Mémoire Catho Psy Exorcisme
Mémoire Catho Psy Exorcisme
Mémoire Catho Psy Exorcisme
Je tiens tout d’abord à remercier les Prof. P.-Y. Brandt et P. Roman de m’avoir
permis de traiter le sujet passionnant de la possession, qui a de nombreuses fois
animé mes soirées familiales. La possibilité d’étudier ce phénomène a été pour
moi une opportunité inespérée de recueillir ces informations au travers de divers
écrits, mais surtout au travers de rencontres avec des exorcistes.
Cette étude n’avait pas pour but de répondre à toutes les questions pouvant
découler de ces remarques. Cependant, elle visait à faire un état de situation sur
l’appréhension et la gestion par l’Eglise catholique des phénomènes de
possession en Suisse, au travers d’entretiens avec des prêtres exorcistes, ainsi
qu’à estimer l’existence d’une collaboration avec les professionnels de la santé,
et, le cas échéant, sa qualité.
Deux exorcistes ont participé à cette étude, dont les résultats mettent en avant
une certaine connaissance de problématiques psychologiques sous-jacentes, un
accompagnement progressif et méthodique des demandeurs de soins, ainsi
qu’une volonté de collaboration et de formation. Des difficultés relationnelles
ont aussi été relevées, particulièrement en fonction de l’attitude des
professionnels de la santé mais aussi religieux. Une collaboration semble malgré
tout possible, si le bien de l’individu se plaignant de possession constitue le
moteur commun et que chaque spécialiste est considéré comme ayant une valeur
égale.
Table des matières
1. Introduction ............................................................................................. 1
1.1. L’Eglise catholique face aux cas de possession ................................................. 1
1.2. Questionnement général .................................................................................. 2
1.3. Intérêt de recherche ......................................................................................... 3
5. Méthodologie ........................................................................................ 25
5.1. Population ....................................................................................................... 25
5.2. Ethique et récolte de données sur le terrain .................................................. 26
5.3. Méthode de récolte et d’analyse des données ............................................... 26
5.3.1. Traitement des données ......................................................................... 27
5.3.2. Grille d’analyse résumée......................................................................... 29
8. Conclusion ............................................................................................. 52
8.1. Réponses aux questions de recherche ............................................................ 52
8.2. Limitations et apports de l’étude .................................................................... 54
8.2.1. Connaissances du milieu médical ........................................................... 55
8.2.2. Implications collaboratives ..................................................................... 55
8.3. Ouverture et recherches futures..................................................................... 56
9. Bibliographie .......................................................................................... 58
1
1. Introduction
Au cours des siècles, les maladies mentales ont souvent été considérées comme
étant le produit d’une affection maligne externe, pouvant entre autres provenir
de l’influence d’un sorcier, de l’esprit d’un mort ou d’une force surnaturelle.
Puis grâce à l’évolution des connaissances en matière scientifique, les affections
mentales sont cependant devenues moins obscures et leur source plus concrète ;
l’origine de la souffrance du patient a alors été déterminée comme ayant une
cause plus organique.
Il est par ailleurs intéressant de relever que pour l’Eglise catholique, l’individu
possédé ne doit pas être atteint d’un trouble mental et la preuve de l’absence
d’une telle maladie passe par l’assurance de son libre arbitre ; en effet la raison
du possédé serait toujours présente, mais serait juste empêchée de s’exprimer
par le démon (Guillemain, 2001).
2
par ailleurs étroitement liés sous plusieurs aspects communs (Barlow et al.,
2016), comme les hallucinations, les délires mystiques, les états dissociatifs et
certains signes physiques. Cependant dans le Manuel Diagnostic et Statistique
des Troubles Mentaux DSM-V (American Psychiatric Association, APA, 2016),
le phénomène spécifique de possession se trouve dans le chapitre des troubles
dissociatifs avec comme distinction que cet état ne doit pas être le résultat d’une
transe volontaire découlant de la culture, mais refléter effectivement l’intrusion
involontaire et non tolérée d’un esprit dans l’individu.
Cette complexité des tableaux cliniques et, dans certains cas, l’absence de
résultats des traitements thérapeutiques au contraire des exorcismes (Martinotti
et al., 2018) ou d’un soutien spirituel, ouvrent la question d’un accompagnement
adéquat et nécessaire pour ces sujets.
3
Ces nombreuses théories n’ont apparemment pas permis de nuancer certains avis
qui restent tranchés encore aujourd’hui : d’un côté la religion pour qui l’origine
de l’affection peut être démoniaque, et de l’autre les sciences médicales qui
concluent à un trouble psychopathologique. Au milieu, il y a de plus ceux qui
voient en la possession un mal ni surnaturel, ni psychiatrique, mais plutôt une
façon de réagir lors de circonstances particulières selon ses coutumes ou ses
croyances.
Cette distinction culturelle est par ailleurs précisée dans le DSM-V (APA, 2016),
lorsqu’il est indiqué qu’un tel trouble mental de possession ne peut être
diagnostiqué que s’il affecte significativement le fonctionnement de l’individu,
provoque chez lui de la souffrance et ne reflète pas une réaction ou un
comportement culturellement admis. La frontière entre affection mentale ou
culturelle peut donc parfois être difficile à cerner mais la souffrance des
« possédés » est bien réelle quoi qu’on en pense, considérant de plus qu’une
croyance négative peut impacter la santé psychique et physique par l’anxiété et
le stress qui en découlent.
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2. Fondements théoriques
2.1. Possession
5
grandi dans un environnement où les croyances en des phénomènes surnaturels
sont présentes, la culture semble jouer un rôle essentiel dans l’interprétation de
la source de la souffrance. Par ailleurs, il est intéressant de relever que certaines
manifestations connexes sont régulièrement rapportées par des témoins proches,
comme par exemple le fait d’entendre des bruits étranges ou de sentir des odeurs
désagréables, certains évoquant même des phénomènes de lévitation (Amorth,
2011) ; bien qu’évidemment des explications rationnelles peuvent généralement
facilement être trouvées, il reste important de considérer le partage de ces vécus
pour l’évaluation du cas dans son ensemble.
Finalement, du point de vue de l’Eglise catholique, les trois conditions les plus
importantes pour déterminer un cas de possession sont généralement parler ou
comprendre une langue étrangère, connaître des faits inconnus et avoir une force
démesurée par rapport à l’âge et au sexe, bien qu’un autre critère soit
fréquemment décisif, soit l’aversion pour tout ce qui touche le sacré (Amorth,
2011 ; Brandt et Borras, 2009). Mais d’autres questions peuvent également être
posées pour l’évaluation de l’individu, concernant par exemple la sensation de
vécus étranges, comme entendre des voix, se croire observé et avoir l’impression
d’être touché, ou l’apparition de symptômes physiques de paralysie (Amorth,
2011). Il est aussi fréquemment demandé s’il y a eu un événement important qui
6
pourrait être à l’origine des problèmes rencontrés, comme un décès ou la pratique
du spiritisme (Amorth, 2011).
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labelliser la déviance, et l’exorcisme à réhabiliter le sujet dans le monde social
une fois le mal écarté afin de garantir la cohésion du groupe.
Selon certains auteurs l’exorcisme pourrait être envisagé comme une sorte de
psychothérapie intuitive adaptée aux coutumes religieuses (Guillemain, 2001) et
l’efficacité des rituels d’exorcismes reposerait potentiellement sur des
techniques et des processus psychologiques identiques à ceux mis en œuvre dans
les thérapies psychodynamiques (Martinotti et al., 2018). D’autres auteurs
ajoutent que la sensibilité à la suggestion (Guillemain, 2001), qui serait fréquente
chez les sujets souffrant de conversion ou d’hystérie (Bellot et Velasco, 2016),
serait impliquée au travers des rituels et qu’il s’agirait de ce type régulation d’un
conflit interne qui serait à l’œuvre dans les manifestations de guérison
« miraculeuse » ayant lieu lors de certaines cérémonies (Barlow et al., 2016).
Plus spécifiquement, une étude de Martinotti et al. (2018) sur des exorcismes
pratiqués au Mexique a tenté de démontrer l’effet de ces rituels sur des patients,
dont certains avaient déjà eu recours à des traitements thérapeutiques
infructueux, bien que des tests psychopathologiques aient révélé des troubles
1
Introduction à la psychologie de la religion : Approche psychologique du champs religieux,
cours du 28.11.2019 donné par le Prof. P.-Y. Brandt à l’Université de Lausanne
8
dissociatifs et somatoformes et quelques troubles psychotiques. Cependant les
auteurs ont relevé que les diagnostics étaient peu spécifiques du fait de la
variabilité et de l’absence de sévérité des symptômes, et de l’impact modéré de
ces troubles sur le fonctionnement social et professionnel des participants. Ces
auteurs ont pourtant conclu en une origine psychopathologique de l’expérience
de possession et estimé que les résultats positifs apportés par les exorcismes
auraient probablement une finalité plutôt cathartique et subjective, diminuant
alors la souffrance psychique. Ils ajoutent cependant que même si le recours à
l’exorcisme est souvent considéré comme un renforcement de la pathologie et
une privation d’accès aux soins, les individus de leur étude, ont été guéris de
cette manière, étant entendu qu’un des facteurs impératifs consistait à croire en
Dieu et en ses facultés de guérison.
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et est située sous le chapitre des troubles somatiques, tandis que les états altérés
de conscience sont classés dans le chapitre des troubles dissociatifs.
Trouble de conversion
Dans ce chapitre des troubles somatiques, la conversion est le trouble qui est
donc généralement associé à certains cas de possession. Il est aussi appelé
trouble à symptomatologie neurologique fonctionnelle, du fait de son origine
psychogène (Docquir, 2013), et comporte les symptômes qui touchent plus
10
particulièrement le système moteur ainsi que les aptitudes perceptives
sensorielles (Saj, 2011). Les patients peuvent souffrir de paralysie, de cécité, de
tremblements perçus comme incontrôlables, ou encore de crises pseudo-
épileptiques, sans que ces affections puissent rendre compte d’un déficit
organique (Barlow et al., 2016 ; Saj, 2011).
Bien que ce ne soit pas toujours le cas, il semble qu’un trauma soit généralement
à l’origine d’une symptomatologie somatique (Barlow et al., 2016). Il a par
exemple été démontré qu’un stresseur entraînerait, chez des patients atteints de
trouble de conversion, un dysfonctionnement cérébral et particulièrement une
hyperactivité des aires frontales du cerveau empêchant une régulation normale
des autres aires (Aybek et al., 2008). De plus, tout comme pour la
symptomatologie dissociative, les patients ayant subis des violences sexuelles
dans l’enfance rapportent également souvent une symptomatologie somatique
(Saj, 2011 ; Pribor et al., 1993).
11
Cependant, Barlow et al. (2016) soulignent que la prédisposition aux troubles
anxieux est un facteur important et que, par exemple, un mécanisme de cercle
vicieux composé d’une sur-attention et d’une surinterprétation de signes
physiologiques normaux peut provoquer une impulsion émotionnelle qui à son
tour augmente les signes. Cette réaction excessive face à un stress comporte en
outre certaines composantes génétiques mais aussi environnementales, en
particulier lorsque des expériences négatives sont vécues comme une fatalité
(Noyes et al., dans Barlow et al., 2016).
Barlow et al. (2016) estiment donc que trois facteurs spécifiques peuvent
s’additionner dans l’apparition des troubles somatiques : un traumatisme
provoquant l’anxiété, un environnement où la propension à la maladie est élevée,
et le bénéfice d’attention des autres qu’apporte l’affection. Freud relevait
d’ailleurs également dans une de ses théories qu’un traumatisme psychiquement
refoulé se convertirait, par l’impulsion de l’anxiété, en signes physiques, ces
derniers pouvant alors être potentiellement renforcés par une attitude
bienveillante des proches (Barlow et al., 2016).
Schizophrénie
12
les hallucinations, les délires, les symptômes négatifs, les comportements ou
discours désorganisés ou la catatonie. Les patients peuvent par exemple
manifester une paranoïa, un retrait social ou présenter une inadéquation entre les
émotions vécues et les expressions physiques (Barlow et al., 2016 ; Chabert et
Verdon, 2016 ; Pontonnier et Jalenques, 2008).
13
2005). Le modèle génétique et environnemental avance l’implication de
plusieurs gènes, dont des modifications au cours du développement influerait
négativement sur la plasticité neuronale, associés à des complications périnatales
ou à un environnement développemental délétère (Inserm, 2020).
De façon générale, les états dissociatifs peuvent être de divers degrés de sévérité
et se manifestent lorsqu’un individu cherche à se détacher de circonstances
physiquement ou psychologiquement douloureuses (Barlow et al., 2016 ;
Putnam, 1991), mais peuvent également survenir lors d’un état d’épuisement
physique ou mental, ou encore de transe par exemple (Barlow et al., 2016). La
dissociation peut se manifester dans diverses pathologies (Damsa et al., 2006) et
la comorbidité des troubles dissociatifs est également importante incluant les
troubles de l’humeur et anxieux, les troubles de somatisation et des conduites,
mais aussi les symptômes de stress post-traumatique, les déficits d’attention et
l’hyperactivité, ainsi que la prise de substance (Damsa et al., 2006 ; Putnam,
1991).
Le trouble dissociatif de l’identité est celui qui est généralement associé aux cas
de possession, cependant ce diagnostic n’est posé que lorsque « l’expérience de
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possession » ne constitue pas un comportement attendu dans certains rituels,
mais qu’elle s’apparente bien aux signes rapportés lorsque ce vécu est non
volontaire et non admis socialement.
D’un point de vue strictement diagnostic, l’état spécifique de possession est donc
considéré comme une dissociation identitaire, pourtant il existe une différence
notable au niveau du signe spécifique de possession, à savoir la provenance de
la, ou des nouvelles identités. Pour le trouble dissociatif, il s’agit d’une altération
identitaire interne au sujet modifiant son comportement, alors que pour le
possédé, il s’agit d’un esprit externe prenant le contrôle de l’individu (Brandt et
Borras, 2009). Selon Cardeña (1992), une autre différence réside dans l’étiologie
du trouble dissociatif qui comprend généralement comme origine un trauma
durant l’enfance, souvent sexuel, alors que ce n’est pas le cas pour la possession.
De plus, le trouble dissociatif de l’identité se développe de façon chronique dès
l’enfance alors que pour les cas de possession, il s’agit d’épisodes aigus ou de
faible intensité, s’arrêtant souvent brutalement (Cardeña, 1992).
15
Etiologie et facteurs aggravants
Tout comme pour d’autres pathologies, une certaine vulnérabilité biologique est
un facteur aggravant dans la survenue ou le maintien du trouble, de même que
l’environnement, la personnalité et les évènements stressants de la vie (Barlow
et al., 2016). En effet, les individus souffrant de troubles dissociatifs ont
pratiquement tous été victimes, en particulier de façon répétée, d’abus sexuels
ou de sévères maltraitances physiques ou psychologiques durant leur enfance
(Barlow et al., 2016). Ces stresseurs poussent les victimes à se réfugier dans un
monde parallèle pour pouvoir quitter leur corps et leur situation traumatisante,
la dissociation étant alors un processus naturel permettant de survivre (Barlow
et al., 2016). De plus, selon certaines études, il semblerait que l’âge et la sévérité
du traumatisme ait une importance dans le développement de ce trouble, partant
du principe que les capacités imaginaires et dissociatives de l’enfance déclinent
après 9 ans, un individu risquerait plus de développer d’un stress post-
traumatique au-delà de cet âge plutôt qu’un trouble dissociatif (Barlow et al.,
2016 ; Putnam, 1991).
Finalement, au niveau des facteurs aggravants, bien que les individus souffrant
de ce trouble éprouvent des amnésies entre les différents états, ils en conservent
un souvenir inconscient, et du fait d’une sensibilité accrue à la suggestion, une
nouvelle personnalité peut être hétéro-induite sans que l’individu en ait
conscience (Barlow et al., 2016).
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l’incite à se tourner vers des guérisseurs dont les méthodes peuvent être
dangereuses et préjudiciables pour la santé du patient.
Cependant, certains auteurs estiment qu’il faut plutôt adopter une position
intermédiaire, relevant l’importance de soigner et de garantir un accès aux soins
comme étant plus utile qu’un débat stérile sur l’origine du mal dont souffre le
patient. En effet, selon Scrutton (2015) il est impossible de mener une étude
empirique sur le sujet, car elle serait uniquement basée sur des témoignages
subjectifs, et puisque les méthodes scientifiques sont inadéquates pour vérifier
la possibilité de l’existence ou de l’inexistence d’un agent surnaturel à l’œuvre
dans les cas de possession, il ne peut y avoir aucune preuve d’un côté comme de
l’autre. Cette auteure souligne en outre qu’il ne faut pas réduire la cause à sa
réponse aux traitements, car par exemple en médecine, les placébos sont réputés
efficaces dans de nombreux cas alors qu’ils n’ont pas de lien réel et direct avec
la cause de la maladie. A. Scrutton (2015) rappelle de plus qu’il faut considérer
le problème dans son ensemble car penser à une origine démoniaque peut
aggraver le problème, mais penser une origine biologique peut également avoir
le même résultat, pouvant en effet pousser l’individu à l’impuissance acquise.
17
attendues de lui, voire même créer des faux souvenirs, un double regard pourrait
également diminuer ces risques.
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3.1. Approche spirituelle dans les troubles mentaux
Plusieurs études ont démontré les apports positifs du coping religieux, non
seulement parce qu’il permet de mieux gérer ses émotions, mais aussi parce qu’il
peut apporter du soutien social.
Par exemple, une étude de Tepper et al. (2001) menée aux Etats-Unis, a mis en
avant qu’un nombre important d’individus souffrant de troubles mentaux avait
recours à des pratiques religieuses afin de gérer leur stress et difficultés
quotidiennes. De plus, ces auteurs soulignent que, dans leur échantillon, l’apport
d’activités et de croyances religieuses a permis de soulager des symptômes
sévères, ainsi que de leur apporter le sentiment d’une meilleure prise en main de
leur vie tout en donnant du sens à l’existence en général.
Une autre étude de Cummings et al. (2010), s’est intéressée à la forme de coping
religieux adoptée par les individus, en particulier le coping actif qui permet à
l’individu de s’adapter et de s’impliquer dans la gestion de sa maladie par un
meilleur contrôle de ses émotions, et apporte de plus du soutien social, par
opposition à un coping négatif qui place l’individu dans une position de
victimisation et de rejet favorisant ainsi les émotions négatives et leurs effets
néfastes sur la santé. D’après ces auteurs, il semble donc important de considérer
la question de la spiritualité du patient et de ses attentes, afin de déterminer si un
soutien fourni par des spécialistes religieux peut lui être bénéfique.
De plus, selon une étude de Farrel et al. (2008), aux Etats-Unis un grand nombre
d’individus souffrant de troubles mentaux se tournent vers la spiritualité afin d’y
trouver de l’aide, ces auteurs soulignent par conséquent que la considération des
croyances des patients est effectivement nécessaire pour favoriser une meilleure
gestion de leur traitement, ce qui est en adéquation avec Tepper et al. (2001) qui
concluent également en la nécessité d’une intégration des méthodes de soutien
spirituels dans les pratiques de santé mentale afin d’améliorer les prestations
offertes. Par exemple, selon Pietkiewicz et al. (2021a), la pratique des
exorcismes peut aider l’individu se plaignant de possession à extérioriser ses
sentiments de culpabilité et refoulements au cours du rituel ; les conflits
inacceptables pouvant alors être exprimés au travers de comportements et
d’attitudes contestataires ostentatoires afin de diminuer la frustration et la honte.
19
3.1.1. La question de la possession
Bien que le recours à la spiritualité puisse apporter des effets bénéfiques pour la
santé et le bien-être émotionnel, ainsi que favoriser le soutien social, il peut aussi
devenir un frein à l’accès aux soins en particulier lorsque la personne en
souffrance croit être possédée par un esprit malin (Pietkiewicz et al., 2021a).
Pourtant du fait même de la définition culturelle de la possession, il semble
difficile de considérer ce mal sans une approche spirituelle.
Dans leur étude, Pietkiewicz et al. (2021b) mettent en avant une mauvaise
interprétation du mal-être impliquée par la croyance qui favorisaient des délires
de possession comme réponse défensive face à leur souffrance, et ajoutent aux
hypothèses explicatives d’origine traumatique générée par des conflits internes
ou par une mauvaise gestion des émotions et des impulsions, le sentiment de
culpabilité face à des comportements inacceptés par l’Eglise. Leavey (2008)
relève également que la considération de l’origine du mal dont souffre l’individu
peut avoir des conséquences néfastes sur sa santé et son traitement. En effet, si
l’individu s’estime coupable relativement à sa foi, il peut comprendre sa
situation comme étant une punition divine et ne pas chercher d’aide auprès des
services médicaux, l’inverse impliquant possiblement un rejet de sa communauté
également délétère pour sa santé. Cette interprétation erronée de leurs
symptômes, favorisée par le contexte et l’environnement, a par exemple conduit
les sujets psychotiques de l’étude de Pietkiewick et al. (2021b) à ne pas
rechercher de soins médicaux ou de traitement thérapeutique
20
De plus, bien que la demande d’exorcisme soit généralement sujette à un avis
médical, il n’est pas certain que cette règle soit nécessairement toujours
appliquée (Pietkiewicz et al., 2021a), malgré qu’elle soit importante au regard
de la gestion et de la compréhension du phénomène de possession au travers des
différents contextes socio-culturels, incluant la population d’individus non-
croyants. Il est en outre important de relever que bien que le besoin d’inclusion
sociale et d’estime personnelle peut engendrer une croyance de possession moins
stigmatisante que la maladie mentale (Ventriglio et al., dans Pietkiewicz et al.,
2021b ; Jacob, dans Pietkiewicz et al., 2021b), la présence et le soutien des
prêtres dans certaines situations a permis de prodiguer une stabilité et un cadre
(Pietkiewicz et al., 2021b).
Afin de pouvoir estimer les attitudes des répondants spirituels face aux demandes
d’aides psychologiques, certains auteurs se sont intéressés à leur pratique en
relation à des troubles mentaux et leur capacité à les discerner.
Heseltine-Carp et al. (2020) ont relevé dans leur étude menée au Royaume Uni
qu’une majorité des prêtres de leurs études redirigeaient les individus souffrant
de troubles mentaux vers des institutions de soins lorsqu’ils les reconnaissaient.
Cependant, Farrel et al. (2008) précisent dans leur étude que la plupart des
prêtres qu’ils ont interrogés ne s’estimaient pas assez formés et préféraient
fournir des conseils aux patients plutôt que de rediriger.
A cet égard, Farrell et al. (2008) précisent qu’une formation pour les prêtres
confrontés aux troubles mentaux devrait donc être proposée, afin de leur
permettre de mieux reconnaître les troubles, de favoriser la collaboration avec
les professionnels de santé et de garantir ainsi l’accès aux soins pour les malades.
21
Cependant, d’après Heseltine-Carp et al. (2020), bien que certaines études aient
mis en avant qu’une large partie des prêtres ne discernaient pas les troubles
mentaux, ceux-ci ne souhaitaient pas se former dans ce domaine, ceci pouvant
être particulièrement problématique dans les cas de psychose à thème religieux,
puisque que ces auteurs ont relevé dans cette même étude qu’un cas sur deux
était reconnu comme tel et que seulement 40% des prêtres adresseraient ces
individus vers un système de soins.
Pourtant, Magliano et al. (2021) relèvent dans leur étude que la plupart des
prêtres catholiques qu’ils ont interrogés discriminent les troubles mentaux des
maux spirituels, et qu’ils estimaient de plus qu’une distinction entre les différents
suivis et soutiens devraient être maintenue, car ils ne répondent pas aux mêmes
besoins. Ces auteurs indiquent en outre que les prêtres interrogés dans leur étude
considèrent les troubles mentaux comme étant le plus souvent associés à un
contexte néfaste et à des causes psychologiques, qu’à des causes surnaturelles,
bien qu’ils estiment cependant qu’une intervention psychosociale soit plus
indiquée qu’une médication.
Bien que le coping religieux soit reconnu comme pouvant avoir des effets
positifs sur la santé et qu’une nécessité de collaboration soit souvent relevée par
les différents protagonistes médicaux et religieux, il a été relevé chez les
professionnels de la santé qu’ils redirigent rarement les patients vers des soutiens
spirituels et qu’ils ne trouvent par ailleurs pas non plus nécessaire d’avoir une
formation dans ce domaine (Heseltine-Carp et al., 2020). Une certaine méfiance
entre les professionnels de la santé et les répondants spirituels, une vision non
scientifique ou contraire à une éthique d’objectivité d’un côté et pathologisante
de l’autre, ainsi qu’un manque de valeurs partagées seraient des explications à
ce paradoxe (Heseltine-Carp et al., 2020). Ce qui ressort également de l’étude de
Farrel et al. (2008) qui relèvent qu’une large partie des prêtres participant
estimaient nécessaires qu’une croyance soit partagée avec le médecin et ce qui
était déjà mis en avant dans une étude de Benes et al. (2000) précisant par ailleurs
que les valeurs partagées pouvaient être de nature religieuse.
22
De plus, certains auteurs comme Tyler et al. (dans Benes, 2000), ajoutent que la
collaboration doit reposer sur une relation d’égalité chaque spécialiste ayant
quelque chose à apporter. Benes et al. (2000), suggère donc dans leur étude
menée aux Etats-Unis, une collaboration selon un système plus intégratif,
impliquant non pas une redirection à sens unique de la part des pasteurs vers les
services de santé mentale, mais plutôt un travail conjoint, le psychologue servant
alors de support aux prestataires de soutien spirituel relativement aux demandes
des individus les consultant. Ceci permettait dans leur étude de favoriser les liens
de confiance entre les pasteurs et les professionnels de santé mentale tout en
fournissant un support formatif aux pasteurs leur permettant ainsi de mieux
répondre aux besoins de leurs paroissiens.
Une autre étude de Leavey (2008) s’est penchée sur les modèles de soutien
spirituels fournis par différentes religions au Royaume Uni face à des situations
impliquant des troubles mentaux et ont relevé qu’ils dépendaient des traditions
religieuses spécifiques ou du type de cohésion communautaire. Ils relèvent dès
lors qu’une collaboration peut s’avérer complexe, car un modèle générique
semble difficilement praticable au vu des différences interculturelles de soutien
spirituel apporté. De plus, il existe peu de données relatives à la possibilité
d’intégration des approches spirituelles et psychologiques, les études mettant
plutôt en avant des nombreuses difficultés due, semble-t-il, en particulier à des
divergences d’opinion et d’hypothèses explicatives des deux domaines.
23
pourrait être utile de comprendre la pratique des prêtres exorcistes face au cas de
possession, puisque leurs pratiques ont prouvé leur effet.
24
ainsi que leur considération relative à la potentialité d’une approche
complémentaire entre psychologique et spirituel pour l’accompagnement de
personnes se plaignant d’être possédées par un démon.
5. Méthodologie
Cette étude exploratoire vise donc à tenter de répondre à ces questions de
recherche au travers d’interviews avec des prêtres catholiques en Suisse afin de
récolter des éléments de leur expérience et de leur vécu face à des cas de
possession, comment ils les envisagent et les gèrent, ainsi que de récolter des
informations sur leur regard concernant l’approche psychologique au moyen
d’une étude qualitative.
5.1. Population
Deux critères cumulatifs ont été retenus pour l’inclusion des participants à
l’étude : la fonction de prêtre catholique et celle d’avoir été ou d’être encore à
ce jour exorciste, afin de centrer l’étude sur des cas de possession reconnus par
l’Eglise.
Ces prêtres ont été sélectionnés à partir de sites internet francophones, puis
contactés par e-mail afin de permettre une première approche et afin de leur
25
garantir un temps de réflexion, non seulement en raison de la période de fin
d’année et de pandémie du Covid-19, mais également en raison de la supposition
qu’une permission de participation leur serait probablement nécessaire.
Les points principaux de l’étude ont donc été transmis, à savoir qu’elle se
déroulait dans le cadre d’un Master en psychologie clinique à l’université de
Lausanne, et que son orientation avait pour but général de comprendre les états
de possession au travers de la psychopathologie et de la religion dans le but
d’améliorer la prise en charge des individus se plaignant de possession, ainsi que
de promouvoir la collaboration entre spécialiste.
Les participants ont également été informés que l’étude avait pour but de récolter
leur témoignage sur leur pratique, que celui-ci serait anonymisé et qu’il serait
analysé sous forme de thématiques afin de pouvoir répondre aux
questionnements du mémoire.
Les interviews se sont déroulés en face à face dans les locaux des églises
concernées, et ont été enregistrés par enregistreur vocal et téléphone portable,
afin de garantir l’exactitude des propos recueillis et d’en produire une
transcription fidèle. L’enregistrement sur téléphone portable a servi de garantie
et a été effacé dès la vérification de l’intégralité de l’interview sur l’enregistreur
26
vocal. La durée prévue était d’environ une heure par entretien, durée qui a pu
être respectée.
Cependant, le canevas n’a servi que de main courante, car le déroulement des
entretiens était dirigé par le discours spontané des participants et l’évolution
relationnelle, ainsi que du fait que la plupart des questions ont été complétées
sans demandes supplémentaires.
27
questions posées ont été spécifiées par des caractères en italique et les réponses
en caractères droits. Chaque échange a été indiqué en premier par l’initiale de
l’intervenant (I pour interviewer, Q pour Quentin et V pour Valentin), puis par
une lettre alphabétique représentant le corps de question, elle-même numérotée
à la suite selon les tours de paroles individuels (ex. : V2b = Valentin, 2ème
question, 2ème tour de parole) L’indication du temps a été aussi précisée afin de
rendre compte de la vitesse de parole et de spécifier les discours superposés. La
transcription de l’interview de Valentin (V) commence à 1’10’’ du fait d’un
problème technique et d’un bref échange relatif à une question personnelle
adressée par le prêtre, sans lien avec l’étude.
Les données ont ensuite été traitées au moyen d’une analyse thématiques de
contenu du récit des participants, en suivant une démarche inductive, gardant
comme fil conducteur les questions de recherche et le canevas d’entretien semi-
directif, selon le modèle de l’approche générale d’analyse inductive de Thomas
(2006) présentée dans l’article de Blais et Martineau (2006).
Une première lecture a permis de dégager une conception globale des dires des
participants, puis plusieurs autres relectures ont été nécessaires afin d’en faire
ressortir les catégories générales des thématiques abordées. Puis la distinction a
été affinée pour déterminer des thèmes centraux, subdivisés eux-mêmes en sous-
thèmes afin de dégager une idée plus précise du discours transmis par le
participant.
Pour répondre aux questions de recherches, les thèmes ont ensuite été classées
par catégories correspondant le mieux aux contenus des questions de recherche,
comme présenté dans le tableau ci-après.
28
5.3.2. Grille d’analyse résumée
La grille d’analyse complète comprenant les verbatims se trouve en annexe 4.
29
Quentin (Q), dans la cinquantaine est prêtre depuis un peu plus d’un quart de
siècle et a été exorciste durant 5 ans. Il a quitté cette fonction depuis quelques
années et porte un regard posé sur sa pratique ainsi que sur la société actuelle.
La plupart du temps, les termes utilisés par les participants ont été conservés afin
de rester fidèle à leurs dires, cependant lorsqu’il n’était pas possible de dégager
un terme consensuel, une interprétation du sens supposé a permis de regrouper
les paroles qui se rejoignaient dans leur signification.
La possession pourrait alors être également comprise sous un regard plus social
et normatif que démoniaque ou pathologique, même si des composantes
religieuses sont présentes par définition et qu’un trouble puisse découler d’un
mal-être spirituel important ou être potentiellement présent parallèlement.
30
1.1 Signification religieuse
Dans ce sous-thèmes, les éléments de nature spécifiquement religieuse ont été
regroupés. La possession y est définie comme étant un combat contre la tentation
et contre tout ce qui est contraire à la Foi et aux messages bibliques. La
manifestation de la possession se produit lorsqu’une entité démoniaque tente de
s’approprier et de contrôler l’âme d’un être humain. De plus, l’individu a parfois
provoqué cette situation en s’adonnant à des pratiques occultes ouvrant la porte
à des mondes parallèles et invisibles, où des créatures maléfiques existent. Il a
de ce fait choisi d’aliéner sa liberté en acceptant le mensonge et tout ce qui
s’oppose à Dieu et permis ainsi au Mal de s’insinuer dans sa vie.
« …et dont le nom, un de noms principaux est le diable ou Satan, celui qui divise,
celui qui sépare, celui qui sépare lui, soi-même de soi-même, mais [aussi] de
tous les autres. (…) Donc la possession c’est, cet état-là, euh cet état n’est pas
unique, il peut être précédé de différents autres degrés, qui ne sont pas forcément
des possessions, la liberté est plus ou moins préservée, euh…mais, c’est…la
possession c’est, c’est l’avant dernier, c’est l’avant dernière étape avant une
perte totale de liberté. » Q (21-26).
31
1.3 Trouble et mal-être spirituels
Selon Valentin (V), la possession comporte aussi plusieurs niveaux de gravité et
consiste plus spécifiquement en un « désordre spirituel » dont elle représente le
niveau maximal. L’entité s’empare graduellement de l’individu, prenant au
départ la forme d’un tourment qui peut ressembler à un état de souffrance
psychologique, pour finir par se manifester sous forme de comportements
déviants et irrationnels. Valentin (V) précise également que la perte de contrôle
physique de la victime peut la mener à se blesser au travers de comportements
violents sans en avoir même conscience.
« A certains moments elle réagit très mal, ça devient une furie ! Et euh…elle-
même, en général, ne se souvient plus, de ces moments-là. Ce qui veut dire
qu’une personne possédée devient une « poupée ». Elle peut même se taper très
fort, en général elle n’a peut-être même pas d’ecchymose ou d’hématome, mais !
Elle a un comportement, qui dépasse, on peut dire, toute rationalité. » V (64-
68).
2. Etiologie et contexte
Une large partie des entretiens comprenait les causes estimées de la situation des
possédés. Plusieurs sous-thèmes ont semblé pertinents pour rendre compte du
processus en jeu derrière le phénomène de possession et la compréhension de
différents mécanismes de la personnalité et des attitudes des victimes face à leur
vie et à la réalité.
32
plus, Quentin (Q) relève le fait que ce type de croyance en une forme
d’impuissance face aux évènements de vie manifeste une incapacité d’adaptation
ou d’accommodation qui mène à se rendre esclave d’un futur estimé comme déjà
déterminé au travers diverses pratiques occultes. La recherche de modification
d’une réalité insatisfaisante selon ses propres désirs est mise en avant en
opposition à une adaptation nécessaire et naturelle.
« Ce qui signifie que ce texte, en tout cas dans sa partie spirituelle, euh…est
d’une actualité brûlante ! Et nous ne sommes toujours pas sortis euh…de ce
genre de situations, ce genre de phénomènes ! Le serpent est toujours là, à
essayer de flatter notre ego pour aller au-delà de notre nature, à essayer de
comprendre un avenir qui n’est pas écrit, et à changer une réalité, qui n’étant
pas déterminée, peut être changée de n’importe quelle façon et à tout moment !
Malheureusement, avec au passage, la collection d’un orgueil terrible. Et donc,
un manque d’humilité, qui est la condition nécessaire pour toute relation à
Dieu. » Q (449-456).
2.2 Inadaptation
Le contexte dans lequel évolue le possédé est aussi décrit comme comportant
des croyances inadaptées, et une recherche de facilité face à une existence qui
demande de l’acceptation et de la maturité. Quentin (Q) souligne également le
paradoxe de l’époque actuelle caractérisée par les avancées de la science en
contradiction avec la popularité des croyances occultes. Valentin (V) quant à lui,
avance des fonctionnements pouvant être pathologiques relevant d’une
souffrance, d’un sentiment de culpabilité refoulé, qui mène l’individu à une
rupture et permet l’insinuation d’un mal-être d’ordre spirituel s’ajoutant alors à
la composante psychique.
« Donc des gens qui en étaient restés à une certaine vision du monde, qui était
peut-être valables à un certain moment de leur vie, généralement c’est l’enfance
ou l’adolescence, euh mais qui n’était plus depuis longtemps ! Et qui avaient de
la peine à quitter cette vision du monde, pour en acquérir une nouvelle. Parfois
même ils refusaient d’en acquérir une nouvelle. Ils voulaient croire que tout en
était encore à ce monde-là. Et pour eux un comportement qui était normal, était
normal parce que dans ce monde-là effectivement il était normal ! Mais dans
33
celui-ci, ou dans la, leur rapport à l’autre, il n’est pas normal du tout. » Q (466-
473).
« V 360-365 « Je refoule ! » Hein ? Dans les topiques, etc., on est vraiment dans
le Freud. « Je refoule complètement ! » Et on sait que tout refoulement, peut être
la source en même temps d’une frustration, et donc de pathologie, dans le pire
des cas, ou ce refoulement, qui peut être aussi un refoulement d’ordre spirituel,
ou d’ordre traumatique, même au niveau spirituel, peut avoir impacté, qu’il y a
justement, une, un mal-être spirituel qui est venu s’insérer là-dedans. » V (360-
365).
2.3 Pratiques occultes
Les pratiques occultes sont une thématique abordée de façon récurrentes dans
diverses autres thématiques comme étant la porte d’entrée des entités diaboliques
et font référence à de nombreux comportements et croyances qui vont à
l’encontre des préceptes bibliques, comme la divination, la magie ou le
spiritisme, soit la volonté et la composante active de recherche de surnaturel,
permettant de contrôler non seulement l’avenir mais aussi les autres et d’accéder
à des connaissances allant au-delà de la nature humaine. Ces pratiques sont
relevées par les deux participants comme pouvant également être indirectes, à
savoir commises par d’autres personne que le possédé lui-même, et avoir des
influences sur la victime.
34
« Comprenez bien ! La magie fonctionne par pouvoir. Et le pouvoir
s’acquiert…en donnant. « Je te donne quelque chose pour acquérir tel
pouvoir. » Et on sait très bien, que dans ce milieu-là, malheureusement on peut
vendre aussi des parents, des amis, des enfants, des ancêtres, des défunts. Oui.
Oui, oui. Alors certains diront que c’est du folklore, peut-être, dans certains
nombres de cas, mais ce n’est pas du folklore pour tout le monde
malheureusement. Et c’est ça, c’est comme ça qu’on détermine la possession.
C’est parce qu’on a autour de soi des gens qui ont tout intérêt à faire ainsi. » Q
(150-156)
35
3.1 Profil des demandeurs
Les deux participants relèvent le caractère hétéroclite des demandeurs
d’exorcismes. Quentin (Q) précise aussi la difficulté de faire prendre conscience
à certains individus de leur responsabilité dans leur situation de possession ou,
lorsqu’il n’y a pas de présence démoniaque, de faire entendre qu’une autre
explication est possible à leur mal-être, car celle-ci peut comprendre des
éléments constitutifs de la construction de leur existence-même, qu’il est
difficile d’accepter et de changer. Par ailleurs cette explication peut aussi
contenir des éléments de traumatisme dont la personne ne veut pas parler.
Quentin (Q) ajoute que le besoin d’estime de l’individu peut le pousser à croire
que lorsqu’il souffre d’un trouble, celui-ci est provoqué par le démon, ou que
cette entité est à l’origine de ses comportements, ce qui lui permet de trouver une
cause externe à son état. Valentin (V) indique que, souvent, les individus
demandant de l’aide craignent d’être étiquetés comme « fous », et qu’ils ne
veulent pas croire non plus, et ajoute que le mal-être dont souffre les personnes
qui le consultent peut consister en une certaine forme de refoulement impliquant
des comportements déviants mais qui ne reflètent pas une pathologie.
« De tout ! De tout. Alors ! Dans les personnes que je reçois, celles qui sont
le…je dirais, le plus traumatisé, par rapport au mal-être spirituel en général
c’est les non-croyants. » V (466-468).
« Donc d’abord ils ont été chez le médecin, le médecin n’a rien trouvé de
particulier, ils ont dit juste qu’il devait un petit peu prendre des vacances, parce
qu’il était sous stress. Voilà, mais comme ça arrive à beaucoup de monde ! » V
(472-475).
36
« Pi en fait ça n’a fait que s’empirer. Et puis pratiquement au bout de deux ans,
euh ben ils m’ont appelé, pi là ben c’était vraiment la panique totale » V (482-
484).
« Alors après je dis bien hein ! Neuf cas sur dix, on peut les expliquer, c’est des
cas relativement faciles à traiter, et il y a souvent un désordre d’ordre
psychologique explicable à la source… Mais où le spirituel a quand même influé.
Mais il y a quand même un cas sur dix qui est vraiment un cas euh…beaucoup
plus grave, où là aussi on doit l’accompagner, le traiter. » V (603-609).
4. Diagnostic
Les critères et processus de reconnaissance des cas de possession sont
spécifiques et répondent à une volonté de discernement. Le concours d’autres
spécialistes, en particulier médicaux, apportent du crédit et de la confirmation,
tout autant que les symptômes spécifiques qui apparaissent durant les
évaluations ou les exorcismes.
37
Valentin (V) ajoute la dimension du ressenti dans l’évaluation des individus
demandant de l’aide, tout en spécifiant l’importance de ne pas se focaliser sur
cette impression. Il indique sa formation en entretien qui l’aide à mieux cerner
les situations et éviter la subjectivité, et mentionne le cas de la médication dont
les effets peuvent faire penser à une possession et dont il faut par conséquent
avoir connaissance. Il ressort également de son témoignage que l’avis d’autres
spécialistes peut être déterminant pour la reconnaissance des cas de possession,
en ce qu’il atteste de l’absence d’une psychopathologie, et qu’une distinction
claire de diagnostique entre psychopathologique et spirituelle doit pouvoir être
faite.
« Et chaque cas requiert un discernement et, donc, une approche tout à fait,
particulière, adaptée à ce cas-là. Et donc c’est très difficile, la partie la plus
difficile c’est le discernement. Est-ce qu’on a réellement affaire à quelqu’un qui
a un problème avec le diable ? Euh…si oui, y a-t-il encore quelque chose à
faire ? » Q (65-68).
« Et c’est pour ça que moi je fais toujours, en ayant un petit peu les deux
domaines de psychothérapeute et de prêtre exorciste, j’évacue d’abord le plus
possible le terrain de la médication, le terrain des antécédents, je dirais, de
diagnostic pathologique. Et une fois qu’on a évacué ça, on peut cibler davantage
le désordre spirituel. » V (116-120).
4.2 Techniques de détermination et outils
Les deux exorcistes font état d’une procédure d’évaluation dont une forme
d’anamnèse et de bilan font partie. Selon Quentin (Q), lorsqu’un trouble
psychopathologique est présent, il n’y a généralement pas de possession, puisque
le démon n’a pas besoin de rendre confus un individu qui l’est déjà. Il précis en
outre que la médication peut apporter non seulement un apaisement et une
stabilisation pour la personne souffrant d’un trouble mais qu’elle indique
également une part humaine à minima si la personne y réagit, car de son côté, le
démon ne répond pas aux substances du fait-même de sa nature. La pratique de
l’occultisme est aussi un indice important dans la détermination de la possession
pour les deux prêtres. Pour Valentin (V), l’avis médical importe beaucoup, car
si la médecine est impuissante, c’est qu’il y a bien un mal-être spirituel ou une
possession à déterminer. Il insiste également sur le fait que le diagnostic est long
38
est se fait par étapes, puis évoque que sa méthode pour éviter les cas de tentatives
de supercherie consiste à cacher des objets religieux dans des emplacements
variés. Les réactions permettent alors de vérifier l’authenticité de la présence de
l’entité, ces objets provoquant des symptômes spécifiques, inexplicables et
déstabilisants. Le témoignage de l’entourage semble également être d’une
grande importance.
« Et si le médicament est très, très utile pour stabiliser l’état de quelqu’un, pour
essayer de voir aussi une partie diagnostic, parce que le démon ne réagit pas
aux molécules, humaines. Par contre, si on, si la personne, la victime réagit,
c’est qu’il y a, au moins en tout cas, une partie humaine, dans sa
problématique. » Q (299-303).
« Et puis après, ce que je fais aussi régulièrement, c’est si j’offre à boire à cette
personne, je vais verser un petit peu d’eau bénite dedans. Et là ! ça crée des
réactions très, très fortes. Alors en général elle ne, elle ne boit même pas ! Donc
on voit qu’il y a quelque chose qui va la retenir, de boire, alors là ! On n’est plus
dans l’ordre d’un mal-être psychologique, ou psychopathologique, mais on sent
d’emblée, qu’il y a la frontière du spirituel qui a été dépassée, … » V (287-292).
« Et là ! ça réagit très, très fort. Et alors bien sûr qu’après c’est, c’est les…c’est
les symptômes qui sont, ou les signes, qui sont des fois très déstabilisants, qui
arrivent, pour nous fréquemment, mais très rarement dans le cadre des
psychiatres, peu assistent à ça, mais il y a après des choses qui ne sont pas
explicables. Ce qui veut dire, quelqu’un qui tout d’un coup commence de léviter,
39
euh…on arrive difficilement à l’expliquer, de manière pathologique. » V (294-
299).
5. Interventions et intervenants
Dans ce thème sont regroupés non seulement les procédés de traitements, mais
aussi les intervenants en fonction du rôle que chacun a à jouer, partant du constat
que l’exorciste est un moyen de soutien, mais que l’individu possédé doit
activement récupérer sa liberté et agir pour se libérer du démon, tout comme son
engagement et son implication son nécessaires dans toute thérapie.
De plus, l’humilité est une condition indispensable tant pour le prêtre exorciste
que pour le sujet demandant de l’aide, ceci afin de retourner dans le droit chemin
de sa condition humaine.
5.1 Moyens de traitement
Il existe de nombreux moyens de traitement basés sur la Foi, comme les prières,
les sacrements, ou encore la bénédiction, mais peuvent aussi découler, selon
Quentin (Q), de sources indéterminées pouvant être de la main de Dieu ou de
l’individu lui-même. L’humilité est un terme qui ressort souvent dans les deux
interviews et concerne tout autant l’individu que le prêtre exorciste, elle semble
nécessaire au processus de guérison. Le traitement est présenté comme faisant
partie d’un tout long et progressif, et que le processus implique beaucoup de
discussion sur les difficultés rencontrées dans la vie et pouvant être refoulées.
Valentin (V) précise en effet qu’il est important d’analyser en profondeur les
causes du mal-être ou de la possession afin de pouvoir formuler un traitement
adapté, de fournir un accompagnement spirituel individualisé et de ne pas utiliser
plus de moyens que nécessaires. Il ajoute qu’un cadre doit être fixé et qu’un
climat favorable de bienveillance et d’écoute doit être mis en place, car il
impacte l’état d’esprit et donc le rétablissement.
« Donc euh…euh…à partir de là, il existe toute une série de moyens, qui ne sont
pas des moyens spectaculaires, ce sont ceux de l’Eglise, ce sont ceux de la prière,
de la présence du Seigneur, de cette présence rayonnante, de sa Gloire, comme
dans notre jargon, euh…qui chasse les ténèbres. Là où vous allumez une
lumière, même dans la plus noire des grottes, eh bien vous obtenez quelque chose
de plus… » Q (70-75)
40
« Je pense qu’il faut être très, très, très sérieux de ce côté-là. On a, on a, je
dirais, la même, le même adage et, et pour nous la même maxime que les
médecins ! Primum non nocere ! On veut d’abord pas nuire ! Et on peut pas
adopter n’importe quelle prière, ou n’importe quel rituel ou pratique, euh…de
manière, on peut dire, hâtive ! On doit vraiment, analyser, que, euh…qu’il y ait
vraiment un mal-être. » V (439-443).
5.2 Rôle de l’exorciste
L’exorciste est présenté comme un élément important lors de cas d’aliénation
sévère, mais bien que, comme le précise Quentin (Q) sa présence soit nécessaire
pour l’accompagnement et le soutien, il n’est pas indispensable dans le sens où
il n’est qu’un représentant de Dieu et qu’il n’est donc pas à l’origine de la
libération du possédé. Valentin (V), quant à lui ajoute la composante de la
spécialisation de l’exorciste qui en fait le répondant spécifique pour les maux
spirituels le plus importants et la possession, celui qui peut comprendre et aider.
Il est donc un moyen ultime mais n’intervient que lors de cas grave, car
l’exorcisme est un processus épuisant tant pour le possédé que pour le prêtre.
« Ça veut donc dire que l’exorciste n’est pas d’une nécessité absolue.
Euh…mais ! Il est clair que sa présence, néanmoins, à de…à de tels degrés
d’aliénation, euh…a une certaine importance, ou peut en avoir une, une
certaine ! Et donc euh…il est très important de ne pas s’en passer. Au moins
pendant un temps. » Q (90-93).
« Ce qui veut dire que dans l’aspect du traitement proportionné, on doit être sûr
qu’on ne va pas faire plus de mal avec le traitement que de bien. Parce que, ne
serait-ce que de…faire pratiquer un exorcisme, c’est quelque chose de
traumatisant, et d’épuisant, pratiquement autant pour la personne que pour le
prêtre exorciste. C’est quelque chose de très, très fort. C’est un combat ! Et il y
a des personnes, qui, tout dépend à quel stade elles en sont, et comment est-ce
qu’elles supportent au niveau physique, au niveau spirituel, au niveau dans le
fonds des ressources énergétiques, on pourrait les faire mourir ! Donc moi je
prendrai pas la responsabilité, avant d’être sûr, que c’est le seul traitement à
adopter ! » V (404-411).
41
5.3 Collaboration, responsabilités et prise de conscience du sujet
Les deux exorcistes font état de l’importance et de la nécessité du concours actif
du possédé dans son rétablissement, ils évoquent par ailleurs tous deux l’attente
absurde de la part de certains individus d’un « coup de baguette magique » qui
viendrait tout régler. La responsabilité dans la situation de possession et une
remise en question quant aux comportements et aux choix du sujet, possédé ou
souffrant spirituellement, sont mises en avant par Quentin (Q) dans la reconquête
de la liberté. De plus le travail et la persévérance, ainsi que l’engagement dans
le processus de récupération de la liberté du possédé, sont présentés comme
indispensables dans le traitement. Pour Valentin (V), le travail conjoint,
l’humilité et le respect réciproque, tout comme la prise de conscience de ses
ressources et l’acceptation d’une autre explication le cas échéant, sont
nécessaires pour la relation de confiance et l’autonomisation du sujet.
Cependant une forme de hiérarchie semble ressortir des témoignages des prêtres,
non seulement dans le fait que l’évaluation d’absence de pathologie est requise,
42
mais également dans le fait que la demande d’aide ne se fait que dans le sens
unilatéral prêtre vers médecine.
6.1 Accompagnement inadéquat et limitations de la science
La question de l’inadaptation des accompagnements pour les personnes
souffrant de troubles spirituels est apparue importante pour les deux exorcistes
ainsi que la question du manque d’humilité des professionnels de santé. Quentin
(Q) relève en effet de son côté que la médecine a tendance à réduire les maux à
des pathologies psychiatriques et à y apporter un traitement médicamenteux qui
n’est pas adapté. Cette remarque sur la médication fait émerger la question du
remplacement d’une emprise par une autre. Il ajoute que les individus sont trop
souvent abandonnés dans des institutions de soins qui ne correspondent pas à
leur mal-être car la science n’est pas adéquate pour gérer les aspects personnels.
Valentin (V) précise quant à lui que la science médicale éprouve beaucoup de
difficulté à admettre son ignorance relativement à certaines situations et
manifeste beaucoup de réticences à considérer un soutien spirituel. Il explique
que cette difficulté provient d’une volonté trop importante et bridée de rester
rationnel et peut conduire à une forme d’acharnement thérapeutique délétère
pour le sujet. Quentin (Q) précise que la volonté de séparer les approches
médicales des approches spirituelles peut avoir des aspects positifs comme
négatifs, mais que c’est cette attitude qui empêche fondamentalement la science
de trouver des suivis efficaces. Il explique que le bien-être d’un individu ne
comprend pas que le psychisme, mais aussi le spirituel qui fait partie de sa vie et
que la déontologie à laquelle la médecine est soumise afin de rester neutre et
objective, ne lui permet pas de s’ouvrir à d’autres approches.
« Alors ! Est-ce que ça se fait à l’inverse ? Pas toujours. Pourquoi ? Parce qu’il
faut avouer que la…l’écrasante majorité, je ne veux pas dire tout le monde hein,
mais l’écrasante majorité des, des scientifiques au niveau médical, ils ont
43
beaucoup de peine à se dire dépassés par certains cas. Donc euh…il faut
vraiment que leur rationalité soit touchée, pour qu’ils disent « là ça ne me
concerne plus. » Il faut qu’eux-mêmes, vraiment, soient dépassés, dans leur
scientificité, pour dire « bon ! C’est plus mon domaine ! » Mais c’est très
difficile parce que ça demande vraiment de l’humilité. En disant « voilà, malgré
tout mon savoir, là, je dois reconnaître qu’on touche un domaine qu’aucun
traitement, aucun médicament, connu à ce jour, ne peut soigner. » » V (106-114)
6.2 Besoin de formation pour les prêtres
Le souhait d’une formation est également soulevé par les deux exorcistes. Ils
évoquent l’apport de connaissances comme un outil pour mieux comprendre et
gérer les situations, car l’expérience n’est pas toujours suffisante selon les cas.
Valentin (V) ajoute que les connaissances médicales aident par exemple à
repérer et distinguer les effets de la médication, et qu’une approche
psychothérapeutique peut également aider dans leur pratique bien qu’il lui
semble qu’il existe un trop grand nombre de spécialités différentes dans ce
domaine.
« …et les, et les prêtres, les gens comme moi, ne sont pas non plus formés de
manière adéquate en matière psychologique, … » Q (336-337).
« Et c’est pour ça, que normalement, chaque prêtre exorciste devrait se former
en psychopathologie… Moi j’ai voulu me former en tant que psychothérapeute,
c’était un peu plus facile pour moi vu que j’avais déjà un doctorat, mais en
psychologie religieuse, euh mais il a fallu faire un pont. » V (38-41).
6.3 Relationnel inter-discipline difficile
Les relations interdisciplinaires sont décrites comme souvent problématiques et
manquant d’humilité, mais pouvant également être collaboratives. Quentin (Q)
relève une certaine méfiance de la part du corps médical ou scientifique qui lui
semble difficilement modifiable en l’état actuel des choses. Du moins, il précise
en rapport avec certains psychologues, que leur propre croyance en Dieu ou une
certaine ouverture d’esprit peut favoriser le contact. Valentin (V) confirme cette
impression en ajoutant que la croyance des psychiatres avec lesquels il travaille
permet une meilleure collaboration, dans le sens ou cette croyance commune
favorise la demande d’aide de la part des médecins pour des aspects spirituels.
De plus, il évoque à nouveau la difficulté de distinction des cas au travers de la
44
proximité des certaines situations psychiques et spirituelles, d’où la nécessité des
deux approches. Un manque de considération inter-spécialisation entre prêtres
et professionnels médicaux est également relevé, de même que la question du
respect qui ne semble être qu’intra-discipline, en réponse à quoi Valentin (V)
souligne la futilité des oppositions qui n’ont finalement que des conséquences
négatives.
45
demandant de l’aide et dont la situation implique le besoin d’intégration de
spécialisations différentes ainsi qu’une transmission fluide des informations.
Valentin (V) ajoute par ailleurs la nécessité absolue d’un cadre médical pour la
sécurité et la santé du sujet en lien avec les rituels d’exorcismes, faisant référence
à l’absence de collaboration ayant mené à la mort dramatique d’une jeune femme
en Allemagne (i.e. Anneliese Michel, 1952-1976). Finalement, Valentin (V)
ajoute que la confiance du sujet se plaignant de possession est accrue si les
spécialistes travaillent de concert, ce qui permet non seulement une plus grande
flexibilité au niveau du suivi mais aussi d’apporter une influence bénéfique en
particulier lorsqu’un sujet qui devrait être redirigé est réticent vis-à-vis de l’autre
approche.
« Ce qui veut dire que si ça arrive dans des cas comme ça, j’ai des amis qui sont
psychologues, mais psychologues FSP, donc qui n’ont, qui ne sont pas médecins,
qui sont pas des psychothérapeutes, médecins ! Et, je demande, en général aussi
leur collaboration, leur concours. Pour aider la personne dans un autre euh…
Parce que je trouve qu’à un moment donné c’est bien si on arrive à dissocier
l’accompagnement spirituel de l’accompagnement psychologique, ou
psychopathologique, à un moment donné c’est complémentaire. Et je trouve que
c’est bien parce que ça permet que chaque spécialiste travaille son domaine
pour le bien de la personne, conjointement. » V (727-735).
46
7. Discussion
Ce qu’il faut en premier lieu relever et qui a une grande importance dans la
compréhension des témoignages, est que la possession est considérée comme le
niveau maximal du trouble spirituel, impliquant d’autres niveaux moins avancés,
et que l’état de possession représente donc le moment où l’individu a perdu son
combat contre le mal et n’est plus maître de lui-même.
Les prêtres catholiques ayant accepté de participer à cette étude exploratoire ont
des approches spécialisées et spécifiques des cas de possession : ils procèdent
méthodiquement et font une analyse détaillée du contexte et de la personne leur
demandant de l’aide. Ils sont par ailleurs bien informés des problématiques
psychologiques et sociales qui sous-tendent certaines situations et bien qu’ils
fassent état de la présence d’une entité diabolique prenant possession de
l’individu, une forme d’inadaptation, un refoulement, un sentiment de
culpabilité, des souffrances voire un potentiel traumatisme, sont des contextes
régulièrement reconnus. La variabilité des profils d’individus se plaignant de
possession tout comme l’évolution progressive des symptômes sont également
relevées.
47
instabilité permettant au Mal de s’introduire dans son esprit. La pratique
d’activités contraire aux préceptes religieux, et en particulier celles qui
manifestent la volonté active de dépasser sa condition humaine et de se mettre
au même niveau que Dieu, dans le but de contrôler sa vie, impliquerait une
dénaturation de l’individu provoquant graduellement un profond mal-être. De
plus, le refuge dans un monde occulte accentuerait l’inadaptation en réponse à
une situation que l’individu estimerait comme une fatalité insupportable, et
nécessitant de fait une solution magique. Le fait d’être possédé représentant alors
le fait de ne plus être maître de soi, de ses actes et de sa vie.
Le profil hétéroclite des demandeurs d’exorcisme rapportés par les deux prêtres
correspond aux constatations de nombreuses études, de plus leurs explications
alternatives pourraient correspondre à la labellisation d’un comportement
déviant ou immoral (Pattison et Winthrob, Prins, et Ward et Breabrun, dans
Coons, 1993), ou encore d’une inadaptation pour le sujet se disant possédé, le
libérant ainsi d’une part de responsabilité. Ceci démontrerait d’une certaine
vulnérabilité pouvant être comparée aux facteurs dispositionnels de personnalité
dépendante et manquant d’affirmation de soi (Yap, 1960) ou ayant besoin
d’attention (Guillemain, 2001). De plus, dans le discours des deux prêtres,
l’entourage et un contexte néfaste sont également souvent impliqués dans la
situation.
Cependant, bien que cette étude n’ait pas de données précises sur les demandeurs
d’exorcismes, leur histoire de vie, telle que sommairement rapportée par les
prêtres, pourraient mettre en avant des difficultés de gestion émotionnelle, une
vulnérabilité face au stress, un environnement délétère, ou encore un
48
traumatisme infantile. Ces indications sont comparables avec l’étiologie des trois
troubles communément associés aux cas de possession.
49
La volonté de discernement ressort des deux témoignages et démontre de
méthode considérée comme spécifique à chaque spécialité. Le besoin de
formation est relevé et rejoint la plupart des études citées plus haut, non
seulement pour l’évaluation des situations mais également pour leur
compréhension et leur suivi.
Les exorcistes ayant participé à l’étude relèvent tous deux le bénéfice d’un
apport spirituel dans de nombreux maux. Ils mettent en avant une réduction des
états de souffrances des individus à des pathologies psychiatriques négligeant
ainsi l’importance des besoins spirituels pour l’équilibre de vie. Les deux
témoignages insistent sur la responsabilité, l’action, la prise de conscience et
l’acceptation de l’individu dans son traitement et sa guérison, ceci étant en
adéquation avec certain fonctionnement de la psychothérapie impliquant par
exemple une prise de conscience de son état, une modification des habitudes et
des comportements ou encore le fait d’affronter ses peurs. Ceci est par ailleurs
en adéquation avec le discours du Père Amorth (2011) quant à la nécessité
absolue de son engagement et de sa participation dans le processus de libération
de son esprit. Cummings et al. (2010) confirment par ailleurs que le coping
religieux doit être actif pour éviter que l’individu se place dans une position de
victimisation. De plus, l’implication de l’individu dans sa guérison au sein d’une
communauté permet de contrer la stigmatisation et les conséquences des
émotions négatives qui y sont liées (Magliano et al., 2021).
Les moyens utilisés sont de l’ordre de la religion, soit des prières, des
bénédictions, ou encore la reprise de comportements reflétant les préceptes de
vie de l’Eglise et sont présentés comme longs, progressifs et adaptés au besoin
du possédé ou de l’individu souffrant d’un trouble spirituel, l’exorcisme n’étant
conseillé que pour les cas les plus graves. Ces approches peuvent en effet
apporter du soutien social et une meilleure gestion des émotions (Cummings et
50
al., 2010) mais aussi un changement au niveau de la gestion du stress et
l’apaisement des symptômes sévères (Tepper et al., 2001).
Quant à l’exorciste, son rôle est stratégique puisqu’il est le répondant spécifique
pour les cas de possession et qu’il apporte de fait une crédibilité aux souffrances
du possédé ainsi qu’un savoir-faire spécialisé et attendu de la part de l’individu
et de son entourage. Ceci rejoint l’idée d’un cadre et d’une stabilité bénéfiques
apportés par l’exorciste (Pietkiewicz et al.,2021b) ou encore celle de
l’accompagnement déterminant pour le sujet dont la confiance en sa Foi est plus
importante que celle qu’il peut avoir en la médecine (Guillemain, 2001).
Comme dans les études indiquées plus haut, les résultats suggèrent également ici
des difficultés relationnelles impliquées par la considération des spécialistes
inter-disciplines. Les apports potentiels d’une double approche pour le sujet sont
mis en avant, tout comme l’absence de cadre et de discussion entre les
intervenants dans certains cas, en particulier lorsque la croyance en Dieu n’est
pas partagée. Une forme de méfiance, un certain mépris et un manque d’humilité,
en particulier de la part de la science vis-à-vis de la religion, est dénoncée au
travers des deux témoignages, de même que les conséquences néfastes de ce type
d’attitude pour l’individu en souffrance. D’après les deux exorcistes, la
collaboration semble unilatérale malgré les apports complémentaires ou une
meilleure réponse aux maux du sujet que la spiritualité pourrait apporter. Ces
résultats concordent avec ceux de Helsetine-Carp et al. (2020) relativement à la
redirection et la méfiance inter-spécialiste, ou ceux de Farrel et al. (2008)
concernant le besoin de croyance partagée.
Par contre, les exorcistes de cette étude font état d’un besoin de formation dans
le domaine psychologique afin de pouvoir répondre adéquatement aux demandes
qui leur sont adressées, ce qui n’est pas forcément le cas de tous les répondants
religieux d’autres recherches.
51
Leavey (2008) relativement à la difficulté d’implémentation de méthodes
d’exorcismes au regard des normes d’éthique médicale.
8. Conclusion
Selon Chandler (2012), la spiritualité et la religion sont des principes qui ne
peuvent être analysés objectivement car il s’agit d’expériences subjectives et
personnelles et donc empruntes d’interprétation. En effet, selon Scrutton (2015)
il est impossible de mener une étude empirique sur le sujet, car elle serait
uniquement basée sur des témoignages subjectifs, et puisque les méthodes
scientifiques sont inadéquates pour vérifier la possibilité de l’existence ou de
l’inexistence d’un agent surnaturel à l’œuvre dans les cas de possession, il ne
peut y avoir aucune preuve d’un côté comme de l’autre. Ceci a en outre été relevé
par Quentin « la science ne peut pas…euh prétendre à toucher le monde, le
spirituel dans l’être humain. Parce que…c’est une question de principe pour elle
et parce que cela aussi appartient à chaque personne. » Q (347-349).
Les deux exorcistes ont apporté des témoignages similaires sur un certain
nombre de points, cependant c’est leur posture qui semble parfois différente. De
plus, une forme d’auto-censure a pu se manifester sur certains sujets sensibles
52
pouvant traditionnellement confronter les communautés scientifiques et
religieuses, et la dynamique relationnelle de l’entretien a certainement influé sur
ce processus.
Le recul adopté par Quentin (Q) apporte une vision relativement analytique de
l’humain et une conception du Mal pouvant être interprétée de façon plus
métaphorique, tout en conservant l’approche spirituelle de la possession par une
entité démoniaque. Valentin (V) quant à lui adopte une posture qui semble plus
contrastée et à consonnance souvent médicale dans son approche des situations,
tout en considérant également la possibilité d’une présence démoniaque. Ces
impressions pourraient être mises en lien non seulement avec des aspects de leur
trajectoires personnelles respectives, mais également avec le fait d’avoir encore
ou non la fonction d’exorciste, avec le type de relations qu’ils entretiennent ou
ont entretenu avec le corps médical, et avec leurs diverses formations achevées
ou en cours.
Cependant, malgré les postures relativement différentes des deux prêtres, une
forme de consensus peut être dégagé des entretiens pour permettre de répondre
aux questions de recherche.
53
mettent cependant en avant une vision trop cantonnée de la science face à ce
qu’elle ne comprend pas.
Selon les témoignages recueillis dans cette étude, il existe actuellement une
forme de collaboration entre des professionnels de santé et des exorcistes, bien
que ce ne soit pas toujours le cas. Cependant, celle-ci n’est pas toujours
performante, en particulier lorsqu’il y a divergences d’opinions sur les causes
potentielles du phénomène de possession. Il semble par ailleurs qu’il y ait une
délimitation de l’apport de chacun lorsqu’il y a collaboration et que cette
dernière ne soit donc pas spécifiquement intégrative.
Bien que cette étude ne s’appuie que sur les réponses fournies par deux prêtres
exorcistes, certains résultats coïncident avec de précédentes recherches.. De
plus, elle permet de rendre compte de la pratique de certains exorcistes
catholiques en Suisse et plus particulièrement de leur point de vue respectifs sur
les situations qu’ils ont rencontrées. En effet, cette étude a permis à ces prêtres
de s’exprimer et de mettre en avant non seulement leur expertise dans un
domaine dont la partie sociale et humaine à une place essentielle, mais également
un certain nombre de difficultés rencontrées au cours de leur pratique, tout
comme certains aspects relationnels problématiques avec le corps médical et
scientifique.
54
8.2.1. Connaissances du milieu médical
Une forme de familiarisation avec le milieu médical ressort des entretiens. Par
exemple, ce qui frappe dans le discours de Valentin en particulier, est l’usage de
termes médicaux, comme « traitement et diagnostic » pourtant en relation avec
l’évaluation spirituelle de la possession. Ceci pourrait être mis en lien avec sa
collaboration fréquente avec des psychiatres.
Le sentiment qui ressort de ces deux rencontres et de l’analyse des entretiens, est
qu’une forme de langage commun semble possible au travers du concept de mal-
être des individus demandant de l’aide. En effet, bien que les termes ou les
interprétations explicatives peuvent différer, un sens commun pourrait être
dégagé au travers de la reconnaissance de l’état de souffrance de la personne
demandant de l’aide et de certains signes communs aux troubles psychologiques
et spirituels.
55
Cependant, il est important de noter qu’un sentiment de méfiance peut émerger
entre les disciplines en particulier quand les points de vue quant à la cause du
phénomène de possession sont diamétralement différents. Néanmoins, même si
une croyance partagée est souvent retenue comme favorisant la collaboration,
elle semble également possible sans cet aspect, du moment où il y a absence de
jugement de valeurs et où le respect mutuel du domaine de compétences et de
connaissances de chacun est présent, gardant à l’esprit que le moteur et le focus
de la collaboration doit être le bien-être du sujet en souffrance. Il peut par ailleurs
être plus opportun de conserver des points de vue différents pour maintenir un
certain degré d’objectivité et de décentration nécessaire à l’évaluation et au suivi
de l’individu se plaignant de possession, tout comme c’est le cas dans d’autres
situations qui impliquent la nécessité d’une fidélité inter-juge.
Une autre piste consisterait à évaluer si un type de personnalité serait plus enclin
à expérimenter des états de possession comme le suggèrent Pietkiewicz et al.
(2021a) ou selon les conclusions de Yap (1960).
56
Finalement, bien qu’il semble que la fréquence de recours aux exorcismes ne
soit pas identique au travers des cultures et des religions, mais qu’une forte
hausse des demandes est relevée par les prêtres catholiques, il serait de plus
intéressant de considérer la prévalence des cas de possession en Suisse, toutes
religions confondues, et plus particulièrement d’étudier le vécu des personnes se
plaignant de ce mal, afin d’avoir une évaluation plus spécifique sur leur type de
recherche d’aide et leur besoin d’accompagnement ou de traitement.
57
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62
10. Annexes
1. Canevas d’entretien
DEFINITION ?
➢ Je m’intéresse au thème de la possession au travers de ses différentes
manifestations. Pour commencer pourriez-vous me dire ce qu’est la
possession pour vous ; quelle définition vous en donnez ? (Croyances,
surnaturel, pathologie, phénomène culturel ?)
RECIT ACCOMPAGNEMENT PERSONNE ?
➢ (Dans le cadre de votre activité), pourriez-vous me raconter le cas d’une
personne qui se plaignait de possession et que vous avez accompagnée ?
IDEM POUR TOUS ? CROYANTS ?
➢ Est-ce que vous accompagnez toutes les personnes qui vous demandent
de l’aide de la même/de cette manière ?
➢ Vous arrive-t-il d’avoir des demandes de personnes qui ne sont pas
croyantes ou qui sont d’une autre confession (que le catholicisme), et
comment y répondez-vous/que faîtes-vous ?
CRITERES DE DECISION ?
➢ (Dans les cas que vous rencontrez), quels sont vos critères qui vous font
penser que la personne est possédée ou qu’elle ne l’est pas ?
POSSESSION + PSYCHOPATOLOGIE ?
➢ Vous est-il arrivé de penser que la personne souffrait non seulement de
possession mais aussi de troubles psychologiques/psychiatriques ?
DIRIGE VERS UN PSY ? RETICENCES ?
➢ Avez-vous déjà redirigé une personne vers un psychiatre ou un
psychologue ?
➢ Dans ce cas, avez-vous senti des réticences de la part de cette personne
et comment l’avez-vous accompagnée ?
QUID DE LA COLLABORATION ?
➢ Que pensez-vous de, ou comment avez-vous vécu, la collaboration entre
prêtre et psychologue/psychiatre ?
63
2. Grille complète d’analyse et verbatims
65
• Q 410-417 Voilà. Ah ! Peut-être une chose qu’il faut comprendre
aussi dans le langage parce que je l’entends, je l’entends tordu
tellement souvent ! Le surnaturel c’est ce qui appartient à Dieu,
c’est ce qui est au-dessus de notre nature. Nous sommes dans la
nature, c’est à dire dans la création, et le surnaturel c’est ce qui
appartient à Dieu au-dessus de la création, en-dehors de la
création. Le démon comme créature n’est pas en-dehors de la
création ! Il appartient au monde créé par Dieu, mais au monde
invisible ! Invisible pour nous humains. Mais il n’est qu’une
créature ! Donc, tout ce qui est relatif à son activité, c’est du
préternaturel, à côté du naturel !
• Q 419-420 Parce que ça « a l’air » de ne pas être naturel, mais en
fait, ça ne l’est pas, en fait non ! En fait, c’est du naturel !
Résistance face au • Q 39-41 Et donc euh…la possession c’est : la phase aigüe,
Mal, combat, d’un…des, d’un combat pour la possession, d’une âme ou d’une
tentation personne, euh…pour l’empêcher d’être fils de Dieu.
• Q 50-55 Et…et ça lui coutera horriblement cher. Oui parce que
plus on lui a appartenu, euh…plus soi-même déjà on a, on doit
réacquérir l’habitude de raisonner sans lui, et, lui ne se laissera pas
faire, il ne se laissera pas déposséder. C’est à ce moment-là peut-
être que le sujet peut entrer dans un état de possession, parce qu’il a
fait un pas en arrière. Et que, une possibilité de liberté, s’est à
nouveau manifestée, mais le démon fera tout pour l’empêcher.
1.3 Aliénation spirituelle Perte d’autonomie, • Q 16-17 … C’est un vaste sujet. La possession est un état, qu’on
Aliénation, perte de soi, état transitoire, espère transitoire, de personnes dont la liberté a été aliénée
abandon, perte de son libre aliénation • Q 23-26 Donc la possession c’est, cet état-là, euh cet état n’est pas
arbitre, se détourner du unique, il peut être précédé de différents autres degrés, qui ne sont
droit chemin, déviance. pas forcément des possessions, la liberté est plus ou moins
66
préservée, euh…mais, c’est…la possession c’est, c’est l’avant
dernier, c’est l’avant dernière étape avant une perte totale de
liberté.
• Q 29 Le dernier degré de liberté…perdu, oui.
• Q 31-34 C’est ce qu’on…c’est un état pire que la possession, c’est
ce qu’on appelle l’état de sujétion. C’est-à-dire le fait d’être
sujet…d’être sujet, à la volonté euh…du diable, auquel on a décidé
d’adhérer en pleine connaissance de cause. Et…à laquelle on va
travailler dorénavant.
Séparation des • Q 21-23 Euh…et dont le nom, un de noms principaux est le diable
autres et de soi, ou Satan, celui qui divise, celui qui sépare, celui qui sépare lui, soi-
conduites même de soi-même, mais [aussi] de tous les autres.
déviantes/immorales,
division de
l’âme/esprit
1.4 Trouble et mal-être Niveau maximum du • V 20-23 Alors la possession, euh dans le service de libération, parce
spirituels trouble spirituel que là aussi donc dans le service de libération, on parle toujours de
Niveau maximal du service de libération spirituelle et d’exorcisme, dans le fonds, la
désordre spirituel, ne plus possession est le niveau dix du trouble spirituel.
être soi-même, souvent de • V 24-25 Mais, dans le cadre de la libération spirituelle, comme
façon inconsciente, on…comme on l’explique au niveau de la connaissance religieuse,
personne qui a ouvert des la spiritualité, [la possession] c’est vraiment le maximum [du
portes à une entité trouble spirituel] !
diabolique ou par • V 29-30 Donc le trouble spirituel de la possession c’est le
l’intermédiaires d’ondes trouble maximal.
négatives permettant au Désordre, mal-être • V 41-44 Ce qui veut dire que, des fois, la frontière entre la
spirituel, tourment, psychopathologie et le mal-être spirituel, qui peut commencer par
qqch de
67
Mal de s’insinuer dans la spirituellement un tourment ! Ce qui veut dire qu’on se sent harcelé, on se
vie du sujet. négatif sent…dérangé, par une entité, par quelque chose de spirituel,
Désordre spirituel, • V 45-47 mais ça veut pas dire qu’on est possédé, mais ça veut dire
tourment, sensation d’être qu’on sent qu’il y a quelque chose sur nous qui est de l’ordre
harcelé par un esprit, spirituel qui est négatif.
possession vient • V 68-70 C’est ça, la personne possédée ! Où là, un moment donné,
on doit se dire « il y a quelque chose du désordre spirituel. »
progressivement,
• V 382-384 Alors ça peut être un ordre de ressenti, ou ça peut être un
confusion avec le trouble tourment qui va, à…un niveau qu’on ne soupçonnerait pas ! Et
psychopathologique, ce qui est terrible ce que ça…quand ça arrive à des familles de non-
déviance, irrationnalité. croyants !
• V 443-445 Mais je dis bien c’est graduel hein ! Donc il y a l’aspect,
on peut dire, du tourment, de la vexation, de se sentir…, et après ça
peut arriver jusqu’à la possession.
Ne plus être soi- • V 34-35 Mais donc la possession, c’est vraiment lorsque la
même, personne n’est plus elle-même.
comportements • V 58-59 Mais, la possession, juste pour en rester là, parce qu’après
irrationnels, pas on peut dire énormément de choses, c’est vraiment une personne
forcément conscient qui n’est plus elle-même,
de l’état, amnésie • V 62-64 et donc c’est une personne qui n’est plus elle-même, et
elle-même souvent ne se rend même pas compte ! Ce qui veut
dire, c’est son entourage, qui dit : « elle n’est plus elle-même à
certains moments.
• V 64-68 A certains moments elle réagit très mal, ça devient une
furie ! Et euh…elle-même, en général, ne se souvient plus, de ces
moments-là. Ce qui veut dire qu’une personne possédée devient
une « poupée ». Elle peut même se taper très fort, en général elle
n’a peut-être même pas d’ecchymose ou d’hématome, mais ! Elle a
un comportement, qui dépasse, on peut dire, toute rationalité.
68
2. Etiologies et Savoirs impossibles, • Q 183-190 Il faut bien comprendre une chose : l’occultisme, c’est
2.1 Volonté de dépasser connaissances
contexte la recherche d’une connaissance qui n’est pas naturelle, qu’on
sa nature et une réalité dépassant la condition ne peut pas acquérir par des moyens normaux, qui s’acquiert donc
insatisfaisante humaine, confusion par contact avec des réalités qui n’appartiennent pas à notre réalité
Volonté de connaissances naturelle. Qui peut être de la réalité de la création ! C’est…dans la
pour contrer une réalité foi, dans la foi de l’Eglise, on croit « je crois : créateur du monde
insatisfaisante, recherche visible et invisible. Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant,
d’un savoir au-delà de la créateur du ciel, de la terre, de l’univers visible et invisible. » Il y a
création (surnaturel), ego donc, au-delà de notre création, de notre création physique, il y a
surdimensionné, manque donc d’autres dimensions. Euh je ne parle pas ici de physique
d’humilité, devenir tout- hein !
puissant comme Dieu pour • Q 422-424 Voilà. C’est un peu comme si vous vouliez vous prendre
changer une réalité qui pour un oiseau…vous pourrez essayer tout ce que vous voulez, de
dépend en réalité des actes voler, de picorer des graines, de migrer en hiver, etc., etc., voilà !
présents et n’est pas définie à • Q 440-441 Autre chose ! Est-ce que vous vous souvenez ce que le
l’avance. serpent dit à Eve pour la convaincre de manger du fruit de l’arbre ?
Se rendre esclave d’une • Q 443-447 Il lui promet quatre choses : un, qu’elle ne mourra pas, si
réalité que l’on pense elle mange du fruit de l’arbre. Deux, une connaissance : « vos yeux
déterminée à l’avance et qui s’ouvriront ». Il lui promet une confusion : « vous serez comme
est insatisfaisante, perdre sa Dieu ». Et une liberté ! Connaissant le bien et le mal. A peu de choses
liberté de choisir, aliénation près, c’est exactement le même parcours au sujet de l’occultisme que
volontaire selon sa croyance, je vous racontais avant.
perte de confiance, recherche Volonté de pouvoir et • Q 171-173 Oui. Alors, il n’y a pas que la cartomancie, il y a toutes
de pouvoir sur les évènements de connaissances. les -mancies d’abord hein ! Parce qu’il n’y a pas que la, il n’y a pas
pour les accorder à sa volonté Recherche du pouvoir que les cartes ! Il y a toute une série de façon d’essayer de deviner
au lieu d’accueillir la vie et de pour modifier la réalité l’avenir. Pis la façon la plus importante, c’est encore, le spiritisme.
s’accommoder aux situations. insatisfaisante • Q 196-203 Il faut comprendre que l’occultisme c’est une recherche
de la connaissance ! On cherche à connaître, ce qui a été, ce qui est,
et ce qui va venir. Ça suppose donc que l’on admet l’idée que
69
l’avenir est déjà écrit, qu’il est déjà déterminé. Par conséquent, on
peut le deviner, parce que si l’avenir n’est pas écrit, on ne peut pas
le deviner. On peut deviner ce qui est…ce qui est une hypothèse, ou
ce qui est plausible. Si vous mettez la main sur votre cuisinière, il y
a des chances pour que vous vous brûliez ! Hein, mais ça ne veut pas
dire que vous allez le faire, parce que je peux supposer que vous avez
suffisamment conscience du fait !
• Q 205-206 Pour ne pas mettre la main sur, sur votre, sur la plaque !
Donc euh…ça c’est donc la conquête de la connaissance,
• Q 206-208 et puis il y a la conquête du pouvoir ! « Je veux changer
la réalité, je veux la rendre à ma façon ! Je veux qu’elle aille de ma
manière. Je veux que cela se fasse selon MA volonté. »
• Q 208-217 Ce qui est en contradiction avec la foi chrétienne, où le
Christ nous enseigne à dire : « que TA volonté soi faîte » En parlant
à Dieu. Donc c’est une démarche qui est exactement contraire à la foi
chrétienne. Et parce que le chrétien a l’humilité de penser qu’il est
entre les mains de Dieu et que Dieu le porte de toute façon vers une
plénitude, vers son salut, vers la rencontre avec Lui. Si, pour peu
qu’on le laisse faire ! Euh… et il n’a pas la prétention de vouloir
changer, la réalité, sauf dans certains cas euh de certaines façons, etc.
Euh mais il ne va pas vouloir changer la réalité, il va essayer plutôt
de l’accueillir telle qu’elle est. En changeant ce qu’il peut changer,
en s’accommodant de ce dont il peut s’accommoder, en résistant là
où parfois cela est nécessaire, parce que parfois c’est nécessaire, euh,
et en n’oubliant jamais, que cette vie n’est pas le tout de notre
existence.
• Q 231-233 A partir du moment où vous entrez dans ce genre de
vision, c’est clair que vous perdez une partie de votre liberté. Ne
serait-ce que parce que vous êtes créé libre, et croire à la divination,
70
croire que l’avenir est déjà écrit, c’est s’aliéner, c’est aliéner sa
liberté.
• Q 235 (Genre de vision) En tout cas dans sa racine.
• Q 449-456 Ce qui signifie que ce texte, en tout cas dans sa partie
spirituelle, euh…est d’une actualité brûlante ! Et nous ne sommes
toujours pas sortis euh…de ce genre de situations, ce genre de
phénomènes ! Le serpent est toujours là, à essayer de flatter notre
ego pour aller au-delà de notre nature, à essayer de comprendre
un avenir qui n’est pas écrit, et à changer une réalité, qui n’étant
pas déterminée, peut être changée de n’importe quelle façon et à
tout moment ! Malheureusement, avec au passage, la collection
d’un orgueil terrible. Et donc, un manque d’humilité, qui est la
condition nécessaire pour toute relation à Dieu.
2.2 Inadaptation Blocage, inadaptation, • Q 403-407 En me disant qu’une partie de son mal-être consiste
victime simplement à maintenir en vie des comportements qui étaient
Contexte de croyances
adaptés à un certain moment de sa vie, mais qui ne le sont plus
inadaptées, entourage
depuis plus ou moins longtemps ! Ou, des personnes qui ont
souhaitant le « surnaturel »,
construit une partie de leur vie sur des valeurs, sur des faits, sur des
surnaturel à la mode même si
situations, qui étaient peut-être valables à un moment donné ! Mais
avancées de la science,
qui ne l’étaient plus depuis un certain temps !
facilité recherchée dans la vie
(foi trop demandante), • Q 466-473 Donc des gens qui en étaient restés à une certaine vision
comportements inadaptés à la du monde, qui était peut-être valables à un certain moment de leur
vie, généralement c’est l’enfance ou l’adolescence, euh mais qui
situation, manque d’humilité
n’était plus depuis longtemps ! Et qui avaient de la peine à quitter
et de maturité, perte de
cette vision du monde, pour en acquérir une nouvelle. Parfois même
repères et refus de sa nature
ils refusaient d’en acquérir une nouvelle. Ils voulaient croire que
humaine, blocage à un
tout en était encore à ce monde-là. Et pour eux un comportement
comportement enfantin et
qui était normal, était normal parce que dans ce monde-là
71
intérêt inavoué à jouer le effectivement il était normal ! Mais dans celui-ci, ou dans la, leur
possédé pour obtenir quelque rapport à l’autre, il n’est pas normal du tout.
chose.
Volonté de merveilleux • Q 523-526 Parce que malheureusement depuis cinquante ans tout est
réduit à Hollywood ou presque. Il y a que ce langage-là que les gens
Mal-être, culpabilité, rupture comprennent. Beaucoup de gens venaient me voir en me disant :
influençant l’état psychique et « ouais mais dans tel film… ! »
spirituel, frustration refoulée, • Q 407-410 Pi des fois il faut lutter contre l’influence de la, de
traumatisme, point de rupture, l’entourage ! Et, c’est pas toujours évident quand l’entourage ne
influence du contexte et veut que du merveilleux, si on peut parler de merveilleux en
autosuggestion. l’occurrence, quand l’entourage ne veut que du préternaturel !
Intérêt inavoué au • Q 526-530 Je dis : « ouais, mais écoutez, mais justement ! Si un
comportement de acteur a été capable de jouer une telle chose, vous pensez pas que
possédé peut-être vous aussi vous en êtes capables ? Vous ne pensez pas », si
c’est pas d’elle-même qu’on parlait : « vous ne pensez pas que cette
personne aussi en serait capable ? Vous ne pensez pas qu’elle aurait
un intérêt quelconque, à cela ? » Un intérêt inavoué souvent, mais…
Refus de sa nature • Q 510-515 Mais souvent, les gens ne comprenaient pas. Comme je
vous disais aujourd’hui on vit dans un monde où on veut que tout
soit cuit et tombe directement dans l’assiette, parce que sinon on
mange pas ! L’idée simplement de cultiver, ou…de tuer un animal,
de pêcher un poisson, ou quoi que ce soit, est une idée étrange !
Mais c’est ce qui a fait que notre humanité est toujours là depuis
pas mal de temps.
• Q 517-522 C’est ce qui nous relie aussi à nos prédécesseurs, à nos
ancêtres. Et le fait de ne pas vouloir entrer là-dedans, ben…, ça ne
peut avoir que des conséquences néfastes, ou si ce n’est néfaste en
tout cas, ça nous prive du soutien des, de nos prédécesseurs, on se
retrouve donc comme des gens sans modèle, sans exemple, sans
passé, sans histoire, et qui se trouve confronté à un monde qui est
72
tout aussi terrible qu’à l’époque. Et peut-être avec moins de
moyens de le, de le gérer !
Recherche de facilité • Q 225-229 Hein. Il y a une certaine connaissance du médecin, qui
peut être utile à celui qui cherche des connaissances plus vastes
encore, et celui qui est habitué à avoir ce genre de connaissances,
peut facilement tomber dans le piège de celui qui vous propose plus
de connaissances, à moindre frais. Puis vous avez évidemment les
classiques l’argent et l’amour.
Refoulement, • V 360-365 « Je refoule ! » Hein ? Dans les topiques, etc., on est
frustration, pathologie, vraiment dans le Freud. « Je refoule complètement ! » Et on sait que
traumatisme tout refoulement, peut être la source en même temps d’une
frustration, et donc de pathologie, dans le pire des cas, ou ce
refoulement, qui peut être aussi un refoulement d’ordre spirituel,
ou d’ordre traumatique, même au niveau spirituel, peut avoir
impacté, qu’il y a justement, une, un mal-être spirituel qui est venu
s’insérer là-dedans.
Point de rupture • V 335-338 Et c’est là où une psychothérapie est très similaire dans
le fonds : on essaye de pousser à extérioriser des choses de la
personne, parce que le sentiment de culpabilité, le sentiment de
rupture dans sa propre vie, avec des échecs de sa propre vie, peut
impacter autant la psyché autant, je dirais, la voie spirituelle.
• V 384-385 Alors pour nous, justement, on essaye d’abord de
détecter, je dirais, par des points de rupture dans la vie,
Films d’horreur, • V 498-501 Alors ils en ont parlé, alors les parents ont dit tout de
autosuggestion suite, donc les grands-parents ! Qui étaient pas croyants non plus
hein ! Pas du tout ! Alors euh…ils ont dit « mais vous devenez
dingues ! Et puis il vous faut arrêter de regarder des films
d’horreur »,
73
• V 503-504 Parce qu’ils étaient amateur un petit peu de films
d’horreur. « Parce que vous vous créez de l’autosuggestion », etc
•
Schizophrénie, • V 660-663 Ouais ! Alors c’est eu arrivé, une personne, euh…qui
épilepsie était… Elle faisait des crises d’épilepsies. Mais c’était vraiment, un
effet, sa crise d’épilepsie, qui était déclenchée par une
schizophrénie. Alors bon, elle était schizophrène, elle était
diagnostiquée schizophrène depuis l’âge de…de huit-neuf ans, donc
c’était tôt déjà, ou il y a eu…
• V 665-666 …des effets, ils ont détecté des choses comme ça. Alors
ils ont affiné le diagnostic petit à petit, et en même temps cette
personne euh…720-V 722 Mais c’est ! C’est le seul cas que j’ai vu,
où on peut dire qu’était avérée, vraiment, une pathologie,
très…j’entends très identifiable.
2.2 Pratiques occultes Action/culpabilité du • Q 17-18 par la pratique, directe, indirecte, euh de toutes les, de
sujet, pratiques toutes les formes d’occultisme qui existent.
Pratiques de l’occultisme, de occultes directes ou
la magie, volonté active de • V 47-48 Alors de la magie noire, de la magie blanche, du vaudou
surnaturel, recherche active
indirectes, spiritisme et et j’en passe !
de savoirs permettant de
magie • V 59-61 alors il y a beaucoup de manières d’être possédé : il y a
contrôler l’avenir ou l’autre. des personnes qui ont ouvert des portes spirituelles où elles ne
devaient pas, toucher,
• Q 175-178 Le lien, direct. Et une fois qu’on a franchi la porte du
spiritisme et que l’on a établi des liens directs, il y a toute une série
de pratiques qui consistent à changer, à vouloir changer la réalité.
Et la réponse à ça c’est la magie ! Et la magie est soi-disant blanche
ou noire, euh ce sont les mêmes qui sont derrière les deux.
• Q 178-183 Donc la magie n’est ni blanche ni noire, elle finit
toujours par être mauvaise, parce que si elle vous accorde un petit
peu au début quelque chose pour vous faire tomber dans le panneau,
74
il y a un moment où vous n’êtes plus du tout libre, de ce que vous
voulez. Et c’est là que…arrive la magie soi-disant noire, et sa forme
la plus explicite : la sorcellerie. Dans toutes ses…, dans toutes ses…,
ses mises en pratique.
• V 342 Par rapport à la magie blanche, aux planches ouija, etc. !
Degré d’adhésion à • Q 137-139 A quel degré ? De quelle façon ? Directement ou
l’occulte indirectement ? L’a-t-elle pratiqué, comme praticien et pas comme
client ?
• Q 141-146 Et quel est le degré d’adhésion ? Autrement dit, cette
personne a-t-elle encore la possibilité de se dire « mais
finalement tout ça c’est du vent ! » Parce que je remarque,
malheureusement, que l’occulte est très totalisant, c’est-à-dire
que, dès que vous y mettez le petit doigt, il veut vous manger le
tout ! Et dès que vous lui avez donné plus que le petit doigt, il a des
chances de manger tout le reste ! Avec plus ou moins de rapidité !
Donc l’activité, l’activité occulte d’une personne est ici
déterminante.
2.4 Influences néfastes de Contexte et croyances • Q 237-240 Et malheureusement, nous vivons dans un monde où
l’entourage et du culturelles ceci est à la portée du premier venu. C’est plein les journaux, il y
contexte a plein des trucs sur internet, même, même moi qui n’en cherche
pas, on en trouve dans les publicités. Hein ? Les publicité Google,
Influences internes ou les publicités machin…
externes à l’individu, mauvais • V 338-340 Surtout si la personne est croyante, ou ouverte aux
accompagnement, croyances, ou à l’ésotérisme, à certaines pratiques un petit peu,
inadéquation du cadre et du parce que maintenant sur internet on trouve de tout aussi !
suivi, intentions négatives • Q 435-440 Si on veut les combattre. Malheureusement nous vivons
externes dues à la jalousie ou dans un monde où tout ce qui est occulte est à la mode. En fait ça
l’envie, nécessité de prendre
a toujours été à la mode en réalité parce que quand c’était
de la distance face aux
combattu, et caché, c’était cherché quand même ! Et aujourd’hui
75
attaques malveillantes qu’il n’y a plus de, de pression sociale pour empêcher ce genre de
externes impliquant des fréquentations, c’est encore plus cherché ! Même si les
nuisances spirituelles. connaissances dans ce domaine deviennent de plus en plus
vastes, la supercherie fondamentale de l’occultisme est toujours
là !
• Q 456-457 Et quand dans notre monde, on considère la planète
comme un bien à exploiter, etc., pi qu’on veut conquérir d’autres
mondes, simplement pour avoir plus de ressources encore à…
• Q 459-460 À ruiner ! On se demande, on se demande pas tellement
longtemps où est le serpent dans toute cette affaire !
• V 576-577 Mais quand vous voyez dans les journaux, dans les
quotidiens, des pages, entières, d’annonces de marabouts…
• V 579 Maître tel et tel, Docteur tel et tel ! Qui… « retour de l’être
aimé »…
• V 581 Vous savez, dans ces annonces…
• V 583 C’est en général, entre deux et trois milles francs l’annonce !
• V 585-586 C’est très cher une annonce comme ça ! Donc imaginez
la personne qui met une publication pratiquement hebdomadaire,
elle en a du monde qui vient la voir ! Voyez ?
• V 588-593 Ah oui ! C’est qu’il y a un appel d’air ! Et si vous
faîtes l’expérience autour de vous, dans des milieux totalement
profanes, donc pas du tout religieux ! Une fois vous dîtes, rien que
pour faire l’expérience, psychologique, et vous dîtes « est-ce que
vous avez déjà touché à certains rituels ? Ou bien est-ce que vous
lisez certaines lectures un peu ésotériques ? Est-ce que ça vous est
déjà arrivé ? » Vous verrez l’écrasante majorité ont déjà fait ça !
• V 677-678 Et euh…ce jeune allait sur internet, et il allait voir tous
des sites, euh d’expérience « spirit » etc. Et il a ouvert des portes !
Il a ouvert des portes
76
• 678-681 Et là ! On avait vraiment les deux cas : l’un, le cas de la
psychopathologie a permis, au lieu d’être cadré, d’être bien
traité, a permis, que tout d’un coup d’autres choses s’infiltrent,
et a un moment donné, en effet, il a été possédé. Il a été possédé.
Accompagnement, • V 666-673 les parents l’ont accompagnée le mieux possible, mais
environnement alors c’était…ils l’ont accompagnée aussi de manière un peu
inadéquat désordonnée, ce qui veut dire que, alors ils cédaient à tous ses
caprices. Donc il touchait à tout : ordinateur, jeux, le papa me
disait « oui on lui a offert des jeux à l’âge de douze-treize ans,
qui étaient des jeux pour des jeunes de dix-huit ans, des adultes,
mais on se disait non, mais ça va aller ! » Donc là je pense qu’on a
augmenté encore, et l’aspect de la schizophrénie, avec des crises
épileptiques, parce qu’on sait que des jeux aussi stressants peuvent
provoquer !
• V 675 Donc ils ont fait tout ce qu’il fallait pas !
Pratiques occultes • Q 146-147 Et si ce n’est pas la personne elle-même, parce que des
néfastes de l’entourage fois c’est pas la personne elle-même, c’est son entourage !
• Q 150-156 Comprenez bien ! La magie fonctionne par pouvoir. Et
le pouvoir s’acquiert…en donnant. « Je te donne quelque chose pour
acquérir tel pouvoir. » Et on sait très bien, que dans ce milieu-là,
malheureusement on peut vendre aussi des parents, des amis, des
enfants, des ancêtres, des défunts. Oui. Oui, oui. Alors certains
diront que c’est du folklore, peut-être, dans certains nombres de cas,
mais ce n’est pas du folklore pour tout le monde malheureusement.
Et c’est ça, c’est comme ça qu’on détermine la possession. C’est
parce qu’on a autour de soi des gens qui ont tout intérêt à faire
ainsi.
• Q 156-165 Je me souviens le cas d’une, d’une femme qui était à
Shutter, je suis allé la trouver en compagnie de sa mère, mais euh…je
77
n’avais rien remarqué…rien remarqué de spécial, jusqu’à ce que
j’apprenne que la mère avait une activité occulte dont on n’était
même pas au courant ! Pour elle c’étaient des choses normales. Mais
elle plongeait dans un certain nombre de, de pratiques, plus ou moins,
ou soi-disant médicales, elle avait tout une base de connaissances
qui fait que…elle, elle s’y connaissait ! Dans certaines formes
d’occultisme. Et là je lui ai dit « voilà bah, ici il y a quelque chose
qui va pas ! » Seulement, comme il n’y a jamais eu de suite, je n’ai
pas su, ce qui s’est passé ! Je suppose, qu’elle m’a pris pour un fou,
qu’elle a crû que je lui racontais des histoires ou,
• V 343-345 Et à partir de là, on regarde si ça vient d’une situation,
si ça vient de personnes extérieures, si ça vient d’elle-même !
Jalousie, sorts et liens • V 44-45 ou alors ça peut être euh ce qu’on dit après des liens qui
spirituels, volonté de sont mis sur nous, comme des malédictions,
faire du mal à l’autre, • V 365-371 Et c’est ce mal-être-là, qui peut être de l’ordre de la
effet des pensées jalousie. Alors typiquement on voit dans des sociétés comme les
négatives des autres sociétés africaines. Il se lancent des sorts, alors, c’est
(sociales) hallucinant donc hein ! Hallucinant ! J’entends, dans les sociétés
africaines, on a vraiment des marabouts, des gourous, on a des
espèces de…de liens spirituels, ou de dons spirituels, qui se
donnent de, de père en fils, ou de mère en fille, et puis euh…il y a
vraiment des, toutes sortes de manuels de magie noire, de vaudou,
de macumba, où ils se mettent des liens spirituels !
• V 371-374 Et autant dans le lien, le bon lien spirituel, ce qu’on
appelle la bénédiction ! Quand on bénit quelqu’un, ça veut dire, bene
dicere en latin, c’est dire du bien ! La malédiction, c’est dire du
mal ! Et Dieu sait aujourd’hui si on a des fois des personnes qui
disent du mal sur d’autres !
78
• V 376-379 Et si on souhaite du mal à d’autres, ce qui est terrible,
c’est que ça marche ! ça marche ! Même si on n’est pas croyant !
Et d’ailleurs on dit que…celui qui veut nier le mal dans notre
monde, je ne sais pas comment, par quelle preuve il veut nous faire,
mais on voit très bien les impacts, en tout cas les effets du mal !
• V 379-382 Et donc cette malédiction, surtout dans certaines
cultures, typiquement africaines, marche très fort ! Très, très fort !
Il y a des familles qui se…, qui se nuisent comme ça
mutuellement, des clans qui se nuisent, et des fois ça va
extrêmement loin ! Extrêmement loin !
• V 520-523 Et là aussi donc on a, on a mené une investigation, c’est
allé assez loin, il y avait en fait de leurs voisins ! Qui étaient des
amis proches, qui leur voulaient du mal ! Pi ils faisaient partie
d’une secte satanique, pi ils faisaient des rituels ! En permanence.
• V 524-533 Mais ça n’améliorait pas la situation ! Ce qui veut dire
qu’on essayait d’évacuer de l’eau, mais de l’autre côté on
remplissait à nouveau ! Donc il a fallu créer une distance
géographique, donc ils ont dû complètement cesser de les voir. Pi
je leur ai dit à un moment donné « il vous faut déménager ! Et ne
plus les fréquenter. » Et tout ce qu’ils leur avaient offert, parce
qu’ils leur avaient offert un tas d’objets qui étaient comme des
antennes spirituelles qui restaient dans l’appartement, ils ont tout
évacué, puis au bout de quelques mois c’était terminé. Donc ça
c’est, ça s’est bien passé ! Mais des fois pour identifier la source
du mal, c’est très difficile ! C’est très difficile ! Parce que, on sait
pas ! Il peut y avoir de la jalousie, et aujourd’hui on est très étonné
de voir combien de personnes, font, des rituels, de malédiction.
• V 537 Non ! Alors c’est de la jalousie, de l’envie…
79
• V 539-541 Pi alors ils font ça des fois mêmes ils disent « si ça fait
pas de mal à l’autre, moi ça me fait du bien (rire), parce qu’au
moins, j’ai l’impression que j’ai fait du mal !
• V 543 Mais souvent c’est que ça marche ! Mais c’est fou donc
hein ?
• V 545 Ben oui parce que j’ai des personnes qui me l’ont dit !
• V 547-551 Et souvent c’est que ça marche ! Vous savez par
exemple, on en, on n’en parle pas, mais dans le seul canton d’Uri*
(*nom d’emprunt), on a aujourd’hui plus de quatre-vingt
mouvements, sataniques, répertoriés. Donc ils vouent un culte à
Satan ! Plus de quatre-vingt mouvements ! Personne en parle ! Mais
ils sont là ! Alors on peut y croire, ou on ne peut pas y croire,
c’est égal !
• V 553-557 Mais, le fait est, qu’il y a, des intentions mauvaises, qui
nuisent, et spirituellement on sait qu’on est lié aussi par rapport à
beaucoup de choses. Et quand on veut du mal à quelqu’un, il y a un
effet ! Il y a un effet ! Après il est graduel, il est…mais ça peut des
fois aller extrêmement loin. Et des fois ça marche, c’est ça le
problème c’est que ça marche.
• V 566 Alors moi ! J’arriverai jamais [à] comprendre, mais !
• V 568 Je le constate.
• V 570 Je le constate.
• V 573 Alors elles viennent pas me voir !
• V 576 Elles viennent pas me voir !
• V 593-598 Ou vous dîtes « est-ce que tu en as déjà voulu à quelqu’un,
est-ce que t’as déjà pratiquement voulu lancer un sort à quelqu’un,
ou vraiment avoir une pensée insistante pour que cette personne, elle
ait du mal dans sa vie ? » Ben si les personnes sont honnêtes, elles
vont vous dire « oui. » Et le pire, c’est que bien souvent malgré elles,
80
ces ondes négatives, ouvrent des portes spirituelles. Et il y a
certaines entités qui sont toutes contentes qu’on les appelle pour
faire du mal. Donc ça marche !
3. Observations 3.1 Profils des Hétérogénéité des • Q 64-65 Ouh…c’est très…c’est très vaste, parce que…il n’y a pas
sur les cas de demandeurs cas. deux cas semblables.
possession Grande variabilité des Plus effrayant pour • Q 106-108 Non. Non, non. De tous les horizons possibles et
profils de cas de non-croyants imaginables. Le cas le plus fréquent, ce sont des gens qui
possession, demandes (croyance = forme commencent à s’apercevoir de la supercherie de l’occultisme, qui
d’individus hétéroclites, de coping) commencent à s’apercevoir de leur, de leur aliénation,
refus de responsabilité • V 466-468 De tout ! De tout. Alors ! Dans les personnes que je
dans la possession ou de reçois, celles qui sont le…je dirais, le plus traumatisé, par rapport
remise en cause de au mal-être spirituel en général c’est les non-croyants.
fondement de sa vie (pas Responsabilité vs • Q 165-167 qu’elle n’a pas voulu admettre un certain degré de
possédé), long historique irresponsabilité responsabilité ! Ou tout simplement de la bêtise, elle savait qu’elle
clinique, victimes de (estime). Ne veulent s’exposait à ça, elle pensait s’en être protégée, et puis elle s’est
l’occulte. pas être fous mais aperçue que finalement, l’occulte c’est le monde du mensonge.
pas croire non plus, • Q 262-264 L’autre raison, c’est la non-responsabilité. « Si je ne
diagnostic et suis pas responsable de mes actes, ou de mon état, c’est clair
Soit non responsable de
que…ma perception de moi-même, s’en trouve améliorée.
ses actes (démon espérance, remise en
• Q 264-267 Vous avez donc beaucoup de gens qui sont
responsable) soit démon cause de principe de diagnostiqués qui viennent me voir quand même, pas par curiosité,
cause du trouble, estime à fondement de la vie mais parce qu’ils espèrent une de ces deux situations. Vous avez
préserver. non acceptée aussi des gens qui viennent me voir parce que leur famille, les a
incités à le faire. Pour l’une de ces deux raisons ! Voire même les
Ne veulent pas être fous, deux.
mais ne veulent pas croire • Q 325-327 Hum, en espérant que…mais, malheureusement, ça n’a
non plus, mal-être pas pas toujours été au rendez-vous ce, leurs, leurs espoirs ici étaient
mal placés donc euh…
81
forcément pathologique, • Q 395-399 Mais c’est comme ça, pi des histoires comme celles-là
refoulement impliquant il y en a beaucoup ! Parfois j’ai le sentiment d’avoir plus moins
des comportements compris ce qui se passait. Mais la personne, n’accepte pas non
déviants, incompréhension plus…l’explication, parce que ça remet en question un certain
des symptômes, pas de nombre de principes sur lequel elle a fondé une bonne partie de
sa vie parfois. Ou parce que c’est trop simple ! C’est des choses
réponses, angoisses
qui arrivent.
s’accroissent, entourage
• V 515-516 Mais le seul souci qu’ils avaient, même en venant voir
accentue par la contagion le prêtre exorciste, c’est qu’ils disaient « mais vous allez nous
prendre pour des fous ! »
Ne veulent pas • V 470-479 Parce qu’eux veulent pas croire ! Et là pour donner un
croire, font le tour seul exemple, euh…j’ai eu une…hum une famille, qui était
avant prêtre, vraiment très, très, très, très impactée émotionnellement, parce
incompréhension de que, ils ont…j’entends j’étais le dernier sur la liste. Donc d’abord
signes qui font peur ils ont été chez le médecin, le médecin n’a rien trouvé de
particulier, ils ont dit juste qu’il devait un petit peu prendre des
vacances, parce qu’il était sous stress. Voilà, mais comme ça arrive
à beaucoup de monde ! Ou des couples, un couple qui était en
tension, ils ont été voir un conseiller conjugal parce qu’elle
devenait très agressive envers lui. Seuil de tolérance euh…et
d’irritabilité était extrêmement haut, euh…donc c’était, ça
devenait très compliqué. Et hum…ils ont fait appel à…c’était
quoi ? Un purificateur d’âme, je crois. Qui leur a demandé près de
mille francs,
• V 481-482 Qui est venu, qui a fait, il a allumé de l’encens, pi il a dit
« ouais en effet, il y avait une charge émotionnelle qui était pas
bonne ici. »
• V 482-493 Pi en fait ça n’a fait que s’empirer. Et puis
pratiquement au bout de deux ans, euh ben ils m’ont appelé, pi là
82
ben c’était vraiment la panique totale, parce qu’en fait les
symptômes étaient les suivants, à part l’irritabilité, euh…l’épouse a
commencé à ressentir, la nuit, qu’on la touchait. Et c’était pas son
mari. Donc c’était des mains sur elle et tout et puis elle disait « mais
c’est pas normal ! ». Alors le mari a dit « non mais faut aller te faire
soigner, il y a un problème, est-ce que t’as plus envie d’être avec
moi ? » Donc on cherche des causes. Et, [cette] personne qui avait
aucun antécédent psychopathologique, aucun traitement, aucun
médicament, ils ne fumaient pas, ils ne buvaient pas, ce couple-là,
donc vraiment des personnes qui vivaient très sainement. Ils avaient
trois enfants. Et puis après c’est allé de manière progressive. Ce
qui veut dire après c’est lui qui a commencé de sentir des
attouchements aussi la nuit, alors il a commencé à se poser des
questions.
Contagion des • V 495-498 Et puis après tous les trois heures le matin, ils avaient
symptômes et de la une table de ping-pong qui était du côté de la cave en bas, qui
peur tombait, systématiquement elle tombait à trois heures piles le
matin, toc cette table tombait ! Alors bien sûr ça réveillait les
enfants, après les enfants ont commencé de faire des cauchemars !
• V 504-510 Bon, ça allait très loin. Pi c’est allé jusqu’à un
dimanche, un fameux dimanche où ils mangeaient tous ensemble,
donc il y avait les grands-parents, les parents et les trois enfants
qui étaient là, où elle s’est fait tirer. Donc elle avait une queue de
cheval, pi a un moment donné elle est tombée du siège, et dans leur
salon, vraiment, ils ont vu que quelqu’un la tirait, donc elle était
tirée comme ça par les cheveux. Alors là ça a été la panique, la
panique, la panique, la panique ! Euh pi ils ont dit « non alors là il y
a quelque chose qui joue plus. »
83
Mal-être non • V 722-724 On a aujourd’hui, souvent, dans le cas du service de
pathologique, libération, des…je dirais, des mal-être psychologiques, que je
comportements n’assimile pas forcément à une pathologie.
déviants • V 726-727 Mais certains refoulements, qui peuvent induire,
des…des comportements, on peut dire euh déviants, mais, qui ne
sont pas vraiment d’ordre pathologique.
Historique clinique • Q 387-395 Il existe parfois des choses, que l’on peut, que l’on peut
très important : imaginer. Moi, je, je suis sorti souvent avec la conviction que le
traumatisme problème d’une personne était de telle nature, mais cette personne-
là, l’excluait totalement ! Un cas par exemple, une personne qui
venait, qui avait perdu une, une petite sœur quand elle avait cinq-six
ans, la petite sœur avait trois-quatre ans, et cette personne disait que
ça ne l’avait jamais affectée, que ça n’avait jamais eu d’incidence
sur elle, etc. etc. C’était pourtant une personne qui…avait un
passé, et une histoire de mal-être, et une histoire clinique très
importante ! Mais comme elle voulait pas en parler, que voulez-
vous que je fasse ? Même moi je ne peux pas le faire. Et je ne
saurais probablement jamais ce qui s’est réellement passé.
• Q 464-466 Il y a toutes sortes de gens dans, parmi les victimes de
l’occulte ou des victimes, enfin des gens que je recevais, des gens
qui avaient des blocages intérieurs très profonds !
3.2 Fréquence des cas de Possession rare, • V 30-32 Ce qui veut dire que c’est très rare déjà ! Donc dans le
possession troubles plus service de libération maintenant, dont l’évêque m’a chargé, c’est la
Troubles plus fréquents et fréquents sixième année maintenant, euh…j’ai jamais eu de trouble de
possession rare, mais possession ici dans mon diocèse.
existe, discernement • Q 55-56 Mais ce sont des cas relativement rares. Je n’en ai jamais
nécessaire part des choses vu, observé moi-même en tout cas. Mais je sais que ça existe par
contre.
84
peut être difficile, ne pas • Q 259-262 Alors, un seul. Le trouble psychopathologique, oui, je
se laisser submerger. crois que c’est le cas le plus fréquent. Il y a des gens qui souffrent.
Ceux qui viennent voir un exorciste, le font peut-être en pensant
Possession est ce qui n’est que, finalement c’est peut-être la cause de leur trouble. Et au
pas explicable, possession moins ils viennent pour pouvoir exclure, ou pas, cette explication-
là.
rare et trouble ou désordre
• Q 293-295 Or je pense que la plupart des gens qui avaient
psychologique plus
véritablement des problématiques, étaient des gens qui
fréquent avec une étaient…qui étaient surement, ou déjà pris en charge, ou qui
composante spirituelle auraient mérité de l’être.
possible • Q 430-433 Qu’est-ce que je pourrais bien ajouter ? Alors que toutes
ces choses-là ne sont pas très fréquentes, il faut bien tenir ça
en…droit devant soi, parce que sinon, on tombe dans le panneau
d’en voir partout, d’en voir nulle part. Hein ? Ce sont des choses
qui existent, à petite échelle, mais il faut les voir là où elles sont.
• V 598-603 Alors si on savait comment, par quel biais et où
exactement, ben ça prendrait moins de temps pour traiter ces
personnes, pour les accompagner. Mais le fait est qu’aujourd’hui,
on a une augmentation de cas, notable, et que, chaque année on a
le Pape François, qui demande aux évêques de nommer davantage
de prêtre exorcistes. C’est pas pour rien. C’est parce qu’on a des
augmentations de cas, de personnes qui se disent, spirituellement,
atteintes.
• V 603-605 Alors après je dis bien hein ! Neuf cas sur dix, on peut
les expliquer, c’est des cas relativement faciles à traiter, et il y a
souvent un désordre d’ordre psychologique explicable à la
source…
Part obscure • Q 460-464 Alors pas tout ce qui est, tout ce que je viens d’évoquer
est mauvais, hein ? Mais ! Il faut garder quand même les yeux
85
ouverts, plutôt l’intelligence ouverte ici, euh très facile, de faire
entrer, ce que certains appellent avec des mots commodes : la part
obscure qu’il y a en chacun de nous ! Euh dans notre vie, de lui
laisser de la place, beaucoup plus de place qu’elle n’en a en
réalité.
Influences croisées • V 607-609 Mais où le spirituel a quand même influé. Mais il y a
quand même un cas sur dix qui est vraiment un cas
euh…beaucoup plus grave, où là aussi on doit l’accompagner, le
traiter.
4. Diagnostic et 4.1 Volonté d’objectivité Difficulté de • Q 65-68 Et chaque cas requiert un discernement et, donc, une
observations Nécessité de discernement, discernement, approche tout à fait, particulière, adaptée à ce cas-là. Et donc c’est
appréciation difficile Assimilations des très difficile, la partie la plus difficile c’est le discernement. Est-ce
quand un seul regard d’une symptômes (psy à qu’on a réellement affaire à quelqu’un qui a un problème avec le
seule spécialité, spirituel et inverse) diable ? Euh…si oui, y a-t-il encore quelque chose à faire ?
complexité, pronostic. • V 114-116 Alors on pourra diminuer des symptômes, mais ce qui
est des fois très difficile, c’est qu’on assimile des symptômes
psychopathologiques à des symptômes spirituels. Et inversement.
Ecouter son ressenti mais • Q 124-128 Mais ! Remarquez, il y a aussi des cas humains
ne pas se focaliser dessus, malheureusement…où l’aliénation est telle, que…elle ressemble
techniques d’entretien à fort à la possession, ou en tout cas à une activité diabolique, mais
apprendre pour éviter la elle est simplement une activité humaine, ou plutôt, elle est une
subjectivité, avis d’autres situation humaine ! Qui s’est constituée ainsi, par, des
spécialistes déterminants phénomènes humains. D’ordre génétique, d’ordre…de toute sorte !
pour attester de l’absence • Q 318-319 D’où le fait que distinguer
de psychopathologies, l’aspect...psychopathologique de l’aspect spirituel, est très difficile.
nécessité de connaissances Parce qu’une histoire, une possession, c’est une histoire très
complexe, comme beaucoup d’histoires humaines, hein ?
86
des effets potentiels de la • Q 321-322 Et…et très, très difficile de pouvoir poser un diagnostic
médication. efficace. Surtout en plus quand on est seul et qu’on regarde…d’un
simple côté.
• Q 267-271 Des gens qui avaient…à la fois une certaine maladie
mentale et…des problèmes avec…le malin… Je sais pas, peut-
être. Bon ce n’était pas l’objet de ma recherche non plus hein donc
je ne tenais pas de statistiques. Il est possible que ce cas se soit
trouvé, mais c’est extrêmement difficile à discerner.
Ressenti, mais • V 231 Alors ! Il y a, je dirais, le ressenti.
attention aux à • V 236-240 Mais ! Euh, il y avait le ressenti, mais on voit qu’il faut
priori très vite se décontaminer… Euh quand je discutais avec un
collègue médecin, il me disait « oui, c’est vrai que ça m’a choqué
dernièrement, parce que quand on pose un diagnostic, la moyenne
de temps où on écoute une personne, c’est sept minutes ! » C’est
pas beaucoup sept minutes !
• V 242-246 Pour se dire : « je vais essayer de poser un pré-
diagnostic ». Et, d’emblée justement, euh…dans certains cours,
de…qui sont vraiment pour la psychiatrie, on disait, dans le fonds,
très rapidement, selon notre perception de la personne, comment
elle s’exprime, comment elle se tient, déjà au bout de la deux-
troisième minute on est déjà en train de la mettre dans une
catégorie, on est déjà en train d’aiguiller quelque chose.
• V 246-249 Et on voit qu’on peut se fourvoyer ! Il faut beaucoup
plus de temps pour approfondir les choses ! Alors je dis pas que le
premier sentiment de surface sera faux, mais ! Il y a plusieurs
choses, où dans le domaine spécifique de la libération spirituelle, on
est attentif.
• V 411-415 Et, par rapport à ça, il y a le ressenti, comment je ressens
la personne, et ça ben c’est tout l’aspect de la PNL [programmation
87
neurolinguistique], de l’analyse transactionnelle, je me suis formé
aussi en analyse transactionnelle, donc tous ces aspects-là sont très
importants, purement au niveau humain, échange et ressenti des
choses.
Absence de trouble • V 37-38 Et donc c’est là, où spirituellement, on doit déjà évacuer
psychopathologique, TOUS les signes qui seraient assimilables d’abord à une
psychopathie ou une psychopathologie.
• V 78-81 Toujours. Bien sûr dans le cadre du secret de fonction, du
secret professionnel, et, du secret médical, mais il doit vraiment
avoir une équipe autour de lui où on évacue d’emblée, toute
source qui peut être expliquée par une pathologie, on peut dire,
d’ordre médical. Voilà.
• V 116-120 Et c’est pour ça que moi je fais toujours, en ayant un
petit peu les deux domaines de psychothérapeute et de prêtre
exorciste, j’évacue d’abord le plus possible le terrain de la
médication, le terrain des antécédents, je dirais, de diagnostic
pathologique. Et une fois qu’on a évacué ça, on peut cibler
davantage le désordre spirituel.
Reconnaissance des • V 120-122 On sait très bien que les hypnotiques, que les
effets secondaires benzodiazépines, que les antidépresseurs, que certains somnifères,
médication : provoquent des hallucinations, provoquent des effets comme ça !
ressemblance • V 196-201 C’est comme des personnes où on voit d’emblée, qu’il
possession y a soit une schizophrénie, soit, quelqu’un qui tout d’un coup est
spirituelle borderline, ou qui justement [a] des tas de pathologies ! On sent
très bien qu’il y a cette fragilité-là, on sent qu’elle prend des tas de
substances pour essayer d’évacuer ça, des fois soit, en
automédication ou sur ordonnance, et on sent très bien que le mal,
88
il est là ! Alors il n’y a peut-être pas que ça ! Il y a peut-être autre
chose, mais il est là.
Clarté de distinction • V 269 Et quand eux redirigent des cas chez moi, c’est que
des diagnostics vraiment, il y a un mal-être spirituel avéré.
spirituel et • V 447-448 Euh tout d’un coup on voit ça, et ben pour nous ça nous
psychopathologique indique déjà clairement qu’on n’est plus,
• V 450-451 Dans l’aspect de la psychopathologie, mais qu’il y a
vraiment un désordre et un mal-être spirituel, et là ça va déjà
aiguiller le traitement, plus clairement.
• V 690-692 Et c’est là où on a détecté qu’il y avait vraiment, donc
c’était pas dans le diocèse ici. C’était du côté d’Uri* (*nom
d’emprunt). Et là on a tout de suite identifié, qu’il y avait le double
mal-être, il avait la double peine !
Anamnèse – Bilan • V 51-53 d’abord si quelqu’un se sent tourmenté spirituellement, on
4.2 Techniques de va l’inviter à aller voir le curé de sa paroisse. Qui va d’abord faire
détermination et outils un premier diagnostic spirituel, il va rencontrer la personne deux
Détermination de la part ou trois fois.
humaine et de la part • V 166-168 Je vais surtout d’abord vous écouter, savoir quelle en
démoniaque, généralement est la source, savoir quels en sont les symptômes, qu’est-ce que
vous avez déjà fait, pour essayer de cheminer dans la résolution de
pas de possession quand
ce problème,
trouble • V 260-264 Et puis après, quand on soupçonne, parce que quand la
psychopathologique, personne nous téléphone avant de se rencontrer, alors, même si on
médication efficace ne passe pas un quart d’heure au téléphone, on dit « juste, en
indique en tout cas une quelques mots, est-ce que vous pouvez expliquer ce que vous
part humaine, pratique de vivez ? »
l’occultisme déterminante, • V 332-335 Ouais. Dans les cheminements qu’on fait, je dirais que
c’est, très similaires, à euh…on pourrait dire…l’aspect d’une
analyse psychologique, d’un bilan psychologique, ou d’une
89
historique de la personne psychothérapie. Ce qui veut dire qu’on essaye d’identifier le point
(anamnèse). de passage, qui a créé, le mal-être spirituel.
• V 342-343 On essaye de remonter, et d’identifier, le point de
L’avis médical importe rupture. Le point où ! Il y a eu quelque chose.
beaucoup si médecine • Q 399-403 Une des choses que j’aimais faire, que j’aimais faire
impuissante il s’agit d’un lorsque je recevais des gens, à partir du moment où je constatais
qu’il n’y avait probablement pas d’activité diabolique, qui en avait
mal-être spirituel ou d’une
en tout cas pas les…les conditions ! J’essayais de retrouver un peu
possession à déterminer, l’histoire personnelle et familiale de cette personne.
diagnostic prend du temps • V 399-404 Et donc pour poser un bon diagnostic, surtout quand on
et se fait par étapes, est dans l’ordre du spirituel, ça prend du temps ! On peut
analyse et bilan pas…même si la personne elle est convaincue, elle est convaincue !
nécessaires, objets C’est moi qui prend la responsabilité du traitement. Donc je dis :
spirituels cachés pour « vous être convaincue, mais moi je dois être sûr, de ce que vous
éviter les réactions racontez ! » Parce qu’une chose est de ressentir des choses, une
attendues et vérifier autre chose est de les constater. Et ça c’est une autre histoire.
l’authenticité de la • V 432-434 Et, on investigue, petit à petit, mais c’est un travail de
présence de l’entité, longue haleine. Donc on est, je dirais, le premier stade c’est
provoquant alors des vraiment l’observation. Et là on ne peut pas gagner du temps,
symptômes spécifiques, • V 436-437 en se disant « ben c’est bon, je prends directement la
plus grosse pilule, et pi comme ça elle me fiche la paix ! » Oh non !
inexplicables et
Surtout pas !
déstabilisants, formation
• V 452-453 Et donc voilà. Mais ça, moi je pense dans le premier
spécifique nécessaire pour diagnostic il faut compter entre quatre et six rencontres, donc
rester rationnel, sensations environ 6 mois, pour commencer de voir clairement les choses.
du possédé d’intentions ou • V 249-255 Moi d’abord la première chose que je dois faire, on
d’actions négatives et Attitudes générales du
sujet et consommation regarde comment s’exprime la personne, comment elle nous
témoignages de
de substances regarde, euh, est-ce qu’il y a une certaine névrose, est-ce qu’il y a
l’entourage, constater des une crainte, est-ce qu’il y a, rien que sa présentation sur elle-
90
comportements et attitudes même, on détecte déjà certaines choses, qui nous disent beaucoup,
spécifiques. de la personne. Mais après, c’est, je dirais, d’approfondir le côté des
antécédents. Est-ce qu’une personne se droguait ? Est-ce qu’elle a
des addictions ? Est-ce qu’elle est sous médication ?
• V 385-386 et puis après il y a tout le comportement de la
personne !
Recherche si pratiques • Q 135-137 Hum, il y a toutes une série d’autres critères qui
occultes, spiritisme s’applique auparavant, au préalable. Le premier,
fondamentalement, c’est : est-ce que, est-ce que la personne qui est
devant moi, la victime, a fréquenté le monde de l’occulte, sous
toutes ses formes ?
Réactions aux • Q 299-303 Et si le médicament est très, très utile pour stabiliser
médicaments l’état de quelqu’un, pour essayer de voir aussi une partie diagnostic,
parce que le démon ne réagit pas aux molécules, humaines. Par
contre, si on, si la personne, la victime réagit, c’est qu’il y a, au
moins en tout cas, une partie humaine, dans sa problématique.
Diagnostic • V 128-129 Mais on ne va pas, je dirais, d’emblée dire « c’est bon,
psychopathologique et on a trouvé la source, on arrête là ! » Parce qu’il peut y avoir autre
diagnostic spirituel chose !
• Q 271-275 Par contre dans ma méthode, j’essayais
toujours…j’essayais toujours, je disais toujours aux gens « essayez
de, essayons donc de comprendre, ce qui revient au pathologique,
donc à l’humain, au naturel, et ce qui ne l’est pas. » Je gardais
toujours un œil sur les deux versants de…de ce que je faisais. Mais
c’est rare que…j’ai trouvé des confirmations dans les deux.
Démon ne possède pas • Q 303-315 Mais, voilà, le démon ne possède pas les gens qui ont
les individus souffrant des, des maladies mentales, tout simplement parce que la maladie
de trouble mentale euh…est déjà un instrument de confusion. Donc à la
psychopathologique rigueur il va essayer de faire croire que c’est une possession, alors
91
que la personne présente des…des symptômes de maladie mentale,
ou est effectivement affecté par une maladie mentale. Et là il a fort
peu à faire, mais simplement, à s’en vanter à la rigueur. Par contre,
il va essayer de posséder des gens qu’il ne peut pas posséder, à
priori. Ceux qui vont lui résister. C’est dans ces cas-là qu’on trouve
le phénomène de possession. Ceux qui sont incapables de lui
résister, mais qui sont des malades mentaux par exemple, il ne va
jamais les posséder ! Quel intérêt y aurait-il à le faire, ce serait une
perte de temps et de moyens ! Il devra investir beaucoup, pour
obtenir un résultat qui est quasiment déjà acquis. Pas dans ses
effets, mais en tout cas, pas dans sa nature, mais en tout cas dans
ses effets. Dons il aura déjà ruiné la vie d’une personne sans même
lever le petit doigt, ou en ayant un minimum à faire.
Signes distinctifs non • V 270-283 Alors là, d’emblée, quand on soupçonne tout d’un coup
pathologiques vraiment que ça peut être quelque chose de l’ordre de la possession,
alors là, moi j’ai des, petites choses, que je mets en place à l’insu
de la personne… Parce qu’une personne qui est possédée, qui a
vraiment une entité diabolique qui est sur elle, elle aura des
symptômes qui pour moi euh…sont criants de vérité. Mais il faut
que ce soit fait à son insu. Ce qui veut dire que, en général, elle
pourra rentrer dans une cure. Elle pourra même rentrer au fonds
d’une église, elle pourra moins se rapprocher vers le tabernacle où
on a les hosties par exemple. Ou vers le cœur de l’église où on
célèbre vraiment, l’eucharistie, mais elle pourra encore réussir à
rentrer dans une, dans un grand bâtiment religieux. Par contre elle
pourra pas être en présence, [de] ce qu’on appelle de l’eucharistie,
donc du corps du Christ. Si elle est à proximité du corps du Christ
elle a une très forte réaction. Ce qui veut dire, si je soupçonne ça,
quand je vais recevoir la personne, je porterai sur moi
l’eucharistie, mais elle sera dissimulée. Et, je vois par exemple si
92
la personne ne me regarde plus mais commence à focaliser, son
regard, je me dis « ah ! Il y a quelque chose ! »
• V 287-292 Et puis après, ce que je fais aussi régulièrement, c’est si
j’offre à boire à cette personne, je vais verser un petit peu d’eau
bénite dedans. Et là ! ça crée des réactions très, très fortes. Alors
en général elle ne, elle ne boit même pas ! Donc on voit qu’il y a
quelque chose qui va la retenir, de boire, alors là ! On n’est plus
dans l’ordre d’un mal-être psychologique, ou
psychopathologique, mais on sent d’emblée, qu’il y a la frontière
du spirituel qui a été dépassée,
• 431-432 et on va approfondir, et si la personne me dit « ben tiens,
je peux pas prier ! » « Ah ! Et qu’est-ce qui s’est passé, pourquoi
vous n’avez pas pu prier ? »
• V 511-515 En effet, il y a quelque chose qui joue plus. Mais ça
faisait des fois qu’elle disait « non mais je sentais des fois comme
si une présence, une personne me tirait derrière, me faisait mal ! »
Mais bon ! Et puis là, ben ils sont venus me voir, toute la famille, et
c’était vraiment le moment de la grande, grande, grande remise en
question parce qu’ils disent « non on n’a jamais voulu croire à ça, et
on est tous témoins de ça. »
Symptômes effrayants • V 301-302 Et c’est vrai que, là aussi, on a, on n’en parle pas, et
aident au diagnostic de même nos évêques nous demandent de ne pas trop en parler, parce
possession que ça fait peur. Ça fait peur…
• V 304-310 …quand on parle de certaines choses, maintenant même
mon évêque m’a dit « tu ne réponds plus à des interviews de
journalistes, parce que justement ! Euh les gens ont peur ! »
Euh…Il disent : « non, on ne voit ça que dans les films ! » Alors
c’est vrai que dans les films on mise sur le sensationnel, mais on vit
quand même, des fois, des choses qui sont vraiment assimilables
93
à certains films. Et, le premier défi, que vit le prêtre exorciste,
c’est, de…, d’accepter d’être défié et de ne pas être déstabilisé
dans sa propre rationalité. Et ça si on n’y est pas préparé, au début
ça fait bizarre. Alors on…
• V 312-315 …on vit ça dans nos séances de formation, qu’on vit
particulièrement au Vatican. Mais des fois, euh…surtout quand
c’est la première fois où on voit un tel symptôme, c’est
déstabilisant humainement, parce qu’on ne peut pas l’expliquer.
Et ça arrive !
• V 415-417 Après, il y a l’aspect de « voir », proprement dit, s’il y a
des choses qui dépassent hum…l’aspect rationnel classique, en
disant « nan là c’est quand même bizarre ! »
• V 705-716 Et il me dit, il m’a, je me souviens encore plusieurs fois
il me disait « c’est pas possible ! C’est pas possible, c’est pas
possible, c’est pas possible ! » Et quand je lui disais « mais c’est
pas possible, mais tu le vois ? », il me dit « oui ! Mais je ne peux
pas croire ! Je ne peux pas croire. » A un moment donné il essayait
d’expliquer, justement, en disant « oui mais, tu sais, dans ces états-
là, c’est vrai qu’on peut décupler de la force à ces moments-là », je
dis « oui, oui, d’accord ! », je dis « mais t’as vu les autres effets,
t’as vu comme il se tord, t’as vu… » C’est vrai qu’il me disait
« nan, mais c’est, les positions dans lesquels il se met,
humainement, ça n’est pas possible. » Il m’a dit « il devrait de
casser le dos, il devrait se casser euh… » Et puis euh…voilà ! A un
moment donné il a dû dire « non ! Je l’ai vu (rire), donc je ne peux
plus dire que ça n’existe pas. » Mais il m’a dit « c’est le seul cas »
et c’était quand même un psychiatre qui avait un peu plus de…de
soixante ans ! Donc c’était pas le nouveau hein ?
94
• V 718-719 Mais j’ai trouvé très beau qu’il fasse ce cheminement,
d’humilité, où à la fin il a dit « je demande le baptême, je veux, je
veux me convertir parce que…voilà j’en ai besoin en ayant vu
ça » il m’a dit « je prends ça comme un signe pour moi. »
4.3 Critères et Symptômes, critères • Q 34-36 Ça c’est l’aliénation la plus complète, c’est aussi la
symptômes de possession moins compréhensible parce que c’est celle qui n’a pratiquement
Symptômes visibles ou aucun des symptômes de la possession. Euh, du point de vue
non en fonction du degré psychopathologique, enfin du simple point de vue extérieur.
d’aliénation du sujet, • Q 133-135 Alors les critères de possession pour l’Eglise ce sont
critères de l’Eglise. les critères pour déterminer la possession, ce degré-là d’activité
diabolique, ou ce degré-là d’aliénation pour la victime.
Apparition de signes • V 285-287 Et c’est souvent, de manière, involontaire ! Donc, on
Symptômes non
spécifiques au cours voit qu’elle-même, elle pense pas du tout à ça, mais que l’entité,
volontaires et réactions qui prend le joug sur elle, qui prend l’ascendant sur elle, tout d’un
spécifiques graduelle, des séances, entité se
cache, manifestation coup commence, elle, de réagir !
volonté de l’entité de • V 422-426 C’est vraiment qu’il y a quelque chose d’autre ! Donc
rester dissimulée, nécessite au cours du
traitement ça ! On doit pouvoir LE détecter. Euh et alors ces signes-là
du temps pour que les peuvent émerger, rapidement, au bout de deux-trois séances. Mais
symptômes apparaissent, si la personne est, est vraiment prise par une entité spirituelle, le
réactions aux symboles seul but de l’entité c’est de ne PAS être délogée. Donc elle, elle se
religieux, comportements cache au maximum, et c’est au fur et à mesure qu’on va
violents et injurieux, investiguer,
tensions musculaires, ne • V 681-690 Donc ça a été très difficile de détecter, à quel moment
pas pouvoir prier et il était dans un état, on peut dire, épileptique normal, et à quel
moment il était possédé. Parce que c’était un peu la même chose.
remplir ses devoirs
Sauf que quand, dans les moments où il était possédé, euh…il
spirituels, symptômes invectivait tout le monde, pas forcément dans les, dans ses
perturbants non moments d’épilepsie normale, et donc il jurait…il traitait sa mère
explicables, manifestations de tous les noms. Et puis alors surtout après ce qu’on a constaté
95
bizarres et irrationnelles, c’est qu’en effet il suffisait qu’on ait une croix, qui se rapproche de
défi. lui et puis là, alors c’était la…la débandade. On a même essayé
une fois de l’emmener à l’église quand il était tout à fait normal
donc ! Quand il était pas du tout euh dans, dans ces moments
épileptiques. Et là, on voyait que ça le mettait dans un moment de
furie pas possible, donc hein !
Crispation (aborde • V 294-299 Et là ! ça réagit très, très fort. Et alors bien sûr qu’après
certains sujets), c’est, c’est les…c’est les symptômes qui sont, ou les signes, qui
comportements sont des fois très déstabilisants, qui arrivent, pour nous
irrationnels, position fréquemment, mais très rarement dans le cadre des psychiatres,
inhumaine peu assistent à ça, mais il y a après des choses qui ne sont pas
explicables. Ce qui veut dire, quelqu’un qui tout d’un coup
commence de léviter, euh…on arrive difficilement à l’expliquer, de
manière pathologique.
• V 386-389 Quand on aborde certains sujets, où on sent tout d’un
coup si elle, si elles sont tourmentées, par une entité ou par un lien
spirituel mauvais, quand on abordera certains sujets, on verra très
bien que la personne se crispe. Tout d’un coup elle commence, ou
elle réagit en disant « on stoppe là ! »
• V 417-420 Quelqu’un qui a les yeux qui viennent tout noir d’un
coup, c’est pas…classique. Quelqu’un qui prend trente ans d’un
coup sur son visage en…en l’espace de quelques secondes, c’est
pas normal ! On peut pas l’expliquer ! (Rire) C’est pas un manque
de collagène !
• V 445-446 Heureusement c’est rare. Mais, les signes des fois sont
très déstabilisants, parce que justement c’est toujours au défi, de
notre rationalité, alors si !
96
5. Interventions 5.1 Moyens de traitement Moyens religieux, • V 53-55 Et s’il détecte certaines choses, à son niveau, il peut déjà
et De nombreux moyens prières, retrouver la opérer certains traitements spirituels. Par des prières, par des
intervenants basés sur la Foi, la voie, intercessions. Ou par des, des, des rituels.
confiance dans le accompagnement • Q 70-75 Donc euh…euh…à partir de là, il existe toute une série de
rétablissement, autres spirituel moyens, qui ne sont pas des moyens spectaculaires, ce sont ceux
moyens dépendant de l’Eglise, ce sont ceux de la prière, de la présence du Seigneur,
de cette présence rayonnante, de sa Gloire, comme dans notre
d’autres sources
jargon, euh…qui chasse les ténèbres. Là où vous allumez une
indéterminées (individu, lumière, même dans la plus noire des grottes, eh bien vous obtenez
ou autres), humilité quelque chose de plus…
nécessaire. • V 345-347 Et, on essaye, je dirais, de fermer, ce point de rupture-
là. Alors ça peut se faire, on a des prières, des rituels particuliers,
Traitement progressif, pour refermer, pour que la personne se pacifie et retrouve la
long, humilité à garder bonne, la bonne voie.
pour l’accompagnement, • V 426-430 où là on va passer tout d’un coup du préventif au
discussion sur la vie et les curatif. Le préventif, en général, je vais dire à la
difficultés refoulées, personne « maintenant vous vous rapprochez de votre foi ! » J’ai
nécessité de prendre du des listes de prières spécifiques que la personne va dire pour elle,
temps pour l’analyse et la je vais l’inviter à aller re-fréquenter les sacrements, pour déjà se
rediriger de ce côté-là qui va, qui va l’aider ! Et puis après on va y
compréhension du mal-
aller progressivement, on va chaque fois évaluer les effets de
être, traitement générique guérison,
et accompagnement • V 523-524 Et pour finir, eh ben voilà, on a béni l’appartement, on
individualisé, mettre en a fait un accompagnement spirituel.
place un traitement adapté, Dieu • Q 88-90 le Seigneur, le Seigneur lui a toutes sortes de moyens pour
fixer le cadre, influence de essayer de continuer à tendre la main à une personne. Et si le
l’état d’esprit de la moyen humain, qu’est l’exorciste, n’a pas fonctionné, il en a peut-
personne sur son être d’autres !
97
traitement, prières, Foi, • Q 95-98 C’est aussi, un exercice d’humilité pour un exorciste. Il
sacrements, bénédiction et faut bien comprendre que, ce n’est pas lui qui, qui fait quelque
accompagnement spirituel, chose, mais qu’il n’est qu’un…qu’il n’est qu’un répétiteur, pour,
évaluation de la guérison. pour utiliser une terminologie moderne, n’est qu’un répétiteur pour
un émetteur bien plus grand que lui.
Autres • Q 85-86 Ou ça marche euh…on ne sait pas comment, des fois. Ou
ça marche parce que la personne en…fait autre chose qui pourrait
éventuellement, on ne sait pas !
Humilité et patience • V 781-786 Et donc c’est, pour moi l’étude de la personne humaine,
dans le mal-être spirituel, est chaque fois un cheminement,
individuel, spécifique, et jamais générique. Voilà. Mais pour moi
c’est une très belle expérience de vivre ça, mais c’est un ministère,
très exigeant ! Parce qu’on doit vraiment se mettre, je dirais, au
deuxième plan. Au deuxième plan. Et on doit pas venir d’emblée
avec sa science et sa baguette magique en disant « c’est bon ! J’ai
trouvé »
• V 788 Modeste, modeste.
Instaurer un climat • V 155-156 C’est très délicat ! C’est très délicat parce que…euh…il
de confiance, y a une confiance qui doit d’abord s’installer.
bienveillance, « je ne • V 188-193 Et en général, ça fonctionne bien ! Parce qu’on essaye
suis pas fou », de cheminer, d’abord il faut installer, je dirais instaurer un climat de
rassurer, mais aussi confiance, d’échange, de bienveillance, mais ça peut, souvent,
soutien/ne pas faire sortir la personne d’une ornière dans laquelle elle s’est mise.
Et ça je pense que c’est autant valable, pour le côté spirituel, que
dédramatiser
pour le côté psychopathologique ! Et la phrase qui revient souvent,
c’est de dire : « je suis pas fou ! »
• V 195-196 « Je vois ça ! Je vis ça ! Je suis pas fou ! » Et on dit :
« absolument pas ! »
98
• V 201-211 Et la personne, régulièrement, a besoin de se légitimer,
et d’être légitimée en disant « mais je ne suis pas folle, je suis une
bonne personne ! » Et d’emblée il faut lui dire « mais absolument
pas ! Mais par contre ce que vous vivez là, ou ce que vous ressentez
là, c’est explicable par un procédé chimique de médication ! Donc
vous n’êtes absolument pas folle, par contre, c’est le médicament
qui provoque certains états ! » « Ah bon ! Donc, mon souci c’était
que je sois folle ! » Et souvent c’est ça ! Euh…et je crois que
l’accueil qu’on a à faire c’est d’abord, d’entendre la personne,
d’essayer de, de participer, de comprendre ce qu’elle vit, ce par
quoi elle est traumatisée. Mais on n’est pas là pour
dédramatiser ! Ce qui veut dire, si on ressent vraiment qu’il y a
quelque chose de particulier, on doit lui dire : « écoutez, en effet,
il y a quelque chose, mais on a de toute façon LA solution ! ça
peut prendre un certain temps ! »
• V 260 On a déjà le soufflé qui se dégonfle tout d’un coup.
• V 350-353 Où je lui dis « parlez-moi de votre vie. Parlez-moi de
vos, de votre sentiment. Maintenant on sort du bilan que vous tirez
aujourd’hui, et on remonte. On remonte, et on regarde à quel
moment il y a eu, rupture, dans votre être. A quel moment
quelque chose est venu s’immiscer, et contredire et contrarier les
choses. »
• V 518-520 « Parce que vous n’allez pas nous croire ! » Pi j’ai
dit « non, je vous crois, parce que ça peut arriver ! » J’ai dit « par
contre, il faut qu’on investigue maintenant ce qui se passe. »
Traitement graduel , • V 319-321 Et dans le service de libération, on chemine, petitement,
long traitement, 1h- modestement, on accompagne la personne, mais ça peut durer
1h30/mois parfois des années. Ça peut durer des années, dans le service de
libération, ouais.
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(ressemblance : • V 347-350 Mais ! ça prend je dois dire, en tout cas, si quelqu’un a
psychanalyse) vraiment un gros mal-être spirituel, je les vois à un rythme d’une
fois par mois. Une heure à une heure et demi d’échange. Je pense
que, en tout cas les six premiers mois, c’est pratiquement que la
personne qui parle.
• V 353-358 Donc, je crois que c’est vraiment un cheminement, qui
est de longue haleine, et, où on essaye d’abord de renvoyer la
personne à sa propre vie, à ses propres doutes, et des fois à ses
propres douleurs ! ça peut, il y a des fois des personne où on voit, il
y a toute une période de leur vie qu’elles ont occultée ! Qu’elles
ont occultées ! Et là on est vraiment dans la psyché ! Parce que le
refoulement, on est dans le Freud hein !
Traitement adapté • V 395-399 Mais ce que doit comprendre aussi la personne, c’est
au mal-être, primum que c’est comme tout traitement, et c’est pour ça que je fais
non nocere beaucoup de parallèles avec la médecine, c’est que tout traitement
spirituel doit être proportionné au mal-être. On va pas envoyer
quelqu’un faire une radiothérapie, si elle a un ulcère. On va lui
dire « non ! » On veut toujours adopter le bon traitement au bon
diagnostic.
• V 439-443 Je pense qu’il faut être très, très, très sérieux de ce côté-
là. On a, on a, je dirais, la même, le même adage et, et pour nous la
même maxime que les médecins ! Primum non nocere ! On veut
d’abord pas nuire ! Et on peut pas adopter n’importe quelle
prière, ou n’importe quel rituel ou pratique, euh…de manière, on
peut dire, hâtive ! On doit vraiment, analyser, que, euh…qu’il y ait
vraiment un mal-être.
Feuille de route, • V 389-395 « Alors très bien, on arrête ça maintenant ! Mais la fois
spirituel, re- prochaine c’est là qu’on va mettre le doigt ! » Et je crois que c’est,
on est vraiment après dans la recherche de la vérité. Mais, il faut
100
stabilisation vraiment y aller à pas de loup, parce que c’est dans le fonds la
spirituelle personne qui dicte aussi le rythme, moi je ne me fixe pas de
rythme, je fixe juste le cadre de la rencontre, par contre je ne dis
pas : « aujourd’hui je veux qu’on arrive là ! » Je dis : « aujourd’hui
on continue. Et on creuse. Et on verra où ça nous conduit. »
• V 453-455 Mais la personne est accompagnée, et quand elle repart
à la maison, d’un mois à l’autre, elle a une feuille de route, elle a
un traitement, déjà, mais qui est un traitement, je dirais générique.
• V 457 Pour déjà, l’aider, dans l’aspect de se re-stabiliser
spirituellement.
Etat d’esprit influe • V 216-221 Et puis on dit : « non, non, non, non, non, il faut qu’il y
sur l’état (possession ait un retournement ! Un retournement du cœur, un retournement
ou psy) de l’état d’esprit, et ça, ça prend, ça prend du temps ! » Mais
c’est comme tout ! Quelqu’un qui est atteint d’une maladie
particulière, il y aura le traitement, mais son état d’esprit va
influer énormément sur le résultat du traitement ! Et c’est
exactement la même chose pour le spirituel.
5.2 Rôle de l’exorciste Exorciste comme • V 32-34 Par contre, j’ai dû aller aider à des exorcismes, donc
La présence de l’exorciste moyen entre l’exorcisme c’est justement le traitement pour une personne
peut être nécessaire pour d’autres, seulement possédée, pour d’autres confrères, pour aller les assister.
l’accompagnement du quand nécessaires, • Q 86-88 Dans ce domaine vous voyez, il faut bien comprendre une
possédé. traumatisant et chose : l’exorciste n’est qu’un moyen, euh…
épuisant pour les • V 404-411 Ce qui veut dire que dans l’aspect du traitement
deux parties proportionné, on doit être sûr qu’on ne va pas faire plus de mal
Spécialisation, méthodes avec le traitement que de bien. Parce que, ne serait-ce que
spécifiques pour les mal- de…faire pratiquer un exorcisme, c’est quelque chose de
être spirituels maximaux, traumatisant, et d’épuisant, pratiquement autant pour la personne
traitement nécessaire pour que pour le prêtre exorciste. C’est quelque chose de très, très fort.
C’est un combat ! Et il y a des personnes, qui, tout dépend à quel
101
la possession spirituelle, stade elles en sont, et comment est-ce qu’elles supportent au
prend du temps, augmente niveau physique, au niveau spirituel, au niveau dans le fonds des
les pathologies, besoin de ressources énergétiques, on pourrait les faire mourir ! Donc moi je
confiance, besoin d’être prendrai pas la responsabilité, avant d’être sûr, que c’est le seul
rassuré, exorcisme comme traitement à adopter !
• V 694-699 Alors là aussi il a fallu procéder à un exorcisme, tout en
moyen ultime car épuisant,
sachant que le côté pathologique, ben il resterait quand même
point de rupture et sans doute à vie, mais qu’en tout cas le côté spirituel, on avait à
intrusion du mal. chasser euh celui qui augmentait encore toute sa charge,
pathologique. Alors on y est arrivé, ça a pris euh…quand même
environ deux ans hein ? Donc il a fallu, parce qu’on devait y aller
doucement ! Parce que aussi au niveau du cœur des fois ça le
mettait dans un état pas possible.
Importance de la • V 25-29 C’est comme dans une maladie, si on parle d’une maladie
présence de dégénérative, ou si on parle d’un cancer, c’est le maximum. Mais
l’exorciste, exorciste le médecin va tout autant s’occuper de traiter ces maladies-là, plutôt
nécessaire car après des spécialistes, dont l’oncologie ou le palliatif, ou alors un
spécialité médecin généraliste pourra s’occuper de troubles « classiques », de
troubles mineurs.
Rassurer, prendre en
• V 48-51 Mais là ! On a déjà une gradualité, dans l’aspect de la
charge, écouter,
libération spirituelle. Et ce que fait le prêtre exorciste, qui est dans
accueillir le le fonds, le médecin « spécialiste » du mal-être spirituel, comme
témoignage, on aurait parce que je fais souvent des parallèles entre le médecin
nécessité de généraliste et le spécialiste,
confiance • V 55-58 Et s’il voit qu’il y a vraiment quelque chose de
supplémentaire, il va rediriger chez le spécialiste qu’est, justement,
le prêtre responsable de l’exorcisme, ou de la libération, qui lui va
se charger, et qui lui a des méthodes encore plus fortes pour
intervenir à ce niveau-là.
102
• Q 90-93 Ça veut donc dire que l’exorciste n’est pas d’une
nécessité absolue. Euh…mais ! Il est clair que sa présence,
néanmoins, à de…à de tels degrés d’aliénation, euh…a une
certaine importance, ou peut en avoir une, une certaine ! Et donc
euh…il est très important de ne pas s’en passer. Au moins
pendant un temps.
• V 122-125 Euh si d’emblée une personne me dit « voilà, tous les
médicaments que je prends », et puis en même temps « je me sens
assaillie par des visions, des ci, des ça ! » Je vais déjà essayer de la
tranquilliser en disant « mais il y a déjà un effet secondaire de vos
médicaments, qui implique…
• V 127-128…des effets similaires. Alors avant de paniquer tout de
suite, on va déjà essayer, peut-être, de voir si c’est vraiment ça !
5.3 Collaboration, Inadaptation, • Q 248-250 Une aliénation en partie volontaire au moins au début !
responsabilités et prise responsabilité du Et là…, l’exorcisme vient éventuellement pour essayer de
de conscience du sujet sujet comme acteur récupérer, de reconquérir cette liberté. Mais sans la collaboration
Action et engagement du de son état, du sujet lui-même…
sujet indispensables, possession • Q 252-253 On n’obtient pas grand-chose. Et comme je disais au
remise en question uniquement quand début, nous sommes une époque où si, on ne peut pas tout avoir tout
nécessaire, travail et sujet très impliqué de suite, on ne fait rien.
persévérance, pas de dans la perte de • Q 327-329 Parce qu’il faut bien comprendre, que…il n’y a
baguette magique, liberté possession que pour ceux qui sont hautement impliqués, dans des
implication volontaire activités qui vont aliéner sa liberté. Donc l’occultisme.
dans l’aliénation de la • Q 502-510 Autre chose que je disais souvent aux gens qui venaient
liberté, inadaptation. chez moi, et à qui je leur disais : « mais écoutez : vos choix, votre
manière de voir la vie et de la vivre jusqu’à maintenant vous ont
amenés dans l’impasse où vous êtes. Pensez-vous vraiment que
Nécessité de prise de sans rien changer vous allez pouvoir sortir de cette impasse ? » Et
conscience, d’acceptation donc je concluais toujours en disant « écoutez, si vous voulez que
103
et de remise en question, quelque chose change dans votre vie, il faut que vous acceptiez de
collaboration et respect changer quelque chose ! D’accepter l’idée que pendant un certain
réciproque nécessaires, nombre d’années vous vous êtes trompés sur certains faits, ou sur
aide pour trouver une certains choix, ou sur certains comportements, ou ! Qu’il serait plus
solution, travail conjoint et intéressant de sortir de certaines fixations ! » Qui, qui opèrent
chez beaucoup de personnes.
acceptation du diagnostic.
Action du sujet, pas • Q 48-50 Là il n’y a qu’une personne, il n’y a qu’une seule
de baguette personne qui puisse faire quelque chose, c’est…c’est le sujet lui-
Prise de conscience de ses
magique, même. Il n’y a que lui qui peut mettre fin à son alliance avec le
ressources, reconquête de
persévérance, démon.
sa liberté
collaboration de la • Q 68-70 Quel degré de…d’activité diabolique dans la vie de cette
personne nécessaire, personne et quel est son désir véritablement de s’en affranchir ?
attentes absurdes Parce que ça, c’est de ça que tout dépend en réalité hein !
• Q 75-79 Et, donc hum…il existe différents moyens, hum le premier
c’est pas un moyen classique, c’est : la persévérance. C’est à dire
que…on ne vérifie pas l’existence d’un certain nombre de faits ou
de conditions une fois pour toutes, il faut enseigner à celui qui est
possédé ou à celui qui est victime d’activités diaboliques eh bien,
tout simplement à faire un choix et à s’y tenir. Parce que…de
son…désistement ou, de son manque de persévérance, ben va
dépendre la suite.
• Q 80-81 L’exorciste c’est comme un médecin dans ce sens-là, il
prescrit des médicaments, si le patient ne les prend pas… Ça ne
marche pas.
• Q 109-112 et qui espèrent pouvoir en sortir, d’un coup de baguette
magique ! Le problème c’est que la magie n’appartient pas au
Seigneur ! Et par conséquent, sans un engagement de leur part,
rien n’est possible. Et malheureusement beaucoup ne veulent pas
104
admettre. Nous sommes dans une époque, où tout, si tout ne
tombe pas tout cuit dans l’assiette, personne ne va manger.
• V 156-161 Et, on a trop souvent tendance maintenant, à très vite !
Je ne sais pas si en même temps c’est la pensée, aujourd’hui, de
voir des films, etc., on se dit « tiens, il y a un coup de baguette
magique, j’ai un mal-être, je vais chez le prêtre exorciste, il fait son
petit gri-gri, et c’est bon ! » Euh, non ! C’est pas comme ça que ça
se passe. C’est la même chose ! Il y a des médicaments qui peuvent
fonctionner pour une petite chose et des fois il y a des traitements
de longue durée.
• V 211-212 Et puis la deuxième chose aussi, qui est importante dans
le cadre du service de libération, quand je disais tout à l’heure, c’est
que c’est pas un coup de baguette magique !
• V 214-216 Donc ça demande, véritablement, une collaboration de
la personne. Et c’est là où la personne des fois dit : « ah oui, ça je
pensais pas ! Je pensais qu’en fait, je prendrais un médicament
spirituel et tout serait fini ! »
• Q 279-281 Souvent, les gens qui se sont en partie aliénés dans les
pratiques occultes, eh bien ils ne mettent pas tant de temps que cela
à s’en détacher eux-mêmes, et ! A se trouver libérés, de ses
influences.
Humilité du sujet – • V 161-166 Alors, moi quand j’ai des personnes qui viennent, ça
respect réciproque arrive très, très régulièrement, qu’elles disent « eh ! Ecoutez, moi
faudrait me faire un exorcisme, parce que je suis possédé ! » Je dis
« déjà vous allez vous asseoir, et on va discuter ensemble » et j’ai
dit « on va installer tout de suite des règles ! Premièrement : vous
devez être libre et moi aussi. Deuxièmement, si vous venez me voir,
c’est qu’il y a un problème. Le problème, on va essayer ensemble,
de l’identifier.
105
• V 168-178 et manifestement ce qui vous amène chez moi, c’est que
vous n’avez pas réussi à le résoudre ! Donc on va essayer de
discuter ensemble. Troisième chose, vous devez savoir que,
aujourd’hui, la discussion peut nous mener à poser un autre
diagnostic, dans lequel vous vous êtes enfermés. » Et je leur dis
très régulièrement : « si vous allez chez votre médecin, et que vous
avez mal, ici, vous allez peut-être dire « écoutez Docteur, j’ai mal
ici. » Ok ! Le médecin va dire : est-ce que vous avez mangé
quelque chose qui ne vous convient pas ? Est-ce que vous avez des
antécédents ? Est-ce que ça fait longtemps ? Est-ce que vous avez
eu un choc ? Etc. ! Il va investiguer. Si vous arrivez chez le
médecin et que vous lui [dîtes] : « Docteur ! J’ai mal là, j’ai un
cancer à l’estomac ! Envoyez-moi tout de suite faire des rayons ! »
Il va vous dire : « la porte, elle est là ! »
• V 180-188 « Parce que c’est pas, vous, qui devez poser un
diagnostic. Vous, vous devez dire : « j’ai mal ! Je ne me sens pas
bien », donc on va investiguer ensemble. » Donc d’emblée je crois
que ce qui est très important dans mon, ministère, c’est d’établir
une règle, où la personne se sent libre, et où moi je me sens libre. Et
je lui dis d’emblée : « je vais peut-être, vous contredire, dans
votre propre analyse de la situation ! Mais si vous venez me voir,
c’est pas simplement que vous voulez un certificat de
complaisance, mais que vous voulez au contraire trouver, quelle en
est la source, et qu’on chemine ensemble pour vous guérir. Et si
je ne suis pas la bonne personne, à ce moment-là, vous, devez
accepter, que je vous redirige vers une personne, qui pourra
soigner véritablement la cause de votre traumatisme. »
• V 775-781 Et c’est tout ! Mais c’est pas…c’est pas un but en soi !
Et donc pour moi, c’est vraiment ce service d’humilité, de
106
connaissances, parce que j’ai énormément appris, ne serait-ce qu’en
voyant la vie des personnes, les expériences des personnes, ce
qu’elles disent d’elles-mêmes, ce qu’elles détectent en elles-mêmes,
et non pas de dire « j’ai la science, je sais ce qui se passe en
vous. » Euh, non ! « On va cheminer ensemble et d’après un
donné notionnel, d’après un ressenti, je vais essayer, avec vous, de
vous donner des éléments qui vous permettront de construire à
partir de ce que vous êtes. »
Autonomisation et • Q 279-281 Souvent, les gens qui se sont en partie aliénés dans les
ressources pratiques occultes, eh bien ils ne mettent pas tant de temps que cela
à s’en détacher eux-mêmes, et ! A se trouver libérés, de ses
influences.
• V 760-765 Et je crois que, on est toujours en phase de recherches,
et moi ce que j’ai appris maintenant ces six premières années, c’est
vraiment, que, un : on doit renvoyer la personne à sa propre vie,
à ses propres ressources, parce qu’elle en a énormément, et souvent
on lui a dit « maintenant tu ne peux plus rien faire pour toi, il faut
trouver d’autres qui vont t’aider. » « Non, non, non, non, non !
D’abord c’est vous. »
• V 767-771 « Et vous devez vous reconnectez avec vous-mêmes et
vous verrez que vous avez toutes les ressources pour réussir. »
Dans le fonds c’est, de réussir à autonomiser la personne. Parce
que moi ça m’intéresse pas qu’une personne devienne liée à moi et
dépendante de moi, surtout pas ! Et d’ailleurs même les
psychologues ne veulent pas ça en général !
• V 773 Autrement c’est qu’on veut euh avoir son portefeuille de
clients
107
6. Contexte de 6.1 Accompagnement Psy : diagnostic • V 70-73 Et ces personnes-là en général, les premières personnes
collaboration inadéquat et limitations pathologique et qu’on va rechercher, c’est d’abord une assistance médicale. Le
de la science ensuite Q spirituelle prêtre vient souvent en dernier lieu. Et…bon ! Des fois les
Réduction des problèmes psychiatres essayent de traiter, ils essayent d’abord d’évacuer toute
et des maux à des autre pathologie avant de penser éventuellement qu’il y a quelque
pathologies psychiatriques, chose d’ordre spirituel.
suivi médicamenteux, Accompagnement • Q 116-120 Voilà. C’est ça le problème ! A une autre époque il y
abandon des personnes inadéquat – avait une autre culture, il y avait d’autres institutions, il y avait
souffrantes, remplacer une médicaments. d’autres formes d’accompagnement. La société s’organisait
emprise par une autre. Courant dominant : différemment pour occuper, euh, pour s’occuper de ces personnes-
Difficulté à admettre de ne psychiatrie, science là aussi. Aujourd’hui, on les laisse tomber, on les réduit dans
pas savoir, réticence à se des…dans des hôpitaux psychiatriques, je vais être un peu
tourner vers le spirituel, péjoratif, mais ce n’est pas mon intention hein !
rationalité trop importante, • Q 122 Et puis on les bourre de médicaments, c’est tout ce qu’on
manque d’humilité, sorte sait faire. Et c’est triste !
d’acharnement • Q 295-299 Mais pas pris en charge en prenant des médicaments,
thérapeutique qui peut être ça c’est toujours la grosse difficulté, chaque fois que je parlais
délétère pour le sujet. de…de suivi psychologique, je parlais rarement de psychiatrie,
hum j’ai toujours eu beaucoup de réticence à le faire parce que je
La volonté de séparer la
savais que dans la plupart des cas, ils finiraient soit dans un
science et la spiritualité est hôpital, soit dans une institution, soit en tout cas sous l’influence
trop importante pour que de médicaments.
la science puisse trouver • Q 315-318 Oui euh…alors j’ai pas connu de cas direct, mais…des
des suivis efficaces, gens qui prenaient des médicaments, et qui tout à coup n’ont plus
l’humain n’est pas que besoin d’en prendre, et qui de manière stable, guérissent de
psychisme le spirituel fait certaines maladies mentales, oui, j’en ai rencontré. C’est pas moi
aussi partie de sa vie, qui les ai…suivis, mais j’en ai rencontré. Il y en a, pas énormément,
mais il y en a !
108
l’aspect déontologique • Q 341-345 Je dirais même qu’actuellement, avec tous les problèmes
empêche de s’ouvrir si la sanitaires que nous avons, les gens sont en train de s’habituer à
psychiatrie/psychologie l’idée que les scientifiques détiennent des réponses, ou en tout cas
veut rester neutre et les cherchent, et pas les autres. Parce que les autres ben… !
objective (scientifique), Malheureusement, sont aussi victimes des…des complotistes.
Hein !
séparation des points de
• Q 372-377 Comprenez ! Une des, une des raisons pour laquelle
vue peut avoir des aspects
aujourd’hui, dans le monde de la psychiatrie, on prescrit des
positifs et négatifs. médicaments en mettant les gens dans des institutions, c’est parce
qu’on n’a pas réellement…on a pas réellement de choses à
proposer. A part les médicaments. C’est qu’on n’a pas forcément
d’explication, au mal-être de bon nombre de gens. Un mal-être
qui n’est pas forcément si difficile que ça à expliquer, mais qui
demande un suivi différent de ce que, eux, peuvent faire !
• Q 476-478 Parce que si l’avenir c’est de réduire certaines
personnes dans des institutions et sous l’emprise de médicaments,
tout le reste de leur existence, c’est pas une solution !
Science inadéquate • Q 345-349 Des gens qui vous trouvent des solutions, toutes faites !
dans problèmes Alors qu’on, il y en a jamais de solutions toutes faites, euh…qui
personnels sont contre la science, alors que moi je suis pas contre la science !
(complexe) : suivi à Simplement je dis : « la science ne peut pas…euh prétendre à
adapter toucher le monde, le spirituel dans l’être humain. Parce que…c’est
une question de principe pour elle et parce que cela aussi
appartient à chaque personne.
Besoin d’humilité de • V 106-114 Alors ! Est-ce que ça se fait à l’inverse ? Pas toujours.
la science quand Pourquoi ? Parce qu’il faut avouer que la…l’écrasante majorité, je
dépassée ne veux pas dire tout le monde hein, mais l’écrasante majorité des,
des scientifiques au niveau médical, ils ont beaucoup de peine à
se dire dépassés par certains cas. Donc euh…il faut vraiment que
109
leur rationalité soit touchée, pour qu’ils disent « là ça ne me
concerne plus. » Il faut qu’eux-mêmes, vraiment, soient dépassés,
dans leur scientificité, pour dire « bon ! C’est plus mon
domaine ! » Mais c’est très difficile parce que ça demande
vraiment de l’humilité. En disant « voilà, malgré tout mon savoir,
là, je dois reconnaître qu’on touche un domaine qu’aucun
traitement, aucun médicament, connu à ce jour, ne peut
soigner. »
• V 611-615 Et on a notamment des psychiatres très rationnels, qui
même s’ils voient une chose qui les dépasse, ils vont quand même
poser un diagnostic d’ordre pathologique, avec un traitement
d’ordre médicamenteux et thérapeutique, et qui va peut-être
même augmenter encore le mal-être spirituel de la personne ! Et
ça je trouve, en effet, que c’est dommage.
• V 868-870 Mais je crois que tous les scientifiques, et je crois que
celui ou celle qui a un esprit scientifique, doit essayer de toujours
s’ouvrir, et jamais dire « c’est bon, j’ai terminé ma formation, je
sais. »
• V 872-875 Euh…moi je dois dire quand on…enfin moi ça été mon
expérience, je continue aujourd’hui euh…ma recherche. Je continue
l’enseignement à l’université, ça me passionne, et je vois que, tous
les jours, je me reconnais petit, devant ce qui vient. Et, pour moi,
l’aspect scientifique, ça doit être ça.
• V 877-878 Se reconnaître petit en se disant « j’apprends, j’avance,
j’acquiers, je me remplis, mais il y a toujours de la place pour autre
chose. »
Problème d’éthique • Q 333-336 Il existe toute une série d’enjeux qui sont à la limite du
(psy), limitations psychologique et du spirituel, euh…qui pourraient être mis en
jeu. Le problème c’est que comme les psys se, se prétendent à la
110
neutralité, euh…ils vont pas forcément essayer certaines choses
qui sont d’ordre spirituel,
• Q 358-363 Le problème c’est que, eux sont…sont soumis à un
certain, à une certaine déontologie…et…travailler avec un prêtre
exorciste, c’est pas toujours ce qui…enfin on sait pas trop si c’est
déontologique ou pas. Et donc même croyants, pour essayer
d’éviter tout malentendu, il y a une séparation très nette entre les
deux. C’est un bien, parfois, ça n’est pas un bien dans d’autres
cas !
• Q 473-476 Qu’est-ce que je peux vous dire encore… La
psychologie, avec son devoir de neutralité, se met beaucoup de
limites ! Est-ce qu’il y aurait un moyen pour que…cette neutralité
puisse être bien comprise ? Et ainsi permettre d’ouvrir un peu plus
le champ des interventions possibles, ou des suivis possibles ? Ce
serait souhaitable.
• Q 480-483 Voilà. Je crois que les psys ont un problème
fondamental : ils ne comprennent pas que, une bonne partie de leur
travail, est d’ordre spirituel, pas psychique ! Que le psychisme a
ses règles, ses fonctionnements, mais que ça n’a…pas grand-chose
de spirituel !
• Q 490-494 Et si l’on veut essayer d’ajuster quelque chose, de
réparer quelque chose, d’améliorer quelque chose, ou d’optimiser
quelque chose, dans ce domaine, on ne fait plus, du psychique. On
doit entrer dans le, dans l’idée que l’on va…entrer dans le
domaine spirituel d’une personne. Est-ce que cela est
déontologique ? Je sais pas.
• Q 494-498 C’est comme ça que j’analyse une certaine défiance vis-
à-vis de, de la psychologie en général, c’est parce que, elle donne
trop ou pas assez. Pas assez dans le sens où, omettant
111
complètement l’aspect spirituel, l’aspect relationnel d’une
personne, euh, ou plutôt le réduisant cet aspect relationnel à son
aspect psychique, eh bien elle se prive d’un champ
d’interventions possibles.
6.2 Besoin de formation Volonté et besoin de • Q 332-333 Et même moi qui ai une certaine expérience, j’ai jamais
pour les prêtres formation eu de formation, complète et systématique, dans ce domaine.
Volonté de formation pour • Q 336-337 et les, et les prêtres, les gens comme moi, ne sont pas
mieux comprendre et gérer non plus formés de manière adéquate en matière psychologique,
les cas, expérience ne • V 38-41 Et c’est pour ça, que normalement, chaque prêtre exorciste
suffit pas. devrait se former en psychopathologie… Moi j’ai voulu me
former en tant que psychothérapeute, c’était un peu plus facile pour
moi vu que j’avais déjà un doctorat, mais en psychologie religieuse,
Volonté de formation pour euh mais il a fallu faire un pont.
mieux comprendre et gérer • V 255-258 Et c’est là où pour moi c’était très important euh,
les cas, connaissances d’avoir aussi la connaissance médicale, des effets de certains
médicales nécessaires pour médicaments et de certaines substances, pour tranquilliser déjà la
mieux distinguer les effets personne en disant : « ce que vous avez là en prenant ça, c’est
de la médication, approche absolument normal. » « Ah ! »
psychothérapeutique Trop de formations • V 740 On est d’accord. Et après il y a les différentes écoles !
aidante. différentes • V 742-748 Donc ça c’est vrai que…là je vois (rire) maintenant, les
écoles sont tellement nombreuses ! Moi je dois dire que c’est vrai
que dans l’aspect de la, de la psychologie et de tout ce qui est le
« cycle de vie », le « scénario de vie », hum moi j’ai beaucoup
travaillé sur l’analyse transactionnelle. Euh, voilà, ça m’aide,
beaucoup, par rapport à certaines choses parce que je trouve que ça
rejoint énormément d’écoles. Mais je sais qu’il y en a qui sont très
frileux avec l’AT [l’analyse transactionnelle] donc euh ceux qui
sont très classiques dans certaines choses. C’est très, c’est
compliqué des fois.
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6.3 Relationnel inter- Position de la • Q 339-341 De toute façon il y a une méfiance, depuis longtemps
discipline difficile science face à de…certaines franges de la…du monde scientifique. Et…c’est
Méfiance, évolution l’Eglise (méfiance) clair que dans ce domaine, une évolution quelconque, même
positive vis-à-vis de la minime ! Elle est pas pour demain donc !
spiritualité, la croyance du Croyance du • Q 357-358 C’est arrivé ! Alors il y a des psychologues croyants. Il
psychologue ou son psychologue/psychia y a des psychologues qui n’excluent pas ! Avec ceux-là le, le
ouverture d’esprit peut tre, collaboration rapport est, parfois possible !
permettre la discussion. plus facile quand psy • V 73-76 Mais ! Il y a ensuite une collaboration. Il y a des
croyant médecins, qui sont croyants, qui disent « maintenant, ça, ça me
Croyance du psychiatre dépasse ! ça n’est plus dans l’ordre de la médecine mais on est
aide à demander de l’aide, vraiment dans l’ordre du spirituel. » Mais là aussi des fois les
quand certains que pas frontières sont très ténues entre les deux.
pathologiques, frontières • V 263-269 Et si on détecte quelque chose de beaucoup plus grave,
au niveau d’une éventuelle possession, ou que c’est redirigé, parce
fines entre psychique et
que là j’ai actuellement deux psychiatres avec qui je travaille, qui
spirituel, croyance sont deux psychiatres, on peut dire, fervents catholiques, qui eux
commune aide à la vraiment sont des, ils sont très croyants ! Et c’est typiquement
collaboration, manque de avec eux que, euh…qu’on organise de temps en temps une
considération inter- triangulation, pour certains cas, et ça m’arrive régulièrement que,
spécialisation, débats eux, redirigent certains cas chez moi.
inutiles, humilité et respect • V 699-701 Donc il a fallu qu’on travaille, là aussi c’était un
nécessaires. magnifique travail qu’on a eu à faire, avec son psychiatre, qui
n’était pas croyant, et qui, après, la…la fin de l’exorcisme, a
demandé le baptême. C’est étonnant hein quand même hein ?
• V 703 Ouais, il s’est converti.
Respect, opposition • V 629-630 Mais je pense que ça on l’apprend aussi au niveau de la,
de la déontologie médicale, mais on l’apprend plutôt entre
médecins, et non pas entre prêtres et médecin.
113
• V 632-633 Voilà. Donc on reste un petit peu enfermé, dans des
espèces de « combats de chapelles » et c’est dommage !
• V 635 On n’a pas à y gagner avec ça !
• V 803-807 Je prendrai un seul exemple, enfin deux exemples : un
des premiers psychiatres avec qui j’avais travaillé, il m’a dit « je
veux bien qu’on collabore ensemble », mais il m’a dit « pas parce
que tu es prêtre, mais parce que tu es docteur. » Et ça m’a étonné,
je me suis dit « mais non, non ! On part faux ! »
• V 809-810 « On part complètement faux ! » Euh non ! On doit pas
démarrer avec un diplôme académique, on doit démarrer à partir
d’un vouloir humain,
• V 821-831 Et là, le deuxième exemple, c’était justement
quand…quand j’ai voulu me former en psychothérapie,
euh…bien sûr que c’était à la faculté de médecine, et là aussi j’ai
senti très vite que c’était un vase clos parce qu’en fait c’était, j’ai
pris tous les cours pour les psychiatres qui faisaient leur
spécialisation en FMH, et d’emblée quand on s’est présenté
euh…j’ai dit que j’étais prêtre, on m’a regardé comme ça… Et
j’ai vu il a fallu faire des pieds et des mains, mon évêque a dû faire
des pieds et des mains, pour que je puisse être immatriculé comme
étudiant régulier, parce que, à la base, j’avais pas en doctorat en
médecine, je faisais pas partie du sérail ! Et je me suis dit « mais
non, on doit créer entre nous des ponts ! » Et aujourd’hui on a, à
vraiment, favoriser ces ponts entre nous ! Et même si, même si je
crois, parce qu’il y a aussi des prêtres hein ! Qui ne veulent pas
collaborer avec des scientifiques et des médecins, mais pourquoi ?
• V 835-843 Et de dire « non ! J’ai à ouvrir aujourd’hui mon
horizon, pour collaborer le plus possible. Et d’utiliser les
ressources, auxquelles je n’ai pas pensé d’emblée. Auxquelles
114
peut-être moi, je ne voudrais pas, imaginer, en premier lieu. » Et
ben laissons-nous, soyons créatifs à ce niveau-là et humble à ce
niveau-là. En disant « ben voilà, aujourd’hui, j’ai à me dire, par
rapport à ce cas-là, je vais appeler telle et telle personne. » En
général je vais faire très plaisir à cette personne-là parce qu’elle
s’attend peut-être pas que je l’appelle et que je demande son aide.
Elle va être flattée peut-être d’emblée, en se disant « vous ou toi, tu
penses à… ? » « Oui j’ai pensé à toi. » « Ah ! » Et on a tout à
gagner. Je pense qu’on a tout à gagner.
• V 845-847 Donc, ça c’est, je dirais, pour moi, mon mot
d’ordre, ouvrons, alors bien sûr, toujours dans l’aspect de la
confidentialité et pour le bien du patient, mais ouvrons nos
horizons, et les débats de chapelles, et c’est un bon jeu de mot
pour un prêtre : a-rrê-tons !
• V 849 Ça c’est : débats d’ego…
6.4 Complémentarité Apport positif d’un • Q 329-332 Les maladies mentales, ne sont pas de…ne sont pas
nécessaire pour la suivi spirituel, directement de la compétence de l’Eglise. Il y existe des formes de
personne en souffrance prises en charge, ou des formes de suivi spirituel, qui pourraient
Nécessité de collaboration éventuellement être un bénéfice, mais qui sont malheureusement
pour apport très mal connues de l’Eglise elle-même.
complémentaire, mais Besoin d’un modèle • Q 382 Et donc on ne peut pas avoir les deux rôles en même temps.
aspect non travaillé par les intégratif • Q 384-387 Le problème c’est que d’un autre côté, de mon côté, on
n’a pas forcément de… d’explication, de modèle, de modèle de
milieux alors que besoin
suivi des personnes, euh…et on ne sait pas trop sur quel euh…, sur
d’un modèle intégratif, quel modèle s’appuyer pour pouvoir essayer de proposer quelque
avis défavorables et chose.
abandon d’un soutien Espoir/nécessité de • V 104-106 Parce que comme la frontière est très ténue, on doit
spirituel important. collaboration, traiter parfois, et en même temps le psychopathologique, et en
obligatoire pour même temps le spirituel.
115
Souvent l’un après l’autre, suivi adéquat, • Q 322-325 Mon rêve a toujours été que je puisse avoir des avis,
besoin d’un cadre médical double traitement alors j’ai eu quelques personnes de référence : des psychologues,
pour assurer la sécurité et etc. Parfois j’ai eu des gens qui venaient sur le conseil de leur
le suivi en cas psychologue, parfois j’ai eu des gens, qui…qui m’envoyaient leurs
d’exorcisme. patients, avec leur consentement évidemment !
• Q 337-339 et donc euh…comme nous sommes à la frontière entre
les deux, eh bien euh…allez savoir ! Comment cette prise en
Frontière et
charge pourrait se faire ?
complémentarité, rôles • Q 365-372 Pas forcément. Je demandais, je demandais au…, au
spécifiques, avis souhaités praticien, au thérapeute, ce qu’il en pensait, quel genre de…quel
pour explication, besoin genre de prise en charge il verrait euh qu’est-ce qu’il…s’il avait
d’autres points de vue pour affaire à cette personne-là, comment est-ce qu’il pense que les
le suivi et choses pourraient, pourraient…s’expliquer, comment elles
l’accompagnement des pourraient…se définir, qu’est-ce qui serait possible de faire.
sujets. J’essayais un peu de comprendre ! Pi en fonction de la réponse, ben
c’est clair que…si le psy lui-même avait des difficultés,
Obligatoire pour suivi c’est…soit parce qu’il manquait de la possibilité de recourir à
adéquat, admettre ses certaines, à certains suivis, soit parce que c’était hors de son
champ d’action !
limites de compétences et
• Q 377-381 Et une application, dans un suivi, qui n’est pas
accompagner le sujet au
déontologique dans certaines parties, et euh…qui serait pas
travers d’une collaboration forcément conciliable avec le fait de prescrire des médicaments. Je
avec l’autre spécialiste, ne touche pas ici à la bonne foi des gens ! Je dis simplement que,
demande de l’humilité et celui qui prescrit, par voie de conséquence, est aussi euh…remis en
du respect réciproques, cause par le patient, il est aussi, vu par le patient de manière,
rôles spécifiques et parfois négative !
spécialisations différentes, • Q 498-502 Et là nous aurions une carte à jouer, si on peut parler
frontière et d’un jeu de cartes. Mais ! On n’a pas le, on n’a pas les
médicaments, on n’a pas le suivi, le suivi psychique, on n’a pas le
116
complémentarité, suivi clinique. Et fondamentalement nous manquons, tous, euh
transmission des lorsque, une personne, une victime, un sujet, un malade ne veut pas
informations nécessaires. entrer dans une nouvelle approche, changer quelque chose.
• Q 522-523 Qu’est-ce que je pourrais vous dire encore… C’est bien
Confiance accrue du sujet qu’il y ait un intérêt pour euh pour, dans ce domaine.
quand réticent, flexibilité • V 609-611 Et le drame aujourd’hui c’est que, comme je le disais
tout à l’heure, on n’a pas toujours cet échange de flux
dans l’accompagnement
d’informations entre Eglise, prêtres mandatés pour la libération et
pour le bien du sujet, psychiatres.
collaboration en vue d’un Double apport et
bénéfice pour le patient, ne confiance accrue du • V 134-144 Ça m’arrive régulièrement quand je reçois des personnes
pas scinder les disciplines « possédé » et je sens tout de suite, que derrière, il y a une pathologie, qu’on a
mais collaborer. enfouie, qui est inavouée, qui est même honteuse pour la personne,
le but, c’est vraiment de pouvoir l’aider, alors, ça m’arrive jamais,
de dire à la personne « écoutez, je ne suis pas la personne qui peut
vraiment vous accompagner dans ce cheminement et dans le
traitement ! » Et je la renvoie à la porte ! Ce que je fais, le plus
souvent possible, vu que je travaille en réseau, je dis « écoutez !
Moi je vais vous accompagner sur le plan spirituel, mais je détecte
en vous, quand même quelque chose d’un ordre médical. Et donc,
il faut qu’on puisse travailler en collaboration avec un
médecin ! Et ! ça tombe bien, parce que j’en connais un ! » Et, à ce
moment-là, il me dit « Ah ! Alors si vous le connaissez, ça va, je
suis confiante ! » Et donc c’est là, où euh, on travaille toujours de
manière très étroite, entre le spirituel, et le psychopathologique.
• V 615-617 Alors je dis pas que c’est une grande proportion dans les
asiles hein ! Mais il y a sans doute une proportion de ces personnes-
là, où, le prêtre, pourrait améliorer les choses. Si on lui
permettait de faire son travail.
117
• V 622-623 Aussi ! Oui parce que je crois que, soigner le corps et
soigner l’âme, euh…c’est « win-win ».
Cadre déontologique • V 84-85 Alors c’est très difficile, parce que, le problème, on a eu un
spirituel stricte cas d’ailleurs, que vous pouvez très bien sourcer et retrouver, c’était
(éviter les cas le cas d’Anneliese Michel.
abusifs ex. AM) • V 87-92 où là ! Il y a eu une attaque en justice envers le prêtre
qui était…on peut dire, maladroit, il pensait bien faire, mais il a
demandé à Anneliese d’arrêter son traitement pour qu’il puisse
véritablement, qu’elle puisse être totalement réceptive
spirituellement, et armée au niveau spirituel pour euh chasser le
mal qui était en elle. Et l’erreur qu’il a fait c’est que…voilà il a pris
des dispositions sans vraiment s’entourer de l’avis médical. Enfin
peut-être qu’il y avait un psychiatre qui était un peu avec lui mais…
• V 94 Il était un petit peu acquis à la cause.
• V 96-100 Et donc il y a eu un traitement on peut dire et un, une
cessation de son traitement de complaisance, et c’est ça qui a valu
que ça fasse toute une histoire et maintenant on a un cadre
déontologique très stricte. Ce qui veut dire que, heureusement on
n’a pas, on n’a pas souvent des exorcismes à faire, mais si ça doit
arriver il faut vraiment qu’on soit couvert aussi par l’aspect
médical.
Limites de • V 76-78 C’est pour ça que chaque prêtre qui est responsable, pour
compétences – l’exorcisme ou pour le service de libération, doit toujours
Spécialiste, collaborer très étroitement, avec des médecins.
acceptation du • V 129-131 Et c’est là où on doit parfois travailler de concert, entre
besoin du concours le psychothérapeute, le psychiatre, et entre le prêtre, qui doivent
de l’autre (humilité) collaborer ensemble, chacun dans leur manière.
118
• V 131-134 Et…c’est là où il faut faire preuve d’humilité, et
reconnaître, un moment donné, des limites de compétences, en
disant : « Non ! Là vraiment ça ne me concerne plus », et on doit
demander de l’aide, ou on doit rediriger la personne.
• V 231-236 Euh, moi j’ai l’impression que, il y a deux choses qui
m’ont aidé à cheminer, parce que je vois, chaque jour je me
perfectionne davantage dans ce service-là, maintenant ça fait la
sixième année, au début j’étais un peu démuni ! Même en ayant fait
beaucoup d’études, euh au début il fait trouver quand même, c’est
un nouveau domaine, très spécifique, donc il faut vraiment, on est
accompagné, on est formé, pendant en tout cas les deux premières
années.
• V 315-319 Alors c’est vrai que là de temps en temps avec mes
deux confrères psychiatres, euh, c’est presque des fois comique,
parce qu’il me dit « c’est pas pour moi ! » Pi je dis : « dis-moi juste
ce que t’as vu ! » Pi quand il me dit, je dis : « c’est bon ! Je m’en
occupe ! » Mais donc là ! On a une frontière, où des fois ça peut
sembler, clair ! Mais des fois la frontière est très difficile à
identifier.
• V 625-629 On gagne, de toute façon, ça c’est évident ! Mouais, ça
c’est évident. Mais ça demande : le sens de la collaboration, le
sens de l’humilité, réciproque, en disant « ça c’est plutôt toi, je te
passe la main. Euh maintenant il faut qu’on soit ensemble. » Il faut
vraiment qu’on puisse, je dirais, en permanence réorienter
l’accompagnement. Vraiment.
• V 800-803 Je crois que, on revient…à l’aspect de l’humilité, de
dire « je ne sais jamais tout. Et chaque jour pourra me réserver mon
lot de découvertes, et je dois reconnaître, et je dois savoir
m’entourer, parfois par des personnes, auxquelles j’aurais pas
119
pensé. » Et, et je crois surtout, par rapport à ça : de dire « je dois
accepter, je dois accepter ça. »
• V 813-816 Mais chacun a y mettre son grain de sel. Et je reviens à
cette humilité de dire « je serai jamais le spécialiste de tout le
monde ! » Et à un moment donné, je vais être dépassé par des cas,
et je devrai demander de l’aide. Et pour moi, demander de l’aide,
c’est une personne intelligente.
Approche • V 727-735 Ce qui veut dire que si ça arrive dans des cas comme ça,
psychologique j’ai des amis qui sont psychologues, mais psychologues FSP, donc
complémentaire et qui n’ont, qui ne sont pas médecins, qui sont pas des
séparée (pas psychothérapeutes, médecins ! Et, je demande, en général aussi leur
médicaments) collaboration, leur concours. Pour aider la personne dans un autre
euh… Parce que je trouve qu’à un moment donné c’est bien si on
arrive à dissocier l’accompagnement spirituel de
l’accompagnement psychologique, ou psychopathologique, à un
moment donné c’est complémentaire. Et je trouve que c’est bien
parce que ça permet que chaque spécialiste travaille son domaine
pour le bien de la personne, conjointement.
Discussion, • V 102-104 Donc c’est pas le prêtre euh qui va dire euh « vous
coordination arrêtez de prendre ça, vous arrêtez de prendre ci ! » Il va vraiment
discuter avec le psychiatre, et, il y a vraiment une collaboration
qui se fait pour le bénéfice du traitement euh je dirais global !
• V 752-755 Mais c’est là où à un moment donné, je pense que, dans
un accompagnement qui devient interdisciplinaire, si chaque
spécialiste peut commencer à s’infuser, et à s’ouvrir, à la
spécialisation de l’autre ! Parce que, quand on accompagne une
personne, on le fait pas de manière totalement séparée…
• V 757-760 …et cloisonnée. On se rencontre, on en discute, on se
téléphone, pour dire « comment est-ce que ça avance de ton
120
côté ? ». Ça permet d’adapter un peu les choses selon le mal-être
qu’on détecte au niveau psychologique, je dis « bon ben maintenant
je vais pouvoir augmenter un petit peu le rythme de ce côté-là ! »
• V 812-813 De rencontres, de compléments, de formations,
d’interactions humaines, pour accompagner au mieux une
personne !
• V 818-821 Une personne bête va jamais demander, elle va faire par
elle-même. Nan ! Une personne intelligente elle va dire « euh non,
là je crois que…non on doit se mettre à plusieurs maintenant pour
former une équipe pour vous accompagner, et ça pourrait être une
équipe pluridisciplinaire à laquelle j’aurais pas pensé à la base ».
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