Carré Magique de Kaldor

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CHAPITRE 1

LE ROLE DES POLITIQUES ECONOMIQUES & LE « CARRE MAGIQUE DE


KALDOR »
1.INTRODUCTION

Aujourd’hui, le simple jeu du marché ne suffit plus à rétablir les équilibres


fondamentaux des économies (économies du marché). C’est pourquoi l’intervention de
l’Etat voire, la régularisation étatique à travers l’élaboration des politiques économiques
devient indispensable.

2.DEFINITION DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE

La politique économique désigne l’ensemble des décisions prises par le gouvernement


afin d’atteindre certains objectifs économiques (forte croissance, faible chômage, faible
inflation, excédent commercial, etc, …). Afin d’attendre ces objectifs, les pouvoirs publics
dispose un certain nombre d’instruments :

3.FONCTIONS DE L’ETAT : RAPPEL

Les fonctions de l’Etat diffèrent entre les libéraux et les Keynésiens.

Selon les libéraux, l’Etat est un Etat gendarme ou minimal où il doit se limiter aux
fonctions régaliennes (Défense, Sécurité et Justice).

Selon les Keynésiens, L’Etat est un Etat providence dans la mesure où il intervient dans
la vie économique et social pour réguler les défaillances du marché.

En 1989, L’économiste Américain (Keynésien) Musgrave a dressé une typologie des


interventions de l’Etat selon lesquelles l’action des pouvoirs publics peut être
appréhendée à travers 3 fonctions principales :

-La fonction de stabilisation vise les grands objectifs macroéconomiques tels qu’un
niveau d’emploi élevé, une inflation modérée, une croissance du PIB…Cette fonction vise
à limiter les fluctuations de la conjoncture inhérentes à l’économie de marché et elle
nécessite des instruments appropriés que sont la politique budgétaire, monétaire…c'est-
à-dire des politiques économiques de court terme (conjoncturelles).

-La fonction d’allocation des ressources vise à la prise en charge par l’Etat de certaines
productions comme les infrastructures et les biens et services collectifs.

-La fonction de redistribution : cette fonction relève de la justice sociale. Par nature, le
libéralisme et l’économie de marché créent des inégalités dans la société. L’Etat est
amené à réduire ces inégalités en redistribuant une partie de la richesse nationale créée.
Ainsi l’Etat semble plus que jamais responsable de la solidarité sociale. On se tourne vers

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lui comme le garant de la redistribution par l’impôt et les revenus de transferts, et on
attend de lui qu’il permette à tous d’accéder à des services collectifs de qualité.

4-LES DIFFERENTS TYPES DE POLITIQUES ECONOMIQUES

La politique économique se compose d’une dimension conjoncturelle et d’une dimension


structurelle.

a-Les politiques conjoncturelles visent à agir à court terme et à guider l’activité


économique du pays ; elles se composent essentiellement des politiques budgétaires et
monétaires. Elles ont souvent deux orientations possibles (mais antagonistes) : la
priorité à l’emploi, on parlera de politique de relance ou « Politique de Go », la priorité à
la lutte contre l’inflation, on parlera alors de politique de rigueur ou « politique de
Stop ». Le gouvernement fera alors le choix entre l’une ou l’autre de ces deux priorités.

b-Les politiques structurelles visent au contraire à agir sur le long terme en modifiant
durablement les structures de l’économie. Il s’agit de préparer et d’accompagner
l’économie aux changements économiques majeurs (industrialisation, mondialisation,
délocalisation…). Elles comprennent des politiques telles que la politique de la
concurrence, la politique industrielle, la politique de la recherche et du développement,
la protection de l’environnement, la politique énergétique, …). Ces deux volets de
politique économique sont complémentaires. L’efficacité d’une politique conjoncturelle
peut être renforcée grâce à des mesures de politique structurelle.

Comparaison des politiques conjoncturelles et structurelles


Politique conjoncturelle Politique structurelle
Durée Court terme Long terme
Objectifs Maintien des équilibres Adaptation des structures
Effets Quantitatifs Qualitatifs

5-LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE

5.1-La politique budgétaire

Le budget de l’Etat est établi par la loi de finance votée chaque année par le parlement.
Il prévoit les recettes publiques (politique fiscale) et les dépenses publiques (politique
de dépenses publiques). Par ses orientations, la politique budgétaire aura des effets
restrictifs ou au contraire expansifs sur l’activité économique.

a-La politique fiscale : L’Etat agit sur les recettes publiques dans la mesure où la
fixation des taux d’impôt n’est pas neutre. Elle peut provoquer un repli ou encore une
relance de l’activité économique. Exemple d’une politique de relance: une baisse de
l’impôt sur les sociétés (impôt indirect) entraîne une relance des investissements des
entreprises et de la production, qui engendre une hausse du PIB, donc une croissance
économique, ce qui permet la création d’emplois et donc une baisse du chômage. D’autre
part, une baisse de l’impôt sur le revenu des ménages entraîne une hausse du revenu

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disponible et donc de la consommation des ménages. La production des entreprises
augmente alors, ce qui a pour conséquence une hausse du PIB, donc une croissance
économique.

b-La politique de dépenses publiques : l’Etat agit sur les dépenses publiques qui
renferment les rémunérations des fonctionnaires, les aides aux entreprises, les dépenses
d’investissement dans les infrastructures, …

Exemple de politique de relance ou politique expansive : une hausse des dépenses


publiques pourra entraîner une hausse de la demande des ménages (consommation) et
des entreprises (investissements) donc de la production ce qui permettra de réduire le
chômage car l’accroissement d’activité pour les entreprises engendrant un besoin de
main d’œuvre supplémentaire). Toutefois, cette même hausse peut avoir des effets
négatifs tels que l’accroissement des tensions inflationnistes (demande supérieure à
l’offre) et surtout le creusement du déficit budgétaire (plus de dépenses publiques que
de recettes) donc l’alourdissement de la dette de l’Etat.

5.2-La politique monétaire

La politique monétaire a pour principal objectif de contrôler la masse monétaire en


circulation, c'est-à-dire de mettre à la disposition des agents économiques une masse
monétaire suffisante, pas trop abondante, pour assurer une croissance économique
équilibrée (ni inflationniste, ni récessionniste). En augmentant ou en diminuant les taux
directeurs, les banques centrales (autorités monétaires) influent sur la distribution de
crédit, donc sur la demande des ménages et des entreprises.

6-LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE : LE CARRE MAGIQUE DE


KALDOR

La politique économique poursuit divers objectifs :

A long terme, la politique économique a pour finalité d’assurer une croissance durable (
qui ne dégrade la qualité de l’environnement) et de minimiser les inégalités sociales.

A court terme, la politique économique a pour mission d’assurer la stabilisation de la


conjoncture. Les principaux objectifs de la politique économique sont représenté dans
« le carré magique de Kaldor » proposé en 1971 par l’économiste britannique Nicholas
Kaldor (1908-1986). Ces objectifs sont : une forte croissance économique, plein emploi
(faible chômage), stabilité des prix (faible inflation) et excédent extérieur.

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Le Carré magique de Kaldor est une représentation graphique des quatre grands
objectifs de politique économique conjoncturelle d’un pays.

Le carré magique (tracé en pointillé) représente la situation idéale pour une économie :
un taux de croissance le plus élevé possible ; le plein emploi ( un taux de chômage
proche de zéro) ; un commerce extérieur excédentaire et un taux d’inflation le plus faible
possible ( taux proche de zéro). Ces quatre objectifs paraissent difficiles à atteindre
simultanément, d’où l’expression de « carré magique ».

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Remarque : pour le tracé du « carré magique » d’un pays, il convient de prendre des
échelles différentes pour chacun des axes.

A partir de ce carré se dégage deux relations importantes en macroéconomie :


-La courbe de PHILLIPS qui met en relation l’inflation et le chômage : si le taux de
chômage est faible, le taux d’inflation serait élevé et vice-versa.
-La loi d’OKUN qui met en relation la croissance économique et le chômage : plus la
croissance est forte plus le chômage est faible.

Les avantages du « carré magique »


-C’est un outil d’analyse et de pilotage de la politique économique d’un Etat.
-Il reflète la santé économique d’un pays.
-Il permet de faire des comparaisons dans le temps (même pays pour des années
différentes) et dans l’espace (plusieurs pays à une date déterminée).

Les limites du « carré magique »


a-Quatre objectifs sont insuffisants pour juger la situation économique d’un pays.
b-La réussite simultanée de ces quatre objectifs serait impossible car ces objectifs se
trouvent parfois contradictoires :
Objectifs compatibles du « carré magique »
• Forte croissance économique et emploi
• Stabilité des prix et baisse du déficit extérieur
• Excédent extérieur et croissance économique
Objectifs incompatibles du « carré magique »
• Forte croissance et stabilité des prix
• Forte croissance et excédent commercial
• Emploi et stabilité des prix

7-LES ACTEURS DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE


Bien que l’Etat est au centre de la politique, il n’est ni seul ni un tout et la politique
économique semble plutôt le résultat d’un compromis. Aujourd’hui, les marges de
manœuvre de l’Etat se réduisent en raison :
-du processus de décentralisation (autonomie des régions)
-du processus de construction européenne (la Banque Centrale Européenne, la Réserve
Fédérale)
-de l’importance des marchés financiers (sur lesquels on trouve des acheteurs de titres
de dettes des Etats).
-de l’importance des institutions internationales (FMI, BM, OCDE,…)
-du poids des électeurs

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IAE- Tunis
Master 1 IFB-Management
Année Universitaire 2020-2021

ACTUALITES ECONOMIQUES
Applications

Carré Magique et Politique Economique

Exercice 1
Le tableau suivant caractérise les objectifs finals des politiques économiques conjoncturelles du
Maroc et de la Tunisie en 2013 :

Croissance Balance des Inflation Chômage


économique transactions
courantes
Tunisie 2 -8 6 16
Maroc 4 -7 1 9

1-Définir le carré magique de Kaldor


2-Tracer les carrés magiques du Maroc et de la Tunisie sur le même graphique. Commenter

Exercice 2
Lire attentivement les documents et répondre aux questions suivantes :

Document 1

1. Rappeler le concept de « carré magique » ainsi que les quatre indicateurs permettant
sa construction.
2. Définir les concepts suivants : Loi d’Okun, Courbe de Phillips, Contrainte Extérieure.

Document 2

1. Construire sur un même graphique les carrés magiques de l’Allemagne et de la Grèce


pour l’année 2010. Comparer la situation économique des deux pays.
2. Même exercice avec les données de 2005. Commenter.

Document 3

Définir les concepts de politique économique conjoncturelle et politique économique


structurelle.

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