Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


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16 mai 2024

Quelques bourgades alsaciennes …

 

Paysage alsacien (photo par Axel)

Le long de la route des vins, en alsace, sont semés des villages hauts en couleurs ou viennent au printemps nidifier les cigognes – ici, lors des labours on voit ces grands échassiers, comme ailleurs les mouettes et autres goélands, suivre les tracteurs pour chasser leur pitance.  

Des bourgades, on songe bien sûr à Ribeauvillé et ses trois châteaux perchés sur les escarpements, biens visibles depuis la Grand’Rue, et à Riqueriwihr, situé à quelques encablures plus au sud.

La Grand'rue de Ribeauvillé (photo par Axel)

Château du Haut-Ribeaupierre (Photo par Axel)

Château de Girsberg (photo par Axel)

Château de Saint-Ulrich (photo par Axel)

A Riquewhir (photo par Axel)

Mais il ne faudrait pas oublier le petit bourg médiéval de Bergheim, ni celui d’Eguishem situé un peu au sud de Colmar. Kaysersberg lui aussi a son château. Et, après avoir flâné dans le treillis de de ses ruelles, il est recommandé de grimper jusqu’à la tour, avant d’emprunter le sentier qui traverse la vallée, avec ses vignes posées sur les ondulations du paysage.


Vue de kaysersberg (photo par Axel)

Vue de Kaysersberg depuis le vignoble (photo par Axel)

Turckheim, en aval de Munster et aux abords ouest de Colmar, est un lieu au charme indéniable où veille un dragon – du moins sa légende. Le dragon du Brand :

« Il y a bien longtemps, lorsque la Vallée du Rhin formait un grand lac, un dragon égaré sortit des eaux pour s’installer sur le rivage au lieu-dit du Letzenberg, à proximité de l’actuel village de Turckheim. Fatigué et apaisé par la douce torpeur du lieu, il s’assoupit. Le soleil profita de son repos pour briller de plus en plus fort afin de faire fondre ses écailles. Une bataille de feu s’engagea entre le dragon et l’astre brillant. Hargneux et crachant des flammes sur le soleil ardent, le dragon finit par s’épuiser de son sang se répandît tout autour du lieu-dit nommé Drachenloch « trou du dragon ». Des siècles plus tard, une fois que les eaux s’étaient retirées, les hommes plantèrent des vignes sur cette belle colline. La terre, fertilisée par le sang du dragon, donna naissance à l’un des Grands Crus d’Alsace : le BRAND. »[1]


Turckheim (photo par Axel)

Turckheim (photo par Axel)

Le dragon de Turckheim (photo par Axel)


Niedermorschwihr fait partie de ces villages au nom à rallonges que l’on traverse en général sans s’arrêter. A tort. Ici les habitations sont distribuées autour d’une route principale, la rue des Trois Epis.  Et, pour peu que l’on y fasse halte, on pourra, par exemple, se rendre au domaine de l’Oriel pour une séance de dégustation d’excellents crus locaux, tout profitant de la compagnie et du savoir de son sympathique propriétaire. « Un truc de fou ! »


Niedermorschwihr (photo par Axel)


On pourra aussi suivre un itinéraire plus bucolique, en forêt, passant par les nombreux castels qui engrainent leur mémoire sur l’horizon ; vigies plus ou moins rendues à l’état de vestiges – il y a une beauté des ruines – les verdiers et les chardonnerets qui y trouvent refuge ne s’y trompent pas.

Enfin il arrive parfois, sur les derniers jours d’avril, que l’hiver et la neige s’invitent sur les reliefs. Ainsi au hameau des Trois Epis où nous étions perchés …   


Aux Trois Epis ... (Photo par Axel)


22 déc. 2023

Rencontre en baie de Somme

En baie de Somme ... (photo par Axel)

La baie de Somme et ses grands espaces …

Un lieu magique qui offre le privilège, pour peu que l’on s’y rende hors saison, de pouvoir savourer quelques lampées de solitude choisie ; d’être opportunément tenu éloigné des fauteurs de bruits pour qui tout n’est qu’environnement et défouloir …


Parcours ...

Ainsi ce jour de début décembre, jour de neige, où il me fut loisible de croiser sur la journée, lors d’une boucle de 21 km à un rythme de tortue, plus de 40 espèces d’oiseaux – et si peu de mes congénères. Et d’admirer ces paysages au vaste ciel contrasté ; un véritable bain de couleurs. Un parcours rituel qui s’ouvre sur 3 km entre pins, lande et massif dunaire, avant de rejoindre la plage et ses alignements de piquets à moule, visibles à marée basse. Et de là, plonger au sud vers la baie et dépasser le banc de l’Islette, empruntant un petit sentier qui serpente entre dunes et maquis, inondé et pris de glace, pour aller enfin lorgner du côté de l’observatoire du Marquenterre situé côté baie.

 

Sentier gelé (Photo par Axel)

Sentier gelé (Photo par Axel)

La plage (Photo par Axel)

Y rester plus d’une heure, tranquille, à contempler le bruissement de la nature. S’émouvoir de la venue d’un martin-pêcheur, prenant la pose dans un rayon de lumière, tandis que sur le plan d’eau et dans la roselière la vie s’ébroue … Parmi les espèces notables, deux visiteurs d’hiver, des anatidés : le garrot à-œil-d ’or et le harle piette – j’en compte trois (2 mâles et une femelle). Passe à deux reprises, d’un vol chaloupé, une femelle ou un immature de busard des roseau … La réserve est fermée, tout est calme, le temps suspendu à un vol de bruant des neiges …

Busard des roseaux (photo par Axel)

Harle piette (Photo par Axel)

Huitrier-pie (photo par Axel)

Martin-pêcheur (photo par Axel)

Mais en cette saison les jours se font courts, et dès le début de l’après-midi il faut songer à rebrousser. Cela tombe bien car c’est la marée haute ; un faible coefficient cependant et, pour se mêler aux limicoles, il faut prendre droit vers le large pour rejoindre le fil des vaguelettes, là où elles grignotent le sable …  Posés sur l’horizon des bancs de goélands où se mêlent quelques cormorans. Plus loin une nuée d’huitriers-pies vient au reposoir, accompagnés de trois ou quatre pluviers argentés. Sachant les pies de mer plutôt farouches je les contourne afin de ne pas les fatiguer, et cherche dans mes jumelles les petites boules nerveuses des bécasseaux. Ceux-là, pour peu que l’on y mette les formes, se laissent approcher parfois à quelques mètres de distances, poursuivant fébriles leur activités, indifférents au photographe accroupis à quelques pas.

Oie cendrée & phoque (photo par Axel)

C’est alors qu’au loin j’aperçois dans mes jumelles deux masses sombres qui se détachent sur le plat de la baie, à la limite des flots. Je dois être à 400 où 500 mètres de distance. Je dirige mes pas droit sur l’objet de l’intrigue, faisant des arrêts réguliers. Et d’élucider bientôt l’un des deux mystères :  une oie cendrée ! L’autre me semblant être un gros morceau de bois amené par la marée.

A mon approche l'oie se résout à s'éloigner en nageant. Sa présence, solitaire à cet endroit et son comportement me fait songer à un oiseau blessé, incapable de voler. Quant au bout de bois il me semble bouger légèrement. Un phoque !

Phoque (photo par Axel)

Soleil descendant sur la baie (photo par Axel)

Lumières de la baie (photo par Axel)

L'animal est de dos et je m’approche à une dizaine de mètres, signalant ma présence en faisant du bruit. Il tourne sa tête dans ma direction et avec maladresse se dirige sur moi. Surpris par ce comportement je songe à un individu en détresse. Il pousse parfois des petits cris me fixant de ses grands yeux tristes, basculant sur le flanc, puis vient pratiquement se blottir entre mes bottes. Que faire ? …  Faute de réseau, je le géolocalise et me convainc, au bout d’un bon quart d’heure de tergiversation, de partir avec l’idée de croiser quelqu'un pour lui exposer la situation – je me retourne à plusieurs reprises ; j’ai le sentiment de l’abandonner ... Autour de lui s’activent des bandes de bécasseaux Sanderling, auxquels je ne prête que peu d’attention, obnubilé que je suis par l’animal. Au bout d’un gros kilomètre, je fini par croiser deux jeunes femmes qui, motivées par mon récit, m'accompagnent jusqu'à l'animal, ayant réussi à appeler les pompiers. Ces derniers nous mettent alors en relation avec l'association locale qui gère ce genre de cas. Gros soulagement !



Mais le ciel commence déjà à se teinter de sombreur et je me décide à rentrer, afin d’arriver avant la nuit – la fatigue et le froid se font sentir ... Quant aux deux femmes, elles préfèrent rester encore un peu au chevet du phoque – désormais localisé et pris en charge. L’une d’elle me promet de me donner des nouvelles.

 

(photo par Axel)

De fait, je reçois en soirée un message où elle m’explique qu’elles ont été rappelées par la responsable de l’association locale de la protection de la nature, et qu’il s’agit, au vu des photographies, d’un bébé ayant été déjà signalé la veille. Que les naissances de phoques gris dans la baie de Somme étaient rares mais pas inhabituelles. Qu'il n'était pas anormal qu'il soit seul pour une durée de 1 à 3 jours, la mère étant occupée à chasser. Bref il n'avait pas besoin d'assistance et se trouvait en bonne santé, que bientôt il ferait ses 35 kg …

 

Une histoire banale et à la fois singulière. Touchante.

3 nov. 2023

A la pointe du Hourdel

 

La pointe du Hourdel, à marée haute (photo par Axel)

Se rendre à la pointe du Hourdel le dernier jour d’octobre, par un temps capricieux… Chatoyance de couleurs, nuances de gris et de bleu – essuyées sur le noir des nuages. Crevants parfois d’un trop plein de larmes. 

Prendre le sentier qui sinue le long de la côte, entre amas de galets et massif dunaire criblé d’argousiers, sous le regard curieux d’un phoque ; son œil rond embrasse l’immensité avec nonchalance. Marcher en direction du phare de Brighton ; fuseau rouge et blanc dans ce paysage barré au loin par les falaises d’Ault, mince trait de craie prolongé par l’infinie perspective de la mer … Il s’agit ici bien sûr, non pas de la station balnéaire anglaise mais du hameau Brighton-les pins, rattaché à Cayeux-sur-mer …


Vue sur le phare de Brighton (photo par Axel)


Ombre (photo par Axel)

Arc-en-ciel (photo par Axel)

Les pipits maritimes et les traquets pâtres s’affairent … Au loin des limicoles en nuée s’en vont au reposoir sur une langue de galets. Des bécasseaux Sanderling pour la plupart sans doute, accompagnés d’un ou deux grands gravelots. Les taches blanches des aigrettes picorent dans les mares éphémères. Goélands marins et argentés les accompagnent. Des mouettes rieuses encore, en plumage hivernal.


Banc de galets (photo par Axel)

En chemin ramasser et mettre en poche un minuscule galet aux reflets noirs, trouver une branche moussue, un coquillage … Ancres émotionnelles qui bientôt attiseront la nostalgie des instants évaporés. Et ce ciel ! Immense et changeant d’un instant l’autre.

La marée est très haute, le sentier inondé. Le blockhaus affaissé pris dans les flots se recueille … Il songe peut-être à sa jeunesse guerrière, sa vieillesse apaisée – Vigie de la plage son délabrement résume l’horizon.

Vue du Blockhaus (photo par Axel)

Marcher sur les galets (photo par Axel)


1 sept. 2023

Le premier septembre, à marée haute

 

Baie de Somme à marée haute (photo par Axel)

Baie de Somme à marée haute (photo par Axel)

Arriver à l'heure du midi par un sentier dunaire en Baie de Somme. Se retrouver seul, isolé du reste du monde à marée montante sur un mince cordon de sable, entre les argousiers et les oyats. Attendre que la marée soit haute et ferme toute retraite possible (et surtout tout accès aux éventuels fâcheux).

Baie de Somme à marée haute (photo par Axel)

Baie de Somme à marée haute (photo par Axel)


Ne penser à rien … Assis face aux vagues qui viennent mourir à vos pieds. Juste ressentir. Dans haut le ciel passent les goélands et les mouettes. Quelques aigrettes blanc de neige aussi … Au ras des flots filent d'intrépides hirondelles. Et rester à attendre que rien ne se passe, sous la caresse du pâle soleil du premier jour de septembre.


Seul sur ce fragment de rivage ? Pas tout à fait … Le rêveur éveillé a pour compagnie trois grands gravelots et un tournepierre à collier. Ce dernier qui porte bien son nom, s'active, retournant avec assiduité coquillages et cailloux qui jonchent le rivage. Ses compagnons sont plus tranquilles et profitent du reposoir pour bailler.

Grands gravelots (photo par Axel)

Grand gravelot (photo par Axel)

Tournepierre à collier (photo par Axel)


Tout ce petit monde cohabite dans un bel esprit et il fait plaisir au rêveur éveillé de partager son îlot avec les oiseaux.

Mais rien n'est fait pour durer... Les flots s'essoufflent et la marée se met à décroître. Imperceptiblement tout d'abord. Puis plus nettement. Au loin une traînée de promeneurs intempestifs se profilent.

24 avr. 2023

Ruines de la collégiale des Roches-Tranchelion

 

Vue de la façade de la collégiale (photo par Axel)

A déambuler sur les chemins vicinaux depuis le village Crissay-sur-Manse en Touraine, entre la Loire et la vienne, au détour d’un vallon au manteau couvert de colza, tomber sur les ruines de la collégialedes Roches-Tranchelion.

Et là de jouir du calme des lieux abandonnés aux herbes folles, loin des attractions touristiques. Quelques pans de murs, encore fier sous le bleu du ciel. Des arches élancées forment désormais le squelette de ce complexe « construit entre 1520 et 1524 et consacré en 1527 en tant que chapelle funéraire. »


Arches (photo par Axel)

Alentours (Photo par Axel) 

Entrée de la collégiale (photo par Axel)

Pour en savoir davantage sur ces lieux d’où suintent une certaine magie, faisant abstraction des réclames, nous recommandons cette page consacrée à la collégiale …

Roche-Tranchelion

On y lira entre autres plusieurs légendes rattachées au nom de Tranchelion.


Pan de mur (Photo par Axel)


27 nov. 2022

Strasbourg, son parlement et la cité-jardin Ungemach

 

Vue du parlement européen (photo par Axel)

Un parlement toujours en construction... (photo par Axel)
Vue arrière du parlement (photo par Axel)

Musardant début novembre dans les rues de Strasbourg, profitant d’un ensoleillement tout à fait anormal pour la saison, la curiosité poussa mes pas du côté du quartier du parlement européen – sans nulle autre motivation que de me faire une idée in situ de l'allure que pouvait avoir ce temple moderne où s’exerce dit-on pouvoir discrétionnaire et lobbying forcené.

Prenant par le quai du chanoine Winterer, on se prend à longer l'Ill, affluent paisible du Rhin. Et de croiser, perchée en pleine lumière au sommet d'un arbuste, une grive litorne en pleine vocalise – l'une des premières de la saison : l'oiseau, originaires de Scandinavie et du nord de la Russie, venant hiverner chez nous et au-delà de la méditéranée.

La promenade est tranquille, et juste avant de buter sur la monstrueuse tour de verre et d’acier du parlement, on arrive sur une petite place au nom fleuri qui s’ouvre sur un ensemble de pavillons roses, étalé en arc-de-cercle … Le contraste entre l’architecture un peu désuète et guimauve des maisons et l’emprise arrogante du bâtiment aux multiples bannières, baptisé Louise Weiss (parlementaire européenne féministe morte en 1983), est saisissant. Ce dernier, Babel contemporain, écrase littéralement les pavillons les plus proches, la forteresse moderne jetant son ombre immense sur les jardins les plus proches.

 




Mais d’où sortent ces habitations roses ? Un rapide coup d’œil sur la toile nous apprends que ce collectif de 140 pavillons se trouve être la cité-jardin Ungemach, du nom de son inventeur, et dont la construction remonte aux années 1920.

Passons sur les aspirations sociales et les arrières pensées de Charles Ungemach qui avait à faire oublier quelques accointances douteuses lors de la Grande Guerre, pour noter que le projet de cette cité s’est « inscrit dans le cadre du débat français sur l’eugénisme ». Et de découvrir que le règlement initial d’attribution de ces logements « sociaux » allait « à des couples choisis : vouloir des enfants, être en bonne santé et les élever dans de bonnes conditions d’hygiène et de moralité. Les familles devaient respecter un règlement comptant quelque 356 articles et faisaient l'objet de contrôle réguliers par un inspecteur. Le fait de ne pas faire suffisamment d'enfants (le nombre était fixé à trois) impliquait à l'époque de devoir quitter la cité, ainsi que le fait d'avoir été recalé lors du contrôle surprise annuel du domicile. »[1] Un beau programme !

Quant à la symbolique de la juxtaposions de ces architectures et de ces histoires, chacun en tirera les conclusions qu’il voudra.


Cours européenne des droit de l'Homme (photo par Axel)

 



[1]Source wikipédia et plusieurs articles sur la toile dont celui-ci : https://www.lalsace.fr/bas-rhin/2014/08/13/comment-leon-ungemach-s-est-rachete-une-conduite