Analyse Automne Malade
Analyse Automne Malade
Analyse Automne Malade
:
Apollinaire a exercé ses talents dans de nombreux domaines, il a écrit
des contes, il a écrit des critiques d’art, il a même fait du théâtre mais
c’est surtout dans le genre poétique qu’il excelle. D’abord influencé
par le symbolisme finissant, Apollinaire est ensuite attiré par la
modernité poétique et picturale avec le cubisme. C’est ainsi qu’il
publie Alcools en 1913, le meilleur de ses expériences poétiques
comme le suggère le titre (Alcools ce qui était le meilleur le plus
important, la quintessence). Cette œuvre mêle les poèmes d’amour,
l’explosion de la vie moderne. Nous allons étudier automne malade,
poème publié pour la première fois dans alcools et écrit, pense-t-on,
en 1902. Situé dans l’ouvrage après la série des Rhénanes, il se
rattache pourtant aux poèmes inspirés à Apollinaire par son séjour en
Rhénanie. En effet, dans ce poème le décor géographique importe
peu, il ne l’a donc pas mis dans les Rhénanes. Ce qui compte, c’est le
traitement original que nous propose l’auteur d’un thème très
fréquent en poésie, celui de l’automne. C’est d’ailleurs cette idée qui
sera le fil conducteur de notre explication qui comportera trois
parties ; l’automne, une saison vénérée mais condamnée des vers 1-4
puis, des vers 5-13, nous verrons les caractéristiques de l’automne et
enfin, des vers 14-23, l’automne et le poète.
I – L’automne, une saison vénérée mais condamnée :
a) La saison vénérée :
On a une saison personnifiée. Dès le vers 1, le poète s’adresse à
l’automne en reprenant le titre, il fait de cette saison le personnage
éponyme du poème. Cette idée de personnification est encore
renforcée si l’on considère que cette personnification pourrait être
finalement une hypallage. On a, de plus, le pronom « tu » qui
confirme bien cette idée de personnification. On a ensuite l’idée
d’une saison en or. On remarque le participe passé « Adoré » qui
montre et renforce cette idée de vénération, mais il n’y a pas de
complément d’agent (adoré par telle ou telle personne) ce qui fait
penser à une adoration universelle. Le mot « adoré » rime avec le
mot « roseraies », c’est un mot qui nous rappelle la floraison de la
rose dont la réputation n’est bien sûr plus à faire. Dans « adoré » on
retrouve le mot « or », donc il y a un rapprochement entre l’automne
et le métal précieux, ce qui nous montre la richesse optimale de la
végétation. En revanche il ne nous échappe pas que cet automne est
malade et fragilisé
b) La saison condamnée :
L’automne véhicule une idée de mort puisqu’il annonce l’hiver
comme le confirme l’allusion à la neige au vers 3. On a aussi
l’utilisation du futur voire du futur antérieur qui confirme cette idée
de fatalité. De plus, les 2 propositions subordonnées circonstancielles
à valeur universelle renforcent cette idée de fatalité. La fin de
l’automne est inéluctable. On remarque l’allitération en « -r », une
sonorité dure qui souligne la cruauté de la situation, ainsi qu’une
assonance en « -ou » qui va mimer le souffle du vent. On remarque
également la dualité de l’automne. L’automne est la plus belle saison
et lorsque l’automne est le plus beau, il meurt. Cette dualité, on la
retrouve dans la versification. En effet, si on prend une idée de vers
libres, c’est « adoré » qui fait la rime alors que si on prend une
versification traditionnelle c’est « mourra » qui fait la rime. On voit
donc un automne instable et menacé qui est une image de
l’existence ; la vie est belle mais fragile et la mort est certaine et
inéluctable. Dans la suite du texte, le poète va développer et
expliciter cette dualité, cette ambiguïté de l’automne tout en
modernisant les images traditionnelles de l’automne.
b) La modernité
Nous pouvons voir 2 éléments : tout d’abord une modernité
thématique. Apollinaire va associer l’ambigüité de l’automne à
l’ambiguïté de la femme. Il dit que la femme est envoutante, on ne
peut pas résister à son attraction, et imprévisible, avec ses cheveux
verts. Mais elle est aussi indifférente et cruelle on le voit avec la
négation partielle « qui n’ont jamais aimé ». Une femme très
ambiguë, faisant écho à cette fatalité, le poète nous propose le cri
des cerfs qui nous rappelle l’idée de la chasse, le jeu amoureux, très
amoureux, que jouent les cerfs. Nous avons toujours un décor indécis
« aux lisières lointaines », on ne voit pas trop, c’est indécis, ça
caractérise bien l’automne. Ensuite nous avons une modernité
formelle. En effet, on a des vers libres hormis au vers 10 ou on a un
alexandrin. Grâce à ce vers libre, Apollinaire peut mettre en place un
calligramme (poème en forme de dessin en rapport avec le texte) ou
on aurait les branches de l’arbre qui sont d’inégales longueur car
comme les feuilles sont tombées, les branches sont d’inégales
longueur comme les vers. Les apostrophes à l’automne sous
entendent bien sûr la présence du poète qui devient explicite à la
dernière strophe et le poète va manifester sa complicité avec la
saison automnale.