Séance 5 EL6 Parcours Évasion Monte Cristo

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Explication linéaire n°6

Dantès étourdi, presque suffoqué1, eut cependant la présence d’esprit de retenir son haleine,
et, comme sa main droite, ainsi que nous l’avons dit, préparé qu’il était à toutes les chances, tenait
son couteau tout ouvert, il éventra rapidement le sac, sortit le bras, puis la tête ; mais alors, malgré
ses mouvements pour soulever le boulet, il continua de se sentir entraîné ; alors il se cambra,
5 cherchant la corde qui liait ses jambes, et, par un effort suprême, il la trancha précisément au
moment où il suffoquait ; alors, donnant un vigoureux coup de pied, il remonta libre à la surface de
la mer, tandis que le boulet entraînait dans ses profondeurs inconnues le tissu grossier qui avait failli
devenir son linceul2.
Dantès ne prit que le temps de respirer, et replongea une seconde fois ; car la première
10 précaution qu’il devait prendre était d’éviter les regards.
Lorsqu’il reparut pour la seconde fois, il était déjà à cinquante pas au moins du lieu de sa
chute ; il vit au-dessus de sa tête un ciel noir et tempétueux, à la surface duquel le vent balayait
quelques nuages rapides, découvrant parfois un petit coin d’azur rehaussé d’une étoile ; devant lui
s’étendait la plaine sombre et mugissante, dont les vagues commençaient à bouillonner comme à
15 l’approche d’une tempête, tandis que, derrière lui, plus noir que la mer, plus noir que le ciel,
montait, comme un fantôme menaçant, le géant de granit, dont la pointe sombre semblait un bras
étendu pour ressaisir sa proie ; sur la roche la plus haute était un falot3 éclairant deux ombres.
Il lui sembla que ces deux ombres se penchaient sur la mer avec inquiétude ; en effet, ces
étranges fossoyeurs4 devaient avoir entendu le cri qu’il avait jeté en traversant l’espace. Dantès
20 plongea donc de nouveau, et fit un trajet assez long entre deux eaux ; cette manœuvre lui était jadis
familière, et attirait d’ordinaire autour de lui, dans l’anse du Pharo 5, de nombreux admirateurs,
lesquels l’avaient proclamé bien souvent le plus habile nageur de Marseille.
Lorsqu’il revint à la surface de la mer, le falot avait disparu.

Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, I, 21, 1844.

1 Suffoqué : étouffé par l’eau.


2 Linceul : drap dans lequel on enveloppe un mort.
3 Falot : grande lanterne.
4 Fossoyeurs : ceux qui creusent les tombes dans les cimetières ; ici, les hommes qui ont jeté Dantès à la mer,
« cimetière du château d’If », selon A. Dumas.
5 Anse du Pharo : petite calanque à l’entrée du port de Marseille.
Synthèse de l’explication linéaire n°6 : l’évasion d’Edmond Dantès

Le célèbre roman d’aventures d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, a été publié en


feuilleton dans la presse entre 1844 et 1846. Il raconte l’emprisonnement d’Edmond Dantès, le personnage
principal, puis la vengeance de cet innocent injustement déclaré coupable. Dans la première partie, Edmond
Dantès, alors jeune marin tout juste fiancé, a été trahi par certaines de ses connaissances, jalouses de ses
succès, dénoncé comme conspirateur bonapartiste et enfermé dans une cellule du château d’If, au large de
Marseille. Au cours de ses quatorze années de captivité, il se lie d’amitié avec l’abbé Faria, qui lui révèle
l’existence d’un trésor avant de mourir. L’un des épisodes les plus emblématiques de cette fresque épique est
l’évasion du héros : Dantès prend la place du vieux Faria dans le sac où était cousu son cadavre, sac jeté à la
mer par ses geôliers. Juste avant notre extrait, l’auteur donne les précisions suivantes : « Dantès avait été
lancé dans la mer, au fond de laquelle l’entraînait un boulet de trente-six attaché à ses pieds. La mer est le
cimetière du château d’If. » Cette scène d’évasion, spectaculaire, est typique d’un roman d’aventure : riche
en actions et en suspense, elle montre un personnage intrépide qui parvient à se libérer et à gagner le large.
En quoi cette scène à forte dimension romanesque fait-elle du personnage marginal un héros qui
suscite l’admiration du lecteur ? Nous verrons que Dantès, à force de courage et d’adresse, réussit tout
d’abord à s’extraire du sac qui l’entrave (l. 1 à 8) puis à échapper à cette autre prison qu’est la mer (l. 9 à 23).

1er mouvement :
Dantès, à force de courage et d’adresse, parvient à s’extraire du sac qui l’entrave (l. 1-8)

Citations Procédés Interprétation des effets

« il éventra », « sortit le bras » Verbes d’action au passé Récit détaillé d’une évasion haletante et
(l. 3), « il se cambra » (l. 4), simple spectaculaire : les actions, nombreuses, se
« il trancha » (l. 5), « il succèdent à un rythme rapide.
remonta libre… » (l. 6)

« couteau tout ouvert » (l. 3) Objet symbolique Le couteau se subtitue à l’épée du héros
épique et devient le symbole d’une lutte
farouche contre l’adversité qui lui permet de
remporter une première victoire (il sort la
tête du sac, se délivre de cette prison de
tissu).

« Dantès étourdi, presque Tonalité épique : Forte dramatisation :


suffoqué, eut cependant la - lexique du danger, des Les obstacles et les empêchements se
présence d’esprit de retenir son limites, de la mort et du multiplient. Dantès est toujours à la limite
haleine » (l. 1) « malgré ses combat de la mort, tout près de succomber mais il
mouvements pour soulever le - marqueurs d’opposition s’en sort in extremis parce qu’il
boulet, il continua de se sentir - hyperboles n’abandonne jamais.
entraîné » (l. 3-4) « par un Il est présenté comme un héros
effort suprême, il la trancha extraordinaire, doué d’une grande force
précisément au moment où il morale, qui fait face à l’adversité, avec
suffoquait » (l. 5-6) « alors, courage et acharnement, et suscite donc
donnant un vigoureux coup de l’admiration.
pied… » (l. 6)

« Dantès étourdi, presque Point de vue interne Empathie et suspense : le lecteur partage les
suffoqué, eut cependant la (verbes de pensée et de émotions et les sensations du personnage,
présence d’esprit… » (l. 1) sensation) espère sa réussite mais ignore comme lui
« il continua de se sentir quelle sera l’issue de ce combat.
entraîné... » (l. 4)
« il remonta libre à la surface Antithèse entre la vie et la Pour montrer que Dantès a échappé de peu
de la mer, tandis que le boulet mort (+ subordonnée à la mort, l’auteur, insiste sur le fait qu’il
entraînait dans ses profondeurs circonstancielle aurait pu mourir noyé en restant prisonnier
inconnues le tissu grossier qui d’opposition) du sac de toile. Le mouvement se clôt sur
avait failli devenir son Image et symbole l’opposition entre l’idée de liberté, de vie, et
linceul » (l. 7-8) l’image du « linceul », pour rappeler à quel
danger le héros a échappé.

Bilan du 1er mouvement et transition vers le 2e mouvement : Cette scène d’évasion, palpitante et très
spectaculaire, raconte donc dans un premier temps la plongée dans l’élément liquide, connotant l’univers
maternel, et la sortie épique du sac mortuaire, qui symboliquement annoncent la renaissance du héros,
bientôt confronté à de nouveaux périls pour relancer l’action. En effet, il lui reste encore à échapper à la
mer tempétueuse et aux poursuites.

2e mouvement : Le héros échappe ensuite aux autres dangers qui l’assaillent (l. 9-23)

Citations Procédés Interprétations des effets

« Dantès ne prit que le temps Négation restrictive Répit de courte durée : l’action est aussitôt
de respirer » (l. 9) relancée car le héros se trouve toujours dans
une situation très précaire.

« replongea » (l. 9), « éviter les Lexique de la distance, de Le personnage ne ménage pas ses efforts
regards » (l. 10), « à cinquante l’éloignement et de la pour fuir la prison le plus loin possible et
pas au moins du lieu de sa disparition mettre de la distance entre lui et ses
chute » (l. 11-12), « plongea de geôliers. Il accomplit pour cela une grande
nouveau », « fit un trajet assez prouesse physique : plonger en apnée et
long » (l. 20), « le falot avait nager sur une large distance.
disparu » (l. 23)

« un ciel noir et tempétueux, à Images et symboles Le coin de ciel symbolise la lueur d’espoir,
la surface duquel le vent qui apparaît à l’horizon, au milieu de la
balayait quelques nuages tempête. Cette image annonce un succès
rapides, découvrant parfois un possible malgré les obstacles et les dangers.
petit coin d’azur rehaussé Dans la tourmente de l’existence de Dantès,
d’une étoile » (l. 12-13) c’est un signe d’amélioration : le vent
tourne dans le roman, et la « bonne étoile »,
soit l’image de la chance, laisse présager
une tournure favorable pour le personnage.

« devant lui s’étendait la plaine Tonalité épique : Héroïsme du personnage qui lutte avec
sombre et mugissante, dont les - compléments ténacité et courage contre les éléments
vagues commençaient à circonstanciels de lieu démesurés, dans un effet de gradation et
bouillonner comme à - anaphore d’amplification. Ce combat prend des
l’approche d’une tempête, - comparaison allures mythiques : seul, fragile et démuni,
tandis que, derrière lui, plus - métaphore comme cerné, pris en étau entre deux
noir que la mer, plus noir que - lexique du danger adversaires monstrueux et redoutables, le
le ciel, montait, comme un héros semble affronter l’univers entier.
fantôme menaçant, le géant de Dimension également inquiétante et
granit, dont la pointe sombre fantastique (ombres, fantôme, géant,
semblait un bras étendu pour menace imprécise…) L’angoisse étreint le
ressaisir sa proie » (l. 15-17) lecteur, dans ce moment de forte intensité.
« un ciel noir » (l. 12), « une Antithèse entre l’ombre et la Renforce la solitude et la marginalité du
étoile » (l. 13), « la plaine lumière héros, qui seul dans l’obscurité doit se
sombre » (l. 14), « plus noir Effet de clair-obscur frayer un chemin vers la lumière. Après des
que la mer, plus noir que le années d’enfermement derrière les murailles
ciel » (l. 15), « la pointe du château d’If, une vie en plein jour
sombre » (l. 16), « un falot l’attend, l’occasion pour lui de reprendre
éclairant deux ombres » (l. 17), pied dans le monde et d’assouvir sa
« ces deux ombres » (l. 18), vengeance.
« le falot » (l. 23)

« cette manœuvre lui était jadis Analepse (= retour en Retour sur un passé glorieux qui valorise
familière, et attirait d’ordinaire arrière) Dantès et en fait un être d’exception, bien
autour de lui, dans l’anse du Superlatif en amont de cette scène d’évasion.
Pharo, de nombreux Amorce un retour à la vie :
admirateurs, lesquels l’avaient
proclamé bien souvent le plus
habile nageur de Marseille » (l.
20-22)

« ces deux ombres se Périphrases qui désignent les Nouveau rappel de la mort à laquelle il a
penchaient… » (l. 18) sentinelles, les geôliers, et échappé. Dantès laisse derrière lui le monde
« en effet, ces étranges connotent la mort fantastique des ombres, des enfers.
fossoyeurs devaient avoir L’opposition entre la crainte des
entendu le cri qu’il avait « fossoyeurs » du château (présent) et le
jeté… » (l. 18-19) souvenir des « admirateurs » du port de
Marseille (passé) amorce un retour à la vie
et au monde : Dantès retrouvera-t-il une
place dans la société ?

« Lorsqu’il revint à la surface Répétition de l’expression La renaissance du personnage est


de la mer, le falot avait « surface de la mer », écho confirmée : il a échappé à la noyade et aux
disparu. » (l. 23) au premier mouvement regards des geôliers. Le falot ici représente
Symbole le danger, et c’est le danger qui disparaît
avec lui.

Conclusion

Ainsi, alors qu’Edmond Dantès se retrouve seul au milieu de la mer et de la nuit, une lueur d’espoir
apparaît symboliquement dans le ciel. Le héros ressort grandi et victorieux de sa lutte épique contre les
éléments : aucune poursuite ne semble s’engager contre lui. Sa chance et ses talents de nageur lui
permettront de rejoindre la terre ferme et d’être libre. Cette extraordinaire scène d’évasion consacre la
dimension héroïque du personnage d’Edmond Dantès dont le combat titanesque et solitaire contre les
éléments est admirable. Il s’agit d’un topos romanesque propre au roman d’aventures que l’on retrouve dans
Manon Lescaut, mais traité autrement, sous une forme plus vraisemblable et moins glorieuse. En effet, les
évasions de Des Grieux et de Manon intègrent des éléments burlesques qui font du chevalier Des Grieux un
héros aussi courageux que ridicule. Alors que l’évasion d’Edmond Dantès amorce un retour au monde, avec
la découverte d’un trésor et l’élévation sociale sous le masque du « comte de Monte-Cristo », l’évasion de
Des Grieux renforce sa marginalité, ses difficultés matérielles et sa déchéance, dans la mesure où elle amorce
un engrenage tragique qui conduit au départ pour l’Amérique et à la mort de Manon.
Synthèse de l’explication linéaire n°8 : l’évasion d’Edmond Dantès

Le célèbre roman d’aventures d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, a été publié en


feuilleton dans la presse entre 1844 et 1846. Il raconte l’emprisonnement d’Edmond Dantès, le personnage
principal, puis la vengeance de cet innocent injustement déclaré coupable. Dans la première partie, Edmond
Dantès, alors jeune marin tout juste fiancé, a été trahi par certaines de ses connaissances, jalouses de ses
succès, dénoncé comme conspirateur bonapartiste et enfermé dans une cellule du château d’If, au large de
Marseille. Au cours de ses quatorze années de captivité, il se lie d’amitié avec l’abbé Faria, qui lui révèle
l’existence d’un trésor avant de mourir. L’un des épisodes les plus emblématiques de cette fresque épique est
l’évasion du héros : Dantès prend la place du vieux Faria dans le sac où était cousu son cadavre, sac jeté à la
mer par ses geôliers. Juste avant notre extrait, l’auteur donne les précisions suivantes : « Dantès avait été
lancé dans la mer, au fond de laquelle l’entraînait un boulet de trente-six attaché à ses pieds. La mer est le
cimetière du château d’If. » Cette scène d’évasion, spectaculaire, est typique d’un roman d’aventure : riche
en actions et en suspense, elle montre un personnage intrépide qui parvient à se libérer et à gagner le large.
En quoi cette scène à forte dimension romanesque fait-elle du personnage marginal un héros qui
suscite l’admiration du lecteur ? Nous verrons que Dantès, à force de courage et d’adresse, réussit tout
d’abord à s’extraire du sac qui l’entrave (l. 1 à 8) puis à échapper à cette autre prison qu’est la mer (l. 9 à 23).

1er mouvement :
Dantès, à force de courage et d’adresse, parvient à s’extraire du sac qui l’entrave (l. 1-8)

Citations Procédés Interprétation des effets


« il éventra », « sortit le bras »
(l. 3), « il se cambra » (l. 4),
« il trancha » (l. 5), « il
remonta libre… » (l. 6)

Objet symbolique

« Dantès étourdi, presque


suffoqué, eut cependant la
présence d’esprit de retenir son
haleine » (l. 1) « malgré ses
mouvements pour soulever le
boulet, il continua de se sentir
entraîné » (l. 3-4) « par un
effort suprême, il la trancha
précisément au moment où il
suffoquait » (l. 5-6) « alors,
donnant un vigoureux coup de
pied… » (l. 6)
« Dantès étourdi, presque
suffoqué, eut cependant la
présence d’esprit… » (l. 1)
« il continua de se sentir
entraîné... » (l. 4)
« il remonta libre à la surface
de la mer, tandis que le boulet
entraînait dans ses profondeurs
inconnues le tissu grossier qui
avait failli devenir son
linceul » (l. 7-8)
Bilan du 1er mouvement et transition vers le 2e mouvement : Cette scène d’évasion, palpitante et très
spectaculaire, raconte donc dans un premier temps la plongée dans l’élément liquide, connotant l’univers
maternel, et la sortie épique du sac mortuaire, qui symboliquement annoncent la renaissance du héros,
bientôt confronté à de nouveaux périls pour relancer l’action. En effet, il lui reste encore à échapper à la
mer tempétueuse et aux poursuites.

2e mouvement : Le héros échappe ensuite aux autres dangers qui l’assaillent (l. 9-23)

Citations Procédés Interprétations des effets


« Dantès ne prit que le temps
de respirer » (l. 9)
« replongea » (l. 9), « éviter les
regards » (l. 10), « à cinquante
pas au moins du lieu de sa
chute » (l. 11-12), « plongea de
nouveau », « fit un trajet assez
long » (l. 20), « le falot avait
disparu » (l. 23)
Symbole d’espoir

« devant lui s’étendait la plaine


sombre et mugissante, dont les
vagues commençaient à
bouillonner comme à
l’approche d’une tempête,
tandis que, derrière lui, plus
noir que la mer, plus noir que
le ciel, montait, comme un
fantôme menaçant, le géant de
granit, dont la pointe sombre
semblait un bras étendu pour
ressaisir sa proie » (l. 15-17)
Antithèse entre l’ombre et la
lumière
Effet de clair-obscur

« cette manœuvre lui était jadis


familière, et attirait d’ordinaire
autour de lui, dans l’anse du
Pharo, de nombreux
admirateurs, lesquels l’avaient
proclamé bien souvent le plus
habile nageur de Marseille » (l.
20-22)
« ces deux ombres se
penchaient… » (l. 18)
« en effet, ces étranges
fossoyeurs devaient avoir
entendu le cri qu’il avait
jeté… » (l. 18-19)

« Lorsqu’il revint à la surface


de la mer, le falot avait
disparu. » (l. 23)

Conclusion

Ainsi, alors qu’Edmond Dantès se retrouve seul au milieu de la mer et de la nuit, une lueur d’espoir
apparaît symboliquement dans le ciel. Le héros ressort grandi et victorieux de sa lutte épique contre les
éléments : aucune poursuite ne semble s’engager contre lui. Sa chance et ses talents de nageur lui
permettront de rejoindre la terre ferme et d’être libre. Cette extraordinaire scène d’évasion consacre la
dimension héroïque du personnage d’Edmond Dantès dont le combat titanesque et solitaire contre les
éléments est admirable. Il s’agit d’un topos romanesque propre au roman d’aventures que l’on retrouve dans
Manon Lescaut, mais traité autrement, sous une forme plus vraisemblable et moins glorieuse. En effet, les
évasions de Des Grieux et de Manon intègrent des éléments burlesques qui font du chevalier Des Grieux un
héros aussi courageux que ridicule. Alors que l’évasion d’Edmond Dantès amorce un retour au monde, avec
la découverte d’un trésor et l’élévation sociale sous le masque du « comte de Monte-Cristo », l’évasion de
Des Grieux renforce sa marginalité, ses difficultés matérielles et sa déchéance, dans la mesure où elle amorce
un engrenage tragique qui conduit au départ pour l’Amérique et à la mort de Manon.

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