Chadil Rizqi
Chadil Rizqi
Chadil Rizqi
EN MANAGEMENT DE LA SANTE
FILIERE : SANTE DE FAMILLE ET SANTE COMMUNAUTAIRE
PROMOTION : 2017-2019
Je remercie aussi ma femme et mes trois anges pour leurs soutiens et leurs
compréhensions.
Je dédie ce travail à la mémoire de mon père et mes deux frères, à ma mère,
mes frères et mes sœurs et à tous les membres de ma famille.
RESUME
MATERIEL ET METHODES : Une étude descriptive, a été menée auprès des médecins
généralistes exerçant dans les ESSP de la préfecture de Skhirat-Témara, entre Mai et Juillet
2019. Les données ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire préalablement testé et auto-
administré à l’ensemble des 87 MG.
RESULTATS: quatre vingt sept pour cent des médecins ont répondu à notre
questionnaire, dont, 68% exerçaient en milieu urbain, 22% en milieu rural. L’âge moyen des
participants était de 50 +/- 5,72 ans. 66% étaient de sexe féminin. Ils avaient une moyenne
d’années d’expériences de 20,9 +/- 4.5 ans. 93% avaient suivi leurs études médicales au
Maroc. Soixante douze pour cent des répondants n’arrivaient même pas à définir le droit
médical, 31% avaient confondu le droit médical et la médecine légale. La majorité des
participants (91%) avaient déclaré que leur niveau de connaissances en droit et
responsabilité médicale est faible et affirmaient n’avoir jamais reçu de formation juridique
ni durant le cursus des études médicales, ni dans le cadre de la formation continue.
Concernant la responsabilité médicale, 5% exerçaient la médecine depuis plus de 20 ans sans
être inscrits dans le tableau d’ordre des médecins, 74% ignoraient que cela pouvait engager
leur responsabilité. Pour la modification de la pratique professionnelle, 40 % répondaient
prescrire plus d’examens biologiques et radiologiques, 54% adressaient à un spécialiste et
ii
36% adressaient plus aux urgences. Plus de la moitié des médecins refusaient de faire
certains actes techniques qu’ils réalisaient auparavant, 37% étaient plutôt d’accord sur le fait
qu’il est de plus en plus difficile de se fier à son jugement clinique plutôt que de se fier aux
examens complémentaires par rapport au début de leur exercice. Les médecins interrogés
rapportaient aussi une augmentation significative du niveau de la crainte d’une poursuite
judiciaire, 21% avaient reçu des plaintes, 71% craignaient des répercussions sur la vie
personnelle 59%avaient peur d’une remise en cause professionnelle. La totalité des médecins
(97 %) avaient exprimé leur souhait pour la formation en droit et responsabilité médicale.
CONCLUSION: A la lumière de ces données, le médecin généraliste/ médecin de famille a
des connaissances modestes en droit et responsabilité médicale suite à une formation
lacunaire, ces résultats soulignent clairement la nécessité d’intégrer des modules de droit et
responsabilité médicale dans les cursus des études médicales, et accorder beaucoup d’intérêt
au développement personnel continu en la matière.
MOTS CLES droit médical, responsabilité médicale, connaissances, risque judiciaire,
médecin généraliste
iii
ABSTRACT
RESULTS: 87.3% of the doctors answered our questionnaire, of which 68% exercised in
urban areas, 22% in rural areas. The average age of participants was 50 +/- 5.72 years. 66%
were female. They had an average of 20.9 +/- 4.5 years of experience. 93% had followed their
medical studies in Morocco. 72% of respondents could not even define medical law, 31%
confused medical law and forensics. The majority of participants (91%) reported that their
level of knowledge of law and medical liability is low and stated that they had never received
any legal training either during the medical school curriculum or as part of continuing
education. As for medical liability, 5% had been practicing medicine for more than 20 years
without being included in the doctor order table, 74% did not know that this could engage
their responsibility. For the modification of the professional practice 40% answered to
prescribe more of biological and radiological examinations, 54% addressed to a specialist and
36% addressed more to the emergencies, More than half of the doctors refused to do certain
technical acts that they realized previously 37% were somewhat in agreement that it is
increasingly difficult to rely on clinical judgment rather than relying on complementary
iv
exams from the beginning of their careers. Physicians surveyed also reported a significant
increase in the level of fear of prosecution, 21% received complaints, 71% feared
repercussions on their personal lives, 59% were afraid of professional challenge. All
physicians (97%) had expressed their wish for training in law and medical liability.
CONCLUSION: The general practitioner / family doctor has modest knowledge in law and
medical responsibility following incomplete training, these results clearly underline the need
to integrate modules of law and medical responsibility into the curricula of medical studies,
and to give much of interest to continuous personal development
KEY WORDS: medical law, medical liability, knowledge, judicial risk, general practitioner.
v
ملخص
مقدم :ا تسم ل رسة ل بية ار شوالية ،ر ت ع الع لخاقة قرنانة سلة .نه ل رنا ل ذ ي ا
ل بيةب ك ي ها ل ذ ي ي ع ةه ل م ا ل ذ ي ب أ يسح اه .ن ه ى ل بيةب ل ش ف ل ا م في ل رنا
ل بيي اةسةشرب ف ل النةن ل صاص ل رنانة ل س تيةن ه م ر ح ت خ ه ؟
حر ةر تيق ل شاق اةن ل بيةب ل يض أااي ،لصيح ل رنا يس خ او مسزلي في ل رسة ل بية كذ ك نفس
" ب مساجس من ل ويء ار مي جر ل رنا ،ك ر ل ل عر ى ل رية ض لأ يرء في تزلي ممس ،م ر ل ى
ل رنا " ل لء ك ه ل مر ل م ا ل ذ يسي ر لأ يرء ل ذين يالج ا خب ل قرنانةر شة ر ؟ جرءت سلةس ر اصف ممساى
ل ش ف ى لأ يرء في ل رنا ل بيي ل م ة ل بية ،ل سح ق من ة ا لأ يرء ل رسةةن في م ةمرت ل عري
ل صحة لأ ة اش ر ل ص ة لت ت رسة ت ر ل ر ل رية .
المنهجي :أج يت سلة صفة ى لأ يرء ل شرمةن ل ذين ي رسةا في م ةمرت ل عري ل صحة لأ ة اش ر
ل ص ة لت ت رسة مر اةن مريا يا ةا .2019ت ج ع ل يةرنرت ارةس ل لةسيةر ت لخسيرس ممي ًر تا يشه ع ج ةع
لا يرء ل ير غ ع ه 87
ألخاص ل بيةب ل شر /يةب لأة ة يه مش ف مسالضش في ل رنا ل م ة ل بية اش ت سيب غة كرم ،هذ
مج ح لت ل رنا ل م ة ل بية في م رهج ل سلةرت أ بية عبري ر ل ثة من ل سريج ت ك ااضا ل حرج
لا اي في ل س اين ل و صي ل مس .
رية ،ل بيةب ل شر ل ر ة ل بية ،ل شرسف ،ل الرئيسي ل رنا ل بيي ،ل م الكلما
vi
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ……………………………………………….……….…..…....1
OBJECTIFS DE L’ETUDE…………………………………………………….….…...4
1- Devoirs de la science…………………………………………………….……..…………8
2- Devoirs de la conscience………………………………..………………………..…….…9
3- Devoirs de la confiance……………………………………………….……..…………..11
1-Evolution de la médecine………………………………………………………………....12
1- La responsabilité civile…………………………………………………...............22
2- La responsabilité administrative ……………………………………….…….……22
3- La responsabilité pénale…………………………………………….……………..23
vii
4- La responsabilité ordinale………………………………………………………....25
MATERIAL ET METHODES
1- Site de l’étude………………………...…………………………………………….29
2- Design de l’étude………………………………………………………………...…29
3- Population cible…………………………………………………………………….29
4- Echantillonnage…………………………………………………………………….30
5- Période de l’étude…………………………………………………………..………30
6- Collecte des données……………………………………………………….………30
7- Analyse des données………………………………………………………………..30
RESULTATS
1- Taux global de réponse………………………………………….………………..32
2- Données socio démographiques………………………………………………..…..32
2.1 Sexe des participants………………………………………………….………..32
2.2 Age des participants…………………………………………………….……...33
2.3 Année d’obtention du diplôme des participants….…………………………….33
2.4 Milieu de travail des participants……………………………………...……….34
2.5 Expérience professionnelle des participants……………………………………34
2.6 Formation de base des participants……………………………………………..35
2.7 Spécialité des participants…...…………………………....……………………35
viii
5- Comportement des Médecin et risque judiciaire………………………………….. 42
5.1 Modification de la pratique des médecins exerçant dans les ESSP……….…..42
5.2 Niveau d’appréhension d’une plainte……………………………………….….42
5.3 Les plaintes…………………………………………………………………….45
5.4 Les craintes des médecins………………………………………………………46
DISCUSSION……………………………………….…………………..……….…..……47
LIMITES DE L’ETUDE……………………………………………………...………..55
RECOMMANDATIONS………...……………………………………..…………..….57
CONCLUSION…………………………………………………………………….…….60
BIBLIOGRAPHIE .…………………………………………………………………….62
ix
LISTE DES ABREVIATIONS:
CA : Cour d’Appel
CC : Cour de cassation
MG : Médecin Généraliste
MF : Médecin de Famille
TA : Tribunal administratif
TC : Tribunal de commerce
x
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Appréhension d’une plainte par les médecins en début d’exercice et
actuellement ……………………………………………………………..44
Graphique 6 Répartition des participants selon le lieu formation médicale de base …..…35
Graphique 11 Réponses des participants sur la non assistance à une personne en danger….37
Graphique 12 Réponses des participants sur la loi qui organise l’exercice de la médecine..38
xi
Graphique 18 Attitudes des participants en cas de refus des soins………………………….41
Graphique 22 différentes craintes des médecins par rapport à une procédure judiciaire …...46
Témara
ANNEXE n°2 : Questionnaire distribué aux médecins généralistes exerçant dans les ESSP de
la Préfecture De Skhirat-Témara
xii
INTRODUCTION
0
La médecine repose sur un savoir technique et spécialisé qui semble exclure la
soumission à des règles hétéronomes [1]. Pour autant, l’exercice de la médecine n’est pas
abandonné à l’arbitraire, mais il obéit à des règles morales et légales bien établies. C’est la loi
qui constitue le médecin en tant que professionnel et c’est elle qui lui dicte le comportement
qu’il doit adopter.
La responsabilité médicale est le fait d’assumer les conséquences d’un acte médical « tout
médecin est responsable de chacun de ses actes ». Le but de la responsabilité médicale
consiste à instaurer un équilibre entre deux besoins impératifs de sécurité légitime, mais
difficilement conciliables, d’une part par un besoin de sécurité pour le médecin pour lui
permettre de développer la maitrise de son art et faire progresser la science médicale sans
céder à la crainte et la panique qui peuvent scléroser son activité. D’autre part, un besoin de
sécurité nécessaire pour le patient qui est en droit d’exiger plus de garantie, plus de protection
contre tout ce qui peut porter atteinte à son intégrité physique ou morale y compris les actes
dont il a nécessairement besoin.[2]
La relation médecin-patient était auparavant de nature paternaliste. Cette relation était fondée
sur le principe de bienfaisance à l’égard de celui qui était en état de faiblesse, par sa maladie
et son ignorance. Le médecin soutenait et protégeait son patient qu’il déchargeait de la
responsabilité de décision. Le patient, de son côté, faisait entièrement confiance à son
médecin. Mais ce modèle paternaliste n’est plus satisfaisant. L’évolution socio-culturelle et
médicale a modifié le comportement des patients et des médecins faisant évoluer cette
relation vers un modèle alternatif, celui de l’autonomie ou de l’autodétermination du patient.
Le patient est entièrement informé par un médecin qui est son égal, et il est responsable des
décisions thérapeutiques qui le concernent. [3]
Les progrès de la médecine ont entrainé, de la part des patients, une demande sécuritaire de
l’acte, d’autant plus forte, que les drames tels que l’affaire du sang contaminé et Médiator,
ont provoqué une crise de confiance globale vis-à-vis de la médecine et des médecins [4]. Du
fait de la médicalisation de la société, avec l'accès direct par internet aux connaissances
médicales, le patient devient plus éclairé, documenté, exigeant et critique face au savoir
médical [5].
1
Ces changements ont provoqué une « altération » de la relation entre le médecin et le
malade. Cette évolution a été à l’origine de l’émergence du phénomène de la «
judiciarisation » et la « juridicisation » de la médecine. Les médecins sont poursuivis de
manière croissante devant les tribunaux, donc on a assisté à une « intervention croissante des
juges (du droit) dans le contrôle de la régularité des actes médicaux. [6] Confier aux juges le
soin, pour reconnaître la responsabilité d'un médecin, d'affirmer sa faute, est une solution
difficile, et donc imparfaite. C'est pourtant la seule concevable. [7] La judiciarisation revêt
donc un caractère péjoratif lorsqu’elle traduit« un recours abusif des malades aux
tribunaux ». [8]
La loi est devenue incontournable dans l’exercice de l’activité médicale vécue comme une
contrainte par le médecin. [6] Le médecin détient-t-il les connaissances nécessaires pour
appréhender cette loi afin de vaincre cette phobie et se libérer de ce risque judiciaire
imminent ? Alors que ce risque judicaire peut conduire à un comportement d’évitement
«médecine défensive » qui peut être nocif aussi bien pour le médecin que pour le patient. [10]
En Pologne, une étude qui visait à évaluer les connaissances des médecins internistes et les
pneumologues en matière du droit médical, a affirmé que les médecins ont une insuffisance
de connaissance en droit médical, qui se traduit par une mauvaise qualité des services fournis,
ce qui les exposent à des risques de responsabilités. [11] Une autre étude Canadienne a
conclu que les résidents de médecine de famille ont une confusion dans les connaissances
médico-légales. [12] Parmi les répondants, selon une étude lituanienne seulement 49,3 % se
sont révélés bien renseignés sur les questions d'ordre juridique. [13]
Au Maroc, on constate dernièrement une augmentation des plaintes et des procès mettant en
cause les médecins. En effet « de nos jours, la mise en cause judiciaire du médecin dans
l’exercice de sa profession est devenue de plus en plus fréquente » [2]
2
Après une recherche dans la littérature, aucun travail n’a été réalisé dans ce sens. Ceci nous a
conduit à mener le présent travail auprès des médecins généralistes et médecins de famille
œuvrant dans les ESSP pour explorer leurs connaissances en matière de droit et de
responsabilité médicale ainsi que l’impact du risque judicaire sur leurs attitudes et leurs
comportements.
3
LES OBJECTIFS DE L’ETUDE
Cette étude a pour objectif principal d’évaluer les connaissances des médecins en
matière de droit et de responsabilité médicale. Le but de notre étude est l’amélioration de ces
connaissances, pour faire de la loi une source et un outil de prise de décision et de libérer
les médecins du risque judiciaire qui peut être une force inhibitrice dans la pratique médicale.
-Vérifier les attitudes et comportements des médecins exerçant dans les ESSP destinées à
éviter le risque judicaire
4
CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE
I. CADRE COCEPTUEL
La médecine est un métier noble qui vise à préserver la santé des individus au sein de la
communauté et de la société. La relation médecin/patient a dépassé le modèle paternaliste
d’un médecin puissant par son savoir et un malade affaibli par sa souffrance, vers une auto
détermination et un « équilibre » entre un usager de service et un prestataire de soins. Cette
relation de soins basée sur la confiance et la confidence, est encadrée par l’ethique et la
déontologie.
Partant du principe « nul n’est censé ignorer la loi », tout médecin praticien est obligé
d’avoir en plus des connaissances médicales, des connaissances juridiques en lien étroit
avec la pratique de la profession médicale. Ces connaissances en droit et responsabilité
médicale constituent une source de prise de décision dans des situations auxquelles le
médecin généraliste/ médecin de famille est toujours confronté, à savoir le refus de soins,
les agressions physiques et sexuelles, les sévices à enfants …..Le cas échéant, l’insuffisance
de connaissances et la judiciarisation croissante de la médecine ont engendré chez le
médecin un sentiment d’insécurité juridique, ce qui pousse le médecin à chercher une
protection devant ce risque judicaire, en adoptant un comportement d’évitement d’où une
dérive vers une médecine plutôt défensive.
Tout ces concepts ; le droit médical, la responsabilité médicale et la médecine défensive ont
été bien détaillés par la suite
5
Modèle conceptuel :
Droit
PATIENT
Santé Ethique
protection déontologie
confiance
SOCIETE MEDECIN
Droit et
obligation
La loi Responsabilité
6
II. DEVOIRS DU MEDECIN GENERALISTE / MEDECIN DE FAMILLE
Selon l’arrêt Mercier, « le médecin doit donner des soins n’est pas quelconques mais
consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises et/ou actuelles de la science».
Chaque médecin généraliste/ médecin de famille, érudit et compétent est tenu de connaitre
ses devoirs qui, sont donc ceux de la science, de la conscience et de la confiance.
Le médecin de famille/ MG doit faire appel à toutes les ressources des sciences médicales
pour les appliquer d’une manière adéquate à ses patients. En acceptant de soigner ces
derniers, il s’engage à leur donner des soins attentifs consciencieux et conformes aux données
acquises et actuelles de la science.
Ce sont ceux qui ont dépassé le stade de l’expérimentation scientifiques pour entrer dans la
pratique courante.
7
collègue plus compétent que lui ou à faire orienter le patient vers une institution qui dispose
des moyens médicaux nécessaires »[2].
Il faut donc encourager le développement professionnel continu dont le but est d’assurer les
compétences professionnelles du praticien.
En France la loi du 4 mars 2002, qui relance le dispositif de FMC, stipule que:« la FMC a
pour objectif le perfectionnement des connaissances et l’amélioration de la qualité des soins et
du mieux-être des patients, notamment dans le domaine de la prévention, ainsi que
l’amélioration de la prise en compte des priorités de santé publique ». Les formations
médicales continues « sont censées permettre l’amélioration des savoir, des savoir-faire et/ou
des savoir-être des médecins. De cette amélioration, il est attendu un progrès dans la qualité
et/ou l’efficience des pratiques des médecins » [6]
« Dans l’exercice de l’art médical la conscience joue un rôle essentiel. Le médecin ne prend
que les décisions dictées par sa science et sa conscience. Il doit donner ses soins avec la même
conscience à ces patients quelles que soient leurs origines, leurs mœurs, leurs situations de
famille, leurs appartenances ou non appartenances à une nation ou une religion quelles que
soient leurs handicaps, leurs états de santé ou leurs caractéristiques génétiques, leurs
réputations ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard ». L’article 6 du code de
déontologie marocain (CDM) stipule que : le médecin doit soigner avec la même conscience
tous ses malades loin de toute discrimination de quelque nature qu’elle soit notamment due à
l’age, au sexe, au genre, à la couleur, aux croyances religieuses ou politiques, à la culture, à
l’appartenance sociale à la langue, à l’handicap, ou quelque situation personnelle que se soit.
[2]
8
2-1 Le principe
L’article 431 du code pénal marocain CPM dispose que : « quiconque s’abstient
volontairement à porter secours à une personne en péril l’assistance que sans risque pour lui ni
pour les tiers, il pouvait lui prêter par son action personnelle soit en provoquant un secours,
est puni de l’emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une amende de 200 à 1000
dirhams ou de l’une des deux peines seulement ».
Le fait de ne pas porter secours concerne plus les médecins en raison de leurs devoirs moraux
et professionnels. Le médecin a une position privilégiée dans l’exposition de ce délit et la
jurisprudence montre bien cette évidence dans les dernières années.
Cette obligation d’agir est encore plus que jamais de mise chez le médecin dont la fonction est
de veiller à la sauvegarde des vies humaines [2].
Le médecin de famille doit veiller personnellement à la continuité des soins qu’il prodigue,
l’interruption abusive des soins constitue une grave faute professionnelle. Le médecin ne peut
sciemment et sans motif légitime interrompre un traitement en cours sans avoir pris au
préalable toutes les dispositions en vue d’assurer la continuité des soins par un autre praticien.
Tout médecin est dans l’obligation de donner des soins consciencieux, attentifs et conformes
aux données acquises et/ou actuelles de la science, ceci lui impose de faire le bon diagnostic,
de demander les bons examens complémentaires, de préconiser la thérapeutique adéquate.
9
3. les devoirs de la confiance
Selon le professeur Louis Portes : « il n’y a pas de médecine sans confiance, de confiance
sans confidence et de confidence sans secret professionnel ».
L’information du patient est une obligation morale déontologique et voire même légale. Le
médecin de famille est considéré comme un défenseur de son patient, il doit posséder toutes
les compétences et les connaissances pour donner une information loyale claire et appropriée
à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille. En plus de ses fonctions de soins
le médecin de famille peut « négocier » une prise en charge, une conduite diagnostique ou
thérapeutique spécialisée ; une information loyale et intelligible est de mise pour permettre au
patient de prendre une décision en connaissance de cause [2].
Par son statut très proche, le MG/ médecin de famille est considéré dans certaines
communautés comme un membre de la famille, ce privilège lui permettra d’être suffisamment
informé pas seulement sur l’état de santé de son patient mais aussi sur son environnement
familial, social, professionnel et parfois même sur sa vie privée. La protection de ces données
confidentielles constitue le principe de base de la relation médecin/malade : la confiance.
Sans confiance le malade ne peut pas s’exprimer sur les maux dont il souffre. Sans confiance
le médecin ne peut être suffisamment informé pour offrir les soins les plus diligents. Le
respect du secret professionnel est une obligation comme le précise le code de déontologie
marocain dans son article 9. Ce principe est aussi consacré dans l’article 446 du code pénal
marocain .Le secret couvre tout ce qui porté à la connaissance du médecin dans l’exercice de
sa profession c'est-à-dire non seulement ce qu’il a vu, appris, compris, constaté, découvert, ou
surpris dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de sa profession [2].
10
III. DROIT MEDICAL
1- Evolution de la médecine
La médecine moderne a fait de grands progrès. Selon les disciplines les avancées sont parfois
spectaculaires. Les transplantations d’organes, les avancés techniques et scientifiques en
matière de biomédecine, la procréation médicalement assistée,…..
Face aux différentes évolutions de l’activité médicale l’intervention du droit dans l’exercice
de la profession médicale est devenue incontournable pour l’encadrement de la relation entre
médecin et juriste d’une part, et de la relation entre médecin et patient d’autres part.
2- Le droit médical
Le «droit médical» pose d’emblée le problème de sa définition et de son contenu. A quel droit
se référer lorsque nous étudions les règles juridiques applicables à l’exercice médical ? Le
droit médical fait partie intégrante du droit de la santé qui constitue« un ensemble de règles
juridiques applicables aux actions de santé ». [14] Au croisement de plusieurs disciplines
juridiques, il se caractérise par sa transversalité. Il désigne « l’ensemble des connaissances
juridiques qui trouvent à s’appliquer dans l’exercice de la profession médicale » [15]. Selon
André Demichel, « la notion de droit médical renvoie, en effet, à la notion de médecine telle
qu’elle résulte de la législation actuelle » [16] Il en résulte que son domaine d’application est
vaste, le droit médical s’intéressant à l’organisation de la profession, aux contrats des
médecins, aux conditions d’engagement de la responsabilité médicale ou encore aux
établissements de santé.
La médecine et le droit ont évolué simultanément au cours des cinquante dernières années.
Jusqu’au début du XXe siècle, la médecine a relevé bien davantage de la compassion et de la
chance que de la thérapeutique. À partir des années 1930, les découvertes majeures se
11
succèdent et « la médecine a plus changé au cours des soixante dernières années que pendant
les soixante siècles précédents » [17]. De la même façon, la nature et la place du droit se sont
profondément modifiées au cours des dernières décennies pour accompagner les nouvelles
aspirations sociales de garantie contre les risques de l’existence.
Non seulement la médecine progresse de façon spectaculaire mais, et c’est là une interaction
remarquable entre droit et médecine, c’est le droit qui impose aux médecins d’intégrer et
d’appliquer les avancées scientifiques et techniques. Devant ces progrès et ces changements le
médecin est dans l’obligation d’améliorer ses connaissances médicales, techniques surtout
juridiques. Le constat doit, en effet, être dressé que la discipline juridique se doit d’être
aujourd’hui enseignée aux professionnels de santé. Comme le constatait Péquignont,
l’ignorance du droit « …n’est pas permise au médecin. Un médecin qui commence son
exercice professionnel doit savoir avec précision dans quel réseau d’obligations légales et
règlementaires il devra exercer sa profession …. » [18].
« De même que le confluent entre deux fleuves, celui du droit et de la médecine produit
nécessairement des remous » [18]. Cette citation d’un juriste a beau afficher plus d’un demi
siècle, elle est plus que jamais d’actualité…En effet si les médecins ont souvent une image
assez négative de la justice (aggravée par un complexe du profane, qui les fait se sentir
particulièrement vulnérables), ils ignorent souvent que le sentiment des juristes à leur égard
est assez similaire. Un juriste peut craindre un médecin se sentant investi d’une toute
12
puissance science au détriment du patient. Les deux professions n’ont pas le même rapport
avec la notion de loi : Un juriste chérit la loi juridique, un médecin lutte contre la loi
biologique inexorable [7]. Les 2 professions sont complexes et ne se maitrisent qu’au bout de
longues années d’étude ; C’est tout naturellement que chacune a envers l’autre le complexe du
profane. Enfin, le principe d’un juriste est de considérer que la loi est la même pour tous ; Le
médecin sait que le plus grand savoir médical peut s’avérer relatif et être pris en faute dès lors
qu’on l’applique à un individu [19].
Si au cours de l’histoire et encore aujourd’hui les médecins n’ont jamais réfuté avoir une
responsabilité morale envers le patient (la notion d’éthique en médecine est au moins aussi
ancienne que le serment d’Hippocrate), la responsabilité juridique est en revanche parfois plus
difficile à admettre. C’est le fameux « responsable mais pas coupable », l’opposition entre
erreur et faute…
Par ailleurs l’acte médical n’est pas un service classique, il dépend beaucoup de la relation
médecin/patient, une notion que le juge ne peut guère intégrer dans son jugement. Ainsi, nous
avons tous les jours des exemples de l’opposition entre d’une part, des médecins qui déplorent
que les juges obéissent à une tendance compassionnelle très actuelle, et s’occupent plus de
compenser le malheur contre de l’argent, que de juger juste ; Et d’autre part des juges qui
argueront qu’avec le développement de l’information, le médecin ne peut plus se considérer
comme supérieur par le savoir…Et pourtant la médecine est indispensable dans l’exercice
quotidien de la justice : expertise psychiatrique, médecine légale, certificats…
1. Clarification terminologique
Etre responsable, c’est d’une part le fait d’occuper une « position qui donne des pouvoirs de
décision mais qui implique que l’on en rende compte » (définition du dictionnaire Larousse).
Dans cette perspective, la personne responsable se sent investie d’une charge ou d’une
mission dont elle doit assurer le bon déroulement. Si quelque chose ne se déroule pas comme
13
espéré, la personne a généralement un sentiment d’échec ou une frustration. Cette première
acception du mot « responsabilité » correspond au vocable anglais « responsibility » ou au
terme allemand « Verantwortung».Mais être responsable, c’est d’autre part devoir répondre de
ses propres actes devant la société ou une autorité, notamment un tribunal. Cette seconde
acception correspond à la notion juridique de responsabilité, mot auquel on accole volontiers
le qualificatif « civile » pour désigner plus spécifiquement l’obligation de réparer le préjudice
causé à autrui par son propre fait ou par le fait de tierces personnes ou de choses sous son
contrôle. Cette seconde acception du mot « responsabilité » correspond au vocable anglais «
liability » ou au terme allemand « Haftpflicht ». Mais, une personne peut répondre du point de
vue juridique de ses propres actes non seulement civilement mais aussi pénalement et
disciplinairement. [20]
Une personne peut dès lors très bien être habitée d’un sentiment de responsabilité (dans le
premier sens), sans du tout que cela corresponde à une situation dans laquelle elle doit
répondre juridiquement de ses actes. Ce sentiment de responsabilité est fréquemment présent
chez les médecins du fait des particularités de leur rôle dans le système de soins. Depuis très
longtemps en effet, le médecin était, de tous les soignants, celui qui avait la formation
censément la plus complète qui lui donnait un rôle prééminent dans l’administration des soins.
2. La notion de responsabilité
Le droit désigne l’ensemble de règles qui régissent l’organisation d’une société. Il permet
d’établir quels sont les droits et les devoirs des individus dans des circonstances données. Il
permet également d’identifier les conditions dans lesquelles la violation de ces droits et
devoirs entraîne des conséquences juridiques [20].
Le droit civil régit les rapports entre les individus ou les entreprises privées. Il fixe les
conditions dans lesquelles une personne peut être tenue de réparer le préjudice qu’elle a causé
à un tiers, ayant ainsi une fonction compensatoire et, accessoirement, préventive.
14
Il faut préciser à cet égard qu’il existe en outre des réglementations spécifiques, de droit
public, concernant la responsabilité civile des agents de l’Etat, dont les comportements
contraires au droit peuvent entraîner une obligation de réparer le préjudice ainsi causé à une
tierce personne. Le droit pénal, spécialement le Code pénal, vise à permettre à la société de
punir des comportements individuels contraires à la loi par des sanctions pénales, dont le but
est à la fois préventif et répressif.
Enfin, la loi 131-13, la loi 08-12 et le CDM, fixent les conditions dans lesquelles un médecin
est autorisée à pratiquer sa profession et, à des fins préventives, les sanctions qu’elle risque de
se voir infliger en cas de non respect de ces conditions. On parle à ce sujet de responsabilité
administrative ou disciplinaire.
Un unique comportement contraire au droit peut donc impliquer des conséquences dans
plusieurs domaines juridiques. On peut parler dès lors de « responsabilité » au sens large,
englobant l’obligation de répondre de ses actes en droit civil, en droit pénal ou en droit
administratif ou ordinal.
Les origines de la responsabilité médicale remontent vers 1750 avant notre ère. On en
retrouve la trace dans le code babylonien d’Hammourabi. Ce texte précisait que l’on
appliquait, selon la règle 218, le principe d’œil pour œil « si un médecin incisant un abcès
perd son malade ou l’œil de son malade, on lui coupera la main » [21].Puis, c’est en Egypte
vers 500 avant Jésus-Christ que la responsabilité médicale prend forme, en lien avec les
croyances divines. La liberté des praticiens à l’art médical était limitée à la stricte application
des actes autorisés. Le médecin qui manquait à suivre ces écrits sacrés encourait la peine de
mort [22].
15
En Grèce antique, en 400 avant Jésus-Christ, apparait le serment d’Hippocrate qui va être la
base de la responsabilité médicale moderne. On y retrouve déjà la notion du secret médical,
ainsi que la notion du principe du lien de causalité : si le médecin est jugé coupable d’une
culpa gravis (faute grave) et que la victime apporte la preuve d’un manquement du médecin à
ses obligations, le médecin devra répondre de ses actes devant la justice. On retrouve ici
l’origine que la preuve de la faute doit être apportée par le plaignant [21].
A Rome, en 285 avant Jésus-Christ, le corps médical ne pouvait être sanctionné qu’en cas de
fautes graves et c’était au patient de prouver qu’il y avait faute [21].
Le monde arabe est à l’origine de beaucoup de traités régissant la pratique médicale dont « le
traité de médecine prophétique » écrit au 14ième siècle.
Le moyen âge européen opère en revanche un réel retour en arrière par rapport au monde
romain antique, et à ses contemporains arabo-musulmans : En délaissant les sciences
humaines pour revenir à la théocratie, la culture occidentale chrétienne a longtemps fait
disparaitre toute notion de responsabilité médicale. La maladie et a fortiori la mort étant
considérées comme relevant de la seule décision divine, il était quasi impensable de remettre
en cause les compétences du médecin (hors fautes évidentes et gravissimes), considéré
comme simple instrument de la volonté de Dieu. « Je le pansai, dieu le guéri » (Ambroise
Paré). La profession médicale n’en était pas moins risquée dès lors que le patient était
important : les médecins du Pape Jean XXII, de Laurent de Médicis, de Charles VI furent mis
à mort, non en vertu d’un quelconque principe de médecine légale, mais pour avoir causé
l’aversion de leurs puissantes pratiques… La première régularisation de l’exercice médical
dans le royaume de France date de 1390 (1311 pour les chirurgiens), il s’agit de l’attribution
obligatoire d’un agrément jugeant des compétences du médecin, pour pouvoir exercer. La
formation initiale est maintenant contrôlée ; Mais le flou concernant la responsabilité du
praticien persiste quand à lui très longtemps… La redécouverte du droit romain au XVIIème
siècle est un premier pas, mais les arrêts conservés de l’ancien régime montrent de grande
hésitations de la jurisprudence, avec des décisions hasardeuses et contradictoires, liées a la
très grande difficulté d’établir un lien causal : Le médecin de l’époque de Molière ne touche
pas le patient, l’examine à peine.
16
La notion de responsabilité est bien plus simple à établir pour le chirurgien, qui fournit le gros
des contentieux médicaux à l’époque. Il est également important de noter que ces procès ne
portent quasiment que sur la question de la réparation pécuniaire, et qu’une sanction
répressive est rarissime [24].
Le principe de la responsabilité civile des médecins est donc quasi acquis au dix-huitième
siècle, quand à la responsabilité pénale, très polémique dès cette période, elle n’existe que
pour les fautes d’une extrême gravité.
Le code civil et le code pénal français, respectivement entrés en vigueur en 1804 et 1810, ne
comportent pas d’article spécifique à la responsabilité médicale, probable reflet de
l’incertitude persistante du législateur à ce propos. La première moitié du XIXème siècle va
d’ailleurs marquer un recul temporaire du droit des malades, avec la volonté de nombreux
auteurs de faire admettre une authentique immunité des médecins ! Cette idée peut choquer
mais pouvait sembler justifiable à une époque de grands progrès chirurgicaux, et donc
d’expérimentations assez risquées : comment la médecine avancera t’elle si les médecins sont
entravé par la peur judiciaire ?…
17
contre toutes les habitudes de l’époque, le médecin est condamné à payer une rente à vie à
l’enfant mutilé… Médecins invoquant le risque inhérent à leur exercice, juges persuadés d’un
corporatisme du monde médical, pression de l’opinion publique : toutes les problématiques
actuelles de la responsabilité médicale sont déjà présentes dans cette affaire vieille de près de
200 ans [25].
La responsabilité civile médicale était donc encore l’objet de gros problèmes de définition
dans l’entre-deux-guerres, lorsqu’un arrêt de 1936 a radicalement modifié le débat en la
faisant passer d’une nature délictuelle à une nature contractuelle (arrêt de la cour de cassation
du 20/05/1936, dit « Arrêt Mercier »)). C’est la naissance du « contrat médical », devenu
depuis « contrat de soins » [26]. Sur le plan théorique ce changement de définition va
permettre de fixer d’une façon bien plus nette le cadre de la responsabilité médicale civile."Il
se forme entre le médecin et son patient un contrat qui entraîne pour le médecin, l'obligation,
non pas de guérir son malade, mais de lui donner des soins non quelconques, mais réserves
faites de circonstances exceptionnelles, conformes aux données acquises de la Science »
Le contrat est verbal et tacite, existant dès lors que le malade aura demandé des soins au
praticien.
Comme dans tout contrat, c’est au « créancier » (ici, le malade), de faire la preuve du
manquement du « débiteur » (le médecin) à ses obligations : Le patient doit donc fournir la
18
preuve de l’imprudence ou de la négligence médicale. A sa charge aussi de démontrer le lien
de causalité avec son préjudice…
Bien sûr, ce contrat est quelque peu fictionnel puisque « les parties » n’ont pas demandé à le
signer et n’en ont pas fixé le contenu, qui a été déterminé par la jurisprudence puis par la loi.
Mais il permet pour la première fois une définition simple et satisfaisante de la relation
médecin/patient, et ce cadre juridique est assez souple pour pouvoir modifier avec le temps les
« obligations » des 2 parties.
L’islam, a tant honoré l’homme, et attribué à sa santé, au respect de sa dignité, ainsi qu’à son
droit à la vie, pour se faire, il a édicté des lois qui régissent la découverte scientifique et
réglementent leur application, ces lois trouvent leurs sources dans le coran, la sunna et
l’ijtihad [27].
Dans le coran, on retrouve les bases de la réparation, « Allah a décrété sacrée la vie de votre
prochain ; n’y attentez donc jamais sans raison valable ! Pour tout homicide commis
injustement, nous avons donné à l’ayant droit le pouvoir d’exiger réparation. Cependant le
détendeur de ce droit ne doit pas en abuser et se livrer à des représailles aveugles, la loi
l’ayant déjà fort réconforté » [28 ; 29].
Dans le Hadît, le Prophète Mohamed « que la paix soit sur lui » a dit: «Celui qui exerce le
métier de médecin alors qu’il n’a guère appris cette science auparavant, devra assurer
pleinement la responsabilité de ses actes » [30].
Ces paroles du Prophète furent la base éthique et morale de l’exercice des médecins. A
l’époque du califat Omar Ibn Al KHATTAB, l’une des principales tâches des inspecteurs était
de surveiller les médecins et de vérifier leur assiduité dans leur fonction [30].
Certains médecins, tel qu’Al-Razi, ont écrit des livres qui traitent de la moralité de la
profession, et de l’éthique du médecin. Al-Razi, le père de la médecine expérimentale, était le
plus éminent des médecins arabo-musulmans, et auteur du livre « l’éthique du médecin » [30].
19
médicale[30].L’imam Ahmed atteste que quiconque s’adonne à la médecine alors qu’il n’en
connait ni les tenants ni les aboutissants est dans l’illégalité religieuse la plus totale [30].
Au 10ème et 11ème siècle, les savants tels qu’Avicenne, ont introduit les notions de base des
obligations et de responsabilité du médecin [31].Selon Averroès, si le malade meurt par la
faute du médecin, ce dernier doit donner à la famille la « Dia » [32].
Au Maroc la loi n’a pas spécialement réglementé la responsabilité médicale qui reste une
instruction jurisprudentielle. Face à des textes généraux renvoyant à des règles de droit
commun, les juges étaient contraints d’interpréter et donc d’inventer à l’occasion des litiges
des règles devant gouverner la responsabilité médicale. Ce travail jurisprudentiel est d’une
grande fécondité juridique dans les pays où les procès médicaux sont fréquents et où il y a
une tradition théorique à considérer la jurisprudence come une source de droit ; ce qui n’est
pas transposable au Maroc. [2]
La tendance actuelle
Bien que les procès mettant en cause la responsabilité du médecin restent rares, la tendance
est au dépassement de cette situation sous l’influence des médias, en effet le progrès médical
devient très médiatisé et l’acte médical est entrain de se démystifier, ce qui créé chez le
patient une exigence de guérison, que malheureusement le médecin ne peut pas toujours
garantir.
20
7. LES DIFFERENTS ASPECTS DE LA RESPONSABILITE MEDICALE
Lorsque l’on parle de responsabilité, il est important de savoir laquelle est concernée. En
effet, la responsabilité médicale est un concept vaste aux multiples facettes, il peut s’agir
d’une responsabilité source d’indemnisation (responsabilité civile et la responsabilité
administrative), ou d’une responsabilité source de sanction (la responsabilité pénale et
disciplinaire).
La responsabilité indemnitaire est une responsabilité civile lorsque l'exercice médical se fait
en milieu privé (activité libérale, clinique). Il s’agit d’une responsabilité administrative
lorsque l’activité est exercée en milieu hospitalier [33].
2- La responsabilité administrative :
La responsabilité administrative est engagée lorsque le médecin exerce dans un service public,
la responsabilité est donc supportée par l’administration qui l’emploie. En cas de faute
médicale, la victime s’adresse à l’administration pour obtenir une indemnisation. Comme on
peut le déduire de l’article 79 du dahir des obligations et des contrats (DOC): « l’état et
municipalités sont responsables des dommages causés directement par le fonctionnement de
leur administration et par les fautes de service de leurs agents » [35].La responsabilité
administrative n’exclue pas la responsabilité pénale du médecin, elle n’exclue pas non plus sa
responsabilité civile personnelle en cas de faute lourde détachable du service, selon l’article
80 du D.O.C, qui met en jeu la responsabilité personnelle des agents des administrations
quand ceux-ci commettent une faute lourde, détachable du service.
21
responsabilité résultant d’une faute liée à l’inexécution d’un contrat entre le médecin et son
patient. . [33]
3- La responsabilité pénale :
La responsabilité pénale consiste pour la personne qui a commis une infraction dans les
termes définis par la loi, à supporter les peines prévues pour cette infraction à savoir une
amende ou un emprisonnement.
Au Maroc, des statistiques ont montré que le médecin aboutit rarement devant les juridictions
pénales, avec une légère accélération de la tendance au cours de ces dernières années. Cette
augmentation est probablement due à la médiatisation de l’acte médical, à l’amélioration du
niveau socio-économique et aux progrès de la médecine, créant ainsi chez le patient une
exigence de guérison que malheureusement le médecin ne peut pas toujours garantir
[2].Contrairement au droit civil, le droit pénal ne cherche pas à indemniser la victime, mais à
punir et sanctionner l’auteur du délit, il se préoccupe d’assurer la défense de la société contre
les agissements qui troublent l’ordre social. C’est pourquoi la sanction pénale est
proportionnée à la gravité de la faute et non à celle du préjudice [34].La qualification d’un
médecin auteur de dommage par les juridictions pénales, entraine des conséquences plus
graves que sa qualification comme tel par les juridictions civiles, car en plus de
l’indemnisation de la victime, le médecin sera condamné à des peines de nature pénale
(prison, amende) [36].La gravité des sanctions en matière de responsabilité pénale, fait que
celle-ci soit prévue par des règles juridiques précises, et rigoureusement délimitées par la loi.
La violation de ces dispositions pénales, peut être volontaire, ou involontaire mais relevant
d’un comportement négligeant .Ainsi, il convient de voir quelles sont les infractions
susceptibles d’engager la responsabilité pénale du médecin et leurs fondements juridiques:
- Les infractions volontaires : Elles sont commises consciemment par leur auteur et sont:
La dichotomie :c’est le fait de recevoir un paiement pour des services non effectués et qui
s’ajoute aux honoraires normalement prévus, elle est réprimée par l’article 540 du code pénal
caractérisant le délit d’escroquerie qui envisage une amende de 500 à 5000 Dirhams et de
l’emprisonnement d’un à cinq ans. [37]
22
La violation du secret médical : prévu par l’article 446 du code pénal :« les médecins,
chirurgiens... qui, hors le cas où la loi les oblige ou les autorise à se porter dénonciateurs, ont
révélé ces secrets, sont punis de l’emprisonnement d’un à six mois et une amende de 1200 à
20000 dirhams… ».
La non-assistance à personne en péril : prévu par l’article 431 du code pénal : « Quiconque
s’abstient volontairement de porter secours à une personne en péril l’assistance que sans
risque pour lui, ni pour les tiers, il pouvait lui prêter, soit par son action personnelle, soit en
provoquant un secours, est puni de l’emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une
amende de 200 à 1000 Dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement ».
L’avortement illégal: punissable par les articles de 449 à 458 du code pénal.
L’euthanasie passive ou active: punissable par les articles 392et 393 du CPM
La castration: est prévue par l’article 412 du code pénal, qui stipule que « quiconque se rend
coupable du crime de castration est puni de réclusion perpétuelle. Si la mort en résulte, le
coupable est puni de mort.»
L’article 432 du C.P M prévoit que : « Quiconque par maladresse, imprudence, inattention,
négligence ou inobservation des règlements, commet involontairement un homicide ou en est
23
involontairement la cause est puni de l’emprisonnement de trois mois à cinq ans et une
amende de 250 à 1000 Dirhams » [37].
Par ailleurs, l’article 433 du CPM précise que : « Quiconque par maladresse, imprudence,
inattention, négligence ou inobservation des règlements, cause involontairement des
blessures, coups ou maladies entraînant une incapacité de travail personnel de plus de six
jours, est puni de l’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de 120 à 500
Dirhams, ou de l’une de ces deux peines seulement » [37].
4- La responsabilité disciplinaire:
-l’irrespect des lois et des règlements applicables aux médecins dans l’exercice de sa
profession.
-L’atteinte aux règles ou règlements édictés par l’ordre à la considération ou au respect dus
aux institutions ordinales.
Elles sont de deux catégories : la peine morale telle que l’avertissement ou leblâme avec
inscription au dossier administratif et professionnel, et la peine matérielle, qui consiste en la
suspension pour une durée maximale d’un an, ou la radiation du tableau de l’ordre. Ces peines
de suspension sont publiées dans le bulletin officiel.
- La peine complémentaire :
C’est l’interdiction de faire partie des Conseils de l’Ordre pendant une durée n’excédant pas
10 ans. [39] La radiation du tableau ne nécessite pas de peine complémentaire puisqu’elle
équivaut à la mort professionnelle.
24
V. L’émergence de la médecine dite défensive
La notion de médecine défensive n’est pas nouvelle, c’est pourquoi il faut évoquer sa
définition avant de tenter de faire émerger le comment réduire les risques. La médecine
défensive correspond à la prescription d’actes médicaux non-nécessaires afin de se prémunir
contre de potentielles plaintes des patients. Il s’agit aussi d’éviter de réaliser des actes qui se
caractérisent par un fort taux de probabilité d’échouer ou d’obtenir des résultats inefficaces.
Ce phénomène prend naissance dans les pays anglo-saxons, qu’il s’agisse du Royaume-Uni
ou des Etats-Unis. Il serait en perpétuelle augmentation dans ces Etats et affecterait
l’ensemble du corps médical, à savoir les médecins généralistes ou les spécialistes, tels que
les chirurgiens. De plus, l’âge du médecin est un indicateur du pourcentage de la pratique de
la médecine défensive parce qu’elle serait plus présente chez les praticiens jeunes que ceux
qui jouissent d’une expérience plus longue. [41]
Or, ce phénomène a une incidence sur le coût des soins parce qu’il engendre des surcoûts au
système de santé. Aux Etats-Unis, le budget MEDICARE est en surcoût de 20% à cause de
cette pratique. Ce concept correspond finalement à mêler les craintes du prescripteur qu’elles
soient sociales ou encore judiciaires ce qui rend sa définition plus complexe. La
problématique du sur-diagnostic est qu’il peut conduire à la surmédication, laquelle pourrait
provoquer des effets indésirables graves par le fait de traiter un patient qui n’en a pas le
besoin. La médecine défensive emporte des conséquences qui dépassent toute logique
médicale. [41]
Ces raisons conduisent à susciter un sentiment de peur dans l’esprit des médecins. Toutefois,
il convient, à travers l’étude qui va suivre, de rendre compte de la véracité de ces affirmations.
25
MATERIEL
ET
METHODES
26
1. SITE DE L’ETUDE
La préfecture Skhirat-Témara s'étend sur un territoire de 1089 km2, soit près de 13% de la
superficie totale de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs dont elle fait partie et 0,13% de
la surface du territoire nationale. Située sur la côte atlantique, elle est limitée au Nord par la
Wilaya de Rabat, au Sud par la province de Benslimane, à l’Est par la province de Khémisset
et à l’Ouest par l’Océan Atlantique.
un CRSR ,
un CDTMR
et un centre d’hémodialyse.
L’effectif total du personnel médical des ESSP est réparti comme suit : 87 médecins
généralistes, 12 chirurgiens dentistes. L’effectif total du personnel médical du réseau
hospitalier est composé de 09 médecins généralistes, deux pharmaciens et 40 médecins
spécialistes dont un endocrinologue. L’effectif total du personnel Paramédical (au niveau des
deux réseaux) est composé de : 109 infirmiers polyvalents, 64 infirmiers auxiliaires, 36 sage
femmes, 50 infirmiers spécialisés.
2-Design de l’étude
Nous avons mené une étude descriptive de nature quantitative qui vise à décrire les
connaissances en droit et responsabilité médicale des médecins généralistes et des médecins
exerçant la médecine générale dans les établissements de soins de santé primaires de la
préfecture médicale de Skhirat-témara.
27
3-Population cible
Notre population cible est constituée de la totalité des médecins qui exercent la médecine
générale dans les établissements des soins de santé primaire de la préfecture médicale
Skhirat-témara et le SRES.
Ont été inclus dans notre étude les médecins généralistes et les médecins qui exercent la
médecine générale au niveau des ESSP
Ont été exclus de cette étude, les médecins généralistes exerçant au niveau du réseau
hospitalier, les médecins généralistes exerçant au niveau des ESSP ayant exprimé leur refus
de participer à ce travail.
4-Echantillonnage
C’est une étude exhaustive, tous les médecins généralistes exerçant dans les ESSP ont été
inclus dans cette étude. Aucune méthode d’échantillonnage particulière n’a été utilisée pour
définir l’échantillon de l’étude, tous les médecins généralistes de la préfecture médicale de
Skhirat-Témara exerçant au niveau des ESSP en milieu tant urbain que rural ont été impliqués
pour participer à cette étude vu que leur effectif paraissait abordable.
5- Période de l’étude
L’étude s’est étalée sur une période de deux mois du 01/05/2019 au 30/06/2019.Nous avons
sollicité la collaboration et le soutien du directeur régional de la santé Rabat Salé Kenitra, de
la déléguée du Ministère de la santé, du médecin chef du SRES et des médecins chef des
ESPP niveau de la délégation de Skhirat-Témara, pour que cette étude se déroule
conformément à la réglementation en vigueur. De même nous nous sommes engagés à nous
conformer strictement aux règles et aux principes de fonctionnement des établissements de
santé. Avant d’interviewer ou de distribuer les questionnaires nous avons informé les
participants sur les objectifs de notre étude.
28
6-Collecte des données
Un questionnaire a été élaboré selon les objectifs fixés au début de l’étude ainsi que sur les
données de la littérature existante. Le document, comprenait 21 questions fermées. La
première partie est d’ordre démographique. La 2ème partie contient des questions sur les
connaissances des médecins en matière de droit et de responsabilité médicale. La 3éme partie
comprenait des questions destinées à apprécier le niveau d’appréhension des médecins des
lois qui organisent l’exercice de la médecine.
La 4ème partie a porté sur les différentes plaintes et leur retentissement et évaluait
l’évolution des pratiques professionnelles entre le début de leur exercice médicale et la
période actuelle.
Les logiciels qui ont été utilisés pour l’analyse des données étaient Epi Info 7 et Excel 2010.
L’analyse statistique a comporté :
Une analyse descriptive : Les variables quantitatives ont été décrites en termes de fréquence,
de moyenne et d'écart type.
Une Analyse bivariée : la comparaison entre les niveaux d’appréhension vis-à-vis d’une
plainte en début et en fin de carrière
29
RESULTATS
30
Nous rapportons dans la première partie les résultats obtenus par notre questionnaire sur les
connaissances des médecins généralistes en droit et responsabilité médicale, ainsi que le
degré d’apprehension de certaines lois qui organisent l’exercice de la profession médicale
dans notre pays. Dans la deuxième partie nous rapportons les résultats recueillis sur le
comportement des médecins interrogés face au risque judiciaire, et des données sur le
développement personnel continu.
Parmi les médecins contactés, nous avons colligé 77 réponses à notre questionnaire, soit un
taux de participation de 87.3%, et ce grâce aux passages multiples au niveau des ESSP
relevant du SRES de Skhirat-Témara site de l’étude pour distribuer et récupérer le
questionnaire, et surtout grâce à la bonne collaboration des médecins praticiens. Un seul
questionnaire a été exclu de notre analyse (mal rempli). Au total, notre base de données est
constituée donc de 76 formulaires.
Parmi les 76 médecins exerçant la médecine générale au niveau des établissements de soins
de santé primaire de la préfecture de Skhirat -Témara, et ayant participé à l’étude, 66% (soit
50 médecins) sont de sexe féminin, et 34% (soit 26 médecins) de sexe masculin. Le ratio sexe
H/F est de 0.52 (soit 1homme pour 2 femmes).
34%
M
F
66%
31
2.2 Age des participants
Le minimum d’âge pour les répondants est de 39 ans, le maximum en est à 61 ans, l’âge
moyen est de 50 (ET 5,72) ans avec un mode à 42 ans. 58% soit 46 des médecins ayant
participé à notre étude ont un âge ≥ 50 ans.
19 19
17
12
2
1
La majorité des participants 95% ont obtenu leur diplôme des études médicales entre l’année
2000 et 2010.
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
1980 - <1990 1990 - <2000 2000 - <2010 >2010
32
2.4 Milieu de travail des participants
Sur les 76 médecins ayant participé à notre étude, 68% (soit52 médecins) exercent en milieu
urbain, 22% (soit17 médecins) en milieu rural.
3%
7%
9% 16%
AUTRES
CSR1
6% CSR2
CSU1
CSU2
SRES
59%
La majorité des répondants (87%) ont une expérience professionnelle de plus 15 ans.
La moyenne d’années d’expériences est de 20,9 +/- 4.5 ans
1% 1%
17% 12% 1-5
11-15
35%
34% 16-20
21-25
26-30
31-35
33
2.6 Formation de base des participants
Parmi les médecins ayant participé à notre étude, 93% ont suivi leurs études médicales au
Maroc (66 % à la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, 27% à la faculté de médecine
et de pharmacie de Casablanca). Seulement 7% des participants ont reçu une formation de
base des études médicales à l’étranger.
7%
27%
ETRANGER
La médecine générale ne constitue que 40% de la spécialité des participants, 60% ont une
spécialité autre que la médecine générale (méd. de travail, méd. de sport, santé publique)
35
30
25
20
15
10
0
Méd. SPORT Méd. TRAVAIL Méd.GEN Santé Publique
34
3. Connaissances des médecins en droit et responsabilité médicale
Concernant le droit médical 72% des répondants n’arrivent pas à définir le droit médical :
43% ont répondu que le droit médical est le droit à la santé, 31% des répondants ont
confondu le droit médical et la médecine légale.
Non 58,67%
Oui 28,00%
La majorité des participants (91%) ont déclaré que leur niveau de connaissances en droit et
responsabilité médicale est faible (54%) ou moyen (37%).
53,95%
36,84%
5,26% 3,95%
0,00%
35
3.3 Connaissance en responsabilité médicale
Ne sais pas 8
FAUX 26
VRAI 42
Pour la question sur la « non assistance à une personne en danger » dans le centre de santé,
80% des participants ont répondu que le problème engage la responsabilité de toute l’équipe
soignante, 14% ont déclaré que c’est la responsabilité uniquement du médecin traitant, 13%
ont engagé la responsabilité du médecin chef et 16% celle de l’infirmier.
oui 61
non 15
36
3.5 La loi qui organise l’exercice de la médecine
Trois quart des participants ignorent la loi qui organise l’exercice de la médecine au Maroc ;
6% ont répondu que c’est la loi 08-12 qui organise l’exercice de la médecine dans notre pays,
6% ont évoqué la loi 94-10, et 1% la loi 34-09. Seulement 17% ont cité la loi 131-13.
FAUX ٪8
VRAI 17٪
Graphique12: Réponses des participants sur la loi qui organise l’exercice de la médecine
Ne SAIS PAS 10
NON 49
OUI 17
37
4. Niveau d’appréhension des médecins du droit et de la responsabilité médicale
4.1 Responsabilité disciplinaire
4.1.1 Inscription au tableau de l’ordre des médecins CNOM
On a constaté que 5% des médecins participants à cette enquête ne sont pas inscrits à l’Ordre
National des Médecins Marocains. 75% d’entre eux ont une expérience professionnelle de
plus de 20 ans.
NON 5,26%
OUI 94,74%
Parmi les médecins inscrits au CNOM, 53,95% ne payent pas régulièrement la cotisation
annuelle à l’ordre national des médecins, et 73,68% des répondants ignorent que la non
cotisation peut engager la responsabilité disciplinaire.
80
70
60
50
40 OUI
30 NON
20
10
0
Inscription au CNOM Cotisation annuelle Responsabilité engagée
38
4.2 Responsabilité pénale
4.2.1 Rédaction de certificats médico-légaux
Parmi les répondants, 54 % n’ont jamais rédigé de certificats médico-légaux
TOTAL 100٪
NON 54٪
OUI 46٪
Quarante six pourcent des médecins qui n’ont jamais rédigé de certificats médico-légaux
pensent que la rédaction de CML ne fait pas partie de leurs taches, alors que 23% craignent un
engagement de responsabilité en cas de rédaction de ce type de certificats.
17%
autres raisons
46% crainte responsabilité
Manque de formation
23%
Ne fais pas partie travail
14%
39
4.3 Refus de soins
En cas de refus de soins, les médecins répondants, ont opté pour plusieurs attitudes; 57% des
répondants (44 médecins) ont préféré adresser l’enfant à un spécialiste, 51 % ont choisi
d’avertir la hiérarchie alors que 31% ont préférés d’avertir l’autorité.
60
50 44 39
19 24
40
6
OUI
30
NON
20 JE NE SAIS PAS
10
0
secret prof specialiste med légale autorité hierarchie
En cas de refus des parents pour que les soins soient prodigués à leur enfant victime de
sévices physique, 19.51% des médecins ayant répondu à cette question étaient pour le
respect du secret professionnel et optaient pour une attitude abstentionniste « ne rien faire ».
40
5. Comportement des Médecins et risque judiciaire
5.1 Modification de la pratique des médecins exerçant la médecine générale dans les
ESSP
Les réponses des médecins généralistes et des médecins exerçant la médecine générale dans
les ESSP aux 6 questions évaluant la modification de leurs pratiques professionnelles entre le
début de leur carrière et actuellement sont résumées sur la figure n19.
Environ 40 % (20.27% étaient tout à fait d’accord et 20.27% plutôt d’accord) des médecins
ont répondu prescrire plus d’examens biologiques par rapport au début de carrière, 39.3%
prescrivaient plus d’examens radiologiques (25.7% étaient tout à fait d’accord et 13.6%
plutôt d’accord) au début de leur intégration au ministère de la santé. De même, 36%
adressaient plus aux urgences (15% étaient tout à fait d’accord et 21% plutôt d’accord) et
54% à un spécialiste (21% étaient tout à fait d’accord et 33% plutôt d’accord). Plus de la
moitié des médecins refusaient de faire certains actes techniques qu’ils réalisaient auparavant
(27% étaient tout à fait d’accord et 25% plutôt d’accord). Par contre, 36% étaient plutôt
d’accord sur le fait qu’il est de plus en plus difficile de se fier à son jugement clinique plutôt
que de se fier aux examens complémentaires mais 30% n’étaient plutôt pas d’accord et 34%
ne l’étaient pas du tout
41
Modification des partiques professionnelles des médecins
exercant la medecine générale dans les ESSP
Pas du tout d'accord Plutot pas d'accord plutot d'accord tout a fait d'accord
42
5.2 Niveau d’appréhension d’une plainte
Le niveau d’appréhension vis-à-vis d’une plainte a été estimé par les médecins généralistes
entre 1 et 10 en début d’exercice et actuellement.
Le tableau1 résume l’appréhension des médecins vis-à-vis d’une plainte en début d’exercice
et actuellement en fonction de leur ancienneté. Les médecins rapportaient une augmentation
significative du niveau d’appréhension entre le début de leur exercice et actuellement.
Tableau 1 : Appréhension d’une plainte par les médecins en début d’exercice et actuellement
Tableau 2: Appréhension d’une plainte par les médecins en début d’exercice et actuellement
en fonction de l’expérience professionnelle
43
5.3 Les plaintes reçus
Parmi les médecins ayant participé à cette étude, plus de 21% ont déjà été confrontés à des
plaintes judicaires, 32% ont déjà été menacés d’une poursuite judiciaire par leurs patients
alors que 58% ont été témoins d’une plainte. Les différents types de plaintes sont représentés
dans le graphique n 20.
70
60
50
40
OUI
30
NON
20
10
0
plainte menace d'une plainte plainte dans
l'entourage
Douze pourcent des médecins ayant participé à ce travail ont reçu des plaintes civiles (soit 9
médecins), presque la même chose pour les plaintes administratives (13%), deux médecin ont
été confrontés à des plaintes pénales et un seul médecin a reçu une plainte ordinale.
120,00%
98,48% 97,36%
100,00% 87,14% 86,76%
78,67%
80,00%
60,00%
40,00%
21,33%
20,00% 12,86% 13,24%
1,52% 2,99%
0,00%
Plainte civile Plainte Plainte ordinale Plainte pénale plainte
administrative
oui non
44
5.4 Les craintes des médecins en cas de plainte
La figure 22 résume les craintes des médecins exerçant la médecine générale en cas de
plainte. Ceux-ci craignaient principalement des répercussions sur la vie personnelle et
familiale (71%). Cinquante-neuf pourcent avaient peur d’une remise en cause professionnelle
56% d’une atteinte de leur réputation, 46% d’une perte de confiance de leurs patients et 52%
d’une privation de liberté.
0,8
71%
0,7
59%
0,6 56%
52%
0,5 46%
0,4
0,3
0,2
0,1
0
remise en cause repercussion atteinte de perte de confiance Privation de liberté
professionnelle personnelle et reputation
familiale
Presque la totalité des médecins (97 %) ayant participé à ce travail ont exprimé leur besoin
pour la formation continue en droit et responsabilité médicale.
45
DISCUSSION
46
Connaissances des médecins généralistes sur le droit et la responsabilité médicale
Dans le présent travail, nous avons étudié le niveau de connaissances spécifiques des
médecins généralistes sur le droit et la responsabilité médicale par des questions directes qui
devraient figurer dans tout curriculum de formation spécifique sur le sujet, à savoir la
définition du droit médical, la loi qui organise l’exercice de la médecine au Maroc, les
différents types de responsabilités qui peuvent être engagées suite aux pratiques quotidiennes
des médecins et le droit de l’information du patient qui constitue dernièrement la source la
plus prépondérante des litiges entre les médecins et les patients.
47
avaient des confusions entre le droit médical et la médecine légale. De même Scot P.
Saltstone, ont rapporté dans une étude Canadienne que les résidents de médecine de famille
avaient une confusion dans les connaissances médico-légales. [12]De même, dans une étude
lituanienne JEFFREY V a montré que seulement 49,3 % des médecins répondants se sont
révélés bien renseignés sur les questions d'ordre juridique. [13]
Cette dernière loi qui stipule dans son article 3 que : «Tout médecin doit perfectionner
régulièrement ses connaissances. A cet effet il doit notamment participer aux sessions de
formation continue organisées par le conseil national, les sociétés savantes les établissements
d’enseignement supérieur et les autorités gouvernementales concernés et ce, selon les
modalités fixées par voie réglementaire ».
Dans notre étude, 75% des médecins répondants ignoraient la loi d’exercice de la médecine
au Maroc (secteur public et privé), cette loi est considérée par les juristes et les spécialistes
dans le domaine comme une ébauche dans l’organisation de la relation entre le médecin et le
patient, normalement régulée par le Dahir des Obligations et des Contrats, précisément
l’article 76 et 77.[35]Il est édicté dans son article 2 de la loi 131-13 que : « la médecine est
une profession qui ne doit en aucun cas ni aucune façon être pratiquée comme un commerce.
Le médecin l’exerce loin de toute influence ; ses seuls motivations étant sa science, son
savoir, sa conscience et son éthique professionnelle. Il doit l’exercer en toutes circonstances
dans le respect de la moralité, loin de toute discrimination de quelque nature quelle soit,
notamment relative à l’age, au genre, à la couleur, aux croyances, à la culture, à
l’appartenance sociale, à la langue, à l’handicap, ou à quelque situation personnelle que ce
soit ». [40]
Dans tout les pays, l’exercice de la médecine obéit à des règles strictes édictées par l’éthique,
la déontologie et la loi de telles sortes à préserver les droits des médecins, des patients et de
la société. En revanche le législateur marocain a interdit au non médecins de pratiquer la
médecine sous peine d’amende ou d’emprisonnement. Il en est de même pour les médecins
48
qui ne sont pas inscrits dans au tableau de l’ordre « Nul ne peut accomplir aucun acte de la
profession médicale, à quelque titre que ce soit, s’il n’est pas inscrit au tableau de l’Ordre
conformément aux dispositions de la présente loi et celle de la loi n 08-12 relative à l’Ordre
National des Médecins au titre de secteur dans lequel il entend exercer. [38] Bien sur, le
médecin remplissant les conditions nécessaires doit formuler une demande d’inscription
adressée au président du CNOM.
Le présent travail a révélé que 5% des médecins participant à cette étude ne sont pas inscrit
dans le tableau d’Ordre donc ils sont en exercice illégal de la médecine selon l’article 108 de
la loi 131-13 qui précise dans son paragraphe 2 « Exerce illégalement la médecine tout
médecin qui se livre aux actes et activités définis, sans être inscrit au tableau de l’Ordre »
[39] dans cette situation la responsabilité du médecin peut être engagée sur le plan civil et
disciplinaire comme l’a bien été cité dans l’article 110 de la dite loi «l’exercice illégal de la
médecine est puni d’une amende de 5000 à50000 dirhams. La juridiction saisie peut, en
outre, décider d’interdire l’exercice de la médecine au condamné pour une durée n’excédant
pas deux ans » [39] Le médecin peut être suspendu, par le CNOM, de la pratique de son art,
pour une durée de 24 mois. La juridiction disciplinaire peut aussi être saisie en cas de non
régulation de la cotisation annuelle que le médecin doit acquitter au moment de son
inscription « Il est institué au profit de l’Ordre une cotisation annuelle obligatoire au
versement de laquelle chacun de ses membres est tenu… » [38], Cependant 53,95% des
participants inscrits ne paient pas régulièrement cette cotisation alors quelle est
obligatoire « sous peine de sanctions disciplinaires prévues par la présente loi….Ces
sanctions sont bien détaillées dans l’article 9 de la loi 08-12 :« En cas de défaut de versement
des cotisations par un médecin, l’Ordre le met en demeure…A défaut de versement dans le
délai imparti, les créances dues sont recouvrées par voie de recouvrement forcé… »[39]
Pourtant 73,68% des répondants ignorent que la non cotisation peut engager la responsabilité
disciplinaire.
49
médecin à assumer seul les conséquences de ses actes et répondre personnellement à chaque
faute commise ou dommage causé à ces patients devant les juridictions compétentes, selon
les lois et les règles juridiques en vigueur. Le médecin fautif doit répondre de ses actes soit
devant ses pairs en cas de manquement aux règles d’honneur et de la dignité de la profession,
soit devant la société représentée dans notre contexte par le ministère public en cas de litige
avec un patient. Les connaissances juridiques délimitent pour le médecin praticien son champ
d’action et ses limites d’intervention pour se prémunir contre le risque judiciaire imminent
qui ne cesse d’accroitre vue l’altération de la relation médecin/ patient et la médiatisation des
affaires médicales.
Dans une étude empirique de trois ans publiée en 2016 qui visait à savoir dans quelle mesure
les médecins connaissaient et respectaient la loi, White B et al ont révélé que les médecins
avaient d'importantes lacunes dans leurs connaissances juridiques. Ils ont également constaté
que les médecins n'accordaient pas beaucoup d'importance aux considérations juridiques dans
leur prise de décision [53]. Face à ces lacunes, White B. avait conclu qu’une réforme du droit
était nécessaire pour rendre le droit plus accessible, l'éducation médicale devrait être
améliorée et un changement d'attitude des médecins à l'égard du droit médical était nécessaire
[53]. Dans une autre étude en Pologne qui visait à évaluer les connaissances des médecins
internistes et les pneumologues en matière de droit médical, ZAJDEL J. et All ont affirmé
que les médecins ont une insuffisance de connaissance en droit médical, qui se traduit par une
mauvaise qualité des services fournis, ce qui les exposent à des risques de mise en cause de
leurs responsabilités. (11)
En effet, l’ignorance du droit ne permet au médecin d’envisager le droit autrement que sous
un angle coercitif, la méconnaissance du droit est à l’origine d’une « médecine effrayée par le
droit » [54]. Le médecin sous pression cherche à surmonter ce risque en intégrant différent
outils de prévention, de précautions dans les soins délivrés à ces patients, en effet un
changement dans ces pratiques professionnelles peut être constaté ou observé.
50
Modification des pratiques professionnelle des médecins exerçant dans les ESSP entre le
début de leur exercice et actuellement
A travers l’échantillon des médecins questionnés, la plupart d’entre eux ont rapporté que par
rapport au début de leur exercice medical ils avaient beaucoup moins recours aux examens
biologiques (60%) et radiologiques (61%) pour étayer le diagnostic des patients. De même
qu’ils adressaient moins souvent leurs patients aux urgences (64%). Ils étaient plus confiants
dans leur jugement clinique et se fiaient moins exclusivement aux examens complémentaires
(63%). Par contre, Plus de la moitié (52%) des médecins refusaient de faire certains actes
techniques qu’ils réalisaient auparavant et 54% adressaient plus souvent les patients à un
spécialiste.
Nos résultats concordent à ceux retrouvés dans une étude Française réalisée en 2016 auprès
des médecins généralistes dans le département des Deux-Sèvres [47]; Eychenne Pierre a
trouvé qu’il n’y avait pas de modifications des pratiques des médecins par rapport début de
leur carrière; la plupart des médecins ont répondu ne pas prescrire plus d’examen biologiques
(68%) ni radiologiques (62%), et ne pas adresser plus souvent leurs patients à un spécialiste
(58%) par rapport au début de leur exercice médical.
Par contre nos résultats sont sensiblement différents de ceux retrouvés dans la littérature. En
effet, une autre étude française réalisée en 2006 dans la région Midi-Pyrénées était plutôt en
faveur d’une modification des pratiques médicales [50]. Dans cette étude, les médecins
généralistes recouraient plus souvent à des prescriptions défensives (87,5 %), plus souvent à
des examens complémentaires (80,14%) et ils adressaient plus souvent à un médecin
spécialiste (84,56%).
Dans une étude Américaine réalisée en 2008 [51], les auteurs ont rapporté des résultats
sensiblement différents, en faveur d’une modification des pratiques médicales. Leurs résultats
montraient que 76% des médecins trouvaient qu’il était plus risqué de se fier à leur sens
clinique que sur les moyens paracliniques, 62% des médecins pensaient qu’il valait mieux
faire des consultations simples ou des examens complémentaires pour éviter la plainte et 60%
préféraient demander un avis à un collègue. La population étudiée dans cette étude regroupait
l’ensemble des médecins hospitaliers (urgentistes, gynécologues, pédiatres, chirurgiens…) et
non que des médecins généralistes comme dans notre étude. Or, les poursuites des médecins
hospitaliers tels que les médecins urgentistes est bien plus élevée que celle des médecins
généralistes (16,8% vs 1,04%) les amenant probablement à pratiquer une médecine plus
51
défensive [52]. « Face a une procédure de responsabilité médicale ou crainte, le médecin est
amené à réfléchir à la nécessité de transformer sa pratique médicale pour se prémunir du
risque de procès » [57].le professeur Langlois soulignait que « le risque serait que les
médecins en viennent à privilégier une médecine défensive davantage axée sur leur propre
protection que sur la santé des patients ». [58]
Dans notre étude, 21% des médecins interrogés ont déjà été confrontés à des plaintes
judicaires, 32% ont été menacés d’une poursuite judiciaire par leurs patients alors que 58%
ont été témoins d’une plainte au cours de leur exercice professionnel. Le risque judicaire est
un danger réel puisque un médecin sur cinq est déjà apparu devant les juridictions
compétentes. Une augmentation effective des plaintes contre les médecins a été marquée, ce
qui concorde avec une étude française, ou 71% des médecins interrogés étaient d’accord avec
le fait qu’il y ait une augmentation importante des plaintes. [49] Ceci est en rapport avec ce
qui est retrouvé dans la littérature [51,55]
52
La formation médicale et le développement personnel continu DPC
Dans notre étude, la grande majorité des médecins interrogés ont confirmé ne jamais avoir
eu aucune formation sur le droit et la responsabilité médicale aussi bien dans leur cursus
initial que pendant la formation médicale continue, « le droit médical est un oublié de la
formation du corps médical » [6]. Le médecin souffre d’une ignorance et d’une connaissance
lacunaire en droit médical qui s’explique par la méconnaissance des textes de loi en rapport
avec la pratique médicale ainsi que leurs portées c'est-à-dire le degré d’appréhension de ces
textes de loi. Cette loi qui détermine pour le médecin le champ d’intervention et les limites
de son action est devenue incontournable dans l’exercice médical qui exige en plus des
données acquises et avérés de la science, des connaissances en droit et responsabilité
médicale. La formation des médecins doit s’orienter vers le domaine juridique, « Toutefois,
une réforme du droit est nécessaire pour rendre le droit plus accessible, la formation
médicale doit être améliorée et un changement d'attitude des médecins à l'égard du droit
médical est nécessaire »[53], comme le précise White B. dans ces conclusions à propos du
respect de la loi par les médecins pour la prise des décisions en fin de vie.
53
LIMITES DE L’ETUDE :
Notre étude présente des limites. Tout d’abord il s’agit d’un questionnaire de type déclaratif.
Certains médecins peuvent avoir minimisé leurs réponses et ne pas avoir répondu en toute
sincérité de peur d’être jugés. Ensuite notre questionnaire était anonyme mais lors de la
remise et de la collecte du questionnaire il était possible de savoir quel médecin avait rempli
quel questionnaire Enfin, nous avons étudié le niveau de crainte des médecins vis-à-vis
d’une probable poursuite judiciaire par auto-évaluation, qui est une méthode de mesure
subjective. Il existe des échelles d’anxiété validées telles que l’échelle d’Hamilton mais
Il n’existe pas à l’heure actuelle de méthode objective telle qu’un marqueur biologique ou
54
RECOMMANDATIONS
55
Ce travail a révélé que les connaissances des médecins généralistes/médecin de famille en
droit er responsabilité médicales sont modestes, ainsi que le degré d’apprehension des lois et
des textes juridiques relatifs à l’exercice de la profession médicale. Un changement des
pratiques professionnelles a été aussi constaté suite à un risque judicaire présent chez la
majorité des médecins interrogés.
Pour l’amélioration de cette situation et après une recherche dans la littérature nous
proposons à cet égard des recommandations que nous avons jugées utiles:
L’enseignement de droit médical qui est différent de celui de la médecine légale doit
intervenir à un moment adéquat, son contenu doit être adapté à la pratique médicale. A cet
effet nous proposons d’élaborer les bases de droit médical avec le début des stages cliniques,
les étudiants en médecine doivent connaitre l’étendue de leur responsabilité tout en faisant la
différence entre l’exercice dans le secteur privé et l’exercice dans les établissements et les
services du ministère de la santé. Ce module d’introduction au droit doive contienne les
éléments suivants :
Ces cours doivent être enseigné par les médecins légistes, les juristes, les avocats et pourquoi
pas les magistrats. Qu’il s’agisse de l’étudiant en médecine ou du médecin en exercice les
enseignements de droit médical doivent être en adéquation avec leur quotidien professionnel.
56
A ce titre nous proposons que les expertises médicales soient publiées et présentées de telle
manière à ce qu’un étudiant ou un médecin puisse accéder à leur lecture.
Nous incitons aussi les médecins à s’inscrire dans le DU de droit médical et d’expertise en
responsabilité médicale, organisé dans le cadre de la formation médicale continue, par la
faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca.
Le droit doit constituer pour le médecin une source de prise de décision au cours de sa
pratique professionnel et non pas une force contraignante ou inhibitrice de son activité
médicale. A ce titre on doit encourager la culture d’apprentissage de droit chez les médecins
par la création d’un service de ressources juridiques en rapport avec le droit et la
responsabilité médicale. Nous proposons donc de créer « un service médecine et droit ». Ce
service serait charger de :
Nous proposons aussi la présence, dans ce service, de juristes spécialisées en droit public et
privé.
57
CONCLUSION
58
La médecine est un métier noble, le médecin de famille / médecin généraliste est un
médecin de la première ligne, il est confronté à toutes les situations qu’on peut imaginer ; de
la simple plaie aux extrêmes urgences où il doit intervenir selon les normes de la science et
de conscience professionnelle. Parfois il est appelé à donner des soins à domicile ; il est tenu
dans ce cas au respect du secret professionnel. Les soins palliatifs sont parmi ces champs
d’activités ; une prise en charge adéquate de ces patients en fin de vie est d’ordre éthique
déontologique et juridique.
Cette particularité oblige le médecin de famille à développer ces connaissances et ces
compétences pour préserver la santé physique et morale de ces patients et d’intervenir selon
les règles de l’art. Tout manquement à ces règles interpelle sa responsabilité qu’elle soit
d’ordre civil, pénal, administratif ou disciplinaire.
Selon l’arrêt Mercier "Il se forme entre le médecin et son patient un contrat qui
entraîne pour le médecin, l'obligation, non pas de guérir son malade, mais de lui donner des
soins non quelconques, mais réserves faites de circonstances exceptionnelles, consciencieux,
attentifs conformes aux données acquises de la Science »
chaque médecin généraliste/ médecin de famille, érudit et compétent est tenu de connaitre ces
devoirs qui, sont donc ceux de la science, de la conscience et de la confiance. C’est dans ce
sens que s’inscrit notre travail qui a tenté d’explorer les connaissances en droit et
responsabilité médicale des médecins généralistes des ESSP de la préfecture Skhirat-Témara.
La majorité des médecins interrogés ont des connaissances modestes en droit et responsabilité
médicale, de même leur niveau d’appréhension des lois est faible. Ceci est le résultat d’une
formation médicale initiale et continue insuffisante en enseignement juridiques. Par ailleurs,
la crainte d’une poursuite judiciaire est quasi présente, ce qui a amené plus de 40% des
médecins à modifier leurs pratiques professionnelles vers une médecine plus défensive. Certes
ce changement de pratique professionnelle peut aussi bien porter préjudice à la santé des
patients qu’il pourrait avoir des répercussions économiques néfastes sur le système de santé.
L’approche du droit par le médecin constitue l’une des conditions de sa libération de ce risque
judiciaire imminent. Dans ce sens nous avons proposé d’intégrer en premier des
enseignements de droit médical adapté à l’exercice médical dans le cadre de la formation
médicale initiale et continue, ensuite nous avons formulé des propositions pour la création
d’un service « médecine et droit » qui va proposer aux médecins des outils pédagogiques
pour les aider à prendre les bonnes décisions dans l’exercice quotidien.
59
En fin nous souhaitons que ce genre d’étude s’étendre à d’autres sites et d’autres spécialités
surtout les spécialités dites à risque accru telle que la gynécologie, la chirurgie et l’anesthésie
réanimation.
60
BIBLIOGRAPHIE
61
1. DEKEUWER-DEFOSSEZ F., « De quelques difficultés dans les relations entre droit et
médecine », in Mélanges offerts à E. Langavant, Paris L’Harmattan, 1999, p. 127.
7. SAVATIER René.
8. PELLISSIER-FALL A.,
62
10. BARBOT J., Emmanuelle Fillion La médecine défensive : critique d’un concept à
succès « Sciences sociales et santé »2006/2 Vol. 24 | pages 5 à 33
12. SCOT P. Saltstone, Robert Saltstone, Brian H. Rowe, (EM) Knowledge of medical-
legal issues: Survey of Ontario family medicine Resident Article in Canadian family physician
Médecin de famille canadien · May 1997 Source: Pub Med
15. PENNEAU M., « Le droit médical », INSERM, 27 janvier 2004. Consulté sur :
http://infodoc.inserm.fr/ethique,
19. GOEDERT M.L’image du procès dans les yeux du médecin Mémoire de DEA de droit
privé. Nancy : université Nancy 2, 2004, 98 p.
63
par l’Académie suisse des sciences médicales Août 2015
21. CHANELIERE M. Impact des évènements indésirables sur la pratique des médecins
généralistes; Etude qualitative auprès de 15 praticiens de la région Rhône-Alpes. Thèse de
doctorat de médecine générale. Lyon: université Lyon 1, 2005,183p.
23. AMALBERTI R., BRAMI J. Audit de sécurité des soins en médecine de ville. Paris:
Springer‐Verlag, 2013, 180 p, ISBN : 978-2-8178-0347-0.
24. PY B .Recherches sur les justifications pénales de l’activité médicale. Thèse de doctorat
de droit. Nancy: université, Nancy 2, 1993, 510 p.
25. SUREAU C. Fallait il tuer l’enfant Foucault ? Paris: Stock éditeur, les essais, 2003,390
p. ISBN: 978‐2234053328.
29. LIMAMY M., « l’expertise dans les affaires de responsabilité du médecin, rapport du
thème principal du septième congrès national, 1989, p. 144
32. ABDELHAFID S.: « La responsabilité médicale administrative dans les hôpitaux publics
», thèse pour l’obtention du doctorat en médecine, faculté de médecine et de pharmacie de
Casablanca, 2007, pp.42-51
64
34. AZZIMAN O. : Eléments d’introduction à la responsabilité juridique du médecin, «
La responsabilité médicale » rapport du thème principal du septième congrès national, 1989,
pp.18-28
44. ROUSSET et al : droit administratif marocain collection édification d’un état moderne
5eme édition 1992
46. Programme euro Med Justice, « La situation générale actuelle du Maroc » Séminaire I :
Système judiciaire, Hicham EL BLAOUI (Substitut du procureur du Roi au Tribunal de
première Instance- Meknès), 2007
47. ROLAND, J. (2000). Formation des médecins. Actualités et Dossiers en Santé Publique,
32, P : 24-25.
48. STIRRAT GM1, et COL L'éthique médicale et le droit pour les médecins de demain :
la Déclaration de consensus de 1998. Institute of Medical Ethics
65
49. EYCHENNE P. « La judiciarisation de la médecine modifie-t-elle les pratiques des
médecins généralistes dans le département des Deux-Sèvres », thèse pour l’obtention du
doctorat en médecine, faculté de médecine de Poitiers 2016 ; p : 49
51. RESCHOVSKY C. JD and ALL. Physicians’ fears of malpractice lawsuits are not
assuaged by tort reforms. Health Aff Proj Hope 2010; 29: 1585-92.
52. MACSF, Le Sou Médical. Panorama des risques professionnels en santé. [En ligne].
Disponible sur Internet: https://www.macsf-exerciceprofessionnel.fr/content/download
/7828/47554/version/1/file/Synthese_panorama_du_risque_medical.pdf. Consulté le 10/08/19
53. WHITE B, and ALL. Knowledge and Practice of Doctors in Relation to the Law That
Governs Withholding and Withdrawing Life-Sutaining Treatment from Adults Who Manque
Capacity. J Law Med. 2016;24(2):356-70
57. BIANCUCCI M. « les ajustements de la technique médicale face aux règles de droit »
66
ANNEXES
i
ANNEXE 1 : Questionnaire
Note de présentation
ii
QUESTIONNAIRE
A- Données socio-démographiques :
Age ans
Lieu FMP Rabat FMP Casa FMP Marrakech FMP Fès Autres
Oui Non Je ne
sais pas
Le droit de la santé
Le droit a la santé
La médecine légale
b) Pensez vous que vos connaissances en droit médical sont suffisantes pour votre
pratique médicale ? Oui non je ne sais pas
4/ Pensez vous que durant votre exercice, la pratique médicale peut engager votre ?
Oui Non Je ne
sais pas
Responsabilité pénale
Responsabilité civile
Responsabilité disciplinaire
Responsabilité administrative
iii
6/ Dans un centre de santé devant une situation d’urgence, pensez-vous que la non assistance
à une personne en danger engage la responsabilité
Oui Non Je ne
sais pas
Seulement du médecin traitant
Seulement de l’infirmier
Seulement du médecin chef
De toute l’équipe
Oui Non Je ne
sais pas
La loi 131-13
La loi 08-12
La loi 34-09
La loi 10-94
Oui Non Je ne
sais pas
Le patient n’a pas le droit de consulter son dossier médical
Seul le patient a le droit de consulter son dossier médical
Le patient a le droit à une copie de son dossier médical
Les ayants droit du patient décédé ont droit à une copie du dossier
C-Apprehension de la loi
9/ a)Est-ce que vous êtes inscrit au conseil national de l’ordre des médecins ?
Oui non
Oui non
Oui non
iv
Si non pourquoi ?
Ne fais pas parti de mon travail
Je ne sais pas comment le rédiger
Je ne veux pas engager ma responsabilité
Autres raisons
11/ a) Quelle est votre conduite devant un cas de sévices physiques à un enfant ?
b) En cas de refus de pratique des soins par les parents, quelle serait votre
attitude ?
Oui Non Je ne
sais pas
Avertir les autorités
Respecter le secret médical et ne rien faire
Avertir la hiérarchie
Adresser l’enfant vers un service de médecine légale
Adresser l’enfant vers un service spécialisé
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Oui Non
- une plainte civile ?
- une plainte ordinale ?
- une plainte pénale ?
-une plainte administrative ?
v
Sinon, avez vous déjà été menacé par un de vos patients qui envisageait de porter plainte
contre vous ? Oui Non
15/ Connaissez-vous des médecins de votre entourage qui ont été confrontés à une plainte de
la part d’un patient ? Oui Non
- Autre :
Par rapport au début de votre carrière (ou par rapport à la peur d’une plainte des patients) :
(Questions 17 à 20 )
Pas du tout d’accord Plutôt pas d’accord Plutôt d’accord Tout à fait d’accord
Pas du tout d’accord Plutôt pas d’accord Plutôt d’accord Tout à fait d’accord
Pas du tout d’accord Plutôt pas d’accord Plutôt d’accord Tout à fait d’accord
Pas du tout d’accord Plutôt pas d’accord Plutôt d’accord Tout à fait d’accord
vi
18/ Il devient de plus en plus risqué de se fier à son jugement clinique plutôt que les examens
complémentaires
Pas du tout d’accord Plutôt pas d’accord Plutôt d’accord Tout à fait d’accord
Pas du tout d’accord Plutôt pas d’accord Plutôt d’accord Tout à fait d’accord
20/ Pensez-vous que la médiatisation des erreurs médicales en général favorise les plaintes ?
Pas du tout d’accord Plutôt pas d’accord Plutôt d’accord Tout à fait d’accord
21/ La formation en droit médical et responsabilité médicale vous semblerait nécessaire pour
l’exercice de la médecine
Merci d’avoir accepté de participer à cette étude et d’avoir pris le temps de répondre à ce
questionnaire. Nous vous assurons de la confidentialité du traitement des données recueillies.
vii
viii
ANNEXE 2 : Effectif Des Médecins Généralistes Des ESSP de la Préfecture De Skhirat-Témara selon la carte sanitaire
www.santé.gov.carte
Découpage et population :
Urbain Rural Total
Nombre de Cercles - 2 2
Nombre de circonscriptions sanitaires 5 5 10
Nombre de communes 5 5 10
Nombre de secteurs de santé 17 7 24
Population 573349 63131 636480
INFRASTRUCTURES SANITAIRES PUBLIQUES
1
Réseau hospitalier :
Hôpitaux Centres d’hémodialyse
Lits Lits Nombre de centres 1
Catégorie Nombre
existants fonct. Nombre de générateurs 11
Hôpitaux Inter-
0 0 0 Autres
Régionaux
Centre National de transfusion 0
Psychiatries
0 0 0 Centre régional de transfusion 0
Universitaires
Hôpitaux Cliniques de jour 0
0 0 0 Banques de sang 0
Régionaux
Psychiatries Antennes de sang 0
0 0 0
Régionales
Centres
0 0 0
d’Oncologie
Hôpitaux
1 59 59
provinciaux
Psychiatries
0 0 0
Provinciales
Hôpitaux de
0 0 0
proximité
Total 1 59 59
Réseau Intégré des Soins Médicaux d’Urgence :
Urgences de proximité Urgences Médico-hospitalières (UMH)
Nombre d’unités UMP 0 Lits des Lits de
Niveaux Nombre
Urgences Pré-hospitalières urgences réanimation
Nombre d’Héli-SMUR 0 UMH de base 0 0 0
Nombre d’ambulances SMUR 0 UMH complets 0 0 0
Nbre d’ambul. de secours de base 12 UMH
0 0 0
Spécialisés
2
Total 0 0 0
Réseau des Etablissements Médico-Sociaux :
Espaces santé jeunes 0 Centre d’addictologie 0
Centres de Rééduc. Phys. d’orthoptie Centres Médico-Universitaires 0
0
et d’Orthophonie Centres de soins palliatifs 0
Centres d’Appareillage Orthopédique 0
INFRASTRUCTURES SANITAIRES PRIVEES
RESSP
RH RISUM REMS Total
Urbain Rural Total
Méd. Généralistes 10 72 15 87 0 0 97
Méd. Spécialistes 65 21 4 25 0 0 90
Total Médecins 75 93 19 112 0 0 187
Corps médical
Chirurgiens dentistes 0 13 4 17 0 0 17
Pharmaciens 3 0 0 0 0 0 3
Total corps médical 78 106 23 129 0 0 207
Infirmiers polyvalents 33 52 11 63 0 0 96
Corps paramédical Sages femmes 14 23 8 31 0 0 45
Autres 58 39 7 46 0 0 104
Total 216 230 54 284 0 0 500
3
4