573 Methodes en Psychologie Gilles Lafargue

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Méthodes

 en  psychologie  
Les  méthodes  d’inves5ga5on  du  cerveau  en  
Psychologie  

 Gilles  Lafargue  
[email protected]  
• Objectif général de la psychologie :
– Mieux comprendre le comportement et le
fonctionnement psychique de l’être humain

• Les outils/méthodes d’investigation du cerveau


contribuent à l’atteinte de l’objectif général de la
psychologie. De façon générale, ils contribuent à
naturaliser l’esprit.
Différentes catégories d’outils/méthodes

• Mesurer des indices comportementaux, cognitifs… et


les confronter à des lésions, des dysfonctionnements,
des caractéristiques anatomiques du cerveau

• Perturber l’activité neuronale du cerveau

• Enregistrer directement ou indirectement l’activité


neuronale du cerveau
Quelques repères historiques

1861 : Corrélation anatomo-clinique (Aire de Broca)


1914 : apparition de phosphènes par application d’un champ
magnétique sur le scalp
1929 : Premier EEG (Hans Berger)
1937 : stimulation électrique directe du cortex moteur et du
cortex somatosensoriel (Penfield & Boldrey)
1968 : Premières mesures en MEG
1972 : Tomographie par Emission de Positons (TEP)
1980 - 89 : Essor de la TEP
1990 : Apparition de l’IRM fonctionnelle (IRMf)
1991: Apparition de l’IRM du tenseur de diffusion (DTI)
1. Mesurer des indices comportementaux
chez des personnes présentant des lésions
ou dysfonctionnements du cerveau
La méthode anatomo-clinique
(la neuropsychologie)

• Confronter  systéma.quement  des  phénomènes  


pathologiques  (aphasie,  prosopagnosie,  syndrome  de  
Capgras,  héminégligence,  amnésie  …)  et  des  sites  
anatomiques  lésionnels  

• Par  extension,  confronter  des  performances  


comportementales,  cogni.ves…  et  des  données  d’anatomie  
cérébrale  chez  le  sujet  valide  
 
La méthode anatomo-clinique

• CeDe  méthode  a  été  ini.alement  appliquée  sur  les  cerveaux  


de  pa.ents  décédés.  

D’après Dronkers et al., Brain 2007


Auguste D ; publication de 1906

Aloys Alzheimer (1864-1915) dégénérescence fibrillaire

Symptômes / dégénérescence de systèmes anatomo-


physiologiques / histologie de la dégénérescence
La méthode anatomo-clinique

 
• Elles  peut  maintenant  être  appliquée  sur  les  images  neuro-­‐
anatomiques  des  cerveaux  de  pa.ents  (et  sujets  sains)  vivants  
(IRM  cérébrale  anatomique  et  fonc.onnelle  ).  
Lafargue & Duffau, Neuropsychologia; 2008.
La méthode anatomo-clinique

• Pathologies neurodégénératives, accidents vasculaires


cérébraux, tumeurs cérébrales, traumatismes
crâniens, ...
La méthode anatomo-clinique

• Le problème de l’interprétation des données


U.lisa.on  de  la  théorie  des  graphes  
• U5lisa5on  des  paradigmes  de  la  psychologie  
cogni5ve  chez  le  pa5ents  et  le  sujets  sains  
• Taux d’erreurs
• Temps de réaction

• Confronter  des  performances  à  des  données  


d’anatomie  cérébrale  
Subjects  
 Ten  normal  subjects  were  recruited  from  the  Psychology  Department  
subject  pool  at  Carnegie-­‐Mellon    University.  These  subjects  were  
undergraduates  enrolled  in  Psychology  courses,  who  were  par.cipa.ng  
for  course  credit.  
 The  prosopagnosic  subject  was  LH,  a  40yr-­‐old  man  who  has  been  
prosopagnosic  since  an  automobile  accident  20  yr  earlier.  When  tested  
during  his  recovery,  his  verbal  IQ  was  132  and  his  performance  IQ  was  93.  
His  main  residual  impairment  is  in  face  recogni.on.  He  is  profoundly  
prosopagnosic,  unable  to  recognize  friends,  neighbours  or  even  his  wife  
and  children  without  extra-­‐facial  cues.  His  recogni5on  of  real  objects  and  
pictures  is  only  mildly  impaired,  and  his  recogni5on  of  printed  words  is  
good.  
 Brain  damage  from  the  accident  and  subsequent  surgery  consists  of  
bilateral  occipitotemporal  lesions,  and  right  frontal  and  anterior  temporal  
lesions.  
Première phase : on présente des photos d’objets au sujet
Deuxième phase : on présente des photos (une par une),
le sujet doit dire si elles sont nouvelles ou déjà vues
LH Sujets contrôles

• Effet classique d’inversion des visages pour les sujets contrôles


• Effet d’inversion inversé pour LH
L’étude  de  Warrington  (1993)  
La  prosopagnosie  est-­‐elle  assimilable  à  une  
discrimina.on  intra-­‐catégorielle  difficile  ?  
L’étude  de  Warrington  (1993)  
La  prosopagnosie  est-­‐elle  assimilable  à  une  
discrimina.on  intra-­‐catégorielle  difficile  ?  
• Etude  sur  les  bases  cérébrales  des  capacités  
d’introspec.on  (métacogni.ves)  
– Degré  de  confiance  qu’on  accorde  à  une  décision  
- La compétence métacognitive des participants est corrélée
avec la quantité de matière grise dans le cortex préfrontal
rostral droit, aire 10 de Brodmann, et avec la densité de
matière blanche dans la région rostrale du corps calleux

-Cette région du corps calleux est connectée à l’aire 10

-L’aire 10 joue un rôle clé dans les capacités d’introspection


• U5lisa5on  de  données  psychométriques  chez  
le  pa5ents  et  le  sujets  sains…  et  les  
confronter  à  des  données  d’anatomie  
cérébrale  
2. Perturber l’activité neuronale du cerveau
(sain ou lésé)
2.1 La stimulation magnétique
transcrânienne (TMS)

Magnuson CE, Stevens HC. (1914). Visual sensations created by a magnetic


field. Philosoph Mag, 28, 188–207
Barker AT, Jalinous R, Freeston IL., (1985). Non-invasive magnetic stimulation of
human motor cortex, The Lancet , 1, 8437, 1985, p. 1106–1107
Principe  de  Faraday  (1)  

Lorsqu’un courant électrique passe dans un conducteur, ce


courant génère un champ magnétique qui à son tour induit un
courant secondaire dans tout conducteur à sa portée.
Principe de Faraday (2)

 En TMS, la seconde bobine est remplacée par le


tissu cérébral
• un courant de forte intensité (environ 8kA) est délivré sur une
période de temps très brève (environ 1 ms)

• le courant génère un champ magnétique qui induit un champ


électrique suffisant pour dépolariser la membranes des neurones
stimulés
Plateforme de TMS stéréotaxique couplant la TMS, un
système de neuro-navigation et l’enregistrement EEG
Différents modes de stimulation

– TMS unique

– La rTMS
• basses fréquences (<1Hz)
• hautes fréquences (>1Hz)
TMS et Neuropsychologie ?

   
  La TMS permet d’interférer avec le fonctionnement
normal d’une aire corticale au cours d’une opération
cognitive déterminée.
Pourquoi interférer avec le fonctionnement
normal du cerveau ?

• pour étudier activement la relation entre l'activité


corticale localisée et le comportement humain

• pour déterminer comment interagissent les différentes


régions cérébrales
Principe

• Brouiller momentanément l’activité d’une région


définie du cerveau et demander au sujet d'effectuer
une tâche.

• Si la région dérangée est nécessaire pour faire la


tâche, la performance doit être inférieure à sa
performance habituelle.
Pourquoi des « pseudo lésions » ?

• Les chercheurs peuvent manipuler à leur guise le lieu,


la taille et surtout le moment d’apparition de la
lésion virtuelle (ou pseudo-lésion).

• L’information chronométrique permet d‘établir à


quel moment différentes régions cérébrales
contribuent à un comportement donné.
Avantage par rapport à la neuropsychologie
classique

• Le cerveau endommagé est en réorganisation depuis


des semaines, des mois, voire des années.

– Le sujet cérébro-lésé a pu acquérir un large répertoire de


stratégies compensatoires

• Étudie-t-on la fonction de la structure endommagée ou la


capacité d’autres circuits corticaux à prendre en charge
cette fonction ?
Quelles sont les limites ?

• Problème de localisation spatiale


– Voir plus haut la diapositive : « plateforme de TMS
stéréotaxique couplant la TMS, un système de neuro-
navigation et l’enregistrement EEG »

• Problèmes éthiques
2.2 La stimulation électrique directe du
cerveau (SED)
Wilder  Penfield  
(1891-­‐1976)  

Penfield & Boldrey, 1937


Ce à quoi nous ressemblerions si nos membres avaient une taille
proportionnelle à celle des régions cérébrales correspondantes
(perception, gauche; action, droite)
Identification des aires du langage et du
contrôle moteur
SED permet de tester les fonctions en temps
réel durant l’opération

• Fonctions somatosensorielles
– Mouvements involontaires ; Dysesthesies (sensations anormales:
diminution ou exagération de la sensibilité ; sensations de douleurs
engourdissent, picotements, brûlures)

• Langage spontané, dénomination, compréhension, lecture,


écriture, bilinguisme, calcul, mémoire, processus
visuospatiaux,…..
CAL:  par.e    
caudale  du  lobe    
temporal  droit  

42:  par.e  sup  du  faisceau  


occipito-­‐frontal  qui  connecte  les  
lobes  parietal  et  frontal  

SB:  lobule  pariétal  


inf  droit    
Expérience
consciente de la
volonté d’effectuer
L’intention motrice
un mouvement
précis
déclenchée par le neuro-
chirurgien

Fried et al. (1991). Direct stimulation of the supplementary motor area in man. A strip of
electrodes is used to stimulate the cerebral cortex as part of pre-operative procedure before
neurosurgery for severe epilepsy. When the SMA (electrodes outlined in red) was stimulated,
subjects reported the sensation of an urge to move their limbs. More intense stimulation at the
same locations provoked physical movements of the corresponding limb
Éclats  de  rire  induits  par  SE  de  la  par2e  
antérieure  de  l’AMS   Rires
Interruption du langage

Interruption de la capacité à
nommer les objets
Interruption des activités
manuelles

Mouvements impliquant les


bras et les avant-bras

Fried  et  al.  (1998).  Electrical  current  s.mulates  laughter,   Sensations de frôlement
Nature,  391,  650.  
3. Enregistrer directement ou indirectement
l’activité neuronale du cerveau
 
3.1 Enregistrement (direct) de l’activité de
neurones uniques chez le sujet humain
éveillé
• Au cours du bilan pré-chirurgical, certains patients épileptiques
sont implantés à l’aide d’électrodes intra-cérébrales. Certaines de
ces électrodes sont munies à leur extrémité de microélectrodes
(permettant ainsi de recueillir l’activité de neurones uniques chez
un sujet humain conscient.)

ØCet outil exceptionnel permet d’enregistrer chaque potentiel d’action


d’un neurone cortical tandis que le sujet se livre à telle ou telle tâche
expérimentale. En moyennant l’activité recueillie à travers plusieurs essais,
on peut extraire la réponse moyennée de ce neurone.
Réponse d’un neurone unique hippocampique à des photographies. Ce neurone répond
exclusivement à la comédienne Jennifer Aniston ; il ne décharge pas en réponse à
d’autres visages féminins, masculins ou à d’autres stimuli.
3.2 Enregistrement direct de l’activité de
populations de neurones
• Chez des patients épileptiques implantés ou chez des patients
souffrant de maladie de Parkinson, il est possible d’enregistrer à
l’aide d’électrodes intra-cérébrales l’activité correspondant à
l’activité sommée de populations de neurones .

Ø « C ’est ainsi, par exemple, qu’on a pu enregistrer la réponse neurale


de l’amygdale, une structure impliquée dans la perception des émotions.
En présentant des mots à forte valence émotionnelle (ex : « MORT », «
PEUR », « VIOL »,…) ou des mots neutres (ex : « TABLE », COUSIN, «
VOILE »), il a été observé que l’activité de l’amygdale était modulée par
ce paramètres sémantique qu’est la valence émotionnelle du mot. »
3.3 Enregistrement de l’activité neurale
globale du cerveau
3.2.1 L’électroencéphalographie (EEG)
Luck, S. J., Woodman, G. F., and Vogel, E. K. (2000). Event-
related potential studies of attention. Trends Cogn Sci
• Alors que l’EEG est enregistré en continu, on découpe les
segments d’EEG synchronisés avec un stimulus ou une
réponse comportementale, puis on réaligne ces essais et on
moyenne point par point le signal EEG.

• L’hypothèse sous-jacente est qu’à chaque essai l’activité EEG


comporte un faible signal reproductible (le potentiel évoqué ou
évènementiel) noyé dans une activité EEG tout à fait
indépendante.

• L’inspection d’un essai unique ne permet pas d’extraire le PE,


mais en moyennant les essais, le rapport signal/bruit augmente,
et on peut extraire le PE dont l’amplitude est souvent de
l’ordre du millionième de volt, alors que l’EEG global est de
l’ordre de plusieurs centaines de millivolts, soit un facteur
1000.
Dehaene  et  al.  Nature  Neuroscience,  2001  
3.2.1 La magnétoencéphalographie (MEG)
• Permet  de  mesurer  les  champs  magné.ques  
induits  par  les  varia.ons  de  poten.el  
électrique  du  cortex  cérébral  
– Complémentaire  de  l’EEG,  meilleures  résolu.on  
spa.ale  
3.3 Enregistrement indirect de l’activité
neuronale du cerveau
 
L’imagerie par résonnance
magnétique fonctionnelle (IRMf)
• L’imagerie par résonnance magnétique
fonctionnelle (IRMf)
– Non  invasive  (pas  d’injec.on  de  produit  radioac.f)  
contrairement  à  la  TEP  (tomographie  à  émission  
de  positons  ;  injec.on  d’un  marqueur  radioac.f  
par  voie  sanguine)  
– Consiste à enregistrer les variations
hémodynamiques dans les différentes régions
cérébrales
• La localisation s’appuie sur l’effet BOLD (blood
oxygen level dependant) dû à l’aimentation de la
désoxyhémoglobine contenue dans les globules rouges
du sang
Les intensités de champs magnétiques
utilisées sont comprises entre 0,1 et 7
Tesla.
1,5 T équivaut à 30 000 fois l’intensité du
champ magnétique terrestre
• Deux types de protocoles
– En bloc : les activités sont organisées en blocs de quelques dizaines de
secondes qui alternent à intervalles réguliers. Au sein d’un même bloc, les
réponses hémodynamiques vont se chevaucher et s’accumuler avant de former
.
un plateau

– Evénementiel : les activités ou stimuli sont uniques ou présentés en


courtes répétitions, avec un enchaînement qui peut être pseudo-aléatoire (ce qui
évite le phénomène d’anticipation), et avec mesure possible de la performance
de la réponse (délai et exactitude de la réponse…). On évalue ainsi la réponse
hémodynamique locale lors des différentes activités.
D’après d’Esposito et al., 1999
- Les points forts
• Bonne résolution spatiale ( ˜ 1 mm3)

- Les points faibles


• Coût élevé
• Mauvaise résolution temporelle (˜ 1 seconde)
• Position à l’intérieur du scanner
• Immobilité absolue nécessaire
• Bruit
       
     Merci  !  

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