Comme vous commencez à le savoir, j'ai une fâcheuse tendance à l'esprit de contradiction, et cela ne semble pas se résorber avec l'âge bien au contraire. De toute manière, je n'aime pas le rose : enfant, j'étais d'un blond qui avoisinait le blanc. J'avais l'air de quoi dans les teintes pastel? D'une trépassée oui! Et, comme le petit Jésus m'a punie très jeune parce que j'ai toujours dit que je préférerais avoir les cheveux blancs plutôt que bruns, j'ai effectivement blanchi très tôt, à vrai dire l'année où mes parents ont eu la bonne idée de disparaître tous les deux à six mois d'intervalle alors que j'avais la mi-trentaine. Bon.
Mais revenons-en à nos couleurs. Pastoureau nous expliquerait sans doute d'où vient ce couple de convention qui sert encore à préparer les chambres des futurs bébés lorsqu'on ne choisit pas tout simplement le jaune pour être sûr de ne pas se tromper.
Ne trouvez-vous pas, cependant, que ROUGE et bleu, c'est une lutte ou une complémentarité qui est plus d'égal à égal?
Toujours est-il que, cette semaine, à défaut de pouvoir faire un petit tour photographique à l'extérieur, car la pluie qui vous accable depuis des semaines nous a envoyé sa petite sœur avec de la froidure en prime, j'ai décidé de revenir un instant sur l'exposition consacrée au Pérou qui se termine dans une semaine pour laisser place à la grande exposition estivale sur les créations de verre de Chiuly dont je vous ai récemment montré une première manifestation.
Je ne vous parlerai pas très longuement de l'exposition en elle-même. Je suis allée voir pour suivre les conseils de Michelaise qui dit qu'il faut élargir ses horizons même si l'on ne se sent pas d'affinités avec les sujets ou les artistes présentés, mais j'ai la tête dure et les arts précolombiens ne m'attirent guère d'autant que je suis tombée sur un vase qui présentait un Inca sacrifiant un chien! Du coup, je me suis précipitée vers la sortie. Des humains, passe encore, mais pas des chiens!
Or, la dernière salle m'a retenue, car on y présentait des peintures relevant de ce courant que je venais de découvrir dans l'ouvrage que Le Clézio a consacré à Diego et Frida : l'indigénisme. Il s'agit d'un mouvement politique et artistique tendant à revaloriser la culture indienne effacée ou mutilée par les conquêtes espagnoles. Je me suis d'ailleurs fait la réflexion que je n'avais jamais entendu parler de quelque chose de similaire au Québec, mais il faudra que je creuse la question pour vous en reparler.
Julia Manuela Codesido Estenòs
Julia Codesido |
Cette jeune femme provient d'un milieu aisé, son père étant consul, ce qui lui a fourni l'occasion de séjourner en Europe alors qu'elle était à la fin de l'adolescence, période où les émotions ressenties atteignent un paroxysme qui ne sera plus qu'occasionnel par la suite. Elle eut donc l'occasion de visiter plusieurs musées en France, en Angleterre, en Suisse et en Espagne et de sentir l'agitation artistique qui animait cette période de l'avant-guerre nommée la Belle époque à laquelle le Musée de la civilisation de Québec consacre d'ailleurs une exposition que j'ai hâte de visiter cet été.
À son retour au Pérou, elle s'inscrivit à l'école des Beaux-Arts de Lima où elle fut également, par la suite, professeur de peinture et de dessin. Je ne m'aventure pas à vous donner des dates, car il existe des erreurs manifestes dans l'article de Wikipédia qui sont relayées par d'autres sites que j'ai consultés. Je me contenterai donc de vous souligner l'importance de José Sabogal, autre peintre représenté à l'exposition, qui fut l'un de ses maîtres. Si je vais un jour au Pérou ou, plus modestement, si je trouve quelque chose de plus étoffé à la bibliothèque, je vous apporterai ce complément d'information. Les ouvrages, plutôt européo-centrés que je possède comme le dictionnaire de la peinture de Laclotte et Cuzin chez Larousse ou L'Aventure de l'art (XXe siècle) de Ferrier ne mentionnent ni Codesido ni Sabogal pourtant considéré comme le chef de file du mouvement indigéniste péruvien.
L'audioguide téléchargeable qui accompagne l'exposition met l'accent sur l'aspect résolument moderne de cette oeuvre qui appartient à la dernière période de production de l'artiste après son passage au Mexique en 1935 où elle fit notamment la connaissance de Rivera et d'Orozco.
Je vous laisse sur une oeuvre antérieure, mais la préparation de ce billet m'a donné envie de faire un nouveau saut au Musée. Peut-être essaierai-je donc demain de me glisser entre quelques gouttes de pluie pour compléter mes connaissances...
Les chandelles, 1931 |