En réalité, la fin de semaine passée, je n'ai pas réussi, comme le préconise Virginia Woolf dans Une chambre à soi, à tordre le cou de la fée du logis. Comme la salubrité de notre habitation était légèrement menacée, Honey et moi avons décidé de nous consacrer à quelques tâches domestiques. Nos fonctions sont très bien réparties : je nettoie et elle salit. La photographie ci-contre illustre d'ailleurs son intense participation à mes travaux :
À défaut d’avoir eu le temps de vous concocter un charmant billet de mon cru, je n'ai pu m'empêcher, étant comme vous toutes une junkie de culture, de «consommer» quelques petites choses entre les périodes de frottage intensif. J'ai donc eu envie de vous les faire partager...
Chroniques de Jérusalem
Angoulême est à la BD ce que Cannes est au ciné. C'est dire à quel point la chauvine en moi a été comblée!!! C'est en effet l'album Chroniques de Jérusalem qui a remporté cette année le Fauve d'or, distinction décernée au meilleur album de l'année.
Né en 1966, Guy Delisle est moins connu, au Québec, qu'un autre bédéiste presque de la même génération : Michel Rabagliati. Les aventures de son alter ego, Paul, ont permis à Rabagliati de se tailler une place enviable dans le coeur des lecteurs québécois. Mais cet auteur méritant un peu mieux qu'une simple mention, j'y reviendrai ultérieurement.
Depuis des décennies, les bulletins d'informations nous tiennent au courant des échecs successifs des tractations entre Palestiniens et Israéliens. Nous avons donc l'impression de connaître un certain nombre de choses au sujet ces deux peuples. Lisez ces Chroniques. Vous constaterez à quel point le quotidien de la cohabitation entre Juifs, Musulmans et Chrétiens, dans la ville de Jérusalem, est fait de mille et un petits détails qui n'ont pas échappé à l'observation de Delisle. Un très, très grand plaisir de lecture! Vous pouvez d'ailleurs vous faire une idée en regardant les trente premières pages de la BD qu'il nous présente sur son site personnel dont je vous ai donné l'adresse plus haut.
Stéphane Heuet et Proust
Bien. Je sens que c'est maintenant Danielle et peut-être Françoise qui vont m'attendre au détour avec une brique et un fanal.
Comme vous deux, j'aime Proust d'amour. Comme je l'ai découvert lorsque j'avais seize ans, je fais le pari, à chaque année, de le présenter en classe, car, sur mes 120 étudiants, il y en a toujours un, deux si c'est une année faste, qui accroche à cette oeuvre et ouvre donc ainsi les portes d'un univers auquel il pourra revenir tout au long de son existence ( voir le billet de Danielle).
Évidemment, il y a les 118 autres. Je ne peux pas tordre le cou, en plus de la fée du logis, de tous ceux qui «ne peuvent pas saisir [les réalités] qu'ils ne portent pas déjà en eux». (Marcel Proust, L'indifférent) L'hécatombe... je ne vous dis pas et vous laisse imaginer. Donc, je dois trouver quelques subterfuges. Et l'un de ceux-ci est la présentation de l'adaptation que Stéphane Heuet a entreprise...en BD. Il est arrivé jusqu'au volume d'À l'ombre des jeunes filles en fleur. Comme je trouvais qu'il tardait un peu pour la suite, je lui ai écrit cet été pour le rappeler à l'ordre. Il m'a expliqué qu'il avait fait un petit ouvrage consacré, comme vous le voyez ci-contre, au monde de la mer, car il est marin et même fils de marin. Un homme a bien le droit de se délasser un peu, mais j'espère qu'après mon rappel à l'ordre, il reviendra bientôt au Côté de Guermantes. Sinon, je récidiverai. Je sais être tenace lorsque besoin est. Vous ai-je déjà raconté la réponse du libraire à qui je téléphonais toutes les semaines -j'avais quinze ans, donc au milieu des années-soixante-dix- pour savoir si mes Cahiers d’André Walter étaient bien arrivés? de guerre lasse, il m'a un jour répondu que le bateau les apportant avait fait naufrage...
Revenons à Proust. J'utilise donc quelques cases de la BD de monsieur Heuet pour que mes étudiants de 2012 puissent avoir accès à ce monde qui se cache derrière les mots de Proust. Voici l'une de ces cases provenant de l'album intitulé Un amour de Swann. Pas mal comme représentation de la bibliothèque de Charles, non? Je sais, je sais. La Recherche, c'est avant tout la beauté d'un texte, mais Proust était tellement habité par tous les autres arts... Toujours est-il que, si vous décidez d'aller voir d'un peu plus près, ne commencez pas nécessairement par Combray. Comme cela arrive souvent, le bédéiste a évolué dans son dessin et il avoue lui-même que, si le temps lui est donné, il recommencera Combray dont le dessin est plus sommaire que celui des deux volumes d'À l'ombre des jeunes filles en fleur.
Montréal en photos
Contrairement à Françoise qui a la science infuse et nous présente toujours de très belles photos tout en avouant n'avoir aucun intérêt pour la technique, j'avoue faire partie de ces tâcherons qui ont besoin de décortiquer et de comprendre. Cela m'amène à lire quelques revues de photographies que vous voyez sur vos présentoirs comme Chasseurs d'images ou Réponses photos. Comme je l'ai expliqué plus haut, les publications nous arrivent à la rame, il est donc peu probable que vous puissiez trouver dans vos kiosques le numéro de janvier de Réponses Photos. Ne craignez rien, je ne vous parlerai pas des mérites comparés des divers objectifs, leur poids étant, pour moi, un critère majeur, compte tenu de mes os qui semblent, peu à peu, devenir de verre. Par contre, je vous invite instamment à aller voir le site d'un jeune Français de trente-cinq ans, infirmier de nuit à Montréal, qu'il habite depuis deux ans avec sa petite famille. Ses illustrations sont protégées et vous devrez donc faire le détour pour voir un peu son «journal de Montréal», car il s'est fixé comme objectif de mettre en ligne une photo par jour. Comme cela arrive souvent, le regard neuf de quelqu'un qui débarque donne à voir la ville sous un nouvel angle... http://www.bwiti-photos.com/fr/portfolio-8368-0-100-journal-de-montreal.html
Rendez-vous bien jusqu'au week-end en un seul morceau. Il paraît qu'il fait froid chez vous, ces jours-ci... Comme nous serons au diapason pendant la fin de semaine (-15 ou -17 degrés) je resterai bien au chaud pour remplir la promesse faite à Nathanaëlle et à Tilia : vous présenter quelques peintres québécois qui ont traité de l'hiver et dont les tableaux se trouvent sur les cimaises du Musée des Beaux-Arts de Montréal.
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