Prise en Charge Rééducative D'un Enfant Infirme Moteur Cérébral: Installation Et Travail en Position Assise
Prise en Charge Rééducative D'un Enfant Infirme Moteur Cérébral: Installation Et Travail en Position Assise
Prise en Charge Rééducative D'un Enfant Infirme Moteur Cérébral: Installation Et Travail en Position Assise
MARGUERITE Chloé
Année 2012/2013
1. Introduction......................................................................................................................... 1
6. Discussion .......................................................................................................................... 22
7. Conclusion ......................................................................................................................... 26
Résumé
Auguste, six ans quadriplégique spastique avec une atteinte prédominante des membres
inférieurs, éprouve des difficultés dans certaines positions assises et ne marche pas encore.
Sa prise en charge rééducative a pour objectif d’améliorer sa station assise afin de lui offrir
une position stable et fonctionnelle. Cela passera essentiellement par l’adaptation des
installations et par une sollicitation du contrôle postural en séance de rééducation. Les signes
cliniques de cette pathologie évoluent lentement, c’est pourquoi, en six semaines de prise en
charge, les résultats ne sont pas significatifs. Ce manque de résultat s’explique également par
le peu d’implication de la famille dans la prise en charge, par les troubles attentionnels de
l’enfant et le temps qu’il a fallu au thérapeute pour décrypter la pathologie.
- Installation - Installation
L’évolution d’un enfant valide, ou en situation de handicap se fait dans le but d’acquérir le
maximum d’autonomie. En ce qui concerne la station assise, l’enfant valide va découvrir par
lui-même les différentes positions qui s’offrent à lui, en fonction de son développement
moteur. Le sujet Infirme Moteur Cérébral (IMC) va rencontrer plus de difficultés dans cette
quête d’autonomie. En effet, les troubles cérébro-moteurs vont limiter ses possibilités de
changer de position. L’aide de l’adulte va donc s’imposer afin que l’enfant trouve une position
stable et confortable.
Auguste, six ans, IMC, se trouve en difficulté pour trouver une position stable sans utiliser ses
membres supérieurs. Faute de pouvoir marcher, l’enfant reste assis une majeure partie de la
journée. Afin d’offrir à l’enfant le maximum d’autonomie et de confort, nous allons
rechercher une position assise passive confortable pour la journée, et solliciter sa station
assise active en séance de rééducation.
1
2. L’Infirmité motrice cérébrale
Guy TARDIEU est le premier à définir l’infirmité motrice cérébrale comme étant « due à des
atteintes cérébrales survenues pendant la période périnatale qui entrainent des troubles de la
posture et du mouvement sans caractère évolutif. Ces atteintes cérébrales ont suffisamment
préservées les facultés intellectuelles pour permettre une scolarisation. » (1)
Les étiologies sont de différentes natures : prénatales, périnatales ou post natales avec une
prédominance pour la prématurité (retrouvée chez 45 % des paralysés cérébraux), le faible
poids à la naissance et le retard de croissance intra-utérin. (2)
Chaque année, deux enfants sur 1000 naissances vivantes sont atteints de paralysie
cérébrale, soit environ 1500 nouveaux cas chaque année. (3) Ce terme paralysie cérébrale est
utilisé par les anglo-saxons pour définir « un ensemble de troubles du mouvement et/ou de
la posture et de la fonction motrice, ces troubles étant permanents mais pouvant avoir une
expression clinique changeante dans le temps et étant dus à un désordre, une lésion ou une
anomalie non progressive d’un cerveau en développement ou immature. Il regroupe ainsi
l’infirmité motrice cérébrale et l’infirmité d’origine cérébrale (enfant avec une déficience
intellectuelle plus marquée) » (2).
Ces enfants, infirmes moteurs cérébraux, présentent à la naissance les conséquences directes
des lésions cérébrales, celles-ci seront différentes en fonction de la localisation et de
l’importance des atteintes cérébrales. Les séquelles de lésions possibles vont être de la
spasticité, des anomalies du tonus de base, une faiblesse musculaire, des troubles de la
sélectivité et une anomalie de l’équilibre. Mais à cet instant, aucun trouble orthopédique
n’est présent. Ces anomalies sont appelées les « anomalies primaires ».
Avec la croissance, les anomalies de contraction et les déséquilibres musculaires vont
entrainer des anomalies secondaires sous forme de vices architecturaux.
Puis dans le but de faciliter la fonction, des compensations vont se mettre en place : ce sont
les « anomalies tertiaires ». (4)
L’acquisition de la position assise stable chez les enfants IMC va se faire de manière moins
spontanée que chez un enfant valide. En effet, chaque position assise requiert des
2
adaptations antigravitaires différentes, un contrôle postural et des amplitudes plus ou moins
importantes. Les enfants sains vont découvrir par eux-mêmes ces stations assises par des
successions d’expériences en fonction de leurs besoins et de leur développement neuro-
moteur. Le sujet infirme moteur cérébral va se trouver en difficulté pour acquérir ces
différentes positions. En effet les contractions basales et les troubles posturaux vont
conduire un grand nombre d’enfants à adopter une position en rétroversion de bassin,
cyphose dorsolombaire et hyper extension cervicale. Cette position, maintenue dans un
équilibre précaire, les oblige à utiliser leurs membres supérieurs pour se stabiliser et les
empêche d’interagir avec le monde qui les entourent. (5)
Afin d’obtenir une station assise stable sans l’utilisation des bras, ils ont régulièrement
recours à la position en W c'est-à-dire à genoux avec les fesses entre les talons. (5) Seulement
dans cette position, les hanches sont en grande flexion et en rotation interne. Ceci engendre
une découverture des têtes fémorales (ce qui favorise l’excentration des hanches) et
également une aggravation de l’antétorsion fémorale. Selon les observations de M.Le
Métayer, l’évolution défavorable de ces déformations entraine une position debout de plus
en plus pathologique. (6)
3
Il suit une scolarité dans un cursus classique, en classe de moyenne section de maternelle et
bénéficie d’une Assistante de Vie Scolaire (AVS) à temps complet. Avant sa prise en charge à
« La clairière », il était suivi au CAMSPP (Centre d’Action Médico-Sociale Précoce Polyvalent)
de Laval qui prend en charge les enfants jusqu’à l’âge de six ans, ainsi qu’en kinésithérapie
libérale de manière irrégulière.
Il a subi des injections de toxine botulique dans les triceps suraux (soléaire et
gastrocnémiens) le 10 février 2012, suivi de trois séries de bottes plâtrées successives, les
dernières maintenant la cheville à 5° de flexion dorsale à gauche et 0° à droite.
3.2.2. Vision
Le dossier d’Auguste fait référence à une amblyopie bilatérale avec strabisme ainsi qu’une
hypermétropie avec astigmatisme. L’enfant ne porte pas les lunettes qui lui ont été prescrites.
De nouveaux bilans ophtalmologiques et orthoptiques sont en attentes et pour le moment
ses capacités visuelles restent inconnues.
4
Membre inférieur :
Membre supérieur :
L’enfant adopte une attitude préférentielle en
chandelier (Abduction d’épaule à 90°, rotation
latérale et flexion de coude), cette position des
membres supérieurs est partiellement corrigeable
de manière volontaire et totalement par action de
l’examinateur.
Dans le cas d’Auguste les contractions basales sont nettement majorées par une stimulation
sonore soudaine, par la manipulation d’objet et par un effort mental important.
5
3.3.2. Activités dirigées et provoquées
Fonction de soutien
La fonction de soutien permet d’éviter l’effondrement sous l’action de la pesanteur.
A la suspension sous-axillaire, Auguste assure son propre soutien plus de 10 secondes. A la
suspension latérale, il croise légèrement les membres inférieurs et incurve légèrement le
tronc vers le haut.
La qualité de son soutien au niveau des épaules est objectivée par la capacité d’Auguste à
tenir la position Gesell III et à se redresser du décubitus dorsal à la position assise par la voie
latérale. Pour les membres inférieurs, ses capacités de soutien sont objectivées par ses
possibilités à se tenir debout ou accroupi, dans le cas d’Auguste ces deux positions sont
impossibles sans l’aide des bras.
Fonction de maintien
Elle permet le maintien des segments de membres au-dessus du plan d’appui.
Auguste est capable de maintenir ses membres supérieurs et ses membres inférieurs
surélevés au dessus de la table, les membres inférieurs ne sont pas maintenus s’il y a une
action des membres supérieurs ou une distraction visuelle.
Fonction de redressement
Elle permet le redressement ou l’abaissement du corps à partir d’une position d’appui. C’est
le passage d’une position basse à une position haute. Auguste passe de la position accroupi à
la position debout seulement si on le guide verbalement et manuellement. Il passe de la
6
position assise sur un petit banc à debout seulement avec un soutien des membres
supérieurs.
7
Tableau 2 : Mesures des possibilités d'allongement musculaire (2)
8
Donnée radio
La radiographie standard révèle une scoliose lombaire à convexité gauche de 15°, et des
hanches excentrées avec une subluxation à droite et un pourcentage d’excentration de
Reimers de 35%. (Cf. Annexe 2)
Auguste bénéficie de plusieurs appareillages qui se sont intégrés à son quotidien dans le but
de limiter les déformations orthopédiques ou de suppléance d’une fonction :
Figure 3 : Fauteuil roulant manuel avec siège Figure 4 : Siège moulé vue du dessus
moulé d'Auguste
9
Une attelle de verticalisation plâtrée avec 2 x 20° d’abduction
de hanche et de 10° de flessum de hanche et de genoux (Figure 5),
utilisée trois fois une heure par semaine après les séances de
kinésithérapie. Elle a pour objectif de limiter les déformations
osseuses, de maintenir une bonne couverture des hanches et de
lutter contre les rétractions des adducteurs et des triceps suraux.
Figure 7 : Motilo
10
3.5. Limitation d’activité
11
3.6. Restriction de participation
Auguste a peu d’autonomie à l’extérieur, le motilo n’y est pas utilisable en raison du caractère
accidenté du terrain. A la maison, il est installé dans un canapé ou au sol pour jouer.
Il est également peu stimulé par son entourage au niveau moteur, leur implication dans sa
prise en charge rééducative est faible, cela ne favorise pas sa progression neuro-motrice et
intellectuelle.
12
La lésion cérébrale entraine des déficits secondaires tels qu’un déséquilibre dynamique entre
les tissus mous avec une spasticité des triceps suraux, des ischio-jambiers et des adducteurs,
et une rétraction des fléchisseurs de hanches, des adducteurs et des triceps suraux. Cette
lésion engendre également un déficit de la commande motrice automatique et volontaire,
des troubles de l’équilibre ainsi que des difficultés d’apprentissage et de concentration
Au cours de sa croissance, des déficits tertiaires à type de compensation se sont mis en place,
le déséquilibre musculaire au niveau des hanches entraine une excentration de celles-ci et
même une subluxation à droite ainsi qu’une scoliose thoraco-lombaire.
Ces déficits empêchent Auguste de maintenir une position assise ou à genoux dressés stable,
ces bras étant utilisés à le soutenir il ne peut pas jouer aisément en dehors de son fauteuil. La
seule position stable qui lui est possible est la position W, qui est néfaste pour ses hanches.
Son autonomie de déplacement en fauteuil est limitée à des petites distances sur terrains
plats.
Auguste comprend et s’exprime aisément avec les adultes et les enfants. Son niveau reste
tout de même inférieur à celui d’un enfant de son âge avec un comportement de nature
agité. Il est scolarisé en moyenne section de maternelle dans une école classique et bénéficie
d’une auxiliaire de vie scolaire. Auguste est dépendant pour les activités de la vie quotidienne
telles que l’habillage, la toilette, les repas et les transferts.
Au domicile, l’autonomie d’Auguste est limitée par l’étroitesse des lieux, la présence d’un
étage pour accéder à sa chambre et l’irrégularité du terrain extérieur.
Le cas d’Auguste pose la question de l’installation en position assise : comment installer cet
enfant en dehors de son fauteuil afin de lui permettre d’interagir avec son environnement et
d’acquérir le maximum d’autonomie ?
13
3.8. Objectifs et Moyens ( Tableau 4)
Tableau 4 : Objectifs et moyens
14
Les consignes données sont simples, précises et adaptées à la compréhension et aux
centres d’intérêts de l’enfant
Pour Auguste il a été choisi de fabriquer un siège moulé installé sur un fauteuil roulant
manuel. Celui-ci porte les hanches à 20° d’abduction de chaque côté de façon à ce que les
têtes fémorales soient couvertes au maximum par le cotyle, et ainsi évite que l’excentration
de hanche n’évolue en subluxation ou luxation (10). Cette position permet également une
posture prolongée sur les adducteurs. Il a donc fallu trouver un juste milieu entre la
couverture des têtes fémorales et la mise en tension des adducteurs sous peine d’inconfort et
de douleurs pour des amplitudes trop grandes.
L’angle entre le tronc et les cuisses est ouvert de 10° environ afin de mettre les ischios-
jambiers en position confortable pour l’enfant. En effet, de cette façon ils ne sont pas étirés et
n’entrainent plus le bassin en rétroversion et le rachis lombaire garde ainsi sa lordose
physiologique.
Le dossier choisi est bas (il s’arrête au niveau lombaire) et l’inclinaison du tronc par rapport à
la verticale est faible ce qui demande à l’enfant un redressement actif du rachis.
Le siège a été fixé sur un fauteuil roulant manuel classique que l’enfant utilise seul sur terrain
plat, il est abandonné à certains moments à la maison ou à l’école en raison de son
encombrement, ou pour jouer au sol avec les autres enfants.
Au sol, Auguste utilise la position quadrupédique ou à plat ventre mais pour libérer ses
membres supérieurs il utilise préférentiellement la position assise en W, c'est-à-dire à
15
genoux, les fesses entre les talons. Il a été décrit dans le chapitre 2. que cette position est
néfaste pour ses hanches c’est pourquoi l’idée de lui fabriquer une mousse assis tailleur a été
retenue.
L’emprunte des fesses et des cuisses de l’enfant est dessinée puis creusée dans la mousse, la
partie au niveau du bassin doit être creusée de façon verticale afin de permettre le maintien
de celui-ci en position neutre et d’éviter la rétroversion.
16
Pour trouver l’inclinaison de l’assise, la méthode d’essai-erreur a été utilisée en mettant des
cales de différentes tailles sous celle-ci. Plus l’inclinaison est importante plus la cyphose
dorsale diminue grâce à l’antéversion du bassin, mais une trop forte inclinaison entraine un
déséquilibre de l’enfant vers l’avant avec une extension cervicale de compensation et un
risque de chute.
Avec cette installation, nous offrons à Auguste toute la liberté d’interagir, par l’intermédiaire
de ses bras, avec son environnement. L’équilibre postural dans ce siège sera ensuite travaillé
en rééducation pour que l’enfant soit vraiment à l’aise dans son installation.
Nous proposerons ensuite celui-ci pour une utilisation au domicile ou à l’école pour des
activités sur table basse ou au sol.
17
4.3.1. Manœuvres de décontraction
On utilise des manœuvres spécifiques de décontraction
automatique permettant : de corriger les postures
anormales, de fournir un rappel des amplitudes
maximales et la mise en place d’une posture corrigée
plus propice à l’expression d’une autre motricité plus
proche de la normalité. (13) (14)
Figure 9 : Manœuvre de décontraction
automatique du Triceps
Ces manœuvres consistent à allonger les groupes
musculaires antagonistes des muscles les plus
contractés afin d’obtenir leur décontraction. Plus
l’allongement est important plus la décontraction est
importante, sans aller jusqu’au niveau nociceptif.
En pratique, chez Auguste les triceps suraux sont les Figure 3 : Fin de la manœuvre de décontraction
du triceps
muscles les plus contractés, la technique consiste donc
à étirer la loge antérolatérale de jambe en flexion
plantaire, adduction et supination pour provoquer une
décontraction automatique, immédiate et transitoire
du triceps. (Figure 9 et 10). Suite à cette manœuvre
l’équin peut être réduit sans douleur, et le triceps sural
peut être étiré. (15) (Figure 11) Elle est également Figure 11 : Réduction de l'équin après une
manœuvre de décontraction
utilisée pour étirer les muscles adducteurs et les
ischios-jambiers. (Figure 12) Pour cela l’enfant est en
position « pseudo rampé ». Les mobilisations et
étirements vont être indispensables pour lutter contre
l’aggravation des rétractions et des déformations
ostéo-articulaires acquises pendant la croissance.
Notre action reste tout de même limitée et n’évite pas Figure 12 : Etirement des ischio-jambiers
le recours aux injections de toxine botulique ou aux chirurgies, mais cela permet de les
retarder et d’entretenir l’effet des toxines. (15)
18
4.3.2. Stimulation des automatismes cérébro-moteurs
19
praticien pourra également l’entrainer à améliorer ses réactions d’équilibrations (en rapidité,
en efficacité).
20
proposer des objets en hauteur à attraper avec une ou
deux mains pour lui faire lâcher la table.
Dans cette position il est également possible de proposer à
l’enfant de venir chercher des objets à sa droite (des
chapeaux par exemple) et de venir les poser à gauche sur
une poupée. Dans cet exercice on oblige l’enfant à lâcher
son appui et on travaille le redressement postural.
Figure 15 : Exercice à genoux dressés
Exercice de redressement
L’exercice débute en position « petit lapin », l’enfant doit se redresser sans lâcher l’objet : « la
cravate », (Figure 16) qui est coincée entre son menton et son sternum. Sans objet, Auguste
se redresse en compensant par une hyper extension cervicale, l’objet l’oblige à garder son
rachis cervical en flexion. Le thérapeute bloque en adduction les hanches de l’enfant.
L’exercice est répété plusieurs fois et entraine l’enfant à adopter une bonne posture
rachidienne.
21
Sollicitation du soutien des membres supérieurs
Associé à la stimulation des réactions parachutes, le soutien des membres supérieurs doit
être sollicité afin de permettre à l’enfant de se rattraper s’il venait à chuter, de l’aider dans
ses déplacements à quatre pattes et en reptation.
Pour ce faire, le déplacement en quadrupédie est sollicité de même que la marche sur les
mains ou « la brouette ». L’enfant est en procubitus sur un rouleau, le thérapeute lui tient les
deux jambes et il doit avancer sur les mains.
Les exercices doivent être ludiques afin d’obtenir toute l’implication de l’enfant, et répétés de
nombreuses fois pour permettre leur intégration. L’activité motrice prend donc un sens avant
qu’elle ne soit encore véritablement fonctionnelle. (1) Les objets utilisés sont ceux appréciés
par l’enfant.
5. Bilan final
Au terme de ces six semaines de stage au sein du centre de rééducation, aucuns résultats
quantifiables ne sont observés. L’enfant n’a pu utiliser l’assise « assis-tailleur » que quelques
fois, néanmoins lors de l’utilisation de celui-ci, Auguste a un bon redressement axial et se
retrouve dans une position stable pour pouvoir utiliser ses bras et faire une activité sur table
par exemple. Au niveau orthopédique et musculaire il n’y a pas d’évolution significative. Des
ténotomies des Ischios-jambiers et adducteurs ainsi que des injections de toxines botuliques
dans les triceps suraux sont prévues et devraient modifier significativement l’état
orthopédique des membres inférieurs d’Auguste. Nous pouvons penser que cela favorisera
son autonomie dans les déplacements et facilitera son installation.
6. Discussion
Analyse des résultats
Les signes cliniques de l’infirmité motrice cérébrale évoluent très lentement et nécessitent
une prise en charge au long cours. C’est pourquoi en six semaines de stage il n’y a eu pas de
réels changements sur l’état orthopédique et moteur d’Auguste. De plus le siège n’a pu être
testé que quelques fois en séances de kinésithérapie. Il serait intéressant dans un futur
proche de proposer cette aide technique pour une utilisation à l’école et au domicile.
22
En plus de l’évolution lente de la pathologie, certains paramètres comme l’expérience du
thérapeute, l’environnement familial ou le caractère de l’enfant peuvent expliquer ce
manque de résultats.
En effet l’Infirmité Motrice Cérébrale est une pathologie complexe qui nécessite beaucoup
d’attention, le bilan doit est très complet, est très long à réaliser et demande une certaine
expérience afin d’être conduit parfaitement. Le manque d’expérience s’est fait ressentir
quand il a fallu cerner le tableau clinique d’Auguste et organiser sa prise en charge. La
pathologie n’étant pas connue du thérapeute, un temps d’adaptation plus important a été
nécessaire
A cela s’ajoute les troubles de concentration d’Auguste, il faudra en tenir compte dans notre
prise en charge : choisir une pièce calme pour les séances et sortir les jouets au bon moment.
La rééducation avec un enfant doit être ludique et suffisament « cadré » avec des règles
strictes pour éviter toute dispersion. La durée de la séance va être limitée par le manque
d’attention que l’enfant porte aux exercices au-delà de 30 minutes, cela va constituer une
limite à la prise en charge.
23
pendant les étirements, on va jouer avec les camions et les voitures après ». Le moment de
marche avec le déambulateur sera gardé pour la fin de séance car c’est un moment
qu’Auguste apprécie. Il est important de finir la séance sur une note positive pour donner à
l’enfant l’envie de revenir. Une certaine rigueur, qui a pu manquer dans cette prise en charge,
doit être respectée, afin de ne pas se faire « dépasser » par les événements.
Les parents d’Auguste, probablement « mals informés » face à cette pathologie, se trouvent
démunis face au handicap de leur enfant. Il est de notre devoir de leur apporter notre soutien
et nos connaissances. Si les parents comprennent l’enjeu de leur implication dans la prise en
charge, il sera plus facile pour eux d’agir. Cette implication passera par la bonne utilisation
des aides techniques, et même par la participation au choix de l’aide technique. Leur rôle
consiste aussi à autonomiser l’enfant au domicile en adaptant son environnement et en le
laissant faire le maximum de chose. Si la famille ne semble par réceptive à l’intervention du
thérapeute, il se doit de rester ouvert afin de l’accueillir quand elle sera prête. (1)
Auguste passe également beaucoup de temps à l’école. Afin de pérenniser notre action, il
serait très intéressant d’informer et de sensibiliser le personnel de l’école sur les attentions
particulières que nécessite la pathologie d’Auguste en leurs expliquant ses différents aspects.
Ce personnel à un véritable rôle à jouer dans la continuité des soins apportés au centre de
rééducation, comprendre en quoi Auguste est différent des autres enfants, pourrait les
conforter dans cette tâche. L’apprentissage pourra commencer par une démonstration des
techniques de décontractions automatiques pour que les attelles soient mises sans douleur,
de façon efficace. Ensuite on pourra expliquer qu’Auguste va progresser mais certes plus
lentement que les autres enfants, ceci grâce à une stimulation permanente dans les activités
de la vie quotidienne telles que l’habillage, la toilette et la prise des repas. Ils devront donc le
laisser prendre de l’autonomie sans le mettre en situation d’échec. Ils pourront également
veiller à ce qu’Auguste n’utilise pas la position W, et l’aider à utiliser l’assise mousse en
tailleur.
Ces conseils seront également donnés à la famille lorsqu’ils seront prêts à les entendre.
24
La rencontre avec ces personnes permettra également d’échanger sur leurs difficultés à
installer l’enfant et mettre en place une réflexion commune visant à résoudre cet éventuel
problème par l’intermédiaire d’une nouvelle assise.
Cette potentielle nouvelle assise devra être passive pour les temps de concentration c'est-à-
dire une installation dans laquelle l’enfant est au repos (sans effort de maintien du tronc) afin
qu’il puisse mettre toute son attention dans le travail qui lui est demandé et non dans sa
posture. Mais en dehors de ces temps de travail l’assise devra être active afin que l’enfant
maintienne lui-même son tronc et ne devienne pas dépendant d’une installation haute
passive. Il faut également que celle-ci propose une bonne position orthopédique des hanches
c'est-à-dire en abduction.
La selle active pourrait convenir à nos besoins, son dossier bas engendrera une station assise
active. Un siège plus haut permettra un soutien passif. De plus cette assise propose à l’enfant
de poser ses pieds au sol, ce qui rentre dans la perspective d’évolution vers la position
debout. (17)
En ce qui concerne, la mousse « assis tailleur », son principal inconvénient réside dans le fait
que l’enfant ne puisse pas s’installer ou sortir seul de ce siège. La stimulation des niveaux
d’évolution motrice parait indispensable, en particulier l’enchainement des positions
allongée, assise, assis-tailleur et enfin assis dans la mousse assis-tailleur. En attendant, les
déplacements n’étant pas possibles lors de l’utilisation de ce siège, nous pourrions proposer
la construction d’un trotte lapin. Celui-ci permettra également de priver l’enfant de sa
position W, tout en gardant une installation stable et non nocive pour ses hanches. Ce
support est constitué d’un bloc de mousse à densité élevée découpé en forme de haricot sur
lequel l’enfant va s’assoir à califourchon, maintenu par une ceinture. Il permet de bloquer la
position W que l’enfant a tendance à prendre, tout en le laissant jouer librement avec ses
mains sans risque de chute, de se déplacer seul en quadrupédie et même de se mettre
debout. En effet le trotte lapin permet de défléchir les hanches et de réduire la rotation
interne, il va donc devenir un moyen de prévention contre l’excentration de hanche. Si celle-
ci est déjà présente comme dans le cas d’Auguste il permettra de stopper son évolution. (6)
(18)
25
7. Conclusion
La problématique de ce cas clinique était de savoir comment installer cet enfant afin qu’il
puisse jouer avec ses mains même lorsqu’il est sorti de son fauteuil. La fabrication d’une
mousse « assis-tailleur » à été entreprise et les séances se sont orientées vers la stimulation
du maintien postural assis. En six semaines, aucun résultat significatif n’est observé. On
explique cela par la lenteur de l’évolution des signes cliniques, le faible investissement des
parents et le manque d’expérience du thérapeute. Pour améliorer les résultats, on propose
d’impliquer les parents et l’école dans la prise en charge de l’enfant, en les formant à
l’utilisation des appareillages et en augmentant leur niveau de connaissance sur la pathologie.
Des séances mieux cadrer par le thérapeute pourrait également donner de meilleurs
résultats.
De nouvelles installations telles que la selle ou le « trotte-lapin » sont proposés, afin de mieux
répondre à l’installation à l’école et d’améliorer l’autonomie de l’enfant.
Dans la continuité du travail entrepris avec Auguste, la quête d’autonomie restera l’objectif
premier. Une fois qu’il saura tenir les différentes positions assises, il sera indispensable qu’il
sache y aller et en sortir seul. Pour cela le travail des Niveaux d’Evolution Moteur s’impose.
A l’avenir la prise en charge d’Auguste devra solliciter de plus en plus la position debout et
s’orienter vers l’autonomisation des transferts. En effet après les ténotomies l’enfant sera
libéré des ses rétractions qui sont en partie responsables de l’incapacité se tenir debout. On
pourra alors, en séance, renforcer ses membres inférieurs notamment ses extenseurs de
genou et les stabilisateurs de hanches, afin d’améliorer le maintien de cette position.
Cette expérience pédiatrique nous montre que la prise en charge d’enfants comme d’autres
patients nécessite une réflexion permanente afin d’optimiser la rééducation. L‘objectif est
toujours d’améliorer les capacités du sujet en prenant en compte le patient dans sa globalité.
En effet l’environnement, les troubles associés de l’enfant ne doivent pas être négligés.
26
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13. M. JORIS, D. LIBERTGRITTEN, R. WOS. Intérêt des manoeuvres de décontraction lors du
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Annexe 1 : Echelle de HELD et TARDIEU (19)
L’évaluation est toujours réalisée à la même heure du jour, dans une posture corporelle
constante pour un membre donné. Les autres articulations, en particulier au niveau du cou
doivent rester immobiles durant le test et dans la même position d’un test à l’autre. Pour
chaque groupe musculaire, la réaction à l’étirement est notée pour une vitesse donnée.
Vitesse
V1 Aussi lentement que possible
V2 Vitesse moyenne qui correspond à l’action de la pesanteur
V3 Aussi vite que possible
Grille de résultats :
Locomotion
Soins personnels L- Marche 2
A - Alimentation 4 Fauteuil roulant 5
B – Soins de l’apparence 1 Marche à quatre pattes 6
C – Toilette 1 Communication
D - Habillage, partie supérieure 2 N – Compréhension
E – Habillage, partie inférieur 2 Auditive 7
F – Utilisation des toilettes 1 Visuelle 3
Contrôle des sphincters O – Expression
Verbale 6
G – Vessie 2
Non verbale 6
H – Intestins 2
Conscience du monde extérieure
Mobilité, Transferts
P-interaction sociale 7
I – Chaise, fauteuil roulant 2
Q – Résolution des problèmes 3
J – WC 1
R - Mémoire 7
K – Baignoire, douche 2
TOTAL 73