Histoire de L'afrique Du Sud
Histoire de L'afrique Du Sud
Histoire de L'afrique Du Sud
Pr€-colonisation
L'histoire pr€coloniale est difficile ‚ relater en raison notamment de
l'absence d'€crits et de la difficult€ ‚ dater des €v•nements pass€s
concernant un territoire €tendu, ‚ l'€poque inconnu des civilisations La Prot€a, fleur embl•me de l'Afrique du Sud
Pr€histoire
De nombreux fossiles trouv€s dans les grottes de Sterkfontein,
Swartkrans, Kromdraai et Makapansgat indiquent que des
australopith€cin€s vivaient sur le plateau du Highveld il y a environ 2,5
millions d'ann€es[1] . Il est g€n€ralement accept€ que Homo sapiens,
l'humain moderne, a remplac€ Homo erectus il y a 100000 ans. Des
fossiles controvers€s trouv€s dans le site de Klasies River mouth, dans
la province du Cap-Oriental, indiqueraient que l'humain moderne vivait
en Afrique du Sud il y a 90000 ans.
Les deux cultures auraient, selon des sources limit€es ‚ l'arch€ologie, g€n€ralement cohabit€ paisiblement. Toujours
est-il qu'on peut observer une int€gration d'€l€ments des cultures Kho€san et Bantoue. Outre les art€facts
arch€ologiques, la linguistique r€v•le que le clic caract€ristique des Kho€san a €t€ incorpor€ dans plusieurs langues
bantoues[5] .
Le naufrage, en 1647, du navire hollandais, le Nieuw-Haarlem, dont les rescap€s avaient surv€cu un an au pied de la
montagne du Cap, incite les N€erlandais ‚ cr€er en cet endroit un point de ravitaillement. C'est ainsi que la
Compagnie n€erlandaise des Indes orientales envoie Jan van Riebeeck pour y installer une base fortifi€e.
Le 6„avril„1652, Jan van Riebeeck d€barque au pied de la Montagne de la Table, avec quatre-vingts hommes ‚ bord
d'une flottille compos€e du Drommedaris, du Reijer et du Goede Hoop pour cr€er une • station de rafra…chissement •,
destin€e ‚ fournir de l'eau, de la viande, des l€gumes et des fruits frais aux €quipages diminu€s par le scorbut apr•s
quatre mois de mer[6] . Ce territoire €tait d€limit€ par une haie d'amandes am•res dont on retrouve la trace dans les
Histoire de l'Afrique du Sud 5
jardins botaniques de Kirstenbosch. Quand les N€erlandais d€barqu•rent, la p€ninsule du Cap €tait habit€e par
quelques tribus de chasseurs indig•nes Kho‡kho‡ et San que les Hollandais baptis•rent du nom de Hottentot
(b€gayeur). Dans le reste de l'Afrique du Sud, les peuples Sothos occupaient alors les hauts plateaux au sud du fleuve
Limpopo (actuelle province du Limpopo), les Tsongas vivaient dans l'est (actuel Mpumalanga) tandis que les
peuples Ngunis (Zoulous, Xhosas, Swazis) se partageaient la r€gion m€ridionale ‚ l'est de la Great Fish River, ‚
1500„km ‚ l'est du Cap[7] .
Durant les premi•res ann€es de cohabitation avec les N€erlandais, les
Kho‡kho‡s €taient bien dispos€s ‚ l'€gard des nouveaux arrivants. Des
relations commerciales se nou•rent entre eux. Les Bochimans
€chang•rent leur b€tail contre toutes sortes d€objets manufactur€s
hollandais. Une partie d'entre eux fut n€anmoins d€cim€e par la variole
apport€e par les Europ€ens. Les premiers temps furent aussi difficiles
pour les colons n€erlandais. Dix-neuf d'entre eux ne pass•rent pas le
premier hiver.
En 1657, van Riebeeck recommanda que les hommes lib€r€s de leurs Rencontre en 1652 de Jan van Riebeeck avec les
obligations vis-‚-vis de la compagnie, fussent autoris€s ‚ commercer et Kho‡kho‡s
‚ s'installer comme citoyens libres. En f€vrier 1657, les premi•res
autorisations d'€tablissement sont d€livr€es ‚ neuf (ex-)salari€s de la
compagnie qui reƒoivent le titre de burgher (citoyen libre). Les
Burghers sont autoris€s ‚ cultiver la terre pour y planter du bl€ et des
vignes. Des parcelles de terres leur sont attribu€es, spoliant les
Kho‡kho‡s qui y vivaient. Priv€s de leurs meilleur p‘turage, ils tentent
de c€der des bŠtes malades aux burghers. Les relations d€g€n•rent et en
f€vrier 1659, les Kho‡kho‡s f€d€r€s sous l'autorit€ du chef Doman
assi€g•rent les N€erlandais, oblig€s de se retrancher dans le fort de
Bonne Esp€rance. La contre-attaque de ces derniers d€cima les Le ch‘teau fort pentagonal de Bonne-Esp€rance
assaillants, r€duits en esclavage ou refoul€s vers le nord[8] . au Cap fut construit de 1666 ‚ 1670
En 1679, Simon van der Stel est nomm€ commandeur de la ville du Cap. Sous son impulsion, Le Cap devient une
colonie de peuplement. Des immigrants n€erlandais, allemands, danois, su€dois, fuyant la mis•re et les atrocit€s
commises lors de la guerre de Trente Ans, se joignent aux Burghers[11] . Le territoire que van der Stel doit alors
administrer s'€tend de la r€gion qui s'€tend de Muizenberg sur l'oc€an Indien aux montagnes de Steenberg et de
Wynberg. Il entreprend de d€velopper l'agriculture en conc€dant des terres aux burghers, que l'on commence ‚
appeler Boers, afin de d€velopper les cultures et fait planter plus de huit mille arbres.
Histoire de l'Afrique du Sud 6
En 1685, le groupe de 800 colons est rejoint par 200 huguenots chass€s
de France par la r€vocation de l'€dit de Nantes[12] . Simon van der Stel
leur conc•de des terres riches en alluvions dans la vall€e
d'Olifantshoek et de la rivi•re Berg, prot€g€es des vents du large par un
grand cirque rocheux, pour y d€velopper la viticulture. Ils cr€ent les
neuf fermes historiques (La Bourgogne, La Dauphine, La Brie,
Champagne, Cabri•re, La Terra de Luc, La Cotte, La Provence et La
Motte) avec des vignes franƒaises.
Tribus Kho‡kho‡s de la colonie du Cap En 1691, le territoire acc•de au statut officiel de colonie et en 1700,
compte 1334 habitants blancs alors qu'elle n'en comptait pas plus de
168 en 1670[13] .
D•s la fin du XVIIe„si•cle, pour pallier la p€nurie de main-d'†uvre, des
esclaves avaient €t€ import€s de Guin€e, de Madagascar, d€Angola et
de Java[14] (leurs descendants constitueront le groupe ethnique des •
Malais du Cap •). En effet, ‚ cette €poque, les premi•res tribus
africaines ne r€sident pas ‚ moins de 1000„km ‚ l'est au-del‚ de la
rivi•re Kei. Cette absence de Noirs au Cap, ainsi que dans certaines
Groot Constantia (1685), domaine viticole de
r€gions de l'int€rieur, d€clenche bien plus tard la pol€mique entre
Simon van der Stel, exemplaire de l'architecture
hollandaise du Cap
Afrikaners et Noirs quant ‚ l'ant€riorit€ de leur pr€sence en Afrique du
Sud. Par ailleurs, en raison du faible nombre de femmes d'origine
europ€enne, la compagnie des Indes s'€tait d'abord accommod€e du m€tissage concr€tis€ par l'€mergence d'enfants
m€tis issus de relations ou d'unions entre n€erlandais et hottentotes. Leur nombre augmenta tr•s rapidement faisant
apparaitre un nouveau groupe ethnique bientˆt appel€ Kaapkleurige (m€tis du Cap) inqui€tant les autorit€s
coloniales. En 1678, un €dit mit en garde contre les relations intimes entre europ€ens et indig•nes et en 1685, les
mariages mixtes furent l'objet d'une interdiction [10] . .
En 1706, la premi•re r€volte des Boers contre les m€thodes de gouvernement et la corruption du gouverneur Willem
Adriaan van der Stel[15] aboutit, non seulement sur le renvoi de ce dernier mais aussi sur l'arrŠt de l'immigration
europ€enne en Afrique du Sud. Certains Boers, n€s en Afrique, revendiquent mŠme leur africanit€ (• ek been ein
afrikander • comme le jeune Hendrik Bibault (1707) [16] ). La Compagnie des Indes, en mettant un terme ‚
l'immigration europ€enne, veut r€orienter la colonie vers son utilit€ originelle, celle de station de ravitaillement et
€viter le d€veloppement d'un foyer de peuplement revendicatif. ‰ cette fin, la Compagnie avait €galement entrepris
de monopoliser les d€bouch€s commerciaux de la colonie, de fixer les prix des productions locales et d'imposer une
administration de plus en plus tatillonne et proc€duri•re. Cette politique restrictive de harc•lement allait cependant
encourager l'esprit libertarien chez les colons libres et les paysans n€erlandais natifs de la colonie. Ces derniers
cherch•rent alors ‚ €chapper au contrˆle oppressif de la Compagnie et franchirent les fronti•res de la colonie pour
s'€tablir hors de sa juridiction, dans l'int€rieur des terres. Ils furent appel€s Trekboers (paysans nomades), pratiquant
un €levage intensif et vivant dans des chariots b‘ch€s tir€s par une paire de b†ufs. Repli€s sur eux-mŠmes,
pratiquant un calvinisme aust•re et menant une vie fruste et dangereuse, les Trekboers €labor•rent une culture
originale influenc€e par l'immensit€ d€sertique o‹ ils vivaient. Ils abandonn•rent progressivement le n€erlandais
pour une nouvelle langue, l'afrikaans, m€lange de dialectes hollandais, de cr€ole portugais et de khoikhoi invent€ par
les m€tis du Cap[17] .
Histoire de l'Afrique du Sud 7
En 1807, la colonie du Cap est rattach€e au Colonial Office, repr€sent€e localement par un gouverneur. Les soci€t€s
missionnaires anglicanes s'installent alors dans la colonie et entreprennent de venir en aide, de conseiller et de
convertir les tribus hottentotes locales. La mŠme ann€e, Londres fait interdire le commerce des esclaves au sein de
l'Empire. Au Cap, des mesures sont prises en faveur des Kho‡Kho‡ et des esclaves. Des missions m€thodistes
s'installent en pays xhosas o‹ les €vang€listes cherchent ‚ former une €lite noire[23] . En 1811, le rapport d'une
mission mit en cause plusieurs familles boers pour des mauvais traitements inflig€s aux esclaves. En 1812, les
missionnaires obtiennent que les plaintes d€pos€es par les Hottentots contre leurs employeurs soient trait€es par les
tribunaux et que les audiences soient publiques. Dans le veld, les Boers perƒoivent ces avanc€es comme une atteinte
‚ leurs libert€s. En 1815, Lorsque le jeune boer Frederic Bezuidenhout, qui avait refus€ de diligenter ‚ unes
convocation judiciaire et avait €t€ condamn€ par d€faut, est tu€ lors de son arrestation par un policier hottentot, sa
mort d€clenche un mouvement de r€bellion parmi les fermiers. Alli€s au chef xhosa Ngqika, ils tentent de soulever la
r€gion du Zuurveld contre le pouvoir colonial. Accus€s de haute trahison, cinq de ces rebelles boers sont arrŠt€s,
condamn€s ‚ mort et pendus ‚ Slachters Neck[24] , fournissant les premiers martyrs ‚ la communaut€ boer. Le foss€
entre ceux-ci et les Britanniques ne va d•s lors cesser de s'€largir.
Le foss€ entre les Britanniques et les Boers s'€largit, tandis que les
premiers dominent la politique, la culture et l'€conomie et les seconds restent rel€gu€s aux fermes.
En 1822, le n€erlandais perd son statut de langue officielle dans les tribunaux et les services gouvernementaux. Il
recule dans les domaines scolaires et religieux. Le processus d'anglicisation est en marche alors que le patois
n€erlandais, appel€ aussi afrikaans, est d€nigr€. En 1828, l'anglais devient la seule langue officielle pour les affaires
administratives et religieuses. La mŠme ann€e, l'€galit€ des droits est proclam€e dans la colonie du Cap entre
Kho‡Kho‡ et Blancs tout comme le droit ‚ la propri€t€ pour les Noirs[26] . En 1833, l'esclavage est aboli et les
propri€taires des 40000 esclaves de la colonie sont indemnis€s.
Histoire de l'Afrique du Sud 9
Le Mfecane
A l'€poque des premiers contacts entre Blancs et Noirs, les tribus africaines sont en pleine turbulence sociale et
politique. Durant le d€but du 19e si•cle, la carte g€o-politique de l'ensemble de l'Afrique australe est compl•tement
boulevers€e par un ensemble d'ev€nements d'origines complexes d€sign€s sous le terme de Mfecane (l'€crasement, le
broyage) [27] .
A la suite de heurts violents entre tribus, les rescap€s des tribus vaincues se reformaient en bandes et d€vastaient les
r€gions qu'ils traversaient. L'exemple le plus significatif de cette p€riode arriva au moment de l'apog€e de l'Empire
Zoulou.
Entre 1816 et 1828, Shaka constitue ainsi un vaste Empire. Tous les
clans entre les montagnes Drakensberg et le sud de la rivi•re Tugela
furent ainsi soumis ‚ Shaka de gr€ ou de force. Ceux qui lui furent
indociles durent fuir vers le nord, dispersant sur leur passage les Sothos
et les Tsongas, provoquant ainsi de tr•s profonds bouleversements dans
Utimuni, neveu de Shaka en tenue de guerre toute l'Afrique australe[30] . Ainsi, les Ngwanes, vaincus, se retranchent
avec d'autres petits clans dans l'actuel Swaziland alors que les Sothos
font de mŠme sur l'oppidum imprenable de Thaba Bosiu d'o‹ ils affrontreront plus tard avec succ•s les Nd€b€l€s, les
Griquas et les Boers[27] . En 1826, la puissante tribu rivale des Ndwandwe s'effondre sous les coups de boutoir de
l'arm€e de Shaka. Plusieurs g€n€raux tels Shoshangane s'enfuirent vers le nord pour se tailler leur propre empire[27] .
Au sein mŠme de la nation Zoulou, Shaka est victime de trahison telle celle de Mzilikazi qui doit finalement s'enfuir
avec quelques partisans, semant la ruine dans les hauts plateaux du veld, peupl€s de Sotho, avant de fonder la nation
matabele dans l'actuel Zimbabwe[27] . Selon certains historiens, les conquŠtes zoulous et leurs cons€quences seraient
responsables directement ou indirectement de la mort de plus de deux millions de personnes qui laisseront
d'immenses territoires vides de toute population.
Le d€clin de Shaka commenƒa avec sa tendance de plus en plus affirm€e ‚ la tyrannie, qui lui valut la crainte de son
propre peuple. ‰ la mort de sa m•re Nandi en 1827, Shaka fit ex€cuter plus de 7000 personnes. Durant une ann€e
enti•re, il est interdit aux gens mari€s de vivre ensemble et ‚ tous de boire du lait.
En 1828, Shaka fut finalement assassin€, victime d'un complot organis€ par son demi-fr•re Dingane.
Les cons€quences indirectes du Mfecane permirent quelques ann€es plus tard aux Boers, lors du Grand Trek, de
s'installer sur le plateau int€rieur afin d'y €riger leurs r€publiques[27] .
Le Grand Trek
Quand les Britanniques abolissent l'esclavage en 1833, les Boers
consid•rent que c'est un acte contre la volont€ divine de la hi€rarchie
des races. Pour apaiser les esprits, le gouverneur, Sir Benjamin
D'Urban instaure un conseil l€gislatif de 12 membres suppos€
permettre aux administr€s du Cap de d€battre des affaires publiques.
Cependant, si les compensations financi•res allou€es pour indemniser
les anciens propri€taires d'esclaves (principalement les fermiers du
Le Grand Trek Cap) sont estim€es insuffisantes par ces derniers, ce furent les
Trekboers, pourtant trop pauvres pour poss€der des esclaves, qui furent
les plus choqu€s par l'abolition de l'esclavage, y voyant une atteinte ‚ l'ordre divin[31] . L'arrogance des autorit€s
britanniques finit de convaincre des milliers de Trekboers ‚ choisir l'€mancipation du pouvoir colonial et de s'exiler ‚
l'int€rieur des terres africaines pour y fonder une r€publique boer ind€pendante.
Histoire de l'Afrique du Sud 11
En 1835, entre 68000[32] et 105000 blancs[33] vivaient alors dans la colonie du Cap. Optant pour un nouveau d€part
vers l'int€rieur des terres, quelques 4000 Boers embarqu•rent pour l'inconnu ‚ bord de leurs chars ‚ b†ufs, avec
femmes, enfants et serviteurs. Les premiers groupes organis€s quitt•rent les r€gions et villes du Cap, de
Graaff-Reinet, de George et de Grahamstown avec ‚ leurs tŠtes, des chefs €lus par leurs communaut€s comme
Andries Pretorius, Louis Trichardt, Hendrik Potgieter et Piet Retief. Le nombre de ces pionniers s'€l•vera ‚ plus de
14000 dans les dix ann€es qui suivirent[34] ,[35] . On les appellera les Voortrekkers.
Cette p€riode est connue sous le nom de Grand Trek et a faƒonn€ la mythologie des Afrikaners, le peuple €lu, la tribu
blanche, ‚ la recherche de sa terre promise. Digne du Far West am€ricain, cette aventure constitue la gen•se du volk
afrikaner dont les motivations sont expos€es dans un manifeste r€dig€ le 22 janvier 1837 par le voortrekker Piet
Retief dans lequel il €nonce ses griefs contre l'autorit€ britannique, les humiliations que les Boers estiment avoir
subies, leur croyance en un ’tre juste qui les guidera vers une terre promise o‹ ils pourront se consacrer ‚ prosp€rit€,
‚ la paix et au bonheur de leurs enfants, une terre o‹ ils seraient enfin libres et o‹ leur gouvernement d€cidera de ses
propres lois[36] ,[37] .
En avril 1836, les deux premiers convois, comprenant chacun une
trentaine de famille et men€s par Louis Trichardt et Janse van
Rensburg, franchissent le fleuve Vaal et traversent le haut-veld,
poussant vers l'Est. Les deux groupes, apr•s 3 ann€es d'errance, seront
finalement d€cim€s par les fi•vres et les conflits avec les Tsongas.
Les convois men€s par Hendrik Potgieter et Gert Maritz se heurt•rent
aux guerriers de Mzilikazi. Celui-ci est d€fait lors de la bataille de
Le roi Dingane en tenue ordinaire et d'apparat
Vegkop et s'enfuit avec ses nd€b€l€s au nord du fleuve Limpopo o‹ il
fonde la Matabeleland. Apr•s avoir repouss€ plus au sud les Sothos de
Moshoeshoe dans les montagnes (dans l'actuel Lesotho), les Boers
proclam•rent la cr€ation de la r€publique des Voortrekkers ‚
Potchefstroom mais les conditions de vie les pouss•rent ‚ redescendre
vers le Natal. La trahison dont vont alors Štre victimes les chefs
voortrekkers Gert Maritz et Piet Retief va longtemps symboliser et
entretenir la m€fiance des Afrikaners envers les Noirs d€Afrique du
Sud. En effet, Retief avait entrepris de n€gocier un accord de
co-existence et d€entraide avec Dingane kaSenzangakhona, le Roi des
Zoulous. Ayant obtenu un accord de ce dernier, Retief et ses
compagnons avaient €t€ invit€s ‚ un banquet en guise de c€r€monie de Massacre des Voortrekkers ‚ Weenen en 1838
signature. En confiance, ils accept•rent de laisser leurs armes. Au cours
de la c€r€monie, Retief et ses 70 compagnons furent massacr€s sur
ordre du Roi Zoulou qui ordonna alors de trouver les campements
boers et de massacrer tous ceux qui s€y trouvaient[38] ,[39] .
Ncome dor€navant connue sous le nom de Blood River, alors que les voortrekkers n€avaient que quelques bless€s.
Cette victoire consacre la foi des Boers en leur destin biblique. Ils occupent emGungundlovu, qui fait office de
capitale zoulou. Ils reconnaissent Mpande, le demi-fr•re de Dingane, comme roi des Zoulous, avec qui ils s'allient
pour d€faire les r€giments de Dingane[41] . Celui-ci s'enfuit vers le nord o‹ il est tu€ par les Swazis. Quant ‚ Mpande,
qui maintiendra l'unit€ du royaume zoulou pendant 30 ans, il c•de la moiti€ du Natal aux Voortrekkers qui y
proclament la r€publique de Natalia.
Craignant que les Boers ne d€veloppent des relations avec des
puissances €trang•res, les Britanniques envoy•rent un corps
exp€ditionnaire au Natal en 1842 qui aboutit ‚ l'annexion de la r€gion
le 12 mai 1843 par les Britanniques[42] .
Les Boers reprirent alors leur grand trek vers le nord, au-del‚ des
fleuves Orange et Vaal, rejoignant des communaut€s d€j‚ €tablies mais
ils se heurtent encore aux Gricquas (des m€tis kho‡kho‡) et aux Sothos
de Moshoeshoe.
Drapeau de Natalia
Parall•lement, des groupes de m€tis firent leur propre Trek. Les
Oorlams, m€tis de Namas et de N€erlandais, sous la direction de Jager puis de son fils Jonker Afrikaner, s'€tablirent
dans la r€gion du TransGariep. Dans le Namaqualand, des Bastaards €rigent des r€publiques autonomes dot€es de
r•gles constitutionnelles mais sous souverainet€ britannique. Ainsi, Kommagas, Steinkopf et Concordia sont €rig€es
en marge de la colonie[43] . Dans les ann€es 1860, des groupes de Bastaards iront fonder la communaut€ de
Rehoboth dans le Sud-Ouest africain.
La cafrerie britannique
Sur la fronti•re orientale de la colonie du
Cap, les escarmouches entre colons, boers
et Xhosas €taient de plus en plus violentes.
En 1834, un chef de haut rang Xhosa est
tu€ lors d'un raid des commandos boers.
Une arm€e de 10000 guerriers, franchit
alors la fronti•re orientale de la colonie,
proc•de ‚ un pillage syst€matique des
fermes et abat tous ceux qui r€sistent. Un
contingent militaire britannique est alors
envoy€ dans la r€gion sous le
commandement du Colonel Harry Smith
en janvier 1835. Pendant neuf mois, de
s€v•res combats opposent troupes
britanniques et les guerriers Xhosas. Le 10
mai 1835, la r€gion situ€e en amont de la
rivi•re Keiskamma et en aval de la rivi•re
Fronti•re est de la colonie du Cap et la cafrerie britannique en 1835
Kei est annex€e ‚ la colonie du Cap sous le
nom de province de la Reine Ad€la‡de, en
hommage ‚ l'€pouse du Roi Guillaume IV. Cependant, le secr€taire d'€tat aux colonies exigea que la r€gion soit
restitu€e aux indig•nes et en 1836, les troupes britanniques se retiraient de la zone tampon pour s'€tablir pr•s de la
rivi•re Keiskamma.
Histoire de l'Afrique du Sud 13
Du cˆt€ de la fronti•re nord de la colonie du Cap, les premiers trait€s €taient sign€s avec les Gricquas en 1843-1844
pour la reconnaissance du Griqualand Ouest.
En mars 1846, une nouvelle guerre Cafre est d€clench€e sur la fronti•re orientale et se conclut par la d€faite des
guerriers Xhosas. Le district de la Reine Ad€laide est d€plac€ ‚ King William's Town et devient la Cafrerie
britannique, administr€e s€par€ment de la colonie du Cap en tant que possession de la Couronne britannique.
Le 24„d€cembre„1850, les Xhosas se soul•vent de nouveau. Les colons €tablis
dans les villages frontaliers sont attaqu€s par surprise, la plupart sont tu€s et
leurs fermes incendi€es. Le conflit d€bouche finalement sur une nouvelle
d€faite Xhosa en 1853. La Cafrerie britannique changea alors de statut pour
devenir une colonie de la Couronne.
En 1856, une jeune fille xhosa nomm€e Nongqawuse annonƒa avoir eu une
vision : la puissance des Xhosas serait restaur€e, le b€tail multipli€ et les
Blancs chass€s ‚ la condition que pour la pleine Lune, tout le b€tail soit
abattu, les r€coltes brul€es et les r€serves alimentaires d€truites. Elle fut
entendue et les chefs xhosas ordonn•rent de proc€der ‚ la destruction du
b€tail et des r€coltes[44] . La pr€diction ne se r€alisa pas ‚ la date pr€vue alors
que 85„% du b€tail avait €t€ abattu. La faute en fut imput€e aux r€calcitrants
et de violentes querelles achev•rent de plonger la r€gion dans la mis•re et la
famine. La population €tait affam€e, r€duite ‚ manger de la nourriture des
chevaux, de l'herbe, des racines, des €corces de mimosa, certains s'adonnant
jusqu'au cannibalisme pour survivre[45] . D'autres fuirent vers la colonie du Nonkosi et Nongqawuse
Cap pour implorer des secours. En fin de compte, cette famine meurtri•re
signa la fin des guerres entre Britanniques et Xhosas. La population de la Cafrerie passa en deux ans de 105000 ‚
moins de 26000 individus[45] . Les terres d€peupl€es furent alors attribu€es ‚ plus de 6000 immigrants europ€ens
d'origine allemande.
En 1866, tout le territoire de la cafrerie britannique est incorpor€e ‚ la colonie du Cap pour former les districts de
King William's Town et de East London.
Histoire de l'Afrique du Sud 14
De son cˆt€, en mars 1854, la colonie du Cap avait €t€ dot€e d'une
constitution pr€voyant l'€tablissement de deux assembl€es dont les
membres €taient €lus au suffrage censitaire. Le minimum de propri€t€
pour voter ‚ la chambre basse €tait ainsi tr•s faible (25 livres)
permettant ‚ 80„% de la population masculine d'exercer son droit de
vote. La s€lection des €lecteurs de la chambre haute €tait plus
rigoureuse et n€cessitait de poss€der d€j‚ une certaine fortune (de 2000 Cetshwayo, le roi des Zoulous
‚ 4000 livres). L'€galit€ des races, reconnues depuis 1828, y avait €t€
r€affirm€e. Ainsi, un grand nombre de m€tis se retrouvaient €lecteurs de plein droit ‚ la chambre basse.
La colonie britannique du Natal €tait quant ‚ elle sujette ‚ de profonds troubles ‚ la suite de la farouche r€sistance
des Zoulous. L'autorit€ coloniale y cr€€ des r€serves afin d'assurer la s€curit€ sur le territoire, satisfaire les besoins en
main d'†uvre des fermiers et lutter contre le vagabondage. En 1849, sept r€serves sont cr€€s au Natal. Elles sont plus
de quarante 15 ans plus tard, apr•s l'extension du territoire[48] . Mais dans les ann€es 1860, pour pallier le manque de
main d'†uvre dans les plantations de cannes ‚ sucre du Natal, les Britanniques font venir des milliers d'indiens sous
contrat qui resteront dans le pays, constituant un nouveau groupe ethnique ‚ part enti•re.
En 1870, les deux r€publiques boers totalisent 45000 habitants contre pr•s de 200000 blancs dans la colonie du
Cap[49]
Trois ans plus tˆt, dans un territoire semi-ind€pendant, le Griqualand-Ouest, situ€ ‚ la fronti•re de la colonie du Cap,
de l'€tat-libre et du Transvaal, des diamants avaient €t€ d€couverts. ‰ la suite d'un arbitrage international, rendu par
le lieutenant-gouverneur du Natal, le territoire fut attribu€ en 1871 ‚ Nicolaas Waterboer, chef des Griquas, lequel
demanda la protection britannique. Tout le gite diamantif•re fut alors de la sorte annex€ ‚ la colonie du Cap,
provoquant la fureur des r€publiques boers. La proposition faites par le ministre britannique des colonies, Lord
Carnavon, de doter l'Afrique du Sud d'une structure f€d€rale sur le mod•le canadien ne pouvait plus qu'€chouer,
apr•s son rejet ‚ la fois par les r€publiques boers et par les habitants des colonies. Quant au g…te diamantif•re, il
donnait naissance ‚ la ville de Kimberley qui devint tr•s rapidement la deuxi•me ville la plus peupl€e d'Afrique du
Sud[50] alors que nombreux migrants noirs venus des pays sothos et tswana abandonnent la paysannerie pour
s'embaucher volontairement comme mineurs sur les champs de diamants de la r€gion[51] ,[52] . Certains d'entre eux
parviendront notamment ‚ acheter leurs propres concessions et en 1875, plus d'1/5 des propri€taires de mine sont
noirs ou m€tis[53] .
L'annexion du Griqualand par la colonie du Cap avait acc€l€r€ l'€mergence d'un nationalisme afrikaans, englobant ‚
la fois les Boers des r€publiques que ceux des colonies britanniques. Au Cap, un mouvement de revendication
culturel, "Die Genootskap van Regte Afrikaners" (l'• Association des vrais Afrikaners •) s'€tait constitu€ avec pour
objectif de faire reconnaitre l'afrikaans au cˆt€ de l'anglais comme langue officielle de la colonie et d'en faire un
v€ritable outil de communication €crite[54] .
Histoire de l'Afrique du Sud 16
En janvier 1879, l'arm€e britannique subit La r€sistance britannique ‚ Rorke's Drift permet de lever l'humiliation d'Isandhlwana
une d€faite m€morable ‚ Isandhlwana avant la victoire d€cisive sur les Zoulous ‚ la bataille d'Ulundi
contre les Zoulous du chef Cetshwayo[57] .
Et c'est lors d'une escarmouche avec les Zoulous que le jeune prince imp€rial, fils de Napol€on III et de l'Imp€ratrice
Eug€nie, trouve la mort le 1er„juin 1879[58] . La guerre anglo-zouloue dure un peu plus de 6 mois et se termine par la
victoire de l'arm€e britannique sous les ordres du g€n€ral Garnet Wolseley. Le 4 juillet 1879, Ulundi, la capitale
zoulou, est investie par l'arm€e et Cetshwayo fait prisonnier. Le grand Royaume Zoulou est d€mantel€ et divis€ en
13 petits royaumes[59] . D€barrass€ de toute menace s€rieuse en provenance des Zoulous mais aussi des Pedis,
vaincus par Wolseley, le gouvernement colonial britannique put reporter son attention sur les r€publiques boers,
v€ritables €pines dor€es au milieu de leur Empire.
En effet, le Transvaal s'€tait r€v€l€ immens€ment riches en or et diamants : leurs d€couvertes ‚ partir des ann€es
1880 sont perƒues par les Boers, fermiers avant tout, comme une v€ritable catastrophe. Des quatre coins du monde,
des milliers d'aventuriers allaient affluer vers le Transvaal apportant avec eux un mode de vie ‚ l€oppos€ de l'aust€rit€
et du puritanisme boer[60] .
Mais c'est la d€couverte des gisements d'or au Witwatersrand en 1886 qui fait du Transvaal le principal sujet
pr€occupant pour l'administration coloniale britannique. Longue d'environ 70„km d'ouest en est, la zone aurif•re du
Witwatersrand s'av•re alors la plus riche jamais d€couverte fournissant ‚ la fin du 19e si•cle jusqu'‚ 1/4 de la
production mondiale d'or[63] . Au Cap, l'homme d'affaires Cecil Rhodes s'emploie d•s lors ‚ saper la stabilit€ des
r€publiques boers afin de r€aliser sa vision imp€riale qui aspirait ‚ la formation d'un dominion sud-africain
€conomiquement unifi€ et ‚ une Afrique britannique du Cap au Caire[64] . En 1889, joignant ses ambitions politiques
et ses int€rŠts priv€s, Rhodes cr€e la British South Africa Company (BSAC) qui obtient du gouvernement
britannique une • charte royale • pour occuper le Matabeleland, le royaume de Lobengula, successeur de Mzilikazi,
situ€ au nord du Transvaal. En 1890, alors que Rhodes est devenu Premier Ministre du Cap, avec le soutien de
l'Afrikaner Bond, la BSAC occupe le Mashonaland. Ces deux territoires et ceux conquis en amont du fleuve
Zamb•ze formeront bientˆt la Rhod€sie.
‰ l'ouest, le Bechuanaland est sous contrˆle britannique. Le Transvaal est encercl€ et, mis ‚ part l'unique d€bouch€
maritime que lui offre Lourenƒo-Marqu•s dans la colonie portugaise du Mozambique, il ne peut se d€velopper sans
concertation avec les autorit€s britanniques.
L'irruption d'un syst•me industriel dans une soci€t€ rurale, autarcique et conservatrice tel que le Transvaal allait
avoir des r€percussions consid€rables, d€plaƒant le centre de gravit€ €conomique de l'ensemble r€gional sud-africain
vers Johannesburg, ville nouvelle et cosmopolite au c†ur du Witwatersrand, fond€e en 1886 ‚ une cinquante de
Histoire de l'Afrique du Sud 18
Pretoria la capitale du Transvaal. N€e de la ru€e vers l'or, elle atteint en quelques ann€es plus de 100000 habitants,
principalement originaires du Cap ou d'outre-mer (les uitlanders) qui r€clament l'€galit€ politique avec les Boers de
la r€publique. ‰ ces uitlanders se sont ajout€s des milliers de nouveaux prol€taires noirs issus du monde rural qui
constituent une nouvelle cat€gorie urbaine de population d€racin€e et coup€e de ses origines tribales. Afin de g€rer la
permanence de cette classe ouvri•re noire dans le Witwatersrand, les autorit€s sud-africaines du Transvaal r€pliquent
les lois adopt€es ‚ Kimberley sur le travail migrant, combinant confinement spatiale dans des zones d€finies et
emplois r€serv€s[65] .
Au milieu des ann€es 1890, les tensions montent encore de nouveau entre le gouvernement colonial du Cap et le
Transvaal, ‚ propos notamment du montant des taxes ferroviaires et des tarifs douaniers appliqu€s par la r€publique.
Cette opposition finit par se personnaliser entre le pr€sident Kruger, et Cecil Rhodes, premier ministre de la Colonie
du Cap.
En septembre 1899, apr•s l'€chec d'ultimes tentatives de m€diation du pr€sident Marthinus Steyn de l'•tat libre
d'Orange, le Ministre des Colonies britanniques Joseph Chamberlain envoie un ultimatum ‚ Kruger exigeant la
compl•te €galit€ de droits pour les citoyens britanniques r€sidant au Transvaal, ce que celui-ci ne pouvait accepter.
C'est en connaissance de cause que Kruger lance par contre son propre ultimatum avant mŠme d'avoir reƒu celui de
Chamberlain. Il donnait 48 heures aux Britanniques pour €vacuer leurs troupes des fronti•res du Transvaal, ou la
guerre leur serait d€clar€e en accord avec leur alli€, l'•tat libre d'Orange[68] . La guerre est ainsi d€clar€e le
12„octobre„1899.
Histoire de l'Afrique du Sud 19
D€moralis€s, d€sorganis€s et dispers€s, les combattants boers finissent par Štre accul€s. Leur commandement se
r€signe alors ‚ n€gocier un trait€ de paix qui est sign€ ‚ Pretoria le 31„mai„1902 : le trait€ de Vereeniging. En plus
des pertes civiles dans les camps de concentration, 22000 britanniques et soldats de l'Empire ainsi que 4000
combattants boers sont morts[70] auxquels s'ajoutent de nombreuses pertes parmi les noirs et les m€tis engag€s au
cˆt€ des arm€es respectives.
Vaincus, humili€s et ruin€s, les Boers, non seulement se retrouvent dans une d€tresse totale ‚ la fin de la guerre mais
ils perdent aussi leurs r€publiques pour devenir des sujets britanniques. Si plus de 50000 uitlanders se retrouvent
priv€s d'emplois, 200000 r€fugi€s, noirs et blancs affect€s par la guerre, se retrouvent entass€s dans des conditions de
vie tr•s pr€caires et mis€rables[71] . Le souvenir des milliers de civils morts dans les camps de concentration
britanniques allaient alimenter pendant tr•s longtemps la rancune, voire la haine, d'une partie des Afrikaners (tels
qu'ils seront d€sormais appel€s) contre le Royaume-Uni et leurs propres concitoyens d'origine britannique mŠme si
Londres multiplie les gestes d'ouverture ‚ leur €gard en supprimant notamment la loi martiale, en rappatriant les
prisonniers d€port€s ‚ Ceylan et Sainte-H€l•ne et en investissant plus de 16 millions de livres sterling dans les
r€gions d€vast€es[71] .
Histoire de l'Afrique du Sud 20
Exclus des n€gociations commenc€es ‚ Durban, les €lites bantoues du pays, souvent form€es au sein des missions
anglicanes, s'€taient r€unis ‚ Bloemfontein en mars 1909, pour participer ‚ une convention indig•ne, premi•re
manifestation nationale d'une r€sistance politique noire au pouvoir blanc[76] . Sous la conduite de William Philip
Schreiner, ancien premier ministre de la colonie du Cap, les repr€sentants des Bantous et des M€tis, vinrent ‚
Londres pour exposer leurs dol€ances mais sans succ•s. Le projet de loi nomm€ South Africa Act instituant en
Afrique du Sud un r€gime parlementaire sur le mod•le du syst•me de Westminster, est vot€ par le Parlement
britannique le 20 septembre 1909[77] . Son entr€e en vigueur est pr€vue pour le 31 mai 1910. ‰ cette date
anniversaire de la fin de la guerre des Boers, la Colonie du Cap, rassembl€e avec le Griqualand, le Stellaland et le
Histoire de l'Afrique du Sud 21
B€chuanaland britannique, devient la nouvelle province du Cap pour former l'Union d'Afrique du Sud, au cˆt€ des
provinces du Natal, du Transvaal et de l'•tat libre d'Orange. La capitale administrative de l'Union est fix€e ‚ Pretoria.
Le si•ge du parlement est ‚ Cape-Town et le si•ge de la cour suprŠme est ‚ Bloemfontein. L€anglais et le n€erlandais
sont les langues officielles du parlement. Le pays est dot€ d€armoiries qui figurent sur le drapeau colonial britannique
d€Afrique du Sud, le Red Ensign.
Cette constitution allait permettre aux Afrikaners de reprendre en main la r€alit€ du pouvoir politique ‚ l'€chelle d'un
grand pays compos€ de quatre provinces distinctes[78] .
La constitution de 1910[79] permet €galement aux anciennes r€publiques boers de continuer d'appliquer un syst•me
€lectoral s€gr€gationniste (favorable ainsi aux Afrikaners au Transvaal et de l€Orange) alors que dans la colonie du
Cap les coloureds et les noirs, repr€sentant alors 15% du corps €lectoral, exercent leur droit de vote sous conditions
censitaires[80] .
C€est dans ce cadre que les Afrikaners, vaincus militairement, domin€s €conomiquement par la minorit€ anglophone,
s'attellent ‚ la conquŠte du pouvoir politique.
Repr€sentants du congr•s national des natifs La mise en place des lois fonci•res et le renforcement du color bar
sud-africains en 1914 n'apparaissent pas suffisantes pour les Afrikaners les plus
au premier rang:
radicaux, d'autant plus que ceux-ci sont surtout anim€s par leur
Thomas Mapikela, John Dube, Sol Plaatje
au second rang :
ranc†ur envers la Grande-Bretagne.
Walter Rubusana, Saul Nsane Avant mŠme l'engagement de l'Union dans la Premi•re Guerre
mondiale au cˆt€ du Royaume-Uni, un ancien de la guerre des
Boers, le g€n€ral James B. Hertzog, faisait dissidence en optant pour le combat nationaliste afrikaner et cr€ait en
1914 le Parti national dont le programme radical €tait de mettre fin aux liens de l'Afrique du Sud avec la Couronne
britannique[85] . D•s les €lections de 1915, avec 27 d€put€s, le Parti National s'impose comme le troisi•me parti du
pays derri•re le Parti sud-africain de Botha et les Unionistes.
La Premi•re Guerre mondiale permet au dominion de conqu€rir de nouveaux territoires comme la colonie du
Sud-Ouest Africain allemande en 1915. Mais cet engagement au cˆt€ des Britanniques est d€nonc€ par les
Afrikaners intransigeants, partisans des Allemands du Sud-Ouest Africain. C'est ‚ cette €poque qu'une soci€t€ secr•te
calviniste est fond€e. Le but de la Broederbond, la • Ligue des fr•res •, est la pr€servation et la promotion de
l€identit€ afrikaner qu€elle soit politique, €conomique, sociale ou culturelle. Cette soci€t€ d'entraide afrikaner devient
finalement le moteur de la politique du pouvoir blanc et de tous les dirigeants politiques de cette €poque[86] . Cette
vision est plus tard longtemps partag€e par l€•glise r€form€e hollandaise, une autre composante importante de
l€identit€ afrikaner[87] .
Les ann€es de guerre ont stimul€e l'€conomie nationale. Les noirs, dont les €lites ont soutenu l'effort de guerre, ont
esp€r€ une am€lioration de leurs conditions de vie et la reconnaissance de leurs droits politiques mais ne voient rien
venir sinon au quotidien un renforcement de la s€gr€gation.
‰ la mort soudaine de Louis Botha en 1919, son successeur, Jan Smuts, entreprend une politique €conomique tr•s
lib€rale vis-‚-vis des conglom€rats miniers. Ces derniers souhaitent notamment avoir des co“ts de production les
plus bas possibles et donc une main-d€†uvre ‚ bon march€. ‰ la mŠme €poque, Clements Kadalie fonde la industrial
and commercial worker's union (ICU), le premier syndicat noir du pays.
Histoire de l'Afrique du Sud 23
La victoire polici•re de Smuts se transforme rapidement en une d€faite morale. La loi sur les r€gions urbaines
indig•nes (natives urban areas act), vot€e en 1923, qui offre la latitude aux municipalit€s de pouvoir cr€er des
quartiers r€serv€s aux noirs et de limiter leur urbanisation, ne lui permet pas de reprendre l'ascendant dans l'€lectorat
afrikaner d'autant plus que peu de villes appliquent cette loi, ne voulant pas assumer le co“t financier que cette
politique repr€sente[91] . Tielman Roos, le leader nationaliste du Transvaal, parvient ‚ rallier le petit parti travailliste
(parti pivot au parlement) au parti national en vue des €lections parlementaires de 1924.
Clements Kadalie, le chef et fondateur de ce mouvement syndical, pr€f•re m€nager le gouvernement Hertzog. Il ne
remet en cause que les aspects marginaux du syst•me politique, €conomique et sociale de l'Afrique du Sud et ne
Histoire de l'Afrique du Sud 25
conƒoit aucune alternative globale. Kadalie finit par exclure de l'ICU les repr€sentants de la tendance dure dont les
membres du parti communiste sud-africain. L'ICU op•re alors un d€clin inexorable avant de p€ricliter au d€but des
ann€es 1930[97] . De son cˆt€, l'ANC se d€chire entre une aile conservatrice, qui maintient sa loyaut€ aux institutions
de l'Empire britannique et une aile r€formiste panafricaine, favorable ‚ des revendications nettement plus radicales.
L'aile conservatrice anim€e par John Dube est tr•s hostile ‚ Josiah Gumede, le pr€sident de l'ANC, qui prˆne le
suffrage universel, la restitution des terres, l'abrogation des laissez-passer. Ce dernier est finalement mis en minorit€
lors de la conf€rence du parti en 1930 et remplac€ par Pixley Ka Isaka Seme, proche de Dube. Le rapprochement
initi€ par Gumede avec le parti communiste sud-africain, tout en se distinguant de son id€ologie, n'est n€anmoins pas
remis en cause par la nouvelle direction[98] dont l'objectif est de reconstruire un parti qui ne compte plus que 4000
membres en 1938.
Aux €lections de mai 1933, avec 136 d€put€s sur un total de 150, les deux partis marginalis•rent les travaillistes de
Cresswell et les centristes de Roos. En 1934, le parti national et le Parti sud-africain fusionn•rent pour cr€er un
nouveau parti, le parti uni, refl€tant le gouvernement d'union nationale dirig€ par Hertzog[99] qui abandonne alors le
principe de distinction des 2 nations blanches d'Afrique du Sud (Afrikaners et anglais) pour celui de son unit€. Ce
ralliement provoque alors un nouveau schisme. Les partisans et nostalgiques de la tradition imp€riale se regroupent
dans un parti du Dominion tandis que chez les nationalistes, l'aile droite du parti sur l'initiative du pasteur Daniel
Malan, refuse l'union et forme un • parti national purifi€ •. Dix-sept parlementaires rejoignent ce parti national
purifi€ dont les dirigeants rench€rissent alors dans les revendications nationalistes : r€affirmation de la rupture avec
le Royaume-Uni, instauration de la r€publique, institutionnalisation de la s€gr€gation et de la domination blanche,
promotion de l'histoire afrikaner et du social-christianisme afin de permettre et maintenir la domination politique des
Afrikaners sur toute l'Afrique du Sud[100] .
La convention panafricaine, ouverte en d€cembre 1935 ‚ Bloemfontein par le maire blanc de la ville, r€unit 500
d€l€gu€s repr€sentant les zones rurales et urbaines d'Afrique du Sud, le Transkei, le Zoulouland, les protectorats du
Bechuanaland, du Basutoland et du Swaziland mais aussi des indiens et m€tis[101] . Le but de la convention est de
manifester contre les projets de lois du gouvernement concernant leurs droits politiques et sociaux. En janvier 1936,
elle envoie une d€l€gation aupr•s du gouvernement. Bien que reƒue par Hertzog, celle-ci ne parvient pas ‚ bloquer
l'adoption des lois sur la repr€sentation des Indig•nes et celle sur les terres indig•nes[102] , qui avaient reƒu dans leur
principe le soutien de John Dube[103] . La premi•re de ces lois institue des conseils de repr€sentations indig•nes
(Native Representative Councils), purement consultatifs et compos€s de noirs €lus, d'autres nomm€s, et de
fonctionnaires. En contrepartie, les €lecteurs noirs sont radi€s des listes communes de la province du Cap et r€inscrits
sur une liste s€par€e afin d'€lire trois d€put€s blancs repr€sentant leurs int€rŠts au parlement. La seconde de ces lois
Histoire de l'Afrique du Sud 26
controvers€es, intitul€e loi sur le fonds d'investissement foncier et la terre indig•nes, agrandit la superficie des
r€serves indig•nes existantes ‚ 13% de la surface du pays, ˆtant dans le mŠme temps aux r€sidents noirs du Cap le
droit d'acheter de la terre en dehors des r€serves.
Lors des €lections de 1938, si les €lecteurs confirment le Parti Uni, ce sont les nationalistes de Malan qui gagnent dix
€lus gr‘ce aux voix des Blancs ruraux ou des plus d€munis, confirmant leur statut d'opposition officielle. L'ann€e
1938 est marqu€e notamment par les c€l€brations du centenaire du Grand Trek, rassemblant autour du mŠme th•me,
des communaut€s blanches disparates dont les seuls d€nominateurs communs sont la religion et la langue[104] . Ces
c€l€brations marqu€es par un d€ferlement sans pr€c€dent du nationalisme afrikaner ‚ travers tout le pays se terminent
‚ la date symbolique du 16 d€cembre par la pose ‚ Pretoria de la premi•re pierre des fondations du Voortrekker
Monument, d€di€ aux pionniers boers.
Mais en 1939, au moment de faire accepter par le parlement l'entr€e en guerre au cˆt€ du Royaume-Uni, la coalition
gouvernementale volait en €clat. Alors qu'Hertzog d€fendait le principe de neutralit€ de l'Afrique du Sud, Smuts
soutenait celle de l'engagement au cˆt€ des Britanniques. Malgr€ l'appui des voix nationalistes de Malan ‚ Hertzog,
l'entr€e en guerre est vot€e ‚ une courte majorit€. Hertzog d€missionne et Smuts se retrouve seul au pouvoir[105] .
Dadoo, un influent dirigeant du congr•s indien du Transvaal et membre du parti communiste sud-africain, prononce
plusieurs virulents discours contre la guerre et le suivisme du gouvernement sud-africain ce qui lui vaudra plusieurs
s€jours en prison[111] . En cons€quence des discours anti-guerre et par pr€vention des troubles, les gr•ves des
travailleurs noirs sont d€clar€es ill€gales au titre de l'effort de guerre[112] .
Malan et les nationalistes auxquels s'€taient joints Hertzog et ses alli€s s€unissent dans un • Parti National r€unifi€ •,
mais tr•s vite en d€saccord avec les ultras proches de Malan, Hertzog quittait le parti et fondait le Parti afrikaner
repris apr•s sa mort en 1943 par Nicolaas Havenga[113] .
Malan et les • nats • €vitent dans ces ann€es de guerre d'Štre impliqu€s dans des actions de sabotage mais sont
€quivoques dans leur soutien ou condamnation morale de ces groupuscules. En 1941, Malan prend ostensiblement
ses distances vis-‚-vis de tous les mouvements sud-africains pronazis ou antiparlementaires faisant condamner dans
le journal Die Transvaler, par la plume d'Hendrik Verwoerd, la dissidence de l'ancien ministre Oswald Pirow et de
son nouveau parti, •Ordre Nouveau • (Nuwe Order), au programme ouvertement pronazi. Lors des €lections de
1943, en remportant 16 si•ges suppl€mentaires par rapport aux €lections de 1938 et 36„% des suffrages, le Parti
National parvient ‚ juguler le parti de Pirow qui n'a aucun €lu alors que le Parti Uni (105 si•ges), toujours victorieux,
voyait sa majorit€ encore se r€duire[114] .
De son cˆt€, le congr•s national africain, qui peine ‚ s'imposer dans la soci€t€ civile noire sud-africaine, entreprend
de se reconstruire sous la direction d'Alfred Xuma. Son but est de transformer l'organisation intellectuelle qu'est
l'ANC en un v€ritable parti de masse. En 1943, il fait adopter une nouvelle charte constitutionnelle qui ouvre
l'adh€sion ‚ l'ANC aux gens de toute race, €limine de l'organigramme la chambre des chefs tribaux et accorde aux
femmes des droits €gaux aux hommes au sein du mouvement[115] . En 1944, il facilite, au sein du monde €tudiant,
principalement ‚ l'universit€ de Fort Hare, la cr€ation de la ligue des jeunes de l'ANC par Nelson Mandela, Walter
Sisulu et Oliver Tambo, dont l'objet est de former un renouvellement des id€es et des cadres d'un parti vieillissant.
Cette ligue de jeunesse se r€v•le vite plus radicale que son a…n€e dans son mode d'expression, partisan de
manifestations de masse pour faire aboutir les revendications d'€galit€s raciale et politique de la majorit€ noire[116] .
Elle conteste notamment le bilan de ses a…n€s, plaide pour une €mancipation morale vis ‚ vis du paternalisme blanc
et pour l'affirmation d'un nationalisme sud-africain noir, d€barrass€ de ses oripeaux ethniques[117] .
Le rebondissement des probl•mes raciaux intervient au sortir de la Seconde Guerre mondiale, €poque o‹ la totalit€
de la population urbaine noire d€passe pour la premi•re fois celle de la population urbaine blanche pour atteindre 1,5
million de personnes[118] . En 1947, Xuma formalise son alliance avec le Congr•s indien du Natal et le Congr•s
indien du Transvaal du docteur Yusuf Dadoo, afin de pr€senter un front uni, d€passant les clivages raciaux, face ‚ la
classe politique blanche.
Chez les Blancs, les tensions entre les nationalistes afrikaners et les mod€r€s du Parti Uni avaient €t€ de nouveau
dop€s par la politique raciale ambig”e de Smuts, oscillant entre assouplissement et renforcement de la s€gr€gation.
L'approbation de Jan Smuts aux conclusions du rapport de la commission Fagan qui pr€conisait une lib€ralisation du
syst•me racial en Afrique du Sud en commenƒant par l'abolition des r€serves ethniques ainsi que la fin du contrˆle
rigoureux des travailleurs migrants[119] amena le Parti National ‚ mandater sa propre commission (la commission
Sauer) qui recommanda ‚ l'inverse le durcissement des lois s€gr€gationnistes[120] .
Aur€ol€ de la victoire des alli€s[116] ‚ laquelle s'est joint l'Afrique du Sud et de la participation du pays ‚ la cr€ation
des Nations unies, Jan Smuts semblait assur€ d'une r€€lection confortable aux €lections g€n€rales de 1948 et pouvait
ainsi proposer de mettre en forme les propositions de la commission Fagan, alors que les nationalistes proposaient
aux Sud-Africains afrikaners mais aussi aux anglophones leur nouveau projet de soci€t€ bas€ sur les conclusions de
la commission Sauer : l'Apartheid.
Histoire de l'Afrique du Sud 28
L'•re de l'apartheid
La victoire du parti national consacre aussi la victoire du Broederbond. Le danger de domination ou d€acculturation
anglophone tant redout€ par les Afrikaners est d€finitivement €cart€ et l€unit€ du peuple afrikaans r€alis€e.
Cependant, la coh€sion nationale de celui-ci reste menac€e par le • Swaartgevaar • (le p€ril noir)[124] . L€Apartheid,
ou d€veloppement s€par€ des races, est alors pr€sent€ comme un arsenal juridique destin€ ‚ assurer la survie du
peuple afrikaner mais aussi comme un • instrument de justice et d€€galit€ qui doit permettre ‚ chacun des peuples qui
constitue la soci€t€ sud-africaine d€accomplir son destin et de s€€panouir en tant que nation distincte •. Ainsi,
beaucoup de nationalistes afrikaners pensent que l€apartheid ouvre des carri•res et laisse leurs chances aux noirs,
chances qu€ils n€auraient pu saisir s€ils avaient €t€ oblig€s d€entrer en comp€tition avec les blancs au sein d€une
soci€t€ int€gr€e[125] .
Si Hendrik Verwoerd, le ministre des affaires indig•nes ‚ partir de 1950, est parfois consid€r€ comme le grand
architecte de l'apartheid, ses inspirateurs sont ‚ rechercher non seulement du cˆt€ de la th€orie de la pr€destination de
l'€glise r€form€e hollandaise mais aussi du cˆt€ de l'€cole afrikaans d'anthropologie[126] et de l'un de ses
repr€sentants les plus embl€matiques, le professeur d'ethnologie Werner Max Eiselen. Si Eiselen avait rejet€ le
racisme scientifique[127] pr€dominant dans les ann€es 1920, il avait n€anmoins justifi€ dans l'un de ses ouvrages la
s€gr€gation raciale comme un moyen de maintenir et renforcer les identit€s ethniques et linguistiques des peuples
bantous[128] . Allant plus loin et en conclusion de ses analyses sur les effets acculturant de l'urbanisation et du travail
migrant sur les structures traditionnelles africaines, il avait appuy€ d•s le d€but des ann€es 1930 l'id€e d'un
s€paratisme g€ographique, politique et €conomique non seulement entre les noirs et les blancs mais aussi entre les
diff€rentes ethnies entre elles. Rejetant l'id€e mŠme d'existence d'une soci€t€ unique sud-africaine, il est convaincu
que les civilisations bantoues ont €t€ corrompues par leur interaction avec la soci€t€ urbaine de type occidental et
qu'elles ne peuvent plus se d€velopper en vertu de leurs propres imp€ratifs culturels.
Avec l'apartheid, auquel Eiselen contribue ‚ mettre en place en tant que secr€taire aux affaires indig•nes puis ‚
l'€ducation bantoue, le syst•me l€gislatif et constitutionnel d'Afrique du Sud s€enrichissait de nouvelles lois
s€gr€gationnistes alors que les anciennes lois raciales et spatiales comme le Land Act de 1913 €taient durcies. La
Histoire de l'Afrique du Sud 29
question raciale finissait par intervenir ‚ tous les stades de la vie avec la codification de lois s€gr€gationnistes
d'applications quotidiennes visant ‚ faire coexister deux mondes qui jamais ne vivraient ensemble.
Les lois organisant l'apartheid, vot€es en f€vrier 1950, €taient organis€es autour d'un principe de cloisonnement : les
individus sont class€s en quatre groupes qui d€terminent leur vie (r€sidence, €tudes, mariage, etc). En fait cette
nouvelle l€gislation visait ‚ promouvoir et organiser un s€paratisme g€ographique, politique et €conomique au sein
de l'Afrique du Sud. Proc€dant alors ‚ un renversement de logique par rapport aux politiques ant€rieures dont
l'imp€ratif €tait l'unit€ de la nation et du territoire, l'apartheid vise ‚ sacrifier ‚ l'ordre racial non seulement l'int€grit€
territoriale du pays mais aussi ‚ g€rer les relations entre les groupes[129] .
Les Noirs furent progressivement expuls€s
de quartiers entiers pr•s des villes tels
Sophiatown et oblig€s de vivre dans des
townships construits pour eux. Ils devaient
souvent parcourir de longues distances
pour aller travailler dans les villes
blanches.
En amenant la question raciale au c†ur du
d€bat politique, le Parti national allait,
durant une trentaine d'ann€es, monopoliser
le vote de la communaut€ afrikaner et
attirer le vote de la communaut€
anglophone. La reprise de la doctrine de
l'apartheid par les premiers ministres
successifs, tous du NP et afrikaner, cr€e un
syst•me institutionnel et l€gislatif unique
au monde, approuv€ par la majorit€ des
Blancs convaincus de n€avoir d€autres
choix pour demeurer dans leur pays.
Lors des €lections d'avril 1958, le Parti National remporte une confortable victoire €lectorale, vainqueur cette fois en
voix et en si•ges.
En 1960, le massacre de Sharpeville, o‹ 69 protestataires pacifiques furent tu€s par la police, mit l'Afrique du Sud ‚
la • Une • de l'actualit€ internationale[134] . Pour riposter, le gouvernement fait interdire la plupart des mouvements
Histoire de l'Afrique du Sud 31
de lib€ration comme l'ANC ou le Congr•s panafricain[134] . Leurs dirigeants entrent alors dans la clandestinit€.
Nelson Mandela fonde alors une aile militaire de l'ANC, appel€ Umkhonto we Sizwe, ce qui signifie la Lance de la
Nation et qui se lance dans des actions de sabotage des infrastructures industrielles, civiles ou militaires[134] . En fin
d'ann€e, le chef de l'ANC, Albert Lutuli, obtient le Prix Nobel de la paix.
Dans un discours m€morable sur le • vent du changement • prononc€ au parlement ‚ Cape Town, le Premier ministre
britannique Harold Macmillan en profite pour critiquer l€immobilisme et le pass€isme des dirigeants d€Afrique du
Sud. Exasp€r€s, les nationalistes proposent de soumettre un projet de r€f€rendum pour instituer la r€publique. Bien
qu'on ait cru un moment ‚ une s€cession des Blancs anglophones du Natal, le principe de la r€publique fut approuv€
le 5 octobre 1960. ‰ cette occasion les Blancs se divisent entre r€publicains (Afrikaners) et loyalistes (anglophones)
mais la transition se fait dans le calme sans €migration excessive des anglophones[135] .
La • proclamation de la R€publique d'Afrique du Sud • (RSA) le 31 mai 1961 accompagn€ de la rupture des derniers
liens avec le Royaume-Uni (retrait du Commonwealth) et la cr€ation effective du premier bantoustan noir, le
Transkei marquent l'apog€e de l'apartheid.
Aux €lections du 8 octobre 1961, la politique de Verwoerd est pl€biscit€e alors qu'Helen Suzman devient la seule
€lue du Parti Progressiste au programme ouvertement anti-s€gr€gationniste.
En juillet 1963, plusieurs des principaux chefs de l'ANC interdite dont Nelson Mandela et Walter Sisulu sont arrŠt€s
‚ Rivonia et inculp€s de haute trahison et de complots envers l'•tat. En 1964, ils sont condamn€s ‚ la prison ‚ vie.
L'ANC et Umkhonto we Sizwe, d€capit€s, sont alors totalement d€sorganis€s et installent leur quartier g€n€ral ‚
l'€tranger.
En raison de sa politique d'Apartheid, l'Afrique du Sud est exclue des jeux olympiques d'€t€ de 1964 qui se d€roulent
‚ Tokyo au Japon.
En 1965 Verwoerd refuse la pr€sence de joueurs et de spectateurs Maoris ‚ l€occasion de la tourn€e des All Blacks
n€o-z€landais en Afrique du Sud, pr€vue en 1967, ce qui oblige la f€d€ration n€o-z€landaise de rugby ‚ XV ‚ la faire
annuler.
Aux €lections du 30 mars 1966, le parti national remporte 58„% des suffrages alors qu'‚ ses fronti•res, la • colonie •
de Rhod€sie du Sud de Ian Smith a d€clar€ unilat€ralement son ind€pendance du Royaume-Uni pour maintenir le
principe de la domination blanche sur son territoire.
Le 6 septembre 1966, un d€s€quilibr€ Dimitri Tsafendas, un m€tis d'origine portugaise et mozambicaine, assassine
Verwoerd en plein c†ur du parlement[136] mettant ainsi fin ‚ la phase d'€laboration et d'application intensive et
m€thodique de l'apartheid.
En 1971, John Vorster refusa de faire modifier le drapeau sud-africain contrairement ‚ ce que voulait faire Verwoerd
qui souhaitait adopter un nouveau drapeau tricolore, d€barrass€ de l'Union Jack, et aux bandes verticales orange,
blanche et bleue au centre duquel auraient figur€ un springbok et des prot€as.
En politique int€rieure John Vorster a assouplit certaines lois vexatoires du petty apartheid. Il autorisa ainsi
l'ouverture des bureaux de poste, des parcs, et de certains hˆtels et restaurants aux noirs[138] .
Sur le plan sportif, Vorster annonce en 1967 un rel‘chement des r•gles en qui concerne les rencontres sportives
internationales : il annonce que les €quipes sportives internationales comprenant ‚ la fois des joueurs blancs et des
joueurs de couleur sont d€sormais accept€es en Afrique du Sud, ‚ la condition qu'elles n'aient pas de vis€e
politique[139] . La mŠme ann€e, il abroge les lois d'Apartheid qui interdisaient la constitution d'une €quipe olympique
multiraciale afin de permettre ‚ l'Afrique du Sud de pouvoir participer aux Jeux olympiques d'€t€ de 1968 ‚
M€xico[137] . Toutefois l'€quipe s€lectionn€e pour ces jeux olympiques ne peut participer en raison des protestations
de nombreux pays africains[140] .
‰ la mŠme €poque €clate l'affaire D'Oliveira du nom du joueur m€tis de cricket anglais d'origine sud-africaine
annonc€ dans l'€quipe d'Angleterre de cricket venue en tourn€e en Afrique du Sud au cours de l'hiver 1968-1969. En
d€pit des assouplissements ‚ l'apartheid dans le sport, le gouvernement de John Vorster d€cide que si Basil
D'Oliveira est s€lectionn€ par le Marylebone Cricket Club dans l'€quipe d'Angleterre, il fera annuler la tourn€e. Au
final, la tourn€e sera effectivement annul€e tout comme celle de l'€quipe d'Afrique du Sud de cricket en Angleterre
en 1970 ‚ la suite de virulentes manifestations anti-apartheid[141] .
Si Vorster refusa que d'Oliveira mette le pied en Afrique du Sud, il autorisa en revanche la pr€sence de joueurs et de
spectateurs maoris lors des tourn€es de l'€quipe de Nouvelle-Z€lande de rugby ‚ XV venue rencontrer les Springboks
sud-africains en 1970 et en 1976. Cette d€cision provoqua un schisme au sein du parti national quand une faction
radicale men€e par Albert Hertzog (fils du g€n€ral boer et ancien premier ministre James Barry Hertzog), Jaap
Marais et Louis Stofberg fit scission pour cr€er en 1969 le Parti national reconstitu€ (Herstigte Nasionale Party -
HNP)[142] . Reprise en main par Jaap Marais en 1977, cette dissidence restera marginale (3 ‚ 7 % des voix blanches).
Ce schisme renforƒa la popularit€ de Vorster au sein de la communaut€ blanche, y compris chez les progressistes
anglophones (pourtant oppos€s ‚ la politique d'Apartheid). Apr•s avoir €t€ en tant que ministre de la justice
intraitable au d€but des ann€es 1960 avec les nationalistes noirs anti-apartheid en concoctant les lois les plus
r€pressives du r€gime, John Vorster se montrait ‚ pr€sence intraitable avec les h€ritiers spirituels de Verwoerd,
n'h€sitant pas ‚ aller jusqu'‚ risquer le schisme politique afin de pr€server, selon sa vision, l'unit€ et la source du
pouvoir afrikaner [143] .
En 1971 la South African Cricket Association a tent€ d'envoyer l'€quipe d'Afrique du Sud de cricket aller faire une
tourn€e en Australie allant mŠme jusqu'‚ sugg€rer que deux joueurs noirs, Dik Abed et Owen Williams fassent partie
de l'€quipe mais Abed et Williams ont rejet€ la proposition.
La mŠme ann€e, dans une autre tentative pour obtenir une tourn€e internationale, la South African Board of Control
invita l'€quipe de Nouvelle-Z€lande de cricket ‚ disputer trois matchs contre des €quipes multiraciales, quand celle-ci
€tait en route vers l'Angleterre, toutefois la Nouvelle-Z€lande a d€clin€ l'offre.
En 1975, lors de la tourn€e de l'€quipe de France de rugby, le pr€sident de la f€d€ration sud-africaine de rugby,
Danie Craven organise trois rencontres contre des s€lections noires m€tisses et multiraciales.
En 1976, le gouvernement sud-africain accepte que l'€quipe d'Afrique du Sud de football multi-raciale affronte
l'€quipe d'Argentine en match amical, ‚ cette occasion Jomo Sono, joueur des Orlando Pirates Football Club marque
4 buts et permet ‚ l'Afrique du Sud de s'imposer 5-0[144] .
Dans les ann€es 1970, le ministre des sports de Vorster, Piet Koornhof annonce la mise en place d'€quipes sportives
zoulous, xhosas, indiennes, et m€tisses.
Contrairement ‚ son pr€d€cesseur qui avait fait interdire l'ANC en Afrique du Sud, suite au massacre de Sharpeville
en 1960, John Vorster n'a pas fait interdire la SWAPO, mouvement anti-Apartheid luttant contre l'occupation
Histoire de l'Afrique du Sud 33
sud-africaine du Sud-Ouest Africain/Namibie. En 1967, le gouvernement Vorster annonce qu'il accorde une
autonomie limit€e ‚ l'Ovamboland une zone tribale du Sud-Ouest Africain[137] , fief de la SWAPO.
Suite ‚ la gr•ve de milliers d'ouvriers Ovambos entre d€cembre 1971 et juin 1972, le gouvernement Vorster
entreprend des r€formes et abroge la loi de 1920 dite ma…tre et serviteurs. Suite ‚ la d€signation de la SWAPO
comme repr€sentant unique et authentique du peuple namibien par l'Assembl€e g€n€rale des Nations Unies, le 12
septembre 1973, et percevant les divisions au sein mŠme des mouvements d'opposition du Sud-Ouest Africain, John
Vorster abandonne les objectifs du rapport Odendaal, un rapport de 1964, mis en place en 1968 et qui pr€voyait la
constitution de dix bantoustans sur le territoire namibien, dont six ayant vocation ‚ devenir autonomes, repr€sentant
ainsi plus des deux tiers de la population namibienne. Il d€cide dans le cadre de sa politique de d€tente avec les pays
africains de s'engager dans la voie de l'autod€termination du territoire • y compris celle de l'ind€pendance.
Il va ainsi faire de la Namibie un terrain de n€gociations politiques dont il r€utilisera les r€sultats pour la Rhod€sie
dirig€e par Ian Smith. C'est €galement sous John Vorster que eu lieu les derni•res €lections o‹ seuls les blancs de
Namibie eurent le droit de voter pour €lire l'assembl€e l€gislative du Sud-Ouest Africain, qui eurent lieu le 24 avril
1974 et furent remport€es comme en 1950, 1953, 1955, 1961, 1965, et 1970 par le parti national du Sud-Ouest
Africain.
En novembre 1974, l'ensemble des autorit€s du territoire, y compris les autorit€s tribales et les repr€sentants des
partis politiques noirs sont invit€s par l'assembl€e l€gislative du Sud-Ouest africain, domin€e par le Parti national du
Sud-Ouest Africain ‚ participer aux pourparlers constitutionnels de la Conf€rence de la Turnhalle qui dureront de
septembre 1975 ‚ octobre 1977, toutefois l'invitation fut d€clin€e par la SWAPO et la SWANU.
Le 1er septembre 1977, Vorster nomme comme administrateur du Sud-Ouest africain, Martinus Steyn, un juge ‚ la
r€putation lib€rale, qui un mois apr•s sa nomination abroge les lois d'Apartheid sur les mariages mixtes, et sur
l'immoralit€, et supprime les contrˆles int€rieurs sur tout le territoire, ‚ l'exception de la zone diamantif•re et de la
fronti•re septentrionale.
La conf€rence de la Turnhalle d€bouchera sur les premi•res €lections multiraciales namibiennes (boycott€es par la
SWAPO, la SWANU et le parti national du Sud-ouest africain) qui ont lieu en d€cembre 1978 et qui sont remport€es
par l'Alliance d€mocratique de la Turnhalle avec 82% des voix.
le principe de l'accession de la majorit€ noire au pouvoir[155] . Mais les obstacles s€amoncelent vite, relatifs
notamment au processus de transition (organisation du cessez-le-feu, le d€sarmement des forces arm€es, la
surveillance des €lections, la coordination interne entre les mouvements de gu€rilla, etc).
En mai„1977, la rencontre au palais Hofburg de Vienne en Autriche entre Vorster et le vice-pr€sident am€ricain
Walter Mondale aboutit ‚ une impasse[156] . La solution interne rhod€sienne bas€e sur un gouvernement multiracial
vis€ par les accords de Salisbury du 3 mars 1978, sign€s entre Smith et trois leaders africains mod€r€s, Abel
Muzorewa, le r€v€rend Ndabaningi Sithol€ et le chef Jeremiah Chirau, ne recevra pas ainsi l'aval de la nouvelle
administration am€ricaine. Deux ans plus tard, suite aux accords de Lancaster House, un nouveau processus sous
patronage britannique aboutit ‚ l'ind€pendance du Zimbabwe (ex-Rhod€sie) qui sera gouvern€ par Robert Mugabe, le
chef marxiste de la ZANU.
du gouvernement. En 1979, son ministre de l'emploi Fanie Botha (ami proche et partenaire de classe de John
Vorster) proc•de ‚ l'abandon de la loi d'apartheid r€servant les emplois dans les mines aux blancs et autorise la
formation de syndicats noirs dans le domaine minier.
Le 8 mai 1980, Botha cr€e une commission parlementaire dirig€e par son ministre de la justice Alwyn Schlebusch
afin d'examiner les r€formes propos€es par la commission Theron mise en place par John Vorster trois ans plus tˆt.
Dans ses rapports, la commission Theron stipule que le syst•me parlementaire de Westminster est obsol•te, inadapt€
pour une soci€t€ multiculturelle et plurielle comme la soci€t€ sud-africaine, qu'il renforƒait les conflits politiques et
la domination culturelle d'un groupe sur les autres, formant ainsi un obstacle ‚ la bonne gouvernance du pays. La
commission en appela au changement de syst•me mais ne remit pas en question le principe des lois d'apartheid[167] .
Soutenu par les €l€ments les plus lib€raux du Parti national, Botha et son ministre de la r€forme constitutionnelle,
Chris Heunis, entreprennent alors une vaste r€forme visant ‚ pr€sidentialiser le r€gime et surtout octroyer un droit de
vote et une repr€sentation s€par€e pour les m€tis et les Indiens en instaurant un parlement tricam€ral. Mais rien n€est
pr€vu pour les Noirs, pourtant majoritaires. Bien que cette r€forme soit limit€e et soit qualifi€e de bancale par les
lib€raux, que le principe de la domination blanche ne soit pas remis en question, les conservateurs se crispent[168] .
Aux €lections de juin 1981, le HNP obtient 13„% des voix r€v€lant la m€fiance des ruraux afrikaners vis-‚-vis du
gouvernement PW Botha alors que le Parti national avec 53„% des voix perd corr€lativement 11 points par rapport
aux €lections de 1977.
‰ l'annonce des propositions sur les nouvelles institutions, les verkramptes, regroup€s autour du ministre et pr€sident
de la f€d€ration NP du Transvaal, Andries Treurnicht[169] ne parviennent pas ‚ influencer la ligne r€formiste de
Botha dont l'objectif est selon ses termes la mise en place d'une d€mocratie pluraliste en Afrique du Sud[170] . Botha
parvient ‚ imposer sa r€forme ‚ la majorit€ des parlementaires du NP, provoquant une cassure id€ologique entre les
Afrikaners du Transvaal et de l'Orange avec ceux du Cap et du Natal[171] . Au Transvaal, Botha se repose sur
Fr€d€rik De Klerk et Pik Botha qui €vincent Treurnicht de la pr€sidence du NP et ralliant la majorit€ des €lus locaux.
Andries Treurnicht et un autre ministre du gouvernement, Ferdinand Hartzenberg, ne tardent pas ‚ tirer les
cons€quences de leur €chec et ‚ quitter le parti national avec une dizaine de parlementaires NP pour fonder, le 20
mars 1982, le Parti conservateur (Conservative Party - CP)[172] ,[173] . Lors de son congr•s fondateur, celui-ci reƒoit
le soutien d'anciens hauts dignitaires du parti national en rupture de ban comme Jimmy Kruger (ancien ministre de la
justice et ancien pr€sident du s€nat sud-africain aboli en 1981), Connie Mulder, chef du Parti national-conservateur,
ou Betsie Verwoerd (la veuve d'Hendrik Verwoerd). Le CP €choue cependant ‚ rallier le HNP, rest€ fid•le ‚ son
h€ritage verwoerdien, hostile ‚ l'int€gration des anglophones et au d€membrement mŠme de l'Afrique du Sud pour y
cr€er un r€duit blanc (le Volkstaat).
En 1983, les mouvements oppos€s ‚ l'apartheid s'allient au sein de l'United Democratic Front (UDF) pour
coordonner la r€sistance au r€gime[174] . L'UDF devint vite le repr€sentant dans le pays de l'ANC. Dans la mŠme
ann€e, apr•s le succ•s d'op€rations symboliques comme l'attentat contre la centrale nucl€aire de Koeberg[175] ,
Umkhoto we sizwe commet l'attentat ‚ la bombe le plus meurtrier de son histoire ‚ Pretoria le 20 mai 1983 (19
personnes tu€s, 217 bless€s)[176] ,[177] .
En novembre 1983, Pieter Botha fait adopter sa r€forme par r€f€rendum. Avec 76„% de participation, les Blancs
approuvent ‚ 65„% la nouvelle constitution instituant un syst•me pr€sidentiel et parlementaire tricam€ral. Le poste de
Premier ministre est supprim€ et Botha prend la fonction de pr€sident de la r€publique (State President). Il s'agit
moins pour les blancs d'accorder le droit de vote aux minorit€s de couleurs que de maintenir l€exclusion des Noirs de
toute repr€sentation parlementaire[178] .
Histoire de l'Afrique du Sud 38
De Klerk convoque des €lections g€n€rales anticip€es en septembre 1989. Celles-ci sont mauvaises pour le NP avec
la perte d€une trentaine de si•ges au profit du Parti Conservateur - CP (39 si•ges pour 33„% des voix) et du nouveau
parti d€mocratique (Democratic Party - DP), issu d'une fusion entre les petits partis progressistes et lib€raux (avec 33
si•ges et 21„% des voix)[186] . Le NP gardet n€anmoins une petite majorit€ mais il n'est plus le premier parti des
€lecteurs afrikaners qui lui ont pr€f€r€ le CP pour 45„% d'entre eux (et seulement 7.5„% des voix anglophones).
Le nouveau pr€sident reste prudent, annonƒant comme priorit€, durant son discours d'investiture, la r€daction d'une
nouvelle constitution permettant la cohabitation pacifique de toutes les populations d'Afrique du Sud. Il prend
n€anmoins des mesures concr•tes d•s l'automne 1989 en autorisant les manifestations multiraciales, dont celles de
l'ANC, ‚ Johannesburg, Soweto et au Cap, en prononƒant l'€largissement de quelques figures de l'opposition
anti-apartheid comme Walter Sisulu et en autorisant la cr€ation de 4 zones r€sidentielles multiraciales dans les
provinces du Cap, du Natal et du Transvaal[187] .
En janvier 1990, il provoque la fureur des ultras et la stupeur du monde entier en prononƒant la lev€e de l'interdiction
de l'ANC, du PAC et du parti communiste, la lev€e de la censure, la suspension de la peine capitale et la lib€ration
prochaine des derniers prisonniers politiques dont Nelson Mandela, figure embl€matique de la lutte
anti-apartheid[188] .
Histoire de l'Afrique du Sud 40
Le r€f€rendum oblige les Blancs ‚ d€cider concr•tement de leur avenir et ‚ faire un choix clair et d€finitif sur la
politique de r€formes constitutionnelles du gouvernement. La d€faite des partisans de l€apartheid est sans appel. La
plupart des r€gions fiefs du CP votent oui aux r€formes (51 % ‚ Kroonstad et 58„% ‚ Bloemfontein dans l'•tat Libre
d'Orange ; 54„% ‚ Kimberley dans le Cap-nord ; 52„% ‚ Germiston et mŠme 54„% ‚ Pretoria dans le Transvaal).
Seule la r€gion de Pietersburg dans le Northern Transvaal manifeste ‚ 57„% son hostilit€ aux r€formes[194] . Dans les
r€gions anglophones, c'est un raz de mar€e en faveur du oui (78 % ‚ Johannesburg, au Cap, ‚ Port Elizabeth), les
records en sa faveur ayant lieu au Natal (78 % ‚ Pietermaritzburg ; 84„% ‚ Durban). C'est la cons€cration pour De
Klerk qui d€clare qu'en ce jour les Sud-Africains avaient d€cid€ par eux-mŠmes de refermer d€finitivement le livre
de l'apartheid. Sans condamner le r€gime pass€, il rappelle que le syst•me n€ de bonnes intentions avait d€rap€ sur la
r€alit€ des faits. Il s€av€rait bien que les Blancs ne renonƒaient pas au syst•me parce qu'il €tait moralement
condamnable, mais parce qu€avec pragmatisme, la communaut€ afrikaner prenait acte du fait que l'apartheid €tait un
€chec n'ayant pu lui assurer ni la s€curit€ €conomique ni la s€curit€ physique[195] ,[196] . Une issue n€goci€e €tait
alors d'autant plus vitale, pour la • tribu blanche •.
‰ la suite du d€saveu de Viljoen par le CP, le g€n€ral afrikaner cr€e un nouveau parti, le Front de la libert€ (Freedom
Front - FF) pour repr€senter les Afrikaners aux €lections de 1994.
Quant au CP, il livre ses derni•res batailles parlementaires puis symboliquement, en pleine session parlementaire,
entonne pour oraison fun•bre de la domination blanche, l'hymne national • Die Stem van Suid Afrika • apr•s que le
gouvernement a fait adopter les derni•res lois mettant sur pied un r€gime multiracial de transition charg€ d'€laborer
dans les cinq ans une nouvelle constitution[207] .
Histoire de l'Afrique du Sud 43
En avril 1994, apr•s une campagne €lectorale sous tension o‹ les attentats de gauche et de droite se sont succ€d€, la
RSA va proc€der ‚ ses premi•res €lections multiraciales.
Deux jours avant le vote, un attentat attribu€ ‚ l'extrŠme droite a lieu ‚ Johannesburg devant le quartier g€n€ral de
l'ANC. Des attentats meurtriers suivent ‚ Germiston et ‚ l'a€roport Jan Smuts de Johannesburg. Consid€r€s comme
un baroud d'honneur de l'extrŠme-droite, ils ne remettent pas en cause les €lections[208] .
Une politique d'affirmative action (discrimination positive) est mise en place ‚ partir de 1995. Elle vise ‚ promouvoir
une meilleure repr€sentation de la majorit€ noire dans les diff€rents secteurs du pays (administration, services
publics et parapublics, soci€t€s nationalis€es et priv€es). Ce programme contribue au d€veloppement d'une nouvelle
classe moyenne noire et urbaine (environ 10 % de la population noire)[217] . En contrecoup de cette politique, mais
aussi pour des raisons li€es ‚ l'ins€curit€ qui ravage le pays, plus de 800000 blancs, souvent tr•s qualifi€s, dont
l'€crivain J. M. Coetzee, quittent le pays entre 1995 et 2005 (soit 16,1 % des Sud-africains blancs)[218] ,[219] .
En 1996, la constitution transitoire est remplac€e par une nouvelle constitution, adopt€e au parlement par la quasi
unanimit€ des d€put€s de l'ANC et du parti national. En juin 1996, ce dernier quitte le gouvernement peu apr•s son
adoption. Accus€ d'avoir trop c€d€ ‚ l'ANC durant la p€riode transitoire, le parti national se divise. L'ancien ministre
nationaliste Roelf Meyer quitte le parti et fonde avec Bantu Holomisa, le mouvement d€mocratique uni, le premier
nouveau parti multiracial de l'•re postapartheid. Une partie des membres les plus conservateurs du parti national
rejoignent le parti d€mocratique dirig€ par Tony Leon, nettement plus €nergique ‚ leurs yeux dans son opposition ‚
l'ANC, ou bien le front de la libert€. En 1998, sous la direction de Marthinus van Schalkwyk, le parti national
devient le Nouveau Parti national, une formation qui se veut plus centriste que son pr€d€cesseur.
Histoire de l'Afrique du Sud 45
En 2008, une grave p€nurie d'€lectricit€ ach•ve le bilan €conomique du pr€sident ‚ qui la presse reproche
l'impr€voyance de son gouvernement, et de celui de Nelson Mandela, pour avoir refus€, en 1996, d'investir dans la
construction de nouvelles centrales €lectriques alors que le pays connaissait une croissance de la demande en
€lectricit€ de 10 % chaque ann€e. Les grandes villes sont pendant plusieurs semaines p€riodiquement plong€es
pendant quelques heures dans l'obscurit€ alors que le gouvernement est contraint de promouvoir le rationnement, de
renoncer ‚ certains grands projets cr€ateurs d'emplois et de suspendre ses exportations d'€lectricit€s vers les pays
voisins[227] .
En mai 2008, le gouvernement de Thabo Mbeki est confront€ ‚ une vague de violences contre les immigr€s,
caract€ris€ notamment par des meurtres, des pillages et des lynchages[228] ,[229] .
l€occasion d€attaquer l€ANC, d€nonƒant la • d€t€rioration de l€•tat de droit et de l€ordre constitutionnel •. • Les
fermiers blancs sont tu€s en Afrique du Sud ‚ un rythme qui, dans d€autres pays, aurait justifi€ l€instauration de l€€tat
d€urgence •, estime l€IFP, qui accuse l€ANC et le pr€sident Jacob Zuma, en soutenant plus-ou-moins Julius Malema,
de cautionner les meurtres de fermiers. Pour avoir mis en €vidence dans un livre la volont€ de revanche qui se
d€veloppe dans les campagnes, l'€crivain John Maxwell Coetzee a €t€ contraint de quitter l'Afrique du Sud, affirmant
"qu'il n'y avait plus sa place et qu'il ne se reconnaissait plus dans ce pays"[232] .
Les craintes d'une guerre civile semblent lointaines, mais le miracle sud-africain demeure fragile. Il s'est construit,
voil‚ ‚ peine deux d€cennies, sur une poign€e de mythes[236] , notamment celui d'une nation arc-en-ciel, une notion
invent€e par l'archevŠque Desmond Tutu afin de d€signer son rŠve de voir construire une soci€t€ sud-africaine
post-raciale. Ce fut aussi une faƒon m€taphorique de penser la cohabitation des groupes, non par leur fusion mais
juste par leur juxtaposition[237] . Critiqu€e pour sa symbolique, la notion, qui a succ€d€ ‚ celle voisine de soci‚t‚
plurale d€velopp€e sous l'apartheid[238] est rest€e un mirage au regard de l'€volution du pays. La nouvelle Afrique du
Sud aura fonctionn€ durant les 15 premi•res ann€es sur l'image de Nelson Mandela, figure €rig€e en embl•me
fondateur par ses partisans nationaux et ses admirateurs €trangers comme, en France, Jacques Derrida[239] mais cette
"mandelamania" apparaitra comme un paliatif rassurant pour des citoyens en quŠte d'identit€ dans le monde nouveau
et incertain qui s'installe en Afrique du Sud en 1994[239] .
Le vrai probl•me sud-africain reste la pauvret€ qui touche aujourd'hui surtout les noirs, mais aussi, dans une moindre
mesure, les blancs. Ainsi, selon le chercheur Vincent Darracq du Centre d'€tudes d'Afrique noire de Bordeaux, les
in€galit€s n'ont jamais €t€ si fortes que durant la p€riode pr€c€dente[240] . Pour la premi•re fois depuis dix-sept ans,
la croissance a €t€ n€gative en 2009 (- 1,8 %). Jacob Zuma avait promis pendant la campagne €lectorale de 2009 la
cr€ation de 1 million d€emplois ; le taux de chˆmage officiel est de 25 %, contre 23 % un an plus tˆt. L€effet Coupe
du monde est donc bien limit€. L'ambiance d€l€t•re qui r•gne depuis quelques mois au sein de la coalition en
inqui•te certains. Le secr€taire g€n€ral de la Cosatu, d€nonce le • mat€rialisme crasse qui gangr•ne l€ANC • et pr€dit
mŠme l€implosion de la coalition au pouvoir. L€ANC pourrait entrer, pr€vient-il, dans • la plus grande crise qu€elle a
jamais connue •.• La plupart des cadres que nous avons maintenant ‚ l€ANC sont des criminels en Gucci et Prada •,
d€nonce €galement un avocat d€affaires et membre du parti. • Il n€y a plus que deux cat€gories : les privil€gi€s et les
aigris. Les premiers sont ceux qui ont les faveurs du pouvoir, les autres sont ceux qui soudainement perdent leurs
privil•ges •, estime-t-il[r€f.„n€cessaire].
Le parti de Mandela €prouve toujours d€€normes difficult€s ‚ passer de son statut de mouvement de lib€ration ‚ celui
de parti de gouvernement et de gestionnaire. Le plus grand d€fi de ces derni•res ann€es a €t€ de r€duire les in€galit€s,
notamment en assurant la promotion professionnelle de la majorit€ noire. Mais l€Affirmative Action (la discrimination
positive) et surtout le Black Economic Empowerment (BEE) ont eu bien plus d€impacts n€fastes que de retomb€es
positives. C€est en tout cas ce que clame depuis des ann€es nombres d'€conomistes et d'analystes. ‰ engager des gens
selon leur race, leur appartenance politique, syndicale plus que pour leur comp€tence, l€administration a beaucoup
perdu en efficacit€. Quant au BEE, il n€a gu•re eu qu€un seul impact, celui de • cr€er une petite classe de privil€gi€s •
autour de Mbeki et plus g€n€ralement autour de l'ANC.
Histoire de l'Afrique du Sud 48
Notes et r€f€rences
[1] Georges Lory, L'Afrique du Sud, Karthala, 1998 p 21-22
[2] d'apr•s Derek Nurse et G€rard Philippson: The Bantu Languages, Routledge, London 2003
[3] Georges Lory, infra, p 24
[4] Georges Lory, infra, p 26
[5] Georges Lory, infra, p 25
[6] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 18 et s.
[7] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 27
[8] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 16-18
[9] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 20
[10] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 22-23
[11] Paul, Coquerel, Afrique du Sud, histoire s‚par‚e, p 20-21
[12] F.-X. Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, 2006, p.142
[13] Paul Coquerel, infra, p 24
[14] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners p 20
[15] Paul Coquerel, infra, p 27 et s.
[16] Georges Lory, infra, p 39
[17] Paul, Coquerel, Afrique du Sud, histoire s‚par‚e, p 25-26
[18] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 23
[19] Paul, Coquerel, Afrique du Sud, histoire s‚par‚e, p 27
[20] Paul Coquerel, infra, p 23-24
[21] Paul Coquerel, infra, p 29-30
[22] Henri Wesseling, Le partage de l'Afrique, 1880-1914, Denoel, 1991, p 356
[23] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 32
[24] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 32
[25] Paul Coquerel, infra, p 33
[26] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e', p 34
[27] Serge Thion, le pouvoir pƒle: essai sur le syst„me sud-africain, Le Seuil, 1969 (http:/ / www. morula. net/ TOTUS/ STpp/ STpp2.
html#anchor51934)
[28] Georges Lory, infra, p 40 et s.
[29] Henri Wesseling, supra, p 357
[30] Henri Wesseling, supra, p 358
[31] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 34
[32] Jean S€vry, l'Afrikaner vue par les historiens et les ‚crivains : portraits ou caricatures ?, revue Palabres, Vol. V, n–1, 2003, p 37
[33] Georges Lory, ibid p 33
[34] Christopher Saunders, Historical dictionary of South Africa, New York, Scarecrow Press, 1983, p73
[35] Franƒois-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 2-02-048003-4), p.243. L'auteur €voque le chiffre
de 15000 voortrekkers sur 5 ans.
[36] Jean S€vry, ibid, p 39
[37] W.A. De Klerk, the puritans in Africa, the story of Afrikanerdom, Londres, Pelican Books, 1975, p 24
[38] Franƒois-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 252
[39] Henri Wesseling, supra, p 359
[40] Franƒois-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 252-253
[41] Franƒois-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 253-254
[42] Georges Lory, infra, p 46
[43] Franƒois-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 256
[44] Georges Lory, infra, p 44
[45] Death of a civilisation (http:/ / lewrockwell. com/ orig9/ deming2. html#) de David Deming (Universit€ d'Oklahoma)
[46] Henri Wesseling, supra, p 360
[47] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 57
[48] Franƒois Xavier Fauvelle-Aymard, infra, p 274
[49] Paul Coquerel, infra, p 47
[50] Henri Wesseling, supra, p 362-364
[51] Franƒois-Xavier Fauvelle-Aymard, infra, p 279
[52] En 1872, on compte une trentaine de travailleurs noirs engag€s par les prospecteurs de Kimberley
[53] Franƒois-Xavier Fauvelle-Aymard, infra, p 281
[54] F.X. Fauvelle-Aymar, infra, p 296-297
[55] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 72
Histoire de l'Afrique du Sud 49
[233] Dead of Terre'Blanche (http:/ / www. youtube. com/ watch?v=jfcnhuRuRR4& feature=related), Reuters 3 avril 2010
[234] Le pr€sident des jeunes ANC attise les tensions raciales (http:/ / www. letemps. ch/ Page/ Uuid/ 6951498e-40f1-11df-9212-43b8b8430160/
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[235] Peurs blanches, col•res noires (http:/ / www. jeuneafrique. com/ Article/ ARTJAJA2570p028-030. xml0/
politique-meurtre-racisme-apartheidpeurs-blanches-coleres-noires. html) Jeune Afrique, 19 avril 2010
[236] Les mythes de la nation arc en ciel battus en br•che (http:/ / www. bbc. co. uk/ french/ news/ story/ 2009/ 12/
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[237] Franƒois-Xavier Fauvelle Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Seuil, 2006, p 101
[238] Paulus Zulu, les illusions perdues de la r‚forme politique in La r‚publique sud-africaine, ‚tat des lieux (sous la direction de Dominique
Darbon), Karthala, 1992, p 46 et s.
[239] Dominique Darbon, La nouvelle Afrique du Sud, H€rodote, revue de g€ographie et de g€opolitique, n–82/3, 1996, p 5 et s
[240] Le rŠve reste inachev€ (http:/ / www. sudouest. fr/ 2010/ 06/ 06/ le-reve-reste-inacheve-109933-3. php)
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