28 Peste
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28 Peste
I. INTRODUCTION
1. Définition : zoonose des rongeurs transmise à l’homme par les puces dues à Yersinia
pestis.
2. Intérêts
a. Prévalence : maladie touchant surtout les pays africains, en recrudescence à
Madagascar
b. Urgence diagnostique et thérapeutique, maladie à déclaration obligatoire
c. Grave car peut engager le pronostic vital à court terme, très contagieuse
3. Rappels physiopathologiques
a. Mécanismes
Inoculation cutanée des bactéries par piqure de puce ou puce intra-capillaire ou contact
direct d’une peau lésée avec des matières infectées par des bactéries
Acheminement des bactéries par voie lymphatiques jusqu’aux ganglions lymphatiques
satellites où ils se multiplient et entraînent en ce site une réaction inflammatoire avec des
foyers nécrotiques
Ou contamination par voie respiratoire
b. Conséquences
Dissémination bactérienne par voie lymphatique =˃ bubon
Dissémination par voie sanguine =˃ localisation secondaire pulmonaire, méningé,
systémique
Peste pulmonaire primitive (contamination par voie respiratoire)
Choc septique avec atteinte multiviscérale et CIVD
4. Epidémiologie
Maladie ré-émergente dans le monde selon l’OMS
La recrudescence des cas a été constatée à Madagascar depuis une vingtaine d'années. Un
foyer malgache est responsable de 31 % des cas mondiaux et de 37 % des décès
Il s’agit essentiellement de peste bubonique avec une mortalité de 9,1% à Madagascar
II. SIGNES
1. TDD : peste bubonique
a. CDD : adénopathie inguinale fébrile avec malaise lors d’une épidémie de peste
b. Signes cliniques
Interrogatoire : contexte épidémiologique, notion de cas similaires dans l’entourage, contact
avec un sujet mort de la peste…
Incubation de 2 à 6 jours
Début brutal avec des SG tels qu’un malaise, faiblesse musculaire, fièvre à 39-40°C avec
frissons
SF : douleurs diffuses, nausées, vomissements
SP : après quelques heures apparaît au voisinage du point d’inoculation le bubon de 1 à 10
cm de taille, de siège inguinal, plus rarement axillaire, cervical, épitrochléen ou poplité; très
douloureux, fixé par une péri-adénite sur les plans profonds et superficiels. Rarement,
phlyctène au point de piqure par la puce
d. Evolution
Sous T3 précoce et adaptée : guérison
Sans T3 : complications et décès en moins de 7 jours
Complications :
Septicémie, choc septique
Syndrome hémorragique (CIVD)
Défaillance multiviscérale
2. Formes cliniques
a. Peste pulmonaire primitive
Clinique
Incubation de quelques heures à 3 jours
Début brutal avec fièvre élevée et AEG profonde
Phase d’état : dyspnée, toux, cyanose, expectorations abondantes, spumeuses striées de
sang
Paraclinique
Biologie : prélèvement de crachats et mise en culture de Yersinia pestis
Rx du thorax : images alvéolo-interstitielles bilatérales avec zones de condensation
traduisant une broncho-pneumopathie
Forme contagieuse de personne à personne
b. Peste septicémique
Clinique
Absence de signe de localisation
Associe syndrome infectieux sévère, syndrome hémorragique et signes de souffrance
multiviscérale
Paraclinique : hémoculture
c. Autres formes cliniques : exceptionnels
Atteinte méningée due à une bactériémie ou pharyngite en cas de localisation latéro-
cervicale du bubon
Atteinte pulmonaire secondaire
III. DIAGNOSTICS
1. Diagnostic positif
Suspecté devant un contexte épidémiologique de peste avec bubon, fièvre et malaise
Confirmé par la bactériologie (diagnostic de laboratoire)
2. Diagnostic différentiel
a. Devant une peste bubonique
Adénite réactionnelle : PE infectieuse, infection génitale
Adénite tuberculeuse
Clinique : installation progressive, ADP douloureuse, syndrome d’imprégnation
tuberculeuse, précédée ou associée à une tuberculose pulmonaire
Paraclinique : examen bactériologique du liquide de ponction ganglionnaire, BAAR
Adénite non spécifique
3. Diagnostic de gravité
Terrain : âges extrêmes, immunodéprimé, polytaré
Retentissement : choc septique, CIVD, défaillance multiviscérale
Etiologie : forme pulmonaire et septicémique
Retard de PEC
4. Diagnostic étiologique : piqure de puce contaminée à partir d’un rongeur infecté par
Yersinia pestis, bactérie coccobacille gram négatif
IV. TRAITEMENT
A. Curatif
1. Buts
Guérir la maladie
Eviter l’extension et la localisation secondaire
Eviter les formes graves
2. Moyens : médicaux
a. Non médicamenteux
Hospitalisation en urgence en service spécialisé
Isolement
Repos au lit strict
Pose de VVP + réhydratation IV
O2
b. Médicamenteux
Antibiothérapie
En 1ère intention : Streptomycine 50 mg/kg/j (3g/24h chez l’adulte) en 2 injections IM ou
IV pendant les 3 1ers jours puis 20 mg/kg/j (2g/24h) les 7 jours suivants. Durée totale : 10j
Alternative :
Gentamycine 3mg/kg en 2 injections IV pendant 10j
Doxycycline ou FQ (ofloxacine, ciprofloxacine)
T3 local : application locale de glycérine sur le bubon : effet antalgique
3. Indications
Peste bubonique : T3 immédiat des cas suspects par ATBT3 curative
Peste pulmonaire et septicémique :
T3 immédiat des cas suspects
Isolement du patient
ATBT3 curative
ATB prophylaxie des sujets contacts
4. Résultats
Peste bubonique : si délai de PEC ˂ 72h, guérison dans 100% des cas
Peste pulmonaire : si délai de PEC ˂ 24h, guérison dans 90% des cas
5. Surveillance
Surveillance épidémiologique des cas suspects
Clinique : syndrome infectieux, signes de choc, bubon, EG
Paraclinique : NFS, VS
B. Préventif
1. Prévention primaire
Contrôle des rongeurs et des puces
Formation des personnels de santé
Mise en place de structures sanitaires, en particulier, les laboratoires
Education de la population
V. CONCLUSION