Histoire de L'afrique Du Sud

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Histoire de l'Afrique du Sud 1

Histoire de l'Afrique du Sud


L'histoire de l'Afrique du Sud est tr•s riche et tr•s complexe du fait
de la juxtaposition de peuples, de cultures et d'ethnies diff€rentes
depuis la Pr€histoire. La culture des Bochimans y est pr€sente depuis
au moins 25000 ans et celle des Bantous, depuis au moins 1500 ans.
Les deux cultures auraient, selon des sources limit€es ‚ l'arch€ologie,
g€n€ralement cohabit€ paisiblement. L'histoire €crite d€bute avec
l'arriv€e des Europ€ens, en commenƒant par les Portugais qui d€cident
de ne pas coloniser la r€gion, laissant la place aux N€erlandais. Les
Britanniques contestent leur pr€€minence vers la fin du XVIIIe„si•cle,
ce qui a men€ ‚ deux guerres. Le XXe„si•cle est marqu€ par le syst•me
l€gislatif s€paratiste et s€gr€gationniste de l'Apartheid puis par
l'€lection du premier pr€sident noir d'Afrique du Sud Nelson Mandela ‚
la suite des premi•res €lections nationales multiraciales organis€es
dans le pays.

Pr€-colonisation
L'histoire pr€coloniale est difficile ‚ relater en raison notamment de
l'absence d'€crits et de la difficult€ ‚ dater des €v•nements pass€s
concernant un territoire €tendu, ‚ l'€poque inconnu des civilisations La Prot€a, fleur embl•me de l'Afrique du Sud

ma…trisant l'€criture et peu peupl€. Par cons€quent, l'histoire de ce pays


n'a longtemps relat€ que les €v•nements post€rieurs aux premi•res
explorations europ€ennes. Ce n'est que depuis une vingtaine d'ann€es
que les historiens int•grent vraiment les d€couvertes des arch€ologues
pour commencer ‚ (tenter de) retracer la p€riode pr€coloniale de
l'Afrique du Sud.

La Montagne de la Table en 1683


Histoire de l'Afrique du Sud 2

Commandos afrikaners durant la Seconde Guerre


des Boers

Hommes zoulous en habit traditionnel

Pr€histoire
De nombreux fossiles trouv€s dans les grottes de Sterkfontein,
Swartkrans, Kromdraai et Makapansgat indiquent que des
australopith€cin€s vivaient sur le plateau du Highveld il y a environ 2,5
millions d'ann€es[1] . Il est g€n€ralement accept€ que Homo sapiens,
l'humain moderne, a remplac€ Homo erectus il y a 100000 ans. Des
fossiles controvers€s trouv€s dans le site de Klasies River mouth, dans
la province du Cap-Oriental, indiqueraient que l'humain moderne vivait
en Afrique du Sud il y a 90000 ans.

L'Afrique du Sud compte €galement de nombreux sites du Middle


Communaut€ bochiman
Stone Age tels que Blombos, Diepkloof ou Border Cave. Ces sites ont
livr€ des vestiges interpr€t€s comme des indices de l'€mergence de la
modernit€ culturelle : blocs d'ocre grav€s, perles en coquillage (Blombos), coquilles d'†uf d'autruche incis€s
(Diepkloof), os incis€s (Border Cave).
Histoire de l'Afrique du Sud 3

Durant le Later Stone Age se mettent en place des groupes apparent€s


aux Bochimans et aux Kho‡kho‡ actuels. En l'absence de
documentation €crite et compte tenu de la raret€ des vestiges
arch€ologiques, il est difficile de reconstituer pr€cis€ment l'histoire et
l'€volution de ces groupes. Il semblerait que le nombre des Bochimans
n'ait jamais exc€d€ une cinquantaine de milliers d'individus sur le
territoire de l'actuelle Afrique du Sud[3] . Ces chasseurs-cueilleurs
nomades avaient un tel respect de la nature qu'ils n'ont, en termes
modernes, laiss€ presque aucune empreinte €cologique ‚ part des
peintures rupestres.

Il y a environ 2500 ans, certains Bochimans ont acquis du b€tail des


r€gions plus au nord, ce qui a graduellement chang€ leur mode de vie
€conomique de chasseurs-cueilleurs vers celui d'€leveurs. Cela a
introduit les notions de richesse personnelle et de propri€t€ dans leur
soci€t€, en solidifiant ainsi les structures et d€veloppant sa politique.
Les Kho‡kho‡ se sont d€plac€s vers le sud, rejoignant la r€gion du Cap
de Bonne-Esp€rance. Ils ont continu€ ‚ occuper davantage les cˆtes,
tandis que les Bochimans, qu'ils nommaient San, sont rest€s ‚
l'int€rieur des terres. Leurs liens €taient toutefois €troits et le m€lange
des deux cultures a donn€ lieu ‚ celle des Kho€san.

Expansion des Bantous


1 = 3000 - 1500 av. JC, foyer d'origine des
‰ la mŠme €poque o‹ les Kho‡kho‡ apparaissent, des peuples Bantous peuples bantous
2 = v.1500 av JC, premi•res migrations
sont arriv€s du nord-ouest, plus pr€cis€ment du delta du Niger. La 4
2.a = Bantous orientaux,„22.b = Bantous
premi•re vague de ces peuples migrants issus de l'Œge du fer, occidentaux
agriculteurs et €leveurs, aurait atteint l'Afrique du Sud vers l'an 300[4] 3 = 1000 - 500 av JC, €clatement de la culture
pour Urewe (Bantous orientaux)
4 - 7 = Avance vers le Sud
9 = 500 av JC - 0 €clatement du foyer Congolais
10 = 0 - 1000 ap. JC derni•re phase de
[2]
migration
Histoire de l'Afrique du Sud 4

s'€tablir dans l'actuelle province du


KwaZulu-Natal vers 500. D'autres ont
descendu la rivi•re Limpopo vers les
IVe„si•cle ou Ve„si•cle pour parvenir vers le
Xe„si•cle dans l'actuelle province du
Cap-Oriental. Leur migration n'€tait pas
coh€sive et s'est faite en petites vagues,
d€plaƒant tout de mŠme des populations de
chasseurs-cueilleurs.

Non seulement €leveurs, les Bantous €taient


aussi des agriculteurs, ma…trisant entre autres
cultures, celle du bl€. Ils travaillaient aussi
le fer et vivaient dans des villages. Ce sont
les ancŠtres des peuples parlant les langues
Repr€sentation pr€historique peinte d'un €l€phant ‚ l'entr€e des grottes du Cango
nguni : xhosa, zoulou et diverses autres
langues tribales. Les Xhosas seront les seuls
‚ Štre organis€s en •tats pour se d€fendre de leurs voisins. Pour tous les autres peuples, l'unit€ politique ne d€passera
pas le groupe de village.

Les deux cultures auraient, selon des sources limit€es ‚ l'arch€ologie, g€n€ralement cohabit€ paisiblement. Toujours
est-il qu'on peut observer une int€gration d'€l€ments des cultures Kho€san et Bantoue. Outre les art€facts
arch€ologiques, la linguistique r€v•le que le clic caract€ristique des Kho€san a €t€ incorpor€ dans plusieurs langues
bantoues[5] .

L'arriv€e des Europ€ens


L'histoire €crite d€bute avec l'arriv€e des Europ€ens. C'est le
3„f€vrier„1488, ‚ Mossel Bay que d€barque pour la premi•re fois sur
ces rives un €quipage europ€en ‚ la recherche d'une nouvelle route vers
l'Inde et l'Asie, command€ par le Portugais Bartolomeu Dias. Ils
nomment le cap Cabo da Boa Esperan•a, nom portugais du Cap de
Bonne-Esp€rance.

Le 25„d€cembre„1497, un autre navigateur portugais, Vasco de Gama,


explore la cˆte sud du continent et baptise une des r€gions cˆti•res du
Drapeau hollandais du XVIIe si•cle
nom de Natal (NoŽl en portugais). En 1498, il contourne l€Afrique et
pousse au nord-est, explorant des r€gions de l'actuel Mozambique,
avant de se diriger vers l'Inde. Les cˆtes n'€tant pas propices ‚ l'accostage et des tentatives d'€changes avec les
Kho‡kho‡ s'€tant r€v€l€es source de conflits, les Portugais jettent leur d€volu sur la r€gion du Mozambique. Celle-ci
offre en effet de meilleurs points d'accostages, en plus de ressources naturelles int€ressantes, dont certains fruits de
mer et des gisements d'or.

Le naufrage, en 1647, du navire hollandais, le Nieuw-Haarlem, dont les rescap€s avaient surv€cu un an au pied de la
montagne du Cap, incite les N€erlandais ‚ cr€er en cet endroit un point de ravitaillement. C'est ainsi que la
Compagnie n€erlandaise des Indes orientales envoie Jan van Riebeeck pour y installer une base fortifi€e.
Le 6„avril„1652, Jan van Riebeeck d€barque au pied de la Montagne de la Table, avec quatre-vingts hommes ‚ bord
d'une flottille compos€e du Drommedaris, du Reijer et du Goede Hoop pour cr€er une • station de rafra…chissement •,
destin€e ‚ fournir de l'eau, de la viande, des l€gumes et des fruits frais aux €quipages diminu€s par le scorbut apr•s
quatre mois de mer[6] . Ce territoire €tait d€limit€ par une haie d'amandes am•res dont on retrouve la trace dans les
Histoire de l'Afrique du Sud 5

jardins botaniques de Kirstenbosch. Quand les N€erlandais d€barqu•rent, la p€ninsule du Cap €tait habit€e par
quelques tribus de chasseurs indig•nes Kho‡kho‡ et San que les Hollandais baptis•rent du nom de Hottentot
(b€gayeur). Dans le reste de l'Afrique du Sud, les peuples Sothos occupaient alors les hauts plateaux au sud du fleuve
Limpopo (actuelle province du Limpopo), les Tsongas vivaient dans l'est (actuel Mpumalanga) tandis que les
peuples Ngunis (Zoulous, Xhosas, Swazis) se partageaient la r€gion m€ridionale ‚ l'est de la Great Fish River, ‚
1500„km ‚ l'est du Cap[7] .
Durant les premi•res ann€es de cohabitation avec les N€erlandais, les
Kho‡kho‡s €taient bien dispos€s ‚ l'€gard des nouveaux arrivants. Des
relations commerciales se nou•rent entre eux. Les Bochimans
€chang•rent leur b€tail contre toutes sortes d€objets manufactur€s
hollandais. Une partie d'entre eux fut n€anmoins d€cim€e par la variole
apport€e par les Europ€ens. Les premiers temps furent aussi difficiles
pour les colons n€erlandais. Dix-neuf d'entre eux ne pass•rent pas le
premier hiver.

En 1657, van Riebeeck recommanda que les hommes lib€r€s de leurs Rencontre en 1652 de Jan van Riebeeck avec les
obligations vis-‚-vis de la compagnie, fussent autoris€s ‚ commercer et Kho‡kho‡s
‚ s'installer comme citoyens libres. En f€vrier 1657, les premi•res
autorisations d'€tablissement sont d€livr€es ‚ neuf (ex-)salari€s de la
compagnie qui reƒoivent le titre de burgher (citoyen libre). Les
Burghers sont autoris€s ‚ cultiver la terre pour y planter du bl€ et des
vignes. Des parcelles de terres leur sont attribu€es, spoliant les
Kho‡kho‡s qui y vivaient. Priv€s de leurs meilleur p‘turage, ils tentent
de c€der des bŠtes malades aux burghers. Les relations d€g€n•rent et en
f€vrier 1659, les Kho‡kho‡s f€d€r€s sous l'autorit€ du chef Doman
assi€g•rent les N€erlandais, oblig€s de se retrancher dans le fort de
Bonne Esp€rance. La contre-attaque de ces derniers d€cima les Le ch‘teau fort pentagonal de Bonne-Esp€rance
assaillants, r€duits en esclavage ou refoul€s vers le nord[8] . au Cap fut construit de 1666 ‚ 1670

Entre 1657 et 1667, plusieurs exp€ditions furent organis€es pour


reconna…tre l'int€rieur des terres. Quand van Riebeeck quitta le territoire en 1662, le comptoir commercial du Cap
comptait 134 salari€s de la Compagnie des Indes Orientales, 35 colons libres, 15 femmes, 22 enfants et 180 esclaves
d€port€s de Batavia et de Madagascar[9] . La colonie €tait tr•s hi€rarchis€e, les fonctionnaires de la compagnie des
Indes se trouvant au sommet de l'ordre social et politique. Si la couleur de la peau n'€tait pas d€terminante et
qu'aucune distinction juridique ne s€parait l'homme libre d'un l'esclave affranchi, le clivage se faisait uniquement
entre le chr€tien et le non chr€tien, l'homme libre et l'esclave[10] .

En 1679, Simon van der Stel est nomm€ commandeur de la ville du Cap. Sous son impulsion, Le Cap devient une
colonie de peuplement. Des immigrants n€erlandais, allemands, danois, su€dois, fuyant la mis•re et les atrocit€s
commises lors de la guerre de Trente Ans, se joignent aux Burghers[11] . Le territoire que van der Stel doit alors
administrer s'€tend de la r€gion qui s'€tend de Muizenberg sur l'oc€an Indien aux montagnes de Steenberg et de
Wynberg. Il entreprend de d€velopper l'agriculture en conc€dant des terres aux burghers, que l'on commence ‚
appeler Boers, afin de d€velopper les cultures et fait planter plus de huit mille arbres.
Histoire de l'Afrique du Sud 6

En 1685, le groupe de 800 colons est rejoint par 200 huguenots chass€s
de France par la r€vocation de l'€dit de Nantes[12] . Simon van der Stel
leur conc•de des terres riches en alluvions dans la vall€e
d'Olifantshoek et de la rivi•re Berg, prot€g€es des vents du large par un
grand cirque rocheux, pour y d€velopper la viticulture. Ils cr€ent les
neuf fermes historiques (La Bourgogne, La Dauphine, La Brie,
Champagne, Cabri•re, La Terra de Luc, La Cotte, La Provence et La
Motte) avec des vignes franƒaises.
Tribus Kho‡kho‡s de la colonie du Cap En 1691, le territoire acc•de au statut officiel de colonie et en 1700,
compte 1334 habitants blancs alors qu'elle n'en comptait pas plus de
168 en 1670[13] .
D•s la fin du XVIIe„si•cle, pour pallier la p€nurie de main-d'†uvre, des
esclaves avaient €t€ import€s de Guin€e, de Madagascar, d€Angola et
de Java[14] (leurs descendants constitueront le groupe ethnique des •
Malais du Cap •). En effet, ‚ cette €poque, les premi•res tribus
africaines ne r€sident pas ‚ moins de 1000„km ‚ l'est au-del‚ de la
rivi•re Kei. Cette absence de Noirs au Cap, ainsi que dans certaines
Groot Constantia (1685), domaine viticole de
r€gions de l'int€rieur, d€clenche bien plus tard la pol€mique entre
Simon van der Stel, exemplaire de l'architecture
hollandaise du Cap
Afrikaners et Noirs quant ‚ l'ant€riorit€ de leur pr€sence en Afrique du
Sud. Par ailleurs, en raison du faible nombre de femmes d'origine
europ€enne, la compagnie des Indes s'€tait d'abord accommod€e du m€tissage concr€tis€ par l'€mergence d'enfants
m€tis issus de relations ou d'unions entre n€erlandais et hottentotes. Leur nombre augmenta tr•s rapidement faisant
apparaitre un nouveau groupe ethnique bientˆt appel€ Kaapkleurige (m€tis du Cap) inqui€tant les autorit€s
coloniales. En 1678, un €dit mit en garde contre les relations intimes entre europ€ens et indig•nes et en 1685, les
mariages mixtes furent l'objet d'une interdiction [10] . .

En 1706, la premi•re r€volte des Boers contre les m€thodes de gouvernement et la corruption du gouverneur Willem
Adriaan van der Stel[15] aboutit, non seulement sur le renvoi de ce dernier mais aussi sur l'arrŠt de l'immigration
europ€enne en Afrique du Sud. Certains Boers, n€s en Afrique, revendiquent mŠme leur africanit€ (• ek been ein
afrikander • comme le jeune Hendrik Bibault (1707) [16] ). La Compagnie des Indes, en mettant un terme ‚
l'immigration europ€enne, veut r€orienter la colonie vers son utilit€ originelle, celle de station de ravitaillement et
€viter le d€veloppement d'un foyer de peuplement revendicatif. ‰ cette fin, la Compagnie avait €galement entrepris
de monopoliser les d€bouch€s commerciaux de la colonie, de fixer les prix des productions locales et d'imposer une
administration de plus en plus tatillonne et proc€duri•re. Cette politique restrictive de harc•lement allait cependant
encourager l'esprit libertarien chez les colons libres et les paysans n€erlandais natifs de la colonie. Ces derniers
cherch•rent alors ‚ €chapper au contrˆle oppressif de la Compagnie et franchirent les fronti•res de la colonie pour
s'€tablir hors de sa juridiction, dans l'int€rieur des terres. Ils furent appel€s Trekboers (paysans nomades), pratiquant
un €levage intensif et vivant dans des chariots b‘ch€s tir€s par une paire de b†ufs. Repli€s sur eux-mŠmes,
pratiquant un calvinisme aust•re et menant une vie fruste et dangereuse, les Trekboers €labor•rent une culture
originale influenc€e par l'immensit€ d€sertique o‹ ils vivaient. Ils abandonn•rent progressivement le n€erlandais
pour une nouvelle langue, l'afrikaans, m€lange de dialectes hollandais, de cr€ole portugais et de khoikhoi invent€ par
les m€tis du Cap[17] .
Histoire de l'Afrique du Sud 7

Au XVIIIe„si•cle, les Trekboers fond•rent aussi


des villes, celles de Swellendam et de
Graaff-Reinet, en d€pit d'accrochages meurtriers
avec les peuples autochtones Khoikhoi et San,
obligeant la colonie du Cap ‚ fixer de nouvelles
fronti•res situ€es au-del‚ des implantations boers
les plus importantes[18] .

En 1713 et 1755, deux €pid€mies de variole


ravag•rent la colonie, tuant un millier de blancs
mais d€cimant les peuples Khoikhoi. Au bout de
60 ans de nomadisme et de progression L'expansion n€erlandaise de 1700 ‚ 1795
ininterrompue, les Trekboers se retrouv•rent
bloqu€s au nord par l'aridit€ extrŠme du Namaqualand, au nord-est par le fleuve Orange o‹ les tribus San leur
opposaient une forte r€sistance, d€termin€s ‚ sauvegarder leur territoire de chasse mais aussi ‚ l'est, o‹ les Trekboers
avaient atteint la Great Fish River, ‚ 1500„km de la cit€-m•re, et se heurtaient ‚ des peuples bantous, en l'occurrence
de puissantes chefferies Xhosas[19] . En 1779 eurent lieu les premi•res escarmouches entre Boers du Zuurveld (en
aval de la Fish River) et tribus indig•nes Xhosas pour la possession de b€tail dans les zones frontali•res (premi•re
guerre Cafre). En 1780, le gouverneur n€erlandais Joaquim van Plettenberg fixa alors la fronti•re est de la colonie du
Cap ‚ la rivi•re Great Fish et ‚ la rivi•re Gamtoos. Mais les ann€es qui suivirent furent marqu€es par de multiples
guerres de fronti•res[20] .

L'annexion britannique de la colonie du Cap


La faillite de la Compagnie des Indes Orientales en 1798, et les men€es
de l'organisation des Patriotes, aid€s par les Franƒais, contribuent ‚ la
pr€sence dans la r€gion des Anglais.
Le Royaume-Uni conquiert la r€gion du Cap de Bonne-Esp€rance en
1797 pendant les guerres anglo-n€erlandaises. La puissance des
Pays-Bas est en d€clin et la rapidit€ de l'action britannique s'explique
Union Jack daniel's
par la volont€ d'€viter que la France ne s'approprie la r€gion. Apr•s
avoir chass€ du pouvoir le Stathouder Guillaume V d'Orange-Nassau,
qui se r€fugie ‚ Londres avec sa famille, les Pays-Bas r€cup•rent la colonie en 1803 lors de la paix d'Amiens, mais la
d€clarent en faillite en 1805[21] .
Histoire de l'Afrique du Sud 8

En 1806, la colonie est de nouveau


occup€e par le Royaume-Uni ‚ qui elle est
officiellement annex€e en 1814 apr•s le
trait€ de Paris[22] .
La colonie britannique est alors €tablie
avec 25000 esclaves, 20000 colons blancs,
15000 Kho‡san et 1000 esclaves noirs
lib€r€s. Comme les N€erlandais, les
Britanniques voient le Cap comme un
point strat€gique de ravitaillement, non pas
comme une colonie. Les relations avec les
Boers ne sont pas meilleures que durant la
Carte de la colonie du Cap en 1809
pr€c€dente administration.

En 1807, la colonie du Cap est rattach€e au Colonial Office, repr€sent€e localement par un gouverneur. Les soci€t€s
missionnaires anglicanes s'installent alors dans la colonie et entreprennent de venir en aide, de conseiller et de
convertir les tribus hottentotes locales. La mŠme ann€e, Londres fait interdire le commerce des esclaves au sein de
l'Empire. Au Cap, des mesures sont prises en faveur des Kho‡Kho‡ et des esclaves. Des missions m€thodistes
s'installent en pays xhosas o‹ les €vang€listes cherchent ‚ former une €lite noire[23] . En 1811, le rapport d'une
mission mit en cause plusieurs familles boers pour des mauvais traitements inflig€s aux esclaves. En 1812, les
missionnaires obtiennent que les plaintes d€pos€es par les Hottentots contre leurs employeurs soient trait€es par les
tribunaux et que les audiences soient publiques. Dans le veld, les Boers perƒoivent ces avanc€es comme une atteinte
‚ leurs libert€s. En 1815, Lorsque le jeune boer Frederic Bezuidenhout, qui avait refus€ de diligenter ‚ unes
convocation judiciaire et avait €t€ condamn€ par d€faut, est tu€ lors de son arrestation par un policier hottentot, sa
mort d€clenche un mouvement de r€bellion parmi les fermiers. Alli€s au chef xhosa Ngqika, ils tentent de soulever la
r€gion du Zuurveld contre le pouvoir colonial. Accus€s de haute trahison, cinq de ces rebelles boers sont arrŠt€s,
condamn€s ‚ mort et pendus ‚ Slachters Neck[24] , fournissant les premiers martyrs ‚ la communaut€ boer. Le foss€
entre ceux-ci et les Britanniques ne va d•s lors cesser de s'€largir.

En 1819, apr•s une €ni•me guerre de fronti•re, les territoires situ€s en


amont de la rivi•re Fish jusqu'‚ la rivi•re Keiskama sont annex€s ‚ la
colonie du Cap.
En 1820, pr•s de 5000 colons britanniques d€barquent au sud-est du
Cap[25] et fondent la ville de Port Elizabeth ‚ la fronti•re des territoires
Xhosas. L'id€e est de cr€er une zone tampon entre les fortifications du
Cap et les territoires Xhosas. Cette strat€gie €choue et d•s 1823, la
Arriv€e des Colons britanniques dans la baie moiti€ des colons se sont retir€s dans les villes, notamment
d'Algoa Grahamstown et Port Elizabeth.

Le foss€ entre les Britanniques et les Boers s'€largit, tandis que les
premiers dominent la politique, la culture et l'€conomie et les seconds restent rel€gu€s aux fermes.
En 1822, le n€erlandais perd son statut de langue officielle dans les tribunaux et les services gouvernementaux. Il
recule dans les domaines scolaires et religieux. Le processus d'anglicisation est en marche alors que le patois
n€erlandais, appel€ aussi afrikaans, est d€nigr€. En 1828, l'anglais devient la seule langue officielle pour les affaires
administratives et religieuses. La mŠme ann€e, l'€galit€ des droits est proclam€e dans la colonie du Cap entre
Kho‡Kho‡ et Blancs tout comme le droit ‚ la propri€t€ pour les Noirs[26] . En 1833, l'esclavage est aboli et les
propri€taires des 40000 esclaves de la colonie sont indemnis€s.
Histoire de l'Afrique du Sud 9

Le Mfecane
A l'€poque des premiers contacts entre Blancs et Noirs, les tribus africaines sont en pleine turbulence sociale et
politique. Durant le d€but du 19e si•cle, la carte g€o-politique de l'ensemble de l'Afrique australe est compl•tement
boulevers€e par un ensemble d'ev€nements d'origines complexes d€sign€s sous le terme de Mfecane (l'€crasement, le
broyage) [27] .
A la suite de heurts violents entre tribus, les rescap€s des tribus vaincues se reformaient en bandes et d€vastaient les
r€gions qu'ils traversaient. L'exemple le plus significatif de cette p€riode arriva au moment de l'apog€e de l'Empire
Zoulou.

Le Royaume zoulou de Shaka


En ce d€but de 19e si•cle, les Zoulous sont une petite chefferie
lignag•re compos€e d'environ 2000 personnes, vivant sur les rives du
fleuve Umfolozi (dans l'actuelle province du KwaZulu-Natal). Deux
puissances se partagent ‚ l'€poque le pouvoir dans la r€gion : la
conf€d€ration dirig€ par le Roi Dingiswayo, chef de la tribu des
Mthethwa et la grande tribu des Ndwandwe du chef Zwide. Le but des
guerres tribales de l'€poque consiste principalement ‚ saisir le b€tail de
l'adversaire et les batailles, qui sont plus des d€monstrations de forces
que de v€ritables empoignades, n'engagent que les meilleurs
guerriers[27] .

En 1816, ‚ la mort du chef zoulou Senzangakhona, son fils ill€gitime,


Shaka, parvint ‚ €vincer ses fr•res et ‚ prendre la tŠte de la chefferie.
Shaka avait €t€ auparavant un brillant officier de Dingiswayo et ‚ la
mort de celui-ci, il lui succ•de, prenant en 1818 la tŠte de la
conf€d€ration formant la nation des Ngunis-Amazoulou, • ceux du ciel
•.

Shaka remodela l'organisation sociale et militaire de son peuple,


r€organisant l'arm€e (qui comptait ‚ l'origine 400 guerriers) en Le roi Chaka
r€giments et en instituant une v€ritable conscription. Une discipline Esquisse par James King, 1824
rigoureuse est impos€e ‚ laquelle le moindre manquement n'a que la
mort comme sanction[27] . Pourvue d'une v€ritable arm€e de m€tier, chaque homme €tant €quip€ avec un large
bouclier de peau, celle-ci devint le pivot de la soci€t€, r€volutionnant les structures traditionnelles[28] . Le
traditionnel jet du javelot est interdit et remplac€ par une lance courte. Shaka r€organisa l'•tat divisant le royaume en
districts militaires. Bouleversant €galement la strat€gie militaire de son arm€e, Shaka opta pour l'attaque • en tŠte de
buffle • o‹ les ailes op•rent un mouvement tournant pour d€border par une man†uvre rapide les troupes adverses[29]
. S'il r€gna ‚ ses d€buts sur un territoire de 100000„km2, ce fut avec son arm€e gigantesque de 100000 hommes,
divis€e en 4 corps et pouvant parcourir ‚ pieds 80„km par jour, qu'il r€orienta l'expansion de son royaume vers l€ouest
et vers le sud contre les peuples Tembou, Pondo et Xhosa.
Histoire de l'Afrique du Sud 10

Ce faisant, il conquit en quatre ann€es un territoire plus vaste que la


France, au prix de v€ritables massacres et de nettoyages ethniques. Il
fait ainsi pratiquer un eug€nisme syst€matique. Seuls les clans qui font
hommage au chef zoulou €chappent ‚ la destruction[27] . Les vieillards
des peuples vaincus sont syst€matiquement supprim€s, les femmes et
les enfants incorpor€s dans la nation zoulou alors que les jeunes ont la
vie sauve s'ils s'enrˆlent dans les r€giments (Impis), abandonnant leur
identit€ ethnique pour devenir de v€ritables Zoulous.

Entre 1816 et 1828, Shaka constitue ainsi un vaste Empire. Tous les
clans entre les montagnes Drakensberg et le sud de la rivi•re Tugela
furent ainsi soumis ‚ Shaka de gr€ ou de force. Ceux qui lui furent
indociles durent fuir vers le nord, dispersant sur leur passage les Sothos
et les Tsongas, provoquant ainsi de tr•s profonds bouleversements dans
Utimuni, neveu de Shaka en tenue de guerre toute l'Afrique australe[30] . Ainsi, les Ngwanes, vaincus, se retranchent
avec d'autres petits clans dans l'actuel Swaziland alors que les Sothos
font de mŠme sur l'oppidum imprenable de Thaba Bosiu d'o‹ ils affrontreront plus tard avec succ•s les Nd€b€l€s, les
Griquas et les Boers[27] . En 1826, la puissante tribu rivale des Ndwandwe s'effondre sous les coups de boutoir de
l'arm€e de Shaka. Plusieurs g€n€raux tels Shoshangane s'enfuirent vers le nord pour se tailler leur propre empire[27] .
Au sein mŠme de la nation Zoulou, Shaka est victime de trahison telle celle de Mzilikazi qui doit finalement s'enfuir
avec quelques partisans, semant la ruine dans les hauts plateaux du veld, peupl€s de Sotho, avant de fonder la nation
matabele dans l'actuel Zimbabwe[27] . Selon certains historiens, les conquŠtes zoulous et leurs cons€quences seraient
responsables directement ou indirectement de la mort de plus de deux millions de personnes qui laisseront
d'immenses territoires vides de toute population.

Le d€clin de Shaka commenƒa avec sa tendance de plus en plus affirm€e ‚ la tyrannie, qui lui valut la crainte de son
propre peuple. ‰ la mort de sa m•re Nandi en 1827, Shaka fit ex€cuter plus de 7000 personnes. Durant une ann€e
enti•re, il est interdit aux gens mari€s de vivre ensemble et ‚ tous de boire du lait.
En 1828, Shaka fut finalement assassin€, victime d'un complot organis€ par son demi-fr•re Dingane.
Les cons€quences indirectes du Mfecane permirent quelques ann€es plus tard aux Boers, lors du Grand Trek, de
s'installer sur le plateau int€rieur afin d'y €riger leurs r€publiques[27] .

Le Grand Trek
Quand les Britanniques abolissent l'esclavage en 1833, les Boers
consid•rent que c'est un acte contre la volont€ divine de la hi€rarchie
des races. Pour apaiser les esprits, le gouverneur, Sir Benjamin
D'Urban instaure un conseil l€gislatif de 12 membres suppos€
permettre aux administr€s du Cap de d€battre des affaires publiques.
Cependant, si les compensations financi•res allou€es pour indemniser
les anciens propri€taires d'esclaves (principalement les fermiers du
Le Grand Trek Cap) sont estim€es insuffisantes par ces derniers, ce furent les
Trekboers, pourtant trop pauvres pour poss€der des esclaves, qui furent
les plus choqu€s par l'abolition de l'esclavage, y voyant une atteinte ‚ l'ordre divin[31] . L'arrogance des autorit€s
britanniques finit de convaincre des milliers de Trekboers ‚ choisir l'€mancipation du pouvoir colonial et de s'exiler ‚
l'int€rieur des terres africaines pour y fonder une r€publique boer ind€pendante.
Histoire de l'Afrique du Sud 11

En 1835, entre 68000[32] et 105000 blancs[33] vivaient alors dans la colonie du Cap. Optant pour un nouveau d€part
vers l'int€rieur des terres, quelques 4000 Boers embarqu•rent pour l'inconnu ‚ bord de leurs chars ‚ b†ufs, avec
femmes, enfants et serviteurs. Les premiers groupes organis€s quitt•rent les r€gions et villes du Cap, de
Graaff-Reinet, de George et de Grahamstown avec ‚ leurs tŠtes, des chefs €lus par leurs communaut€s comme
Andries Pretorius, Louis Trichardt, Hendrik Potgieter et Piet Retief. Le nombre de ces pionniers s'€l•vera ‚ plus de
14000 dans les dix ann€es qui suivirent[34] ,[35] . On les appellera les Voortrekkers.
Cette p€riode est connue sous le nom de Grand Trek et a faƒonn€ la mythologie des Afrikaners, le peuple €lu, la tribu
blanche, ‚ la recherche de sa terre promise. Digne du Far West am€ricain, cette aventure constitue la gen•se du volk
afrikaner dont les motivations sont expos€es dans un manifeste r€dig€ le 22 janvier 1837 par le voortrekker Piet
Retief dans lequel il €nonce ses griefs contre l'autorit€ britannique, les humiliations que les Boers estiment avoir
subies, leur croyance en un ’tre juste qui les guidera vers une terre promise o‹ ils pourront se consacrer ‚ prosp€rit€,
‚ la paix et au bonheur de leurs enfants, une terre o‹ ils seraient enfin libres et o‹ leur gouvernement d€cidera de ses
propres lois[36] ,[37] .
En avril 1836, les deux premiers convois, comprenant chacun une
trentaine de famille et men€s par Louis Trichardt et Janse van
Rensburg, franchissent le fleuve Vaal et traversent le haut-veld,
poussant vers l'Est. Les deux groupes, apr•s 3 ann€es d'errance, seront
finalement d€cim€s par les fi•vres et les conflits avec les Tsongas.
Les convois men€s par Hendrik Potgieter et Gert Maritz se heurt•rent
aux guerriers de Mzilikazi. Celui-ci est d€fait lors de la bataille de
Le roi Dingane en tenue ordinaire et d'apparat
Vegkop et s'enfuit avec ses nd€b€l€s au nord du fleuve Limpopo o‹ il
fonde la Matabeleland. Apr•s avoir repouss€ plus au sud les Sothos de
Moshoeshoe dans les montagnes (dans l'actuel Lesotho), les Boers
proclam•rent la cr€ation de la r€publique des Voortrekkers ‚
Potchefstroom mais les conditions de vie les pouss•rent ‚ redescendre
vers le Natal. La trahison dont vont alors Štre victimes les chefs
voortrekkers Gert Maritz et Piet Retief va longtemps symboliser et
entretenir la m€fiance des Afrikaners envers les Noirs d€Afrique du
Sud. En effet, Retief avait entrepris de n€gocier un accord de
co-existence et d€entraide avec Dingane kaSenzangakhona, le Roi des
Zoulous. Ayant obtenu un accord de ce dernier, Retief et ses
compagnons avaient €t€ invit€s ‚ un banquet en guise de c€r€monie de Massacre des Voortrekkers ‚ Weenen en 1838
signature. En confiance, ils accept•rent de laisser leurs armes. Au cours
de la c€r€monie, Retief et ses 70 compagnons furent massacr€s sur
ordre du Roi Zoulou qui ordonna alors de trouver les campements
boers et de massacrer tous ceux qui s€y trouvaient[38] ,[39] .

Alert€s par des survivants qui €chapp•rent ‚ ces massacres, des


familles boers se rassembl•rent autour de leurs chefs Andries Pretorius
et Sarel Cilliers.
Le 16„d€cembre„1838, ‚ l€aube de la confrontation finale, ils jurent que
La bataille de Blood River
si Dieu leur accordait la victoire, ils construiraient une €glise pour
rendre gr‘ce au seigneur afin de l'honorer et se promettent de lier leur
destin au seul Volk et ‚ Dieu[40] .
La confrontation lors de la bataille de Blood River entre les 500 Boers repli€s derri•re leurs chariots rang€s en cercle
(Laager) et les 10000 guerriers zoulous se solde par une v€ritable h€catombe zouloue, colorant de leur sang la rivi•re
Histoire de l'Afrique du Sud 12

Ncome dor€navant connue sous le nom de Blood River, alors que les voortrekkers n€avaient que quelques bless€s.
Cette victoire consacre la foi des Boers en leur destin biblique. Ils occupent emGungundlovu, qui fait office de
capitale zoulou. Ils reconnaissent Mpande, le demi-fr•re de Dingane, comme roi des Zoulous, avec qui ils s'allient
pour d€faire les r€giments de Dingane[41] . Celui-ci s'enfuit vers le nord o‹ il est tu€ par les Swazis. Quant ‚ Mpande,
qui maintiendra l'unit€ du royaume zoulou pendant 30 ans, il c•de la moiti€ du Natal aux Voortrekkers qui y
proclament la r€publique de Natalia.
Craignant que les Boers ne d€veloppent des relations avec des
puissances €trang•res, les Britanniques envoy•rent un corps
exp€ditionnaire au Natal en 1842 qui aboutit ‚ l'annexion de la r€gion
le 12 mai 1843 par les Britanniques[42] .
Les Boers reprirent alors leur grand trek vers le nord, au-del‚ des
fleuves Orange et Vaal, rejoignant des communaut€s d€j‚ €tablies mais
ils se heurtent encore aux Gricquas (des m€tis kho‡kho‡) et aux Sothos
de Moshoeshoe.
Drapeau de Natalia
Parall•lement, des groupes de m€tis firent leur propre Trek. Les
Oorlams, m€tis de Namas et de N€erlandais, sous la direction de Jager puis de son fils Jonker Afrikaner, s'€tablirent
dans la r€gion du TransGariep. Dans le Namaqualand, des Bastaards €rigent des r€publiques autonomes dot€es de
r•gles constitutionnelles mais sous souverainet€ britannique. Ainsi, Kommagas, Steinkopf et Concordia sont €rig€es
en marge de la colonie[43] . Dans les ann€es 1860, des groupes de Bastaards iront fonder la communaut€ de
Rehoboth dans le Sud-Ouest africain.

La cafrerie britannique
Sur la fronti•re orientale de la colonie du
Cap, les escarmouches entre colons, boers
et Xhosas €taient de plus en plus violentes.
En 1834, un chef de haut rang Xhosa est
tu€ lors d'un raid des commandos boers.
Une arm€e de 10000 guerriers, franchit
alors la fronti•re orientale de la colonie,
proc•de ‚ un pillage syst€matique des
fermes et abat tous ceux qui r€sistent. Un
contingent militaire britannique est alors
envoy€ dans la r€gion sous le
commandement du Colonel Harry Smith
en janvier 1835. Pendant neuf mois, de
s€v•res combats opposent troupes
britanniques et les guerriers Xhosas. Le 10
mai 1835, la r€gion situ€e en amont de la
rivi•re Keiskamma et en aval de la rivi•re
Fronti•re est de la colonie du Cap et la cafrerie britannique en 1835
Kei est annex€e ‚ la colonie du Cap sous le
nom de province de la Reine Ad€la‡de, en
hommage ‚ l'€pouse du Roi Guillaume IV. Cependant, le secr€taire d'€tat aux colonies exigea que la r€gion soit
restitu€e aux indig•nes et en 1836, les troupes britanniques se retiraient de la zone tampon pour s'€tablir pr•s de la
rivi•re Keiskamma.
Histoire de l'Afrique du Sud 13

Du cˆt€ de la fronti•re nord de la colonie du Cap, les premiers trait€s €taient sign€s avec les Gricquas en 1843-1844
pour la reconnaissance du Griqualand Ouest.
En mars 1846, une nouvelle guerre Cafre est d€clench€e sur la fronti•re orientale et se conclut par la d€faite des
guerriers Xhosas. Le district de la Reine Ad€laide est d€plac€ ‚ King William's Town et devient la Cafrerie
britannique, administr€e s€par€ment de la colonie du Cap en tant que possession de la Couronne britannique.
Le 24„d€cembre„1850, les Xhosas se soul•vent de nouveau. Les colons €tablis
dans les villages frontaliers sont attaqu€s par surprise, la plupart sont tu€s et
leurs fermes incendi€es. Le conflit d€bouche finalement sur une nouvelle
d€faite Xhosa en 1853. La Cafrerie britannique changea alors de statut pour
devenir une colonie de la Couronne.
En 1856, une jeune fille xhosa nomm€e Nongqawuse annonƒa avoir eu une
vision : la puissance des Xhosas serait restaur€e, le b€tail multipli€ et les
Blancs chass€s ‚ la condition que pour la pleine Lune, tout le b€tail soit
abattu, les r€coltes brul€es et les r€serves alimentaires d€truites. Elle fut
entendue et les chefs xhosas ordonn•rent de proc€der ‚ la destruction du
b€tail et des r€coltes[44] . La pr€diction ne se r€alisa pas ‚ la date pr€vue alors
que 85„% du b€tail avait €t€ abattu. La faute en fut imput€e aux r€calcitrants
et de violentes querelles achev•rent de plonger la r€gion dans la mis•re et la
famine. La population €tait affam€e, r€duite ‚ manger de la nourriture des
chevaux, de l'herbe, des racines, des €corces de mimosa, certains s'adonnant
jusqu'au cannibalisme pour survivre[45] . D'autres fuirent vers la colonie du Nonkosi et Nongqawuse
Cap pour implorer des secours. En fin de compte, cette famine meurtri•re
signa la fin des guerres entre Britanniques et Xhosas. La population de la Cafrerie passa en deux ans de 105000 ‚
moins de 26000 individus[45] . Les terres d€peupl€es furent alors attribu€es ‚ plus de 6000 immigrants europ€ens
d'origine allemande.

En 1866, tout le territoire de la cafrerie britannique est incorpor€e ‚ la colonie du Cap pour former les districts de
King William's Town et de East London.
Histoire de l'Afrique du Sud 14

Le d€veloppement des r€publiques boers et des colonies britanniques


Apr•s l'annexion du Natal par les
Britanniques au d€but des ann€es 1840,
l€€pop€e boer recommence pour atteindre
son apog€e dans les ann€es 1852-1854
avec la cr€ation des deux r€publiques
ind€pendantes : la Zuid Afrikaansche
Republiek (• R€publique sud-africaine •)
au Transvaal et l'Oranje Frystaat (• •tat
libre d'Orange •), reconnues par les
Britanniques par le Trait€ de Sand River.

Ces r€publiques, €conomiquement


arri€r€es, sont faiblement peupl€es (25000
au Transvaal et la moiti€ dans l'€tat libre
lors de leur fondation). Dans l'€tat libre
d'Orange, le droit de vote permettant d'€lire
e
Les r€publiques boers au 19 si•cle un parlement et un pr€sident, est accord€ ‚
tous les hommes blancs ‘g€s de plus de 18
ans, quelle que soit leur origine[46] . Dans
la r€publique sud-africaine (Transvaal),
seuls les Voortrekkers sont ‚ l'origine des
citoyens. La citoyennet€ sera accord€e
progressivement aux Boers d'arriv€es plus
r€cente. Si l'•tat libre d'Orange r€ussissait
rapidement ‚ parvenir ‚ une stabilit€
politique, la r€publique sud-africaine au
Transvaal devait mettre plusieurs ann€es ‚
assimiler une petite dizaine de micro
r€publiques boers r€fractaires. La tentative
par le pr€sident Marthinus Wessel
Pretorius de fusionner les deux grandes
r€publiques au d€but des ann€es 1860 fut
un €chec.

Le Transvaal comme l'•tat libre d'Orange


Guerriers zoulous en 1879 lors de la bataille d'Isandhlwana
sont des sortes de patriarcats pastoraux,
aux infrastructures des plus sommaires. La
ZAR est constitu€e essentiellement de fermes diss€min€es sur des milliers de kilom•tres. Si l'in€galit€ des blancs et
des gens de couleurs que ce soit dans l€•tat ou au sein de l'€glise r€form€e hollandaise est affirm€e dans la loi
fondamentale de l'•tat, des trait€s sont sign€s entre le Transvaal et les chefs indig•nes garantissant un droit de
propri€t€ foncier inali€nable dans les 8 territoires tribaux reconnus au sein de la r€publique. Les relations avec
celles-ci sont peu conflictuelles mŠme si elles obligent parfois ‚ mener des exp€ditions militaires, parfois punitives
comme celles contre le chef Makapan. Si aucune stricte arm€e n'existe au Transvaal, la d€fense du territoire boer est
assur€ par des Kommandos, compos€s de fermiers, relevant de chefs de districts lesquels sont sous les ordres du
commandant g€n€ral, €lu par les Boers. Si dans l'€tat-libre, les conflits sont plus nombreux avec les Sothos, les
alliances se nouent parfois mŠme entre Boers et Bantous pour faire front face ‚ un ennemi commun.
Histoire de l'Afrique du Sud 15

Toutefois, ‚ partir de 1876, les Boers du Transvaal sont s€rieusement


accroch€s par leurs voisins africains. Dans le Transvaal de l'ouest, o‹
ils cherchent ‚ s'implanter, les Boers subissent de s€rieux revers face
aux Pedis du roi Sekhukune I, bien arm€s et retranch€s dans les
montagnes. Au sud, le militarisme zoulou refait surface. Le roi
Cetshwayo, qui a succ€d€ ‚ son fr•re Mpande, l'ancien alli€ des Boers,
est d€cid€ ‚ expulser ces derniers de la r€gion du fleuve Tugela[47] .

De son cˆt€, en mars 1854, la colonie du Cap avait €t€ dot€e d'une
constitution pr€voyant l'€tablissement de deux assembl€es dont les
membres €taient €lus au suffrage censitaire. Le minimum de propri€t€
pour voter ‚ la chambre basse €tait ainsi tr•s faible (25 livres)
permettant ‚ 80„% de la population masculine d'exercer son droit de
vote. La s€lection des €lecteurs de la chambre haute €tait plus
rigoureuse et n€cessitait de poss€der d€j‚ une certaine fortune (de 2000 Cetshwayo, le roi des Zoulous

‚ 4000 livres). L'€galit€ des races, reconnues depuis 1828, y avait €t€
r€affirm€e. Ainsi, un grand nombre de m€tis se retrouvaient €lecteurs de plein droit ‚ la chambre basse.

La colonie britannique du Natal €tait quant ‚ elle sujette ‚ de profonds troubles ‚ la suite de la farouche r€sistance
des Zoulous. L'autorit€ coloniale y cr€€ des r€serves afin d'assurer la s€curit€ sur le territoire, satisfaire les besoins en
main d'†uvre des fermiers et lutter contre le vagabondage. En 1849, sept r€serves sont cr€€s au Natal. Elles sont plus
de quarante 15 ans plus tard, apr•s l'extension du territoire[48] . Mais dans les ann€es 1860, pour pallier le manque de
main d'†uvre dans les plantations de cannes ‚ sucre du Natal, les Britanniques font venir des milliers d'indiens sous
contrat qui resteront dans le pays, constituant un nouveau groupe ethnique ‚ part enti•re.
En 1870, les deux r€publiques boers totalisent 45000 habitants contre pr•s de 200000 blancs dans la colonie du
Cap[49]
Trois ans plus tˆt, dans un territoire semi-ind€pendant, le Griqualand-Ouest, situ€ ‚ la fronti•re de la colonie du Cap,
de l'€tat-libre et du Transvaal, des diamants avaient €t€ d€couverts. ‰ la suite d'un arbitrage international, rendu par
le lieutenant-gouverneur du Natal, le territoire fut attribu€ en 1871 ‚ Nicolaas Waterboer, chef des Griquas, lequel
demanda la protection britannique. Tout le gite diamantif•re fut alors de la sorte annex€ ‚ la colonie du Cap,
provoquant la fureur des r€publiques boers. La proposition faites par le ministre britannique des colonies, Lord
Carnavon, de doter l'Afrique du Sud d'une structure f€d€rale sur le mod•le canadien ne pouvait plus qu'€chouer,
apr•s son rejet ‚ la fois par les r€publiques boers et par les habitants des colonies. Quant au g…te diamantif•re, il
donnait naissance ‚ la ville de Kimberley qui devint tr•s rapidement la deuxi•me ville la plus peupl€e d'Afrique du
Sud[50] alors que nombreux migrants noirs venus des pays sothos et tswana abandonnent la paysannerie pour
s'embaucher volontairement comme mineurs sur les champs de diamants de la r€gion[51] ,[52] . Certains d'entre eux
parviendront notamment ‚ acheter leurs propres concessions et en 1875, plus d'1/5 des propri€taires de mine sont
noirs ou m€tis[53] .
L'annexion du Griqualand par la colonie du Cap avait acc€l€r€ l'€mergence d'un nationalisme afrikaans, englobant ‚
la fois les Boers des r€publiques que ceux des colonies britanniques. Au Cap, un mouvement de revendication
culturel, "Die Genootskap van Regte Afrikaners" (l'• Association des vrais Afrikaners •) s'€tait constitu€ avec pour
objectif de faire reconnaitre l'afrikaans au cˆt€ de l'anglais comme langue officielle de la colonie et d'en faire un
v€ritable outil de communication €crite[54] .
Histoire de l'Afrique du Sud 16

En 1876, le mouvement publie Die


Afrikaanse Patriot, la premi•re revue en
afrikaans afin d'€veiller la conscience
nationale des utilisateurs de la langue
afrikaans et de les lib€rer de leur complexe
d'inf€riorit€ culturelle face aux Anglais[55]
. L'ann€e suivante, Stephanus Jacobus Du
Toit publie Die Geskiedenis van ons Land
in die Taal van ons Volk, le premier livre
d'histoire des Afrikaners, €crit en
afrikaans, dans une version emprunt de
mysticisme[56] .

En janvier 1879, l'arm€e britannique subit La r€sistance britannique ‚ Rorke's Drift permet de lever l'humiliation d'Isandhlwana
une d€faite m€morable ‚ Isandhlwana avant la victoire d€cisive sur les Zoulous ‚ la bataille d'Ulundi
contre les Zoulous du chef Cetshwayo[57] .
Et c'est lors d'une escarmouche avec les Zoulous que le jeune prince imp€rial, fils de Napol€on III et de l'Imp€ratrice
Eug€nie, trouve la mort le 1er„juin 1879[58] . La guerre anglo-zouloue dure un peu plus de 6 mois et se termine par la
victoire de l'arm€e britannique sous les ordres du g€n€ral Garnet Wolseley. Le 4 juillet 1879, Ulundi, la capitale
zoulou, est investie par l'arm€e et Cetshwayo fait prisonnier. Le grand Royaume Zoulou est d€mantel€ et divis€ en
13 petits royaumes[59] . D€barrass€ de toute menace s€rieuse en provenance des Zoulous mais aussi des Pedis,
vaincus par Wolseley, le gouvernement colonial britannique put reporter son attention sur les r€publiques boers,
v€ritables €pines dor€es au milieu de leur Empire.

En effet, le Transvaal s'€tait r€v€l€ immens€ment riches en or et diamants : leurs d€couvertes ‚ partir des ann€es
1880 sont perƒues par les Boers, fermiers avant tout, comme une v€ritable catastrophe. Des quatre coins du monde,
des milliers d'aventuriers allaient affluer vers le Transvaal apportant avec eux un mode de vie ‚ l€oppos€ de l'aust€rit€
et du puritanisme boer[60] .

Les guerres anglo-boers

L'Afrique britannique du Cap au Caire selon


l'ambition de Cecil Rhodes
Histoire de l'Afrique du Sud 17

La premi•re guerre des Boers


Pr€textant de l'incapacit€ du gouvernement de la r€publique sud-africaine ‚
r€duire la r€bellion Pedi, les Britanniques annexent le Transvaal en 1877. Sur le
moment, les Boers n'opposent aucune r€sistance, leur €tat €tant par ailleurs
politiquement instable et au bord de la banqueroute mais en d€cembre 1880
d€bute la premi•re guerre anglo-boer men€e par un triumvirat compos€ de
l'ancien vice-pr€sident du Transvaal, Paul Kruger, de Piet Joubert et de
Marthinus Wessel Pretorius[61] , sur fonds de nationalisme boer et d'hostilit€ ‚
l'imp€rialisme britannique. Durant cette guerre, les Boers portaient des habits
kaki de la mŠme teinte que la terre tandis que les soldats britanniques portaient
un uniforme rouge vif ce qui en faisait une cible bien visible pour les
francs-tireurs. ‰ la suite de plusieurs victoires boers et de la d€faite britannique
retentissante lors de la bataille de Majuba, le gouvernement britannique d€cide
de se retirer d'un conflit ‚ l'issue incertaine. Il signe la convention de Pretoria
qui permet au Transvaal de recouvrer l'ind€pendance et connaitre un d€but de
d€veloppement €conomique sous la pr€sidence du v€n€rable et l€gendaire Paul
Kruger. Ce dernier peut compter dans un premier temps au Cap sur le soutien
d'un puissant r€seau politique, l'Afrikaner Bond, form€ par l'association des
vrais Afrikaners et celles des fermiers afrikaans, qui d€tient la majorit€
parlementaire ‚ l'assembl€e de la colonie.

Alors que le nationalisme afrikaner se d€veloppe, les bantous scolaris€s et


€duqu€s par les missionnaires du Transkei et du Zululand commencent de leur
cˆt€ ‚ acqu€rir leur autonomie au sein de la soci€t€ civile sud-africaine dite
Paul Kruger civilis€e. En 1884, ‚ King William's Town, John Tengo Jabavu fonde Imvo
Zabantsundu (opinion africaine), le premier journal bantou ind€pendant d'une
mission religieuse, €crit par des journalistes noirs pour un lectorat noir (principalement xhosa)[62] . En quelques
ann€es, plusieurs autres journaux apparaissent dont Izwi Labantu lanc€ par Walter Rubusana sur une ligne €ditoriale
oppos€e ‚ celle estim€e trop conservatrice de John Tengo Jabavu, soutenue par les lib€raux blancs du Cap.

Mais c'est la d€couverte des gisements d'or au Witwatersrand en 1886 qui fait du Transvaal le principal sujet
pr€occupant pour l'administration coloniale britannique. Longue d'environ 70„km d'ouest en est, la zone aurif•re du
Witwatersrand s'av•re alors la plus riche jamais d€couverte fournissant ‚ la fin du 19e si•cle jusqu'‚ 1/4 de la
production mondiale d'or[63] . Au Cap, l'homme d'affaires Cecil Rhodes s'emploie d•s lors ‚ saper la stabilit€ des
r€publiques boers afin de r€aliser sa vision imp€riale qui aspirait ‚ la formation d'un dominion sud-africain
€conomiquement unifi€ et ‚ une Afrique britannique du Cap au Caire[64] . En 1889, joignant ses ambitions politiques
et ses int€rŠts priv€s, Rhodes cr€e la British South Africa Company (BSAC) qui obtient du gouvernement
britannique une • charte royale • pour occuper le Matabeleland, le royaume de Lobengula, successeur de Mzilikazi,
situ€ au nord du Transvaal. En 1890, alors que Rhodes est devenu Premier Ministre du Cap, avec le soutien de
l'Afrikaner Bond, la BSAC occupe le Mashonaland. Ces deux territoires et ceux conquis en amont du fleuve
Zamb•ze formeront bientˆt la Rhod€sie.
‰ l'ouest, le Bechuanaland est sous contrˆle britannique. Le Transvaal est encercl€ et, mis ‚ part l'unique d€bouch€
maritime que lui offre Lourenƒo-Marqu•s dans la colonie portugaise du Mozambique, il ne peut se d€velopper sans
concertation avec les autorit€s britanniques.
L'irruption d'un syst•me industriel dans une soci€t€ rurale, autarcique et conservatrice tel que le Transvaal allait
avoir des r€percussions consid€rables, d€plaƒant le centre de gravit€ €conomique de l'ensemble r€gional sud-africain
vers Johannesburg, ville nouvelle et cosmopolite au c†ur du Witwatersrand, fond€e en 1886 ‚ une cinquante de
Histoire de l'Afrique du Sud 18

Pretoria la capitale du Transvaal. N€e de la ru€e vers l'or, elle atteint en quelques ann€es plus de 100000 habitants,
principalement originaires du Cap ou d'outre-mer (les uitlanders) qui r€clament l'€galit€ politique avec les Boers de
la r€publique. ‰ ces uitlanders se sont ajout€s des milliers de nouveaux prol€taires noirs issus du monde rural qui
constituent une nouvelle cat€gorie urbaine de population d€racin€e et coup€e de ses origines tribales. Afin de g€rer la
permanence de cette classe ouvri•re noire dans le Witwatersrand, les autorit€s sud-africaines du Transvaal r€pliquent
les lois adopt€es ‚ Kimberley sur le travail migrant, combinant confinement spatiale dans des zones d€finies et
emplois r€serv€s[65] .
Au milieu des ann€es 1890, les tensions montent encore de nouveau entre le gouvernement colonial du Cap et le
Transvaal, ‚ propos notamment du montant des taxes ferroviaires et des tarifs douaniers appliqu€s par la r€publique.
Cette opposition finit par se personnaliser entre le pr€sident Kruger, et Cecil Rhodes, premier ministre de la Colonie
du Cap.

La deuxi•me guerre des Boers


Maintenant que les territoires au nord du fleuve
Limpopo €taient sous domination britannique, il ne
restait plus aux imp€rialistes britanniques qu'‚
contrˆler les r€publiques boers et leurs gisements
aurif•res.
Depuis des ann€es, les €trangers (uitlanders) de
Johannesburg, repr€sentant le tiers des 200000
habitants blancs du Transvaal, r€clamaient la
citoyennet€ afin de disposer du droit de vote et
d'influer les affaires du gouvernement[66] . Paul
Kruger refusait obstin€ment afin de pr€server
l'identit€ boer et d'empŠcher ‚ terme une majorit€
de r€clamer l'annexion pure et simple de la
r€publique ind€pendante ‚ la couronne britannique.

En 1895, confront€e ‚ l'opposition du Transvaal ‚ L'Afrique du Sud en 1885

toute d€marche d'int€gration r€gionale, le docteur


Leander Starr Jameson, bras droit de Rhodes, organise un complot doubl€ d'une exp€dition punitive contre la
r€publique sud-africaine avec pour but de renverser le gouvernement. Le Raid Jameson est un fiasco qui d€bouche
sur l'arrestation de son auteur au Transvaal, la mise en cause de Cecil Rhodes et sa d€mission en 1896 de son poste
de Premier ministre de la colonie du Cap[67] .

En septembre 1899, apr•s l'€chec d'ultimes tentatives de m€diation du pr€sident Marthinus Steyn de l'•tat libre
d'Orange, le Ministre des Colonies britanniques Joseph Chamberlain envoie un ultimatum ‚ Kruger exigeant la
compl•te €galit€ de droits pour les citoyens britanniques r€sidant au Transvaal, ce que celui-ci ne pouvait accepter.
C'est en connaissance de cause que Kruger lance par contre son propre ultimatum avant mŠme d'avoir reƒu celui de
Chamberlain. Il donnait 48 heures aux Britanniques pour €vacuer leurs troupes des fronti•res du Transvaal, ou la
guerre leur serait d€clar€e en accord avec leur alli€, l'•tat libre d'Orange[68] . La guerre est ainsi d€clar€e le
12„octobre„1899.
Histoire de l'Afrique du Sud 19

En d€pit des victoires remport€es lors des premiers combats, du si•ge


de Mafeking, de celui de Kimberley et du si•ge de Ladysmith, les
Boers ne peuvent r€sister bien longtemps et les capitales des deux
r€publiques sont occup€es d•s l'€t€ 1900 par une arm€e britannique
sur€quip€e et renforc€e par les contingents envoy€s des quatre coins de
l'Empire dont l'Australie et le Canada. Mais les succ•s de la gu€rilla
qui se d€veloppe imm€diatement dans le pays allaient prolonger la
guerre encore deux ann€es. D€sarƒonn€s, le commandement
Femmes et enfants boers en camp de britannique fait placer les civils boers dans des camps de concentration
concentration (vers 1900) et leurs serviteurs noirs dans d'autres o‹ la malnutrition et les maladies
€taient fr€quentes. Ils br“l•rent les fermes et les r€coltes afin de couper
les combattants de leurs bases et de leur retirer le support populaire
dont ils b€n€ficient. Le sort des civils boers est alors d€nonc€ par une
infirmi•re britannique, Emily Hobhouse qui fit vigoureusement
campagne dans l'opinion en leur faveur. Le gouvernement britannique
diligente alors une commission d'enquŠte sous la responsabilit€ de
Millicent Fawcett qui non seulement confirme les accusations d'Emily
Hobhouse mais aussi formule de nombreuses recommandations, telles
que l'am€lioration du r€gime alimentaire et des €quipements m€dicaux.
Ravages des camps de concentration. Plus de
L'impopularit€ de la guerre oblige n€anmoins le gouvernement
30000 civils y laiss•rent la vie britannique ‚ envisager des n€gociations. Au total, 136000 boers
accompagn€s de 115000 de leurs serviteurs noirs et m€tis sont intern€s
dans les camps de concentration qui coutent la vie ‚ plus de 28000 blancs (essentiellement des femmes, des
personnes ‘g€es et des enfants) et 15000 noirs et m€tis[69] .

D€moralis€s, d€sorganis€s et dispers€s, les combattants boers finissent par Štre accul€s. Leur commandement se
r€signe alors ‚ n€gocier un trait€ de paix qui est sign€ ‚ Pretoria le 31„mai„1902 : le trait€ de Vereeniging. En plus
des pertes civiles dans les camps de concentration, 22000 britanniques et soldats de l'Empire ainsi que 4000
combattants boers sont morts[70] auxquels s'ajoutent de nombreuses pertes parmi les noirs et les m€tis engag€s au
cˆt€ des arm€es respectives.
Vaincus, humili€s et ruin€s, les Boers, non seulement se retrouvent dans une d€tresse totale ‚ la fin de la guerre mais
ils perdent aussi leurs r€publiques pour devenir des sujets britanniques. Si plus de 50000 uitlanders se retrouvent
priv€s d'emplois, 200000 r€fugi€s, noirs et blancs affect€s par la guerre, se retrouvent entass€s dans des conditions de
vie tr•s pr€caires et mis€rables[71] . Le souvenir des milliers de civils morts dans les camps de concentration
britanniques allaient alimenter pendant tr•s longtemps la rancune, voire la haine, d'une partie des Afrikaners (tels
qu'ils seront d€sormais appel€s) contre le Royaume-Uni et leurs propres concitoyens d'origine britannique mŠme si
Londres multiplie les gestes d'ouverture ‚ leur €gard en supprimant notamment la loi martiale, en rappatriant les
prisonniers d€port€s ‚ Ceylan et Sainte-H€l•ne et en investissant plus de 16 millions de livres sterling dans les
r€gions d€vast€es[71] .
Histoire de l'Afrique du Sud 20

L'ascension des Afrikaners : 1903 - 1948


Sur ‚ peu pr•s 4 millions et demi d'habitants en 1904, un million de
personnes est alors d'origine europ€enne dont plus de deux tiers sont
afrikaners[72] .
A l'instar des blancs, organis€s dans des partis politiques ‚ dominante
ethno-linguistique (Het Volk, Orangia uni et Afrikaner Bond pour les
Afrikaners du Transvaal, de la colonie de la rivi•re Orange et du Cap,
Unionistes pour les anglophones), les populations de couleurs
Les fondateurs du congr•s indien du Natal
commencent ‚ s'organiser aussi sur des bases ethniques. En 1902,
l'African people organisation (APO) voit le jour au Cap. Tr•s
majoritairement coloured (m€tis), pr€sid€ par Abdullah Abdurahman (1872-1942), un petit-fils d'esclave, il prˆne
des • droits €gaux pour tous les hommes civilis€s •. Au Natal, les indiens sont regroup€s dans le congr•s indien du
Natal (1894), fond€ par un jeune avocat, Gandhi. Sous sa direction, jusqu'‚ son d€part pour l'Inde en 1914, la
minorit€ Indienne est mobilis€e dans une lutte non violente pour le respect de ses droits dans une forme de r€sistance
appel€e satyagraha (fermet€ dans la v€rit€)[73] . Alors qu'en 1906 €clate au Natal une derni•re r€bellion tribale (la
r€bellion Bambata[74] ), une p€tition contre les laissez-passer, lanc€e par le Congr•s des Indig•nes du Transvaal, est
adress€e au gouvernement de Londres mais reste sans r€ponse[75] .

La fondation de l'Union d'Afrique du Sud (South Africa Act - 1910)


Au lendemain de la seconde Guerre des Boers, les r€publiques boers
annex€es par la Grande-Bretagne sont conjointement g€r€es par le
Colonial Office au cˆt€ des colonies britanniques du Cap et du Natal.
Apr•s avoir accord€ la formation de gouvernements autonomes et
l'€lection de parlements au Transvaal et dans la colonie de la rivi•re
Orange, le gouvernement britannique d€cide de cr€er, sous la forme
Drapeau AFS 1910 d'un dominion, une union €troite entre ces 4 colonies ‚ partir des
mod•les canadiens et australiens. Cette volont€ co‡ncide avec les
aspirations des populations boers. Une Convention nationale
sud-africaine est r€unie ‚ Durban ‚ partir de 1908. Au bout de 3
sessions qui se tiennent ‚ Bloemfontein et au Cap, la convention
ach•ve ses travaux le 11 mai 1909 sur un projet d'Union Sud-Africaine,
propos€e ensuite aux assembl€es l€gislatives du Transvaal et de
l'Orange, qui l'approuvent ‚ l'unanimit€ ainsi qu'‚ l'assembl€e de la
colonie du Cap alors qu'Natal, les 3/4 des €lecteurs donnent leur
Le premier cabinet de l'Union Sud-Africaine en assentiment au cours d'un r€f€rendum. Le projet est ensuite pr€sent€ au
1910 dirig€ par Louis Botha (assis au centre) gouvernement britannique, qui le soumet sous forme de projet de loi au
parlement britannique.

Exclus des n€gociations commenc€es ‚ Durban, les €lites bantoues du pays, souvent form€es au sein des missions
anglicanes, s'€taient r€unis ‚ Bloemfontein en mars 1909, pour participer ‚ une convention indig•ne, premi•re
manifestation nationale d'une r€sistance politique noire au pouvoir blanc[76] . Sous la conduite de William Philip
Schreiner, ancien premier ministre de la colonie du Cap, les repr€sentants des Bantous et des M€tis, vinrent ‚
Londres pour exposer leurs dol€ances mais sans succ•s. Le projet de loi nomm€ South Africa Act instituant en
Afrique du Sud un r€gime parlementaire sur le mod•le du syst•me de Westminster, est vot€ par le Parlement

britannique le 20 septembre 1909[77] . Son entr€e en vigueur est pr€vue pour le 31 mai 1910. ‰ cette date
anniversaire de la fin de la guerre des Boers, la Colonie du Cap, rassembl€e avec le Griqualand, le Stellaland et le
Histoire de l'Afrique du Sud 21

B€chuanaland britannique, devient la nouvelle province du Cap pour former l'Union d'Afrique du Sud, au cˆt€ des
provinces du Natal, du Transvaal et de l'•tat libre d'Orange. La capitale administrative de l'Union est fix€e ‚ Pretoria.
Le si•ge du parlement est ‚ Cape-Town et le si•ge de la cour suprŠme est ‚ Bloemfontein. L€anglais et le n€erlandais
sont les langues officielles du parlement. Le pays est dot€ d€armoiries qui figurent sur le drapeau colonial britannique
d€Afrique du Sud, le Red Ensign.
Cette constitution allait permettre aux Afrikaners de reprendre en main la r€alit€ du pouvoir politique ‚ l'€chelle d'un
grand pays compos€ de quatre provinces distinctes[78] .
La constitution de 1910[79] permet €galement aux anciennes r€publiques boers de continuer d'appliquer un syst•me
€lectoral s€gr€gationniste (favorable ainsi aux Afrikaners au Transvaal et de l€Orange) alors que dans la colonie du
Cap les coloureds et les noirs, repr€sentant alors 15% du corps €lectoral, exercent leur droit de vote sous conditions
censitaires[80] .
C€est dans ce cadre que les Afrikaners, vaincus militairement, domin€s €conomiquement par la minorit€ anglophone,
s'attellent ‚ la conquŠte du pouvoir politique.

L'Union sous le Parti Sud-Africain (1910-1924)


Les probl•mes €conomiques et sociaux auxquels le nouveau dominion
doit faire face sont multiples et complexes. L'organisation industrielle,
la prol€tarisation d'une partie des Afrikaners et le surpeuplement des
terres africaines constituent les premiers dossiers vitaux du premier
gouvernement sud-africain dirig€ par le g€n€ral boer Louis Botha,
leader du parti afrikaner Het Volk et ancien h€ros de la guerre des
Boers. Botha symbolise alors le retour des Afrikaners au pouvoir. Son
gouvernement, comme ceux qui suivent, est constitu€ par une alliance
d'anglophones et d'afrikaners mod€r€s regroup€s dans le parti
sud-africain. On y trouve notamment le g€n€ral Jan Smuts, un de ses
camarades de combat[81] . Ce nouveau gouvernement doit affronter une
opinion boer hostile au Royaume-Uni et l'opposition de • petits Blancs
• d€class€s et racistes, inquiets pour leur avenir.

Pour satisfaire leurs aspirations, Louis Botha et son gouvernement


allaient s'attacher ‚ promouvoir socialement la communaut€ afrikaner Louis Botha
avec, notamment, le recrutement privil€gi€ dans la fonction publique
des membres du Volk, divers soutiens financiers pour l'achat de terres et de fermes (cr€ation de la banque afrikaner
volkbank) et des mesures sociales d'avant-garde pour les mineurs.
En 1911, l'Afrique du Sud compte 4 millions de noirs, 1,3 million de blancs, 525000 m€tis et 150000 indiens[82] . La
politique raciale et indig•ne du gouvernement Louis Botha s'inscrit alors dans la continuit€ des lois coloniales
britanniques appliqu€es en fonction du code de couleur, le Colour bar, qui r€glemente les relations interraciales. En
1911, pour assurer du travail au nombre croissant de chˆmeurs blancs, le gouvernement de Louis Botha fait voter des
lois sp€cifiant que certains emplois du secteur minier sont r€serv€s aux seuls blancs. En 1913, la loi sur la propri€t€
fonci•re indig•ne limite ‚ 7.8„% du territoire les r€gions o‹ les Noirs peuvent acqu€rir des terres[83] . C'est pour
protester contre cette loi que se rendent en 1914 au Royaume-Uni des repr€sentants du tout nouveau Congr•s
National des Natifs Sud-Africains (SANNC) fond€ un an plut tˆt le 8„janvier„1912 ‚ Bloemfontein pour organiser et
unifier les diff€rents peuples africains de l'Union afin de d€fendre leurs droits et leurs libert€s.
Histoire de l'Afrique du Sud 22

Le SANNC, qui prendra en 1923 le nom de congr•s national


africain (ANC), est alors la premi•re organisation ‚ repr€senter au
niveau national les Noirs en prenant le relais des divers groupes et
mouvements ethniques ou r€gionaux qui s'€taient multipli€s durant
le quart de si•cle €coul€. Organis€ sous la forme d'un parti
politique britannique avec son cabinet fantˆme, on y trouve surtout
des intellectuels, des €ducateurs et des journalistes tels Sol Plaatje,
le premier secr€taire g€n€ral et John Dube, son premier
pr€sident[84] .

Repr€sentants du congr•s national des natifs La mise en place des lois fonci•res et le renforcement du color bar
sud-africains en 1914 n'apparaissent pas suffisantes pour les Afrikaners les plus
au premier rang:
radicaux, d'autant plus que ceux-ci sont surtout anim€s par leur
Thomas Mapikela, John Dube, Sol Plaatje
au second rang :
ranc†ur envers la Grande-Bretagne.
Walter Rubusana, Saul Nsane Avant mŠme l'engagement de l'Union dans la Premi•re Guerre
mondiale au cˆt€ du Royaume-Uni, un ancien de la guerre des
Boers, le g€n€ral James B. Hertzog, faisait dissidence en optant pour le combat nationaliste afrikaner et cr€ait en
1914 le Parti national dont le programme radical €tait de mettre fin aux liens de l'Afrique du Sud avec la Couronne
britannique[85] . D•s les €lections de 1915, avec 27 d€put€s, le Parti National s'impose comme le troisi•me parti du
pays derri•re le Parti sud-africain de Botha et les Unionistes.

La Premi•re Guerre mondiale permet au dominion de conqu€rir de nouveaux territoires comme la colonie du
Sud-Ouest Africain allemande en 1915. Mais cet engagement au cˆt€ des Britanniques est d€nonc€ par les
Afrikaners intransigeants, partisans des Allemands du Sud-Ouest Africain. C'est ‚ cette €poque qu'une soci€t€ secr•te
calviniste est fond€e. Le but de la Broederbond, la • Ligue des fr•res •, est la pr€servation et la promotion de
l€identit€ afrikaner qu€elle soit politique, €conomique, sociale ou culturelle. Cette soci€t€ d'entraide afrikaner devient
finalement le moteur de la politique du pouvoir blanc et de tous les dirigeants politiques de cette €poque[86] . Cette
vision est plus tard longtemps partag€e par l€•glise r€form€e hollandaise, une autre composante importante de
l€identit€ afrikaner[87] .

Les ann€es de guerre ont stimul€e l'€conomie nationale. Les noirs, dont les €lites ont soutenu l'effort de guerre, ont
esp€r€ une am€lioration de leurs conditions de vie et la reconnaissance de leurs droits politiques mais ne voient rien
venir sinon au quotidien un renforcement de la s€gr€gation.
‰ la mort soudaine de Louis Botha en 1919, son successeur, Jan Smuts, entreprend une politique €conomique tr•s
lib€rale vis-‚-vis des conglom€rats miniers. Ces derniers souhaitent notamment avoir des co“ts de production les
plus bas possibles et donc une main-d€†uvre ‚ bon march€. ‰ la mŠme €poque, Clements Kadalie fonde la industrial
and commercial worker's union (ICU), le premier syndicat noir du pays.
Histoire de l'Afrique du Sud 23

Aux €lections de 1920, Smuts sauve sa majorit€ en s'alliant aux


unionistes et aux travaillistes alors que le Parti National qui d€tient la
majorit€ relative des si•ges, est isol€ sans aucun alli€[88] .
Aux €lections anticip€es de 1921, la nouvelle majorit€ de Smuts est
reconduite d€montrant l'isolement du Parti national qui se met alors en
quŠte d'alli€s au prix d'un recentrage politique.
A la fin de l'ann€e 1920, une crise €conomique frappe le pays qui
d€cide la chambre des mines ‚ remplacer les ouvriers blancs qualifi€s
par des ouvriers noirs, pay€s quatre fois moins. En 1922, une gr•ve
g€n€rale ‚ l'instigation des mineurs afrikaners et du parti communiste
est d€clench€e dans tout le pays exigeant le maintien des emplois des
ouvriers blancs qualifi€s et des am€liorations salariales, le slogan €tant
• Travailleurs de tout pays, unissez-vous pour une Afrique du Sud
blanche •. Aux revendications sociales s'ajout•rent des revendications
nationalistes et anticapitalistes initi€es par les communistes blancs. Des
€meutes €clatent contre la police venue €vacuer les mines occup€es par
les mineurs ; une r€pression sanglante sur l'initiative de Smuts met fin Le premier ministre Jan Smuts

en une semaine ‚ leur r€bellion. La r€pression est particuli•rement


s€v•re contre les communistes dont la hi€rarchie blanche fut d€capit€e[89] ,[90] .

La victoire polici•re de Smuts se transforme rapidement en une d€faite morale. La loi sur les r€gions urbaines
indig•nes (natives urban areas act), vot€e en 1923, qui offre la latitude aux municipalit€s de pouvoir cr€er des
quartiers r€serv€s aux noirs et de limiter leur urbanisation, ne lui permet pas de reprendre l'ascendant dans l'€lectorat
afrikaner d'autant plus que peu de villes appliquent cette loi, ne voulant pas assumer le co“t financier que cette
politique repr€sente[91] . Tielman Roos, le leader nationaliste du Transvaal, parvient ‚ rallier le petit parti travailliste
(parti pivot au parlement) au parti national en vue des €lections parlementaires de 1924.

Le premier gouvernement du parti national (1924-1933)


Histoire de l'Afrique du Sud 24

Le parti communiste ayant €t€ €cras€ par la r€pression polici•re, ses


sympathisants se sont facilement retrouv€s dans les th•mes
nationalistes et anticapitalistes du parti national.
Les €lections g€n€rales de 1924 sont alors une d€route €lectorale pour
Smuts et son parti sud-africain contre l'alliance form€e du parti
national et du parti travailliste de Frederic Creswell[92] . La victoire
ainsi acquise, Hertzog fut propuls€ aux Union Buildings de Pretoria o‹
il forme un cabinet de coalition comprenant deux ministres
travaillistes.

Sa priorit€ est d'arracher les quelques 160000 petits blancs ‚ leur


mis•re en €tendant les emplois r€serv€s dans l'industrie et le
commerce.
Une de ses premi•res mesures symboliques est aussi de remplacer le
n€erlandais par l€afrikaans comme langue officielle au cˆt€ de l'anglais.
Dessin€ ‚ la suite d€un long d€bat national, le
Il met €galement en route une consultation populaire devant aboutir ‚
drapeau d'Afrique du Sud (1928-1994) repr€sente
essentiellement l€histoire et les symboles des
la cr€ation d'un hymne officiel sud-africain et d'un drapeau national en
populations blanches du pays remplacement du drapeau colonial aux couleurs britanniques. Le
nouveau drapeau national d'Afrique du Sud est adopt€ par le parlement
[93]
en 1927 . Consensuel, il symbolise l'histoire blanche du pays et l€union entre les quatre provinces, en reprenant les
trois couleurs horizontales, orange, blanc et bleu du Princevlag hollandais du XVIIe„si•cle, les drapeaux Boers et
l'Union Jack. L'hymne national adopt€ est • Die Stem van Suid Afrika • dont les paroles provenaient d'un po•me de
l'€crivain sud-africain Cornelis Jacobus Langenhoven[94] .

Aux €lections de 1929, le Parti National obtient la majorit€ absolue des


si•ges avec seulement 41„% des suffrages contre 47„% des voix au
Parti sud-africain de Smuts. Les travaillistes restent n€anmoins au
gouvernement[95] .
Ce sont des ann€es de prosp€rit€ pour les Afrikaners, notamment pour
les petits blancs pour lesquels le gouvernement Hertzog manifeste tout
autant un souci de promotion sociale que celui de prot€ger la classe
moyenne blanche laborieuse face au • dumping racial • pratiqu€ par les
compagnies mini•res[96] . Cette politique qui permet au niveau de vie
des Afrikaners de s'am€liorer va se heurter ‚ la crise €conomique qui
frappe le pays dans les ann€es 1930.

Parall•lement, ‚ partir de 1927, le congr•s national africain tout


comme l'Industrial and Commercial Union (ICU), le syndicat des
ouvriers noirs, se d€chirent pour des raisons similaires. Durant les
ann€es 1920, l'ICU avait dirig€ avec succ•s d'importants mouvements
James B. Hertzog, ancien g€n€ral boer et premier
de de luttes syndicales qui s'€taient €tendus jusqu'aux cilles mini•res du
ministre (1924-1939)
Witwatersrand. En 1927, avec 100000 affili€s, l'ICU est le plus grand
syndicat ouvrier du continent africain. Mais il est en mŠme temps min€
par des dissensions internes, des d€fauts de gestion et un manque de reconnaissance par les partis et mouvements de
gauche sud-africain. Une tendance dure exige une action directe combinant gr•ve et refus de l'impˆt ainsi qu'un
changement de politique et une r€organisatione du mouvement. Une tendance mod€r€e dans la quelle se reconnait

Clements Kadalie, le chef et fondateur de ce mouvement syndical, pr€f•re m€nager le gouvernement Hertzog. Il ne
remet en cause que les aspects marginaux du syst•me politique, €conomique et sociale de l'Afrique du Sud et ne
Histoire de l'Afrique du Sud 25

conƒoit aucune alternative globale. Kadalie finit par exclure de l'ICU les repr€sentants de la tendance dure dont les
membres du parti communiste sud-africain. L'ICU op•re alors un d€clin inexorable avant de p€ricliter au d€but des
ann€es 1930[97] . De son cˆt€, l'ANC se d€chire entre une aile conservatrice, qui maintient sa loyaut€ aux institutions
de l'Empire britannique et une aile r€formiste panafricaine, favorable ‚ des revendications nettement plus radicales.
L'aile conservatrice anim€e par John Dube est tr•s hostile ‚ Josiah Gumede, le pr€sident de l'ANC, qui prˆne le
suffrage universel, la restitution des terres, l'abrogation des laissez-passer. Ce dernier est finalement mis en minorit€
lors de la conf€rence du parti en 1930 et remplac€ par Pixley Ka Isaka Seme, proche de Dube. Le rapprochement
initi€ par Gumede avec le parti communiste sud-africain, tout en se distinguant de son id€ologie, n'est n€anmoins pas
remis en cause par la nouvelle direction[98] dont l'objectif est de reconstruire un parti qui ne compte plus que 4000
membres en 1938.

Le gouvernement d'union nationale face ‚ la crise €conomique (1933-1939)


Le d€but des ann€es 1930 est marqu€e par les effets de la crise
€conomique mondiale qui atteint l'Afrique du Sud. Le commerce du
diamant s'effondre tout comme les prix agricoles et les exportations se
rar€fient. L'abandon de l'€talon-or par la Grande-Bretagne provoque en
Afrique du Sud une fuite de capitaux vers l'€tranger. La rentabilit€ des
mines est menac€e, le chˆmage augmente. L'autorit€ d'Hertzog est
contest€, notamment par les partisans de Tielman Roos, en dissidence
du parti. En 1932, apr•s s'y Štre longtemps refus€, l'Afrique du Sud
Femmes boers en costume traditionnel durant les abandonne ‚ son tour l'€talon-or permettant le retour des capitaux et la
c€r€monies du centenaire du Grand Trek en 1938
baisse des taux d'int€rŠts. La dette publique s'efface et les budgets
deviennent exc€dentaires. Pour arriver ‚ un tel r€sultat, les nationalistes
d'Hertzog et les lib€raux de Smuts se sont accord€s pour former en 1933 un gouvernement d€union nationale qui
d€veloppe un programme d'industrialisation centr€ autour de l'initiative de l'€tat sud-africain.

Aux €lections de mai 1933, avec 136 d€put€s sur un total de 150, les deux partis marginalis•rent les travaillistes de
Cresswell et les centristes de Roos. En 1934, le parti national et le Parti sud-africain fusionn•rent pour cr€er un
nouveau parti, le parti uni, refl€tant le gouvernement d'union nationale dirig€ par Hertzog[99] qui abandonne alors le
principe de distinction des 2 nations blanches d'Afrique du Sud (Afrikaners et anglais) pour celui de son unit€. Ce
ralliement provoque alors un nouveau schisme. Les partisans et nostalgiques de la tradition imp€riale se regroupent
dans un parti du Dominion tandis que chez les nationalistes, l'aile droite du parti sur l'initiative du pasteur Daniel
Malan, refuse l'union et forme un • parti national purifi€ •. Dix-sept parlementaires rejoignent ce parti national
purifi€ dont les dirigeants rench€rissent alors dans les revendications nationalistes : r€affirmation de la rupture avec
le Royaume-Uni, instauration de la r€publique, institutionnalisation de la s€gr€gation et de la domination blanche,
promotion de l'histoire afrikaner et du social-christianisme afin de permettre et maintenir la domination politique des
Afrikaners sur toute l'Afrique du Sud[100] .
La convention panafricaine, ouverte en d€cembre 1935 ‚ Bloemfontein par le maire blanc de la ville, r€unit 500
d€l€gu€s repr€sentant les zones rurales et urbaines d'Afrique du Sud, le Transkei, le Zoulouland, les protectorats du
Bechuanaland, du Basutoland et du Swaziland mais aussi des indiens et m€tis[101] . Le but de la convention est de
manifester contre les projets de lois du gouvernement concernant leurs droits politiques et sociaux. En janvier 1936,
elle envoie une d€l€gation aupr•s du gouvernement. Bien que reƒue par Hertzog, celle-ci ne parvient pas ‚ bloquer
l'adoption des lois sur la repr€sentation des Indig•nes et celle sur les terres indig•nes[102] , qui avaient reƒu dans leur
principe le soutien de John Dube[103] . La premi•re de ces lois institue des conseils de repr€sentations indig•nes
(Native Representative Councils), purement consultatifs et compos€s de noirs €lus, d'autres nomm€s, et de
fonctionnaires. En contrepartie, les €lecteurs noirs sont radi€s des listes communes de la province du Cap et r€inscrits
sur une liste s€par€e afin d'€lire trois d€put€s blancs repr€sentant leurs int€rŠts au parlement. La seconde de ces lois
Histoire de l'Afrique du Sud 26

controvers€es, intitul€e loi sur le fonds d'investissement foncier et la terre indig•nes, agrandit la superficie des
r€serves indig•nes existantes ‚ 13% de la surface du pays, ˆtant dans le mŠme temps aux r€sidents noirs du Cap le
droit d'acheter de la terre en dehors des r€serves.
Lors des €lections de 1938, si les €lecteurs confirment le Parti Uni, ce sont les nationalistes de Malan qui gagnent dix
€lus gr‘ce aux voix des Blancs ruraux ou des plus d€munis, confirmant leur statut d'opposition officielle. L'ann€e
1938 est marqu€e notamment par les c€l€brations du centenaire du Grand Trek, rassemblant autour du mŠme th•me,
des communaut€s blanches disparates dont les seuls d€nominateurs communs sont la religion et la langue[104] . Ces
c€l€brations marqu€es par un d€ferlement sans pr€c€dent du nationalisme afrikaner ‚ travers tout le pays se terminent
‚ la date symbolique du 16 d€cembre par la pose ‚ Pretoria de la premi•re pierre des fondations du Voortrekker
Monument, d€di€ aux pionniers boers.
Mais en 1939, au moment de faire accepter par le parlement l'entr€e en guerre au cˆt€ du Royaume-Uni, la coalition
gouvernementale volait en €clat. Alors qu'Hertzog d€fendait le principe de neutralit€ de l'Afrique du Sud, Smuts
soutenait celle de l'engagement au cˆt€ des Britanniques. Malgr€ l'appui des voix nationalistes de Malan ‚ Hertzog,
l'entr€e en guerre est vot€e ‚ une courte majorit€. Hertzog d€missionne et Smuts se retrouve seul au pouvoir[105] .

Les restructurations politiques internes (1939-1947)


Sur le front international, l'Afrique du Sud est engag€e au cˆt€ des
alli€s et Jan Smuts fait partie du cabinet de guerre de Winston
Churchill. L'intervention de l'aviation sud-africaine permet de lib€rer
l'•thiopie des Italiens alors qu'un fort contingent sud-africain contribue
‚ €liminer les forces vichystes ‚ Madagascar. Si l'arm€e de terre
sud-africaine subit n€anmoins de lourdes pertes lors de la bataille de
Tobrouk, les fantassins sud-africains sous le commandement de
Montgommery repoussent les troupes allemandes hors de l'Afrique. En
Europe, la sixi•me division blind€e participe ‚ la guerre en Italie au
cˆt€ de la cinqui•me arm€e am€ricaine[106] . En tout, 334000 Soldats sud-africains en •thiopie apr•s leur
Sud-africains servirent, ‚ titre volontaire, dans les forces sud-africaines victoire sur les italiens ‚ Moyale en 1941

durant la Seconde Guerre mondiale et 12080 y perdirent leur vie[107] .


Si seuls les blancs auront €t€ autoris€s ‚ porter les armes et ‚ servir
dans les unit€s combattantes, plusieurs milliers de noirs et de m€tis
servirent dans les troupes auxiliaires et pr•s de 5000 d'entre eux furent
tu€s dans les combats et bombardements d'Afrique du Nord et
d'Italie[108] .

Sur le plan int€rieur, durant les ann€es 1939-1945, des groupuscules


arm€s afrikaners et pronazis tels l'Ossewa Branderwag, • la sentinelle
des chars ‚ b†ufs •, se multiplient et m•nent des actions de
sabotages[109] . La r€pression du gouvernement Smuts est impitoyable
: ces groupements sont vite dissouts et leurs leaders arrŠt€s et
emprisonn€s. Parmi les militants et sympathisants de ces organisations
figuraient le futur premier ministre Balthazar John Vorster[110] . Ces
Afrikaners ne sont pas les seuls ‚ s'opposer ‚ l'entr€e de l'Afrique du
Sud dans le second conflit mondial. Par hostilit€ tout ‚ la fois envers le Garde askari sur la base a€rienne de Waterkloof ‚
capitalisme, l'imp€rialisme britannique et le colonialisme, des Pretoria en 1943

dirigeants noirs et indiens expriment leur d€sapprobation. Yusuf


Histoire de l'Afrique du Sud 27

Dadoo, un influent dirigeant du congr•s indien du Transvaal et membre du parti communiste sud-africain, prononce
plusieurs virulents discours contre la guerre et le suivisme du gouvernement sud-africain ce qui lui vaudra plusieurs
s€jours en prison[111] . En cons€quence des discours anti-guerre et par pr€vention des troubles, les gr•ves des
travailleurs noirs sont d€clar€es ill€gales au titre de l'effort de guerre[112] .
Malan et les nationalistes auxquels s'€taient joints Hertzog et ses alli€s s€unissent dans un • Parti National r€unifi€ •,
mais tr•s vite en d€saccord avec les ultras proches de Malan, Hertzog quittait le parti et fondait le Parti afrikaner
repris apr•s sa mort en 1943 par Nicolaas Havenga[113] .
Malan et les • nats • €vitent dans ces ann€es de guerre d'Štre impliqu€s dans des actions de sabotage mais sont
€quivoques dans leur soutien ou condamnation morale de ces groupuscules. En 1941, Malan prend ostensiblement
ses distances vis-‚-vis de tous les mouvements sud-africains pronazis ou antiparlementaires faisant condamner dans
le journal Die Transvaler, par la plume d'Hendrik Verwoerd, la dissidence de l'ancien ministre Oswald Pirow et de
son nouveau parti, •Ordre Nouveau • (Nuwe Order), au programme ouvertement pronazi. Lors des €lections de
1943, en remportant 16 si•ges suppl€mentaires par rapport aux €lections de 1938 et 36„% des suffrages, le Parti
National parvient ‚ juguler le parti de Pirow qui n'a aucun €lu alors que le Parti Uni (105 si•ges), toujours victorieux,
voyait sa majorit€ encore se r€duire[114] .
De son cˆt€, le congr•s national africain, qui peine ‚ s'imposer dans la soci€t€ civile noire sud-africaine, entreprend
de se reconstruire sous la direction d'Alfred Xuma. Son but est de transformer l'organisation intellectuelle qu'est
l'ANC en un v€ritable parti de masse. En 1943, il fait adopter une nouvelle charte constitutionnelle qui ouvre
l'adh€sion ‚ l'ANC aux gens de toute race, €limine de l'organigramme la chambre des chefs tribaux et accorde aux
femmes des droits €gaux aux hommes au sein du mouvement[115] . En 1944, il facilite, au sein du monde €tudiant,
principalement ‚ l'universit€ de Fort Hare, la cr€ation de la ligue des jeunes de l'ANC par Nelson Mandela, Walter
Sisulu et Oliver Tambo, dont l'objet est de former un renouvellement des id€es et des cadres d'un parti vieillissant.
Cette ligue de jeunesse se r€v•le vite plus radicale que son a…n€e dans son mode d'expression, partisan de
manifestations de masse pour faire aboutir les revendications d'€galit€s raciale et politique de la majorit€ noire[116] .
Elle conteste notamment le bilan de ses a…n€s, plaide pour une €mancipation morale vis ‚ vis du paternalisme blanc
et pour l'affirmation d'un nationalisme sud-africain noir, d€barrass€ de ses oripeaux ethniques[117] .
Le rebondissement des probl•mes raciaux intervient au sortir de la Seconde Guerre mondiale, €poque o‹ la totalit€
de la population urbaine noire d€passe pour la premi•re fois celle de la population urbaine blanche pour atteindre 1,5
million de personnes[118] . En 1947, Xuma formalise son alliance avec le Congr•s indien du Natal et le Congr•s
indien du Transvaal du docteur Yusuf Dadoo, afin de pr€senter un front uni, d€passant les clivages raciaux, face ‚ la
classe politique blanche.
Chez les Blancs, les tensions entre les nationalistes afrikaners et les mod€r€s du Parti Uni avaient €t€ de nouveau
dop€s par la politique raciale ambig”e de Smuts, oscillant entre assouplissement et renforcement de la s€gr€gation.
L'approbation de Jan Smuts aux conclusions du rapport de la commission Fagan qui pr€conisait une lib€ralisation du
syst•me racial en Afrique du Sud en commenƒant par l'abolition des r€serves ethniques ainsi que la fin du contrˆle
rigoureux des travailleurs migrants[119] amena le Parti National ‚ mandater sa propre commission (la commission
Sauer) qui recommanda ‚ l'inverse le durcissement des lois s€gr€gationnistes[120] .
Aur€ol€ de la victoire des alli€s[116] ‚ laquelle s'est joint l'Afrique du Sud et de la participation du pays ‚ la cr€ation
des Nations unies, Jan Smuts semblait assur€ d'une r€€lection confortable aux €lections g€n€rales de 1948 et pouvait
ainsi proposer de mettre en forme les propositions de la commission Fagan, alors que les nationalistes proposaient
aux Sud-Africains afrikaners mais aussi aux anglophones leur nouveau projet de soci€t€ bas€ sur les conclusions de
la commission Sauer : l'Apartheid.
Histoire de l'Afrique du Sud 28

L'•re de l'apartheid

Instauration de l'apartheid (1948-1958)


Contre toute attente, bien que minoritaire en voix, l'alliance du
Parti national de Daniel Malan, et du Parti afrikaner (Afrikaner
Party - AP) de Nicolaas Havenga, remporte la majorit€ des si•ges
aux €lections de 1948[121] avec 42% des voix et 52% des si•ges. Si
les €lecteurs du Natal, des grandes zones urbaines du Cap et de
Johannesburg ont apport€ leurs voix au parti du premier ministre
sortant Jan Smuts, ce sont les circonscriptions rurales et ouvri•res
surrepr€sent€es du Transvaal et de l'€tat libre d'Orange qui
permettent au parti de Daniel Franƒois Malan de former le
nouveau gouvernement. Le th•me r€current des gouvernements
Le 1er gouvernement nationaliste en 1948, dirig€ par
nationalistes ne sera plus d•s lors la d€fense de l€identit€ afrikaans
DF Malan
face aux anglophones mais celui du peuple blanc d€Afrique du Sud au premier rang:JG Strijdom, Nicolaas Havenga, DF
(anglophones, afrikaners, lusophones soit 2,5 millions de Malan (premier ministre), E.G. Jansen, Charles Swart
personnes en 1950, 21„% de la population totale) menac€ par la Au second rang: A.J. Stals, P.O. Sauer, Eric Louw, S.P.
le Roux, Theophilus D•nges, Franƒois Christiaan
puissance de la d€mographie africaine (8 millions de personnes en
Erasmus et Ben Schoeman
1950 soit 67„% de la population totale)[122] . Le gouvernement
Malan constitu€ en 1948 est d'ailleurs exclusivement afrikaner[123]
.

La victoire du parti national consacre aussi la victoire du Broederbond. Le danger de domination ou d€acculturation
anglophone tant redout€ par les Afrikaners est d€finitivement €cart€ et l€unit€ du peuple afrikaans r€alis€e.
Cependant, la coh€sion nationale de celui-ci reste menac€e par le • Swaartgevaar • (le p€ril noir)[124] . L€Apartheid,
ou d€veloppement s€par€ des races, est alors pr€sent€ comme un arsenal juridique destin€ ‚ assurer la survie du
peuple afrikaner mais aussi comme un • instrument de justice et d€€galit€ qui doit permettre ‚ chacun des peuples qui
constitue la soci€t€ sud-africaine d€accomplir son destin et de s€€panouir en tant que nation distincte •. Ainsi,
beaucoup de nationalistes afrikaners pensent que l€apartheid ouvre des carri•res et laisse leurs chances aux noirs,
chances qu€ils n€auraient pu saisir s€ils avaient €t€ oblig€s d€entrer en comp€tition avec les blancs au sein d€une
soci€t€ int€gr€e[125] .

Si Hendrik Verwoerd, le ministre des affaires indig•nes ‚ partir de 1950, est parfois consid€r€ comme le grand
architecte de l'apartheid, ses inspirateurs sont ‚ rechercher non seulement du cˆt€ de la th€orie de la pr€destination de
l'€glise r€form€e hollandaise mais aussi du cˆt€ de l'€cole afrikaans d'anthropologie[126] et de l'un de ses
repr€sentants les plus embl€matiques, le professeur d'ethnologie Werner Max Eiselen. Si Eiselen avait rejet€ le
racisme scientifique[127] pr€dominant dans les ann€es 1920, il avait n€anmoins justifi€ dans l'un de ses ouvrages la
s€gr€gation raciale comme un moyen de maintenir et renforcer les identit€s ethniques et linguistiques des peuples
bantous[128] . Allant plus loin et en conclusion de ses analyses sur les effets acculturant de l'urbanisation et du travail
migrant sur les structures traditionnelles africaines, il avait appuy€ d•s le d€but des ann€es 1930 l'id€e d'un
s€paratisme g€ographique, politique et €conomique non seulement entre les noirs et les blancs mais aussi entre les
diff€rentes ethnies entre elles. Rejetant l'id€e mŠme d'existence d'une soci€t€ unique sud-africaine, il est convaincu
que les civilisations bantoues ont €t€ corrompues par leur interaction avec la soci€t€ urbaine de type occidental et
qu'elles ne peuvent plus se d€velopper en vertu de leurs propres imp€ratifs culturels.

Avec l'apartheid, auquel Eiselen contribue ‚ mettre en place en tant que secr€taire aux affaires indig•nes puis ‚
l'€ducation bantoue, le syst•me l€gislatif et constitutionnel d'Afrique du Sud s€enrichissait de nouvelles lois
s€gr€gationnistes alors que les anciennes lois raciales et spatiales comme le Land Act de 1913 €taient durcies. La
Histoire de l'Afrique du Sud 29

question raciale finissait par intervenir ‚ tous les stades de la vie avec la codification de lois s€gr€gationnistes
d'applications quotidiennes visant ‚ faire coexister deux mondes qui jamais ne vivraient ensemble.
Les lois organisant l'apartheid, vot€es en f€vrier 1950, €taient organis€es autour d'un principe de cloisonnement : les
individus sont class€s en quatre groupes qui d€terminent leur vie (r€sidence, €tudes, mariage, etc). En fait cette
nouvelle l€gislation visait ‚ promouvoir et organiser un s€paratisme g€ographique, politique et €conomique au sein
de l'Afrique du Sud. Proc€dant alors ‚ un renversement de logique par rapport aux politiques ant€rieures dont
l'imp€ratif €tait l'unit€ de la nation et du territoire, l'apartheid vise ‚ sacrifier ‚ l'ordre racial non seulement l'int€grit€
territoriale du pays mais aussi ‚ g€rer les relations entre les groupes[129] .
Les Noirs furent progressivement expuls€s
de quartiers entiers pr•s des villes tels
Sophiatown et oblig€s de vivre dans des
townships construits pour eux. Ils devaient
souvent parcourir de longues distances
pour aller travailler dans les villes
blanches.
En amenant la question raciale au c†ur du
d€bat politique, le Parti national allait,
durant une trentaine d'ann€es, monopoliser
le vote de la communaut€ afrikaner et
attirer le vote de la communaut€
anglophone. La reprise de la doctrine de
l'apartheid par les premiers ministres
successifs, tous du NP et afrikaner, cr€e un
syst•me institutionnel et l€gislatif unique
au monde, approuv€ par la majorit€ des
Blancs convaincus de n€avoir d€autres
choix pour demeurer dans leur pays.

De son cˆt€, l'ANC, principale


organisation anti-apartheid qui luttait pour
l'€galit€ politique, €conomique et juridique
Carte d'Afrique du Sud avec bantoustans
entre Noirs et Blancs, €tait socialiste et
alli€e au Parti communiste ce qui en avait
fait un adversaire, non seulement des Blancs d'Afrique du Sud mais aussi des •tats-Unis. D•s l'arriv€e au pouvoir du
parti national, la ligue de jeunesse de l'ANC se montre d€termin€e. En interne, ils parviennent ‚ faire €carter le
pr€sident du parti, Alfred Xuma, jug€ trop mod€r€, pour imposer James Moroka et pr€parer une grande campagne de
d€fiance[130] . En juin 1952, l'ANC sous la f€rule de Walter Sisulu organise avec d'autres organisations
anti-apartheid une campagne nationale contre les restrictions politiques, sociales et r€sidentielles impos€es aux gens
de couleurs. Cette campagne de r€sistance passive, qui prend fin en avril 1953 quand de nouvelles lois interdisent les
rassemblements et les manifestations politiques, permet ‚ l'ANC de gagner en cr€dibilit€, passant de 7000 ‚ 100000
adh€rents[130] . Son option non raciale lui permet de s'ouvrir aux indiens et aux communistes blancs mais les m€tis
restent plus circonspects[130] . Quand James Moroka tente de plaider la conciliation avec le gouvernement, il est
renvers€ par la ligue des jeunes du parti qui impose alors Albert Lutuli ‚ la tŠte de l'ANC[131] .
Histoire de l'Afrique du Sud 30

Aux €lections de 1953, le Parti National remporte de nouveau la


majorit€ des si•ges du parlement. En 1954, Malan, malade,
d€missionne de son fauteuil de Premier ministre qui est r€cup€r€ par
Johannes Strijdom, €lu ultraconservateur du Transvaal. Il accentue la
politique s€gr€gationniste et la mise en place de bantoustans noirs
(territoires autonomes administr€s par les populations autochtones) sur
13„% du territoire sud-africain.

En juin 1955, le Congr•s du Peuple, organis€ par l'ANC et d'autres


groupes anti-apartheid notamment blancs, adopte ‚ Kliptown, la Charte
de la libert€ (Freedom Charter), €nonƒant les bases fondamentales des
revendications des gens de couleur, appelant ‚ l'€galit€ des droits
quelle que soit la race. Un million de personnes signent le texte[132] .
L'ANC se lie alors avec le Parti communiste et la centrale syndicale
COSATU. Cent cinquante six membres de l'ANC et des organisations
alli€s sont arrŠt€s en 1956, puis acquitt€s cinq ans plus tard au motif
JG Strijdom, premier ministre (1954-1958)
que, selon les attendus du jugement, l'ANC ne pouvait Štre reconnu
coupable d'avoir d€fendu une politique visant au renversement du
gouvernement par la violence[133] .

Lors des €lections d'avril 1958, le Parti National remporte une confortable victoire €lectorale, vainqueur cette fois en
voix et en si•ges.

L'apog€e de l'apartheid (1958-1966)


En 1958, ‚ la mort soudaine de Strijdom, Hendrik Verwoerd lui
succ•de ‚ la tŠte du gouvernement. Alors que l'opposition lib€rale
blanche se scinde en deux (des dissidents du parti uni forment le parti
progressiste), la politique sud-africaine est de plus en plus contest€e au
niveau international, notamment aux Nations unies.
Mais dans le mŠme temps, les mouvements noirs de lib€ration eux
aussi se divisent quand de nombreux radicaux de l'ANC quittent leur
mouvement pour protester contre son ouverture aux autres races et
forment une organisation nationaliste concurrente, le Congr•s
panafricain dirig€ par Robert Sobukwe[133] .
En novembre 1959, dans le cadre de la politique d'Apartheid mise
progressivement en place dans le Sud-Ouest Africain, territoire occup€
par l'Afrique du Sud depuis 1915, les autorit€s sud-africaines d€clarent
insalubre le quartier de • Old Location • et d€cident de d€placer les
Hendrik Verwoerd, ministre des affaires populations indig•nes qui y r€sident vers un nouveau quartier situ€ ‚
indig•nes (1950-1958) puis premier ministre cinq kilom•tres plus au nord (le futur township de Katutura signifiant •
(1958-1966), il est consid€r€ avec Werner Max l‚ o‹ on ne veut pas rester •). Le 10 d€cembre 1959, la campagne de
Eiselen comme l'architecte du grand apartheid
protestation organis€e par la SWANU d€rape et se solde par la mort de
13 manifestants, abattus par les forces de police sud-africaines et 54
bless€s. La r€pression polici•re s'abat sur la province contraignant les dirigeants de la SWANU dont Sam Nujoma ‚
s'exiler au Bechuanaland, en Rhod€sie du Sud, puis en Tanzanie quelques ann€es plus tard.

En 1960, le massacre de Sharpeville, o‹ 69 protestataires pacifiques furent tu€s par la police, mit l'Afrique du Sud ‚
la • Une • de l'actualit€ internationale[134] . Pour riposter, le gouvernement fait interdire la plupart des mouvements
Histoire de l'Afrique du Sud 31

de lib€ration comme l'ANC ou le Congr•s panafricain[134] . Leurs dirigeants entrent alors dans la clandestinit€.
Nelson Mandela fonde alors une aile militaire de l'ANC, appel€ Umkhonto we Sizwe, ce qui signifie la Lance de la
Nation et qui se lance dans des actions de sabotage des infrastructures industrielles, civiles ou militaires[134] . En fin
d'ann€e, le chef de l'ANC, Albert Lutuli, obtient le Prix Nobel de la paix.
Dans un discours m€morable sur le • vent du changement • prononc€ au parlement ‚ Cape Town, le Premier ministre
britannique Harold Macmillan en profite pour critiquer l€immobilisme et le pass€isme des dirigeants d€Afrique du
Sud. Exasp€r€s, les nationalistes proposent de soumettre un projet de r€f€rendum pour instituer la r€publique. Bien
qu'on ait cru un moment ‚ une s€cession des Blancs anglophones du Natal, le principe de la r€publique fut approuv€
le 5 octobre 1960. ‰ cette occasion les Blancs se divisent entre r€publicains (Afrikaners) et loyalistes (anglophones)
mais la transition se fait dans le calme sans €migration excessive des anglophones[135] .
La • proclamation de la R€publique d'Afrique du Sud • (RSA) le 31 mai 1961 accompagn€ de la rupture des derniers
liens avec le Royaume-Uni (retrait du Commonwealth) et la cr€ation effective du premier bantoustan noir, le
Transkei marquent l'apog€e de l'apartheid.
Aux €lections du 8 octobre 1961, la politique de Verwoerd est pl€biscit€e alors qu'Helen Suzman devient la seule
€lue du Parti Progressiste au programme ouvertement anti-s€gr€gationniste.
En juillet 1963, plusieurs des principaux chefs de l'ANC interdite dont Nelson Mandela et Walter Sisulu sont arrŠt€s
‚ Rivonia et inculp€s de haute trahison et de complots envers l'•tat. En 1964, ils sont condamn€s ‚ la prison ‚ vie.
L'ANC et Umkhonto we Sizwe, d€capit€s, sont alors totalement d€sorganis€s et installent leur quartier g€n€ral ‚
l'€tranger.
En raison de sa politique d'Apartheid, l'Afrique du Sud est exclue des jeux olympiques d'€t€ de 1964 qui se d€roulent
‚ Tokyo au Japon.
En 1965 Verwoerd refuse la pr€sence de joueurs et de spectateurs Maoris ‚ l€occasion de la tourn€e des All Blacks
n€o-z€landais en Afrique du Sud, pr€vue en 1967, ce qui oblige la f€d€ration n€o-z€landaise de rugby ‚ XV ‚ la faire
annuler.
Aux €lections du 30 mars 1966, le parti national remporte 58„% des suffrages alors qu'‚ ses fronti•res, la • colonie •
de Rhod€sie du Sud de Ian Smith a d€clar€ unilat€ralement son ind€pendance du Royaume-Uni pour maintenir le
principe de la domination blanche sur son territoire.
Le 6 septembre 1966, un d€s€quilibr€ Dimitri Tsafendas, un m€tis d'origine portugaise et mozambicaine, assassine
Verwoerd en plein c†ur du parlement[136] mettant ainsi fin ‚ la phase d'€laboration et d'application intensive et
m€thodique de l'apartheid.

Le pragmatisme de John Vorster (1966-1978)


Une semaine apr•s l'assassinat de Verwoerd, c'est le ministre de la justice, John Vorster, qui succ•de ‚ ce dernier au
poste de pr€sident du parti national et ‚ celui de premier ministre apr•s l'avoir emport€ contre le ministre des
transports, Ben Schoeman.
Beaucoup plus d€tendu que son pr€d€cesseur, John Vorster autorisa ‚ se laisser photographier en train de jouer au
golf en short court[137] . Il n'h€sita pas non plus ‚ accueillir des journalistes de l'opposition dans son propre cabinet
pour des r€unions d'informations r€guli•res[137] . Vorster accueillit €galement des visiteurs €trangers avec son
surprenant salut : bienvenue dans l'•tat de police le plus heureux dans le monde[137] . Beaucoup plus raisonnable que
son pr€d€cesseur, il injecta un peu d'humanit€ et d'humour dans le lourd climat id€ologique en Afrique du Sud[137] .
Cette nouvelle perspective dans le leadership de l'Afrique du Sud fut qualifi€e par les Sud-Africains blancs de
gentillesse raisonnable[137] . Alors qu'elle avait d€clar€ que Hendrik Verwoerd avait quelque chose de diabolique et
d'effrayant, Helen Suzman, qui fut l'unique d€put€e du parti progressiste au parlement sud-africain de 1961 ‚ 1974
consid€ra par contre que Vorster avait de la chair et du sang[137] .
Histoire de l'Afrique du Sud 32

En 1971, John Vorster refusa de faire modifier le drapeau sud-africain contrairement ‚ ce que voulait faire Verwoerd
qui souhaitait adopter un nouveau drapeau tricolore, d€barrass€ de l'Union Jack, et aux bandes verticales orange,
blanche et bleue au centre duquel auraient figur€ un springbok et des prot€as.
En politique int€rieure John Vorster a assouplit certaines lois vexatoires du petty apartheid. Il autorisa ainsi
l'ouverture des bureaux de poste, des parcs, et de certains hˆtels et restaurants aux noirs[138] .
Sur le plan sportif, Vorster annonce en 1967 un rel‘chement des r•gles en qui concerne les rencontres sportives
internationales : il annonce que les €quipes sportives internationales comprenant ‚ la fois des joueurs blancs et des
joueurs de couleur sont d€sormais accept€es en Afrique du Sud, ‚ la condition qu'elles n'aient pas de vis€e
politique[139] . La mŠme ann€e, il abroge les lois d'Apartheid qui interdisaient la constitution d'une €quipe olympique
multiraciale afin de permettre ‚ l'Afrique du Sud de pouvoir participer aux Jeux olympiques d'€t€ de 1968 ‚
M€xico[137] . Toutefois l'€quipe s€lectionn€e pour ces jeux olympiques ne peut participer en raison des protestations
de nombreux pays africains[140] .
‰ la mŠme €poque €clate l'affaire D'Oliveira du nom du joueur m€tis de cricket anglais d'origine sud-africaine
annonc€ dans l'€quipe d'Angleterre de cricket venue en tourn€e en Afrique du Sud au cours de l'hiver 1968-1969. En
d€pit des assouplissements ‚ l'apartheid dans le sport, le gouvernement de John Vorster d€cide que si Basil
D'Oliveira est s€lectionn€ par le Marylebone Cricket Club dans l'€quipe d'Angleterre, il fera annuler la tourn€e. Au
final, la tourn€e sera effectivement annul€e tout comme celle de l'€quipe d'Afrique du Sud de cricket en Angleterre
en 1970 ‚ la suite de virulentes manifestations anti-apartheid[141] .
Si Vorster refusa que d'Oliveira mette le pied en Afrique du Sud, il autorisa en revanche la pr€sence de joueurs et de
spectateurs maoris lors des tourn€es de l'€quipe de Nouvelle-Z€lande de rugby ‚ XV venue rencontrer les Springboks
sud-africains en 1970 et en 1976. Cette d€cision provoqua un schisme au sein du parti national quand une faction
radicale men€e par Albert Hertzog (fils du g€n€ral boer et ancien premier ministre James Barry Hertzog), Jaap
Marais et Louis Stofberg fit scission pour cr€er en 1969 le Parti national reconstitu€ (Herstigte Nasionale Party -
HNP)[142] . Reprise en main par Jaap Marais en 1977, cette dissidence restera marginale (3 ‚ 7 % des voix blanches).
Ce schisme renforƒa la popularit€ de Vorster au sein de la communaut€ blanche, y compris chez les progressistes
anglophones (pourtant oppos€s ‚ la politique d'Apartheid). Apr•s avoir €t€ en tant que ministre de la justice
intraitable au d€but des ann€es 1960 avec les nationalistes noirs anti-apartheid en concoctant les lois les plus
r€pressives du r€gime, John Vorster se montrait ‚ pr€sence intraitable avec les h€ritiers spirituels de Verwoerd,
n'h€sitant pas ‚ aller jusqu'‚ risquer le schisme politique afin de pr€server, selon sa vision, l'unit€ et la source du
pouvoir afrikaner [143] .
En 1971 la South African Cricket Association a tent€ d'envoyer l'€quipe d'Afrique du Sud de cricket aller faire une
tourn€e en Australie allant mŠme jusqu'‚ sugg€rer que deux joueurs noirs, Dik Abed et Owen Williams fassent partie
de l'€quipe mais Abed et Williams ont rejet€ la proposition.
La mŠme ann€e, dans une autre tentative pour obtenir une tourn€e internationale, la South African Board of Control
invita l'€quipe de Nouvelle-Z€lande de cricket ‚ disputer trois matchs contre des €quipes multiraciales, quand celle-ci
€tait en route vers l'Angleterre, toutefois la Nouvelle-Z€lande a d€clin€ l'offre.
En 1975, lors de la tourn€e de l'€quipe de France de rugby, le pr€sident de la f€d€ration sud-africaine de rugby,
Danie Craven organise trois rencontres contre des s€lections noires m€tisses et multiraciales.
En 1976, le gouvernement sud-africain accepte que l'€quipe d'Afrique du Sud de football multi-raciale affronte
l'€quipe d'Argentine en match amical, ‚ cette occasion Jomo Sono, joueur des Orlando Pirates Football Club marque
4 buts et permet ‚ l'Afrique du Sud de s'imposer 5-0[144] .
Dans les ann€es 1970, le ministre des sports de Vorster, Piet Koornhof annonce la mise en place d'€quipes sportives
zoulous, xhosas, indiennes, et m€tisses.
Contrairement ‚ son pr€d€cesseur qui avait fait interdire l'ANC en Afrique du Sud, suite au massacre de Sharpeville
en 1960, John Vorster n'a pas fait interdire la SWAPO, mouvement anti-Apartheid luttant contre l'occupation
Histoire de l'Afrique du Sud 33

sud-africaine du Sud-Ouest Africain/Namibie. En 1967, le gouvernement Vorster annonce qu'il accorde une
autonomie limit€e ‚ l'Ovamboland une zone tribale du Sud-Ouest Africain[137] , fief de la SWAPO.
Suite ‚ la gr•ve de milliers d'ouvriers Ovambos entre d€cembre 1971 et juin 1972, le gouvernement Vorster
entreprend des r€formes et abroge la loi de 1920 dite ma…tre et serviteurs. Suite ‚ la d€signation de la SWAPO
comme repr€sentant unique et authentique du peuple namibien par l'Assembl€e g€n€rale des Nations Unies, le 12
septembre 1973, et percevant les divisions au sein mŠme des mouvements d'opposition du Sud-Ouest Africain, John
Vorster abandonne les objectifs du rapport Odendaal, un rapport de 1964, mis en place en 1968 et qui pr€voyait la
constitution de dix bantoustans sur le territoire namibien, dont six ayant vocation ‚ devenir autonomes, repr€sentant
ainsi plus des deux tiers de la population namibienne. Il d€cide dans le cadre de sa politique de d€tente avec les pays
africains de s'engager dans la voie de l'autod€termination du territoire • y compris celle de l'ind€pendance.
Il va ainsi faire de la Namibie un terrain de n€gociations politiques dont il r€utilisera les r€sultats pour la Rhod€sie
dirig€e par Ian Smith. C'est €galement sous John Vorster que eu lieu les derni•res €lections o‹ seuls les blancs de
Namibie eurent le droit de voter pour €lire l'assembl€e l€gislative du Sud-Ouest Africain, qui eurent lieu le 24 avril
1974 et furent remport€es comme en 1950, 1953, 1955, 1961, 1965, et 1970 par le parti national du Sud-Ouest
Africain.
En novembre 1974, l'ensemble des autorit€s du territoire, y compris les autorit€s tribales et les repr€sentants des
partis politiques noirs sont invit€s par l'assembl€e l€gislative du Sud-Ouest africain, domin€e par le Parti national du
Sud-Ouest Africain ‚ participer aux pourparlers constitutionnels de la Conf€rence de la Turnhalle qui dureront de
septembre 1975 ‚ octobre 1977, toutefois l'invitation fut d€clin€e par la SWAPO et la SWANU.
Le 1er septembre 1977, Vorster nomme comme administrateur du Sud-Ouest africain, Martinus Steyn, un juge ‚ la
r€putation lib€rale, qui un mois apr•s sa nomination abroge les lois d'Apartheid sur les mariages mixtes, et sur
l'immoralit€, et supprime les contrˆles int€rieurs sur tout le territoire, ‚ l'exception de la zone diamantif•re et de la
fronti•re septentrionale.
La conf€rence de la Turnhalle d€bouchera sur les premi•res €lections multiraciales namibiennes (boycott€es par la
SWAPO, la SWANU et le parti national du Sud-ouest africain) qui ont lieu en d€cembre 1978 et qui sont remport€es
par l'Alliance d€mocratique de la Turnhalle avec 82% des voix.

La politique de d€tente de John Vorster avec les pays africains


Plus pragmatique, plus €motionnel et surtout moins dogmatique que son pr€d€cesseur, John Vorster entreprit en
politique €trang•re une politique de d€tente avec les pays africains. comme Madagascar[145] , et noua des relations
suivies avec de nombreux chefs d'€tat africains comme l'Ivoirien, F€lix HouphouŽt-Boigny[146] ou le Zambien,
Kenneth Kaunda. Apr•s avoir reƒu avec tous les honneurs une d€l€gation commerciale malawite[137] , il exempte les
diplomates de ce pays de l'application des lois d'Apartheid[147] . Il invita Joseph Leabua Jonathan, le premier
ministre du Lesotho ‚ d€jeuner dans un majestueux hˆtel du Mont Nelson dans la ville du Cap[137] . Dans le mŠme
temps il apporte une aide militaire et polici•re au gouvernement blanc de Ian Smith en Rhod€sie.
En d€pit de cette politique de d€tente, l'Afrique du Sud est de plus en plus critiqu€e sur la sc•ne internationale. En
1968, l'Assembl€e g€n€rale des Nations Unies vote la r€vocation du mandat sud-africain sur le Sud-Ouest africain.
La r€solution de l'Assembl€e g€n€rale reste cependant sans effet car l'Afrique du Sud ne reconna…t pas la comp€tence
de celle-ci (ni l'ONU comme le successeur de la SDN). En 1970 le Conseil de s€curit€ des Nations Unies d€clare
ill€gale la pr€sence sud-africaine en Namibie. Le 21 juin 1971 la r€vocation du mandat sud-africain est confirm€e par
un avis consultatif de la Cour internationale de justice et en 1974 l'Assembl€e g€n€rale des Nations Unies refuse les
lettres de cr€ance de l'ambassadeur d'Afrique du Sud Pik Botha sous le pr€texte de non-repr€sentativit€ de son
peuple alors que le pays est membre fondateur[148] .
Pour Robert Jaster, chef de la CIA en Afrique, la Rhod€sie €tait le test majeur de cette politique de d€tente d'autant
plus que les buts Vorster de ce dernier €taient diff€rents de ceux de Ian Smith, premier ministre de Rhod€sie et seul
homme politique blanc de la r€gion dont la cˆte de popularit€ €tait sup€rieure ‚ celle du premier ministre
Histoire de l'Afrique du Sud 34

sud-africain au sein de la communant€ blanche[149] .


Au d€but du mois de janvier 1973, Ian Smith provoqua l'hostilit€ de son grand voisin sud-africain en prenant la
d€cision de fermer sa fronti•re avec la Zambie o‹ les int€rŠts €conomiques de l'Afrique du Sud sont consid€rables
[150]
. L€‚tat tampon de Rhod€sie du Sud devenait un fardeau pour son puissant voisin. L'€ditorial d€un journal
sud-africain exprima cette mauvaise humeur en demandant ‚ Monsieur Smith de • rechercher des solutions aux
probl•mes existants • au lieu d€en cr€er de nouveaux[151] . Ainsi, un pont a€rien fut mis en place entre la Zambie et
l€Afrique du Sud pour le transport de mat€riel d€exploitations des mines[152] . La fronti•re fut finalement rouverte d•s
le 5„f€vrier„1973 marquant un €chec diplomatique pour Smith l‘ch€ par ses alli€s. Un €pisode qui d€montrait par
ailleurs la d€pendance de la Rhod€sie envers l€Afrique du Sud.
Dans le cadre de sa politique de d€tente avec les pays africains, John Vorster d€cide d'intervenir aupr•s de Smith
pour tenter de l€amener ‚ n€gocier la fin de la domination de la minorit€ blanche en Rhod€sie. Le 11 d€cembre 1974,
sous la pression de Vorster, Smith annonce la lib€ration de tous les prisonniers politiques, assur€ selon lui de la fin
des actes de terrorisme en Rhod€sie et de l'organisation prochaine d€une conf€rence constitutionnelle avec des chefs
nationalistes noirs mod€r€s mais c'est un €chec.
Avec l'effondrement du colonialisme portugais au Mozambique et en Angola, John Vorster r€alisa que le cordon
sanitaire des €tats blancs en Afrique se d€sagr€geait et qu'il s'est rendu compte que l'Afrique du Sud ne pouvait gu•re
se permettre de soutenir le r€gime de Ian Smith dans le cas d'une guerre raciale en Rhod€sie, en cons€quence il
ordonna le retrait de 2 000 membres de la police paramilitaire sud-africaine et fit retirer quelques 50 h€licopt•res
Alouettes appartenant ‚ la flotte sud-africaine qui ont jouait un rˆle important dans la lutte contre la gu€rilla[153] . au
moment mŠme o‹, pour contrer la gu€rilla, les forces de s€curit€ du gouvernement rhod€sien multiplient les raids
contre les bases d€entra…nement de la ZANU et de la ZAPU en Zambie, Vorster fit €galement r€duire les liens
commerciaux entre l'Afrique du Sud et la Rhod€sie. Pour Smith, le comportement de Vorster est une trahison digne
de ce qu'il attendait de la Grande-Bretagne et non d'un alli€, mais il est oblig€ de c€der. A plusieurs reprises, John
Vorster tenta de persuader Ian Smith de se r€concilier avec les leaders nationalistes noirs rhod€siens, apr•s une vaine
tentative en juin 1975, l'UNAC dirig€e par l'€vŠque m€thodiste Abel Muzorewa d€clara que Vorster aboyait sur
Smith alors qu'il devait Štre mordant[153] .
En concordance avec Kenneth Kaunda, le pr€sident de la Zambie, (avec lequel il d€jeuna ‚ l'hˆtel intercontinental de
Musi-o-tunya en pr€sence de deux leaders nationalistes noirs rhod€siens, Abel Muzorewa et Joshua Nkomo et du
secr€taire sud-africain pour les affaires €trang•res Brand Fourie) lors de sa visite surprise en Zambie[154] . John
Vorster fit organiser dans un wagon sud-africain situ€ au-dessus des Chutes Victoria, ‚ la fronti•re entre la Zambie et
la Rhod€sie, une rencontre entre Smith et les principaux chefs rebelles de Rhod€sie. Ian Smith insista pour que la
rencontre ait lieu en Rhod€sie alors que l'UANC voulut qu'elle est lieu ailleurs car au moins deux de ses
repr€sentants le r€v€rend Ndabaningi Sithol€ et James Chikerema €taient soumis ‚ une arrestation bas€e sur des
accusations de subversion en cas de retour en Rhod€sie[153] . Au bout de 9 heures d'entretien cette conf€rence entre
Smith, Abel Muzorewa, Joshua Nkomo, le r€v€rend Ndabaningi Sithol€, et Robert Mugabe se solda par un €chec.
En 1976, inquiet de l'€volution politique du Mozambique et de l'Angola, deux anciennes colonies portugaises
r€cemment ind€pendantes et dirig€es par des gouvernements marxistes favorables aux mouvements de gu€rilla,
Vorster entreprit de calmer la situation en Rhod€sie quitte ‚ laisser un gouvernement noir mod€r€ s'y installer. Il
avait l'appui des Britanniques mais surtout celui des Am€ricains. En effet Henry Kissinger, le secr€taire d€•tat
am€ricain, partisan de la d€tente avec les r€gimes • blancs • d€Afrique et de l'adoucissement des relations avec
l€Afrique du Sud, avait entreprit de mettre en place une • diplomatie globale • ‚ l€avantage du gouvernement de
Pretoria. En €change de pressions de Vorster sur Ian Smith, le gouvernement am€ricain s€abstiendrait de pressions
directes sur les questions concernant l€avenir du Sud-Ouest africain et sur la p€rennit€ de l€Apartheid.
Le 18 septembre 1976 au cours d'un match de rugby ‚ l'Ellis Park Stadium de Johannesburg entre l'Afrique du Sud et
la Nouvelle-Z€lande, John Vorster r€ussit ‚ convaincre Ian Smith d'assouplir sa position et d'accepter de rencontrer
le secr€taire d€•tat am€ricain Henry Kissinger, le lendemain matin apr•s 4 heures de discussions, Ian Smith accepte
Histoire de l'Afrique du Sud 35

le principe de l'accession de la majorit€ noire au pouvoir[155] . Mais les obstacles s€amoncelent vite, relatifs
notamment au processus de transition (organisation du cessez-le-feu, le d€sarmement des forces arm€es, la
surveillance des €lections, la coordination interne entre les mouvements de gu€rilla, etc).
En mai„1977, la rencontre au palais Hofburg de Vienne en Autriche entre Vorster et le vice-pr€sident am€ricain
Walter Mondale aboutit ‚ une impasse[156] . La solution interne rhod€sienne bas€e sur un gouvernement multiracial
vis€ par les accords de Salisbury du 3 mars 1978, sign€s entre Smith et trois leaders africains mod€r€s, Abel
Muzorewa, le r€v€rend Ndabaningi Sithol€ et le chef Jeremiah Chirau, ne recevra pas ainsi l'aval de la nouvelle
administration am€ricaine. Deux ans plus tard, suite aux accords de Lancaster House, un nouveau processus sous
patronage britannique aboutit ‚ l'ind€pendance du Zimbabwe (ex-Rhod€sie) qui sera gouvern€ par Robert Mugabe, le
chef marxiste de la ZANU.

l'invasion de l'Angola par les troupes sud-africaines (aƒut-d€cembre 1975)


En 1975, soutenu par le gouvernement am€ricain de Gerald Ford, John Vorster avec le soutien de Hendrik van der
Bergh, chef des services de renseignements sud-africains envisagea une implication minimum et circonstanci€e des
forces arm€es sud-africaines pour installer un gouvernement pro-occidental dans le nouvel •tat ind€pendant
d'Angola, gouvern€ alors par les marxistes du MPLA (Mouvement populaire de lib€ration de l'Angola). Mais Pieter
Willem Botha et son chef des arm€es, Magnus Malan, convaincus de l'existence d'un plan global sovi€tique dont le
but est la prise de pouvoir en Afrique du Sud, se firent alors les avocats d'un plan plus radical, une invasion du pays
par les troupes sud-africaines pour chasser le MPLA de Luanda.
Finalement c'est la premi•re option qui est approuv€e et en ao“t 1975, les troupes sud-africaines envahirent le sud de
l'Angola et pouss•rent jusqu'‚ Luanda. En d€cembre, le congr•s am€ricain fit retirer son aide financi•re aux
mouvements et aux troupes hostiles au MPLA alors que l'arm€e sud-africaine €tait aux portes de la capitale
angolaise. Furieux et humili€s, les sud-africains apparurent alors comme les seuls coupables de l'invasion et furent
oblig€s de se retirer du pays. Ils apporteront dor€navant une aide logistique au mouvement rebelle de l'UNITA de
Jonas Savimbi afin notamment de prot€ger la fronti•re nord de leur colonie du Sud-Ouest africain contre les
infiltrations de l'organisation ind€pendantiste SWAPO.
Histoire de l'Afrique du Sud 36

La r€pression des €meutes de Soweto


En 1976, l'imposition par le vice-ministre de l'€ducation Andries Treurnicht,
membre de l'aile dure du parti national de l'enseignement obligatoire en
afrikaans au lieu de l'anglais ou d'une langue locale pour les €coliers noirs
provoque un soul•vement de ces derniers dans les Townships. Une marche de
protestation est organis€e dans le district noir de Soweto pr•s de
Johannesburg le 16„juin„1976. Environ 20000 €tudiants se pr€sentent et,
malgr€ des appels au calme des organisateurs, affrontent les forces de
l'ordre[157] . La r€pression des forces de s€curit€ sud-africaine et de la police
de Jimmy Kruger est tr•s f€roce et fera pr•s de 1500 victimes[158] . La plupart
des autres pays, ‚ l'exception du Royaume-Uni et des •tats-Unis qui
craignaient le basculement du pays dans le camp de l'Union sovi€tique,
condamnent la r€pression et imposent une limitation du commerce ou mŠme
des sanctions. Les images et les t€moignages sur le massacre de Soweto
feront le tour du monde alors que l'Umkhoto We Sizwe reƒoit l'apport de Nelson Mandela, condamn€ le 12 juin
nouvelles recrues en provenance des townships. 1964 ‚ la prison ‚ vie pour des actions
arm€es, passe 18 ans au p€nitencier de
‰ partir de 1977, l'organisation est de nouveau capable de commettre des Robben Island avant d'Štre transf€r€ en
attentats plus ou moins cibl€s, voire parfois meurtriers sur le sol sud-africain, 1982 ‚ la prison de Pollsmoor puis ‚ celle
de Victor Verster dans la p€ninsule du
visant en priorit€ les postes de police des townships et les noirs accus€s de
Cap. Erig€ en icˆne embl€matique de
collaborer avec le r€gime blanc. En 1977, un des chefs tr•s populaire de la • l'opposition internationale ‚ l'apartheid, il
Conscience noire •, Steve Biko, est enlev€ et assassin€ par les forces de sera lib€r€ en f€vrier 1990.
s€curit€[158] . C'est le journaliste et €diteur Donald Woods qui alertera
l'opinion publique mondiale sur les conditions de la disparition de Biko[159] . Un embargo sur les ventes d'armes ‚ la
RSA est alors vot€ au conseil de s€curit€ des Nations unies[160] alors que le pays est engag€ militairement en Angola
contre le gouvernement marxiste en place en soutenant directement ou indirectement le mouvement rebelle de
l'UNITA. Cet €chec diplomatique pour Vorster s'accompagne d'un scandale financier impliquant son ministre de
l'information et de l'Int€rieur Connie Mulder[161] . Pourtant lors des €lections du 30 novembre 1977, le parti obtient
le meilleur score de son histoire (64,8 % des suffrages) laissant en miettes l'opposition parlementaire, d€sormais
principalement repr€sent€e par le parti progressiste f€d€ral (16 %)[162] . John Vorster ne tarde pas cependant ‚ Štre
rattrap€ par le scandale de l'information et doit c€der sous la pression son fauteuil de Premier ministre[138] . En
compensation, il obtient d'Štre €lu pr€sident de la r€publique[163] , fonction symbolique de laquelle il est contraint de
d€missionner, officiellement pour raisons de sant€, un an plus tard.

Les doutes du pouvoir afrikaner (1978-1989)


Homme du s€rail nationaliste mais r€put€ pragmatique et r€formiste[164] , le ministre de la d€fense, Pieter Botha
succ•de ‚ Vorster en tant que chef du parti et premier ministre, apr•s avoir €limin€, lors des €lections internes, ses
deux principaux rivaux, Pik Botha, ministre des Affaires €trang•res, repr€sentant de l'aile lib€rale du parti qui €tait
pourtant tr•s populaire chez les blancs sud-africains et qui qui €tait consid€r€ comme le favori de John Vorster[165] .
et Connie Mulder.
Le gouvernement de Pieter Botha forme alors un subtil €quilibre entre conservateurs (les verkramptes ou crisp€s en
afrikaans) et les lib€raux (verligtes ou €clair€s en afrikaans). Si Botha confie le minist•re de la D€fense ‚ un proche,
le g€n€ral Magnus Malan, il maintient au minist•re des affaires €trang•res Pik Botha et nomme au minist•re de
l'€nergie, Frederik de Klerk, un conservateur du Transvaal, fils de l'ancien ministre Jan de Klerk. Si Botha fait figure
‚ l€origine de partisan intransigeant de l'apartheid, ses fonctions ‚ la tŠte de l'•tat l'am•nent ‚ trancher en faveur du
camp des • verligtes •. Ses discours tels que "Adapt or die"[166] annoncent des changements dans la politique raciale
Histoire de l'Afrique du Sud 37

du gouvernement. En 1979, son ministre de l'emploi Fanie Botha (ami proche et partenaire de classe de John
Vorster) proc•de ‚ l'abandon de la loi d'apartheid r€servant les emplois dans les mines aux blancs et autorise la
formation de syndicats noirs dans le domaine minier.
Le 8 mai 1980, Botha cr€e une commission parlementaire dirig€e par son ministre de la justice Alwyn Schlebusch
afin d'examiner les r€formes propos€es par la commission Theron mise en place par John Vorster trois ans plus tˆt.
Dans ses rapports, la commission Theron stipule que le syst•me parlementaire de Westminster est obsol•te, inadapt€
pour une soci€t€ multiculturelle et plurielle comme la soci€t€ sud-africaine, qu'il renforƒait les conflits politiques et
la domination culturelle d'un groupe sur les autres, formant ainsi un obstacle ‚ la bonne gouvernance du pays. La
commission en appela au changement de syst•me mais ne remit pas en question le principe des lois d'apartheid[167] .
Soutenu par les €l€ments les plus lib€raux du Parti national, Botha et son ministre de la r€forme constitutionnelle,
Chris Heunis, entreprennent alors une vaste r€forme visant ‚ pr€sidentialiser le r€gime et surtout octroyer un droit de
vote et une repr€sentation s€par€e pour les m€tis et les Indiens en instaurant un parlement tricam€ral. Mais rien n€est
pr€vu pour les Noirs, pourtant majoritaires. Bien que cette r€forme soit limit€e et soit qualifi€e de bancale par les
lib€raux, que le principe de la domination blanche ne soit pas remis en question, les conservateurs se crispent[168] .
Aux €lections de juin 1981, le HNP obtient 13„% des voix r€v€lant la m€fiance des ruraux afrikaners vis-‚-vis du
gouvernement PW Botha alors que le Parti national avec 53„% des voix perd corr€lativement 11 points par rapport
aux €lections de 1977.
‰ l'annonce des propositions sur les nouvelles institutions, les verkramptes, regroup€s autour du ministre et pr€sident
de la f€d€ration NP du Transvaal, Andries Treurnicht[169] ne parviennent pas ‚ influencer la ligne r€formiste de
Botha dont l'objectif est selon ses termes la mise en place d'une d€mocratie pluraliste en Afrique du Sud[170] . Botha
parvient ‚ imposer sa r€forme ‚ la majorit€ des parlementaires du NP, provoquant une cassure id€ologique entre les
Afrikaners du Transvaal et de l'Orange avec ceux du Cap et du Natal[171] . Au Transvaal, Botha se repose sur
Fr€d€rik De Klerk et Pik Botha qui €vincent Treurnicht de la pr€sidence du NP et ralliant la majorit€ des €lus locaux.
Andries Treurnicht et un autre ministre du gouvernement, Ferdinand Hartzenberg, ne tardent pas ‚ tirer les
cons€quences de leur €chec et ‚ quitter le parti national avec une dizaine de parlementaires NP pour fonder, le 20
mars 1982, le Parti conservateur (Conservative Party - CP)[172] ,[173] . Lors de son congr•s fondateur, celui-ci reƒoit
le soutien d'anciens hauts dignitaires du parti national en rupture de ban comme Jimmy Kruger (ancien ministre de la
justice et ancien pr€sident du s€nat sud-africain aboli en 1981), Connie Mulder, chef du Parti national-conservateur,
ou Betsie Verwoerd (la veuve d'Hendrik Verwoerd). Le CP €choue cependant ‚ rallier le HNP, rest€ fid•le ‚ son
h€ritage verwoerdien, hostile ‚ l'int€gration des anglophones et au d€membrement mŠme de l'Afrique du Sud pour y
cr€er un r€duit blanc (le Volkstaat).
En 1983, les mouvements oppos€s ‚ l'apartheid s'allient au sein de l'United Democratic Front (UDF) pour
coordonner la r€sistance au r€gime[174] . L'UDF devint vite le repr€sentant dans le pays de l'ANC. Dans la mŠme
ann€e, apr•s le succ•s d'op€rations symboliques comme l'attentat contre la centrale nucl€aire de Koeberg[175] ,
Umkhoto we sizwe commet l'attentat ‚ la bombe le plus meurtrier de son histoire ‚ Pretoria le 20 mai 1983 (19
personnes tu€s, 217 bless€s)[176] ,[177] .
En novembre 1983, Pieter Botha fait adopter sa r€forme par r€f€rendum. Avec 76„% de participation, les Blancs
approuvent ‚ 65„% la nouvelle constitution instituant un syst•me pr€sidentiel et parlementaire tricam€ral. Le poste de
Premier ministre est supprim€ et Botha prend la fonction de pr€sident de la r€publique (State President). Il s'agit
moins pour les blancs d'accorder le droit de vote aux minorit€s de couleurs que de maintenir l€exclusion des Noirs de
toute repr€sentation parlementaire[178] .
Histoire de l'Afrique du Sud 38

En 1984, les €meutes raciales se multiplient dans le pays alors que la


situation internationale de l'Afrique du Sud se d€t€riore. Le pays est
soumis ‚ un embargo €conomique et financier de plus en plus
contraignant sous la pression de divers groupes de pressions
internationaux anti-apartheid qui exigent la fin de la discrimination et
des €lections multiraciales. L'arm€e sud-africaine est alors envoy€e
dans les townships alors que s'organise une campagne de boycott des
paiements des loyers et services et que des conseillers municipaux Manifestation internationale de la protestation
noirs sont assassin€s pour trahison envers leur communaut€. Ses alli€s contre l'apartheid sur un bus de Londres en 1989
naturels comme les •tats-Unis se d€solidarisent sous la pression de
l'opinion publique et des mouvements noirs am€ricains. En Afrique du Sud, les pr€sidents des puissants
conglom€rats miniers, craignant pour leurs int€rŠts financiers, demandent au gouvernement d'adopter une politique
plus lib€rale et d€engager des pourparlers avec les organisations noires.

En 1985, la police tue 21 personnes lors d'une manifestation


comm€morative du massacre de Sharpeville. L'ANC appelle ‚ rendre
les townships ingouvernables. Durant l'ann€e, 35000 soldats sont
d€ploy€s pour r€tablir l'ordre dans les townships et plus de 1000
personnes sont tu€es. De leurs cˆt€s, les principaux syndicats noirs
s'unissent dans la COSATU tandis qu'Umkhoto we sizwe lance une
campagne de terreur dans les zones rurales du Transvaal contre les
fermiers blancs. En d€cembre 1985, une mine anti-personnelle d€pos€e
par l'aile militaire de l'ANC tue la famille d'un touriste afrikaner dans
le nord du pays puis le 23 d€cembre, un jeune activiste fait exploser
une bombe dans un centre commercial d'Amanzimtoti (5 morts, 40
bless€s)[179] . En 1985, Botha met fin ‚ l'interdiction des mariages
mixtes et des rapports entre personnes de couleurs diff€rentes.

En 1986, Botha proclame l'€tat d'urgence dans les townships[180] . Les


camps de squatters pr•s du Cap sont d€truits en masse puis en signe
d'ouverture, Botha abolit certaines lois embl€matiques de l'apartheid
comme la loi sur le • passeport int€rieur[181] et reconnait l'obsolescence
du syst•me ainsi que la p€rennit€ de la pr€sence des Noirs dans les
Panneau whites only sur la Plage de Durban en
fronti•res de la RSA blanche[182] .
1989 L'abolition des mesures vexatoires du • petty apartheid • comme les
bancs ou les bus r€serv€s aux Blancs provoque de vives r€actions dans
[183]
les milieux conservateurs . Aux €lections du 6 mai 1987, avec 26„% des suffrages, le parti conservateur gagne le
statut d'opposition officielle au d€triment des progressistes en fort recul[184] . Aux municipales de 1988, le CP
s'empare de 60 des 110 municipalit€s du Transvaal et d'une municipalit€ sur quatre dans l'•tat Libre d'Orange. Le NP
conserve de justesse Pretoria. Botha se retrouve alors gŠn€ sur sa droite et doit ralentir sur les r€formes. Il veut €viter
une fracture irr€m€diable entre Afrikaners.

En 1988, la COSATU est interdite ainsi que 18 autres organisations politiques


Alors qu'elle est engag€e dans la lutte contre les forces cubaines depuis l'ind€pendance de l'Angola en 1975, un
retrait r€ciproque est n€goci€ sous l'€gide des Nations-Unis au cours de l'ann€e 1988. Les forces cubaines acceptent
de se retirer d'Angola. En contrepartie le gouvernement Sud-Africain accepte de retirer son soutien militaire et
financier au mouvement rebelle UNITA et d'engager le processus politique devant aboutir rapidement ‚
l'ind€pendance de la Namibie (21 mars 1990) qu'elle consid€rait jusque l‚ comme sa cinqui•me province.
Histoire de l'Afrique du Sud 39

La transition vers la fin de l'apartheid (1989-1992)


En janvier 1989, victime d'une congestion c€r€brale, le pr€sident Pieter
Botha se retire pendant un mois. ‰ son retour, il renonce ‚ la
pr€sidence du Parti National (NP) mais d€clare vouloir se maintenir
jusqu'aux €lections g€n€rales de 1990[185] .
‰ la tŠte du NP lui succ•de le pr€sident du parti dans le Transvaal,
Frederik de Klerk, soutenu par l'aile droite du parti.
Durant l'€t€ 1989, Botha est contraint de d€missionner par les membres
de son cabinet qui voulaient placer De Klerk le plus rapidement
possible ‚ la pr€sidence pour sortir d'une situation bloqu€e et impulser
un nouveau souffle au pays.
D•s sa nomination ‚ la pr€sidence de la r€publique, De Klerk s'entoure
d'une €quipe favorable ‚ des r€formes fondamentales. S'il maintenait
quelques piliers de l'apartheid comme Magnus Malan ‚ la d€fense et
Adriaan Vlok ‚ la s€curit€ int€rieure, c'€tait pour donner des gages ‚
l'€lectorat conservateur. Il maintenait l'inamovible Pik Botha aux
affaires €trang•res pour rassurer les lib€raux ainsi que le pragmatique
Le pr€sident Frederik de Klerk
Kobie Coetsee ‚ la justice et Barend du Plessis aux finances. La
nouveaut€ consiste surtout en la mont€e en puissance au sein du
gouvernement et du parti de nationalistes r€formistes comme Leon Wessels, Dawie de Villiers ou Roelf Meyer. Bien
que catalogu€ comme conservateur, De Klerk voulait changer l'image du parti national et du pays. Proche des
milieux €conomiques, il savait que les sanctions internationales €taient de moins en moins supportables pour le pays.
Il avait pris conscience que le poids d€mographique des Noirs €tait trop important et que les Blancs €taient devenus
trop minoritaires (18 %) pour pouvoir le diriger efficacement. Il avait compris enfin que l'apartheid avait atteint ses
limites et avait €chou€ ‚ empŠcher les Noirs de devenir partout majoritaires en RSA blanche ‚ l'exception du
Cap-Occidental o‹ les m€tis demeuraient les plus nombreux et dans quelques zones urbaines comme Pretoria o‹ les
Afrikaners dominaient encore significativement. Dans le programme €lectoral qu'il propose, il envisage d'instaurer
dans les 5 ans une nouvelle constitution fond€e sur la participation pleine et enti•re de tous les sud-africains et dans
le respect des aspirations des groupes, notion remplaƒant dor€navant celle de race et d€finie comme un ensemble
libre d'individus partageant les mŠmes valeurs[186] .

De Klerk convoque des €lections g€n€rales anticip€es en septembre 1989. Celles-ci sont mauvaises pour le NP avec
la perte d€une trentaine de si•ges au profit du Parti Conservateur - CP (39 si•ges pour 33„% des voix) et du nouveau
parti d€mocratique (Democratic Party - DP), issu d'une fusion entre les petits partis progressistes et lib€raux (avec 33
si•ges et 21„% des voix)[186] . Le NP gardet n€anmoins une petite majorit€ mais il n'est plus le premier parti des
€lecteurs afrikaners qui lui ont pr€f€r€ le CP pour 45„% d'entre eux (et seulement 7.5„% des voix anglophones).
Le nouveau pr€sident reste prudent, annonƒant comme priorit€, durant son discours d'investiture, la r€daction d'une
nouvelle constitution permettant la cohabitation pacifique de toutes les populations d'Afrique du Sud. Il prend
n€anmoins des mesures concr•tes d•s l'automne 1989 en autorisant les manifestations multiraciales, dont celles de
l'ANC, ‚ Johannesburg, Soweto et au Cap, en prononƒant l'€largissement de quelques figures de l'opposition
anti-apartheid comme Walter Sisulu et en autorisant la cr€ation de 4 zones r€sidentielles multiraciales dans les
provinces du Cap, du Natal et du Transvaal[187] .
En janvier 1990, il provoque la fureur des ultras et la stupeur du monde entier en prononƒant la lev€e de l'interdiction
de l'ANC, du PAC et du parti communiste, la lev€e de la censure, la suspension de la peine capitale et la lib€ration
prochaine des derniers prisonniers politiques dont Nelson Mandela, figure embl€matique de la lutte
anti-apartheid[188] .
Histoire de l'Afrique du Sud 40

La riposte de l'ultra-droite ne se fait pas attendre ; des d€fil€s de


milices et autres organisations paramilitaires ont lieu dans la plupart
des villes afrikaners. Eug•ne Terre'Blanche, le chef du groupement
paramilitaire • Mouvement de r€sistance afrikaner • (AWB),
organisation reconnaissable ‚ son sigle formant une svastika ‚ 3
branches, devient aux yeux de l'opinion mondiale le symbole de
l'oppression raciste sud-africaine et de la r€sistance au changement.
Cette image tr•s n€gative sert cependant les partisans des r€formes.

La lib€ration de Nelson Mandela en f€vrier 1990 et les pourparlers


entre le gouvernement et les ex-partis interdits d€cha…nent les passions
au sein de la communaut€ blanche. Contre ceux qui crient ‚ la trahison
et au suicide politique d€un peuple, les partisans des r€formes affirment
leur croyance en une transition pacifique des pouvoirs ‚ la majorit€
noire, transfert jug€ in€luctable et seul moyen pour permettre
Eug•ne Terre'Blanche, le chef du mouvement
l€obtention de garantie pour les minorit€s.
paramilitaire AWB, en 1990 ‚ Pretoria
Le 21 mars 1990, apr•s des n€gociations sous l€€gide des Nations Unis
et une p€riode de transition de pr•s d'un an, l'Afrique du Sud abandonne sa tutelle sur la Namibie qui acc•de alors ‚
l'ind€pendance. En septembre, le parti national ouvre ses rangs aux non blancs, obtenant un certain succ•s aupr•s des
m€tis du Cap alors que toutes les lois raciales relatives ‚ la vie quotidienne des individus dans le cadre du Separate
Amenities Act sont abrog€es au mois d'octobre 1990[189] .
De mars ‚ juin 1991, De Klerk fait abolir par le parlement toutes les derni•res lois d'apartheid encore en vigueur
concernant l'habitat et la classification raciale[190] . L'€tat d'urgence est lev€ ‚ l'exception du Natal o‹ des violences
meurtri•res entre ANC et partis noirs conservateurs ensanglantent la r€gion.
Alors que les n€gociations continuent, les €lections partielles dans les r€gions afrikaners constituent de multiples
revers pour le NP au profit du CP. De Klerk d€cide durant l€ann€e 1991 de faire de l'€lection locale de
Potchefstroom, fief NP du Transvaal, un enjeu national sur l'approbation des Blancs ‚ ses r€formes. Cette €lection,
qui a lieu au d€but de l'ann€e 1992, est un cuisant revers €lectoral pour le NP avec la victoire du CP qui profite alors
de l€aubaine pour r€clamer des €lections anticip€es[191] . De Klerk est affaibli par cette €lection qui survient ‚ la suite
d'autres revers €lectoraux au profit des conservateurs. Les sondages sont mauvais pour le parti nationaliste. Tous
indiquent sinon une d€faite face au CP, en tout cas la perte de la majorit€ absolue si des €lections anticip€es ont lieu.
Une seule issue parait apporter des chances de succ•s, c'est l'organisation d'un r€f€rendum sur le bien fond€ des
r€formes qui permettrait aux €lectorats du NP et du DP de s€additionner dans un mŠme vote face au CP[192] .
La campagne est tr•s dure entre les partisans et les adversaires des r€formes. Le but en est la validation ou non par
l'€lectorat blanc de l'abolition de l'apartheid, la continuation des n€gociations en vue du transfert de pouvoir ‚ la
majorit€ noire avec en contrepartie l€obtention des garanties quant aux libert€s fondamentales.
Durant la campagne, De Klerk reƒoit l'appui critique des lib€raux lesquels d€nonƒaient l€exclusivit€ des n€gociations
NP-ANC et la mise ‚ l€€cart des autres formations politiques. De son cˆt€, les adversaires aux r€formes r€unissent
dans un mŠme camp l€extrŠme droite, le CP et plusieurs conservateurs du NP en dissidence de leur parti, notamment
Pieter Botha, l'ancien pr€sident. Utilisant adroitement la r€pulsion que provoque l€extr€misme de l€AWB d€Eug•ne
Terreblanche dans l'€lectorat blanc mod€r€, ass€nant un message efficace par sa dichotomie (Moi ou le chaos) et
b€n€ficiant d'un grand avantage financier et m€diatique sur ses adversaires conservateurs, le NP a ‚ c†ur de
mobiliser l'€lectorat sur le p€ril immense et irr€versible manifest€ par la g€n€ralisation de la violence et la faillite
€conomique qu'enclencherait un vote n€gatif[193] .
Le r€f€rendum eu lieu le 17„mars„1992. Avec un taux de participation sup€rieur ‚ 80„%, les Blancs votent ‚ 68.7„%
pour le • oui • aux r€formes. Le CP n'avait pu mobiliser davantage de son €lectorat et subit alors une cruciale d€faite.
Histoire de l'Afrique du Sud 41

Le r€f€rendum oblige les Blancs ‚ d€cider concr•tement de leur avenir et ‚ faire un choix clair et d€finitif sur la
politique de r€formes constitutionnelles du gouvernement. La d€faite des partisans de l€apartheid est sans appel. La
plupart des r€gions fiefs du CP votent oui aux r€formes (51 % ‚ Kroonstad et 58„% ‚ Bloemfontein dans l'•tat Libre
d'Orange ; 54„% ‚ Kimberley dans le Cap-nord ; 52„% ‚ Germiston et mŠme 54„% ‚ Pretoria dans le Transvaal).
Seule la r€gion de Pietersburg dans le Northern Transvaal manifeste ‚ 57„% son hostilit€ aux r€formes[194] . Dans les
r€gions anglophones, c'est un raz de mar€e en faveur du oui (78 % ‚ Johannesburg, au Cap, ‚ Port Elizabeth), les
records en sa faveur ayant lieu au Natal (78 % ‚ Pietermaritzburg ; 84„% ‚ Durban). C'est la cons€cration pour De
Klerk qui d€clare qu'en ce jour les Sud-Africains avaient d€cid€ par eux-mŠmes de refermer d€finitivement le livre
de l'apartheid. Sans condamner le r€gime pass€, il rappelle que le syst•me n€ de bonnes intentions avait d€rap€ sur la
r€alit€ des faits. Il s€av€rait bien que les Blancs ne renonƒaient pas au syst•me parce qu'il €tait moralement
condamnable, mais parce qu€avec pragmatisme, la communaut€ afrikaner prenait acte du fait que l'apartheid €tait un
€chec n'ayant pu lui assurer ni la s€curit€ €conomique ni la s€curit€ physique[195] ,[196] . Une issue n€goci€e €tait
alors d'autant plus vitale, pour la • tribu blanche •.

La fin de la domination blanche (1992-1994)


Si le r€f€rendum de mars 1992 donne un mandat sans ambig”it€ ‚ Frederik de Klerk, les travaux de la CODESA qui
rassemblent depuis 1990 18 partis et le gouvernement sud-africain autour de n€gociations constitutionnelles pour
l'€tablissement d'une nouvelle Afrique du Sud se retrouvent dans une impasse ‚ cause des exigences des dirigeants
zoulous de l'Inkatha Freedom Party. Apr•s le massacre de Boipatong au cours duquel des militants zoulous abattent
une soixantaine de r€sidents d'un township favorables ‚ l'ANC, avec la complicit€ passive de la police, les travaux de
la CODESA sont ajourn€s[197] .
Du cˆt€ des nationalistes, des scandales €claboussent le gouvernement De Klerk. Magnus Malan abandonne son
poste de ministre de la d€fense pour celui des eaux et forŠts ‚ la suite de plusieurs mises en cause dans la fourniture
d'armes au parti zoulou Inkhata pour contrer les militants de l'ANC. Le ministre de la loi et de l'ordre, Adriaan Vlok,
est lui aussi impliqu€ dans ce scandale et c•de €galement son poste pour un autre moins sensible[198] . La mise ‚
l'€cart de ces deux piliers conservateurs du gouvernement compromis dans les exactions des forces de s€curit€ oblige
De Klerk ‚ acc€l€rer les n€gociations en vue de l'€lection d'une assembl€e constituante en 1994. Un forum
multipartite, compos€ de 26 partis dont le Parti Conservateur (CP) ‚ titre d'observateur, succ•de ‚ la CODESA. Ces
n€gociations qui se tiennent ‚ Kempton Park pr•s de Johannesburg doivent aboutir ‚ la proposition d'une constitution
provisoire[197] . Ne voulant pas brader les int€rŠts de la minorit€ blanche, De Klerk recherche des garanties pour les
droits des minorit€s, pour le maintien et le respect de certaines valeurs fondamentales : respect du droit de propri€t€
afin de pr€venir toute redistribution de terres abusive, garantie des int€rŠts culturels, €conomiques et sociaux. Il s'agit
pour les Blancs de transf€rer le pouvoir politique ‚ la majorit€ noire mais de conserver le pouvoir €conomique pour
plusieurs ann€es encore et €viter le sort des ex-colonies d'Afrique. Lors des n€gociations de Kempton Park, des
garanties sont €galement confirm€es concernant la r€daction de la future constitution par la future assembl€e
constituante. Toutes les n€gociations entreprises depuis 1990 se d€roulent dans le cadre d'un • s€minaire g€ant
permanent • sans aucune aide ou interf€rence ext€rieure comme ce fut le cas pour la Rhod€sie du Sud (accords de
Lancaster House) ou pour des pays plus €loign€s comme la Bosnie-Herz€govine ou pour le conflit
isra€lo-palestinien[199] .
Parall•lement, les sanctions internationales impos€es bilat€ralement ou par l'ONU sont progressivement lev€es.
En aout 1992, l'Afrique du Sud, exclue depuis 1964, est r€int€gr€e aux jeux olympiques de Barcelone auxquels elle
participe sous un drapeau olympique, l'ANC refusant que des sportifs noirs soient repr€sent€s sous les couleurs de
l'apartheid. Pour la premi•re fois depuis longtemps, une €quipe de rugby €trang•re vint en RSA durant l'€t€ 1992
sans opposition mais sous conditions impos€es par l'ANC concernant le comportement des officiels sud-africains.
Mais lors du premier test-match contre la Nouvelle-Z€lande ‚ l'Ellis Park de Johannesburg, en faisant jouer l'hymne
national • Die Stem • repris en c†ur par un public agitant abondamment les couleurs bleues, blanches et orange,
Histoire de l'Afrique du Sud 42

l'ANC menaƒa d'en appeler ‚ nouveau aux sanctions internationales[200] .


En mars 1993, alors que les n€gociations continuent, un des leaders les plus populaires du parti communiste, Chris
Hani, est assassin€. L'enquŠte trouve rapidement les instigateurs de l'attentat parmi les milieux d'extrŠme-droite. Le
commanditaire de l'assassinat €tait Clive Derby-Lewis, un des chefs anglophones du CP[201] . L'arrestation de ce
dernier devient le symbole de la fin de l€impunit€ pour les tenants de la s€gr€gation. En avril 1993, un nouveau coup
dur frappe le CP : Andries Treurnicht meurt ‚ la suite de probl•mes cardio-vasculaire. Un nouveau chef, Ferdinand
Hartzenberg, lui succ•de mais ne peut empŠcher le d€clin du parti.
Le 18„novembre„1993, l'ANC et le NP approuvent une nouvelle constitution int€rimaire, multiraciale et
d€mocratique, des €lections pour tous les adultes en avril 1994 et le statut de langue officielle pour neuf langues
locales soit un total de onze[202] . Une grande partie de cette constitution int€rimaire est d'ailleurs consacr€e ‚
rassurer la minorit€ blanche de toute politique revancharde et qui se traduit notamment par un grand compromis sur
la formation d'un gouvernement ouvert aux partis minoritaires[203] .
Du cˆt€ des radicaux de droite, un front du refus se constitue, regroupant le CP et divers mouvements afrikaners avec
les partis et dirigeants conservateurs noirs. Ce regroupement au sein d'une • Alliance pour la libert€ • marque
l'arriv€e sur la sc•ne politique du G€n€ral Constand Viljoen, un Afrikaner tr•s respect€ jusque dans les rangs de
l'ANC. Il regroupe derri•re lui la totalit€ des partis nationalistes, conservateurs ou d'extrŠme-droite. Mais l'Alliance
pour la libert€ se brise rapidement, le seul point commun entre ses membres €tant le refus des €lections. Tr•s vite,
certains dirigeants noirs quittent l'alliance, contraints de rejoindre le processus €lectoral. C'est le cas des chefs du
Ciskei ou du Bophuthatswana apr•s l€€chec par ce dernier d€une tentative de s€cession[204] .
Quand Viljoen obtient la garantie de l'ANC que le
prochain gouvernement nommerait une
commission pour €tudier la faisabilit€ du projet
d'un Volkstaat (•tat Afrikaner) en Afrique du Sud
en contrepartie de la renonciation ‚ la violence et
de la participation des mouvements afrikaners aux
€lections, il est d€savou€ par ses partenaires du CP,
du HNP et de l'AWB. L€id€e du Volkstaat €tait
pourtant au c†ur des revendications des afrikaners
conservateurs. Le CP avait €t€ cr€€ sur ce
programme. Comme une sorte de bantoustan ‚
l€envers, ce Volkstaat regrouperait sur un territoire
assez vaste l'ensemble des Afrikaners avec Pretoria
pour capitale. Mais ils €taient divis€s sur les L'un des projets de Volkstaat propos€ par le front de la libert€

limites g€ographiques de ce territoire ind€pendant ;


les plus radicaux voulaient le constituer sur les fronti•res des anciennes r€publiques Boers alors que les plus mod€r€s
le voulaient dans le nord-ouest de la province du Cap faiblement peupl€e et dont la population avait l'afrikaans pour
langue maternelle[205] . D€j‚, dans une bourgade ‚ la lisi•re entre l'•tat Libre d'Orange et la province du Cap s'€tait
constitu€e un embryon de Volkstaat ‚ Orania, ville habit€e uniquement par des Afrikaners[206] .

‰ la suite du d€saveu de Viljoen par le CP, le g€n€ral afrikaner cr€e un nouveau parti, le Front de la libert€ (Freedom
Front - FF) pour repr€senter les Afrikaners aux €lections de 1994.
Quant au CP, il livre ses derni•res batailles parlementaires puis symboliquement, en pleine session parlementaire,
entonne pour oraison fun•bre de la domination blanche, l'hymne national • Die Stem van Suid Afrika • apr•s que le
gouvernement a fait adopter les derni•res lois mettant sur pied un r€gime multiracial de transition charg€ d'€laborer
dans les cinq ans une nouvelle constitution[207] .
Histoire de l'Afrique du Sud 43

En avril 1994, apr•s une campagne €lectorale sous tension o‹ les attentats de gauche et de droite se sont succ€d€, la
RSA va proc€der ‚ ses premi•res €lections multiraciales.
Deux jours avant le vote, un attentat attribu€ ‚ l'extrŠme droite a lieu ‚ Johannesburg devant le quartier g€n€ral de
l'ANC. Des attentats meurtriers suivent ‚ Germiston et ‚ l'a€roport Jan Smuts de Johannesburg. Consid€r€s comme
un baroud d'honneur de l'extrŠme-droite, ils ne remettent pas en cause les €lections[208] .

La nouvelle Afrique du Sud


‰ partir du 27„avril„1994, les Sud-Africains votent pour €lire leurs
repr€sentants au parlement et dans les conseils provinciaux des neuf
nouvelles provinces du pays, int€grant les anciens bantoustans.
Lors de ces premi•res €lections multiraciales, l'ANC remporte 62.5„%
des voix contre 20.5„% au NP. Gr‘ce aux m€tis, ce dernier remporte la
province du Cap-Occidental avec 59„% des voix[209] ,[210] .
L'Inkhata Freedom Party obtient 10„% des voix et une repr€sentation
Le nouveau drapeau sud-africain provinciale presque uniquement au KwaZulu-Natal alors que le Front
de la libert€ parvient ‚ rassembler 2.8„% des €lecteurs. Le parti
e
d€mocratique arrive en 4 position avec 1.8„%.
Un gouvernement d'union nationale est alors form€ d€but mai 1994, r€unissant les repr€sentants des partis ayant
obtenu plus de 5„% des voix, c€est-‚-dire l'ANC, le NP et l'IFP.
Le 10 mai, Mandela est €lu Pr€sident de la R€publique par le parlement. Il nomme Thabo Mbeki comme premier
vice-pr€sident et Frederik De Klerk comme second vice-pr€sident et un gouvernement multiracial d'union nationale ‚
majorit€ ANC.

La commission v€rit€ et r€conciliation


Avec l'objectif de permettre une r€conciliation nationale entre les victimes et les auteurs d'exactions politiques, une
Commission de la v€rit€ et de la r€conciliation, pr€sid€e par Mgr Desmond Tutu, archevŠque du Cap et prix Nobel de
la paix, est charg€e de solder les ann€es d'apartheid en recensant tous les crimes et d€lits politiques, commis non
seulement pour le compte du gouvernement sud-africain mais aussi pour le compte des diff€rents mouvements
anti-apartheid, sur une p€riode s'€talant du 1er mars 1960 (massacre de Sharpeville) au 10 mai 1994. Sa premi•re
audience a lieu le 15„avril„1996 et ses travaux durent pendant deux ans. En €change de l'amnistie, les auteurs
d'exactions sont invit€s ‚ confesser les m€faits qui pouvaient leur Štre reproch€s. Certains anciens ministres comme
Adriaan Vlok ou Piet Koornhof notamment expriment des regrets pour certains de leurs actes commis au nom de la
d€fense de l'apartheid [211] tandis que l'ancien pr€sident de Klerk affirme pour sa part que selon ses termes, jamais la
torture n'avait €t€ encourag€e ou couverte par les gouvernements successifs [212] . Si le rapport final de la
Commission €pingle l'absence de remords ou d'explications de certains anciens hauts responsables
gouvernementaux, il d€nonce €galement le comportement de certains chefs de l'ANC, notamment dans les camps
d'entrainements d'Angola et de Tanzanie[213] .
Histoire de l'Afrique du Sud 44

La pr€sidence de Nelson Mandela (1994-1999)


Le gouvernement d'union nationale met en place d•s 1994 un programme de
reconstruction et de d‚veloppement (RDP) pour pallier les cons€quences
socio-€conomiques de l'apartheid, comme la pauvret€ et le grand manque de
services sociaux dans les townhips[214] . Entre 1994 et d€but 2001, plus d'un
million de maisons ‚ bas co“t sont construites permettant d'accueillir 5
millions de sud-africains sur les 12,5 millions mals log€s [215] . L'acc•s ‚
l'eau potable dans les bantoustans est am€lior€ alors que plus de 1,75 million
de foyers sont raccord€s au r€seau €lectrique. Le RDP est cependant critiqu€
pour la faible qualit€ des maisons construites dont 30% ne respectent pas les
normes[215] , un approvisionnement en eau d€pendant beaucoup des rivi•res
et des barrages[216] et dont la gratuit€ pour les ruraux pauvres est
couteuse[215] . ‰ peine 1% des terres envisag€es par la r€forme agraire ont
€t€ effectivement distribu€es et le syst•me de sant€ est impuissant ‚
Nelson Mandela
combattre l'€pid€mie de SIDA qui fait baisser l'esp€rance de vie moyenne
des africains du Sud de 64,1 ‚ 53,2 ans de 1995 ‚ 1998[215] .

Une politique d'affirmative action (discrimination positive) est mise en place ‚ partir de 1995. Elle vise ‚ promouvoir
une meilleure repr€sentation de la majorit€ noire dans les diff€rents secteurs du pays (administration, services
publics et parapublics, soci€t€s nationalis€es et priv€es). Ce programme contribue au d€veloppement d'une nouvelle
classe moyenne noire et urbaine (environ 10 % de la population noire)[217] . En contrecoup de cette politique, mais
aussi pour des raisons li€es ‚ l'ins€curit€ qui ravage le pays, plus de 800000 blancs, souvent tr•s qualifi€s, dont
l'€crivain J. M. Coetzee, quittent le pays entre 1995 et 2005 (soit 16,1 % des Sud-africains blancs)[218] ,[219] .

En 1996, la constitution transitoire est remplac€e par une nouvelle constitution, adopt€e au parlement par la quasi
unanimit€ des d€put€s de l'ANC et du parti national. En juin 1996, ce dernier quitte le gouvernement peu apr•s son
adoption. Accus€ d'avoir trop c€d€ ‚ l'ANC durant la p€riode transitoire, le parti national se divise. L'ancien ministre
nationaliste Roelf Meyer quitte le parti et fonde avec Bantu Holomisa, le mouvement d€mocratique uni, le premier
nouveau parti multiracial de l'•re postapartheid. Une partie des membres les plus conservateurs du parti national
rejoignent le parti d€mocratique dirig€ par Tony Leon, nettement plus €nergique ‚ leurs yeux dans son opposition ‚
l'ANC, ou bien le front de la libert€. En 1998, sous la direction de Marthinus van Schalkwyk, le parti national
devient le Nouveau Parti national, une formation qui se veut plus centriste que son pr€d€cesseur.
Histoire de l'Afrique du Sud 45

La pr€sidence de Thabo Mbeki (1999-2008)


En 1999, Thabo Mbeki succ•de ‚ Nelson Mandela ‚ la suite des
€lections g€n€rales de 1999 qui consacrent une nouvelle victoire de
l'ANC et l'effondrement du Nouveau Parti national supplant€ par le
Parti d€mocratique. Les deux formations d'opposition s'unissent pour
gouverner la province du Cap-Occidental avant de fusionner dans
l'Alliance d€mocratique (DA)[220] .

Durant les deux mandats qu'effectue Mbeki[221] , le pays connait une


croissance €conomique de 5 ‚ 6% annuelle et l'am€lioration des
conditions sanitaires et d'h€bergement dans les townships[222] .
Cependant, le maintien de 10% de la population dans une mis•re
extrŠme, le chˆmage en hausse, estim€ ‚ pr•s de 40 %, la forte
progression de la criminalit€, l'expansion de la pand€mie du Sida dont
il nie le lien avec la maladie, la d€gradation de l'€tat des routes, des
hˆpitaux publics et des €coles publiques, l'inefficacit€ de
l'administration et la d€gradation de la qualit€ de l'enseignement public
s'affirment comme les grands points noirs de sa politique[223] . Vers la
Thabo Mbeki, le 9 juillet 2003.
fin de son mandat, le pr€sident Mbeki est accus€ d'avoir perdu le
contact avec le peuple pour privil€gier une nouvelle bourgeoisie noire,
tout aussi repli€e sur elle-mŠme que le fut la bourgeoisie blanche [223] alors que les critiques politiques d€noncent
mŠme l'autoritarisme d'un gouvernement, tiraill€ entre sa propre aile gauche et son aile droite. Ses relations avec son
vice-pr€sident, Jacob Zuma, se d€t€riorent d'autant plus qu'il doit cong€dier ce dernier de ses fonctions ‚ la suite d'un
scandale politico-judiciaire[224] . En 2007, Thabo Mbeki d€cide de se pr€senter de nouveau ‚ la pr€sidence de l'ANC,
notamment pour contrer Jacob Zuma en pleine ascension. Lors de la conf€rence €lective du pr€sident de l'ANC qui
se tient du 15 au 20 d€cembre 2007 ‚ Polokwane, Jacob Zuma reƒoit n€anmoins le soutien de pr•s des trois quarts
des 3900 d€l€gu€s face ‚ Thabo Mbeki[225] . Le 18 d€cembre, Zuma est €lu pr€sident de l'ANC alors que les proches
de Thabo Mbeki sont tour ‚ tour €limin€s du bureau national du parti[226] .

En 2008, une grave p€nurie d'€lectricit€ ach•ve le bilan €conomique du pr€sident ‚ qui la presse reproche
l'impr€voyance de son gouvernement, et de celui de Nelson Mandela, pour avoir refus€, en 1996, d'investir dans la
construction de nouvelles centrales €lectriques alors que le pays connaissait une croissance de la demande en
€lectricit€ de 10 % chaque ann€e. Les grandes villes sont pendant plusieurs semaines p€riodiquement plong€es
pendant quelques heures dans l'obscurit€ alors que le gouvernement est contraint de promouvoir le rationnement, de
renoncer ‚ certains grands projets cr€ateurs d'emplois et de suspendre ses exportations d'€lectricit€s vers les pays
voisins[227] .
En mai 2008, le gouvernement de Thabo Mbeki est confront€ ‚ une vague de violences contre les immigr€s,
caract€ris€ notamment par des meurtres, des pillages et des lynchages[228] ,[229] .

L'interim pr€sidentiel de Kgalema Motlanthe (2008-2009)


Mis en cause indirectement pour des • interf€rences • politiques dans des affaires judiciaires impliquant son ancien
vice-pr€sident[230] , Thabo Mbeki est contraint de d€missionner de la pr€sidence sud-africaine le 21 septembre 2008
apr•s avoir €t€ d€savou€ par son parti. L'ANC nomme alors le vice-pr€sident du parti, Kgalema Motlanthe, pour lui
succ€der. Cette d€mission s'accompagne d'un schisme au sein de l'ANC et la cr€ation du Congr•s du Peuple (COPE)
par les partisans de l'ancien pr€sident.
Histoire de l'Afrique du Sud 46

La pr€sidence de Jacob Zuma (depuis mai 2009)


En mai 2009, Jacob Zuma est €lu pr€sident de la r€publique apr•s la
victoire de l'ANC (65,90%), lors des €lections g€n€rales, face
notamment ‚ l'alliance d€mocratique (16,66%) d'Helen Zille, qui
remporte la province du Cap-Occidental, et face au Congr•s du Peuple
(7,42%) de Mosiuoa Lekota. Il h€rite d'un pays toujours consid€r€
comme le poumon €conomique de l'Afrique noire (40% du PIB de
l'Afrique subsaharienne) mais o‹ le crime Avril , sans distinction
raciale, est omnipr€sent faisant de ce pays l'un des plus dangereux du
monde au cˆt€ de l'Irak et de la Colombie, o‹ l'€cart entre les plus
riches et les plus pauvres s'est accentu€, o‹ la politique de
discrimination positive est contest€e pour son inefficacit€ et o‹ les
tentatives de r€forme agraire n'ont d€bouch€ que sur des €checs[231] .
Le nouveau gouvernement qu'il forme est alors plus ouvert aux autres
partis et autres races que ne l'€tait celui de Mbeki. Il fait notamment
entrer au gouvernement Jeremy Cronin, un blanc par ailleurs secr€taire
Le pr€sident Jacob Zuma
g€n€ral adjoint du parti communiste sud-africain et Pieter Mulder, chef
du front de la libert€, le parti de la droite afrikaner qui a succ€d€ ‚
l'ancien parti conservateur.

En 2010, 15 ans apr•s avoir organis€ avec succ•s la coupe du monde


de rugby, marqu€e par la victoire en finale de l'€quipe nationale, les
Springboks, l'Afrique du Sud sera le pays hˆte de la coupe du monde
de football.

Un pays en proie aux doutes

Or, deux mois avant l'€v•nement sportif, le 3 avril 2010, l'assassinat


dans sa ferme d'Eug•ne Terre'Blanche par deux de ses ouvriers
agricoles r€veille les tensions raciales dans une Afrique du sud toujours
min€e par ces conflits latents[232] ,[233] . Le tr•s influent leader de la
Jeunesse de l'ANC, Julius Malema, d€j‚ connu pour ses outrances
verbales ‚ l'encontre de Thabo Mbeki et des opposants ‚ Zuma pour
qui il se d€clarait prŠt ‚ tuer, est notamment mis en cause dans la mort
violente de Terre-Blanche pour avoir remis au gout du jour dans ses Du 11 juin au 11 juillet 2010, l'Afrique du Sud est
discours une chanson prˆnant de "tuer les Boers" parce que "ce sont le premier pays africain ‚ Štre l'hˆte de la coupe
des violeurs"[234] . Le meurtre, qui a en partie tir€ de sa l€thargie du monde de football.

l'AWB, a provoqu€ plusieurs heurts qui t€moignent des tensions entre


blancs et noirs, lesquels n'avaient jamais vraiment disparu et se multipliaient depuis des mois, notamment en milieu
rural. Si plus de 2500[235] fermiers blancs ont ainsi €t€ tu€s en une dizaine d'ann€es (souvent des familles
enti•res)[231] , bien souvent apr•s avoir €t€ tortur€s et mutil€s[232] , des ouvriers agricoles noirs sont aussi malpay€s
et maltrait€s sur ces mŠmes terres par leurs employeurs si bien que dans les campagnes sud-africaines, le mod•le
zimbabw€en reposant sur la carte raciale et la carte de la terre a beaucoup de partisans. En attendant, politiques et
analystes s€interrogent sur la port€e de l€€v€nement. Le meurtre de Terreblanche est une • allumette jet€e sur de
l€herbe s•che • et peut d€clencher • une vague €norme de haine et de rage refoul€es •, estime Helen Zille, leader du
second parti du pays, l€Alliance d€mocratique. Le parti zoulou, l€Inkatha Freedom Party (IFP), n€a pas manqu€
Histoire de l'Afrique du Sud 47

l€occasion d€attaquer l€ANC, d€nonƒant la • d€t€rioration de l€•tat de droit et de l€ordre constitutionnel •. • Les
fermiers blancs sont tu€s en Afrique du Sud ‚ un rythme qui, dans d€autres pays, aurait justifi€ l€instauration de l€€tat
d€urgence •, estime l€IFP, qui accuse l€ANC et le pr€sident Jacob Zuma, en soutenant plus-ou-moins Julius Malema,
de cautionner les meurtres de fermiers. Pour avoir mis en €vidence dans un livre la volont€ de revanche qui se
d€veloppe dans les campagnes, l'€crivain John Maxwell Coetzee a €t€ contraint de quitter l'Afrique du Sud, affirmant
"qu'il n'y avait plus sa place et qu'il ne se reconnaissait plus dans ce pays"[232] .
Les craintes d'une guerre civile semblent lointaines, mais le miracle sud-africain demeure fragile. Il s'est construit,
voil‚ ‚ peine deux d€cennies, sur une poign€e de mythes[236] , notamment celui d'une nation arc-en-ciel, une notion
invent€e par l'archevŠque Desmond Tutu afin de d€signer son rŠve de voir construire une soci€t€ sud-africaine
post-raciale. Ce fut aussi une faƒon m€taphorique de penser la cohabitation des groupes, non par leur fusion mais
juste par leur juxtaposition[237] . Critiqu€e pour sa symbolique, la notion, qui a succ€d€ ‚ celle voisine de soci‚t‚
plurale d€velopp€e sous l'apartheid[238] est rest€e un mirage au regard de l'€volution du pays. La nouvelle Afrique du
Sud aura fonctionn€ durant les 15 premi•res ann€es sur l'image de Nelson Mandela, figure €rig€e en embl•me
fondateur par ses partisans nationaux et ses admirateurs €trangers comme, en France, Jacques Derrida[239] mais cette
"mandelamania" apparaitra comme un paliatif rassurant pour des citoyens en quŠte d'identit€ dans le monde nouveau
et incertain qui s'installe en Afrique du Sud en 1994[239] .
Le vrai probl•me sud-africain reste la pauvret€ qui touche aujourd'hui surtout les noirs, mais aussi, dans une moindre
mesure, les blancs. Ainsi, selon le chercheur Vincent Darracq du Centre d'€tudes d'Afrique noire de Bordeaux, les
in€galit€s n'ont jamais €t€ si fortes que durant la p€riode pr€c€dente[240] . Pour la premi•re fois depuis dix-sept ans,
la croissance a €t€ n€gative en 2009 (- 1,8 %). Jacob Zuma avait promis pendant la campagne €lectorale de 2009 la
cr€ation de 1 million d€emplois ; le taux de chˆmage officiel est de 25 %, contre 23 % un an plus tˆt. L€effet Coupe
du monde est donc bien limit€. L'ambiance d€l€t•re qui r•gne depuis quelques mois au sein de la coalition en
inqui•te certains. Le secr€taire g€n€ral de la Cosatu, d€nonce le • mat€rialisme crasse qui gangr•ne l€ANC • et pr€dit
mŠme l€implosion de la coalition au pouvoir. L€ANC pourrait entrer, pr€vient-il, dans • la plus grande crise qu€elle a
jamais connue •.• La plupart des cadres que nous avons maintenant ‚ l€ANC sont des criminels en Gucci et Prada •,
d€nonce €galement un avocat d€affaires et membre du parti. • Il n€y a plus que deux cat€gories : les privil€gi€s et les
aigris. Les premiers sont ceux qui ont les faveurs du pouvoir, les autres sont ceux qui soudainement perdent leurs
privil•ges •, estime-t-il[r€f.„n€cessaire].
Le parti de Mandela €prouve toujours d€€normes difficult€s ‚ passer de son statut de mouvement de lib€ration ‚ celui
de parti de gouvernement et de gestionnaire. Le plus grand d€fi de ces derni•res ann€es a €t€ de r€duire les in€galit€s,
notamment en assurant la promotion professionnelle de la majorit€ noire. Mais l€Affirmative Action (la discrimination
positive) et surtout le Black Economic Empowerment (BEE) ont eu bien plus d€impacts n€fastes que de retomb€es
positives. C€est en tout cas ce que clame depuis des ann€es nombres d'€conomistes et d'analystes. ‰ engager des gens
selon leur race, leur appartenance politique, syndicale plus que pour leur comp€tence, l€administration a beaucoup
perdu en efficacit€. Quant au BEE, il n€a gu•re eu qu€un seul impact, celui de • cr€er une petite classe de privil€gi€s •
autour de Mbeki et plus g€n€ralement autour de l'ANC.
Histoire de l'Afrique du Sud 48

Notes et r€f€rences
[1] Georges Lory, L'Afrique du Sud, Karthala, 1998 p 21-22
[2] d'apr•s Derek Nurse et G€rard Philippson: The Bantu Languages, Routledge, London 2003
[3] Georges Lory, infra, p 24
[4] Georges Lory, infra, p 26
[5] Georges Lory, infra, p 25
[6] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 18 et s.
[7] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 27
[8] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 16-18
[9] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 20
[10] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 22-23
[11] Paul, Coquerel, Afrique du Sud, histoire s‚par‚e, p 20-21
[12] F.-X. Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, 2006, p.142
[13] Paul Coquerel, infra, p 24
[14] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners p 20
[15] Paul Coquerel, infra, p 27 et s.
[16] Georges Lory, infra, p 39
[17] Paul, Coquerel, Afrique du Sud, histoire s‚par‚e, p 25-26
[18] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 23
[19] Paul, Coquerel, Afrique du Sud, histoire s‚par‚e, p 27
[20] Paul Coquerel, infra, p 23-24
[21] Paul Coquerel, infra, p 29-30
[22] Henri Wesseling, Le partage de l'Afrique, 1880-1914, Denoel, 1991, p 356
[23] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 32
[24] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 32
[25] Paul Coquerel, infra, p 33
[26] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e', p 34
[27] Serge Thion, le pouvoir pƒle: essai sur le syst„me sud-africain, Le Seuil, 1969 (http:/ / www. morula. net/ TOTUS/ STpp/ STpp2.
html#anchor51934)
[28] Georges Lory, infra, p 40 et s.
[29] Henri Wesseling, supra, p 357
[30] Henri Wesseling, supra, p 358
[31] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 34
[32] Jean S€vry, l'Afrikaner vue par les historiens et les ‚crivains : portraits ou caricatures ?, revue Palabres, Vol. V, n–1, 2003, p 37
[33] Georges Lory, ibid p 33
[34] Christopher Saunders, Historical dictionary of South Africa, New York, Scarecrow Press, 1983, p73
[35] Franƒois-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 2-02-048003-4), p.243. L'auteur €voque le chiffre
de 15000 voortrekkers sur 5 ans.
[36] Jean S€vry, ibid, p 39
[37] W.A. De Klerk, the puritans in Africa, the story of Afrikanerdom, Londres, Pelican Books, 1975, p 24
[38] Franƒois-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 252
[39] Henri Wesseling, supra, p 359
[40] Franƒois-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 252-253
[41] Franƒois-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 253-254
[42] Georges Lory, infra, p 46
[43] Franƒois-Xavier Fauvelle Aymar, infra, p 256
[44] Georges Lory, infra, p 44
[45] Death of a civilisation (http:/ / lewrockwell. com/ orig9/ deming2. html#) de David Deming (Universit€ d'Oklahoma)
[46] Henri Wesseling, supra, p 360
[47] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 57
[48] Franƒois Xavier Fauvelle-Aymard, infra, p 274
[49] Paul Coquerel, infra, p 47
[50] Henri Wesseling, supra, p 362-364
[51] Franƒois-Xavier Fauvelle-Aymard, infra, p 279
[52] En 1872, on compte une trentaine de travailleurs noirs engag€s par les prospecteurs de Kimberley
[53] Franƒois-Xavier Fauvelle-Aymard, infra, p 281
[54] F.X. Fauvelle-Aymar, infra, p 296-297
[55] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 72
Histoire de l'Afrique du Sud 49

[56] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p 81-82


[57] Georges Lory, infra, p 47
[58] Georges Lory, infra, p 196-197
[59] Henri Wesseling, supra, p 369-370
[60] Paul Coquerel, infra, p 48
[61] Paul Coquerel, infra, p 50
[62] News and Media (http:/ / www. southafrica-newyork. net/ consulate/ news. htm)
[63] Franƒois Xavier Fauvelle-Aymar, infra, p 282
[64] Franƒois Xavier Fauvelle-Aymar, infra, p 318
[65] Franƒois Xavier Fauvelle-Aymar, infra, p 280-285
[66] Georges Lory, infra, p 33
[67] Paul Coquerel, infra, p 53-54
[68] Paul Coquerel, infra, p 54
[69] Georges Lory, infra p 51
[70] Paul Coquerel, infra, p 56
[71] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 78
[72] Georges Lory, infra, p 55
[73] Franƒois-Xavier Fauvelle-Aymar, infra, p 355-356
[74] La r€bellion Bambata fut la derni•re r€volte tribale. Elle fut bris€e par une rapide intervention militaire des troupes britanniques, se soldant
par la mort de 3 ‚ 4 000 noirs (principalement bambatas) et d'une trentaine de blancs. Ce fut la derni•re r€volte tribale d'Afrique du Sud (1906)
[75] Serge Thion, ibid, chapitre IV (http:/ / www. morula. net/ TOTUS/ STpp/ STpp4. html)
[76] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 80
[77] Robert Lacour-Gayet, Histoire de l'Afrique du Sud, Fayard, 1970, pp 310-319
[78] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 89 ‚ 92 consacr€es ‚ la formation de l'Union Sud-Africaine.
[79] Le South African Act de 1909 (http:/ / xn--glcksmann-r9a. de/ Links_A-E/ South_Africa_Act_1909. pdf)
[80] FX Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, infra, p 340
[81] Paul Coquerel, infra, p 92 et s.
[82] Georges Lory, infra, p 57
[83] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 101 et s.
[84] FX Fauvelle-Aymar, infra, p 356 et suivantes
[85] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 94 et s.
[86] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 116 et s.
[87] Sur le rˆle des €glises r€form€es, voir Paul Coquerel, ibid, p 75 et s.
[88] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 98-99
[89] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, Complexe, 1992, p 99 et s.
[90] Georges Lory, infra, p 59 et suivantes
[91] Claire Benit, Gouvernement urbain et production de la s‚gr‚gation (http:/ / www. persee. fr/ web/ revues/ home/ prescript/ article/
remi_0765-0752_1998_num_14_1_1615), Revue europ€enne de migrations internationales, 1998, Volume 14, Num€ro 14-1, p 161
[92] The 1924 Pact Agreement (http:/ / www. sahistory. org. za/ pages/ governence-projects/ SA-1948-1976/ 1924-pact. htm), SA History
[93] Paul Coquerel, ibid, p 106
[94] Historique de Die Stem van Suid Afrika (http:/ / www. afriquesud. net/ html/ body_culture. htm)
[95] Paul Coquerel, ibid, p 102 et s.
[96] FX Fauvelle-Aymar, infra, p 344 et s.
[97] S. Thion, supra, chapitre 4, la s€dimentation (http:/ / www. abbc2. com/ totus/ STpp/ STpp4. html)
[98] Biographie de John Dube, site de l'ANC (http:/ / www. anc. org. za/ ancdocs/ history/ people/ dube. html)
[99] Paul Coquerel, ibid, p 107 ‚ 110.
[100] Paul Coquerel, ibid, p 127 et s.
[101] Barbara Bush, Imperialism, race and resistance: Africa and Britain 1919-1945, Routledge, Londres, 1999, p 172 et s.
[102] All Africa Convention (http:/ / www. sahistory. org. za/ pages/ chronology/ special-chrono/ governance/ all-africa-convention. htm), SA
History on line
[103] Biographie de John Dube (http:/ / www. anc. org. za/ ancdocs/ history/ people/ dube. html)
[104] Le Monument aux Voortrekkers, cinquante ans plus tard : histoire d€une auto-r€conciliation (http:/ / etudesafricaines. revues. org/
document4624. html), article de Rehana Vally, Histoire, m€moire, r€conciliation en Afrique du Sud, Cahiers d'€tudes africaines, pp 173-174,
2004
[105] Paul Coquerel, ibid, p 140 et 141.
[106] Georges Lory, infra, p 63
[107] L'Afrique du Sud dans la seconde guerre mondiale (http:/ / www. delvillewood. com/ deuxiemeguerre. htm)
[108] Paul Coquerel, Afrique du Sud, l'histoire s‚par‚e, p 96
[109] Paul Coquerel, ibid, p 141.
Histoire de l'Afrique du Sud 50

[110] Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, ibid, p 146-147.


[111] Biographie de Yusuff Dadoo (http:/ / www. sahistory. org. za/ pages/ people/ bios/ dadoo,y. htm)
[112] Franƒois-Xavier Fauvelle-Aymar, p 357
[113] Paul Coquerel, ibid, p 145-146.
[114] Paul Coquerel, ibid, p 147 ‚ 150 et 153-154.
[115] Biographie de Alfred Xuma (http:/ / www. kituochakatiba. co. ug/ xuma. htm)
[116] Georges Lory, infra, p 64
[117] Franƒois-Xavier Fauvelle-Aymar, p 358
[118] Paul Coquerel, ibid, p 155-156
[119] Paul Coquerel, ibid, 174.
[120] Paul Coquerel, ibid, p 171-172.
[121] The 1948 election and the National Party Victory (http:/ / www. sahistory. org. za/ pages/ governence-projects/ SA-1948-1976/
1948-election. htm), Sa History
[122] La crainte que 8 millions de noirs ne se soul•vent et balayent les Afrikaners et leur culture de toute la surface de l€Afrique du Sud
d€finissent le swaartgevaar
[123] Ce n'est qu'au d€but des ann€es 1960 que le gouvernement s'ouvrira ‚ des ministres issus de la communaut€ anglophone
[124] P. Coquerel, p 67
[125] Hermann Giliomee, professeur de sciences politiques ‚ l€universit€ du Cap, Une histoire en mosa€que dans l€Afrique du Sud, riche, dure,
d‚chir‚e", HS n… 15, novembre 1985, Collection Autrement, p 76
[126] Adam Kuper, Les cat‚gories anthropologiques en Afrique du Sud, revue de synth•se, Volume 121, Numbers 3-4, juillet 2000, Springer
Paris, p 265-290
[127] Cynthia Cross, WWM Eiselen, architect of bantu education, in The history of education under apartheid, ed. Peter Kallaway, 2002, p 55
[128] Paul B. Rich, Hope and despair: English-Speaking Intellectuals and South African Politics 1896-1976, I. B.Tauris & Company, Limited,
1993, p 50, ISBN 978-1-85043-489-4
[129] FX Fauvelle-Aymar, infra, p 359 360
[130] Georges Lory, infra, p 67
[131] Georges Lory, infra, p 67-68
[132] Georges Lory, infra, p 68
[133] FX Fauvelle-Aymar, infra, p 370
[134] FX Fauvelle-Aymar, infra, p 371
[135] Becoming a Republic and withdrawal from the Commonwealth in 1961 (http:/ / www. sahistory. org. za/ pages/ governence-projects/
SA-1948-1976/ becoming-a-republic. htm), SA History
[136] L'assassinat de Verwoerd (http:/ / www. bbc. co. uk/ archive/ apartheid/ 7207. shtml?all=2& id=7207), reportage de la BBC, 6 septembre
1966
[137] (en) South Africa Touch of Sweet Reasonableness (http:/ / www. time. com/ time/ magazine/ article/ 0,9171,941074,00. html) sur Time,
31 mars 1967
[138] (en) SOUTH AFRICA: Vorster's Double Shocker (http:/ / www. time. com/ time/ magazine/ article/ 0,9171,948680,00. html) sur Time, 2
octobre 1978
[139] Bruce Murray et Christopher Merrett, Caught Behind: Race and Politics in Springbok Cricket, University of KwaZulu-Natal Press, 2004, p
93
[140] (en) The Olympics : Boycotting South Africa (http:/ / www. time. com/ time/ magazine/ article/ 0,9171,900012,00. html) sur Time, 8 mars
1968
[141] Jack Williams, Cricket and Race, Berg Publishers, 2001 (r€€dition), p 64
[142] E. J. Verwey, E. W. Verwey & Nelly E. Sonderling, New Dictionnary of south african biography, Human Sciences Research Council
Press, 1999, p 98-101
[143] BJ Vorster et le cheval du sultant, article du professeur et politiste Hermann Giliomee sur Politicsweb, 3 septembre 2008
[144] Le pel€ de Soweto, article paru dans le nouvel observateur du 27 mai au 2 juin 2010
[145] Jusqu'en 1972 - Voir Daniel Bach, La France et l'Afrique du Sud: histoire, mythes et enjeux contemporains, Karthala, 1990, p 207 et
suivantes
[146] D•s 1970, le pr€sident ivoirien pr€conise l'ouverture d'un dialogue avec le pays de l'apartheid, il recevra John Vorster en pr€sence du
pr€sident [[S€n€gal|s€n€galais (http:/ / www. dialprod. com/ memoire/ paix. html)] L€opold S€dar Senghor ‚ Yamoussoukro en 1974 .
[147] Daniel Bach, ibid, p 204 - le Malawi sera le seul €tat africain ‚ entretenir avec l'Afrique du Sud des relations diplomatiques au niveau des
ambassades. Et c'est au Malawi que John Vorster effectura sa premi•re visite officielle dans un pays africain en 1970. Le pr€sident malawite
Kamuzu Banda se rendra en visite officielle en Afrique du Sud un an plus tard
[148] L'un des r€dacteurs de sa charte €tait Jan Smuts
[149] "BJ Vorster et le cheval du sultan", article du professeur et politicologue Hermann Giliomee
[150] Le groupe sud-africain Oppenheimer contrˆlait les mines zambiennes de l€Anglo-American corporation et l€Afrique du Sud vendait chaque
ann€e pour 100 millions de dollars de produits manufactur€s ‚ la Zambie
[151] The Sunday Times du 28 janvier 1973
Histoire de l'Afrique du Sud 51

[152] Roland pichon, ibid, p 175


[153] www.time.com/time/magazine/article/0,9171,913423,00.html : RHODESIA: A Bizarre Venue, 25 ao“t 1975
[154] www.tleg.co.nz/history.php
[155] journal t€l€vis€ d'Antenne 2 du 19 septembre 1976 sur le site de l'INA
[156] (en) SOUTH AFRICA: Mondale v. Vorster: Tough Talk (http:/ / www. time. com/ time/ magazine/ article/ 0,9171,914953,00. html) sur
Time, 30 mai 1977
[157] June 16th Student Uprising (http:/ / africanhistory. about. com/ library/ weekly/ aa060801a. htm)
[158] Paul Coquerel, ibid, p 239
[159] Ces €v•nements seront l'objet du film Le Cri de la libert‚ r€alis€ en 1987.
[160] R‚pertoire de la Pratique du Conseil de S‚curit‚ - suppl‚ment 1985-1988, publication des Nations Unies , 2004, p 203
[161] The Information Scandal (http:/ / www. sahistory. org. za/ pages/ library-resources/ articles_papers/ information-scandal. htm), South
African History Online
[162] Paul Coquerel, ibid, p 240
[163] The Information Scandal, ibid
[164] Paul Coquerel, ibid, p 253-254
[165] (en) SOUTH AFRICA : The Not-So-Favorite Choice (http:/ / www. time. com/ time/ magazine/ article/ 0,9171,919860,00. html) sur
Time, 9 octobre 1978
[166] South Africa : Adapt or Die (http:/ / www. time. com/ time/ magazine/ article/ 0,9171,916936,00. html), 15 octobre 1979
[167] www.sahistory.org.za/.../tricameral-parliament.htm
[168] Robert Britt Horwitz, ibid, p 95 et suivantes
[169] Robert Britt Horwitz, Communication and Democratic reform in South Africa, presse de l'universit€ de Cambridge, 2001, p 91 et suivantes
[170] Paul Coquerel, ibid, p 270
[171] Robert Britt Horwitz, ibid, p 95
[172] Biographie d'Andries Treurnicht (http:/ / www. sahistory. org. za/ pages/ people/ bios/ treurnicht-a. htm)
[173] Histoire du parti conservateur d'Afrique du Sud (http:/ / www. nelsonmandela. org/ omalley/ index. php/ site/ q/ 03lv02424/ 04lv02730/
05lv03188/ 06lv03198. htm)
[174] Historique de l'United Democratic Front (http:/ / nelsonmandela. org/ omalley/ index. php/ site/ q/ 03lv02424/ 04lv02730/ 05lv03188/
06lv03222. htm)
[175] Rapport du S€nat franƒais (http:/ / www. senat. fr/ rap/ r95-278-2/ r95-278-25. html)
[176] 1983: Car bomb in South Africa kills 16 (http:/ / news. bbc. co. uk/ onthisday/ hi/ dates/ stories/ may/ 20/ newsid_4326000/ 4326975. stm),
BBC
[177] ANC Mastermind campaign justifies Pretoria church street blast (http:/ / www. justice. gov. za/ trc/ media/ 1998/ 9805/ s980506b. htm),
SAPA, 6 mai 1998
[178] Paul Coquerel, la r€forme constitutionnelle de 1983, ibid, p 264-266
[179] Turning a murderer into a martyr? (http:/ / www. iol. co. za/ index. php?set_id=1& click_id=13& art_id=vn20080521055953415C451674),
IOL, 21 mai 2008
[180] State of Emergency Renewed in S. Africa - 'Ordinary Laws Not Sufficient,' Botha Declares (http:/ / articles. latimes. com/ 1987-06-10/
news/ mn-3692_1_emergency-rule), Los Angeles Times, 10 juin 1987
[181] Thomas M. Leonard, Encyclopedia of the developing world, Volume 3, Taylor and Francis Group, 2006, p 1463
[182] Paul Coquerel, ibid, p 269
[183] Paul Coquerel, ibid, p 270 et s.
[184] Paul Coquerel, ibid, p 276
[185] Paul Coquerel, ibid, p 276 et s.
[186] Paul Coquerel, ibid, p 278
[187] Paul Coquerel, ibid, p 278-279
[188] Paul Coquerel, ibid, p 279-280
[189] Paul Coquerel, ibid, p 281
[190] Paul Coquerel, ibid, p 282
[191] Roger B. Beck, The history of South Africa, Greenwood Press, 2000, ISBN 978-0-313-30730-0, p 186
[192] De Klerk's Job on the Line in White Vote (http:/ / www. nytimes. com/ 1992/ 02/ 21/ world/ de-klerk-s-job-on-the-line-in-white-vote.
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[197] Georges Lory, infra, p 84


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[199] Allister Sparks, ibid, chapitre 13, p 232
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[201] Allister Sparks, Demain est un autre pays, Ifrane €ditions, 1996, traduit de l'anglais Tomorrow is another country, Heinemann, 1995.
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[202] Allister Sparks, ibid, p 231-234.</
[203] Allister Sparks, ibid, chapitre 13 p233
[204] Allister Sparks, ibid, Chapitre 14 La bataille du Bophuthatswana, p 235 et s.
[205] Frank Genin, Afrique du Sud le pari, p113-114
[206] Carte propos€e de Volkstaat (http:/ / strangemaps. wordpress. com/ 2006/ 11/ 10/ 30-‘—˜-the-afrikaner-volkstaat/ )
[207] PARLIAMENT Dec 22 Sapa (http:/ / 70. 84. 171. 10/ ~etools/ newsbrief/ 1993/ news1223)
[208] Allister Sparks, ibid, chapitre 15 Un autre pays, p 267-268
[209] (en) U.S. Department of the Army, South Africa Country Study, "The 1994 elections" (http:/ / countrystudies. us/ south-africa/ 77. htm)
[210] (en) IEC results for 1994 election (http:/ / www. elections. org. za/ Elections94. asp)
[211] Dominique Darbon, L'apr„s Mandela, Karthala, 2000, p 143
[212] Dominique Darbon, ibid, p 148
[213] Amnistier l€Apartheid. Travaux de la Commission V‚rit‚ et R‚conciliation sous la pr‚sidence de Desmond Tutu, traduction franƒaise,
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[214] (en) The Reconstruction and Development Programme (http:/ / www. anc. org. za/ rdp/ rdp. html#PREFACE), ANC, 1994.
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11 septembre 2009
[220] ‰ l'automne 2001, le NNP dirig€ par Marthinus van Schalkwyk se retire de l'alliance pour former un nouveau partenariat avec l'ANC,
bouleversant l'€chiquier politique sud-africain. Lors des €lections d'avril 2004, le NNP s'effondre ‚ 1,9% des suffrages, recevant le soutien
d'une majorit€ relative des Coloureds. Pr€sent dor€navant au gouvernement, le NNP se dissout en septembre 2005 apr•s le ralliement de la
majorit€ de se cadres ‚ l'ANC
[221] Les €lections de 2004 sont remport€es par l'ANC qui accroit sa majorit€ au niveau national et remporte pour la premi•re fois les neuf
provinces, gr‘ce notamment ‚ l'appui de ses alli€s du nouveau parti national
[222] Article du Monde du 19 d€cembre 2007 (http:/ / www. lemonde. fr/ web/ article/ 0,1-0@2-3212,36-990920@45-1,0. html)
[223] La difficile fin de r•gne de Thabo Mbeki, coup€ de la population et pi•tre m€diateur africain (http:/ / www. lemonde. fr/ afrique/ article/
2008/ 02/ 27/ la-difficile-fin-de-regne-de-thabo-mbeki-coupe-de-la-population-et-pietre-mediateur-africain_1016189_3212.
html#ens_id=1016302), article de Fabienne Pompey dans Le Monde du 28 f€vrier 2008
[224] Article du Figaro du 21 d€cembre 2007 intitul€ Jacob Zuma accus€ de corruption (http:/ / www. lefigaro. fr/ international/ 2007/ 12/ 21/
01003-20071221ARTFIG00296-zuma-accuse-de-corruption. php)
[225] Article de l'AFP du 17 d€cembre 2007 intitul€ Afrique du Sud : Mbeki para…t devoir perdre le contrˆle du parti au pouvoir (http:/ / fr. news.
yahoo. com/ afp/ 20071217/ twl-afsud-politique-partis-anc-prev-4bdc673_4. html)
[226] D€pŠche de l'AFP du 18 d€cembre 2007 - Jacob Zuma pl€biscit€ ‚ la pr€sidence du parti au pouvoir (http:/ / fr. news. yahoo. com/ afp/
20071218/ twl-afsud-politique-partis-anc-prev-4bdc673_1. html)
[227] Article du Sowetan repris sur le site de Courrier International le 21 janvier 2008 (http:/ / www. courrierinternational. com/ article.
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[228] Flamb€e x€nophobe en Afrique du Sud (http:/ / www. liberation. fr/ actualite/ monde/ 328067. FR.
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[229] Mbeki au Japon, pr•s de 100.000 migrants dans des camps de fortune (http:/ / fr. news. yahoo. com/ afp/ 20080527/
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Histoire de l'Afrique du Sud 53

[233] Dead of Terre'Blanche (http:/ / www. youtube. com/ watch?v=jfcnhuRuRR4& feature=related), Reuters 3 avril 2010
[234] Le pr€sident des jeunes ANC attise les tensions raciales (http:/ / www. letemps. ch/ Page/ Uuid/ 6951498e-40f1-11df-9212-43b8b8430160/
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[235] Peurs blanches, col•res noires (http:/ / www. jeuneafrique. com/ Article/ ARTJAJA2570p028-030. xml0/
politique-meurtre-racisme-apartheidpeurs-blanches-coleres-noires. html) Jeune Afrique, 19 avril 2010
[236] Les mythes de la nation arc en ciel battus en br•che (http:/ / www. bbc. co. uk/ french/ news/ story/ 2009/ 12/
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[237] Franƒois-Xavier Fauvelle Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Seuil, 2006, p 101
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[240] Le rŠve reste inachev€ (http:/ / www. sudouest. fr/ 2010/ 06/ 06/ le-reve-reste-inacheve-109933-3. php)
Sources et contributeurs de l€article 54

Sources et contributeurs de l€article


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