Revolution - Charles D'héricault
Revolution - Charles D'héricault
Revolution - Charles D'héricault
Appendices,
par Emm. de Saint-Albin, Victor Pierre et Arthur Loth.
Héricault, Charles d', 1823-1899.
Paris, D. Dumoulin et Cie, 1883.
https://hdl.handle.net/2027/mdp.39015027219834
Public Domain
http://www.hathitrust.org/access_use#pd
RÉVOLUTION
1789-1882
TYPOGRAPHIE DE A. PILLET ET D. DUMOULIN
RUE DES GRANDS-AUGUSTINS, 5, A PARIS
PORTRAIT DE LOUIS XVI
d'aMAND - DURAND
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HÉLIOGRAVURE , D APRES UN PORTRAIT EN PIED
Louis XVI avait pris l'initiative des re'formes nécessaires (Voy. Taine, La Révo
le secret de ses infortunes et des nôtres ; ce secret est tout entier dans la situation
radicalement impossible qu'en 1789 on faisait au roi en voulant qu'il se fit l'instru
ment d'une révolution. Une révolution pour tout détruire et tout reconstruire
au gré des pensées et sous le vent des passions des hommes, c'est un suicide
accompli dans le fol espoir d'accomplir soi-même sa restauration. C'est pour avoir
formé ce dessein, ou s'y être laissé entraîner, que la France s'est vue conduite à
rompre violemment avec son roi, avec sa dynastie, avec la royauté elle-même, avec
cours-, comme un astre qui, jeté hors de son orbite, porterait partout sa propre
perturbation.
« Jusqu'au jour où la France s'est ainsi égarée dans ces espaces inconnus où
l'abîme appelle l'abîme, la maison de Bourbon s'est montrée digne et capable de la
haute mission que la Providence assigne aux familles royales; elle a fidèlement,
habilement et heureusement guidé et servi la nation française dans sa carrière de
RÉVOLUTION
7 89-1882
CHARLES, D'HÉRICAULT
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PARIS
LIBRAIRIE DE D. DUMOULIN ET C1E
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LA FRANCE
AVANT 1789
LA
monde entier qu'elle a fait fausse route depuis douze siècles, qu'elle
4 INTROD lîCTION
s'est trompée constamment sur son génie, sur sa mission, sur ses
hommes *.
Révolution.
Pour bien apprécier ce grand événement, il est indispensable de
jeter un coup d'œil sur l'état du pays à cette époque. Aucun temps
n'est moins connu *, le peu qu'on en croit généralement savoir n'est
que préjugé. Les coutumes païennes et barbares lentement et difficile
sont confondues dans la notion que nous nous sommes faite de l'an
cien régime.
rois sont soumis comme les autres à l'équité des lois» (Bossuet), —
des Aides, les cours des Monnaies, étaient aussi cours souveraines.
d'hermine, l'épitoge toute d'hermine sous le manteau, en robe longue de drap d'or...
«Un chef-d'œuvre, ce chef-d'œuvre de Moreau, ce grand dessin, dessiné et grave
par lui, qui par l'ordonnance décorative, l'arrangement perspectif, est le plus vivant et le
plus spirituel tableau de la cérémonie officielle, la vision même du Sacre. Il la ut voir,
étudier, admirer chaque partie de la composition... ce coudoiement de manteaux courts,
d'habits brodés, de colliers, de croix en sautoir, d'étoffes à fleurs d'or..., toute cette belle
et grande ligne assise de prélats, d'évêques, de pairs ecclésiastiques, les chasubles d'orfè
vrerie, les chapes d'étoffe d'or, les chaperons et les orfrois brodés d'or, les mitres d'or,
les camails d'hermine, les rochets de dentelles, d'où se lève la ligure du grand maître
des cérémonies appuyé sur son bâton de commandement. Et derrière les prélats, ces loges
en retraite sous une voussure où (la pénombre) met sa douceur sur le visage des femmes,
tandis qu'au-dessus, sous le feu des lustres, des bougies, des torchères, allumant un jour
factice dans le sombre des vieux vitraux, s'étagent toutes les grâces féminines que Moreau
a voulu faire planer sur le Sacre, toute cette coquetterie de grandes dames, toutes ces
petites mines fouettées de lumière, toutes émue,
ces poses de caquetage et de curiosité
tous ces petits échafaudages de coiffures^ de poufs et de plumes...
« Le moment choisi par le dessinateur est le moment d'émotion du Sacre, le moment
du « serment du royaume » , la minute qui suit celle où , après avoir soulevé le roi de
son fauteuil, les deux évêques de Laon et de Beauvais demandent, suivant l'ancienne
formule, aux seigneurs assistants et au peuple, s'ils acceptent Louis XVI pour roi. Le
roi vient de se rasseoir, la tête couverte, dans la majesté presque papale de sa robe
blanche; et devant l'archevêque dressé debout devant lui, comme le témoin de Dieu, sa
main royale posée sur l'Evangile, il lit tout haut en iatin sur le livre que lui tiennent les deux
évêques: Je
promets , etc. » (Edmond et Jules de Goncourt, l'Art du dix-huilième siècle,
II, La formule du serment royal subit plusieurs variations; mais depuis Louis VII
p. 171.)
jusqu'à la Révolution elle fut la suivante : « Je promets, au nom de Jésus-Christ, ces trois
choses au peuple chrétien qui m'est sujet: premièrement, que tout le peuple eh.rétien de
l'Église de Dieu conserve en tout temps, sous mes ordres, la paix véritable; — en second
lieu, que j'interdise iniquité; — en troisième lieu, qu'en tout jugement
toute rapacité et
j'ordonne l'égalité et la » (Quéant, Le Sacre, p. 114.) « On admet que de
miséricorde.
père en fils le roi contracte mariage avec la France, qu'elle n'agit que pour lui, qu'il n'agit
que pour elle, et tous les souvenirs anciens, tous les intérêts présents, viennent autoriser
cette union. L'Église la consacre à Reims par une sorte de huitième sacrement accompagné
de légendes et de miracles; il est l'oint de Dieu. » (Taine, L'Ancien régime, p. i5.)
LA FRANCE AVANT 1789 5
puissance pour maintenir l'ordre établi par le Sauveur- Roi, sans auto
rité dès qu'il le violait. Ainsi, la justice et la liberté constituaient le
loi; charte éternelle des droits et des devoirs contre laquelle venait
se briser toute volonté arbitraire et désordonnée1. » L'obéissance était
digne et facile, l'affection et le dévouement naturels avec cette notion
du droit divin : le souverain n'était plus un maître, mais le ministre
de Dieu pour le bien. « Vous serez lieutenant du Roi des deux, qui
est roi de France, » disait Jeanne d'Arc à Charles VII. Le sacre,
consécration ressemblant à celle des évêques, était la marque reli
gieuse de cette délégation du pouvoir. Aussi nos aïeux avaient-ils pour
leur roi « tout à la fois la tendresse qu'on a pour un père et le
respect qu'on ne doit qu'à Dieu 2
».
cutées par son ordre ou développées sous son patronage, routes, ports,
tiers état.
Le clergé était indépendant de l'État, dont il ne recevait aucun
salaire. Il était forcément devenu riche, par suite de donations pieuses
qui lui avaient été faites pendant des siècles, et dont il ne pouvait
aliéner le capital. Mais il dépensait largement ses revenus, en dons
populations pour les dominer, que les nobles ne savaient pas même
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8 INTRODUCTION
Ventadour.
« Les premiers chroniqueurs qui aient écrit en français, Villehar-
douin et Joinville, sont sortis de leurs rangs, et il est inexact de pré
tendre qu'ils ont abandonné les magistratures au tiers état, parce
qu'ils étaient complètement étrangers aux études de droit, attendu
qu'en i 337 'es enfants des plus grandes familles suivaient assidûment
ces études à l'université d'Orléans. Quant aux actes qu'ils n'auraient
pas signés, sous prétexte que leur qualité les dispensait d'apprendre
à écrire, ce qui serait, dit-on, constaté dans ces actes par les tabel
lions qui les ont rédigés, ils n'ont jamais existé, et l'on peut mettre
le ban et l'arrière -ban des paléographes au défi de produire une seule
charte où cette formule soit énoncée »
l'agriculture encouragée
D'après une gravure de Muret datée de 1789. — Le maréchal de Vaux recuit à sa table le cultivateur
auquel les cumices agricoles de Tonnerre venaient de décerner une médaille. Ou voit par cette gravure que
les concours agricoles existaient avant la Révolution. « Le règne de Louis XVI, dit M. L. de Lavergne, est
une des plus belles époques de l'agriculture nationale. » (L. de Lavergne, Économie rurale de la France
depuis lySff, 3e édit., p. 3.)
certains endroits, une sorte de droit de justice de paix, tous les jours
plus restreint.
« Noblesse oblige », disait-on, et l'honneur était son origine, sa
siècles, elle avait versé généreusement son sang sur tous les champs
de bataille, elle avait importé dans toutes les cours de l'Europe la
la France.
Et la noblesse était accessible à tous : chacun pouvait y arriver,
par l'armée, par la magistrature, par l'administration. Le nombre
des offices qui procuraient la noblesse s'élevait à quatre mille à la
veille de 1789.
Sous le nom de tiers état était désignée la plus grande partie de
trop long d'exposer ici. Nous avons fait le travail pour certaines cir
six cents hectares dans son territoire, deux cents étaient possédés par
trois ou quatre églises ou abbayes, deux cents par six ou huit familles
LA FRANCE AVANT 1789
petits propriétaires est encore, sur bien des points, la même aujour
d'hui '. » La population et la richesse étaient en progression constante.
la Révolution ?
L K SOUHAIT ACCOMPLI
D'après une estampe de la collection de M. de Liesville à l'hôtel Carnavalet, dix-huitième siècle. Les
trois ordres, personnifiés par un prêtre, un noble et un paysan, s'embrassent, foulant aux pieds, le clergé
ses bénéfices, la noblesse ses grandeurs, et tous deux ensemble avec le tiers, la haine. — Cette gravure
représente l'union des trois éléments qui ont concouru, avec la royauté, à la formation de l'ancienne France.
L'action de chacun d'eux se trouve parfaitement exprimée au bas des estampes anciennes par cette triple
légende : « Le Clergé : Je prie pour les trois ordres. La Noblesse : Je combats pour les trois ordres. Le
Tiers état (bourgeois et paysans) : Je travaille pour les trois ordres. » — « Le moyen âge avait rencontré
légalité en élevant les classes inférieures». (Ed. Demolins, Les libertés populaires au moyen âge, p. 118.
LA FRANCE AVANT 1780
L E GRAND A RUS
Gravure de la collection de M. le baron de Vinck d'Orp, à Bruxelles. — Une femme du peuple porte une
religieuse et une dame noble à cheval sur son dos. C'est une des nombreuses gravures par lesquelles on
excitait le peuple contre le clergé et la noblesse. — II y avait en 17S9 deux vices principaux : les privilèges et
l'inégalité devant l'impôt. Supprimer ces privilèges et faire disparaître cette inégalité, telle était la double
opération à exécuter, « et les privilégiés, comme le roi, s'y prêtaient sans résistance ». (Taine, La Révolution,
ï, p. 180.)
gratuits importants.
Si Ton veut bien considérer encore que l'industrie et le commerce,
pour s'en convaincre de jeter un coup d'œil sur les diverses « tailles »
alors en vigueur.
« L'impôt des trois vingtièmes (76 millions en 1784) atteignait la
nobles étaient exempts de la taille; 2° que, dans les mêmes pays, les
nobles propriétaires d'héritages roturiers n'étaient point soustraits à
dîme et la corvée réelle pouvaient être exigées des nobles aussi bien
que des roturiers1. »
L'égale répartition des impôts entre tous les citoyens semble d'ail
leurs avoir été une préoccupation constante de la monarchie. Sully et
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INTRO DUCTION
pour les advantages de l'Église et radvancement de nostre sainte religion. J'en éprouve
maintenant les effets avec bien de la joye dans tout ce que V. B. fait de grand et
d'advantageux pour le bien de l'une et de l'autre, cela redouble mon respect filial
envers V. B., et comme je cherche de le luy faire connoistre par les plus fortes preuves
que j'en puis donner, je suis bien aise aussi de faire sçavoir à V. S. que j'ai donné les
ordres nécessaires affin que les choses contenues dans mon édit du 2e mars 1G82
touchant la déclaration faite par le clergé de France (à quoy les conjonctures passées
doute pas que V. B. n'y réponde par toutes les preuves et démonstrations envers moy
de son affection paternelle, et je prie Dieu cependant qu'il conserve V. S. plusieurs
années et aussi heureuses que le souhaite, très saint père, vostre très dévot fils. Louis.
— A Versailles, le 14 de septembre 1G 9 3 .
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INTRODUCTION
toujours cohéritier.
On croit encore vulgairement que, par toute la France, les paysans
devaient passer les nuits de printemps à battre les étangs pour empê
cher les grenouilles de troubler par leurs coassements le sommeil du
seigneur. C'était une prestation dont on n'a pu retrouver de traces
satiriques n'y font pas même allusion. C'est une plaisanterie de fort
mauvais goût, et qui a réussi par l'absurde.
C'est encore faire preuve d'une grande ignorance que de s'obstiner
à voir dans la Révolution une réaction contre une longue humiliation
ou une intolérable oppression. Le pouvoir royal était aimé et res
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des édits qui pouvaient remédier au mal. tiers état, emporté par
le mouvement révolutionnaire, écoutait avec complaisance les philoso
phes et les rhéteurs. Des réformes étaient désirables : on a fait une
ASSEMBLÉE DE F 11A N C S M A Ç O N S -
pour la réception d'un maître. Le récipiendaire est couché sur un drap mortuaire, le visage couvert d'un
voile teint de sang; les maîtres présents tournent vers lui la pointe de leur épée. Fac-similé d'une gravure
du dix-huitième siècle. — n 11 importe, dit M. Louis Blanc, à propos des francs-maçons, d'introduire le
lecteur dans la mine que creusaient alors, sous les trônes, sous les autels, des révolutionnaires bien autre
ment profonds et agissants que les encyclopédistes. » (Histoire de la Révolution, t. II, p. 74.) — « La
maçonnerie, a dit M. Henri Martin, est le laboratoire de la Révolution. » {Histoire Je France, t. XVI,
p. 585.) — M. Félix Pyat appelle la franc-maçonnerie « l'F.glise de la Révolution « .
l'entreprise. »
(Guizot. )
toutes les utopies : il faut qu'elle soit libre et heureuse malgré elle,
et par procédé breveté avant l'essai. Toute résistance des hommes ou
des choses est brisée : les obstacles sont emportés par le torrent. Les
esprits sont troublés, fascinés, délirants ; une ère nouvelle semble s'ou
vrir. Est-ce le bonheur, tel qu'aucun peuple ne l'a encore réalisé sur
cette terre? Est-ce un effroyable cataclysme, qui couvrira la France
de deuils et de ruines? Personne ne doute, personne n'hésite : le roi,
les ministres, le clergé, la noblesse, les parlements, et derrière eux
la nation tout entière, courent et se précipitent tête baissée dans
l'abîme.
La catastrophe qui a terminé le règne de Louis XVI ne permet
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seule pourtant que Louis XVI n'ambitionnât pas. Notre marine avait
repris le premier rang en Europe : elle avait, par ses victoires, assuré
d'un courage calme qui alla jusqu'à l'héroïsme, et d'une bonté qui
trop souvent fut de la faiblesse. Défiant de lui-même, il revenait faci
lement sur ses meilleures résolutions : celui que la Révolution nom
mait le tyran n'osait pas être roi.
La reine Marie-Antoinette, princesse de la maison d'Autriche,
avait un caractère plus ferme, qui lui suscita bien des ennemis à la
cour même. On lui attribuait justement une grande influence sur les
conseils du roi. Mais elle savait aussi séduire par sa grâce et son
enjouement. Belle, adulée, reine à dix-huit ans, elle avait aimé les
et l'on ne s'occupe d'eux que pour les y conduire ou les y préparer... Faire germer
des bons mots, des fadeurs, des petits vers dans un cerveau de huit ans, quel triomphe
de la culture mondaine! » (Taine, L'Ancien régime, p. 177.)
LA FRANCE AVANT 1789 33
de révolution. »
Louis XVI, voyant chaque jour, malgré les réformes dont lui-
même avait pris l'initiative, grandir les embarras du trésor et de
tiers état; ils délibéraient par chambres séparées , chaque ordre n'ayant
qu'une voix. Cette institution semblait être tombée en désuétude :
usages, on demanda qu'il eut à lui seul autant de députés que les
deux autres ordres ensemble. Malgré l'avis contraire du parlement de
Paris et de l'assemblée des notables, Louis XVI accorda généreuse
ment le doublement du tiers; concession inutile, si le vote par ordre
vingt-trois représentants.
Le nombre des députés, d'abord fixé à 1,000, fut porté à 1,200.
L'élection se fit par le suffrage universel, à deux degrés. Tout
contribuable âgé de vingt-cinq ans fut électeur et éligible. Chaque
collège électoral dut, en outre, formuler ses vœux, doléances et pro
jets de réforme; ces mandats écrits s'appelaient cahiers.
Le clergé eut députés, dont 49 éveques seulement et 2 1 5 curés,
291
qui, issus du tiers état, devaient incliner à épouser ses querelles. La
plupart de ces prélats étaient estimés pour leurs vertus et leurs
talents : Duleau , La Luzerne, Boisgelin, Juigné, etc. D'autres étaient
ou devinrent célèbres à différents titres : le cardinal de Rohan, les
deux Talleyrand, Gobel , etc. Étaient encore députés du clergé :
Pompignan, etc.
quait des descendants des plus vieilles familles de France : des Mont
et des crimes dont ils furent instigateurs ou complices, ils durent s'ap
pliquer ce mot d'un des leurs : « J'entrai honnête homme dans cette
Art. 7.
— La nation fait la loi avec la sanction royale.
Art. 8. — Le consentement national est nécessaire à l'emprunt et
à l'impôt.
Art. 9.
— L'impôt ne peut être accordé que d'une tenue d'Etats
généraux à l'autre.
Art. 10. — La propriété sera sacrée.
Art. 11. — La liberté individuelle sera sacrée.
Le clergé offrait, en outre, le sacrifice de ses privilèges devant
« Le Mariage de Figaro, dit Napoléon Ier (un jour qu'il lisait Beaumarchais),
c'est déjà la Révolution en action. »
UNE SCÈNE DU « MARIAGE DE FIGARO ,
LA FRANCE AVANT 1789 3?
le vœu <c que les outils du pauvre ne pussent jamais être saisis, et
Les cahiers du tiers état ne contenaient rien de plus que ceux des
deux premiers ordres, mais ils insistaient davantage sur la question
du vote par tête. L'entente semblait donc facile et probable. Les désirs
du roi et les idées de son ministère concordaient avec les vœux de la
nation.
Emm. DE SAINT-ALBIN.
LA RÉVOLUTION
1789
- 1882
LA
RÉVOLUTION FRANÇAISE
4 MAI I789 l8 BRUMAIRE AN VIII
PREMIÈRE PARTIE
LA POLITIQUE
LE PRINCIPE
les despotes les plus effrontés purent se proclamer les vertueux repré
sentants d'un peuple libre.
Mais, avant d'en venir là, cette hypothèse de la souveraineté du
dix-huitième siècle; elle pénétra jusqu'au fond de Pâme même des repré
sentants de l'autorité; elle les désarma; elle les laissa faibles, irrésolus,
nous le verrons, en face des premiers révolutionnaires.
CHAPITRE I
LE GOUVERNEMENT
S I . — LE GOUVERNEMENT LEGAL.
5
LE MAI 1789
A
la
le
Dans fond, Louis XVI assis sur son trône domine toute rassemblée. gauche du roi, la reine et les princesses
le
à
du sang; sa droite, les princes, et, plus bas, les députés du clergé. De l'autre côté, sur premier plan, les députés du
la
le
tiers, parmi lesquels on distingue Mirabeau debout auprès de l'abbé Sieyès, et, sur second plan, les députés de noblesse.
le
Au milieu, devant banc des ministres, Necker prononce un discours.
:
la
Les députés étaient au nombre d'environ douze cents trois cents du clergé, trois cents de noblesse, six cents du
«
tiers état. La grosse majorité se compose d'avocats inconnus et de gens de loi d'ordre subalterne... Point d'anciens
»
ministres, ni de maréchaux de France; pas un seul intendant, sauf Malouet...; peine cent cinquante propriétaires.
la
la
le
«
La Révolution, dit la .nation s'écria roi en fois .liste
I,
(Taine, pp. 164 et i55.) Qu'aurait voyant pour première
, 1
si
»
des députés, j'eusse ainsi composé les notables de mon conseil (Bûchez et Roux, Histoire parlementaire de la
Les députés avaient de leurs électeurs un mandat nettement déterminé sur les points essentiels. Tous les cahiers
reçu
:
»
le
la
généraux se résument par ces mots concilier liberté nouvelle avec catholicisme et l'ancienne royauté. (Edgar
La
p.
I,
Quinet, Révolution, 186.)
à
«.
première séance, roi, que splendeur
5
:
2
1
.
I
44
Les principes nouveaux avaient été posés dès les premiers jours.
Le peuple était le maître; on l'avait dit à la tribune. « Apprenez,
disait dès le 28 mai 89 le député Bouche, que nous délibérons ici
devant nos maîtres. »
J
D'APRÈS UNE GRAVURE DE AN INET, DIX-HUITIEME SIECLE
Sous l'ancien dit M. les châtelains de second ordre, qui résidaient en province, n'étaient ni durs ni même
régime, Taine,
le
n'ai trouvé en eux les ruraux les déclamateurs
je
indifférents pour villageois. «J'ai eu beau lire, point tyrans que dépeignent
»
de la Révolution. (Taine, L'Ancien Régime, p. 42.)
«
A part quelques faits isolés, nous avons vainement cherché dans la Normandie les traces de cet antagonisme qui, suivant des
la
auteurs modernes, régnait entre les différentes classes de société du moyen âge. Les rapports des seigneurs avec leurs hommes
à
n'y sont point entachés de ce caractère de violence et d'arbitraire avec lequel on se plaît trop souvent les décrire. De bonne heure
a
il
:
le
la
à
le
les paysans sont rendus liberté dès xie siècle, servage disparu de nos campagnes. partir de cette époque, subsiste
la
le
à
la
;
quelques quelques personnels plus grand jouissance
Dans tous les cas, les obligations, tant réelles que personnelles, sont nettement définies par les chartes et coutumes. Le paysan les
il
le
sans sait sont de la terre nourrit sa famille sait aussi sur
;
l'aide et
il,
»
1
de son et l'état
(
la protection seigneur. Léopold Delisle, Étude sur la condition de la classe agricole de agriculture, en Nor
«
mandie, au moyen âge.) Les savants qui ont étudié l'ancienne condition des paysans européens, sans se laisser égarer par les
la
»
à
I,
passions politiques de notre temps, sont tous arrivés même conclusion. (F. Le Play, La Réforme sociale, p. 47.)
RÉVOLUTION FRANÇAISE 45
sens du peuple, votre château sera brûlé, votre femme et vos enfants
pendus. »
meilleur conseil qu'un roi pût suivre pour faire le bonheur du peuple,
et prenait-il une résolution virile, Mirabeau, Robespierre et les autres
Les plus hardis des assaillants, apprenant que tout était aussi vide
la
"
la
Tableau de M. Mélingue, gravé d'après photographie de MM. Goupil et C'°, dix-neuvième siècle. — On avait commencé par faire entrer dans salle
la
le
à
clergé et noblesse pour leur assurer leurs places d'honneur; les députés des communes attendirent longtemps une autre porte par un temps de pluie.
(Laurentie,
p.
Le murmure courait dans leurs rangs. Histoire de France, VI, 371.) Le procédé, pour une simple question d'étiquette, causa de dange
» à
la
à
reux froissements; l'effet ne tarda point se faire sentir. Dans séance de ce jour, Louis XVI faisait lire l'Assemblée une importante Déclaration par
«
).
I,
:«
».
p.
laquelle on pouvait dire que tous les besoins réels étaient satisfaits (Taine, La Révolution, 181 Après cette lecture, Mirabeau s'écria Ce que vous
si
le
le
venez d'entendre pourrait être salut de l'État, les présents du despotisme n'étaient pas toujours
dangereux. Et tiers suivit Mirabeau.
48 LA RÉVOLUTION
glorieux événement.
La terreur règne en province comme à Paris. Le 3i juillet, Lally-
Tollendal, un des pères candides de la Révolution, monte à la
tribune. Il parle de ce gentilhomme coupé en morceaux devant sa
qu'on jette dans un bûcher jusqu'à ce que les pieds et les poignets
soient brûlés; de cet autre qu'on pend dans un puits tandis qu'un
simulacre populaire d'assemblée délibérante discute la question de
savoir s'il ne vaut pas mieux le faire mourir autrement; de cet autre
qu'on enterre dans un fumier, pendant qu'on lui arrache, au son des
foie de la reine ».
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5o LA RÉVOLUTION
journée.
A partir du 6 octobre, le roi n'est plus qu'un otage. Ce n'est pas
encore l'anéantissement de l'autorité, c'est l'autorité gardée à vue
dehors de ces deux cent soixante- dix esclaves muets, cent trente-
deux autres, plus lestes, ont rompu leurs chaînes et ont pris la
fuite. Le grand nombre, qui n'ose protester ou n'a pas voulu fuir,
obéit aux menaces, aux coups même, en votant silencieusement ou
grâce, d'accorder des pensions. Il choisit ses ministres, mais ils sont
sans autorité.
toujours annulée.
La personne royale a suivi la fortune du principe. Tandis que la
LA RÉVOLUTION
législature. Quoique ces utopistes eussent fort bien fait son affaire, la
nistratif. Celui-ci est aux mains de six ministres. Toutefois, outre que,
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ÉVOLUTION FRANÇAISE
-s7
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ces honnêtes gens qui ne veulent pas mentir, de vénérer ces gens
austères qui sacrifient tout leur conscience? Non. Le 26 mai 1792,
à
un décret de l'Assemblée ordonne déportation de tout non
la
prêtre
Déjà était au bas de l'escalier de l'hôtel de ville, lorsqu'un jeune homme s'avance, le pistolet au poing
il
Traître, lui dit-il, tu n'iras pas plus loin!... Le magistrat chancelle et tombe. La foule se précipite sur
«
son corps,
le
perce, tète et on
la
la
de 01 vide
a
:
les prisons; les tribunaux nouveaux ne sont pas encore installés, les
anciens ne fonctionnent plus; on ne remet plus personne en prison;
8
5S LA REVOLUTION
lation des grains, pour taxer les denrées au gré des bandits. Les
Làge d'or et que tous les impôts doivent être abolis de par la liberté.
On espéra naïvement les remplacer par des dons patriotiques. Les
dons patriotiques ont donné 36o,ooo francs! En juin 90, Fretteau
déclare à la tribune qu'au lieu de trente-six millions mensuels, l'Etat
n'en reçoit que neuf. En (jr, le trésor n'est pas plus riche; il perçoit
onze millions au lieu de quarante-huit qui sont dus. L'organisation
financière est si bien entendue que le contribuable n'a pas payé un
sol de l'impôt foncier et mobilier, qui se monte à trois cents millions.
Ainsi du reste. Il y a bien les confiscations et les assignats; les assi
quelque peu d'ordre et d'argent dans cet empire fondé d'après les
Cette fois, est-ce assez, et l'autorité est-elle bien telle que les
Louis XVI n'avait plus de droit. Lu reine était obligée de tenir les
elle, sous ces fenêtres. De ces fenêtres fermées il fallait, de plus, que
sa fille, sa sœur, toutes les femmes de son entourage se tinssent
légalisée.
Il n'ôta pas le veto, mais il ôta le fusil des mains des derniers
grands frais d'invention; elle avait décidé qu'on suivrait les règles
établies précédemment; elle s'était bornée à détruire tout cens élec
10 août ». Les crimes, on sait ce que cela veut dire : les criminels
sont ceux qui défendaient la loi.
LE DÉLIRE PATRIOTIQUE
Fac-similé d'une estampe allégorique sur TabanJon des privilèges le 4 aoùl 17N1).Collection de M. de
Liesville à l'hôtel Carnavalet, dix-huitième siècle. — Quatre hommes brisent à coups de lléau des mitres, des
crosses, des armures, etc., attributs du clergé et de la noblesse. — Dans la nuit du \. août « rassemblée
offre le spectacle d'une troupe de gens ivres qui, dans un magasin de meubles précieux, cassent et brisent à
Penvi tout ce qui sj trouve sous leurs mains». (De Ferrières, Mémoires, I. p. 1S0.) « Ce qui aurait
demandé une année dj soins et de méditations, dit un étranger compétent, fut proposé, délibéré et voté par
acclamation générale. » (Taine, La Révolution, l, p. i5o.)
de ses droits absolus, quand elle a débarrassé ses plus chers enfants
et les plus vils dantonistes; c'est alors qu'eurent lieu l'organisation des
sur Louis XVI, cette commune pensa qu'il était temps de montrer les
populaire.
C'était aux souvenirs de Rome et de la Grèce qu'on demandait
conseil. Dictature, triumvirat, tribunat : voilà ce qui se présentait
pour remplacer la monarchie. Cela ne résonnait pas mal, et Marat,
Robespierre et Danton s'arrangeaient fort bien de ces haches romaines.
Législative, après avoir décrété le divorce, s'en alla sans que ses
patriotisme.
La Convention avait décidé qu'on ne vérifierait pas les pouvoirs
de ses membres; il lui suffisait qu'ils parussent dévoués à la Révolu
tion pour être légitimes. Elle en agit de même avec la bataille de
!
RÉVOLUTION FRANÇAISE 05
non pas des humanitaires, mais des libéralistes. Eux seuls tenaient
cinquante.
La Plaine renfermait les indécis comme les indépendants, les
comme les patriotes sages ; c'étaient les débris de tous les gouverne
9
66 LA REVOLUTION
la Convention.
Les girondins avaient pour eux le talent, la fièvre républicaine, la
passion sournoise de la tyrannie, l'opinion générale, la gloire. Com
ment furent-ils vaincus si vite et si honteusement ?
bien que les pires démagogues : ils sont les esclaves de la liberté
révolutionnaire, dont ils ont expérimenté les effets et dirigé les coups
depuis plus de deux années.
Ils avaient toujours contre les montagnards une attaque puissante
et irrésistible : les massacres de septembre, dont ils avaient été les
tembre, inique comme eux, illégal comme eux, n'ayant pas d'autre
excuse et ayant le même prétexte qu'eux. Comme les septembriseurs,
les conventionnels se firent à la fois accusateurs et juges, et maint
d'entre eux proclama qu'il voulait bien être bourreau. Comme ces
damner, quand l'innocence eût encore été mille fois plus évidente.
Condamner à mort comme tyran, traître et égorgeur, Louis XVI,
le plus doux des hommes, le plus vertueux et le plus délicat des
princes, le plus juste et le plus dévoué des rois, c'était aussi contraire
au bon sens et à l'équité que d'assassiner Mme de Lamballe et le vieil
archevêque Dulau comme coupables d'avoir voulu sortir de prison
pour aller égorger les patriotes. Quelle excuse donc? La raison d'État.
Mais les massacreurs de septembre l'invoquaient aussi. La punition
vint vite. On eût dit que le roi, même prisonnier, protégeait encore
génie de la Révolution.
Le régime de V autorité : la Convention. — La commune pari
sienne était arrivée à son but; elle était maîtresse de la nation. Elle
mière, afin que les chefs n'eussent pas besoin d'être grands pour
dominer; la seconde, pour que les plus nombreux pussent y atteindre
sans effort. Le niveau étant bas, il fallut de la violence pour y
ramener beaucoup de têtes. D'autre part, le mortel désordre causé
et qui était, disait Robespierre, « le plus bel ouvrage qui ait été
ment révolutionnaire.
D'après ie mécanisme de ce gouvernement, le peuple souverain et
donnaient les plus exaltés ou les plus dépravés d'entre les révolution
naires.
par' cent votants. Où sont donc les autres? que font-ils? Qu'ils le disent
jamais. Ils restent hors des bancs, au pied de la tribune. Dans les
ront leur abaissement avec une candeur qui prouvera combien leur
lâcheté leur paraissait légitime. Ils diront que plus ils avaient été élo
Montagne désiraient.
Ces lâches, les chefs et l'exemple de ces lâches, c'était Féraud !
S 2. — LE GOUVERNEMENT POPULAIRE
réforme inauguré par lui, invitait tous les citoyens à donner les avis
qu'ils jugeraient opportuns. C'était un appel auquel les Français du
dix- huitième siècle ne pouvaient résister. Depuis cinquante ans les
plus actives cervelles travaillaient sur le fondement des empires.
En 1761, à ce que nous apprend YAlmanach des Gens d'esprit
pour 1762, il y avait cent soixante-deux journaux en Europe. En 1789,
dans une seule semaine, la première de juin, on publiait en France
quatre-vingt-douze journaux ou brochures, plus de la moitié de ce
que nous offrait toute l'Europe en une année, vingt-huit ans aupara
plus général était au trimestre, et les prix les plus courants étaient
dans une famille de gentilshommes libéraux. Il nous dit que les plus
renommées parmi les feuilles d'alors étaient : le Courrier de Ver
sailles à Paris, par Gorsas; le Point du jour, de Barère; le Journal
politique national, de l'abbé Sabatier de Castres. Un mois plus tard
il nous citera le Journal de la Ville, de Brissot, et V Assemblée
nationale.
Un homme moins célèbre, Pierre-Nicolas Chantreau, qui, en 1790,
se cacha sous le nom de M. de l'Épithète, en compte quatre-vingts
paraissant tous les jours ou au moins une fois, par semaine; mais
sa liste est incomplète.
La passion Français pour les gazettes dura autant
fanatique des
l'ouverture des États généraux, par une vivacité nouvelle, deux jour
la
la
Durant nuit du 21 juin, Louis XVI, accompagné de reine, de ses deux enfants et de Madame Elisabeth, avait quitté les
il
la
Tuileries où était plus prisonnier que roi. Son intention n'était pas de sortir du royaume, mais de gagner forteresse de Mont-
il
à
le
médy d'où se fût porté pour médiateur entre ses sujets révoltés et les puissances voisines. Mais, Sainte-Menehould, fils du
à
Il
la
le
à
la
maître de poste, Drouet, reconnaît roi. saute cheval, devance famille royale et fait arrêter Varennes, aidé de Sausse,
a
il
«
procureur de cette commune, et de Billaud, qui depuis se fit appeler Billaud- Varennes. Je suis arrêté, s'écrie Louis XVI, n'y
! »
le
:
plus de roi La famille royale reprend chemin de Paris accompagnée de trois commissaires envoyés par l'Assemblée Pétion,
la
Barnave et Latour-Maubourg. Après trois jours d'humiliations et de souffrances, les prisonniers rentrent dans capitale escortés
:
d'une population silencieuse et tout entière sous les armes. Le mot d'ordre avait été donné. Ce qu'on lisait sur les murs, c'était
le
»
Celui qui applaudira roi aura des coups de bâton; celui qui l'insultera sera pendu. (Louis Blanc, Histoire de la Révolution, V,
à
le
L'Assemblée fit Louis XVI vue dans de ses fonctions
)
p. 394. garder son palais et suspendit provisoirement royales, malgré
les protestations de deux cent quatre-vingt-dix députés. Les jacobins auraient voulu davantage: Robespierre, Pétion, Buzot, Grégoire
la
la
demandèrent, mais sans succès, déchéance et mise en accusation du roi.
REVOLUTION FRANÇAISE 77
essaya d'y mettre Condorcet, mais les douze mille abonnés se fâchèrent
i5 livres par jour. D'abord très modéré, -le journal suivit bientôt le
vilain être. Il était fort tard. Le 9 mai 1793, les démocrates se rap
pelèrent qu'il avait trouvé équitable qu'on brisât les presses des anta
gonistes et qu'on supprimât les contradicteurs eux-mêmes.
Les constitutionnels avaient eu presque toute la presse à leurs
terrain perdus.
Le caractère distinctif des journalistes royalistes, c'est la vivacité.
Toutefois, s'ils commencent par employer l'arme de l'ancien régime,
la moquerie, le sarcasme, l'épée de l'esprit, s'ils commencent par être
fin, aussi intrépide qu'intelligent; celui qui, après Mallet du Pan, vit
le plus clair dans la Révolution; le plus homme d'esprit des Gascons,
le plus froid des soldats, le plus insolent des avocats, le plus dévoué
Fac-similé d'une lettre de Ml,° A11112de La Ro^hejacquelein, sœur de Henri et de Louis, à du Rosoi.
rédacteur de la Galette de Paris. M'1* de La RDchejacquelein, si jeu:i2, mah animée de sentiments cheva
— Archives nationales.
leresques, s'offre comme otage pour le Roi et sa famille.
8o LA RÉVOLUTION
lettres, et qui est restée, avec ses qualités et ses défauts, l'organe offi
taires.
A Prudhomme il faut joindre les trois hommes qui restent comme
les prototypes des feuillistes révolutionnaires : Camille Desmoulins,
Marat, Hébert.
Desmoulins commença la publication des Révolutions de France
et de Brabant le 28 novembre 1789. Il devait avoir 2,000 écus par
an, et 4,000 quand la feuille aurait trois mille souscripteurs. Elle
promettait de paraître chaque samedi. Desmoulins la quitta après
le quatre-vingt-sixième numéro. Dussaulchoy la continua jusqu'au
numéro 104, après quoi il en changea la forme et le titre qui devint:
la Semaine politique et littéraire.
En décembre 1793, Desmoulins fit paraître le Vieux Cordelier,
œuvre hybride, qui tient du journal, de la revue, du libelle, mais
œuvre immortelle, vigoureuse par le style, puissante surtout par la
vérité historique. Ce Vieux Cordelier, ce doyen des jacobins, gratta
faveur. Il ne faut pas aller trop loin sur cette pente. Si Desmoulins
déshonora la république, il avait contribué à la rendre puissante.
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âme ; et son journal en est imprégné. Rien mieux que cet homme et
peuple. Marat se fait tort : il était bien cela, et c'est parce qu'il
RÉVOLUTION FRANÇAISE 83
qu'il lui en faut, puis deux cent soixante-dix mille. Peuple magnanime,
crie-t-il sans cesse, soupçonne, dénonce, injurie, calomnie, insurge-toi;
extermine! Soldats, assassinez vos officiers! Comment n'a-t-on pas
assassiné Judas -Lafayette, et Pilate-Bailly ? Pourquoi n'a-t-on pas
maris sont des lâches, c'est à vous à remplir leur office; allons!
donnez la chasse aux ennemis de Marat! Peuple, va brûler le roi
dans son palais, fais périr sur le bûcher les juges qui menacent ton
et les richesses? Pillez les magasins, mes chers amis, et pendez les
fut mis partout à la place du crucifix; on lui éleva des autels, des
« les vils plagiaires qui lui volaient son nom ». Il donna quelques
numéros à la fin de 1790, mais il n'exista réellement qu'à partir de
1 79 r . Ce n'était pas d'ailleurs un journal d'une forme bien classique.
Il n'avait pour titre que ces mots : Grande joie, Grande colère, etc.
En l'an II, il n'y avait plus place que pour la lâcheté; on ne voit
guère vivre que les feuilles officielles du Comité de salut public. Elles
avaient été huit, et on les distribuait dans les armées à raison d'un
exemplaire par cent hommes et pour un million d'hommes. C'étaient
le Journal militaire, VAnti-fédéraliste, le Père Duchesne, le Batave,
Au milieu de l'an II, ces quatre derniers étaient les favoris, surtout
le Rougyff ou le Franc en vedette , rédigé par le conventionnel Guflroy
l'inventa pas; elle lui donna droit de cité, droit d'élection, de justice
et de législation; elle proclama le droit divin de la révolte, qui devint
le plus saint des devoirs.
L'institution politique de l'émeute et l'institution sociale du pam
pratique. On avait donc admis, ainsi que nous l'avons dit, que toute
portion du peuple, agissant révolutionnairement, représentait tout le
peuple; que toute manifestation populaire devait être tenue pour une
manifestation du souverain, si nulle autre portion dudit souverain ne
DIX-NEUVIEME SIECLE
Sur l'un des drapeaux on lit : terreur des rois ; et sur l'autre : réunion des
républicains. Un sapeur et un jacobin jurent fidélité' à la République. Ce placard, et
d'autres analogues, témoignaient du civisme des habitants de la maison où ils étaient
affichés. On craignait de ne point paraître a?sez patriote sous un régime qui avait
décrété la loi des suspects.
« Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui
se trouvent dans le territoire de la république, et qui sont encore en liberté, seront
mis en état d'arrestation.
« Ceux qui, soit par leur conduite, soit par leurs relations, soit par leurs propos
ou leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie et du fédéralisme et ennemis
de la liberté ;
« Ceux des ci-devant nobles, ensemble les maris, femmes, pères, mères, fils ou
filles, frères ou sœurs, et agents d'émigrés, qui n'ont pas constamment manifesté leur
attachement à la Révolution, etc. » ( Réimpression du Moniteur, XVII, p. 680. )
if II!
r
UNITE
INDIVISIBILITE
DE LA
RÉPUBLIQUE
LIBERTÉ
ÉGALITÉ '
ERATERNIL
RÉVOLUTION FRANÇAISE 87
folie.
A ces êtres, la Révolution confiait l'exercice d'une part importante
de la souveraineté ; dans ces milieux se décidèrent souvent les desti
nées de la France.
C'est bien la rue, la rue des rues, le Palais-Royal, qui affirma la
Révolution et qui prit la Bastille. Après les hommes de la rue, logi
quement conduits par Desmoulins, un étourdi, et par Saint-Huruges,
un repris de justice, les femmes de la rue, conduites par Théroigne
et Reine Audu, confirmèrent la Révolution en octobre à Versailles.
Dès lors la place publique eut sa puissance légitime et son armée.
Il y avait plus de cent mille pauvres, inscrits à la charité des
triers, les proxénètes, les filles, les déclassés, les aventuriers, les
fainéants qui grouillent dans les bas-fonds des grandes villes, les
ouvriers des ateliers nationaux; tous ces gens-là, la Révolution, à
haute voix les journaux et les pamphlets, ramassant les échos des
tribunes, des clubs, des assemblées de sections. Voilà la rue, l'un des
pouvoirs politiques de la Révolution.
La garde nationale avait été créée pour restreindre un peu les
Mais si Ton n'a pas limité les droits du peuple dans la rue, on eût
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()0 LA RÉVOLUTION
14 juillet et le 6 octobre.
Enfin, l'un des législateurs nous confie qu'on allait rarement à l'As
semblée sans ses pistolets.
Au commencement, on n'avait pas osé faire un règlement contre
les violences des tribunes. La Convention, instruite par l'expérience,
voulut se montrer plus ferme que la Constituante et la Législative.
Elle imposa le silence aux citoyens et citoyennes, sous peine d'expul
9'
étaient, dit Dulaure, « des rentiers oisifs, des ouvriers sans travail,
les terroristes salariés, les furieux, les clients des plus vils mon
entrer.
pour s'échapper.
Ce jour-là, quand an proposa l'arrestation des girondins, une
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du conseil.
« Le procureur de la commune, Hébert, se leva pour invectiver
les 'jolies femmes d'aristocrates, à la grande satisfaction de toutes les
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LA RÉVOLUTION
lever la main, ils en lèvent deux bien haut. Alors le président leur
dit : «Vous jurez d'exterminer les tyrans? — la. »
sections, puis l'hymne des Marseillais, puis des chansons sur des airs
hors de mesure avec une voix, des agréments et des manières de beau
PORTRAIT DE DANTON
D'après un dessin inédit de David, offert par lui à M. le comte de Saint-Albin, et communiqué par
Mm0 Achille Jubinal, née de Saint-Albin. — D'abord avocat, Danton devint membre de la Commune
au 10 août 1792, et bientôt après ministre de la justice. « Il a reçu de l'argent du roi pour empêcher
Témeute et s'en est servi pour la lancer. » (Taike, La Révolution, II, p. 258. ) « Entrepreneur en chef » des
massacres de septembre, il fait expédier sous son contreseing la circulaire qui les annonce et invite les
départements à suivre l'exemple de Paris. Le 10 septembre, il félicite les égorgeurs de Versailles. Dans le
procès de Louis XVI il vote « la mort du tyran »: enfin, arrêté à son tour par ordre de Robespierre, il
est envoyé à Féchafaud avec Camille Desmoulins, Chabot, Hérault-Sochclles, etc.
que l'Assemblée ne reçoive plus les adresses des clubs, « parce qu'elles
tendent à donner l'expression d'un petit nombre d'hommes comme
celle de la totalité». L'Assemblée refuse. En 1793, la section des
Arcis demande qu'on interdise toute correspondance et affiliation
entre eux. La Convention refuse. Le i3 juillet, défense aux autorités
de troubler les sociétés populaires ; le 25 juillet, décret contre ceux
qui voudraient les dissoudre ou les empêcher de s'assembler. Le
22 août, les jacobins demandent que la peine portée contre ces
LA RÉPUBLIQUE
D'après une gravure du dix-huitième siècle, à la Bibliothèque nationale. — La torche d'une main, le
poignard de l'autre, la tête couronnée de serpents, vêtue d'une robe illustrée de tètes de morts, la
République marche entre l'incendie et la guillotine, foulant aux pieds la croix et lT.vangile, la tiare et la
couronne royale de France.
décembre.
Avant cette époque et après le 10 août, elle a fait un grand pas
vers la démagogie. Les chroniqueurs disent qu'après le 2 septembre
on a vu apparaître deux ou trois cents nouveaux visages de gens peu
connus, qui ne parlaient jamais, qui applaudissaient d'ensemble et au
Louis XVI avait opposé son veto au décret contre le clergé fidèle. Ce veto fut le
principal prétexte invoqué par les insurgés du 20 juin et du 10 août. Ce fut le moment
décisif dans la vie du roi. « A partir de ce moment, il est à nos yeux plus qu'un roi
de France : c'est un confesseur de la foi chrétienne, comme son aïeul saint Louis dans
les prisons d'Egypte; c'est un martyr de l'Eglise de Dieu. » ( Rohrbacher, Histoire
universelle de l'Eglise catholique, XXVII, p. 565. )
Le 21 janvier 1793, « le roi fut le seul homme dans Paris qui possédât la paix au
fond de son cœur... La pierre angulaire de la république venait d'être posée dans le
sang par des mains meurtrières ; le sang et le meurtre se retrouvèrent désormais dans
toutes les parties de l'édifice qui allait s'élever ». (De Sybel, Histoire de l'Europe
pendant la Révolution française, II, p. 92.) « La vie de tout individu est précieuse
pour lui ; mais la vie de qui dépendent tant de vies, celle des souverains, est précieuse
pour tous. Un crime fait-il disparaître la majesté royale; à la place qu'elle occupait, il
se forme un gouffre, et tout ce qui l'environne s'y précipite. C'est une roue énorme
fixée au sommet de la plus haute montagne ; dans ses vastes rayons sont enchâssées
et engagées dix mille menues pièces ; lorsqu'elle tombe, chaque petit accessoire,
conséquence chétive, la suit dans sa bruyante ruine. Jamais ne vont seuls les soupirs
du roi, mais toujours avec un gémissement public... » (Shakespeare, Hamlet, acte III,
scène ni.)
ifiuffâii t/*yCjPe^C^
e*<'rt- 6* maté CtHrtu^tà t*%&Ct**£*, j ^ £^ rec^ry^a^t^-- c**4*X -
Comité de sûreté générale sont jacobins, ainsi que presque tous les
la garde nationale.
Au début de l'an II (qui commence le 22 septembre 1790), la
jalousie qui règne d'ancienne date entre eux et le club des Cordeliers
s'accentue; la guerre se déclare. Camille Desmoulins prétend que les
s.
R EVO LUTIO N F RAN ÇA I S F.
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6°/ y
Fac-similé d'une lettre de Mcr Mathieu, "archevêque de Besançon, attestant que le meurtre de[Louis XVI
et celui de Gustave III, roi de Suède, furent résolus dans une assemblée de francs-maçons, tenue à Franc
fort en 1786. D'après l'original communiqué par M. Léon Pagès. — On sait que Gustave III, roi de Suède,
fut tué d'un coup de pistolet par un gentilhomme nommé Ankarstrœm, au milieu du bal masqué de la cour,
dans la nuit du i5 au 16 mars 1792. — Quant à M. de Raymond, son nom figure encore dans l'Annuaire
maçonnique de 1814.
ne doit plus conserver que les sociétés affiliées à la Société mère. Ainsi
fit-on.
Après avoir atteint, de la façon que nous avons vu, l'idéal de la
de le savoir. Parmi les contemporains, les uns disent trois mille, les
autres quatre mille, d'autres quarante-quatre mille.
A Paris, le nombre des membres ne paraît pas avoir dépassé quinze
cents. En cette période d'action toute-puissante, ils se recrutaient dans
la petite bourgeoisie, dont l'intelligence étroite, active et présomptueuse
voulait paraître tout comprendre parce qu'elle ambitionnait tout, et
cuf-llicnnidor.
PROCLAMATION
D U
CONSEIL EXÉCUTIF
PROVISOIRE.
EXTRAIT des Regiflres du Confeil, du 20
,
du Tribunal
le
îes mcf-uTesà prendre pour l'exécution du décret criminel a/Meront l'exécution
à
,
nationale, des ij, io & Secrétaire - greffier de ce Tribunal en drcflcia
le
de la Convention 17,
20 janvier «793» arrête les difpofitions fuivantes . procès - verbal lefdits Commifïaircs & Membres
&
,
i.° L'exécution du jugement de Louis Capet du Tribunal, aufîuôt après l'exécution confomméc
,
viendront en rendre compte au Confeil
•
fe fera demain lundi 21. lequel
,
huit heures
Roland, Claviere, Monce, Lebrun, Carat,
du matm, de manière que l'exécution puiiïc être
Pasche.
faite midi.
à
Par GroUVELLE.
le
Confeil
,
175,3.
dit-il^ je suis prêt. Le cortège suivi les boulevards jusqu'au lieu du supplice; plus grand silence
le
a
régnait tout long du chemin. Louis lisait les prières des agonisants; est arrivé dix heures dix;
le
à
il
minutes la place de la Révolution. s'est déshabillé, est monté d'un pas assuré, et, se portant vers l'extré
Il
à
mité gauche de l\Schafaud, dit d'une voix assez ferme Français, je meurs innocent. Je pardonne tous
a
à
il
mes ennemis, et je souhaite que ma mort soit utile au peuple, paraissait vouloir parler encore. Le
Il
commandant général ordonna l'exécuteur de faire son devoir. (Réimpression du Moniteur, XV. p. |2.)
2
à
Aussitôt un citoyen monta sur la guillotine même, et, plongeant tout entier son bras nu dans le sang de
«
Capet qui s'était amassé en abondance, en prit des caillots plein la main et en aspergea par trois fois la
il
foule des assistants Frères, disait-il, on nous menacés que sang de Louis Capet retomberait sur nos
le
«
a
:
tètes eh bien, qu'il sang d'un roi porte bonheur ».( Phudhom.ml:, Les Révolutions de
le
retombe...
«
y
;
Paris, n° 185.)
ic8 LA RÉVOLUTION
monarchie.
Pendant que les sociétaires royalistes sont lapidés, les clubs patrio
tiques foisonnent; il y en a un dans presque chaque village, et deux
fraternelle des Enfant s -Rouges ou des Deux Sexes. Les femmes (et
les enfants à partir de douze ans) y sont admises; elles font concur
Punition peu redoutable! toutes ces filles paraissent trop pures, même
aux gens du faubourg, même à la Convention. Celle-ci, en effet, le
les femmes n'avaient nul besoin de club, que les assemblées section-
C'est qu'en effet presque toute l'occupation des clubs est l'espionnage.
En somme, l'histoire des sociétés patriotiques se résume exacte
CHAPITRE II
L'ADMINISTRATIO N
§ r. — l'administration centrale
qui l'autorité n'est autre chose que la police. Aussi le roi, pour la
France.
Dans la formule officielle, le pouvoir exécutif citait délégué au roi
pour être exercé par des agents responsables, des ministres, qui
devaient être pris en dehors de l'Assemblée. Les ministères furent au
nombre de six : justice, intérieur, guerre, affaires étrangères, marine,
contributions.
La Constituante comptait plus de théoriciens que d'esprits pra
tiques. Dans l'organisation administrative qu'elle inventa, on retrouve
sans doute ce génie de l'ordre qui caractérise la France. Mais la
tique de son histoire : elle donnait toutes les facilités pour la tyrannie,
2
LE JUIN i793
A
;
A
D'APRÈS LE TABLEAU DE M. CH.-L. MULLER. APPARTENANT M. LE COMTE LANJUINAIS PARIS DIX-NEUVIEME SIECLE
«
Seul, Lanjuinais, qui n'est pas girondin, mais catholique et breton, parle en homme contre l'attentat que subit la
le
«
il
la
à
le
nationale on lui court est assailli tribune boucher faisant de ses deux bras
;
représentation sus, Legendre,
»
«
on
;
je
lui crie
,
geste Descends, groupe montagnards pour Legendre
à
»
porte Lanjuinais un pistolet sur la gorge... (Taine, La Révolution, II, pp. 466 et 467.)
«
Il
à
se avec force la tribune et sa voix tonne encore au milieu des hurlements des sans-culottes et du plus
cramponne
la
»
effroyable tumulte dont Convention eût retenti. (Vte Lanjuinais, Notice historique su?' la vie et les œuvres du comte Lanjuinais.)
il
le
la
le
Dans du avait voté contre mort et au 10 thermidor, fut
procès roi, Lanjuinais pour l'appel peuple; après
la
la
3
5,
élu au Conseil des Cents en 181 on lui décerna de Chambre des
7
Cinq par départements; présidence députés.
I 2 LA RÉVOLUTION
ment précaire qu'on n'en compte pas moins de vingt-six pendant les
dix mois antérieurs au 10 août 1792.
Nous avons esquissé le singulier pouvoir qui s'établit après le
massacres de septembre.
Dès le début de la Convention, les ministres n'agissent que sous
la surveillance incessante et sur les ordres des comités parlementaires.
Hébert dit que « les ministres ne sont que des galopins aux ordres
mœurs. Elle n'est plus préoccupée que d'une seule chose : faire faire
L 'eXCLUSI F
D'après une estampe du temps, collection de M. le baron de Vinck d'Orp, à Bruxelles. — Cette estampe,
répandue principalement chez les modérés, personnifiait le jacobin septembriseur qui était, sous la Terreur,
considéré comme le seul vrai patriote, le patriote « exclusif». — On lit sur son chapeau : Liberté; sur un
bonnet phrygien qu'il porte en breloque : Egalité; sur la lame de son poignard : Fraternité ; sur le canon de
son pistoiet : ou la mort. De l'une de ses poches sort un certificat de civisme, et de l'autre un mandat d'arrêt.
même essence que le conseil des Dix vénitien, ne cadrait pas aisé
ment avec l'instinct foncièrement monarchique et libre, très ouvert,
très frondeur de la nation française.
Aussi fut-il, à ses débuts, fort antipathique à l'opinion. L'enfant
terrible de la démocratie, Camille Desmoulins, en septembre r 79 1 ,
veut plus faire partie d'un comité « où l'on professe des principes
EXTRAIT
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
DU PROCES VERBAL
DE LA CONVENTION NATIONALE,
Du zi"11. jourdu premier mois de l'an zT. de la
République françaife une & indivifible.
Art. III.
La villedeLyon feradétruite, toutce quifut habitéparle richefeadémoli; il nerefrera
quelamaiforidupauvre,les*habitaiior.s
des
ou piofcnts, lesédifices
égarés
patriotes fpécialementemployésà l'uduftrie
& lesmonumens confacrôà l'humanité& à Tuirtruclion
publique,
Art, I V.
Le nom de Lyon fera effacedu tableaudesvillesde la Républiiue.
La réuniondesmaifons porteradéformais
confervees lenomde vill.affranchi*.
A R t. V,
Il feraélevéfurlesruinesdeLyon unecolonnequiarcefteraà la potérité decetteville, avec
lescrimes& la punitiondesroyaliftes
;
cetteinfeription
Lyon laguerre LiberiaLyonn'tflplus
la
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LesRcpréfentans descommifTa-es
au\ riches& auxcontre-révolutionnairesdeLyon pourêtreftaruéineflàmment par convention furlesmoyens dudécru
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ColUtionnc l'originalparnousfcciétaires
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A-VILtAJFTRAr^CHJE,
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deToufcNTcHON^oLTT'..» <>
i
LA DESTRUCTION DE LYON
Fa:-similé de l'affiche ordonnant la destruction de Lyon; d'après l'exemplaire communiqué par M.
le
baro.ï de Vinck d'Orp, Bruxelles. — Semblable décret fut porté contre la ville de Toulon; 12,000 maçons
ù
furent réquisitionnés pour la démolir. — Bédouin (Vaucluse), un inconnu ayant, une nuit, coupé l'arbre
A
de la Liberté, Maignct écrit la Convention qu'il fait enchaîner prêtres, nobles, parents d'émigrés,
à
«
a
autorités constituées, qu'il investi le tribunal criminel du pouvoir révolutionnaire pour faire tomber de
a
suite la tête des plus coupables... qu'il ordonné que les flammes fissent disparaître jusqu'au nom de
a
tous les pouvoirs. Les girondins y sont maîtres absolus. Mais, sur
l'ordre des insurgés parisiens, ce comité est détruit le 27 mai, rétabli
le 28, dans une suprême tentative qui amena, le 3i mai et le 2 juin,
la proscription de Vergniaud et de ses amis.
qui vont procurer la victoire aux armées françaises, comme de tous les
15
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,
Mme Roland avait été l'àme de Gironde, son orgueil, sa gloire, sa poésie (Louis
la
«
»
Blanc, Histoire de la Révolution, IX, p. 449). Les historiens l'ont célébrée l'envi. Ces
à
éloges sont-ils mérités? Lectrice de Candide et de Faublas, admiratrice passionnée de
«
Rousseau, elle écrit dans sa prison, et veille de monter l'échafaud, une page
la
a
à
d'une obscénité révoltante qui salirait même les Confessions de Jean-Jacques, et qui
a
effarouché jusqu'à Sainte-Beuve... (Edmond Birk, La Légende des Girondins, 47.)
»
p.
Plusieurs de ses lettres, récemment publiées, ont prouvé que cette vertu trop parfaite »,
«
comme l'appelle Michelet, avait trahi tous ses devoirs d'épouse en faveur du girondin
Buzot, coupable envers sa femme de même trahison (In., ibid., pp. 299
la
804)
.
«Au commencement Révolution, M,lie Roland demandait
la
ou que de généreux Décius se dévouassent pour les abattre ». (Taine, La Révolution, II,
p. 25 1.) Le septembre 1792, au plus fort des massacres, que son mari, alors ministre de
3
l'intérieur, n'a rien fait pour empêcher, qu'il même justifiés, elle faisait avec son esprit
a
accoutumé les honneurs d'un grand repas donné par Roland dans les salons du ministère.
»
Voy. Ed. Biré, loc. cit., pp. 120 Sa politique peut se résumer en deux mots l'envie
«
2
1
à
3.)
:
(
plus de trois années) nous montrent aux mesures les plus extrêmes,
la
poussant toujours
applaudissant tous les excès, et, dans violence de son jacobinisme, dépassant Danton
la
à
l'échafaud, elle demande encore une plume et du papier pour écrire les singulières pensées
qui l'assaillent. (Em. de Saint-Albin, Histoire de la Révolution, III, p. 74. Après dix-huit
»
qu'une légende se soit formée, qui changé les girondins en champions de justice, en
la
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était collection des électeurs, déclarait pouvoir
la
prétexte qu'elle se
la
la
générateur de et en
de
le
que
nom de toutes communes, partait pour décimer son
là
de
la
gré
à
Convention, celle-ci. prétendait aussi posséder l'omnipotence ce point
à
pouvait déléguer un comité, lequel l'un des
la
la
qu'elle à déléguait
à
conventionnels, qui, son tour, un individu
la
déléguait quelcon
à
à
que. Ce dernier se trouvait ainsi revêtu d'un pouvoir divin, absolu,
au-dessus de toute loi logique, humaine ou morale.
C'est toute l'histoire du proconsulat parlementaire de ce temps- là.
A fin de la Législative, après août, nous voyons
la
10
le
« repré
le
sentant mission prendre physionomie qu'il gardera désormais.
la
en
»
et une levée
à
de trente mille hommes, nommait douze commissaires, pris dans son
sein, pour presser cette levée dans Paris, puis
le
département de
huit. On compte jusqu'à cent députés qui furent détachés ainsi avec
mission d'observer les généraux,
la
de
l'égalité
Gravure du temps communiquée par M. le baron de Vinck d'Orp. à Bruxelles. — Suivant un arrêt
de la commune de Paris du 17 août 1793, les porteurs de charbon et les chevaliers de Saint-Louis « sont
tenus de déposer au secrétariat de la municipalité le signe distinct if qu'ils tiennent de l'ancien régime; il
leur en sera donné un récépissé, et, pour faire un rapprochement digne de l'Egalité, le même registre qrî
sert à inscrire les dépôts des croix de Saint-Louis, recevra aussi les dépôts des médailles des charbon
niers » . — Le 24 novembre suivant, le conseil général de la même commune prend un arrêté invitant le
département « a faire abattre les clochers, qui, par leur domination sur les autres édifices, semblent
contrarier les principes de l'Égalité ". (Réimpression du Moniteur, XVIII, p. 409.)
prisonniers devant des auges, par des licols, comme des bêtes; on
les vilenies des moins vils et des moins criminels de ces apôtres des
idées nouvelles.
des guillotinés, afin de leur faire donner une éducation conforme aux
principes , par des instituteurs choisis sur les indications des clubs.
Nous voyons aujourd'hui encore que les successeurs d'Albitte, à
suspects. Cette nuit, plus de deux cents gros négociants ont été
§ 2. — l'administration départementale.
^DIX-NEUVIÈME SIECLE
à
Dans une salle attenante la Convention, Robespierre, qui s'est fracture' la mâchoire d'un de est étendu
coup pistolet,
il
sur une
la
le
;
table, sanglant, défait, de l'habit bleu clair qu'il portait de
jour
il
fête de l'Être ne aux et aux
;
suprême répond rien injures outrages. Auprès de lui sont assis, dans une attitude farouche,
Henriot et tous trois ceints d'une immense tricolore les soldats les
;
avait que trois), était chargé de tout ce qui constitue simple régie. Le
conseil s'assemblait pour les affaires plus importantes. Enfin, les
causes plus graves étaient soumises au conseil général de la com
réunis.
On rencontra, quand on mit en mouvement le nouvel appareil, le
outre, tout était hàtif, mal défini, institué par des rêveurs, des ambi
tieux ou des libertins, les limites de chaque action étaient mal précisées.
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128 LA RÉVOLUTI ON
les cinq cent cinquante districts, il reste quatre mille communes qui
le possèdent; il est vrai que, si elles peuvent arrêter, elles ne peuvent
mettre en liberté.
Mais à. mesure que leur pouvoir croît pour vexer les faibles, il
diminue en face des forts, c'est la loi révolutionnaire. Les com
munes, après avoir obéi servilement au peuple des tribunes, devien
nent les humbles esclaves des comités de gouvernement et des repré
son gré.
;
Sections et comités. — Les communes des grandes villes se divi
saient en sections, très puissantes, jalouses de la municipalité, dont
elles exerçaient les pouvoirs légaux. Ainsi, c'est elles qui faisaient
marcher la milice et l'artillerie de la circonscription, qui donnaient
le mandat d'arrêt, le certificat de civisme (toutefois à viser par la
commune), etc.
Les sections de certaines villes comme Lyon, Marseille, sont aussi
connues de l'histoire que les sections de Paris. Elles ont, comme les
citoyens peu fortunés ont droit à quarante sous pour assister aux
assemblées générales. Ils venaient en effet, se faisaient inscrire, allaient
boire et revenaient toucher leurs deux livres, en bénissant la liberté.
RÉVOLUTION F RA N ÇA I S E
Comité de salut public, « les limites des deux autorités ne sont pas
leur tour, chaque décade, devront rendre leur compte aux districts.
A Paris, par exception, les comités révolutionnaires correspondront
directement avec le comité de sûreté générale, et les pouvoirs du
district passeront au département. Il n'y a plus de procureurs, mais
des agents nationaux, chargés de surveiller et de dénoncer, chaque
décade également, les administrations auprès desquelles ils sont
installés.
fait, afin que chacune de ces faibles parcelles se trouvât seule pour
lutter contre la tyrannie centrale. C'est encore le but qu'elle poursuit
aujourd'hui.
RÉVOLUTION FRANÇAISE i 31
S 3. — LA COMMUNE MODELE.
tricts entre lesquels la bonne ville de Paris avait été divisée pour la
nomination des députés aux États généraux. Chacun de ces districts
avait pris le nom de la principale église du quartier.
PORTRAIT DE SIMON
Cordonnier à Paris, officier municipal; dessiné d'après nature, par Gabriel. — Chargé par la Commune
de la garde de Louis XVII, moyennant 5oo francs par mois, Simon ne lui épargna aucun mauvais traite
ment. Il l'enivrait de vin et d'eau-de-vie, l'obligeait à chanter la Carmagnole et des chansons obscènes; il
l'employait, comme son valet, pour les plus bas services; il l'éveillait la nuit : « Capet! Capet! viens que je
te touche! » et, quand l'enfant était à sa portée, d'un coup de pied il l'envoyait rouler à terre en disant :
« Va te coucher, louveteau! » Simon eut le sort de Robespierre, son ami, et fut guillotiné avec lui le
I j thermidor.
ensuite chacune trois membres , dont l'un est officier municipal et les
deux autres notables, pour former le conseil général de la commune.
nitif, que tout se détraque. Le sage Bailly est devenu Coco; l'illustre
La Fayette c'est, pour le peuple, le traître Moitié, et, pour les
savants, Gilles César; les gardes nationaux, ce sont «de beaux plats
bleus qui sont neufs, qui ne vont pas au feu »; et cette municipalité,
— c'est toujours même spectacle, — si puissante contre l'autorité
centrale, n'ose pas faire arrêter les patriotes filous qui tirent sur les
agents de la police, ni emprisonner les fraudeurs et les voleurs qui
invoquent la liberté. Le peuple souverain se fatigue de l'exercice de
sa souveraineté : Petion, le dieu Petion, sera nommé par six mille
voix maire de Paris; il y a quatre-vingt mille électeurs.
capet, éveille-toi!
Hier je m'endormisau fond d'une tour sombre.
On entenditdes voix qui disaientdansla nue : Où donc ai-je régné? Seigneur,dites-le moi.
« Jeune ange, Dieu sourit à ta gloire ingénue; Hélas! mon pèreest mort d'unemort bien amère;
Viens, rentredans sesbras pour ne plus en sortir; Ses bourreaux,ô mon Dieu, m'ont abreuvéde lîel ;
Et vous, qui du Très-Haut racontezles louanges, Je suis un orphelin, je viens chercherma mère,
Séraphins,prophètes,archanges, Qu'en nies rêvesj'ai vue au ciel. »
Courbez-vous,c'estun Roi; chantez,c'est un Martyr!
hasard, par qui veut y entrer, pourvu qu'il soit violent, dégradé, et
que s'il avait gardé des bijoux c'était avec l'intention de les payer, si
la Montagne.
Fac-similé des signatures de Louis XVII et du cordonnier Simon. Archives nationales. — Ces signatures se
trouvent au bas d'une déposition arrachée au Dauphin contre la reine sa mère.
tions pour « dresser une liste des suspects et les faire arrêter ». C'est
ainsi qu'avaient commencé les massacres de septembre.
Les girondins, irrités de la mollesse ou plutôt de la duplicité
du ministre Garât, et apprenant par une nouvelle révélation de Barère
que vingt-deux conventionnels sont notés pour la proscription , nomment
alors ce comité des dou\e dont nous avons parlé. Fureur des hommes
Raison (qui était, avec la suppression des riches et des loyers, un des
desiderata municipaux), elle reçut une première blessure par la défaite
de Chaumette et d'Hébert. Le 21 floréal an II, Fleuriot-Lescot rem
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18
i 38 LA RÉVOLUTION
loterie, condamné pour avoir fait des faux et pour avoir volé en
conseillères !
niait vertueux ; les antiques vertus, on leur donnait le nom des vices
contraires : la modération était inhumaine, l'assassinat était l'héroïsme,
la bassesse était le patriotisme, le despotisme la liberté.
Cette cohue de vices divinisés et de vertus débauchées condui
sait le gouvernement nouveau. Les plus violents représentants de
ces vices étaient les chefs politiques et les administrateurs modèles..
La Liberté révolutionnaire, pendant son règne, avait proscrit tous
ceux qui se défiaient de ses faveurs. L'Autorité révolutionnaire enfer
mera en masse tous ceux qui sont suspects de blâmer ses fureurs, et
la passion révolutionnaire.
parce que les camps servirent d'asile, et parce que la victoire empê
cha le désespoir; elle produisit un bien plus profond et moins connu.
La théorie politique de la plupart des révolutionnaires reposait
sur cette idée, vraie d'ailleurs, quoiqu'elle vienne de Jean-Jacques, à
eût été assez lâche sous le règne girondin , très tyrannique sous l'empire
de la municipalité parisienne. La guerre força les uns et les autres
à chercher dans l'union la plus grande somme de forces.
LA MORALE
CHAPITRE I
LA RELIGION
l'Eglise chrétienne.
La Révolution voulut parfois faire alliance avec quelques-uns des
hauts représentants de la civilisation, bien qu'ils soient tous ses enne
mis naturels; ainsi elle sut, au siècle dernier, séduire la philosophie,
comme, en ce siècle, elle caresse la science. Mais jamais il n'y eut
d'alliance réelle avec l'Eglise.
Elle essaya de lui proposer l'un de ces traités menteurs où elle
de leurs biens tout autant qu'il serait nécessaire. Ils demandaient seu
PORTRAIT DE PIE V[
D'après une médaille du temps. — Par son bref du |3 avril 1791, Pie VI avait condamné la constitution
civile du clergé. Lorsqu'il apprit le crime du 21 janvier, il glorifia publiquement le roi-martyr. Il accueillit
et secourut un grand nombre de prêtres français chassés par la persécution. Sur l'ordre du Directoire, en
1798, le général Berthier occupe Rome et y proclame la république. Pie VI est arraché de son palais, et,
malgré ses quatre-vingts ans, emmené à Valence, ou il meurt prisonnier.
fait, les philosophes supposaient que Y infâme serait bien près d'être
écrasée. Le i3 février 1790, on vota en principe la suppression des
disant que tout prêtre, même non salarié, était tenu à un servage
spécial envers l'État. En étendant cet ilotisme aux religieuses, bientôt
à tous les catholiques, puis à tous les chrétiens, ils rejoignirent la
théorie jacobine qui n'accorde à aucun citoyen le droit de croire autre
ment que ne le veut la souveraineté populaire, et qui admet que toute
tyrannie est légitime si elle a pour but de procurer l'unité de penser.
Je ne puis songer à analyser tous les articles qui composent cette
ils supposaient que cette autorité devait non seulement être obéie,
mais engager la conscience comme émanant d'une puissance infail
lible, — qu'il n'y aurait plus désormais qu'un évêché par départe-
UNE MESSE SOUS LA TERREUR
le
à
à
D'après tableau original appartenant M. Paris, de MM. Goupil et Cie. — Dans
Mignon, et la gravure
la
le
le
un pauvre réduit où lumière n'arrive que par 'toit, un célèbre saint sacrifice. Une commode sert
prêtre
d'autel; son élégance contraste avec l'aspect misérable du lieu. Aux murs sont suspendus des outils de charpentier
le
et des vêtements de travail, peut-être les outils et les vêtements dont se sert prêtre proscrit pour gagner son
la
pain et pour déguiser son véritable caractère. Les assistants prient avec ferveur des premiers chrétiens; l'un
à
d'eux veille la porte pour prévenir toute surprise.
«
la
à
On avait beau multiplier les gardes et les la frontière, encourager délation, rendre des décrets
espions
draconiens, tous les jours des prêtres rentraient en France pour mener la vie des missionnaires dans les pays les
le
»
plus barbares, et affronter tous les jours martyre. (Ludovic Sciout, Histoire de la constitution civile du clergé^
III, p. 285.)
«
,
Les prêtres furent obligés de recourir aux déguisements les plus étranges et les plus imprévus. Ils s'habillaient
il
en ou en ouvriers mais en
;
généralement paysans leur fallut quelquefois se travestir militaires, et même en
»
sans-culottes. {Id., IV, p. 32.)
RÉVOLUTION FRANÇAISE '49
circonscription de tous les autres. Les évêques comme les curés devaient
être nommés par les électeurs, desquels seuls ils recevaient leur pou
voir et juridiction spirituelle. On adjoignait aux évêques une certaine
quels ils ne pouvaient agir. Une fois nommés, ces évêques devaient
se garder, sous peine de déposition, de demander au pape aucune
consécration ou ratification. Ils étaient tenus de s'adresser pour cela au
métropolitain. Si celui-ci refusait, ils avaient à comparaître devant
le tribunal du district. Si celui-ci jugeait que leur doctrine n'avait rien
de répréhensible, il les renvoyait devant un autre évêque. — Tous,
métropolitains, évêques, curés, vicaires, devaient prêter serment non
seulement de respecter et d'aimer, mais de défendre la constitution
telle qu'elle était, telle qu'elle pourrait être.
Les objections étaient faciles. Elles furent nombreuses. Je n'en
citerai qu'un petit nombre. — Connaître une loi mieux que ceux qui
l'ont faite, ceux pour qui elle a été faite, ceux qui sont chargés de la
défendre comme de l'interpréter, c'est inadmissible. Or, le pape, les
conciles, l'Eglise universelle sont d'accord pour dire que le pouvoir
temporel, ne pouvant conférer la juridiction aux évêques, ne peut
légitimement enlever des chrétiens à leurs pasteurs pour les donner à
un autre; que nul évêque ne peut être déposé par une autorité
laïque; qu'il est contraire à l'essence du catholicisme de soumettre
l'autorité épiscopale à un conseil de prêtres. Il est absurde de donner
la nomination des évêques et des prêtres à des électeurs qui peuvent
être en majorité des protestants, des juifs, ou des incrédules. Il est
contraire à la loi très claire de l'Eglise d'établir un tribunal, peut-
être impie, au moins laïque, juge de la doctrine des évêques. On
ajoutait que tout cela pouvait faire une religion nouvelle, comme était
l'anglicanisme, mais que ce n'était plus le catholicisme.
Les constituants prétendaient que le clergé nV entendait rien, et
qu'ils n'avaient d'autre but que de ramener l'Église à la pureté du
catholicisme primitif et à la rigueur de la parole évangélique. Là-
dessus on s'émerveillait de voir Camus l'avocat se proclamer plus
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Mais déjà il n'y avait plus de doute sur la conduite qu'allait tenir
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LA RÉVOLUTION
tion publique.
Les fidèles suivirent les évêques et les prêtres. Ils n'avaient pas
D'après une gravure de Duplessis-Bertaux, dix-huitième siècle. — Le nombre des victimes connues s'élève
à neuf cent quarante-deux. 11n'y avait pas eu de capitulation écrite, mais tout prouve l'existence d'une capi
tulation verbale : les navires anglais cessant le l'eu, les prisonniers gardant la promesse faite par Sombreuil
qu'ils ne s'échapperaient pas sur la route de Quiberon à Aurav, enfin le commandant Douillard écrivant au
général Lcmoine : « J'ai prononcé, avec tous mes camarades, le mot de capitulation, je ne puis plus juger
ceux que j'ai absous, le sabre à la main. » (K. de la Gournerie, Les débris de Quiberon, p. | . ) L'exécution
eut lieu non loin d'Auray, dans une prairie appelée aujourd'hui le Champ des Martyrs.
uns furent battus, jetés dans des mares; les autres, arrachés de leurs
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i5(> LA RÉVOLUTION
elles étaient faibles, elles étaient pures, on pouvait les maltraiter sans
danger. Aussi les mêla-t-on bientôt à cette affaire du serment. On
courut dans les couvents. On les pilla d'abord; puis on saisit les
dans toutes les rues qu'elles traversoient pour se rendre devant leurs
juges. » Plus souvent on les déshabillait et on les fustigeait. Ce fut
des prêtres, des religieuses, elle descendit aux laïques. Elle avait pris
ses biens au clergé, aux fidèles leurs églises et tout ce qu'elles conte
gées, on se mit à fouetter les vieilles femmes comme les jeunes filles,
garde laisse échapper des hommes qui fouettoient une femme et saisit
aux pieds des chevaux. » Aux hommes qui veulent défendre leur
femme, leur mère ou leur fille, on coupe les cheveux; on les lie sur
des ânes, sur des boucs, et on les mène à la messe de l'intrus dans
des brouettes. Les maisons des catholiques sont notées. C'est là qu'on
ce 21 du mois
k 1793. Tan i^r du règne de louisXViL
y't<^
par jour. C'était pour donner aux gardes nationaux, deux fois par
jour, l'agrément de bourrer les prisonniers à coups de crosse. Dans
RÉVOLUTION FRANÇAISE i5g
l'enseignement, avaient été les uns et les autres tolérés jusqu'ici. Les
maisons étaient confisquées, devaient être vendues. Le port du costume
ecclésiastique était interdit.
mais Louis XVI ne voulut pas que le sort de chacun des soixante-dix
pavé cinquante mille femmes. N'y a-t-il pas de quoi faire prendre
patience aux disciples de Rousseau ! Ces résultats ne sont-ils pas
suffisants? La Révolution n'en jugeait pas ainsi.
Jusqu'ici la liberté des cultes a été la liberté de croire à tout,
excepté à la foi catholique. A partir du 10 août 1702, la liberté des
cultes va être uniquement la liberté de ne croire à rien, excepté à la
marcher vers l'exil. Marcher, le mot est doux. On les chassait, on les
traînait par bandes, avec l'escorte obligée des injures, des coups, de
la prison et de la faim.
Tantôt on les laissait partir un à un, et, malgré leur passeport,
ils étaient forcés de prendre les chemins détournés, de voyager la
nuit, de se fier à des guides jacobins qui les volaient. Tantôt on les
circulation du sang.
Ainsi guéri, on reprend la route, le sac au dos, et on arrive, le
vingtaine des plus ignobles êtres que Paris pût renfermer. Ils étaient
payés à tant par jour de massacre, 100 sols, 6 livres, un louis, selon
les individus. Il y avait aussi les profits : on vit les massacreurs se
ils avaient donné aux égorgés plus de coups de sabre qu'il n'était
nécessaire, et qu'ils avaient ainsi abîmé les vêtements qui leur reve
Nous .ne nous occupons en ce moment que des prêtres. Nous rap
pelons que la Révolution ne pouvait leur reprocher réellement qu'un
seul crime : ils ne pensaient pas comme les massacreurs.
dans la grande salle. Elle les divisa en trois troupes qui devaient être
l'on fit galamment les choses; le mémoire se monte à 127 livres 14. sous.
Pour le plaisir des travailleurs, on décida que les victimes passeraient
entre deux haies, et que les derniers des opérateurs auraient seuls le
droit de se servir du taillant du sabre, les autres devant frapper du
dos de la lame. Nous ignorons si les messieurs et les dames spectateurs
sacres de septembre.
est fort applaudi par les historiens de la Révolution : «Ce jour-là, dit
le plus effronté d'entre eux, Vergniaud et ses amis dépassèrent de
vingt coudées les jacobins.» Vingt coudées, je le veux bien; mais les
déportation dans l'île Saint- Vincent tout prêtre ou frère qui n'aura pas
prêté serment ; les infirmes seront renfermés dans les chefs-lieux de
tation. Enfin, une loi du 22 floréal an II ordonne que tous les prêtres
dit alors, qu'après avoir tout donné aux prêtres jiireiirs, elle n'accorda
à mort; 12 mai, les prêtres infirmes sont condamnés non plus à l'inter
nement, mais à la réclusion. D'ailleurs ces décrets particuliers sont
à l'échafaud.
Voilà le bref résumé du code ecclésiastique. Voyons comment les
faits le commentaient.
«
»
A
DÉPOUILLES DE LA SUPERSTITION TRAÎNÉES LA CONVENTION
«
La marche est ouverte par des volontaires dont les uns portent des piques, et au bout de leurs piques des ornements
»
d'église; d'autres ont recouvert leurs uniformes de chasubles et de chapes. Le centre du cortège est occupe' par un char,
à
où, sous un dais orné de drapeaux tricolores, des sans-culottes revêtus d'ornements sacerdotaux se livrent une parodie des
le
la
saints mystères. Ces mascarades sacrilèges se renouvelèrent durant tout mois de novembre 1793, aux applaudissements de
Convention.
:
la
«
à
Le 22 brumaire (12 novembre), la section des Gravilliers est introduite dans salle des se'ances de la Convention
:
la
sa tête marche une députation d'hommes revêtus d'ornements sacerdotaux et pontificaux musique sonne l'air de la
à
le
Carmagnole et celui de Marlborough s'en va-t-en On apporte des croix, des bannières, et, l'instant où dais entre,
guerre.
!
le
:
à
on l'air Ah bel oiseau. Tous les de cette section se la et de dessous les travestis
,
sements du fanatisme, on voit sortir des défenseurs de la patrie , couverts de l'uniforme national. Chacun jette vêtement
qu'il vient d'ôter, et l'on ,voit sauter en l'air les étoles, les mitres, les chasubles, les dalmatiques, au bruit des instruments
la
:
la
»
et aux cris répétés de Vive liberté! Vive république! (Réimpression du Moniteur, XVIII, pp. 399 et 420.)
«
»
le
Déjà, disait Prudhomme, tout département de Paris est décatholisé. {Révolutions de Paris.)
R ÉVOL U T I O N FRANÇAIS E
neige, ces pauvres gens, qu'on les prenait tous pour des moines
dominicains. On n'oublie pas que tous sont infirmes ou pour le moins
sexagénaires.
Les citoyens de Limoges se font remarquer entre tous ceux qui
une dernière fois, le leur dit : « Scélérats, il faut avoir une vertu
plus qu'humaine pour vous laisser subsister. » Cette vertu , on ne
l'avait pas.
C'est à la fin de janvier 1794 qu'on les embarque. Au bout de
dix mois, ces huit cent vingt-sept sont devenus deux cent quatre-vingt-
cinq ; les cinq cent quarante-deux autres sont morts de misère.
souffle d'air à l'une des extrémités. Il fallait passer dix heures chaque
jour dans cette effroyable atmosphère qui se composait des émana
tions fournies par les baquets remplis d'ordure, par les déjections (il
y avait aussi le mal de mer), par les fièvres, les infirmités, la décré
pitude. L'infection était telle que nul médecin n'osait y entrer. L'un
d'eux vint un jour à l'entrée, en tenant sous le nez son mouchoir
de fièvre chaude. — On leur avait retiré tout livre, tout objet de piété.
sans cesse vaincu dans ce combat sans cesse renaissant. Les infirmes,
les malades, les blessés, ceux dont les bras étaient gelés, ne résis
taient plus; plusieurs furent mangés vivants par les poux. Les plus
malades, on les envoyait à l'hôpital, car les vertueux officiers du
nion des juges, mais on a fait durer les débats longtemps pour avoir
celui de jeter sur les prêtres et leurs saintes reliques tout le mépris
que ces objets méritent. Cette manière d'éclairer le peuple est des
Le s'avance sous les voûtes de Notre-Dame. Une actrice de M113 Maillard, personnifie la Raison.
cortège l'Opéra,
la
Vêtue des trois couleurs la Convention blanche, manteau bleu, bonnet rouge de Liberté), elle
adoptées par (tunique
le
la
est portée sans-culottes. De main elle tient une bannière rouge sur laquelle est inscrit mot
par quatre droite,
le
Raison de la commune de
;
sous ses pieds, elle foule un crucifix. En tête du cortège paraît Chaumette, procureur Paris, qui,
le
la
la
à
à
la
A
parapluie main droite, ordonne marche et la l'entrée du temple* élevé Philosophie, on distingue buste
dirige.
:
la
la
à
le
de
;
Voltaire droite de ce temple, on lit sur un dernier mot de devise de Révolution liberté, égalité,
drapeau
le
:
«
fraternité, ou la mort. Plus bas, un autel sur brûle une torche de la vérité ». Sur les degrés du
antique lequel flambeau
la
à
la
la
à
temple, des chœurs de jeunes filles chantant des hymnes Raison et Liberté; enfin, derrière la Raison, foule
:
le
;
Tous les détails qui précèdent sont empruntés aux documents contemporains Moniteur universel du i3 novembre 793
2
51
Les Révolutions n° Le n° Le Fanatisme dans la révolutionnaire.
;
de Paris, par L. Prudhomme, Père Duchesne, 309; langue
«
Le mouvement dégénéra en une véritable orgie. La Raison, représentée d'abord par une artiste aimée du public, chercha
la
à
la
bientôt ses personnifications dans d'impures courtisanes. Elle trôna sur les tabernacles, entourée de canonniers' qui, pipe
à
bouche, lui servaient de grands-prêtres. Elle eut des cortèges de bacchantes qui suivaient d'un pas aviné, travers les rues, son
»
char, rempli de musiciens aveugles, etc.... (Louis Blanc, Histoire de la Révolution, IX, p. 482.)
la
N'était-il pas juste qu'après avoir été adorée dans les écrits de Jean-Jacques Rousseau, de Voltaire et des autres philosophes,
le
«
Raison, suivant l'expression du P. Lacordaire, fût adorée dans marbre vivant d'une chair publique », et montât en personne sur
?
les autels
174 LA RÉVOLUTION
décadiqucs, fut surtout prêché par les prêtres abjureurs. Ils essayaient
de gagner ainsi la pension que la Convention leur faisait pour les
cipitait vers l'arbre de la Liberté, et, après avoir « collé ses lèvres sur
l'écorce au milieu des transports de joie » , il revenait dans le temple
3. — LA PAIX DES
§ POLITIQUES.
Fac-similé d\m tableau ayant servi d'exercice de lecture aux enfants des écobs. Collection de M. de
Liesville, à l'hôtel Carnavalet, dix-huitième siècle. — L'Etre suprême, dont l'existence fut décrétée par l.i
Convention le 7 mai 1794, sur la proposition de Robespierre, n était qu'un dieu impersonne!, un être
imaginaire, doté par ses inventeurs d'attributs et de qualités conformes à leurs caprices. ( Vov. G au.me, La
Révolution, II, p. 3<J.) « Ce Dieu de la pensée n'a pas besoin d'autels, de prêtres ni d'encens. » (Lebrun.)
« Le véritable prêtre de l'Etre suprême, c'est la nature; son temple, l'univers: sou culte, la vertu: ses fêtes,
la joie d'un grand peuple. » (Réimpression du Moniteur^ XX, p. |op. ) Le culte de l'Etre suprême ne survécut
pas à Robespierre, son inventeur.
de France. Celui-ci, après les avoir menacés de l'atteinte des lois sangui
blique.
]J église gallicane songea enfin à réunir un concile national.
Commencé le i5 août 1797, il dura trois mois, tint des séances
solennelles, et porta six décrets, dont un de pacification (du 27 sep
l'existence jouissance.
la
de
morale
la
le
volupté;
la
est remplace
il
science.
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iSo LA RÉVOLUTION
lement avec une grimace moins franche. Cet Etre suprême versait de
et abject. peut
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R ÉVOLUTION FRANÇAISE 1S1
CHAPITRE II
LA CHARITÉ
La Révolution, étant donné son principe, devait s'occuper beau
nationale.
Que cherchent, au fond, toutes ces lois? Une seule chose, celle que
la Révolution ne perd jamais de vue : détruire toute influence pouvant
contrarier la sienne auprès de la classe la plus nombreuse, qu'elle
veut aveugler et fanatiser.
Lc'.tic adressée, en i8oi, par Napoléon Bonaparte an ministre de la marine. (Communiqué par M. Armand Le Brun, à Saint-Denis-
le-Gast, Manche.). — I.e premier consul se plaint d'avoir vu les malades ds l'hôpital militaire de Toulon soignés par des forçats!
Un document de famille (lettre de Jacques Le Brun, caserne de Reeouvrance, à Brest, appartenant également à NI, Armand Le Brun ),
nous apprend que les malades de l'hôpital de Brest étaient aussi soignés par des forçats en l'an II ( 1793). On y lit : « Les malades
sont soignés pur des forçats libérés.... Ceux qui ont des économies meurent les premiers. Les forçats distribuent les drogues à tort et
à travers. Ils disent : " Avale, Limousin! Avale, Normand! » Les malheureux prennent la potion, enflent souvent gros comme des
barriques, et on n'attend même pas qu'ils aient tourné de l'œil pour Us prendre pur lis pieds et les épaules et tei jeter dans la salle
d.-> morts On dit tout haut'qtie les forçats empoisonnent les malades pour avoir leur- dépouilles. »
i$4 LA REVOLUTION
charité sous l'ancien régime est des plus complets. Le bureau général
des pauvres, créé en 1544, était dirigé par une commission de notables,
sous la présidence du prévôt des marchands et des échevins. Il avait
le droit de frapper chaque année un impôt spécial en faveur des
formé en faveur des pauvres par la piété de nos ancêtres était bien
l'éducation chrétienne
« La prière du matin a l'hôpital Saint-Louis, à Paris, h Tableau de Pils, dix-neuvième siècle. —
D'après U
gravure publiée par MM. Jourdan, Harbot et O, boulevard Poissonnière, 14,à Paris. — L'éducation chrétienne
consiste à enseigner d'abord à reniant ses devoirs envers Dieu, d'où découlent ses devoirs envers les hommes.
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i88 LA REVOLUTION
autre maison de lazaristes, que le sang monta le plus haut aux bras
des fondateurs de la république. Contre les Filles de la charité, la
fureur était si grossière, que l'auguste sérénité de La Fayette même
s'en émut. « C'est avec une sorte de douleur, écrit-il dans ses
Elles le savaient. Dès l'année. 91, on les traînait par les rues,
entre les soldats, au milieu des huées, des coups, des cris de mort,
devant des magistrats tellement républicains déjà, qu'ils les menaçaient
de les livrer au peuple. Et ces filles avaient des mots héroïques, en
même temps que doux; elles se jetaient aux genoux des juges et elles
s'écriaient : «
Que le plus humain d'entre vous, messieurs, nous serve
de bourreau plutôt que de nous livrer au peuple. » Pourquoi non?
Le député Lagrevol, de la Haute-Loire, ne disait-il pas, aux applau
dissements de la Législative, que «ce n'étaient que des vermines»?
Le jocrisse jacobin ne pouvait manquer à de telles fêtes. Il y
déploya tout son charme. « Le père Clément Yves, supérieur de
l'ordre de la Charité, écrit, avec une fourberie dont un moine ambi
tieux seul est capable...» Quoi donc, grand Dieu! qu'écrit-il, ce
« La reine de France n'est plus la jolie ingénue de l'île du Rhin; elle est la reine,
une reine dans tout l'éclat, dans toute la Heur et toute la maturité, dans tout le
triomphe et tout le rayonnement d'une beauté de reine. Elle possède tous les caractères
et toutes les marques que l'imagination des hommes demande à la majesté de la femme :
une bienveillance sereine, presque céleste, répandue sur tout son visage; une taille que
Mme de Polignac disait avoir été faite pour un trône; le diadème d'or pâle de ses
cheveux blonds, ce teint le plus blanc et le plus éclatant de tous les teints, le plus beau
cou, les plus belles épaules, des bras et des mains admirables, une marche harmonieuse
et balancée, ce pas qui annonce les déesses dans les poèmes antiques, une manière
royale et qu'elle avait seule de porter la tète, une caresse et une noblesse de regard qui
enveloppaient une cour dans le salut de sa bonté, par toute sa personne enfin, ce
superbe et doux air de protection et d'accueil ; tant de dons à leur point de perfection
biens, deux cent quatre-vingt mille personnes sont sans pain. » En 92,
le rapporteur du comité des secours publics avait déclaré officielle
ment qu'il n'y a rien d'égal à la pénurie des hôpitaux. Il faut
entendre, en effet, ceux des contemporains qui les ont visités.
Pendant ce temps, les révolutionnaires naïfs, comme Français, de
Nantes, persistaient à dire qu'avant peu d'années il n'y aurait plus
besoin d'hôpitaux, parce que la vertu de la Révolution aurait détruit
la pauvreté! Dès lors, pourquoi ne pas commencer doucement à les
plus que quinze en 1801. Les huit millions de revenus qu'ils possé
daient avant la Révolution étaient gaspillés, il en restait uniquement
de quoi payer les administrateurs républicains. Ceux-ci se succédaient
Les lits étaient sans couvertures; les paillasses, sans paille; les fenêtres,
sans vitres. Les riches hôpitaux avaient sept livres de viande par jour
fèves. Les médecins, les employés, restaient deux années sans être
LA PANTHÈRE AUTRICHIENNE
VOUÉE AU MÉPRIS ET A L'EXÉCRATION DE LA NATION FRANÇAISE
DANS SA POSTÉRITÉ LA PLUS RECULÉE
MARIE-ANTOINETTE A LA LANTERNE
D'ftprès une gravure du temps, communiquée par M. Muhlbacher, a Paris. — Au bas, se trouve la
légende suivante : « Cette affreuse Messaline, fruit d'un des plus licencieux concubinages, est com
posée de matière hétérogène, fabriquée de plusieurs races : en partie lorraine, allemande, autrichienne,
bohémienne, etc. De toutes pièces déjà connue le sera encore plus parfaitement par l'esquisse de ces
traits.... Elle porte la redoutable chevelure du treizième apôtre, du même caractère de Judas; comme
lui, elle mit les mains dans le plat pour voler et dissiper les trésors de la France. Ses yeux, durs, traîtres
et enHammés ne respirent que feux et carnage pour combler ses injustes vengeances. Son nez et ses joues
sont bourgeonnés et pourprés par un sang corrompu qui se distille entre sa chair et son cuir déjà plombé.
Sa bouche, fétide et infecte, recèle une langue cruelle qui se dit pour jamais altérée du sang français. »
] ()2
payés. Dans les hospices, ceux qui venaient chercher refuge ne tar
emploi public.
On ne comptait pas moins de trois cent mille mendiants de pro
fession en France , et les personnages les plus aisés réclamaient des
distribué par l'Etat, ils ne voyaient pas de raison qui les détournât de
CHAPITRE III
L'ENSEIGNEMENT
<( Il ne s'agit plus de former des messieurs, mais des citoyens.
hommes civilisés, mais des animaux domestiqués pour être les ser
deux conséquences :
termes.
S T. — LA PÉRIODE DE DESTRUCTION.
sances humaines.
La Constituante, avec son étourderie habituelle, avait enlevé les
principes. Elle n'y manqua pas, La loi du 2 avril 1792 supprima tout.
Supprimées les vingt -trois universités de France, confisqués leurs
douze mille huit cents élèves, dont plus de quarante mille recevaient
supprimées toutes les écoles des abbayes, des prieurés, des presby
tères, des chapitres; supprimées toutes les petites écoles qui répon
vous allez retirer à six cent mille enfants les moyens d'apprendre à
lire! » Qu'importait! Supprimées les innombrables écoles où les filles
des riches comme des pauvres recevaient l'instruction. Supprimées
aussi les académies, « parce qu'elles sont propres à perpétuer les
restes de l'esprit de corps ». Fermées les écoles de droit, mortes les
écoles de médecine. Restait, à demi clos, l'ancien Collège royal. L'on
nous vantait naguère la mansuétude de la république à l'égard des
professeurs, en nous faisant valoir qu'elle n'avait même pas guillotiné
le bon abbé Delille, qu'elle avait, en ce Collège royal, emprisonné
seulement quatre professeurs sur dix-huit, et que les autres avaient
eu le droit de continuer des cours de syriaque — probablement sous
le contrôle furieux d'un savetier sourd du voisinage.
La vérité est qu'on avait pris les précautions pour que tout l'ensei
gnement non seulement fut bien mort, mais qu'il ne pût revivre. Un
décret d'octobre 1793, complétant celui d'août précédent, interdisait
les fonctions de professeur à tout noble, religieux, prêtre, religieuse
ou femme noble, à tout individu qui avait été jadis nommé par des
prêtres ou des nobles, ce qui était éloigner tout le monde, puisque
avant 1789 l'évêque devait ratifier la nomination des instituteurs
paroissiaux. Enfin, pour ne négliger rien, les professeurs bien laïques,
bien roturiers, devaient encore prêter serment à la constitution civile
du clergé. Il fallait des instituteurs mariés, ((parce qu'en offrant à leur
élève la vue des douceurs de l'union conjugale, ils feraient naître dans
son sein le désir de les connaître »! Enfin, l'un des vice-présidents du
tribunal révolutionnaire le proclamait dogmatiquement : « la république
n'a pas besoin de chimistes ».
§ 2. — TENTATIVES DE REORGANISATION.
avait publié, lui aussi, son plan d'éducation nationale, dont l'idée
originale était de « partager le pouvoir classique entre le maître et
les élèves ». Cette idée saugrenue était faite pour plaire. En sep
tembre 1790, la municipalité parisienne découvrit que cela était « basé
sur des principes conformes à ceux des droits de l'homme et du
citoyen », et décida qu'on ouvrirait, en octobre suivant, une école
conformément à ce programme, pour les fils des vainqueurs de la
Bastille. L'école s'ouvrit peu ; elle fut aussi grotesque que son patron.
Bref, on arriva à la Législative sans avoir rien fait, bien que Daunou
se fût mis de la partie. Il avait réédité pour les constituants le plan
qu'il avait proposé à l'Oratoire, peu de temps avant 1789.
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2C0 LA RÉVOLUTION
tique*, il fallait bien constater qu'il n'y avait plus d'école. Les plans
fleurirent de plus belle.
Ce fut un esprit démanché, Jacob Dupont, qui commença cette
douze ans tous les enfants devaient être contraints de vivre hors de
maux, qui jure qu'il n'y a pas d'autre enfer que les remords, et qui,
à la fin de son nouveau plan d'éducation nationale, dévoile qu'il est
apothicaire et propose l'élixir de gayac, anti-goutte, « avec la manière
D'après une gravure de Duplessis-Bertaux, dix-huitième siècle. — Hébert vient d'accuser la reine
d'avoir enseigné à son fils des habitudes infâmes; Marie-Antoinette ne répond rien à cette imputation. Un
juré le fait remarquer au président. « Si je n'ai pas répondu, dit alors Marie-Antoinette, c'est que la
nature se refuse à répondre a une pareille inculpation faite à une mère. J'en appelle à toutes celles qui
peuvent se trouver ici. 11Robespierre, étant à dlaer et apprenant cette réponse de la reine, cassa son
assiette avec sa fourchette, en s'écriant : ii Cet imbécile d'Hébert ! il faut qu'il lui fournisse à son dernier
moment ce triomphe d'intérêt public! u (Campardon, Histoire du tribunal révolutionnaire, I, p. 144.)
écoles primaires » .
appris beaucoup de sottises qui lui ont enlevé la docilité sans lui
avoir donné rien du côté de l'intelligence ». Le Père Duchesne se
fâche aussi : « Voilà quatre ans de perdus, dit-il; s'il y avait des
proclamé la tyrannie. Tout père qui n'enverrait pas ses enfants aux
institutions républicaines serait puni de peines sévères et de la
aux injonctions des clubs voisins. Il y avait peu d'écoles, sauf dans
les villes. Là, on trouva enfin le vrai plan de l'éducation nationale
révolutionnaire : les instituteurs étaient obligés de conduire leurs
élèves aux exécutions.
Au milieu de cette expansion de l'enseignement souverainement
laïque, voici deux faits qui tranchent sur le reste : le Lycée des Arts,
qui s'est formé librement sur les ruines de l'Académie royale des
Ce testament est une lettre adressée à Madame Elisabeth, sœur du roi. La reine
l'écrivit le 16 octobre 1793, à quatre heures du matin, dans son cachot de la Concier
gerie, quelques heures avant de monter sur l'échafaud. Elle fut trouvée, le 22 février
i8i5, dans les papiers du conventionnel Courtois. C'est « un testament digne de celui
du roi, un monument de plus de la grandeur de ces deux âmes que Dieu avait faites
par Decazes, ministre de la police, et à la Chambre des pairs par le duc de Richelieu.
« Tous les cœurs s'émurent à ces expressions de la douleur d'une reine et d'une mère;
jamais le pardon n'avait été plus sublime, jamais la mort n'avait été plus sainte. »
« Une femme, a dit Napoléon, qui n'avait que des honneurs sans pouvoir, une
princesse étrangère, le plus sacré des otages, la traîner d'un trône à Téchafaud à travers
tous les genres d'outrages, il y avait là quelque chose de pire encore que le régicide ! »
et
4 \Jir °f//7 tT^"^**^.
un éfr^
RÉVOLUTION FRANÇAISE 205
ils eussent fait brûler les bibliothèques, égorgé les savants et replongé
le monde dans les ténèbres. »
Ces diverses créations étaient belles sans doute ; elles n'étaient pas
tout, ni même le plus important. On réclamait toujours de quoi rem
placer les anciens collèges et les petites écoles, c'est-à-dire l'ensei
gnement secondaire et primaire. Il le fallait surtout républicain.
C'était là la difficulté. Le 3 brumaire de l'an IV, paraît le grand code
pédagogique, fruit de ce long enfantement. On organisait toute
l'instruction publique, écoles primaires, centrales, spéciales, institut
national, fêtes nationales. Cette fois, on avait enfin une éducation
républicaine. Ce fut le cri général. — Tout se borna à ce cri.
En l'an V, les Cinq-Cents sont accablés de pétitions demandant
qu'on « organise l'instruction primaire, qu'on établisse des écoles ».
^^^Yj^/J f ^ r^
1^ jf/ / .s//.,^^
Fac-similé 'd'un autographe de Fouquier-Tinvillc, tendant à obtenir de la Convention que les témoins à décharge réclamés
par Danton et ses coaccusés ne soient pas entendus par le tribunal révolutionnaire. — Archives nationales.
RÉVOLUTION FRANÇAISE 207
pas que leurs témoins ne soient entendus, sans un décret ; nous vous invitons à nous
tracer définitivement notre règle de conduite sur cette réclamation, l'ordre judiciaire
ne nous fournissant aucun moyen de motiver ce refus.
A. Q. Fouquier. Herman,
président.
l'an VIII constate le complet insuccès des écoles centrales. Les cours
de morale et de législation « créés pour former des hommes vertueux »
Déjà la Révolution est parvenue à son but, qui est d'abaisser l'homme
à la terre et de séparer illogiquement la science de la philosophie :
c'est une donnée curieuse, les rapporteurs officiels insistent pour qu'on
ne change rien à cet état, si défectueux soit-il, car on est tellement
effrayé des folies de la Révolution , que toutes les fois que l'on annonce
vérité : « Les parents fuient les écoles où l'on n'enseigne pas la reli
CHAPITRE IV
LA JUSTICE
La Révolution a toujours aimé à parler de principes ; elle s'empa
principes sont creux ; elle ne leur a laissé que l'enveloppe. Elle croit
justice. Cette justice, elle commença par lui arracher lame qui est
S T. — LA JUSTICE ORDINAIRE.
second degré nomment les juges pour dix ans ; les électeurs pri-
D'après une estampe de la collection de M. le baron de Vinck d"Orp, à Bruxelles. — Ancien ccuxti.t «.e
filles repenties, fonde avec le concours de saint Vincent de Paul qui l'avait placé sous la direction de reli
gieuses de la Visitation, la maison des Madeloiinettes, aujourd'hui détruite, avait été transformée en prison
par la Révolution. — C'est aux Madelonnettes que furent incarcérés les acteurs et actrices du théâtre de la
Nation (ThéiUre-Français, ) le 2 septembre 1793, pour avoir joué Paméla, « pièce modérantiste », dont l'au
teur, François de Neufehàteau, fut emprisonné avec eux. — » Paris renfermait sous la Terreur trente-six
vastes maisons d'arrêt renfermant, en moyenne, huit mille prisonniers politiques, sans compter quatre-
vingt-seize autres maisons d'arrêt moindres, annexées aux comités révolutionnaires. Voila ce que la prise
et la démolition delà Bastille avait rapporté à la liberté, t {Granier de Cassagnac, Histoire des Girondins
et des massacres de Septembre, I, p. 32).
maires, les juges de paix pour deux ans. Le roi ne les institue pas,
il constate seulement qu'ils ont été élus selon les formes.
Que devenait la loi avec de tels interprètes, quand il n'y avait plus
aucune notion de droit, d'équité, de morale, de religion qui fût respectée
ou imposée ; quand tout principe civilisateur avait été ennuagé de
né. a itzo—
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4Jcù ^A^cx/tcji^UJ (7>oùts &ooho
S 2. LA JUSTICE POPULAIRE.
tromper, surtout dans ces circonstances, lui révèle qu'il faut agir
immédiatement et vigoureusement. Il reprend cette prérogative et
Les uns et les autres avaient souri aux mille épisodes des massa
cres qui, à Paris et en province, avaient, depuis 1788, précédé le
prison Saint-Joseph, ils se sont fait livrer deux aristocrates, qu'ils ont
RÉVOLUTION FRANÇAISE
expédiés dans l'autre monde. Après quoi chacun est rentré chez soi,
avec le calme qui convient à la justice. »
S 3. — LA JUSTICE RÉVOLUTIONNAIRE.
la liste civile qui leur avait donné beaucoup d'argent. Les massacres
de septembre rendirent ce tribunal assez inutile. Pourtant il fallut
un certain courage à Garan de Coulon pour en demander la des
truction. Le tribunal du 17 août disparut le 29 novembre 92.
Ni la province, ni les armées ne furent privées de ce genre cJe
220 l;a révolution
volé par les républicains d'une couche supérieure. Pour mieux faire
elle avait mis hors la loi tous les aristocrates et tous les ennemis de
une loi si simple qu'un enfant pût les condamner et les conduire à la
guillotine. »
D'après une gravure communiquée par M. Félix Perin, à Paris; dix-huitième siècle. — Robespierre, « après
avoir fait guillotiner tous les Français », exécute de sa propre main le bourreau. Chaque guillotine rappelle
une catégorie de ses victimes. «A, bourreau; B, comité de salut public; C, comité de sûreté générale;
D, tribunal révolutionnaire; E, jacobins ; F, cordeliers ; G, brissotins ; H, girondins; I, philipotins ( pour
Philippeautins, partisans de Philippeaux ) ; K, chabotins ; L, hébertistes ; M, nobles et prêtres; N, gens à
talent; O, vieillards, femmes et enfants; P, soldats et généraux : Q, autorités constituées; R, Convention
nationale', S, sociétés populaires. » — Cette gravure coûta, dit-on, la vie à son auteur.
la loi des suspects. Bien que les trois quarts de la France pussent
tomber sous le coup de cette loi, bien quelle suffit 'à faire enfermer,
222 LA RÉVOLUTION
compte trois mille cinq cents emprisonnées dans une ville comme
Tarascon, — cela ne suffit pas. La Convention, le 7 novembre, auto
rise tous les comités révolutionnaires à décréter ce qui leur plaira,
même contre les individus non suspects. On arriva enfin à cette créa
tion qui, comme presque tout développement de la Révolution, cache
le bouffon sous l'horrible : on créa la classe des suspects d'être suspects.
révolutionnaire.
Ce tribunal, créé le 10 mars g3, perfectionné le 27, entra en
projets, et le comité de sûreté générale, qui tenait les juges comme les
jurés sous sa main, avaient ainsi, dans la justice, l'aide le plus servile
RÉVOLUTION FRANÇAISE 223
Après que Robespierre eut choisi son hôte, son imprimeur, son
tailleur, son perruquier, son cordonnier, pour composer cette magis
trature, on recueillit par toute la France ce qui surnageait aux endroits
les plus infectés du jacobinisme.
L'on choisit bien. «En révolution, disait le plus doux d'entre eux,
224 LA RÉVOLUTION
et on l'emprisonna.
Que dire de ce tribunal qui exécutait les pères pour les fils; qui
condamnait les gens de nom analogue, par l'embarras de savoir quel
était l'accusé; qui envoyait à la guillotine de vieilles femmes, paraly
tiques, de quatre-vingts ans, accusées d'avoir voulu s'évader pour
aller égorger la Convention ; qui condamna à mort comme accapa
reur un citoyen dans la poche duquel se trouvaient quelques miettes
de pain destiné à des poules! Parlerons-nous des jugements en blanc,
des intercalations de noms, à l'audience même, sur les actes d'accu
sation? des jugements sur liste, sans même voir les accusés?
Toutes les personnes désignées ci-dessus avaient été condamnées à mort par le
tribunal révolutionnaire, les 7 et 9 thermidor an II. Leurs noms figurent sur les
listes officielles des condamnés publiées par le Moniteur universel, dans ses numéros
des 23 et 3o thermidor et du 4 fructidor an II (1794).
— C'étaient les dernières
victimes de la tyrannie de Robespierre, mais non les dernières victimes de la Révo
lution.
RÉVOLUTION FRANÇAISE 225
l'envoyèrent en prison.
Si tels étaient les représentants de la justice à Paris, on devine ce
qu'ils pouvaient être en province; car la loi de floréal, citée plus haut,
permettait à certaines villes de garder des tribunaux révolutionnaires.
Étudions celui d'Orange. Il est typique.
On avait trouvé modéré le tribunal de Marseille. Il avait pourtant
mis en accusation des enfants de neuf ans. Mais le représentant Lecar-
pentier, à Saint-Malo, avait décidé qu'on pouvait faire passer au
à son fils, son compagnon de supplice, s'il la mène faire des visites.
« Non, ma mère, nous allons au ciel. » Ou bien c'est une paysanne
en guenilles qui comparaît avec un enfant qu'elle allaite, un autre de
quatre heures.
Puis la fête journalière a lieu. Les juges vont chercher leurs ver
tueuses épouses; on envoie quérir les instituteurs avec leurs élèves
S 4.
— LA JUSTICE CONVENTXONNELtE.
vous n'avez pas jugé tous les prisonniers qui sont à l'Entrepôt, je
suppose que la religion n'est autre chose qu'une législation d'un ordre
primitif, et qu'un code pénal rigoureux rend la morale inutile.
Ainsi s'explique logiquement l'abondance et la violence de ses lois.
L'Assemblée constituante en rendit deux mille cinq cent cinquante-sept,
et la Législative, douze cent vingt-sept ; la Convention, onze mille
deux cent dix. Parmi toutes ces lois, il faut mettre à part celles qui
sont nées d'une longue incubation du génie français, celles que le bon
sens de notre race, celles que la réflexion éclairée par l'expérience et
LA CIVILISATION
Les révolutionnaires ne prétendaient pas seulement réformer le
CHAPITRE I
LE S M OE U R S
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LA RÉVOLUTION
Paris prit son nom; — cet étranger filou, rongé d'ulcères, était
patriote.
L'idéal de la société nouvelle se présentait ainsi : la religion est
centre, ou qui s'en étaient tirés hors. Elle déchaînait non seulement
les envieux, les convoiteurs, les débauchés, les haineux, mais les
huguenots, les jansénistes, les juifs, mais les francs-maçons, les comé
diens et les étrangers, qui jouèrent à la fin du dix-huitième siècle un
rôle si considérable. A tous, elle disait : Maintenant, votre tour est
disent les paysans émancipés, qui s'en allaient brigander les pro
priétés du voisinage. A mesure que la Révolution gagna, le vol
s'étendit avec elle. Depuis le plus humble commissaire d'un comité
révolutionnaire de bourgade jusqu'aux officiers municipaux de Paris,
jusqu'aux plus farouches montagnards, chacun joignit la rapine à la
petits chefs étaient des filous et ses grands chefs des voleurs, et il
comblait des marques de son idohàtrie le seul qui parût intègre. On
peut mesurer la rareté de cette vertu à l'enthousiasme de ces mani
festations.
La populace souveraine voulait être se'ule à avoir les profits du pil
lage : « Le bien des riches aristocrates doit être donné aux pauvres. Un
royaliste ne peut avoir de propriétés. Les seuls partisans de la Révo
lution peuvent être propriétaires. » C'est le vœu des sections pari
siennes les plus pures, en mars 1794. En l'an IX, les rapports offi-
238 LA RÉVOLUTION
la convoitise.
La convoitise ! Le grand ministre des finances d'alors avait trouvé
la formule : « La guillotine, c'est la planche aux assignats. » Que
de condamnations n'eurent d'autre cause que ceci : il est riche, ses
tionnels de lui faire des rentes. Les grandes dames du régime l'ont
en boucles d'oreilles, Saint-Just en épingle, Gatteaux en cachet, les
pas l'enfance seule qui s'en amusait; elles étaient chères au sexe sen
chaque coup qu'elle frappait, elle avait ses dames d'honneur qui
venaient, en voiture élégante, admirer ses exploits. — Le sang! Les
là par les officiers, les soldats, les spectateurs qui l'avaient été cher
marécage rouge.
Ce ne fut pas seulement pendant la Terreur que la Révolution
quelque petit journaliste de l'école de Marat, mais par les voix les
DESSIN CENTRAL D'UNE CEINTURE DE JEUNE FILLE
le
le
Traîné par quatre chevaux blancs, char, que guide la Renommée, s'avance vers Panthéon. Une Victoire
le
couronne la statue de Voltaire assis, devant laquelle brûlent des Derrière char, une jeune fille,
parfums.
à
vêtue l'antique, sème les fleurs d'une couronne; elle est suivie delà
par les muses Tragédie et de la Musique.
«
la
La translation de Voltaire au Panthéon fut première fête philosophique chère aux
particulièrement
le
artistes un
y
qui déployèrent grand appareil païen et antique. David en avait dessiné char; les jeunes peintres
la
à
»
vêtus romaine.
y
et sculpteurs figurèrent (Renouvier, Histoire de l'Art pendant la Révolution, p. 417.)
:
On de Chénier
y
chanta, sur la musique de Gossec, l'hymne
Il
renaît parmi nous, grand, chéri, respecté,
à
à
Voltaire n'avait prêché ni Dieu, ni la Liberté. Son œuvre avait été une œuvre de destruction. avait
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sapé
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la base religieuse de l'édifice ancien ». En lui, la Révolution honorait son plus ardent précurseur, Car, enfin,
»
la route où marchent les générations vivantes, bonne ou mauvaise, c'est Voltaire qui l'a tracée. (Louis Blanc,
I,
Histoire de la Révolution, p. 340.)
RÉVOLUTION FRANÇAISE 23q
CARTE
Du Citoyen ^^h<^uc^
/^^*
FAC-SIMILÉ D'UNE CARTE CIVIQUE
Collection de M. le baron de Vinck d'Orp, à Bruxelles. — Tout citoyen qui n'avait pas de carte civique
devait être, aux termes de la loi, arrêté et détenu comme suspect.
çant l'homme à regarder non plus en haut, mais en bas, avait mis,
si je puis dire, les aspirations humaines à quatre pattes. Ainsi s'expli
quaient la bassesse ou la fureur des mœurs publiques d'alors, le déve
3J
LA RÉVOLUTION
qu'il se voilait la face. Tout eût été dit; on l'eût proclamé nouveau
Brutus.
C'est qu'en effet tout l'esprit de la Révolution est essentiellement
tait. Quelle autorité a-t-il sur ses enfants, ses domestiques, ses agents,
dans les cafés (qui ont joué alors un si grand rôle), il est dans les
grand bruit qui se menait dans ces lieux-là), il est dans les tripots,
dans les caves; et tout cela pullulait et développait ses attraits depuis
1789. S'il est pauvre, il est à la section; on lui donne par séance
vie bruyante, à secousses, tout extérieure, qui lui enlève son mari,
qui émancipe ses enfants, qui bouleverse ses pensées, qui sape les
LE DIVORCE
D'après une gravure d'Augustin Legrand, dix-huitième siècle. Collection de M. le baron de Yinck d'Orp.
à Bruxelles. — A droite, sur une estrade, deux, époux comparaissent devant l'officier d'état civil qui leur
lit la formule du divorce; déjà la femme se retire en faisant un geste d'adieu. La loi sur le divorce fut votée
par l'Assemblée législative le 20 septembre 1702. Mercier appelait le divorce u le sacrement de l'adultère »
[Nouveau Paris, III, p. 179).
l'animal humain. Il doit être cher aussi à tous ceux qui, sur ses
caresses, car pour lui il n'y aurait plus ni père ni mère, mais toujours
un beau-père ou une belle-mère. Ils appelaient donc le divorce le
fanatiques; elle en a mis des centaines hors des prisons, et ce sont les
sait combien cela fut bête. » Les jacobins étaient ou furieux ou gro
que les soldats s'en vont dans les promenades publiques s'asseoir sur
les bancs auprès des citoyennes non déguenillées pour leur souffler
dans les yeux ta fumée des pipes; tandis que mille tyrannies grandes
FLORÉAL
L'un des douze mois républicains; d'après un dessin de Laffitte, gravé par Trcsca, dix-huitième siècle. —
[.es mois républicains étaient : en automne, vendémiaire, brumaire, frimaire : en hiver, nivôse, pluviôse, ven
tôse; au printemps, germinal, floréal, prairial; en été, messidor, thermidor, fructidor. Laffitte avait représenté
chacun de ces mois par un buste de femme, et ces dessins étaient destinés à servir de modèles aux élèves des
lycées. « Nous ne pouvions plus, disait Fabre d'Fglantine, compter les années ou les rois nous opprimaient
comme un temps où nous avions vécu. Les préjugés du trône et de l'église, les mensonges de l'un et de
l'autre, souillaient chaque page du calendrier dont nous nous servions. » ( Réimpression du Moniteur,
XVIII, p. 683.)
pour les railler. Dans les déesses tout Paris reconnaît les balayeuses
des plus impurs cloaques, et dans les jeux olympiques on reconnaît
Franconi avec ses bidets qui dansent sur des œufs. Le Français,
d'ailleurs si gai, assiste froidement à tout cela, et l'on n'y trouve plus
que des oisifs qui ne savent comment s'amuser. » Si ces fêtes répu
Il était à peu près ivre. Ils se rendirent sur une place. Chacun essaya
de conduire la charrue. Quand ce fut le tour du commissaire, la
l'an IX.
Ce qui frappe surtout les contemporains, c'est que l'esprit public
a disparu. Les revers comme les succès de notre armée n'excitent
rence.
11 en était de la vérité comme de l'esprit public. A force d'avoir
pour rien.
Dans Tordre moral, il en allait autrement; la pente était exacte-
UNE MERVEILLEUSE
IVaprès une estampe du temps. — Amaurv Duval, chef de bureau des sciences et arts au ministère de
l'intérieur, conseillait aux femmes i d'abandonner pour jamais les bas et les jarretières, de lier avec des
rubans une semelle sous leurs pieds nus », de porter une « tunique très ouverte parle haut des deux côtés »,
et relevée u plus ou moins selon leur goût, soit par les côtés, soit par le devant ». Ces conseils furent le
programme des femmes du Directoire. M™e Tallien parut au bal de l'Opéra dans ce costume, ayant des
anneaux d'or aux doigts des pieds. (Voy. J. Renouvier, Histoire Je l'art pendant la Révolution, pp. 472 à 476.)
ment contraire. Le peuple, disent les rapports officiels, « n'a plus que
les enterrements ne sont plus une fête funèbre; le cadavre passe dan
la rue sans pompe ; un greffier qui l'escorte représente toute la
duellement en forme de croissant, dans un sens ou dans l'autre, suivant que la lune
croît ou décroît.
Sur le cadran central, divisé suivant l'ancien système horaire, se meuvent cinq
aiguilles. La première, en commençant par le haut, marque les secondes, la deuxième
le quantième du mois, la troisième les heures, la quatrième les minutes, la cinquième
le jour de la décade.
Le cadran inférieur est un cadran décimal, c'est-à-dire qu'il divise le jour en dix
heures et les heures en cent minutes. Il a trois aiguilles. L'une indique les heures, une
autre les minutes, et la troisième les mois, qui figurent avec leur double appellation,
ancienne et nouvelle.
Dans sa haine pour l'ancien ordre de choses, la Convention aurait voulu changer
jusqu'à la division du jour : elle ouvrit des concours, elle donna des encouragements
aux horlogers qui produisirent quelques œuvres ingénieuses, et ce fut tout.
RÉVOLUTION FRANÇAISE
le président Dobsent.
CHAPITRE II
LES LETTRES
race. La Révolution les trouva en bel ordre; elle y mit le feu : ce fut
la flamme, puis la fumée, puis la cendre.
l'éloquence.
Après l'exécution des girondins sonores et retentissants, de
PORTRAIT DE MIRABEAU
D'après une médaille du temps. — Honoré de Riquctti, comte de Mirabeau, avait été exclu de l'ordre
de la noblesse et longtemps enfermé au donjon de Vincennes à cause de sa vie de désordres. Nommé
député du tiers état, il fut le plus puissant orateur de la Constituante, et mourut, le 2 avril 1791, épuisé par
la débauche et par les émotions de la tribune, après avoir vainement essayé d'arrêter la Révolution qu'il
avait contribué à déchaîner.
belle tenue des déductions. C'est ainsi qu'on arrivait à prouver, par
exemple, que l'indulgence était de la férocité, ou que la liberté ne
quence solennelle.
comité des recherches, les Ah, eh, hi , oh, hu , firent grand bruit.
lité , l'Être suprême. On peut citer encore les couplets-stances sur les
événements importants, à partir de la prise de La Bastille; sur cha
cune des victoires, et notamment sur La bataille de Fleurus, La reprise
de Toulon, le siège de Lille, le vaisseau le Vengeur; sur les héros
de La Révolution, sur Voltaire, Rousseau, Mirabeau, Le Peletier,
2Ô2 LA RÉVOLUTION
Marat, Barra, Viala, etc. Mais les deux types restent toujours : la
Marseillaise et le Ça ira. Le premier, qui n'échappe pas complète
ment au ridicule pour son emphase, pour quelques traits de rhéto
rique fausse , ne tarda pas à être accusé de modcrantisme. Les
jacobins comprirent que l'hymne était au fond trop noble pour avoir
été fait en leur honneur. C'était un chant guerrier, non pas un chant
révolutionnaire. On décréta Rouget de l'Isle d'accusation. Le véri
table chant national pour les sans-culottes fut le Ça ira; vulgaire
et menaçant, simple et bête, terriblement grossier et furieux, il
pouvait être l'expression du lyrisme jacobin.
Sous le Directoire, « pour élever l'esprit révolutionnaire qui étoit
abattu », on chantait au théâtre, entre les pièces, des airs patrio
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264 LA RÉVOLUTION
Henri VIII, combien ils sont odieux dans Tordre moral. Quant à
Gains Gracchus (février 1792), il prouvait l'insolence de l'aristocratie.
Mais il y avait dans cette pièce un hémistiche : « Des lois et non du
(mars 1791), et pour prouver qu'ils méritaient une telle dignité, ils
se précipitaient dans la garde nationale avec ostentation. Mais la
elle produisit des baraques et des pièces dignes d'y être jouées mais
;
1791
Les jacobins, aidés par les fédérés, par les portefaix, se faisaient à
quel intérêt cela peut être pour des républicains. Raoul de Créquy
met les patriotes en fureur parce qu'on délivre un prisonnier et que
tique, s'en occupait. Le bruit qu'elle fit fut assez grand pour lutter
contre les rumeurs qui précédaient le jugement du roi. La pièce fut
interdite par la commune de Paris, malgré la Convention -
( r i 16 jan
vier 1793).
R É VO LUT I O N V RAN GAIS K 267
les églises vacantes serviront de salles, et les élèves des écoles publi
ques viendront s'y exercer dans « des pièces sentimentales et con
formes à la Révolution ». Un administrateur de police ordonne que
le mot citoyen remplace les mots monsieur , seigneur, dans les pièces
nouvelles. Le mot monsieur était réservé pour les injures. Des spec
tacles gratuits devaient avoir lieu trois fois la semaine à la salle de
l'Ancienne-Comédie. Les sans-culottes se plaignaient pourtant, et ils
ne comprenaient pas qu'on permît, dans les autres salles, de louer
des loges à l'avance; cela sentait l'ancien régime.
Il n'y avait plus que cela qui le rappelât. Le théâtre de l'an II
nous offre un choix des spécimens de la stupidité humaine. Parfois
une pièce tombe « malgré les bonnes intentions de l'auteur » ; le
Congres des rois, Toulon sauvé, sont siffles d'un bout à l'autre*,
mais cela est rare; il n'y a presque plus de critique intellectuelle. Les
Dragons et les Bénédictines , et leur suite les Dragons en cantonne
ment , V Epoux républicain , la Veuve du républicain , la Nourrice
républicaine, V Intérieur d'un ménage républicain, la Matinée répu
blicaine, — toute cette guenille théâtrale est naturellement à l'enseigne
Fille du ministre Necker, la baronne de Staël occupe le premier rang parmi les
femmes auteurs. Sous la Terreur, elle avait adressé a.u gouvernement révolutionnaire
une défense de la reine. Sous le Directoire, et surtout sous l'Empire, elle exerça une
grande influence par son salon où se réunissait une foule d'hommes célèbres dans
les lettres, les arts, les sciences, l'industrie et la politique. Son livre de Y Allemagne,
tableau de l'esprit, des mœurs et de la littérature d'un pays encore mal connu en
France, est rempli d'allusions contre l'Empire. Mais « nulle part elle n'a déployé un talent
plus distingué que dans ses Considérations sur la Révolution française. Par malheur...
C'est cette basse sottise , tout autant que cette grotesque emphase
et cette despotique ignorance, qui montrent comment la Révolution,
déprimant l'esprit humain, travaillait à faire reculer la civilisation.
CHAPITRE III
On n'a pas oublié cet aveu d'un montagnard, Thibaudeau, l'un des
meneurs des comités de l'instruction publique, en Tan II. On se rap
Daubenton, les Jussieu, les Geoffroy à côté des Fourcroy, des Bron-
gniart, des Lamarck. Les Monge, les Prony, l'abbé Hatiy, le com
Chappe qu'il est un enfant de 89, et que son invention est née des
l'utilité de cette grande mesure avait été comprise avant 89, la question
pas mêlée.
En somme, son instinct la portait à lutter en tout contre le grand
PORTRAIT DK BAILLY
D'après une médaille du temps. — Astronome distingue, membre de trois académies, Buillv jouit d'une
grande popularité dans les premiers temps de la Révolution. 11 fut maire de Paris et députe aux États
généraux, puis président de cette assemblée. Le 20 juin 1789, il entraîna les députés du tiers dans la salle
du Jeu de paume et y lut la formule du serment proposé par Mounier, serment qui était un acte de
révolte ouverte. Devenu suspect pour avoir réprimé l'émeute du Champ de Mars au lendemain de l'arres
tation du roi à Varennes, il fut condamné à mort et guillotiné le 11 novembre i7'_)3.
Rome. Mais on n'oublie jamais que les arts sont royalistes ; et David
s'écrie, de l'aveu de Mercier, « qu'on peut tirer à mitraille sur les
artistes sans craindre de tuer un patriote ».
Le 27 brumaire an II , la Convention décrète qu'on élèvera sur
la place du Pont-Neuf une statue de quarante-six pieds représentant
le Peuple français. David, qui proposa le décret, avait demandé
que le piédestal fût composé de débris amoncelés de statues. On
brisa bien les statues, mais l'image colossale ne fut pas faite. C'est
le parfait résumé des rapports de la Révolution avec l'art. Comme
nous l'avons constaté jusqu'ici, elle sut fort bien détruire, elle ne sut
que cela.
Masson , Roland sculptaient partout des Loi, des Minerve, des Inno
cence, des Patrie, des Vieillard, des Nature, des Hercule, des
et au conseil des
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les tableaux et on les met sous des sacs de blé pour protéger ceux-ci
contre l'humidité. A Strasbourg, c'est par milliers que les statues ont
été détruites. A Coutances, on enlève des stalagmites, les prenant pour
du salpêtre. A Nancy, « en l'espace de quelques heures, on a détruit
pour 100,000 écus d'objets d'art » ; à Paris, pour plus de dix millions.
Mais il faudrait un volume pour donner un bref aperçu de cette
dépeint «
:
volées, dissipées, vendues à bas prix (et bien souvent enlevées par les
étrangers). Les plus belles collections de monnoyes anciennes et nou
velles furent fondues. Les cabinets de pierres travaillées furent volés.
pièces.
génie ! »
LA TOUlt DE SAINT-AMAND-LLS-EAUX. (NORD)
D'après la publication intitulée La Renaissance en France; Paris, Quentin. — Cette tour est à
peu près le seul reste d'une vaste et puissante abbaye fondée au septième siècle par saint Amand,
évèque de Tongres, et reconstruite au dix-septième, n Riches sculptures, tableaux remarquables,
boiseries, orgues, trésor précieux, reliques nombreuses et vénérables, tout concourait à faire de ce
sanctuaire une des plus belles églises du nord de la France. » (Benjamin Desailly, Fragments
historiques sur la ville et l'abbaye de Saint-Ainand, p. 4. ) La Révolution détruisit, dispersa, ruina,
anéantit tout cela, a Jamais une nation ne s'était laissé ainsi dépouiller, par ses propres citoyens,
des monuments qui attestaient le mieux chez elle non seulement la culture des sciences et des
arts/mais encore les plus nobbs efforts de la pensée et les plus généreux dévouements de la vertu. >>
( Montai oinERT, [.es Moines d'Occident, introduction, p. clxxxvi. )
I.A REVOLUTION
CHAPITRE IV
L'ÉCONOMIE POLITIQUE
S I. — LES FINANCES.
chiffre par 12, la Constituante trouvait que la balance était mal pon
dérée. C'était « la faute du fanatisme ».
gentilshommes.
Les rêveurs qui étaient la classe dirigeante, en ce début du monde
versait pas le quart des impôts qu'elle payait en 1789. Sur un budget
de 616 millions on en recouvrait 240, et encore à l'aide d'expédients
essentiellement transitoires. Le désordre était tel qu'en l'an VIII on
ruine, pour remplacer l'impôt? Tous les moyens, et quatre très soi
tués. Puis elle les tua uniquement pour confisquer leurs biens. On con
naît la phrase typique d'un des grands ministres des finances révolu
tionnaires : « La guillotine, c'est la planche aux assignats. » Ainsi la
partout; ils gardaient les prisonniers en ville, les escortaient aux champs,
et jusque dans le sein des fonctions publiques les plus augustes. Tantôt
et le plus souvent, on était forcé légalement. Cette force financière
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Le système des assignats était basé sur cette idée, bien digne de
industrie.
Le 22 novembre 89, le principe des assignats est proclamé et à
le Ier août 1795; le louis d'or y vaut 920 francs papier; le ier sep
circulation.
Le 18 mars 1796, le gouvernement commence ouvertement la
queroute. Elle donna une valeur illusoire aux deux tiers de la dette
ragement légal au vol; ce fut l'impunité pour les plus vils agioteurs;
ce fut la fortune attribuée aux plus ignobles fripons. Saint-Just décla
rait officiellement que les agents du gouvernement révolutionnaire
avaient déjà volé 3 milliards au commencement de 1794, avant
l'anarchie thermidorienne! avant le Directoire! Les assignats contri
buèrent puissamment aussi à la création de ces bandes noires qui
achetaient à vil prix les biens voles et qui diminuèrent si douloureu
sement la richesse artistique de notre pays. Le gouvernement, lui,
perdit presque tout le patrimoine des rentes foncières léguées par
l'ancienne France et l'immense quantité de biens nationaux qui furent,
rentes et biens, échangés contre des assignats sans valeur.
Je ne veux citer qu'un seul exemple de la science financière de la
Révolution. En avril 1797, le gouvernement se décida à vendre un
certain lot de maisons, hôtels, couvents, qui rapportaient annuel
lement 10 millions avant 1789, et en 1797 encore 2 millions. Il
comptait que ce lot pourrait bien se vendre un milliard. Il le vendit
&mknjuu "tou, ^ 0^
valait plus que 5 en 1798; et toutes les autres valeurs non territo
riales, valeurs mobilières ou de crédit, de 10 milliards étaient des
cent mille. Ce chiffre peut servir de base pour calculer les pertes de
la population totale.
Les rapports parlementaires de l'an V nous apprennent que, dans
les départements d'outre-Loire, les soldats, les commissaires républi
cains, les patriotes à la suite des représentants ou des armées, ont
cherché à détruire, « sur un espace de quatre à cinq cents lieues
*
carrées, tout ce qui existait, individus, troupeaux, arbres, moissons,
maisons; et ils ont presque atteint leur but ». D'autres rapports nous
indiquent de nouvelles causes de dépopulation, ceux de l'an IV et de
l'an VI notamment. Ils nous disent qu'il y a sept mille enfants aban
donnés dans le département de la Seine, en une année, et quarante-
trois mille cent vingt-huit reçus, dans les meilleures conditions, aux
l'impôt.
Le cri de « mort aux accapareurs » nuisait au commerce autant
trouva guère plus heureux. Les causes de ruine indiquées plus haut
existaient toujours; elles étaient inhérentes à la Révolution. De plus,
on préférait placer son argent en achat de terrains confisqués, parce
qu'on les payait à si vil prix que, même avec le misérable rende
ment que nous avons dit, cet argent rapportait plus de 3o pour
ioo. Le commerce, qui, avec beaucoup de risques et dans les
LE JACOBIN
d'après la gravure originale, collection de m. de liesville
a l'hotkl Carnavalet; dix -h u i t i è m e siècle
On lit sur son bonnet le m'ot : surveillance au-dessus d'un ceil ouvert, emblème
des sociétés populaires qui se donnaient le titre de « surveillantes de F autorité ». A
son cou est suspendue la médaille de la société dont il est membre ; de la main
droite, il tient une clochette montrant qu'il est prêt à sonner le tocsin au" premier
danger de la patrie ; de la gauche , des feuillets où sont inscrites les dates et les
devises chères aux jacobins; à sa ceinture, deux pistolets; il est chaussé de sabots.
« Les jacobins naissent dans la décomposition sociale ainsi que des champignons
dans un terreau qui fermente... Des contrastes extraordinaires s'assemblent pour
former le caractère du jacobin : c'est un fou qui a de la logique, et un monstre qui
se croit de la conscience. Sous l'obsession de son dogme et de son orgueil, il a
abstraites, il a fini par ne plus voir les hommes réels ; à force de s'admirer lui-même,
il a fini par ne plus apercevoir dans ses adversaires et même dans ses rivaux que des
scélérats dignes du supplice.» (Taine, La Révolution, II, pp. i8 et 32.)
31 NiaODVf
2f)2 LA RÉVOLUTION
prises de ses frères jacobins. Rien ne l'a corrigé. Il répète les niaise
ries sur lesquelles il a vécu, dont ses semblables sont morts. Il vient
apprendre aux deux Conseils que c'est « la perfide Albion » qui a brisé
CHAPITRE V
L'ARMÉE
Pour créer le soldat, il a fallu, à l'aide des plus hauts instincts
qui sont dans l'homme, apprivoiser les plus bas, les plus réfractaires
de ces instincts, la férocité, la haine, la convoitise. Ce ne fut pas
la mort.
La civilisation arriva encore à juxtaposer, à faire exister concur
remment la fureur martiale et le respect pour le faible, pour le pri
sonnier, pour la femme et les enfants dans les pays conquis, pour
le neutre, pour tout ce qui est désarmé. Enfin, elle représenta par
R É VOLU T ION FRANÇA IS E 2<jb
a fait ?
1
S r. L ARMÉ E DE LIGNE.
bras à ces fils voyageurs, qui hurlent mieux que jamais à la trahison;
tous les jacobins sédentaires font écho et ils maudissent les aristo
crates qui ont forcé ces vaillants sans-culottes à courir aussi vite.
Fréquemment, le bout de l'oreille révolutionnaire se montre. « Len
teurs du recrutement...»; c'est un euphémisme. ((L'ardeur civique se
L K DÉPART OU « LA MARSEILLAISE »
— Au sommet, le Génie
Sculpture de Rude, à l'arc de triomphe de l'Etoile, à Paris, dix-neuvième siècle.
l'ennemi, entonne à plein gosier la Marseillaise.
de la Guerre, les ailes déployées, de son glaive nu montrant
tout frémissant
Plus bas, un guerrier agite son casque pour appeler ses compagnons, un jeune homme
d'enthousiasme se presse contre lui; un autre guerrier tend son arc, un autre sonne du clairon, un
autre
« cette chanson de mort,
dompte un cheval. — Improvisée à Strasbourg par Rouget de l'Isle, la Marseillaise,
devint le chant patriotique de la Révolution française : on la chanta dans les batailles, on la chanta autour des
— « Ce chant généreux, héroïque, devenait un
échafauds ». (Laurentie, Histoire de France, VI, p. 432.)
chant de colère; bientôt il allait s'associer aux hurlements de la Terreur.» (Michelet, Histoire de la Révo
lution, III, p. 53o. )
des garde-chasse sans pitié, des paysans fanatises, tous gens qui
savent se défendre ». Les volontaires demandent qu'on envoie, à leur
38
2()8 LA RÉVOLUTION
pour s'y cacher, pour ne pas mourir absolument de faim, pour fuir
l'emprisonnement, la suspicion, la guillotine. Comptons combien il y
eut de ces hommes-là dans les régiments, et nous verrons plus clair
dans ce qu'on appelle l'enthousiasme pour la défense de la République.
Ce fut quand le vrai soldat, le militaire des vieux régiments,
quand le volontaire plus occupé de la patrie que de la démocratie,
eurent le dessus, qu'on cessa d'être battu.
Il faut lire les chroniques militaires du temps pour se faire une
excitations, quand tous les clubs appelaient les soldats pour les cor
rompre, quand chaque régiment avait son club; quand les troupes
nommaient leurs chefs; quand toute voix de l'entourage, du journal,
de la rue, de la tribune, criait que l'officier était un aristocrate, un
ennemi; quand plus tard il fut entendu que, si l'on devait obéissance,
sous les armes, au commandement purement militaire, on agissait
conformément aux principes en témoignant, hors de là, le plus parfait
71
Anselme avait du, quoique fort bon républicain, être destitué à cause
envoya, comme nous l'avons dit, dans les armées, la très grande
gouvernement souscrivait.
On mettait le cri de « vive la république » au-dessus de toute capa
cité. Les correspondances des représentants du peuple avec le ministre
s'écrie-t-on.
On retourne à la barbarie. Le 6 prairial an II, la Convention
l'école du tambour
1 Scène de l'occupation française à Manhcim, en 1795. D'après une gravure allemande du temps. —
Quatre jeunes tambours se fout la main. « Ce sont des enfants dont le plus âgé n'a pas atteint sa
seizième année. Derrière eux, le tambour- major charme son attente par quelques moulinets de
fantaisie. » (Lorédan Larchey, Journal de marche du sergent Fricasse. )
qu'on raconte des villes prises d'assaut aux temps les plus sombres
de l'invasion barbare.
Le soldat maltraite aussi bien la France que le pays ennemi. Les
saires révolutionnaires.
Voilà ce que la Révolution avait fait de l'armée française de 1790
au 18 brumaire an VIII.
Les maîtres ès arts républicains avaient bien conscience de cette
l'insurrection.
La garde nationale se montra, dès sa naissance, avec le cortège
des qualités qui ne l'ont pas quittée : elle fut grotesque, elle fut fan
faronne, elle fut inutile, elle fut dangereuse. Ses premiers pas furent
origine l'appelait.
Elle naquit le i3 juillet 1789, du besoin de s'opposer aux pillards
et aux assassins qui allaient se jeter sur la Bastille. Elle s'y jette avec
eux; pour s'opposer à leur effort? Non, pour y aider; afin qu'ils
fussent cinquante mille pour prendre une bicoque indéfendable, et
çais pour la chose militaire, pour les oripeaux, pour les panaches,
les galons, pour l'égalité, pour cette égalité extraordinaire qui veut
abaisser le supérieur afin de mieux commander les égaux. Les con
temporains nous livrent mille traits du spectacle bouffon présenté par
cette fièvre qui força tout le monde à se harnacher en soldat.
Nous ne disons pas qu'il n'y eût dans cette masse bien des braves,
des hommes qui devinrent des militaires intelligents. Nous parlons
de l'ensemble de l'institution telle que la Révolution la concevait.
Son décret d'organisation fut signé Flesselles, et son premier exploit
fut de massacrer ou de laisser massacrer Flesselles. « As-tu lu,
écrit Cuvier, l'histoire d'un petit corps d'armée de six mille gardes
3c>4 LA RÉVOLUTION
mal commandée. Ils montrent bien par là leur mauvaise foi ordi
naire. Il n'y a pas de mauvais commandement, puisqu'il n'en existe
plus. »
ces injures, tout ce qui avait quelque instinct d'ordre, quelque respect
de soi, quitta les rangs. Les gens à piques, les purs sans-culottes
parurent seuls.
Ce n'était pas assez pour la Révolution. A la fin d'août 1792, les
sections armées remplacèrent la garde nationale. Chaque comité révo
lutionnaire eut ainsi à sa dévotion une troupe de coquins armés,
aussi pillards que poltrons, bons pour les visites domiciliaires, pour
la garde des prisons ou des suspects, doublures de geôliers, happe-chair
insolents, les vers du fumier jacobin. Ce spécimen de la garde ultra
pour arrêter les trop vifs élans de ces miliciens vers la maison et les
armoires d'autrui.
C'était le sergent de ville qui reparaissait. Mais encore quel ser
1792
— tout ce qu'on avait trouvé de plus civique dans l'armée : les
soldats les plus indisciplinés, les piliers de mauvais lieux, les fidèles
de l'émeute, et tout particulièrement les gardes françaises qui avaient
pris la Bastille.
qu'elle sabra : ils avaient jeté leurs armes. Aux massacres de sep
connaissait, « on les avait choisis parmi les hommes les plus souillés
C'est le cri public. Leur cruauté, leur couardise, sont aussi célèbres
que leur rapacité. Ils excitent la populace à couper en morceaux les
J9
3o6 LA RÉVOLUTION
troupes que la commune de Paris avait soldées, aux époques les plus
agitées de son règne, pour avoir sous la main des hommes prêts à
salut public licencia cette bande, non qu'elle lui parût répugner aux
principes révolutionnaires, mais parce qu'elle était décidément héber-
tistc.
Ce fut la suprême conception du jacobinisme en fait d'armée.
une partie des citoyens et de l'insolence chez les autres. Ces deux
-"•°7
l'opinion appartient aux hommes les plus violents. Nous avons constaté,
dans la seconde, qu'en morale révolutionnaire l'opinion obéit aux plus
Ch. D'HÉRICAULT.
la Révolution. Les nations, pas plus que les individus, ne sortent impu
nément de la ligne moyenne, qui est celle du bon sens pratique et de
la possibilité ». L'écrivain ne s'arrête pas là; il estime que la Révo
lution <( a engagé la France dans une voie pleine de singularités »,
iX BIUJMAIRK AN VIII — 18S2 3u
qu'après avoir versé des flots de sang elle est très loin du but auquel
elle visait, tandis que l'Angleterre, qui n'a pas procédé par révolu
tions, l'a presque atteint. « La France, en d'autres termes, offre cet
l'école des peuples auxquels elle avait prétendu donner des leçons, et
s'efforce de faire par imitation l'œuvre où elle avait cru déployer une
haute originalité. » Enfin, après avoir signalé tous les rouages sociaux
que la Révolution a supprimés : « la Révolution, conclut-il, fut irré
ligieuse et athée l. » — Ainsi, d'après ces deux auteurs, la Révolution
aurait misérablement échoué.
Une autre théorie montre au contraire la Révolution marchant
de triomphes en triomphes, dominant peu à peu la France et l'Eu
rope, entraînant les princes et les monarchies, forçant les rois à s'atte
ler au même char qu'elle, ou leur rendant la vie misérable par les
menaces les plus odieuses. Et comment nier, en effet, le spectacle que
nous avons sous les yeux? Comment ne pas reconnaître, dans tous
les agents de la Révolution européenne, l'irréligion et l'athéisme qui,
suivant M. Renan, sont au fond de la Révolution française ? On parle
de séparation de l'Église et de l'État. Quelle hypocrisie! C'est la sup
pression brutale de l'Église que sous-entend ce prétendu principe;
l'Église, est-ce assez dire? Tout ce qui a le caractère chrétien, mieux
encore, tout ce qui a un caractère de spiritualisme, est honni, méprisé,
expulsé. L'État lui-même offre à l'esprit une idée encore trop peu
saisissable : on poursuivra donc l'État comme on a poursuivi l'Église,
et les mêmes mains supprimeront l'un et l'autre. C'est ce qui s'ap
pellera un jour le triomphe intégral de la Révolution.
Voilà les deux théories : l'une constate la banqueroute de la Révo
lution et son caractère de fantaisie ruineuse et vulgaire, l'autre pro
clame et signale ses progrès. Y a-t-il réellement contradiction ? Il est
évident que les auteurs de ces théories ne considèrent pas la Révo
lution sous le même point de vue et du même côté. La Révolution
pouvait être l'avènement d'un régime où la liberté de chacun, saine-
1. La Monarchie constitutionnelle en France, par Ernest Renan, pp. 9-37 (i86q).
LA RÉVOLUTION
si,
prédominé, de que comme
a
remplies.
Comment elle procédé; quelles ont été, de 1800 jusqu'aujour
a
qu'elle
a
les gouvernements eux-mêmes ses cheminements souterrains et ses
;
I. — LE CONSULAT ET L'EMPIRE.
S
S'il eut jamais un chef d'Etat que les événements et son propre
y
en ce
,
porté
acclamations de tout un peuple, et, loin de disputer comme nous sur
son coup d'État, l'opinion lui eût plutôt reproché
la
légalité de de ne
par elle, l'esprit public sentait encore plus mal qui venait
le
dépravé
des hommes que celui qui venait des doctrines. Bonaparte n'échap-
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LA RKV0LUT10N
plus compromis pour qu'il n'y eût pas, de lui à eux, certaines
communications sympathiques , courants d'électricité qui soulevaient
dans leurs âmes et dans la sienne des répugnances et des adhé
sions identiques. La nullité de son éducation religieuse; le spec
tacle et la pratique du matérialisme doctrinal qui est le sceau
particulier de cette époque ; un goût secret , une affinité mysté
rieuse pour ces hommes dont son intérêt dynastique l'éloignait,
dont le rapprochaient au contraire des liens de parenté intellectuelle;
un penchant déterminé pour la souveraineté absolue, s'exerçant aussi
bien sur le spirituel que sur le temporel; la nécessité, qui en était la
conséquence, de subordonner la morale, l'équité, la justice, le droit à
cette ambition ou à cette volonté sans frein : ces diverses causes don
naient à Bonaparte, pour les idées et les pratiques révolutionnaires,
une disposition qu'il ne s'avouait pas, bien qu'il s'y abandonnât sans
regret.
Auprès de lui, autour de lui, se tenaient nombre d'anciens servi
teurs de la Révolution , disposés ou à lui prêter leur concours pour
des œuvres dignes d'eux, ou à l'entraîner par des conseils qui, en rele
vant leur crédit, pourraient diminuer le sien. C'est une liste curieuse
ces hommes est qu'il faut user Bonaparte, et, pour arriver à ce but,
exalter toutes ses passions plutôt que d'essayer de les calmer l. »
nombre. C'est donc avec la cour de Rome seule que le premier consul
pouvait négocier. Qu'il voulut aller vite, enlever d'assaut des conces
A HKUXELLES; D 1X - N E U V I È M E SIECLE.
Le « petit homme rouge », c'est le diable; son « fils », dont le maillot est entouré
de bandelettes tricolores, c'est Napoléon Ier. Cette estampe est la reproduction, sous
une forme sensible, d'une légende fort répandue pendant ies premières années du
dix-neuvième siècle, et consignée tout au long dans le numéro 288 (avril 1814) du
Journal des Arts, des Sciences et de la Littérature. D'après cette légende, Bonaparte
aurait dû ses succès à la protection de Y « homme rouge », auquel il était lié par un
pacte conclu en Egypte, pour dix ans, la veille de la bataille des Pyramides, et
renouvelé pour cinq ans seulement, quelques jours avant celle de Wagram.
gravure ci-contre rend assez naturel le rapprochement de deux mots, l'un de Joseph
l'Empire, V, p. 14.)
i8 BRUMAIRE AN VIII — 1882 '**7
étranges fonctionnaires pour qui les places n'étaient que des sûretés
contre l'avenir; qui ne considéraient l'établissement impérial que
comme provisoire et qui le réduisaient à n'être qu'une dictature per
sonnelle et non un régime politique. « Il n'y a rien encore , disait-il
un jour à l'empereur, ni monarchie, ni véritable administration; il
n'y a que nom de V. M. — Je vous entends; mes successeurs
si
Ir.
de
je
président
le
général
et sur vous tout premier, été plus fort. A moment,
le
j'eusse
le
ce
si
en ami fidèle, Fiévée sonne l'alarme Une nation est plus forte de
«
:
monarchie qui reposait non sur des institutions et des doctrines, mais
sur un homme. « S'il n'y avait qu'un parti , osait écrire Fiévée en
janvier j8i3, en vingt-quatre heures tout serait fini; s'il y avait un
S 2.
— LA RESTAURATION.
paraient. Avec une sagacité d'autant plus merveilleuse qu'elle dut être
dition et du droit? Pendant les Cent jours, les libéraux avaient fait
Nvid an 0 1w a 1 13 h a a3 vi » k voaa t 3 1n a «
so.idutQ un oiuuis-ouj omooxo aud -\Sl 'j^suind 'oi|duj§oo[ud y -si.iuj — iso^ ans îuoiuoouidiuoj op ?o
'o.pqoLup suup [oubo[ uioiup soiunqui smo'i \\x50 Pnouioiuy-ouui^ onb sino-j[ IHAX jij J3ao[o Bl onoduio
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i*
326 LA RÉVOLUTION
cette vérité méconnue se lève; elle écarte tous les nuages, et, derrière
une fantasmagorie sans réalité, on ne retrouve plus qu'un squelette.
Pour les gouvernements conservateurs, il en va tout autrement. Dans
milliard des émigrés », qui ne soit appréciée par les historiens de tous
les camps comme une loi de justice, utile à tous encore plus qu'à
ceux qui paraissaient en avoir le privilège, loi éminemment morale,
et que M. Thiers, l'un de ses adversaires, s'est borné à copier, même
dans son texte, lors de la restitution des biens injustement confisqués
§ 3. — LE GOUVERNEMENT DE JUILLET.
Ces hommes, dans lesquels le roi Louis XVIII avait senti d'irré
Paris eût provoqué directement cette agitation des peuples, soit que
auxquels il était livré, l'espèce de fatalité qui pesait sur lui, eurent
vite raison de ses résistances. Que ne peuvent sur une âme indécise
et plus sensible à la prétendue loi des circonstances qu'à l'inflexible
loi du devoir, que ne peuvent la volonté énergique et les conversations
de ceux qui la pressent, le spectacle de la foule, l'immédiate et bru
tale force des choses présentes! « On me supposait heureux, disait-il
plus tard (i85o); je n'étais que résigné. Je remplissais un devoir, je
ration , tandis que pour l'autre c'était une branche nouvelle et révoltée.
responsabilité dans nos actes ? Qui lui dit que nous serions tous
ici sans son éloquence républicaine? (Cousin.) J'ai là devant moi
d'anciens complices de charbonnerie. Je tiens à la main le serment
de l'un d'eux, serment à la République. (Barthe et Montebello.) Et ils
vont me condamner pour être resté fidèle au mien ! »
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332 LA RÉVOLUTION
régner en roi L »
tinction entre leurs partisans que les uns, comme Mazzini, gardaient
une sorte d'idéalisme mystique, tandis que les autres dépassaient leurs
ancêtres en matérialisme. Alors enfin, surtout en Italie, commença
de la part soit de Mazzini, soit des libéraux italiens, cette guerre au
Pape comme souverain temporel (c'était le prétexte), au fond comme
le représentant le plus auguste des croyances catholiques et comme
la clef de voûte de l'édifice social, tel que le christianisme l'a consti
tué. Tactique aussi juste qu'habile et qui, en dénonçant l'autorité
suprême, aurait dû signaler à tous les princes détenteurs de l'auto
rité la forteresse qu'il fallait défendre pour se défendre eux-mêmes;
mais, tout à l'opposé, les princes trempèrent dans la conjuration des
sociétés secrètes, et, au milieu de l'ébranlement général, ils y ajoutè
rent encore en adressant collectivement un mémorandum de repré
sentations au Saint-Siège.
l'autre qui se perdit dans les rêves et se fit tout de suite oublier.
la
fut Révolution, la de Histoire Thiers, bourreau,»; du hache «doré avait Girondins, des Histoire Lamartine,
à
la
puissant. autrement bien Révolution apporté vivants, plusieurs dont écrivains, d'autres Mais
il
le
feu. commanda temps même
—
»
:
le
!
!
le
1
en Et roi vive et Valin, général répondit française l'artillerie Vive française l'artillerie Vive criant en et Marseillaise
provoquer se
à
montrant nos ces
le
se
à
la chantant en tricolore, drapeau leur en soldats mirent réfugiés rivière, la traverser disposa
d'armée corps premier notre que Dès Saumur. de et Toulon de Paris, de militaires conspirations dernières aux part pris avaient qui ceux
corps se nos
il
la
à
de français, réfugiés de un Bidassoa de gauche rive la sur formait soldats, s'adressaient excitations ces que Tandis
'•
demi"tour vous! Garde
confession. de billet Sans nous. chez r'planter en Pour
1
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„. soldats
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jour,. du ordre ,. v'ia & Y
n'
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gloire: de point n'y Où d'action jour qu'un Voudra roux, et noirs blancs, moines Des
1'
victoire Point quatre d'Henri fils Bientôt peine de tirer allons Nous
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chrétien; bon de moir poire' un' C'est
1
jour, du l'ordre v'ià soldats Brav' lui. pour battus sont se qui Ceux-là
guère, connaît s'y ne qui prince z'un Vlà bagne au périr fasse Ferdinand
—
:
bien. jamais n'ira ça p'tit, Mon
le
qu'aujourd'hui plus veut el)1 p'tit, Mon —
Ie
suivant était refrain Et
?
?
guerre
la
d'
pensez-vous qif ancien, Notre — l'Espagne fait donc qu'a ancien, Notre —
:
par
à
Pyrénées des l'armée dans milliers répandue fut qui chanson cette de extrait un Voici demi-tour! vous! Garde
:
mots un un
Il
à
la
ces par terminait se couplet chaque et soldat, jeune un et l'empire de sous-officier scène en mettait trahison. appel
une
le
notre son pour
à
était qui et jour, du ordre Nouvel intitulée chanson armée de l'adresse composé avait patriotisme, réputé poète
guerre au
le
Béranger, d'Espagne, la de moment Restauration, la Sous Révolution. la de auxiliaires grands des l'un siècle, dix-neuvième
—
a
au été, Béranger chansons, ses Par 473.) et 468 465, pp. contemporaines, Questions Renan, (Ernest ». d'esprit élévation ni mœurs
«
de pureté croire dieu de et grisettes de dieu est chante qu'il dieu Le ». sentimental
socialisme
«
»
a
a
«
Il son
à
et philanthropique chanson la dans popularité la cherché L politique. école d'une solennel poète jour été Béranger
L
D
et n'avait sauvé l'ordre public que par miracle1. » Avec les années,
la sécurité lui était revenue, et, trompé par les apparences de l'ordre
matériel, il n'apercevait pas les passions prêtes à éclater.
Le 2 février 1848, on retrouva le rédacteur du National de 182(3
reste entre les mains des hommes modérés. Je ferai tout ce que je
du parti de la Révolution l. »
1. M. Guizot lui répondait : «Voilà donc où peut en être encore un esprit si eminent!
Voilà quelles traditions, quelles passions peuvent encore le dominer et 'l'aveugler sur la
vérité et la moralité dws choses! >>
o8 LA RKYOLUTION
S 4. LA R É P U B L 1Q U E DE I 8 4 8
par les circonstances plus encore que par l'Assemblée. Alors, les
incertitudes cessent, et cinq millions de suffrages appellent à la prési
du 20 décembre i85r, il n'y avait pas plus loin que de cette dernière
à celle de 1 852 qui rétablira l'Empire. C'est ainsi que du régime de
ils curent pleine licence de parler et d'agir. Les journaux, des nova
teurs ne firent aucune révélation ; les clubs n'aboutirent qu'à des
comme elle n'était pas satisfaite de celui qu'elle avait, l'unique res
source qui lui resta fut d'en redouter un pire. C'est le parti remuant,
débris des sociétés secrètes du temps de Louis-Philippe, qui avait, au
l'insurrection de Juin.
A chacun de ces mouvements, on voyait le bras et la pensée
des réformateurs; mais leur insuccès politique, non moins que les
aux veux, et, bien qu'il eût éprouvé dans les départements quelques
Révolution...
la
il
y
de n'est
si
ce
comme nation, du moins comme État. Mais l'État français
la
chute de
des sectes, des partis, des factions, des banqueroutes, des guerres
LA RÉVOLUTION
faire trembler .au seul pli de ses sourcils, ait eu sur les événements
d'Europe en 1848 une influence décisive. La Révolution fut beaucoup
moins française qu'européenne; partout où elle éclata, à Rome, à
1. Correspondance de Proudhon. Lettre du 14 août 185 1. La phrase citée plus haut fut
prononcée par Proudhon devant la commission d'enquête nommée après juin 1848.
iS BRUMA1KK AN VIII— 1882
garantie. On lui donna à entendre qu'il s'était mis entre les mains
du clergé et, naturellement, des jésuites; on remua le fond de
chef de l'Église soit respecté dans tous ses droits de souverain tempo-
Rome. Lié par ses déclarations antérieures, par les convenances diplo
matiques, par l'opinion unanime des catholiques, par certain amour-
propre qui, après avoir si souvent fléchi, avait besoin de résister au
moins une fois, retenu enfin par la conviction que les Italiens, n'ayant
plus besoin de la France, oublieraient vite tout ce qu'ils lui devaient,
l'empereur demeurait fidèle au Pape , et , même en retirant ses trou
que l'empereur avait faites, tous les services qu'il avait rendus à
Pape, et, sentant que l'empereur avait prêté l'oreille aux révolution
naires, ils réservaient la confiance qu'ils lui avaient donnée au
début de l'empire. Républicains et radicaux gagnaient du terrain :
l'œuvre italienne, quoiqu'elle ne fut pas faite par eux, était la leur,
S 6.
— DOUZE ANS DE REPUBLIQUE.
aussi, ses jours de deuil national; mais, plutôt que de consentir à des
conditions honteuses pour la France, il fit un nouvel appel à la
c'était le principe consenti par tous qui formait le lien de tous les
plus que la volonté des contractants. Plus tard, un neveu de cet homme
l'enjeu de cette révolution accomplie d'un cœur léger 'en face d'un
ennemi triomphant.
Si la France se sépare sans chagrin de chacun des gouvernements
qu'elle avait tour à tour acclamés, en revanche elle accueille les nou
dénoncée par leur général, n'hésitèrent pas plus que leurs aînés à
Enfin, nous les avons vus à l'œuvre, ces révélateurs d'un monde
LA REVUE DES GARDES
DE LA VILLE DE PARIS
Alors les communes s'administraient elles-mêmes par des magistrats élus dans
l'assemblée générale des habitants réunis sur la place publique, dans l'église ou
dans une commune du moyen âge;... les bourgeois se taxent, élisent leurs magis
trats, jugent, punissent, s'assemblent pour délibérer sur leurs affaires; tous
viennent à ces assemblées; ils ont une milice, en un mot, ils se gouvernent, ils
sont souverains. Le Français du dix- neuvième siècle ne peut en croire ses yeux ».
L'hôtel de ville devant lequel a lieu la revue est le même qui a été incendié
nouveau. Proudhon disait que Blanqui devait avoir son heure : cette
heure était venue. Suivant la vieille théorie du maître, on débuta par
l'assassinat, on continua par l'assassinat et l'on finit par l'assassinat.
Le 18 mars, Clément Thomas et Lecomte, à Montmartre; le 22 mars,
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plus aucun lien, même d'honnêteté, qui les y retienne. Libre ensuite
aux chefs de la révolution de désavouer les meurtriers, d'invoquer la
colère du peuple et de rejeter sur cette collectivité sans responsabilité
morale les forfaits qui auront fondé et inauguré le nouveau régime.
Pour l'instant, on est maître"; et c'est ce qu'il faut.
LA MORT DU P. CAPTIER, LE 25 M AI I 8 JI
Marbre blanc, sculpté par M. Bonnassieux, pour être érigé dans le jardin do l'école Albcrt-le-Grand,
à Areueil. — Le P. Captier tombe en adressant ces paroles à ses compagnons: « Mes enfants... pour le bon
Dieu et pour la France! n — En même temps que le P. Captier, directeur de l'école Albert-le-Grand,
périrent quatre religieux dominicains et huit autres otages appartenant tous au personnel de cette école.
Le massacre du P. Captier et de ses compagnons avait été précédé du massacre de la Roquette et fut
SUÎvlJde celui de la rue Haxo.
ces forts, que les Prussiens venaient de quitter, étaient évacués en hâte
France, n'était-elle pas encore plus en danger, alors que cette révolu
tion irritait et les honnêtes gens, fatigués de la lenteur de la répres
1870 et des ruines morales qu'elle avait révélées; après les sauvages
horreurs de la Commune, les laideurs repoussantes qu'elle avait éta
tres ? s'il avait bien vécu, ou si, tout au contraire, il n'avait pas
donné l'exemple de ces mauvaises mœurs qui énervent toute croyance
divine et humaine? s'il n'avait pas été trop attaché à sa fortune, aux
jouissances matérielles, aux destinées égoïstes de sa famille? s'il n'avait
pas oublié ses frères, sa foi, sa patrie? Cet examen de conscience ac
la conduite.
Voilà quel était le devoir de tout citoyen : les hommes politiques
en avaient un autre. C'était de reconstituer la France sur les bases de
faire rentrer dans ses institutions les principes chrétiens, et, à tous
Dieu sur les sociétés et les devoirs des sociétés envers lui. La Révo
lution avait fait ses preuves : ceux qui en étaient sortis n'avaient su
LA RÉVOLUTION ET LEUROPE
D'après une gravure de la Bibliothèque nationale, dix-huitième siècle. — Un patriote, tenant d'une main
la Constitution républicaine, fait tourner de l'autre la roue d'une machine électrique dont la chaîne commu
nique avec les trônes de l'Europe; il tente de les foudroyer par le choc des principes révolutionnaires.
— « L'immense majorité des civilisations occidentales, les Anglo-Saxons, les
Germains et les Slaves ont
refusé d'entrer dans l'orbite » de la Révolution. « Non seulement elle est repoussée, mais elle est vaincue...
Elle est obligée de renoncer aux vastes ambitions, aux espérances illimitées, à l'infatuation de la propagande
universelle, arrêtée net devant le mur d'airain des faits inexorables, et réduite, au lieu de conquérir l'univers,
a ne plus subsister que par sa tolérance... Les Etats qui ont une politique parce qu'ils ont conservé
leur
monarchie séculaire, leur aristocratie, leur discipline traditionnelle, se partagent aujourd'hui la direction
de l'Europe en face de la France démocratique républicaine et annulée.»
(F. Lorrain, Le Problème de
la France contemporaine, pp. 291, 292, 320.)
Fac-similé d'une lettre adressée par le Cercle anticlérical de Gènes à M. Margotti, directeur
de YUnità Catlolica, à Turin. D'après l'original communiqué par M. Margolti.
ciRooj-o *****
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ANTICLERICALE
O ENOVA
j8 BRUMAIRE AN VIII 1882 36i
laquelle elle traitait les intérêts sociaux. En i85o, une grande question
avait été posée par les serviteurs mêmes du roi Louis-Philippe : celle
M. Grévy fut élu à sa place. Désormais ils étaient les maîtres, et ils
Que des hommes sans passé, sans études, sans expérience, le plus
souvent sans conscience politique, se livrent à ces aventures, on le
363
comprend : ils sont à la hauteur du suffrage qui les choisit et qui, non
plus qu'eux, n'a ni passé, ni études, ni expérience, ni conscience poli
tique. Mais comment admettre que des hommes éprouvés, expérimentés,
INNO A SATANA
te deir essere ricambiano
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Tandis que soleil et terre échangent des sourires et des mots d'amour;
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banquet.
le
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des
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polemiche salaniche, Bologna, Nicolas Zanichelli, édit.ï — L'Hymne Satan été chanté Turin, an
à
théâtre Alfieri, le dernier soir du carnaval de 1882, aux applaudissements d'un public eu délire. Ainsi se
trouve justifiée la parole de de Maistre La Révolution est satanique dans sou essence ».
J.
u
:
364 LA RÉVOLUTION
tres pour vivre avec plus d'austérité que dans le train ordinaire de la
tous les services enfin, institués de telle sorte qu'il n'est pas de parti
p. 711.
Victor PIERRE.
\
CONCLUSION
CONCLUSION
47
CONCLUSION
Charles V, les Louis XII, les Henri IV, les Louis XIV; la France
baptisée par saint Remi, illustrée par trois longues dynasties de rois,
sauvée miraculeusement par Jeanne d'Arc, constamment régénérée par
ses saints, maintenue grande et prospère à travers toutes ses épreuves,
cette France-là était une nation unique au monde. Il ne fallait pas
toucher à l'œuvre de la Providence.
En 1789 on l'oublia; on laissa s'écrouler l'admirable édifice de la
monarchie chrétienne. Tout périt dans ce cataclysme de la royauté :
Le règne de saint Louis a été « l'apogée d'une grande époque de bonnes mœurs,
de paix intérieure et de prospérité ».
« La France offrit alors les germes fort développés des meilleures institutions que
les sociétés humaines aient créées jusqu'à ce jour. Les familles jouissaient d'une indé
pendance que les familles de notre temps seraient heureuses de posséder, devant les
officiers ministériels, le fisc et la bureaucratie. Les moindres communes avaient alors
une autonomie vers laquelle nos grandes cités n'oseraient élever aujourd'hui leurs
pensées dans leurs plus vives revendications. Les ouvriers ruraux, exempts de toute
dépendance personnelle, étaient liés à leurs patrons par des rapports permanents qui
obligeaient également les deux parties... Quant au souverain, il se croyait lié envers
ses sujets par des obligations fort impérieuses... Il rédigeait, avec le concours des
barons, dans les assemblées annuelles, les lois les plus importantes, celles qui tendaient
pp. 78 à 84. )
« C'est lui que ses voisins acceptaient comme arbitre pour éteindre leurs différends.
Plus de conflits. Il les étouffait. On peut dire qu'il supprimait la guerre par l'ascendant
de sa vertu, et l'honneur de la France, loin d'en souffrir, n'avait jamais été commis à
des mains plus jalouses. Autant ce cœur chrétien semblait humble, soumis et prêt à
tout céder quand son propre intérêt était seul en question, autant il devenait lier et
presque exigeant dès qu'il voyait en jeu l'intérêt de sa couronne ou son devoir de roi.
Il avait foi en sa mission royale presque autant qu'aux saintes vérités, et se tenait pour
obligé devant Dieu à rendre son pays plus puissant et plus grand qu'il ne l'avait reçu...
« Ce qu'était au treizième siècle le nom de la. France chez les nations étrangères,
dans toute la chrétienté, ce que ce nom inspirait de confiance et de souverain respect,
bien peu de gens s'en doutent aujourd'hui...
« On comprend que la royauté, n'eût-elle apparu qu'un seul jour sous les traits
d'un tel homme, ait pris, et pour si longtemps, dans ce pays de France, un caractère
mystérieux et divin...
«... Ne demandons pas aux puissants de la terre d'être des saints, ni même des
traditions
si,
surannées, ils empruntaient enfin au bienheureux monarque la plus facile de ses vertus,
souvent la vérité pour qu'on pût croire qu'ils la disent toujours, quelle transformation
de ce monde, quel gage de sécurité pour les peuples, et pour les rois, quelle facile assu
rance d'être bénis et respectés L. Vitet, Revue des Deux-Mondes, du ier mai 868,
»
1
1
(
)
LE RÈGNE DE SAINT LOUIS OU « SES GRANDES ŒUVRES »
Partie des tresques peintes par M. Cabanel dans l'église de Sainte-Geneviève, à Paris. D'après la photographie de MM. Goupil etCie; dix-neuvième siècle. — La couronne royale en tête, le sceptre à la main, le roi
siège entouré des principaux personnages de son temps : évêques, moines, savants, guerriers, etc. Sur les marches du trône, implorant la justice et la clémence du roi, un accusé s'agenouille, cachant son visage
dans sa main ; auprès de lui, une femme se prosterne en suppliante. Au milieu du premier plan, une jeune malade, portée sur une civière, qu'entoure sa famille éplorée, vient demander au roi de la guérir. Sur le
même plan, à gauche, une orpheline assise sur les marches du trône attend avec confiance un soulagement à sa misère; un homme d'armes repousse le bourreau qui s'apprêtait à exécuter sur un accusé l'épreuve du
feu; à droite, Robert de Sorbon explique à des jeunes gens les statuts de l'école qui porte encore son nom (la Sorbonne). Plus haut, des chevaliers revenus aveugles de la Terre-Sainte, et guidés par un enfant,
rappellent la fondation des Quinze-Vingts. A l'extrémité de droite, avec leurs bannières, les corporations des métiers de Paris, dont Etienne Boileau porte les statuts. L'artiste a placé cette grande scène dans la Sainte-
Chapelle, bâtie par saint Louis
CONCLU S 10 N 3;i
peuple ;
« 3° La destruction de la société, c'est-à-dire de l'organisation qu'elle
a reçue de Dieu; en d'autres termes, la destruction des droits de la
famille et de la propriété, au profit d'une abstraction que les docteurs
révolutionnaires appellent l'État; c'est le socialisme, dernier mot de
non plus seulement dans les régions politiques et sociales; elle est
dans tous les esprits, dans les idées, dans les mœurs; rien n'échappe
à son influence. Cherchez une vérité qu'elle ne se soit efforcée d'affai
douze ans, la France fut mise en demeure, par une épreuve décisive,
de montrer ce qu'il y avait en elle de vertus sociales, de patriotisme,
de ressources, de force; en un mot, de faire apprécier les grands
mérites et les prétendus bienfaits de la Révolution chez elle. Au milieu
de la prospérité matérielle du second Empire, à la suite des victoires
l'amour des institutions, des vieilles lois, enfin du règne des mêmes
affections et des mêmes idées formées au sein de la famille. » Où en
jusqu'au bout les principes de 89, avaient déjà dépassé les atrocités
de y3.
désillusion avait pu durer plus d'un jour. C'est alors que le plus scep
tique des publicistes, éclairé sur l'heure par les événements, s'écriait :
par les crimes de la Commune, que, de tous les côtés et jusque dans
tauration sociale.
« La banqueroute de la Révolution française, lisait-on alors dans
ble. Il n'est pas une seule de ses promesses que la Révolution n'ait
été impuissante à tenir, il n'est pas un seul de ses principes qui n'ait
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Fresque de Giollo à YArena de Padoue, quatorzième siècle. — « Les lèvres contractées, l'œil faux, les
ongles crochus comme les serres d'un oiseau de proie, un magistrat inique siège devant la porte d'un donjon
crénelé, au milieu des rochers et des bois. » Grimouakd dk Saint-L.vukknt, Guide de l'Art chrétien,
III, p. 460.) De la main droite il tient un long croc, symbole de sa rapacité; de la gauche une longue épéc.
Au-dessous, les images de la guerre et du brigandage. — Qui ne se rappelle les emprisonnements arbitraires,
les jugements en blanc, les mitraillades, les noyades, les déportations en masse de l'époque révolutionnaire ?
La Révolution a dépouillé de ses biens une partie de la noblesse; elle s'est emparé de ceux des églises, des
monastères, des hôpitaux, des universités, des collèges. Sous son règne, « on ne s'est pas contenté de
détruire le privilège, on a parle atteinte au droit ». (Lanfiœv, Histoire de Napoléon Jl, p. 128.) — La
Révolution, c'est l'Injustice.
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38-2
L1 INCONSTANCE OU L1 1N ST A B I L ITÉ
Fresque de Giolto à YArcna de Padoue, quatorzième siècle. — Une jeune fille essaye vainement de se tenir
en équilibre sur une roue; ses vêtements llottent au vent, elle va tombera la renverse. — Depuis que la
France est tombée au pouvoir de la Révolution, elle est en proie à l'instabilité. «Tandis qu'autrefois la France
trouvait dans le jeu régulier de ses institutions le moyen de se relever des plus grands désastres, elle ne
réussit point aujourd'hui, même au milieu delà prospérité, à se garantir des révolutions.') (F. Fe Play,
La Réforme sociale, I, p. 7.) Fn moins d'un siècle, elle a changé dix-huit fois de constitution. — La
Révolution, c'est l'Instabilité.
00 ON m S 01 N
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^ r.-l-•£■!•£< uouniOAo^ o.ipuoïùio v.[ vi[CK{
384 CONCLUSION
rentrant dans la Révolution. Dix ans ont passé sur ces événements de
de 1871.
« Il est évident que pour chacun de nos contemporains la manière
d'agitations »
Il est bien vrai que, par suite des abus qui s'étaient introduits
avec le passé. Les cahiers de 1789, expression des vœux des diffé
rentes classes de la population, proclament le principe de la monar
chie, l'inviolabilité de la personne royale, l'hérédité de la couronne,
l'autorité du roi dans le double pouvoir exécutif et législatif, et en
même temps la participation de la nation à la loi et à l'impôt, l'in
violabilité de la propriété et de la liberté individuelle. Tels étaient les
bases de la réforme voulue par tous; les cahiers de 89 furent votés
par des millions d'électeurs.
La Révolution commença par déchirer les cahiers, elle fit la
a Déclaration des droits de l'homme » ; les destructions remplacèrent
les réformes. La Révolution voulut faire une société nouvelle; mais
elle apportait l'esprit de révolte et d'utopie, cause permanente de
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3SS CONCLUSION
définitif.
« Il y a aujourd'hui soixante-quinze ans, s'écrie un des plus célè
acclamé, fortifié, constitué l'un après l'autre ces droits nouveaux. Deux
millions d'hommes sont morts pour cette cause. Tout ce que la nature
de vertus publiques. Rien n'a manqué de ce qui fait réussir les affaires
leur sang. La victoire non plus n'a pas manqué : car tous ceux qui
ont attaqué cette Révolution ont péri sans l'ébranler. Et, après ces
de gr et celle de g3 L »
D'après une fresque de Giotto à VArcna de Padouc, quatorzième siècle. — Assise sur un trône, la cou
ronne au front, les traits empreints d'une gravité douce et sereine, la Justice tient dans chaque main
un plateau dont elle détermine le poids par sa propre vertu. A sa droite, un ange couronne un juste; à sa
gauche, un autre ange frappe un coupable. Au-dessous, l'artiste a représenté des personnages qui se
livrent aux plaisirs de la chasse, de la danse et de Péquitation, voulant par là retracer le bonheur et les joies
d'un peuple gouverné par la Justice.
3(j2 CONCLUSION
Arthur LOTH.
APPENDICES
5o
ÉCLAIRCISSEMENTS
SUR LES
CAUSES DE LA RÉVOLUTION
causes de la Révolution.
Pour excuser les plus désastreux attentats,
on a prétendu qu'ils étaient la conséquence
eux-mêmes.
3q6 APPENDICES
II
C'est aussi la valeur des services rendus par les seigneurs féodaux
C'est ainsi qu'on avait vu renaître, après mille ans, le plus puissant
III
En groupant sans les confondre les diverses seigneuries féodales,
ajoutant au titre de roi son domaine personnel. Pendant huit cents ans,
par mariage, conquête, adresse, héritage, ce travail d'acquisition
s'était poursuivi même sous Louis XV.
La royauté avait ainsi créé un Etat compact, renfermant vingt-six
millions d'habitants, et qui était en 1789 le plus puissant de l'Europe.
grand justicier contre les abus des plus puissants seigneurs. Toutes
les choses utiles avaient été exécutées par son ordre ou développées
sous son patronage : routes, ports, canaux, asiles, universités, aca
d'industrie, de commerce.
anciens, tous les intérêts présents vinrent autoriser cette union. L'Eglise
la consacra à Reims par une sorte de huitième sacrement -, les nobles
tempérée par le respect des franchises des provinces, des villes, des
tible des peuples, dans lequel nous nous sommes toujours maintenus,
et dont la conservation nous est garantie par des pactes, des traités,
des engagements synallagmatiques entre nous et nos souverains1.»
II
Dans sa remarquable étude intitulée : Le Village sous l'ancien
régime, M. Babeau démontre que l'indépendance communale, issue
du moyen âge, avait été conservée dans les campagnes par l'admi
nistration de la monarchie. « La monarchie, dit-il, l'a même relevée,
1. Le Réveil de l'Artois ou Réflexions sur les droits et intérêts des Artésiens et autres
habitants des provinces bclgico-françaises, pp. 2-3.
400 APPENDICES
formés aux affaires dans le conseil du roi, où ils exerçaient les fonc
III
Dans un mémoire publié en 1789, par une réunion de magistrats,
narchie française , on lit : « Le roi ne règne que par la loi; il est des
lois que les rois eux-mêmes se sont avouées (suivant l'expression deve
nue célèbre) dans Y heureuse impuissance de violer ; ce sont les lois du
roi. Les rois, comme législateurs suprêmes, ont toujours parlé affir
des gens des trois états. Le prince ne peut déroger à ces lois.
(( La nécessité du consentement de la nation à l'établissement des
lois est une vérité incontestable reconnue par les rois. Louis XIV,
lui-même, le type du roi absolu, ordonne à ses magistrats de lui
desobéir s'il leur adressait des commandements contraires à la loi; il
ordonne de tenir pour nulle toute lettre patente portant des évoca
tions ou des commissions pour le jugement des causes civiles ou cri
minelles, et même de punir les porteurs de ces lettres.
«Le roi, pour des causes qui le concernent, plaide devant les tri
bunaux contre ses sujets. On l'a vu condamné à payer la dîme des
fruits de son jardin r. »
IV
51
402 APPENDICES
tous. »
comme tous les pays du monde, a été régie par des coutumes. L'es
prit de codification ne s'est manifesté chez nous que très tard. »
CAUSES DE LA RÉVOLUTION
1. Relations des ambassadeurs vénitiens, publiées dans les Documents inédits sur Vliistoire
de France, l, p. 5ocj.
2. TainEj L'Ancien régime, p. 191.
40 4 APPENDICES
la joie, aux festins et aux danses une large place dans la vie, aux
raconte Monteil, soit dans la cuisine, soit dans les prairies, on danse,
LA FAMILLE
enfants, soit par titres, soit par services constants de vos ancêtres.
Cela ne suffit pas. Soyez bons chrétiens, servez à votre tour le roi
avec zèle, fidélité, fermeté et activité. Soyez en même temps modestes,
honnêtes, bienfaisants. Il vous faut cela tout au moins, et vous serez
dès lors de la première et vraie noblesse. » C'est au retour de son
expédition contre les pirates, pour laquelle il avait fait fondre son
Le mariage était contracté dans les vues les plus pieuses et les
écrit sur le Livre de raison : «Le dernier juin 1777, j'ai été reçu en
cation de son fils, il termine par ce vœu digne de ses ancêtres. « Dieu
Partout le grand nombre des enfants est regardé comme une béné
dirige avec soin leurs premières études. Un des plus savants hommes
4o y
premières leçons à ses deux fils, dont l'un a trois ans et l'autre quatre,
ce Avec des noix et des cerises, dit-il, je leur appris à nommer en
latin tout ce qu'ils voyaient. Tous les jours ils répétaient tout ce qu'ils
avaient appris avant de déjeuner, ce qu'ils disaient volontiers pour
l'appétit qu'ils en avaient. Ensuite je commençais à leur faire décliner
les noms, conjuguer les verbes. En dînant ou auprès du feu, je par
lais latin avec eux. Après dîner ils apprenaient l'arithmétique; bientôt
crainte de Dieu. Par leur exemple comme par leurs leçons, elles les
1. « Ce bon père de famille, Honoré Thouron, notaire à Besse (Yar), a vécu quatre-
vingt-dix-sept ans, et il a continué son Livre de raison jusqu'en 1840. Un des fils dont il
avait si bien commencé l'éducation, sorti avec distinction de l'école normale et devenu
président de la société académique de Toulon, a prolonge ses travaux: jusqu'aux derniers
moments de sa vie. Il n'a quitté la plume que pour recevoir les sacrements de l'Église,
entouré de ses enfants, petits-enfants et arrière-peiits-enfants. 11 était âgé de soixante-d ix-
huit ans. » (Cn. de Rinnrc, Les Familles et la Société en France avant la Révolution, p. 250.)
4-oS APPENDICES
continuer
Le droit d'aînesse n'était imposé qu'aux familles vouées au service
de l'État; il était admis chez un très grand nombre de bourgeois et
1. La plénitude du droit de tester, dit avec raison M. Le Play, admise autrefois chez toutes
les nations de l'Europe, est encore une des bases de la constitution en Angleterre et aux
Ktats-Unis, et Ton ne voit pas en quoi elle a été nuisible chez ces deux nations aux déve
loppements de la liberté et l'industrie.
2. Ch. de Rirbe, loc. cit., p. 493.
CAUSES DE LA RÉVOLUTION
générations
ENSEIGNEMENT
secondaire, 562 collèges fréquentés par 72,000 élèves, dont 33, 000
moyen âge, avait porté si loin la gloire de la France dans les lettres
52
APPENDICES
florissantes 1
».
peuple, depuis Charlemagne, qui avait fondé, dit Ampère, une école
Les régions moins bien partagées sont généralement celles où, jusqu'à
nos jours, les écoles ont eu le plus de peine à s'établir 2.
MAGISTRATLÎ RE
ARMÉE E T MARI N E
quand Louis XVI reconnut les Etats-Unis, nous étions prêts à lutter
avec l'Angleterre. De sages encouragements et des avantages sérieux
nationale. Les deux plus grandes conquêtes qu'on ait faites depuis des
du mouton mérinos »
provinces 2. »
musique nationale3.))
Pour avoir une idée nette et juste de ces abus, il faut remonter
assez haut dans notre histoire. Les esprits superficiels croient trouver
une explication suffisante de la Révolution dans la corruption des
mœurs sous la Régence, et le règne de Louis XV surtout; corruption
qui entraîna, par de folles prodigalités, un désordre grave dans les
finances, et qui mit au pouvoir des hommes incapables ou pervers.
La cause de la ruine n'est pas là; pour le corps social comme
pour le corps humain , tant que la constitution est robuste on peut
toujours en lutte !. »
chargea fort son âme et celle de ses successeurs, et fît à son royaume
toutes les tyrannies. Ce fut l'un des plus beaux caractères de cet
France 4 ».
États généraux 2.
Henri IV est le seul roi, avant Louis XVI, qui ait bien compris
l'élément de stabilité que la royauté puisait dans la forte et libérale
organisation des provinces et des communes. Sous son successeur, les
n'y a de juste que ce qui est la loi. » Comme Voltaire l'a fort bien
dit, avec un pareil principe « les hommes sont réduits à n'avoir pour
leur défense que les lois et les mœurs de leur pays, lois souvent
souvent 3 ».
méprisées, mœurs corrompues
Cependant « Richelieu, dit Augustin Thierry, comprimait sous un
pouvoir sans bornes les vieilles libertés des villes et des provinces. États
particuliers, constitutions municipales, tout ce qu'avaient stipulé, comme
droits, les pays agrégés à la couronne, tout ce qu'avait créé la bour
geoisie dans son âge héroïque fut refoulé par lui plus bas que jamais 1 ».
3.
j. On appelait pays d'états ceux qui jouissaient du droit d'ave: ir, à époque fixe, une
assemblée des trois ordres, qui réglait les impositions. Les autres provinces s'appelaient
pays d'élections, parce qu'ils avaient des tribunaux, appelés élections, composés de mem
bres élus par la province qui, au moins pour la répartition des impôts, remplissaient
quelques-unes des fonctions des états provinciaux.
2. De Tocql-e ville, L'Ancien régime et la Révolution, chap. 11.
3. Ai'0!:st:n Thierry, Histoire du tiers état, p. 227.
tj. Ravnouakd, Histoire du droit municipal, liv. IV, chap. xn.
CAUSES DE LA RÉVOLUTION
ABCS SECONDAIRES
Les grands seigneurs, qui avaient déserté leurs terres pour vivre à
surpris, plus éclairé, plus national, moins retranché dans les seules
déficit -K
Louis XVI avait fait les plus sévères réformes dans les dépenses
3. Le déficit de 178S est porté à 160 millions; mais c'est en y comprenant 76 millions
de
d'abord, même dans les plus petits hameaux, des députés chargés de
choisirent parmi eux les députés du tiers aux Etats généraux, au nom
bre de neuf cents.
« De cette façon, les vœux du dernier habitant du plus pauvre
de 1871.
1. Le règlement portait, pour ce premier degré de l'élection, deux députés pour « les
paroisses et communautés de campagne de deux cents feux et au-dessous ». D'après le pro
cès-verbal de rassemblée du tiers état du Cambrésis, que nous avons sous les yeux, nous voyons
que des paroisses de vingt feux et même de quatorze seulement avaient élu deux députés.
Plusieurs paroisses encore moins considérables avaient envoyé chacune un député.
CAUSES DE LA RÉVOLUTION
vingt-sept jours.
(( Louis XVI était, en réalité, plus libéral et plus ami du peuple
et les deux premiers ordres s'étant retirés dans leur chambre respective,
vint lui déclarer que ces deux premiers ordres avaient renoncé et
Des avocats, des procureurs et notaires de petites villes avaient écrit de leur chef les
doléances, et présenté ces cahiers au chef-lieu du bailliage, sans avoir même assemblé la
communauté pour lui en donner lecture. (Voir Taine, L'Ancien régime, p. 5nj.)
1. Eclairé par les scènes sanglantes du 6 octobre 1789, Mounier écrivait : « Ce fatal serment
niait un attentat contre les droits du monarque; c'était lui déclarer qu'il n'avait pas le
pouvoir de dissoudre l'Assemblée; c'était la rendre indépendante, quel que fût l'usage
qu'elle se promettait de faire de son pouvoir. Combien je me reproche aujourd'hui de
Tavoir proposé ! » ( Recherches sur les causes qui ont empêché les Français d'être libres,
Genève, 17 ( >-j . )
CAUSES DE LA RÉVOLUTION
l'agent révolutionnaire,
M. Louis Blanc n'a pas hésité à le faire connaître : cet agent, c'est
la franc-maçonnerie. Au tome IIe de son Histoire de la Révolution
M. Henri Martin n'a pas été moins explicite. Dans son Histoire
de France, il félicite la franc-maçonnerie d'avoir été « le laboratoire
2 ».
de la Révolution
son assistance. »
ciation secrète, comme l'a noté un de ses historiens les plus autorisés,
nerie 3. »
Sous l'inspiration des loges, les députés du tiers état, foulant aux
tive des corporations, des communes, des villes et des provinces for
tement organisées.
ses sages coutumes, la France tenait le premier rang parmi les nations
de l'Europe ;
C'est cette secte qui, par son action longtemps souterraine, aujour
d'hui manifeste et avouée, a été la cause principale des malheurs de
succès : un coup de main heureux, qui les rend maîtres de Paris, met
sous leur joug la nation tout entière.
Auguste CARION.
LES ORIGINES
DU
DRAPEAU TRICOLORE
par Jeanne d'Arc, qui avait elle-même, sur l'indication de ses Voix,
arboré un étendard blanc.
55
APPENDICES.
Figure i. — Pavillon français en 1789. Cette figure est empruntée aux Recherches
Fig. 3. — Cocarde bleue et rouge aux couleurs de Paris (i3 juillet 1789). Cette
figure est empruntée à l'ouvrage de M. le comte L. de Bouille sur Les drapeaux
et 12.
Fig. 7.
— Drapeau colonel institué par l'Assemblée constituante ( 29 sep
département avait sa bannière, qui lui avait été offerte par la com
mune de Paris. Ces bannières étaient blanches. La députation de
nie, demandait que tout ce qui en retraçait le souvenir fût absorbé par les
couleurs chéries de la liberté'; des disputes sérieuses s'élevèrent dans le sein
de cette assemblée sur la forme du pavillon national. On sentit bien qu'il
fallait se soumettre à l'opinion publique, trop fortement prononcée pour oser
la contrarier ouvertement, mais on tâcha de l'éluder, même en paraissant la
respecter. On conserva pour le fond la livrée du tyran, et les trois couleurs
républicaines, reléguées dans un coin du pavillon, n'attestèrent, par la mesqui
nerie ridicule avec laquelle on les y avait placées, que le regret de ceux à qui
la puissance du peuple avait arraché ce faible sacrifice. C'est ainsi que, dans
cette fédération toute monarchique, on vit les départements recevoir, au nom
de la liberté, les bannières de la servitude...
C'est le type actuel (fig. 8), qui fut ensuite appliqué aux drapeaux
de l'armée de terre. « A la même époque, dit M. de Bouillé, disparut
aussi le drapeau colonel d'infanterie à fond blanc, qui datait du
INTRODUCTION
La France avant 178g. (Extrait de Y Histoire de la Révolution, par Emmanuel de
Saint- Albin. ) 3
LA RÉVOLUTION
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
(4 mai 1789 — 18 brumaire an VIII. )
I. — LA POLITIQUE
Le Gouvernement
41
Le gouvernement légal
42
Le gouvernement populaire
74
L' Administration
109
L'administration centrale
109
L'administration départementale 124
La commune modèle 13 1
II. - LA MORALE
La Religion
144
L'alliance des philosophes : la constitution civile 146
La persécution sous la République 161
La paix des politiques '. 175
La Charité 182
L'Enseignement
193
La période de destruction
193
Tentatives de réorganisation 10,7
440
La Justice 208
La justice populaire
La justice révolutionnaire 2I9
La justice conventionnelle 227
III. - LA CIVILISATION
Les Mœurs
Les Lettres 2^7
Les Sciences — Les Arts 2^9
L'Économie politique 28°
L'Armée 294
L'armée de ligne 29^
Garde nationale/ gendarmes, armée révolutionnaire 3o2
La Restauration 320
CONCLUSION
La Révolution, crime et châtiment. — Les moyens de salut 36o,
APPENDICES
Éclaircissements sur les causes de la Révolution 3q5
1')
Archevêché (pillage de de Paris, i5 février
le
Abus (le grand) i5
Acte de justice (P) du au 10 thermidor 127 tS3i 33i
9
Age de fer (Y) ou l'époque révolutionnaire 141 Arras (la Terreur à). 227
— d'or (!') ou l'ancienne monarchie Arrestation de Cécile Renault, 23 mai 179.4..
le
i3o. 209
Agriculture (1') encouragée. — de Lavoisier dans son laboratoire. . 275
9
Alton (le général d'), poursuivi par les réver — de Louis XVI, Varennes 77
a
Terreur..
Antié (J.-F.), dit Léonard, coiffeur de la reine. — aux lis . 369
.
Arago (Etienne)
ex-capitaine de cavalerie. — de Bracquemont contre l'Empire. 347 1
Barkos (M.), femme de Puy de Vérin ne. Bailly (portrait de) 273
Bcssejouls (F.-R.-R.) de Roquelaure, ex-mar — (Mn,c), courtisée par La Fayette. 3o5
quis. Barabbas acclamé, ou la souveraineté du peu-
Chénier (André), homme de lettres. pie. 37
5
Durand (P.), Puy de Vérinne, ex-maître des Bastille (prise de la), le 14. juillet 1789. 53
comptes. — (projetde démolitionde la),datéde 1784. 217
Lcguay (A.), capitaine au 23° régiment de Bataille (la) de Fontenoy
7
Lcpelletier (M.-C), ex-princesse de Chimay. Berry (le duc de) mourant 325
Leroy (Mm° A.), actrice de Comédie-Fran Berthier (cœur de) au bout d'une pique 55
la
çaise.
Manneville (C.-J.-F. de Colbert de Maul- d'une épingle la Conciergerie.. 199
),
Paris. 317
Montalembert (G.), ex-marquis, capitaine au — Sainte-Hélène 19
3
à
Fac-similé d'une lettre de Napoléon Bonaparte. i83 La Rochejacquclcin (Henri de) haranguant ses
_ _ de Mgr Mathieu, arche soldats i5i
vêque de Besançon. io5 — (Mlle de) s'olTrant comme
— d'une lettre du P. Bourard, domi otage pour le roi 79
nicain 354 Launay (tête du marquis de) au bout d'une
— d'un billet de Raoul Rigault. 353 fourche 55
— d'une lettre du cercle anticlérical de Lavoisier (arrestation de) dans son laboratoire. 275
Cènes 36o Lebon (Joseph) entre les guillotines d'Arras et
Fédération (travaux pour la iête de la) 73 de Cambrai ou les « formes acerbes » 227
Femmes marchant sur Versailles, le 5 octo Le Pelletier de Saint-Fargeau (Michel), assas
bre 1789 65 siné le 20 janvier 1793 15q
Fer (l'âge de) ou l'époque révolutionnaire. 141 Le Play (portrait de) 387
Fête de la Fédération (travaux pour la) au Lettre de Louis XIV au pape Innocent XII. 20 et 21
Champ de Mars, le 14 juillet 1790. 7'i — de cachet 214
— de la Nature régénérée, le 10 août — de Mlle Anne de La Rochejacquclcin. .
1793.. . . 167 79
— de la Raison dans Notre-Dame de Paris, — de Napoléon Bonaparte 183
le 10 novembre 1793 172 — de Mgr Mathieu, archevêque de Besan
Flesselles (meurtre de M. de), le 14 juillet 1789. 57 çon io5
Floréal, un des mois républicains — du P. Bourard, dominicain 354
249
Folie (la) 383 Liberté, égalité, fraternité ou la mort 4Ji
Fontenoy (bataille de) 7 Lille (épisode du siège de) 299
« Formes (les) acerbes », ou les cruautés de Louis (règne de saint) 371
Joseph Lebon 227 Louis XIV (lettre de) au pape Innocent XII. 20 et 21
Foulon (tête de) au bout d'une pique. 55 Louis XVI (portrait de) frontispice.
Fouquier-Tinville (fac-similé d'un autographe — (serment de) à son sacre 5
de) 206 — donne ses ordres à La Pérouse... . 1r
4.3
Francs-maçons (assemblée de) recevant un — préside les états généraux
maître —
27 (discours de) le février 1790.. .. 69
4
— projetant la mort de Louis XVI — arrêté Varennes...
à
77
en 1786 io5 — la lanterne 81
à
« Héroïne (une) d'aujourd'hui » 253 Louis XVIU assiste aux derniers moments du
Homme rouge (le petit) berçant son fils 317 duc de Berry 324
Hôtel de Ville (revue des gardes devant l'an Luther déchire les bulles du pape 17
cien) de Paris 353 Lyon (la destruction de) u5
Hymne à Satan 363 — (les massacres de).
117
Inconstance (T) ou l'Instabilité 382 Lis (les) ramènent la paix 36q
Infidélité il') Madelonnettes (vue de la cour des) en 1793... 211
379
Injustice (Y) 38o Magdelaine en 1793 (plan du cimetière de la). 323
«
Raison 172
touchant la déclaration de 1682 20 et 21 Marat mourant dans sa baignoire 162
Jacobin (le) , — (portrait de) 265
291
—
(le) septembriseur u3 Marchande (la) de journaux 263
Jacobins (les) mis au monde par le diable et sa Marche des femmes sur Versailles,
le
octo
5
(scène du) 37
Jésuites (l'expulsion des).. 29 Marie-Antoinette (portrait de) 189
.
191
Journaux (la marchande de) •... 263 — en louve.- 85
Journée (la) du i3 vendémiaire i36 — au Temple . 195
Justice (la) terrassant la Fraude 3 — au tribunal révolutionnaire. 201
— source de prospérité pour les peuples. 391 — conduite au supplice 2o3
— —
(acte de) du 9 au 10 thermidor,. 127 (billet de) 199
La Fayette courtisant Mm* Bailly 3o5 —• (testament de) 2o5
Lanjuinais à la tribune, le 2 juin 1793 ni Marseillaise (la) ou le Départ.
k
297
La Pérouse recevant les instructions de Masque mortuaire de Béranger 335
Louis XVI Massacres de septembre, Paris
à
89
444 TABLE DES FIGURES
la
mes payées aux Pie VI (portrait de) 147
c/3
massacreurs. . . 92 et Pie VII (l'enlèvement de) 3i5
— — Lyon 117 Pillage de l'archevêché de Paris, le i5 fé
à
Mathieu (Mgr), archevêque de Besançon (fac- vrier 83 33
1
1
1
•similé d'une lettre de) io5 Pipes républicaines de 1848 339
Matin (le) du 10 thermidor an II.
87
25 Placard civique pour l'intérieur des maisons...
1
Ménagerie (la) royale transférée au Temple 85 Plan du cimetière de la Magdelaine en 1793. 323
»,
«
Mercier ou l'âne comme en peu Plat (le) barbe lillois.
»
«
277
a
il 299
â
Merveilleuse (une) y 255 Plumeaux (les) la mode. 25
1
â
Messe (une) sous la Terreur 149 Pologne (partage de la). 3i
Méthode (nouvelle) pour faire prêter serment Porte (la) du chœur de l'église abbatiale de So-
aux curés lesmes
-1
357
1
5
Mcudon (le château de) en 1700 241 Portrait de Bailly 273
Meurtre de M. de Flcsselles, —
le
la
57 Contrie (François-
Mirabeau (portrait de) 259 Athanase). 55
1
— —
(debout dans salle des états géné
la
de Danton 97
raux) 43 — de Le Play (Frédéric). 387
Moissonneurs (le repas des). 45 — de Louis XVI frontispice.
Mort de Louis XVI décidée dans les loges — de Louis XVII i33
maçonniques io5 — de Marat. 265
— de Marat 162 — de Marie-Antoinette 195 et 2o3
— de Robespierre. —
1
2
5
de Mirabeau.. 259
.
— du duc de Berry 325 — de Pie VI 147
— du P. Captier et des otages. 355 — de Roland (Mm0). 119
Motion (la) de Camille Desmoulins au Palais- — de Simon i32
Royal, le 12 juillet 1789 49 — de Turgot (A.nne-Robert-Jacqucs). . 35
.
.
Munster (congrès de) 373 — de Villèle (le comte) 327
Nantes (épisode de la Terreur à), en 1793 229 — de Westermann. 289
,
Napoléon Bonaparte en Egypte 10 Premières victimes de la Révolution (les).
3
55
— et le petit homme rouge.. 317 Prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 53
— Sainte-Hélène. 19
3
à
95
Prisonniers (massacre des) d'Orléans
Nature (fête de la) régénérée 167 Prix (le) de la Course 25
Necker prononçant un discours aux Etats géné Proclamation du Conseil exécutif provisoire
raux 43 pour l'exécution de Louis XVT 107
Noblesse (la) embrassant clergé et tiers
le
le
de septembre 1792.. 92 et
aux curés 14S Raison (Fête de la) dans Notre-Dame de Paris. 172
Nous voulons Barabbas
»
375
«
14
Palais-Royal (motion de Camille Desmoulins Réverbères patriotiques (les) 261
au) 49 Révolution (causes de la) 17, 20, ai
— (Raoul Rigault ordonne l'incendie — — 23, 25, 27, 29, 3i et 35
du) 353 — (premières victimes de la). 55
Partage (le) de la Pologne 3i — (la) et l'Europe 359
Passeport en usage dans les armées vendéennes. \5y — c'est le Désespoir 3;7
Patrouille de patriotes en 1848 343 — c'est l'Envie
«
378
Pendule républicaine 257 — c'est l'Apostasie.. 379
Père Duchesne (le véritable) 266 — c'est l'Injustice. 38o
«
Petit (le) homme rouge berçant son fils 317 — c'est l'Instabilité 382
Peuple (le) mangeur de rois 235 _i — c'est 383
la
Folie...
TABLE DES FIGURES
Revue des gardes de la ville de Paris en 1768.. 353 Terreur (une messe sous la) M9
Robespierre guillotinant le bourreau. 221 Testament de Louis XVI io3
— mourant le 10 thermidor, an It... 125 — de Marie-Antoinette 2o5
— (jeune) arrêté avec son frère, Thermidor (acte de justice du 9 au 10) 127
le 10 thermidor an IT r 25 — (matin du 10) 125
Roland (portrait de M"1") 119 Tiers état (députés du) à la porte de la salle
Ruche (une) figurant l'assemblée constituante.. 433 des séances, le 23 juin 1789 47
—
Sacre (serment du roi à son) 5 (le) embrassant le clergé et la no
Saint-Amand-les-Eaux (tour de) 279 blesse 14
Saint-Cloud (le 18 brumaire à) 3i3 — (le) portant les deux autres ordres. . i5
Saint-Just arrêté avec Robespierre, le 10 ther Tour (la) de Saint-Amand-les-Eaux (Nord) 279
midor an II. 125 Traîneau (dame conduite en) 37
Saint Louis (règne de) 3/i « Translation de la Ménagerie royale au Tem
Sartines (fac-similé d'un billet de M. de), lieute ple » 85
nant de police 2i5 Travaux du Champ de Mars pour la fête de la
Satan (hymne à) 363 Fédération, 14 juillet 1790 73
Sauterelle (la), emblème de destruction et de Tuileries (Raoul Rigault ordonne l'incendie des). 353
famine 307 Turgot (portrait de Anne-Robert-Jacques) 35
Scène (une) du Mariage de Figaro 37 Varennes (arrestation de Louis XVI à) 77
Serment (le) du Roi à son sacre 5 Vaux (le marquis de) encourageant l'agriculture. 9
— à la constitution civile du clergé., 145 Vendémiaire (journée du 13) an II i36
Sieyès (l'abbé) debout dans la salle des Etats Versailles (ouverture des États-généraux à) 43
généraux 43 — (députés du tiers à la porte de la
Sifflet d'officier de paix 3o8 salle des séances des Etats géné
Simon (fac-similé de la signature de), le cor raux à 47
donnier 135 — (marche des femmes sur) 65
— (portrait de) i32 — (massacre des prisonniers d'Orléans
Solesmes (la porte du chœur de l'église abba à) 95
tiale de) 357 Victimes (les premières) de la Révolution 55
« Soleil (ce) me fait peur » 347 — (appel des dernières) de la Terreur. . . 225
Souhait (le) accompli, ou la réunion des trois Villèle (portrait du comte de) 327
ordres. 14 « Vive le roi! » 233
Staél (conférence de Mmode) 269 Vision (la) d'Ezéchiel 389
Strasbourg (exécution populaire à), le 25 juin Voltaire présidant un repas de philosophes 23
1791 237 — (buste de) à l'entrée du temple de la
« Superstition » (la). Ses dépouilles traînées à Philosophie 172
la Convention.. —
169 (ceinture de jeune fille pour l'apothéose
Tambour (i'école du) 3oi de) 239
Tabatière en forme de bonnet phrygien 143 Vue du château de Meudon en 1700 241
Temple (translation de la famille royale au)... 85 — de l'ancien hôtel de ville de Paris 353
— iq5 — de la porte du chœur de l'abbatiale de So
(Marie-Antoinette au)
Terreur (appel des dernières victimes de la)... 225 lesmes 357
— (la) à Arras et Cambrai — de la prison des Madelonnettes 211
227
— — de l'Observatoire de Paris en
(la) à Lyon 115 et 117 1700 271
— à Nantes (épisode de la) — de la tour de Saint-Amand-les-Eaux
229 279
— (la) à Paris 89, 92, 93, 209, 211. 221 Westermann (portrait de) 289
1 I
LA SOCIÉTÉ ANONYME
A FABRIQUÉ LE PAPIER
M. PANNEMAKER
A EXÉCUTÉ LES GRAVURES SUR BOIS
74
390 AA A 30