RECLUS, Élisée - Répartition Des Hommes
RECLUS, Élisée - Répartition Des Hommes
RECLUS, Élisée - Répartition Des Hommes
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ELISÉE RECLUS
L Homme 16<
~~W1~J .1.
et la Terre là ~T~
TOME CÏNOUIÊME
PARIS
LIBRA.lKlE UNIVERSELLE:
83, Rue âé Provence, 88
Matières contenues dans le
TOME Ier
LES ANCÊTRES
HISTOIRE ANCIENNE
TOMEII
HISTOIRE
ANCIENNE
(Suite)
Phénicie Palestine Éjcypte – Libye – Grèce
Iles et Rivages Helléniques
Rome
TOME III
HISTOIRE ANCIENNE (Suite)
HISTOIRE MODERNE
TOME
IV
HISTOIRE
MODERNE
(Suite)
Communes Monarchies Mongols. Turcs. Tartares et Chinois
Découverte de la Tenu Renaissance
Réforme et Compagnie de Jésus Colonies Roi Soleil
XVIII»Siècle,
ELISEE RECLUS
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OHoiîiffïie
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et hllTerre
La Géographie n'est autre chose quo
l'Histoire dans l'Espace, de même
que l'Histoire est h Géographie daus
le Temps.
TOME CINQUIÈME
HISTOIRE MODERNE (Suite)
Révolution Contre-Révolution – Nationalités
Nègres et Moujiks – Internationales.
HISTOIRE CONTEMPORAINE
Partage du monde– Peuplement de la Terre Latins et
Germains • Russeset Asiatiques.
PARIS
LIBRAIRIE UNIVERSELLE
33, Rue de Provence. 3 3
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Tous droits de traduction et de
reproduction
réservéspour tous pays, y comprisla Suède,
la Norvège, le Danemark et la Hollande.
CHAPITRE Il
n. w. swirt
DX COIN Du MVKBPOOL
des
appellent autour d'eux les nourrices allaitant les enfants ù lu place
mères les ouvriers, soldats, employés et fonctionnaires auxquels on
assigne une demeure dans la grand'ville et, d'une inani&re générale, tous
ceux qui, obéissant à des maîtres ou bien au maître le plus impérieux,
la nécessité économique, grossissent forcément la population urbaine.
C'est un plaisunt tangage que celui des propriétaires moralistes qui
conseillent aux campagnard» de rester atladiés a ta terre, alors que, par
leurs agissenu-uts, ils déracinent le paysan et lui «'réuni <k*srondtlionx
de vie l'obligeant à s'enfuir vers lit cité. Qui supprima les communaux,
qui réduisit, puis abolit complètement les droits d'usage, qui défrichâtes
forêts et les landes, privant ainsi le paysan du combustible nécessaire ?P
,'5,'W l.'jlOMMK KT LA TKHIIK. – nftl'AKTlTlON DES HoMMKS
1.Labonne, du Clubalpin,1886.
Annuaire
34o L'HOMME ET LA TBRRB. – RÉPARTITION DBS HOMMES
Ne483.VillagesnormalementeapaoAs.
~1·' MNO~ 1
haM)/1ai1
d'ailleurs aussi avantageusementsituée qu'elle peut l'être en ce redou
table < Paysdes Glaces»
Si la Terre était complètement uniformedans son relief, dans la
N°484.Villagesanormalement
espacés.
1. Oobert,U Gcrotypn.
RÉSEAU d'étapes 3/(3
voies suivies par les peuples migrateurs, et, sur le versant méridional
des Alpes, toutes les vallées sans exception ont à leur porte de sortie une
ville gardienne de puissantes cités, Milan et tant d'autres, marquent tes
points de convergence, et la haute vallée du l'A, constituant les trois
quarts d'un cercle immense, a pour centre mitiirel lu ville de Turin.
Sur le cours inférieur du fleuve, lu fondation de cilt'-sest détermine^
par des conditions analogues du milieu uu bec de deux courants ou sur
un point de diminution des trois. quatre voies navigables ou des routes
naturelles qui se prose nient ù la fois, au lieu des deux uniques de l'iirnont
et de l'uval. Ailleurs d'autres groupes se fixent aux cscules d'arrêt néces-
saires, rapides, cascades, délités rocheux, où viennent mouiller les
barques, où st.*transbordent les marchandises tes étroits des fleuves, lu
où le passage de rive a rive se fait avec facilité, sont aussi des endroits
indiqués pour un emplacement de village ou même de ville, si d'autres
avantages H'iijoulciit ù celui qu'offre le rétrécissement fluvial. Telle
courbe bien inarquée d'un cours d'eau, rapprochant su vallée d'un
grand centre d'activité situé dans un autre luu-sin. peut inviter aussi les
hommes en ^rand nombre. C'est ainsi qu'Orléans a dû se bùlir sur la
rive de la Loire qui se développe le plus au nord dans la direction de
Paris, et queTxurilsin se trouve a l'endroit où lu Volga se rapproche du
Don. Kufin, sur chaque fleuve, le point vital par excellence est l'endroit,
voisin de l'embouchure, où la marée moulante vient arrêter et soutenir
le courant supérieur et où les embarcations, amenées par le courant d'eau
douce, rencontrent naturellement les navires de mer voguant avec le
flux. Dans l'organisation hydrographique, ce lieu de rencontre peut ôlrc
assimilé au collet de l'arbre, entre le système île végétation aérienne et
celui des racines profondes, c'est la forme normale du grand port euro-
péen sur les mers a marée Hambourg ou Londres, Anvers ou Bordeaux.
Les découpures du littoral influent aussi sur lu répartition des villes.
Certaines côtes sablonneuses ù peine infléchies, inabordables aux
navires, ni ce n'est pendant les rares journées de calme plat, sont autant
que possible évitées par l'homme de l'intérieur aussi bien que par le
marin aventuré sur l'océan. Ainsi la cote, de «20 kilomètres en longueur,
qui su profi Ir- en droite ligne de l'est nuirede la Gironde a la bouche de
l'Adour, n'a d'autre ville que la petite Arcachon, simple lieu de bains et
de villégiature, .située en arrière de lu rive, en dedans du rempart forme5
par les dunes du cap l;erret. De même les formidables cordons littoraux
346 L'HOMME ET LA TKIUtï. RÉPARTITION DES HOMMES
L-
qui bordent les Cmolines, le long de l'Atlantique, ne donnent accès,
entre Norfolk et YYihninglon, qu'à du pauvres bourgs entretenant à
grand'p<*ine un dangereux Initie. 1-.nd'autres régions côtières, les îles et
les llots, les rocher! les promontoires, les presqu'île*, multipliant les
mille «léehiquctures et entailles des escarpements, empêchent également
la naissance des
N°486.Côtedéserte. villes, malgré les
avantages que pré-
sentent les eaux
profondes et bien
abritées. La vio-
lenec d'une nature
trop tourmentée ne
permet qu'à un pe-
tit nombre d'hom-
mes de s'y groupor
ù l'aise. Lessites les
plus favorables sont
ceux où la côte,
sous un climat tem-
péri', est accessible
à la fois du dehors
el du dedans aux
véhicules de toute
sorte, navires cl
chariots.
Par contraste
avec In côte rectili-
gue des Landes,
presque dépourvue de villes et de villages, on peut citer le littoral de la
Méditerranée languedocienne entre le delta du Rhône et la bouche de
l'Aude. Dans cette région, les centres de population considérables se
rapprochent davantage qu'ils ne le font en moyenne dans le reste de la
France, bien que la densité kilométrique des habitants ne dépusse point
la normale de l'ensemble du territoire. La raison de ce collier de villes
doit ôtre cherchée dans lu disposition géographique de lu contrée. La
route que suivaient tes hommesd'Italie pour se rendre en Espagne ou en
CÔTEB DÉSERTES ET CiVrEB PEUPLÉES 1*7
7
Aquitaine évitait également les montagnes abruptes de l'intérieur et
les marécages, les lacs salins, les bouches fluviale» de ta côte. La partie
coup une ville dans un site que (les raisons diverses rendent préférable
au lieu d'origine. On peut ciler en exemple trois des poils de la Méditer-
rance où les deltas fluviaux créent des conditions spéciales pour tes
villes d'échange Alexandrie, qui, malgré son éloigncmeut du courant
nilotiqtti', n'en est pas moin» l'entrepôt coniincrclnl de loul le bassin,
Venise, le port dc>la pluinc padunc, et Murseille, celui de In vallée du
("I.J. Killm.
Mit.
MAKSKII.IK ET Ut PORT, VU» J)E KOTJlG-D.Otli 1>K I.A <iARI»K
des cités nouvelles précisément aux endroits que l'on évitait jadis. soit
au pied des cataractes, comme Olluwa, soit dans les montagnes, à portée
des conduites qui distribuent l'électricité, commedans tes vallées de la
Suisse. Chaque acquisition tle l'homme crée des points vitaux en des
lieux imprévus, de même que chaque nouvel organe se donne des
centres nerveux correspondants. Quel changement rapide dans la ré-
partition des villes, lorsque l'homme sera devenu maître de l'aviation
et de l'aéronautique De môme qu'il recherche maintenant au bord de
la mer des endroits favorables pour expédier et recevoir les navires, de
8URUISSEMENT DE NOUVELLES CITÉS 35 1
« « • ..ni i. n% t “ • i.
port. u la tele de navigulion maritime sur la Tamise, a mis la ville, s
devenue capitale du lloydumc l ni, à même de profiter d'autres a vnn- !j
fi
tages qui. sans cela, seraient resté» en puissance, mais sans se réa-
liser jamais. Ainsi de progrès en progrès par rapport il l'ensemble du
monde, Londres u Uni pur devenir le point central que, de toute» le»
extrémités du globe, on peut en moyenne atteindre; le plus facilement.
Dans le développement des cités, il arrive très fréquemment que lu
croissance ou lu décroissance de ces grands organismes s'uccolrlplit
d'un mouvement très irrégulier, para coups que déterminent des évolu-
tious rapides «le l'histoire. Ainsi, pour prendre encore l'exemple de
Londres, on voit qu'à l'origine, les avantages locaux de cette ville, tout r
en ayant une ecrtuinc importance, u 'étaient point de nature il lui pro-
curer le rang qu'elle u pris parmi les autres cités. Certes, sa position,
dans une pluiitc bien limitée au nord pur des coteaux protecteurs, au
boni d'un grand fleuve et au continent d'une petite! rivière, il l'endroit
même où le vu ct-vient de la murée facilitait l'alternance de lu nuvigu-
tion, rembarquement et It, débarquement des marchandises, toutes ces
s
conditions étaient des plus favorables il Londres pour lu faire prévaloir
dans sa lutte d'existence uvec tes autre» cités de l'Angleterre, mais
1
ces privilèges locaux ne prirent leur véritable valeur que lorsque les
Itornuills curent choisi celle position pour en faire le centre de conver-
1
gence des routes tracéi's en tous sens danw lit moitié méridionale de la
grande lie. La Rome britannique devait s'élever au lieu choisi comme
centre du réseau. Mais lorsque les légions romaines durent abandonner
Albion et que toutes les « routes bailles », hbjh slivrtx, construites entre
les postes militaires et le port de la contrée, eurent été délaissées,
Londinium perdit par cela même toute son importance et ne fut plus
qu'une simple ville de la Bretagne, réduite, comme tant d'autres, il ses
avantages purement locaux. et, pendant deux cents années, clic resta
complètement ignorée de l'histoire Il fallut que tes relations se rétu-
blissenl uvec le continent pour que la position d« Londres reprit sa
valeur. B
Les fuveurs administratives, l'appel des courtisans et courtisanes, des
fonctionnaires, des policiers, des soldats et la foule intéressée qui se I
presse autour des « dix mille d'eu haut a donnent aux capitales un rôle
trop distinct pour qu'il convienne de les étudier comme des typesde
groupe urbain leur développement«si facticeon très grande partie.On
peut mieux raisonner sur la vie des cités quidoiventleur histoire presque
uniquement au milieu géographique. Aucun travailn'est plus fructueux
pour un homme studieux que lit biographie d'une ville dontl'uspecl,
mieuxencore que les annales, penne de constatersur place tes change-
N' 490.Villages
agricoleset Industriels,
Ct. P. Sellier.
PARTS. L'iriSURB DU BEPA8, QTURTIKB W TBMP1B
D'après le tableau de V. Oilbnrt.
leur|ont succède'-
commefondateurs de villes.On voit les constructions
s'érigeren quelquesmoissur'une étendueconsidérableavec unoutillage
36o l'homme ET LA tkrre. – répartition DIS hommes
ville» fortes ont des contours tout à fait disgracieux, sans aucune
harmonie avec les ondulations du sol, coupant le pays autvant des
tracés offensantepour le regard. Du moins, les ingénieurs italien»
do la Renaissance,puis Vauban et ses émules s'essayaient-ilsà des-
siner le proAlde leurs places fortifiéessuivant une symétrieparfaitet
quelques-unsde ces ouvrages,ayant t'aspect de croix à étoiles avec
Cl.V.Sellier.
LA VILLE O'AIBE-SUE-I.A-LÏ8
Airesubit plusieurssWges
auxdix-soptiôme
et dix-huittomo
sièclesi tesfortification»
ont
toutevaleur
perdu depuislongtemps.
atteinte dana ses organes essentiels. Que l'on constate la triste forme
extérieure prise par des cités comme Strasbourg, Metz, Lille! Cette
dernière ville s'est trouvée tellement il l'étroit dans ses remparts qu'elle
a dû, pour ainsi dire, resurgir en dehors de la zone des servitudes mili-
taires. Roubaix et Tourcoing doublent l'agglomération fortifiée et,
aujourd'hui, on cherche à regrouper tes trois éléments on un tout
harmonieux uu moyen de larges boulevards.
Malgré la beauté do quelques édifices, la grâce de ses promenades,
l'attirance de sa population, Paris est aussi une des villes qu'enlaidit
la brutale enceinte. Dégagé do ce déplaisant ovale en lignes brisées,
l'organisme se serait développé d'une façon esthétique et rationnelle,
il aurait pris une figureélégunlo donnée pur la vie. ]
Une autre cause de laidenr dans nos villes modernes provient de
l'invasion des grandes industries manufacturières. Presque chaque
agglomération urbaine est assombrie par un ou plusieurs faubourgs,
hérissés de cheminées puantes, traverses de rues noires d'immenses
constructions les bordent, aveugles ou percées d'innombrables fenêtres
à l'écœurante symétrie. Le sol tremble sous l'effort des machines en
mouvement, sous le poids des camions et des trains de marchandises.
Que de villes, surtout dans lit jeune Atm-riquc, où l'air est presque
irrespirable, où tout ce que l'on aperçoit, le sol, les routes, les mu-
railles, le ciel, suinte la boue et le charbon! Peut-on se rappeler sans
horreur et dégoût une agglomération minière comme cette intermi-
nable et sinueuse Scranlou, dont les soixante-dix mille habitants n'ont
pas même un hectare de gazon souillé et de feuillages noircis pour
consoler les yeux de toutes tes hideurs de l'usine! m l'énorme Pitts-
burg, avec sa couronne semi-circuluirc de hauts faubourgs qui
flambent et qui fument, comment se l'imaginer sous une atmosphère
plus salie, quoique, d'après les indigènes, elle ait gagné en propreté
des rues et en clarté des horizons depuis l'introduction du gaz nalurel
dans les usines? D'autres villes, moins noires, sont ù peine moins
hideuses, de par le fuit des compagnies de voies ferrées qui se sont
emparées des rues, des places, des promenades et (lui font renâcler et
siffler leurs locomotives en écrasant la foule sur leur parcours. Quel-
ques-uns des plus beaux sites de la Terre ont été déshonorés ainsi
c'est en vain qu'à Bufl'alole promeneur essaierait de suivre la rive
de l'admirable fleuve Angara, à travers fondrières, croisements de
HYGIÈNEDES VILI.KS 363
N°481.Lille,Roubaix,Touroolng.
d'avance par des architectes qui n'ont pus môme visité les emplace-
ments, et bien moins encore se sont donné la peine d'interroger les
futurs habitants; ils dressent ici une église ogivale pour les épiscopaux,
ailleurs, une bâtisse romane pour les presbytériens, plus loin, une
sorte de panthéon pour les baptistes, tracent leurs rues en carrés et
V J9*
r
304 L'HOMMEKT I.ATERUK.-– RÉPARTITION
0E8 HOMMES
Cl. 11.Hume.
QUELQUES VIEILLES MAISONS DU LA HTOH-STRBET A. EDIMBOUBO
l'XKMAISON U£H0UK.VEV1I.I.K
Villeinduslflcllu
desenvirons
de.Manchester.
au contraire parce
que ses riches tis-
seurs et autres in-
dustriels avaient
étendu leur domaine
d'activité dans tous
les (léparlemenls voi-
sins, jusque dans les
Alpes, partout oîi des
cascades ou rapides
leur fournissaient la
force motrice néces-
saire.
1. KmileVamli'rvi'.Mt",
L'exude
rural.
VIU.K8-JARBINS 3;!
de tant d'Ames naïve» qui se brassent dans V « infernale cuve», des réfor-
mateur» demandent la destruction des cités, le retour volontaire de toute
L'HOMME ET LA TERRE. REPARTITION DES HOMMES
374
1. J. Denain-Darrays,
Questions etcoloniales,1" févr. 1903.
diplomatiques
ACCBOIS8EMENT
DESOHfcNPES
CITÉS 3;5
agglomérationde dix, de vingt millionsd'hommes,soit dans te bassin
N*403.Quartiersde New-York.
(Voirpagv«7»)