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mardi 5 mars 2024

L'émotion du métal


- Par Alice Korovitch


Nos émotions se manifestent dans le corps selon un mouvement bien précis. C'est à cela qu'on les reconnaît.

J'aimerais vous parler aujourd'hui du mouvement du Métal.

Le Métal, selon la vision chinoise, résonne avec l'Automne, le déclin, c'est le début du mouvement de contraction du yīn. Sa couleur est le Blanc, et son émotion est la Tristesse 悲 bēi.

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Je ne parle pas de la tristesse passagère qui peut s'emparer de nous lorsqu'on lit ou visionne quelque chose de triste ou mélancolique, non. Je parle du sentiment qui nous colle à la peau sans relâche lorsque nous avons perdu un être cher, lorsqu'on ne se remet pas d'un traumatisme, lorsqu'on porte un poids trop lourd, que tout nous paraît à la fois vain, futile, immensément difficile, et nous conduit si facilement au découragement ou au désespoir.

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Comme toujours, la Tristesse est l'émotion archétypale, qui regroupe différentes nuances comme :

🔹Chagrin

🔹Mélancolie

🔹Découragement

Cependant, le Métal exprime également :

🔹Justice

🔹Conviction

🔹Courage

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La Tristesse, reliée au Poumon, a un mouvement très particulier : elle dissipe.

Or, le Poumon est appelé en médecine chinoise le Maître du Qì, car c'est lui qui diffuse le Qì dans l'organisme à travers la respiration, et il a un lien privilégié avec la peau.

La Tristesse va donc dissiper le Qì, le laisser s'échapper en quelque sorte. Et notre vitalité avec ! Les frontières de notre corps se floutent, nous devenons poreux.

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Voyez-vous le danger ?

Si un accès passager de chagrin avec grosses larmes nous donne facilement sommeil, une Tristesse installée provoque quant à elle une fatigue chronique, écrasante. 

Apathie, hébétude, plus d'élan pour rien.

La fonction de diffusion du Qì du Poumon est altérée : on ne respire pas bien (les sanglots !), on devient frileux (le Qì ne circule pas de manière optimale) et surtout : épuisé, fatigué en permanence.

La position typique de quelqu'un de triste est le repli sur soi-même, le recroquevillement, comme une tentative de contrer la dissipation, de retenir ce Qì qui s'échappe.

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Le Poumon ayant ce lien privilégié avec la peau, soyez très au contact avec vos proches atteints de Tristesse !

Le toucher est LA première source de réconfort. En permettant au corps de redevenir conscient de ses frontières afin que cesse l'hémorragie de Qì, en refermant les pores, le toucher ouvre le lent chemin de la guérison.

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jeudi 15 décembre 2022

Présence de la tristesse


 Quand la tristesse est là, si je suis triste, si je ne veux pas être triste, si je pense que c'est normal que je sois triste, sije justifie la tristesse, si j'explique la tristesse, si je quitte le simple fait de vivre la tristesse corporellement dans le ventre, les narines, les yeux, les doigts, la tristesse se fixe, se bloque et l'on peut être triste toute sa vie et en avoir toutes les somatisations possibles.

Mais si je me rends compte que la tristesse n'est pas triste et si je sens la tristesse quand une situation me rend triste, il n'y a plus de situation.

Si on laisse vivre cette tristesse, elle se dissout dans la Présence.


250 questions sur le yoga/MC.Reigner-E.Baret/almora (image : Gérard Beaulet)

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lundi 15 août 2022

Joie !


« Conquérir sa joie vaut mieux que de s’abandonner à la tristesse. » notait Gide le 12 mai 1927 dans son Journal. 

Qu’est-ce que la joie ? Une façon pleine, satisfaite, reconnaissante d’habiter l’existence. 

Le joyeux ne manque de rien. Pourtant il n’a pas tout – qui possède tout? En revanche, il se contente de ce qu’il a. Mieux : il s’en délecte. 

Le joyeux n’éprouve pas de frustration. Alors qu’au déçu, au déprimé, au mélancolique, au fatigué, tout fait défaut. 

Si la tristesse est conscience d’une absence, la joie est conscience d’une présence. Quand la tristesse vise ce qui n’existe pas ou plus – chagrin d’avoir perdu quelqu’un, dégoût de se savoir faible, mortel, impuissant, limité -, la joie découle d’une plénitude. Elle crie notre plaisir d’être vivants, là, éblouis par ce qui nous entoure. 

Se réjouir et jouir, telle s’avère la joie. Elle ne demande rien, elle ne déplore rien, elle ne se plaint de rien. Elle célèbre. Elle remercie. La joie est gratitude.

Quelle légèreté nous apporte la joie en nous délestant de ce qui nous alourdit, ambitions, regrets, remords, obsessions, amertumes, illusions, prétentions ! 

Notre époque n’aime pas la joie. Elle aime l’étourdissement et le divertissement, ces pratiques qui nous arrachent à l’ennui ou l’affliction sans approcher la joie. Dans le joyeux, elle ne voit qu’un abruti, jamais un sage. 

Or, il y a une sagesse de la joie. Heureux de vivre, non seulement je consens mais j’aime: je consens à ce qui existe et j’aime ce qui tombe sous mes sens. J’épouse et j’adore l’univers."

(Quand je pense que Beethoven est mort - Eric-Emmanuel Schmitt)

mercredi 9 février 2022

Laissez...

 


Laissez votre corps vibrer, parler et la danse continue… Inutile d’aller le rechercher. Si c’est présent, vivez avec. Vous n’êtes pas triste : vous sentez la tristesse. Vous n'êtes pas anxieux : vous sentez l'anxiété. Vous n'avez pas peur : vous sentez la peur. Sentir la tristesse est une caresse. Sans elle, de nombreuses musiques n'auraient pas été écrites, beaucoup de peintures n'auraient jamais été réalisées. La tristesse, la peur c'est la beauté, sinon les montagnes russes des parcs d'attractions, les films d'horreurs et autres fleurons de notre civilisation n'existeraient pas. Laissez cette tristesse vraiment être triste, vraiment respirer en vous, et quelque chose va se placer. Plus vous allez sentir la tristesse, plus la joie se révèle. Plus la larme va couler sur votre joue et plus vous allez vous sentir libéré, heureux, tranquille.

Eric Baret 

Yoga : Corps de vibration, corps de silence


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mardi 12 octobre 2021

Tristesse en profondeur

 La tristesse est une des émotions profondes et il faut la garder sans objet. La tristesse ou mélancolie est un des sentiments essentiels. Une sorte de pressentiment de la tranquillité. Profondément, c'est sentir que ce que l'on cherche n'est pas atteignable dans les situations objectives. Je sens que, quoi que je fasse, la motivation qui me dirige, qui est unique et qui est celle d'être tranquille, ne trouvera pas son achèvement.


Lorsque vient une forme de maturité, cette tristesse est constamment là car, quoi que je fasse, je sais que je ne trouverai pas ce que je prétends trouver. La tristesse dans ce sens-là est une forme de maturité. Quand on connaît cette tristesse, on ne peut plus tomber amoureux. Tomber amoureux serait prétendre, encore une fois, que je vais pouvoir trouver quelque chose quelque part, ce qui est impossible dans la maturité. Dans cette tristesse, il ne reste plus aucune place pour l'attente d'une quelconque satisfaction dans le monde objectif, dans le monde phénoménal.

Quand je vois clairement qu'aucune situation phénoménale ne pourra jamais me satisfaire, que je vis avec cette constatation, cette tristesse devient un alanguissement, un pressentiment. Ce n'est plus la tristesse de quelque chose qui manque, mais c'est comme un parfum auquel petit à petit le nez se fait. Au début, le parfum est dans l'espace, on ne peut pas sentir d'où il vient, puis peu à peu on décèle son origine.

Quand on a la maturité de garder la tristesse, il se produit une certaine remontée à la source. Mais les gens qui constamment nient la tristesse, qui tombent amoureux, qui s'extasient de ceci ou de cela ne peuvent jamais remonter à la source. Ils ont cet alanguissement sur le moment, puis ils nient son authenticité en pensant de nouveau qu'une relation, qu'une situation, que quelque chose va les accomplir... Vient un moment où on ne nie plus cette tristesse.

Il n'y a rien qui puisse nous faire aller en l'avant. Quoi qui se passe, c'est la même chose. Il n'y a plus de dynamisme intentionnel. Il y a un dynamisme organique, parce que la nature de la vie, c'est l'action, mais il n'y a rien qui nous fait bouger vers quelque chose. A ce moment-là, cette tristesse devient une vraie tristesse. Et elle se révèle être un chemin, comme une fumée que l'on suit, qui va ramener vers ce qui est pressenti... Cela devient une nostalgie. Mais la moindre trahison de cette nostalgie, penser que ceci ou cela va me satisfaire, me ramène à la confusion.


Selon l'approche indienne, la tristesse est le sentiment ultime. C'est le sentiment de la séparation. Toute la musique indienne est fondée sur le sens de la séparation. Dans l'art de la miniature des contreforts de l'Himalaya, on voit souvent Radha en train de chercher Krishna.

L'émotion de base, c'est la tristesse. Cette tristesse ne laisse aucune place pour quelqu'un d'autre, aucune place pour tomber amoureux d'autre chose. Cette tristesse brûle toutes les situations objectives. Plus aucune attente n'est possible... A ce moment-là, cette tristesse se transforme de manière alchimique en pressentiment non-objectif. Il n'y a pas de direction à ce pressentiment qui devient une manière de vivre, qui ne laisse plus aucune place pour un dynamisme d'aller quelque part, d'attendre, d'espérer. Cela, c'est la vraie tristesse.

Mais tant que l'on est triste de quelque chose, triste parce que quelque chose n'est pas là ou que quelque chose est arrivé, on nie cette vraie tristesse. Alors on reste collé à la tristesse, qui devient une forme de poison pour le corps, pour le psychisme, pour la pensée. C'est dans cette conviction qu'il n'y a rien pour moi dans les situations objectives que cette tristesse se transmue en pressentiment.

Il n'y a rien à faire pour cela; c'est une maturation. Je ne peux pas mûrir volontairement, mais je peux me rendre compte de ma non-maturité. Je peux me rendre compte que je suis constamment attiré par ceci, par cela, que constamment j'essaie de créer une relation, de maintenir une relation, d'espérer une relation, de vouloir arrêter une relation, de vouloir ceci, de vouloir cela, de me trouver comme ceci, comme cela, de penser que finalement, peut-être quand j'aurai fait ceci, atteint cela, cela ira mieux. C'est une prétention, une négation du pressentiment profond qu'il n'y a rien qui puisse me satisfaire. Quand je nie ce pressentiment en attendant quelque chose qui puisse me satisfaire, la vie est misérable. Lorsque je vois clairement ce mécanisme en moi, alors la tristesse n'est plus triste. Elle devient un pressentiment, un jeûne du cœur.

La compréhension qu'il n'y a rien pour moi dans le monde objectif est un jeûne de la pensée. Mais le plus important est le jeûne du cœur : la tristesse. Je ne me cherche plus dans l'émotion. La seule émotion que je veuille, c'est cette tristesse et ce pressentiment. Il n'y a aucune ramification objective, aucune direction pour moi...

Être ouvert à la tristesse est la fidélité à la réalité de l'instant. Débarrassé de toutes ses attaches intentionnelles, cette tristesse s'effondre dans notre écoute. Fidélité sans objet à l'essentiel. Larmes de joie.

«Le seul désir. Dans la nudité des tantra»  Eric Baret

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samedi 12 juin 2021

Force en soi...

 


«Intérieurement, je n’ai pas le moindre intérêt à tenir tête crânement à tel ou tel persécuteur. Ils ont bien le droit de voir ma tristesse et ma vulnérabilité de victime désarmée.
Je n’ai nul besoin de faire bonne figure aux yeux du monde extérieur.
J’ai ma force intérieure et ça suffit, le reste est sans importance".
Etty HILLESUM ❤
15.01.14 - 30.09.43 - Auschwitz

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mardi 28 juillet 2020

Méditer avec Matthieu Ricard (2)


Face à la souffrance, à une injustice, le chagrin n’est pas incompatible avec la force d’âme, la compassion, le courage.
Les nouvelles liées à la pandémie sont lourdes. Que faire de cette tristesse quand on médite ?
La tristesse n’est pas un obstacle fondamental au bien-être. Le bonheur, qu’est-ce que c’est ? La définition n’est pas facile. Si on pense que c’est une succession de sensations plaisantes ininterrompues, on est mal parti. Mais si le bonheur authentique, l’eudaimonia des Grecs, est lié à des qualités humaines clés comme la liberté, la paix intérieure, la bienveillance, alors la tristesse est normale. Face à la souffrance, à une injustice, le chagrin n’est pas incompatible avec la force d’âme, la compassion, le courage, etc. Tout est question d’équilibre. Et si on est plus familier avec la façon dont fonctionne notre esprit, on sait que derrière la tristesse, ou la joie, reste la présence éveillée. On la reconnaît en méditant. Elle est le point d’ancrage d’un pratiquant doté d’un peu d’expérience. C’est comme le ciel bleu derrière les nuages. On sait qu’il est là. Il va réapparaître. On n’est pas inquiet. Ce n’est pas de l’indifférence. Ce savoir s’acquiert. J’ai passé cinq ans de ma vie en retraite solitaire. Notre espace intérieur est bien plus grand pour gérer les hauts et les bas de l’existence. Il se forge avec le temps.
Apprendre à méditer, c’est difficile, non ?
Si une chose est trop facile, elle ne mène à rien (rires). C’est comme s’initier au piano ou aux échecs : ce n’est pas parce qu’on n’y arrive pas immédiatement qu’on s’arrête. Tout apprentissage demande un effort. L’esprit est comme un gamin capricieux, comme un singe qui saute de branche en branche. Cela ne se fait pas en trois secondes. Mais c’est probablement la plus belle aventure qu’on puisse mener : elle conduit à une liberté intérieure et aux ressources nécessaires pour maîtriser les problèmes. Moins vulnérable, on est moins préoccupé par son moi. Donc on s’ouvre davantage aux autres, on devient un meilleur être humain ; ça vaut le coup, non ? Il ne faut pas avoir peur de la pratique. Un de mes enseignants disait : « Si vous vous ennuyez, ce n’est pas la faute de la méditation ! » C’est parce que votre esprit est rebelle, capricieux. Il a pris des plis, et s’en défaire demande du temps. Mais l’enthousiasme vient si on contemple les avantages : l’équilibre émotionnel, l’altruisme. Combien de fois me demande-t-on le secret du bonheur en cinq points et trois semaines ? Cela n’existe pas ! C’est plus long, pas facile, mais ça vaut la peine.
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mardi 25 juin 2019

jeudi 4 avril 2019

samedi 12 janvier 2019

Le temps d'un conte


Un petit conte pour nous accompagner... à goûter ce qui passe. 


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vendredi 4 août 2017

La petite Castafiore capricieuse


Ouf ! Les courses de la semaine sont terminées.
Mon mari, ma fille et moi sortons de l'un de ces immenses supermarchés.

Mais, après l'effort, le réconfort ! De quoi j'ai envie ?
Qu’on se fasse un resto en famille. Tout le monde est d’accord à l’unanimité, parfait ! Il y en a un. juste là.

Nous voilà attablés, prêts à déguster ce moment tous les trois. Quand, tout à coup, des hurlements d'enfant envahissent mes oreilles! Des cris, des pleurs... Bref, un caprice comme on les aime bien! Les cris s'amplifient, et j’ai la très désagréable impression que ce n'est que le début de l’opéra de la petite Castafiore capricieuse !

Aux cris de « l’emmerdeuse ». je sens monter en moi une grande violence, car, à ce niveau sonore, ce n’est plus d’une enfant dont il s’agit, mais bien d’une « emmerdeuse » ! Dans les coulisses de ma tête, en apparence plus ou moins contenu, se trame un meurtre : « Elle va la fermer ou quoi ! Ce n’est pas croyable, ça ! Et sa mère, qu’est-ce quelle fout ? Elle ne voit pas que sa gamine gêne tout le monde ! Pas moyen d’être tranquilles » !

Cette mélodie secrète de haine prend corps en moi et, de la pensée aux gestes, les kilomètres se font courts !
À ce moment-là, j’entends la maman hurler à son tour: « Th veux rester là ? OK. Nous, on part. Je te laisse ici, je t’abandonne. Reste toute seule ! ».

À ces mots « je t’abandonne », les commentaires tueurs qui se déroulaient dans ma tête cessent immédiatement. Un point de la situation se fait en moi.
Quoi ? Je suis prête à tuer un enfant du regard, juste parce qu'il pleure, pour des cris ? Mais je ne veux pas ça, moi ! J’ai mal tout à coup d’avoir eu ces pensées !...

Mais, qui suis-je à cet instant précis ?

Quelque chose se retourne en moi ; quelque chose s’apaise, se pose.
Ce «je t’abandonne» résonne dans ma tête... Je le connais, ce goût de moi en bouche, je le reconnais !

En une seconde, je revois mes caprices d’enfant et ma pauvre maman qui menaçait de m’abandonner sur place. Je revis, dans l’instant, toute ma souffrance d’enfant qui voulait juste un câlin de sa maman et qui, pour être vue par elle, devenait la petite Castafiore capricieuse.

Je sens même ma maman, du haut de ses 19 ans, désespérée de ne savoir que faire pour que j’arrête de hurler et extrêmement gênée de ce caprice en public.
Non! Elle n’est pas capricieuse cette petite, et non, sa maman n’est pas une mauvaise maman.

Combien elle a mal, cette petite fille ! Mon Dieu, combien elle est désemparée, cette petite maman !

Mon corps pivote sur ma chaise en direction de la petite fille. Je vois ses deux petits yeux remplis de larmes de désespoir, perdue, ayant tout tenté pour attirer l’attention de sa maman.

Elle est si touchante cette petite fille ! On n’a qu’une envie, la serrer dans ses bras.

Elle tient son doudou dans sa main et là, je m’entends lui dire avec une délicatesse infinie : « Tu es fatiguée, ma chérie ? Comme il est beau, ton doudou ! ».

La petite s’arrête net de pleurer. Elle me regarde, elle me voit. Oui, on se voit toutes les deux. Plus aucun jugement dedans. Quelle tendresse !

Puis, je croise le regard soulagé de sa maman.

Sa petite copine de 2 ou 3 ans, qui a assisté à la scène, s’approche et me dit :
« T’as vu ? Z’en ai deux de doudous, moi. Ze peux te faire un bisou ? ».

Et elle me fait un bisou sur la joue.

Je suis un peu sonnée sur ce qui vient d’avoir lieu !

« Pas grand-chose en apparence » direz-vous ; mais un véritable miracle en moi a eu lieu.
Je suis lavée de ce vieux scénario.

Je me sens aimée... tellement aimée ! 

Marie
(source : Revue Reflets)

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jeudi 6 octobre 2016

Les émotions haute en couleur




La peur exprime un besoin de protection
La colère exprime un besoin de changement
La tristesse exprime un besoin de réconfort
Le joie exprime un besoin de partage

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mardi 26 janvier 2016

Alexandre Jollien : « Quand je suis abattu, j’essaie de ne pas résister »


Vivre à fond ce qui nous trouble, sans nier quoi que ce soit, et avancer dans une extrême douceur, voilà le défi. J’ai longtemps eu en horreur la notion d’acceptation. Souvent, nous croyons qu’il s’agit de nous amputer de nos émotions, de leur tordre le cou. 
Accepter, c’est avant tout les voir, accueillir, comme si elles étaient nos enfants, sans les juger. Ainsi, quand le chagrin me visite, au lieu de le fuir à tout prix, faire l’expérience complète de cette tristesse me permet de passer à autre chose, de tourner la page. Quand j’étais petit, je ne me laissais jamais aller totalement à la peine. Toujours, j’ai résisté jusqu’à l’épuisement. 

Aujour­d’hui, quand je suis abattu, j’essaie, au contraire, de couler un temps, de ne pas résister. Je constate que je peux flotter, même au cœur de l’agitation. Voir que les émotions ne tuent pas finit par donner une grande confiance. Je dirais presque qu’en un sens les tempêtes nous aident. Rien ne contrarie davantage le dire « oui » joyeux que le déni face à ce qui nous agite. 

La deuxième pratique, celle qui me nourrit le plus, consiste à laisser passer. Mille fois par jour, laisser passer les angoisses, les peurs, les émotions, comme autant d’abeilles qui viendraient bourdonner autour de nous : plus nous les chassons, plus elles s’agitent. Laissons-les simplement déguerpir, sans réagir le moins du monde. »

extrait de "Trois amis en quête de sagesse".




mercredi 3 décembre 2014

Tristesse et joie avec Christian Bobin

Il y a quelque chose de terrible dans chaque vie.
Il y a, dans le fond de chaque vie, une chose terriblement lourde, dure et âpre.
Comme un dépôt, un plomb, une tache.

Un dépôt de tristesse, un plomb de tristesse, une tache de tristesse.
À part les saints et quelques chiens errants, nous sommes tous plus ou moins contaminés par la maladie de la tristesse. Plus ou moins. Même dans nos fêtes elle peut se voir.

La joie est la matière la plus rare dans ce monde. Elle n’a rien à voir avec l’euphorie, l’optimisme ou l’enthousiasme. Elle n’est pas un sentiment. Tous nos sentiments sont soupçonnables.
La joie ne vient pas du dedans, elle surgit du dehors — une chose de rien, circulante, aérienne, volante.

On lui accorde beaucoup moins de crédit qu’à la tristesse qui, elle, fait valoir ses antécédents, son poids, sa profondeur. La joie n’a aucun antécédent, aucun poids, aucune profondeur.
Elle est toute en commencements, en envols, en vibrations d’alouette.

C’est la chose la plus précieuse et la plus pauvre du monde.
Il n’y a guère que les enfants pour la voir. Les enfants, les saints, les chiens errants.
Et toi. Tu l’attrapes au vol, tu la redonnes aussitôt, il n’y a rien d’autre à en faire.
Et tu ris, tu ne sais que rire devant tant de richesse donnée, reçue.

Tu as pourtant affaire, comme chacun, à cette chose terrible dans ta vie, à cette ombre terriblement lourde, dure, âpre.
Tu lui fais place comme au reste. Tu ouvres la porte à la tristesse si aimablement qu’elle en est perdue, qu’elle en perd ses manières sombres et qu’on ne la reconnaît plus.

La grâce se paie toujours au prix fort. Une joie infinie ne va pas sans un courage également infini.
Dans tes rires c’est ton courage que j’entendais: un amour de la vie si puissant que même la vie ne pouvait plus l’assombrir.

extrait de "La plus que vive "
Christian Bobin


dimanche 22 janvier 2012

Un jour comme ça... avec Joshin Luce Bachoux


Il y a des jours comme ça où l’on a juste envie de se mettre à sa fenêtre et de regarder tomber la neige ; ou bien d’aller s’asseoir dans la salle de méditation, loin des journaux, du tumulte et des nouvelles. Des jours où le monde est simplement trop lourd, et où l’on n’a plus que le désir de se retirer, de dire : « Je ne veux pas être là, ni être témoin, ni être partie prenante de ce qui se passe. Continuez sans moi ; je veux juste compter les nuages, remonter la rivière à sa source, m’envoler avec les oiseaux. Je ne peux ni faire, ni défaire, mais je ne veux plus regarder, ni entendre. Il est vrai que je fais partie du monde, de ce monde, comme le flocon qui tourbillonne et disparaît, comme la graine qui germe dans l’obscurité en ce moment même, comme la mouche qui se cogne, encore et encore, contre la vitre, ou comme le souriceau – ah ! – qui m’épie de dessous le placard… mais moi, dois-je absolument prendre conscience de ce qui m’entoure, de la douleur, des guerres, de l’insatiable violence, de la cruauté sans fin ? Dois-je toujours soupirer du plus profond du cœur devant la souffrance, l’errance, le deuil, la mort ? »

Aujourd’hui, je veux rêver, rêver de blancheur et de calme, rêver de ré­conciliation et de pardon ; rêver que le cri est de joie, et les gestes de tendresse. J’aimerais que le monde fasse une pause, qu’il nous offre un instant où s’essouffle la violence, cesse la folie ; une heure où l’impatience de l’amour prendrait le pas sur l’urgence de la colère. Un monde qui se réveillerait dans un éclat de rire…

Je sais, je sais : je n’ai pas raison. On ne peut pas, on ne doit pas fuir ce monde que nous partageons tous, pour le meilleur et pour le pire. Le laisserons-nous aux plus violents, l’abandonnerons-nous aux porteurs de haine ? Notre place est là, en plein milieu, j’en suis convaincue, mais aujourd’hui, je m’absente. C’est juste un de ces jours où est tombée la fameuse goutte qui fait déborder le cœur : un autre massacre, une autre horreur, une autre victime.

Je sais : ce monde est aussi ­généreux, et à chaque instant, un sourire, un don, une main tendue transforment une vie lui donnant espoir et courage. N’avons-nous pas, chacun, reçu et donné plus que nous ne pensions possible ? N’avons-nous pas été accueillis quand nous étions seuls, soutenus quand nous étions trop faibles parfois pour continuer ? Et la beauté de ce monde ! Je vois la grâce dans le sapin qui ploie sous l’étreinte de la neige, l’harmonie dans la courbe de la colline qui se détache sur le gris du ciel ; j’aime la douceur potelée du nuage et la plénitude du soir, quand l’ombre voile peu à peu la lumière ; sans oublier la beauté de l’arc de pierre au-­dessus du porche et des lauzes grises de cette maison qui sait si bien se ­blottir entre prés et forêt.

Je sais : après cette longue ­journée, doucement triste, demain je vais refaire un pas en avant, revenir avec tous les autres, reprendre ma place. Parce que je l’aime, ce monde qui nous est donné, que nous avons façonné, dans son imperfection, avec son chaos, ses limites ; ce monde qui contient aussi mon chaos et mes limites. Parce que je suis sûre que nous pouvons, même un peu, même imperceptiblement, le changer, l’enrichir, le rendre plus aimant. Et que si l’on ne peut pas, il faut quand même essayer – même s’il y a des jours comme ça…


Joshin Luce Bachoux
Nonne bouddhiste, Joshin Luce Bachoux anime la Demeure sans limites, temple zen et lieu de retraite à Saint-Agrève, en Ardèche.

Source : La Vie