Comme je le disais dans mon précédent billet, les pancartes diversifiées que brandissaient les manifestants de dimanche créaient une sorte de télescopage de toutes les époques de l'histoire récente du Québec en rapport avec l'exploitation de nos ressources naturelles.
La plus éloquente est celle de droite puisqu'elle montre le premier ministre actuel de la province en train de brader notre territoire pour le compte d'une célèbre maison de courtage immobilier très présente dans le paysage.
À gauche, les alpinistes de Greenpeace ont escaladé une façade pour aller tendre cet immense pastiche de la toile de Delacroix intitulée La Liberté guidant le peuple.
Mais le message le plus éloquent, à tout le moins pour les gens, comme moi, plus âgés, est celui qui recouvrait un panneau de circulation. Je l'ai placé au centre du montage. Duplessis fut premier ministre du Québec de 1936 à 1939, puis de 1944 à 1959. Synonyme de corruption, son gouvernement fut aussi marqué par la vente du minerai de fer à trois sous la tonne aux Américains. Demander que Duplessis vienne nous sauver de Charest, c'est donc affirmer que le gouvernement de ce dernier est pire que celui de Maurice Duplessis. Accusation de taille.
La mort de Duplessis, en 1959, a été immédiatement suivie par la mise en branle de la Révolution tranquille qui a façonné le Québec moderne. Le gouvernement libéral entreprit, entre autres, la nationalisation de l'électricité, source d'énergie renouvelable abondante au Québec en raison de l'omniprésence des cours d'eau. C'est le slogan : «Maîtres chez nous!» qu'utilisa Jean Lesage, premier ministre libéral, pour vendre l'idée de cette nationalisation qu'orchestra, entre autres, René Lévesque, premier ministre marquant dont le retour serait plus souhaitable que celui de Duplessis!