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Séquence A Peut-on jouer avec les mots et avec les images ? 28-29
1. Jastrow, Raetz, Pignon-Ernest, Borrel de Caso, Cabanès, Holbein le jeune 2. MC Solaar, R. Devos,
Magritte, Prévert 3. Pérec, Lescure, Apollinaire
• Évaluation Merian, Apollinaire
Séquence b Parlez-moi d’amour… surréaliste ? 30-36
1. Breton, Miró 2. Éluard, Aragon, Ernst 3. Péret, Desnos, Hugnet, Chirico, Sage 4. Desnos, Dalí
• Évaluation Éluard, Man Ray
Activités et recherches 37-38
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 5
À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ?
l’éducation, paru en 1762. Rousseau pense que les fables ne sont pas
faites pour les enfants, pour deux raisons : le texte des fables est souvent
trop complexe ; d’autre part, les morales qui terminent ces fables sont
souvent ambiguës ; on prétend vouloir y enseigner aux enfants la vertu,
mais on y trouve d’innombrables exemples de malhonnêteté, de fourbe-
rie, d’égoïsme, etc.
« On fait apprendre les fables de la Fontaine à tous les enfants, et
il n’y en a pas un seul qui les entende. Quand ils les entendraient, ce
serait encore pis ; car la morale en est tellement mêlée et si dispropor-
tionnée à leur âge, qu’elle les porterait plus au vice qu’à la vertu. »
(Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l’éducation, 1762, livre second).
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 6
Interrogation 1
manger ». Pour lui, la violence est là pour susciter la peur, une peur censée
dissuader l’enfant d’imiter certains comportements (écouter les « loups »,
par exemple).
Il est vrai que la violence est un motif nécessaire à la structure du
conte. La plupart du temps, dans le schéma narratif du conte, l’agression
violente est l’élément perturbateur, elle génère les actions des héros, et
en général la situation finale est un retour au calme : l’agresseur a été
anéanti. C’est donc un motif nécessaire voué à s’effacer devant la force
morale du héros. Ainsi, dans sa structure même, le conte montre une
issue hors de la violence, donne au lecteur des outils symboliques pour
s’en libérer.
De plus la violence représentée dans l’écriture se distingue de la
violence brute : distanciée par le déroulement d’ensemble de l’œuvre,
élaborée par la mise en mots ou en images, elle peut avoir un effet de
catharsis. Bruno Bettelheim, dans Psychanalyse des contes de fées, rap-
pelle que la violence est inhérente à l’enfant, et que la voir relayée par
les mots du conte est nécessaire à son bon développement psychologi-
que. Les contes permettent à l’enfant de nommer, de matérialiser et par
là même de limiter ce qui lui fait peur : en incarnant ses pulsions de peur,
de violence dans des personnages, il apprend à les apprivoiser et à les
maîtriser.
On pourra aider les élèves à s’interroger à partir de cette hypothèse :
l’adulte retrouve dans les contes des problématiques qui le concernent
tout autant que l’enfant, parce qu’un être humain n’en a jamais fini de se
construire, et de se libérer. Inversement, l’enfant connaît dès sa naissance
des pulsions violentes et ce n’est pas lui rendre service de les lui cacher,
au contraire.
La séquence peut aussi permettre aux élèves de réfléchir sur leur
propre perception de la violence dans les récits imaginaires et de les
interroger sur leur propre expérience : quels récits imaginaires les ont
aidés ou les aident aujourd’hui à apprivoiser leur propre violence en en
parlant ? Quels scénarios imaginaires ont-ils eux-mêmes envie de
construire à partir de ces récits ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 7
Séquence A À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 8
Interrogation 1
sent les yeux crevés par les oiseaux lorsqu’elles plus besoin d’aller à pied », laissant entendre la
assistent au mariage de Cendrillon sans y être condition de reine est plus importante que la
invitées. santé. Les filles obéissent à leur mère sans se
La version du conte Cendrillon par Perrault est poser de questions, dans ce texte, elles n’ont pas
sans doute connue des élèves, mais il est proba- la parole. La gravure de Lili souligne la cruauté
ble que celle des frères Grimm, d’où est tiré cet de la scène, attirant l’attention sur le sang versé
épisode, leur est inconnue. L’effet qu’ils peuvent pour entrer dans cette fameuse chaussure, sym-
ressentir en lisant cet épisode, où la mère bole du mariage avec le Prince et donc d’une vie
demande à ses filles de se mutiler, peut être l’hor- féerique.
reur, l’effroi, le scandale, la révolte, etc. Les rapports entre le Prince et les jeunes filles
sont faussés : le Prince pense avoir trouvé celle
2. Les rapports entre la mère et ses deux filles
qui l’a ébloui lors du bal mais il se trompe. Les
sont de soumission. La mère, cruelle et domina-
filles sont intéressées par le Prince, non parce
trice, impose des actes horribles à ses filles, c’est
qu’elles l’aiment mais parce que la condition de
elle qui commande (utilisation des impératifs
Reine les intéresse.
« coupe ») et qui tend le « couteau ». Elle justifie
ces mutilations « Quand tu seras reine, tu n’auras
3.
Manifestation de la cruauté Passages précis du texte
lignes 4 à 6 et 17 à 20 : ordres de la mère,
– mutilation des pieds description des actes de se couper l’orteil
Lexique ou le talon.
lignes 13-15 et 27-33 : le prince se débarrasse
– indifférence du prince au sang coulé prestement des fausses fiancées sans aucun
égard pour leur souffrance.
Répétitions des Tout a lieu 2 fois : l’essayage
situations dans la chambre, la mutilation, lignes 2 à 15
l’avertissement des colombes,
la vision du sang par le prince, lignes 15 à 30
le retour chez les sœurs
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 9
À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ?
les abandonner, les enfants sont sauvés grâce à Dans les deux contes, la cruauté est celle de la
l’ingéniosité du plus jeune, le petit Poucet, qui se dévoration. Dans Le Petit Poucet, l’ogre égorge
munit de cailloux blancs et parvient à les ramener ses propres filles avec l’intention de manger les
tous à la maison. La seconde fois, les parents pré- sept petits garçons, dans le Petit Chaperon rouge,
venus empêchent la même ruse de se produire et le Loup dévore la grand-mère et le Petit Chaperon
les enfants, bel et bien perdus cette fois, se réfu- rouge. Dans le document 2, l’ogre montre les
gient dans la maison d’un ogre. Celui-ci, à qui sa crocs, l’ombre ne fait qu’accroître son aspect
femme a préparé un festin, accepte d’attendre le effrayant, les enfants et l’ogresse sont terrifiés
lendemain pour les tuer mais se ravise en pleine et semblent hurler. Dans le document 3, le loup
nuit. Les sept garçons sont couchés dans un grand domine la situation, l’effroi de l’enfant est montré
lit à côté de celui des sept filles de l’ogre. Prudent par ses membres écartés, et son visage apeuré.
et rusé, le petit Poucet a échangé leurs bonnets Le rôle de la cruauté est de mettre en garde les
de garçons contre les couronnes d’or des filles. enfants contre les inconnus (Le Petit Chaperon
L’ogre entre dans la chambre pendant la nuit, tue rouge) et d’encourager l’enfant à se défendre,
ses filles en croyant tuer les garçons. Les petits afin que la violence se retourne contre son auteur
s’enfuient et l’ogre fou de rage part à leur recher- (dans Le Petit Poucet l’ogre s’en prend à ses pro-
che à l’aide de ses bottes de sept lieues. Fatigué, pres filles et les enfants s’en sortent).
il s’assied sur la pierre sous laquelle les enfants
se sont cachés. Le Petit Poucet convainc ses frères u Étude de l’interview (document 4)
de rentrer chez eux. De son côté, il enfile les bottes 5. Le psychanalyste Bruno Bettelheim évoque la
des sept lieues, court jusqu’à la chaumière de fin du conte de Cendrillon par les frères Grimm,
l’ogre, convainc la femme de lui donner sa fortune qui comporte des détails d’une grande cruauté
car il est fait prisonnier ; pour mieux la convaincre, (yeux crevés) : il insiste sur le fait que la mort
il dit qu’il lui a même prêté ses bottes pour aller dans les contes de fée est « toujours symboli-
plus vite. Le Petit Poucet rentre ainsi chez ses que » (c’est-à-dire doit être interprétée) : « c’est
parents qui l’accueillent avec joie et la mort dans la vie » : l’héroïne est valorisée pour
soulagement. sa bonne conduite alors que les sœurs de Cen-
drillon payent pour leur méchanceté. La morale
Résumés du conte Le Petit Chaperon rouge pourrait être que seuls le cœur, la bonté, ce qui
– La version de Charles Perrault, l’héroïne en est est intérieur, sont importants et que l’artifice, ce
une jeune fille bien élevée, la plus jolie du village, qui est apparent, n’est rien.
qui court à sa perte en donnant au loup qu’elle
rencontre dans la forêt les indications nécessaires
pour trouver la maison de sa grand-mère. Le loup Écriture et oral
mange la vieille dame en se cachant des bûche-
rons qui travaillent dans la forêt voisine. Il tend 6. Voici quelques pistes pour faire travailler les
ensuite un piège au Petit Chaperon rouge et finit élèves :
par la manger. • Dans un premier temps, ils peuvent rappeler
– La version des frères Grimm contient une suite : que oui, les contes de fée sont parfois des contes
la fillette et sa grand-mère sont sauvées par un d’effroi, comme ils ont pu le constater dans les
chasseur qui suivait la piste du Loup : le trouvant contes étudiés :
endormi chez la grand-mère, il lui ouvre le ventre – Cendrillon : l’extrait porte sur la mutilation
et en extrait la fillette et sa grand-mère ; celles-ci demandée par la marâtre de Cendrillon et approu-
sont ensuite capables de piéger et tuer un autre vée par ses filles ; mais le conte regorge d’exem-
loup, anticipant ses gestes grâce à l’expérience ples supplémentaires (voir réponse aux questions
acquise au cours de la première histoire. 1 et 3).
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 10
Interrogation 1
– Le Petit Poucet : l’image montre un homme qui, – Dans le premier conte, fonction symbolique de
la gueule béante, ressemble à une bête sauvage, réparation : après avoir subi la violence quoti-
mais nul n’est exempt de cruauté parmi les adul- dienne de sa belle-mère et de ses belles-sœurs,
tes de ce conte : parents n’hésitant pas à abon- et assisté à leur terrible soif de paraître (au prix
donner par deux fois des enfants dans la forêt, de mutilations), Cendrillon voit sa justesse et sa
femme de l’ogre passive, sinon complice des modestie reconnues comme de vraies valeurs :
exactions de son mari ; elle se marie, et cesse d’être importunée par les
– Le Petit Chaperon rouge : l’image montre le loup méchants ; la punition de ces derniers n’est pas
en train de dévorer sa seconde victime, l’enfant. de son fait, mais vient de la nature (les oiseaux).
La cruauté ici n’est pas tant dans l’image, peu – Dans le second, fonction de défense de la
sanglante et présentant un loup énorme mais cruauté, dans la lutte pour la survie : le petit Pou-
assez paisible, que dans l’absence de rédemt- cet ne condamne à mort les sept petites ogresses
pion des victimes : elles sont bien mortes ! que pour se sauver et sauver ses frères. Cette
• Dans un second temps, ils peuvent prêter atten- cruauté de la survie est légitimée pour en surmon-
tion à l’équilibre d’ensemble de chacun des ter d’autres, celle de l’ogre et celle des parents.
contes, qui permet à l’enfant comme à l’adulte – Dans le troisième, fonction d’avertissement. Le
de se rendre compte que dans les conte la cruauté petit chaperon rouge, par sa disparition, met en
n’est jamais gratuite, mais remplit une fonction garde les enfants contre les prédateurs et la
vitale : cruauté de cette fin est là pour faire sentir que le
danger est réel.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 11
Séquence A À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ?
Lecture
u Étude du troisième extrait (document 3)
u Étude du premier extrait (document 1) 5. Le frère ressent des sentiments nouveaux de
1. Les éléments appartenant au conte sont : la for- « paix », de « joie », de « sérénité ».
mule « Il était une fois… », le caractère atemporel 6. Le champ lexical du changement de destin :
du récit, l’indétermination des personnages (pas « délivré », « changer de nom », « s’inventa un
de prénom), une situation difficile : des orphelins, passé », « réussit ».
la présence des enfants (le frère et la sœur rap-
pellent Hansel et Gretel), le lieu de l’action (la
forêt, lieu de tous les dangers), la brièveté du récit, u Mise en relation des trois extraits
le schéma actantiel (des adjuvants, des oppo- 7. Dans ce conte, la cruauté se manifeste tout
sants, une quête…), la prédiction « vous épouse- d’abord dans l’assassinat de la sœur par le frère.
rez fatalement votre sœur. Rien ne pourra À l’horreur du fratricide, s’ajoute le choix de
détourner le cours de votre destin » figurant la l’arme, la hache, et l’aspect réfléchi du crime.
fatalité, la destinée. Notons aussi le contraste entre la douceur de la
forêt, l’innocence et la confiance de la fillette, et
2. L’atmosphère qui se dégage de cet extrait est
l’acte barbare du frère.
heureuse et aimante.
Mais on peut dire que la prédiction du vieillard,
On trouve le champ lexical du bonheur : « rires »,
qui enferme en quelques mots dans un destin
« gaieté », « chants », « fête », « en souriant » ainsi
incestueux, était également d’une grande
que celui de l’amour fraternel : « sœur », « frère »,
cruauté, source de tourments sans nombre. Si
« tendresse », « protégeait », « couple ».
bien que, d’une cruauté à l’autre, il semble qu’il
3. Même si ce début semble trop beau pour que n’y avait pas d’échappatoire possible pour les
cela continue, les élèves sont libres d’imaginer personnages.
des hypothèses optimistes ou pessimistes sur la
suite.
Écriture et oral
u Étude du second extrait (document 2) 8. Ce sujet, qui consiste à continuer un texte,
4. Les mots qui indiquent le changement d’at- implique de suivre les contraintes suivantes :
mosphère de ce conte sont : – parler au nom de l’énonciateur donné par le
– les mots du vieillard (fin du § IV) ; texte, l’épouse ;
– le champ lexical de l’angoisse : « épouvanta », – orienter le propos en fonction du destinataire,
« incapable de s’en défaire » ; « hantait », « sans le jeune homme ;
lui laisser de répit », « tourments », « résolution – utiliser le système des temps propres au récit
désespérée », « poursuivi par son crime », « hanté (imparfait / passé simple).
par l’image de sa sœur effondrée ». Après avoir fait faire cette activité d’invention aux
On peut penser que la sœur est morte et que le élèves, on peut les inviter à lire la fin du conte de
frère ne se remettra pas de son acte et mourra Minh Tran Huy, intitulée « Le rocher de l’attente »,
de chagrin. dans Le Lac né en une nuit, Acte Sud, 2008.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 12
Séquence A À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ?
4. Détails cruels présents dans les illustrations : 6b. Pour évaluer les élèves, on peut se poser un
– l’attaque du loup, devant le chien souriant ; certain nombre de questions :
– la mort de l’âne en gros plan, la tête baignant – le choix de l’animal est-il original ?
dans son sang. – son rôle est-il respecté ?
– la structure de la fable est-elle respectée ?
– y a-t-il présence de dialogues ?
u Document 2 – la présentation est-elle soignée ?
5. La thèse de J.-P. Mothe est que les contes – prend-on plaisir à la lecture du texte ?
s’adressent à tout public : « c’est une idée bien
contemporaine que de penser qu’un texte de Quelques éléments bibliographiques
valeur puisse être écrit pour une tranche d’âge En plus des titres cités dans la séquence, on peut
donnée ». Il utilise une comparaison : « que valent consulter le numéro des Textes et Documents
ces livres qu’on propose d’acheter comme on pour la Classe, n° 832, paru le 15 mars 2002, et
achète des souliers », et la poursuit avec une intitulé « Les Contes ».
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 13
Interrogation 1
La fable, le conte, les récits imaginaires sont-ils réservés aux jeunes
lecteurs ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 14
Interrogation 1
2.
Le mari La femme
Que désire le Vivre dans la richesse.
Épouser une des filles.
personnage ? Tout savoir sur tout.
Pour assouvir son désir. Pour assouvir son désir et sa curiosité.
Pour asseoir sa notoriété. Pour se démarquer de sa sœur, de ses amies.
Pourquoi ?
Pour se fondre dans la normalité, Pour obtenir la liberté conférée
malgré son physique repoussant. à la femme mariée.
La caractérisation des deux personnages princi- vocation à privilégier une interprétation sur une
paux permet d’envisager différentes pistes de autre, mais bien à proposer une nouvelle piste
lecture selon que l’on se situe du côté du person- vers une interprétation moins ancrée dans l’al-
nage masculin ou féminin. Cette séance n’a pas ternative bien/mal. En fonction des hypothèses
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 15
Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs et de nos peurs ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 16
Séquence b Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs
et de nos peurs ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 17
Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs et de nos peurs ?
l’auteur. Cette moralité s’adresse aussi bien aux vert, bête immonde sortie d’un marais putride,
femmes qu’aux hommes : On a peine à juger qui avec des personnages célèbres de contes en
des deux est le maître. et présente avec une sorte détournant leurs propos et leur comportement.
d’humour grinçant les relations entre ceux-ci : Loin d’effrayer, cette image s’inscrit donc dans la
Près de sa femme on le voit filer doux. La distance voie des nombreuses parodies et réécriture de
avec le récit : On voit bientôt que cette his- contes qui sont le reflet d’un imaginaire en évolu-
toire / Est un conte du temps passé peut être tion qui se nourrit du monde contemporain, de ses
interprétée de deux manières opposées : soit codes et des modes d’expression.
cette histoire est réellement révolue, soit il s’agit
d’un propos ironique.
Écriture et oral
u Étude de l’image (document 2)
6. L’intérêt consiste à confronter les différentes
5. La scène se situe dans une pièce sombre (chan-
lectures que peuvent proposer les élèves. en
delier allumé) d’un château qui pourrait tout à fait
fonction de l’émotion ressentie à la lecture du
être une prison (toiles d’araignées) ou une salle
texte, du tissage d’interprétation que font les élè-
de tortures (anneaux pour suspendre les suppli-
ves suivant leurs références culturelles (livres,
ciés sur la droite). Le décor accentue l’impression
films), Les élèves pourront écrire une morale qui
de geôle par la présence de cinq squelettes qui
rende compte de leur lecture. La mise en commun
laissent entendre qu’on ne ressort pas vivant de
des différentes propositions permettra à la fois
cette cellule. Au centre, une jeune femme age-
d’apporter des éléments de réponse à l’interro-
nouillée supplie un homme qui la regarde avec
gation du programme, « la fable, le conte, les
détermination, légèrement en arrière plan, une
récits imaginaires sont-ils réservés aux jeunes
autre femme vêtue d’une robe rouge (sang ?) est
lecteurs ? » et d’évaluer l’attitude « être curieux
attachée les bras en l’air pris dans un anneau de
des représentations variées de la réalité. »
métal peuvent tout à fait s’apparenter aux héros
du conte de Perrault. Ainsi peut-on identifier Barbe 7. La réponse à la problématique permet au pro-
bleue et sa femme et imaginer que le deuxième fesseur de vérifier comment les élèves se sont
personnage féminin, ainsi que les cinq squelettes approprié la lecture du conte et comment celle-ci
sont les précédentes épouses de Barbe bleue. a évolué au fil de la séance. Il sera particulière-
Nous nous trouvons à l’intérieur du cabinet inter- ment intéressant de voir sur quelles citations les
dit. Toutefois, la représentation qui est faite de cet élèves s’appuient pour étayer leur propos. Le pro-
espace, véritable mise en scène, propose une fesseur peut choisir de faire construire un recueil
vision humoristique. On est en présence d’une de citations qui s’augmentera au fur et à mesure
parodie de La Barbe bleue dont le propos est revi- des lectures de l’année, rendra compte de ce que
sité par l’imaginaire de la dessinatrice qui s’est découvrira et ressentira chacun et qui permet la
télescopé avec sa connaissance du conte, sa construction progressive des capacités à « réflé-
représentation du cabinet interdit / salle de tortu- chir sur soi et sur le monde » et « de se confronter
res et les personnages du film Shrek – d’après le aux productions artistiques d’hier et d’aujourd’hui,
conte de William Steig – qui met en scène un ogre d’ici et d’ailleurs. »
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 18
Séquence B Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs
et de nos peurs ?
Cette double page propose deux textes contemporains, extraits d’une pièce de théâtre et
d’un roman, qui reprennent l’histoire de Barbe bleue. Davantage que la question de l’inter-
textualité, il s’agit de continuer la construction de la réponse à l’interrogation du programme
et de s’interroger sur la manière dont ces réécritures s’alimentent de notre imaginaire pour
envisager différents degrés de lecture.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 19
Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs et de nos peurs ?
la thématique du jardin secret, notamment au sein cache cet homme dans ce débarras ? pourquoi
d’un couple : doit-on tout se dire ? tout partager ? cette violence soudaine ? pourquoi cette curiosité
est-il légitime de garder des secrets ? exacerbée de la jeune femme ? Le roman d’Anne
Luthaud est construit comme une enquête, un
mystère qui se révèle progressivement : qui est
u Étude du document 2
cet homme que les gendarmes ont arrêté ? pour-
4. Les éléments de cet extrait qui renvoient à La quoi ne dit-il rien savoir ? à qui appartiennent ces
Barbe bleue sont ligne 5 : « le sang qui a été essuyé » traces de sang ? à quoi correspondent ces cou-
qui fait référence à la tentative échouée d’effacer leurs par lesquelles sont nommées les femmes
la trace de sang sur la clé ; ligne 6 : « des traces disparues ? qu’ouvre cette clé à leur poignet ? Une
depuis chaque chambre jusqu’à une pièce centrale fois ces textes questionnés à l’aune du mystère
difficile à identifier » et ligne 8 : « les corps de six et des interrogations qu’ils suscitent chez chacun
femmes ont été retrouvés, rongés par les vers, une des lecteurs, il sera intéressant que les élèves
clé de couleur attachée au poignet » qui rappellent rédigent une courte réponse à la problématique
le cabinet interdit dans lequel se trouvent les de la séance afin que la mise en commun avec la
dépouilles sanguinolentes de Barbe bleue ainsi classe permette de construire une étape de plus
que la clé de la pièce interdite et les lignes 13 à 15 : à l’interrogation de l’objet d’étude.
« Que le capitaine de gendarmerie a réussi à le
réveiller après l’avoir longuement secoué, et
qu’alors l’homme s’est laissé menotter sans résis- Écriture et oral
tance. » qui reprennent l’arrivée des frères de la
6. Proposition de critères d’évaluation :
jeune la femme et leur appartenance militaire (Cf.
– la contrainte du monologue théâtral est
séance n° 2 page 21, lignes 21 : « dragon et mous-
respectée ;
quetaire » et 30 : « acheter des charges de capitai-
– le monologue évoque bien une description du
nes à ses deux frères »). L’arrestation pacifique de
débarras qui interpelle l’imaginaire du lecteur ;
l’homme peut également être mise en relation avec
– le lecteur ressent la tension qu’implique cette
la manière dont les deux frères se saisissent aisé-
entrée dans un lieu interdit :
ment de Barbe bleue (page 21, lignes 22-23 : « mais
• l’ambiance est rendue par un lexique approprié
les deux frères le poursuivirent de si près qui l’at-
(doute, étrange, voire inquiétant),
trapèrent avant qu’il pût gagner le perron. »)
• l’emploi de modalisateurs contribue à dévelop-
Il est également intéressant que les élèves s’inter-
per son imaginaire
rogent sur les modalités d’énonciation de cet
– la fin du monologue est laissée au choix du scrip-
extrait en étudiant précisément le jeu des pronoms
teur (horreur, dérision, déception…).
personnels : qui parle ? à qui ? où la scène peut-elle
se dérouler ? dans quel état d’esprit semble être 7. Proposition de critères d’évaluation :
le narrateur ? à quoi cela peut-il faire penser ? – le scripteur a fait un choix précis du personnage
féminin et a développé les associations cou-
leur / état d’âme données dans la consigne ;
u Mise en relation des documents – la rencontre, qui peut inclure ou non un dialogue
5. Les deux extraits renvoient à des genres diffé- entre l’homme et la femme, est clairement située ;
rents de celui du conte. Le merveilleux a disparu, – la rencontre fournit des éléments sur le caractère
le lectorat visé ne correspond plus aux jeunes de chacun des personnages ;
enfants, pourtant chaque texte nourrit notre ima- – le point de vue de l’homme ou de la femme est
ginaire et s’en inspire. La pièce de Carole Fréchette celui qui domine, c’est par ce regard que la rencon-
évoque une romance ordinaire : un milliardaire qui tre est décrite (focalisation interne) ;
vient juste d’épouser la plus innocente des jeunes – les émotions suscitées par cette rencontre,
femmes. Toutefois, le trouble naît de ce que le agréables et / ou désagréables sont exprimées à
lecteur imagine à la lecture de cet extrait : que l’aide d’un lexique précis.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 20
Séquence B Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs et de nos peurs ?
u Document 1 u Document 2
1. Pour Bruno Bettelheim, psychanalyste, le 3. C’est la tradition orale du conte qui ressort de
conte La Barbe bleue interroge le désir et l’infi- cette gravure par la présentation d’une scène d’in-
délité au sein du couple à travers l’épisode de la timité, la veillée. Cette image renforce l’idée que
clé ensanglantée : « l’infidélité conjugale, symbo- le conte est un récit intergénérationnel qui ensei-
liquement exprimée par le sang sur l’œuf ou sur gne quelque chose du monde à chacun, quel que
la clé, doit être pardonnée. » (l.5-6). soit son âge.
2. On apprécie la capacité de l’élève à argumenter 4. De nos jours, le conte est fréquemment destiné
sa réponse au regard de ce qu’il a appris au fil de aux jeunes enfants puisqu’ils proposent, dans un
la séquence, notamment « interpréter le discours récit simple et souvent merveilleux, des histoires
permettant à l’enfant de comprendre le monde.
u Documents 3 et 4
5. Document 3 Document 4
Scène d’extérieur, au bas d’un escalier.
Scène d’intérieur, dans un hall, un escalier en
Décors En arrière-plan, la tour de laquelle la sœur arrière-plan.
Anne guette l’arrivée des frères.
La Barbe bleue, sa femme, en arrière-plan,
Personnages La Barbe bleue, sa femme, les deux frères.
la Sœur Anne.
La Barbe bleue tire sa femme par les cheveux. D’une main, la Barbe bleue maintient la tête de
Son regard est furieux, il tient dans sa main sa femme en avant, de l’autre, il brandit son
levée une épée avec laquelle il s’apprête à épée. Son regard semble soudainement
Attitudes frapper la jeune femme. Cette dernière lève les détourné par l’arrivée inopinée de deux
bras au ciel. Ses yeux sont exorbités, sa bouche hommes, armés également, qui pointent leur
est ouverte, son cou est découvert laissant épée vers lui. La femme se tient agenouillée,
paraître son décolleté. les mains jointes, les yeux fermés.
Cette illustration insiste sur l’horreur de la Cette illustration met l’accent sur la piété de la
situation, tant dans le geste du mari que la femme de la Barbe bleue. On peut imaginer
Effet produit posture et le visage terrifié de la femme. que la posture de la femme a contribué à
L’espoir semble perdu, hormis la silhouette de donner la préférence à cette illustration, moins
la sœur Anne en haut de la tour ? « réaliste » que la précédente.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 21
Interrogation 1 La fable, le conte, les récits imaginaires
sont-ils réservés aux jeunes lecteurs ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 22
Interrogation 1
sauve les deux victimes ; puis le Petit Chaperon cet objet d’étude. Au-delà de la parodie, les élè-
rouge remplit le ventre du loup avec des pierres, ves vont émettre une opinion sur le plaisir qu’ils
et celui-ci meurt sous le poids de celles-ci. Dans ont, ou non, à visionner ce type de films.
la version de Perrault, l’enfant et sa grand-mère
sont dévorées et le conte s’arrête là. C’est un des
seuls contes à se terminer ainsi, de façon tragi-
4. Cette activité de recherche documentaire per-
que. Perrault veut montrer le poids de la déso-
met de construire des capacités liées à cet objet
béissance et l’importance de se méfier des
d’étude : « interpréter le discours tenu sur le réel
apparences. Sa morale l’annonce clairement.
à travers le discours de l’imaginaire » et « contex-
« Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups
tualiser et mettre en relation des œuvres traitant,
doucereux,
par l’imaginaire, un même aspect du réel à des
De tous les Loups sont les plus dangereux. »
époques différentes. » Elle peut déboucher sur
6. Exemples de sources à consulter : une présentation orale devant la classe, une
– http://expositions.bnf.fr/contes/pedago/cha- exposition au CDI ou une production personnelle
peron/indpub.htm dans un carnet de lecture de l’élève. Un travail
– http://expressionbts.canalblog.com/archi- peut également être mené en « Histoire des Arts »
ves/2008/12/06/11649340 dans la thématique « Ar ts, réalités,
imaginaires ».
5. Cette activité vise à développer l’attitude « être
Séquence B - curieux des représentations variées de la réalité »
La barbe bleuess par une recherche documentaire qui construit un
tissu référentiel de personnages et de lecture.
1. Il s’agit ici que les élèves produisent un texte 6. Cette activité qui peut être menée dans le
dans lequel l’imaginaire de l’élève lui permette cadre d’un atelier d’écriture sur plusieurs séan-
d’exprimer avec précision et conviction pour le ces pendant les heures de projets peut constituer
lecteur la réaction de la Cadette après sa maca- un lien avec l’Histoire des Arts et le professeur
bre découverte. Il peut être utile, à l’issue d’un d’arts appliqués ou, en fonction de la filière des
premier jet, de travailler le lexique de la percep- élèves, avec les disciplines professionnelles, par
tion, de l’horreur en travaillant sur la racine des exemple avec la réalisation d’un objet qui joue
mots, la gradation. Le texte doit rester cohérent un rôle essentiel dans le récit.
avec le conte.
7. Le mythe de Pandore, femme créée par Zeus
2. Cette activité peut être menée par groupes pour punir les hommes d’avoir volé le feu à Pro-
dans un temps dédié à un atelier d’écriture. Préa- méthée, évoque la légende de la boîte de Pan-
lablement, les élèves se mettront d’accord sur le dore qui renfermait tous les maux de l’humanité
lieu interdit ainsi que l’objet qui trahira la jeune (la vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la
femme. La caractérisation des deux personnages misère, la folie, le vice, la tromperie, la passion)
ainsi que le choix du nom de l’homme prendront
mais aussi l’espérance. Zeus avait interdit à Pan-
en compte l’inscription dans une époque
dore d’ouvrir cette boîte mais celle-ci, poussée
contemporaine.
par sa curiosité lui désobéit, laissant ainsi
3. Il s’agit ici de conduire une réflexion compara- s’échapper tous les maux. La légende raconte
tive entre les contes que les élèves ont lus ou que, seule la curiosité, plus lente à s’extraire,
étudiés et leur connaissance des films Shrek dans serait restée enfermée. Cette légende fait donc
l’optique de la continuité du questionnement de particulièrement écho au conte La Barbe bleue.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 23
Histoire des arts page 27 du manuel
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 24
Interrogation 1
6 Les couleurs employées par le peintre vont du son tableau. On peut demander aux élèves de
presque noir au jaune verdâtre dans un dégradé chercher un autre titre, en associant par exemple
de vert. Là encore, la métaphore d’une nature des adjectifs au titre initial, et de mettre ainsi en
luxuriante voire vénéneuse se décline dans des lumière leur propre perception du tableau.
couleurs qui semblent déteindre jusque sur le
corps de la femme nue. La composition générale
est éclairé par deux éléments : le ciel vif en Mises en contexte
arrière-plan dans lequel un disque lumineux se 9 L’art « naïf » désigne aussi bien des œuvres
détache et l’emploi de couleurs vives (jaune, réalisés par des artistes qui ne connaissent rien
rouge, bleu) pour détacher du fond certains élé- aux courants artistiques de leur époque qu’une
ments. Après avoir distingué les principaux per- école de peinture revendiquant un style figuratif
sonnages de la toile, le regard se trouve accroché parfois infantile, qui a le souci du détail et
par le joueur de flûte qui met plus de temps à emploie des couleurs vives. Henri Rousseau a
apparaître dans l’obscurité. longtemps été classé dans cette catégorie même
7 En hébreu, Éden signifie « jardin des délices ». si lui-même se définissait comme un peintre réa-
Dans la Genèse, ce mot désigne le jardin, souvent liste. Il sera intéressant d’interroger l’avis des
assimilé au paradis, dans lequel vivent Adam et élèves sur ce peintre et de leur demander d’argu-
Eve. Dans tous les cas, il s’agit d’un lieu irréel, menter leur point de vue à partir d’exemples pré-
fruit de la représentation mentale des êtres cis pris dans le tableau (sujets représentés, choix
humains. En fonction des réponses proposées à des couleurs, absence de perspective…).
la première question, il sera intéressant de voir 10 Pour cette activité d’écriture, les élèves peu-
quelles associations les élèves construisent et vent employer de nombreux lexiques, par exem-
comment elles s’orientent soit vers « le paradis » ple : l’étrange, le bizarre, l’angoisse, la sérénité,
soit vers le danger. le paradisiaque, etc. et ainsi nourrir leur imagi-
8 « Lorsque j’entre dans les serres du Jardin des naire en réagissant à celui du peintre. Le titre
Plantes et je vois les étranges plantes des pays qu’ils auront choisi dans la question 8 peut éga-
exotiques, il me semble que je pénètre dans un lement les aider à écrire dans la mesure où il leur
rêve. » Cette citation d’Henri Rousseau fournit aura déjà permis des associations d’idées et de
une explication possible du titre qu’il a donné à lexique.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 25
Interrogation 2
Comment l’imaginaire joue-t-il avec les moyens du langage,
à l’opposé de sa fonction utilitaire ou référentielle ?
Il s’agit, dans cette séquence, de montrer comment certains artistes et écrivains ont pu détour-
ner la fonction utilitaire ou référentielle du langage pour utiliser autrement les mots, les ima-
ges, les significations.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 26
Interrogation 2
Lecture
1. Organe élastique pouvant supporter d’impor-
u Étudier les trois textes (documents 1 à 3) tantes déformations et destiné à exercer une
force en tendant à reprendre sa forme initiale ;
1. Les auteurs des trois textes jouent sur :
2. Force occulte qui fait agir ;
– la polysémie : « ressort », « carreaux », « cœur » ;
3. Force morale qui permet de faire face.
– les homonymes : « pique » / « pic » ;
– les images, la métaphore : « je suis l’as de trèfle 3. Le document 2 est humoristique, cet humour
qui pique ton cœur » ; est visible dans les jeux de mots, dans l’attitude
– les sons « Caroline », « carreaux » ; stupide du sportif qui se compare au ressort de
– la comparaison : « comme le trèfle à quatre sa montre.
feuilles » ;
4. La règle qui préside à chacun des textes :
– les expressions : « avoir du ressort », « faire la
– doc 1 : chanson qui s’appuie surtout sur la
course contre la montre », « en bout de course »,
musique et les images des mots ;
« en dernier ressort » ;
– doc 2 : l’homonymie ;
– les inversions : Prévert, jeu sur les GN ;
– doc 3 : architecture anaphorique et inversion
– anaphores : « un… avec… ».
des GN, Prévert associe deux groupes nominaux
2. Le thème du document 2 est le sportif. d’expressions toutes faites par la préposition
L’auteur l’aborde sous forme de sktech, sous la « avec » mais il intervertit les compléments du
forme d’une histoire très courte, en utilisant des nom.
répétitions « montre », « ressort », « course » mais Tous ces textes s’amusent avec les mots, d’un
aussi des homophones « montre / montre point de vue musical, sémantique. Le lecteur est
(verbe) », « ressort » au sens propre et figuré. diverti et mis à contribution pour entendre et
Les sens du mot « ressort » : comprendre le texte dit ou chanté.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 27
Peut-on jouer avec les mots et les images ?
Lecture
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 28
Séquence A Peut-on jouer avec les mots et les images ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 29
Le vampire, d’hier à aujourd’hui
Interrogation 2
Comment l’imaginaire joue-t-il avec les moyens du langage,
à l’opposé de sa fonction utilitaire ou référentielle ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 30
Interrogation 2
Lecture
u Étudier le second poème (document 2)
u Étudier le premier poème (document 1)
4. Les deux grands thèmes mis en parallèle dans
1. Les anaphores présentes dans ce poème sont ce poème d’Aragon sont :
nombreuses : « je te l’ai dit pour », – la femme : « elle, cri, robe, charmante, sa main
« pour ». Le poème est construit sur l’anaphore, blanche, son front pur, ses pieds, son
celle-ci connote la répétition, le refrain, la musi- chapeau » ;
que, et insiste sur l’amour, la passion du poète – la nature : « ruisseaux, ciel, vaguelettes, belet-
vis-à-vis de l’être aimé. tes, azur ».
2. Exemple de deux images surprenantes : « pour Cette alliance permet de donner une image posi-
les cailloux du bruit », « pour l’œil qui devient tive et grandiose de la femme qui semble avoir
visage ou paysage ». Ces images mettent en un impact sur la nature, ou faire partie de la
scène l’autre et le monde, la nature. nature ; elle transforme le monde par son
action.
3. On peut imaginer que le poète a dit « je t’aime »
à une jeune femme, ou du moins a avoué quelque
chose de très important et qui a trait à l’amour. u Étudier le tableau (document 3)
La série d’anaphores et d’images invite le lecteur 5. Les différents éléments du tableau :
à imaginer cet amour immense entre le poète et – deux fleuves : l’Indre et la Loire, des sédiments
cette femme. terrestres ;
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 31
Parlez moi d’amour… surréaliste ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 32
Séquence B Parlez moi d’amour… surréaliste ?
Lecture
3. L’écriture automatique est à l’œuvre, mais son 5. Les mots qui semblent inventés ou détournés
principe moteur, plus que l’association d’idées et sont :
la métaphore, chères à Breton et à Éluard, est le – des noms devenus verbes : « je mauve », « il ser-
saugrenu de la phrase, grâce aux parallélismes, rure », « je miroir » ;
aux bifurcations et aux saccades. « Ce foisonne- – des métaphores : le sang des bijoux ;
ment ininterrompu de situations bizarres, appa- – des mots : tu pitchpin ;
remment excentriques, ne lasse pourtant pas – orthographe, syntaxe : « les souvenirs se sar-
chez ce poète, qui sait passer de la satire sociale dine », « ils moulins ».
la plus féroce, la plus argotique parfois, à la déli- Ces inventions déstabilisent le lecteur, le sens
catesse la plus enchanteresse. » (Alain n’est pas clair, ni logique, il est parasité par le
Delaunois) jeu sur les mots et leur place.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 33
Parlez moi d’amour… surréaliste ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 34
Interrogation 2
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 35
Séquence B Parlez moi d’amour… surréaliste ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 37
activités et recherches page 44 du manuel
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 38
Histoire des arts page 45 du manuel
Première impression
ment minéral ? expression d’un rêve ? d’un
1 Le paysage représente un bord de mer : au pre- cauchemar ?
mier plan, la plage occupe la majeure partie du
tableau, en arrière-plan, la mer et une côte
4 Ces montres molles semblent se liquéfier sous
l’effet du soleil. Elles dégoulinent de leurs sup-
rocheuse, sur la gauche, un arbre mort. Des objets
ports comme une sorte de colle envahissante.
pour le moins insolites parsèment ce paysage
Celle du piédestal accueille une mouche : s’y pro-
extérieur : quatre montres à gousset, certaines
mène-t-elle ? s’y trouve-t-elle engluée ? Dans ces
dégoulinantes, ainsi qu’un objet ou une créature
montres molles, on peut voir le symbole du temps
difficilement identifiable, un piédestal ou socle
qui s’écoule, au sens propre du terme, impertur-
de statue, une plaque ou une table sur la gauche,
bablement et lentement. On peut aussi lire cette
deux boules semblent également éparpillées. Cet
métaphore comme celle de l’ennui ou de la
assemblage d’éléments hétéroclites dont cer-
répétition.
tains paraissent bizarrement échoués sur ce pay-
sage marin crée une impression d’étrangeté, de La forme étrange du premier plan semble proté-
bizarrerie, de mélange de deux mondes qui n’ont, gée par une de ces montres telle une couverture.
a priori, rien en commun. De même, le tableau Pour la protéger de quoi ? Et qu’imagine-t-on de
semble figé, la première vue ne laissant paraître cette forme ? S’agit-il d’un déchet végétal ou d’un
aucun mouvement, comme si le temps s’était mollusque rejeté par la mer ? d’un animal mort ?
arrêté sur ce lieu. En regardant cette forme de côté, on peut imagi-
ner un casque ou une tête fripée par le soleil, le
sommeil ou la mort. Ce long pli est-il la dernière
Analyse du tableau trace d’une bouche ou d’un œil ?
2 La présence des montres ainsi que des deux
blocs dans ce décor naturel interpelle le regard du
spectateur. De même, la chose étrange en premier
Mises en contexte
plan peut également surprendre : déchet végétal ? 5 Il s’agit ici de conduire les élèves à échanger
animal échoué ? Le spectateur s’interroge sur la leur point de vue sur les sources d’inspiration des
présence de ces objets : comment sont-ils parve- artistes, le lien qui peut exister entre un événe-
nus là ? à quoi renvoient-ils ? quelle est leur ment du quotidien (manger du camembert) et une
histoire ? production artistique, la manière dont l’artiste
se perçoit et l’image qu’il veut rendre de lui (auto-
3 Le choix des couleurs augmente le contraste et portrait dans une forme de fœtus informe).
l’étrangeté du tableau. D’un côté des couleurs froi-
des : plusieurs nuances de marron pour la plage, 6 C’est un tableau de petite taille, à peine plus
l’arbre mort, le piédestal, la chose étrange, et du grand qu’un format A4. Le choix du format peut
bleu à différents endroits (mer et ciel, cadrans des être interprété comme la volonté de l’artiste de
montres). À ce groupe de couleurs sombres s’op- peindre une scène intimiste renvoyant ainsi à sa
posent deux couleurs chaudes : le rouge de la subjectivité, à son moi caché, à ses fantasmes. Le
montre au premier plan sur laquelle des fourmis titre donné à cette œuvre « La persistance de la
semblent grouiller, et le jaune, celui du ciel à ten- mémoire » est à mettre en relation avec les élé-
dance verdâtre, et celui des falaises, plus ocré. Ce ments qui constituent le tableau : les montres mol-
contraste contribue à interroger le spectateur : les comme souvenir de ce camembert, le fœtus
paysage de désolation ? écrasé de soleil ? unique- comme réminiscence de la vie utérine, la plage
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 39
histoire des arts page 45 du manuel
comme trace des lieux de vie que le peintre affec- leur réponse ou mettre ce tableau en relation
tionne (la Catalogne), l’opposition de couleurs avec l’extrait du Manifeste du surréalisme de la
vives, quasi électriques et d’autres, plus sombres page 36.
comme la violence de l’acte de création qui lais-
sent échapper des images de sa mémoire.
8 Cette activité d’écriture nécessite, préalable-
ment, un travail d’écriture automatique pour
7 Cette question vise à établir des liens avec les associer le nom de l’aliment choisi avec d’autres
deux séquences de l’interrogation 2. Les élèves mots. Dans un deuxième temps, il s’agira de
pourront, par exemple, s’appuyer sur les diffé- construire des images insolites associant cet ali-
rents documents iconographiques pour construire ment au paysage.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 40
Interrogation 3
Le lecteur d’œuvres de fiction fuit-il la réalité ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 41
Séquence A Lire de la fiction : est-ce fuir ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 42
Interrogation 3
Écriture et oral
8. Les élèves doivent s’appuyer sur les réponses 9. Critères pour une évaluation :
aux questions précédentes pour étayer leur point – le lieu choisi est source d’évocation et ne se
de vue. Loin de toute réponse tranchée de type limite pas à une description objective ;
oui ou non, ils pourront répondre à la probléma- – le lexique employé renvoie aux sensations (ver-
tique en s’interrogeant sur la manière dont les bes de perception) et à l’étrange ;
différents documents leur parlent, interpellent – les sensations exprimées donnent lieu à des
leur imaginaire, les plongent dans des associa- images poétiques ;
tions qui se nourrissent de leurs diverses lectu- – comme lecteur, je suis sensible au texte
res. Pourquoi suis-je sensible (ou on) à tel produit.
document ? Qu’évoque-t-il (ou non) pour moi ?
2. Pourquoi le lecteur
part-il à la recherche de l’Atlantide ? pages 50-51 du manuel
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 43
Lire de la fiction : est-ce fuir ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 44
Interrogation 3
Phrase
Au premier plan, un jeune Le jeune homme à
Explication interrogative :
homme, en arrière-plan la mine soucieuse,
de ce que le jeune homme
Gros plan haut du visage d’un le vieil homme
représenterait la pense à haute voix
2 – profil homme plus âgé. Peu de semble penser ou
précédente et sa réflexion le
gauche. détails, la bulle occupe regarder quelque
vignette et conduit à formuler
une large part de la chose, les yeux
hypothèse. une explication
vignette. tournés vers le bas.
rationnelle.
Le vieil homme
Phrase affirmative
acquiesce et nous
Le vieil homme se Doigt levé : signe qui vient confirmer
Gros plan renseigne sur la
3 détache sur la bulle, son d’alerte ou l’hypothèse de la
– face. relation entre ce
visage est détaillé. d’autorité ? vignette
document et le
précédente.
jeune homme.
Une phrase
Un homme (le héros de la Phrase exclamative
Gros plan nominale réduite à
BD, Corto Maltese) qui qui renforce la
4 – profil Visage impassible. un mot :
allume une cigarette. La brièveté de la
gauche. identification du
bulle est minuscule. réplique.
lieu.
Exclamation qui
informe sur l’effet
Permet au récit
Un 4° homme, le visage produit par la
Gros plan d’avancer, on
marqué par de Visage inquiétant, phrase de la
– trois connaît
5 nombreuses rides. La teint olivâtre, yeux précédente
quarts maintenant ce qui
bulle remplit la totalité de presque clos. vignette, puis
gauche. lie ces différents
la vignette. phrase affirmative
personnages.
qui fait avancer le
récit.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 45
Lire de la fiction : est-ce fuir ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 46
Séquence a Lire de la fiction : est-ce fuir ?
Évaluation u Document 4
des compétences de lecture 4. Dans cette vignette de bande dessinée, deux
12 points
mondes différents sont juxtaposés : en bas, une
ville traditionnelle, qui renvoie à la représentation
u Document 1 d’un monde réel ; en haut, une ville futuriste,
constituée de gratte-ciel et parcourue de navettes
1. On attend que l’élève se réfère aux exemples volantes et de routes suspendues, qui renvoie à
suivants : l. 2 : « ville toile d’araignée », l. 3-4 : « la un monde imaginaire. L’opposition entre les deux
ville est au-dessus du vide, attachée aux deux crê- espaces est accentuée par le choix des couleurs :
tes par des cordes, des chaînes et des passerel- marron et beige pour la ville du bas ; jaune et
les », l. 5-6 : « on s’agrippe aux mailles d’un filet orangé pour la ville du haut, et par le graphisme :
de chanvre », l. 9 : « un filet qui sert de passage et souci du détail, en bas ; lignes tracées à grands
de support ». L’impression générale qui se dégage traits accentuant le gigantisme, en haut.
de cette description est un sentiment d’incerti- On peut estimer que cette image constitue une
tude lié à la structure flottante de la ville. utopie en ce qu’elle oppose un monde réel et un
monde imaginaire.
u Documents 1 et 2
2. Dans le premier texte, la ville est décrite autour u Documents 1 à 4
de la métaphore de la toile d’araignée, prolongée 5. Cette question permet au candidat de justifier
par les champs sémantiques de la suspension et son opinion et de contextualiser ses arguments
de la fragilité. Le second texte présente la ville à partir d’exemples et de citations précis.
en deux étapes : un premier paragraphe pure-
ment descriptif, la suite du texte intervenant
comme un commentaire qui développe la
description. Évaluation
Pour étayer sa réponse, l’élève ne peut pas seu-
lement faire référence à la bizarrerie de la ville, des compétences d’écriture
car cette particularité est présente dans les deux 8 points
textes. Il devra analyser les figures de style
(métaphore, accumulation, perception de l’hu- 6. Propositions de critères d’évaluation :
mour dans les interventions du narrateur…) et – le récit s’appuie sur des éléments de la
leur exploitation afin de rendre son point de vue vignette ;
pertinent. – le récit ne se limite pas à une simple description
de la vignette ;
– le récit révèle l’opposition entre les deux mon-
u Document 3 des présentés ;
3. L’élève peut répondre en s’appuyant sur les – la langue employée (lexique et images) contri-
termes d’impossible, de chimère et / ou de bue à créer une impression d’étrangeté et de
construction purement imaginaire et en sélec- fantastique ;
tionnant des exemples appropriés. – l’élève sait employer les substituts lexicaux
pour décrire et nommer ; susciter l’intérêt du lec-
teur par des images insolites.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 47
Interrogation 3
Le lecteur d’œuvres de fiction fuit-il la réalité ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 48
Interrogation 3
Lecture
(Vrai !, attention !, oh !, avec quelle dissimulation
u Étude de la nouvelle (document 1) je me mis à l’œuvre ! Je crois que c’était son œil !
oui, c’était cela ! vous auriez ri de voir avec quelle
1. La nouvelle est tout entière conçue comme un adresse je passais ma tête !)
monologue (une seule personne parle) mais sur Les questions indiquent qu’il est très important
un mode dialogique : la personne qui s’exprime pour le personnage de ne pas être jugé fou, mais
par « je » s’adresse à un autre qu’il désigne par sain d’esprit, ce dont il tente de convaincre son
« vous » ( je suis très nerveux, pourquoi préten- interlocuteur.
dez-vous que je suis fou ? observez avec quelle Les phrases exclamatives, très nombreuses dans
santé, […] je puis vous raconter toute I’histoire. l’extrait, ont pour fonction d’indiquer l’agitation
Vous me croyez fou. Etc.) du personnage.
Ces indices laissent penser que le « je », accusé
de folie, s’en défend auprès de quelqu’un qui
l’accuse : médecin ? policier ? u Étude de la BD (document 2)
2. La nouvelle va être la narration d’une action 5. Les dessins s’accordent au récit car ils se suc-
accomplie : le personnage va raconter une cèdent en variant très peu, ce qui s’accorde bien
histoire. à la lenteur du récit : faible progression ; insis-
Cette histoire est ensuite racontée au passé : tance sur des gestes infimes et lents.
imparfait, plus que parfait, passé simple… L’an- Le dessinateur a mis l’accent sur la fixité de l’œil
crage fictionnel de la nouvelle est donc la narra- et sur le personnage qui dit « je » dans le récit.
tion a posteriori d’une action déjà accomplie, ce 6. Le vieillard, immobile, qui semble regarder le
qui est le cas le plus courant du récit en « je » lecteur de face, n’est pas spécialement mena-
3. La phrase qui apprend au lecteur ce qui s’est çant, contrairement à l’assassin, qui se tient
passé est celle-ci : immobile derrière lui et le considère d’un œil
Chaque fois que cet œil tombait sur moi, mon inquiétant et cruel.
sang se glaçait ; et ainsi, lentement, – par Les dessins opposent les aplats noir et blanc, qui
degrés, – je me mis en tête d’arracher la vie du transcrivent bien l’univers sombre dont il est
vieillard, et par ce moyen de me délivrer de l’œil question, ainsi que l’opposition obscu-
à tout jamais. rité / lumière évoquée dans le troisième paragra-
Le personnage a assassiné un vieil homme. La phe. Ils soulignent le caractère inquiétant de
raison invoquée est la nécessité pour lui de se l’histoire.
délivrer de l’œil du vieillard dont il ne supporte
pas la vue. Le personnage précise par ailleurs u Mise en relation des documents
qu’il n’a aucune autre raison d’en vouloir au vieil
7. Un plaidoyer est un exposé argumenté,
homme : ni cupidité, ni haine.
convaincu, en faveur d’une personne, d’une idée,
4. Certains signes de ponctuation sont employés d’une institution. (source : TLF, en ligne sur :
de façon significative dans cet extrait : les points http://atilf.atilf.fr/)
d’interrogation (mais pourquoi prétendez-vous Dans le récit, le personnage argumente afin de
que je suis fou ? convaincre son interlocuteur qu’il n’est pas fou.
Comment donc suis-je fou ? un fou aurait-il été Dans la BD, les cartouches reprennent les prin-
aussi prudent ?) et les points d’exclamation cipales étapes de l’argumentation du narrateur.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 49
Lire de la fiction : est-ce fuir ?
Lecture
– il entend battre le cœur de l’homme ;
u Étude de la nouvelle (document 1) – ce bruit semble de plus en plus fort ;
1. Les événement évoqués dans l’extrait : – il tue l’homme ;
– le personnage ouvre la lanterne, dont la lumière – il découpe le cadavre ;
éclaire l’œil du vieillard ; – il le cache.
2.
Ponctuation, lexique, répétitions, images Sentiments
Événement évoqué
caractéristiques… du personnage
Si peu, si peu que rien.
Un mince filet de lumière se Si furtivement, si furtivement que vous ne sauriez
§1
dirige vers l’œil. imaginer.
Comme un fil d’araignée.
Voile hideux qui glaçait la moelle de mes os.
§2 La lumière rend l’œil visible. Fureur.
Précisément sur la place maudite.
Le personnage entend battre Comme le battement du tambour exaspère le
§3 Fureur accrue.
le cœur du vieillard. courage du soldat.
Le battement est de plus en toujours plus fort, toujours plus fort ! Terreur.
plus fort.
§4
Le personnage tue le vieil puis
homme. roide mort… Bonheur.
Le personnage découpe le Les sages précautions que je pris. Concentration,
§5
cadavre. Je travaillai vivement, mais en silence. retour au calme.
Si habilement, si adroitement.
Le personnage dissimule le Aucun œil humain – pas même le sien ! Contentement,
§6
cadavre. Rien à laver – pas une souillure, – pas une tâche de bonne humeur.
sang.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 50
Interrogation 3
3. Les indices du dialogue : 6. Les yeux, et donc la vue, sont privilégiés dans
– si furtivement que vous ne sauriez imaginer ; les deux cas : jeu de regard sur le spectateur du
– ne vous ai-je pas dit que ce que vous preniez tableau qui regarde les personnages qui le regar-
pour de la folie n’est qu’une hypercuité des dent ; importance de l’œil et du regard – l’assas-
sens ? sin regarde l’œil du vieil homme – dans la
– Maintenant, je vous le dis ; nouvelle. C’est par l’œil que tout commence,
– Me suivez-vous bien ? Je vous ai dit que j’étais avant que l’on ne passe de l’œil à l’ouïe.
nerveux. Le spectateur, et le lecteur sont pris à parti par
– Si vous persistez à me croire fou, cette croyance ce jeu de regards ; impression de malaise, comme
s’évanouira quand je vous décrirai les sages pré- s’il était pris par la folie. Cette impression est
cautions que j’employai pour dissimuler le accentuée par « l’effet-personnage » qui pousse
cadavre. le lecteur à s’identifier au « je » d’un récit.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 51
Séquence b Lire de la fiction : est-ce fuir ?
1. Le personnage se sent à l’aise ; avoir commis 5. Deux vignettes sur quatre présentent un
son crime et supprimé la cause de ses angoisses champ / contrechamp sur l’assassin et sur trois
(l’œil, le cœur battant) lui redonne son calme : il policiers identiques, représentés par leur fonc-
est souriant ( je souris), enthousiaste (dans l’en- tion ; le bruit du cœur en train de battre prend
thousiasme de ma confiance), triomphant (moi- tout l’espace de la 3e vignette (bruit très fort).
même, avec la folle audace d’un triomphe parfait). Sur la dernière vignette, l’assassin a perdu son
Ces sentiments le poussent à discuter avec les air impassible et avoue son crime. Ces 4 vignet-
policiers dans la chambre de la victime. tes en noir et blanc correspondent à la fin de l’his-
toire, et à la fin de la BD.
2. La situation change à partir de cette phrase :
Mais, au bout de peu de temps, je sentis que je 6. Le lecteur peut faire l’hypothèse que le per-
devenais pâle, et je souhaitai leur départ. sonnage a du remords d’avoir tué le vieil homme
De l’état de calme, il repasse à un état de nervo- car il est instable, nerveux et ne le détestait pas ;
sité. Il commence par sentir sa pâleur (signe exté- il a cédé à une pulsion mais le regrette. Il s’ima-
rieur), puis a mal à la tête et aux oreilles. À ce gine donc entendre le cœur battre. Le lecteur peut
moment-là, son malaise apparaît puisqu’il com- aussi imaginer que ce vieil homme mystérieux se
mence à se conduire de façon un peu étrange – il venge de son assassin ; d’un côté comme de
parle fort ; il respire mal puis se lève. l’autre, le personnage semble être le seul à enten-
Puis le malaise l’envahit complètement : il crie, dre le cœur battre. Même si la thèse de la folie
marche vite et fort, agite sa chaise. semble l’emporter, il est impossible pour le lec-
teur de décider rationnellement. La plupart des
3. Il avoue son crime car il imagine que ses inter- récits ou des films fantastiques se fondent sur
locuteurs savent tout. un décalage par rapport à la réalité, dû, soit à la
folie, soit au sommeil ou au rêve.
u Étude de la préface (document 2) 7. Les élèves devront fournir une réponse argu-
4. Est naturel ce qui existe dans la nature ➞ plau- mentée, illustrée par des exemples.
sible, cohérent, possible. Est surnaturel ce qui
n’existe pas, et n’obéit pas aux lois physiques de
notre monde ➞ impossible. Pour Todorov, le fan-
tastique est aux frontières entre ce qui est pos-
sible ou pas. Les élèves devront veiller à ne pas Écriture et oral
confondre merveilleux (contes de fées), fantasy
ou science-fiction, terreur ou horreur… dans les- 8. Les élèves doivent respecter la situation de
quels les événements racontés obéissent aux l’énonciation : récit en je, raconté au passé, et
lois du monde décrit, avec le fantastique. insérer des dialogues dans le récit. La réaction
La nouvelle de Poe est fantastique à condition des policiers doit être vue du côté du personnage
que le lecteur ne puisse pas décider si le person- qui dit « je ».
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 52
Séquence b Lire de la fiction : est-ce fuir ?
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 53
Objet d’étude X
Interrogation 3 Le lecteur d’œuvres de fiction fuit-il la réalité ?
Séquence A –
Lire la fictionss 2. Le professeur peut faire procéder à une recher-
che sur internet et s’appuyer sur les articles du
1. Le verbe « forger » vient du latin fabricare qui Dictionnaire des lieux imaginaires qui présentent
signifie fabriquer, façonner. Dans le contexte, les les mondes énoncés ci-dessous. Le renvoi aux
synonymes sont inventer et imaginer. La citation œuvres littéraires, cinématographiques, pictura-
renvoie à cette idée de fabrication, de construction les ou musicales données en référence permettra
de mondes imaginaires façonnés par les mots. de développer l’interrogation du programme.
Réflexions Caractéristiques
Lieu Référence Éléments scientifiques
associées des personnages
Les recherches visant à
D’après le philosophe confirmer l’existence de Les terres
Des êtres de grande
grec Platon, île l’Atlantide n’ont rien disparues, les
Atlantide puissance, victimes de
engloutie dans un donné. Par cette fable, royaumes
la colère des Dieux.
cataclysme. Platon fait valoir ses introuvables.
idéaux sur la démocratie.
Mondes
Île imaginaire dans le En lien avec les imaginaires dont
Les Lilliputiens
roman de J. Swift, Les découvertes du les organisations
Lilliput mesurent huit
Voyages de Gulliver, xviiie siècle et avec la sociales
centimètres de haut.
1721. littérature utopiste. rappellent les
nôtres.
Lewis Carroll, Alice au Des animaux doués de
pays des merveilles, À partir de
parole, des potions
1865 : Aucun, le parti pris situations
magiques, des
Pays des narratif est radicalement bizarres, l’héroïne
l’héroïne tombe dans orienté du côté de la créatures imaginaires ;
merveilles entame une
un terrier de lapin et fiction et du conte. une héroïne qui grandit
réflexion sur
accède à un monde ou rapetisse au cours
l’absurde.
merveilleux de ses aventures
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 54
Interrogation 3
Séquence B –
« LE cœur révélateur »ss
3. Quelques noms, d’architectes ou de lieux, peu-
vent orienter les élèves dans leurs recherches
1. Comparaisons et métaphores :
ainsi que le site : http://www.habiter-autrement.
Un de ses yeux ressemblait à celui d’un vautour, –
org/03_utopies/06_ut.htm En fonction du patri-
un œil bleu pâle, avec une taie dessus. Chaque fois
moine local, il peut être intéressant de bâtir un
que cet œil tombait sur moi, mon sang se glaçait ;
projet incluant la visite d’un lieu (la rotonde de
Je l’ouvrais juste pour qu’un filet imperceptible de
Ledoux à Paris, le familistère de Fourier à Guise,
lumière tombât sur l’œil de vautour.
la cité radieuse à Marseille, des musées à l’archi-
ce n’était pas le vieil homme qui me vexait, mais
tecture contemporaine…) ou un parcours photo-
son Mauvais Œil.
graphique dans la ville de l’établissement. Pour
Ces images sont en accord avec le texte parce
bâtir un projet culturel autour de l’Histoire des
qu’elles transforment le vieil homme en monstre,
Arts, il peut également être pertinent de se ren-
en prédateur dangereux, ce que le personnage
dre à la cité de l’architecture et du patrimoine du
imagine qu’il est.
Palais de Chaillot (Paris) ou d’en consulter le site
internet : http://www.citechaillot.fr 2. Les élèves doivent respecter le système
d’énonciation ➞ employer le « il » pour désigner
4. L’activité permet de pratiquer la lecture docu-
le vieil homme. Le récit doit exprimer la peur res-
mentaire, de s’entraîner à produire un discours
sentie par ce personnage.
explicatif et argumentatif à l’oral, de développer
Lexique de la peur : crainte, appréhension,
les compétences : « Interpréter le discours sur le
inquiétude, anxiété, effroi, alarme, frayeur, épou-
réel à travers le discours sur l’imaginaire » ; « contex-
vante, angoisse, émoi… Effrayé, effarouché,
tualiser et mettre en relation des œuvres traitant,
effaré, alarmé, affolé, apeuré…
par l’imaginaire, un même aspect du réel à des
époques différentes » ainsi que l’attitude : « être 3. Choix libre avec présentation orale, qui doit
curieux des représentations variées de la être fondée sur les critères du fantastique définis
réalité. » p. 59, document 2.
5. La description de l’abbaye de Thélème inter-
vient au chapitre 53 de Gargantua, « Comment
fut bâtie et dotée l’abbaye des Thélémites. » La
description est à la fois précise (on peut quasi- 4. Les passages où le personnage exprime son
ment en dessiner le plan) et métaphorique du angoisse sont ceux qui précèdent le meurtre et
bon vivre qui doit y régner. L’exagération, l’em- qui précèdent l’aveu. Ils nous révèlent que ce per-
phase et la richesse la caractérisent. L’élève peut sonnage a des comportements et des idées
imprimer le plan de l’abbaye, en effectuant une étranges qui révèlent une certaine fragilité, et
recherche d’images, avant de commencer son pas la force dont il s’imagine faire preuve.
travail d’écriture. Pour aller plus loin dans l’étude de cette nouvelle,
on peut visionner ou demander aux élèves de
visionner les nombreuses versions animées ou
filmées inspirées du Cœur révélateur, que l’on
trouve sur internet.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 55
Histoire des arts page 63 du manuel
Première impression
l’impression d’une façade qui ondule, presque
1 Cette première activité est tournée vers la
vivante. L’impression de fantastique s’inscrit
recherche lexicale et sa précision. Le classement
cette confusion des impressions : est-ce un rêve
permet de distinguer la perception (impression)
ou la réalité ?
que l’on peut avoir d’un objet et la manière dont
cette perception entre en contact avec la culture 6 L’échange de points de vue conduit les élèves
de chacun, les références (le goût). à s’interroger sur leur perception du monde en la
confrontant à celle d’autres lieux et d’autres épo-
2 Deux types de lignes s’opposent sur cette
ques, dans la lignée de l’objet d’étude de 2e :
façade, les lignes brisées et les courbes. Sur cette
« Des goûts et des couleurs discutons-en ».
façade, l’architecte a voulu privilégier la mise en
scène du mouvement et du relief.
3 Les balcons des étages supérieurs peuvent Mises en contexte
faire penser à des masques de carnaval (des 7 Une recherche sur les œuvres de Gaudí permet
loups). Les balcons inférieurs, constitués de d’explorer les œuvres de cet architecte et son
lignes brisées et verticales peuvent évoquer des impact sur la ville de Barcelone. Un temps parti-
bouches grandes ouvertes, des fanions de balei- culier peut être consacré à l’œuvre inachevée de
nes. De la rue, le passant peut ainsi se sentir La Sagrada familia et aux raisons qui poussent
observé par des êtres étranges. les autorités locales à poursuivre l’édification de
cette cathédrale. On peut également centrer la
recherche sur le bestiaire de Gaudí, et sa vision
Analyse de la façade fantastique de l’architecte, à mettre en relation
4 Les matériaux employés pour cette façade : avec quelques éléments biographiques.
métal, béton, mosaïque aux couleurs vives. Le
passant peut être surpris par ce mélange hétéro-
8 La description du lieu implique une recherche
sur l’intérieur de l’immeuble, sa conception
clite qui allie des matériaux de construction habi-
comme lieu d’habitation, et le projet urbanistique
tuels à d’autres que l’on trouve davantage dans
qui l’entoure. La production écrite rendra compte
les intérieurs.
des impressions du visiteur grâce à l’emploi du
5 L’opposition entre les creux et les pleins, le lexique de l’étrange, du merveilleux, du
contraste entre l’ombre et la lumière, donnent fantastique.
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 56
Étude de la langue pages 66-67 du manuel
Grammaire
1
« dents « aux cils de bâtons « aux sourcils
« chevelure de « la taille
Métaphores d’empreintes de d’écriture de bord de nids
feu de bois » de sablier »
souris blanche » d’enfants » d’hirondelle »
Comparé Chevelure Taille Dents Cils Sourcils
2 a. La comparaison : « ressemblait à celui d’un tions très inégalitaires entre les deux époux :
vautour », l’œil de l’homme est comme l’œil du l’homme contrôle sa femme en l’interrogeant,
vautour ; le verbe est le mot outil « ressembler à ». puis en lui imposant sa volonté.
b. La personnification : « tombait sur moi », « me 5 Voici un exemple, dans lequel le texte cité peut
délivrer de l’œil à tout jamais », l’œil est person- avoir quatre interprétations différentes, suivant
nifié, de plus on peut souligner que cet œil est la ponctuation utilisée.
métonymique de l’homme tout entier. Un homme riche était au plus mal. Il prit un papier
3 La figure de style qui est utilisée dans cette et un stylo pour écrire ses dernières volontés :
publicité est la comparaison. « Je laisse mes biens à ma sœur non à mon neveu
On compare la Petit chaperon rouge et la voiture jamais sera payé le compte du tailleur rien aux
rouge, les loups rôdent autour d’elle, comme le pauvres. » Mais le mourant passa l’arme à gau-
grand méchant loup autour de l’enfant. Le slogan che avant de pouvoir achever la ponctuation de
reprend les mots du conte : « Comme vous avez son billet. À qui laissait-il sa fortune ?
un petit prix ! C’est pour mieux vous séduire, belle Son neveu décide de la ponctuation suivante :
enfant ! », il s’agit d’un détournement du dialogue « Je laisse mes biens à ma sœur ? Non ! À mon
entre le loup et l’enfant dans la scène finale. neveu. Jamais sera payé le compte du tailleur.
Rien aux pauvres. »
Évidemment, la sœur n’est pas d’accord. Elle ponc-
Types de phrase et ponctuation
tuerait plutôt le mot de la sorte : « Je laisse mes
4 Dans les deux échanges de répliques que com- biens à ma sœur. Non à mon neveu. Jamais sera
porte cet extrait, on trouve à chaque fois : une payé le compte du tailleur. Rien aux pauvres. »
phrase interrogative (la Barbe bleue interroge sa Le tailleur demande la copie de l’original et ponc-
femme), une phrase déclarative (la jeune femme tue à sa manière : « Je laisse mes biens à ma
répond) et une phrase impérative ou exclamative sœur ? Non ! À mon neveu ? Jamais ! Sera payé le
(la Barbe bleue donne un ordre). Ces types de compte du tailleur. Rien aux pauvres. »
phrases et leur succession soulignent les rela-
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 57
étude de la langue pages 66-67 du manuel
Là-dessus, les gueux de la ville entrent dans la dre les autres. L’essentiel est qu’il puisse dévelop-
maison et s’emparent du billet. Ils proposent leur per les ressources intérieures qui lui permettront
version : « Je laisse mes biens à ma sœur ? Non ! d’avoir confiance en lui-même et en l’avenir.
À mon neveu ? Jamais ! Sera payé le compte du
tailleur ? Rien. Aux pauvres ! »
7 Proposition de modalisation du résumé :
Oui, la tâche principale de l’éducation est bien
d’aider l’enfant à donner un sens à sa vie. Il me
Point de vue et modalisation semble important d’avoir à l’esprit qu’en grandis-
sant, l’enfant est appelé à surmonter des crises de
6 Proposition de résumé : croissance qui l’amènent à se comprendre mieux
La tâche principale de l’éducation est d’aider l’en- et à comprendre les autres. L’essentiel est qu’il
fant à donner un sens à sa vie. En grandissant, l’en- puisse développer les ressources intérieures qui
fant est appelé à surmonter des crises de croissance lui permettront d’avoir confiance en lui-même et
qui l’amènent à se comprendre mieux et à compren- en l’avenir.
Lexique
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 58
Interrogations 1-2-3
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 59
Vers le Bac Pro pages 70-71 du manuel
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 60
Interrogations 1-2-3
Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 61