Michel Dobry, Sociologie Des Crises Politiques, Paris, Presses de La Fondation Nationale Des Sciences Politiques, 1986
Michel Dobry, Sociologie Des Crises Politiques, Paris, Presses de La Fondation Nationale Des Sciences Politiques, 1986
Michel Dobry, Sociologie Des Crises Politiques, Paris, Presses de La Fondation Nationale Des Sciences Politiques, 1986
2024 19:28
Politique
Mouvements et acteurs
URI : https://id.erudit.org/iderudit/040571ar
DOI : https://doi.org/10.7202/040571ar
Éditeur(s)
Société québécoise de science politique
ISSN
0711-608X (imprimé)
1918-6584 (numérique)
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par rapport aux autres; de l'autre des mobilisations (et les stratégies
des acteurs sociaux).
Devenu plus modeste lorsqu'il «applique» cette perspective
à l'étude des crises, Michel Dobry s'intéresse à une seule classe
de crises ou conjonctures critiques, celle des conjoncturesfluidesqui
correspond à des «transformations d'état des systèmes sociaux
lorsque ces systèmes sont soumis à des mobilisations multi-sec-
torielles». Et dans son étude empirique qu'il veut comparative,
il se limite «aux crises politiques que la société française a ex-
périmentées» dans le dernier demi-siècle et qui représentent souvent
— des «événements» tels ceux de 1934, 1958 et 1968 (...) —
des crises «bizarres» c'est-à-dire particulièrement intéressantes»
(p. 75). Définis comme conjonctures politiques fluides, ces états
critiques se caractérisent par 1) la «désectorisation conjoncturelle
de l'espace social» (réduction de l'autonomie des secteurs, dés-
enclavement des espaces de confrontation, évasion des calculs) et
2) par l'incertitude structurelle (effacement ou brouillage des indices
et repères et perte d'efficacité des instruments d'évaluation). Une
fois qu'il a précisé son cadre d'analyse, Dobry en éprouve la
fécondité en examinant plusieurs de ses implications sur des terrains
plus familiers aux politistes: phénomènes charismatiques et mé-
canismes de marchandage et de résolution des conflits, processus
de la délégitimation, etc. L'une de ses analyses les plus originales
concerne la «répression vers l'habitus» et met en évidence «l'inertie
particulière des systèmes de dispositions intériorisées par les in-
dividus, inertie qui pourrait bien faire de la distribution sociale
de systèmes de dispositions différenciés la «structure» sociale la
plus stable dans les conjonctures d'ample fluidité politique»
(p. 239). L'effet d'hystérésis, c'est-à-dire le décalage possible des
habitus par rapport aux propriétés d'une conjoncture de crise,
peut être un principe explicatif des comportements individuels
et collectifs. Par exemple les révoltes diffuses de groupes sociaux
RECENSIONS 127
Marcel Fournier
Université de Montréal