Interprétation des résultats

5.3.1. Connaissances et éducation

Un besoin d’apprentissage émerge des résultats des études de Collins (2005),


Meyer et Bjork (2008), Meyer et al, (2012) Roels et al. (2010), Smudla et al.
(2012b) ou encore de White (2003). Effectivement, nous pouvons remarquer un
manque conséquent de connaissances chez les infirmières en SI sur la
thématique du DO dû à un déficit de formation.

45
Il nous apparaît indispensable que les infirmières développent alors de solides
compétences professionnelles sur la base de connaissances théoriques,
éthiques, pratiques, de médiation sociale (Meyer et al., 2012) et légales
(procédures et directives institutionnelles).

Concernant les connaissances théoriques, les infirmières doivent être capables


de mobiliser les différentes notions qui régissent le concept de mort cérébrale et
son diagnostic. Afin d’améliorer la prise en soins du donneur potentiel et de ses
proches, celles-ci doivent être en mesure de comprendre et de maîtriser les
sept signes cliniques de la mort encéphalique9 (ASSM, 2011) et les examens
cliniques diagnostiques menés par les deux médecins responsables (Derkenne,
2014). Pour appuyer la nécessité de renforcer l’éducation des infirmières en SI,
nous nous sommes intéressées aux propos de White (2003). Cet auteur
évoque, dans son étude, la préoccupation des soignants et des familles face à
l’apparence physique que le donneur potentiel renvoie. En effet, les fonctions
cardio-pulmonaires sont maintenues de manière artificielle et peuvent induire
de la confusion et de l’ambiguïté dans les perceptions de chacun, d’où
l’importance d’un savoir suffisant (White, 2003). De plus, Collins (2005), White
(2003) ou encore Smudla et al. (2012b) prouvent, grâce à leurs recherches, que
la capacité des infirmières à décrire la mort cérébrale et son diagnostic est
fortement corrélée avec leur niveau de formation. Nous soutenons donc les
propos de Collins (2005) qui soulignent que plus l’infirmière est formée, plus
elle sera apte à expliquer et à accepter la notion de mort cérébrale.

Le contenu de l’étude de Roels et al. (2010) rejoint celui de Collins (2005) en


mentionnant que les infirmières disposent de connaissances plus limitées sur la
mort cérébrale que les médecins et qu’elles semblent moins à l’aise dans
l’explication de ce concept. Elles expriment donc la volonté d’enrichir leur
formation. Leur acceptation de la mort cérébrale comme diagnostic de mort
s’avère essentielle pour qu’elles se sentent plus confortables dans les tâches
liées au DO. De plus, Roels et al. (2010) soulignent la forte association entre le
niveau éducatif, les besoins en matière de DO et les taux de réussite des
programmes de don. Il serait alors intéressant d’investiguer plus précisément

9
Annexe D : Diagnostic de la mort dans le contexte de la transplantation d’organes (ASSM), p.
5-7 et p. 21-25

46
l’importance de cette corrélation ainsi que son réel impact sur la pratique du
DO.

Au niveau éthique et légal, l’infirmière doit intégrer et appliquer les principes


éthiques fondamentaux dans sa pratique et respecter les droits du patient dont
celui à l’autodétermination (ASI, 2003, p.9 ; ASSM, 2005, p. 2). Pour honorer la
mémoire du patient et respecter ses souhaits, l’infirmière a pour mission de
récolter des informations auprès de sa famille sur sa volonté de faire don ou
non de ses organes. Lorsque les souhaits de ce dernier sont méconnus,
l’infirmière va alors exploiter ses connaissances au sujet des lois et des
directives nationales, cantonales, régionales ou autre en vigueur afin d’éclaircir
la situation et d’établir qui possède le pouvoir décisionnel (Canton de Vaud,
Justice, S.d.). L’infirmière doit mobiliser, en plus de ses compétences
relationnelles, un savoir plus spécifique afin d’informer adéquatement les
proches, leur permettant ainsi une prise de décision libre et éclairée (Saint-
Arnaud, 2009).

Concernant la loi sur le DO et la transplantation, Meyer et Bjork (2008) ainsi


que Flodén et al. (2011b) évoquent les bénéfices du système espagnol
(instauration du consentement présumé et d’un réseau de professionnels) qui
présente un taux élevé de donneurs d’organes. Toutefois, Collins (2005)
souligne que la majorité des infirmières ayant participé à son étude s’opposent
au consentement présumé, sans donner plus de précisions. Pour leur part,
Oroy et al. (2013) indiquent que les raisons de cette opposition sont
principalement liées au respect de l’autonomie, principe éthique fondamental
dans les sociétés occidentales. Effectivement, un conflit éthique peut émerger
dans le cas où l’un des principes est négligé (ASI, 2003).

En Suisse, le modèle du consentement présumé, appliqué jusqu’en 2007, n’a


pas prouvé son efficacité (Conseil fédéral, 2013). Lors de son application,
aucune élévation du taux de donneurs n’a été observée. Le 20 septembre
2012, Laurent Favre a déposé une motion au Conseil national encourageant la
réintroduction du consentement présumé en Suisse (L’Assemblée fédérale – Le
Parlement suisse, S.d., p.1). Rejoignant les propos de Laurent Favre
concernant la nécessité d’augmenter le taux de DO, le Conseil fédéral a lancé

47
un plan d’action, intitulé « Plus d’organes pour des transplantations », le 8 mars
2013 (L’Assemblée fédérale – Le Parlement suisse, S.d., p.1). Élaboré en
collaboration avec Swisstransplant, les établissements de soins et les
professionnels de la santé impliqués dans cette problématique, il constitue une
alternative à la motion (L’Assemblée fédérale – Le Parlement suisse, S.d., p.1).
En effet, pour des raisons éthiques, le Conseil fédéral et la Commission
nationale d’éthique dans le domaine de la médecine humaine rejettent le
modèle du consentement présumé, soutenu par Laurent Favre. Selon eux,
celui-ci porte préjudice aux droits de la personnalité (L’Assemblée fédérale – Le
Parlement suisse, S.d., p.2). Étant donné que les articles analysés ne traitent
pas davantage du modèle du consentement présumé, nous avons décidé de ne
pas plus nous y attarder dans la suite de notre discussion.

Dans son étude, Collins (2005) indique que les infirmières sont prêtes à
participer à une journée d’étude sur la mort cérébrale, l’éthique ou encore le
DO. Cet aspect nous paraît positif en vue d’améliorer les connaissances des
infirmières à ce sujet. Cependant, nous nous questionnons sur son efficacité en
raison de sa durée limitée dans le temps (un jour) qui, d’après nous, est
insuffisante pour intégrer l’ensemble des notions nécessaires à la
compréhension du DO. En effet, Meyer et Bjok (2008) soulignent l’importance
d’effectuer une éducation systématique et répétée pour entretenir des
connaissances et des compétences de qualité. Il nous semble donc primordial
que les infirmières présentent une formation intégrant l’apprentissage d’un
savoir sur le DO pour informer, rassurer et guider les proches de manière
appropriée dans le processus. Les différents auteurs restent toutefois partagés
quant au meilleur moment pour introduire des cours sur le DO dans la
formation.

Meyer et al. (2012) soulignent que les infirmières présentent des connaissances
de médiation sociale plutôt élevées par rapport aux connaissances théoriques,
pratiques et éthiques. Cela nous indique qu’elles semblent posséder
suffisamment de ressources communicationnelles. Toutefois, elles expriment
leur besoin d’être mieux formées pour annoncer les mauvaises nouvelles
(Meyer et al., 2012). Ces auteurs soutiennent également qu’une éducation
semestrielle est nécessaire pour que les professionnels soient efficients dans

48
leur pratique. De plus, Roels et al. (2012) affirment que la formation et
l’expérience des infirmières renforcent leur confiance dans l’approche des
familles, les rendant ainsi plus actives dans leur rôle.

La mise en place de certains moyens pouvant influencer positivement le niveau


de compétences professionnelles des infirmières nous apparaît réalisable au
sein d’une USI. Meyer et al. (2012) rapportent que l’éducation de base en milieu
hospitalier, les séminaires éducatifs ou encore la lecture de la littérature sont
des stratégies efficaces pour augmenter les connaissances des professionnels
au sujet du DO. De plus, Meyer et Bjork (2008) complètent ces propositions
avec les discussions en équipe sous la forme de débriefings ou de temps de
réflexion. Celles-ci permettraient alors le partage de connaissances et
d’expériences entre les infirmières plus expérimentées et moins expérimentées
(Meyer & Bjork, 2008). Nous estimons aussi que ces moments d’échange en
équipe pourraient renforcer la cohésion, le soutien, la collaboration et la
compréhension entre médecins et infirmières d’USI.

Smudla et al. (2012b) nous révèlent un fait plutôt surprenant. Seulement un


cinquième des infirmières évoquent avoir suivi une formation sur la gestion du
don et deux tiers ne comptent pas y participer, pour des raisons non détaillées
dans cette étude. Les auteurs (Smudla et al., 2012b) proposent alors des
moyens intéressants pour améliorer l’éducation des infirmières : instaurer des
cours obligatoires, augmenter leur collaboration avec les médecins, établir des
protocoles pour la gestion du DO, utiliser le « VIDEO model ». Ce dernier est un
moyen approprié pour développer des compétences individuelles et se déroule
de la manière suivante (Smudla et al., 2012b, p.101) :

Visionnement de la présentation Visuelle d’une situation de don.


Discussion Interactive de la situation de Don entre les participantes.
Exploration de la vidéo rétrospectivement dans le but d’Optimiser
l’enseignement.

Le « VIDEO model » intervient dans la première étape de la pyramide


d’intervention décrite par Smudla et al. (2012b) dont le but est de diminuer les
effets psychologiques négatifs du don ressentis par les proches (Fig.1).

49
Fig. 1 : La pyramide d’intervention de Smudla et al. (2012b)

5.3.2. Perceptions et attitudes

Nombreux sont les auteurs (Flodén et al., 2011a ; Flodén & Forsberg, 2009 ;
Flodén et al., 2011b ; Roels et al., 2011 ; White, 2003 ; Meyer & Bjork, 2008)
qui révèlent les différences de perceptions que peuvent avoir les infirmières en
SI dans le cadre d’une situation de DO.

Parmi les facteurs influençant leurs perceptions, Flodén et al. (2011a) énoncent
leur niveau de confiance dans les diverses méthodes et moyens médicaux
mobilisés pour faire l’examen clinique10 diagnostique de la mort cérébrale.
S’ajoute, pour certains professionnels, le besoin de participer à la pose du
diagnostic dans le but de mieux l’accepter (Flodén et al., 2011a). De même,
certaines infirmières souhaiteraient instaurer d’office l’angiographie cérébrale,
car cette méthode diagnostique les aiderait à mieux accepter le décès du
patient (Flodén et al., 2011a). Les recommandations suisses de l’ASSM (2011)
expliquent que, dans le cas où les signes cliniques de la mort encéphalique et
l’origine de la lésion cérébrale sont évidents, l’angiographie cérébrale n’est pas
jugée nécessaire pour poser le diagnostic (p. 6).

White (2003) affirme que les connaissances et l’éducation sont à la base de la


compréhension et d’une meilleure acceptation des concepts qui régissent la

10
Annexe D : Diagnostic de la mort dans le contexte de la transplantation d’organes (ASSM),
p.5-7 et p. 21-25.

50
mort cérébrale. C’est pourquoi nous pensons que l’éducation des infirmières en
SI au sujet du DO est le domaine prioritaire à améliorer. En raison des coûts de
l’angiographie cérébrale, nous jugeons peu pertinent d’effectuer ce test médical
dans le but de convaincre le professionnel du décès du patient. Sa participation
à l’examen clinique nous apparaît être un moyen plus approprié et plus
facilement applicable à la pratique quotidienne des SI que ce soit d’un point de
vue financier, relationnel (renforcement du lien avec l’entourage par son
implication auprès du patient), psychologique et cognitif. Bien
qu’émotionnellement difficile, cette étape peut permettre à l’infirmière de poser
ses questions aux médecins et ainsi de diminuer ses doutes. En effet, Flodén et
Forsberg (2009) explique que, lorsque les connaissances concernant les tests
cliniques sont insuffisantes, l’incertitude et le malaise peuvent s’installer. En
partageant leur savoir, les médecins qui effectuent l’examen clinique pourraient
changer le regard que porte l’infirmière sur l’état du patient et ses
représentations (Le Cardinal, 2002). Comme affirmé par Le Cardinal (2002),
des « Différences de regards, différences de postures entraînent des
différences de représentation, des différences dans l’action » (p.8). Ainsi,
l’attitude de l’infirmière auprès des proches du donneur potentiel serait plus
adaptée et moins confuse.

Flodén et Forsberg (2009) montrent qu’il est difficile pour certaines infirmières
en SI d’être confrontée à la mort de leur patient. Elles la perçoivent alors
comme un échec professionnel. De même, certaines estiment ne pas avoir pour
rôle de s’occuper de la mort mais au contraire de préserver la vie (Flodén &
Forsberg, 2009 ; Flodén et al., 2011b). Est-il alors éthiquement correct
d’adopter une telle attitude ? Nous nous questionnons sur le concept d’égalité,
lequel souligne que tout le monde doit avoir un accès égal aux soins (ASI,
2003). L’attitude visant à privilégier le vivant au défunt ne correspondrait-elle
pas à réduire le second à un état d’humanitude inférieur ? En considérant le fait
que ces deux patients se trouvent aux SI, est-il alors équitable de traiter ces
deux situations de manière différentes en favorisant la prise en soins de l’un
d’eux (ASI, 2003) ? En agissant ainsi, est-ce que l’infirmière, dans son souci de
faire le bien, ne risque-t-elle pas de porter atteinte aux droits du défunt,
notamment à celui de devenir donneur d’organes (ASI, 2003) ? De plus, il est

51
important que l’infirmière soit consciente que l’existence d’un ou de plusieurs
receveur(s) dépendra de l’issue de la prise en soins du donneur potentiel. De
ce fait, il convient, selon nous, de ne pas sous-estimer l’impact de la qualité des
soins donnés au patient décédé. L’attitude de privilégier le vivant au défunt
nous apparaît alors ambiguë.

L’attitude adoptée par l’infirmière face au donneur potentiel nous semble être
fortement corrélée aux représentations et aux croyances qu’elle a de l’être
humain et de la mort en général. Comme le disent Flodén et Forsberg (2009),
certaines le perçoivent comme une entité indivisible, certaines comme un
ensemble où le corps, l’âme et l’esprit sont séparés et d’autres en tant que
corps et âme difficilement séparables. Nous pensons que selon ses
perceptions, l’infirmière se sentira plus à l’aise dans la relation avec le patient et
ses proches. Cependant, pour revenir à notre cadre de référence, nous
approuvons les propos de Le Cardinal (2002) selon lesquels l’infirmière, dans
une perspective éthique, doit respecter le corps de l’être humain et porter son
attention à ses défaillances et à sa mort (p.3). Privilégier la prise en soins d’un
patient vivant à celle d’un patient décédé nous apparaît alors être contradictoire
aux valeurs éthiques et au code déontologique de la profession infirmière. Nous
estimons que tout être humain, décédé ou vivant, doit être considéré comme
unique et bénéficier des mêmes conditions de prise en soins tant qu’il se trouve
dans l’USI.

Notre opinion est appuyée par les études de Flodén et Forsberg (2009) et de
Flodén et al. (2011b) qui relèvent diverses attitudes infirmières susceptibles
d’influencer la décision des proches face à une demande de DO. Grâce aux
propos récoltés auprès des infirmières, ces auteurs montrent qu’une attitude
pro-don est plus adaptée qu’une attitude neutre lors de l’approche des familles.
L’aide et le soutien apportés par les collègues peuvent soulager les infirmières
qui présentent plus de difficultés dans ce genre de prise en soins (Flodén &
Forsberg, 2009). Ainsi, en évitant une surcharge émotionnelle et grâce à la
solidarité, nous pensons que l’attitude de certaines infirmières peut être
favorablement influencée. Intégrer la promotion du DO dans le cahier des
charges de l’infirmière en SI nous apparaît indispensable. En effet, l’attitude

52
neutre de l’infirmière peut entraîner une incompréhension de la part des
proches et un manque de soutien aux médecins (Flodén & Forsberg, 2009).

Flodén et al. (2011b) décrivent la manière dont les infirmières perçoivent leurs
responsabilités. Nous qualifions d’exemplaires les différentes données relevées
par ces dernières, qui démontrent un réel souci d’intégrer le DO dans leur
pratique quotidienne et de jouer un rôle actif dans le processus de don. Les
responsabilités définies dans les catégories « faire son maximum », « préserver
les droits du patient » ainsi que « soulager la souffrance » nous semblent tout à
fait pertinentes et favorables à une attitude pro-don (Flodén et al., 2011b). En
lien avec les perceptions que les infirmières ont de l’organisation de l’USI lors
du processus de don, il est mis en évidence par Flodén et al. (2011b) que
l’absence de leader pour guider le processus amène à l’insécurité. Le médecin,
auquel les infirmières attribuent ce rôle, doit définir et assumer ses
responsabilités afin que celles-ci puissent à leur tour assumer les leurs (Flodén
et al., 2011b). Nous rejoignons les auteurs (Flodén et al., 2011b) concernant
leurs propositions pour améliorer les structures organisationnelles des USI :

Mettre en place des protocoles décrivant les différentes phases du


processus de DO (en particulier la phase initiale).
Rédiger des chartes pour définir l’organisation locale du DO.
Introduire des moments de débriefings ou de feedbacks dirigés par le
supérieur hiérarchique (médical ou infirmier) des SI et/ou le coordinateur
local.
Encourager une philosophie de soins axée sur l’intégration pratique du
DO et sur la réflexion au sujet de cette problématique dans l’ensemble
de l’hôpital.
Spécifier dans le cahier des charges de l’infirmière spécialisée en SI que
le DO et la détection de donneurs potentiels font partie de sa pratique
quotidienne.
Favoriser une coopération plus étroite avec le coordinateur afin de
recevoir davantage de soutien et de conseils de sa part.
Augmenter l’éducation au sujet du DO.

53
Améliorer l’organisation interne de l’USI grâce à la supervision, par
exemple du coordinateur local.

Pour répondre aux différents besoins infirmiers, nous pensons que les
propositions précitées peuvent s’avérer être utiles pour la pratique (Flodén &
Forsberg, 2009). En Suisse, le PLDO inclut dans ses tâches et ses missions,
certaines de ces actions, telles que l’utilisation de protocoles et de procédures
(HUG PLDO, 2012). Ce programme favorise également le soutien et la
formation du personnel médical et infirmier ainsi que la réflexion autour des
problématiques liées au DO (HUG PLDO, 2012). Les coordinateurs locaux ont
pour rôles d’assurer la qualité du processus de don, de veiller à l’application
des procédures ainsi que de participer à la formation et à la recherche sur le
don (HUG PLDO, 2012).

Meyer et Bjork (2008) relèvent la difficulté perçue par les infirmières concernant
leur responsabilité de prendre soin simultanément du patient décédé et de ses
proches. Informer, soutenir, réconforter la famille en même temps que veiller à
offrir des soins dignes et respectueux au défunt est loin d’être aisé pour les
professionnels. En effet, nous comprenons le besoin de collaborer à deux
infirmières pour assumer cette prise en soins complexe (Meyer & Bjork, 2008).
Améliorer le travail en équipe par une collaboration et une compréhension
mutuelle au sein de l’unité permettrait aux infirmières de se sentir rassurées
dans leur rôle ainsi que moins seules et moins démunies face aux situations
(Meyer & Bjork, 2008).

Dans leur discussion, Flodén et al. (2011b) évoquent « le modèle de la


connaissance de soi » de Luft et Ingham (1955), connu également sous le nom
de « Fenêtre Johari ». Cet instrument, utilisé en psychologie sociale, décrit
différents modes de communication entre les individus (Flodén et al., 2011b). Il
permet « … par l’analyse des comportements dans un groupe, une meilleure
connaissance de soi et des autres » (Baudon, 2004, p.2). Selon les résultats de
Flodén et Forsberg (2009), il est important que les infirmières prennent
conscience de leurs attitudes afin d’en évaluer l’influence sur la relation avec
les proches. En analysant le mode de communication adopté par chaque
intervenant de la situation de don, l’infirmière pourra approfondir sa

54
compréhension de ses propres attitudes. Ainsi, une meilleure connaissance
d’elle-même et de ses comportements lui permettra d’adapter sa
communication et d’améliorer la qualité de l’interaction avec l’entourage du
donneur potentiel.

5.3.3. Compétences et techniques relationnelles

Les difficultés infirmières énoncées dans les études de Flodén et Forsberg


(2009), Meyer et Bjork (2008) ainsi que d’Oroy et al. (2013) nous orientent vers
un troisième besoin. Ce dernier consiste en un besoin de développer des
compétences relationnelles et des techniques d’approche des familles afin de
faciliter l’introduction d’une demande de don auprès d’elles.

Flodén et Forsberg (2009) placent au centre de la relation infirmière - famille le


respect de la volonté du patient. Il nous semble alors important que les
infirmières possèdent des notions éthiques afin d’entreprendre correctement le
dialogue avec les proches concernant les droits et les devoirs de chacun dans
la situation de DO. Sensibiliser les infirmières aux principes définis par l’ASI
(2003) (autonomie, non-malfaisance, bienfaisance et justice) nous semble être
une façon de les encourager à se questionner sur les fondements de leur
pratique et les valeurs qu’elles souhaitent promouvoir dans le contexte du don.
Lors des échanges avec la famille, l’infirmière va se positionner et plaidoyer en
faveur du défunt dans un souci de promotion de son droit à l’autodétermination
(Formarier & Jovic, 2009). Être le porte-parole du patient (Flodén et al., 2011a)
suppose agir « … au nom de ceux qui n’ont pas le pouvoir en tentant d’influer
sur les décisions de ceux qui le détiennent » (Formarier & Jovic, 2009, p. 56).
Dans son rôle d’advocate du patient, l’infirmière doit alors favoriser une décision
réfléchie des proches, respectueuse de l’autonomie juridique du défunt. Nous
comprenons alors que le concept d’advocacy rejoint le cadre de référence de
l’éthique et favorise donc une pratique fondée sur la réflexion.

Cependant, nous sommes conscientes qu’une attitude bienveillante des


professionnels de la santé ne suffit pas dans toutes les situations à privilégier
l’autodétermination du donneur potentiel. Flodén et Forsberg (2009) expliquent
que la négligence de la volonté de celui-ci par l’entourage est ressentie comme

55
frustrante pour les professionnels. La situation devient alors difficile à gérer. Le
débriefing, moyen proposé par plusieurs auteurs dont Flodén et al. (2011b) et
Meyer et Bjork (2008), pourrait alors être utile aux infirmières pour exprimer leur
frustration et leur sentiment d’impuissance face à cette prise en soins. N’ayant
pas plus d’informations de la part des auteurs concernant ce moyen, nous
supposons toutefois que ce genre de discussion pourrait se dérouler soit en
équipe (infirmières et médecins ensemble), soit en présence du coordinateur
local ou encore avec un psychologue. En effet, l’un des rôles attribués au
coordinateur consiste à offrir son soutien à l’équipe intervenant dans la prise en
soins du donneur potentiel (CHUV, Service de médecine intensive adulte,
2014). En cas de conflit, le coordinateur peut aussi prendre le rôle de « tiers
médiateur » (Le Cardinal, 2002, p. 10) pour rétablir la communication entre
l’équipe d’intervention et les proches ainsi que pour permettre la reconstruction
d’une relation de confiance. Tel que dit par Le Cardinal (2002), « la construction
de la confiance se fait souvent à partir des erreurs à condition qu’elles soient
reconnues et retravaillées ensemble » (p. 9).

Toujours dans un but de promotion et de respect des droits du patient, il est


nécessaire que l’infirmière se renseigne sur les désirs de celui-ci. Les proches
jouent alors un rôle central lorsqu’aucune directive anticipée n’a été rédigée ou
qu’aucune carte de donneur n’a été mise à disposition de l’équipe des SI.
Comme souligné par Oroy et al. (2013), l’infirmière doit investiguer avec
sensibilité auprès de l’entourage afin de savoir si la thématique du DO a déjà
fait l’objet d’une discussion. Effectivement, elle n’entrera pas en relation de la
même manière avec des proches pleinement informés de la volonté du patient
qu’avec des familles non renseignées ou indécises.

En lien avec cette troisième catégorie, nous jugeons important de rappeler que
les personnes qui vivent le deuil d’un proche, et parfois simultanément une
demande de don, sont confrontées à un stress émotionnel responsable de l’état
de crise dans lequel elles se trouvent. Brunet et al. (2006) précise que la crise
émerge dans le cas où le stress induit par la situation est perçu par l’individu
comme une menace. Pour faire face, celui-ci va alors mettre en place des
stratégies de coping, telles que définies par Lazarus et Folkman (1984)
(Quintard, 2001). Il nous apparaît alors nécessaire que les infirmières observent

56
le type d’adaptation mis en place par les proches afin d’adopter une posture
adéquate et d’éviter un conflit. Malheureusement, il se peut que les proches,
confrontés à une crise, ne possèdent tout simplement pas de stratégies
appropriées pour faire face à la situation aversive (Brunet et al., 2006). Adopter
une attitude rogérienne favorisant une relation d’aide nous semble alors
essentiel tout au long de la prise en soins. Dans son approche centrée sur la
personne, Rogers (1972) encourage les professionnels de la santé à créer un
climat de confiance en respectant certaines caractéristiques de la relation
d’aide telles que la congruence, l’authenticité, le respect chaleureux, l’empathie,
la sensibilité, le non-jugement et l’acceptation inconditionnelle. La théorie
rogérienne, mobilisant les ressources de la personne en crise (Rogers, 1972),
nous semble pertinente pour induire ou maintenir un sentiment de contrôle chez
les proches (Oroy et al., 2013). Tout en se positionnant en faveur des intérêts
du patient, l’infirmière doit aussi respecter les valeurs défendues par les
proches et leur autonomie dans la décision finale afin d’éviter qu’ils ne perdent
pied (Oroy et al., 2013). De plus, lorsque la volonté du patient est méconnue, la
loi en Suisse attribue le pouvoir décisionnel à l’entourage dont l’opinion devient
alors capitale pour un éventuel consentement au DO (Canton de Vaud, Justice,
S.d.).

Comme expliqué précédemment, l’entourage se trouve dans une situation de


crise provoquée par le décès d’un être cher. À ce stade, l’infirmière doit être
capable d’entretenir une relation de confiance avec les proches. Dans son
modèle interactionniste, Fornerod (2005) encourage chaque actant, infirmières
et proches, à prendre conscience de l’intention de l’autre dans ce contexte
particulier afin de co-construire ensemble. Dans une situation de don,
l’infirmière doit, avant toute demande, s’assurer de la compréhension qu’a la
famille de l’état du patient (Flodén & Forsberg, 2009). Ainsi, nous supposons
qu’elle sera plus apte à percevoir son intention et la possibilité d’introduire une
demande de don. Le DO ne peut représenter l’objet tiers (intention commune
des actants) si l’intention de la famille est trop divergente de celle de l’infirmière,
ne permettant pas de co-construction. Nous approuvons les propos de Flodén
et Forsberg (2009) selon lesquels les proches ne peuvent être réceptifs à la
demande dans le cas où elle n’est pas consciente et convaincue du décès du

57
patient. Nous préconisons alors, en lien avec le besoin d’apprentissage, que les
infirmières développent de meilleures connaissances sur le concept de mort
cérébrale et les tests menant à son diagnostic dans le but d’informer
précisément les proches et de répondre à leurs questions. De plus, les
médecins responsables des tests diagnostiques pourraient montrer à
l’entourage des images, par exemple celles de l’angiographie cérébrale, afin de
rendre cette réalité plus concrète. C’est seulement à ce moment-là que pourrait
survenir la question du DO.

Afin d’approfondir les liens entre le modèle interactionniste de Fornerod (2005)


et les propos de Flodén et Forsberg (2009), nous nous sommes intéressées à
l’éthique de la communication (Le Cardinal, 2002). Dans l’interaction décrite par
Fornerod (2005), nous y ajoutons désormais les notions d’autonomie et de
liberté. Afin de ne pas privilégier ses préférences à celles du patient, l’infirmière
doit co-construire une interaction éthique avec les proches (Le Cardinal, 2002).
Une relation de solidarité pourra alors émerger si les infirmières et les proches
identifient et tiennent compte des préférences et des libertés de chacun.
L’infirmière, en communiquant des informations pertinentes, atténuera
l’incertitude que pourrait ressentir l’entourage. En expliquant ses valeurs, ses
émotions ainsi qu’en donnant de nouvelles informations, elle permettra à la
famille de modifier ses représentations et ainsi d’évoluer tout en respectant sa
liberté (Le Cardinal, 2002). La reformulation est un moyen qui peut aider
l’infirmière à mieux comprendre leurs représentations et à éviter toute confusion
sémantique (Le Cardinal, 2002). Après réflexion, l’objet tiers de l’interaction
entre les proches et les infirmières apparaît être la réussite d’une coopération,
basée sur une confiance mutuelle, et l’introduction du sujet du DO plutôt que
l’aboutissement d’une demande de don. Dans les situations où les proches et
les infirmières en SI se positionnent en faveur du DO, le consentement au don
pourra alors devenir le fruit d’une représentation commune co-construite sur le
respect des valeurs, des ressentis et du savoir de chacun.

Un aspect essentiel, sur lequel Meyer et Bjork (2008) ont porté leur attention,
est la façon dont l’infirmière d’USI parle du patient à la famille. Non négligeable,
cet élément peut d’après nous influencer positivement ou négativement la
compréhension du concept de mort cérébrale par les proches. Selon eux, la

58
conception de la mort du patient est rendue difficile pour les proches si
l’infirmière parle au patient décédé. C’est pourquoi la discussion lors des soins
doit avoir lieu avec les proches et non avec le patient, lequel doit être nommé
« défunt ». Cependant, nous souhaitons nuancer les propos de Meyer et Bjork
(2008) qui ne tiennent pas suffisamment compte des aspects personnels de
chaque individu, tels que la culture, la spiritualité ou encore la psychologie.
Nous nous référons alors à Formarier et Jovic (2009) qui mentionnent
clairement que chaque personne tolère différemment une situation de crise. En
fonction de ses valeurs, de sa culture, de ses expériences et de ses
représentations, elle réagira de façon unique et personnelle à la crise qu’elle
traverse (Formarier & Jovic, 2009). C’est pourquoi nous remettons en question
les résultats de Meyer et Bjork (2008). Pour certaines personnes, le fait de
s’adresser au défunt pourrait être perçu comme aidant et soutenant. Toutefois,
il est important de s’assurer de la compréhension qu’ont les proches de la mort
du patient et de percevoir leurs représentations pour éviter d’adopter une
attitude entraînant de l’ambiguïté et de la confusion (Le Cardinal, 2002). Poser
ouvertement la question à la famille afin de connaître leur opinion à ce sujet,
nous apparaît aussi être une solution. Nous avons également mis en lien le fait
de parler au défunt avec un type de stratégies de coping centrées sur les
émotions (Piquemal-Vieu, 2001). Les infirmières, tout comme les proches,
pourraient les utiliser en vue de gérer les émotions suscitées par la situation de
crise. Nous maintenons donc notre avis selon lequel parler à la personne
décédée peut faire partie de l’accompagnement des proches et/ou consister en
une technique de coping.

De plus, les propos de Meyer et Bjork (2008), encourageant les professionnels


à nommer le patient « défunt » afin de diminuer toute ambiguïté de la part de la
famille face à son apparence physique, peuvent être confrontés à ceux de Le
Cardinal (2002). Cesser de nommer le patient par son nom équivaut à effacer
son identité propre (Le Cardinal, 2002). En effet, « Un nom est la réalité
symbolique qui nous permet de faire mémoire d’une personne, même quand
elle n’est pas là » (Le Cardinal, 2002, p. 2). La négligence de cet aspect
pourrait, d’après nous, rendre la prise en soins impersonnelle et ainsi entraîner
le sentiment que l’humanitude du patient n’est plus respectée. De plus, les

59
infirmières pourraient se sentir inconfortables dans la relation car cette
technique relationnelle ne semble pas favoriser l’authenticité et l’empathie dans
la relation.

Comme démontré par Oroy et al. (2013), le choix du moment pour effectuer la
demande de DO est une étape décisive. Face à des familles en situation de
crise, nous rejoignons l’avis des auteurs (Oroy et al., 2013) quant à l’importance
d’une approche progressive et d’une attitude irréprochable des professionnels
de la santé. Effectivement, les brefs délais et le caractère sensible de ces
situations exigent de leur part une vigilance et une concentration particulière,
une écoute soutenue et empathique ainsi que des capacités
communicationnelles (Oroy et al., 2013). L’interaction avec les proches doit
permettre à l’équipe médicale et infirmière d’évaluer le moment propice pour
effectuer la demande de don. L’approche en deux temps, décrite par ces
auteurs, nous semble adaptée à la pratique et indispensable pour respecter le
rythme de la famille. Elle consiste à annoncer dans un premier temps le décès
du patient puis, dans un second temps, à aborder la question du DO. Ces deux
événements, survenant indépendamment du contrôle des proches, perturbent
le cours de leur vie (Meleis, 2010). Afaf Ibrahim Meleis (2010) parle de
transition afin de décrire ce passage complexe d’une étape ou d’une situation
de vie à une autre. L’infirmière doit avoir conscience de ces deux étapes que
vivent simultanément les proches. Il est primordial de leur offrir de l’espace et
du temps pour qu’ils puissent se réorienter face à la situation après l’annonce
du diagnostic (Oroy et al., 2013).

L’annonce des mauvaises nouvelles et la situation de DO en général constitue


un moment difficile et pénible à gérer pour les professionnels de la santé.
Malgré l’expérience, une adaptation constante pour chaque cas est essentielle
car tous sont uniques, nouveaux et douloureux. Oroy et al. (2013) énoncent
différents moyens revendiqués par les infirmières pouvant alléger la tension
ressentie au cours des conversations avec les proches : une collaboration plus
étroite avec l’équipe médicale, l’apprentissage d’un langage adapté ainsi qu’une
compréhension commune de la situation de don. Dans le cas où la demande
est rejetée, nous pensons que débriefer (Flodén et al., 2011a ; Meyer & Bjork,
2008) est une méthode permettant de prendre du recul sur la situation et

60
d’identifier si la raison du refus provient d’une approche inadéquate de la
famille. L’équipe infirmière et médicale pourra alors remettre en question sa
manière d’interagir et de communiquer en analysant la qualité de la relation
établie avec les proches à l’aide des concepts, théories et modèles développés
précédemment ou encore le « HELLP concept : Help Earlier in parallel with
Loss of Loved Person » (Smudla et al., 2012b, p.101). Ce modèle, introduit
après le « VIDEO model » dans la pyramide d’intervention de Smudla et al.
(2012b), consiste à analyser le lien existant entre la communication avec les
proches et leur réaction psychologique (Fig.1). Finalement, Smudla, A.,
Hegedus, K., Mihaly, S., Szabo, G. et Fazakas, J. (2012a) démontrent que la
réaction psychologique des proches au DO est atténuée lorsque ceux-ci
présentent une meilleure éducation. Il est donc important que les infirmières
soient aptes à informer correctement l’entourage. Ainsi, en leur apportant un
savoir, elles augmenteront leur confiance dans le diagnostic de mort cérébrale.
Par ailleurs, il est prouvé qu’avec plus de confiance, ceux-ci présentent une
réaction moins intense (p=0.20) et moins de symptômes dépressifs (p=0.002)
(Smudla et al., 2012a).

5.4. Réponse à la question de recherche

La question de recherche de cette revue de littérature avait pour objectif


d’explorer et de définir les besoins découlant des difficultés des infirmières
travaillant en SI en vue d’améliorer la prise en soins du donneur potentiel et de
ses proches. L’identification de ceux-ci au travers des résultats a permis une
meilleure compréhension de leur vécu de la situation de don et la mise en
évidence de moyens pouvant améliorer leurs compétences professionnelles et
individuelles.

Les dix articles sélectionnés et analysés démontrent que les difficultés


rencontrées par les infirmières dans leur pratique du don ont diverses origines :
les connaissances et l’éducation, les perceptions et les attitudes, la
communication et la relation. Les moyens mentionnés pour répondre
directement ou indirectement aux besoins des infirmières en SI sont les
suivants et ont pour buts :

61
D’augmenter leur niveau de connaissances théoriques, éthiques,
légales, relationnelles et pratiques à l’aide d’échanges d’expériences en
équipe, de formations complémentaires (à intervalles réguliers) ou du
« VIDEO model » (pyramide d’intervention).
De prendre conscience de ses diverses perceptions et attitudes grâce à
la participation aux tests diagnostiques, au débriefing, à la connaissance
de soi (« Fenêtre Johari »), au soutien du coordinateur local et des
collègues.
D’améliorer ses compétences relationnelles et mettre en place des
techniques de communication efficaces en respectant les droits du
patient et de ses proches dans son rôle d’advocate, en mobilisant ses
connaissances pour les informer, en étant sensibilisée à l’éthique de la
communication et à la notion de crise, en adoptant une attitude
rogérienne dans la relation, en intégrant l’intention des proches en vue
de co-construire avec eux, en analysant l’interaction à l’aide du « HELLP
concept » (pyramide d’intervention).

Aux moyens proposés pour répondre aux besoins des infirmières s’ajoutent
toutefois certaines limites financières, éthiques, légales, organisationnelles et
personnelles. En effet, la formation des infirmières en SI sur le DO et
l’instauration de l’angiographie cérébrale d’office pour poser le diagnostic ont un
coût ; de même que l’augmentation du personnel, l’implication d’un coordinateur
local ainsi que l’amélioration de l’infrastructure des USI. De plus, les croyances
et les droits de chacun sont à respecter malgré la volonté nationale d’élever le
taux de dons.

62
6. Conclusion

Dans notre conclusion, nous aborderons l’implication de ces résultats pour la


pratique, les besoins de recherches futures dans ce domaine ainsi que les
points forts et faibles de notre travail. Cette revue de littérature se terminera par
le mot des auteures de cette dernière.

6.1. Implication pour la pratique

Cette revue de littérature a permis d’identifier les difficultés et les besoins des
infirmières d’USI concernant la prise en soins du donneur potentiel et de ses
proches durant le processus de DO ainsi que divers moyens pertinents pour y
répondre. Hormis la demande de don, généralement effectuée par un médecin,
l’infirmière est vivement encouragée à participer activement aux différentes
étapes du processus, tout en collaborant avec l’équipe médico-infirmière. Elle
détient donc un rôle clé essentiel au bon déroulement de la prise en soins.

Les directions des établissements de santé pourraient se montrer


passablement réticentes face à l’introduction de moyens pouvant répondre aux
difficultés des infirmières, notamment en raison des coûts. Cependant,
l’application de ces mesures permettrait d’agir positivement sur la finalité d’une
demande de don et sur le vécu des différents intervenants impliqués dans le
processus. En effet, Flodén et Forsberg (2009) soulignent que le manque de
structures dans les USI est un facteur limitant pour mener à bien les procédures
de DO. Il est donc important que les unités instaurent des directives officielles
et des protocoles, afin que les infirmières disposent des meilleures conditions
possibles pour mener à bien le processus (Meyer & Bjork, 2008).

Comme les perceptions sont corrélées au niveau de connaissances, il est


primordial que les institutions renforcent l’éducation des infirmières pour
qu’elles puissent mieux les comprendre et les adapter (Meyer & Bjork, 2008).
White (2003) explique qu’il est important de reconnaître l’existence de
perceptions divergentes, de faciliter l’exploration de leurs origines et de créer
des environnements favorables permettant une adaptation de celles-ci.

63
Flodén et al. (2011b) ressortent différentes pistes d’action dans les domaines
de l’éducation, des soins au donneur potentiel, de la législation, de la
communication ou encore du soutien apporté aux proches, pouvant améliorer le
processus de don. De même, la réflexion, la supervision au sein de l’équipe et
l’utilisation de protocoles sont jugées nécessaires à la pratique infirmière pour
induire une meilleure gestion du processus (Flodén et al., 2011b). Roels et al.
(2010) soulignent également l’importance de la formation du personnel en SI
pour augmenter leurs connaissances sur le DO. Meyer et al. (2012) estiment
que davantage de connaissances théoriques au sujet du diagnostic de mort
cérébrale, des procédures et du fonctionnement du don aideraient les
infirmières à mieux informer les proches. Ces auteurs décrivent divers moyens
pour y parvenir, tels que les séminaires, l’éducation de base, les cours online
ou encore les groupes de réflexion. Ces propos sont soutenus par l’étude de
Smudla et al. (2012b) qui encourage l’instauration de cours obligatoires et de
perfectionnement sur la mort cérébrale, la gestion du don et la communication
avec les proches.

Une relation de qualité basée sur la confiance est incontournable pour soutenir
les proches dans cette situation de crise. C’est pourquoi les professionnels
doivent démontrer des aptitudes relationnelles et certaines compétences
comme la vigilance, la concentration, l’écoute et l’empathie dans la relation
avec les proches (Oroy et al., 2013). De plus, selon Oroy et al. (2013), une
approche des familles en deux temps (annonce du décès puis demande de
don) est nécessaire pour augmenter leur bien être lors de l’interaction avec le
soignant et pour introduire la demande.

Les trois grands axes que nous avons relevés sont l’éducation, les perceptions
et les attitudes infirmières ainsi que la relation avec les proches. Ces trois
domaines, mis en évidence par l’interprétation des résultats de nos articles
scientifiques, nécessitent des changements dans la pratique infirmière en vue
d’améliorer la gestion du DO. Afin de les instaurer dans les USI, les directions
des hôpitaux devront investir du temps et de l’argent. Une adaptation sera alors
nécessaire de la part des professionnels de la santé face à ces changements.

64
6.2. Besoins de recherches futures

La problématique du DO, plus spécifiquement les besoins des infirmières d’USI,


est un sujet d’actualité qui nécessite de plus amples recherches. Effectivement,
le nombre restreint d’études inclues dans notre travail souligne le manque de
recherches existantes à ce sujet.

Concernant l’advocacy, Flodén et al. (2011a) encourage l’élaboration de


nouvelles études afin de mieux comprendre le rôle d’advocate de l’infirmière
dans le processus de don et son bénéfice pour la prise en soins du donneur
potentiel et de ses proches. De même, une meilleure compréhension des
attitudes infirmières impliquées dans la relation avec ces derniers serait
nécessaire.

Afin de répondre aux besoins des infirmières et de proposer des interventions


pertinentes, les résultats obtenus par Flodén et Forsberg (2009) devraient être
soutenus par une étude plus vaste basée sur une approche déductive. Celle-ci
permettrait alors de déterminer la prévalence des attitudes et des perceptions,
ressenties par les neuf participantes de cette étude, dans un large échantillon
d’infirmières en SI. L’étude de cohorte de Roels et al. (2010), incluant un
échantillon significatif de 13'977 infirmières, constitue la plus grande étude
internationale. Elle traite des attitudes, du niveau de confiance et des besoins
éducatifs des infirmières et répond, selon nous, en partie au besoin de
recherches supplémentaires cité ci-dessus par Flodén et Forsberg (2009). De
plus, Roels et al. (2010) soulignent la forte association existant entre le niveau
éducatif, les besoins en matière de DO et les taux de réussites des
programmes de don. Cependant, il serait intéressant d’investiguer davantage
cette corrélation et son impact sur la pratique du don.

Les barrières organisationnelles au don, traitées par Flodén et al. (2011b), sont
également à investiguer au travers de nouvelles recherches scientifiques. Les
résultats obtenus relèvent un manque d’éducation et de compétences
relationnelles pour annoncer les mauvaises nouvelles, un besoin de soutien des
professionnels et d’informations sur la législation en vigueur. Bien que l’étude
inclue un échantillon important de 702 infirmières, ces résultats devraient être

65
approfondis par des recherches plus poussées. Le but serait alors de mieux
comprendre la signification de ces résultats et les besoins de changements
dans la pratique du don. En effet, ces résultats ont soulevé des préoccupations
quant à la situation des infirmières en SI dans la prise en soins du donneur
potentiel.

Relevant l’importance d’une éducation complémentaire pour renforcer les


compétences des infirmières, Meyer et al. (2012) encouragent l’utilisation de
leur questionnaire de 22 items pour de futures investigations. Celui-ci explore
les différentes dimensions de la compétence professionnelle afin d’évaluer les
effets à long terme des séminaires de formation sur cette dernière.

Les résultats d’Oroy et al. (2013) concernant l’approche des familles de


donneurs potentiels ont découlé d’une analyse basée principalement sur
l’interprétation des données. Selon les auteurs, l’interprétation des observations
de terrain et des données récoltées lors des entretiens par d’autres chercheurs
pourraient permettre une exploration plus approfondie de ce phénomène
d’intérêt et ainsi offrir de nouvelles pistes d’action pour la pratique du DO.

Dans le but d’évaluer le besoin en structures pour assurer la qualité de la


formation infirmière et leur niveau de connaissances en matière de DO, Collins
(2005) recommande qu’une vaste étude randomisée soit entreprise. En effet,
l’échantillon ne concernait que 31 infirmières et ne provenait que d’une seule
USI. L’auteur met en avant la nécessité d’investiguer davantage la
problématique de l’éducation, car le fait de trouver une réponse aux besoins
éducatifs des infirmières est essentiel au bon développement de leurs
compétences professionnelles et de leurs connaissances sur le contexte du
DO.

Les dix études sélectionnées abordent trois grands domaines, cités ci-dessus,
dans lesquels les infirmières d’USI rencontrent des difficultés et desquels
découlent leurs besoins. Cependant, nous nous demandons si les auteurs de
ces articles ont pensé à élargir ces domaines d’intérêt à d’autres catégories
telles que la qualité de la relation infirmière – médecin au cours du processus
ou encore l’utilisation de théories de soins, de cadres de référence ou de
concepts dans la pratique du DO. Effectivement, il serait intéressant, d’après

66
nous, d’interroger les infirmières quant aux domaines dans lesquels elles
ressentent le plus de difficultés ainsi que d’aborder directement leurs besoins.

Aucune étude effectuée de 2003 à 2013 ne traite directement des besoins


infirmiers dans la prise en soins des donneurs potentiels et de leurs proches, à
l’exception des besoins éducatifs (Roels et al., 2010). Il nous apparaît donc
important que davantage d’études investiguent les différentes facettes du travail
infirmier dans le DO afin de proposer des interventions fondées et applicables à
la pratique du don.

6.3. Forces et faiblesses du Bachelor Thesis

Comme expliqué ci-dessus, les dix recherches scientifiques sélectionnées dans


cette revue de littérature ont permis d’identifier les besoins des infirmières en SI
dans le processus de DO, mais aussi de mettre en évidence différents moyens
pertinents pour y palier. Ce point fort a contribué à répondre à notre question de
recherche découlant de la problématique. Respectée de façon rigoureuse, la
méthodologie de ce travail constitue alors un autre point fort. Le fait que les
études, aux devis particulièrement différents, aient des résultats semblables
représente une force de notre Bachelor Thesis. Le taux de pertinence
considérablement élevé des dix études analysées est un autre avantage de
notre travail.

Le nombre restreint d’articles scientifiques en lien avec notre question de


recherche constitue le point faible central de notre revue de littérature.
Effectivement, il s’est avéré impossible de trouver quinze articles datés de 2003
à 2014 traitant des difficultés des infirmières en SI dans le contexte du DO. Par
conséquent, la quantité de résultats obtenus est moins abondante. En Suisse,
quelques études actuelles concernent la problématique du don, mais ne
s’intéressent pas spécifiquement à la pratique infirmière, d’où l’absence de
recherche helvétique dans notre revue de littérature.

Les devis très diversifiés de nos dix études représentent, selon nous, un autre
point faible de ce travail. L’interprétation simultanée des résultats des études
quantitatives et qualitatives nous a semblé être plus périlleuse que si un seul
type de devis avait été dominant. De même, les méthodes de récolte et

67
d’analyse des données sont apparues différentes selon le type de devis utilisé.
De ce fait, nous avons veillé à retranscrire de manière précise les résultats ainsi
qu’à les catégoriser et à en discuter, sans distinguer leur devis.

De langue maternelle française, nous présentons un niveau d’anglais


équivalent à celui de la maturité gymnasiale. La traduction libre des dix articles
anglophones constitue alors une limite de notre travail. La fiabilité en est
diminuée en raison de possibles omissions ou erreurs non volontaires de notre
part. De plus, les catégories, ressorties sous la forme de différents besoins
infirmiers, découlent de notre interprétation personnelle des résultats des
articles analysés. Les moyens proposés par leurs auteurs permettent de mettre
en évidence des solutions face aux difficultés infirmières, mais leur diversité est
limitée et leur efficacité non prouvée.

6.4. Le mot des auteures

Intéressées spécialement par le domaine des soins aigus, nous avons


investigué différentes problématiques actuelles touchant aux services des
urgences et des SI. Le DO a fait durant l’année 2013 l’objet de nombreux
articles dans l’actualité helvétique. À la suite de ces recherches, nous avons
effectué l’état des connaissances suisses et mondiales à ce jour sur le DO afin
d’en ressortir diverses problématiques relevées dans la pratique infirmière.
L’intérêt porté à cette thématique provient également de notre attrait personnel
pour ce domaine et notre sensibilité face à l’augmentation croissante du
nombre de personnes sur la liste d’attente pour une greffe.

La réalisation de cette revue de littérature nous a permis de prendre conscience


de la complexité d’une situation de DO. La lecture et l’analyse des articles
traitant en particulier du rôle infirmier nous ont aidées à mieux comprendre le
vécu qu’ont les infirmières du processus de don. Nous avons alors réalisé la
difficulté que peut représenter la prise en soin d’un patient en état de mort
cérébrale ainsi que le dilemme éthique que suscite cette situation. La relation
de confiance que l’infirmière co-construit avec les proches constitue, selon
nous, une riche expérience professionnelle mais aussi un challenge dans le
sens où elle est difficile à mettre en place et à entretenir. Effectivement, nous

68
percevons cette relation comme fragile, en lien avec l’état de crise dans lequel
la famille est plongée et à la surcharge émotionnelle à laquelle elle doit faire
face.

Effectuant pour la première fois un travail de cette ampleur, nous avons


traversé des périodes de doutes et de découragement, particulièrement au
cours de l’analyse des articles et au début de la rédaction des chapitres
principaux. Cependant, nous avons trouvé les ressources nécessaires pour
poursuivre avec motivation et avec confiance. Le partage et la confrontation des
idées ainsi que le soutien apporté l’une envers l’autre nous ont été bénéfiques
tout au long de ce travail.

Chacune des trois grandes phases de l’élaboration de cette revue de littérature


nous a apporté de nouvelles compétences et connaissances. La consultation
des bases de données nous a appris à les utiliser de manière adéquate et à
varier nos stratégies de recherche. La sélection d’articles scientifiques, rédigés
par des auteurs majoritairement européens, nous a permis de découvrir la
pratique infirmière dans d’autres pays que la Suisse. L’analyse des données a
nécessité un grand investissement de notre part en temps et en réflexion. Elle a
débuté par la traduction longue et complète des dix études scientifiques, s’est
poursuivie par la synthétisation des données en catégories et a abouti à
l’interprétation des résultats. Comme nos connaissances sont restreintes en
anglais, nous avons investi beaucoup d’heures et d’énergie dans la traduction
des articles et lors de la transcription des données dans les grilles d’analyse
critique. Toutefois, nos bases anglophones nous ont permis d’effectuer ce
travail sans aide extérieure.

En conclusion, nous avons eu du plaisir à effectuer ce travail ensemble et à


apprendre à connaître les qualités et les difficultés de chacune. Nous avons pu
ainsi optimiser nos compétences personnelles mais aussi communes en tirant
profit des connaissances et des capacités de chacune. Pour mener à bien et à
temps ce travail, nous avons dû faire preuve d’une organisation structurée et
rigoureuse. Finalement, notre Bachelor Thesis nous apporte un savoir
théorique, scientifique, méthodique et réflexif qui nous servira pour notre future
carrière professionnelle.

69
Liste des références bibliographiques

Ouvrages

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Courrier électronique (personnel)

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électronique à Sylvie Baeriswyl], [En ligne]. [email protected]

74
Annexes

Annexe A : Déclaration d’authenticité

« Nous déclarons avoir réalisé nous-mêmes ce travail conformément aux


directives imposées par la Haute École de Santé de Fribourg. Les références
aux divers auteurs et documents intégrées dans cette revue de littérature sont
identifiées et nommées de manière précise. »

Marie Deillon et Aurélie Rouiller

75
Annexe B : Grilles de lecture critique des 10 articles scientifiques

ARTICLE 1: Approche qualitative


ICU nurses’ perceptions of responsibilities and organization in relation to organ donation – A phenomenographic study
Anne Flodén, Marie Berg, Anna Forsberg
Intensive and Critical Care Nursing (2011a) 27, 305-316, Sweden
Peu
Aspects du rapport Questions Oui Non Commentaires
Clair*
Titre -Permet-il de saisir le problème de Le titre permet de cibler le phénomène de recherche. Cette étude phénoménographique
recherche ? (traduction libre) vise à étudier les perceptions des infirmières d’unité de soins intensifs (USI)
X
concernant leurs responsabilités et l’organisation en lien avec le don d’organes (DO). Le
contexte et la population ciblée y sont clairement définis.
Résumé -Synthétise-t-il clairement les Le résumé est divisé en 4 parties bien distinctes : les objectifs, la méthode, les résultats et la
principales parties de la recherche (par conclusion. Le devis de recherche y est également indiqué. La structure de l’article scientifique
X
ex., l’introduction, le cadre théorique, est clairement annoncée dans le résumé.
la méthodologie, etc.)?
Introduction -Le problème ou phénomène étudié Le problème étudié est clairement défini dans l’introduction et découle de la recension des
est-il clairement défini ? X écrits. Le but de cette étude est donc d’étudier comment les infirmières perçoivent leurs
Enoncé du problème responsabilités et l’organisation en lien avec le DO.
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur Les auteurs recensent les écrits déjà publiés en lien avec la problématique et soulignent le fait
le problème ou phénomène étudié ? que les recherches effectuées concernent principalement l’attitude de l’équipe de soins
intensifs (SI) et celle des médecins mais n’offrent aucune réponse quant à l’influence des
attitudes des infirmières d’USI sur le processus de don. Les recherches antérieures indiquent
X
aussi un manque d’informations aux proches, une difficulté des professionnels à définir le
concept de mort cérébrale et une différence dans les pratiques permettant la déclaration de la
mort cérébrale ; d’où l’intérêt des auteurs porté sur les perceptions des infirmières d’USI
concernant leurs responsabilités et l’organisation en lien avec le DO.
Cadre théorique ou -La base philosophique, la tradition, le X Le cadre théorique n’est pas clairement établi et aucune définition de concept n’est citée.
cadre conceptuel ou l’orientation

76
conceptuel idéologique sont-ils définis ? Toutefois, l’orientation idéologique est perçue au travers de la recension des écrits.

Question de -Les questions de recherche sont-elles Les auteurs définissent clairement leurs 3 questions de recherche qui traitent des
recherche clairement formulées ? X responsabilités professionnelles lors de la prise en soin d’un donneur potentiel, du rôle de
l’organisation locale de l’USI et de l’hôpital ainsi que de la mort cérébrale et son diagnostic.
-Découlent-elles de l’état des Les questions découlent totalement de l’état des connaissances.
connaissances (théories, concepts, X
idéologie et recherches antérieures) ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? X Le devis est clairement explicité. Cet article scientifique consiste en une étude
phénoménographique basée sur une méthode qualitative. Les méthodes de collecte et
Tradition et devis de -Les méthodes utilisées pour recueillir
d’analyse des données correspondent parfaitement à la tradition de recherche et sont
recherche et analyser les données
X clairement décrites.
correspondent-elles à la tradition de
recherche ? La durée de l’étude s’étend de 2006 à 2010. Cependant, aucune précision concernant les
temps passés sur le terrain n’est donnée par les auteurs. En 2006, 9 participantes ont été
-Les temps passés sur le terrain est-il
inclues dans la recherche afin d’étudier leurs perceptions du DO. En 2010, pour intégrer des
en adéquation avec les devis de X
données concernant les responsabilités et l’organisation propre à chaque hôpital, de
recherche ?
nouveaux entretiens, impliquant 6 participantes, ont été menés dans diverses zones
géographiques.
Population et -La description du cadre et de La population de cette étude est représentée par des infirmières spécialisées en SI bénéficiant
contexte l’échantillon est-elle détaillée ? d’un diplôme et avec une solide base de recherche en sciences infirmières. 14 infirmières et 1
X infirmier, provenant de 6 hôpitaux suédois différents, ont été sélectionnés. Les participantes
doivent avoir une expérience auprès d’un donneur potentiel. Leur âge varie de 36 à 65 ans et
leur expérience de 3 à 32 ans.
-Les chercheurs ont-ils saturé les Aucune information n’est donnée au sujet de la saturation des données.
X
données ?
Collecte des -Les instruments de collecte des La récolte des données repose sur des entretiens individuels composés d’un nombre limité de
données et mesures données sont-ils décrits ? X questions ouvertes pré formulées mais dont la majorité des questions sont basées sur les
réponses des participantes.
-Y-a-t-il une adéquation entre le Parfaitement, le phénomène étudié, la question de recherche qui en découle et les
phénomène étudié, la question de instruments utilisés sont en adéquation et clairement expliqués par les auteurs.
X
recherche et les instruments de
collecte des données ?

77
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle La procédure de recherche est détaillée par les auteurs : description par les participantes de
décrite ? X leur passé, leur expérience en tant qu’infirmière d’USI et de la prise en soin de donneurs
l’étude
potentiels ou réels, puis explication de leur volonté de participer à l’étude. Les entretiens, de
-A-t-on pris les mesures appropriées
50 à 70 minutes, ont été enregistrés sur bande audio, retranscrits, analysés séparément par
afin de préserver les droits des X les auteurs et enfin comparés.
participants (éthique) ?
Selon la loi suédoise, une permission n’est pas requise pour interviewer les participantes. De
plus, les infirmières ont offert leur consentement écrit et leur retrait de la recherche était
possible à tout moment. Leurs droits sont ainsi préservés.
Rigueur -Les chercheurs ont-ils suffisamment Les chercheurs ont suffisamment étayé le déroulement de leur étude. Malgré un nombre
étayé le déroulement de l’étude afin restreint de participantes, leurs conclusions nous apparaissent crédibles et transférables à
X
que leurs conclusions soient crédibles d’autres USI.
et transférables ?
Résultats -Les méthodes de traitement des L’analyse des données s’est déroulée en 7 étapes (familiarisation, compilation, condensation,
données ont-elles été suffisamment X regroupement, comparaison, nommage et comparaison contrastive) et a abouti à la formation
Traitement des décrites ? de catégories descriptives qui constituent les résultats de la recherche.
données
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de Les résultats ont été structurés en 3 parties, sur la base de 3 principales questions de
résultats manière claire (commentaires, recherche. Les catégories de ces 3 parties ont été présentées dans des tableaux et
tableaux, graphiques, etc.) ? commentées par les auteurs. La 1ère partie concerne la responsabilité professionnelle et est
constituée de 3 catégories (faire son maximum, préserver les droits du patient, soulager la
souffrance). La 2ème partie traite de l’organisation dans le processus de DO et se compose
aussi de 3 catégories (l’absence de leadership, le rôle décisif du médecin, le manque de
structure organisationnelle). La 3ème partie porte sur les perceptions des infirmières des SI
concernant la mort cérébrale et son diagnostic et est formée d’une seule catégorie (la
X compréhension et l’acceptation de la mort cérébrale). De cette dernière ressortent 4
perceptions principales différentes séparant les participantes entre :
-Celles qui croient en le diagnostic de mort cérébrale indépendamment de la méthode.
-Celles qui ont besoin d’avoir confiance dans les outils du médecin afin de croire au
diagnostic.
-Celles qui ont besoin d’assister à la procédure de pose du diagnostic afin d’être confiantes
intellectuellement mais surtout émotionnellement du décès du patient.
-Celles qui perçoivent l’angiographie cérébrale comme nécessaire pour être convaincues du

78
diagnostic.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils Les principaux résultats sont interprétés à l’aide des recherches antérieures :
interprétés à partir de l’approche
Intégration de la La mort cérébrale et son diagnostic : pour informer et soutenir efficacement les proches,
philosophique, ainsi que des
théorie et des l’infirmière doit comprendre le concept de mort cérébrale et son diagnostic ainsi qu’être au
recherches antérieures ?
concepts courant des politiques et protocoles nationaux, régionaux et locaux régissant les tests de mort
cérébrale. Les stratégies de gestion du stress mises en place par les infirmières (ex. parler
avec le patient car apparence d’être vivant) sont parfois en contradiction avec la pose du
diagnostic de mort cérébrale.

X La responsabilité professionnelle comprend : prendre soin du donneur potentiel pour le bien


du receveur, offrir une présence aux proches, être un modèle pour ses collègues, maintenir
les organes dans des conditions optimales, adopter une attitude adéquate et agir au nom du
patient (advocacy). Le concept d’advocacy et les besoins de Virginia Henderson sont deux
excellents cadres pour les infirmières pour travailler avec compétence dans le processus de
DO.
Les structures organisationnelles : l’organisation nationale et locale est méconnue ou perçue
comme inexistante par les participantes. toutefois, il n’est pas possible d’évaluer l’impact du
manque d’organisation sur le DO dans cette étude.
-La recherche tient-elle compte de la Les auteurs jugent la transférabilité des résultats aux autres infirmières des SI comme bonne.
question de généralisation des X Toutefois, des recherches quantitatives sont nécessaires pour généraliser les résultats de
conclusions ? cette étude.
-Les chercheurs rendent-ils compte Les limites de l’étude sont clairement exprimées. La 1ère limite pourrait être le décalage de 4
des limites de l’étude ? ans entre la 1ère et la 2ème récolte des données. Toutefois, les auteurs ne signalent pas de
X changements significatifs entre ces deux périodes qui auraient pu affecter la perception des
participantes de la mort cérébrale. La 2ème limite pourrait être le choix de participantes
majoritairement positives à l’égard du DO.
Perspectives -Les chercheurs traitent-ils des Les perspectives en lien avec la pratique clinique sont explicitées dans la conclusion.
conséquences de l’étude sur la L’éducation et l’organisation dans le cadre du don d’organes devraient inclure désormais la
pratique clinique et sur les travaux de législation, le diagnostic de la mort cérébrale, le soutien dans la transition des soins au patient
recherche à venir ? X en fin de vie à ceux au donneur potentiel ainsi que le soutien et la communication aux
proches. Ainsi, le DO pourrait être augmenté. Par la suite, il est nécessaire d’investiguer les
caractéristiques de l’advocacy en lien avec le DO et d’approfondir la compréhension des
attitudes impliquées dans la prise en soin du donneur.

79
Questions -L’article est-il bien écrit, bien structuré Selon nous, cet article présente une structure claire avec suffisamment de détails pour mener
générales et suffisamment détaillé pour se prêter X une analyse critique minutieuse. De plus, le nombre de participantes, qui nous apparaissait
à une analyse critique minutieuse ? restreint, est conforme à une étude phénoménographique.
Présentation
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats Cette étude aboutit à des résultats probants, clairement explicités sous forme de catégories,
probants susceptibles d’être utilisés que nous jugeons utiles pour la discipline infirmière relative au DO.
dans la pratique infirmière ou de se X
révéler utiles pour la discipline
infirmière ?
Pertinence -Total de 25 points (1 point/ question) : 22/ 25

ARTICLE 2: Approche qualitative


A phenomenographic study of ICU-nurses’ perceptions of and attitudes to organ donation and care of potential donors
Anne Flodén, Anna Forsberg
Intensive and Critical Care Nursing (2009) 25, 306-313, Sweden
Peu
Aspects du rapport Questions Oui Non Commentaires
Clair*
Titre -Permet-il de saisir le problème de Le titre permet de cibler clairement le phénomène d’intérêt de la recherche qui concerne les
recherche ? X perceptions des infirmières et leurs attitudes à l’égard du DO et des soins prodigués au
donneur potentiel. Le devis, la population et le contexte sont annoncés.
Résumé -Synthétise-t-il clairement les Le résumé explique le contenu de l’article qui va suivre (recension des écrits, objectif de
principales parties de la recherche (par l’étude, méthode utilisée, population, analyse et résultats, conclusion) mais n’est pas structuré
X
ex., l’introduction, le cadre théorique, la adéquatement en différentes parties propres à une recherche scientifique.
méthodologie, etc.)?
Introduction -Le problème ou phénomène étudié Le problème est clairement défini dans l’introduction. De nombreux facteurs influencent la
est-il clairement défini ? X décision des proches malgré la volonté connue du patient décédé en faveur d’un DO. Le
Enoncé du problème facteur d’influence le plus important est l’attitude du personnel des SI à l’égard du DO, dont
celle des infirmières qui n’a été actuellement que peu investiguée dans les recherches

80
antérieures.

Recension des -Résume-t-elle les connaissances sur La recension des écrits résume clairement le phénomène étudié. Elle traite des facteurs
écrits le problème ou phénomène étudié ? influençant le consentement au DO, de la loi suédoise concernant la transplantation mais
surtout de l’importance de l’infirmière par sa proximité avec le patient et ses proches. La
X difficulté pour l’infirmière est de savoir comment offrir un soutien psychologique adéquat aux
proches en même temps qu’une demande de DO a été soulevée. Les situations de DO étant
rares, il est donc difficile d’acquérir de l’expérience et nécessaire de comprendre les
perceptions des infirmières.
Cadre théorique ou -La base philosophique, la tradition, le Les concepts centraux sont définis par les auteurs. Le concept de proche est synonyme de
conceptuel cadre conceptuel ou l’orientation celui de proche parent, de membre de la famille ou encore de famille. Le concept de donneur
X
idéologique sont-ils définis ? potentiel désigne un patient ventilé dans une USI en fin de vie ou en état de mort cérébrale
mais pour lequel la décision d’un DO n’a pas encore été prise.
Question de -Les questions de recherche sont-elles La question de recherche primaire est énoncée à la fin de la recension des écrits : comment
recherche clairement formulées ? X les infirmières perçoivent-elles le DO en tant que phénomène, sur la base de leur expérience
de la prise en soin de donneurs potentiels ?
-Découlent-elles de l’état des L’état des connaissances permet clairement la mise en évidence de la question de recherche.
connaissances (théories, concepts, X
idéologie et recherches antérieures) ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? La méthode de recherche choisie est phénoménographique (traduction libre), laquelle est une
méthode qualitative d’analyse. La phénoménographie diffère de la phénoménologie. En effet,
Tradition et devis de -Les méthodes utilisées pour recueillir
son but est d’expliquer les variations de perceptions d’un phénomène et non de décrire
recherche et analyser les données X
l’essence du phénomène. Les méthodes de collecte et d’analyse des données sont
correspondent-elles à la tradition de
appropriées au type de recherche phénoménographique.
recherche ?
X Les entretiens individuels, qui ont permis de récolter les données de l’étude, ont été menés
-Les temps passés sur le terrain est-il
en 2006. Aucune autre donnée complémentaire au niveau du temps n’est précisée par les
en adéquation avec les devis de
X auteurs.
recherche ?
Population et -La description du cadre et de L’échantillon et le cadre sont clairement détaillés. 9 infirmières, ayant pris soin de donneurs
contexte l’échantillon est-elle détaillée ? potentiels, de 3 USI de différents hôpitaux suédois ont été sélectionnées pour l’étude. Leurs
X caractéristiques sont les suivantes : âge de 36 à 53 ans, expérience en SI de 3 à 27 ans, pas
d’infirmier dans ces 3 USI. Le manager de l’USI a été chargé soit de sélectionner lui-même
les infirmières, soit d’en sélectionner parmi celles intéressées par l’étude.

81
-Les chercheurs ont-ils saturé les Aucune précision n’est donnée par les auteurs concernant la saturation des données.
X
données ?
Collecte des -Les instruments de collecte des Les auteurs ont utilisé les entretiens individuels avec un nombre limité de questions ouvertes
données et mesures données sont-ils décrits ? X pré-formulées tandis que la majorité des questions ont été formulées à partir des réponses
des participantes.
-Y-a-t-il une adéquation entre le Le phénomène étudié, la question de recherche posée par les auteurs et les outils utilisés
phénomène étudié, la question de pour récolter les données sont clairement en lien.
X
recherche et les instruments de
collecte des données ?
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle Les entretiens ont débuté par une question d’introduction : « quelles associations viennent à
X
l’étude décrite ? vous lorsque je vous énonce les mots DO ? ». Puis, les participantes ont décrit leur passé,
leurs expériences de la prise en soin de donneurs potentiels et en SI ainsi que la raison de
-A-t-on pris les mesures appropriées
leur participation.
afin de préserver les droits des X
participants (éthique) ? Selon la loi suédoise, une permission n’est pas requise pour interviewer les participantes. De
plus, celles-ci ont consenti de manière écrite et pouvaient se retirer à tout moment.
Rigueur -Les chercheurs ont-ils suffisamment Le déroulement de l’étude est clairement étayé par les auteurs et les conclusions en
étayé le déroulement de l’étude afin découlent logiquement.
X
que leurs conclusions soient crédibles
et transférables ?
Résultats Les méthodes de traitement des Les auteurs décrivent précisément les méthodes qui ont permis de traiter les données. Tout
données ont-elles été suffisamment d’abord, les entretiens ont été enregistrés sur bande audio et retranscrits. Puis, les données
Traitement des décrites ? X ont été analysées au travers de 7 étapes (familiarisation, compilation, condensation,
données regroupement, comparaison, nomination et comparaison contrastive) qui ont abouti à la
formation de catégories descriptives correspondant aux résultats de la recherche.
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de Les résultats sont clairement commentés et présentés sous forme d’une figure et de 2
résultats manière claire (commentaires, tableaux regroupant les différentes catégories descriptives. Le 1er tableau concerne le « DO
tableaux, graphiques, etc.) ? en tant que situation » et se forme de 3 catégories (porter le fardeau, prendre des
responsabilités, accomplir la volonté du défunt). Le 2ème tableau traite du « DO comme
X
phénomène » et présente 5 catégories (incertitude et malaise, la mort comme une
opportunité, la mort comme un échec, les différentes perspectives de l’être humain, l’être
humain digne). Enfin, la figure met en évidence 4 attitudes différentes des infirmières des SI
vis-à-vis du DO :

82
1. « Je ne peux soulager la souffrance ».
2. « Mon devoir est de prendre soin de la vie et non de la mort ».
3. « La chose la plus importante est de rester neutre ».
4. « L’ensemble du processus est désagréable ».
Discussion -Les principaux résultats sont-ils Les auteurs interprètent les principaux résultats à l’aide des recherches antérieures. Il en
interprétés à partir de l’approche ressort les éléments suivants :
Intégration de la philosophique, ainsi que des
théorie et des -Afin d’être en mesure d’aider d’autres personnes, les infirmières doivent prendre conscience
recherches antérieures ?
concepts de leur attitude dans les situations de DO et de son influence dans la relation avec les
proches.
-La question du DO ne doit pas être omise et la volonté du patient doit être respectée.
-Les collègues qui présentent une attitude neutre sont moins proactifs dans la promotion du
DO.
-3 attitudes des médecins, la neutralité, la pro donation et l’ambivalence, ont eu un impact
dans les situations de DO dans lesquelles la volonté du défunt n’était pas connue. Les
médecins pro dons ont une attitude visant non seulement à prévenir un refus mais aussi à
aider les proches à prendre une décision soigneusement réfléchie.
X -Dans la prise en soin d’un donneur potentiel, l’infirmière doit assumer ses responsabilités
pour que « tout aille pour le mieux », éviter de provoquer un conflit éthique (par ex.
promouvoir le DO avant que la famille soit informer du décès du patient), faire preuve de
respect et d’honnêteté, préserver la dignité, conduire correctement le processus de DO et
adopter une posture professionnelle.
-Les 4 attitudes différentes adoptées par les infirmières ont une influence sur la décision des
proches à l’égard d’un DO. La 1ère attitude vise et permet d’atténuer les souffrances des
personnes impliquées. La 2ème attitude est susceptible d’être nuisible pour le DO et
d’augmenter la souffrance. La 3ème attitude, consistant à rester neutre, est aussi négative pour
le DO car une attitude incertaine des infirmières pourrait être projetée sur les proches qui se
mettront à douter à leur tour. Les infirmières adoptant la 4ème attitude ont besoin d’aide et de
soutien afin d’être déchargées de certaines tâches du processus.
-Le manque d’équipes d’USI structurées est un facteur limitant pour mener les procédures du
DO.

83
-La recherche tient-elle compte de la Les études antérieures confirment les perceptions et approches identifiées dans les résultats
question de généralisation des X de cette étude. Toutefois, la question de généralisation des conclusions n’est pas abordée
conclusions ? par les auteurs.
-Les chercheurs rendent-ils compte Deux limites sont associées à la méthode phénoménographique de l’entretien :
des limites de l’étude ?
-Les infirmières ont choisi volontairement de participer à l’étude car celles-ci considèrent la
question du DO comme importante. Les participantes présentent donc majoritairement une
X
attitude positive envers le DO.
-La compréhension du chercheur de ce que les participantes tentent de communiquer. En
effet, le chercheur doit interpréter la déclaration du participant en évitant tout malentendu.
Perspectives -Les chercheurs traitent-ils des En effet, cette étude a soulevé de nouvelles questions concernant les facteurs d’influence
conséquences de l’étude sur la d’un possible DO. La prochaine étape consistera en une étude, basée sur une approche
pratique clinique et sur les travaux de X déductive, visant à déterminer la prévalence de ces perceptions parmi un large échantillon
recherche à venir ? d’infirmières en SI en Suède. Cette nouvelle recherche permettra la mise en place d’un
programme d’intervention pédagogique pour les infirmières en USI.
Questions -L’article est-il bien écrit, bien structuré Nous trouvons que l’article est suffisamment structuré et détaillé (malgré l’organisation peu
générales et suffisamment détaillé pour se prêter X claire du résumé) pour offrir une bonne compréhension de son contenu et de son objectif.
à une analyse critique minutieuse ?
Présentation
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats Les résultats de l’étude nous apparaissent intéressants et susceptibles d’être utilisés pour
probants susceptibles d’être utilisés développer et améliorer la pratique en soins infirmiers dans le domaine du DO. Toutefois,
dans la pratique infirmière ou de se X comme mentionné dans la conclusion, une nouvelle recherche avec un échantillon plus large
révéler utiles pour la discipline permettrait de généraliser les résultats de cette étude.
infirmière ?
Pertinence -Total de 25 points (1 point/ question) : 22/ 25

84
ARTICLE 3: Approche qualitative
Change of focus : from intensive care towards organ donation
Käthe Meyer and Ida T. Bjork
European Society for Organ Transplantation 21 (2008) 133-139, Norway
Peu
Aspects du rapport Questions Oui Non Commentaires
Clair*
Titre -Permet-il de saisir le problème de Le titre, « Changement de focus : des SI au DO », ne définit pas clairement le type de
recherche ? X population concernée, ni le problème de recherche. Toutefois, le contexte de l’étude y
apparaît.
Résumé -Synthétise-t-il clairement les Dans le résumé, les auteurs synthétisent le contenu de leur étude scientifique. Cependant, les
principales parties de la recherche (par parties principales ne sont pas clairement structurées et nécessitent la lecture du résumé pour
X
ex., l’introduction, le cadre théorique, la les repérer.
méthodologie, etc.)?
Introduction -Le problème ou phénomène étudié Le phénomène a étudié est clairement exposé par les auteurs et découle de la recension des
est-il clairement défini ? écrits. Les objectifs de l’étude sont d’étudier l’éducation au niveau du DO dans les 28 hôpitaux
Enoncé du problème X norvégiens donateurs et la compréhension des besoins des infirmières des SI concernant les
connaissances et le soutien requis lors de la transition de leur focus des SI au processus de
DO.
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur La recension des écrits permet une bonne vision et compréhension du phénomène étudié. En
le problème ou phénomène étudié ? effet, le passage de l’identification d’un donneur potentiel en USI à la mise en œuvre efficace
du processus de don constitue un processus difficile pour toutes les personnes impliquées.
Les infirmières doivent faire face à la fois aux soins du donneur potentiel mais aussi répondre
aux besoins affectifs, cognitifs et pratiques des proches. Les études précédentes montrent
que le niveau de connaissances et d’expérience de l’infirmière influencent la confiance qu’elle
X
aura dans le processus du DO. Il est aussi souligné que le personnel des SI doit s’exercer à la
communication avec les proches et connaître les directives de pratique du DO afin d’introduire
correctement une demande de don. Le groupe norvégien traitant du DO, nommé NOROD,
organise des séminaires mais il n’existe aucune directive générale concernant l’éducation et la
formation des infirmières des SI liée au changement d’orientation des SI vers un processus
d’acquisition.

85
Cadre théorique ou -La base philosophique, la tradition, le Dans cette étude, aucune base philosophique ou cadre conceptuel n’est développé et défini
conceptuel cadre conceptuel ou l’orientation X par les auteurs.
idéologique sont-ils définis ?
Question de -Les questions de recherche sont-elles Aucune question de recherche n’est clairement formulée. Cependant, à la fin de l’introduction,
X
recherche clairement formulées ? les auteurs de l’article énoncent les objectifs de leur recherche cités ci-dessus.
-Découlent-elles de l’état des Étant donné qu’aucune question de recherche n’est citée, il est difficile de répondre clairement
connaissances (théories, concepts, X à ce point. Toutefois, l’état des connaissances permet d’introduire le phénomène étudié et le
idéologie et recherches antérieures) ? but de cette recherche.
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? X Le devis de recherche n’est pas clairement défini mais les méthodes utilisées pour récolter et
X analyser les données correspondent à une approche qualitative. En effet, les auteurs ont
Tradition et devis de -Les méthodes utilisées pour recueillir
utilisé les entretiens de groupe afin de collecter des données qu’ils ont ensuite analysées à
recherche et analyser les données
l’aide des 3 niveaux d’analyse qualitative de Kvale.
correspondent-elles à la tradition de
recherche ? Les entretiens ont duré de 1h à 1h30. Aucune autre notion de temps n’est fournie par les
auteurs de l’article.
-Les temps passés sur le terrain est-il
en adéquation avec les devis de X
recherche ?
Population et -La description du cadre et de L’échantillon n’est pas clairement décrit car aucune information n’est donnée sur le nombre
contexte l’échantillon est-elle détaillée ? exact de participantes. Toutefois, le cadre est défini par les auteurs. Les infirmières de 3
X
hôpitaux, certifiées en SI qui ont au moins expérimenté un processus de DO, ont été invitées
à participer aux groupes de discussion.
-Les chercheurs ont-ils saturé les La saturation des données n’est pas abordée par les auteurs de cet article.
X
données ?
Collecte des -Les instruments de collecte des Les auteurs décrivent clairement les instruments de collecte des données qui consistent en
données et mesures données sont-ils décrits ? X des documents (directives, matériel éducatif) mis à disposition par les USI et des entretiens de
groupe.
-Y-a-t-il une adéquation entre le Les instruments de collecte des données choisis par les auteurs sont en adéquation avec le
phénomène étudié, la question de phénomène à étudier et permettent une approche qualitative de ce dernier.
X
recherche et les instruments de
collecte des données ?

86
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle X Tout d’abord, les USI des 28 hôpitaux norvégiens donateurs ont été invitées à envoyer leur
l’étude décrite ? matériel éducatif et leurs directives de pratique concernant le DO. 20 des 28 hôpitaux ont
répondu et les documents mis à disposition ont été analysés.
-A-t-on pris les mesures appropriées
afin de préserver les droits des X Des entretiens de groupe ont également servi à la récolte des données afin d’exploiter la
participants (éthique) ? diversité de l’expérience des infirmières. Les groupes de discussion, composés de 3 à 6
infirmières, ont été formés dans 2 hôpitaux universitaires et un petit hôpital. Un guide
d’entretien semi-structuré a été élaboré afin de couvrir le phénomène étudié (collaboration
parmi le personnel, soins aux proches, acquisition des organes, besoins de connaissances et
procédures pédagogiques).
Le projet a été accepté par la direction des services et un consentement a été demandé aux
participantes recrutées par les leaders en soins infirmiers. De plus, les données transcrites ont
été traitées de manière confidentielle et conformément à la réglementation des « Norwegian
Social Science Data Services ».
Rigueur -Les chercheurs ont-ils suffisamment Le déroulement de l’étude est, selon nous, suffisamment détaillé pour que les conclusions des
étayé le déroulement de l’étude afin auteurs soient crédibles malgré certains éléments ne respectant pas la structure traditionnelle
X
que leurs conclusions soient crédibles de l’article scientifique.
et transférables ?
Résultats Les méthodes de traitement des Les auteurs décrivent clairement l’analyse de données qualitatives de Kvale qui se déroulent
données ont-elles été suffisamment en 3 étapes bien distinctes : la condensation des points de vue des participantes,
Traitement des X
décrites ? l’interprétation et la fusion des significations en catégories (résultats), l’investigation de ces
données catégories dans un contexte théorique (discussion).
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de Les résultats de l’étude sont présentés sous forme de commentaires. Premièrement, les
résultats manière claire (commentaires, auteurs font part des éléments concernant la documentation reçue des USI sur les directives
tableaux, graphiques, etc.) ? pratiques et le matériel éducatif. Puis, ils traitent des résultats ressortant des entretiens de
X
groupe et les catégorisent en 4 grands thèmes : la responsabilité multidimensionnelle, le DO
comme un processus, le moment de la mort comme un tournant, l’importance des
connaissances et des compétences professionnelles.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils Les auteurs utilisent les résultats des recherches antérieures afin d’interpréter leurs propres
interprétés à partir de l’approche résultats. Les résultats principaux mis en évidence dans la discussion sont :
Intégration de la philosophique, ainsi que des X -L’esprit de collaboration au sein de l’équipe des SI, comprenant une compréhension mutuelle
théorie et des recherches antérieures ?
concepts de la situation, une stratégie d’équipe pour aborder et informer les proches, est essentiel au
bon déroulement du processus.

87
-La création d’un environnement de travail basé sur le soutien et le respect mutuel facilite les
discussions sur les intentions post mortem.
-Un manque de directives officielles dans les hôpitaux donateurs, notamment au sujet du type
d’informations à donner aux proches et du moment idéal pour les transmettre, a été signalé
par les participantes.
-Les études soulignent l’utilité des protocoles et des systèmes de contrôle de qualité dans
l’amélioration du processus de DO. Définir et coordonner clairement les responsabilités de
chaque professionnel, mettre en place un programme proactif de détection des donneurs
potentiels, permettraient de réduire les imprécisions et les conflits.
-Plusieurs auteurs mettent en avant l’importance des infirmières dans l’identification et dans
les soins au donneur potentiel ainsi que dans le soutien émotionnel des proches.
-Afin de créer une relation de confiance avec les proches, il est important que les
professionnels présentent des connaissances et des compétences et les entretiennent grâce
à une éducation systématique et répétée.
-L’apport professionnel et le partage des connaissances peuvent être acquis grâce aux
débriefings et à des cours en milieu hospitalier traitant, entre autres, du DO, de la
transplantation et de la communication avec les proches.
-La recherche tient-elle compte de la La généralisation des conclusions n’est pas abordée par les auteurs de cette étude. Toutefois,
question de généralisation des X leurs conclusions sont en lien avec celles des études antérieures.
conclusions ?
-Les chercheurs rendent-ils compte Aucune limite n’est exposée par les auteurs.
X
des limites de l’étude ?
Perspectives -Les chercheurs traitent-ils des Cette étude amène différentes conclusions au sujet des améliorations qui pourraient être
conséquences de l’étude sur la faites dans le domaine du DO. En effet, les auteurs mettent en avant divers aspects de la
pratique clinique et sur les travaux de formation des infirmières en SI et de l’organisation du processus de DO qui pourraient être
X
recherche à venir ? mieux adaptés. D’autres investigations sont nécessaires pour explorer les attitudes et les
connaissances des médecins au sujet du DO dans les hôpitaux norvégiens ainsi que pour
explorer l’expérience des proches du processus de DO.
Questions -L’article est-il bien écrit, bien structuré Selon nous, l’article pourrait être davantage structuré et détaillé afin de mieux répondre aux
générales et suffisamment détaillé pour se prêter X critères de notre grille d’analyse. Cependant, le contenu de l’article apporte des données
à une analyse critique minutieuse ? intéressantes sur la pratique infirmière en lien avec notre question de recherche.

88
Présentation
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats Les résultats de cette étude rejoignent ceux d’études antérieures et nous semblent tout à fait
probants susceptibles d’être utilisés susceptibles d’être utilisés dans la pratique infirmière en vue de l’améliorer.
dans la pratique infirmière ou de se X
révéler utiles pour la discipline
infirmière ?
Pertinence -Total de 25 points (1 point/ question) : 16/ 25

ARTICLE 4: Approche quantitative


Attitudes to organ donation among Swedish ICU nurses
Anne Flodén, Lars-Olof Persson, Magnus Rizell, Margareta Sanner and Anna Forsberg
JCN Journal of Clinical Nursing (2011b), 20, 3183-3195, Sweden
Peu
Aspects du rapport Questions Oui Non Commentaires
Clair*
Titre -Permet-il de saisir le problème de Le titre permet de saisir le problème étudié, la population ciblée ainsi que le contexte. Nous
recherche ? X comprenons effectivement que cette étude va traiter des attitudes des infirmières suédoises
d’USI envers le DO.
Résumé -Contient-il les principales parties de Les auteurs ont structuré leur résumé de manière claire à l’aide de sous-titres comprenant les
la recherche (par ex., l’introduction, le buts et objectifs, l’état des connaissances, le modèle (l’instrument), la méthode, les résultats,
X
cadre théorique, la méthodologie, les conclusions et enfin la pertinence de ses résultats pour la pratique clinique. La structure de
etc.)? l’article est précisément annoncée.
Introduction -Le problème de recherche est-il Le problème étudié est clairement défini dans l’introduction et découle de l’état des
énoncé clairement ? connaissances. L’objectif de cette étude est de présenter des données sur les attitudes des
Enoncé du problème X
infirmières suédoises en SI envers le DO et la mort cérébrale ainsi que de tester un
questionnaire destiné à explorer la validité et la fiabilité de ses résultats.
Recension des écrits - Résume-t-elle les connaissances X La recension des écrits résume clairement les connaissances sur les variables étudiées.
Après avoir expliqué en général la problématique du DO, les auteurs abordent les variations

89
sur les variables étudiées ? de taux en Europe et les bénéfices du système espagnol. En effet, l’expérience espagnole
démontre que des changements organisationnels et une approche professionnelle des
proches ont le potentiel d’augmenter le taux de donneurs. De même, l’Union Européenne (UE)
appelle à des programmes efficaces de contrôle national de qualité dans l’ensemble du
processus du DO et de la transplantation. Les auteurs soulignent ensuite l’importance du rôle
de l’infirmière dans la relation avec les proches, dans l’identification d’un donneur potentiel et
dans la discussion autour d’une demande de DO. Diverses études traitent aussi de l’influence
des attitudes des médecins et du personnel des SI sur la décision des proches concernant un
DO mais ne fournissent aucune information relative à l’influence des attitudes des infirmières
des SI, d’où l’objectif de cette recherche.
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts Les principales théories et concepts de cette recherche ne sont pas clairement définis par les
sont-ils définis ? X auteurs de cet article scientifique.
conceptuel
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement Aucune hypothèse n’est clairement posée par les auteurs. Toutefois, le problème étudié ainsi
formulées ? que le but des chercheurs découlent de manière logique de la recension des écrits qui relatent
X
au travers des études précédentes diverses barrières au DO dont l’attitude du personnel
d’USI.
-Découlent-elles de l’état des L’état des connaissances permet la mise en évidence du problème étudié par les auteurs de
connaissances (théories et X la recherche qui n’ont cependant énoncé aucune hypothèse.
recherches antérieures ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? Le devis n’est pas décrit par les auteurs. Toutefois, les méthodes utilisées pour récolter et
analyser les données nous orientent vers une approche quantitative. En effet, les auteurs
Devis de recherche X utilisent un questionnaire pour recueillir les données et une méthode statistique pour les
analyser. Par conséquent, les chercheurs ne passent pas de temps sur le terrain
contrairement à la méthode qualitative de récolte de données.
Population -La description de l’échantillon est- L’échantillon englobe des infirmières travaillant en USI généraux (USI), neurologiques (USIN),
elle suffisamment détaillée ? thoraciques (USIT) et pédiatriques (USIP), en Suède. Les participantes ont été sélectionnées
et contexte aléatoirement grâce au registre de l’Association Suédoise des Professionnels de la Santé
X (SAHP) qui enregistre notamment les infirmières. Au final, après deux rappels, 702 sur 1013
participantes (69%) ont répondu et proviennent en majorité d’USI généraux. 90% des
participantes sont des femmes âgées en moyenne de 45 ans et avec une expérience
moyenne en SI de 14 ans.
-La taille de l’échantillon est-elle X L’échantillon, incluant la moitié de toutes les infirmières des SI suédois de diverses régions du
adéquate par rapport au contexte de pays grâce à l’utilisation d’un échantillon aléatoire du registre SAHP, est jugé représentatif de

90
la recherche ? la population infirmières des SI.
Collecte des données -Les instruments de collecte des L’outil utilisé pour la récolte des données est un questionnaire de 34 items adapté et modifié
et mesures données sont-ils décrits ? par les chercheurs afin de permettre l’étude du problème de cette étude. Bien que basé sur un
X questionnaire précédemment utilisé pour explorer l’attitude des médecins en lien avec le DO,
sa validité n’a pas été prouvée avant la recherche. Toutefois, cet instrument a été validé du
fait de la cohérence de ces réponses.
-Les variables à mesurer sont-elles Les auteurs ont clairement décrit et opérationnalisé les variables mesurées.
X
décrites et opérationnalisées ?
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle Les auteurs décrivent leur procédure de recherche et ont pris les mesures éthiques
l’étude décrite ? appropriées afin de préserver les droits des participantes.
X
-A-t-on pris les mesures appropriées Le SAHP a géré la distribution des questionnaires aux 1013 infirmières constituant
afin de préserver les droits des l’échantillon ainsi que leur récolte. À l’aide des 702 questionnaires retenus, des données
participants (éthique) ? X démographiques incluant l’âge, le sexe, l’expérience en SI, le type d’hôpital et le type d’USI,
ont été récoltées.
Les 34 différents items du questionnaire ont été divisés en 3 parties. La 1ère partie, composée
de 15 items, concerne les aspects organisationnels. La 2ème partie, comprenant 12 items,
traite de l’approche des proches. La 3ème partie de 7 items s’intéresse aux croyances
personnelles. Certains items du questionnaire ont été notés sur une échelle de Likert de 5
points en fonction de la pertinence du répondant. Les autres items présentent 4 choix de
réponse.
Selon la loi suédoise au moment de l’étude, l’approbation d’un comité éthique n’était pas
nécessaire car la recherche n’impliquait pas de patients. Toutefois, les aspects éthiques de
l’étude sont conformes à la Déclaration d’Helsinki et aux directives éthiques pour la recherche
en soins infirmiers dans les pays nordiques.
Résultats -Des analyses statistiques ont-elles La version 15.0 du SPSS et le programme d’analyse multi trait ont permis de traiter les
été entreprises pour répondre à données. Le test Chi-carré a été utilisé pour comparer les proportions entre les USIN et les
Traitement des chacune des hypothèses ? trois autres USI. Les USIN ont été séparées des autres types d’USI du fait de leur
données spécialisation en neurologie, donc dans le diagnostic de mort cérébrale. La limite significative
X de p = 0.05 a été utilisée pour l’analyse des résultats. L’analyse exploratrice des composantes
principales ainsi que l’analyse de confirmation multi trait ont permis l’exploration de la validité
et de la fiabilité de l’échelle du questionnaire qui constitue le 2ème objectif de cette étude. La
validité a été testée en calculant les corrélations entre les items qui doivent être d’au moins
0.40. L’échelle de fiabilité a utilisé l’alpha de Cronbach qui devrait être au moins supérieur à

91
0.70. Les corrélations de Pearson ont été calculées pour investiguer les relations entre chacun
des 4 facteurs vérifiés et les items simples acceptant un niveau de p = 0.05.

Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de Les auteurs présentent leurs résultats de façon claire sous forme de pourcentages à l’aide de
résultats manière claire (commentaires, 6 tableaux et de 6 figures. Le 1er tableau offre des données démographiques sur les
tableaux, graphiques, etc.) ? infirmières d’USI suédoises. Les données descriptives concernant l’expérience et la confiance
des professionnels dans les diagnostics de mort cérébrale ainsi que l’approche et la
discussion sur le DO sont étudiées dans le tableau 2. Le 3ème tableau et les figures 1 à 3
résument les données descriptives en lien avec les réactions et la compréhension des
proches concernant la mort cérébrale et le DO. Le tableau 4 traite les données sur les
perceptions qu’ont les participantes de la tension émotionnelle provoquée par les soins au
X donneur ainsi que de la souffrance des proches et du donneur potentiel. Puis, viennent des
informations au sujet des perceptions des infirmières quant à l’attitude des collègues et de
l’organisation du DO. La figure 4 révèle les données concernant les perceptions des
infirmières quant aux ressources mises à disposition (environnement, personnel). À leur tour,
les figures 5 et 6 nous informent sur la volonté des infirmières de devenir donneur et de faire
don des organes de leurs proches. En explorant les 34 items de l’analyse, 4 facteurs
composés de 11 items sur les 34 de base, ont révélé une validité satisfaisante. Le tableau 5
met en évidence les 11 items et les 4 facteurs ainsi que leur niveau de corrélation. Enfin, le
tableau 6 présente les 7 obstacles au DO.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils Les principaux résultats sont énoncés de manière structurée et claire :
interprétés à partir du cadre théorique
Intégration de la -Les infirmières en USIN présentent la plus grande expérience de la prise en soin de patients
et conceptuel, ainsi que des
théorie et des en état de mort cérébrale et dans la participation aux discussions avec les proches sur le DO.
recherches antérieures ?
concepts -Moins de la moitié des infirmières d’USI ont confiance dans le diagnostic clinique de mort
cérébrale sans angiographie cérébrale de confirmation. Ce manque est probablement lié à un
défaut de connaissances sur les différentes formes de mort ou à leurs attitudes envers le DO
X et la capacité des médecins à poser le diagnostic.
-La majorité des infirmières des SI présente une attitude neutre ou sont incapables de décrire
l’approche utilisée dans les discussions sur le DO avec les proches. Alors qu’une approche
proactive a un effet positif sur le DO, l’attitude neutre du personnel des SI influence
négativement le DO.
-Près de la moitié des infirmières ont estimé que la prise en soin d’un donneur potentiel sous
ventilation mécanique tout en accompagnant les proches dans leur deuil constitue une lourde

92
charge émotionnelle.
-25% des répondants ont indiqué que la ventilation mécanique a été retirée afin de réduire la
souffrance du patient et que la question du DO n’a jamais été posée.
-Au total, 39% ont vécu des situations où la question du DO n’a jamais été soulevée avec les
proches. Le droit à l’autodétermination du patient est donc souvent ignoré.
-Le modèle de Luft et Ingham (1955) nommé « fenêtre de Johari » ou « modèle de la
connaissance de soi » est utilisé en psychologie sociale pour décrire différents modes de
communication.
7 obstacles ont été identifiés dans cette étude : la pénurie de lits en USI, le manque de
confiance dans les diagnostics, le manque de connaissances sur la législation actuelle, le
manque de prise de conscience de sa propre approche du DO, le manque de clarté
organisationnelle et de politique commune dans les différentes USI, des compétences
communicationnelles inadéquates lors de l’annonce de la mort aux proches, la perception de
la situation comme exigeante et stressante émotionnellement.
-Les chercheurs abordent-ils la Les auteurs n’abordent pas directement la question de la généralisation des conclusions.
question de la généralisation des Toutefois, ils affirment que l’échantillon est représentatif de toutes les infirmières d’USI et que
X
conclusions ? ces dernières, étant tenues de participer au DO, sont donc incluses dans les résultats de
l’étude.
-les chercheurs rendent-ils compte Les auteurs ont identifié plusieurs limites. Tout d’abord, le questionnaire destiné à mesurer les
des limites de l’étude ? attitudes des médecins n’est pas nécessairement applicable aux infirmières en dépit du même
X contexte et des mêmes situations. De plus, sur les 34 items, seuls 11 items étaient dotés
d’une structure fiable et valide. Cependant, les 23 autres items ont fourni des données
descriptives de valeur indiquant un manque de connaissances et de confiance.
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des Les auteurs ressortent diverses pistes d’amélioration telles que :
conséquences de l’étude sur la
-L’éducation au diagnostic de mort cérébrale et aux soins des donneurs potentiels pour tous
pratique clinique et sur les travaux de
les étudiants en formation en soins infirmiers intensifs.
recherche à venir ?
X -La formation axée sur la rencontre des personnes en situation de crise et douloureuse et sur
l’annonce des mauvaises nouvelles aux proches afin d’apporter un certain soulagement aux
infirmières impliquées dans le processus.
-La réflexion, le soutien professionnel et la supervision pour aider les infirmières à mieux gérer
la tâche difficile qu’est la prise en soin d’un donneur potentiel.

93
-Une meilleure connaissance de la législation et de la manière de l’utiliser dans la pratique.
-Les auteurs signalent que des recherches complémentaires sont nécessaires pour identifier
les barrières organisationnelles dans le DO ainsi que pour évaluer quelles interventions
infirmières sont impliquées dans ce contexte. Des recherches plus poussées sont aussi
nécessaires pour mieux comprendre les résultats. En effet, ceux-ci ont soulevé des
préoccupations quant à la situation des infirmières en SI lors de la prise en soin de donneurs
potentiels.
Questions -L’article est-il bien écrit, bien Cet article respecte une structure claire et logique. Les détails donnés par les auteurs sont
générales structuré et suffisamment détaillé suffisamment précis pour effectuer une analyse critique minutieuse. Par contre, nous avons eu
X
pour se prêter à une analyse critique davantage de difficultés pour la compréhension de l’analyse des données et des instruments
Présentation minutieuse ? techniques qui y sont mentionnés et utilisés.
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats Les résultats de cette étude apportent des éléments probants et pertinents pouvant être mis
probants susceptibles d’être utilisés en pratique dans les USI et permettre ainsi une évolution des soins infirmiers dans le
dans la pratique infirmière ou de se X processus du DO.
révéler utiles pour la discipline
infirmière ?
Pertinence -Total de 22 points (1 point/ question) : 18/ 22

ARTICLE 5: Approche quantitative


Critical Care staffs’ attitudes, confidence levels and educational needs correlate with countries’ donation rates: data from the Donor Action database
Leo Roels, Caroline Spaight, Jacqueline Smits and Bernard Cohen
European Society for Organ Transplantation 23 (2010) 842-850, Belgium and the Netherlands
Peu
Aspects du rapport Questions Oui Non Commentaires
Clair*
Titre -Permet-il de saisir le problème de Le titre nous indique et nous informe clairement sur la population concernée, le problème de
recherche ? X recherche, le contexte ainsi que sur le type d’approche utilisée. Nous percevons effectivement
que l’étude vise à étudier l’impact des attitudes des équipes des SI envers le DO, leur

94
acceptation du concept de mort cérébrale, leurs compétences auto-déclarées et leurs besoins
de formation en lien avec les taux de DO des pays.
Résumé -Contient-il les principales parties de Les auteurs n’énoncent pas à l’aide de sous-titres les différentes parties qui vont structurer
la recherche (par ex., l’introduction, le l’article scientifique. Cependant, ils résument clairement les éléments pertinents, nous
X
cadre théorique, la méthodologie, annonçant ainsi le contenu de leur recherche.
etc.)?
Introduction -Le problème de recherche est-il Le problème de recherche est brièvement mais clairement posé par les auteurs dans le
énoncé clairement ? résumé de l’étude. De même, le but qui est d’investiguer l’impact des attitudes des équipes
Enoncé du problème X
des SI envers le DO, leur acceptation du concept de mort cérébrale, leurs compétences et
leurs besoins de formation sur les taux de dons nationaux, y est énoncé par les chercheurs.
Recension des écrits - Résume-t-elle les connaissances L’introduction, brève et claire, expose la problématique liée aux taux insuffisants de DO,
sur les variables étudiées ? certaines raisons de ce manque mises en évidence par les recherches antérieures ainsi que
X les efforts entrepris pour accroître le DO de donneurs décédés dont l’initiative « the Donor
Action Programm ». La recension des écrits résume ainsi les connaissances sur les variables
étudiées.
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts Les auteurs ne donnent aucune définition pour préciser les théories ou les concepts centraux
sont-ils définis ? X utilisés.
conceptuel
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement Dans l’introduction, nous retrouvons principalement des informations au sujet de la
formulées ? problématique du DO mais aucune hypothèse n’est directement et précisément formulée par
X
les auteurs. Cependant, il est aisé de formuler les hypothèses sous-entendues par les
auteurs.
-Découlent-elles de l’état des Les éléments énoncés sont clairement en lien les uns avec les autres. De même, les
connaissances (théories et X hypothèses sous-jacentes découlent de l’état des connaissances.
recherches antérieures ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? Cette recherche scientifique consiste en une étude de cohorte avec une analyse quantitative
X des données.
Devis de recherche
Population -La description de l’échantillon est- Les auteurs de l’article détaillent clairement l’échantillon et la population. Les données
elle suffisamment détaillée ? utilisées proviennent de 19'537 relevés remplis et renvoyés par le personnel de SI (3'422
et contexte X médecins, 13'977 infirmières et 2'138 du personnel auxiliaire) de 245 hôpitaux de 11 pays
différents (Australie, Belgique, Croatie, Finlande, France, Israël, Italie, Japon, Norvège,
Pologne, Suisse). Les pays hors de l’Europe incluent 7'535 professionnels tandis que plus de

95
la moitié de l’échantillon (12'002) concernent des professionnels européens. L’étude s’est
déroulée entre novembre 2006 et octobre 2008. Finalement, l’analyse a été limitée à 3'422
médecins (19.7%) et 13'977 infirmières (80.3%), le personnel auxiliaire n’ayant pas été inclus.
Les auteurs précisent également le type d’USI concernée : 60.7% USI généraux, 14.5% USI
chirurgicaux, 9.8% USI neurologiques et neurochirurgicaux, 8.7% Unités d’accidents et
d’urgences ou de traumatologie, 3.7% USI en néonatologie ou en pédiatrie. Certains petits
hôpitaux incluent différentes spécialisations en une seule USI. D’un pays à l’autre, le type
moyen d’une USI demeure le même.
-La taille de l’échantillon est-elle La taille de l’échantillon est tout à fait adéquate par rapport au contexte de la recherche. En
adéquate par rapport au contexte de X effet, cette étude est la plus grande étude internationale et inclut donc un échantillon
la recherche ? significatif.
Collecte des données -Les instruments de collecte des Les auteurs nous informent clairement sur les instruments mobilisés pour récolter les données
et mesures données sont-ils décrits ? de l’étude. « The Donor Action Programm » (DAP), effort conjoint de 3 organisations de
premier plan dans le domaine du DO, évalue les différents rendements individuels des
hôpitaux concernant le DO et suggère les domaines à améliorer dans le processus. Il inclut
trois outils pour saisir, analyser les données et pour les reporter dans les résultats : « Hospital
X Attitude Survey » (HAS), « Medical Record Review » (MRR) and « DA System Database »
(DA). L’HAS consiste en un questionnaire de 32 questions disponibles en plusieurs langues
qui est remis au personnel des SI effectuant une MRR. Ce questionnaire permet d’évaluer les
attitudes, les connaissances, la participation au DO, les compétences acquises et le ressenti
des participantes dans les tâches relatives au DO. De plus, il indique l’aide reçue et identifie
les besoins d’éducation dans le processus.
-Les variables à mesurer sont-elles Les auteurs décrivent les moyens utilisés pour opérationnaliser les variables à mesurer.
X
décrites et opérationnalisées ?
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle Les auteurs décrivent clairement le programme DAP ainsi que ses trois outils (HAS, MRR,
décrite ? X DA). Les données HAS et MRR, une fois récoltées, ont été introduites dans la base de
l’étude
données DA. Pour comparer les performances de DO des pays avec les résultats des HAS,
-A-t-on pris les mesures appropriées
les chercheurs ont utilisé « The Procurement Efficiency Index » (PEI). Divers instruments
afin de préserver les droits des X (StatView) ou tests (Chi-carré, test de Fischer, t-test, Z-tests) ont aussi été utilisés afin de
participants (éthique) ?
calculer les différences statistiques entre les pays ou entre les sous-groupes professionnels
ainsi que les corrélations. Les moyennes sont exprimées en moyenne + ou – écart-type. Il
n’est malheureusement pas mentionné dans l’étude si les démarches nécessaires de
protection et de préservation des droits des participantes ont été prises par les auteurs de

96
cette recherche.

Résultats Des analyses statistiques ont-elles En effet, les auteurs ont entrepris des analyses statistiques afin de répondre à la
été entreprises pour répondre à X problématique de recherche.
Traitement des chacune des hypothèses ?
données
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de Les résultats sont rédigés clairement sous la forme de 4 tableaux et de 4 figures ainsi qu’au
résultats manière claire (commentaires, travers de commentaires. Le 1er tableau illustre le calcul PEI de chaque pays, basé sur les
tableaux, graphiques, etc.) ? taux de mortalité, le nombre d’organes récupérés et transplantés dans chaque pays en 2007.
La France et la Belgique présentent les taux PEI les plus élevés. Les auteurs nous
renseignent ensuite sur les données démographiques des répondants à l’étude en les
comparant entre les différents pays. Dans le 2ème tableau sont présentées les attitudes du
personnel médical et infirmier à l’égard du DO dans les pays participants. Dans cette partie de
l’HAS, 4 questions interrogent les participantes sur leur volonté de faire don de leurs propres
organes ou de ceux d’un proche. Les réponses du personnel infirmier se sont révélées
nettement moins positives que celles des médecins. Les taux de réponses (médecins et
infirmiers ensemble) sont les plus hauts en Finlande et en Belgique et sont fortement corrélés
X au PEI du pays (figure 1). La figure 2 présente la corrélation entre le PEI et le pourcentage
d’acceptation du concept de mort cérébrale comme un moyen valide de détermination de la
mort. Ce pourcentage se révèle significativement plus bas parmi le personnel infirmier. Le
tableau 3 résume les réponses aux 4 questions sur les niveaux de confiance dans la
transmission de l’identification d’un donneur potentiel à la personne adéquate (ex :
coordinateur), l’explication de la mort cérébrale au proche, l’introduction du DO et l’obtention
du consentement. Le niveau de confort ressenti par le personnel infirmier est significativement
plus bas que celui du personnel médical. À nouveau, les taux de PEI et les taux de confiance
dans les différentes étapes et tâches relatives au DO sont significativement corrélés (figure 3).
Le tableau et la figure 4 traitent des besoins éducatifs. Il ressort dans chaque pays que le
personnel infirmier souhaite davantage recevoir un complément de formation que le personnel
médical.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils Les résultats de cette étude et des recherches antérieures se rejoignent dans leurs
interprétés à partir du cadre théorique conclusions. Tout d’abord, les auteurs confirment les anciennes données selon lesquelles les
Intégration de la et conceptuel, ainsi que des infirmières des SI, plus confortables pour répondre aux questions des proches, obtiennent
théorie et des recherches antérieures ? X plus facilement leur consentement. L’acceptation du concept de mort cérébrale comme
concepts diagnostic valable de la mort est une condition essentielle pour se sentir à l’aise dans les
tâches liées au DO. Il est aussi souligné que les attitudes du personnel, susceptibles de
correspondre à celles du grand public, sont influencées par des obstacles socioculturels et

97
religieux et influencent les performances de DO. Les résultats de cette étude mettent en avant
l’attitude significativement moins positive envers le don des infirmières d’USI, leur confiance
amoindrie envers le concept de mort cérébrale et envers les tâches liées au DO par rapport
aux médecins. Du fait que le corps médical se juge responsable de l’approche de la famille et
des demandes de DO, les infirmières pourraient hésiter à jouer un rôle proactif afin d’éviter la
dissonance cognitive au sein de l’équipe. Pour diminuer les attitudes négatives face au DO,
des feedbacks réguliers des cas de succès et des problèmes de transplantation pourraient
contribuer à atténuer les fausses idées. L’étude actuelle démontre la forte association entre le
niveau éducatif, les besoins en matière de DO en lien avec les tâches à accomplir et les taux
de réussite des programmes de DO. Il est aussi suggéré que les connaissances et les
attitudes sont interdépendantes et vont alors influencer les résultats du processus de DO. De
plus, la formation et l’expérience renforcent la confiance dans l’approche des proches. Le
programme européen de l’enseignement hospitalier (EDHEP), conçu à l’origine par
Eurotransplant, constitue un programme efficace pour répondre aux besoins éducatifs des
professionnels à l’aide d’ateliers interactifs animés par des formateurs qualifiés et des
psychologues.
-Les chercheurs abordent-ils la Cette étude est la première et la plus grande étude internationale confirmant
question de la généralisation des mathématiquement les hypothèses faites plus tôt et les conclusions isolées d’un lien entre les
conclusions ? X attitudes des professionnels, l’acceptation du concept de mort cérébrale, les niveaux de
confiance et une conversion réussie du donneur potentiel en donneur réel. C’est pourquoi,
nous estimons que ces conclusions sont généralisables.
-les chercheurs rendent-ils compte Certaines associations n’ont pas pu être prouvées dans cette étude, par exemple, du fait
des limites de l’étude ? X d’une information insuffisante sur le nombre de lits dotés en SI par service dans les hôpitaux
interrogés. Toutefois, aucune limite clairement définie n’a été énoncée par les auteurs.
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des Les auteurs préconisent au travers du programme DAP l’EDHEP comme l’une des mesures
conséquences de l’étude sur la d’amélioration de la formation des professionnels sur le DO. De plus, ils encouragent à ce que
pratique clinique et sur les travaux de X les mesures visant à améliorer la performance de dons des pays se concentrent sur la
recherche à venir ? formation du personnel des SI de manière à s’assurer que tous les praticiens aient une
connaissance suffisante et soient à l’aise avec les questions liées au DO.
Questions -L’article est-il bien écrit, bien Bien que l’échantillon inclut une population mondiale et ne se limite pas à l’Europe, nous
générales structuré et suffisamment détaillé avons décidé de garder cette recherche car elle concerne en majorité des pays européen et
X
pour se prêter à une analyse critique touche également la Suisse. De plus, l’étude est suffisamment détaillée pour se prêter à une
Présentation minutieuse ? analyse critique pertinente.

98
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats Cet article nous apparaît en général pertinent et ces résultats permettent de confirmer de
probants susceptibles d’être utilisés nombreuses conclusions posées auparavant par d’autres études. Ceux-ci sont susceptibles
dans la pratique infirmière ou de se X d’être utilisés dans la pratique pour améliorer la discipline infirmière des SI.
révéler utiles pour la discipline
infirmière ?
Pertinence -Total de 22 points (1 point/ question) : 18/ 22

ARTICLE 6: Approche quantitative


Intensive care nurses’perceptions of their professional competence in the organ donor process: a national survey
Käthe Meyer, Ida Torunn Bjork & Hilde Eide
Journal of Advanced Nursing (2012) 68(1), 104-115, Norway
Peu
Aspects du rapport Questions Oui Non Commentaires
Clair*
Titre -Permet-il de saisir le problème de Le titre permet de cibler le problème de recherche qui concerne les perceptions des
recherche ? X infirmières concernant leurs compétences professionnelles dans le processus de DO. La
population et le contexte sont clairement cités.
Résumé -Contient-il les principales parties de Le résumé reprend les 5 parties essentielles de la recherche avec les objectifs, l’introduction,
la recherche (par ex.,l’introduction, le la méthode, les résultats et la conclusion. Il donne une bonne vision d’ensemble de la
X
cadre théorique, la méthodologie, structure de l’article.
etc.)?
Introduction -Le problème de recherche est-il Le problème de recherche est clairement énoncé dans l’introduction. En raison de l’écart
énoncé clairement ? croissant entre l’offre et la demande, il est nécessaire d’avoir plus d’informations sur les
Enoncé du problème compétences professionnelles des infirmières en SI pour développer un programme de
X
formation visant à aider les infirmières dans le processus de DO. L’objectif de cette étude est
donc d’explorer les perceptions des infirmières en SI concernant leurs compétences
professionnelles afin d’identifier leurs besoins éducatifs.
Recension des écrits - Résume-t-elle les connaissances X La recension des écrits reprend les connaissances déjà établies dans le contexte du DO au

99
sur les variables étudiées ? sujet des besoins des proches, de la responsabilité des infirmières en SI dans le processus de
DO et de leurs compétences professionnelles. Les différents auteurs cités transmettent la dure
réalité du rôle infirmier dans le processus de DO et soulignent le manque de connaissances et
d’expérience face à ce type de situations.
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts Du point de vue théorique, les auteurs définissent la compétence professionnelle. Elle
conceptuel sont-ils définis ? implique l’acquisition de divers types de connaissances et leur application de manière
X appropriée dans la pratique. L’apprentissage s’effectue par de nombreux processus cognitifs
et émotionnels influencés par les expériences professionnelles et personnelles. En lien avec le
DO, d’autres concepts sont présents mais pas décrits par les auteurs.
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement L’étude ne contient pas d’hypothèses mais des questions de recherche. Celles-ci sont
X
formulées ? clairement énoncées sous forme de 4 questions principales.
-Découlent-elles de l’état des Oui, elles découlent de l’état des connaissances et permettront de répondre à l’objectif de
connaissances (théories et X l’étude.
recherches antérieures ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? Il s’agit d’une enquête transversale quantitative.
X
Devis de recherche
Population -La description de l’échantillon est- L’échantillon est suffisamment détaillé. Il comprend des infirmières spécialisées en SI
elle suffisamment détaillée ? travaillant dans une USI d’un hôpital norvégien donateur. Au final 572 participantes dont 515
et contexte infirmières (90%) provenant de 7 hôpitaux universitaires et de 21 hôpitaux régionaux ont pris
X
part à l’enquête. Les participantes ont un âge moyen de 45 ans et une expérience moyenne
en SI de 11 ans après spécialisation. 62.5% (n=352) sont employés dans des hôpitaux
universitaires.
-La taille de l’échantillon est-elle La taille de l’échantillon est adaptée au contexte.
adéquate par rapport au contexte de X
la recherche ?
Collecte des données -Les instruments de collecte des Les chercheurs ont utilisé un questionnaire de 22 items explorant les différentes dimensions
et mesures données sont-ils décrits ? de la compétence professionnelle. Les données ont été récoltées d’octobre 2008 à janvier
X
2009. Deux rappels ont permis une augmentation du taux de réponse de 20%. Les questions
ont été numérisées et les données entrées dans la version SPSS 16.0.
-Les variables à mesurer sont-elles Les variables sont décrites et opérationnalisées. Il s’agit d’évaluer les connaissances
X
décrites et opérationnalisées ? théoriques, pratiques, éthiques et de médiation sociale. Des variables démographiques et

100
contextuelles (âge, sexe, expérience, lieu de travail) sont décrites et analysées.

Déroulement de -La procédure de recherche est-elle X La procédure est décrite : chaque participant a reçu une enveloppe contenant le
l’étude décrite ? questionnaire, une enveloppe timbrée pré-adressée et un document d’informations relevant le
but de l’étude et les conditions de confidentialité. Le retour du questionnaire équivaut à un
-A-t-on pris les mesures appropriées
X consentement éclairé du participant. Afin d’explorer les différentes compétences
afin de préserver les droits des
professionnelles, les auteurs ont utilisé une échelle de Likert de 5 points. Les questions ont
participants (éthique) ?
été pré-testées par 9 infirmières de SI pour prouver leur pertinence et évaluer leur
compréhension. Deux questions sur les connaissances éthiques et les facteurs influençant le
développement professionnel ont été incluses. Les questions au sujet de l’expérience
comprennent les soins au donneur potentiel et la participation à la demande de DO.
Au niveau éthique, l’étude a été approuvée par « The Norwegian Social Science Data
Services (NSD) ». Les directeurs de tous les hôpitaux concernés ont été informés des
objectifs du projet et ont accordé l’accès à leurs employés. Les données ont été traitées de
manière confidentielle, conformément à la réglementation du NSD.
Résultats -Des analyses statistiques ont-elles À l’aide de statistiques descriptives et déductives, les auteurs ont analysé les données
été entreprises pour répondre à récoltées. Celles-ci ont alors permis d’évaluer l’association entre les variables
Traitement des chacune des hypothèses ? démographiques et contextuelles et les compétences professionnelles dans le processus de
données X
DO. De plus, l’analyse a permis l’exploration des prédicteurs des compétences
professionnelles. La fiabilité et la validité des données ont été testées avec l’alpha de
Cronbach.
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de Les résultats sont commentés et présentés de manière claire dans des tableaux et des
résultats manière claire (commentaires, figures.
tableaux, graphiques, etc.) ?
-Tableau 1 : la formation est plus importante dans les hôpitaux régionaux, alors que
l’expérience professionnelle est plus présente chez les infirmières travaillant dans les hôpitaux
universitaires.
X -Tableau 2 : les infirmières percevaient leurs connaissances théoriques, pratiques et éthiques
comme inférieures à leurs connaissances de médiation sociale. Du point de vue théorique, les
connaissances sur le fonctionnement du processus de don et du diagnostic de mort cérébrale
sont perçues comme très faibles. Une position positive du patient ou des proches à ce sujet
aide les infirmières à s’engager dans le processus de don.
-Tableau 3 : il n’existe aucune corrélation entre les perceptions des compétences
professionnelles et l’âge ou le sexe. Les variables prédictives, les soins au donneur et aux

101
proches, la participation à la demande de DO et l’expérience en USI, influencent
significativement les perceptions des infirmières concernant leurs compétences
professionnelles.
-Figure 1 : L’éducation de base en milieu hospitalier, les discussions au sein du service et la
lecture de la littérature sont des facteurs qui influencent les compétences professionnelles.
Ces derniers, complétés par des séminaires NOROD (cours sur le DO), sont importants pour
le développement continu des compétences.
-Tableau 4 : Les besoins éducatifs prioritaires concernent l’annonce des mauvaises nouvelles,
le passage du donneur potentiel au donneur réel, le traitement médical ou encore l’obtention
du consentement au don.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils Les principaux résultats sont interprétés en lien avec le cadre théorique et les concepts et
interprétés à partir du cadre théorique comparés avec ceux des études antérieures.
Intégration de la et conceptuel, ainsi que des
théorie et des Éléments importants de la discussion :
recherches antérieures ?
concepts -Un manque de confiance dans le processus de don est lié à un manque de connaissances et
pourrait être amélioré par une collaboration renforcée entre médecins et infirmières.
-La transmission du savoir par les collègues expérimentés serait bénéfique pour les autres
membres de l’équipe.
-La participation des infirmières moins expérimentées au processus de don est nécessaire
mais pas en tant que professionnel prioritaire.
X -Le soutien des collègues est une notion importante dans les situations difficiles à gérer.
Toutefois, l’inquiétude face aux réactions des collègues peut entraver la communication au
sujet du DO.
-Les discussions au sein de l’équipe favorisent la réflexion et la compréhension mutuelle dans
la pratique professionnelle.
-Les soins au donneur et aux proches sont jugés difficiles par les infirmières.
-Après l’annonce du diagnostic de mort cérébrale et du consentement des proches, la
communication était facilitée.
-Les connaissances de médiation sociale étant élevées, les infirmières devraient être à l’aise
d’initier des discussions au sein de l’équipe quant à la possibilité d’un DO. Être capable de
communiquer ouvertement peut être bénéfique pour répondre aux besoins émotionnels et

102
d’information des proches.
-Davantage de connaissances théoriques au sujet du diagnostic de mort, des procédures et
du fonctionnement du don, permettraient aux infirmières de mieux répondre aux besoins
d’informations des proches au cours du processus de décision.
-Pour offrir des soins appropriés au donneur, il est nécessaire de développer des
connaissances approfondies sur la mort cérébrale, les principes de préservation des organes
et la législation au travers de séminaires, d’un enseignement hospitalier de base, de cours
online ou encore de groupes de réflexion.
-L’éducation est nécessaire pour être plus confortable dans la pratique et devrait être
renouvelée tous les 6 mois pour être efficient.
-Les rencontres entre les infirmières et les médecins des hôpitaux universitaires et régionaux
leur seraient bénéfiques.
-Les chercheurs abordent-ils la Les auteurs ne parlent pas de génération des conclusions. Cependant, en raison de la grande
question de la généralisation des X taille de l’échantillon, les résultats pourraient être appliqués aux autres USI.
conclusions ?
-les chercheurs rendent-ils compte Les chercheurs font part des limites de leur recherche. En effet, le questionnaire présente une
des limites de l’étude ? faible validité interne au niveau des connaissances éthiques. Les connaissances concernant
la médiation sociale présente une consistance interne acceptable mais pas suffisamment
X
bonne. Le questionnaire doit encore être développé pour une utilisation ultérieure dans de
nouvelles études. Le fait que certaines données au sujet du refus de participer n’ont pas été
relevées a pu influencer les résultats.
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des Les chercheurs tiennent compte des conséquences de l’étude sur la pratique et présentent
conséquences de l’étude sur la des perspectives utiles pour le développement des compétences professionnelles des
pratique clinique et sur les travaux de infirmières en SI.
recherche à venir ? X
Le questionnaire de cette étude pourrait être utilisé au niveau national et international dans
des investigations futures sur les effets au long terme des séminaires de formation sur les
compétences professionnelles.
Questions -L’article est-il bien écrit, bien L’article est bien structuré et écrit dans un langage scientifique compréhensible. Toutefois, les
générales structuré et suffisamment détaillé auteurs décrivent la méthode avec des termes plus complexes et parfois difficiles à
X
pour se prêter à une analyse critique retranscrire en français.
Présentation minutieuse ?

103
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats Les résultats nous apparaissent intéressants et applicables dans la pratique.
probants susceptibles d’être utilisés
dans la pratique infirmière ou de se X
révéler utiles pour la discipline
infirmière ?
Pertinence -Total de 22 points (1 point/ question) : 20/ 22

ARTICLE 7: Approche qualitative


Approaching families on the subject of organ donation: A phenomenological study of the experience of healthcare professionals
Aud Oroy, Kjell Erik Stromskag, Eva Gjengedal
Intensive and Critical Care Nursing (2013) 29, 202-211, Norway
Peu
Aspects du rapport Questions Oui Non Commentaires
Clair*
Titre -Permet-il de saisir le problème de Le titre permet de cibler le problème de recherche qui concerne l’expérience des
recherche ? X professionnels de la santé de l’approche des familles dans le contexte du DO. Le devis de
recherche est introduit dans le titre. Cependant, la population n’est pas clairement ciblée.
Résumé -Synthétise-t-il clairement les Les différentes parties de la recherche ne sont pas nommées mais présentées sous forme
principales parties de la recherche d’un texte continu qui permet de comprendre les points clés de la recherche. On y retrouve :
X
(par ex., l’introduction, le cadre les objectifs, la méthode, les résultats et la conclusion. Le devis de recherche et les outils de
théorique, la méthodologie, etc.)? collecte et d’analyse des données sont également indiqués.
Introduction -Le problème ou phénomène étudié Le phénomène étudié est clairement défini dans l’introduction et découle de la recension des
est-il clairement défini ? écrits. L’importance de l’interaction des professionnels de la santé avec les proches est déjà
Enoncé du problème bien documentée. Cependant, un manque de connaissances sur la manière dont les
X
professionnels de la santé expérimentent leurs interactions avec les familles des donneurs
potentiels est rapporté ; d’où l’objectif de cette étude qui vise à explorer et à acquérir une
meilleure compréhension des expériences des professionnels à ce sujet.
Recension des écrits -Résume-t-elle les connaissances sur X La recension des écrits résume les connaissances déjà établies au sujet du DO et de la

104
le problème ou phénomène étudié ? relation entre les professionnels de la santé et les familles. Elle traite de la législation actuelle
en Norvège, du manque de formation en communication des professionnels avec les proches
ainsi que de l’importance de la collaboration au sein de l’équipe pour répondre aux besoins
des familles.
Cadre théorique ou -La base philosophique, la tradition, L’étude est basée sur la philosophie d’Heidegger (1927/1962) interprétée par Dreyfus (1991)
conceptuel le cadre conceptuel ou l’orientation X et développée dans les travaux de Brenner (1994), Brenner et al. (1996) et Brenner et Wrubel
idéologique sont-ils définis ? (1989).
Question de -Les questions de recherche sont- Aucune question de recherche n’est directement formulée mais les chercheurs mentionnent la
X
recherche elles clairement formulées ? présence de questions qui ont guidé leur interprétation des résultats.
-Découlent-elles de l’état des La problématique découle de l’état des connaissances actuelles sur le sujet.
connaissances (théories, concepts, X
idéologie et recherches antérieures) ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? X Il s’agit d’une étude herméneutique phénoménologique permettant d’explorer l’expérience des
professionnels de la santé dans leurs interactions avec les familles. Les méthodes de collecte
Tradition et devis de -Les méthodes utilisées pour recueillir
et d’analyse des données correspondent à la tradition de recherche de cette étude qualitative.
recherche et analyser les données
correspondent-elles à la tradition de X Les temps passés sur le terrain (94 à 123h) ainsi que la durée des entretiens (25 à 150
recherche ? minutes) nous apparaissent en adéquation avec le devis de recherche. La récolte des
données s’étend d’avril 2006 à octobre 2007.
-Les temps passés sur le terrain est-il X
en adéquation avec les devis de
recherche ?
Population et -La description du cadre et de L’échantillon est suffisamment détaillé. Il comprend 32 professionnels de la santé dont 16
contexte l’échantillon est-elle détaillée ? infirmières (8 infirmières diplômées, 8 infirmières en SI), 12 médecins et 4 aumôniers,
X provenant de 2 USI d’un hôpital universitaire norvégien. Ces participantes proviennent de 12
situations différentes de DO durant lesquelles elles ont interagi avec divers membres de la
famille.
-Les chercheurs ont-ils saturé les Il n’y a aucune information à ce sujet.
X
données ?
Collecte des données -Les instruments de collecte des Les instruments de collecte des données sont décrits et comprennent :
et mesures données sont-ils décrits ? X -Des observations avec des notes de terrain qui se sont concentrées sur la manière dont les
professionnels de la santé abordaient les familles et menaient leurs interactions avec elles.

105
-Des entretiens face à face (n=26) ou téléphoniques (n=6) menés en profondeur à l’aide d’un
guide d’entretiens et de questions ouvertes, enregistrés sur bande audio puis transcrits
textuellement. Les entretiens exploraient les expériences professionnelles des participantes.
-La combinaison de ces 2 méthodes a permis d’obtenir la compréhension des 12 situations.
-Y-a-t-il une adéquation entre le Oui, le phénomène étudié, l’objectif de la recherche et les instruments de collecte des
phénomène étudié, la question de données sont en adéquation.
X
recherche et les instruments de
collecte des données ?
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle X La procédure de recherche est décrite par les auteurs. Lorsqu’un cas de donneur potentiel se
l’étude décrite ? présentait et une fois l’accord de la famille obtenu pour participer à l’étude, les infirmières et
les médecins avertissaient le chercheur. Ce dernier suivait les professionnels dans leurs
-A-t-on pris les mesures appropriées
X interactions avec les familles et s’entretenait avec eux en privé. Le chercheur était présent soit
afin de préserver les droits des
durant toutes les étapes de l’approche, soit lors de la demande de DO, soit durant les
participants (éthique) ?
conversations de suivi.
L’approbation éthique a été obtenue par divers représentants et instances reconnus dans le
milieu de la recherche et de l’éthique. De plus, les professionnels de la santé et les familles
ont donné un consentement écrit pour leur participation à la recherche et l’enregistrement des
données.
Rigueur -Les chercheurs ont-ils suffisamment Le déroulement de l’étude est suffisamment détaillé pour que les conclusions soient crédibles
étayé le déroulement de l’étude afin et en partie transférables.
X
que leurs conclusions soient
crédibles et transférables ?
Résultats -Les méthodes de traitement des Une analyse thématique (Benner, 1994 ; van Manen, 1990) a été utilisée pour saisir le sens
données ont-elles été suffisamment des expériences vécues par les participantes. Tout d’abord, les notes d’observations et les
Traitement des décrites ? transcriptions des entretiens ont été lues pour obtenir une vision d’ensemble. Puis, celles-ci
données X
ont permis d’extraire des thèmes préliminaires qui ont abouti à l’interprétation des
observations du chercheur. Enfin, 3 thèmes essentiels comprenant des sous-thèmes ont
émergé. Le processus analytique est illustré à l’aide de la figure 1.
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de Les résultats sont commentés et présentés de manière claire dans des tableaux et des
résultats manière claire (commentaires, figures. Les thèmes essentiels et sous-thèmes identifiés sont présentés dans la figure 2 :
tableaux, graphiques, etc.) ? X
-Le moment crucial dont les sous-thèmes sont le moment idéal et moment « trop prématuré ».
-Les conversations difficiles comprenant la préparation pour une situation unique, la

106
transmission de mauvaises nouvelles, le respect des souhaits du patient et des décisions des
familles.
-Les attentes contradictoires composées des attentes externes et internes
Discussion -Les principaux résultats sont-ils Les principaux résultats sont interprétés à partir de la base philosophique et des recherches
interprétés à partir de l’approche antérieures. Les éléments suivants ont été soulignés :
Intégration de la philosophique, ainsi que des
théorie et des -Trouver le meilleur moment pour aborder les familles au sujet d’une demande de DO
recherches antérieures ?
concepts représente un défi pour les professionnels.
-Les brefs délais et le caractère sensible des situations exigent des professionnels : une
vigilance et une concentration particulière, une écoute soutenue et empathique, des capacités
communicationnelles, un dialogue avec les proches permettant de percevoir le moment
X propice pour effectuer la demande.
-Pour maintenir le sentiment de contrôle de la famille, le respect de son autonomie et des
souhaits du patient est primordial.
-Une approche en deux temps (annonce du décès puis demande de don) de la famille permet
d’augmenter le consentement de la famille.
-Les professionnels se remettent en question lorsque la demande de DO est rejetée par la
famille.
-La recherche tient-elle compte de la Les auteurs ne parlent pas de généralisation des conclusions.
question de généralisation des X
conclusions ?
-Les chercheurs rendent-ils compte Les limites de l’étude sont clairement expliquées par les auteurs. Tout d’abord, comme
des limites de l’étude ? l’interprétation est subjective, elle peut différer d’une personne à l’autre. De plus, des données
X peuvent manquer en raison de l’absence des chercheurs à certains entretiens et du fait que
certaines participantes n’ont pas été interrogées. Enfin, la provenance des participantes
limitée à un seul hôpital norvégien peut constituer une limite à la transférabilité des résultats.
Perspectives -Les chercheurs traitent-ils des Les auteurs font part de leurs conclusions et de leur impact sur la pratique clinique. Selon eux,
conséquences de l’étude sur la des interprétations divergentes pourraient permettre une exploration plus approfondie du
X
pratique clinique et sur les travaux de phénomène d’intérêt de cette étude.
recherche à venir ?

107
Questions -L’article est-il bien écrit, bien L’article est bien rédigé et structuré. Suffisamment de détails, malgré l’absence des questions
générales structuré et suffisamment détaillé de recherche, permettent une bonne compréhension de son contenu.
X
pour se prêter à une analyse critique
Présentation minutieuse ?
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats Les résultats nous apparaissent intéressants pour la pratique infirmière dans le domaine du
probants susceptibles d’être utilisés DO et offrent des perspectives d’amélioration susceptibles d’être appliquées dans les USI.
dans la pratique infirmière ou de se X
révéler utiles pour la discipline
infirmière ?
Pertinence -Total de 25 points (1 point/ question) : 22/ 25

ARTICLE 8: Approche quantitative


The attitude and knowledge of intensive care physicians and nurses regarding organ donation in Hungary – It needs to be changed
Aniko Smudla, Sandor Mihaly, Ilona Okros, Katalin Hegedus, Janos Fazakas
Ann Transplant (2012b); 17 (3): 93-102, Hungary
Peu
Aspects du rapport Questions Oui Non Commentaires
Clair*
Titre -Permet-il de saisir le problème de Le titre énonce clairement le problème de recherche, la population ainsi que le contexte de
recherche ? X l’étude. En effet, cette recherche traite du besoin de changement au niveau de l’attitude et des
connaissances des médecins et infirmières des SI en lien avec le DO en Hongrie.
Résumé -Contient-il les principales parties de Le résumé est structuré en paragraphes clairs : l’introduction, le matériel et la méthode, les
la recherche (par ex., l’introduction, le résultats, la conclusion. Le devis y est aussi précisé. Au final, le résumé, très bien synthétisé,
X
cadre théorique, la méthodologie, permet d’avoir une vue rapide et claire de l’ensemble de l’article.
etc.)?
Introduction -Le problème de recherche est-il L’introduction, très brève mais synthétique, énonce la problématique du DO. De nombreux
énoncé clairement ? X facteurs dont l’attitude et les connaissances de l’équipe des SI influencent le consentement au
Enoncé du problème don des proches et la qualité du processus, d’où le but de cette étude d’évaluer l’attitude et les

108
connaissances des professionnels des SI. De plus, bien que la formation sur la mort cérébrale
et le DO fasse partie de la formation initiale des médecins, elle reste facultative pour les
infirmières.
Recension des écrits - Résume-t-elle les connaissances La recension des écrits résume très brièvement les connaissances sur les variables étudiées
X
sur les variables étudiées ? dans cette recherche.
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts Bien que les concepts centraux ressortent de l’introduction, ceux-ci ne sont pas clairement
sont-ils définis ? X définis par les auteurs.
conceptuel
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement L’hypothèse, selon laquelle l’éducation des professionnels de la santé au sujet du DO peut
X
formulées ? influencer positivement leur attitude et leurs connaissances, apparaît dans l’introduction.
-Découlent-elles de l’état des Cette hypothèse découle de l’état des connaissances sur le DO et ces facteurs d’influence.
connaissances (théories et X
recherches antérieures ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? Le devis de recherche est clairement énoncé dans le résumé ainsi qu’au début de la
X description de la méthode. La recherche consiste en une étude transversale avec une analyse
Devis de recherche quantitative des données.
Population -La description de l’échantillon est- Les auteurs détaillent précisément leur échantillon qui inclut au total 282 participantes dont
elle suffisamment détaillée ? 179 médecins (63.5%) et 103 infirmières (36.5%) travaillant dans des hôpitaux universitaires
et contexte X
(26.3%), de la capitale (25.5%), régionaux (27.3%) et urbains (20.9%). L’âge moyen des
participantes est 42.78 ans.
-La taille de l’échantillon est-elle L’échantillon concerne une population suffisamment importante pour être représentative et en
adéquate par rapport au contexte de X adéquation avec le contexte de la recherche.
la recherche ?
Collecte des données -Les instruments de collecte des Un questionnaire anonyme, formé de 20 items et auto administré, a permis dans un premier
et mesures données sont-ils décrits ? temps la collecte des données démographiques (âge, formation, place de travail). Ensuite, les
participantes ont été interrogées sur leur présence aux cours sur le DO ainsi que sur leur
X nombre de participations par année. Leur attitude face au DO, leurs connaissances sur le
consentement présumé et leurs opinions sur la pratique hospitalière sont aussi traitées au
travers du questionnaire. De plus, une échelle de 5 points a permis d’évaluer diverses
connaissances en lien avec le DO.
-Les variables à mesurer sont-elles Les auteurs de l’étude décrivent clairement les variables qui vont être mesurées par le
X
décrites et opérationnalisées ? questionnaire et l’échelle de 5 points.

109
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle X Les instruments de récolte et d’analyse des données sont précisément définis. Cependant, les
l’étude décrite ? auteurs nous donnent peu d’informations sur la procédure de recherche utilisée. En effet, nous
savons uniquement que les questionnaires ont été complétés en 2011 lors du Congrès de la
-A-t-on pris les mesures appropriées
X Société Hongroise d’Anesthésiologie et de Soins Intensifs.
afin de préserver les droits des
participants (éthique) ? Au niveau éthique, il n’est pas précisé clairement si les auteurs ont pris les mesures
appropriées pour préserver les droits des participantes. Toutefois, il est mentionné que le
questionnaire est anonyme et a été désigné par des sociétés reconnues. Nous jugeons donc
que les auteurs ont respecté ce critère.

Résultats Des analyses statistiques ont-elles Une fois récoltées par le questionnaire, les données ont été analysées à l’aide d’un ensemble
été entreprises pour répondre à de mesures statistiques incluant des statistiques descriptives et divers tests. L’analyse des
Traitement des chacune des hypothèses ? variables et des différences statistiques entre deux variables s’est faite grâce à différents tests
données X (ANOVA, Rho de Spearman, U de Mann-Whitney, Kruskal-Wallis, Pearson Chi-carré). Des
modèles de régression ont été créés pour analyser le vécu des familles et les facteurs
influençant les connaissances au sujet de la transplantation. Le degré significatif est fixé à p <
0.05.
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de Les auteurs regroupent et présentent clairement leurs résultats à l’aide de 6 tableaux. Les
résultats manière claire (commentaires, données concernant les médecins sont séparées de celles des infirmières. Les principaux
tableaux, graphiques, etc.) ? résultats au sujet des infirmières sont :
-Uniquement 16.5% des infirmières ont participé à un cours sur le DO avant l’étude.
-34.9% des infirmières, n’ayant pas encore eu de cours, sont prêtes à en suivre un. L’âge des
infirmières n’a pas d’influence à ce niveau-là.
-24.1% des infirmières impliquées dans la formation sont employées dans un hôpital
universitaire. Le taux le plus faible concerne les hôpitaux régionaux.
X
-30.9% du personnel des SI n’a jamais été impliqué dans une situation de DO.
-Le nombre de DO n’est pas influencé par l’âge ou le type de personnel. Cependant, l’activité
de don est plus importante chez le personnel ayant suivi un cours sur cette thématique.
-87.3% des infirmières connaissent la législation du consentement présumé et nombreuses
sont celles qui l’approuvent. Ces connaissances sont plus élevées chez le personnel avec une
plus haute activité de dons.
-66% du personnel approuve la pratique hospitalière qui requière le consentement des
membres de la famille du donneur pour un prélèvement d’organes (ceci en raison d’un

110
manque de connaissances sur la législation ou par respect des droits du patient).
-49.5% des infirmières connaissent la voie juridique pour protester le prélèvement d’organes.
-95.1% des infirmières consentent au prélèvement de leurs organes après leur mort.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils La discussion met en lien les résultats de la recherche avec les connaissances antérieures.
interprétés à partir du cadre théorique Cette étude révèle que plus de 4/5 des infirmières n’ont jamais participé à une formation sur la
Intégration de la et conceptuel, ainsi que des gestion du DO et que 2/3 ne comptent pas y participer. Ceci souligne la nécessité d’introduire
théorie et des recherches antérieures ? des cours obligatoires afin d’augmenter leurs connaissances dans ce domaine spécifique.
concepts L’éducation des infirmières et la formation interdisciplinaire avec les médecins peuvent être
améliorées grâce à la coopération entre médecins et infirmières. De plus, un protocole pré
établi pour la gestion du DO pourrait augmenter l’efficacité de l’équipe. L’étude montre que
l’activité du don augmente lorsque la formation sur la gestion du don des médecins et
infirmières en SI est plus élevée. En effet, meilleure est la formation, meilleures sont les
X
attitudes des professionnels, la communication avec les proches, la gestion du don et
l’identification des donneurs. Les études antérieures soulignent aussi la nécessité d’améliorer
les compétences communicationnelles. De même, l’impact psychologique de la
communication à long terme sur les proches est un aspect à prendre en compte. « The
Pyramid Intervention » (figure 1) permet de prévenir les processus psychologiques négatifs
induits par le DO et d’augmenter le don. « The VIDEO model » développe les compétences
individuelles. De même, le HELLP concept souligne l’importance d’une communication
adéquate comme premier soutien pour les proches puis le développement d’un réseau de
soutien social pour les aider à surmonter le deuil.
-Les chercheurs abordent-ils la Les auteurs n’abordent pas la question de généralisation des conclusions.
question de la généralisation des X
conclusions ?
-les chercheurs rendent-ils compte Les auteurs rendent compte des limites de leur étude. En effet, les questionnaires ayant été
des limites de l’étude ? X remplis lors de l’événement le plus important de Hongrie, les résultats ont pu être influencés
par des situations spécifiques qui se sont produites en Hongrie.
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des Cette étude encourage l’instauration de cours obligatoires ainsi que de cours de
conséquences de l’étude sur la perfectionnement sur la mort cérébrale, la gestion du don et la communication avec la famille.
X
pratique clinique et sur les travaux de Ses résultats aident à mieux définir les besoins du personnel en SI.
recherche à venir ?
Questions -L’article est-il bien écrit, bien X Cet article est écrit et structuré de manière claire et synthétique. Malgré certaines parties de
structuré et suffisamment détaillé l’article (par exemple : recension des écrits, procédure de recherche) très brièvement

111
générales pour se prêter à une analyse critique développées, celui-ci reste tout à fait pertinent et se prête à une analyse critique minutieuse.
minutieuse ?
Présentation
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats Nous trouvons que les résultats de cette recherche sont en accord avec ceux déjà découverts
probants susceptibles d’être utilisés dans d’autres études. Ils permettent de cibler les besoins des infirmières en SI. Leur
dans la pratique infirmière ou de se X application dans la pratique permettrait une augmentation de l’activité du DO.
révéler utiles pour la discipline
infirmière ?
Pertinence -Total de 22 points (1 point/ question) : 20/ 22

ARTICLE 9: Approche quantitative


Organ and tissue donation: a survey of nurse’s knowledge and educational needs in an adult ITU.
Timothy J. Collins
Intensive and Critical Care Nursing (2005) 21, 226-233, United Kingdom
Peu
Aspects du rapport Questions Oui Non Commentaires
Clair*
Titre -Permet-il de saisir le problème de Le titre permet de saisir le problème de recherche qui concerne la connaissance et les
recherche ? X besoins éducatifs des infirmières en SI. Le devis, la population et le contexte y sont explicités
clairement.
Résumé -Contient-il les principales parties de Dans le résumé, les principales parties de la recherche ne sont pas distinctement énoncés
la recherche (par ex., l’introduction, le mais présentées sous la forme d’un texte. Cependant, il permet d’avoir un aperçu global des
X
cadre théorique, la méthodologie, éléments traités dans l’étude. Il comprend les buts, le devis, les résultats ainsi que la
etc.)? conclusion.
Introduction -Le problème de recherche est-il Le problème de recherche est clairement énoncé dans l’introduction. Étant donné que les
énoncé clairement ? professionnels de la santé manquent de connaissances essentielles et de compréhension
Enoncé du problème X concernant le DO, des programmes éducatifs sont recommandés pour combler leurs déficits.
Les professionnels de la santé jouent un rôle essentiel dans l’identification des donneurs
potentiels, dans l’approche des familles, lors des soins au patient ainsi que dans l’éducation

112
du public. Malheureusement, ce rôle n’est parfois pas assumé de manière efficace par les
infirmières, ce qui impacte sur le nombre de donneurs identifiés et indirectement sur le taux de
DO. Les buts de cette enquête sont donc d’établir le niveau de connaissances des infirmières
concernant le DO et de tissus et d’identifier leurs manques à ce niveau-là.
Recension des écrits - Résume-t-elle les connaissances Le chercheur recense les connaissances existantes sur la problématique du DO et souligne le
sur les variables étudiées ? manque de littérature récente au Royaume-Uni au sujet des connaissances et des besoins
éducatifs des infirmières relatifs au DO. En effet, la plupart des études préexistantes
s’intéressent aux attitudes des infirmières dans le processus du DO et à leur variation. Il en
ressort que les attitudes positives sont favorisées par de meilleures connaissances sur le DO.
X Malheureusement, les infirmières manquent de connaissances essentielles liées aux
procédures de prélèvement, à l’identification des donneurs, aux critères de mort cérébrale et
aux soins prodigués aux donneurs. Des programmes éducatifs, introduits dans l’enseignement
de base des infirmières, amélioreraient considérablement les connaissances des infirmières et
ainsi leurs attitudes envers le DO et leur confiance dans l’approche des familles en vue d’un
consentement.
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts L’auteur ne décrit pas clairement les théories ou concepts qui régissent sa recherche.
sont-ils définis ? X
conceptuel
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement Aucune hypothèse n’est clairement formulée. Toutefois, il est sous-entendu qu’un manque de
X
formulées ? connaissances influence l’attitude des professionnels concernant le DO.
-Découlent-elles de l’état des Les hypothèses sous-jacentes découlent de l’état des connaissances actuelles et des
connaissances, théories et X recherches antérieures.
recherches antérieures ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? Le devis est indiqué. Il s’agit d’une enquête avec une méthode de traitement des données
X quantitatives.
Devis de recherche
Population -La description de l’échantillon est- L’échantillon est convenablement détaillé. 31 infirmières (83.3%) travaillant dans un
elle suffisamment détaillée ? département de SI adultes ont participé à l’étude. Leur expérience en SI varie de quelques
et contexte X
semaines à plusieurs années. Les infirmières possèdent des diplômes de différents niveaux
(D à G) dont 67% une spécialisation en SI.
-La taille de l’échantillon est-elle Aucune donnée ne traite de la taille de l’échantillon et de son adéquation avec le contexte.
adéquate par rapport au contexte de X Cependant, elle nous semble adaptée.
la recherche ?

113
Collecte des données -Les instruments de collecte des Les données ont été collectées à l’aide d’un questionnaire comprenant 18 questions
et mesures données sont-ils décrits ? permettant d’identifier les connaissances et les manques éducatifs liés au DO. Cet outil a été
conçu en partenariat avec l’infirmière-cheffe et les coordinateurs locaux de transplantation.
Les questions sont basées sur le travail de Bidigare et Oermann (1991), dans lequel ils ont
X
identifié le manque de connaissances des infirmières sur la gestion du don, la mort cérébrale
et l’approche des familles. D’autres questions ont été conçues pour évaluer les connaissances
des infirmières sur ces thématiques et pour établir une corrélation avec les résultats du travail
de Bidigare et Oermann (1991).
-Les variables à mesurer sont-elles Les variables à mesurer sont décrites et opérationnalisées.
X
décrites et opérationnalisées ?
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle La procédure est expliquée brièvement. 31 des 37 infirmières qui ont reçu le questionnaire
l’étude décrite ? X l’ont complété. Celui-ci comprend des questions ouvertes favorisant la liberté d’expression
ainsi que des questions fermées avec un nombre fixe de réponses. De plus, les participantes
-A-t-on pris les mesures appropriées
ont la possibilité de faire des commentaires supplémentaires pour fournir de plus amples
afin de préserver les droits des
X informations.
participants (éthique) ?
Des mesures appropriées ont été prises pour préserver les droits des participantes. En effet,
les chercheurs ont suivi les recommandations éthiques de la NHS.
Résultats -Des analyses statistiques ont-elles L’auteur utilise une méthode quantitative d’analyse des données. En effet, les résultats de sa
été entreprises pour répondre à X recherche sont exprimés à l’aide de pourcentages.
Traitement des chacune des hypothèses ?
données
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de Les résultats sont présentés dans des tableaux et des figures. Ceux-ci sont commentés et
résultats manière claire (commentaires, directement interprétés à partir de recherches antérieures, d’où l’absence de discussion. Le
tableaux, graphiques, etc.) ? tableau 1 présente le moment du processus durant lequel les familles devraient être abordées
et questionnées sur le DO. La figure 1 concerne le sentiment des infirmières envers le DO, si
X elles l’acceptent ou non et le niveau d’acceptation ou de désaccord. La figure 2 traite de la
préparation pour les soins au donneur potentiel. La figure 3 dévoile le nombre de tissus et de
contre-indications identifiées par les infirmières pour le don de tissus. Au final, les thèmes
principaux ressortant sont le sentiment envers le DO, l’éducation et la préparation dans les
soins au donneur, l’approche des familles, les connaissances sur le DO et de tissus.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils La discussion est, selon nous, intégrée dans la partie résultats car ces derniers sont
interprétés à partir du cadre théorique X interprétés par l’auteur à partir des recherches antérieures. Les éléments suivants sont
Intégration de la et conceptuel, ainsi que des présentés :

114
théorie et des recherches antérieures ? -81% des infirmières ont déjà soigné un donneur d’organes aux SI ; les infirmières de niveaux
concepts F et G ont, quant à elles, déjà toutes soigné un donneur.
-Plus les infirmières ont un niveau de formation élevé, plus elles acceptent le DO.
-Lorsque les infirmières ont une attitude positive envers le DO, elles sont plus susceptibles
d’obtenir le consentement des familles.
-Les aspects négatifs et positifs du don ont été identifiés par les infirmières :
-Les aspects négatifs concernent surtout les proches : conflits, tristesse en cas du rejet du
greffon, décision difficile à prendre et pouvant être regrettée, incompréhension du concept de
mort cérébrale, sentiment de pression et de culpabilité.
-Les aspects positifs soulignent le réconfort apporté aux familles et le fait de « sauver des
vie ».
-La majorité des infirmières ne s’estime pas suffisamment préparées à assumer leur rôle dans
les soins au donneur. Effectivement, des études antérieures soulignent le manque de
connaissances et d’éducation des professionnels de la santé dans les soins aux donneurs
d’organes.
-Améliorer l’éducation concernant le DO et de tissus dans la formation infirmière, effectuer des
journées d’éducation à ce sujet ainsi qu’enseigner des méthodes de communication pour
aborder les familles sont des éléments qui permettraient aux infirmières d’être préparées plus
efficacement à soigner des donneurs potentiels d’organes.
-Un manque de connaissances concernant la notion de mort cérébrale et ses critères a été
détecté et corrélé avec le niveau de formation des participantes. Les infirmières de niveaux
élevés sont plus susceptibles d’expliquer cette notion aux proches ainsi que les examens
diagnostic.
-61% des participantes ont estimé que la demande devait être effectuée après la première
série des tests permettant le diagnostic de la mort cérébrale.
-Un besoin d’apprentissage dans l’approche des familles pour le consentement au don a été
identifié chez les infirmières de tous les niveaux. La majorité sont d’accord de participer à une
journée d’étude sur le DO et de tissus.
-La majorité des infirmières sont contre le concept de consentement présumé.
-Les chercheurs abordent-ils la X Le chercheur ne fournit aucune information concernant la généralisation des conclusions.

115
question de la généralisation des Cependant, le fait que les infirmières manquent de connaissances, de confiance et de
conclusions ? préparation dans le domaine du DO évoque un besoin essentiel de formation et revient dans
plusieurs études récentes.
-les chercheurs rendent-ils compte L’auteur expose les limites de l’étude. L’échantillon est petit et provient d’une seule USI.
des limites de l’étude ? Effectivement, ce dernier devrait être randomisé et inclure plusieurs USI du Royaume-Uni. De
plus, la recherche a été effectuée au sein d’une USI en neurochirurgie comprenant un plus
grand pourcentage de diagnostics de mort cérébrale. Le recours à des entretiens aurait
X permis d’obtenir plus d’informations sur la population. En raison du manque de recherches
récentes, des études de 1990 et plus anciennes provenant pour la plupart des USA ont été
incluses. Du fait des différences sociales, politiques et culturelles existant entre les deux pays,
les études américaines utilisées ne sont pas forcément applicables à la pratique au Royaume-
Uni.
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des L’auteur recommande qu’une vaste étude randomisée soit entreprise pour évaluer pleinement
conséquences de l’étude sur la le niveau de connaissances des infirmières en matière de DO. De plus, d’autres recherches
pratique clinique et sur les travaux de devraient également être réalisées pour examiner le nombre et le type d’établissements de
X
recherche à venir ? formation existants pour les étudiants et les infirmières au Royaume-Uni. Les besoins
éducatifs sont essentiels pour fournir des connaissances et des compétences en
communication pour aider les professionnels de la santé.
Questions générales -L’article est-il bien écrit, bien L’article est bien écrit et structuré et permet une bonne compréhension du contenu de l’étude.
structuré et suffisamment détaillé Toutefois, il manque des informations quant à la procédure et à la méthode d’analyse des
Présentation X
pour se prêter à une analyse critique données. La discussion semble, pour sa part, intégrée dans les résultats.
minutieuse ?
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats Les résultats démontrés par cette étude nous paraissent intéressants et susceptibles d’être
probants susceptibles d’être utilisés utilisés dans la pratique infirmière.
dans la pratique infirmière ou de se X
révéler utiles pour la discipline
infirmière ?
Pertinence -Total de 22 points (1 point/ question) : 18/ 22

116
ARTICLE 10: Approche quantitative
Intensive care nurses’ perceptions of brain death.
Goeff White
Australian Critical Care (2003) 16(1), 7-14, Australia
Peu
Aspects du rapport Questions Oui Non Commentaires
Clair*
Titre -Permet-il de saisir le problème de Le titre permet de cibler le problème de recherche qui concerne les perceptions des
X
recherche ? infirmières en SI concernant la mort cérébrale. Le devis n’est pas cité.
Résumé -Contient-il les principales parties de Le résumé expose le contenu de la recherche et ses principales parties mais sans les
la recherche (par ex., l’introduction, le différencier de manière distincte. Il contient l’introduction, les objectifs, le devis, la méthode de
X
cadre théorique, la méthodologie, recherche et les résultats.
etc.)?
Introduction -Le problème de recherche est-il Le problème de recherche est clairement défini dans l’introduction. Il existe une importante
énoncé clairement ? confusion ou un manque d’acceptation du concept de mort cérébrale chez les infirmières et
Enoncé du problème les médecins. Ce sujet, n’étant encore que peu traité par les scientifiques, constitue la
X thématique de cette étude qui se concentre donc sur les perceptions des infirmières en SI
concernant la mort cérébrale. Problématique importante à étudier car les infirmières jouent un
rôle essentiel dans le processus de DO en fournissant les premiers soins au patient, en
informant et en soutenant ses proches.
Recension des écrits - Résume-t-elle les connaissances L’auteur recense les connaissances existantes sur la problématique étudiée et les manques.
sur les variables étudiées ? Même si les professionnels de la santé sont devenus mieux informés sur le concept de mort
cérébrale, il existe toujours une importante confusion, des malentendus et des perceptions
contradictoires à ce sujet. Les infirmières en SI présentent une incertitude concernant les
X nombreux aspects de la mort cérébrale les rendant parfois incapables d’intégrer ce concept.
De plus, les rares réflexes spinaux encore présents chez certains patients sont parfois
interprétés comme signes de vie par les infirmières. Il est donc important d’étudier les
perceptions de la mort cérébrale détenues des personnes qui y sont confrontées
régulièrement.
Cadre théorique ou -Les principales théories et concepts Le cadre théorique n’est pas précisé et les concepts ne sont pas clairement définis. L’auteur
sont-ils définis ? X souhaite conceptualiser d’une manière cohérente et uniforme la notion de mort cérébrale.
conceptuel

117
Hypothèses -Les hypothèses sont-elles clairement Aucune hypothèse n’est énoncée par les auteurs mais deux questions de recherche. Celles-ci
formulées ? traitent des perceptions de la mort cérébrale chez le patient ventilé présentes chez les
infirmières en SI et des relations existantes entre leurs perceptions et diverses variables
X
(religion, expérience en SI, expérience en lien avec la mort cérébrale, connaissances et
confiance dans les procédures diagnostiques, cadre éducatif, connaissance de la loi
australienne).
-Découlent-elles de l’état des L’objectif de l’étude est défini. Il s’agit d’étudier la manière dont les infirmières en SI perçoivent
connaissances (théories et X la mort cérébrale comme une conception significative de mort.
recherches antérieures ?
Méthodes -Le devis de recherche est-il décrit ? Il s’agit d’une étude naturaliste et descriptive avec une méthode d’analyse des données
X majoritairement quantitative.
Devis de recherche
Population -La description de l’échantillon est- L’échantillon est suffisamment décrit. En effet, 33 infirmières et 7 infirmiers provenant de 7 USI
elle suffisamment détaillée ? ont participé à l’étude. L’échantillon comprend 18 infirmières diplômées d’État (RN), 18
et contexte infirmières cliniciennes spécialisées (CNS) et 4 infirmières responsables (ACN). L’âge moyen
X
des participantes est de 32 ans et leur expérience moyenne en SI varie entre 0 et 5 ans
(62.5% des participantes). 35% des infirmières ont soigné entre 2 à 5 patients en état de mort
cérébrale et 17% entre 11 et 15 patients.
-La taille de l’échantillon est-elle Le chercheur n’a donné aucune précision quant à l’adéquation de la taille de l’échantillon par
adéquate par rapport au contexte de X rapport au contexte. Cependant, l’échantillon semble adapté au cadre.
la recherche ?
Collecte des données -Les instruments de collecte des Les instruments de récolte des données sont définis et expliqués. Des entretiens structurés
et mesures données sont-ils décrits ? d’1h comprenant 38 instructions verbales et non verbales ont été menés. Ceux-ci ont débuté
X
par des questions fermées, puis par des questions posées sur la base de différents items. De
plus, un dossier accompagnait chaque entrevue.
-Les variables à mesurer sont-elles Les variables à mesurer sont décrites et opérationnalisées par les chercheurs à l’aide de
X
décrites et opérationnalisées ? données statistiques.
Déroulement de -La procédure de recherche est-elle X La procédure est décrite par l’auteur. Les participantes ont été sélectionnées volontairement
l’étude décrite ? en répondant à une invitation présentée sur des affiches ou à une annonce parue dans une
revue professionnelle. Un protocole d’entretien structuré, comprenant des instructions
-A-t-on pris les mesures appropriées
X verbales et visuelles, des études de cas, des scénarios hypothétiques et différents types de
afin de préserver les droits des
tâches, a été utilisé pour mener les entrevues. Celles-ci ont été entreprises dans des
participants (éthique) ?
contextes familiers aux participantes pour favoriser leur confort. Les données quantitatives ont

118
été analysées à l’aide de procédures statistiques descriptives standards, de distributions de
fréquence, de tableaux transversaux, de tests Chi-carré, de t-tests, d’analyses de variance
(ANOVA) et discriminatoires.
L’approbation éthique a été obtenue par l’Université et les « Hospital Research Ethics Review
Committes ».
Résultats -Des analyses statistiques ont-elles Des analyses statistiques ont permis à l’auteur de répondre à la problématique, aux
été entreprises pour répondre à X hypothèses sous-entendues ainsi qu’à l’objectif de sa recherche.
Traitement des chacune des hypothèses ?
données
Présentation des -Les résultats sont-ils présentés de Les résultats sont présentés sous forme de tableaux et commentés à l’aide d’items de
résultats manière claire (commentaires, manière claire :
tableaux, graphiques, etc.) ?
-Tableau 1 : expérience des participantes en SI.
-Tableau 2 : expérience dans les soins aux patients en état de mort cérébrale.
-Tableau 3 : description de la mort cérébrale (pour 80% des participantes le patient est
décédé, pour 10% son cerveau est endommagé et entraînera une impotence, pour 10% dans
le coma).
-Tableau 4 : explication de la mort cérébrale aux familles (pour 70% elle est synonyme d’arrêt
des fonctions autonomes, pour 43% de coma prolongé, 43% donnent des explications
X contradictoires et pour 30% le patient n’est pas décédé).
-Tableau 5 : moment du décès du donneur (pour 77.2% le décès survient avant l’opération de
prélèvement, pour 15% pendant, pour 7.5% après).
-Tableau 6 : perceptions de la mort cérébrale (5 catégories allant de l’acceptation totale (25%)
au rejet total (12.5%)).
-90% des participantes estimaient que le patient était déjà décédé en répondant au
questionnaire. Cependant, lors de l’entretien, 30% pensaient que ce dernier était vivant. Les
infirmières moins formées sont plus susceptibles de présenter des perceptions ambiguës et
confuses concernant la mort cérébrale. L’arrêt cardio-pulmonaire était vu par les participantes
comme la notion dominante et fondamentale de mort.
Discussion -Les principaux résultats sont-ils Le fait que le patient en état de mort cérébrale présente une apparence physique d’être vivant
interprétés à partir du cadre théorique X préoccupe les soignants ainsi que les familles, entraînant un conflit entre le diagnostic et
Intégration de la et conceptuel, ainsi que des

119
théorie et des recherches antérieures ? l’apparence donnée par le patient ventilé.
concepts Plusieurs sources d’ambiguïté ont été identifiées concernant la notion de mort cérébrale :
l’importance de distinguer le corps de la personne (organes vivants mais patient décédé), la
mort comme synonyme de mort du cerveau exclusivement ou du patient dans sa totalité par la
perte des fonctions cérébrales, la confusion entre la mort cérébrale décrivant un état actuel du
patient et en même temps un état futur prédit.
La présence des fonctions cardio-pulmonaires représente un signe de vie pour les
participantes qui ont refusé de voir le patient en état de mort cérébrale comme décédé. Cela
témoigne de l’influence de la notion de mort biologique. Cependant, il est important de
comprendre que les fonctions vitales sont soutenues de manière artificielle.
95% des participantes n’ont pas reconnu la procédure de diagnostic de mort cérébrale comme
un test légalement approuvé.
Il est important de ne pas égaler le manque d’acceptation au manque de connaissances
concernant les aspects cliniques de la mort cérébrale.
-Les chercheurs abordent-ils la Le chercheur ne parle pas de la généralisation des conclusions. Cette étude a confirmé le
question de la généralisation des caractère problématique du concept de mort cérébrale, avec une importante confusion et
conclusions ? ambiguïté exprimées par environ la moitié des participantes. Cependant, le manque
X
d’acceptation ne doit pas être assimilé à une ignorance ou une confusion. Un réel problème
de formation et d’éducation des infirmières persiste ne permettant pas d’envisager un
changement conceptuel en faveur d’une acceptation totale de cette notion.
-les chercheurs rendent-ils compte Les limites de l’étude ne sont pas citées par l’auteur.
X
des limites de l’étude ?
Perspectives futures -Les chercheurs traitent-ils des Finalement, l’auteur explique qu’il est important de reconnaître l’existence de ces perceptions
conséquences de l’étude sur la alternatives, de faciliter l’exploration des fondements de celles-ci, de créer des
pratique clinique et sur les travaux de X environnements favorables pour les infirmières vivant ce type de perceptions et de leur fournir
recherche à venir ? des possibilités de les expliquer. Le chercheur ne propose pas clairement de nouvelles pistes
de recherche à approfondir dans de nouvelles études.
Questions générales -L’article est-il bien écrit, bien L’article est bien rédigé et structuré pour permettre une analyse critique de cette étude. Elle
structuré et suffisamment détaillé donne une vision globale des différentes perceptions détenues par les différentes infirmières.
Présentation X
pour se prêter à une analyse critique
minutieuse ?

120
Evaluation globale -L’étude procure-t-elle des résultats L’étude procure des résultats qui peuvent être utilisés dans la pratique infirmières. Cependant,
probants susceptibles d’être utilisés les perceptions sont personnelles et peuvent varier d’une population à l’autre.
dans la pratique infirmière ou de se X
révéler utiles pour la discipline
infirmière ?
Pertinence -Total de 22 points (1 point/ question) : 18/ 22

*Peu Clair : Information incomplète. Explication : Dans le cadre d’une revue de littérature systématique, si l’information fournie dans l’article de recherche par leurs auteurs est incomplète / peu
claire, les reviewers (chercheurs qui effectuent la revue de littérature) prennent contact avec les auteurs de la recherche en vue de clarifier les points manquants.

Références bibliographique : Loiselle, C.G. & Profetto-McGrath, J. (2007). Méthodes de recherche en sciences infirmières. Québec : ERPI

121
Annexe C : Synthèse de l’interprétation des résultats des 10 articles scientifiques

Etude 1 Floden, A., Berg, M. & Forsberg, A. (2011a). ICU nurses‘ perceptions of responsibilities and organisation in relation to organ donation – A
phenomenographic study. Intensive and Critical Care Nursing, 27, 305-316.
Cursus des auteurs RN, MScN, PhD Student, Transplant Coordinator – Professor in Health and Care Sciences, master degree, PhD– RN, PhD, Associate Professor
Devis Étude phénoménographique
Les auteurs identifient différents besoins des infirmières pour se sentir plus efficace et plus à l’aise dans leur rôle lors d’un processus de DO :
-Besoin de connaissances : meilleure compréhension du concept de mort cérébrale, de son diagnostic, des politiques et protocoles nationaux,
régionaux et locaux régissant les tests de mort cérébrale.
Besoins des Besoin de prendre conscience des stratégies de gestion du stress (coping) mobilisées face au donneur potentiel et ses proches.
infirmières d’USI
-Besoin de définir clairement ses responsabilités professionnelles : prendre soin du donneur potentiel pour le bien du receveur, offrir une présence
aux proches, être un modèle pour ses collègues, maintenir les organes dans des conditions optimales, adopter une attitude adéquate et agir au
nom du patient (advocacy).
-Besoin d’information sur les structures organisationnelles : investiguer la structure de l’organisation nationale et locale.
Utilisation de cadres théoriques adéquats pour développer des compétences dans le processus du DO :
-Apprentissage de la notion d’advocacy et des principes qui en découlent en lien avec le DO.
-Prise en soin du donneur potentiel basée sur la théorie de Virginia Henderson (satisfaction des 14 besoins).
Inclusion, dans l’éducation des infirmières d’USI, de notions théoriques au sujet de :
Interventions
-La législation sur le DO en vigueur.
proposées par les
auteurs -Le concept de mort cérébrale et de ces différents diagnostics.
-Les techniques de communication (avec les proches de donneurs potentiels).
Mise en place, dans l’organisation de l’USI dans le cadre du DO, de :
-Un soutien aux infirmières lors de la transition des soins au patient en fin de vie à ceux au donneur potentiel afin de mieux comprendre ses
attitudes.

122
-Un soutien adéquat aux proches de donneurs potentiels.
Selon, les auteurs de cette étude et les recherches antérieures, une amélioration de ces différents aspects permettrait une augmentation du taux de
DO.
Etude 2 Floden, A. & Forsberg, A. (2009). A phenomenographic study of ICU - nurses‘ perceptions of and attitudes to organ donation and care of potential
donors. Intensive and Critical Care Nursing, 25, 306-313.
Cursus des auteurs RN, MScN, PhD Student, Transplant Coordinator – RN, PhD, Associate Professor
Devis Étude phénoménographique
Selon ces deux auteurs, les infirmières présentent différents besoins :
-Besoin d’avoir conscience de ses propres attitudes dans les situations de DO et de leur influence dans la relation avec les proches : « Je ne peux
soulager la souffrance », « Mon devoir et de prendre soin de la vie et non de la mort », « La chose la plus importante est de rester neutre »,
Besoins des « L’ensemble du processus est désagréable » (4 attitudes).
infirmières d’USI
-Besoin de se positionner en faveur de la volonté du patient ; pour ceci, aborder la question du DO.
-Besoin de connaître ses responsabilités et de les assumer afin d’éviter un conflit éthique.
-Besoin d’une équipe d’USI structurée pour mener à bien les procédures de DO.
-Développer une attitude proactive qui favorise une bonne posture professionnelle dans le processus du DO.
Interventions
proposées par les -Adopter une attitude de respect, d’honnêteté et de dignité dans la relation avec le donneur potentiel et ses proches.
auteurs
-Mettre en place un programme d’intervention pédagogique afin d’augmenter les compétences et les connaissances des infirmières d’USI.
Etude 3 Meyer, K. & Bjork, I. T. (2008). Change of focus : from intensive care towards organ donation. European Society for Organ Transplantation, 21, 133-
139.
Cursus des auteurs MSc, RN, ICN, Transplant Coordinator – PhD, RN, Professor
Devis Étude qualitative (sans précision)
Différents besoins infirmiers émanent de cette recherche :
Besoins des
-Besoin de collaboration au sein de l’équipe des SI : compréhension de la situation, stratégie d’équipe pour aborder et informer les proches.
infirmières d’USI
-Besoin d’un environnement de travail basé sur le soutien et le respect mutuel afin de faciliter les discussions sur les intentions post mortem.

123
-Besoin de définir les responsabilités de chaque professionnel dans le processus de DO.
-Besoin d’un soutien dans la détection des donneurs potentiels et dans l’organisation du processus de DO.
-Besoin de connaissances et de compétences afin de créer une relation de confiance avec les proches.
-Besoin d’échanger sur leur vécu et sur le déroulement des situations de DO.
-Instaurer un programme proactif de détection des donneurs potentiels dans les USI.
-Introduire des directives officielles dans les hôpitaux donateurs concernant le type d’informations à donner aux proches et le moment idéal pour les
transmettre.
Interventions
proposées par les -Définir des protocoles et mettre en place des systèmes de contrôle de qualité.
auteurs
-Favoriser une éducation systématique et répétée au travers de cours en milieu hospitalier afin d’améliorer et maintenir les connaissances et les
compétences des professionnels. Ces cours porteront en autre sur le DO, la transplantation et la communication avec les proches.
-Instaurer des moments de débriefing pour de permettre le partage des connaissances entre professionnels.
Etude 4 Floden, A., Persson, L.-O., Rizell, M., Sanner, M. & Forsberg, A. (2011b). Attitudes to organ donation among Swedisch ICU nurses. Journal of
Clinical Nursing, 20, 3183-3195.
Cursus des auteurs RN, MScN, PhD Student, Transplant Coordinator – PhD, Associate Professor – MD, PhD – DMSc, PhD, Associate Professor – RN, PhD, Associate Professor
Devis Étude quantitative (sans precision)
Divers besoins infirmiers ressortent de cette étude :
-Besoin de confiance dans le diagnostic clinique de mort cérébrale lorsque l’angiographie cérébrale de confirmation n’est pas effectuée.
-Besoin de connaissances sur les différentes formes de mort.
-Besoin de prendre conscience de leurs attitudes (neutre, proactive) envers le DO et de confiance dans la capacité des médecins à poser le
Besoins des
diagnostic.
infirmières d’USI
-Besoin d’exprimer leur ressenti face à la lourde charge émotionnelle induite par la prise en soins d’un donneur potentiel et par l’accompagnement
simultané des proches.
-Besoin de respecter le droit d’autodétermination du patient.
-Besoin de connaissances sur la législation actuelle.

124
-Besoin de clarté organisationnelle et de politique commune dans les différentes USI.
-Besoin de meilleures compétences communicationnelles pour annoncer le décès du patient à ses proches.
Les auteurs ressortent diverses pistes d’amélioration :
-Éducation au diagnostic de mort cérébrale et aux soins des donneurs potentiels pour tous les étudiants en formation en soins infirmiers intensifs.
-Formation axée sur la rencontre des personnes en situation de crise et douloureuse et sur l’annonce des mauvaises nouvelles aux proches afin
Interventions d’apporter un certain soulagement aux infirmières impliquées dans le processus.
proposées par les -Réflexion, soutien professionnel et supervision pour aider les infirmières à mieux gérer la tâche difficile qu’est la prise en soin d’un donneur
auteurs potentiel.
-Enseignement sur la législation en vigueur concernant le DO et la manière de l’appliquer dans la pratique.
-Utilisation du modèle de Luft et Ingham (1955) nommé « fenêtre de Johari » ou « modèle de la connaissance de soi » pour prendre conscience de
ses modes de communication connus ou inconnus dans le but de développer une meilleure compréhension entre les membres de l’équipe d’USI.
Etude 5 Roels, L., Spaight, C., Smits, J. & Cohen, B. (2010). Critical Care staff’s attitudes, confidence levels and educational needs correlate with countries’
donation rates: data from the Donor Action database. European Society for Organ Transplantation, 23, 842-850.
Cursus des auteurs Docteurs
Devis Étude de cohorte
Les conclusions de cette étude au sujet des besoins des infirmières sont :
-Besoin de comprendre et d’accepter le concept de mort cérébrale comme diagnostic valable de la mort.
Besoins des -Besoin d’identifier les obstacles socioculturels et religieux qui influencent les performances de DO.
infirmières d’USI
-Besoin de prendre conscience de leurs attitudes envers le DO, de leur niveau de confiance envers le concept de mort cérébrale et envers les
tâches liées au DO.
-Besoin d’un niveau éducatif adéquat.
-Instaurer des feedbacks réguliers des cas de succès et de problèmes de transplantation afin d’atténuer les fausses idées.
Interventions
proposées par les -Renforcer la confiance dans la relation avec les proches par la formation et le partage de l’expérience entre les professionnels des USI.
auteurs
-Introduire des ateliers interactifs animés par des formateurs qualifiés et des psychologues pour répondre aux besoins éducatifs des professionnels.

125
Etude 6 Meyer, K., Bjork, I. T. & Eide Hilde. (2012). Intensive care nurses’ perceptions of their professional competence in the organ donor process: a
national survey. Journal of Advanced Nursing, 68(1), 104-115.
MSc, RN, ICN, Transplant Coordinator – PhD, RN, Professor - MA Psych, PhD, RN, Associate Professor
Cursus des auteurs
Enquête transversale
Devis
Au travers de leur étude, les auteurs mettent en avant de façon directe ou indirecte plusieurs besoins des infirmières des SI pour améliorer
l’efficacité de leur rôle dans le processus de DO :
-Besoin d’une formation équivalente dans tous les hôpitaux du pays (régionaux, universitaires et autres types d’hôpitaux).
-Besoin de connaissances (théoriques, pratiques et éthiques) sur le fonctionnement du processus de DO et sur le diagnostic de mort cérébrale.
-Besoin de prendre conscience de ses perceptions concernant ses propres compétences dans le domaine du DO.
-Besoins éducatifs prioritaires : l’annonce de mauvaises nouvelles, la gestion du passage des soins au donneur potentiel à ceux au donneur réel, le
traitement médical et l’obtention du consentement au DO.
Besoins des
infirmières d’USI -Besoin de connaissances pour augmenter la confiance dans le processus de DO.
-Besoin de définir correctement et logiquement le rôle de chaque professionnel (infirmière expérimentée, moins expérimentée) impliqué dans le
processus de DO.
-Besoin d’expérimenter les soins au donneur potentiel et l’approche de la famille.
-Besoin de soutien et de compréhension au sein de l’équipe et entre collègues.
-Besoin de s’exprimer sur son vécu des soins au donneur potentiel et de la relation avec les proches.
-Besoin de connaissances pour répondre aux besoins d’information des proches au cours du processus de décision.
Les pistes d’action proposées par les auteurs sont les suivantes :
-Améliorer les compétences professionnelles par une éducation de base procurée en milieu hospitalier, par des discussions au sein du service
Interventions favorisant la réflexion et par la lecture de la littérature scientifique au sujet du DO.
proposées par les
-Maintenir les connaissances et les compétences ainsi que les développer de manière continue grâce à des séminaires (cours sur le DO).
auteurs
-Renforcer la collaboration entre médecins et infirmières (également entre les différents hôpitaux) afin de palier au manque de connaissances.
-Permettre la transmission du savoir des collègues expérimentés au reste de l’équipe grâce à des moments d’échange.

126
-Faire participer les infirmières moins expérimentées au processus de DO mais pas en tant que professionnel prioritaire.
-Se soutenir entre collègues et permettre une communication respectueuse des opinions d’autrui au sein de l’équipe.
-Favoriser la compréhension mutuelle au sein de l’équipe grâce à des moments de partage.
-Instruire les infirmières sur le diagnostic de mort cérébrale, les principes de préservation des organes, la législation, les procédures et le
fonctionnement du DO pour leur permettre de répondre au besoin d’informations des proches ; les moyens proposés pour fournir cette instruction
sont les séminaires, un enseignement hospitalier de base, des cours online ou encore des groupes de réflexion.
-Renouveler tous les 6 mois l’éducation au DO.
Etude 7 Oroy, A., Stromskag, K. E. & Gjengedal, E. (2013). Approaching families on the subject of organ donation: A phenomenological study of the
experience of healthcare professionals. Intensive and Critical Care Nursing, 29, 202-211.
Cursus des auteurs MD, PhD, Professor, RN, PhD, Associate Professor
Devis Étude herméneutique phénoménologique
Cet article met en avant certains besoins infirmiers :
-Besoin de reconnaître et cibler le moment propice pour aborder les proches au sujet d’une demande de DO.
Besoins des
infirmières d’USI -Besoin de développer des compétences telles que l’écoute, l’empathie, la vigilance et la concentration, des capacités communicationnelles afin de
créer un dialogue avec les proches permettant de percevoir le moment propice pour faire une demande.
-Besoin de remise en question et de temps de réflexion lors d’un rejet d’une demande de DO.
Interventions Mettre en place des stratégies pour aborder les proches au sujet d’une demande de DO telle que l’approche en deux temps (annonce du décès
proposées par les puis plus tard demande de don). Ceci permet une augmentation du consentement des proches.
auteurs
Etude 8 Smudla, A., Mihaly, S., Okros, I., Hegedus, K. & Fazakas, J. (2012b). The attitude and knowledge of intensive care physicians and nurses regarding
organ donation in Hungary – It needs to be changed. Ann Transplant, 17(3), 93-102.
Cursus des auteurs Docteurs (MD, PhD)
Devis Étude transversale

Besoins des Les principaux besoins des infirmières de SI mis en avant par cet article scientifique sont :
infirmières d’USI -Besoin d’une harmonisation du niveau de formation dans les différents types d’hôpitaux.

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-Besoin de vivre un processus de DO afin de gagner en expérience.
-Besoin d’être impliquée dans le processus de DO afin d’augmenter ses connaissances. En effet, l’activité de don est plus haute chez les personnes
mieux formées. Notre hypothèse est que les autres professionnels, avec moins d’expérience et de savoir à ce sujet, sont mis à l’écart et moins
impliqués.
-Besoin pour certaines infirmières d’améliorer leurs connaissances au sujet de la législation.
-Besoin d’éducation et de formation interdisciplinaire avec les médecins.
-Besoin d’être mieux former sur la gestion du DO et d’être motivée à participer à une formation.
-Besoin de meilleures compétences communicationnelles et de connaître l’impact de sa communication sur l’état psychologique des proches à long
terme.
-Introduire des cours obligatoires et de perfectionnement sur la mort cérébrale, la gestion du don et la communication avec les proches.
-Augmenter la coopération entre médecins et infirmières afin d’améliorer l’éducation des infirmières et la formation interdisciplinaire avec les
médecins.
-Améliorer l’efficacité de l’équipe de SI grâce à l’instauration de protocoles pré établis sur la gestion du DO.
Interventions -Améliorer les attitudes des professionnels, la communication avec les proches, la gestion du don et l’identification des donneurs potentiels par la
proposées par les formation.
auteurs
-Prévenir les processus psychologiques négatifs des soignants et des proches à l’aide de « The Pyramid Intervention ».
-Développer les compétences individuelles à l’aide du « The VIDEO model ».
-Utiliser le HELLP concept afin de favoriser une communication adéquate pour soutenir les proches.
-Développer un réseau de soutien social pour aider les proches à surmonter le deuil.
Etude 9 Collins, T. J. (2005). Organ and tissue donation: a survey of nurse’s knowledge and educational needs in an adult ITU. Intensive and Critical Care
Nursing, 21, 226-233.
Cursus des auteurs Docteur
Devis Enquête
Besoins des Différents besoins ressortent de l’article :
infirmières d’USI

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-Besoin de connaissances afin de pouvoir davantage expérimenter les soins au donneur potentiel.
-Besoin de prendre conscience de son attitude envers le DO afin de développer une attitude positive pour obtenir le consentement des proches.
-Besoin de s’interroger sur les aspects négatifs et positifs du DO.
-Besoin de connaissances et d’expérience dans le but d’être mieux préparée à assumer son rôle dans les soins au donneur.
-Besoin de connaissances concernant la notion de mort cérébrale et ses critères ainsi qu’en communication.
-Besoin d’apprentissage pour approcher de manière appropriée les familles lors d’une demande de don.
-Améliorer l’éducation des infirmières concernant le DO et de tissus dans la formation au travers de journées d’éducation.
Interventions -Enseigner des méthodes de communication pour aborder les familles afin de préparer efficacement les infirmières aux soins du donneur potentiel.
proposées par les
auteurs -Explication de notions théoriques sur la mort cérébrale par les infirmières expérimentées aux autres infirmières.
-Organiser des journées d’étude sur le contexte du DO et de tissus.
Etude 10 White, G. (2003). Intensive care nurses’ perceptions of brain death. Australian Critical Care, 16(1), 7-14.
Cursus des auteurs BAppSci (RMIT), DipEd Med, Stud, PhD
Devis Étude naturaliste descriptif
Quelques besoins ont été identifiés dans cette étude :
Besoins des -Besoin de connaissances sur les aspects cliniques de la mort cérébrale afin de lever l’ambiguïté existant entre l’apparence physique du donneur et
infirmières d’USI son diagnostic de mort.
-Besoin de prendre conscience de ses perceptions concernant l’état de mort cérébrale et de leurs fondements.
-Discuter des différentes sources d’ambiguïté concernant la notion de mort cérébrale : distinguer le corps de la personne (organes vivants grâce à
Interventions des moyens artificiels, mais patient décédé), comprendre la définition de la mort cérébrale en tant que synonyme de mort du patient dans sa totalité.
proposées par les
-Instruire les professionnels sur les aspects cliniques de la mort cérébrale.
auteurs
-Créer des environnements favorables pour les infirmières vivant des perceptions contradictoires afin de leur fournir la possibilité de les expliquer.

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Liens entre les études scientifiques analysées
À l’exception de l’étude 2, toutes rapportent un manque de connaissances sur le concept de mort cérébrale et le processus de DO lié principalement à une formation
insuffisante.
Le besoin de définir les responsabilités infirmières dans le processus de DO est repris dans les études 1, 2, 3 et 6.
Les études 1, 2 et 4 portent leur intérêt sur l’organisation dans le processus de don.
L’importance d’investiguer ses attitudes, ses perceptions et leurs influences sur le DO est soulignée dans les études 2, 4, 5, 6, 9 et 10.
Le besoin de collaboration, d’échange et de soutien au sein de l’équipe interdisciplinaire des SI est traité dans les études 3, 4, 5, 7, 8,
Un besoin de communication est rapporté dans les études 3, 4, 5, 6, 8 et 9.
Les études 5, 8 et 9 relatent le besoin des infirmières d’exercer et de pratiquer les tâches liées au processus de DO.

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Annexe D : Diagnostic de la mort dans le contexte de la

transplantation d’organes (ASSM), p. 5-7 et p. 21-25

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