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Objet d’étude 1

Du côté de l’imaginaire pages 10 à 71 du manuel

Interrogation 1La fable, le conte, les récits imaginaires


sont-ils réservés aux jeunes lecteurs ?
Séquence A À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ? 5-13
1. Grimm, Bettelheim 2. Minh Tran Huy
• Évaluation La Fontaine, J.-P. Mothe
Séquence b 
Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs et de nos peurs ? 14-21
1. et 2. Perrault 3. C. Fréchette, A. Luthaud
• Évaluation Bettelheim
Activités et recherches  22-23

Histoire des arts Le Douanier Rousseau, Le Rêve 24-25

Interrogation 2Comment l’imaginaire joue-t-il avec les moyens du langage,


à l’opposé de sa fonction utilitaire ou référentielle ?

Séquence A Peut-on jouer avec les mots et avec les images ? 28-29
1. Jastrow, Raetz, Pignon-Ernest, Borrel de Caso, Cabanès, Holbein le jeune 2. MC Solaar, R. Devos,
Magritte, Prévert 3. Pérec, Lescure, Apollinaire
• Évaluation Merian, Apollinaire
Séquence b Parlez-moi d’amour… surréaliste ? 30-36
1. Breton, Miró 2. Éluard, Aragon, Ernst 3. Péret, Desnos, Hugnet, Chirico, Sage 4. Desnos, Dalí
• Évaluation Éluard, Man Ray
Activités et recherches  37-38

Histoire des arts Dalí, La Persistance de la mémoire 39-40

Interrogation 3 Le lecteur d’œuvres de fiction fuit-il la réalité ?

Séquence A Lire de la fiction : est-ce fuir ? 41-47


1. Fred Boucher, Chririco, Schuiten et Peeters, Queneau 2. Manguel et Guadalupi, H. Pratt
• Évaluation Calvino, Manguel et Guadalupi, Schuiten et Peeters
Séquence b Le Cœur révélateur, d’E. A. Poe : un récit fantastique ? 48-53
1. Poe, A. Breccia 2. Poe, H. Clarke 3. Poe, A. Breccia
• Évaluation A. Breccia, Poe
Activités et recherches  54-55

Histoire des arts Gaudí, Façade de la casa Batló 56

étude de la langue Grammaire - Lexique  57-59

vers le Bac pro  60-61


Interrogation 1
La fable, le conte, les récits imaginaires
sont-ils réservés aux jeunes lecteurs ?

Séquence A À quoi sert la cruauté dans les récits


imaginaires ? pages 12 à 17 du manuel

Introduction au travail de la séquence

Dans cette séquence, on s’interroge sur les destinataires des récits


imaginaires, en particulier ceux des contes et des fables, qu’une tradition
scolaire a coutume de réserver aux enfants. Or on sait, par exemple, que
Les Fables de la Fontaine ont conquis lors de leur parution un public adulte
et lettré, en dépit de la dédicace des six premiers Livres au dauphin Louis
alors âgé de sept ans, et en dépit de la Préface, également de 1668, sur
le rôle éducatif des fables :
« C’est pour ces raisons que Platon ayant banni Homère de sa Répu-
blique y a donné à Ésope une place très honorable. Il souhaite que les
enfants sucent ces fables avec le lait ; il recommande aux nourrices de
les leur apprendre : car on ne saurait s’accoutumer de trop bonne heure
à la sagesse et à la vertu. Plutôt que d’être réduits à corriger nos habitu-
des, il faut travailler à les rendre bonnes pendant qu’elles sont encore
indifférentes au bien ou au mal. Or, quelle méthode y peut contribuer plus
utilement que ces fables ? Dites à un enfant que Crassus, allant contre
les Parthes, s’engagea dans leur pays sans considérer comment il s’en
sortirait ; que cela le fit périr lui et son armée, quelque effort qu’il fît pour
se retirer. Dites au même enfant que le Renard et le Bouc descendirent
au fond d’un puits pour y éteindre leur soif ; que le Renard en sortit, s’étant
servi des épaules et des cornes de son camarade comme d’une échelle ;
au contraire, le Bouc y demeura pour n’avoir pas eu tant de prévoyance ;
et par conséquent il faut considérer en toute chose la fin. Je demande
lequel de ces deux exemples fera le plus d’impression sur cet enfant. Ne
s’arrêtera-t-il pas au dernier, comme plus conforme et moins dispropor-
tionné que l’autre à la petitesse de son esprit ? Il ne faut pas m’alléguer
que les pensées de l’enfance sont d’elles-mêmes assez enfantines, sans
y joindre encore de nouvelles badineries. Ces badineries ne sont telles
qu’en apparence ; car, dans le fond, elles portent un sens très solide. Et
comme, par la définition du point, de la ligne, de la surface, et par d’autres
principes très familiers, nous parvenons à des connaissances qui mesu-
rent enfin le ciel et la terre ; de même aussi, par les raisonnements et les
conséquences que l’on peut tirer de ces fables, on se forme le jugement
et les mœurs, on se rend capable des grandes choses. »
Jean de La Fontaine, Préface à la première édition des Fables, 1668.
On retrouve cette question des destinataires des fables un siècle
plus tard dans l’Émile, le roman de Jean-Jacques Rousseau consacré à

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 5
À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ?

l’éducation, paru en 1762. Rousseau pense que les fables ne sont pas
faites pour les enfants, pour deux raisons : le texte des fables est souvent
trop complexe ; d’autre part, les morales qui terminent ces fables sont
souvent ambiguës ; on prétend vouloir y enseigner aux enfants la vertu,
mais on y trouve d’innombrables exemples de malhonnêteté, de fourbe-
rie, d’égoïsme, etc.
« On fait apprendre les fables de la Fontaine à tous les enfants, et
il n’y en a pas un seul qui les entende. Quand ils les entendraient, ce
serait encore pis ; car la morale en est tellement mêlée et si dispropor-
tionnée à leur âge, qu’elle les porterait plus au vice qu’à la vertu. »
(Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l’éducation, 1762, livre second).

Rousseau prend l’exemple d’une des fables les plus connues et


réputées les plus faciles de La Fontaine, Le Corbeau et le Renard, et en
fait un commentaire détaillé pour en montrer les subtilités, inabordables
selon lui pour un enfant de 10 ans. Il conclut que lui-même continuera de
lire les fables avec plaisir en tant qu’adulte, mais qu’il ne fera pas figurer
les fables dans son programme d’éducation : « Je promets, quant à moi,
de vous lire avec choix, de vous aimer, de m’instruire dans vos fables ;
car j’espère ne pas me tromper sur leur objet ; mais, pour mon élève, per-
mettez que je ne lui en laisse pas étudier une seule jusqu’à ce que vous
m’ayez prouvé qu’il est bon pour lui d’apprendre des choses dont il ne
comprendra pas le quart ; que, dans celles qu’il pourra comprendre, il ne
prendra jamais le change, et qu’au lieu de se corriger sur la dupe, il ne se
formera pas sur le fripon. » (Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l’édu-
cation, 1762, livre second).
Quand aux contes, ils sont généralement définis comme merveilleux,
et pourtant aucun conte ne fait l’économie de la violence, sous une forme
ou une autre :
– la violence physique : mutilation des sœurs de Cendrillon, Petit
Chaperon Rouge dévoré par le loup, filles de l’ogre égorgées par leur père,
dans Le Petit Poucet…
– la violence morale : Cendrillon et le Petit Poucet sont méprisés,
Peau d’âne est victime du désir incestueux de son père ;
– la violence verbale : les insultes, Cendrillon est un diminutif de
« cucendron », Peau d’âne est une « noire taupe » ;
– la violence de la nature : la forêt est le lieu de tous les dangers,
on y rencontre le loup et on y perd les enfants.
La présence de la violence doit-elle signifier que le conte ou la fable
sont réservés aux adultes ?
Charles Perrault, en 1695, semble penser que non : il note par exem-
ple, en marge du dialogue final du Petit Chaperon rouge, « On prononce
ces mots d’une voix forte pour faire peur à l’enfant comme si le loup l’allait

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 6
Interrogation 1

manger ». Pour lui, la violence est là pour susciter la peur, une peur censée
dissuader l’enfant d’imiter certains comportements (écouter les « loups »,
par exemple).
Il est vrai que la violence est un motif nécessaire à la structure du
conte. La plupart du temps, dans le schéma narratif du conte, l’agression
violente est l’élément perturbateur, elle génère les actions des héros, et
en général la situation finale est un retour au calme : l’agresseur a été
anéanti. C’est donc un motif nécessaire voué à s’effacer devant la force
morale du héros. Ainsi, dans sa structure même, le conte montre une
issue hors de la violence, donne au lecteur des outils symboliques pour
s’en libérer.
De plus la violence représentée dans l’écriture se distingue de la
violence brute : distanciée par le déroulement d’ensemble de l’œuvre,
élaborée par la mise en mots ou en images, elle peut avoir un effet de
catharsis. Bruno Bettelheim, dans Psychanalyse des contes de fées, rap-
pelle que la violence est inhérente à l’enfant, et que la voir relayée par
les mots du conte est nécessaire à son bon développement psychologi-
que. Les contes permettent à l’enfant de nommer, de matérialiser et par
là même de limiter ce qui lui fait peur : en incarnant ses pulsions de peur,
de violence dans des personnages, il apprend à les apprivoiser et à les
maîtriser.
On pourra aider les élèves à s’interroger à partir de cette hypothèse :
l’adulte retrouve dans les contes des problématiques qui le concernent
tout autant que l’enfant, parce qu’un être humain n’en a jamais fini de se
construire, et de se libérer. Inversement, l’enfant connaît dès sa naissance
des pulsions violentes et ce n’est pas lui rendre service de les lui cacher,
au contraire.
La séquence peut aussi permettre aux élèves de réfléchir sur leur
propre perception de la violence dans les récits imaginaires et de les
interroger sur leur propre expérience : quels récits imaginaires les ont
aidés ou les aident aujourd’hui à apprivoiser leur propre violence en en
parlant ? Quels scénarios imaginaires ont-ils eux-mêmes envie de
construire à partir de ces récits ?

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 7
Séquence A À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ?

1. Pourquoi les contes de fée


sont-ils parfois des contes d’effroi ? pages 12-13 du manuel

Lecture dent pardon. Cendrillon épouse le prince et marie


ses sœurs à deux grands seigneurs.
u Étude du conte (document 1) Résumé du conte de Cendrillon
1. Résumé du conte de Cendrillon  par les frères Grimm
par Charles Perrault. À partir d’une même trame (un père remarié à une
Un homme riche perd sa femme et se retrouve marâtre dont les filles sont, comme elle, aussi
seul avec sa fille. Il se remarie avec une veuve belles que mauvaises, et traitent sa fille en
belle et orgueilleuse, et mère de deux filles. esclave, laquelle trouve son salut grâce à l’aide
Autant sa propre fille est bonne, autant les filles de pouvoirs surnaturels) le conte des frères
de sa nouvelle épouse sont méchantes. Après le Grimm comporte un certain nombre de différen-
mariage, la nouvelle épouse force sa belle-fille à ces d’avec celui de Perrault.
s’occuper de toutes les tâches ménagères. On – Les mauvais traitements de la nouvelle épouse
l’appelle Cendrillon car elle est sans cesse dans et de ses filles à l’égard de Cendrillon y sont beau-
la cheminée, au milieu des cendres. Un jour, le coup plus détaillés : elles l’insultent et se
fils du roi invite les nobles du royaume à un bal. moquent d’elle, lui arrachent ses habits, se plai-
Ses sœurs parties au bal, Cendrillon se met à sent à défaire son travail pour l’obliger à
pleurer : elle aussi aimerait y aller. Sa marraine, recommencer.
qui est fée, transforme une citrouille en carrosse, – L’opposition entre la candeur de Cendrillon et
un rat en cocher, des lézards en laquais, ses la vanité de ses sœurs est beaucoup plus déve-
haillons en beaux habits, et envoie Cendrillon au loppée : Cendrillon va tous les jours prier sur la
bal, tout en la prévenant que ces sortilèges ces- tombe de sa mère et reste bonne et pieuse ;
seront à minuit et qu’elle devra donc être rentrée quand son père lui demande quel cadeau lui
avant. Arrivée au bal, Cendrillon est admirée de ferait plaisir, elle lui demande de cueillir le pre-
tous ; le fils du roi l’invite à danser et ne regarde mier rameau qui touchera son chapeau, là où ses
qu’elle. À minuit moins le quart, elle prend congé sœurs demandent de riches vêtements, des
et le prince l’invite pour le bal du lendemain. bijoux et des pierres précieuses.
Lorsqu’elles rentrent, ses sœurs lui racontent – Cendrillon apparaît proche de la nature, et c’est
qu’une belle jeune fille que personne ne connaît dans la nature que se manifeste le merveilleux :
a dansé avec le prince. Le lendemain au bal, Cen- quand elle pleure, ses pleurs font pousser le
drillon ne voit pas passer le temps. Au premier rameau rapporté par son père ; des oiseaux s’y
coup de minuit, elle s’enfuit et court tellement vite posent et l’aident à trompher des épreuves qu’on
qu’elle perd l’une des souliers de verre que lui a lui oppose pour l’empêcher d’aller au bal ; fina-
donnés la fée. Le prince le ramasse, et décide lement, l’arbre lui permet d’aller au bal et de se
qu’il va la faire essayer à toutes les femmes cacher en rentrant du bal.
nobles du royaume pour retrouver celle qu’il – Il y a trois bals successifs et non deux ; à chaque
aime. Le lendemain, un gentilhomme vient chez fois, le prince court à la poursuite de sa cavalière
Cendrillon. Il fait essayer la pantoufle à ses et la rate de peu ; la dernière fois, c’est lui qui
sœurs, qui ne peuvent la mettre. Cendrillon l’en- provoque la perte de la chaussure (une pantoufle
file sans problème et sort la seconde pantoufle en or) en enduisant son escalier de poix.
de sa poche. Sa marraine apparaît et lui rend ses – Non seulement les sœurs se mutilent pour ten-
beaux vêtements. Ses belles-sœurs lui deman- ter de mettre la pantoufle en or, mais elles finis-

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 8
Interrogation 1

sent les yeux crevés par les oiseaux lorsqu’elles plus besoin d’aller à pied », laissant entendre la
assistent au mariage de Cendrillon sans y être condition de reine est plus importante que la
invitées. santé. Les filles obéissent à leur mère sans se
La version du conte Cendrillon par Perrault est poser de questions, dans ce texte, elles n’ont pas
sans doute connue des élèves, mais il est proba- la parole. La gravure de Lili souligne la cruauté
ble que celle des frères Grimm, d’où est tiré cet de la scène, attirant l’attention sur le sang versé
épisode, leur est inconnue. L’effet qu’ils peuvent pour entrer dans cette fameuse chaussure, sym-
ressentir en lisant cet épisode, où la mère bole du mariage avec le Prince et donc d’une vie
demande à ses filles de se mutiler, peut être l’hor- féerique.
reur, l’effroi, le scandale, la révolte, etc. Les rapports entre le Prince et les jeunes filles
sont faussés : le Prince pense avoir trouvé celle
2. Les rapports entre la mère et ses deux filles
qui l’a ébloui lors du bal mais il se trompe. Les
sont de soumission. La mère, cruelle et domina-
filles sont intéressées par le Prince, non parce
trice, impose des actes horribles à ses filles, c’est
qu’elles l’aiment mais parce que la condition de
elle qui commande (utilisation des impératifs
Reine les intéresse.
« coupe ») et qui tend le « couteau ». Elle justifie
ces mutilations « Quand tu seras reine, tu n’auras
3.
Manifestation de la cruauté Passages précis du texte
lignes 4 à 6 et 17 à 20 : ordres de la mère,
– mutilation des pieds description des actes de se couper l’orteil
Lexique ou le talon.
lignes 13-15 et 27-33 : le prince se débarrasse
– indifférence du prince au sang coulé prestement des fausses fiancées sans aucun
égard pour leur souffrance.
Répétitions des Tout a lieu 2 fois : l’essayage
situations dans la chambre, la mutilation, lignes 2 à 15
l’avertissement des colombes,
la vision du sang par le prince, lignes 15 à 30
le retour chez les sœurs

Les ordres de la mère lignes 4 à 5 ; 17 à 18


Paroles
Les colombes lignes 9 à 12 ; 23 à 26
au discours direct
Les demandes du prince lignes 31 à 33

La mère dispose du corps « Coupe-toi ce doigt… », « sa mère lui tendit le


Rapport entre de ces filles. couteau »
les personnages Le prince va et vient d’une fille à une autre « Celle-là n’est pas non plus la bonne, n’avez-
comme si c’était des marchandises. vous pas d’autre fille ? »

u Étude des illustrations (document 2 et 3)


les Perrault. Il s’agit de l’épisode où le loup
4. Le document 2 illustre le conte du Petit Poucet
dévore l’enfant. L’héroïne meurt.
de Charles Perrault. Il s’agit de l’épisode où l’ogre
veut dévorer les petits garçons. Le héros sera Résumé du conte Le Petit Poucet
sauvé par sa ruse (il échange les bonnets et C’est l’histoire d’une famille pauvre dont les
l’ogre égorgera ses propres filles). Le document 3 parents abandonnent les garçons par peur de les
illustre le conte du Petit Chaperon Rouge de Char- voir mourir. Lors d’une première tentative pour

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À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ?

les abandonner, les enfants sont sauvés grâce à Dans les deux contes, la cruauté est celle de la
l’ingéniosité du plus jeune, le petit Poucet, qui se dévoration. Dans Le Petit Poucet, l’ogre égorge
munit de cailloux blancs et parvient à les ramener ses propres filles avec l’intention de manger les
tous à la maison. La seconde fois, les parents pré- sept petits garçons, dans le Petit Chaperon rouge,
venus empêchent la même ruse de se produire et le Loup dévore la grand-mère et le Petit Chaperon
les enfants, bel et bien perdus cette fois, se réfu- rouge. Dans le document 2, l’ogre montre les
gient dans la maison d’un ogre. Celui-ci, à qui sa crocs, l’ombre ne fait qu’accroître son aspect
femme a préparé un festin, accepte d’attendre le effrayant, les enfants et l’ogresse sont terrifiés
lendemain pour les tuer mais se ravise en pleine et semblent hurler. Dans le document 3, le loup
nuit. Les sept garçons sont couchés dans un grand domine la situation, l’effroi de l’enfant est montré
lit à côté de celui des sept filles de l’ogre. Prudent par ses membres écartés, et son visage apeuré.
et rusé, le petit Poucet a échangé leurs bonnets Le rôle de la cruauté est de mettre en garde les
de garçons contre les couronnes d’or des filles. enfants contre les inconnus (Le Petit Chaperon
L’ogre entre dans la chambre pendant la nuit, tue rouge) et d’encourager l’enfant à se défendre,
ses filles en croyant tuer les garçons. Les petits afin que la violence se retourne contre son auteur
s’enfuient et l’ogre fou de rage part à leur recher- (dans Le Petit Poucet l’ogre s’en prend à ses pro-
che à l’aide de ses bottes de sept lieues. Fatigué, pres filles et les enfants s’en sortent).
il s’assied sur la pierre sous laquelle les enfants
se sont cachés. Le Petit Poucet convainc ses frères u Étude de l’interview (document 4)
de rentrer chez eux. De son côté, il enfile les bottes 5. Le psychanalyste Bruno Bettelheim évoque la
des sept lieues, court jusqu’à la chaumière de fin du conte de Cendrillon par les frères Grimm,
l’ogre, convainc la femme de lui donner sa fortune qui comporte des détails d’une grande cruauté
car il est fait prisonnier ; pour mieux la convaincre, (yeux crevés) : il insiste sur le fait que la mort
il dit qu’il lui a même prêté ses bottes pour aller dans les contes de fée est « toujours symboli-
plus vite. Le Petit Poucet rentre ainsi chez ses que » (c’est-à-dire doit être interprétée) : « c’est
parents qui l’accueillent avec joie et la mort dans la vie » : l’héroïne est valorisée pour
soulagement. sa bonne conduite alors que les sœurs de Cen-
drillon payent pour leur méchanceté. La morale
Résumés du conte Le Petit Chaperon rouge pourrait être que seuls le cœur, la bonté, ce qui
– La version de Charles Perrault, l’héroïne en est est intérieur, sont importants et que l’artifice, ce
une jeune fille bien élevée, la plus jolie du village, qui est apparent, n’est rien.
qui court à sa perte en donnant au loup qu’elle
rencontre dans la forêt les indications nécessaires
pour trouver la maison de sa grand-mère. Le loup Écriture et oral
mange la vieille dame en se cachant des bûche-
rons qui travaillent dans la forêt voisine. Il tend 6. Voici quelques pistes pour faire travailler les
ensuite un piège au Petit Chaperon rouge et finit élèves :
par la manger. • Dans un premier temps, ils peuvent rappeler
– La version des frères Grimm contient une suite : que oui, les contes de fée sont parfois des contes
la fillette et sa grand-mère sont sauvées par un d’effroi, comme ils ont pu le constater dans les
chasseur qui suivait la piste du Loup : le trouvant contes étudiés :
endormi chez la grand-mère, il lui ouvre le ventre – Cendrillon : l’extrait porte sur la mutilation
et en extrait la fillette et sa grand-mère ; celles-ci demandée par la marâtre de Cendrillon et approu-
sont ensuite capables de piéger et tuer un autre vée par ses filles ; mais le conte regorge d’exem-
loup, anticipant ses gestes grâce à l’expérience ples supplémentaires (voir réponse aux questions
acquise au cours de la première histoire. 1 et 3).

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 10
Interrogation 1

– Le Petit Poucet : l’image montre un homme qui, – Dans le premier conte, fonction symbolique de
la gueule béante, ressemble à une bête sauvage, réparation : après avoir subi la violence quoti-
mais nul n’est exempt de cruauté parmi les adul- dienne de sa belle-mère et de ses belles-sœurs,
tes de ce conte : parents n’hésitant pas à abon- et assisté à leur terrible soif de paraître (au prix
donner par deux fois des enfants dans la forêt, de mutilations), Cendrillon voit sa justesse et sa
femme de l’ogre passive, sinon complice des modestie reconnues comme de vraies valeurs :
exactions de son mari ; elle se marie, et cesse d’être importunée par les
– Le Petit Chaperon rouge : l’image montre le loup méchants ; la punition de ces derniers n’est pas
en train de dévorer sa seconde victime, l’enfant. de son fait, mais vient de la nature (les oiseaux).
La cruauté ici n’est pas tant dans l’image, peu – Dans le second, fonction de défense de la
sanglante et présentant un loup énorme mais cruauté, dans la lutte pour la survie : le petit Pou-
assez paisible, que dans l’absence de rédemt- cet ne condamne à mort les sept petites ogresses
pion des victimes : elles sont bien mortes ! que pour se sauver et sauver ses frères. Cette
• Dans un second temps, ils peuvent prêter atten- cruauté de la survie est légitimée pour en surmon-
tion à l’équilibre d’ensemble de chacun des ter d’autres, celle de l’ogre et celle des parents.
contes, qui permet à l’enfant comme à l’adulte – Dans le troisième, fonction d’avertissement. Le
de se rendre compte que dans les conte la cruauté petit chaperon rouge, par sa disparition, met en
n’est jamais gratuite, mais remplit une fonction garde les enfants contre les prédateurs et la
vitale : cruauté de cette fin est là pour faire sentir que le
danger est réel.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 11
Séquence A À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ?

2. Dans ce récit, la cruauté permet-elle


de fuir son destin ? pages 14-15 du manuel

Lecture
u Étude du troisième extrait (document 3)
u Étude du premier extrait (document 1) 5. Le frère ressent des sentiments nouveaux de
1. Les éléments appartenant au conte sont : la for- « paix », de « joie », de « sérénité ».
mule « Il était une fois… », le caractère atemporel 6. Le champ lexical du changement de destin :
du récit, l’indétermination des personnages (pas « délivré », « changer de nom », « s’inventa un
de prénom), une situation difficile : des orphelins, passé », « réussit ».
la présence des enfants (le frère et la sœur rap-
pellent Hansel et Gretel), le lieu de l’action (la
forêt, lieu de tous les dangers), la brièveté du récit, u Mise en relation des trois extraits
le schéma actantiel (des adjuvants, des oppo- 7. Dans ce conte, la cruauté se manifeste tout
sants, une quête…), la prédiction « vous épouse- d’abord dans l’assassinat de la sœur par le frère.
rez fatalement votre sœur. Rien ne pourra À l’horreur du fratricide, s’ajoute le choix de
détourner le cours de votre destin » figurant la l’arme, la hache, et l’aspect réfléchi du crime.
fatalité, la destinée. Notons aussi le contraste entre la douceur de la
forêt, l’innocence et la confiance de la fillette, et
2. L’atmosphère qui se dégage de cet extrait est
l’acte barbare du frère.
heureuse et aimante.
Mais on peut dire que la prédiction du vieillard,
On trouve le champ lexical du bonheur : « rires »,
qui enferme en quelques mots dans un destin
« gaieté », « chants », « fête », « en souriant » ainsi
incestueux, était également d’une grande
que celui de l’amour fraternel : « sœur », « frère »,
cruauté, source de tourments sans nombre. Si
« tendresse », « protégeait », « couple ».
bien que, d’une cruauté à l’autre, il semble qu’il
3. Même si ce début semble trop beau pour que n’y avait pas d’échappatoire possible pour les
cela continue, les élèves sont libres d’imaginer personnages.
des hypothèses optimistes ou pessimistes sur la
suite.
Écriture et oral
u Étude du second extrait (document 2) 8. Ce sujet, qui consiste à continuer un texte,
4. Les mots qui indiquent le changement d’at- implique de suivre les contraintes suivantes :
mosphère de ce conte sont : – parler au nom de l’énonciateur donné par le
– les mots du vieillard (fin du § IV) ; texte, l’épouse ;
– le champ lexical de l’angoisse : « épouvanta », – orienter le propos en fonction du destinataire,
« incapable de s’en défaire » ; « hantait », « sans le jeune homme ;
lui laisser de répit », « tourments », « résolution – utiliser le système des temps propres au récit
désespérée », « poursuivi par son crime », « hanté (imparfait / passé simple).
par l’image de sa sœur effondrée ». Après avoir fait faire cette activité d’invention aux
On peut penser que la sœur est morte et que le élèves, on peut les inviter à lire la fin du conte de
frère ne se remettra pas de son acte et mourra Minh Tran Huy, intitulée « Le rocher de l’attente »,
de chagrin. dans Le Lac né en une nuit, Acte Sud, 2008.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 12
Séquence A À quoi sert la cruauté dans les récits imaginaires ?

Évaluation pages 16-17 du manuel

Évaluation métaphore « le livre n’est plus à sa pointure ». Il


compare l’achat des contes à l’achat de « sou-
des compétences de lecture liers ». L’utilisation de ce terme n’est sans doute
10 points pas un hasard, on peut y voir une allusion à Cen-
drillon (cf. manuel p. 12).
u Document 1
1. La morale est donnée au tout début de la fable :
« il faut s’entraider ; c’est la loi de la nature » et
Évaluation
se trouve répétée à la fin « j’en conclus qu’il faut des compétences d’écriture
qu’on s’entraide ». En encadrant sa fable de la
10 points
morale, La Fontaine insiste sur le caractère indis-
pensable de l’entraide, sur l’obligation absolue 6a. Le rôle de la cruauté dans les récits imaginai-
de suivre cette règle. res (Proposition de plan) :
– Un rôle didactique : le héros, en triomphant des
2. L’âne ne permet pas au chien de se nourrir car
obstacles et des épreuves souvent cruels du
il ne veut pas perdre une miette de son propre
conte, montre la voie à l’enfant qui fait l’appren-
repas. Son avidité et sa gloutonnerie le rendent
tissage de la vie dans la réalité. Ex. Le Petit
indifférent à la faim d’autrui.
Poucet.
3. La cruauté se manifeste à travers : l’attitude – Un rôle de divertissement, identification au
égoïste de l’âne à l’égard du chien « mourant de héros qui triomphe du mal, Hansel et Gretel.
faim » ; l’attaque du loup qui « étrangla le Bau- – Un rôle moralisateur : faire la différence entre
det » ; la vengeance du chien qui donne des le bien et le mal, Cendrillon, les méchantes sœurs
conseils à l’âne au lieu de l’aider « casse-lui la seront punis et Cendrillon récompensé pour sa
mâchoire », « tu l’étendras tout plat ». bonté.
Comme souvent chez La Fontaine, le récit exem- – Un rôle psychologique : « Si notre peur d’être
plaire produit un renversement : l’âne tout dévoré se matérialise sous la forme d’une sor-
d’abord comblé se retrouve croqué ; le chien tout cière, il est facile de s’en débarrasser en la faisant
d’abord affamé se retrouve sauvé. rôtir dans un four ! » (Marthe Robert)

4. Détails cruels présents dans les illustrations : 6b. Pour évaluer les élèves, on peut se poser un
– l’attaque du loup, devant le chien souriant ; certain nombre de questions :
– la mort de l’âne en gros plan, la tête baignant – le choix de l’animal est-il original ?
dans son sang. – son rôle est-il respecté ?
– la structure de la fable est-elle respectée ?
– y a-t-il présence de dialogues ?
u Document 2 – la présentation est-elle soignée ?
5. La thèse de J.-P. Mothe est que les contes – prend-on plaisir à la lecture du texte ?
s’adressent à tout public : « c’est une idée bien
contemporaine que de penser qu’un texte de Quelques éléments bibliographiques
valeur puisse être écrit pour une tranche d’âge En plus des titres cités dans la séquence, on peut
donnée ». Il utilise une comparaison : « que valent consulter le numéro des Textes et Documents
ces livres qu’on propose d’acheter comme on pour la Classe, n° 832, paru le 15 mars 2002, et
achète des souliers », et la poursuit avec une intitulé « Les Contes ».

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 13
Interrogation 1
La fable, le conte, les récits imaginaires sont-ils réservés aux jeunes
lecteurs ?

Que nous dit La Barbe bleue


Séquence B de nos désirs et de nos peurs ?
pages 18 à 25 du manuel

Introduction au travail de la séquence

Les contes sont étudiés à maintes reprises dans le cursus scolaire.


Dans le cadre de cet objet d’étude, il ne s’agit pas de reprendre la démar-
che du collège mais d’interroger ce que le conte nous enseigne de notre
imaginaire, comment il s’y inscrit, s’en nourrit, questionne le jeune adulte
en construction. L’œuvre choisie, canonique, est présentée ici dans un
parcours de lecture qui invite l’élève à la relire à la lumière des notions
d’interdit et de transgression. L’axe de lecture est centré sur ces deux
idées et permet d’aborder les relations homme / femme, mari / épouse,
dépendance / indépendance, amour / mort. C’est pourquoi la probléma-
tique de la séquence est résolument tournée vers la réception qu’un lec-
teur adulte peut faire de ce conte et tend à montrer l’ambiguïté entre désir
et terreur.
En fonction de son projet pédagogique, le professeur pourra aisé-
ment exploiter le conte en œuvre intégrale, ou aborder d’autres textes du
même auteur, ou encore étudier des textes d’époques et origines diffé-
rentes. Les supports iconographiques permettent de sortir le conte du
merveilleux et d’y percevoir l’expression d’un désir tour à tour exigeant,
absolu, ou morbide. Dans tous les cas, le projet de lecture s’orientera
autour d’activités permettant une lecture dynamique et adaptée à l’âge
des élèves : la visée et le sens d’un conte ne sont pas perçus de la même
manière à l’enfance, au début de l’adolescence et au début de l’âge adulte.
C’est pourquoi les deux premières séances ouvrent la voie de l’interpré-
tation universelle ou psychanalytique du conte. À partir de deux réécri-
tures contemporaines, la troisième séance permet de s’interroger sur le
rapport à l’autre. L’évaluation peut venir clore la réflexion ou élargir le
champ d’interprétation à partir d’une iconographie qui suscite encore
l’imaginaire du lecteur.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 14
Interrogation 1

1. Le cabinet interdit : obéir ou transgresser ?


pages 18-19 du manuel

Cette séance permet de se remémorer la fable et de l’inscrire dans le genre merveilleux.


Toutefois, il s’agit principalement de mettre l’accent sur l’interdit au sein des relations entre
hommes et femmes.

Lecture D’autres éléments, notamment en lien avec le mer-


veilleux, permettent de justifier cette apparte-
u Étude du récit (document 1) nance : personnage doté d’une Barbe bleue,
1. Le genre du conte est aisément identifiable dès existence d’une clef qui était Fée. L’élève peut éga-
la première phrase du texte : Il était une fois qui lement faire référence à ses connaissances et au
inscrit le récit dans une durée intemporelle. paratexte.

2.
Le mari La femme
Que désire le Vivre dans la richesse.
Épouser une des filles.
personnage ? Tout savoir sur tout.
Pour assouvir son désir. Pour assouvir son désir et sa curiosité.
Pour asseoir sa notoriété. Pour se démarquer de sa sœur, de ses amies.
Pourquoi ?
Pour se fondre dans la normalité, Pour obtenir la liberté conférée
malgré son physique repoussant. à la femme mariée.

En dépit de qui De son physique repoussant. De l’interdit qu’il lui intime.


ou de quoi ? De son passé mystérieux. De la crainte de désobéir.

Avec l’aide de qui ou de De sa richesse. Du départ inopiné de son mari.


quoi ? De son départ inopiné. De sa curiosité.

La Barbe bleue Sa femme


Portrait physique ? Laid et terrible (l. 4) Parfaitement belle (l. 5)
Coléreux (l. 24) Docile
Portrait moral ? Confiant ? Rouée ?
Rusé, fourbe ? Innocente, naïve ?
Héroïne courageuse qui permet
Figure monstrueuse et sanguinaire ?
le triomphe de la vérité
Quels modèles ? Homme blessé ?
Femme décidée
Serial killer (tueur en série)
Victime

La caractérisation des deux personnages princi- vocation à privilégier une interprétation sur une
paux permet d’envisager différentes pistes de autre, mais bien à proposer une nouvelle piste
lecture selon que l’on se situe du côté du person- vers une interprétation moins ancrée dans l’al-
nage masculin ou féminin. Cette séance n’a pas ternative bien/mal. En fonction des hypothèses

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 15
Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs et de nos peurs ?

des élèves, il est avant tout intéressant d’élargir Écriture et oral


le champ des interprétations en décentrant la
lecture du portrait des personnages et en la 5. Il est important d’attirer l’attention des élèves
condensant sur le lieu du drame, le cabinet inter- sur la description de la clé au regard de sa valeur
dit. Cette piste sera reprise dans la dernière symbolique : Pour cette petite clef-ci, c’est la clef
séance de cette séquence. du cabinet de la grande galerie de l’appartement
bas. Le lecteur perçoit immédiatement que cet
3. Les dialogues qui interviennent au retour de
objet a priori insignifiant est potentiellement dan-
Barbe bleue tendent à dramatiser la scène mais
gereux. Cette lecture est également à confronter
aussi à la faire progresser vers sa résolution. Il
à l’interprétation de Gustave Doré, notamment en
s’agit ici de mettre en évidence la rapidité et l’ef-
analysant les lignes de force qui focalisent le
ficacité de la progression du questionnement
regard sur la clé, pas si petite que cela… Le cabi-
(Pourquoi… ? Je n’en sais rien…) : les deux person-
net interdit est clairement présenté comme un lieu
nages jouent un rôle mais le lecteur n’est pas
qui recèle des secrets et des interdits terribles.
dupe, il sait que l’horreur est en marche ( je le sais
S’adressant de jeunes, l’étude du conte doit
bien, moi).
s’ouvrir sur le sens à donner au secret, aux lieux
intimes, à la chambre des parents, ce qui permet-
u Étude de la gravure (document 2) tra de faire le lien avec la séance suivante.
4. La gravure présente une Barbe bleue gigantes-
que, sa barbe et son vêtement contribuent à en 6. Cette activité vise à évaluer, à partir des indi-
faire un personnage animalisé, au regard préda- ces du texte et des pistes de lecture développées
teur (yeux exorbités et concupiscents) et à l’atti- dans les précédentes questions, comment les
tude menaçante (index levé pour mettre en garde). élèves s’en saisissent et les mettent en réso-
La femme est présentée comme une victime (frêle nance avec leur imaginaire. Les arguments doi-
et petite, le teint pâle, la tête baissée dans une vent porter trace de cet imaginaire et s’appuyer
attitude de soumission). Toutefois, il est essentiel sur les éléments de caractérisation des person-
de dépasser cette première lecture et d’interroger nages. Le lexique révélera différents enjeux :
le jeu de regard des deux personnages : Barbe amadouer, dénoncer, émouvoir, mentir, s’insur-
bleue dévore littéralement des yeux sa femme qui, ger, se plaindre, se rebeller, etc.
elle, n’est intéressée que par la clé qu’elle effleure
délicatement du bout des doigts. Nul effroi ne la
parcourt, mais une sorte de volupté à l’idée d’ac-
céder au cabinet interdit.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 16
Séquence b Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs
et de nos peurs ?

2. Que peut nous apprendre le conte La Barbe bleue ?


pages 20-21 du manuel

Dans le prolongement de la séance précédente, la poursuite de la lecture du conte permet


d’aborder, à partir des deux moralités qui terminent le récit, la dimension édifiante du texte.
Le document iconographique permet d’ouvrir l’interprétation en mêlant références au conte,
imaginaire individuel et collectif et monde virtuel.

Lecture ➞ morale (II, 2°) ; maxime, sentence. mod. Ensei-


gnement moral qu’on peut tirer d’un récit, d’un
u Étude du conte (document 1) événement. La moralité d’une fable. ➞ conclu-
sion, enseignement. Moralité passée en
1. Outre les deux protagonistes principaux (la
proverbe »
Barbe bleue et sa femme), trois personnages
Le conte se termine par deux moralités en vers,
interviennent, tous familiers de la jeune femme :
écrites en italiques et détachées du reste du
sa sœur Anne et ses deux frères, Cavaliers (l. 14).
texte. Dans les deux cas, c’est l’auteur du conte
La sœur Anne se montre médiatrice, c’est elle qui
qui parle et inscrit cette morale dans l’époque
maintient l’espoir de la femme en danger. Les frè-
d’écriture. La présence du pronom on en est la
res sont les figures de la résolution de l’histoire,
trace.
arrivant à la dernière minute pour délivrer défi-
nitivement leur sœur de l’emprise de Barbe 4. Les deux titres Moralité et Autre moralité prou-
bleue. vent que l’interprétation, la leçon à tirer de ce
conte, reste ouverte. De fait, le propos délivré
2. Parmi les procédés d’écriture, on peut noter :
dans chacune des moralités est très différent de
– la progression narrative du conte : péripéties,
l’autre et ne s’adresse pas exactement au même
résolution, état final ;
destinataire.
– l’alternance récit / dialogues (lignes 1 à 16), qui
– La première est composée de six vers (trois
permet d’accélérer le rythme de l’histoire et d’ac-
alexandrins : lignes 34, 36, 37 et trois octosylla-
croître la tension dramatique ;
bes : lignes 35, 38, 39). Elle met directement en
– le croisement des échanges entre les différents
garde les femmes (n’en déplaise au sexe) contre
personnages : entre Barbe bleue et sa femme,
la curiosité qui est présentée comme un défaut
d’une part ; entre la femme et sa sœur Anne,
inhérent à leur condition. Elle insiste sur le danger
d’autre part ;
qu’il y a à être trop curieuse. Quel qu’en puisse
– la typographie en italiques de deux phrases du
être le plaisir : « un plaisir bien léger ; / Dès qu’on
dialogue créant un effet de « formule
le prend, il cesse de l’être. / Et toujours il coûte
magique » ;
trop cher. », celui-ci est toujours minime au regard
– la répétition de la question Anne, ma sœur
du danger qu’il représente. Dans le cas présent,
Anne, ne vois-tu rien venir ? ainsi que la reprise
il s’agit donc d’insister sur les dangers de la curio-
de l’apostrophe de l’interlocutrice qui vise à dra-
sité qui ont bien failli coûter la vie à la jeune
matiser la scène et insiste sur l’urgence de la
épouse.
situation.
– La seconde est composée de dix vers : six octo-
3. Voici le troisième sens du mot moralité, que syllabes (lignes 41 et 43 à 48) auxquels s’ajou-
donne Le Nouveau Petit Robert de la langue fran- tent deux décasyllabes (lignes 42 et 48) ; à la fin
çaise (éd. 2009) : « 3. vieilli Réflexion morale. deux alexandrins recentrent le propos de

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 17
Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs et de nos peurs ?

l’auteur. Cette moralité s’adresse aussi bien aux vert, bête immonde sortie d’un marais putride,
femmes qu’aux hommes : On a peine à juger qui avec des personnages célèbres de contes en
des deux est le maître. et présente avec une sorte détournant leurs propos et leur comportement.
d’humour grinçant les relations entre ceux-ci : Loin d’effrayer, cette image s’inscrit donc dans la
Près de sa femme on le voit filer doux. La distance voie des nombreuses parodies et réécriture de
avec le récit : On voit bientôt que cette his- contes qui sont le reflet d’un imaginaire en évolu-
toire / Est un conte du temps passé peut être tion qui se nourrit du monde contemporain, de ses
interprétée de deux manières opposées : soit codes et des modes d’expression.
cette histoire est réellement révolue, soit il s’agit
d’un propos ironique.
Écriture et oral
u Étude de l’image (document 2)
6. L’intérêt consiste à confronter les différentes
5. La scène se situe dans une pièce sombre (chan-
lectures que peuvent proposer les élèves. en
delier allumé) d’un château qui pourrait tout à fait
fonction de l’émotion ressentie à la lecture du
être une prison (toiles d’araignées) ou une salle
texte, du tissage d’interprétation que font les élè-
de tortures (anneaux pour suspendre les suppli-
ves suivant leurs références culturelles (livres,
ciés sur la droite). Le décor accentue l’impression
films), Les élèves pourront écrire une morale qui
de geôle par la présence de cinq squelettes qui
rende compte de leur lecture. La mise en commun
laissent entendre qu’on ne ressort pas vivant de
des différentes propositions permettra à la fois
cette cellule. Au centre, une jeune femme age-
d’apporter des éléments de réponse à l’interro-
nouillée supplie un homme qui la regarde avec
gation du programme, « la fable, le conte, les
détermination, légèrement en arrière plan, une
récits imaginaires sont-ils réservés aux jeunes
autre femme vêtue d’une robe rouge (sang ?) est
lecteurs ? » et d’évaluer l’attitude « être curieux
attachée les bras en l’air pris dans un anneau de
des représentations variées de la réalité. »
métal peuvent tout à fait s’apparenter aux héros
du conte de Perrault. Ainsi peut-on identifier Barbe 7. La réponse à la problématique permet au pro-
bleue et sa femme et imaginer que le deuxième fesseur de vérifier comment les élèves se sont
personnage féminin, ainsi que les cinq squelettes approprié la lecture du conte et comment celle-ci
sont les précédentes épouses de Barbe bleue. a évolué au fil de la séance. Il sera particulière-
Nous nous trouvons à l’intérieur du cabinet inter- ment intéressant de voir sur quelles citations les
dit. Toutefois, la représentation qui est faite de cet élèves s’appuient pour étayer leur propos. Le pro-
espace, véritable mise en scène, propose une fesseur peut choisir de faire construire un recueil
vision humoristique. On est en présence d’une de citations qui s’augmentera au fur et à mesure
parodie de La Barbe bleue dont le propos est revi- des lectures de l’année, rendra compte de ce que
sité par l’imaginaire de la dessinatrice qui s’est découvrira et ressentira chacun et qui permet la
télescopé avec sa connaissance du conte, sa construction progressive des capacités à « réflé-
représentation du cabinet interdit / salle de tortu- chir sur soi et sur le monde » et « de se confronter
res et les personnages du film Shrek – d’après le aux productions artistiques d’hier et d’aujourd’hui,
conte de William Steig – qui met en scène un ogre d’ici et d’ailleurs. »

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 18
Séquence B Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs
et de nos peurs ?

3. Pourquoi réécrire La Barbe bleue de nos jours ?


pages 22-23 du manuel

Cette double page propose deux textes contemporains, extraits d’une pièce de théâtre et
d’un roman, qui reprennent l’histoire de Barbe bleue. Davantage que la question de l’inter-
textualité, il s’agit de continuer la construction de la réponse à l’interrogation du programme
et de s’interroger sur la manière dont ces réécritures s’alimentent de notre imaginaire pour
envisager différents degrés de lecture.

Lecture à qui l’on attribuait le pouvoir d’embellir la vie


des hommes et des dieux. Au-delà de la fable et
de la référence à Barbe bleue, les élèves peuvent
u Étude du document 1 commencer à s’interroger sur le sens de cette
1. Henri et Grâce sont un couple qui vient d’em- pièce. La photographie de la page 22 offre des
ménager dans une maison. L’impression générale pistes de réflexion intéressantes : femme enfant
qui se dégage de l’extrait est celui d’une grande ou ressemblance avec Marilyn Monroe, robe de
tension entre amour et haine, sérénité et menace. princesse, blancheur / candeur qui se détache sur
Cette opposition se manifeste dans l’échange un arrière-plan plus sombre (danger ?) où les
entre les deux personnages dont les répliques ombres deviennent menaçantes, tension de la
sont très courtes. Henri évolue entre bienveillance, main vers la poignée de la porte.
embarras (phrases déclaratives qui informent au
minimum : lignes 1, 7, 13, 15, 19) et colère puis 2. Les thèmes présents dans ce dialogue font
menace (phrases injonctives ou négatives : lignes référence à la richesse (ligne 31-32 : « Une pièce
sur vingt-huit, tu trouves ça trop ? »), au désir de
3, 5, 9, 11, 17, 27, 29) tandis que les répliques de
combler l’être aimé (ligne 1 : « Voilà. On a tout
Grâce, majoritairement interrogatives, traduisent
vu. ») mais aussi à l’interdit (ligne 21 : « J’aimerais
une curiosité et une innocence quasi enfantine
mieux que tu n’y ailles pas, c’est tout. ») qui engen-
qui peut parfois s’apparenter au caprice (lignes
dre la menace (ligne 30) : « Rien, ça me fait rien,
2, 6, 10, 12, 14, 16, 18, 20, 22). La scène bascule
mais crie pas comme ça. Tu me fais peur. » et la
à partir de la ligne 33, après une annonce perçue
soumission : lignes 34 à 39. Est également pré-
par Grâce comme de l’humour noir, Henri lance
sent le thème de la mort (lignes 23 et 25) et celui
un interdit infranchissable (l.27), réplique en
du jardin secret (ligne 29 : « Qu’est-ce que ça peut
majuscules, phrase injonctive avec un verbe à
te faire, un débarras, en haut d’un escalier ? »)
l’impératif qui est renforcé par « JE TE DIS ». De la
ligne 28 à la fin de l’extrait, les rôles sont inver- 3. C’est bien par cette phrase (ligne 29) qu’Henri
sés, Henri a pris le pouvoir sur Grâce : verbes à justifie son interdiction. On peut s’interroger sur la
l’impératif, acquiescement de la jeune femme. teneur de celle-ci : dans l’absolu, « un débarras »
À ce stade de la lecture, le professeur gagnera à dans une maison de vingt-huit pièces peut paraître
faire réfléchir les élèves sur les prénoms des deux à double titre dérisoire. Quel intérêt Grâce peut-elle
personnages. Celui de l’homme fait immanqua- avoir à s’intéresser à un débarras ? Mais pourquoi
blement penser au roi d’Angleterre Henry VIII interdire un débarras ? Il convient donc de faire
(1491-1547) qui épousa six femmes dont il se émerger la portée symbolique de ce débarras : lieu
débarrassa en les faisant emprisonner ou exécu- dans lequel on remise de vieilles affaires dont on
ter, celui de la femme connote à la beauté, à la n’a plus l’utilité ? ou lieu dans lequel on enferme
pureté, la candeur mais fait également référence des histoires anciennes ? L’échange oral eu sein de
à la bonté divine et aux trois Grâces de l’Antiquité la classe doit conduire les élèves à s’interroger sur

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 19
Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs et de nos peurs ?

la thématique du jardin secret, notamment au sein cache cet homme dans ce débarras ? pourquoi
d’un couple : doit-on tout se dire ? tout partager ? cette violence soudaine ? pourquoi cette curiosité
est-il légitime de garder des secrets ? exacerbée de la jeune femme ? Le roman d’Anne
Luthaud est construit comme une enquête, un
mystère qui se révèle progressivement : qui est
u Étude du document 2
cet homme que les gendarmes ont arrêté ? pour-
4. Les éléments de cet extrait qui renvoient à La quoi ne dit-il rien savoir ? à qui appartiennent ces
Barbe bleue sont ligne 5 : « le sang qui a été essuyé » traces de sang ? à quoi correspondent ces cou-
qui fait référence à la tentative échouée d’effacer leurs par lesquelles sont nommées les femmes
la trace de sang sur la clé ; ligne 6 : « des traces disparues ? qu’ouvre cette clé à leur poignet ? Une
depuis chaque chambre jusqu’à une pièce centrale fois ces textes questionnés à l’aune du mystère
difficile à identifier » et ligne 8 : « les corps de six et des interrogations qu’ils suscitent chez chacun
femmes ont été retrouvés, rongés par les vers, une des lecteurs, il sera intéressant que les élèves
clé de couleur attachée au poignet » qui rappellent rédigent une courte réponse à la problématique
le cabinet interdit dans lequel se trouvent les de la séance afin que la mise en commun avec la
dépouilles sanguinolentes de Barbe bleue ainsi classe permette de construire une étape de plus
que la clé de la pièce interdite et les lignes 13 à 15 : à l’interrogation de l’objet d’étude.
« Que le capitaine de gendarmerie a réussi à le
réveiller après l’avoir longuement secoué, et
qu’alors l’homme s’est laissé menotter sans résis- Écriture et oral
tance. » qui reprennent l’arrivée des frères de la
6. Proposition de critères d’évaluation :
jeune la femme et leur appartenance militaire (Cf.
– la contrainte du monologue théâtral est
séance n° 2 page 21, lignes 21 : « dragon et mous-
respectée ;
quetaire » et 30 : « acheter des charges de capitai-
– le monologue évoque bien une description du
nes à ses deux frères »). L’arrestation pacifique de
débarras qui interpelle l’imaginaire du lecteur ;
l’homme peut également être mise en relation avec
– le lecteur ressent la tension qu’implique cette
la manière dont les deux frères se saisissent aisé-
entrée dans un lieu interdit :
ment de Barbe bleue (page 21, lignes 22-23 : « mais
• l’ambiance est rendue par un lexique approprié
les deux frères le poursuivirent de si près qui l’at-
(doute, étrange, voire inquiétant),
trapèrent avant qu’il pût gagner le perron. »)
• l’emploi de modalisateurs contribue à dévelop-
Il est également intéressant que les élèves s’inter-
per son imaginaire
rogent sur les modalités d’énonciation de cet
– la fin du monologue est laissée au choix du scrip-
extrait en étudiant précisément le jeu des pronoms
teur (horreur, dérision, déception…).
personnels : qui parle ? à qui ? où la scène peut-elle
se dérouler ? dans quel état d’esprit semble être 7. Proposition de critères d’évaluation :
le narrateur ? à quoi cela peut-il faire penser ? – le scripteur a fait un choix précis du personnage
féminin et a développé les associations cou-
leur / état d’âme données dans la consigne ;
u Mise en relation des documents – la rencontre, qui peut inclure ou non un dialogue
5. Les deux extraits renvoient à des genres diffé- entre l’homme et la femme, est clairement située ;
rents de celui du conte. Le merveilleux a disparu, – la rencontre fournit des éléments sur le caractère
le lectorat visé ne correspond plus aux jeunes de chacun des personnages ;
enfants, pourtant chaque texte nourrit notre ima- – le point de vue de l’homme ou de la femme est
ginaire et s’en inspire. La pièce de Carole Fréchette celui qui domine, c’est par ce regard que la rencon-
évoque une romance ordinaire : un milliardaire qui tre est décrite (focalisation interne) ;
vient juste d’épouser la plus innocente des jeunes – les émotions suscitées par cette rencontre,
femmes. Toutefois, le trouble naît de ce que le agréables et / ou désagréables sont exprimées à
lecteur imagine à la lecture de cet extrait : que l’aide d’un lexique précis.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 20
Séquence B Que nous dit La Barbe bleue de nos désirs et de nos peurs ?

Évaluation pages 24-25 du manuel

Évaluation tenu sur le réel à travers le discours de l’imagi-


naire » et « contextualiser et mettre en relation des
des compétences de lecture œuvres traitant, par l’imaginaire, un même aspect
12 points du réel à des époques différentes ».

u Document 1 u Document 2
1. Pour Bruno Bettelheim, psychanalyste, le 3. C’est la tradition orale du conte qui ressort de
conte La Barbe bleue interroge le désir et l’infi- cette gravure par la présentation d’une scène d’in-
délité au sein du couple à travers l’épisode de la timité, la veillée. Cette image renforce l’idée que
clé ensanglantée : « l’infidélité conjugale, symbo- le conte est un récit intergénérationnel qui ensei-
liquement exprimée par le sang sur l’œuf ou sur gne quelque chose du monde à chacun, quel que
la clé, doit être pardonnée. » (l.5-6). soit son âge.

2. On apprécie la capacité de l’élève à argumenter 4. De nos jours, le conte est fréquemment destiné
sa réponse au regard de ce qu’il a appris au fil de aux jeunes enfants puisqu’ils proposent, dans un
la séquence, notamment « interpréter le discours récit simple et souvent merveilleux, des histoires
permettant à l’enfant de comprendre le monde.
u Documents 3 et 4
5. Document 3 Document 4
Scène d’extérieur, au bas d’un escalier.
Scène d’intérieur, dans un hall, un escalier en
Décors En arrière-plan, la tour de laquelle la sœur arrière-plan.
Anne guette l’arrivée des frères.
La Barbe bleue, sa femme, en arrière-plan,
Personnages La Barbe bleue, sa femme, les deux frères.
la Sœur Anne.
La Barbe bleue tire sa femme par les cheveux. D’une main, la Barbe bleue maintient la tête de
Son regard est furieux, il tient dans sa main sa femme en avant, de l’autre, il brandit son
levée une épée avec laquelle il s’apprête à épée. Son regard semble soudainement
Attitudes frapper la jeune femme. Cette dernière lève les détourné par l’arrivée inopinée de deux
bras au ciel. Ses yeux sont exorbités, sa bouche hommes, armés également, qui pointent leur
est ouverte, son cou est découvert laissant épée vers lui. La femme se tient agenouillée,
paraître son décolleté. les mains jointes, les yeux fermés.

Cette illustration insiste sur l’horreur de la Cette illustration met l’accent sur la piété de la
situation, tant dans le geste du mari que la femme de la Barbe bleue. On peut imaginer
Effet produit posture et le visage terrifié de la femme. que la posture de la femme a contribué à
L’espoir semble perdu, hormis la silhouette de donner la préférence à cette illustration, moins
la sœur Anne en haut de la tour ? « réaliste » que la précédente.

6. On cherche ici à ce que l’élève exprime une opinion argumentée.

évaluation des compétences d’écriture 8 points


7. Proposition de critères d’évaluation :
– l’élève répond de manière explicite à la question posée ; il fait référence aux thématiques des contes
lus et ne se limite pas à en raconter la fable ;
– l’argumentation s’appuie sur les trois documents et sur d’autres lectures de contes ; elle se déve-
loppe à partir d’idées clairement énoncées ; elle se lit aisément et progresse de manière articulée.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 21
Interrogation 1 La fable, le conte, les récits imaginaires
sont-ils réservés aux jeunes lecteurs ?

Activités et recherches page 26 du manuel

Séquence A – droite : alors les pigeons crevèrent l’autre œil à


chacune d’elles. Et c’est ainsi qu’en punition de
LA CRUAUTÉ DANS LES RÉCITSss
leur méchanceté et de leur perfidie, elles furent
aveugles pour le restant de leurs jours. »
1. Je ne raconterai pas cette version de Cendrillon
à un enfant car elle contient des éléments sus- Je raconterai cette version de Cendrillon à un
ceptibles de le choquer, et de nuire à sa sécurité enfant car :
intérieure : – les méchants (les sœurs) sont punis ;
– les mauvais traitements subis par Cendrillon – Cendrillon représente la bonté et elle est récom-
décrits de manière détaillée : pensée : elle se marie avec le Prince
« La femme avait amené avec elle ses deux filles – le merveilleux dépasse les scènes cruelles : qui
qui étaient jolies et blanches de visage, mais lai- n’a pas rêvé d’épouser un prince quitte à souffrir
des et noires de cœur. Alors de bien mauvais quelques années ?
jours commencèrent pour la pauvre belle-fille. – l’enfant, qui est traversé de sentiments très
“Faut-il que cette petite oie reste avec nous dans forts, est rassuré de voir incarner dans des per-
la salle ? dirent-elles. Qui veut manger du pain, sonnages ses propres fantasmes de jalousie ou
doit le gagner. Allez ouste, souillon !“ de persécution : le fait que ces personnages, à la
Elles lui enlevèrent ses beaux habits, la vêtirent fin, se trouvent vaincus, l’aident à trouver une
d’un vieux tablier gris et lui donnèrent des sabots issue pour lui-même.
de bois. « Voyez un peu la fière princesse, comme L’enfant exorcise ses pulsions et ses angoisses
elle est accoutrée ! », s’écrièrent-elles en riant et à travers de tels contes.
elles la conduisirent à la cuisine. Alors il lui fallut
faire du matin au soir de durs travaux, se lever 2. La fin du conte est triste (apprenant que sa
bien avant le jour, porter de l’eau, allumer le feu, jeune épouse est bien sa sœur, miraculeusement
faire la cuisine et la lessive. En outre, les deux sauvée par des brigands, l’homme disparaît ; sa
sœurs lui faisaient toutes les misères imagina- femme passe le reste de sa vie à l’attendre) et
bles, se moquaient d’elle, lui renversaient les très poétique (on découvre la femme métamor-
pois et les lentilles dans la cendre, de sorte phosée en rocher, dont sa silhouette se révèle au
qu’elle devait recommencer à les trier. » soleil couchant).
– le spectacle des deux sœurs qui se mutilent les
4. Il y a un rapport entre l’auteur et son histoire.
pieds dans l’espoir d’épouser le prince, docu-
Minh Tran Huy est d’origine vietnamienne et son
ment 1, page 12 ;
conte se déroule dans « un petit village du
– la punition finale des deux sœurs :
Vietnam ».
« Le jour où l’on devait célébrer son mariage avec
Sa rencontre avec un boat people fait écho à ce
le fils du roi, ses deux perfides sœurs s’y rendi-
frère orphelin.
rent avec l’intention de s’insinuer dans ses bon-
nes grâces et d’avoir part à son bonheur. Tandis
que les fiancés se rendaient à l’église, l’aînée
marchait à leur droite et la cadette à leur gauche : 5. Dans les deux versions du Petit Chaperon
alors les pigeons crevèrent un œil à chacune d’el- Rouge, la petite fille est dévorée par le loup,
les. Puis, quand ils s’en revinrent de l’église, après son aïeule. Dans la version des frères
l’aînée marchait à leur gauche et la cadette à leur Grimm, un chasseur ouvre le ventre du loup et

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 22
Interrogation 1

sauve les deux victimes ; puis le Petit Chaperon cet objet d’étude. Au-delà de la parodie, les élè-
rouge remplit le ventre du loup avec des pierres, ves vont émettre une opinion sur le plaisir qu’ils
et celui-ci meurt sous le poids de celles-ci. Dans ont, ou non, à visionner ce type de films.
la version de Perrault, l’enfant et sa grand-mère
sont dévorées et le conte s’arrête là. C’est un des
seuls contes à se terminer ainsi, de façon tragi-
4. Cette activité de recherche documentaire per-
que. Perrault veut montrer le poids de la déso-
met de construire des capacités liées à cet objet
béissance et l’importance de se méfier des
d’étude : « interpréter le discours tenu sur le réel
apparences. Sa morale l’annonce clairement.
à travers le discours de l’imaginaire » et « contex-
« Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups
tualiser et mettre en relation des œuvres traitant,
doucereux,
par l’imaginaire, un même aspect du réel à des
De tous les Loups sont les plus dangereux. »
époques différentes. » Elle peut déboucher sur
6. Exemples de sources à consulter : une présentation orale devant la classe, une
– http://expositions.bnf.fr/contes/pedago/cha- exposition au CDI ou une production personnelle
peron/indpub.htm dans un carnet de lecture de l’élève. Un travail
– http://expressionbts.canalblog.com/archi- peut également être mené en « Histoire des Arts »
ves/2008/12/06/11649340 dans la thématique « Ar ts, réalités,
imaginaires ».
5. Cette activité vise à développer l’attitude « être
Séquence B - curieux des représentations variées de la réalité »
La barbe bleuess par une recherche documentaire qui construit un
tissu référentiel de personnages et de lecture.
1. Il s’agit ici que les élèves produisent un texte 6. Cette activité qui peut être menée dans le
dans lequel l’imaginaire de l’élève lui permette cadre d’un atelier d’écriture sur plusieurs séan-
d’exprimer avec précision et conviction pour le ces pendant les heures de projets peut constituer
lecteur la réaction de la Cadette après sa maca- un lien avec l’Histoire des Arts et le professeur
bre découverte. Il peut être utile, à l’issue d’un d’arts appliqués ou, en fonction de la filière des
premier jet, de travailler le lexique de la percep- élèves, avec les disciplines professionnelles, par
tion, de l’horreur en travaillant sur la racine des exemple avec la réalisation d’un objet qui joue
mots, la gradation. Le texte doit rester cohérent un rôle essentiel dans le récit.
avec le conte.
7. Le mythe de Pandore, femme créée par Zeus
2. Cette activité peut être menée par groupes pour punir les hommes d’avoir volé le feu à Pro-
dans un temps dédié à un atelier d’écriture. Préa- méthée, évoque la légende de la boîte de Pan-
lablement, les élèves se mettront d’accord sur le dore qui renfermait tous les maux de l’humanité
lieu interdit ainsi que l’objet qui trahira la jeune (la vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la
femme. La caractérisation des deux personnages misère, la folie, le vice, la tromperie, la passion)
ainsi que le choix du nom de l’homme prendront
mais aussi l’espérance. Zeus avait interdit à Pan-
en compte l’inscription dans une époque
dore d’ouvrir cette boîte mais celle-ci, poussée
contemporaine.
par sa curiosité lui désobéit, laissant ainsi
3. Il s’agit ici de conduire une réflexion compara- s’échapper tous les maux. La légende raconte
tive entre les contes que les élèves ont lus ou que, seule la curiosité, plus lente à s’extraire,
étudiés et leur connaissance des films Shrek dans serait restée enfermée. Cette légende fait donc
l’optique de la continuité du questionnement de particulièrement écho au conte La Barbe bleue.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 23
Histoire des arts page 27 du manuel

Thématique : « Arts, réalités, imaginaires »

Henri Rousseau dit Le Douanier Rousseau, Le Rêve, 1910,


Huile sur toile, 204,5 x 298,5 cm, Museum of Modern Art, New York.

Première impression naire du peintre et celui du spectateur sont ainsi


attirés dans un paysage foisonnant d’une faune
1 En fonction des propositions des élèves, le pro- et d’une flore étrange, magique voire inquiétante.
fesseur pourra faire suivre cette activité d’un tra-
Tous les regards sont tournés vers le spectateur,
vail lexical sur les sens et la perception.
hormis celui de la femme nue qui semble orches-
2 L’impression générale qui se dégage de ce trer la scène.
tableau est la luxuriance, le foisonnement, la
densité des éléments représentés, le mystère. Le
4 Les éléments qui constituent le tableau ne res-
pectent pas les proportions : si l’on dispose men-
spectateur se trouve au cœur d’une jungle
talement la femme debout, elle occupe les 4/5
épaisse, à la fois sombre et luxuriante, dans
de la hauteur du tableau, ce qui, du fait de la taille
laquelle quelques tâches de lumière font ressor-
importante de la toile, en fait une sorte de géante,
tir des personnages : la femme sur la gauche et
ou une divinité. Les plantes sont également très
les deux félins au centre. Le contour jaune de
grandes, preuve d’une végétation exubérante et
certaines plantes contribue à éclairer cette scène
épaisse. La tête du félin qui fixe droit devant lui
qui se détache sur un léger morceau de ciel (dis-
est aussi imposante que le torse de la femme,
que solaire au méridien ou pleine lune ?) À noter
ses yeux ronds, cerclés de jaune, attirent l’atten-
qu’Henri Rousseau, dit le Douanier parce qu’il
tion du spectateur. Qui des deux semble le plus
était employé à l’octroi (aux douanes) de Paris
étonné ? Ce choix du peintre contribue à renforcer
n’a jamais voyagé et a trouvé les sources de son
la place de l’imaginaire. Dans les rêves, les per-
exotisme au cours de ses visites des serres tro-
sonnes, les animaux et les objets n’ont pas
picales du Jardin des Plantes.
nécessairement une taille vraisemblable.
5 Les deux diagonales qui structurent le tableau
Analyse du tableau isolent le personnage féminin dans le triangle de
3 Dans l’obscurité de cette jungle se détachent gauche. Le triangle supérieur est éclairé par le
trois éléments : sur la gauche, la femme nue, ciel, la végétation y est moins dense, tandis que
allongée sur une sorte de divan (mais que fait-il celui inférieur en renforce la densité. En traçant
donc dans ce décor ?) son regard et son bras sont également les deux médianes, on s’aperçoit que
pointés vers les deux félins, au centre, et un autre le regard est guidé par celui de la femme nue et
personnage qui se distingue progressivement son bras tendu qui nous indiquent ce qu’il faut
par son pagne coloré et son instrument juste au- regarder : les félins. Cette construction se trouve
dessus. S’habituant à l’obscurité, l’œil du spec- à son tour renforcée par leur propre regard qui
tateur parvient à isoler d’autres éléments : la croise le nôtre. Le triangle de droite est construit
queue orangée d’un serpent en bas du tableau sur la queue orangée d’un reptile qui s’éloigne et
sur la droite, un oiseau presque en ombre chinoise le pagne coloré qui n’apparaît que lorsque l’œil
à la lisière du ciel (au centre), un autre oiseau gris du spectateur s’est habitué à cette jungle et com-
beige qui se découpe en contraste sur un plu- mence à distinguer des détails. De même, les
mage jaune vif (en haut, à gauche), des fleurs et deux sortes de fougères pointent leur extrémité
des fruits énormes, la tête d’un bovidé. L’imagi- sur l’animal.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 24
Interrogation 1

6 Les couleurs employées par le peintre vont du son tableau. On peut demander aux élèves de
presque noir au jaune verdâtre dans un dégradé chercher un autre titre, en associant par exemple
de vert. Là encore, la métaphore d’une nature des adjectifs au titre initial, et de mettre ainsi en
luxuriante voire vénéneuse se décline dans des lumière leur propre perception du tableau.
couleurs qui semblent déteindre jusque sur le
corps de la femme nue. La composition générale
est éclairé par deux éléments : le ciel vif en Mises en contexte
arrière-plan dans lequel un disque lumineux se 9 L’art « naïf » désigne aussi bien des œuvres
détache et l’emploi de couleurs vives (jaune, réalisés par des artistes qui ne connaissent rien
rouge, bleu) pour détacher du fond certains élé- aux courants artistiques de leur époque qu’une
ments. Après avoir distingué les principaux per- école de peinture revendiquant un style figuratif
sonnages de la toile, le regard se trouve accroché parfois infantile, qui a le souci du détail et
par le joueur de flûte qui met plus de temps à emploie des couleurs vives. Henri Rousseau a
apparaître dans l’obscurité. longtemps été classé dans cette catégorie même
7 En hébreu, Éden signifie « jardin des délices ». si lui-même se définissait comme un peintre réa-
Dans la Genèse, ce mot désigne le jardin, souvent liste. Il sera intéressant d’interroger l’avis des
assimilé au paradis, dans lequel vivent Adam et élèves sur ce peintre et de leur demander d’argu-
Eve. Dans tous les cas, il s’agit d’un lieu irréel, menter leur point de vue à partir d’exemples pré-
fruit de la représentation mentale des êtres cis pris dans le tableau (sujets représentés, choix
humains. En fonction des réponses proposées à des couleurs, absence de perspective…).
la première question, il sera intéressant de voir 10 Pour cette activité d’écriture, les élèves peu-
quelles associations les élèves construisent et vent employer de nombreux lexiques, par exem-
comment elles s’orientent soit vers « le paradis » ple : l’étrange, le bizarre, l’angoisse, la sérénité,
soit vers le danger. le paradisiaque, etc. et ainsi nourrir leur imagi-
8 « Lorsque j’entre dans les serres du Jardin des naire en réagissant à celui du peintre. Le titre
Plantes et je vois les étranges plantes des pays qu’ils auront choisi dans la question 8 peut éga-
exotiques, il me semble que je pénètre dans un lement les aider à écrire dans la mesure où il leur
rêve. » Cette citation d’Henri Rousseau fournit aura déjà permis des associations d’idées et de
une explication possible du titre qu’il a donné à lexique.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 25
Interrogation 2
Comment l’imaginaire joue-t-il avec les moyens du langage,
à l’opposé de sa fonction utilitaire ou référentielle ?

Peut-on jouer avec les mots


Séquence A
et les images ? pages 30 à 35 du manuel

Il s’agit, dans cette séquence, de montrer comment certains artistes et écrivains ont pu détour-
ner la fonction utilitaire ou référentielle du langage pour utiliser autrement les mots, les ima-
ges, les significations.

1. Une image peut-elle en cacher une autre ?


pages 30-31 du manuel

Lecture représente deux ambassadeurs accoudés à un


meuble sur lequel sont disposés :
u Étudier le document 1 – au-dessus du meuble, sur un tapis rouge, une
1. On aperçoit deux images en une : une tête de sphère céleste, des objets de mesure du temps et
lapin et une tête de canard. Il s’agit d’une illusion un livre ;
d’optique. Cette image nous apprend que notre – au-dessous, un globe terrestre, deux livres, un
perception des choses est biaisée, qu’elle change luth et quatre flûtes réunies dans un étui ;
suivant la perspective que l’on adopte. – l’arrière-plan est occupé par un rideau de
velours vert.
Sur le pavage de cercles et de carrés se détache
u Étudier les documents 2 à 5 une forme difficile à identifier.
2. Les types d’œuvre présentés sont : À noter que les deux hommes n’occupent pas le
– une installation (doc. 2) ; centre du tableau mais encadrent cet ensemble
– une sérigraphie (doc. 3) ; d’objets. La figure au premier plan est un crâne
– une huile sur toile (doc 4) ; déformé par anamorphose. Le contraste de ce
– un mur peint (doc 5). crâne avec deux hommes importants fait de ce
Les artistes trompent le spectateur sur ce qu’il voit tableau une « vanité », œuvre selon laquelle la
au premier abord. Dans le document 2, un homme mort rend insignifiants les luxes et les aspira-
au chapeau devient un lapin quand on le regarde tions de l’existence.
sous un angle différent (visible ici dans le miroir) ;
le document 3 joue avec le réalisme : on a l’impres-
sion de voir un homme réel dans une cabine en trois
u Sur tous les documents
dimensions alors qu’il s’agit d’un dessin collé sur 4. Trompe-l’œil : nom masculin invariable. Pein-
la vitre ; dans le document 4, l’enfant peint semble ture qui donne à distance l’illusion de la réalité
sortir du cadre ; enfin, le document 5 nous donne (relief, impressions tactile, spatiale…) ; art d’exé-
à voir une scène au crépuscule avec des fenêtres cuter ce genre d’œuvres. (Appliqué aux sculptu-
réelles, un personnage, etc. tel un décor de film. res et aux architectures feintes comme au rendu
des objets, cet art est pratiqué depuis l’Anti-
quité.) • Apparence flatteuse mais trompeuse.
u Étudier le document 6 Anamorphose : nom féminin (grec anamorphoûn,
3. Comme son titre l’indique, Les Ambassadeurs, transformer). Œuvre, ou partie d’œuvre, graphi-
ce tableau de Hans Holbein le Jeune (1497-1543), que ou picturale, dont les formes sont distordues

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 26
Interrogation 2

de telle manière qu’elle ne reprenne sa configu- Illusion


ration véritable qu’en étant regardée soit sous Trompe-l’œil Anamorphose
d’optique
un angle particulier, soit dans un miroir. Les ana- « La fille des
morphoses apparaissent dans l’art à l’époque de remparts » « Métamor-
la Renaissance. phose II »
« Fuyant « Canard-lapin »
la critique » « Les
Illusion d’optique : illusion nom féminin (latin Ambassadeurs »
« les cabines »
illusio, -onis)
• Interprétation erronée d’une donnée senso- L’enjeu de ces œuvres est de dérouter. Parfois,
rielle : Illusion auditive. Illusion d’optique. le spectateur est acteur, il doit se déplacer pour
• Effet obtenu par le moyen de l’art, de l’artifice, voir.
du truquage et qui crée le sentiment du réel ou du
vrai : L’illusion de la vie donnée par un automate.

2. Textes à énigme, textes à secret :


quelle clé ouvre le sens ? pages 32-33 du manuel

Lecture
1. Organe élastique pouvant supporter d’impor-
u Étudier les trois textes (documents 1 à 3) tantes déformations et destiné à exercer une
force en tendant à reprendre sa forme initiale ;
1. Les auteurs des trois textes jouent sur :
2. Force occulte qui fait agir ;
– la polysémie : « ressort », « carreaux », « cœur » ;
3. Force morale qui permet de faire face.
– les homonymes : « pique » / « pic » ;
– les images, la métaphore : « je suis l’as de trèfle 3. Le document 2 est humoristique, cet humour
qui pique ton cœur » ; est visible dans les jeux de mots, dans l’attitude
– les sons « Caroline », « carreaux » ; stupide du sportif qui se compare au ressort de
– la comparaison : « comme le trèfle à quatre sa montre.
feuilles » ;
4. La règle qui préside à chacun des textes :
– les expressions : « avoir du ressort », « faire la
– doc 1 : chanson qui s’appuie surtout sur la
course contre la montre », « en bout de course »,
musique et les images des mots ;
« en dernier ressort » ;
– doc 2 : l’homonymie ;
– les inversions : Prévert, jeu sur les GN ;
– doc 3 : architecture anaphorique et inversion
– anaphores : « un… avec… ».
des GN, Prévert associe deux groupes nominaux
2. Le thème du document 2 est le sportif. d’expressions toutes faites par la préposition
L’auteur l’aborde sous forme de sktech, sous la « avec » mais il intervertit les compléments du
forme d’une histoire très courte, en utilisant des nom.
répétitions « montre », « ressort », « course » mais Tous ces textes s’amusent avec les mots, d’un
aussi des homophones « montre / montre point de vue musical, sémantique. Le lecteur est
(verbe) », « ressort » au sens propre et figuré. diverti et mis à contribution pour entendre et
Les sens du mot « ressort » : comprendre le texte dit ou chanté.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 27
Peut-on jouer avec les mots et les images ?

u Étudier le tableau (document 4) Écriture et oral


5. Il ne semble pas y avoir aucun rapport entre
7. Une phrase contenant toutes les lettres de l’al-
les objets représentés et les noms placés en des-
phabet est un pangramme (du grec pan : « tous »
sous. Ces rapprochements insolites font penser
et gramma : « lettre »). « Portez ce vieux whisky
à la métaphore, « rapprochement de deux réalités
au juge blond qui fume » en est un exemple.
éloignées » (Reverdy). Une telle présentation
d’objets, à la manière d’une page de manuel sco- 8. Un texte d’où sont exclues certaines lettres de
laire, veut amener le spectateur à réfléchir sur l’alphabet est un lipogramme (du grec leipogram-
ses habitudes de langage en lui exposant la fac- matikos « à qui il manque une lettre », de leipein,
ticité des apparences. La Clef des songes n’ouvre « enlever, laisser », et gramma, « lettre »). La
pas sur un monde imaginaire mais révèle que la notion a été inventée par l’Oulipo. La Disparition,
perception des choses peut être multiple. de Georges Perec, est un roman lipogrammique :
il est écrit sans utiliser la lettre e.

3. Comment les mots jouent-ils avec les images ?


page 34 du manuel

Lecture

u Étudier le premier poème (document 1)


1. Ce poème présente vingt et un vers d’un mot.
Il s’agit d’une ancre de bateau. Cette forme fait
Chaque mot-vers possède le nombre de lettres
sens, on trouve le champ lexical de la mer :
qui correspond à son rang dans le poème. Par
« ancre, poissons, eaux, arêtes ».
exemple, le quatrième vers a quatre lettres et le
Chez les écrivains majeurs du xxe siècle, l’inter-
onzième onze lettres.
rogation du langage et de la littérature conduit à
2. Obéissant au principe de la boule de neige qui inventer un texte qui soit un corps vivant et un
grossit de plus en plus en roulant dans la neige, le espace concret d’écriture.
texte grossit, prend de l’ampleur en son milieu.
u Étudier le troisième poème (document 3)
u Étudier le deuxième poème (document 2) 4. Il s’agit d’un acrostiche, les lettres initiales des
3. Ce poème est un calligramme, la disposition vers, lues verticalement, composent un nom pro-
typographique évoque, figure le thème. Il y a cor- pre, ou le mot pris pour le thème. Ici, on découvre
respondance entre le visible et le lisible. « MARIA », la destinataire du poème.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 28
Séquence A Peut-on jouer avec les mots et les images ?

Évaluation page 35 du manuel

Évaluation 4. Le texte réécrit de façon horizontale donne :


« Terrible Boxeur Boxant avec ses souvenirs et
des compétences de lecture ses mille désirs »
10 points Le boxeur peut représenter tout être humain, qui
sans cesse compose avec ses souvenirs et ses
u Document 1 désirs, entre le passé qu’il ne peut modifier et le
1. Deux images sont présentes dans ce futur souhaité (réalité et rêve).
tableau :
– un paysage : un mont, des arbres, un lac, une 5. On peut dire qu’il s’agit d’un poème du fait de
maison… la présence :
– un visage : un homme barbu de profil, on dis- – des rimes : souvenirs / désirs ;
tingue sa bouche, son nez, son œil, sa barbe, son – des allitérations en B : terrible boxeur boxant ;
sourcil, ses cheveux, son oreille, son cou. – de la personnification : « boxant avec ses sou-
Le titre « Paysage anthropomorphe » désigne un venirs et ses mille désirs » ;
paysage dont la forme rappelle celle de – de l’hyperbole : « mille désirs ».
l’homme. Le poète joue avec la mise en page, les sonorités
2. L’artiste a voulu mettre en valeur une illusion et les figures de style.
d’optique, il joue avec la perception du specta-
teur, ce tableau rappelle les « Saisons » d’Arcim- Évaluation
boldo (voir le manuel de Seconde, l’objet d’étude
« Des goûts et des couleurs, discutons-en », des compétences d’écriture
p. 88). 10 points
6. On veillera à la variété des propositions relati-
u Document 2 ves, qui pourront commencer, par exemple, par :
3. Ce texte est amusant car il est composé comme Ton cœur que
un dessin : c’est un calligramme dont la forme Ton cœur qui
fait référence au thème, ici le boxeur – les B fai- Ton cœur où
sant office de gants de boxe, par exemple. Ton cœur dans lequel, etc.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 29
Le vampire, d’hier à aujourd’hui
Interrogation 2
Comment l’imaginaire joue-t-il avec les moyens du langage,
à l’opposé de sa fonction utilitaire ou référentielle ?

Séquence B Parlez moi d’amour… surréaliste ?

1. Comment le surréalisme fait-il de l’amour


son thème de prédilection ? pages 36-37 du manuel

Lecture – « lieu favorable » ;


– « état le plus passif » ;
u Étude du poème (document 1) – « écrivez vite sans sujet préconçu » : « écriture
automatique » ;
1. On peut imaginer cette femme comme une
– « phrase étrangère à notre pensée consciente » :
femme rousse, « à la chevelure de feu de bois »,
l’inconscient ;
à la taille fine, « à la taille de loutre », fraîche et
– « jeu surréaliste » : peu importe le sens.
rose, « une poupée » ; elle semble très belle et
La règle d’écriture qui préside à son poème est
très raffinée : « épaules de champagne », « langue
l’association d’images inattendues, on reconnaît
d’ambre ». Breton nous donne une image idéali-
l’écriture automatique et la part d’inconscient
sée de la femme sensuelle.
rend le poème extravagant.
2. « L’union libre » s’oppose au mariage. Elle peut
signifier « l’émergence d’une sexualité libérée
u Mise en relation du poème et de l’essai
des tabous traditionnels » (Breton).
6. Breton a mis en pratique cette écriture surréa-
3. Exemples d’images pouvant être choisies : liste dans ses écrits et notamment dans son
– « ma femme à la chevelure de feu de bois » : poème ; ses images sont inattendues, extrava-
rousseur ; gantes, « étrangères à notre pensée consciente »,
– « à la taille de sablier » : taille fine ; grâce à l’automatisme ; il ne recherche pas la
– « bouche de cocarde » : bouche ronde et rouge, fonction utilitaire du langage mais une poésie
maquillée. nouvelle du langage.
4. Le mot « blason » désigne au xvie siècle un
poème dédié à une chose ou une personne qui u Étude du tableau (document 3)
en célèbre les qualités en les énumérant minu-
7. Face à ce tableau, on a une impression étrange :
tieusement. Breton utilise ce genre poétique pour
il semble hermétique. Il est composé de mor-
faire l’inventaire des parties du corps de la
ceaux de corps éparpillés, de couleurs vives, de
femme. Cet inventaire est ici un renouvellement
mots, de lignes entrelacées reliant les mots au
de la représentation féminine et une réactualisa-
dessin : cette technique mêle habilement les
tion du blason. On retrouve ici l’annonce du sujet
mots aux formes, les intègre à l’œuvre comme
(« ma femme ») et ses caractéristiques, mais en
s’ils avaient été tracées par un avion ou un oiseau
vers libres, sans rimes, ni mètres réguliers,
au sein même de la toile. Le peintre qualifia les
construit sur une anaphore.
tableaux réalisés pendant les années précédant
la guerre d’Espagne de « peintures sauvages ».
u Étude de l’essai (document 2) Les couleurs contrastent violemment, les figures
5. Les conditions nécessaires : deviennent cauchemardesques. Les mots

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 30
Interrogation 2

« amour » et « hirondelle », cependant, connotent Écriture et oral


l’espoir, dans ce monde qui semble chaotique.
Ce tableau appartient au mouvement surréaliste : 8. Le surréalisme fait de l’amour son thème privi-
Miró pose un nouveau regard sur le monde, il n’est légié, l’amour apporte la suprême révélation, et le
plus question d’en donner une représentation souci moral des surréalistes semble souvent se
académique, réaliste mais de s’appuyer sur des réduire à n’en pas démériter. Pour ouvrir les portes
associations libres issues de son inconscient. de la surréalité, Breton nous invite à vivre « l’amour
fou », à rendre à l’homme ses pouvoirs perdus, à
approfondir la réalité par la résolution des antino-
mies, à guetter la Merveille, à écouter ici et main-
tenant l’appel du désir, à nous rendre disponible
au « vent de l’éventuel », à décrypter les « coïnci-
dences pétrifiantes », fruits du « hasard objectif ».

2. Comment le surréalisme fait-il de la femme aimée


une médiatrice entre l’homme et le monde ?
pages 38-39 du manuel

Lecture
u Étudier le second poème (document 2)
u Étudier le premier poème (document 1)
4. Les deux grands thèmes mis en parallèle dans
1. Les anaphores présentes dans ce poème sont ce poème d’Aragon sont :
nombreuses : « je te l’ai dit pour », – la femme : « elle, cri, robe, charmante, sa main
« pour ». Le poème est construit sur l’anaphore, blanche, son front pur, ses pieds, son
celle-ci connote la répétition, le refrain, la musi- chapeau » ;
que, et insiste sur l’amour, la passion du poète – la nature : « ruisseaux, ciel, vaguelettes, belet-
vis-à-vis de l’être aimé. tes, azur ».
2. Exemple de deux images surprenantes : « pour Cette alliance permet de donner une image posi-
les cailloux du bruit », « pour l’œil qui devient tive et grandiose de la femme qui semble avoir
visage ou paysage ». Ces images mettent en un impact sur la nature, ou faire partie de la
scène l’autre et le monde, la nature. nature ; elle transforme le monde par son
action.
3. On peut imaginer que le poète a dit « je t’aime »
à une jeune femme, ou du moins a avoué quelque
chose de très important et qui a trait à l’amour. u Étudier le tableau (document 3)
La série d’anaphores et d’images invite le lecteur 5. Les différents éléments du tableau :
à imaginer cet amour immense entre le poète et – deux fleuves : l’Indre et la Loire, des sédiments
cette femme. terrestres ;

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 31
Parlez moi d’amour… surréaliste ?

– une femme nue, on n’aperçoit qu’une partie de Écriture et oral


son corps, son visage est absent.
Son titre Jardin de France fonctionne avec les 8. Qu’elle soit femme-enfant, femme-spectre,
mots comme avec les éléments matériels sur le femme-fée, femme-fatale, la femme joue un rôle
principe du collage, il intègre le hasard de choses dans l’émancipation de l’esprit des poètes. Au
lues ou entendues. Il y a un rapport étroit entre double contact de la réalité et du rêve, la femme
le rêve, le langage et la poésie. France est-elle devient l’objet mythique d’un amour sublime,
cette femme ? Le jardin fait référence à la fois à elle détient le secret des origines. Source d’ins-
la femme érotisée et à la terre. piration de la plupart des œuvres produites dans
le mouvement : muse, femme-enfant, sorcière ou
6. Le corps de la femme apparaît distinctement,
encore maîtresse, elle domine la poésie et la
il s’agit d’une femme nue que Max Ernst a reprise
peinture surréalistes. Cette célébration fait de
d’un tableau de Cabanel (1764). En la mettant
la femme une inspiratrice de la vie créatrice de
dans un contexte différent, il lui donne une autre
l’homme.
dimension. Alors que Cabanel la faisait flotter
Les surréalistes ont réussi à créer un nouveau
dans les airs entourée d’anges, Max Ernst l’en-
regard sur la peinture, mais aussi sur la femme.
fouit dans les sédiments terrestres. Sa composi-
La femme, qui a joué un rôle important dans
tion picturale est en courbes. Cette femme dont
l’histoire de l’art et de la peinture comme muse,
on ne voit qu’un corps morcelé, sans visage est
comme image, voit ici son image bousculée, à la
en même temps une représentation du désir, cen-
fois ridiculisée et magnifiée. Elle est plus qu’un
tré sur le sexe, les jambes et un des seins. Ce nu
modèle pour les surréalistes, elle fait partie de
qui avait presque une dimension divine dans le
leur vie, de leur inconscient, de leurs pulsions
tableau de Cabanel, prend une valeur érotique,
profondes, elle se métamorphose réellement
notamment à cause de l’ajout d’un bas noir.
jusqu’à devenir mi-ange, mi-démon, elle est celle
7. Cette œuvre est construite comme un collage, qui mêle les tendances extrêmes, le désir animal
cette technique consistant à détacher quelque et la spiritualité.
chose de sa forme première pour lui donner un
autre sens : ici, les jambes, le ventre et le sein de
la femme deviennent paysage.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 32
Séquence B Parlez moi d’amour… surréaliste ?

3. Comment le thème de l’amour se fait-il


pourvoyeur d’images et de création inédites ?
pages 40-41 du manuel

Lecture

u Étudier le premier poème (document 1)


2.
Relevé Sens possible
« comme une brouette sur les genoux des Tressautement du cœur comme celui de la brouette
pavés » sur des pavés irréguliers
« pareil à une bouteille de vin rouge » Soleil couchant, rouge comparé à la couleur du vin
Comparaison
« comme le coquillage aime son sable » lien entre le coquillage et son milieu de vie
« comme un caillou montrant son cœur éclosion
sous l’averse »

« le soleil s’est fait nègre » le soleil devient noir


Métaphore « les genoux des pavés » les pavés prennent un attribut humain
(personnification)…

3. L’écriture automatique est à l’œuvre, mais son 5. Les mots qui semblent inventés ou détournés
principe moteur, plus que l’association d’idées et sont :
la métaphore, chères à Breton et à Éluard, est le – des noms devenus verbes : « je mauve », « il ser-
saugrenu de la phrase, grâce aux parallélismes, rure », « je miroir » ;
aux bifurcations et aux saccades. « Ce foisonne- – des métaphores : le sang des bijoux ;
ment ininterrompu de situations bizarres, appa- – des mots : tu pitchpin ;
remment excentriques, ne lasse pourtant pas – orthographe, syntaxe : « les souvenirs se sar-
chez ce poète, qui sait passer de la satire sociale dine », « ils moulins ».
la plus féroce, la plus argotique parfois, à la déli- Ces inventions déstabilisent le lecteur, le sens
catesse la plus enchanteresse. » (Alain n’est pas clair, ni logique, il est parasité par le
Delaunois) jeu sur les mots et leur place.

u Étudier le second poème (document 2) u Étudier les images (documents 3, 4, 5)


6. doc. 3 : collage mettant en valeur certaines
4. À première lecture, ce texte est incompréhen-
parties du corps de la femme telles que le buste,
sible. Reverdir le « langage cuit », c’est faire subir
la bouche, la main aux ongles peints.
à un énoncé familier diverses manipulations. La
syntaxe est souvent déconstruite et des mots Doc. 4 : une tête antique en bas relief rencontre
semblent changer de nature : « Maîtresse tu carré un mur pignon, un gant de caoutchouc de taille
noir et si les nuages de tout à l’heure myosotis, disproportionnée par rapport au décor architec-
ils moulins dans la toujours présente éternité ». tural. Au-dessous est peint un ballon vert. À l’ho-
De plus ce qui est raconté semble absurde : il rizon est peint le contour d’une locomotive, une
brosse les dents de son caméléon, et cette bête image qui est souvent reproduite pendant cette
fume ! période de la carrière de Chirico.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 33
Parlez moi d’amour… surréaliste ?

Cette peinture métaphysique considère la réalité on observe un rapprochement de deux réalités


vraie comme cachée derrière le directement éloignées, de « création pure », les œuvres
perceptibles. deviennent inédites, énigmatiques, surréelles.
Doc. 5 : cette œuvre représente des formes géomé-
triques au sol, sorte d’architecture dépouillée dans
Écriture et oral
un décor vide, désertique et un poteau enroulé
d’un drappé blanc, qui connote un corps de femme. 8. Le thème de l’amour se fait pourvoyeur d’ima-
Le titre « je vis trois villes » reste énigmatique. ges et de création inédites, on a pu le constater
u Étudier une définition de l’image avec le « langage cuit » de Desnos, et les compa-
raisons de Péret.
7. La définition de Reverdy convient parfaitement
aux poèmes et aux peintures étudiés, en effet,

4. En quoi les expériences sur le rêve


enrichissent-elles la vision de l’amour ? page 42 du manuel

Lecture gagner l’onirisme sur la rencontre réelle avec la


femme. Cette rencontre de l’onirisme et de la poé-
u Étudier le poème (document 1) sie donne naissance à un poème quasi
hypnotique.
1. Le rêve de la femme aimée constitue un topos
Les thèmes chers aux surréalistes sont présents
(un lieu commun) de la poésie lyrique amou-
dans ce poème :
reuse. Robert Desnos le reprend dans ce poème
– l’amour : « toi, baiser, chère, étreignant, senti-
en prose intitulé « À la mystérieuse : j’ai tant rêvé
mentales, amour, toucher » ;
de toi ». La thématique du rêve et du sommeil lui
– le rêve : « rêvé, perds ta réalité, apparence, dors
est chère comme d’ailleurs à tous les surréalis-
debout, fantômes ». L’anaphore pesante de l’ex-
tes : il partage avec ses amis Breton, Aragon,
pression « J’ai tant rêvé de toi » insiste sur l’obs-
Éluard la fascination pour le pouvoir de l’incons-
tacle progressivement constitué par le rêve
cient. Tous se livrent à des expériences pour
incessant, tout en traduisant l’obsession du
explorer le continent de l’onirisme, et Breton
poète. La récurrence du rêve est donc un facteur
salue à plusieurs reprises les dons de médium
du trouble.
de Desnos, par ailleurs sujet au somnambulisme.
– la femme : il s’agit d’une adresse à la femme
De fait, l’onirisme est au cœur de ce poème, et
aimée.
infléchit ainsi considérablement le topos lyrique
traditionnel. 2. Les grandes oppositions présentes dans le
Le poème est structuré par un mouvement de poème sont :
désincarnation progressif, qui fait petit à petit – le rêve et la réalité ;

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 34
Interrogation 2

– le palpable et l’impalpable ; Desnos illustre cette surréalité par l’utilisation


– le corps et le fantôme, le fantasme ; d’images inattendues, d’images aux réalités éloi-
– le sommeil et l’éveil ; gnées, et des oppositions dans son poème.
– la lumière et l’ombre.
Ce poème par sa musique, l’anaphore notam-
u Étudier le tableau (document 2)
ment et le rythme des phrases devient hypnoti-
que, en référence aux expériences de Desnos et 4. Les éléments qui composent le tableau sont :
ses sommeils hypnotiques. – une femme en robe dans le vent montre une
architecture en point de fuite issue d’une monta-
gne, elle semble replacer une fleur dans les che-
u Étudier la définition de la surréalité veux d’un buste grec.
le décor semble désertique et totalement fantas-
3. Selon Breton, la surréalité concilie des contrai-
magorique : les bleus dominent.
res en les dépassant : le réel et l’irréel, le banal
– le titre Mirage correspond soit à un phénomène
et le merveilleux, la raison et la déraison. Le per-
d’optique propre aux régions chaudes, qui donne
sonnage éponyme de son roman Nadja, person-
l’illusion que des objets éloignés se reflètent
nage duel et énigmatique, qui vit en dehors de
dans une nappe d’eau. Le désert semble faire
toute contrainte, errant à travers Paris pour « sur-
écho au titre. Le mirage est une illusion, une
prendre sur des visages ce qui peut bien faire
chimère.
l’objet des préoccupations » des gens, person-
nage de l’instant, chez qui l’imagination est une 5. On peut penser que Dalí retranscrit un de ces
seconde nature, incarne la surréalité et tous les rêves ou que la femme du premier plan nous offre
possibles. son rêve en tendant les mains.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 35
Séquence B Parlez moi d’amour… surréaliste ?

Évaluation page 43 du manuel

Évaluation tiale est un plan large du visage d’une danseuse,


sur lequel ont été collées des perles de
des compétences de lecture celluloïd.
8 points 4. Deux des oppositions sur lesquelles est
construites l’image :
u Document 1
– le réel (visage) et l’artifice (les larmes) ;
1. Les thèmes surréalistes retrouvés dans ce – le noir et blanc.
poème sont : L’effet produit est l’étrangeté et la beauté. Ce
– l’amour ; regard est fascinant, plein d’émotion.
– la femme médiatrice entre l’homme et le
monde ;
– les images inédites.
Évaluation
2. La première et la dernière strophe du poème
se ressemblent beaucoup puisque seuls les pro- des compétences d’écriture
noms diffèrent, du moins s’inversent, le « me » 12 points
devient « te » et le « tu » devient « je ». L’amour fait
que ces deux êtres se connaissent mieux que 5a. Le surréalisme est un mouvement littéraire
quiconque. créé dans l’entre-deux-guerre. Il a pris pour
Les yeux de la jeune femme sont un miroir, sont influence le dadaïsme, fondé en 1916 par Tristan
un berceau, un voyage. Ils sont le symbole d’une Tzara, dans le but de rompre avec les valeurs tra-
union, d’une passion, ils n’existent qu’à travers ditionnelles et bourgeoises, à l’aide de la provo-
leurs yeux. cation et la dérision. Il prend sa source dans
l’inconscient de l’homme et revendique une « sur-
réalité ». Il réunit deux devises : « changer la vie »
u Document 2 (Rimbaud) et « transformer le monde » (Marx).
3. Le cadrage très serré produit un effet d’étran- Proposition de plan :
geté – la photo n’offrant que peu de données – Rappel historique du mouvement surréaliste
visuelles : le seul élément de scénario est induit – Les thèmes portés par les surréalistes
par le titre, les yeux, mais le visage n’est pas – Une écriture particulière
identifiable, ni la situation. La photographie ini- – Exemples d’œuvres surréalistes.

36 du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010


Livre Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 36
Interrogation 2 Comment l’imaginaire joue-t-il avec les moyens
du langage, à l’opposé de sa fonction utilitaire ou référentielle ?

Activités et recherches page 44 du manuel

SÉQUENCE A – Exemple de roman lipogramme : Pérec, La


Disparition.
JOUER AVEC LES motss
6. La contrainte consiste à relever et présenter
2. Un tautogramme (du grec tauto, « le même », sous forme de liste un certain type de mots dans
et gramma, « lettre ») est un cas particulier d’alli- un poème donné (substantifs, ou verbes, ou
tération : un texte dont tous les mots commencent adjectifs, ou substantifs et adjectifs, etc.). On voit
par la même lettre. – Tautogramme en D : Didon ainsi se dessiner comme un schéma du poème
dîna du dos dodu d’un dodu dindon. en question.
– Tautogramme en S : Sa souris soutient son Voici un exemple dont on taira le texte-souche :
sapin. « cigale été bise morceau mouche vermisseau
– Tautogramme en J : Jolie Juliette jardinait joyeu- famine fourmi voisine grain saison août foi ani-
sement jeudi. mal intérêt principal fourmi défaut temps
– Tautogramme en V : Votre vipère verte vient emprunteuse »
vidanger votre voiture vaseuse.
3. Un centon est une œuvre littéraire constituée
d’éléments repris à une ou plusieurs autres, et SÉQUENCE B –
réarrangés de manière à former un texte différent. AMOUR ET SURRÉALISMEs
Le terme, d’origine latine (cento), désigne une
pièce d’étoffe faite de morceaux rapiécés.
1. La citation de Miró éclaire la lecture de son
Les élèves du lycée franco-libanais de Tripoli au
tableau : en effet, le but du peintre n’est pas de
Liban ont composé un centon avec des poèmes
représenter la réalité mais de la « prendre pour
de Joachim du Bellay, Paul Verlaine, Jean Rous-
point de départ », c’est-à-dire s’en inspirer. Dans
selot, Théophile Gautier, Gérard de Nerval et Oli-
le tableau, on voit bien qu’il ne s’agit en aucun
vier du Magny, à l’adresse suivante http://blog.
cas d’un tableau réaliste mais qu’il s’agit d’un
legardemots.fr/post/2009/04/26/Centon
tableau surréaliste, c’est-à-dire qui dépasse le
4. Ce poème de Robert Desnos repense l’inspira- réel, qui en fait autre chose.
tion dans l’écriture poétique en jouant sur le lan-
3. Exemples de tableaux de Magritte représentant
gage. C’est le dernier poème de la section
le surréalisme :
« langage cuit ». On constate sa proximité avec la
– « Les valeurs personnelles » ;
chanson et son jeu avec la langue. Desnos
– « Les amants ».
détourne les expressions figées de la langue fran-
çaise populaire et crée l’hymne de l’amitié. 4. Le Manifeste du surréalisme de 1924 était à
l’origine conçu comme une préface à Poisson
soluble qui sera publié la même année. Hétéro-
clite, le texte rassemble divers moments d’écri-
5. Exemple de poème visuel : Guillaume Apolli- ture que l’on peut tenter d’analyser. Dans son
naire, Calligrammes, « Cœur Couronne et étude sur ce texte, Élisabeth Kennel-Renaud
Miroir ». compte 9 éléments :
Exemple de poème utilisant l’anaphore : Rim- – Hommage à l’imagination ;
baud, Enfance, III. – Appel à l’émerveillement ;

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 37
activités et recherches page 44 du manuel

– Foi en la résolution du conflit entre rêve et files.wordpress.com/2009/12/naissance-de-


réalité ; venus-cabanel.jpg
– Principe de l’écriture automatique ;
Similitudes Différences
– Définition du surréalisme ;
– Images surréalistes ; corps en entier / partiel
– Collages de fragments de phrases ; position du corps anges et ciel uniquement
– Attitude non-conformiste. corps féminin chez Cabanel
Réimprimé sans changement en 1929, le Mani- présence de l’eau mer / fleuve
feste fut toutefois augmenté d’une préface et de peinture / collage
la « Lettre aux voyantes » de 1925.
6. Titres d’œuvres ou de poèmes surréalistes :
Capitale de la douleur : métaphore ;
Les Yeux fertiles : personnification ;
Le temps déborde : métaphore ;
5. On peut trouver la Vénus de Cabanel par exem- Le Revolver à cheveux blancs : personnification ;
ple à l’adresse suivante : http://feebourbonnaise. Le Cœur d’or : métaphore.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 38
Histoire des arts page 45 du manuel

Thématique : « Arts, réalités, imaginaires »

Première impression
ment minéral ? expression d’un rêve ? d’un
1 Le paysage représente un bord de mer : au pre- cauchemar ?
mier plan, la plage occupe la majeure partie du
tableau, en arrière-plan, la mer et une côte
4 Ces montres molles semblent se liquéfier sous
l’effet du soleil. Elles dégoulinent de leurs sup-
rocheuse, sur la gauche, un arbre mort. Des objets
ports comme une sorte de colle envahissante.
pour le moins insolites parsèment ce paysage
Celle du piédestal accueille une mouche : s’y pro-
extérieur : quatre montres à gousset, certaines
mène-t-elle ? s’y trouve-t-elle engluée ? Dans ces
dégoulinantes, ainsi qu’un objet ou une créature
montres molles, on peut voir le symbole du temps
difficilement identifiable, un piédestal ou socle
qui s’écoule, au sens propre du terme, impertur-
de statue, une plaque ou une table sur la gauche,
bablement et lentement. On peut aussi lire cette
deux boules semblent également éparpillées. Cet
métaphore comme celle de l’ennui ou de la
assemblage d’éléments hétéroclites dont cer-
répétition.
tains paraissent bizarrement échoués sur ce pay-
sage marin crée une impression d’étrangeté, de La forme étrange du premier plan semble proté-
bizarrerie, de mélange de deux mondes qui n’ont, gée par une de ces montres telle une couverture.
a priori, rien en commun. De même, le tableau Pour la protéger de quoi ? Et qu’imagine-t-on de
semble figé, la première vue ne laissant paraître cette forme ? S’agit-il d’un déchet végétal ou d’un
aucun mouvement, comme si le temps s’était mollusque rejeté par la mer ? d’un animal mort ?
arrêté sur ce lieu. En regardant cette forme de côté, on peut imagi-
ner un casque ou une tête fripée par le soleil, le
sommeil ou la mort. Ce long pli est-il la dernière
Analyse du tableau trace d’une bouche ou d’un œil ?
2 La présence des montres ainsi que des deux
blocs dans ce décor naturel interpelle le regard du
spectateur. De même, la chose étrange en premier
Mises en contexte
plan peut également surprendre : déchet végétal ? 5 Il s’agit ici de conduire les élèves à échanger
animal échoué ? Le spectateur s’interroge sur la leur point de vue sur les sources d’inspiration des
présence de ces objets : comment sont-ils parve- artistes, le lien qui peut exister entre un événe-
nus là ? à quoi renvoient-ils ? quelle est leur ment du quotidien (manger du camembert) et une
histoire ? production artistique, la manière dont l’artiste
se perçoit et l’image qu’il veut rendre de lui (auto-
3 Le choix des couleurs augmente le contraste et portrait dans une forme de fœtus informe).
l’étrangeté du tableau. D’un côté des couleurs froi-
des : plusieurs nuances de marron pour la plage, 6 C’est un tableau de petite taille, à peine plus
l’arbre mort, le piédestal, la chose étrange, et du grand qu’un format A4. Le choix du format peut
bleu à différents endroits (mer et ciel, cadrans des être interprété comme la volonté de l’artiste de
montres). À ce groupe de couleurs sombres s’op- peindre une scène intimiste renvoyant ainsi à sa
posent deux couleurs chaudes : le rouge de la subjectivité, à son moi caché, à ses fantasmes. Le
montre au premier plan sur laquelle des fourmis titre donné à cette œuvre « La persistance de la
semblent grouiller, et le jaune, celui du ciel à ten- mémoire » est à mettre en relation avec les élé-
dance verdâtre, et celui des falaises, plus ocré. Ce ments qui constituent le tableau : les montres mol-
contraste contribue à interroger le spectateur : les comme souvenir de ce camembert, le fœtus
paysage de désolation ? écrasé de soleil ? unique- comme réminiscence de la vie utérine, la plage

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 39
histoire des arts page 45 du manuel

comme trace des lieux de vie que le peintre affec- leur réponse ou mettre ce tableau en relation
tionne (la Catalogne), l’opposition de couleurs avec l’extrait du Manifeste du surréalisme de la
vives, quasi électriques et d’autres, plus sombres page 36.
comme la violence de l’acte de création qui lais-
sent échapper des images de sa mémoire.
8 Cette activité d’écriture nécessite, préalable-
ment, un travail d’écriture automatique pour
7 Cette question vise à établir des liens avec les associer le nom de l’aliment choisi avec d’autres
deux séquences de l’interrogation 2. Les élèves mots. Dans un deuxième temps, il s’agira de
pourront, par exemple, s’appuyer sur les diffé- construire des images insolites associant cet ali-
rents documents iconographiques pour construire ment au paysage.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 40
Interrogation 3
Le lecteur d’œuvres de fiction fuit-il la réalité ?

Lire de la fiction : est-ce fuir ?


Séquence A
pages 48 à 53 du manuel

Introduction au travail de la séquence

L’imaginaire s’exprime dans toute œuvre de création et la fiction


littéraire en est une forme d’expression privilégiée. Celle-ci s’alimente de
l’imaginaire de l’auteur et nourrit celui du lecteur ou du spectateur. L’en-
gouement suscité par la fiction conduit à s’interroger sur les raisons qui
poussent un lecteur ou un spectateur à entrer dans l’univers d’un auteur.
S’agit-il pour celui-ci de s’évader et de se divertir ? De découvrir d’autres
mondes ? De trouver, dans une représentation du réel, des réponses à
des questions individuelles ? De chercher une échappatoire à un monde
trop concret ? Cette séquence s’inscrit donc naturellement dans la troi-
sième interrogation de l’objet d’étude : « Le lecteur d’œuvres de fiction
fuit-il la réalité ? ». Interroger les élèves sur cette question, c’est les
conduire à mettre des mots sur ce qui les anime, comme lecteur ou spec-
tateur d’œuvres fictionnelles, c’est aussi les amener à réfléchir sur la part
que la fiction occupe dans leur vie, sur leurs attentes, leurs rencontres
ou leurs rejets, sur la manière dont ils se nourrissent d’elle pour passer
des périodes charnières de leur existence. Comment la fiction entre-t-elle
en relation avec leur imaginaire, avec celle de leurs pairs, avec la réalité
qui les entoure ?
En fonction de son projet pédagogique, le professeur pourra exploi-
ter les documents proposés dans cette séquence pour initier ou conclure
une réflexion sur cette interrogation. En ouverture, il pourra s’agir de tra-
vailler sur le rapport qu’entretiennent les élèves avec l’imaginaire et les
conduire vers la lecture d’une œuvre intégrale. En clôture, l’enseignant
sollicitera plutôt leurs pratiques de « consommateurs de fiction » pour
voir comment ils se situent vis-à-vis d’elles, ce qu’ils y cherchent et en
attendent. La première séance donne une large place à l’image pour inter-
roger l’imaginaire et la sensibilité des élèves. Cette séance peut débou-
cher sur la présentation d’un document iconographique pris, par exemple,
à l’intérieur du manuel qui éveille particulièrement leur imaginaire. De
même, la lecture d’autres extraits du Dictionnaire des lieux imaginaires
d’Alberto Mangel et Gianni Guadalupi peut être proposée tout au long de
la séquence et déboucher sur un atelier d’écriture, par exemple « ma per-
ception de l’imaginaire » ou des activités d’écriture à partir d’un
déclencheur.
La séquence est prolongée par des propositions d’activités et de
recherches sur internet, page 62 du manuel.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 41
Séquence A Lire de la fiction : est-ce fuir ?

1. Quels sont les effets de la fiction


sur le lecteur ? pages 48-49 du manuel

Lecture u Étudier le texte (document 4)


5. Ce texte, qui est l’incipit du roman de Raymond
u Étudier les images (documents 1 à 3) Queneau, Les Fleurs bleues, présente la descrip-
1. Cette question fournit un premier matériau qui tion, par le duc d’Auge, du paysage vu de son don-
servira de support à la question 2. Il s’agit d’in- jon. Les marques de présence du narrateur se
sister sur ce que chacun ressent et non de décrire repèrent dans l’emploi d’un lexique familier (l. 2 :
ce qui est vu. « se pointa », l. 3-4 : « un tantinet soit peu », l. 5 : « en
vrac »), de nombreux adverbes (l. 4 : « plutôt », l. 8 :
2. À partir de la lecture spontanée des documents, « audacieusement », l. 14 : « attentivement »), des
comparaisons et métaphores sont une nouvelle images (l. 9 : « les silhouettes molles »), de nom-
étape ; on pourra s’intéresser à la plus ou moins breux jeux de mots (l. 6 : « deux Huns », l. 10 : « Sar-
grande force d’évocation de ces figures de style. rasins de Corinthe », « Francs anciens », l. 15 à 18 :
3. En donnant un titre au photomontage, l’élève « Les Huns préparaient des stèques tartares », « le
en offre sa lecture. Il n’y a donc pas de bonne ou Gaulois fumait une gitane », « les Sarrasins fau-
de mauvaise proposition mais des titres dont il chaient de l’avoine », « les Francs cherchaient des
faut s’assurer qu’ils rendent compte adéquate- sols », « les Alains regardaient cinq Ossètes ») et un
ment de l’émotion ressentie, par le choix des ter- cliché (l. 11 et 19 : « Normands buvaient du calva »).
mes, la construction. Cette description, pour le moins subjective et
étrange, crée une impression de décalage et de
4. L’analyse de ce titre de bande dessinée conduit
confusion (l. 4 : « Elle [la situation historique] était
à s’interroger sur le sens qu’on peut construire à
plutôt floue »), les peuples énumérés n’ayant pas
partir de l’opposition entre le terme « souvenirs »
vécu à la même époque et encore moins à celle du
(renvoyant au passé, au vécu, au déjà vu) et le
temps de la description (l. 1 : « Le vingt-cinq sep-
terme « présent » (qui connote l’instant). Cette
tembre douze cent soixante-quatre »).
antithèse est encore accentuée par l’adjectif
« éternel » (qui s’oppose radicalement au nom 6. Cette question permet de traduire les jeux de
qu’il qualifie). L’imaginaire du lecteur se trouve mots à l’œuvre, qui inscrivent cet incipit dans le
stimulé par ces associations surprenantes. registre.

u Étudier une définition de la fiction


Photomontage qui superpose une métropole et une chute d’eau gigantesque ➞ impression
7. Document 1 que la ville va glisser, danger
Jeux d’ombre et de lumière, perspective vertigineuse qui renforce l’écart entre la statue, qui
Document 2 semble monstrueuse, et les deux petits personnages au fond ➞ impression de vide et de
désert qui s’oppose au titre du tableau (Les Joies) et renforce l’idée d’énigme
Mélange d’architecture ancienne et moderne, personnage maigrelet en équilibre précaire
Document 3
sur une échelle (suspendu dans le temps ?) ➞ où va ce personnage ? que cherche-t-il ?
Description qui mêle des personnages d’époques différentes et les inscrit dans des
Document 4 stéréotypes et des jeux de mots ➞ une situation confuse : pourquoi ces personnages se
retrouvent-ils dans un même lieu alors qu’ils sont issus d’époques et de cultures différentes ?

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 42
Interrogation 3

Écriture et oral
8. Les élèves doivent s’appuyer sur les réponses 9. Critères pour une évaluation :
aux questions précédentes pour étayer leur point – le lieu choisi est source d’évocation et ne se
de vue. Loin de toute réponse tranchée de type limite pas à une description objective ;
oui ou non, ils pourront répondre à la probléma- – le lexique employé renvoie aux sensations (ver-
tique en s’interrogeant sur la manière dont les bes de perception) et à l’étrange ;
différents documents leur parlent, interpellent – les sensations exprimées donnent lieu à des
leur imaginaire, les plongent dans des associa- images poétiques ;
tions qui se nourrissent de leurs diverses lectu- – comme lecteur, je suis sensible au texte
res. Pourquoi suis-je sensible (ou on) à tel produit.
document ? Qu’évoque-t-il (ou non) pour moi ?

2. Pourquoi le lecteur
part-il à la recherche de l’Atlantide ? pages 50-51 du manuel

Les deux supports proposés explorent la permanence du mythe de l’Atlantide à travers


deux extraits : un article de dictionnaire et une planche de bande dessinée.

Lecture ment s’appuyer sur le titre dont le texte est extrait


(Dictionnaire des lieux imaginaires).
u Étude du texte (document 1) 2. Les marques de modalisation sont nombreu-
1. Un dictionnaire a une fonction explicative et ses : (l. 10 : « On raconte », l. 18 : « miraculeuse-
informative qui permet d’obtenir des indications ment préservée », l. 20 : « étranges inscriptions »,
sur le sens du mot dans le contexte dans lequel l.22 : « la plus belle oasis du Sahara », l. 25-26 :
il est utilisé. La mise en page du texte respecte « Cette oasis est gouvernée par la reine Antinéa
celle de l’article du dictionnaire : mot en majus- qui n’encourage pas particulièrement le tou-
cules suivi d’une phrase qui débute sans présen- risme », l.30 à 32 : « On expose ces splendides
tatif. Toutefois, on s’aperçoit rapidement que la statues […] paraît-il […] ». Enfin, la dernière phrase
fonction de ce texte n’est pas seulement infor- de l’article, « Avis aux amateurs » interpelle le lec-
mative puisque les auteurs racontent l’histoire teur et confère à l’article une dimension humo-
du lieu et interviennent par des commentaires ristique. Ces multiples interventions des auteurs
qui donnent à cette explication un caractère véri- sont la trace que l’enjeu de cet article n’est pas
dique à une légende. Les élèves peuvent égale- seulement informatif mais vise à éveiller la curio-
sité et l’imaginaire du lecteur sur ce lieu.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 43
Lire de la fiction : est-ce fuir ?

La confrontation entre les différentes proposi-


3. tions des élèves doit permettre de comprendre
Informations Informations étranges,
comment fonctionne l’imaginaire de chacun,
sérieuses relevant de l’humour comment celui-ci se nourrit des connaissances
et des références dont il dispose, comment une
Continent immergé Aux alentours de l’an 9560 nouvelle référence offre de nouvelles pistes à
Dimensions du avant J.-C. Certaines parties
continent encore habitées et visitées
l’imaginaire.

Carrières de minerai Orichalque u Étude de la BD (document 2)


Visitées par le capitaine 4. Le professeur veillera à ne pas limiter cette
Terres englouties
Némo question à une description de la vignette mais à
Partie sous marine Les habitants vivent dans relancer les propositions de chacun. Plutôt
découverte en 1926 une sorte d’arche qu’une question tournée vers le « que voyez-
Partie émergée Officiers drogués au vous », il convient d’interroger le « à quoi cela
découverte en 1897 haschisch se réveillant dans vous fait-il penser ? » Un vrac d’idées peut être
dans le Ahaggar une oasis
élaboré en fonction des différents éléments
Oasis gouvernée par Visiteurs mâles promis à la constitutifs de la vignette : les lieux, les person-
une reine qui reine puis tués et momifiés nages, le ou les événement(s) représenté(s), les
n’apprécie pas le
tourisme Corps placé dans un bain de mouvements des personnages.
Technique de sulfate d’orichalque et
réaction grâce à l’électrolyse 5. La planche présentée ici correspond à la ver-
momification
sion colorisée de cette bande dessinée. Elle est
120 niches de 54 niches seulement sont dominée par des tonalités jaunes et de marron,
statues sont prévues occupées… accompagnées du noir et du blanc. On peut inter-
roger les élèves sur leur impression première et
Cette mise en relation d’éléments plausibles avec sur l’ambiance qui se dégage de cette planche :
d’autres plus étranges permet de comprendre le il y a une énigme, comment la résoudre ? Pour-
véritable enjeu de cet article de dictionnaire. Cha- quoi ces personnages s’intéressent-ils à ce lieu ?
que élément vraisemblable est contrebalancé par Qu’en attendent-ils ? Le professeur peut égale-
un autre qui renvoie à un imaginaire qui se fonde ment proposer en parallèle la version originale
sur des éléments scientifiquement non vérifia- en noir et blanc pour voir comment la colorisation
bles ou impossibles (comment dater aussi préci- modifie la perception du lecteur.
sément la date d’immersion de ce continent ?), Avant d’entrer dans le détail de l’analyse, le pro-
sur l’intervention de personnages de fiction (le fesseur pourra faire observer la construction
capitaine Némo), sur des objets mythiques (l’ar- générale de la planche et, notamment, sa symé-
che, l’orichalque) voire sur des éléments cocas- trie (2-3-2). Les vignettes 1, 2, 6 et 7 sont de taille
ses (officiers drogués qui se réveillent au fond identique. La planche ouvre et se clôt par un gros
d’une grotte du Sahara, reine aux mœurs pour le plan d’un dessin, les autres vignettes servant à
moins étranges) ou d’humour noir (56 niches présenter les différents personnages. La vignette
sont encore vides, attendant les momies des pro- centrale (5) présente le héros. Sa parole, réduite
chains visiteurs…) La dernière phrase du texte à un mot, est essentielle puisqu’elle vient nom-
vient renforcer la dimension humoristique, invi- mer le lieu mystérieux. À partir de là, les hypo-
tant le lecteur à visiter ce monde et s’engager thèses formulées par les autres personnages
dans l’aventure. prennent sens, le lecteur entre dans la fiction.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 44
Interrogation 3

Expression des Paroles


Vignette Cadrage Éléments graphiques Ponctuation
personnages prononcées
Dessins stylisés d’une Sur le dessin,
Très gros scène inquiétante : feu certains
1 plan (guerre ? cataclysme ?), personnages Aucune. Aucune.
– plongée. le doigt d’un personnage tombent : scène de
pointe le dessin. panique ?

Phrase
Au premier plan, un jeune Le jeune homme à
Explication interrogative :
homme, en arrière-plan la mine soucieuse,
de ce que le jeune homme
Gros plan haut du visage d’un le vieil homme
représenterait la pense à haute voix
2 – profil homme plus âgé. Peu de semble penser ou
précédente et sa réflexion le
gauche. détails, la bulle occupe regarder quelque
vignette et conduit à formuler
une large part de la chose, les yeux
hypothèse. une explication
vignette. tournés vers le bas.
rationnelle.

Le vieil homme
Phrase affirmative
acquiesce et nous
Le vieil homme se Doigt levé : signe qui vient confirmer
Gros plan renseigne sur la
3 détache sur la bulle, son d’alerte ou l’hypothèse de la
– face. relation entre ce
visage est détaillé. d’autorité ? vignette
document et le
précédente.
jeune homme.

Une phrase
Un homme (le héros de la Phrase exclamative
Gros plan nominale réduite à
BD, Corto Maltese) qui qui renforce la
4 – profil Visage impassible. un mot :
allume une cigarette. La brièveté de la
gauche. identification du
bulle est minuscule. réplique.
lieu.

Exclamation qui
informe sur l’effet
Permet au récit
Un 4° homme, le visage produit par la
Gros plan d’avancer, on
marqué par de Visage inquiétant, phrase de la
– trois connaît
5 nombreuses rides. La teint olivâtre, yeux précédente
quarts maintenant ce qui
bulle remplit la totalité de presque clos. vignette, puis
gauche. lie ces différents
la vignette. phrase affirmative
personnages.
qui fait avancer le
récit.

Une femme se détache


sur un mur en arrière- Concession qui Phrase
Visage encadré par
Gros plan plan permettant d’en permet interrogative qui
6 des cheveux noirs
– face. représenter également d’introduire une lance une nouvelle
et des créoles.
l’ombre, une bulle autre hypothèse. piste.
accompagne son visage.

Dessin d’un labyrinthe, Développement


Phrase affirmative
un doigt, celui de la de l’hypothèse
qui explique,
Très gros femme si l’on se réfère formulée dans la
l’attention du
7 plan aux paroles prononcées, Aucune précédente
lecteur est attiré
– plongée. pointé vers son entrée. vignette, le geste
par le doigt qui
Une bulle accompagne la accompagne la
montre un détail.
vignette. parole.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 45
Lire de la fiction : est-ce fuir ?

Écriture et oral classés selon qu’ils répondent à une thèse ou à


son opposé. Une deuxième étape consistera à
6. La réponse doit conduire l’élève à reprendre
étayer ces arguments à partir d’exemples pris
les différents éléments relatifs à l’imaginaire : un
dans la séquence et dans les références culturel-
monde étrange et merveilleux, un monde qui fas-
les de chacun. Dans le cadre d’un débat, le pro-
cine toujours autant, un monde qu’on tente d’ex-
fesseur peut évaluer la pertinence des arguments
pliquer par le rationnel, un monde qui fait
présentés par chaque débatteur mais aussi les
référence à d’autres civilisations, d’autres histoi-
procédés rhétoriques employés pour convaincre
res, un monde rêvé comme un El dorado.
ainsi que la capacité à prendre en compte les pro-
7. Cette activité vise à développer l’apprentis- pos de l’autre pour rebondir et convaincre. L’at-
sage de l’oral dans le cadre d’un débat. Dans un titude « goûter la puissance des mots et les
premier temps, le professeur peut faire procéder ressources du langage » a parfaitement sa place
à une recherche collective d’arguments qui seront dans cette évaluation.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 46
Séquence a Lire de la fiction : est-ce fuir ?

Évaluation pages 52-53 du manuel

Évaluation u Document 4
des compétences de lecture 4. Dans cette vignette de bande dessinée, deux
12 points
mondes différents sont juxtaposés : en bas, une
ville traditionnelle, qui renvoie à la représentation
u Document 1 d’un monde réel ; en haut, une ville futuriste,
constituée de gratte-ciel et parcourue de navettes
1. On attend que l’élève se réfère aux exemples volantes et de routes suspendues, qui renvoie à
suivants : l. 2 : « ville toile d’araignée », l. 3-4 : « la un monde imaginaire. L’opposition entre les deux
ville est au-dessus du vide, attachée aux deux crê- espaces est accentuée par le choix des couleurs :
tes par des cordes, des chaînes et des passerel- marron et beige pour la ville du bas ; jaune et
les », l. 5-6 : « on s’agrippe aux mailles d’un filet orangé pour la ville du haut, et par le graphisme :
de chanvre », l. 9 : « un filet qui sert de passage et souci du détail, en bas ; lignes tracées à grands
de support ». L’impression générale qui se dégage traits accentuant le gigantisme, en haut.
de cette description est un sentiment d’incerti- On peut estimer que cette image constitue une
tude lié à la structure flottante de la ville. utopie en ce qu’elle oppose un monde réel et un
monde imaginaire.
u Documents 1 et 2
2. Dans le premier texte, la ville est décrite autour u Documents 1 à 4
de la métaphore de la toile d’araignée, prolongée 5. Cette question permet au candidat de justifier
par les champs sémantiques de la suspension et son opinion et de contextualiser ses arguments
de la fragilité. Le second texte présente la ville à partir d’exemples et de citations précis.
en deux étapes : un premier paragraphe pure-
ment descriptif, la suite du texte intervenant
comme un commentaire qui développe la
description. Évaluation
Pour étayer sa réponse, l’élève ne peut pas seu-
lement faire référence à la bizarrerie de la ville, des compétences d’écriture
car cette particularité est présente dans les deux 8 points
textes. Il devra analyser les figures de style
(métaphore, accumulation, perception de l’hu- 6. Propositions de critères d’évaluation :
mour dans les interventions du narrateur…) et – le récit s’appuie sur des éléments de la
leur exploitation afin de rendre son point de vue vignette ;
pertinent. – le récit ne se limite pas à une simple description
de la vignette ;
– le récit révèle l’opposition entre les deux mon-
u Document 3 des présentés ;
3. L’élève peut répondre en s’appuyant sur les – la langue employée (lexique et images) contri-
termes d’impossible, de chimère et / ou de bue à créer une impression d’étrangeté et de
construction purement imaginaire et en sélec- fantastique ;
tionnant des exemples appropriés. – l’élève sait employer les substituts lexicaux
pour décrire et nommer ; susciter l’intérêt du lec-
teur par des images insolites.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 47
Interrogation 3
Le lecteur d’œuvres de fiction fuit-il la réalité ?

Séquence b Le Cœur révélateur, d’Edgar A. Poe :


un récit fantastique ? pages 54 à 61 du manuel

Introduction au travail de la séquence

Dans cette interrogation 3 de l’objet d’étude « Du côté de l’imagi-


naire », le choix d’une nouvelle fantastique est dans la droite ligne des
préconisations officielles (Registre fantastique – Lexique : imagina-
tion / imaginaire, peur / étrange ; lexique des émotions). Le Cœur révéla-
teur, discours rétrospectif d’un homme sur l’assassinat qu’il a commis en
proie à la folie, semble particulièrement indiqué pour travailler l’une des
capacités détaillées dans le programme de Première : « Interpréter le dis-
cours tenu sur le réel à travers le discours de l’imaginaire (en particulier
romanesque et poétique) ».
Les élèves ont étudié les auteurs fantastiques français au collège 
– surtout Maupassant – mais Poe, auteur américain traduit par Baude-
laire, est moins connu d’eux. Le professeur peut, à partir du Cœur révé-
lateur, prolonger la séquence en donnant à voir aux élèves l’adaptation
de la nouvelle par Jules Dassin, dans son court-métrage Tell Tale Heart,
ou en leur faisant lire l’ensemble de la nouvelle adaptée par Brescia en
bande dessinée, dont quelques vignettes sont reproduites dans la
séquence ; il peut aussi faire lire aux élèves d’autres nouvelles tirées des
Histoires extraordinaires d’E. A. Poe.
La séquence est prolongée par des propositions d’activités et de
recherches sur internet, page 62 du manuel.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 48
Interrogation 3

1. Le « plaidoyer d’un fou » ? pages 54-55 du manuel

Lecture
(Vrai !, attention !, oh !, avec quelle dissimulation
u Étude de la nouvelle (document 1) je me mis à l’œuvre ! Je crois que c’était son œil !
oui, c’était cela ! vous auriez ri de voir avec quelle
1. La nouvelle est tout entière conçue comme un adresse je passais ma tête !)
monologue (une seule personne parle) mais sur Les questions indiquent qu’il est très important
un mode dialogique : la personne qui s’exprime pour le personnage de ne pas être jugé fou, mais
par « je » s’adresse à un autre qu’il désigne par sain d’esprit, ce dont il tente de convaincre son
« vous » ( je suis très nerveux, pourquoi préten- interlocuteur.
dez-vous que je suis fou ? observez avec quelle Les phrases exclamatives, très nombreuses dans
santé, […] je puis vous raconter toute I’histoire. l’extrait, ont pour fonction d’indiquer l’agitation
Vous me croyez fou. Etc.) du personnage.
Ces indices laissent penser que le « je », accusé
de folie, s’en défend auprès de quelqu’un qui
l’accuse : médecin ? policier ? u Étude de la BD (document 2)
2. La nouvelle va être la narration d’une action 5. Les dessins s’accordent au récit car ils se suc-
accomplie : le personnage va raconter une cèdent en variant très peu, ce qui s’accorde bien
histoire. à la lenteur du récit : faible progression ; insis-
Cette histoire est ensuite racontée au passé : tance sur des gestes infimes et lents.
imparfait, plus que parfait, passé simple… L’an- Le dessinateur a mis l’accent sur la fixité de l’œil
crage fictionnel de la nouvelle est donc la narra- et sur le personnage qui dit « je » dans le récit.
tion a posteriori d’une action déjà accomplie, ce 6. Le vieillard, immobile, qui semble regarder le
qui est le cas le plus courant du récit en « je » lecteur de face, n’est pas spécialement mena-
3. La phrase qui apprend au lecteur ce qui s’est çant, contrairement à l’assassin, qui se tient
passé est celle-ci : immobile derrière lui et le considère d’un œil
Chaque fois que cet œil tombait sur moi, mon inquiétant et cruel.
sang se glaçait ; et ainsi, lentement, – par Les dessins opposent les aplats noir et blanc, qui
degrés, – je me mis en tête d’arracher la vie du transcrivent bien l’univers sombre dont il est
vieillard, et par ce moyen de me délivrer de l’œil question, ainsi que l’opposition obscu-
à tout jamais. rité / lumière évoquée dans le troisième paragra-
Le personnage a assassiné un vieil homme. La phe. Ils soulignent le caractère inquiétant de
raison invoquée est la nécessité pour lui de se l’histoire.
délivrer de l’œil du vieillard dont il ne supporte
pas la vue. Le personnage précise par ailleurs u Mise en relation des documents
qu’il n’a aucune autre raison d’en vouloir au vieil
7. Un plaidoyer est un exposé argumenté,
homme : ni cupidité, ni haine.
convaincu, en faveur d’une personne, d’une idée,
4. Certains signes de ponctuation sont employés d’une institution. (source : TLF, en ligne sur :
de façon significative dans cet extrait : les points http://atilf.atilf.fr/)
d’interrogation (mais pourquoi prétendez-vous Dans le récit, le personnage argumente afin de
que je suis fou ? convaincre son interlocuteur qu’il n’est pas fou.
Comment donc suis-je fou ? un fou aurait-il été Dans la BD, les cartouches reprennent les prin-
aussi prudent ?) et les points d’exclamation cipales étapes de l’argumentation du narrateur.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 49
Lire de la fiction : est-ce fuir ?

Écriture et oral d’esprit, hypnotisé par un œil maléfique ; car, à


ce stade du récit, il est impossible de savoir ce
8. La lettre doit rappeler les circonstances du qu’il en est réellement de l’histoire racontée, et
meurtre. Elle doit prendre parti sur le récit – soit les élèves peuvent avoir dans leur « bibliothèque
en développant la thèse de la folie du person- intérieure » nombre de récits (écrits ou filmiques)
nage, qui dit qu’il n’est pas fou mais que ses qui jouent sur la folie et la vérité : par exemple,
actes et ses pensées montrent le contraire, soit Les Envahisseurs ou plus récemment, Shutter
en développant la thèse d’un personnage sain Island.

2. Du monde réel au monde imaginaire ? pages 56-57 du manuel

Lecture
– il entend battre le cœur de l’homme ;
u Étude de la nouvelle (document 1) – ce bruit semble de plus en plus fort ;
1. Les événement évoqués dans l’extrait : – il tue l’homme ;
– le personnage ouvre la lanterne, dont la lumière – il découpe le cadavre ;
éclaire l’œil du vieillard ; – il le cache.

2.
Ponctuation, lexique, répétitions, images Sentiments
Événement évoqué
caractéristiques… du personnage
Si peu, si peu que rien.
Un mince filet de lumière se Si furtivement, si furtivement que vous ne sauriez
§1
dirige vers l’œil. imaginer.
Comme un fil d’araignée.
Voile hideux qui glaçait la moelle de mes os.
§2 La lumière rend l’œil visible. Fureur.
Précisément sur la place maudite.
Le personnage entend battre Comme le battement du tambour exaspère le
§3 Fureur accrue.
le cœur du vieillard. courage du soldat.
Le battement est de plus en toujours plus fort, toujours plus fort ! Terreur.
plus fort.
§4
Le personnage tue le vieil puis
homme. roide mort… Bonheur.
Le personnage découpe le Les sages précautions que je pris. Concentration,
§5
cadavre. Je travaillai vivement, mais en silence. retour au calme.
Si habilement, si adroitement.
Le personnage dissimule le Aucun œil humain – pas même le sien ! Contentement,
§6
cadavre. Rien à laver – pas une souillure, – pas une tâche de bonne humeur.
sang.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 50
Interrogation 3

3. Les indices du dialogue : 6. Les yeux, et donc la vue, sont privilégiés dans
– si furtivement que vous ne sauriez imaginer ; les deux cas : jeu de regard sur le spectateur du
– ne vous ai-je pas dit que ce que vous preniez tableau qui regarde les personnages qui le regar-
pour de la folie n’est qu’une hypercuité des dent ; importance de l’œil et du regard – l’assas-
sens ? sin regarde l’œil du vieil homme – dans la
– Maintenant, je vous le dis ; nouvelle. C’est par l’œil que tout commence,
– Me suivez-vous bien ? Je vous ai dit que j’étais avant que l’on ne passe de l’œil à l’ouïe.
nerveux. Le spectateur, et le lecteur sont pris à parti par
– Si vous persistez à me croire fou, cette croyance ce jeu de regards ; impression de malaise, comme
s’évanouira quand je vous décrirai les sages pré- s’il était pris par la folie. Cette impression est
cautions que j’employai pour dissimuler le accentuée par « l’effet-personnage » qui pousse
cadavre. le lecteur à s’identifier au « je » d’un récit.

u Étude de l’image (document 2)


4. Ce dessin fait référence au meurtre.
5. Ce dessin illustre l’étrangeté à l’œuvre dans la
nouvelle :
– la représentation des personnages n’est pas Écriture et oral
réaliste : corps maigre et élancé de l’assassin,
7. Le personnage transforme la réalité quand il
position précaire et instable, à la limite du désé-
s’imagine que la battement du cœur du vieil
quilibre ; écharpe ou châle qui vole, indiquant le
homme va être entendu par les voisins et qu’il
mouvement. Membres (pieds, mains)
faut donc le faire taire. Le lecteur perçoit un
disproportionnés ;
énorme décalage entre les préoccupations du
caractère androgyne des 2 personnages, et res-
personnage (qui argumente sur la finesse de ses
semblance dans une expression indéfinissable :
sens) et l’acte qu’il commet (un meurtre).
terreur ? sourire ? en tout cas grimaçante. Regards
tournés vers le spectateur, comme si celui-ci les 8. Le lexique des sentiments (verbes, adverbes,
surprenait et comme si le tableau était figé à ce adjectifs variés) aura pu être défini au préalable
moment-là. en classe.
– le noir occupe toute l’illustration sauf le lit et Le récit construit par les élèves doit intégrer une
les deux hommes ; le plancher au pied de la lan- justification du gribouilleur, cohérente pour lui
terne paraît liquide. On note aussi le manque de mais inacceptable par la société, qui l’assimile à
perspective. la marque de sa folie.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 51
Séquence b Lire de la fiction : est-ce fuir ?

3. Remords de l’assassin ou vengeance du mort ?


pages 58-59 du manuel

Lecture nage entend ou pas le cœur du vieil homme bat-


tre après sa mort ; s’il est fou ou s’il se passe des
u Étude de la nouvelle (document 1) choses surnaturelles.

1. Le personnage se sent à l’aise ; avoir commis 5. Deux vignettes sur quatre présentent un
son crime et supprimé la cause de ses angoisses champ / contrechamp sur l’assassin et sur trois
(l’œil, le cœur battant) lui redonne son calme : il policiers identiques, représentés par leur fonc-
est souriant ( je souris), enthousiaste (dans l’en- tion ; le bruit du cœur en train de battre prend
thousiasme de ma confiance), triomphant (moi- tout l’espace de la 3e vignette (bruit très fort).
même, avec la folle audace d’un triomphe parfait). Sur la dernière vignette, l’assassin a perdu son
Ces sentiments le poussent à discuter avec les air impassible et avoue son crime. Ces 4 vignet-
policiers dans la chambre de la victime. tes en noir et blanc correspondent à la fin de l’his-
toire, et à la fin de la BD.
2. La situation change à partir de cette phrase :
Mais, au bout de peu de temps, je sentis que je 6. Le lecteur peut faire l’hypothèse que le per-
devenais pâle, et je souhaitai leur départ. sonnage a du remords d’avoir tué le vieil homme
De l’état de calme, il repasse à un état de nervo- car il est instable, nerveux et ne le détestait pas ;
sité. Il commence par sentir sa pâleur (signe exté- il a cédé à une pulsion mais le regrette. Il s’ima-
rieur), puis a mal à la tête et aux oreilles. À ce gine donc entendre le cœur battre. Le lecteur peut
moment-là, son malaise apparaît puisqu’il com- aussi imaginer que ce vieil homme mystérieux se
mence à se conduire de façon un peu étrange – il venge de son assassin ; d’un côté comme de
parle fort ; il respire mal puis se lève. l’autre, le personnage semble être le seul à enten-
Puis le malaise l’envahit complètement : il crie, dre le cœur battre. Même si la thèse de la folie
marche vite et fort, agite sa chaise. semble l’emporter, il est impossible pour le lec-
teur de décider rationnellement. La plupart des
3. Il avoue son crime car il imagine que ses inter- récits ou des films fantastiques se fondent sur
locuteurs savent tout. un décalage par rapport à la réalité, dû, soit à la
folie, soit au sommeil ou au rêve.
u Étude de la préface (document 2) 7. Les élèves devront fournir une réponse argu-
4. Est naturel ce qui existe dans la nature ➞ plau- mentée, illustrée par des exemples.
sible, cohérent, possible. Est surnaturel ce qui
n’existe pas, et n’obéit pas aux lois physiques de
notre monde ➞ impossible. Pour Todorov, le fan-
tastique est aux frontières entre ce qui est pos-
sible ou pas. Les élèves devront veiller à ne pas Écriture et oral
confondre merveilleux (contes de fées), fantasy
ou science-fiction, terreur ou horreur… dans les- 8. Les élèves doivent respecter la situation de
quels les événements racontés obéissent aux l’énonciation : récit en je, raconté au passé, et
lois du monde décrit, avec le fantastique. insérer des dialogues dans le récit. La réaction
La nouvelle de Poe est fantastique à condition des policiers doit être vue du côté du personnage
que le lecteur ne puisse pas décider si le person- qui dit « je ».

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 52
Séquence b Lire de la fiction : est-ce fuir ?

Évaluation pages 60-61 du manuel

Évaluation – la présence d’un chat noir, assimilé tradition-


nellement à la sorcellerie ;
des compétences de lecture – la transformation de la tache sur le chat ;
10 points – le champ lexical de la mort.

1. Ces documents racontent la même histoire,


mais la BD va plus loin que le récit puisqu’on y
voit le personnage, pris de colère, poursuivre le Évaluation
chat. des compétences d’écriture
2. Les perspectives ne sont pas réalistes ; les 10 points
couleurs, les lignes et les formes semblent floues,
comme si on les observait au travers d’un verre 5. Proposition de critères d’évaluation :
déformant. – respect des indices de l’énonciation ;
– succession de divers épisodes intégrant la
3. On peut identifier un sentiment de peur ou
poursuite du chat par le personnage, sa dégrin-
d’angoisse : frémis, osé, terrible, plus de béati-
golade dans l’escalier et l’arrivée de la femme
tude, de repos, angoisse, immense poids,
(voir à l’arrière-plan de la dernière vignette) ;
cauchemar.
– caractéristiques du fantastique : il se passe
On trouve aussi un sentiment de dégoût, d’hor-
entre le chat et le personnage des événements
reur : hideuse, sinistre, lugubre, misère, miséra-
qui peuvent ne pas être naturels ; par exemple,
ble, tiède haleine.
le personnage peut imaginer que le chat lui
4. Indices du fantastique : parle.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - du côté de l’imaginaire • 53
Objet d’étude X
Interrogation 3 Le lecteur d’œuvres de fiction fuit-il la réalité ?

Xxxxxxxxxxxxxxx Pages xx à xx du manuel

Activités et recherches page 62 du manuel

Séquence A –
Lire la fictionss 2. Le professeur peut faire procéder à une recher-
che sur internet et s’appuyer sur les articles du
1. Le verbe « forger » vient du latin fabricare qui Dictionnaire des lieux imaginaires qui présentent
signifie fabriquer, façonner. Dans le contexte, les les mondes énoncés ci-dessous. Le renvoi aux
synonymes sont inventer et imaginer. La citation œuvres littéraires, cinématographiques, pictura-
renvoie à cette idée de fabrication, de construction les ou musicales données en référence permettra
de mondes imaginaires façonnés par les mots. de développer l’interrogation du programme.

Réflexions Caractéristiques
Lieu Référence Éléments scientifiques
associées des personnages
Les recherches visant à
D’après le philosophe confirmer l’existence de Les terres
Des êtres de grande
grec Platon, île l’Atlantide n’ont rien disparues, les
Atlantide puissance, victimes de
engloutie dans un donné. Par cette fable, royaumes
la colère des Dieux.
cataclysme. Platon fait valoir ses introuvables.
idéaux sur la démocratie.
Mondes
Île imaginaire dans le En lien avec les imaginaires dont
Les Lilliputiens
roman de J. Swift, Les découvertes du les organisations
Lilliput mesurent huit
Voyages de Gulliver, xviiie siècle et avec la sociales
centimètres de haut.
1721. littérature utopiste. rappellent les
nôtres.
Lewis Carroll, Alice au Des animaux doués de
pays des merveilles, À partir de
parole, des potions
1865 : Aucun, le parti pris situations
magiques, des
Pays des narratif est radicalement bizarres, l’héroïne
l’héroïne tombe dans orienté du côté de la créatures imaginaires ;
merveilles entame une
un terrier de lapin et fiction et du conte. une héroïne qui grandit
réflexion sur
accède à un monde ou rapetisse au cours
l’absurde.
merveilleux de ses aventures

Roman de S. Butler, Dans ce roman, l’auteur


publié en 1872. le titre fait référence à son séjour
Erewhon
est un anagramme de en Nouvelle-Zélande dans
nowhere « nulle part ». les années 1860.
Un monde coupé en
Film de F. Lang,
deux, un héros, fils du
Metropolis, 1927. Une Les villes
La réalité sociale des maître des lieux qui
ville gigantesque tentaculaires,
années 1920 en Europe, découvre la ville d’en
divisée en deux monstrueuses,
un monde industrialisé, bas en tombant
Metropolis mondes : la ville haute, dévoreuses
une division du travail et amoureux d’une de ses
où règne le luxe, et la d’êtres humains
une opposition des habitantes. Un
ville basse où aliénés par le
classes sociales. dédoublement du
travaillent les travail.
personnage féminin
ouvriers.
(elle et son clone).

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 54
Interrogation 3

Séquence B –
« LE cœur révélateur »ss
3. Quelques noms, d’architectes ou de lieux, peu-
vent orienter les élèves dans leurs recherches
1. Comparaisons et métaphores :
ainsi que le site : http://www.habiter-autrement.
Un de ses yeux ressemblait à celui d’un vautour, –
org/03_utopies/06_ut.htm En fonction du patri-
un œil bleu pâle, avec une taie dessus. Chaque fois
moine local, il peut être intéressant de bâtir un
que cet œil tombait sur moi, mon sang se glaçait ;
projet incluant la visite d’un lieu (la rotonde de
Je l’ouvrais juste pour qu’un filet imperceptible de
Ledoux à Paris, le familistère de Fourier à Guise,
lumière tombât sur l’œil de vautour.
la cité radieuse à Marseille, des musées à l’archi-
ce n’était pas le vieil homme qui me vexait, mais
tecture contemporaine…) ou un parcours photo-
son Mauvais Œil.
graphique dans la ville de l’établissement. Pour
Ces images sont en accord avec le texte parce
bâtir un projet culturel autour de l’Histoire des
qu’elles transforment le vieil homme en monstre,
Arts, il peut également être pertinent de se ren-
en prédateur dangereux, ce que le personnage
dre à la cité de l’architecture et du patrimoine du
imagine qu’il est.
Palais de Chaillot (Paris) ou d’en consulter le site
internet : http://www.citechaillot.fr 2. Les élèves doivent respecter le système
d’énonciation ➞ employer le « il » pour désigner
4. L’activité permet de pratiquer la lecture docu-
le vieil homme. Le récit doit exprimer la peur res-
mentaire, de s’entraîner à produire un discours
sentie par ce personnage.
explicatif et argumentatif à l’oral, de développer
Lexique de la peur : crainte, appréhension,
les compétences : « Interpréter le discours sur le
inquiétude, anxiété, effroi, alarme, frayeur, épou-
réel à travers le discours sur l’imaginaire » ; « contex-
vante, angoisse, émoi… Effrayé, effarouché,
tualiser et mettre en relation des œuvres traitant,
effaré, alarmé, affolé, apeuré…
par l’imaginaire, un même aspect du réel à des
époques différentes » ainsi que l’attitude : « être 3. Choix libre avec présentation orale, qui doit
curieux des représentations variées de la être fondée sur les critères du fantastique définis
réalité. » p. 59, document 2.
5. La description de l’abbaye de Thélème inter-
vient au chapitre 53 de Gargantua, « Comment
fut bâtie et dotée l’abbaye des Thélémites. » La
description est à la fois précise (on peut quasi- 4. Les passages où le personnage exprime son
ment en dessiner le plan) et métaphorique du angoisse sont ceux qui précèdent le meurtre et
bon vivre qui doit y régner. L’exagération, l’em- qui précèdent l’aveu. Ils nous révèlent que ce per-
phase et la richesse la caractérisent. L’élève peut sonnage a des comportements et des idées
imprimer le plan de l’abbaye, en effectuant une étranges qui révèlent une certaine fragilité, et
recherche d’images, avant de commencer son pas la force dont il s’imagine faire preuve.
travail d’écriture. Pour aller plus loin dans l’étude de cette nouvelle,
on peut visionner ou demander aux élèves de
visionner les nombreuses versions animées ou
filmées inspirées du Cœur révélateur, que l’on
trouve sur internet.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 55
Histoire des arts page 63 du manuel

Thématique : « Arts, réalités, imaginaires »

Première impression
l’impression d’une façade qui ondule, presque
1 Cette première activité est tournée vers la
vivante. L’impression de fantastique s’inscrit
recherche lexicale et sa précision. Le classement
cette confusion des impressions : est-ce un rêve
permet de distinguer la perception (impression)
ou la réalité ?
que l’on peut avoir d’un objet et la manière dont
cette perception entre en contact avec la culture 6 L’échange de points de vue conduit les élèves
de chacun, les références (le goût). à s’interroger sur leur perception du monde en la
confrontant à celle d’autres lieux et d’autres épo-
2 Deux types de lignes s’opposent sur cette
ques, dans la lignée de l’objet d’étude de 2e :
façade, les lignes brisées et les courbes. Sur cette
« Des goûts et des couleurs discutons-en ».
façade, l’architecte a voulu privilégier la mise en
scène du mouvement et du relief.
3 Les balcons des étages supérieurs peuvent Mises en contexte
faire penser à des masques de carnaval (des 7 Une recherche sur les œuvres de Gaudí permet
loups). Les balcons inférieurs, constitués de d’explorer les œuvres de cet architecte et son
lignes brisées et verticales peuvent évoquer des impact sur la ville de Barcelone. Un temps parti-
bouches grandes ouvertes, des fanions de balei- culier peut être consacré à l’œuvre inachevée de
nes. De la rue, le passant peut ainsi se sentir La Sagrada familia et aux raisons qui poussent
observé par des êtres étranges. les autorités locales à poursuivre l’édification de
cette cathédrale. On peut également centrer la
recherche sur le bestiaire de Gaudí, et sa vision
Analyse de la façade fantastique de l’architecte, à mettre en relation
4 Les matériaux employés pour cette façade : avec quelques éléments biographiques.
métal, béton, mosaïque aux couleurs vives. Le
passant peut être surpris par ce mélange hétéro-
8 La description du lieu implique une recherche
sur l’intérieur de l’immeuble, sa conception
clite qui allie des matériaux de construction habi-
comme lieu d’habitation, et le projet urbanistique
tuels à d’autres que l’on trouve davantage dans
qui l’entoure. La production écrite rendra compte
les intérieurs.
des impressions du visiteur grâce à l’emploi du
5 L’opposition entre les creux et les pleins, le lexique de l’étrange, du merveilleux, du
contraste entre l’ombre et la lumière, donnent fantastique.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 56
Étude de la langue pages 66-67 du manuel

Grammaire

  Comparaison, métaphore, personnification

1
« dents « aux cils de bâtons « aux sourcils
« chevelure de « la taille
Métaphores d’empreintes de d’écriture de bord de nids
feu de bois » de sablier »
souris blanche » d’enfants » d’hirondelle »
Comparé Chevelure Taille Dents Cils Sourcils

Empreintes Bâtons d’écriture Bord de nids


Comparant Feu de bois Sablier
de souris blanche d’enfants d’hirondelle 
Couleur et petites
Caractéristique Couleur Finesse dents Longueur
Poils
commune Rousse ? de la taille Dents blanches et Finesse
petites
Fonction dans Complément Complément Complément Complément Complément
la phrase du nom du nom du nom du nom du nom

2 a. La comparaison : « ressemblait à celui d’un tions très inégalitaires entre les deux époux :
vautour », l’œil de l’homme est comme l’œil du l’homme contrôle sa femme en l’interrogeant,
vautour ; le verbe est le mot outil « ressembler à ». puis en lui imposant sa volonté.
b. La personnification : « tombait sur moi », « me 5 Voici un exemple, dans lequel le texte cité peut
délivrer de l’œil à tout jamais », l’œil est person- avoir quatre interprétations différentes, suivant
nifié, de plus on peut souligner que cet œil est la ponctuation utilisée.
métonymique de l’homme tout entier. Un homme riche était au plus mal. Il prit un papier
3 La figure de style qui est utilisée dans cette et un stylo pour écrire ses dernières volontés :
publicité est la comparaison. « Je laisse mes biens à ma sœur non à mon neveu
On compare la Petit chaperon rouge et la voiture jamais sera payé le compte du tailleur rien aux
rouge, les loups rôdent autour d’elle, comme le pauvres. » Mais le mourant passa l’arme à gau-
grand méchant loup autour de l’enfant. Le slogan che avant de pouvoir achever la ponctuation de
reprend les mots du conte : « Comme vous avez son billet. À qui laissait-il sa fortune ?
un petit prix ! C’est pour mieux vous séduire, belle Son neveu décide de la ponctuation suivante :
enfant ! », il s’agit d’un détournement du dialogue « Je laisse mes biens à ma sœur ? Non ! À mon
entre le loup et l’enfant dans la scène finale. neveu. Jamais sera payé le compte du tailleur.
Rien aux pauvres. »
Évidemment, la sœur n’est pas d’accord. Elle ponc-
  Types de phrase et ponctuation
tuerait plutôt le mot de la sorte : « Je laisse mes
4 Dans les deux échanges de répliques que com- biens à ma sœur. Non à mon neveu. Jamais sera
porte cet extrait, on trouve à chaque fois : une payé le compte du tailleur. Rien aux pauvres. »
phrase interrogative (la Barbe bleue interroge sa Le tailleur demande la copie de l’original et ponc-
femme), une phrase déclarative (la jeune femme tue à sa manière : « Je laisse mes biens à ma
répond) et une phrase impérative ou exclamative sœur ? Non ! À mon neveu ? Jamais ! Sera payé le
(la Barbe bleue donne un ordre). Ces types de compte du tailleur. Rien aux pauvres. »
phrases et leur succession soulignent les rela-

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 57
étude de la langue pages 66-67 du manuel

Là-dessus, les gueux de la ville entrent dans la dre les autres. L’essentiel est qu’il puisse dévelop-
maison et s’emparent du billet. Ils proposent leur per les ressources intérieures qui lui permettront
version : « Je laisse mes biens à ma sœur ? Non ! d’avoir confiance en lui-même et en l’avenir.
À mon neveu ? Jamais ! Sera payé le compte du
tailleur ? Rien. Aux pauvres ! »
7 Proposition de modalisation du résumé :
Oui, la tâche principale de l’éducation est bien
d’aider l’enfant à donner un sens à sa vie. Il me
  Point de vue et modalisation semble important d’avoir à l’esprit qu’en grandis-
sant, l’enfant est appelé à surmonter des crises de
6 Proposition de résumé : croissance qui l’amènent à se comprendre mieux
La tâche principale de l’éducation est d’aider l’en- et à comprendre les autres. L’essentiel est qu’il
fant à donner un sens à sa vie. En grandissant, l’en- puisse développer les ressources intérieures qui
fant est appelé à surmonter des crises de croissance lui permettront d’avoir confiance en lui-même et
qui l’amènent à se comprendre mieux et à compren- en l’avenir.

Lexique

  L’imagination et l’imaginaire tel / Mortelle Saint-Valentin / Prédator / Alien / Le


1 Entendement / innovation / croyance / vir- cercle / Le vaisseau de l’angoisse / Massacre à la
tuel / faux (en inversant l’ordre : le faux tronçonneuse.
malade) / complexes. 4 La nouvelle de Cortazar : les éléments lexicaux
2. Le dessin de Escher : tout l’intérêt des gravu- sont :
res de Escher réside dans la lecture (droite à gau- – L’emploi répété du pronom personnel « Il »
che ? haut en bas ?) très perturbée de l’image : employé pour désigner l’homme qui lit et l’amant
celle-ci devient vivante, propose un espace en qui va tuer. La confusion entre les deux personna-
métamorphose perpétuelle où les effets de pro- ges introduit le questionnement, le doute et la
fondeur mettent à mal notre perception com- peur.
mune du monde. Ainsi, les dimensions du réel et – L’emploi de l’article défini, « le roman »,
de l’imaginaire cohabitent sans qu’on puisse « l’homme », « la femme », « le poignard ». Cet
trouver de « vérité » : nous sommes bien dans un emploi est stylistique : ces objets et ces personna-
univers autre, fantastique. ges nous sont inconnus mais sont présentés par
le narrateur comme étant identifiés par le lecteur.
– L’emploi anaphorique de l’adverbe « puis » qui
  La peur et l’étrange
crée un effet d’emboîtement et qui renvoie au
3 Titres de films d’épouvante : cet exercice peut titre de la nouvelle Continuité des parcs. La pro-
mettre à jour un champ lexical propre à ce genre gression du personnage se fait pas à pas, de
de films. Voici quelques titres de films d’épou- pièce en pièce et crée un effet de dramatisation,
vante à partir desquels un travail de classement de suspens, de surprise.
peut être fait : L’exorciste / Les dents de la mer / Le – L’emploi de termes propres à l’épouvante : le
silence des agneaux / L’orphelinat / Détour mor- sang bourdonnait / Le poignard.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 58
Interrogations 1-2-3

  Les émotions – arachnophobie : peur des araignées ;


5 Le verbe émouvoir vient du latin emovere, puis – brontophobie : peur du tonnerre ;
exmovere* en latin populaire. Le préfixe -ex a une – claustrophobie : peur des espaces fermés,
valeur intensive, le radical -movere signifie « mou- confinés ;
voir », « toucher ». Émouvoir a pour synonymes – entomophobie : peur des insectes ;
bouleverser, ébranler, impressionner, retourner. – hydrophobie : peur morbide de l’eau ;
Mots de la même famille : émouvant / émotion / – kénophobie : peur du noir et de l’obscurité ;
émotionner / émotionnable / émotif / émotion- – nosophobie : peur de la maladie, d’être
nel / émotivité. malade ;
– ophiophobie : peur des serpents ;
6 Les phobies : – thanatophobie : peur de la mort ;
– agoraphobie : peur des espaces libres et/ou des
– xénophobie : peur (puis rejet) de l’étranger.
lieux publics ;
– acrophobie : peur des hauteurs (s’accompagne 7 Phrases à compléter : exubérance / panique /
souvent de vertiges) ; halètement / terreur / angoisse / exultation.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 59
 Vers le Bac Pro pages 70-71 du manuel

Évaluation conclut-il. Revenez l’an prochain »), sorte de for-


mule magique qui accompagne chacune des
des compétences de lecture interventions. Le drame se transforme en un par-
10 points cours initiatique (l. 18 à 21 : « Et si tu es bien sage,
l’an prochain, on te fera une luette (une arrière-
u Document 1
bouche, une membrane vélaire, une courbure
1. L’arrivée de Mathieu Saladin provoque un coup palatale, une gingivoplastie, etc.) » mêlant rythme
de foudre chez Plectrude (l. 4-5 : « Le visage de du conte et humour noir.
Plectrude se figea en un mélange d’horreur et
d’admiration. » ; l. 7-8 : « Ce qu’elle éprouvait était
u Document 3
extraordinaire. Elle avait mal à la cage thoracique
et elle adorait ça. ») Plectrude, comme Mathieu 3. Ce corps colossal, surmonté d’un visage cou-
Saladin, sont présentés comme deux êtres hors turé au regard exorbité, à la bouche vide et mena-
du commun tant dans leur apparence que leur çante donne l’impression d’être le miroir du genre
manière d’être (l. 9-10 : « En général, elle ne se humain. Il provoque l’horreur mais est également
privait pas de contempler les gens jusqu’à l’impo- horrifié par le regard que le monde porte sur lui.
litesse » ; l. 18 : « Taisez-vous ! Cette cicatrice est C’est un être définitivement seul, menaçant et
splendide ! Je n’ai jamais vu un garçon aussi menacé.
sublime ! » ; l. 22 : « Pour la danseuse, il n’y eut
aucune hésitation : c’était une blessure de combat u Ensemble des documents
de sabre. ») Leurs noms contribuent également à
les distinguer du reste des autres enfants, le 4. Chacun des personnages présentés dans ces
patronyme du jeune garçon faisant référence au documents est hors du commun :
sultan d’Égypte qui s’empara de Jérusalem en – Plectrude, au prénom si étrange est fascinée
1187 et en chassa les Croisés. par ce qui fait fuir ses camarades de classe et
ressent une émotion quasi extatique face au nou-
vel élève,
u Document 2 – Mathieu Saladin porte un nom de conquérant
2. Les références au conte de fée sont présentes mais son visage révèle une cicatrice abominable,
dans le récit de l’accident qui advient au jeune trace d’une histoire (et d’un destin ?) hors pairs,
enfant. Dès la première phrase, le lecteur saisit – la créature du docteur Frankenstein, consciente
qu’il s’est passé quelque chose d’extraordinaire : de sa laideur, s’en trouve à la fois terrifié et ter-
une résurrection « À l’âge de un an, Mathieu Sala- rorisant, telle une figure du mal absolu.
din était mort. » Le héros subit ensuite de multi- Les deux types de documents ont toutefois une
ples épreuves et finit par être sauvé. On note visée différente. Le roman cherche à amuser le
l’emploi d’un lexique mélioratif et excessif dans lecteur par l’excès des événements racontés et
le récit des péripéties (l. 8-9 : « le meilleur méde- par la manière dont ils le sont (exagérations,
cin de la planète dans l’heure qui suivit. Personne superlatifs, référence au conte, etc.) alors que le
ne sut ce qui se passa, mais il rendit la vie au petit photogramme cherche à interroger le spectateur
corps. », l. 11-12 : « le meilleur chirurgien de l’uni- sur la perception de l’horreur : qui, du docteur
vers ») ainsi que la répétition de la phrase (l. 14 : Frankenstein ou de sa créature, se révèle le plus
« C’est tout ce que je peux faire cette année, monstrueux ?

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 60
Interrogations 1-2-3

Évaluation – la longueur du texte est respectée ;


des compétences d’écriture – l’orthographe et la syntaxe sont correctes.

10 points 5b. Propositions de critères d’évaluation :


– le texte produit relate bien la perception que
5a. Propositions de critères d’évaluation : l’enfant a de ses parents (point de vue interne) ;
– le texte produit est bien un portrait de – le texte produit est cohérent avec les docu-
l’enfant ; ments proposés ;
– le texte produit est cohérent avec les docu- – la caractérisation fait bien référence à des élé-
ments proposés ; ments physiques et moraux ;
– la caractérisation fait bien référence à des élé- – le texte crée, chez le lecteur, un effet surprenant
ments physiques et moraux ; reposant sur l’emploi d’un lexique de l’étrange et
– le portrait crée, chez le lecteur, un effet surpre- des émotions ainsi que sur des images
nant reposant sur l’emploi d’un lexique de inattendues ;
l’étrange et des émotions ainsi que sur des ima- – la longueur du texte est respectée ;
ges inattendues ; – l’orthographe et la syntaxe sont correctes.

Livre du professeur 1re Bac Pro @ Belin 2010 Objet d’étude 1 - Du côté de l’imaginaire • 61

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