Cours Meca Phytem
Cours Meca Phytem
Cours Meca Phytem
Nicolas Sator
Laboratoire de Physique Théorique de la Matière Condensée
Université Pierre et Marie Curie Paris 6
Bibliographie
2 Le formalisme hamiltonien 7
2.1 Les équations de Hamilton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.2 Les crochets de Poisson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3 Exercices 9
3.1 L’oscillateur harmonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.2 L’atome hydrogénoı̈de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3.3 La particule plongée dans un champ électromagnétique . . . . . . 12
3.4 La courbe brachistochrone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2
1 Le formalisme lagrangien
1.1 De Newton à Lagrange : une reformulation de la mécanique
L’expérience montre que le mouvement d’une particule est complètement
déterminé par sa position q(t) et sa vitesse q̇(t) à un instant donné t (on se
place pour l’instant dans un espace à une dimension). En effet, l’équation fon-
damentale de la dynamique fournit l’expression de q̈(t) en fonction de q(t) et
q̇(t) :
q̈(t) = f q(t), q̇(t) .
Connaissant les forces qui s’exercent sur le système et donc l’expression de la
fonction f , la trajectoire est construite localement, de proche en proche, en
passant de l’état mécanique à l’instant t à celui en t + dt : Ainsi, q̇(t) permet de
calculer q(t + dt) et q̈(t) permet de calculer q̇(t + dt). Le formalisme newtonien
est donc basé sur une approche différentielle.
grange qui, en 1787, en donne la formulation complète que nous connaissons aujourd’hui.
2 Le principe de Fermat (1657) exprimait déjà cette idée : “La trajectoire de la lumière d’un
3
q
A1 q1
q0
q
2
A2
q
3
t1 t2 t
où la fonction L(q(t), q̇(t), t) est appelée le Lagrangien du système. Nous verrons
plus loin comment écrire cette fonction.
Remarquons que la fonction L dépend du temps explicitement, mais aussi
implicitement à travers q(t) et q̇(t). La dérivée de L par rapport à t est donc :
dL ∂L ∂L dq ∂L dq̇ ∂L ∂L ∂L
= + + = + q̇ + q̈.
dt ∂t ∂q dt ∂ q̇ dt ∂t ∂q ∂ q̇
Pour un chemin donné, tel que q(t1 ) et q(t2 ) sont fixés, S[q] prend une certaine
valeur. D’après le principe de moindre action, la trajectoire physique est le
chemin qui donne une valeur minimale3 à l’action.
3 Ils’agit en général d’un minimum, d’où le nom de principe de moindre action, mais dans
certain cas l’extremum est un maximum.
4
1.3 L’équation d’Euler-Lagrange
Nous allons montrer que le chemin q(t) qui donne une valeur extrémale à
l’action, q(t1 ) et q(t2 ) étant fixés, vérifie l’équation d’Euler-Lagrange :4
∂L d ∂L
− = 0. (2)
∂q dt ∂ q̇
Démonstration :
Supposons que l’on connaisse le chemin q0 (t), qui rende S[q] extrémale.
Puisque S[q0 ] est extrémale, une petite variation η(t) de la fonction q(t) im-
plique une variation δS = 0 au premier ordre en η(t). Posons explicitement :
q(t) = q0 (t) + η(t),
où ∀t η(t) << q0 (t). Calculons la variation induite de la fonctionnelle, δS, pour
une valeur de t fixée :
Z t2
δS = L q0 (t) + η(t), q̇0 (t) + η̇(t), t − L q0 (t), q̇0 (t), t dt.
t1
5
1.4 Le Lagrangien
Comment écrire le Lagrangien d’une particule ? Considérons pour commen-
cer une particule libre. D’après l’équation fondamentale de la dynamique,5 on
doit avoir
d
mq̈ = (mq̇) = 0. (3)
dt
Le Lagrangien d’une particule libre ne dépend a priori que de la vitesse q̇.
L’équation d’Euler-Lagrange impose donc
d ∂L(q̇)
= 0.
dt ∂ q̇
L = T − U,
cule libre ne dépend que de la norme de la vitesse. L’équation d’Euler-Lagrange impose alors
la forme de L (Mécanique, L. Landau et E. Lifchitz (Mir, Moscou, 1982)).
6 L’utilisation exclusive de forces conservatives en mécanique analytique peut sembler être
un handicap, mais la dissipation de l’énergie n’intervient que de façon effective pour des
systèmes macroscopiques. Sur le plan fondamental, pour des systèmes microscopiques étudiés
dans le cadre de la physique quantique, cette restriction ne pose pas de problème.
6
les vitesses correspondantes q̇i . En coordonnées cartésiennes on a donc q1 = x1 ,
q2 = y1 , q3 = z1 , q4 = x2 , q5 = y2 , ... où (xj , yj , zj ) sont les coordonnées
spatiales de la j eme particule.7 On a alors 3N équations d’Euler-Lagrange :
∂L d ∂L
− =0 pour i = 1, 2, ...3N.
∂qi dt ∂ q̇i
2 Le formalisme hamiltonien
2.1 Les équations de Hamilton
Si le Lagrangien ne dépend pas explicitement du temps ( ∂L
∂t = 0) :
∂L
L − q̇ (5)
∂ q̇
est une constante du mouvement.
Démonstration :
Calculons :
d ∂L ∂L ∂L ∂L ∂2L ∂2L
L − q̇ = q̇ + q̈ − q̈ − q̇ q̇ + q̈
dt ∂ q̇ ∂q ∂ q̇ ∂ q̇ ∂ q̇∂q ∂ q̇ 2
∂L ∂2L ∂2L
= q̇ − q̇ − q̈ .
∂q ∂ q̇∂q ∂ q̇ 2
D’après l’équation d’Euler-Lagrange, le terme entre crochets est nul, ce qui
achève la démonstration.
7 Une contrainte sur les coordonnées réduit le nombre de degrés de liberté. Par exemple, une
particule qui se déplace à la surface d’une sphère n’a que deux degrés de liberté. Compte tenu
de la symétrie, on choisira les angles q1 = θ et q2 = φ plutôt que les coordonnées cartésiennes.
En général s’il y a m contraintes, il y a 3N − m degrés de liberté.
7
Reste à trouver les équations du mouvement à partir de cette nouvelle fonction.
Pour cela différencions H, supposé indépendant du temps et utilisons l’équation
d’Euler-Lagrange :
3N 3N 3N
X ∂L ∂L X ∂L X
dH = q̇i dpi +pi dq̇i − dqi + dq̇i = q̇i dpi − dqi = q̇i dpi −ṗi dqi .
i=1
∂qi ∂ q̇i i=1
∂qi i=1
∂H ∂H
q̇i = et ṗi = − pour i = 1, 2, ...3N. (8)
∂pi ∂qi
où l’on a introduit les crochets de Poisson de f avec H. En général, les crochets
de Poisson de deux fonctions f et g s’écrivent :
3N
X ∂f ∂g ∂f ∂g
f, g = − .
j=1
∂qj ∂pj ∂pj ∂qj
8
Les crochets de Poisson permettent également d’associer des propriétés de symétrie
et d’invariance. Ainsi, d’après l’équation (9), une quantité
physique f qui ne
dépend pas explicitement du temps est conservée si f, H = 0. Par exemple,
si H ne dépend pas explicitement du temps, l’énergie est conservée. Autrement
dit, l’uniformité du temps correspond à la conservation de l’énergie. Par ailleurs,
les équations de Hamilton montrent clairement que si H ne dépend pas d’une
certaine coordonnée q0 , son moment conjugué p0 est une constante du mouve-
ment.
Pour ouvrir une porte sur la mécanique quantique, les crochets de Poisson
sont à l’origine de la quantification et du commutateur entre deux opérateurs.
Ainsi, les crochets de Poisson
q, p = 1
annonce la relation fondatrice de la mécanique quantique :8
[q, p] = i~,
3 Exercices
3.1 L’oscillateur harmonique
L’énergie potentielle d’un oscillateur harmonique (classique) à une dimension
s’écrit
1
U (q) = mω 2 q 2 .
2
1) En déduire l’équation du mouvement à l’aide du formalisme lagrangien.
2) En déduire l’équation du mouvement à l’aide du formalisme hamiltonien.
Réponse :
1) Le Lagrangien s’écrit :
1 2 1
L= mq̇ − mω 2 q 2 .
2 2
Et d’après l’équation d’Euler-Lagrange :
∂L d ∂L
=
∂q dt ∂ q̇
donc
−mω 2 q = mq̈.
8 On consultera avec profit Mécanique quantique, 1. Fondements et premières applications,
9
2) Le Hamiltonien s’écrit :
p2 1
H= + mω 2 q 2 .
2m 2
Les équations de Hamilton donnent
p
q̇ = et ṗ = −mω 2 q.
m
On en déduit l’équation du mouvement :
q̈ + ω 2 q = 0.
Réponse :
1 2 1 Ze2 1 Z ẽ2
1) On a L = mṙ −V (r) = mṙ2 + ˆ mṙ2 +
= dont on note qu’il
2 2 4πǫ0 r 2 r
est invariant par rotation. On a introduit une charge effective pour simplifier les
notations
En coordonnées sphériques on a : r = r ur et ṙ = ṙ ur + r θ̇ uθ + r sin θ ϕ̇ uϕ
d’où :
1 Z ẽ2
L(r, θ, ϕ) = m(ṙ2 + r2 θ̇2 + r2 sin2 θ ϕ̇2 ) + . (11)
2 r
10
on a, pour les coordonnées r, θ et ϕ :
d Z ẽ2
2 2 2
(m ṙ) = m r θ̇ + r sin θ ϕ̇ − 2
dt r
d 2
mr θ̇ = mr2 sin θ cos θ ϕ̇2 (13)
dt
d mr2 sin2 θ ϕ̇ = 0
dt
∂L
pr = = mṙ
∂ ṙ
∂L
pθ = = mr2 θ̇
∂ θ̇
∂L
pϕ = = mr2 sin2 θϕ̇.
∂ ϕ̇
En coordonnées sphériques, le moment conjugué est donc différent de l’impulsion
p = mṙ. Le Hamiltonien du système s’écrit donc
11
Les équations de Hamilton sont :
∂H pr ∂H p2 p2ϕ Z ẽ2
ṙ = = et ṗr = − = θ3 + −
∂pr m ∂r mr mr3 sin2 θ r2
2
∂H pθ ∂H pϕ cos θ
θ̇ = = et ṗθ = − =
∂pθ mr 2 ∂θ mr2 sin3 θ
∂H pϕ ∂H
ϕ̇ = = 2 et ṗϕ = − = 0.
∂pϕ 2
mr sin θ ∂ϕ
En utilisant les expressions des moments conjugués, on retrouve bien les équations
du mouvement obtenues à l’aide du formalisme lagrangien.
Réponse :
1) On a :
1
L= mv2 + q v.A(r, t) − q φ(r, t) (15)
2
où l’on note que A et φ font intervenir, via leurs arguments, la position de la
particule.
On en tire :
∂L
= mẋi + qAi (r, t)
∂ ẋi
(16)
∂L ∂A j (r, t) ∂φ(r, t)
=q ẋj − q
∂xi ∂xi ∂xi
et :
d ∂L ∂Ai (r, t) ∂Ai (r, t)
= mẍi + q + ẋj (17)
dt ∂ ẋi ∂t ∂xj
avec sommation sous-entendue sur l’indice répété (j). L’équation du mouvement
de la particule est alors donnée par :
∂φ(r, t) ∂Ai (r, t) ∂Ai (r, t) ∂Aj (r, t)
mẍi = −q −q + ẋj − ẋj (18)
∂xi ∂t ∂xj ∂xi
12
On doit retrouver l’équation usuelle de la particule chargée dans un champ
électromagnétique :
dv
m = q (E + v ∧ B) . (19)
dt
Le champ électrique E vérifie :
∂B ∂
∇∧E = − = − (∇ ∧ A) (20)
∂t ∂t
A étant le potentiel vecteur.
On a donc :
∂A(r, t)
E=− − ∇φ(r, t) (21)
∂t
et la composante Ei du champ électrique est donnée par :
Bk = ǫklm ∂l Am . (25)
On a donc :
(v ∧ B)i = ǫijk ǫklm ẋj ∂l Am = ǫkij ǫklm ẋj ∂l Am
qui sont bien les troisième et quatrième termes figurant dans le second membre
l’expression (18).
13
2) On détermine d’abord le moment conjugué pi . On a :
∂L
pi = = mẋi + qAi (r, t) (27)
∂ ẋi
d’où :
pi qAi (r, t)
ẋi (xj , pj ) = − . (28)
m m
On remarque que le moment conjugué est différent de l’impulsion pi = mẋi . Le
Hamiltonien est donné par :
X
H = pi ẋi − L(xi , ẋi (xj , pj ), t)
i
2
p2
X pi
q X 1 X pi qAi qAi
= − pi Ai − m − −q Ai − + qφ
m m i 2 i
m m i
m m
(29)
où l’on a, cette fois, explicité les sommes (sur l’indice i). On a, en simplifiant
l’expression précédente :
1
H= (p − qA)2 + q φ (30)
2m
où l’on remarque que l’impulsion de la particule p est remplacée par p − qA.
∂H ∂H
3) Les équations de Hamilton sont données par : ṗi = − et q̇i =
∂xi ∂pi
soit, de façon explicite :
∂H ∂ 1 2 q ∂Ak ∂φ
= (p − qA(r, t)) + q φ(r, t) = − (pk − qAk ) +q
∂xi ∂xi 2m m ∂xi ∂xi
(31)
et
∂H 1
= (pi − qAi ) . (32)
∂pi m
14
3.4 La courbe brachistochrone
Le principe variationnel dépasse le cadre de la mécanique analytique. Plus
généralement, on peut utiliser l’équation d’Euler-Lagrange pour déterminer une
fonction qui “extrémise” une certaine fonctionnelle. Des questions purement
géométriques peuvent ainsi être traitées. Par exemple, dans le plan quelle est la
courbe fermée qui a la plus grande surface pour un périmètre donné (problème
des isopérimètres) ? On écrira la surface comme une fonctionnelle dépendant de
la forme de la courbe et on cherchera l’expression de cette courbe qui maximise
la surface à périmètre donné.10
h A
B
d x
Fig. 2 – Un objet part du point A sans vitesse initiale et glisse le long de la
courbe jusqu’au point B.
15
Réponse :
Soit s l’abscisse curviligne, un élément de courbe ds s’exprime en coordonnées
cartésiennes p p
ds = dx2 + dy 2 = 1 + y ′2 dx,
dy ds
où y ′ = dx . La vitesse de l’objet est donnée par v = dt . La conservation de
l’énergie mécanique implique
1
mv 2 + mgy = mgh.
2
Exprimons le temps de parcours T [y]. C’est une fonctionnelle qui dépend de la
forme y(x) du toboggan. On a
p
dx dx ds vdx v 2g(h − y)
= =p = p = p ,
dt ds dt 2
dx + dy 2 1+y ′2 1 + y ′2
soit s
1 + y ′2
dt = dx.
2g(h − y)
Le temps de parcours s’écrit donc :
Z d
T [y] = L(y, y ′ )dx,
0
q
1+y′2
où L(y, y ′ ) = 2g(h−y) ne dépend pas de x. La fonction L n’est bien sur pas
un Lagrangien, mais on peut utiliser l’équation d’Euler-Lagrange pour trouver
la forme y(x) qui minimise la fonctionnelle T [y]. La variable muette n’est plus
le temps t, mais l’abscisse x. Puisque L est indépendante de x,
∂L
L − y′ = C,
∂y ′
où C est une constante. Donc
1 p
p = C 2g(h − y).
1+y ′2
θ 1 R
1 + y ′2 = 1 + tan2 = θ
= ,
2 cos2 2
h−y
soit
θ R
y = h − R cos2 = h − (1 + cos θ).
2 2
16
Par ailleurs,
dy dy dθ R dθ θ θ dθ
y ′ = tan(θ/2) = = = sin θ = R sin cos ,
dx dθ dx 2 dx 2 2 dx
donc
θ
dx = R cos2 dθ,
2
soit en intégrant
R R
x= (θ + sin θ) + cte et y = h − (1 + cos θ),
2 2
que l’on peut écrire avec le changement de variable θ → θ − π et en imposant
x(0) = 0 :
R R
x = (θ − sin θ) et y = h − (1 − cos θ).
2 2
C’est l’équation d’une cycloı̈de. Reste à déterminer R pour que la trajectoire
passe par le point B. Sur la figure 3, on remarque que la pente à l’origine est
infinie pour obtenir une accélération initiale maximale.
0.8
0.6
0.4
y
0.2
-0.2
0 0.5 1 1.5 2
x
17