Valois
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Contenus
Articles
Comt de Valois
Philippe VI de France
Jean II de France
27
Charles V de France
52
Charles VI de France
102
117
Louis XI de France
125
139
146
150
154
160
162
164
Henri II de France
192
Franois II de France
208
Charles IX de France
220
227
Rfrences
Sources et contributeurs de larticle
244
246
252
Comt de Valois
Comt de Valois
Pour les articles homonymes, voir Valois.
Le comt de Valois - pagus vadensis l'poque mrovingienne, valesia l'poque carolingienne - est un ancien
pagus ou comt dont le chef-lieu se nomme d'abord Vez - en latin Vadum - puis devient Crpy-en-Valois dans la
rgion du Valois.
Le gentil du Valois est Valoisien.
Histoire
Les premiers titulaires hrditaires du comt sont des membres de la noblesse carolingienne qui regroupent dans
leurs mains les comts de Vexin, de Valois et d'Amiens. Lorsque le dernier d'entre eux devient moine, en 1077, ses
possessions sont partages, et le Valois passe aux Herbertiens, par ailleurs comtes de Vermandois qui le transmettent
par mariage aux Captiens en 1080. En 1183, la mort de la comtesse lisabeth de Vermandois, le Valois et le
Vermandois sont disputs entre son mari, Philippe d'Alsace, et sa sur, lonore de Vermandois. Le roi Philippe
Auguste se pose en arbitre et en profite pour rattacher les deux comts au domaine royal en 1185.
Il est alors concd en apanage quelques princes, comme Jean-Tristan, fils de Saint Louis.
Charles de Valois, fils de Philippe III Le Hardi reoit en apanage le Valois et fonde la maison de Valois qui rgne
sur la France partir de Philippe VI de Valois son fils, roi de France en 1328. Ce dernier transmet le comt son fils
Philippe, duc d'Orlans. Aprs sa mort sans hritiers, le comt passe Louis, duc d'Orlans, frre de Charles VI et
fondateur de la branche de Valois-Orlans. Lorsque son petit-fils, Louis II d'Orlans devient roi sous le nom de
Louis XII, le Valois, rig en duch, passe son cousin, Franois d'Angoulme, futur Franois Ier. Le Valois rentre
alors dans le domaine royal.
En 1344, le comt de Valois est rig en comt-pairie.
Gographie
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Bibliographie
Anselme, Histoire Genealogique de la Maison royale de France, 1726.
Laurent Bouchel, Les cotumes gnrales des bailliages de Senlis, comt de Clermont-en-Beauvaisis et duch de
Vallois, Paris 1631, 898 p. ; Lire sur Google livres [2].
Amde Vicomte de Caix de Saint-Aymour, Le rle de la noblesse du Duch de Valois en 1591, dans : Comit
Archologique de Senlis, Comptes-rendus et Mmoires, anne 1892, Imprimerie d'Eugne Dufresne, Senlis 1893,
192 p. ; p. 24-37 ; Lire sur Gallica [3]
Amde Vicomte de Caix de Saint-Aymour, Les francs-fiefs du Duch de Valois la fin du XVIIe sicle, dans :
Comit Archologique de Senlis, Comptes-rendus et Mmoires, annes 1892 et 1893, Imprimerie d'Eugne
Dufresne, Senlis 1893 / 1894, 192 p. ; p. 59-70 resp. p. XLVI-XLVII ; Lire sur Gallica [4] et Lire sur Gallica
(avenant) [5].
M. Fouquier-Cholet, Histoire des Comtes hrditaires du Vermandois, Saint-Quentin, 1832.
Ed. Guizot, Antiquits de Valois par Me Anthoine Bataille, procureur du Roi en Duch de Valoys en 1598, dans :
Comit Archologique de Senlis, Comptes-rendus et Mmoires, annes 1895 et 1896, Imprimerie d'Eugne
Dufresne, Senlis 1896 et 1897, 244 p. / 334 p. ; p. 1-76 en annexe resp. 1-118 ; Lire sur Gallica (1re partie) [6] et
Lire sur Gallica (2e partie) [7].
Ioh. Mabillon, Annales ord. Sancti Benedicti. Ticinense. Lucae, 1739.
Comt de Valois
Rfrences
[1] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Comt%C3%A9_de_Valois& action=edit
[2] http:/ / books. google. fr/ books?id=OLawAAAAMAAJ& pg=PA62& dq=Senlis& hl=fr& ei=Cd17TYqHLIHC8QObx9ywBA& sa=X&
oi=book_result& ct=result& resnum=5& ved=0CEIQ6AEwBA#v=onepage& q& f=false
[3] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k486460p/ f105. image. r=Comptes-rendus%20et%20m%C3%A9moire%20Senlis. langFR
[4] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k486460p/ f140. image. r=Comptes-rendus%20et%20m%C3%A9moire%20Senlis. langFR
[5] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k4864612/ f75. image. r=Comptes-rendus%20et%20m%C3%A9moire%20Senlis. langFR
[6] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k486463t/ f164. image. r=Comptes-rendus%20et%20m%C3%A9moire%20Senlis. langFR
[7] http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k4864646/ f60. image. r=Comptes-rendus%20et%20m%C3%A9moire%20Senlis. langFR
Philippe VI de France
Pour les articles homonymes, voir Philippe de France.
Philippe VI
Philippe VI de Valois
Titre
Roi de France
1erfvrier1328 22aot1350
(22ans, 6 mois et 21jours)
Couronnement
Prdcesseur
Successeur
29mai1328,
en la cathdrale de Reims
Charles IV
Jean II
Biographie
Dynastie
Maison de Valois
22aot1350 ( 56ans)
Lieu de dcs
Pre
Charles de France,
comte de Valois
Mre
Marguerite d'Anjou
Philippe VI de France
3
Conjoint
Jeanne de Bourgogne
(1313-1349)
Blanche de Navarre
(1349-1359)
Enfants
Jean II
Marie de France
Louis de France
Louis de France
Jean de France
Philippe de France
Jeanne de France
Rois de France
modifier
[1]
Philippe VI de France, dit Philippe de Valois (n en 1293, mort le 22aot1350)[2] Nogent le Roi, fut le
premier roi de France de la branche collatrale des Valois.
Biographie
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Surnomm le roi trouv , ce sobriquet lui fut donn peu aprs son couronnement lors de la bataille de Cassel du
23aot1328 par les Flamands lesquels, avant la bataille, s'taient moqus du roi de France en peignant un coq sur
leur tendard avec cette inscription : Quand ce cocq icy chantera, le Roy trouv cy entrera[3]
Son accession sur le trne de France en 1328 dcoule d'un choix politique, fait en deux temps, la mort de Louis X
le Hutin en 1316 puis celle de Charles IV en 1328, afin d'viter que la couronne ne passe dans les mains d'un
tranger . douard III d'Angleterre, pourtant petit-fils de Philippe le Bel, est ainsi vinc au profit du neveu de ce
dernier.
Lors de son avnement, il doit aussi ngocier avec Jeanne II de Navarre (1311-1349), fille de Louis X le Hutin qui a
t vince de la couronne de France en 1316 pour motif qu'elle est une femme (avancement de la "loi salique") mais
galement qu'elle est souponne de batardise ou illgitimit, sa mre ayant t compromise dans le scandale de la
tour de Nesle quand elle tait marie au futur Louis X. Mais celle-ci revendique de manire parfaitement lgitime la
couronne de Navarre et les comts de Champagne et de Brie que Philippe le Bel tenait de son pouse Jeanne Ire de
Navarre. N'tant pas lui-mme descendant et hritier des rois de Navarre, comme l'taient ses prdcesseurs, Philippe
VI restitue donc le royaume de Navarre son hritire lgitime Jeanne de Navarre, mais refuse de lui cder la
Champagne et la Brie redoutant d'tre confront un parti trop puissant.
S'il accde la tte de l'tat le plus puissant d'Occident, il gouverne dans une priode de crise qui conduit la guerre
de Cent Ans. Il manque de moyens financiers pour administrer son royaume, ce qui ne peut tre obtenu que par la
manipulation de la monnaie et des impts supplmentaires, lesquels ne sont tolrs qu'en priode de guerre. Il doit
asseoir au plus vite sa lgitimit. Il le fait en restaurant l'autorit royale en Flandre en crasant les rebelles Flamands
lors de la bataille de Cassel le 23aot1328.
Philippe VI de France
Par une habile politique diplomatique et matrimoniale, il contribue augmenter l'influence du royaume l'Est du
royaume de France. Il rachte le Dauphin pour le compte de son petit-fils, remarie son fils une hritire potentielle
de la Bourgogne et prend une option sur le comt de Provence.
En conflit larv avec le roi douard III d'Angleterre, il finit par obtenir de celui-ci l'hommage pour la Guyenne, mais
leurs intrigues pour le contrle des Flandres, l'alliance franco-cossaise et la ncessit de justifier l'impt ncessaire
au fonctionnement d'un tat moderne, conduisent inexorablement la guerre de Cent Ans. Celle-ci commence de
manire larve, aucun des deux rois ne pouvant obtenir suffisamment de ressources fiscales pour mener bien leur
ambition. La guerre se mne par allis interposs, hormis en Guyenne o les forces franaises assigent Bordeaux
mais doivent renoncer faute de vivres. De la mme manire si la flotte franaise est en grande partie dtruite la
bataille de l'cluse en 1340, douard III ne peut concrtiser cette victoire sur terre et l'alliance germano-anglaise
qu'il a organise se disloque faute de pouvoir tenir ses promesses pcuniaires.
Aprs la mort du duc Jean III de Bretagne, en avril 1341, un conflit successoral oppose Jean de Montfort Charles
de Blois pour la succession de Bretagne. Philippe VI arbitre en faveur de son neveu, Charles de Blois. Jean de
Montfort s'allie aux Anglais, qui dbarquent Brest en 1342 et occupent l'ouest de la Bretagne, ce jusqu'en 1397.
Le vritable tournant du conflit a lieu en juin 1344, quand douard III obtient du Parlement anglais des ressources
fiscales importantes pour deux ans. Philippe ne peut rpondre qu'en recourant des mutations montaires qui
entranent des dvaluations trs impopulaires car elles dstabilisent l'conomie. Fort de ses ressources financires,
douard III est capable d'attaquer en force sur au moins deux fronts. Il regagne du terrain en Aquitaine et surtout
inflige une dfaite crasante Philippe la bataille de Crcy le 26 aot 1346. Ce dernier n'a plus les moyens
d'empcher le roi d'Angleterre de prendre Calais aprs onze mois de sige (1347).
C'est compltement discrdit et en pleine pidmie de peste qu'il meurt en 1350.
Jeunesse
Philippe VI est le fils an de Charles de Valois, frre cadet du roi Philippe le Bel, et de Marguerite d'Anjou
(1273-1299). Il est donc cousin des trois fils de Philippe le Bel, (Louis X, Philippe V et Charles IV), lesquels se
succdent sur le trne de France entre 1314 et 1328.
Philippe de Valois se marie en juillet 1313 avec Jeanne de Bourgogne (v. 1293-1349).
Le roi trouv
Pour comprendre l'accession de Philippe VI au trne de France au dtriment de douard III, il faut remonter 1316.
Cas indit depuis Hugues Capet, Louis X meurt sans hritier mle : lhritier direct du royaume de France se trouve
donc tre Jeanne de Navarre, une fille mineure[]. La dcision qui est prise ce moment est trs importante, car elle
devient coutume et sera nouveau applique lorsque la question dynastique se posera en 1328. Linfidlit avre de
la reine Marguerite fait planer le risque qu'un prtendant au trne, pour lgitimer sa rvolte, ne prenne pour prtexte
que la reine ft btarde[4]. Le puissant Philippe de Poitiers, chevalier aguerri et form par son pre au mtier de roi,
s'impose comme rgent la mort de son frre Louis X le Hutin. la mort de Jean le Posthume il est considr par
les grands comme le plus apte gouverner et se fait sacrer roi de France, consacrant l'viction de Jeanne[] : si le
choix du monarque franais se fonde sur l'hrdit et le sacre, llection peut reprendre ses droits en cas de problme.
Philippe VI de France
Philippe VI de France
Rgence
Malgr ses mariages successifs, Charles IV est toujours sans hritier mle lorsqu'il dcde, Vincennes, le
1erfvrier1328. Jeanne d'vreux, sa veuve, tant enceinte, on attend avec impatience de savoir quel sera le sexe de
l'enfant. Philippe de Valois est choisi comme rgent et a donc de grandes chances de devenir roi s'il s'avre que c'est
une fille. Il profite de la rgence pour neutraliser ses ventuels rivaux les plus menaants, les Evreux-Navarre.
Philippe VI de France
Son accession la tte du comt de Flandre provoque en 1323 le mcontentement de certains Flamands, mais ce
n'est d'abord qu'un grondement diffus travers les campagnes de la Flandre maritime. Des officiers et des chtelains
sont molests. L'affaire change de dimension quand Bruges, grand port industriel riche de ses trente mille habitants
et d'un mouvement portuaire favorable aux brassages des ides et des hommes, s'insurge.
Gand se range videmment dans le camp adverse de celui de Bruges. Les Gantois gardent un souvenir amer de ce
qu'il avait cot aux villes flamandes de suivre Bruges en 1302. En revanche, Ypres suit Bruges par hostilit pour les
Gantois, leurs concurrents dans l'industrie des draperies. Furnes, Dixmude, Poperingue s'allient Bruges. La guerre
civile commence. L'audace du petit peuple est confort par le souvenir de Courtrai, o la chevalerie franaise fut
corrige par tisserands et foulons. Les insurgs battent la campagne pendant cinq ans. Les villages brlent, les villes
tremblent derrire leurs murailles. Les collecteurs d'impts et tout homme du comte de Flandre se terrent s'ils n'ont
pas fui. Les patriciens s'exilent, leurs maisons sont abattues. On ne compte plus les morts : les bourgeois sont
gorgs aux coins des rues, paysans et artisans sont rosss leur domicile ou massacrs en bataille range.
Les problmes sont aggravs par l'alourdissement des exigences fiscales du comte qui, en grossissant les moyens de
son gouvernement, lui permettent de rsister l'administration tentaculaire du roi de France. Celle-ci se rajoute des
rcoltes difficiles qui conduisent la misre, tandis que le chmage progresse cause de l'inadaptation des
productions. L'glise n'chappe pas la fureur populaire.
En 1328, le comte de Flandre profite de l'hommage qu'il rendait son nouveau seigneur Philippe VI pour lui
demander de l'aide. Il le relance lors de la crmonie du sacre de Philippe VI en juin. Philippe y voit l'occasion de
renforcer sa lgitimit en restaurant l'ordre social bafou sur le champ. On profite du fait que l'ensemble des barons
se retrouve Reims pour le sacre. Philippe veut marcher tout de suite contre les Flamands. Il convoque l'ost Arras
pour le mois de juillet 1328 et va prendre l'oriflamme Saint-Denis. Gand attaque Bruges immobilisant pour la
Philippe VI de France
dfense de la ville une bonne partie des forces de l'insurrection. Comptant forcer l'ennemi le combattre en rase
campagne et en terrain favorable sa cavalerie, le roi confie aux marchaux l'organisation d'une chevauche qui pille
et ravage la Flandre occidentale jusqu'aux portes de Bruges. Pendant ce temps, le gros de l'arme marche sur Cassel.
La rencontre s'y fait le 23aot1328. Les insurgs sont retranchs sur le mont Cassel, une butte haute de
157mtres[]. Ils voient de l leurs villages brler et l'arme franaise qui se dploie. La "bataille" du roi compte 29
bannires, celle du comte d'Artois 22. Le souvenir de la bataille de Courtrai, o en 1302 les piquiers flamands ont
mis en pices la chevalerie franaise, est toujours prsent, et l'poque est marque par la prminence de la dfense
sur l'attaque. Philippe VI en est parfaitement conscient et se garde bien de faire charger sa cavalerie sans rflchir.
Nicolaas Zannekin (avec Zeger Janszone et Lambrecht Bovyn)source: Vaderlandsche historie (Jean Baptist David)
[10]
est le chef des insurgs. C'est un petit propritaire foncier qui veut jouer au chevalier. Il envoie des messagers
pour proposer au roi de fixer "jour de bataille" mais on leur rpond par le mpris, considrant qu'ils taient "gens
sans chef" tout juste bons rosser. Sans considration pour cet adversaire de basse classe sociale, les chevaliers du
roi dlacent leurs armures et prennent leurs aises dans leur campement[]. Les insurgs ne l'entendant pas de cette
oreille attaquent l'improviste, surprenant en pleine sieste l'infanterie laquelle ne doit son salut que dans la fuite. On
retrouvera l'infanterie peu prs groupe le lendemain Saint-Omer. L'alerte est donne et le roi et ses chevaliers se
ressaisissent vite. Le roi, en robe bleue brode de fleurs de lys d'or et seulement coiff d'un chapeau de cuir, regroupe
sa chevalerie et lance la contre-attaque dans le plus pur esprit chevaleresque payant de sa personne la tte de ses
troupes[]. Les chevaliers avaient perdu l'habitude de voir le roi s'exposer ainsi, ceci depuis la mort de Saint-Louis
sous les murailles de Tunis. Son cri de ralliement : qui m'aime me suive est rest clbre. La contre-attaque
franaise contraint les insurgs se former en cercle, coude coude, ce qui leur interdit tout repli. bout portant les
arcs sont peu efficaces et c'est un vrai carnage. Mens par le comte de Hainaut, les chevaliers du roi entament une
charge tournante autour du cercle faisant voler les ttes au bout de leurs longues pes. Il n'y a pas un survivant
parmi les insurgs.
L'arme royale incendie Cassel. Ypres se soumet et Bruges suit[]. Louis de Nevers reprend le contrle du comt dans
le sang des excutions capitales et Philippe VI en retire tout le prestige d'un roi chevalier : il assoit ainsi pleinement
son autorit sur le trne. Plus encore, en se posant comme le dfenseur d'un de ses princes dont le pouvoir tait
contest par ces temps de mutation, il devient le garant de l'ordre social fodal et obtient le soutien de ces puissants
princes qui auraient pu contester sa lgitimit et son autorit. La lgitimit du Valois s'en trouve grandie. partir de
ce moment, l'ventuelle contestation de sa souverainet sur la Guyenne par douard III devient difficile[].
Philippe VI de France
des territoires rendus, seconds en cela par les vassaux aquitains du duc-roi qui jouaient la carte de l'autonomie
favorise par ces temporisations. Ces officiers tracassaient sans cesse les gens du duc-roi. La seule rplique du vassal
humili tait de tergiverser pour l'hommage.
Lors de l'avnement de Philippe VI, celui-ci lui dpcha immdiatement des ambassadeurs Londres pour rappeler
l'obligation vassalique. L'ide de prter hommage son cousin, qui ne descend pas de Philippe le Bel, a tout pour lui
dplaire, mme s'il n'imagine pas encore revendiquer la Couronne de France. Isabelle de France adopte une position
intransigeante vis--vis de l'hommage pour la Guyenne, rpondant aux envoys franais qu'douard qui tait n de
roi, ne ferait jamais hommage un fils de comte . Le roi d'Angleterre, pourtant pair de France, n'assiste pas au
sacre. Philippe VI consulte son Conseil qui s'oppose la confiscation pour le moment mais dclare licite la saisie des
revenus jusqu' l'hommage. Une nouvelle citation fut porte en Angleterre, engageant la procdure de confiscation.
douard III, dont le pouvoir tait battu en brche en Angleterre mme, ne voulait pas d'un conflit sur le continent. En
outre, la victoire crasante de Philippe VI Cassel n'est pas pour rassurer les Anglais, qui n'ont pu opposer de
dfense crdible de la Guyenne lors de la confiscation par Charles IV en 1323. douard se soumet donc et rend
hommage le 6 juin 1329 la cathdrale d'Amiens. Le roi d'Angleterre vient en grande compagnie, deux jours sont
ncessaires pour faire passer de Douvres Wissant les chevaux de l'escorte. Le roi de France en fit de mme et la
fte, qui dura huit jours, fut mmorable. Froissart recueillit l'cho de la fte :
Le roi Philippe tait tout appareill et pourvu pour le recevoir. Le roi de Bohme, le roi de Navarre et le roi de
Majorque taient prs de lui, et si grand foison de ducs, de comtes et de barons que merveille serait rappeler. Car l
taient tous les douze pairs de France, venus pour le roi d'Angleterre festoyer, et aussi pour tre personnellement et
faire tmoin son hommage.
douard III fit son hommage, les mains dans les mains de son seigneur le roi Philippe VI. Ce dernier fait consigner
que cet hommage n'est pas prt pour l'Agenais, dtach du duch de Guyenne par Charles IV. douard III proteste
que son hommage n'implique pas qu'il renonce revendiquer ces terres, et qu'il ne s'agit pas d'un hommage lige. Son
porte-parole, l'vque de Lincoln, fait un discours de protestation prsentant la liste des arguments juridiques contre
l'hommage lige[11]. L'hommage tait trop incertain au got du roi de France qui met l'tude le projet d'un nouvel
hommage plus significatif. Une confrence d'experts se runit en fvrier 1330 Paris. douard III de son ct
recherche dans ses archives quoi son hommage l'a engag. Chacun des deux rois voulait gagner du temps pour
mieux assurer leurs couronnes.
Philippe donne douard jusqu'au 30 juillet 1330 pour revenir lui prter l'hommage lige selon le protocole bien
tabli. En juillet 1330, on frle l'accord, mais finalement douard III refuse de comparatre devant le Parlement. Les
Anglais rclament que les territoires saisis pendant la guerre de Saint-Sardos leur soient rendus. Philippe refuse
catgoriquement et fixe une nouvelle date butoir porte au 15 dcembre 1330, la mdiation du pape Jean XXII ayant
empch le dclenchement du conflit. Devant un nouveau refus, le roi de France charge son frre Charles II
d'Alenon de s'emparer de la ville de Saintes dont il fait raser le chteau aprs avoir mis sac la ville. Aprs avoir
vinc sa mre et Roger Mortimer, lesquels gouvernaient le royaume d'Angleterre en tant que rgents, douard III
prend en main les affaires. Il fait amende honorable et, le 30 mars 1331, envoie une ambassade porteuse d'un acte
scell au roi de France lui annonant que son hommage rendu Amiens peut tre considr comme un hommage lige
:
Pour qu'au temps venir il n'y ait jamais discorde ni question faire le dit hommage, nous promettons en bonne
foi, pour nous et nos successeurs ducs de Guyenne qui seront pour le temps, que le dit hommage se fera en cette
manire : Le roi d'Angleterre, duc de Guyenne, tiendra ses mains entre les mains du roi de France. Et celui qui
adressera les paroles au roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine, et qui parlera pour le roi de France, dira ainsi : Vous
devenez homme lige au roi de France, mon seigneur, qui ci est, comme duc de Guyenne et pair de France, et vous lui
promettez foi et loyaut porter ! Dites: voire ! Et le roi d'Angleterre, duc de Guyenne, et ses successeurs diront :
Voire ! Et lors, le roi de France recevra le dit roi d'Angleterre et duc de Guyenne au dit hommage lige, la foi et la
bouche, tant saufs son droit et le droit d'autrui... Ainsi sera fait et renouvel toutes les fois que l'hommage se fera. Et
Philippe VI de France
de ce, fait le dit hommage, nous et nos successeurs ducs de Guyenne baillerons lettres patentes scelles de notre
grand sceau si le roi de France le requiert[12].
douard III passe en France dguis en marchand et accompagn de quinze chevaliers seulement pour djouer la
surveillance de ses barons. Il s'embarque Douvres et explique son absence par un dpart en plerinage. En avril
1331, prs de Pont-Sainte-Maxence, il a une entrevue secrte avec Philippe VI. Il y confirme que l'hommage fut
dcidment lige. Philippe se montre conciliant, il retire son arme de Saintes et promet une indemnisation pour le sac
de la ville[13]. douard III obtient encore de ne pas raser les forteresses que la trve de 1327 lui faisait obligation de
dmolir. Ce qu'il abandonne sur les principes, il le rcupre donc sur le terrain. Cinq jours plus tard, il est de retour
Douvres.
Mais, assembl Winchester en septembre 1331, le Parlement anglais juge que le Plantagent ne peut se contenter
d'une Guyenne ampute. Le roi avait besoin de ce Parlement qui votait les crdits de guerre lorsque les choses
tournaient mal sur le continent. Il poursuit donc les ngociations, en esprant obtenir l'Agenais. Les ambassades
anglaises se multiplient Paris, tandis que les incidents se multiplient sur le terrain. On frle une guerre dont
personne ne veut de nombreuses reprises. Les officiers du roi de France malmnent en Saintonge les marchands
londoniens et taxent indment leurs cargaisons de vin sur la Garonne. Un bateau de pche franais est pill par les
gens de Douvres. En reprsailles, un bateau de Douvres relchant Calais est saisi. La restitution des chteaux pris
nagure par Charles de Valois trane en longueur.
En 1334, on croit la paix faite. L'archevque de Cantorbry et les autres ambassadeurs anglais regagnent leurs htels
parisiens sous les acclamations du peuple lorsqu'ils sont rappels par le roi de France qui prcise que l'cosse de
David Bruce est comprise dans la paix. Le sujet n'avait jamais t voqu jusque l. Les ambassadeurs n'avaient
obtenu aucun pouvoir pour ngocier sur l'affaire d'cosse. Ils repartent pour Londres avec le sentiment d'avoir t
flous.
10
Philippe VI de France
Il juge le temps venu de reprendre sa vieille querelle contre sa tante Mahaut. Il sent que la faveur a tourn depuis
1302 et 1318, et il y a de plus du nouveau dans un domaine o la coutume fait la loi. En effet, le comte de Flandre
Robert de Bthune vient de laisser son comt Louis de Nevers, l'an de ses petits-fils, et non ceux de ses fils qui
ont survcu leur an. Il peut donc lgitimement faire valoir ses droits partir de ce prcdent. Il met de son ct le
duc de Bretagne et le comte d'Alenon, frre du roi. Il s'acoquine avec ceux que l'autoritarisme de Mahaut a jets, en
Artois mme, dans une sorte de complot permanent.
Jeanne de Divion, ancienne matresse de Thierry d'Hirson, puissant conseiller de la comtesse Mahaut, lui offre
point ses services. Elle lui procure des tmoins et des documents pour prouver qu'au mariage de son pre Philippe
d'Artois, son grand-pre le comte Robert II, n'ayant pas d'autres enfants mles, a manifest la volont que la
succession du comt d'Artois aille la descendance de son fils Philippe plutt qu' sa fille Mahaut.
la mort de Mahaut en novembre 1329, le roi de France prend le comt d'Artois sous sa garde en attendant une
sentence dfinitive de la Cour assemble en faveur de Robert d'Artois. C'est un baron brouill avec la vieille
comtesse dfunte, Ferri de Picquigny, qui est charg par le roi de gouverner l'hritage en instance. La rivale de
Robert d'Artois, fille et hritire de Mahaut, est Jeanne d'Artois, la veuve du roi Philippe V, jadis implique dans
l'adultre de ses sur et belle-sur (cf Affaire de la tour de Nesle). Elle est admise prter un hommage provisoire
mais meurt peu aprs en janvier 1330. Cette mort arrange fort point les affaires de Robert d'Artois (d'aucuns diront
qu'elle l'arrangeait trop pour tre naturelle). Elle arrange aussi celles du duc Eudes IV de Bourgogne, le principal
adversaire de Robert la Cour des pairs, dont la femme, Jeanne III de Bourgogne, fille de Jeanne d'Artois et du roi
Philippe V, devient hritire du comt d'Artois si Robert est nouveau dbout.
L'affaire est tellement embrouille que le roi Philippe VI envisage un moment la pire des solutions. Il songe garder
pour lui l'Artois et indemniser tous les ayants droit, Robert d'Artois et Eudes IV de Bourgogne. Mais les tats
d'Artois refusent de voter l'impt pour rgler ces indemnits, et provoquer ainsi l'annexion de l'Artois au royaume de
France.
Il faut donc en finir avec le procs. Le 14 dcembre 1330, les clercs du Parlement font l'audience l'expertise des
documents fournis par Robert d'Artois l'appui de ses dires. Ils se rvlent tre des faux grossiers. Le faussaire est
dnonc, c'est Jeanne de Divion.
C'est le toll, les appuis du comte l'abandonnent, tout comme le roi. Le duc Eudes IV de Bourgogne et son
beau-frre, le comte de Flandre Louis de Nevers triomphent. La Cour rend immdiatement un premier arrt au civil
donnant tort Robert. Il perd donc pour la troisime fois. Une action au criminel commence, la confection de faux
actes royaux tant un crime de lse-majest. Le roi ne peut transiger avec ceux qui ruinent l'un des moyens essentiels
d'expression de sa puissance souveraine, ie la juridiction se traduisant par le scellement d'actes authentiques. Le 6
octobre 1331, Jeanne de Divion est brle sur le bcher. Robert d'Artois, dont on pouvait deviner qu'il serait cit
comparatre, prfre s'clipser. La production de faux est passe pour l'aveu d'une cause indfendable. Rares sont
ceux qui, tels l'abb de Vzelay, affirment au prince que, faux documents ou pas, ses droits sur l'Artois sont fonds.
Robert d'Artois est galement ruin. Le 6 avril 1332, la Cour des pairs le condamne au bannissement. Seul parmi
tous les pairs, le duc Jean III de Bretagne a vot contre la sentence. Robert d'Artois choisit, aprs s'tre retrouv
Namur, Louvain, Bruxelles et mme Avignon, de porter sa clientle en Angleterre. Si quelqu'un peut tre un jour
l'instrument de la vengeance du comte Robert, c'est bien douard III. Car Robert ne s'avoue pas vaincu : Par moi a
t roi. Et par moi en sera dmis.
Dguis en marchand, il atteint au printemps 1334[14] ou en dcembre 1336[15] l'Angleterre et commence son travail
de sape. Il affirme au roi d'Angleterre que le fils d'Isabelle de France est plus proche hritier des Captiens que le
comte de Valois. douard n'avait pas besoin qu'on le lui dise pour le penser. Il n'empche que les propos de Robert
avivent son ambition.
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Philippe VI de France
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En 1330, le conflit entre le pape Jean XXII et l'empereur Louis IV tourne l'avantage du premier. Louis IV,
excommuni, tente de nommer un antipape mais, se retrouvant discrdit, est oblig de quitter l'Italie o il n'a plus de
soutien. Le roi de France y voit l'occasion d'tendre son royaume l'est, et de prendre plus particulirement le
contrle de l'axe Rhodanien car il est l'une des principales voies de commerce entre l'Europe du Nord et la
Mditerrane. Ainsi, le Dauphin, la Provence ou le comt de Bourgogne sont fortement convoits par les rois de
France.
Mariage de Jean le Bon
Articles dtaills : Louis IV du Saint-Empire et Jean XXII.
L'accession au trne de Philippe VI s'tant faite au dtriment d'douard III, pourtant petit-fils de Philippe le Bel, le
nouveau roi doit donc imprativement asseoir la lgitimit de sa dynastie. son avnement, au printemps 1328, Jean
le Bon, alors g de neuf ans, est son seul fils vivant. En 1332, nat Charles de Navarre, prtendant plus direct
qu'douard III la couronne de France. Philippe VI dcide donc de marier rapidement son fils - alors g de treize
ans - pour nouer l'alliance matrimoniale la plus prestigieuse possible et de lui confier un apanage (la Normandie). Il
envisage un temps de l'unir Alinor sur du roi d'Angleterre.
Mais, c'est l'est que Philippe VI trouve une alliance matrimoniale prestigieuse. Jean de Luxembourg est le fils de
l'empereur Henri VII, mais il a t vinc de l'lection impriale en raison de son jeune ge. Avide de projets
Philippe VI de France
grandioses, il est particulirement dispendieux et chroniquement endett. Il cadre parfaitement avec les projets
d'expansion vers l'Est du royaume de France aux dpens du Saint-Empire, lequel est au plus bas de sa puissance
politique, et tout est fait de la part du monarque franais pour le fidliser: il est pensionn la cour de France qu'il
frquente assidument[]. Le conflit entre le Saint-Empire et la papaut d'Avignon vient de tourner l'avantage du pape
Jean XXII et donne l'occasion Philippe VI et Jean de Bohme de sceller leur alliance de manire bnfique pour les
deux parties. Le dpart forc de l'empereur Louis IV d'Italie permet au roi de Bohme Jean de Luxembourg de mettre
la main sur plusieurs villes italiennes ce qui le met en position forte pour rgner sur un royaume guelfe en Italie du
Nord subordonn l'autorit pontificale quivalent au royaume de Naples pour l'Italie du Sud. Cela permettrait aussi
de limiter les possibilits pour Robert d'Anjou, roi de Naples, de soumettre la papaut un vritable protectorat[17].
Pour ce faire le roi de Bohme besoin du soutien diplomatique du plus puissant souverain d'Occident: le roi de
France.
En janvier 1332, Philippe VI invite Jean de Luxembourg pour lui proposer un trait d'alliance qui serait ciment par
le mariage d'une des filles du roi de Bohme avec son fils Jean. Le roi de Bohme, qui a des vises sur la Lombardie
et a besoin du soutien diplomatique franais, accepte cet accord. Les clauses militaires du trait de Fontainebleau
stipulent qu'en cas de guerre, le roi de Bohme se joindrait l'arme du roi de France avec quatre cents hommes
d'armes si le conflit se droule en Champagne ou dans l'Aminois ; avec trois cents hommes, si le thtre des
oprations est plus loign. Les clauses politiques prvoient que la Couronne lombarde ne serait pas conteste au roi
de Bohme s'il parvient la conqurir ; et que s'il peut disposer du royaume d'Arles, celui-ci reviendrait la France.
Par ailleurs, le trait entrine le statu quo concernant les avances franaises en terre d'Empire. Le choix est laiss au
roi de France entre les deux filles du roi de Bohme. Il choisit Bonne comme pouse car celle-ci, tant en ge de
procrer (elle a 16 ans et sa sur Anne 9), peut lui donner un fils. La dot est fixe 120000florins.
Les clauses militaires du trait de Fontainebleau stipulent qu'en cas de guerre, le roi de Bohme devra se joindre
l'arme du roi de France avec quatre cents hommes d'armes si le conflit se droule en Champagne ou dans
l'Aminois ; avec trois cents hommes, si le thtre des oprations est plus loign. Les clauses politiques prvoient
que la Couronne lombarde ne serait pas conteste au roi de Bohme s'il parvient la conqurir ; et que s'il peut
disposer du royaume d'Arles, celui-ci reviendrait la France. Enfin la ville de Lucques est cde au roi de France.
Mais Robert d'Anjou, roi de Naples et comte de Provence, ne peut qutre hostile ce projet soutenu par Jean XXII.
Surtout que les villes italiennes, ayant depuis longtemps got leur indpendance, il n'est plus possible dans les
faits de leur imposer leur soumission un royaume guelfe comme c'est le cas en Italie du sud. Guelfes et Gibelins
s'allient et crent une ligue Ferrare qui met mal les forces de Jean de Luxembourg et de Bertrand du Pouget[18].
Brescia, Bergame, Modne et Pavie retombent l'automne 1332 aux mains des Visconti. Jean de Luxembourg
retourne en Bohme en 1333 et Bertrand du Pouget est chass de Bologne par une insurrection en 1334[19].
Acquisition du Dauphin
Le comte Humbert II, ruin du fait de son incapacit lever l'impt[] et sans hritier aprs la mort de son fils unique,
vend le Dauphin[], terre du Saint-Empire romain germanique. Ni le pape ni l'empereur ne se portant acqureurs,
l'affaire est conclue avec Philippe VI.
Selon l'accord, il doit revenir un fils du futur roi Jean le Bon. C'est donc Charles V, en tant que fils an de ce
dernier, qui devient le dauphin. Il n'a que onze ans, mais est immdiatement confront l'exercice du pouvoir.
Le contrle du Dauphin est prcieux pour le royaume de France car il occupe la valle du Rhne, un axe
commercial majeur entre Mditerrane et nord de l'Europe depuis l'Antiquit, les mettant en contact direct avec
Avignon, ville papale et centre diplomatique incontournable de l'Europe mdivale.
Philippe VI veut rcuprer le duch de Guyenne, qui fait partie territorialement du royaume de France, mais qui est
une possession du roi d'Angleterre. douard III revendique la couronne de France, ce qui dclenche la guerre de
Cent Ans.
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Philippe VI de France
Le roi de France confisque alors la Guyenne et met en place une stratgie de blocus maritime pour faire plier
douard III : l'Angleterre est trs dpendante du commerce des vins du Sud de la France, des importations de sel de
Bretagne et de Poitou et des exportations de laine vers les Flandres. Les Franais et leurs mercenaires gnois perdent
la matrise maritime la bataille de l'cluse en 1340.
La marche la guerre
Causes culturelles, dmographiques, conomiques et sociales du conflit
Alors que, sous leffet des progrs des techniques agraires et des dfrichements, la population saccrot en Occident
depuis le Xesicle, il est atteint un seuil qui dpasse les capacits de productions agricoles dans certaines zones
dEurope ds la fin du XIIIesicle. Avec le jeu des partages successoraux les parcelles se rduisent : elles nont plus
en 1310 que le tiers de leur superficie moyenne de 1240[20]. Certaines rgions comme les Flandres sont en
surpopulation et essayent de gagner des terres cultivables sur la mer. Nanmoins, pour couvrir leurs besoins, elles
optent pour une conomie de commerce permettant dimporter les denres agricoles. En Angleterre, ds 1279, 46 %
des paysans ne disposent que dune superficie cultivable infrieure 5 hectares. Or, pour nourrir une famille de 5
personnes, il faut de 4 5 hectares[20]. La population rurale sappauvrit, le prix des produits agricoles baisse et les
revenus fiscaux de la noblesse diminuent alors que la pression fiscale augmente et donc les tensions avec la
population rurale. Beaucoup de paysans tentent donc leur chance comme saisonniers dans les villes pour des salaires
trs faibles engendrant aussi des tensions sociales en milieu urbain. Le refroidissement climatique[21] provoque de
mauvaises rcoltes qui se traduisent du fait de la pression dmographique en famines (lesquelles avaient disparu
depuis le XIIesicle) dans le nord de lEurope en 1314, 1315 et 1316 : Ypres perd 10 % de sa population et Bruges 5
% en 1316[20].
La noblesse doit compenser la diminution de ses revenus fonciers et la guerre en est un excellent moyen : par les
ranons perues aprs capture dun adversaire, le pillage et laugmentation des impts justifie par la guerre. Cest
ainsi que la noblesse pousse la guerre et particulirement la noblesse anglaise dont les revenus fonciers sont les
plus touchs[22]. Philippe VI a besoin de renflouer les caisses de l'tat et une guerre permettrait de lever des impts
exceptionnels.
Le conflit cossais
En dbarquant la tte d'une arme prive le 6 aot 1332 dans le comt de Fife au Nord-Ouest de l'cosse, douard
Balliol, le fils de l'ex-roi pro-anglais John Balliol, ravive le conflit anglo-cossais[]. Depuis 1296, profitant de la mort
dAlexandre III sans hritier mle et dune tentative de prise de contrle par mariage, lAngleterre considre lcosse
comme un tat vassal. Cependant, les cossais ont contract avec la France la Auld Alliance le 23octobre1295.
Philippe le Bel joue des cossais contre douard Ier d'Angleterre, qui le fait d'avoir arbitr en faveur de John
Balliol la difficile succession de Marguerite d'cosse ne procurait mme pas la fidlit de ce roi-vassal. Le roi de
France tait intervenu en faveur de Balliol vaincu et avait obtenu sa libration. William Wallace, chef des barons
insurgs contre la tutelle anglaise, trouve refuge en France aprs sa dfaite de 1298. Le chancelier Pierre Flote
menace tout ensemble le pape Boniface VIII et les ngociateurs anglais, lors d'une mdiation du Saint-Sige,
d'intervenir directement en cosse si le roi d'Angleterre s'obstine soutenir les insurgs flamands. Les annes
suivantes marquent un revirement, la paix franco-anglaise et la succession des princesses captiennes sur le trne
d'Angleterre dissuadent le roi de France d'interventions trop voyantes en faveur des rebelles cossais. En 1305,
Philippe le Bel laisse prendre et excuter Wallace. L'abcs de fixation que fut l'cosse de Robert Bruce pour douard
Ier assura la France une relative tranquillit. Conflits de frontires, brves expditions militaires, harclement sur le
terrain se succdent. Robert Bruce (futur Robert Ier dcosse) finit, lors de la bataille de Bannockburn en 1314, par
craser la chevalerie anglaise, pourtant trs suprieure en nombre, grce ses piquiers qui, en fichant leurs lances
dans le sol, peuvent briser les charges de cavalerie comme l'ont fait les Flamands contre les Franais la bataille de
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Philippe VI de France
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Courtrai[23]. Ces formations de piquiers peuvent tre utilises de manire offensive la manire des phalanges
grecques (la formation serre permet de cumuler l'nergie cintique de tous les combattants qui peuvent renverser
l'infanterie adverse) et ont disloqu les rangs anglais, leur infligeant une svre dfaite. En 1328, Robert Bruce est
reconnu roi d'cosse par le trait de Northampton. Mais la mort de ce dernier en 1329 David II n'a que huit ans et
l'occasion est belle pour douard Balliol de rclamer la couronne[].
Aprs le dsastre de Bannockburn, les Anglais prennent acte de la fin de la supriorit de la chevalerie sur les
champs de bataille et mettent au point de nouvelles tactiques. Le roi douard Ier dAngleterre instaure ainsi une loi
qui incite les archers sentraner le dimanche en bannissant lusage des autres sports ; les Anglais deviennent ainsi
habiles au maniement de larc long. Le bois utilis est lif (que lAngleterre importe dItalie) qui possde des qualits
mcaniques suprieures lorme blanc des arcs gallois : les performances sont ainsi amliores. Cette arme plus
puissante peut tre utilise en tir massif longue distance. Les Anglais adaptent leur manire de combattre en
diminuant la cavalerie mais en utilisant plus darchers et dhommes darmes pied protgs des charges par des pieux
plants dans le sol (ces units se dplacent cheval mais combattent pied)[24],[25]. Pour tre efficace l'arc long doit
tre employ par une arme protge et donc en position dfensive. Il faut donc obliger l'adversaire attaquer. Pour
cela les Anglais utilisent en cosse le principe de la chevauche : l'arme dploye sur une grande largeur dvaste
tout un territoire jusqu' ce que l'adversaire soit oblig de l'attaquer pour mettre un terme au pillage. Utilisant ainsi un
schma tactique qui prfigure la bataille de Crcy, avec des hommes d'armes retranchs derrire des pieux fichs
dans le sol et des archers disposs sur les flancs pour viter que les projectiles ne ricochent sur les bassinets et
armures profils pour dvier les coup ports de face, douard Balliol crase les cossais pourtant trs suprieurs en
nombre, le 11 aot 1332 la bataille de Dupplin Moor. Aprs un autre succs, John Balliol est couronn roi d'cosse
Scone en aot 1332. douard n'a pas particip la campagne mais, laissant faire, il n'ignore pas que le rsultat lui
est trs favorable : il a un alli la tte de l'cosse[].
Les succs de Balliol ont montr la supriorit
tactique confre par l'arc long anglais, aussi quand
celui-ci est renvers le 16 dcembre 1332, douard
prend ouvertement les choses en main. Il rvoque
le trait de Northampton qui avait t sign durant
la rgence, renouvelant ainsi les prtentions de
souverainet anglaise sur lcosse et dclenchant la
seconde guerre dindpendance cossaise. Dans
lintention de regagner ce que lAngleterre avait
concd, il assige et reprend le contrle de
Berwick, puis il crase l'arme de secours
cossaise la bataille de Halidon Hill en utilisant
exactement la mme tactique qu' Dupplin Moor. Il
fait preuve d'une extrme fermet: tous les
prisonniers sont excuts[]. douard III est alors en
position de mettre douard Balliol sur le trne
dcosse. Ce dernier prte hommage au roi
d'Angleterre en juin 1334 Newcastle et lui cde
2000 librates de terrains dans les comts du
sud : les Lothians, le Roxburghshire, le
Berwickshire, le Dumfriesshire, le Lanarkshire et
le Peebleshire[].
La longueur du conflit cossais sert les desseins de Philippe VI, il laisse donc ses allis traditionnels se dbrouiller
seuls. Il sait son pouvoir en France encore faible et ne peut risquer les troubles que provoqueraient la perte des
Philippe VI de France
approvisionnements en laine anglaise dont l'industrie drapante des grandes villes flamandes est friande. Le roi de
France se contente donc d'observer. Philippe VI gagne la paix dans l'immdiat par sa prudence, mais terme, il est
perdant. Un David Bruce eut t plus utile puissant et avec des raisons d'tre reconnaissant. Le pape Benot XII voit
dans le conflit anglo-cossais le principal risque de conflit europen, si le roi de France s'en mle de nouveau, le
comte de Namur, celui de Gueldre et celui de Juliers tant impliqus en cosse par les contingents qu'ils mettent
disposition d'douard III. De plus, les marins de Dieppe et de Rouen se risquent la course contre ceux de
Southampton. On peut raisonnablement situer la prochaine guerre autour de la Manche, et non vers Saint-Sardos, o
les barons font traner les pourparlers avec la mauvaise volont la plus vidente. Cela fait le jeu de Philippe VI qui
accueille David II en mai 1334 et l'installe avec sa cour dans le glacial Chteau Gaillard[]. Ce qui compte n'est pas le
succs des cossais, mais la menace qu'ils font peser sur l'Angleterre. douard tente d'apaiser le roi de France et
d'obtenir rtrocession des terres saisies par Charles IV en Aquitaine, mais Philippe exige en change le
rtablissement de David II: les questions de Guyenne et d'cosse sont dsormais lies. En dpit des victoires de
Dupplin et Halidon, les forces de David Bruce commencent bientt se ressaisir. Ds juillet 1334 douard Balliol
doit fuir Berwick et demander l'aide d'douard III. Grce une taxe obtenue du Parlement et un emprunt auprs
de la banque Bardi, il relance une campagne cossaise[]. Il lance une chevauche dvastatrice mais les cossais ont
compris la leon. Ils vitent les batailles ranges et lui opposent la tactique de la terre dserte. Loccupation des
Plantagents est mise en danger et les forces de Balliol perdent rapidement du terrain. douard lve alors une arme
de 13000hommes qui s'engage dans une deuxime campagne strile. Les Franais montent un corps expditionnaire
de 6000hommes et livrent une guerre de course dans la Manche[]. douard III licencie son arme l'automne. Fin
de lanne 1335, les cossais indpendantistes mens par sir Andrew Murray livrent bataille Culblean contre un
partisan de John Balliol. Ils feignent de fuir et les Anglais chargent en quittant leur position dfensive. Ils subissent
alors une charge de flanc et se dbandent.
En 1336, Philippe VI, sentant son pouvoir plus assur, prend des initiatives. En mars, il est Avignon o le pape
Benot XII, qui commence btir la clbre forteresse, refuse de lancer la croisade tant voulue par le roi de France,
jugeant l'opration impossible tant donnes les divisions nombreuses en Occident. Ce dernier, vex (on lui avait
promis le commandement de la Croisade) fait passer la flotte franaise de Mditerrane en Mer du Nord.
L'Angleterre tremble. douard III met ses ctes en tat d'alerte. Les shrifs arment de toute urgence tous les hommes
de seize soixante ans. Le Parlement vote un subside sans se faire prier. Benot XII avait dj retenu le roi de France
sur le chemin de la Croisade, il s'efforce de le retenir galement sur celui de l'cosse. Philippe VI reoit de lui une
lettre d'une sagesse politique consomme et dont le roi aurait eu avantage mditer la leon:
En ces temps de troubles, o des conflits clatent dans toutes les parties du monde, il faut longuement rflchir
avant de s'engager. Il n'est pas difficile d'entreprendre une affaire. Mais il faut d'abord savoir, c'est une question de
science et de rflexion, comment on la terminera et quelles en seront les consquences.
Le roi de France ignore la leon et ses ambassadeurs tiennent en Angleterre une confrence avec ceux de David
Bruce et une dlgation de barons cossais. On y parle de guerre. douard III, inform, ne se fait plus d'illusions, son
cousin se pose en ennemi. Benot XII impose nouveau sa mdiation, et calme difficilement les ardeurs de Philippe.
Il empche galement l'empereur Louis de Bavire de former contre la France une coalition avec douard III.
L'quilibre est fragile et la course aux armements reprend de plus belle, gne par le manque d'argent de chacune des
parties. Avec le concours de son principal conseiller Miles de Noyers, Philippe VI s'assure le soutien de quelques
tats (Gnes, Castille, Montferrat) et achte des places fortes au nord et l'est du royaume[26].
cette poque, en 1336, le frre ddouard III, Jean d'Eltham, comte de Cornouailles, meurt. Dans son ouvrage
gestia annalia, lhistorien John de Fordun accuse douard davoir tu son frre dans une querelle Perth. Bien
qudouard III alloue une trs large arme aux oprations cossaises, la vaste majorit de lcosse a t reconquise
par les forces de David II en 1337, laissant uniquement quelques chteaux tels que dimbourg, Roxburgh et Stirling
aux mains des Plantagents. Une mdiation papale tente d'obtenir la paix : on propose que Balliol reste roi jusqu' sa
mort et qu'il soit ensuite remplac par David Bruce. Ce dernier refuse l'instigation de Philippe VI[]. Au printemps
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Philippe VI de France
de 1337, la guerre franco-anglaise semble invitable.
Les quelques places fortes encore sous contrle sont insuffisantes pour imposer la loi ddouard et dans les annes
1338-1339, il passe dune stratgie de conqute une stratgie de dfense des acquis. douard doit faire face des
problmes militaires sur deux fronts ; la lutte pour le trne de France nest pas dune moindre importance. Les
Franais reprsentent un problme dans trois domaines : premirement, ils pourvoient un support constant aux
cossais par le biais dune alliance franco-cossaise. Ensuite, les Franais attaquent rgulirement plusieurs villes
ctires anglaises, initiant les rumeurs dune invasion massive en Angleterre[27]. En effet, Philippe VI monte une
expdition de 20000hommes d'armes et 5000arbaltriers. Mais pour transfrer une telle force il doit louer des
galres gnoises. douard III, mis au courant par des espions, empche le projet en payant les Gnois pour
neutraliser leur flotte : Philippe VI n'a pas les moyens de surenchrir[].
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Philippe VI de France
par vendre son adhsion aux Plantagent. douard III obtient mme de l'empereur le titre de vicaire imprial en
Basse-Germanie qui en fait le reprsentant officiel de l'autorit impriale sur le Rhin et sur la Meuse. L'affaire se
fte en septembre 1338 Coblence lors de rjouissances magnifiques organises par l'empereur mais finances par le
roi d'Angleterre. Cela devrait automatiquement entraner le soutien du pape au roi de France mais Benot XII
tergiverse, se contentant de protester contre cette alliance, esprant toujours imposer sa mdiation. Le roi
d'Angleterre le forcera se dcider lorsqu'il rappellera en juillet 1338 ses ambassadeurs en Avignon. douard se
croit tout permis. Il reoit Coblence l'hommage des vassaux de l'Empire, l'exception de l'vque de Lige. Il noue
des relations avec le comte de Genve et le comte de Savoie. Le duc de Bourgogne lui-mme, toujours amer du
choix dynastique de 1328, prte une oreille complaisante aux propos du Plantagent. douard III passe commande
d'une couronne fleurdelise, il se voit dj Reims.
Les alliances de Philippe VI sont moins nombreuses mais plus solides et donc plus utiles sur le long terme. Des
distributions de rente sur le Trsor ont acquis au Valois les comtes de Genve et de Savoie tents par l'alliance
anglaise, tout comme le comte de Vaudmont et celui de Deux-Ponts(de). Jean l'Aveugle, comte de Luxembourg et
roi de Bohme, un habitu de la cour de France, se range dans le camp franais, entranant avec lui son gendre, le
duc de Basse-Bavire. Gnes s'engage fournir des navires et des arbaltriers expriments. Le Habsbourg marque
sa sympathie. Mais le plus grand succs de l'activit diplomatique franaise, mene par Miles de Noyers, est
l'alliance du roi de Castille obtenue en dcembre 1336. Alphonse XI promet au roi de France un appui maritime qui
se rvlera trs utile sur l'Atlantique. En effet, marins gascons et anglais d'un ct et marins franais et bretons de
l'autre combattent toute occasion, sur mer ou quai. Quatre ans plus tard, on verra le renfort des navires castillans
jusqu'en mer du Nord.
Offensive en Aquitaine
Au dbut de la guerre de Cent Ans, constatant l'inefficacit de la campagne qu'il a confi Raoul II de Brienne,
Philippe VI se tourne vers Jean Ier de Bohme. En effet, le conntable de France, ayant commis l'erreur de diviser ses
troupes pour tenter de prendre les forteresses gasconnes, se retrouve enlis depuis le printemps 1338 dans des siges
interminables alors que les Anglais ont trs peu d'hommes[]. Jean de Bohme se voit adjoindre Gaston Phbus (qui
reoit en change quelques seigneuries) et deux mercenaires savoyards : Pierre de la Palu et Le Galois de la Baume[].
Le roi alloue 45000livres par mois cette force qui compte 12000hommes. Considrant qu'il va s'agir de prendre
les forteresses gasconnes les unes aprs les autres sans espoir de les affamer, on recrute un corps de sapeurs-mineurs
allemands et on quipe cette arme de quelques bombardes. Le succs est rapide : les places fortes de Penne,
Castelgaillard, Puyguilhem, Blaye et Bourg sont prises[]. L'objectif n'est pas loin d'tre atteint quand l'arme met le
sige devant Bordeaux en juillet 1339. Mais la ville rsiste, une porte est prise, mais les assaillants sont repousss
avec difficult. Le problme du ravitaillement de 12000hommes se rvle insoluble, les ressources locales sont
puises. Des troupes sont prleves pour aller combattre dans le nord. Le sige est lev le 19juillet1339[28].
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Philippe VI de France
renvoyer sa considrable arme.
Mais ce statu quo, lequel va durer prs d'une anne, mcontente les contribuables des deux camps qui se saignent
pour financer des armes qui se regardent en chiens de faence[31]. Au cours de l't 1339, c'est douard III qui lance
l'offensive. Ayant reu des renforts d'Angleterre, et ayant russi garantir ses dettes vis--vis de ses allis, il marche
avec eux sur Cambrai (ville d'empire mais dont l'vque s'est rang du ct de Philippe VI) fin septembre 1339.
Cherchant provoquer une bataille range avec les Franais, il pille tout sur son passage, mais Philippe VI ne bouge
pas. Le 9 octobre, commenant puiser les ressources locales, le roi d'Angleterre doit se dcider livrer bataille. Il
oblique donc vers le sud-ouest et traverse le Cambrsis en brlant et tuant tout sur son passage : 55 villages du
diocse de Noyon sont rass[]. Pendant ce temps, Philippe VI a fait runir son ost et arrive jusqu Buironfosse. Les
deux armes marchent alors l'une vers l'autre et se rencontrent une premire fois prs de Pronne. douard a
12000hommes et Philippe 25000. Le roi d'Angleterre, trouvant le terrain dfavorable, se retire. Philippe VI lui
propose de se rencontrer le 21 ou 22 octobre en terrain dcouvert o leurs armes pourront en dcoudre selon les
rgles de chevalerie. douard III l'attend prs du village de La Capelle o il a tabli son camp en terrain favorable,
retranch derrire pieux et fosss, ses archers positionns sur les ailes. Le roi de France, estimant qu'une charge de
cavalerie serait suicidaire, se retranche aussi, laissant l'honneur aux Anglais d'attaquer. Le 23octobre1339, faute que
l'un des deux adversaires prenne l'initiative, les deux armes rentrent chez elles. La chevalerie franaise qui comptait
se financer sur les ranons demandes aux ventuels prisonniers faits au cours des combats gronde et accuse Philippe
VI de renardie [32].
Enlisement du conflit
La conduite de la guerre de Philippe VI engendre de nombreux mcontentements. Faute de pouvoir lever
suffisamment dimpts pour soutenir leffort de guerre autant que son administration et les pensions et exemptions de
plus en plus importantes quil alloue aux seigneurs quil craint voir basculer dans le camp anglais, il a recours de
frquentes mutations montaires qui gnrent de linflation. Pour ce faire il doit grer les changements de teneur en
mtaux nobles de la monnaie dans la confidentialit. Il gouverne avec un conseil restreint constitu de parents
proches, ce qui mcontente les princes exclus de la sphre dcisionnelle. Sa stratgie qui consiste viter les
batailles ranges est dcrie par la chevalerie qui espre beaucoup des ranons octroyes par d'ventuels prisonniers.
Quant douard III, qui est ruin, il garde toutefois laura dun roi chevalier qui travaille obtenir le maximum de
dfections venant des vassaux gascons favorables au roi de France. Fin 1339, Inham, snchal de Bordeaux, russit
tirer dans son camp Bernard-Ezy V, sire dAlbret qui entrane avec lui de nombreux seigneurs. douard III le dsigne
comme lieutenant en Aquitaine. la tte de troupes gasconnes, il progresse vers lest prenant Sainte-Bazeille sur la
Garonne et assige Condom. Son avance culmine en septembre 1340 mais Pierre de la Palu, le snchal de
Toulouse, mne alors une contre-offensive qui loblige lever le sige. Dans la foule toutes les villes sont
reprises[33].
Lanne 1340 nest pas plus favorable douard III sur le front cossais : la gurilla des partisans de David Bruce
sintensifie et des raids sont mens sur le Northumberland. William Douglas, Lord de Liddesdale, sempare
ddimbourg et David Bruce rentre dexil en juin[34].
douard III, qui na ngoci la trve dEsplechin que pour gagner du temps au moment o lvolution du conflit lui
est dfavorable (il na aucune confiance dans la mdiation papale quil juge compltement pro-franaise), reprend les
hostilits et prend Bourg en aot 1341 alors que la tension monte entre Philippe VI et Jacques II de Majorque qui
refuse de lui prter hommage pour la ville de Montpellier[35].
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Philippe VI de France
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Philippe VI de France
avoir rgl l'affaire en s'assurant de la personne de Jean de Montfort, il rentre Paris. C'est compter sans Jeanne de
Flandre, pouse de Jean de Montfort, qui ranime la flamme de la rsistance et rallie ses partisans Vannes. Elle se
retranche Hennebond, envoie son fils en Angleterre et conclut un trait dalliance avec douard III en janvier
1342[]. Soucieux d'ouvrir un nouveau front susceptible d'allger la pression franaise en Guyenne et de limiter le
nombre de troupes qu'ils peuvent envoyer en soutien des cossais, douard III se dcide rpondre favorablement
aux demandes d'assistance militaire de Jeanne de Flandre[]. Le roi dAngleterre na pas un sou pour payer une
expdition : cest donc le trsor ducal breton qui va la financer. Il ne peut envoyer en avril 1342 que 34 hommes
darmes et 200 archers. Entretemps les Franais ont pris Rennes et assigent Hennebont, Vannes et Auray qui
rsistent. Charles de Blois est contraint de lever le camp en juin 1342 devant l'arrive de Wauthier de Masny et
Robert d'Artois la tte de troupes anglaises[39]. En juillet 1342, de forts renforts franais arrivent et Jeanne de
Flandre doit fuir et se retrouve assige dans Brest[]. Mais le 15 aot, le gros des troupes anglaises arrivent enfin
Brest avec 260 bateaux et 1350 combattants. Charles de Blois se replie vers Morlaix et sy retrouve assig par
Robert dArtois qui espre ouvrir aux Anglais un deuxime port au Nord de la Bretagne. Les Anglais tentent de
prendre Rennes et Nantes, mais ils doivent se contenter de saccager Dinan et de mettre le sige devant Vannes, ville
devant laquelle Robert d'Artois est gravement bless[]. Les Franais, qui les attendaient Calais, avaient retir leurs
forces du fait des succs de Charles de Blois. Le 30 septembre, les forces de ce dernier subissent de srieuses pertes
prs de Lanmeur[].
Une arme franaise aux ordres, une nouvelle fois, du duc de Normandie, est rassemble pour faire face. Mais Jean
de Montfort tant prisonnier et Jeanne de Flandre ayant sombr dans la folie, une trve est signe le
19janvier1343[40]. De fait les Anglais occupent et administrent les places fortes encore fidles Jean de Montfort.
Une importante garnison anglaise va occuper Brest. Vannes sera administre par le pape. Le conflit nullement rgl
va se prolonger 22 ans et permettre aux Anglais de prendre durablement pied en Bretagne.
La trve de Malestroit en janvier 1343, conduit au renvoi de nombreux mercenaires qui forment les premires
Grandes Compagnies. Ces dernires agissent en Languedoc comme la Socit de la Folie qui svit dans les environs
de Nmes ou encore les bandes anglaises ou bretonnes non soldes qui ranonnent les populations et enfoncent du
mme coup le duch de Bretagne dans lanarchie[41].
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Philippe VI de France
Auberoche et il a licenci le reste. La Role mais aussi Langon et Sainte-Bazeille font de mme, en janvier 1346.
Cela a un effet catastrophique : devant linertie des Franais, de nombreux seigneurs gascons changent de camp,
comme les puissantes familles Durfort et Duras, les communauts locales organisent leur propre dfense et refusent
donc de payer les impts royaux[]. De ce fait la souverainet franaise sur lAquitaine recule, laissant place laction
des Grandes Compagnies et aux guerres prives, ce qui accentue le phnomne. Dautre part, les prisonniers de
Bergerac et d'Auberoche rapportent prs de 70000livres de ranon Henry de Lancastre et ses lieutenants ne sont
pas en reste : on prend conscience en Angleterre que la guerre en France peut tre rentable, ce qui suscite nombre de
vocations[]. Aiguillon chute dbut 1346, Philippe VI se dcide enfin agir : il doit trouver des finances pour monter
une arme. Il obtient avec grande difficult des finances des tats de langue dol et de langue d'oc, il emprunte aux
banques italiennes de Paris et surtout il reoit le soutien du pape qui lautorise prlever 10 % des revenus
ecclsiastiques du royaume et lui prte 33000florins[]. Il recrute des mercenaires en Aragon et en Italie. Son fils
Jean se retrouve la tte de 15000hommes dont 1400Gnois[]. Il commence la campagne dAquitaine en
assigeant Aiguillon le 1er aot[]. La place au confluent de la Garonne et du Lot est extrmement bien fortifie et
tenue par une solide garnison de 600 archers et 300 hommes darmes[]. Jean fait le serment de ne pas quitter les lieux
avant davoir pris la ville. Il emploie les grands moyens : rseau de tranches pour protger lapproche et les arrires,
construction de ponts sur la Garonne et le Lot pour bloquer le ravitaillement de la ville. Mais, le sige pitine et ce
sont bientt ses propres forces qui se retrouvent affames, dautant que les assigs ont fait main basse sur le
ravitaillement des assigeants au cours de sorties audacieuses[]. Fin aot 1346, il doit lever le sige : douard III a
attaqu au Nord du royaume et Philippe VI a besoin de lui.
Bataille de Crcy
Les Anglais se faisant menaants, Philippe pousse le roi David II d'cosse envahir l'Angleterre par le nord,
thoriquement peu dfendu tant donn qu'douard prpare au sud l'invasion de la France. David II est battu
Neville's Cross en octobre 1346.
douard III d'Angleterre dbarque en Normandie et effectue une razzia systmatique des rgions franaises
traverses. Les deux armes se rencontrent Crcy le 26aot1346. Les Franais sont plus nombreux, mais larme
franaise, comptant sur sa puissante chevalerie, affronte une arme anglaise compose darchers et de fantassins en
cours de professionnalisation.
Article dtaill : Chevauche dEdouard III en 1346.
Confronte la baisse de ses revenus fonciers, la noblesse compte se renflouer avec les ranons demandes en
change des chevaliers adverses capturs[22]. Elle est chaude par les drobades de Philippe VI qui, conscient de la
supriorit tactique anglaise confre par l'arc long, a prfr plusieurs fois renoncer au combat plutt que de risquer
une dfaite. Le roi n'a plus le charisme et la crdibilit ncessaire pour tenir ses troupes. Ds lors, chacun veut
atteindre le plus vite possible lennemi anglais afin de se tailler la part du lion ; personne nobit aux ordres du roi
Philippe VI qui, emport par le mouvement, est contraint de se lancer corps perdu dans la bataille. Gns dans leur
progression par leurs propres pitons et les arbaltriers mercenaires gnois mis en droute par la pluie de flches
anglaises, les chevaliers franais sont obligs den dcoudre avec leurs propres hommes. Cest un dsastre du ct
franais o Philippe VI de Valois sillustre par son incomptence militaire. Les chevaliers franais chargent par
vagues successives le mont de Crcy, mais leurs montures ( lpoque non ou peu protges) sont massacres par les
pluies de flches dcoches par les archers anglais abrits derrire des ranges de pieux. Peinant se relever de leur
chute, les chevaliers franais, lourdement engoncs dans leurs armures, sont des proies faciles pour les fantassins qui
nont plus qu les achever[45].
Article dtaill : Bataille de Crcy.
Larme franaise anantie, douard III remonte vers le nord et met le sige devant Calais. Avec une arme de
secours, le roi de France essaie bien de lever le blocus de la ville, mais nose pas affronter douard III.
22
Philippe VI de France
23
Fin de rgne
La grande peste
Article dtaill : Peste noire.
La peste noire est une pandmie de peste bubonique, qui a touch la
population europenne entre 1347 et 1351. Elle n'est ni la premire ni
la dernire pidmie de ce type, mais elle est la seule porter ce nom.
Par contre, elle est la premire pidmie de l'histoire avoir t bien
dcrite par les chroniqueurs contemporains.
On estime que la peste noire a tu entre 30 et 50 % de la population
europenne en cinq ans, faisant environ vingt-cinq millions de
victimes. Cette pidmie eut des consquences durables sur la
civilisation europenne, d'autant qu'aprs cette premire vague, la
maladie refit ensuite rgulirement son apparition dans les diffrents
pays touchs : entre 1353 et 1355 en France, et entre 1360 et 1369 en
Angleterre, notamment.
Carte de diffusion de la peste noire
Philippe VI de France
Achat de Montpellier
En 1331, Jacques III de Majorque g de 16 ans rend hommage Philippe VI pour la ville de Montpellier, que sa
famille tient d'un mariage[47]. Montpellier est situe dans le royaume de France mais est une possession du roi de
Majorque l'instar de la Guyenne pour le roi d'Angleterre. Le royaume de Majorque est lui-mme tat vassal du
royaume d'Aragon mais supporte mal le poids fiscal de cette vassalit qui lui a t impose par la force.
Montpellier a elle-mme beaucoup d'indpendance. Elle est 3 jours
de marche du reste des possessions continentales du roi de Majorque,
en Roussillon. Elle est commercialement dpendante du Languedoc
mais les changes avec les Espagnols sont moins avantageux du fait de
leur propre monnaie. L'usage de monnaies franaises y est courant et
ses intrts commerciaux la pousse vers le royaume de France[48].
Suspicieux quant aux vellits d'indpendance de Jacques III de
Majorque qui a rechign lui rendre hommage, Pierre IV d'Aragon dit
le Crmonieux travaille la runion des deux couronnes.
En 1339, inquit par les rumeurs de mariage d'un fils de Jacques III
avec une fille d'douard III, rumeurs colportes par le roi d'Aragon qui
travaille activement isoler son vassal, Philippe VI somme le roi de
Majorque de renouveler son hommage pour la ville de Montpellier.
Jacques III lui rpond qu'il doute de la lgalit de cet hommage et s'en
remet au pape[49]. Voyant que la France est mise en difficult par
Royaume de Majorque
l'Angleterre, Jacques III fait organiser des joutes Montpellier ce qui
est en contradiction avec l'ordre du roi de France qui les a interdites en
temps de guerre: c'est une remise en cause claire de la souverainet de Philippe VI sur Montpellier[50]. Pierre IV,
jouant un double jeu et assurant Jacques qu'il l'aiderait militairement en cas de conflit avec la France, pousse le roi
de Majorque s'affirmer de plus en plus dans une alliance avec le roi d'Angleterre, mais dans le mme temps il
demande le soutien du roi de France[51]. Philippe VI fait saisir la ville de Montpellier et les vicomts d'Omella et
Carladis. Il charge Jean le Bon de monter une arme pour entrer en Roussillon. Mais Jacques III se rend compte qu'il
a t jou par le roi d'Aragon et fait amende honorable. Philippe VI, qui a bien compris que les jeux sont faits,
entrine l'alliance avec Pierre le Crmonieux et rend ses possessions franaises au roi de Majorque sachant
pertinemment que celui-ci, cern par une si puissante alliance, ne pourra pas les conserver. En 1343, Pierre IV
envahit les Balares, et se rend matre du Roussillon en 1344. Le 5 septembre 1343, Philippe VI soutient l'offensive
aragonaise en interdisant tout ravitaillement du roi de Majorque en armes, vivres ou chevaux[52]. Compltement
isol, Jacques III est contraint d'accepter la dfaite. Son sort est scell par les Cortes Barcelone, o il est dcid de
lui laisser son fief de Montpellier. Mais il refuse et senfuit chez un de ses amis, le comte de Foix, avec une
quarantaine de ses chevaliers. Rencontrant Philippe VI Avignon, il lui revend la ville de Montpellier et engage une
partie de la Cerdagne et du Roussillon le 18 avril 1349 pour 120000cus d'or. Il peut ainsi se reconstituer une arme
et une flotte. Les accords stipulent qu'il conserve les droits sur sa ville jusqu' sa mort. Celle-ci survient le 25 octobre
1349: Montpellier appartient dsormais la couronne de France[53]. Par contre, la Cerdagne et le Roussillon,
contests par le roi d'Aragon, restent espagnols.
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Philippe VI de France
25
Duch de Bourgogne
Sa belle-fille, Bonne de Luxembourg meurt de la peste en 1349 et Philippe VI ralise une nouvelle manuvre
diplomatique qui accrot ses possessions vers l'est. Jean pouse en secondes noces, le 19 fvrier 1350 Nanterre, la
comtesse Jeanne de Boulogne et d'Auvergne, fille de Guillaume XII d'Auvergne et de Marguerite d'vreux, veuve
ge de 24 ans. Elle est hritire du duch de Bourgogne, qui, aprs son dcs, serait rattach la couronne. Dj
comtesse de Boulogne et d'Auvergne, depuis la mort de son pre, elle est la tte du duch et du comt de
Bourgogne ainsi que de l'Artois aprs la disparition de son mari, Philippe de Bourgogne, en 1346, et de son
beau-pre. En contrepartie de ces terres appartenant son domaine, elle reoit les seigneuries de Montargis, Lorris,
Vitry-aux-Loges, Boiscommun, Chteauneuf-sur-Loire, Corbeil, Fontainebleau, Melun et Montreuil[54].
La fin du rgne de Philippe VI est marque par les dbuts de l'pidmie de peste noire, qui entrane une longue trve.
Il signe en 1349 le trait de Romans, par lequel Humbert II du Viennois vend le Dauphin la France.
Il meurt dans la nuit du 22 au 23 aot 1350 au chteau de
Nogent-le-Roi selon certains historiens ou plus vraisemblablement
l'abbaye Notre-Dame de Coulombs selon d'autres[55].
Philippe laisse cependant un royaume durablement dsorganis, entr
dans une phase de rvoltes qui tournera la guerre civile avec la
Grande Jacquerie de l'anne 1358.
Union et descendance
En juillet 1313, Philippe VI de Valois pouse en premires noces
Jeanne de Bourgogne (v. 1293-1349), fille de Robert II (1248-1306),
duc de Bourgogne (1272-1306) et roi titulaire de Thessalonique, et
d'Agns de France (1260-1325). De cette union sont issus au moins
huit enfants[56] :
Jean (1319-1364), qui deviendra roi de France sous le nom de Jean
II, dit Jean le Bon (1350-1364), et postrit ;
Philippe VI de France
Thomas de la Marche (1318-1361), capitaine, n de Batrice La Berrure. Certains auteurs[58] le donnent fils
naturel de Charles de la Marche, alors qu'il tait comte de la Marche. Il a un fils, Jean de la Marche, chevalier, et
postrit[59].
Citation
C'est lui qui pronona la phrase Qui m'aime bien me suivra , plus connue sous la formulation Qui m'aime me
suive , utilise maintes reprises.
Notes et rfrences
[1] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Philippe_VI_de_France& action=edit& section=0
[2] Le lieu exact du dcs de Philippe VI semble faire divergence. Selon certaines sources, il serait mort Coulombs dans labbaye Notre-Dame,
selon d'autres il serait mort dans l'ancien chteau fort (aujourd'hui disparu) de Nogent-le-Roi
[3] Antonin Roche, Histoire de France - Depuis les temps les plus recul, Ch. Delagrave, Paris, 1867, 351
[5] Alix Ducret, Cent ans de malheur : les origines de la guerre de Cent Ans, Historia Nostra (http:/ / www. historia-nostra. com/ index.
php?option=com_content& task=view& id=482& Itemid=58)
[7] Comment le pre au roi douard fut mari la fille au beau roi Philippe de France. Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 3
pages 5-6 Bibliothque Nationale de France (http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k297594)
[10] http:/ / www. dbnl. org/ tekst/ davi003vade04_01/ davi003vade04_01_0017. php#1464T
[12] Les chroniques de sire Jean Froissart, 1867, 46 (http:/ / books. google. fr/ books?id=FwsKAAAAIAAJ& pg=PA46)
[15] Andr Castelot et Alain Decaux Histoire de la France et des Franais au jour le jour, volume 3 : 1270 1408, partie 2, 34.
[20] Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen ge en Occident, pp. 222-223.
[21] Les constatations dcrites par exemple par Scott A. Mandia, The Little Ice Age in Europe www2.sunysuffolk.edu (http:/ / www2.
sunysuffolk. edu/ mandias/ lia/ little_ice_age. html), sont corrobores par des mdivistes ayant analys les chroniques de l'poque tels
Philippe Contamine, La guerre de cent ans, Que Sais-Je n 1309, PUF 2002 ; mais pour d'autres auteurs le refroidissement climatique survient
plus tard et d'autres modrent l'impact que les changements climatiques en question ont eu sur l'conomie : Emmanuel Le Roy Ladurie
Histoire humaine et compare du climat, Fayard 2006, La Recherche (http:/ / www. larecherche. fr/ data/ 405/ 040508901. html).
[22] Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen ge en Occident, pp.231-232
[23] Tony Pollard et Neil Oliver, A Soldier's View of Battle through the Ages, site de la BBC (http:/ / www. bbc. co. uk/ history/ archaeology/
excavations_techniques/ soldiers_view_02. shtml)
[24] Bernard Coteret, Histoire de l'Angleterre, Tallandier 2007 page 116
[25] Emmanuel Constantin Antoche, Quelques aspects concernant lvolution tactique du chariot sur le champ de bataille dans lhistoire
militaire universelle. LAntiquit et le Moyen ge jusqu lavnement des Hussites (1420), p. 113 (http:/ / www. geocities. com/ marin_serban/
antoche3. html?200711#_ftn86)
[26] Raymond Cazelles, La Socit politique et la crise de la royaut sous Philippe de Valois, Bibliothque elzvirienne, Paris, 1958, p.117-119
[27] Ormrod, Reign of Edward III, 9.
[29] Geoffroy G. Sury, Bayern Straubing Hennegau : la Maison de Bavire en Hainaut, . , Edit. G. G. Sury, (2 d.), dp. lg., Bruxelles,
2010, p. 58. (Guillaume , comte de Hainaut prend le parti du roi dAngleterre au dbut de la Guerre de Cent Ans.) Rappels historiques : -a.)
Guillaume (dAvesnes), comte de Hainaut dit le Bon (1286 - U 1337), jusque l fidle alli de la France, se brouille en 1334, suite de
constantes vexations, avec Philippe VI de Valois, son beau-frre (Guillaume avait pous Jeanne de Valois) et se pose lui le dilemme de
prendre finalement le parti du roi dAngleterre contre le roi de France. Il devient lme de la ligue que prne son beau-fils, le roi douard III
dAngleterre (douard III avait pous Philippa de Hainaut, fille dudit Guillaume et de Jeanne de Valois), contre Philippe VI. En 1337, tout au
dbut de la Guerre de Cent Ans Guillaume rejoint officiellement le parti ddouard III (qui revendiquait le trne de France, en tant que
petit-fils de Philippe IV le Bel), contre le roi de France et forma une coalition avec lAnglais, le duc de Brabant, le duc de Gueldre,
l'archevque de Cologne et le comte (marquis ?) de Juliers : ceux-ci se proposant denvahir la France. Mais il dcda peu aprs,
Valenciennes, le 7 juin 1337, au cours des prparatifs de la campagne militaire. Il sera inhum dans la ncropole de lglise des Cordeliers de
cette ville, au terme dun rgne trs long et trs bnfique pour le comt de Hainaut. Jehan Froissart, le clbre chroniqueur valenciennois, sen
fera le premier historien vantant les mrites de feu ce comte. Son fils, Guillaume II, le nouveau comte de Hainaut dit le Hardi, (qui avait
pous Jeanne, duchesse hritire de Brabant) continuera dans la mme ligne, la politique prne par son pre. noter galement quune autre
fille de Guillaume , comte de Hainaut et de Jeanne de Valois, savoir, Marguerite II, comtesse de Hainaut, avait pous Louis IV, duc de
Bavire et empereur germanique. -b.) La majeure superficie du comt de Hainaut tait, cette poque, fief de lEmpire germanique.
Cependant, la partie comtale louest de lEscaut dite Terres dOstrevant tait fief-lige du roi de France. Les comtes de Hainaut portaient
galement le titre de comte dOstrevant . Le comt dOstrevant, globalement dlimit par les rivires de la Scarpe, de la Sense et de
lEscaut, tait un trs ancien comt dorigine mrovingienne qui fut, au cours des sicles, disput dans un premier temps entre les comtes de
Flandre et les comtes de Hainaut et par aprs, entre les comtes de Hainaut et les rois de France, qui le disloqurent. Cependant, la majeure
partie de cet ancien comt sera incorpore au Hainaut.
[38] Y. Gicquel, Le Combat des Trente, Coop Breizh, 2004, p. 19.
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Philippe VI de France
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[39] La querelle de Bretagne, 1341-1364-1381, Jean Christophe Cassard, in Toute l'histoire de Bretagne, Morlaix, 2003.
[45] The Battle of Crcy, Jonathan Blair myarmoury.com (http:/ / www. myarmoury. com/ feature_battle_crecy. html)
[47] Dominique-Marie-Joseph Henry, Histoire de Roussillon, comprenant l'histoire du royaume de Majorque, Paris 1835, p. 270.
[48] Dominique Marie Joseph Henry, , 362-363.
[49] Dominique Marie Joseph Henry, , 240-241.
[50] Dominique Marie Joseph Henry, , 242.
[51] Dominique Marie Joseph Henry, , 244-245.
[52] Dominique Marie Joseph Henry, , 270.
[53] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, p. 281-282.
[54] Les Valois directs : Jean II le Bon. Jeanne de Boulogne chrisagde.free.fr (http:/ / chrisagde. free. fr/ valdirects/ j2vie. php3?page=4)
[55] Note 3 page 185 dans La chronique de Jean le Bel (http:/ / books. google. fr/ books?id=8SGxw0p3UHYC& pg=PA185& dq=philippe-VI+
Coulombs& sig=ACfU3U24cU0oEx0iAy9yx7SuS3BXnVghDA#PPA185,M1) de Jules Viard et Eugne Deprez
[56] D'autres enfants morts-ns sont frquemment cits - voir Les Valois, de Patrick Van Kerrebrouck, 1990.
[57] Cit par Patrick Van Kerrebrouck, dans "les Valois" - 1990, page 85.
[58] Notamment Gaston Paris, dans "Journal des savants", 1900 - page 694 et s.
[59] Dont (au moins) un fils lgitim en 1359 de Ptronille Flcharde.
Jean II de France
Pour les articles homonymes, voir Jean II.
Jean II
Prdcesseur
Successeur
26septembre1350
en la Cathdrale de Reims
Philippe VI
Charles V
Biographie
Dynastie
Maison de Valois
8avril1364 ( 44ans)
Lieu de dcs
Londres (Angleterre)
Pre
Philippe VI de France
Mre
Jeanne de Bourgogne
Jean II de France
28
Conjoint
Bonne de Luxembourg
(1332-1349)
Jeanne dAuvergne
(1350-1360)
Enfants
Blanche de France
Charles V
Catherine de France
Louis de France
Jean de France
Philippe de France
Jeanne de France
Marie de France
Agns de France
Marguerite de France
Isabelle de France
Blanche de France
Catherine de France
Rois de France
modifier
[1]
Jean II de France, dit Jean le Bon[2], n le 26avril1319 au chteau du Gu de Maulny du Mans et mort Londres
le 8avril1364, fils du roi Philippe VI et de son pouse Jeanne de Bourgogne, fut roi de France de 1350 1364, le
second souverain issu de la maison captienne de Valois.
Il est sacr roi de France le 26septembre1350.
Le rgne de Jean II le Bon est marqu par la dfiance du pays envers les Valois choisis la mort de Charles IV pour
viter qu'douard III, le plus proche descendant de Philippe le Bel ne prenne possession du trne de France. La
nouvelle dynastie, confronte la crise de la fodalit, aux cinglantes dfaites du dbut de la guerre de Cent Ans et
la grande peste, perd rapidement beaucoup de crdit; d'autant plus que, dans l'incapacit de faire rentrer les impts,
elle recourt des mutations montaires pour renflouer le trsor. Ces manipulations entranent des dvaluations
extrmement impopulaires. Jean II le Bon, confront aux intrigues de Charles le Mauvais, roi de Navarre et
prtendant le plus direct la couronne, gouverne dans le secret entour d'hommes de confiance. Profitant de tous ces
troubles et srs de la supriorit tactique confre par l'arc long, les Anglais, mens par douard III et son fils le
Prince noir, relancent la guerre en 1355.
Le 19 septembre 1356, Jean le Bon est battu et fait prisonnier la bataille de Poitiers, malgr la restructuration de
l'arme qu'il a mene. Le pays sombre alors dans le chaos. Les tats gnraux mens par tienne Marcel et Robert Le
Coq prennent le pouvoir Paris et tentent d'installer Charles de Navarre la tte d'une monarchie contrle. En
1358, les campagnes se soulvent et s'allient avec tienne Marcel, mais le dauphin, le futur Charles V, se fait
nommer rgent et retourne la situation. Jean le Bon peut regagner la France en 1360, aprs la signature du trait de
Brtigny qui lui rend la libert, mais cde un tiers du pays douard III.
Son retour est difficile. Il faut payer son norme ranon et les finances du royaume de France sont au plus bas. Il
stabilise la monnaie grce la cration du franc, mais les Grandes Compagnies pillent les campagnes et bloquent le
commerce. Il tente de mettre fin leurs agissements mais l'arme royale est vaincue Brignais. Il tente ensuite d'en
Jean II de France
29
dbarrasser le pays en les menant en croisade contre les Turcs avec l'argent du Pape. Il essuie un nouvel chec,
Innocent VI mourant 15 jours avant son arrive en Avignon et tant remplac par le peu dispendieux Urbain V.
Personnalit
Jean le Bon est de sant fragile[]. Il a peu d'activits physiques, joute
peu mais pratique la chasse[]. Il est dune personnalit sensible et laisse
facilement cours son motivit, jusqu' devenir violent, ce qui lui
vaut quelques dboires diplomatiques[]. Il aime les livres, protge
peintres et musiciens[3].
Son image de roi chevalier provient de sa conduite hroque la
bataille de Poitiers, de la cration de lordre de l'toile ou encore de la
cration du franc sur lequel il figure en armure et cheval brandissant
une pe. Le rgne de Jean le Bon est marqu, comme celui de son
pre, par la contestation de Charles de Navarre et par douard III,
lesquels n'acceptent pas l'accession des Valois sur le trne de France.
Les actions de Jean le Bon sont donc guides par la ncessit politique,
de prouver avant tout la lgitimit de sa couronne.
Sacre de Jean le Bon tir des Grandes
Chroniques de France de Charles V, vers
1370-1379. BNF, Fr.2813
Ds son plus jeune ge (il est duc de Normandie 13 ans), il doit lutter
contre les forces de ceux qui, attires par l'influence conomique
anglaise ou le parti rformateur, affectent les villes et la noblesse.
voluant au milieu des intrigues et des trahisons, il est logique qu'il soit mfiant et gouverne dans le secret avec un
cercle trs ferm de familiers. C'est aussi pour cette raison que les premiers Valois ont cherch donner un aspect
fastueux aux crmonies, ce qui correspond la conception mdivale de la noblesse. Cependant, les temps ont
chang et les contribuables voient d'un mauvais il ces dpenses somptuaires.
Biographie
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Article dtaill : Succession de Charles IV le Bel.
Jean de Valois nat au chteau de Gu-de-Maulny prs du Mans, le 26 avril 1319. Il est le fils de Philippe de Valois,
le cousin du roi Charles IV le Bel, et de sa premire femme, Jeanne de Bourgogne.
Son pre Philippe VI monte sur le trne de
France en 1328. Sa lgitimit dcoule d'un
choix politique, fait la mort de Louis X le
Hutin en 1316 puis celle de Charles IV en
1328, afin d'viter que la couronne n'choie
un tranger. douard III, pourtant
petit-fils de Philippe le Bel, est ainsi vinc
au profit du neveu de ce dernier. Le nouveau
roi doit donc imprativement asseoir la
lgitimit de sa dynastie. son avnement,
au printemps 1328, Jean, alors g de neuf
ans, est son seul fils vivant. En 1332, nat
Charles
de
Navarre,
prtendant
plus
direct
Jean II de France
30
Jean II de France
Duc de Normandie
Rebelles normands
En 1332, Jean le Bon reoit la Normandie
en apanage et doit constater qu'une grande
partie de la noblesse normande est attire
par
le
camp
anglais.
En
effet,
conomiquement la Normandie dpend des
changes maritimes travers la Manche
autant que des changes par le transport
fluvial sur la Seine. Le duch n'est plus
anglais depuis 150 ans mais nombre de
propritaires fonciers ont des possessions de
part et d'autre de la Manche[6]. Ds lors, se
ranger derrire l'un ou l'autre souverain
Octroi de la Charte aux Normands par Louis le Hutin manuscrit du XIVesicle
entranerait confiscation d'une partie des
(BNF). La Charte aux Normands de 1315 confirme en 1339 par Philippe VI
garantit
une large autonomie la Normandie. Geoffroy de Harcourt en est l'un de
terres. C'est pourquoi la noblesse normande
ses plus fervents dfenseurs et est le meneur naturel des rebelles normands au
se regroupe en clans solidaires qui lui
pouvoir royal.
permettent de pouvoir faire front: c'est ainsi
qu'elle a pu obtenir et maintenir des chartes
garantissant au duch une grande autonomie. Raoul de Brienne est une figure significative : il mne une politique
trangre indpendante et s'il commande l'arme franaise envoye en cosse en 1335 c'est en tant que capitaine
gnral engag par contrat et non comme l'oblig du roi. La noblesse normande est divise en deux partis de longue
date, les comtes de Tancarville et d'Harcourt se livrant une guerre sans merci depuis plusieurs gnrations[7]. Leur
rivalit est relance quand, en 1341, les Tancarville, forts du soutien royal, soufflent la riche hritire du fief du
Molay Jeanne Bacon promise Geoffroy d'Harcourt. Le roi, soucieux d'viter que la plus riche rgion du royaume
soit mise feu et sang, donne l'ordre aux baillis de Bayeux et du Cotentin d'empcher cette guerre[8]. Geoffroy
d'Harcourt lve les armes contre le roi, ralliant une bonne partie d'une noblesse normande jalouse de son autonomie
et qui voit d'un mauvais il l'immixtion du roi dans les affaires normandes. Les rebelles souhaitent voir leur chef
Geoffroy d'Harcourt devenir duc de Normandie, ce qui garantirait la large autonomie octroye par les chartes[9]. Son
chteau de Saint-Sauveur-le-Vicomte tant occup par les troupes royales, Geoffroy d'Harcourt doit quitter le
31
Jean II de France
Cotentin pour rejoindre le Brabant, pays de sa mre. Trois de ses compagnons, Guillaume Bacon, sire de Blay et
oncle de Jeanne Bacon, Jean, sire de la Roche Taisson et Richard de Percy sont dcapits Paris le 3 avril 1344 et
leurs ttes envoyes Saint-L pour y tre exposes sur une roue en plein march[9],[10].
En Brabant, le rebelle constate que les
Flamands mens par Jacob van Artevelde
ont pu reconnatre comme roi douard III
qui a fait valoir ses droits la couronne de
France lors de la dclaration de guerre[11].
Dbut 1345, il franchit le pas et se rend en
Angleterre o douard III le prend sous sa
protection. L'hommage ventuel des
seigneurs normands douard III constitue
une menace majeure pour la lgitimit des
Valois. Le dsastre de Crcy et la reddition
de Calais ont fait effondrer tout leur
Lchiquier(XIIesicle) rend justice en Normandie. La seconde Charte aux
prestige. Ils doivent lutter contre les
Normands de 1339, leur garantit le droit de ne jamais tre cits devant une autre
nombreuses
dfections
qui
risquent
juridiction.
d'affecter la noblesse des faades nord et
ouest du royaume dont les terres sont dans la sphre d'influence conomique de l'Angleterre. Ds lors les Valois
dcident de traiter. Le duc Jean rencontre Geoffroy d'Harcourt auquel le roi rend tous ses biens. Il le nomme mme
capitaine souverain en Normandie[9]. Il est ds lors logique que Jean se rapproche des Tancarville qui reprsentent le
clan loyaliste pour pouvoir assurer son autorit sur la Normandie. Or, le vicomte Jean de Melun a pous Jeanne, la
seule hritire du comt de Tancarville[]. Par la suite ce sont les Melun-Tancarville qui forment l'ossature du parti de
Jean le Bon, alors que Godefroy de Harcourt est le dfenseur historique des liberts normandes et donc du parti
rformateur. Le rapprochement entre ce dernier et Charles de Navarre, qui se pose en champion des rformateurs,
devient donc logique[9].
Chef de guerre
Jean, duc de Normandie, comte d'Anjou, du Maine et de Poitiers, seigneur des conqutes de Languedoc et de
Saintonge, n'est pas trs puissant. Ce sont les officiers du roi qui administrent la plupart de ses possessions. Par
contre, il participe aux diverses campagnes militaires de l'poque :
Les Normands multiplient les raids contre les ports anglais dans les premiers temps de la guerre de Cent Ans. On
envisage un dbarquement de grande ampleur. Jean, dont les Normands seraient en premire ligne, en serait le
commandant en chef mais, faute de finances, le projet est abandonn[12]. Il combat contre les Anglais en Hainaut en
1340, en Bretagne en 1341-42 et en Guyenne en 1346[13].
Le 7 septembre 1341, Philippe VI choisit Charles de Blois pour la succession de Bretagne[14]. L'autre prtendant,
Jean de Montfort, avait pris possession de toutes les places fortes du duch au printemps et il avait donn l'hommage
lige douard III sachant que le roi de France ne l'accepterait pas[15]. Jean le Bon runit une forte arme renforce
de mercenaires gnois et pntre en Bretagne fin 1341. Il enlve la forteresse de Champtoceaux qui sur la rive
gauche de la Loire, verrouille l'accs de Nantes. Aprs deux semaines de sige, il prend Nantes et capture Jean de
Montfort[16]. Les villes ne tardent pas reconnatre Charles de Blois. Avec l'hiver le duc de Normandie achve la
campagne sans avoir annihil les derniers montfortistes : pensant avoir rgl l'affaire en s'assurant de la personne de
Jean de Montfort, il rentre Paris. Au contraire, Jeanne de Flandre, pouse de Jean de Montfort, ranime la flamme de
la rsistance et rallie ses partisans Vannes : le conflit nullement rgl va se prolonger 23 ans et va permettre aux
Anglais de prendre pied durablement en Bretagne. douard III dbarque Brest en 1342 alors que l'arme franaise
l'attend Calais. Il assige Vannes et une arme mene toujours par le duc de Normandie entre en Bretagne. Mais
32
Jean II de France
Jean de Montfort tant prisonnier et Jeanne de Flandre ayant sombr dans la folie, une trve est signe le 19 janvier
1343[17]. De fait, les Anglais occupent et administrent les places fortes encore fidles Jean de Montfort. Une large
garnison anglaise occupe Brest, et Vannes est administre par le pape.
Les responsabilits confies Jean saccroissent progressivement aprs ses succs en Bretagne : il sige au trs
restreint conseil du roi[18] et il est nomm Seigneur des conqutes (il est charg dadministrer les territoires reconquis
en Gascogne) en mars 1343. Mais il na que 24 ans, manque dexprience et dautorit et ne rside pas sur place. Les
populations regrettent vite leur ancien matre: la fiscalit salourdit en particulier avec lintroduction des aides et la
proportion dofficiers gascons dans ladministration diminue au profit dtrangers (Savoyards, Provenaux ou
Auvergnats)[19].
Dbut aot 1345, Henry de Lancastre dbarque Bordeaux avec 500 hommes darmes, 1000 archers et 500
fantassins gallois. Il a le titre de lieutenant pour lAquitaine et toute libert daction. Son premier objectif : neutraliser
Bergerac do partent rgulirement des raids dvastateurs. La ville est prise ds le mois daot. Il y fait des centaines
de prisonniers qui sont mis ranon. Renforc de troupes gasconnes et des troupes de Stafford (son arme compte
2000hommes darmes et 5000archers et fantassins) il assige Prigueux[20]. Jean le Bon, charg de la dfense de
lAquitaine, envoie Louis de Poitiers avec 3000hommes darmes et 6000fantassins secourir la ville. Mais 15km
de Prigueux il sarrte pour assiger le chteau dAuberroche. Il y est surpris par Henry de Lancastre le 21 octobre,
larme franaise est dfaite et les Anglais font une nouvelle fois de nombreux prisonniers[21]. Fort de ce succs, il
prend plusieurs bastides, nettoyant de ses garnisons franaises lespace compris entre la Dordogne et la Garonne,
puis il met le sige devant La Role. La ville est prise ds le 8 novembre, mais la citadelle rsiste : elle promet de se
rendre si aucun secours narrive dans les 5 semaines[]. Jean le Bon, lui, ne bouge pas, une grande partie de son arme
a t dfaite Auberroche et il en a licenci le reste. La Role mais aussi Langon et Sainte-Bazeille font de mme, en
janvier 1346. Cela a un effet catastrophique : devant linertie des Franais, de nombreux seigneurs gascons changent
de camp, comme les puissantes familles Durfort et Duras, les communauts locales organisent leur propre dfense et
refusent donc de payer les impts royaux[]. Des vques passent ouvertement dans le camp d'douard III et Domme
ouvre ses portes Derby[]. De ce fait la souverainet franaise sur lAquitaine recule, laissant place laction des
Grandes Compagnies et aux guerres prives, ce qui accentue le phnomne. Dautre part, les prisonniers de Bergerac
et d'Auberroche rapportent prs de 70000livres de ranon Henry de Lancastre, et ses lieutenants ne sont pas en
reste : on prend conscience en Angleterre que la guerre en France peut tre rentable ce qui suscite nombre de
vocations[]. Aiguillon tombe dbut 1346, Philippe VI se dcide enfin agir : il doit trouver des finances pour monter
une arme. Il obtient avec grande difficult des finances des tats de langue doil et de langue d'oc, il emprunte aux
banques italiennes de Paris et surtout il reoit le soutien du pape qui lautorise prlever 10 % des revenus
ecclsiastiques du royaume et lui prte 33000florins[]. Il recrute des mercenaires en Aragon et en Italie. Au
printemps 1346, la tte de 8000 15000hommes dont 1400Gnois[], il se rend en Guyenne, pour tenter de
reprendre le terrain perdu[]. Il reprend Angoulme et met le sige devant Aiguillon. La place au confluent de la
Garonne et du Lot est extrmement bien fortifie et tenue par une solide garnison de 600 archers et 300 hommes
darmes[]. Jean fait le serment de ne pas quitter les lieux avant davoir pris la ville. Il emploie les grands moyens :
rseaux de tranches pour protger lapproche et les arrires, construction de ponts sur la Garonne et le Lot pour
bloquer le ravitaillement de la ville. Mais le sige pitine et ce sont bientt ses propres forces qui se retrouvent
affames, dautant que les assigs ont fait main basse sur le ravitaillement des assigeants au cours de sorties
audacieuses[]. Il s'entte vouloir prendre la place pendant 4 mois pendant que Henry de Grosmont, comte de Derby,
la tte de l'arme anglaise, prend du terrain. Fin aot 1346, il doit lever le sige : douard III a attaqu au Nord du
royaume et Philippe VI a besoin de lui.
Aprs le dsastre de Crcy, il faut trouver des boucs missaires. Jean ( qui on reproche d'avoir immobilis l'arme
royale devant Aiguillon[22]) et son oncle le duc Eudes de Bourgogne tombent en disgrce, comme les banquiers
chargs par le roi des manipulations montaires ncessaires l'entretien des finances royales[]. En Europe circule
l'ide lance par sainte Brigitte de Sude d'une adoption d'douard III par le roi de France qui en ferait son
successeur et mettrait fin au conflit avec l'Angleterre[]. Le duc de Normandie, se sentant menac, cherche l'appui de
33
Jean II de France
34
son beau-frre, le trs puissant Charles de Luxembourg, futur empereur. Le 7 mai 1347, celui-ci s'engage par serment
venir son secours et celui de ses quatre fils au cas o on l'empcherait de succder la couronne de France[].
Premiers contacts avec le pouvoir
En 1347, aprs la chute de Calais, Philippe VI, g (53 ans) et discrdit, doit cder la pression. C'est le duc de
Normandie qui prend les choses en main. Ses allis (les Melun et les membres de la bourgeoise d'affaires qui
viennent d'tre victimes de la purge qui a suivi Crcy et qu'il fait rhabiliter) entrent au conseil du roi, la chambre
des comptes[23] et occupent des postes levs dans l'administration. L'attraction politique de la France permet
d'tendre le royaume vers l'est en dpit des dfaites militaires. Ainsi, le comte Humbert II ruin par son incapacit
lever l'impt[24] et sans hritier aprs la mort de son fils unique, vend le Dauphin[25] Philippe VI. Jean prend part
directement aux ngociations et finalise l'accord.
Bonne de Luxembourg meurt de la peste le 11septembre 1349 et Jean le Bon suit lavis du roi qui, pour des motifs
politiques, souhaite que lhritier prsomptif fasse alliance avec la duchesse Jeanne[26], fille de Guillaume XII
d'Auvergne et de Marguerite d'vreux, riche hritire du Duch et du Comt de Bourgogne ainsi que de lArtois,
dont les riches domaines pouvaient, le cas chant, faire retour la couronne. ge de vingt-quatre ans, la duchesse
Jeanne est veuve de Philippe de Bourgogne, mort en pleine jeunesse au sige d'Aiguillon en 1346. Jean pouse
Jeanne d'Auvergne, en secondes noces, le 9fvrier1350 au chteau royal de Sainte-Gemme (parfois appel aussi
Saint-James et aujourd'hui disparu) Feucherolles[27]. Dj comtesse de Boulogne et d'Auvergne depuis la mort de
son pre en 1332, elle assure la rgence du Duch et du Comt de Bourgogne ainsi que de l'Artois depuis la mort, en
1349, de son beau-pre, le duc Eudes IV. l'occasion de ce mariage, en contrepartie de ces terres appartenant son
domaine, elle reoit en dot les seigneuries de Montargis, Lorris, Vitry-aux-Loges, Boiscommun,
Chteauneuf-sur-Loire, Corbeil, Fontainebleau, Melun et Montreuil[28].
Prise de pouvoir
Jean II de France
puissante ligne et sait regrouper autour de lui les mcontents des rgnes des premiers Valois. Il est soutenu par ses
proches et leurs allis : la famille des comtes de Boulogne (le comte, le cardinal, leurs deux frres et leur parent
d'Auvergne qui en 1350 se voient vincs de la gestion de la Bourgogne par le mariage de leur sur avec le roi Jean
le Bon[28]), les barons champenois fidles Jeanne de Navarre (la mre de Charles et dernire comtesse de
Champagne)[] et les fidles de Robert d'Artois, chass du royaume par Philippe VI. Il est soutenu par la puissante
Universit de Paris et les marchands du nord-ouest du royaume (pour lesquels le commerce trans-Manche est
vital)[31].
Premires mesures
Ordonnance sur les mtiers de la ville de Paris
Les effets dmographiques de la grande peste entranent une rarfaction de la main-duvre et des produits agricoles.
Pour viter une inflation dont les effets sont trs mal perus l'poque, le roi bloque prix et salaires par ordonnance
du 30janvier1351 linstar de ce qua fait douard III avec le statut des travailleurs en 1349[]. Lordonnance interdit
aussi la mendicit car linactivit aggrave la pnurie de main duvre et les vagabonds peuvent tre recruts dans les
bandes de mercenaires non solds qui dj svissent dans le pays[]. Enfin chacun peut stablir comme artisan dans
Paris, ce qui brise le systme des corporations et contribue empcher la hausse des prix (les corporations fixent
lautorisation dexercice et les prix pratiqus)[]. Ds lors, cette mesure permet de limiter l'inflation dans un premier
temps, mais n'empche pas moyen terme le march de rguler les prix en fonction de l'offre et de la demande. On
sait qu'en Angleterre, aprs promulgation d'une ordonnance analogue, les prix ont recommenc augmenter aprs
une gnration[35].
35
Jean II de France
Rorganisation de l'arme
Le roi a le souci de rorganiser l'arme qui a t vaincue Crcy. Pour restaurer le prestige et l'autorit des Valois, il
faut que l'argent concd par les impts serve financer une arme valeureuse et efficace. En particulier, il faut
viter les dfections sur le champ de bataille et les pillages une fois la paix revenue.
Cration de lordre de ltoile
Lordre de la Jarretire, cr par douard III, risque d'attirer nombre de
chevaliers car, lpoque, aprs des gnrations dalliances
matrimoniales, les domaines seigneuriaux sont frquemment pars et
dpendants de plusieurs royaumes[]. Les seigneurs de lOuest de la
France pourraient suivre la logique conomique qui fait de la Manche
une grande zone dchange et basculer dans le camp anglais. Jean le
Bon cre donc lordre de l'toile. La fodalit est en crise au
XIVesicle et la noblesse est confronte une importante baisse de ses
Chapitre inaugural de l'ordre de l'toile prsid
revenus fonciers suite aux nombreuses dvaluations alors que le cens
par Jean II, entour des chevaliers (enluminure
d'un manuscrit du XIVesicle des Grandes
est montant fixe. Or, l'appartenance mme la noblesse se dfinit par
chroniques de France, BnF, Franais 2813, fol.
une conduite honorable et dispendieuse. Vivant du labeur paysan, le
394
matre se doit de manifester sa largesse en entretenant la masse de ses
dpendants[36]. Des membres dsargents de la noblesse pourraient
donc changer de camp si douard III leur proposait une rente. Une solde est donc verse aux chevaliers membres de
l'Ordre de l'toile. Ses rgles flattent lidal chevaleresque, le sige est plac Saint-Ouen prs de labbaye
Saint-Denis o sont conservs les tombeaux des rois et les insignes de la royaut. Les membres se reconnaissent un
collier et une toile blanche sur mail rouge avec cette devise : Monstrant regibus astra viam.
Il s'agit galement de substituer des valeurs de discipline militaire lesprit de prouesse qui est dans une large mesure
lorigine du dsastre de Crcy[37]. On substitue au simple orgueil, mme valeureux, le sentiment de l'honneur. Le
mrite personnel y reprsente, avant la naissance et la fortune, la premire condition pour tre admis. Les succs
dans les tournois ne comptent pas, mais la valeur et la fidlit sur le champ de bataille. C'est une chevalerie d'tat o
le chevalier promet loyal conseil au prince soit d'armes, soit d'autre chose [38]. Les statuts stipulent que ses
membres ne doivent jamais tourner le dos l'ennemi et, la premire runion de l'ordre, ils jurent de ne pas reculer
plus de quatre pas. D'un point de vue tactique, ces mesures sont censes donner plus de cohsion un ost qui s'est
dband Crcy, mais dans les faits une unit qui ne recule pas quand elle est mise en difficult se retrouve
encercle et risque d'tre perdue. C'est ainsi que lors de la bataille de Poitiers, ces dispositions provoquent la mort ou
la capture de plusieurs membres, dont le grand-matre, le roi en personne. L'ordre tombe ainsi rapidement en
dsutude.
Rglement pour les gens de guerre
Jean II souhaite encadrer au service de l'tat l'immense fourmillement des hommes de guerre solds . Le pays
abonde en gens de guerre mais pas forcment bien quips ni disciplins. Ils peuvent fuir le champ de bataille ou se
transformer en pillards pendant les priodes de trve. D'autre part, les impts tant difficiles faire rentrer, il
convient d'viter les gaspillages. Il est courant que des hommes se prsentent dans plusieurs compagnies en se
prtant mutuellement leurs quipements pour recevoir plusieurs soldes.
Le 30 avril 1351, une nouvelle ordonnance augmente les soldes contre l'institution de revues (la montre) contrlant
les troupes. Chaque combattant doit faire partie dune compagnie sous lordre dun capitaine[39], les chevaux sont
marqus pour viter que les mmes montures puisse tre montres dans deux units diffrentes. Les soldes sont donc
verses vue l'issue de la montre ce qui permet de solder une seule fois les combattants et seulement sils sont
correctement quips[40].
36
Jean II de France
Cette ordonnance cre une vritable arme royale en lieu et place des troupes seigneuriales, peu disciplines[40]. Les
barons, vassaux et arrire-vassaux sont logs la mme enseigne et intgrs dans des compagnies. Les capitaines de
ces units sont responsables de la tenue et de la disponibilit de leur troupe, et doivent rendre des comptes au
conntable et aux marchaux[40].
Cette ordonnance, qui est un complment la cration de l'Ordre de l'toile, prvoit, pour le haut commandement,
des conseillers techniques dans l'emploi des armes, assistant les princes et les chefs[38].
Suspension de la dette du roi
Au prtexte de constituer un trsor de guerre en cas de reprise des hostilits, Jean le Bon suspend la dette durant la
trve (du 11 septembre 1351 au 12 septembre 1352)[]. Il est habituel cette poque demprunter de riches
cranciers qui se remboursent en prlevant des taxes au nom du roi ce qui allge dautant le nombre de fonctionnaires
ncessaires pour la marche de ltat[41]. Ces cranciers tant ainsi fort impopulaires, la mesure est trs bien
accueillie. En revanche, elle met en lumire le besoin de rformer limpt et on ressort du trsor des chartes la
Grande ordonnance de rforme de 1303[].
37
Jean II de France
La rivalit entre Charles de Navarre et Charles de La Cerda
Charles de La Cerda accumule les honneurs. Jean le
Bon lui confie missions diplomatiques et
commandements militaires ou maritimes. Il reoit du
roi le comt d'Angoulme en dcembre 1350 et la
charge de conntable en 1351. Aprs la mort de
Philippe VI, la trve signe en 1347 nest plus valable,
Charles de La Cerda s'illustre par une brillante
campagne en Poitou o il prend Saint-Jean-d'Angly le
11 aot 1351[]. Jean le Bon, essayant de se concilier les
bonnes grces de Charles de Navarre, le nomme
lieutenant du Languedoc. Le Navarrais s'acquitte bien
de ses fonctions civiles, mais il choue reprendre la
place de Montral prs d'Agen[].
En 1352, le roi lui donne sa fille Jeanne en mariage
avec une dot de 100000 cus (il doit recourir une
mutation montaire pour la runir[]). Mais bien que
gendre du roi, Charles de Navarre reste soigneusement
tenu l'cart du conseil du roi alors que Charles de La
Prise de Saint-Jean-d'Angly enluminure de l'Histoire de la Toison
d'or de Guillaume Fillastre, XVesicle (BNF)
Cerda s'active dtricoter son rseau de fidles. Tout
cela ne peut qu'en faire l'ennemi mortel du parti
navarrais, qui rpand des rumeurs calomnieuses d'homosexualit pour expliquer ses liens avec le roi. C'est l'affaire
du comt d'Angoulme qui met le feu aux poudres : par un accord entre le roi de France et Jeanne de Navarre, cette
dernire a cd ce comt contre les chtellenies de Beaumont, Asnires-sur-Oise et Pontoise. Ces chtellenies n'ayant
jamais t remises, le comt aurait d revenir Charles de Navarre, mais il choit Charles de La Cerda[44]. La
tension monte et au printemps 1353, une empoignade oppose Philippe de Navarre (le frre de Charles le Mauvais), et
le conntable, dans les appartements du roi. Ce dernier, ramne Philippe de Navarre la raison alors qu'il a dgain
sa dague et Charles de La Cerda quitte les lieux sous les insultes du Navarrais[45].
Ngociations de paix
Article dtaill : Assassinat de Charles de La Cerda.
Sous la pression du pape Innocent VI, Anglais, Franais et Bretons ngocient la paix dans la guerre de Cent Ans et
dans la guerre de succession de Bretagne. Le conflit breton est en effet dans une phase de statu quo : Jean de
Montfort soutenu par les Anglais est mort et son fils n'a que 4 ans. Charles de Blois, soutenu par les Franais, est
prisonnier Londres et ngocie sa ranon. douard III obtient, par le trait de Westminster du 1ermars1353, qu'en
contrepartie de la reconnaissance de Charles de Blois comme duc de Bretagne, ce dernier s'engage verser une
ranon de 300000 cus et ce que la Bretagne signe un trait d'alliance perptuelle avec l'Angleterre. Cette alliance
doit tre scelle par le mariage de Jean (le fils de Jean de Montfort) avec la fille d'douard III, Marie[]. Les poux
tant cousins, le mariage ncessite des lettres de dispense canonique que le pape n'accorderait qu'avec l'approbation
du roi de France. Or, Charles de La Cerda s'est mari en mars 1352 avec Marguerite de Blois (la fille de Charles de
Blois). Trs proche du roi de France, il a son mot dire dans cette ngociation et fait partie des plnipotentiaires[].
En revanche, Charles le Mauvais est soigneusement tenu l'cart des ngociations. Une paix franco-anglaise nuirait
ses intrts car, sans la menace d'une alliance anglo-navarraise, il n'a aucune chance de faire valoir ses prtentions
sur la Champagne et a fortiori sur la couronne de France. Or, dbut janvier 1354, au moment o Charles de La Cerda
part pour la Normandie, le roi a donn son accord au mariage[46]. Ds lors, Charles le Mauvais dcide de faire
chouer les ngociations et de se saisir de la personne de Charles de La Cerda, dans le but d'influer sur le cours des
38
Jean II de France
tractations. Il passe l'action et fait assassiner Charles de La Cerda le 8janvier1354, L'Aigle.
Trait de Mantes
Charles de Navarre souhaitait la capture du conntable
et non son assassinat. Il en endosse la responsabilit
pour couvrir son ombrageux et impulsif frre Philippe
de Navarre qui fut l'excutant. Alors que Jean le Bon
reste prostr quatre jours l'annonce de la mort de
Charles de La Cerda, montrant qu'il ne peut matriser
son motion, le Navarrais se pose en chef d'tat et
revendique pleinement le meurtre qu'il justifie comme
une question d'honneur[].
Charles de Navarre est fortement soutenu et les
seigneurs normands se rangent derrire lui. Les
chteaux normands sont rarms. Il envoie Jean de
Fricamp, surnomm Friquet, emprunter de l'argent
Bruges pour lever une arme[]. Ds le 10 juillet 1354,
la chancellerie navarraise envoie des courriers
demandant une aide militaire douard III, au Prince
Charles le Mauvais au lit de justice de Jean le Bon. Gravure de 1879
noir, la reine Philippa de Hainaut, et Jean de Gand,
issue de Paris travers les sicles de H. Gourdon de Genouillac
duc de Lancastre[]. Alli aux Anglais, il a les moyens
de contraindre le roi de France accepter l'assassinat de son favori. Le 22fvrier1354, Jean le Bon doit accepter des
concessions au trait de Mantes pour viter une reprise de la guerre de Cent Ans. Par ce trait, Charles le Mauvais
renonce rclamer les chtellenies d'Asnires-sur-Oise, Pontoise et Beaumont que le roi ne lui avait toujours pas
remises. En contrepartie, il reoit le comt de Beaumont-le-Roger, les chteaux de Breteuil, Conches et de
Pont-Audemer, le clos du Cotentin avec la ville de Cherbourg, les vicomts de Carentan, Coutances et Valognes en
Normandie. Il peut recevoir l'hommage des seigneurs normands qui l'ont soutenu. Ce trait lui donne galement la
permission de tenir chaque anne un chiquier pour y rendre justice sans que des appels puissent tre envoys au
parlement de Paris[]. Au total, il reoit toutes les prrogatives du duc de Normandie sans en avoir le titre. D'autre
part, l'assassinat de Charles de La Cerda a compromis les accords de paix franco-anglais : ni la guerre de Cent Ans,
ni la guerre de succession de Bretagne ne sont rgles. Pour faire bonne figure, il doit demander pardon au roi devant
son lit de justice le 4 mars, mais ne subit aucun autre chtiment. Charles le Mauvais est en position de force, il n'a
jamais t aussi puissant.
Le duc de Lancastre peut s'estimer flou mais les partisans de Charles tant revenus en force dans le conseil du roi,
les ngociations franco-anglaises de Gunes voluent trs favorablement pour les Anglais qui recevraient en toute
souverainet toute l'Aquitaine des Plantagents (le 1/3 du royaume de France), garderaient Calais contre le
renoncement la couronne de France. Cet accord qui prfigure le trait de Brtigny est sign le 6 avril 1354. Le
trait de Gunes doit tre confirm et solennis Avignon l'automne et une trve jusqu'au 1er avril 1355 est
conclue[47].
Ngociations Avignon
En novembre 1354, Charles le Mauvais est convi par le pape aux ngociations de paix d'Avignon. Pour lui un trait
de paix franco-anglais serait une catastrophe surtout si douard III acceptait de renoncer la couronne. Il conclut
donc avec le duc de Lancastre un pacte qui prvoit le dmembrement de la France. douard recevrait la couronne de
France mais laisserait son cousin Charles de Navarre la Normandie, la Champagne, la Brie, le Languedoc et
quelques autres fiefs[48]. Un dbarquement anglais est prvu pour la fin de la trve qui expire le 24 juin 1355[49].
39
Jean II de France
Mais les Anglais, chauds par les revirements incessants du Navarrais, se mfient et le dbarquement promis n'eut
jamais lieu.
tats gnraux de 1355 et 1356
La cration d'une arme solde est coteuse doit tre finance. Le roi a
recours aux tats gnraux qu'il convoque le 8 mai 1355. On tente de
simplifier le calcul de l'impt pour le rendre plus efficace[]. Mais les
impts ne rentrent pas. Le roi rappelle une nouvelle fois Jean
Poilevillain et Nicolas Braque, anciens manipulateurs de la monnaie
Mouton d'or sous Jean II le Bon
jets en prison sur ordre du roi Philippe VI, qu'il nomme
respectivement aux Comptes et aux Monnaies[]. La monnaie est
dvalue une nouvelle fois. Les rentes et loyers diminuent au grand dam de la bourgeoisie, de la noblesse et des
prlats[]. La colre monte.
Aprs avoir mat d'une main de fer une
rbellion dans son comt anglais de
Chester, douard de Woodstock, dit le
Prince noir, fils an d'douard III, est
gratifi de la confiance de son pre qui
lui confie le poste de lieutenant de
Gascogne. Ainsi commence la
premire chevauche du clbre
capitaine anglais. Avec l'chec des
Le palais de la Cit
ngociations d'Avignon, la trve prend
fin et en 1355, le Prince noir, parti de
Bordeaux, pille la campagne franaise dans les comts de Juillac, d'Armagnac et d'Astarac. Ses troupes commettent
de nombreuses atrocits dans la rgion de Carcassonne. Confront la menace anglaise, Jean le Bon convoque les
tats gnraux de langue d'ol Paris, dans la grande salle du palais de la Cit, le 2dcembre1355, pour lever une
arme de 30000hommes qu'il juge ncessaire. tienne Marcel et ses allis (son cousin Imbert de Lyon, son associ
Jean de Saint-Benot, son prdcesseur la prvt des marchands de Paris, Jean de Pacy, ainsi que ses chevins
Pierre Bourdon, Bernard Cocatrix, Charles Toussac et Jean Belot) y sont les principaux reprsentants des villes[]. Les
tats sont extrmement mfiants quant la gestion des finances publiques (chauds par les dvaluations entranes
par les mutations montaires[50] qui ont fait perdre la monnaie royale 82 % de sa valeur en un an[51]). La noblesse,
dont les dvaluations diminuent les revenus (les redevances dues sur leurs terres sont de montant fixe), a un besoin
impratif d'une monnaie forte. Les commerants ont surtout besoin d'une monnaie stable. Aprs les chevauches du
Prince noir en Languedoc et du duc de Lancastre en Artois, les tats ont conscience de la ncessit de lever une
arme, mais plus encore de financer des garnisons pour dfendre les villes[]. Ils acceptent la leve dune taxe sur les
transactions commerciales de huit deniers par livre, la condition de pouvoir en contrler la mise en uvre,
lutilisation et que soit mise une monnaie forte[]. Un collge de neuf officiers (trois par ordre) chargs de prlever la
taxe doit tre dsign par les tats gnraux[52].
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Malgr les supplications de son fils qui, genoux, implore de ne point le dshonorer ainsi, le roi se tourne vers Jean
d'Harcourt, infatigable dfenseur des liberts provinciales, mais qui a t ml l'assassinat de Charles de La Cerda.
Il lui assne un violent coup de masse d'armes sur l'paule avant d'ordonner son arrestation. Le soir mme, le comte
d'Harcourt et trois de ses compagnons, dont l'cuyer Doublet, sont conduits au lieu-dit du Champ du Pardon. En
prsence du roi, le bourreau, un criminel libr pour la circonstance qui gagne ainsi sa grce, leur tranche la tte[].
Deux jours plus tard, la troupe regagne Paris
pour clbrer la fte de Pques. Charles le
Mauvais est emprisonn au Louvre, puis au
Chtelet. Mais la capitale n'est pas sre,
aussi est-il finalement transfr la
forteresse d'Arleux, prs de Douai en terre
d'Empire[]. Incarcr, Navarre gagne en
popularit. Ses partisans le plaignent et
rclament sa libert. La Normandie gronde
et nombreux sont les barons qui renient
l'hommage prt au roi de France et se
tournent vers douard III d'Angleterre. Pour
eux, Jean le Bon a outrepass ses droits en
arrtant un prince avec qui il a pourtant
sign la paix. Pire encore, ce geste est peru
par les Navarrais comme le fait d'un roi qui
se sait illgitime et espre liminer un
adversaire dont le seul tort est de dfendre
ses droits la couronne de France. Philippe
de Navarre le frre de Charles le Mauvais,
envoie son dfi au roi de France le 28 mai
1356[]. Les Navarrais et particulirement les
seigneurs normands passent en bloc du ct
d'douard III qui, ds le mois de juin, lance
ses
troupes
dans
de
redoutables
chevauches, en Normandie et en
Guyenne[57].
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43
Avant que la bataille se dclenche, le cardinal de Talleyrand-Prigord, lgat du pape Innocent VI, tente une
mdiation et obtient une trve de 24 heures. Ce dlai est mis profit par les Anglais qui peuvent se retrancher, leur
stratgie habituelle tant d'obliger l'adversaire attaquer et de rpliquer en faisant usage de l'arc long dont la cadence
de tir surclasse largement celle des arbaltes.
Au petit matin, un mouvement des Anglais laisse
penser qu'ils tentent de passer leur butin de l'autre ct
du Miosson au gu de l'Omme. Les deux commandants
de lavant-garde franaise interprtent diffremment ce
mouvement : le marchal Jean de Clermont apprhende
un pige, alors que le marchal Arnoul d'Audrehem
estime qu'il faut tout de suite occuper les passages. Le
ton monte, ils se dfient et, sans prendre les ordres du
roi, chargent chacun de leur ct.
Jean II de France
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La captivit
Articles dtaills : Traits de Londres (1358 et 1359), tienne Marcel, Journe du 22 fvrier 1358, Grande Jacquerie
et Sige de Paris (1358).
Le sacrifice du roi sauve sa couronne car il est peru
comme hroque dans tout le royaume, y compris par
douard III et son fils le Prince noir. Jean le Bon est
incarcr Bordeaux avec tous les honneurs. Il peut
librement y organiser une cour. En janvier 1358,
Charles de Navarre, libr, est en mesure de prendre le
pouvoir (il est considr par beaucoup comme plus apte
combattre l'ennemi anglais et plus lgitime que le
chtif dauphin[63]). Voyant la situation voluer vers une
monarchie contrle avec Charles de Navarre sa tte,
Jean le Bon dcide de prcipiter les ngociations, quitte
cder beaucoup de terrain douard III. Elles doivent
avoir lieu de roi roi et il est transfr de Bordeaux
Londres. Ses conditions dincarcration sont royales : il
est log avec sa cour de plusieurs centaines de
personnes (proches capturs avec lui Poitiers et
d'autres venus de leur plein gr), libert de circulation
en Angleterre, hbergement lhtel de Savoie. Il
accepte le premier trait de Londres qui prvoit que
lAngleterre rcupre lensemble de ses anciennes
possessions dAquitaine et une ranon de quatre
millions dcus sans renonciation la couronne de
France[64].
Jean II de France
45
En mars 1359, profitant que le pouvoir semble chapper
compltement Jean le Bon, douard III augmente ses
prtentions et lui impose des conditions de dtention moins
conciliantes et obtient un second trait encore plus
contraignant :
Aux anciennes possessions d'Aquitaine des Plantagent,
sajoutent toutes les terres qui ont un jour appartenu
l'Angleterre : le Maine, la Touraine, l'Anjou et la
Normandie.
Le roi d'Angleterre reoit l'hommage du duc de Bretagne,
rglant ainsi la guerre de succession de Bretagne en faveur
de Jean de Montfort, alli des Anglais.
La ranon de quatre millions d'cus avec un chancier
plus bref.
Cela reprsente plus de la moiti du territoire et plusieurs
annes de recettes fiscales. Accepter ces conditions
discrditerait dfinitivement les Valois et risquerait de faire
sombrer le royaume dans une nouvelle guerre civile qui
offrirait douard III la couronne sur un plateau.
Jean II de France
Trait de Brtigny
Aprs le refus du deuxime trait de
Londres, les conditions de dtention de Jean
le Bon deviennent progressivement moins
confortables. En janvier 1359, Jean le Bon
est assign rsidence, sous la surveillance
de soixante-neuf hommes de garde. Six
mois plus tard, le roi est transfr la
sinistre forteresse de Somerton puis, au
printemps 1360, la Tour de Londres[59].
Le danger dune prise de pouvoir par les
Navarrais ou par les tats gnraux tant
cart, le roi dcide de reprendre les choses
en main. Il veut neutraliser au plus vite le
dauphin (il redoute particulirement une
action d'clat destine assassiner le roi
d'Angleterre et il craint pour sa propre
scurit). Alors qudouard III chevauche en
France, les rnes du pays sont reprises par
son minence grise, l'archevque de Sens,
Guillaume II de Melun. Celui-ci place le
dauphin en rsidence surveille, et dirige le
conseil[71]. Le parti royal ngocie la
Royaume de France entre 1356 et 1363 : Jacqueries et Compagnies Possessions de
Charles de NavarreTerritoires contrls par douard III avant le trait de
va-vite sur les bases du premier trait de
BrtignyChevauche d'douard III en 1359-60Territoires cds par la France
Londres, alors que larme anglaise est en
l'Angleterre par le trait de Brtigny (suit le trac du premier trait de Londres)
droute, vitant que ce succs bnficie au
seul dauphin. Par rapport au premier trait
de Londres, la ranon est ramene de quatre trois millions dcus - l'quivalent d'environ 12 tonnes d'or, soit deux
annes de recettes fiscales[72] -, mais les conditions sont trs lourdes et le trait peru comme honteux.
Le trait met un terme aux quatre annes de captivit Londres de Jean le Bon, mais des otages sont livrs pour
garantir le paiement de la ranon, dont le plus important est sans doute son ambassadeur et conseiller : Bonabes IV
de Roug et de Derval.
douard III obtient la Guyenne et la Gascogne en toute souverainet, ainsi que Calais, le Ponthieu et le comt de
Gunes. Il obtient galement le Poitou dont l'un des fils du roi, Jean, est pourtant comte , le Prigord, le Limousin,
l'Angoumois et la Saintonge. Enfin, il devient souverain de toutes les terres du comte d'Armagnac en recevant
l'Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Bigorre et le comt de Gaure.
En revanche, douard III renonce aux duchs de Normandie et de Touraine, aux comts du Maine et d'Anjou, et la
suzerainet sur la Bretagne et les Flandres. Il renonce surtout revendiquer la couronne de France. Ce trait vise
dsamorcer tous les griefs qui ont conduit au dclenchement du conflit.
La ranon n'est que partiellement verse et le trait de Brtigny ne dure pas, mais il permet une trve de neuf ans
pendant la guerre de Cent Ans.
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Le roi, mme s'il doit mnager les tats gnraux qui ont gouvern en
1358, nentend pas laisser les rnes du pouvoir et le conseil est tenu par
le parti royal, Guillaume de Melun en tte. Il applique donc une
politique proche de celle prne par les tats gnraux sans toutefois
leur rendre de comptes, ni au parlement. Aprs la cration du franc, il
rduit le nombre de fonctionnaires, pure et met sous pression le
personnel financier qui est trs impopulaire[78]. La plupart des proches
du dauphin sont vincs et celui-ci retourne grer son duch de
Normandie[79].
Jean II de France
Les Grandes Compagnies
Lconomie du royaume est alors trs entame par les agissements des
Grandes Compagnies, composes de mercenaires dmobiliss par la
trve, qui mettent le royaume en coupe rgle. Souvent Anglais ou
Gascons, ils se rclament du roi dAngleterre ou de Navarre,
contribuant ainsi ancrer un vritable sentiment danglophobie et
discrditer Charles le Mauvais. Il est vrai quAnglais et Navarrais ont
souvent recours leurs services dans la guerre froide qui les oppose au
roi de France (douard III, en particulier, nhsite pas faire uvrer
ses mercenaires sous les couleurs navarraises)[83]. Ainsi, Jean Joul
sempare, en son nom propre, du donjon de Rolleboise pour le compte
ddouard III[84]. Partout, ils occupent des places fortes et ranonnent
les campagnes. Bloquant les voies de communication, dont ils tirent de
nombreux profits, ils psent sur les changes. Beaucoup ranonnent sur
les valles de la Sane et du Rhne, principal axe commercial
Bataille de Brigniais d'aprs Jean Froissard
Nord-Sud depuis l'installation de la Papaut Avignon[85]. On essaie
de les acheter, ils empochent le tribut sans partir. On tente de les emmener combattre lextrieur mais ils
reviennent. On tente de les utiliser les uns contre les autres, mais cette stratgie tourne au dsastre. Les troupes
royales sont crases Brignais le 6 avril 1362, une partie des Grandes Compagnies embauches ayant quitt le
champ de bataille. Il faut encore leur payer la ranon pour Guillaume de Melun pris pendant la bataille[].
Le roi sloigne du pouvoir
Allant de dsastre en dsastre dans un pays ruin et feu et sang, le roi cherche une porte de sortie. Il se rend
Avignon voir le pape Innocent VI qui est un ancien conseiller de son pre Philippe VI[86]. Il compte lui demander de
l'aider rembourser sa ranon. Son voyage a un autre objectif : marier son fils Philippe le Hardi Jeanne de Naples
dont le royaume est soutenu bras le corps par la papaut. Mais quand il arrive Innocent est mort, son successeur
Urbain est peu dispendieux et n'est pas dispos financer sa ranon. De plus le pape, ne souhaitant pas voir la
Provence tomber entre les mains des Franais et voir ainsi Avignon compltement cerne par le puissant royaume de
France au risque de tomber sous sa tutelle, s'active en sous-main pour empcher cette union qu'il autorise
officiellement malgr la consanguinit des futurs conjoints. De toute faon, Jeanne n'est pas femme se voir imposer
un mari, mme par le pape son protecteur, et elle prfre pouser le roi Jacques IV de Majorque[87].
Urbain V a l'ide de l'envoyer en croisade en emmenant les compagnies qui saignent le royaume de France et la cit
des papes[88]. Le moment est propice puisque Amurat Ier, le sultan des Turcs ottomans, aprs un an de sige, vient de
conqurir Andrinople dont il veut faire sa capitale. Jean le Bon est sduit par le projet, il envisage de reconqurir son
honneur en croisade contre les Turcs en rpondant l'appel du roi de Chypre, Pierre Ier de Lusignan. Cette croisade
serait finance par le pape, via les dcimes, le roi comptant bien en rcuprer une partie pour rembourser sa ranon.
Il reoit la croix dOutremer des mains du nouveau pape Urbain V Avignon le 30 mars 1363[]. Mais le nouveau
souverain pontife est trs soucieux des finances de l'glise et impose que les dcimes soient prleves par les
vques eux-mmes ce qui te tout espoir de plus-value Jean le Bon[89].
Finalement, il repart pour Londres le 3 janvier 1364 afin de rengocier le Trait de Brtigny pour lequel il a du mal
payer la ranon et la libration des otages (son fils Louis dAnjou, lass dattendre sa libration, s'est dj enfui de
Londres, avec Bonabes IV de Roug et de Derval)[]. Avant de partir, il runit les tats gnraux Amiens fin
dcembre 1363 et leur fait part de sa dcision[]. Il laisse une situation dsastreuse avec un pays ruin et mis en coupe
rgle par les compagnies, mais une bonne partie des dcisions qui vont permettre Charles V de relever le royaume
sont dj prises. La monnaie est stabilise, une administration plus efficace via la politique des apanages est mise en
place, les impts sont vots. Il laisse son fils an rgler la situation, ce qu'il a dj fait brillamment en 1358.
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Jean II meurt l'htel de Savoie, Londres, le 8avril1364. Son corps est restitu la France et il est inhum dans la
basilique Saint-Denis. Sa spulture, comme celle de tous les autres princes et dignitaires reposant en ce lieu, fut
profane par les rvolutionnaires en octobre 1793.
Retour de Jean le Bon en Angleterre enluminure des Grandes Chroniques de France de Charles V,
1370-1379, BNF
Mariages et descendance
Jean le Bon est mari, l'ge de treize ans, Bonne de Luxembourg le dimanche 26juillet1332 Melun. Ils ont
onze enfants :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Jean II de France
Notes et rfrences
[1] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Jean_II_de_France& action=edit& section=0
[2] Jean II le Bon sur le site de la Fondation pour la gnalogie mdivale (http:/ / fmg. ac/ Projects/ MedLands/ CAPET. htm#_Toc154137014)
[5] R. Cazelles, Jean l'aveugle, comte de Luxembourg, roi de Bohme, Bourges, 1947, p. 182
[9] Jean Mabire, Godefroy de Harcourt seigneur normand voxnr.com (http:/ / www. voxnr. com/ cc/ dh_autres/ EEApuyupllHOAFwxYa. shtml)
[10] Froissard "Chroniques Normandes", traduction Simon Luce
[11] Georges Bordonove, La Guerre de 600 ans, Laffont 1971, page 135
[13] E. Cosneau,Jean le Bon, Imago Mundi (http:/ / www. cosmovisions. com/ JeanIIBon. htm)
[26] E. Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race captienne, t. IX, p. 10.
[27] Jules Viart, archiviste palographe, conservateur aux Archives nationales et Eugne Dprez, Chroniques de Jean le Bel (http:/ / books.
google. fr/ books?id=8SGxw0p3UHYC& pg=PA184& dq="Sainte-Gemme"+ fvrier+ 1350), 1905, tome 2, 184
[28] Les Valois directs : Jean II le Bon. Jeanne de Boulogne chrisagde.free.fr (http:/ / chrisagde. free. fr/ valdirects/ j2vie. php3?page=4)
[32] Raoul de Brienne avait t fait prisonnier lors du sige de Caen en 1346
[35] Philippe Contamine, Marc Bompaire, Stphane Lebecq, Jean-Luc Sarrazin, L'conomie mdivale, Collection U, Armand Colin 2004, p.
356
[36] Patrick Boucheron, Michel Kaplan, Histoire mdivale Tome 2, "Le Moyen ge sicles", Bral, 1994, chapitre 3 : Noblesse, fodalit et
monarchies p. 89-90
[37] Nol Coulet, Le Temps des malheurs (1348-1440) tir de Histoire de la France des origines nos jours sous la direction de Georges Duby,
Larousse, 2007, p 400
[38] Duc de Lvis Mirepoix, Le roi Jean II le bon fut-il un mauvais roi ? , Historama janvier 2003 (http:/ / medieval. mrugala. net/ Jean II/
Jean II. htm)
[40] Jean le Bon tente de rformer l'arme, chrisagde (http:/ / chrisagde. free. fr/ valdirects/ j2etat. php3?page=8)
[42] Jean d'Artois tait priv des terres paternelles suite la trahison de son pre et emprisonn Chteau-Gaillard avec ses deux frres et sa
mre
[43] fille de l'infant de Castille Fernando de La Cerda, 1275-1322)
[45] Charles le Mauvais fait assassiner Charles de La Cerda, conntable de France et favori du roi chrisagde.free.fr (http:/ / chrisagde. free. fr/
valdirects/ j2etat. php3?page=3)
[48] Andr Castelot et Alain Decaux, Histoire de la France et des Franais au jour le jour vol. 3, partie 2 de 1316 1358, p. 92
[50] Le roi pouvait changer le cours dune monnaie : il favorisait ainsi les monnaies royales forte teneur en or face aux monnaies dargent
frappes par ses vassaux Le franc histoire dune monnaie. Les mcanismes de mutation Bibliothque nationale de France (http:/ / classes. bnf.
fr/ franc/ reperes/ mecanism. htm) et Le Moyen ge en Occident, Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, p. 273
[52] Jourdan, Decrusy et Isambert, Recueil gnral des anciennes lois franaises, depuis lan 420 jusqu la Rvolution de 1789, Paris :
Belin-Leprieur : Plon, 1821-1833, pages 738-745 Bibliothque Nationale de France (http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k51690p/ f390)
[56] Raymond Cazelles, tienne Marcel, Taillandier 2006, p. 121
[57] Le roi Jean II le bon fut-il un mauvais roi ?, duc de Lvis Mirepoix, Historama Janvier 2003 (http:/ / medieval. mrugala. net/ Jean II/ Jean
II. htm)
[58] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, page 287
[59] Jean le Bon, le roi captif, chrisagde (http:/ / chrisagde. free. fr/ valdirects/ j2vie. php3?page=5)
[60] The Battle of Poitiers, Chad Arnow myarmoury.com (http:/ / www. myarmoury. com/ feature_battle_poitiers. html)
[61] Thomas Delvaux, Le Sang des Saint-Omer (http:/ / www. morinie. com/ Actualites5. htm#SaintOmer), Tatinghem, 2007, p. 298.
[62] Le premier tait Saint Louis la Bataille de Mansourah puis viendront Franois Ier la bataille de Pavie et Napolon III la bataille de
Sedan
[63] Raymond Cazelles, tienne Marcel, Taillandier 2006, p. 230
[64] Raymond Cazelles,tienne Marcel, Taillandier 2006, p. 240
[65] Nol Coulet, Le Temps des malheurs (1348-1440) tir de Histoire de la France des origines nos jours sous la direction de Georges Duby,
Larousse, 2007, p. 403
[72] Laurent Vissire in Le Point Historia Hors-srie de fvrier-mars 2010, p. 21
[73] Georges Valance, Histoire du franc, 1360-2002, 1998, 48 (http:/ / books. google. fr/ books?id=ATSsAAAAIAAJ& q=Jean+ le+ Bon+ +
vendit+ sa+ chair& dq=Jean+ le+ Bon+ + vendit+ sa+ chair& pgis=1)
[74] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge Franais, Perrin 1992, pages 293-294
[76] Thierry Pcout, Charles V donne naissance au franc, Historia thmatique n107 : mai-juin 2007 : Ces rois qui ont tout chang (http:/ / www.
historia. presse. fr/ data/ thematique/ 107/ 10703401. html), page 35
[77] Confrence de Jean Favier, donne au ministre de l'conomie, des Finances et de l'Industrie le 22 octobre 2001, l'occasion du passage
l'euro
[86] tienne Aubert devient pape sous le nom d'Innocent VI, chrisagde.free.fr (http:/ / chrisagde. free. fr/ valdirects/ j2hommes. php3?page=6)
[87] Le projet de croisade (31 mars 1363) chrisagde.free.fr (http:/ / chrisagde. free. fr/ valdirects/ j2guerre. php3?page=5)
[90] Voir Patrick Van Kerrebrouck, Les Valois - 1990.
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Charles V de France
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Charles V de France
Pour les articles homonymes, voir Charles V.
Charles V
Charles V
(statue conserve au Muse du Louvre)
Titre
Roi de France
8avril1364 16septembre1380
16ans, 5 mois et 8jours
Couronnement
Prdcesseur
Successeur
19mai1364
en la Cathdrale de Reims
Jean II
Charles VI
Biographie
Titre complet
Dynastie
Roi de France
Duc de Normandie (1355-1364)
Valois
16septembre1380 ( 42ans)
Lieu de dcs
Beaut-sur-Marne,
Royaume de France
Pre
Jean II de France
Mre
Bonne de Luxembourg
Conjoint
Jeanne de Bourbon
Hritier
Jean (1359-1364)
Charles VI
(1368-1422)
Rsidence
Paris
Charles V de France
53
Rois de France
modifier
[1]
Charles V de France[2], dit Charles le Sage (21janvier1338 - Vincennes, 16septembre1380 Beaut-sur-Marne), est roi de France de 1364 1380. Son rgne marque la fin de la premire partie de la guerre de
Cent Ans : il russit rcuprer la quasi-totalit des terres perdues par ses prdcesseurs, restaure l'autorit de l'tat
et relve le royaume de ses ruines.
Il est, un temps, proche du mouvement rformateur. En 1357, il se retrouve la tte d'une monarchie contrle, alors
que son pre Jean le Bon est prisonnier des Anglais. Bien que confront aux ambitions de Charles de Navarre et aux
manuvres d'tienne Marcel, il sauve la couronne des Valois alors que le pays sombre dans la guerre civile. Sacr
en 1364, il restaure l'autorit royale en la fondant sur l'tat de droit et en poursuivant la politique de monnaie forte
instaure par les conseillers de son pre. Ce faisant, un parallle s'tablit entre son rgne et celui de saint Louis, qui
reste la rfrence du bon gouvernement pour l'poque.
Il formalise la dcentralisation du pouvoir par la politique des apanages sur lesquels il garde autorit en les finanant
grce l'instauration d'impts durables. Ces nouvelles ressources lui permettent de doter la France d'une arme
permanente qui, associe aux armes de ses frres, permet de se dbarrasser des Grandes Compagnies qui ruinent le
pays, puis de vaincre les Anglais. Cette victoire est aussi acquise par les succs diplomatiques qu'il obtient en
retournant les vassaux gascons favorables l'Angleterre et en isolant celle-ci du reste de l'Europe. Cette reconqute
s'effectue en grande partie en encourageant le sentiment national naissant, transformant les Anglais en envahisseurs.
Son rgne est enfin marqu par le grand Schisme d'Occident, qu'il n'a pas pu ou voulu empcher.
Gnalogie
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Ascendance
Charles V est issu de la branche royale des Valois de la dynastie captienne.
Il est le fils de Jean II dit le Bon et de Bonne de Luxembourg, fille du roi Jean Ier de Bohme et sur de l'empereur
Charles IV du Saint-Empire. Il est le frre de Louis Ier, duc d'Anjou, de Jean Ier, duc de Berry et de Philippe II, dit le
Hardi, duc de Bourgogne.
Charles V de France
Descendance
Mari Jeanne de Bourbon, avec laquelle il partage des liens de consanguinit[3], le 8 avril 1350 ; il a huit enfants
dont deux seulement atteignent l'ge adulte. La pathologie psychiatrique de Charles VI pourrait tre lie cette
consanguinit.
Jeanne (1357-1360).
Jean (1359-1364).
Bonne (1360-1360).
Jean (1366-1366).
Charles (1368-1422), roi de France la mort de son pre en 1380 sous le nom de Charles VI.
Marie (1370-1377), accorde par trait en 1373[4] et par contrat de mariage ratifi en 1375[5] avec Guillaume
dOstrevant (futur Guillaume II duc de Bavire-Straubing, alias Guillaume IV comte de Hainaut.)
Louis (1372-1407), d'abord duc de Touraine en 1386 puis qui reoit en 1392 le duch d'Orlans en apanage sous
le nom de Louis Ier.
Isabelle (1373-1378).
Catherine (1378-1388) qui devient duchesse de Berry et comtesse de Montpensier en 1386 la suite de son
mariage avec Jean II de Berry.
Charles V aurait eu deux btards :
Oudard d'Attainville[6], bailli de Rouen. On perd sa trace aprs 1415 ;
Jean de Montagu alias Montaigu (v. 1350-1409), fils de Biette de Casinel, il est grand matre de l'Htel de
Charles VI. La filiation est incertaine. Son parrain est le roi Jean II de France, alors que celui-ci tait encore duc
de Normandie.
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Charles V de France
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Il est galement adepte de l'astrologie et de diverses sciences occultes. L'inventaire de sa bibliothque en 1380 fait
tat de trente ouvrages traitant de gomancie, et le septime des livres de sa bibliothque sont des ouvrages
d'astronomie, d'astrologie ou d'art divinatoire[14]. Cependant, cela va l'encontre de la doctrine de l'glise et de
l'Universit l'poque ainsi que celle de ses conseillers : ces croyances restent dans la sphre prive du roi et
n'interfrent pas dans ses dcisions politiques[15].
Biographie
Enfance
Petite enfance
Il est duqu la cour avec une bande d'enfants d'ge similaire dont il restera proche : Philippe d'Orlans son oncle,
ses trois frres Louis, Jean et Philippe, Louis de Bourbon, douard et Robert de Bar, Godefroy de Brabant, Louis
d'tampes, Louis d'vreux (frre de Charles le Mauvais), Jean et Charles d'Artois, Charles d'Alenon et Philippe de
Rouvre[16].
Son prcepteur est probablement Sylvestre de la Servelle[17], qui lui inculque le latin et la grammaire. Sa mre et sa
grand-mre paternelle meurent de la peste en 1349, alors qu'il vient de quitter la cour pour se rendre dans son
apanage du Dauphin. Son grand-pre, Philippe VI, meurt peu aprs en 1350[18].
Charles V de France
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Charles V de France
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Charles V de France
Normandie, a li des liens troits avec les Tancarville, qui reprsentent le clan loyaliste. Or, le vicomte Jean de
Melun a pous Jeanne, la seule hritire du comt de Tancarville[28]. Par la suite, ce sont les Melun-Tancarville qui
forment l'ossature du parti de Jean le Bon, alors que Godefroy de Harcourt est le dfenseur historique des liberts
normandes et donc du parti rformateur. Le rapprochement entre ce dernier et Charles de Navarre, celui-ci se posant
en champion des rformateurs, va de soi[27].
Le 19 novembre 1350, Jean le Bon, peine sacr roi de France,
fait arrter puis excuter Raoul de Brienne, comte de Gunes et
conntable de France. Il semble que celui-ci devait rendre
hommage douard III, ce qui aurait t catastrophique pour
le nouveau roi car aurait ouvert la porte d'autres dfections
vers le camp anglais[]. Pour viter ces dfections ventuelles,
l'affaire est rgle dans le secret. Or, l'opacit totale qui entoure
cette excution a un effet compltement contre-productif et
alimente les rumeurs. Une grande partie de la noblesse
Lchiquier de Normandie (XIIesicle) rend justice en
normande
et les nombreux soutiens du conntable se rallient au
Normandie. La seconde Charte aux Normands de 1339, leur
camp navarrais[] : les seigneurs normands et la noblesse du
garantit le droit de ne jamais tre cits devant une autre
juridiction.
Nord-Ouest (de Picardie, d'Artois, du Vermandois, du
Beauvaisis et de Flandre dont l'conomie dpend des
importations de laine anglaise), ainsi que les frres de Picquigny, fidles allis du conntable[]. Au lendemain de la
mort de ce dernier, Charles le Mauvais crit au duc de Lancastre, fils d'douard III : Tous les nobles de Normandie
sont passs avec moi mort vie [].
Brillant orateur et habitu la monarchie contrle par sa frquentation des cortes navarraises (lquivalent des tats
gnraux), Charles le Mauvais se fait le champion de la rforme d'un tat jug trop arbitraire, ne laissant plus voix ni
la noblesse ni aux villes (Jean le Bon gouverne avec un cercle de favoris et d'officiers dascendance parfois
roturire). l'inverse de son pre, Charles V ne considre pas le pouvoir du roi comme lgitime, mais relevant de
lacquis ; il doit, selon lui, sobtenir grce l'approbation de ses sujets et ncessite une grande capacit d'coute.
Cette vision des choses lui permet de se rapprocher des nobles normands et du courant rformateur, et donc de
Charles de Navarre.
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Charles V de France
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Duc de Normandie
Le 6 janvier 1356, Charles devient ainsi Charles Ier de Normandie. Mais Jean le Bon, averti du complot de partage du
pays ourdi par Charles le Mauvais et les Anglais Avignon, se dcide mettre le Navarrais hors d'tat de nuire.
Le 5 avril 1356, le dauphin Charles a convi en son chteau de Rouen toute la noblesse de la province, commencer
par le comte d'vreux, Charles le Mauvais, pour fter son intronisation en Normandie. La fte bat son plein lorsque
surgit Jean II le Bon, coiff d'un bassinet et l'pe la main, qui vient se saisir de Charles le Mauvais en hurlant :
Que nul ne bouge s'il ne veut tre mort de cette pe! []. ses cts, son frre Philippe d'Orlans, son fils cadet
Louis d'Anjou et ses cousins d'Artois forment une escorte menaante. l'extrieur, une centaine de cavaliers en
armes tiennent le chteau[]. Le roi se dirige vers la table d'honneur, agrippe le roi de Navarre par le cou et l'arrache
violemment de son sige en hurlant : Tratre, tu n'es pas digne de t'asseoir la table de mon fils! . Colin Doublet,
cuyer de Charles le Mauvais, tire alors son couteau pour protger son matre, et menace le souverain. Il est aussitt
apprhend par l'escorte royale qui s'empare galement du Navarrais[]. Excd par les complots de son cousin avec
les Anglais, le roi laisse clater sa colre qui couve depuis la mort, en janvier 1354, de son favori le conntable
Charles d'Espagne.
Article dtaill : Assassinat de Charles de la Cerda.
Malgr les supplications de son fils qui, genoux, implore de ne pas le
dshonorer, le roi se tourne vers Jean d'Harcourt, infatigable dfenseur
des liberts provinciales, mais qui a t ml l'assassinat de Charles
de la Cerda. Il lui assne un violent coup de masse d'armes sur l'paule
avant d'ordonner son arrestation. Le soir mme, le comte d'Harcourt et
trois de ses compagnons, dont l'cuyer Doublet, sont conduits au
lieu-dit du Champ du Pardon. En prsence du roi, le bourreau, un
criminel libr pour la circonstance qui gagne ainsi sa grce, leur
tranche la tte[].
Deux jours plus tard, la troupe regagne Paris pour clbrer la fte de
Pques. Charles le Mauvais est emprisonn au Louvre, puis au
Chtelet. Mais la capitale n'est pas sre, aussi est-il finalement
transfr la forteresse d'Arleux, prs de Douai, terre d'Empire[] depuis
le mariage en 1324 de Marguerite II de Hainaut avec Louis IV de
Wittelsbach, l'empereur romain germanique.
Incarcr, Navarre gagne en popularit ; ses partisans le plaignent et rclament sa libert. La Normandie gronde et
nombreux sont les barons qui renient l'hommage prt au roi de France et se tournent vers douard III d'Angleterre.
Pour eux, Jean le Bon a outrepass ses droits en arrtant un prince avec qui il a pourtant sign la paix. Pire encore, ce
geste est peru par les Navarrais comme le fait d'un roi qui se sait illgitime et espre liminer un adversaire dont le
seul tort est de dfendre ses droits la couronne de France. Philippe de Navarre, frre de Charles le Mauvais, envoie
son dfi au roi de France le 28 mai 1356[]. Les Navarrais, et particulirement les seigneurs normands, passent en bloc
du ct d'douard III qui, ds le mois de juin, lance ses troupes dans de redoutables chevauches, en Normandie,
dans le Sud puis le centre de la France. Le 19 septembre, Jean le Bon est fait prisonnier par les Anglais, la dfaite
de Poitiers.
Charles V de France
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Charles V de France
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ordonnance , esquisse d'une monarchie contrle et vaste plan de rorganisation administrative, mais obtient le
maintien en captivit de Charles de Navarre. Une commission d'puration doit destituer et condamner les
fonctionnaires fautifs (et particulirement les collecteurs d'impts indlicats) et confisquer leurs biens. 9 conseillers
du dauphin sont rvoqus (tienne Marcel tient sa vengeance contre Robert de Lorris)[37]. Six reprsentants des tats
entrent au conseil du roi, qui devient un conseil de tutelle. L'administration royale est surveille de prs : les
finances, et particulirement les mutations montaires et les subsides extraordinaires, sont contrles par les tats[38].
Libration de Charles de Navarre
Article dtaill : Charles le Mauvais.
Un gouvernement du rgent contrl par les tats avec son assentiment est donc mis en place. Deux conseils
cohabitent : celui du dauphin et celui des tats. Mais pour les rformateurs et particulirement les Navarrais cela ne
suffit pas : le retour du roi de captivit peut mettre fin cet essai institutionnel. tienne Marcel et Robert Le Coq
organisent donc la libration de Charles de Navarre, qui peut prtendre la couronne et est toujours enferm.
Cependant, pour se ddouaner face au dauphin, on donne cette libration laspect dun coup de force spontan de
fidles navarrais (les frres Picquigny)[39].
Le retour de Charles de Navarre est mticuleusement organis : il est
libr le 9 novembre, il est reu avec le protocole rserv au roi dans
les villes quil traverse, accueilli par les notables et la foule runie par
les tats. Le mme crmonial se reproduit dans chaque ville depuis
Amiens jusqu Paris : il est reu par le clerg et les bourgeois en
procession, puis il harangue une foule toute acquise, expliquant quil a
t spoli et incarcr par Jean le Bon alors quil est issu de ligne
royale[40].
Mis devant le fait accompli, le dauphin ne peut refuser la demande
dtienne Marcel et de Robert le Coq et signe des lettres de rmission
pour le Navarrais. Le 30 novembre, il harangue 10000Parisiens runis
par tienne Marcel au Pr-aux-Clercs. Le 3 dcembre, tienne Marcel
sinvite
avec un fort parti bourgeois au conseil du roi qui doit dcider
Charles V ne peut qu'accepter la rconciliation
avec Charles de Navarre libr.
de la rhabilitation de Charles de Navarre, sous prtexte dannoncer
que les tats runis au Couvent des Cordeliers ont consenti lever
limpt demand par le dauphin et quil ne reste que laccord de la noblesse obtenir. Le dauphin ne peut
quacquiescer et rhabilite Charles le Mauvais[41].
Plus dangereux encore pour les Valois, les tats doivent trancher la question dynastique le 14 janvier 1358. Charles
le Mauvais exploite le mois dattente pour assoir sa position en Normandie[]. Craignant le retour de Jean le Bon, il
monte une arme[42]. la tte de ses troupes anglo-navarraises, il prend le contrle de toute la basse Normandie puis
remonte la Valle de la Seine. Il reoit des renforts : son lieutenant Martin Henriquez dbarque Rouen avec
1400hommes[43]. Il dploie ses talents d'orateur et de mise en scne pour sduire la noblesse et la bourgeoisie
normandes[]. Le dauphin se montre actif, en organisant la dfense du pays contre les nombreux mercenaires qui,
faute de solde, pillent le pays. Les marchaux de Normandie, de Champagne et de Bourgogne se rendent sa cour.
Charles cantonne Paris une arme de 2000hommes venus du Dauphin sous prtexte de protger la ville des
exactions des Grandes Compagnies[44]. Cela met la ville sous pression. Le 11 janvier, il sadresse aux Parisiens aux
Halles en expliquant pourquoi il lve une arme et met en cause les tats pour leur incapacit assurer la dfense du
pays malgr largent prlev lors des leves dimpts. Cest un succs et tienne Marcel doit organiser dautres
runions noyautes par ses partisans pour le mettre en difficult[45]. Le 14 janvier, les tats narrivant sentendre ni
sur la question dynastique ni sur la leve dun nouvel impt, on dcide dune nouvelle mutation montaire pour
renflouer les caisses de ltat[]. Les esprits schauffent contre les tats, pour le plus grand bnfice du dauphin[].
Charles V de France
63
L'excution de l'ordonnance de 1357 est vite bloque. La commission d'puration est dsigne mais ne fonctionne
que cinq mois. Les collecteurs d'impts nomms par les tats rencontrent l'hostilit des paysans et des artisans
pauvres. Les six dputs entrs au conseil de tutelle sont en minorit et les tats gnraux manquent dexprience
politique pour contrler en permanence le pouvoir du dauphin qui, en acqurant du savoir-faire, retrouve l'appui des
fonctionnaires. Les dplacements frquents, coteux et dangereux l'poque, dcouragent les dputs de province et
les tats sont de moins en moins reprsentatifs. Peu peu, seule la bourgeoisie parisienne vient siger aux
assembles. Enfin, Jean le Bon, qui garde un grand prestige, dsavoue le dauphin et, depuis sa prison, interdit
l'application de l'ordonnance de 1357. tienne Marcel, constatant l'chec de l'instauration d'une monarchie contrle
par voie lgislative, essaie de la faire proclamer par la force. Il ne remet pas en cause la ncessit d'avoir un
souverain, mais il cherche composer avec celui qui lui laissera le plus de pouvoir. Il oscille entre la faiblesse
suppose du dauphin et la cupidit de Charles le Mauvais.
Voyant la situation voluer vers une
monarchie contrle avec Charles de
Navarre sa tte, Jean le Bon se dcide
conclure les ngociations avec les Anglais.
Pour cela, il lui faut ngocier directement
avec douard III. Jean le Bon est donc
transfr de Bordeaux Londres. Ses
conditions dincarcration sont royales : il
est log avec sa cour de plusieurs centaines
de personnes (ses proches capturs avec lui
Poitiers et ceux qui l'ont rejoint), libert de
circulation en Angleterre, hbergement
lHtel de Savoie[46].
Il signe en janvier 1358 le premier trait de
Londres, qui prvoit :
la cession en pleine souverainet des
anciennes possessions d'Aquitaine des
Plantagent (le tiers du pays) : la
Guyenne (mise sous commise par
Philippe VI au dbut du conflit), la
Saintonge, le Poitou, le Limousin, le
Quercy, le Prigord, le Rouergue et la
Bigorre ;
une ranon de 4 millions d'cus ;
le maintien des prtentions d'douard III
la couronne de France[47].
L'assassinat des marchaux
Charles V de France
64
exploite les esprits qui s'chauffent : il y a deux cortges funbres, celui de la victime suivi par le dauphin et celui du
meurtrier suivi par la bourgeoisie parisienne[65].
Le 22 fvrier 1358, tienne Marcel dclenche une meute runissant trois mille personnes qu'il a convoques en
armes[65]. La foule surprend Regnault d'Acy, l'un des ngociateurs du Trait de Londres qui a rapport la nouvelle
Paris. Il se rfugie dans une ptisserie o on l'gorge frocement avec ses proches.
Puis la foule envahit le Palais de la Cit pour affronter le rgent[65].
tienne Marcel et certains de ses partisans parviennent sa chambre
dans le but de l'impressionner pour pouvoir mieux le contrler. Il
s'exclame : Sire, ne vous bahissez pas des choses que vous allez
voir, car elles ont t dcides par nous, et il convient qu'elles soient
faites . Le marchal de Champagne Jean de Conflans et le marchal
de Normandie Robert de Clermont sont tus devant le prince, qui est
couvert de leur sang et croit son existence menace. Marcel l'oblige
coiffer le chaperon rouge et bleu des meutiers (aux couleurs de Paris),
lui-mme coiffant le chapeau du dauphin, et renouveler lordonnance
de 1357[].
Charles V de France
65
Jacqueries
Article dtaill : Grande Jacquerie.
Le 28 mai 1358, les paysans de Saint-Leu-d'Esserent (prs de Creil
dans l'Oise), excds par les leves fiscales votes Compigne et
destines mettre le pays en dfense, se rebellent[54]. Rapidement, les
exactions contre les nobles se multiplient au nord de Paris, zone
pargne par les Grandes Compagnies et tenue ni par les Navarrais ni
par les troupes du dauphin. 5000hommes se regroupent rapidement
autour dun chef charismatique, Guillaume Carle, connu sous le nom
que lui attribue Froissart : Jacques Bonhomme. Il reoit trs
rapidement des renforts de la part dtienne Marcel (300 hommes
mens par Jean Vaillant)[], afin de librer Paris de lencerclement que
le dauphin est en train de raliser en prservant laccs nord qui permet
de communiquer avec les puissantes villes des Flandres[55]. L'alliance
avec tienne Marcel semble russir lorsque les Jacques s'emparent du
chteau d'Ermenonville.
Le 9 juin, les hommes du Prvt de Paris et une partie des Jacques (environ mille hommes) conduisent un assaut sur
la forteresse du March de Meaux o sont logs le rgent et sa famille pour sassurer de sa personne[56]. Cest un
chec : alors que les Jacques se ruent lassaut de la forteresse, ils sont balays par une charge de cavalerie mene
par le comte de Foix, Gaston Phbus, et le captal de Buch, Jean de Grailly[57].
Mais le gros des forces de Guillaume Carle veut en dcoudre Mello, bourgade du Beauvaisis le 10 juin. cart du
pouvoir par tienne Marcel qui a trop vite cru contrler le rgent aprs l'assassinat des marchaux, Charles le
Mauvais doit reprendre la main et montrer au Prvt de Paris que son soutien militaire est indispensable[58]. Press
par la noblesse et particulirement par les Picquigny auxquels il doit la libert et dont le frre vient dtre tu par les
Jacques, Charles le Mauvais y voit le moyen d'en devenir le chef[]. D'autre part, les marchands pourraient voir d'un
bon il que l'on scurise les axes commerciaux[]. Il prend la tte de la rpression, engage des mercenaires anglais et
rallie la noblesse. Il sempare par ruse de Guillaume Carle venu ngocier, et charge les Jacques dcapits. Cest un
massacre, et la rpression qui s'ensuit est trs dure : quiconque est convaincu d'avoir t de la compagnie des Jacques
est pendu sans jugement[59]. La jacquerie se termine dans un bain de sang dont Charles le Mauvais porte la
responsabilit, alors que le dauphin a su garder les mains propres.
La reconqute de Paris
Une fois la Jacquerie crase, Charles de Navarre, rentre Paris le 14 juin 1358[].
Il pense avoir ralli lui la noblesse, mais une grande partie des seigneurs qui
tait ses cts contre les Jacques ne le suit pas dans cette dmarche, et reste
derrire le rgent qui a su gagner leur confiance. Charles le Mauvais stablit
Saint-Denis. Il est fait capitaine de Paris par acclamation et tienne Marcel
envoie des lettres dans toutes les villes du royaume pour quil soit fait capitaine
universel []. Lobjectif est de crer une grande ligue urbaine et doprer un
changement dynastique en faveur du Navarrais.
On engage des archers anglais pour pallier les nombreuses dfections de
chevaliers qui ont quitt les rangs de larme de Charles le Mauvais et assigent
Assassinat d'tienne Marcel par Jean
Maillard le 31 juillet 1358
Paris avec le dauphin partir du 29 juin. Ce dernier se voit encore renforc par
larrive de nombreuses compagnies qui voient dans le pillage de Paris une bonne
[60]
affaire . Ces troupes remportent quelques escarmouches contre les troupes d'tienne Marcel ou du Navarrais[61].
Charles V de France
66
Le dauphin veut tout prix viter un bain de sang qui le discrditerait et souhaite une solution ngocie. Il ne fait
donc pas donner lassaut et continue le blocus en esprant que la situation change. Mais les mercenaires anglais qui
dfendent la capitale sont considrs comme ennemis et sattirent linimiti des Parisiens. Le 21 juillet, la suite
dune rixe de taverne qui dgnre en combat de rue, 34 archers anglais sont massacrs[]. Les Parisiens en armes en
saisissent 400 quils veulent soumettre ranon[].
Le lendemain, tienne Marcel, Robert Le Coq et Charles de Navarre runissent la population place de Grve pour
calmer les esprits, mais les vnements leur chappent et la foule rclame de les dbarrasser des Anglais. Pour
matriser la foule (8000pitons et 1600cavaliers en arme), ils la conduisent par groupes distincts vers les
mercenaires en embuscade ; ceux-ci taillent les Parisiens en pices : 600 700 meurent dans ces affrontements[62].
Les Parisiens suspectent Charles de Navarre d'avoir prvenu les mercenaires de leur arrive (il les a quitts avant le
combat)[]. Leurs chefs soutenant les ennemis du pays contre le rgent et contre la population, les Parisiens se sentent
trahis et se dsolidarisent dtienne Marcel, dautant que Charles de Navarre attend son frre Philippe et des renforts
anglais[63]. La nouvelle du massacre des Parisiens fait vite le tour de la ville, et tienne Marcel est hu son retour
Paris[].
La rumeur enfle rapidement : on dit que Philippe de Navarre arrive
avec 10000Anglais. On redoute quils ne vengent leurs camarades et
pillent la ville. Prparant l'entre des navarrais, tienne Marcel fait
marquer les maisons de ceux qu'il suspecte de sympathie pour le
rgent, dans la nuit du 30 au 31 juillet. Mais les signes sont interprts,
et la suspicion son gard augmente encore[64]. L'chevin Jean
Maillart, le prsident du Parlement de Paris Jehan Pastoret et Ppin des
Essarts convainquent les bourgeois de demander laide du rgent[65].
Le 31 juillet 1358, laube, tienne Marcel en compagnie du trsorier
de Charles de Navarre essaye de se faire remettre les clefs de la porte
de Saint-Denis mais se heurte au refus de Jean Maillard. N'insistant
pas, il tente sa chance la porte Saint-Antoine, mais Jean Maillart a
sonn l'alerte et rameute le maximum de monde : tienne Marcel
surpris est somm de crier Montjoie au roi et au duc. . Aprs
hsitation il s'crie Montjoie au roi. . Il est apostroph, la foule
gronde. Son sort est dj scell : au signal convenu ( Qu'est ce que
ceci ? ), il est massacr avec ses suivants[66].
Charles V de France
Cependant ses troupes ne quittent pas les places fortes qu'elles contrlent continuant ranonner le pays pour leur
compte comme les autres compagnies qui mettent cette poque le pays feu et sang[71]. Faute des ressources
ncessaires, le conflit tourne la guerre froide, le roi puis le dauphin essaye de neutraliser Charles de Navarre qui
reste un dangereux prtendant la couronne, ou pour le moins l'instauration d'une puissante principaut qui
pourrait s'allier aux Anglais.
Deuxime trait de Londres
Article dtaill : Traits de Londres (1358 et 1359).
En mars 1359, tenant compte de l'approche la fin de la trve et du fait que le dauphin s'est dclar rgent du
royaume, Jean le Bon cherche reprendre les rnes du pouvoir et accepte un second trait de Londres, encore plus
contraignant :
Aux anciennes possessions d'Aquitaine des Plantagent, sajoutent toutes les terres qui ont un jour appartenu
l'Angleterre : le Maine, la Touraine, l'Anjou et la Normandie.
Le roi d'Angleterre reoit l'hommage du duc de Bretagne, rglant ainsi la guerre de succession de Bretagne en
faveur de Jean de Montfort, alli des Anglais.
La ranon est fixe 4 millions d'cus avec un chancier plus bref.
Ces conditions reprsentent plus de la moiti du territoire et plusieurs annes de recettes fiscales. Les accepter
discrditerait dfinitivement les Valois, et risquerait de faire sombrer le royaume dans une nouvelle guerre civile qui
offrirait douard III la couronne de France sur un plateau. Le trait, qui doit rester secret, arrive la cour des
comptes le 27 avril 1359. Le 25 juin 1359, passant outre les ordres de son pre, le rgent runit les tats gnraux qui
dclarent que le trait nest ni passable ni faisable [72]. C'est un coup de matre : en passant par les tats gnraux,
il reconsolide le pays contre les Anglais et ddouane son pre qui est aux mains d'douard III. Il ressort de cette
affaire avec un pouvoir raffermi et le pays derrire lui. Mais, pour les Anglais, il s'agit d'une dclaration de guerre :
douard III dbarque en octobre 1359 pour prendre Reims, la ville du sacre, et imposer la chevalerie franaise une
nouvelle dfaite qui achverait de la discrditer.
La tactique de la terre dserte
Articles dtaills : Chevauche et Terre dserte.
Mais, en accord avec le roi Jean et son entourage londonien qui ne veulent pas que la mort ventuelle d'douard III
sur le champ de bataille ne dclenche des reprsailles leur encontre, Charles lui oppose la tactique de la terre
dserte et mne une guerre d'escarmouches refusant toute bataille range. Les portes de Reims restent closes. Or,
conformment sa stratgie qui consiste forcer les Franais livrer une grande bataille en rase campagne, douard
III n'a pas emmen de machines de guerre qui l'auraient ralenti. Il se dirige vers la Bourgogne. Cette chevauche
tourne au fiasco pour les Anglais, harcels, affams, privs de montures (faute de fourrage). Pendant ce temps, des
marins normands mnent un raid sur le port de Winchelsea (mars 1360), dclenchant une panique en Angleterre[73].
Fou de rage, douard III remonte vers Paris et laisse son arme commettre de nombreuses exactions : il ne sagit plus
de la simple extorsion visant nourrir son arme, mais de la destruction systmatique de toutes les ressources - les
pieds de vignes sont arrachs, le btail abattu et toute me qui vive massacre. Ces exactions entranent un vif
ressentiment contre les Anglais. Nombre dentre elles ont lieu pendant le carme et la Semaine sainte et, lorsque
larme anglaise est dcime par un violent orage de grle le 13 avril, nombre de chroniqueurs y voient la main de
Dieu[74]. douard III se dcide alors ngocier. Il signe la paix Brtigny, o il dissout son arme de mercenaires.
Celle-ci, pour se solder, se livre au pillage en Bourgogne, seule rgion ouverte , car, contrairement la
Champagne et l'le-de-France, leur arrive n'y tait pas prvue. Ces mercenaires forment lembryon des Grandes
Compagnies.
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Charles V de France
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Le retour du roi
Article dtaill : Jean le Bon.
Trait de Brtigny
Article dtaill : Trait de Brtigny.
chaud par le refus du deuxime trait de
Londres, Jean le Bon a repris les choses en
mains. Le danger dune prise de pouvoir par
les Navarrais ou par les tats tant cart, le
roi veut neutraliser au plus vite le dauphin
(il craint particulirement qu'une action
d'clat entrane la mort du roi d'Angleterre
qui menacerait sa scurit). Alors
qudouard III chevauche les terres du
village de Sours, en France, les rnes du
pays sont reprises par son minence grise
Guillaume de Melun, qui met le dauphin en
rsidence surveille et dirige le conseil[75].
Le parti royal ngocie la va-vite sur la
base du premier trait de Londres, alors que
larme anglaise est en droute, vitant que
ce succs bnficie au seul dauphin.
Par rapport au premier trait de Londres, la
ranon est ramene de 4 3 millions dcus,
mais les conditions sont trs lourdes et le
trait est peru comme honteux. Cet accord
met un terme aux quatre annes de captivit
de Jean le bon, mais des otages sont livrs
pour garantir le paiement de la ranon, dont
le plus important est sans doute son
ambassadeur et conseiller : Bonabes IV de
Roug et de Derval.
douard III obtient la Guyenne et la Gascogne en toute souverainet, ainsi que Calais, le Ponthieu et le comt de
Gunes. Il obtient galement le Poitou - dont l'un des fils du roi, Jean, est pourtant comte -, le Prigord, le Limousin,
l'Angoumois et la Saintonge. Enfin, il devient souverain de toutes les terres du comte d'Armagnac en recevant
l'Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Bigorre et le comt de Gaure.
En revanche, douard III renonce aux duchs de Normandie et de Touraine, aux comts du Maine et d'Anjou et la
suzerainet sur la Bretagne et la Flandre. Il renonce surtout revendiquer la couronne de France. Ce trait vise
dsamorcer tous les griefs qui ont conduit au dclenchement du conflit.
Charles a besoin de temps pour rorganiser le pays et mettre fin l'instabilit qui y rgne. La ranon ne sera que
partiellement verse et le Trait de Brtigny ne sera pas durable, mais il permet une trve de neuf ans.
Son pre nomme Charles Lieutenant gnral en toutes les parties de la langue d'ol le 17dcembre1362. En 1364,
ayant regagn l'Angleterre, il le nomme nouveau son lieutenant et lui assigne le duch de Touraine.
Charles V de France
Lutte contre les Grandes Compagnies en Normandie
Article dtaill : Grandes Compagnies.
Le dauphin vinc du pouvoir, comme chaque fois quil est en difficult, demande conseil son oncle lempereur
Charles IV. Celui-ci lui recommande de concentrer ses efforts sur la Normandie, rgion particulirement touche par
les exactions des Grandes Compagnies tolres par les Navarrais. Il sagit souvent de mercenaires anglais qui, en leur
nom propre ou en se rclamant du roi de Navarre, prennent le contrle de forteresses pour le compte ddouard III[].
Mantes, Meulan et Vernon sont des places fortes navarraises qui contrlent la valle de la Seine en aval de Paris[].
Quil sagisse de forces navarraises, anglaises ou de simples brigandages, les effets sont les mmes : la population est
ranonne et les changes fortement perturbs.
Le dauphin lve un impt direct, le fouage, pour organiser la dfense du duch. Il peut ainsi financer une flottille de
guerre qui protge les changes entre Paris et Rouen[]. Depuis 1362, il peut compter sur Bertrand Du Guesclin pour
dfendre la Basse Normandie. Il rachte le donjon de Rolleboise, qui contrle la Seine, Jean Joul, un capitaine
anglais qui l'a pris en son nom pour le compte ddouard III[]. Les paysans le rasent pour empcher qu'il serve
nouveau de base pour de nouvelles exactions.
Mais le danger le plus menaant reste Charles de Navarre : en 1363, Jean le Bon confie Philippe le Hardi en
apanage le duch de Bourgogne, vacant depuis la mort de Philippe de Rouvre en 1361, vinant le Navarrais
pourtant bien plac hrditairement[76]. Ce dernier, profitant du retour du roi Londres pour tenter une nouvelle fois
de faire valoir ses droits la couronne, masse une arme en Basse Normandie[77]. Sur instruction de son pre, le duc
prend les devants : du Guesclin attaque les forteresses navarraises, prenant Mantes et Meulan les 7 et 11 avril, et
prend le contrle de la Seine[78]. Pour viter que Blanche de Navarre, sur de Charles le Mauvais, nouvre les portes
de Vernon, Pontoise, Neauphles, Chateauneuf-deLincourt, Gisors ou Gournay, le dauphin marche sur Vernon o
elle est retranche et ngocie sa neutralit dans le conflit qui loppose aux Navarrais. Il nomme les capitaines qui
contrleront les chteaux et leur fait jurer quils ne feront pas la guerre contre lui[].
Le roi sloigne du pouvoir
En 1362, aprs le dsastre de Brignais o les
Grandes Compagnies infligent une dfaite amre
l'arme qu'il a pu runir avec l'argent des impts,
Jean le Bon, voyant un pays ruin feu et sang,
cherche une porte de sortie. Envisageant de
reconqurir son honneur en croisade contre les
Turcs, il reoit la croix dOutremer des mains du
pape Avignon le 30 mars 1363[79]. Cette croisade
finance par le pape permettrait demmener les
Retour de Jean le Bon en Angleterre
Grandes Compagnies se battre contre les turcs et
serait finance par les dcimes, le roi comptant
bien en rcuprer une partie pour financer le remboursement de sa ranon. Mais le pape impose que les dcimes
soient prleves par les vques eux-mmes, ce qui te tout espoir de plus-value Jean le Bon[80]. Finalement, il
repart pour Londres le 3 janvier 1364 pour rengocier le Trait de Brtigny pour lequel il a du mal payer la ranon
et la libration des otages (son fils Louis dAnjou, lass dattendre sa libration, s'est dj enfui de Londres)[].
Avant de partir, il runit les tats Amiens fin dcembre 1363 pour leur faire part de sa dcision[]. Le dauphin,
convi et recevant l'instruction d'attaquer Charles le Mauvais avant qu'il ne mette en branle les troupes qu'il masse en
Normandie, y obtient de pouvoir lever l'impt ncessaire pour lever 6000 hommes pour lutter contre les Grandes
Compagnies. Jean le Bon meurt l'htel de Savoy, Londres, le 8avril1364.
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Charles V de France
Dbut de rgne
Le sacre et la fin de la guerre civile
Article dtaill : Bataille de Cocherel.
Son viction de la succession de Bourgogne au profit de Philippe le
Hardi en septembre 1363 est pour Charles de Navarre inacceptable. En
1364, Jean le Bon, libr la suite du trait de Brtigny, est retourn se
constituer prisonnier en Angleterre car son fils Louis laiss en otage
pour garantir les accords de Brtigny s'est chapp. Comme le dauphin
Charles doit assurer la rgence, Charles le Mauvais croit alors en son
toile. Il se lance dans des tractations diplomatiques qui laissent
clairement entrevoir ses intentions. Il rencontre le Prince noir
Bordeaux. Il ngocie la paix avec Pierre IV d'Aragon, lui promettant
des terres appartenant au roi de France : le bas-Languedoc, les
snchausses de Beaucaire et de Carcassonne (mais son frre Louis
combat ct castillan ce qui ralentit les ngociations qui ne sont
Bataille de Cocherel et Sacre de Charles V
finalises qu'en aot 1364)[]. Pour prendre revers le duch de
Bourgogne, il recrute des troupes parmi les Grandes Compagnies. Il
fait mme broder sa bannire aux armes de France et de Navarre[]. Les Valois ne sont pas dupes et prennent les
devants. Le dauphin Charles, averti par son pre avant de repartir se constituer prisonnier Londres, lance l'offensive
: les forteresses normandes du Navarrais sont conquises par du Guesclin, Charles le Mauvais contre-attaque, et tente
d'empcher le sacre de Charles en lui coupant la route de Reims[81]. Bertrand Du Guesclin, la tte de l'arme leve
grce aux impts vots par les tats gnraux de 1363, lui reprend, en avril 1364, les villes de Mantes et de Meulan
puis le bat le 16mai1364 la bataille de Cocherel, ce qui met fin la guerre civile et rtablit l'autorit royale au
yeux de la population, montrant que les sacrifices financiers consentis par la population pour l'effort de guerre ont t
suivis d'effets sur le terrain[82], et permet le sacre du roi de France le 19mai1364 dans la cathdrale de Reims. Le
nouveau roi prend alors une dcision qui marque clairement sa volont politique : les prisonniers franais pris
Cocherel sont dcapits et non mis ranon comme il est d'usage dans la guerre fodale. Ce qui signifie que la
guerre prive contre le roi est prsent considre comme de la trahison[83].
Par le trait d'Avignon, en mars 1365, Charles le Mauvais abandonne Charles V ses possessions en Basse-Seine
(Comt d'vreux) en change de la ville de Montpellier. Cet accord ne sera cependant rellement appliqu que 5 ans
plus tard.
Guerre de succession de Bretagne
Article dtaill : Guerre de succession de Bretagne.
Depuis 1341, la maison de Montfort, soutenue par l'Angleterre, et la maison de Blois, protge par la France, se
disputent le duch de Bretagne. Les Anglais occupent Brest depuis 1342, mais la situation tait bloque depuis la
mort de Jean de Montfort en 1343. En 1363, son fils Jean IV rentre en Bretagne aprs avoir t duqu la cour
d'douard III qu'il n'apprcie gure : il escompte s'entendre avec Charles de Blois pour obtenir la paix et le partage
de la Bretagne[]. Mais Jeanne de Penthivre ne l'entend pas de cette oreille et relance conflit, rejetant Jean IV dans le
camp anglais[]. La guerre reprend donc en 1363 o Charles de Blois second par Bertrand Du Guesclin remporte
quelques succs, mais, quand son stratge doit le quitter pour se rendre matre des places fortes navarraises en
Normandie, son avance s'arrte : il assige en vain Bcherel[]. L'occasion est belle de ngocier un accord vran,
mais Jeanne de Penthivre fait capoter une nouvelle fois les ngociations[]. Jean IV peut alors s'organiser et en
septembre 1364, assige Auray avec l'Anglais John Chandos. Ils vainquent Charles de Blois et Bertrand Du Guesclin
arrivs au secours des assigs la bataille d'Auray, le 29 septembre 1364[]. Cette bataille marque la fin de ce long
70
Charles V de France
conflit : Charles de Blois y est tu et Jeanne de Penthivre se retrouvant veuve voit sa cause s'effondrer. La paix est
avalise le 12avril1365 par le premier trait de Gurande qui tablit Jean IV comme hritier lgitime[]. Il ne
repousse pas totalement les prtentions des Penthivre, puisqu'il tablit ainsi la loi successorale en Bretagne :
le duch se transmettra de mle en mle dans la famille des Montfort ;
en cas d'absence de descendance mle, il passera aux mles de la famille de Penthivre.
Charles V ne s'oppose pas l'lvation du comte de Montfort, dans la crainte qu'il ne fasse hommage de la Bretagne
douard, son protecteur et beau-pre. Il le reconnat pour duc, reoit ses serments, sans tre dupe ; mais il gagne
par cette politique l'amiti de la noblesse bretonne, et Olivier de Clisson passe son service. En fait, il officialise trs
habilement deux points:
en recevant son hommage en dcembre 1366 (qui n'est qu'un hommage simple et non un hommage lige), il fait
reconnatre la souverainet de la France sur la Bretagne, mme si dans les faits le duch est trs autonome.
Il consolide l'introduction de la masculinit dans le droit successoral, dlgitimant ainsi les prtentions d'douard
III la couronne de France[].
Jean IV, qui pouse une sur puis une belle-fille du Prince noir, est un alli des Anglais, et donc un ennemi de
Charles V, lequel mne une reconqute patiente de tout le territoire franais. Une fois dbarrass des Anglais qui ne
contrlent plus que quelques places fortes sur le continent et n'ont plus la matrise des mers depuis la bataille de la
Rochelle, le roi de France reprend les hostilits et confisque le duch de Bretagne en 1378. Soutenu par le peuple
breton et par la volont d'indpendance des barons, Jean IV se maintient de fait.
Lutte contre les Grandes Compagnies
Article dtaill : Grandes Compagnies.
Le rtablissement de lautorit royale et de lconomie passe par lradication des Grandes Compagnies qui saignent
le pays. Charles V doit faire comprendre que le royaume nest plus un havre pour les pillards. Il traite le problme
avec la plus grande rigueur et fermet : il fait appliquer la loi et ne ngocie pas avec les truands. Le roi et ses frres
organisent la rponse militaire au sein de chaque principaut[84]. Cest rapidement tout le pays qui sorganise contre
les Grandes Compagnies. Chevaliers, villes, paysans envoient des contingents. Les routiers franais sont excuts et
les trangers de quelque valeur soumis ranon[85].
Une fois que la situation des Grandes Compagnies est devenue inconfortable sur le sol franais, il est plus facile de
les convaincre de les envoyer combattre sous d'autres cieux. La guerre de succession de Bretagne ayant pris fin avec
la bataille d'Auray de nombreux Bretons dmobiliss viennent grossir les rangs des Grandes Compagnies. Charles V
paye donc la ranon de Bertrand Du Guesclin, capitaine breton respect et lui confie la mission de les emmener
combattre en Castille pour le compte de son alli Henri de Trastamare. Cela a un double effet : dbarrass des
Grandes Compagnies, lconomie du pays se relance, et entrane bientt le prince de Galles dans un conflit ruineux
contre son alli. En dcembre 1367, revenu victorieux de Castille mais exsangue, ce dernier lche ses mercenaires
aux frontires de la Guyenne. Marchant sur Paris, ces derniers sont repousss par les Franais. Mais cet acte est
considr comme un casus belli et il va relancer la guerre[86].
Premire guerre civile de Castille
Article dtaill : Premire guerre civile de Castille.
Charles V, qui prvoit dj la reconqute, voit dun mauvais il la prsence dun alli des Anglais aux frontires. Il
souhaite le faire remplacer par un solide alli qui pourra le temps voulu faire peser une menace sur la principaut
dAquitaine. Les Anglais ne peuvent pas reprendre les hostilits directement contre la France avant la fin des
transferts de souverainet dcids au trait de Brtigny : ils y perdraient toutes les concessions territoriales
extrmement avantageuses quils y ont obtenues[87]. Les Anglais ayant les poings lis, le roi de France a le libre
choix de la reprise des hostilits, mais il nen a pas les moyens conomiques, le pays tant ravag par les Grandes
Compagnies et saign par lexorbitante ranon de Jean le Bon. Pour se refaire une sant financire, il faut se
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Charles V de France
dbarrasser des Grandes Compagnies qui bloquent tous les axes commerciaux et pressurisent la population de tout ce
quelle aurait pu donner en taxes ltat. Avignon tant menace et ranonne par les compagnies, le pape voit dun
bon il le projet de croisade en Espagne propos par Charles V. Lobjectif officiel est le suivant : mener une croisade
contre lmirat de Cordoue, ce qui ncessite de passer par la Castille. Le pape nest pas dupe, mais ses intrts
convergent avec ceux de Charles V : il faut se dbarrasser des Grandes Compagnies. Il finance donc lexpdition[88].
Charles V charge Bertrand Du Guesclin de rassembler les Grandes Compagnies et de les mener en Castille. La
croisade arrive en Catalogne en janvier 1366 et obtient de rapides succs. Henri de Trastamare est couronn le 5 avril
1366[].
Rapidement chass du trne castillan, Pierre le Cruel prpare son retour. En toute
logique, il trouve des allis chez les adversaires de la France et peut s'appuyer sur
le Prince noir et Charles le Mauvais. Il active son alliance anglaise, promettant au
Prince noir de financer le conflit[]. Ce dernier lve donc une arme embauchant
les Grandes Compagnies qui ravagent le Languedoc[]. Charles le Mauvais, roi de
Navarre, autorise le passage de cette arme. Elle franchit le col de Roncevaux en
fvrier 1367. Henri de Trastamare lui barre la route Njera et livre combat aux
archers anglais contre lavis de Bertrand du Guesclin le 3 avril 1367[89]. Larc
long anglais y est une fois de plus dcisif : les Franco-Castillans, crass sous
une nue de flches, sont taills en pices. Bertrand du Guesclin est fait
prisonnier. Henri doit de nouveau s'enfuir en France et Pierre le Cruel reprend le
pouvoir. Cependant le roi de France tire plusieurs bnfices de lexpdition
castillane : dune part il est dfinitivement dbarrass des Grandes Compagnies
quil avait engages avec largent du pape, et d'autre part cette victoire cote trs
cher aux Anglais, car Pierre le Cruel na pas les moyens de payer larme qui la
remis sur le trne. Cest ruin et devant se dbarrasser des Grandes Compagnies
que le Prince noir regagne lAquitaine.
Pierre le Cruel n'ayant pas vers les contreparties promises au Prince noir dans le
Henri de Trastamare
trait de Libourne, les troupes anglaises retournent en Guyenne, laissant le
champ libre Henri de Trastamare, toujours alli du roi de France par le trait
d'Aigues-Mortes. En 1367, Henri et du Guesclin assigent Tolde et battent l'arme de Pierre le Cruel arrive en
renfort lors de la bataille de Montiel.
Pierre le Cruel et Henri de Trastamare s'affrontent en un combat singulier dont la conclusion est la mort de Pierre de
Castille. Henri devient roi de Castille sous le nom d'Henri II, et la couronne de Castille passe des mains de la maison
d'Ivre celle de Trastamare. La France dispose dsormais d'un alli la tte du royaume de Castille. Cet alli se
rvle tout fait dcisif lors de la bataille de La Rochelle, en 1372, qui voit l'anantissement de la flotte anglaise par
l'alliance franco-castillane.
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Charles V de France
Pierre le Cruel
Rorganisation de larme
Charles V, qui prpare la reconqute, a mis profit les annes de rpit obtenues
en profitant du conflit castillan : ses finances sont redresses grce
linstauration dun impt permanent. Il faut prsent mettre sur pied larme de la
reconqute.
La lutte contre les Grandes Compagnies permet de mettre au point une nouvelle
organisation des troupes et de reprer des capitaines fiables et fidles, comme
Bertrand Du Guesclin et son cousin Olivier de Mauny, nomm chambellan par le
roi, ou Olivier de Clisson. On organise autour deux de petites armes composes
de routiers dune centaine dhommes[]. On solde ainsi une arme permanente de
5000 6000hommes, dont on est sr quils ne deviendront pas des pillards
pendant les priodes de trve. Ces effectifs sont largement suffisants pour mener
Dtail de la statue questre d'Olivier
de Clisson par Frmiet (Chteau de
la guerre faite de coups de main et de siges ncessaires pour mettre au pas les
Josselin)
Grandes Compagnies. Les effectifs sont composs de volontaires franais
[]
(souvent de petite noblesse) et d'arbaltriers italiens . Il faut combler le retard
pris sur les Anglais en archerie. Charles V encourage les concours de tir larc comme lont fait les rois dAngleterre,
et engage de nombreux arbaltriers entre 1364 et 1369[].
Cette arme peut tre leve en janvier 1364 grce l'impt consenti par les tats gnraux runis Amiens. Mene
par Bertrand du Guesclin, elle remporte immdiatement sa premire grande victoire Cocherel. Son efficacit doit
tre prouve pour justifier son financement par des impts : le nombre de combattants et la qualit de leur
quipement est contrle par des fonctionnaires, et la solde nest verse qu'une fois par mois, lors de la montre,
uniquement si lquipement est satisfaisant. Il faut que ces armes soient extrmement mobiles et trs ractives : elles
sont montes bien que combattant pied. Elles sont informes par des chevaucheurs et messagers qui font la liaison
entre le roi et le front.
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Charles V de France
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Pour prendre rapidement les forteresses, une artillerie consquente est forme : en 1375, le chteau de Geoffroy de
Harcourt capitule sous le feu de 40 canons[].
La reconqute
Isolement diplomatique de lAngleterre
Charles V dploie une activit diplomatique intense. Il a
toujours t proche de son oncle maternel, lempereur
germanique Charles IV[90] et a toujours veill ce que ces
liens ne refroidissent jamais[91]. Il obtient de son oncle, en
1372, quil interdise aux mercenaires allemands de
senrler dans larme anglaise.
Avignon, rsidence pontificale, est le centre diplomatique
de lEurope. Or Clment VI, qui est franais, est lancien
prcepteur de lempereur et a t lu en 1370 grce aux
efforts de Charles V et Louis dAnjou, avec lesquels il est
galement proche[92].
l'Europe en 1360
Le roi de France envoie Thibaut de Hocie en 1368 nouer des alliances espagnoles. Il choue en Aragon. Mais Henri
II, le nouveau souverain de Castille, fortement soutenu par Charles V dans la guerre de succession quil mne contre
son demi-frre Pierre le Cruel, est un alli indfectible et un farouche ennemi des Anglais qui ont, eux, soutenu son
rival. Thibaut de Hocie revient donc avec un solide trait dalliance, qui sera prcieux aprs la victoire de Montiel et
la victoire dfinitive sur Pierre le Cruel[93].
En 1371, Charles V ractive la Auld Alliance et obtient galement le soutien des cossais, aprs leur avoir promis
quil ny aurait plus de paix sans leur accord, comme ce fut le cas Brtigny[94]. De mme, il soutient Owen de
Galles, prtendant rfugi sa cour, et pourra compter sur lui lors de la reconqute[95]. Il cherche obtenir la
suprmatie maritime pour couper larrive de renforts anglais en Aquitaine, d'o l'importance de pouvoir compter sur
les flottes castillane et galloise et prendre langue avec le roi du Danemark.
Lisolement diplomatique des Anglais passe par la neutralisation de
leurs allis. Charles le Mauvais est la premire menace pour la
couronne de France : il est vaincu Cocherel en 1364 et Charles V fait
pression sur sa sur Jeanne, l'pouse de Charles le Mauvais, pour que
ses forteresses ne puissent tre utilises par les troupes de son
beau-frre rival[]. Il propose ds 1365 dchanger Mantes, Meulan et
Longueville contre Montpellier. Les ngociations tranent pendant 5
ans, durant lesquels le Navarrais tente dobtenir un trait dalliance
perptuelle avec les Anglais. Mais ceux-ci sont mfiants, du fait de ses
revirements incessants dont ils ont dj t victimes.
Charles V de France
En Flandres, Louis de Male est, dans un premier temps, sensible la ncessit conomique : les drapiers flamands
sont dpendants des importations de laine anglaises. Le 10octobre1364, il fiance sa fille Marguerite, hritire des
comts de Flandre, de Nevers, de Rethel et de Bourgogne, avec Edmond de Langley, le fils ddouard III. Edmond
recevrait en outre de son pre Calais et le comt de Ponthieu ce qui avec l'Artois, le Rethel et la Flandre, constiuerait
une principaut Anglaise quivalente la Guyenne au nord de la France[]! Mais pour cela, il doit obtenir une
dispense papale car les fiancs sont consanguins au 4e degr. Aprs un ballet diplomatique Avignon, o Franais et
Anglais argumentent sur le sujet, Urbain V refuse daccorder cette dispense. La bataille diplomatique continue
jusquen 1367, date laquelle Charles V obtient une dispense pour marier Marguerite de Male avec son frre
Philippe le Hardi. Il reste toutefois obtenir laccord de Louis de Male pour ce mariage. Ce qui se fait, non sans mal,
grce lintervention nergique de Marguerite de France, la mre du comte de Flandres et fille de Philippe V et la
cession de plusieurs villes (Lille, Douai et Orchies) par le roi de France.
Les appels gascons
Charles, du fait des vnements de 1358 et de sa difficile prise de pouvoir, comprend quun souverain doit avoir le
soutien de ses sujets. Il doit reconqurir les curs avant les territoires perdus au trait de Brtigny. Sil doit reprendre
ces terres, cest dans son bon droit et avec le soutien de la population qui laccepte comme souverain.
Cest une lente procdure juridique qui relance la guerre. Le Prince de Galles, douard de Woodstock (le Prince noir)
qui revient vainqueur mais ruin de Castille, ne peut solder ses troupes, il doit donc lever des impts sur son duch
dAquitaine quil dirige en principaut. Il le fait sous forme dun fouage par ordonnance du 26janvier1368[]. Mais
certains seigneurs nont accept qu contrecur le changement de suzerainet impos par le trait de Brtigny et en
particulier Jean dArmagnac, qui tait proche de Jean le Bon. En dcembre 1367, revenu ruin d'Espagne o son
arme a combattu pour le Prince noir son suzerain, il lui rclame en vain les 200000florins que le prince anglais lui
devait pour payer ses hommes[97].
Son ressentiment tourne l'exaspration quand douard de Woodstock, lui aussi ruin par le conflit castillan,
dmobilise les Grandes Compagnies qu'il n'a pu solder et qui se payent en pillant le Rouergue, possession de Jean
d'Armagnac ! Ce dernier refuse de payer limpt que veut percevoir le prince de Galles dj endett vis--vis de lui et
qui, en tant que suzerain, aurait d le protger des Grandes Compagnies. Il fait appel douard III qui rpond
ngativement[]. Il se tourne alors (en mai 1368) vers Charles V : daprs le trait de Brtigny, le transfert de
souverainet ne doit se faire quune fois les territoires transfrs et la ranon verse, ce qui est loin dtre le cas[98].
Ds lors, en acceptant de rpondre son appel, le 3dcembre1368, Charles V fait acte de souverainet sur la
Guyenne[]. Le prince de Galles peut donc tre jug pour avoir voulu prlever un impt auquel il ne pouvait ds lors
pas prtendre! Un beau jour, selon les chroniques de Jean Froissart, Edouard de Galles reoit Bordeaux un court
message du roi Charles :
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Charles V de France
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Mandons notre beau cousin, le duc douard d'Aquitaine, de
moult vaillance et valeur reconnue, se rendre en notre bonne
ville de Paris propos de certaines affaires pour prsenter sa
dfense nous, Charles, par la grce de Dieu, roi de France, et
son suzerain.
Le prince Edouard fut comme hbt et dolent de ce langage. Il
finit par se lever, furieux, et dclara au hraut du roi :
Nous irons Paris, s'il le faut, mais ce sera bassinet en tte et
avec 60 000 hommes d'armes !"
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Robert Knowles, la tte d'une chevauche de 2500 archers et 1600 hommes d'armes[109], part de Calais fin juillet
1370 et pille les campagnes contournant Amiens, Noyon, Reims et Troyes. Le calcul du roi de France est que les
chevauches ne permettent pas de tenir le terrain et attisent l'anglophobie dans les territoires pills. Charles V
continue de miser sur une guerre de sige et de propagande, qui lui permet de reprendre du terrain, ville aprs ville,
le plus souvent sans combat[107]. Il renforce le prestige de la couronne de France par ces victoires, malgr les
souffrances engendres par la tactique de la terre dserte (il laisse les chevauches anglaises piller les campagnes
dont la population s'est rfugie dans les forteresses qui ont t reconstruites dans tout le royaume) et par le retour de
la peste. Ainsi la chevauche de Knowles est refoule de Bourgogne. Elle passe 2 jours devant les portes de Paris,
pillant les faubourgs sous les yeux des Parisiens l'abri derrire les murs de la capitale[110]. Charles V doit montrer
que les impts prlevs pour conduire la guerre sont utiles, d'autant que la nouvelle du sac de Limoges vient d'arriver
: les esprits s'chauffent. Olivier de Clisson lui dconseille formellement une bataille range. Pour rassurer le pays
mis feu et sang par la chevauche de Robert Knolles, Charles V fait conntable le trs populaire Bertrand Du
Guesclin, qui vient de rentrer victorieux de Castille ayant vaincu Pierre le Cruel, l'alli des Anglais Montiel[111] ; il
lui confie une arme leve grce un emprunt forc pour harceler les Anglais. Du Guesclin harcle Robert Knowles,
et le bat Pontvallain, le surprenant alors qu'il s'apprte franchir le Loir[112]. La zizanie ayant gagn les capitaines
Charles V de France
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Les forces franaises progressent le long de la cte, vers le sud. Le captal de Buch est captur le 23 aot alors qu'il
allait secourir Soubise assige : son arme est intercepte par la flotte galloise et castillane qui remonte la Charente.
Les les de R et d'Olron font leurs soumissions le 26 aot, mais les barons poitevins restent fidles aux Anglais et
se retranchent dans Thouars.
Du Guesclin continue progresser le long du littoral jusqu' la Rochelle, qui est prise le 8 septembre. Ainsi isoles,
les villes se rendent tour tour : Angoulme (la capitale du Prince noir) et Saint-Jean-d'Angly le 20 septembre,
Saintes le 24[116].
Occupation de la Bretagne
Si le trait de Gurande a clos le problme de la succession, il ne rgle pas le contentieux franco-breton. La noblesse
bretonne tend la neutralit aprs le long conflit qui a dchir le duch. Mais Jean IV a des accords respecter et, s'il
pouse une sur puis une belle-fille du Prince noir, il temporise pour accepter le trait d'alliance qui tait prvu ds
1362 avec le roi d'Angleterre. En 1369, ds le dbut de la reconqute, des renforts anglais (400 hommes d'armes et
400 archers) conduits par les comtes de Pembroke, Jean de Hastings (2e comte de Pembroke) et de Cambridge,
Edmond de Langley dbarquent Saint-Malo et rejoignent le Poitou et la Guyenne aprs avoir recrut quelques
compagnies[]. L'alliance finit par tre ratifie la rprobation de la noblesse bretonne alors que 300 archers et 300
hommes d'armes anglais ont dbarqu Saint-Mathieu-de-Fineterre en 1372[]. Aussitt, une troupe franaise
commande par deux Bretons (Bertrand du Guesclin et Olivier de Clisson) entre dans le duch, provoquant le
rembarquement prcipit des Anglais[].
En mars 1373, c'est une vritable arme qui dbarque Saint-Malo : 2000hommes d'armes et 2000archers sous les
ordres du comte de Salisbury, William Montagu[]. Pour une telle opration, l'accord du duc est indispensable. C'est
un casus belli, et Charles V donne l'ordre d'attaquer. Son arme entre en Bretagne avec l'appui d'une bonne partie de
la noblesse qui s'enrle massivement sous la bannire de Bertrand du Guesclin. En deux mois, la quasi-totalit du
Charles V de France
duch est occupe : la Saint-Jean, les Anglais ne tiennent plus que Brest, Auray, Bcherel et la forteresse de
Derval[]. Jean IV quitte la Bretagne ds le 28 avril[].
Chevauche du duc de Lancastre
Nayant pas les moyens logistiques et financiers de soutenir la guerre de sige que lui impose Charles V et qui
semble conduire la reconqute progressive de toute lAquitaine, douard III tente daffaiblir leffort franais en
Guyenne par louverture de nouveaux fronts.
douard III tente une chevauche cense ruiner la France dans ses
forces vives. Le 12 juin 1373, il institue son fils, le duc de Lancastre
Jean de Gand, lieutenant spcial et capitaine gnral dans le royaume
de France[117]. Accompagn de Jean IV de Bretagne, il conduit
travers la France une chevauche des plus dvastatrices. Mais celle-ci
reste sous contrle : Philippe le Hardi tient les ponts et les chteaux sur
son aile droite, du Guesclin la suit et empche tout repli vers Calais.
Elle traverse la Picardie et le Vermandois mais, ne pouvant aller vers
louest, elle se dirige vers Reims, puis Troyes o elle trouve portes
closes[]. Battu par Clisson Sens, le duc de Lancastre ne peut rejoindre
la Bretagne, il tente donc de rallier la Guyenne en traversant le
Limousin[]. Ses hommes sont affams, les chevaux crevs (ou
mangs), la fin de lexpdition se fait pied et perd la moiti de ses
effectifs (les dfections sont nombreuses). Trop lourdes, les armures
ont t jetes[]. Elle est sauve dun dsastre plus complet par les villes
de Tulle, Martel et Brive qui ouvrent leurs portes sans coup frir. Mais
le moral ny est plus, la zizanie gagne les chefs : Montfort lche la
Jean de Gand, duc de Lancastre
chevauche[]. Larrive piteuse du rsidu des troupes de Jean de
Lancastre Bordeaux brise le moral des fidles au roi dAngleterre : les
Franais avancent nettement, reprenant Tulle, Martel et Brive, mais surtout en entrant dans La Role qui verrouille le
bordelais et dont les bourgeois savent ne plus pouvoir compter sur aucun secours[]. Au total, entre 1369 et 1375, les
Franais reprennent aux Anglais la quasi-totalit des concessions faites et des terres possdes par lennemi avant
mme le dbut de la guerre, exceptions faites de Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux, Bayonne, et de quelques
forteresses dans le Massif central. Mais parvenu ce point Charles V sait ne pouvoir reprendre plus de terrain, les
Bordelais tant trop anglophiles du fait des liens commerciaux (ils exportent massivement leur vin vers lAngleterre).
Toute sa stratgie tant fonde sur la reconqute des curs avant celle des territoires, il ne souhaite pas sencombrer
dune ville prte se rebeller la premire occasion[]. Tout est ouvert pour finalement ngocier, Bruges, un trait
mettant fin la guerre en reconnaissant la souverainet des Franais sur les territoires reconquis.
En 1375, Jean IV dbarque Saint-Mathieu-de-Fineterre avec 6000 hommes sous le commandement du comte de
Cambridge[]. Le succs est rapide mais phmre : peine la trve de Bruges signe entre Franais et Anglais que
les troupes anglaises quittent la Bretagne et que les places bretonnes retournent franaises[]. Jean IV doit retourner en
Angleterre.
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Charles V de France
1375 : Trve de Bruges
Article dtaill : Trve de Bruges.
La guerre tant arrive un statu quo o il devient difficile de faire bouger les lignes, les deux partis sont runis
Bruges. Mais ils narrivent cependant pas trouver un point daccord. Sous l'influence de Grgoire XI, les
belligrants signent le Ier juillet 1375 une trve qui dure jusqu'en juin 1377. la signature de la trve de Bruges, les
Anglais ne possdent plus en France qu'une Guyenne trique et Calais ; la France rcupre le duch de Bretagne
l'exception de trois villes.
Durant cette trve se produisent deux vnements qui contribuent loigner la menace que font peser les prtentions
dynastiques anglaises sur la couronne de France. En 1376 meurt le Prince noir, hritier du trne d'Angleterre. En
1377 disparat son tour douard III. Le nouveau roi Richard II a 10 ans, l'Angleterre entre dans une priode de
troubles qui sera l'origine de la guerre des Deux-Roses, et qui empche les Anglais de reprendre srieusement les
hostilits en France avant l'avnement d'Henri V.
Offensive maritime et terrestre (1377)
Jean de Vienne rorganise la flotte (il remplace
Aimery de Narbonne en dcembre 1373). Il nomme
un matre du clos aux gales qui a en charge lachat,
la construction et lentretien des navires dans tous les
ports royaux[]. En 1377, la flotte royale compte 120
navires de guerre dont 35 vaisseaux de haut bord
quips dartillerie lourde[] (contre seulement 10 en
1376[]). En 1379, elle compte 21 navires de plus,
auxquels il faut ajouter huit galres castillanes et cinq
portugaises[]. Il instaure une stratgie de raids ctiers
dvastateurs qui sont le pendant maritime des
Attaques de Jean de Vienne et l'amiral castillan Fernando Snchez de
chevauches anglaises[]. De 1377 1380, une dizaine
Tovar contre l'Angleterre (13741380).
de ports anglais dont Rye, Hastings, Dartmouth,
Plymouth, Wight, Winchelsea, Lewes, Portsmouth
ou Yarmouth subissent des raids franco-castillans[]. Londres est mise en tat dalerte plusieurs reprises[]. Mais
comme les chevauches, ces raids, s'ils permettent de peser sur l'conomie adverse et sur le moral des populations,
ne permettent pas de reprendre du terrain l'adversaire.
Dans la pratique, la trve de Bruges se termine la Saint-Jean 1377, et les Anglais sont immdiatement attaqus sur
tous les fronts : par mer (avec un premier raid en juillet et un deuxime en aot), en Bretagne et en Guyenne[]. Louis
d'Anjou et du Guesclin, chacun la tte d'une arme progressant sur une rive de la Dordogne, reprennent Bergerac,
Saint-milion, Libourne et Blaye. Mais, bousculs les Anglais parviennent tenir leurs ports et restent matres de
Bordeaux, Bayonne, Brest, Cherbourg et Calais. Ils restent aussi capables de dbarquer quand bon leur semble[].
Article connexe : Histoire de la marine franaise pendant la guerre de Cent Ans.
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Charles V de France
Fin de rgne
Visite de l'empereur Charles IV
En janvier 1378, alors qu'il est victorieux sur tous les fronts, Charles V
reoit son oncle lempereur germanique Charles IV. Pour Charles V, ne
parvenant pas obtenir des Anglais reconnaissance de sa victoire, il
s'agit de faire avaliser sa souverainet et sa victoire par un des
souverains les plus puissants d'Europe. D'autre part, il souhaite le
soutien de l'empereur pour l'extension du royaume vers l'Est : sa
famille contrle le Dauphin et le comt de Bourgogne (qui sont en
terre d'empire), et il lorgne sur la Provence (ces territoires
permettraient de contrler le trs lucratif axe commercial
Rhne-Sane). Il soigne ses rapports avec les princes allemands des
rgions frontalires en fianant en 1373 sa fille Marie au futur comte
de Hainaut, Guillaume, fils du duc Albert Ier de Bavire, et promettant
sa fille Catherine Robert de Bavire, comte palatin du Rhin[]. Pour
Charles IV vieillissant, il s'agit d'obtenir le soutien diplomatique du roi
de
France pour l'investiture comme empereur de son fils Wenceslas,
Banquet donn lors de la venue de l'empereur.
dj roi des Romains, et surtout pour obtenir la main de Marie de
gauche Charles IV, au centre Charles V, et
droite Wenceslas le roi de Rome.
Hongrie pour son fils cadet Sigismond[]. En effet, Louis le Grand de
Hongrie est issu de la premire maison d'Anjou et dtient les couronnes
de Hongrie et de Pologne. Cependant, il n'a pas de fils. Il doit donc trouver des gendres pour ses 3 filles. Charles V
souhaiterait que l'ane Catherine pouse son fils Louis, qui deviendrait alors roi de Hongrie et qui aurait des droits
sur le royaume de Naples (et donc sur la Provence) dont la reine Jeanne est angevine et sans hritier elle aussi[118].
Sigismond, lui, deviendrait roi de Pologne[].
La visite est l'occasion de montrer que le roi de France est l'gal de l'empereur (le protocole est tudi
pointilleusement pour cela), pour asseoir la couronne des Valois. L'empereur, aprs avoir entendu l'historique de la
guerre de Cent Ans, soutient son neveu, condamne l'Angleterre, et considre publiquement la reconqute comme
juste[119]. La paix avec l'Angleterre n'est pas obtenue mais l'empereur en lgitimant la reconqute affirme la
souverainet des Valois sur ces territoires.
Le schisme
Articles dtaills : Papaut d'Avignon et Grand Schisme d'Occident.
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Charles V de France
Carte historique du grand schisme dOccident.Pays reconnaissant le pape de RomePays reconnaissant le pape
d'Avignon
En refusant d'accepter le principe d'une supriorit du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel, Philippe le Bel a
empch l'instauration par Boniface VIII d'une thocratie en Europe[120]. Depuis 1309, les papes rsidant Avignon
sont majoritairement franais (gnralement proches du roi de France), et nomment des Franais comme lgats et
gouverneurs des provinces ecclsiastiques dItalie. Or, les Franais ne sont pas familiers des affaires locales, et sont
dtests des Italiens. Grgoire XI commet lerreur de perptuer cette mauvaise habitude. sa mort, les Italiens
spolis fomentent des meutes pour influer sur le vote et faire lire Urbain VI, le 8 avril 1378.
Il s'agit du premier pontife italien depuis que la papaut s'est installe Avignon. Son lection s'est faite sous la
pression de la rue, mais les cardinaux l'ont choisi pensant que, peu puissant, il ne remettrait pas leurs privilges en
jeu. peine lu, Urbain VI se brouille avec les cardinaux d'Avignon en voulant leur imposer de vivre conformment
l'vangile, en rduisant leur train de vie, en renonant leurs pensions et en investissant dans la restauration de
l'glise. Les membres du Sacr Collge, en majorit franais, habitus aux fastes et aux intrigues de couloirs grce
auxquels ils ont pu accder leurs charges si rmunratrices, voient d'un trs mauvais il ce pape moralisateur[].
83
Charles V de France
Urbain VI
84
Ils contestent son lection sous la pression de la population romaine en
insurrection. Profitant de sa brouille avec la reine de Naples, ils se runissent
nouveau Naples et le somment d'abdiquer le 2 aot[]. Le 18 septembre, Rome,
Urbain VI nomme 29 nouveaux cardinaux dont 20 italiens[]. Les cardinaux
franais disposent d'un puissant rseau d'influence, trs introduit la cour de
Charles V de France (le Saint-Sige est l'picentre diplomatique de l'Occident)[].
Les cardinaux contestataires obtiennent d'abord le soutien de la reine Jeanne de
Naples (issue de la maison d'Anjou et oppose aux Visconti depuis la guerre des
guelfes et des gibelins)[121]. Ils font jouer leurs rseaux d'influence et russissent
convaincre les conseillers de Charles V, puis le roi lui-mme, de la non-validit
de l'lection d'Urbain VI. Le roi adresse son accord aux cardinaux rebelles le 6
octobre 1378. Ceux-ci, trs bien renseigns et 15 jours avant rception de cette
lettre confirmant l'accord du roi, lisent Clment VII (13781394) lors d'un
conclave Fondi, dans la rgion de Rome. Ce pape franais n'ayant pu s'imposer
en Italie sinstalle Avignon en 1379[]. L'Occident chrtien se divise alors : une
moiti de l'Europe reste fidle Rome (l'Italie du nord, l'Angleterre, les Flandres,
l'Empire et la Hongrie), tandis que l'autre moiti (France, royaume de Naples,
l'cosse, duchs de Lorraine, duch d'Autriche et duch de Luxembourg) en tient
pour le pape d'Avignon. Le territoire de la Suisse actuelle est particulirement
touch de par sa situation entre les blocs et son morcellement politique. Dans la
plupart des diocses suisses, il y a alors deux vques d'obdience oppose[122].
Les royaumes espagnols restent neutres dans un premier temps mais rclament
un concile[]. Par son soutien Clment VII, Charles V est largement responsable
du schisme puisque sans son appui, l'antipape n'aurait eu aucune lgitimit.
Le complot de 1378
Depuis la dfaite de Cocherel en 1364, les dsirs de Charles de Navarre de
ceindre la couronne de France sont compromis. Il se tourne alors vers l'Espagne,
et a de longs dmls avec Pierre le Cruel et Henri de Trastamare, qui se disputent la Castille. Engags contre le roi
de Castille Henri II de Castille dit Henri de Trastamare (qui sera empoisonn en 1379 son instigation), les troupes
du Navarrais dfaites n'ont d'autre issue que d'appeler les Anglais la rescousse[]. C'est une aubaine pour le jeune
Richard II d'Angleterre, qui comprend aussitt l'intrt d'une telle alliance. Le roi de Navarre, qui possde le comt
d'vreux et le Cotentin, peut, en contrepartie de renforts, mettre la disposition des Anglais le port de Cherbourg.
L'accord est conclu en fvrier 1378. En change d'une troupe de 1000hommes (500 archers et 500 hommes
d'armes), Charles de Navarre cde Cherbourg Richard II pour trois ans[].
Clment VII
En fait, la pierre d'achoppement entre le Valois et le Navarrais est celui de la souverainet sur la Normandie. C'est en
effet l'un des principes importants de gouvernement pour Charles V. Il est prt passer sur les turpitudes passes de
son beau-frre, pour peu que celui-ci se reconnaisse comme vassal du roi de France pour ses terres de Normandie.
C'tait en substance la signification des accords de 1371, o Charles de Navarre avait prt l'hommage lige. Cela,
Charles de Navarre, qui s'est toujours considr comme spoli de la couronne de France, ne peut le tolrer[]. En
ouvrant les portes de la Normandie aux Anglais, il remet en cause ce principe de souverainet, ce qui ne peut tre
tolr par Charles V et ses conseillers[].
Fin mars 1378, le comte de Foix, qui dispose d'un efficace rseau d'espions, informe Charles V que son cousin
Navarre ngocie un accord secret avec les Anglais[]. Grce ces informations, le chambellan de Charles le Mauvais,
Jacques de Rue, est arrt alors qu'il se rend Paris. La perquisition de ses effets permet de dcouvrir les instructions
confies par son matre. Le Navarrais, cart des affaires franaises depuis 1364, n'a pas pu faire grand-chose contre
Charles V de France
les exactions continues des garnisons anglo-gasconnes qui dfendent depuis 1355 ses forteresses normandes. Grce
sa politique nergique contre les Grandes Compagnies et les occupants anglais, c'est Charles V qui apparat comme
le protecteur et donc le souverain de la Normandie[123]. L'occasion est belle de mettre Charles de Navarre hors d'tat
de nuire et de rcuprer ses possessions normandes. Pour que cette raffirmation de souverainet soit bien acquise
par tous, il importe de bien mettre jour les griefs que la couronne a contre le Navarrais : il y aura donc un grand
procs avec le plus de publicit possible[]. Pris au pige, le chambellan passe aux aveux. Outre l'affaire de
Cherbourg, Jacques de Rue confesse un projet de mariage entre Richard II et une infante de Navarre, confirme la
rumeur du complot visant empoisonner Charles V[].
La raction est alors foudroyante : la trahison et la tentative de rgicide tant clairement tablies, toutes les
possessions de Charles de Navarre sont attaques simultanment. En Normandie, les hommes de du Guesclin
investissent tour tour Conches, Carentan, Mortain, Avranches[]. La forteresse de Bernay, tenue par Pierre du Tertre,
le secrtaire du Navarrais, rsiste un temps. Mais ce dernier n'a d'autre ide que d'obtenir une reddition honorable et
de sauver sa vie. Il rend les armes le 20 avril. Mais Cherbourg rsiste et reste aux mains des Anglais. Le 20 avril,
Montpellier, possession du roi de Navarre depuis 1371, est occupe par les troupes royales, alors que les Castillans
se prparent attaquer Pampelune, capitale du royaume navarrais.
Tout l'difice de Charles le Mauvais s'effondre en mme temps que ses rves de pouvoir. L'preuve n'est pourtant pas
finie. Le roi de Navarre doit encore essuyer l'humiliation du procs de ses hommes de confiance et la rvlation
publique de ses crimes. Cependant, Charles V veille ne pas s'aliner les Navarrais : il rencontre l'infant Charles
Senlis. Ce dernier, comme doit le faire un seigneur loyal, prend la dfense de Jacques de Rue. Le roi l'avertit que les
chteaux de son pre vont tre saisis, mais que l'infant ne sera pas priv du revenu de ses terres[].
Le procs de Jacques de Rue et de Pierre du Tertre s'ouvre en juin devant le Parlement[]. Outre les aveux du
chambellan, les hommes de Charles V ont dcouvert dans la tour de Bernay d'autres lments charge ; documents
cods destins aux Anglais, instructions pour la dfense des places normandes, ordre de ne point se rendre aux
Franais. Les Navarrais plaident la fidlit leur roi et rejettent les accusations de trahison et de lse-majest. C'est
faire peu de cas du serment de 1371, par lequel Charles le Mauvais a promis foi, loyaut et obissance Charles
V. Les juges n'acceptent pas cette dfense et, le 16 juin, condamnent mort les deux hommes. Aprs que Charles V
eut refus leur grce, les condamns sont dcapits, leurs ttes sont exposes au gibet de Montfaucon, leurs membres
en huit points de Paris[124].
Charles de Navarre a dfinitivement perdu son duel contre Charles V. Il est prsent isol, dpossd de ses biens et
lch par ses sujets, las de payer pour des desseins aventureux qui ne les concernent gure. Aprs avoir trahi tous les
partis la fois, il s'est fait tant d'ennemis qu'il est forc pour se tirer d'affaire d'abandonner une portion de ses tats
(1379). Ainsi, le plus rsolu des ennemis des Valois tombe dans une dchance qui va l'obliger, jusqu' sa mort en
1387, vivre d'expdients et d'emprunts. Instruit enfin par l'adversit, il passe ses dernires annes en paix, ne
s'occupant plus que de l'administration de son royaume.
Le fait de Bretagne
Les Anglais ne contrlent plus que quelques ports tels Calais, Bordeaux, Bayonne. Par contre, ils gardent le contrle
de plusieurs places fortes en Bretagne et en particulier Brest et d'o ils mnent des attaques rptes sur Saint-Malo.
La prise d'un nouveau port est inacceptable pour Charles V. Aussi le roi et sa cour dcident-ils de confisquer le
duch. Jean IV a t chass de Bretagne depuis 1373. Il n'a remis les pieds sur le continent que pour participer des
raids ou des chevauches anglaises. Jean IV ayant t dconsidr par les Bretons, Charles V peut penser que ces
derniers ragiront comme les Normands en cas de confiscation du duch. Ceci se fait en toute transparence, et elle
est annonce aprs un jugement rendu par la cour des pairs le 18 dcembre 1378[]. Louis Ier d'Anjou est nomm
lieutenant du roi en Bretagne[]. Mais le duch n'aspire qu' la neutralit et les barons se refusent livrer leurs
chteaux aux rois. Le 25 avril 1379, ils constituent une ligue qui met sur pied un gouvernement provisoire et rappelle
Jean IV avec l'aval de Jeanne de Penthivre[125]. Le gouvernement est form de 4 marchaux et de 4 responsables
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Charles V de France
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des affaires civiles dont la mission prioritaire est de prlever des fonds (via une taxe de 1 franc par foyer) pour lever
une arme destine dfendre le duch. Jean IV dbarque le 3 aot 1379 sur la plage de Saint-Servant, accueilli par
une foule enthousiaste[] : il s'agit d'un des moments historiques fondateurs de l'identit bretonne. Charles V ne peut
que constater la volont d'autonomie du duch et il sait que sans l'approbation de la population, une conqute
militaire n'aurait aucun rsultat long terme[]. Il ne veut pas prendre le duch de force. Il meurt avant la fin des
tractations, et ce sont ses frres qui signent le deuxime trait de Gurande qui reconnat Jean de Montfort comme
duc de Bretagne, contre lhommage prt au roi de France, le versement dune indemnit et le renvoi des conseillers
anglais, mettant dfinitivement fin au conflit le 4 avril 1381[126].
Mort de Charles V
La reine meurt le 6 fvrier 1378, aprs avoir mis au monde Catherine. Selon tous les chroniqueurs de l'poque, le roi
est trs affect car, bien que leur mariage ait t arrang, l'amour que se portait le couple royal n'en tait pas moins
sincre[]. Le corps de la reine est inhum Saint-Denis ct de la place prvue pour le roi. Son cur est lui
conserv dans l'glise des clestins[].
Voyant son tat de sant dcliner (il tait probablement atteint de tuberculose pulmonaire), Charles V prpare sa
succession. Il fixe la majorit des rois de France 14 ans (1374).
En 1379, le Languedoc se rvolte contre les impts devenus de plus en plus lourds. En effet la diminution de la
dmographie entrane une hausse des taxes : un fouage de 12 francs par foyer est dcid[]. Or cette province est l'une
des dernires encore saignes par les Grandes Compagnies lesquelles tiennent encore quelques forteresses du Massif
central. Nmes, les commissaires envoys par Louis d'Anjou sont massacrs[127]. Ce dernier ragit par une
dmonstration de force : les Nmois doivent supplier publiquement sa clmence (il les a fait condamner mort) pour
qu'il commue leur peine en une amende de 130000 francs[].
Le roi Charles est lui plus clment. Il institue l'appel contre les abus, cre la Chambre du Trsor, et supprime des
impts lourds en 1379 par souci d'apaisement[].
Son conseiller Philippe de Mzires essaye d'organiser une croisade qui serait mene par Charles, mais le roi la
refuse, arguant de sa mauvaise sant. En fait, il a dcid qu'il n'puiserait pas les forces du royaume rgnr par une
qute chimrique.
Charles V meurt le 16septembre1380 Beaut-sur-Marne, sa
rsidence prfre, affaibli par la mort de sa femme survenue deux ans
plus tt. Il meurt en pleine pidmie de peste, loin de ses fils Charles et
Louis qui ont t mis l'abri Melun[128].
Sa dpouille fut divise en trois parties : le corps allant Saint-Denis,
les entrailles aux cts de sa mre Bonne de Luxembourg l'abbaye de
Maubuisson (le gisant du tombeau aux entrailles, dat de 1374, est
aujourd'hui conserv au muse du Louvre), et le cur la cathdrale
de Rouen (Charles V, qui tait avant tout duc de Normandie, opre
Gisant du corps de Charles V la basilique de
ainsi un placement stratgique de ses restes, dans une rgion dont la
Saint-Denis, aux cts du monument aux
entrailles de Jeanne de Bourbon.
souverainet est frquemment conteste par la couronne anglaise.
Command en 1368 au sculpteur Jean de Lige, le tombeau du cur a
t dtruit en 1737, mais est connu par un dessin de la collection Gaignires[129]). Son corps est inhum avec celui
de sa femme Jeanne de Bourbon dans la basilique de Saint-Denis. Son pitaphe est le suivant : Cy gist le roy
Charles le Quint, sage et loquent... [] Le gisant avait t command de son vivant (en 1364), au sculpteur Andr
Beauneuveu. Sa tombe, comme celle de tous les princes et dignitaires reposant en la basilique, fut profane par les
rvolutionnaires en 1793.
Charles V de France
Son fils Charles VI lui succde, mais il est trop jeune pour gouverner, ses oncles se partagent donc le pouvoir,
jusqu' son mancipation en 1388.
Relance conomique
Le Franc n'est pas une invention de Charles mais de son pre et de son
conseil. Prisonniers Londres, Jean le Bon et ses conseillers constatent
les bienfaits dune monnaie forte. Ils prparent donc les rformes
ncessaires et Jean le Bon cre le franc, le 5 dcembre 1360, sur le
chemin du retour Paris[130]. Il sagit dune monnaie trs forte teneur
en or (3,88grammes d'or fin), valant une livre et dont le nom indique
Le Franc cheval reprsente le roi Jean le Bon
quil ne sagit pas dune monnaie au titre dvalu[131]. Il montre le roi
sur un destrier, arm d'un cu fleur de lys et
chargeant cheval dans la droite ligne de lidal chevaleresque :
brandissant l'pe, avec le terme Francorum
lobjectif est de restaurer lautorit royale en mettant fin aux mutations
Rex (roi des Francs).
montaires qui ont entran de nombreuses dvaluations pendant toute
la premire moiti du XIVesicle[82]. Une monnaie forte constitue la demande principale des tats gnraux,
illustre par la thorie labore par Nicolas Oresme. Labandon des mutations montaires prive ltat dune source
importante de revenus. Pour payer la ranon, le conseil du roi compte sur la fiscalit indirecte : lordonnance de
Compigne du 5 dcembre 1360 institue une taxe de 5 %, prleve sur tous les changes[132]. Ce choix favorise la
noblesse qui nest pas touche par cet impt et plus gnralement les propritaires fonciers (clerg, noblesse et grand
patriciat urbain) dont les revenus sont calculs en monnaie de compte. En revanche, le commerce, lagriculture et
lindustrie sont durement pnalises et lconomie est ralentie par cette mesure. De la mme manire, les locataires et
paysans qui doivent payer aux propritaires une somme fixe sont trs pnaliss par le renforcement montaire.
Charles V, en garantissant la stabilit du Franc, favorise au contraire
les changes. Il se porte ainsi garant de la stabilit montaire et met fin
aux mutations tant dcries[82]. En contrepartie, il fait accepter la
cration d'une fiscalit contrle par des officiers royaux pour financer
l'effort de guerre et le paiement de la ranon de Jean le Bon[82],[133]. Et
surtout, elle se trouve justifi par ses effets sur le terrain : l'arme
Franc cheval du Dauphin lgende faute sous
permanente que les impts financent dbarrasse le pays des Grandes
Charles V le Sage
Compagnies, ce qui relance les changes. Il recourt en plus des aides,
au fouage qui touche les foyers : cette fiscalit a une assiette plus large
[134]
et pnalise moins les changes
. Charles V continue cette politique de stabilit montaire et rend permanente une
fiscalit initialement provisoire et rengocie tous les ans aux tats gnraux[].
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Charles V de France
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Charles V de France
Ordonnance sur les forts
Ds le XIIIesicle, on prend conscience de l'importance des forts[137].
D'une part, le bois se rarfie et se renchrit du fait des dfrichages
intensifs raliss en Occident depuis le Xesicle. Le bois est, au dbut
du Moyen ge, le principal combustible et matriau de
construction[138], disponible aisment proximit immdiate et facile
transporter par flottage. Le renchrissement du bois a conduit une
utilisation plus systmatique de la pierre pour la construction et le
charbon comme combustible industriel[139] (principalement pour les
forges). D'autre part, la fort menace de ne plus remplir son rle
nourricier pour la population et de terrain de chasse pour la noblesse.
Les autorits prennent donc des mesures pour mieux contrler les
enluminure tire du livre de chasse de Gaston
dfrichages. Charles V s'inscrit dans cette dmarche en promulguant en
Phbus
1376 une ordonnance de 52 articles sur les forts, labore sur son
ordre par la Chambre des comptes aprs une enqute minutieuse[140]. Les forts royales sont confies 6 matres
forestiers devant inspecter 2 fois par an les forts dont ils ont la charge[140]. Ils doivent en dcrire l'tat et en
prsenter la situation comptable la Chambre des comptes, y compris les amendes perues par leurs sergents[140]. Ils
sont pays 400 livres annuelles et en livraisons de bois[140]. l'chelon subalterne sont institus des gruyers et des
verdiers (gardes forestiers). Une exploitation forestire rgulire place sous haute surveillance est aussi
institue[140].
Politiquement, l'affaire a aussi pour objet de dbarrasser le Conseil du roi des Meluns (ils y sont depuis Jean le Bon)
devenus trop puissants politiquement pour que Charles V puisse les vincer. Les habitants de Sens, utilisant les
recours judiciaires permis par la mise en pratique de l'tat de droit par le roi, portent plainte devant le Parlement de
Paris contre des abus de pouvoir de la part de Jean de Melun, qui avait rcupr la charge de souverain des eaux et
forts. Les communauts villageoises bnficiaient depuis des temps immmoriaux du droit d'usage de ses bois
(pture, ramassage des branches mortes, charbon de bois, glane) ; or les gardes forestiers, protgs par des
commissions royales dlivres par l'archevque Guillaume de Melun, les saisissaient, les mettaient aux fers et les
soumettaient ranon[] ! L'arrt de la cour de justice royale tombe le 31 aot 1375 : les droits d'usage sont restitus
aux communauts, la justice temporelle de l'archevch est confisque par le roi et Jean de Melun se voit retirer sa
charge de souverain des eaux et forts[]. Les Melun sont alors carts du pouvoir et l'autorit royale en sort une fois
de plus renforce, montrant qu'elle est juste et que, s'appuyant sur le droit, elle ne privilgie pas les puissants.
Naissance du sentiment national
Jusqu' cette poque, il tait possible d'annexer des portions normes d'un territoire tranger, c'est ce que fait
douard III au trait de Brtigny. Mais, alors que le roi d'Angleterre en est rest au concept fodal qui veut que le
pouvoir se rsume une simple pyramide fodale, le fait de recevoir l'hommage pour une terre suffisait pour en tre
souverain ; Charles V est clair par le discrdit initial des Valois et les vnements de 1357 et 1358 : il ne suffit pas
d'occuper une terre, il faut que ses habitants veuillent reconnatre le nouveau propritaire comme souverain. Ds lors,
la reconqute se fait avant tout en convainquant les territoires de rejoindre le royaume de France, en octroyant par
exemple des facilits fiscales aux villes susceptibles de tourner franais. Ces mesures conciliatrices contribuent
rendre populaire la couronne, d'autant que, depuis le sige de Paris, le dauphin a pris le parti d'viter si possible de
prendre les villes d'assaut car les pillages qui s'ensuivent habituellement sont trs dltres pour l'image du roi. Il
n'hsite par exemple pas payer rubis sur l'ongle la reddition des troupes qui dfendent le chteau de
Saint-Sauveur-le-Vicomte, quand les troupes anglaises se livrent un massacre envers la population de Limoges qui
a os laisser entrer les troupes franaises. Les Anglais ne peuvent tre perus que comme les occupants.
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l'inverse, la reconqute s'arrte Bordeaux et Calais sachant que pour des raisons conomiques ces villes sont
farouchement pro-anglaises (Bordeaux exporte massivement son vin en Angleterre et toute la laine anglaise
destination du continent passe par Calais[141]). douard III, lui, impose en 1361 langlais comme langue nationale
(jusqu cette date, la langue officielle la cour anglaise tait le franco-normand)[142] ; cette mesure renforce en
retour langlophobie dans les territoires conquis. De la mme manire, Charles V souhaite que la couronne rassemble
l'ensemble des patries du territoire ( cette poque chaque rgion est une patrie) et que Paris en soit le liant matriel.
Cette nouvelle vision de la souverainet est une volution trs nette vers le concept de nation. Le dsir
d'appartenance nationale la France est l'un des facteurs qui permet la rsolution du conflit en 1475 : l'annexion de
territoires de l'adversaire tant perue comme vaine par les belligrants.
L'image du roi
Le roi sage
l'poque, la noblesse doit conjuguer richesse, pouvoir et bravoure sur le champ de bataille : vivant du labeur
paysan, le matre se doit de manifester sa largesse en entretenant la masse de ses dpendants[143]. Priv de prouesses
sur les champs de bataille du fait de l'infirmit dont souffre sa main droite[], Charles V doit faire montre de noblesse
autrement. Les chroniqueurs et ses hagiographes sont marqus par ce roi qui reconquiert par la sagesse ce que ses
prdcesseurs ont perdu sur les champs de bataille. Jean Froissart crit : le roi Charles fut rudement sage et subtil et
il le montra bien tant qu'il vcut. Car tout coi, en tant dans sa chambre et ses dduits, il reconqurait ce que ses
prdcesseurs avaient perdu sur les champs, la tte arme et l'pe la main. Ce dont il grandement louer. .
Christine de Pisan n'est pas en reste : Ce roi, par son sens sa magnanimit, sa force, sa clmence et sa libralit,
dsencombra son pays de ses ennemis tant qu'ils n'y firent plus leurs chevauches. Et lui, sans se mouvoir de ses
palais et siges royaux, reconquit, refit et augmenta son royaume qui, auparavant avait t dsol, perdu et dpris par
ses devanciers portant les armes et trs chevalereux. [144].
La monarchie de droit divin
Le roi et ses conseillers ancrent l'ide que le roi est de droit divin ce qui limine dfinitivement toute contestation de
la lgitimit des Valois par les Anglais ou les Navarais. Il s'agit de btir l'image d'un roi sage, la fois saint et savant
et aussi d'une nouvelle vision de la monarchie. Le Songe du Vergier, ouvrage attribu vrart de Trmaugon[145], est
inspir directement par Charles V et contribue peindre cette image de roi qui s'efface derrire les institutions et les
officiers. L'auteur y passe en revue tous les affaires du rgne sous la forme d'un dialogue et dtaille les arguments qui
font du roi un personnage hors normes[]. Il crit : Qui doutera que le trs puissant roi de France ne soit ordonn et
tabli de par Dieu? .
Le roi s'insre dans la sainte ligne de saint Louis et modle sur lui son existence publique. Les clercs de son
entourage mettent en valeur l'aspect religieux de la crmonie du sacre, ils recueillent et diffusent les rcits de
miracles que cette ide fait natre[]. Le sens du sacre, de l'onction et de la gurison des crouelles est explicit la
demande du roi par le carme Jean Golein dans le Trait du Sacre pour prouver l'origine divine de la monarchie[].
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La dcoration des diffrents logis du roi fait appel force images saintes, les salles sont emplies de reliquaires, de
statuettes ou de tableaux figurant la Vierge ou des saints : il convient de rappeler que le pouvoir du roi est d'origine
divine[146]. Il est fait une large place la trinit jusque dans les armoiries royales de France qu'il fait changer :
l'origine, l'cu royal est un semis de fleurs de lys dont le nombre n'tait pas dtermin. Charles V le simplifie et
prescrit le nombre prcis de trois fleurs de lys. On distingue dsormais les armes de France anciennes et les armes de
France modernes : la plupart des grands seigneurs et villes arborant des fleurs de lys adoptent cette nouvelle norme.
La prestance royale
Il veille s'exprimer avec magnificence et manifeste un got pour le luxe[]. Les journes du roi sont codifies par des
rituels crmonieux, qui seront imits en Bourgogne puis en Espagne pour donner la rigide tiquette des
Habsbourg[147]. De la mme manire, lors de la visite de son oncle l'empereur Charles IV, tout est fait pour que le roi
soit l'gal de l'empereur : le roi de France est empereur en son royaume. Ainsi Charles IV doit entrer dans les villes
franaises sur un cheval noir, alors qu'il le fait sur un cheval blanc en terre d'Empire, tout l'apparat est prsent mais
l'empereur entre en visiteur de marque et non en souverain.
Il prend comme symbole le lion, qui est roi des animaux, le sigle de saint Marc, et celui des rois de Bohme dont il
descend (il est petit-fils de Jean l'Aveugle). Il reste trs proche de son oncle, l'empereur Charles IV. Il fait installer
l'htel Saint-Pol ou au Louvre des mnageries o figurent des lions et qui ont un grand succs dans la capitale[148]. Il
veille ce que son image soit partout : il figure sur le Franc pied (la monnaie), sa statue est place en diffrents
points de Paris
Arts et architecture
Durant le rgne de Charles V, le soutien des arts et de l'architecture
tient une large place. Il s'agit d'un moyen de figurer la restauration de
l'autorit royale[149]. La construction d'un puissant et trs haut donjon,
au chteau de Vincennes, o il cre une cit administrative, symbolise
l'autorit royale. l'instar de ses prdcesseurs, il fait riger au
Chteau de Vincennes une Sainte Chapelle qui reoit une pine de la
couronne du Christ[]. Cela est prestigieux double titre : c'est un clair
rappel au rgne de saint Louis qui est la rfrence de l'poque et cela
matrialise la proximit entre la puissance divine et la couronne de
France. Les constructions royales sont pratiquement toutes ralises
Paris et dans ses environs : la capitale matrialise l'unification du
royaume par la couronne[]. Il cherche d'ailleurs obtenir que la capitale
devienne un archevch (et non plus un vch dpendant de
l'archevque de Sens), mais Grgoire XI se mfie du risque de voir
l'glise gallicane prendre plus d'autonomie et refuse. L'image du roi est
partout : on trouve des statues du souverain au Louvre, au Chtelet, sur
le portail des clestins, la Bastille, ce qui constitue l'poque une
nouveaut[150].
Les grands travaux ont un rle utilitaire : l'extension des fortifications parisiennes ou la mise en service du premier
gout de Paris rue Montmartre par Hugues Aubriot, en 1370, font partie des amnagements rendus ncessaires par
l'accroissement rapide de la population parisienne. La construction de fortifications matrialise l'action du roi contre
les exactions des Grandes Compagnies ou les raids anglais, comme les gouts matrialisent son action contre
l'insalubrit qui est grande partie responsable de la propagation d'pidmies rcurrentes. Cela valide dans l'opinion la
bonne utilisation des ressources que procure l'instauration d'un impt permanent. Christine de Pisan note que ces
investissements massifs font partie d'une politique de grands travaux destine relancer l'conomie. En effet,
Charles V de France
Charles V, qui a pu constater la menace que peut constituer les hommes dsuvrs qui se regroupent en place de
grve, leur donne ainsi du travail. Leurs salaires sont dpenss, et crent ainsi de l'activit.
Places fortes et fortifications
Sa rgence et son dbut de rgne tant marqus par les dsordres dus aux Grandes Compagnies et par la menace de
chevauches anglaises, il fait amliorer les fortifications des villes qui pourraient tre attaques et raser celles qui
pourraient tre prises pour viter qu'elles ne soient utilises par les compagnies.
En 1356, tienne Marcel fait construire de nouveaux remparts autour des quartiers situs au nord de la Seine ;
cependant cet imposant travail s'arrte avec sa mort en 1358. Charles V, fidle sa stratgie de la terre dserte, veut
amliorer les fortifications de la ville et continue l'uvre du prvt. Sur la rive gauche, pour protger Paris des
Anglais, il fait couronner de crneaux l'enceinte dite de Philippe Auguste . Sur la rive droite, il fait construire un
nouveau rempart, dit de Charles V , dont la construction s'achvera en 1383. Les fortifications rive droite ont un
trac long de 5 kilomtres et un rempart de maonnerie aurait t hors de prix et vulnrable l'artillerie qui vient
d'apparatre sur les champs de bataille, et remet en cause l'architecture militaire mdivale[]. Une solution ingnieuse
est dveloppe : le rseau de fortifications est constitu de d'un ou deux fosss, puis d'un premier remblai de terre,
puis un gros foss de 12m de large sur 4 de profondeur rempli d'eau, et enfin d'un gros remblai de terre de 25m de
large surmont d'un petit mur. L'ensemble des fortifications fait 90mtres de profondeur, ce qui est suprieur la
porte des machines de guerre et des bombardes de l'poque ; et les remblais sont capables d'encaisser les tirs de
l'artillerie. De la mme manire, les talus et le foss inond rendent ces fortifications trs peu vulnrables aux
sapeurs[].
Profondment marqu par les rvoltes parisiennes de 1358, il fait riger
la Bastille sur ses fonds propres[]. Cette forteresse a deux fonctions :
elle prvient toute invasion par la porte Saint-Antoine, protgeant aussi
l'htel Saint-Pol, lieu de sjour prfr de la famille royale ; et, en cas
d'insurrection dans la capitale, elle couvre la route qui mne au chteau
de Vincennes qui lui sert de rsidence hors de Paris[] et est sur la route
du Dauphin, fief de Charles V en terre d'Empire. Le nouveau prvt
de Paris, Hugues Aubriot (auquel on doit galement l'dification du
Petit Chtelet, du pont au Change et du pont Saint-Michel), est charg
d'en diriger la construction, et la pose de la premire pierre intervient le
22 avril 1370. Les travaux, considrables, vont durer douze ans.
Le donjon du chteau de Vincennes.
Aubriot fera les frais de sa diligence excuter les ordres du roi.
Accus d'impit pour avoir rendu des enfants juifs leurs familles, il
est emprisonn la Bastille en 1381, alors que la construction n'est pas encore termine. Quant Charles V, il est
mort l'anne prcdente sans avoir pu en contempler l'achvement.
Il amnage tous ses logis de manire pouvoir les quitter facilement en cas de menace. Ainsi l'htel Saint-Pol jouxte
les jardins du couvent des Clestins et il entretient d'excellents rapports avec les moines qui y vivent, ce qui lui
garantit une sortie de secours discrte. De la mme manire, il fait amnager un pont-levis au Louvre, ce qui permet
de pouvoir fuir prcipitamment le cas chant[151].
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Charles V de France
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Rsidences royales
Il fait faire des travaux de rnovations dans les diverses rsidences royales de Saint-Ouen, Creil, Melun, Montargis et
Saint-Germain-en-Laye. En 1361, il fait construire l'htel Saint-Pol, et fait riger le manoir de Beaut en bord de
Marne.
La librairie du roi
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Charles V de France
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Absolutisme
Constatant l'chec de la tentative de mise en place par la Grande
ordonnance de 1357 d'une monarchie contrle qu'il a soutenue au
dpart, Charles V opte pour un rgime monarchique, fond sur l'tat de
droit (la justice tant l'un des piliers du prestige royal depuis saint
Louis), la dcentralisation (via la politique des apanages) et la garantie
par l'tat de la scurit physique (par l'instauration d'une arme
permanente) et montaire (par la cration du franc).
Au XVesicle, les Parisiens tentent une nouvelle fois d'instaurer un
Cabochiens
rgime de monarchie contrle : les cabochiens, soutenus par Jean sans
Peur et l'Universit de Paris imposent Charles VI l'ordonnance
cabochienne en 1413, qui tente de rendre vie la Grande ordonnance de 1357. Sa dure de vie sera aussi phmre
car les promesses dmagogiques de fiscalit faible de Jean sans Peur ne peuvent tre tenues[153].
Au contraire, les monarques franais financent une politique qui restaure l'autorit royale par la mise en place
d'impts permanents et l'entretien d'une arme solde. Le commerce en France ne pouvant se faire sans la
scurisation des axes commerciaux terrestres, la bourgeoisie finit par accepter un tat fort financ par une fiscalit
lourde, qui volue progressivement vers
Charles V de France
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comptences de chacun se compltent. Chacune est constitue d'un homme d'arme accompagn de deux archers
cheval, d'un coutilier (arm d'une pe et d'une longue dague), d'un page et d'un valet (ces derniers ne combattant pas
en rgle gnrale). 100 lances forment une compagnie. Les 15 compagnies totalisent 9000 hommes, dont 6000
combattants qui forment la grande ordonnance[157]. Bientt, trois nouvelles compagnies sont cres. Cette arme est
entretenue de faon permanente : elle est mise en garnison dans des villes du royaume[157]. Celles-ci ont la charge de
l'entretenir : le cot ne repose pas sur les finances royales. En 1448, il cre la petite ordonnance : en cas de
mobilisation, chaque paroisse (cinquante feux[158]) est tenue de mettre la disposition du roi un archer bien quip et
bien exerc. Pour compenser les charges qui psent sur lui, il est dispens d'impt (la taille[158]) : on l'appelle
franc-archer. Choisi par les agents du roi, il est tenu au service de ce dernier. Le royaume en compte environ 8000 et
possde enfin une archerie comparable l'arme anglaise[157]. Grce une arme moderne appuye par une vritable
artillerie de campagne, il vainc dfinitivement les Anglais, qui en 1453 ne contrlent plus que Calais sur le continent.
Bibliothque nationale
Article dtaill : Histoire de la Bibliothque nationale de France.
La Bibliothque nationale de France tire son origine de la bibliothque
du roi, constitue au Louvre par Charles V qui suscite des traductions,
nomme Gilles Mallet comme garde et fait raliser un inventaire.
Toutefois, cette bibliothque sera disperse aprs la mort du roi
Charles VI[159].
C'est partir de Louis XI qu'une nouvelle bibliothque est constitue et
(plus important pour la continuit de l'tablissement) se transmet de roi
en roi[159], d'abord Charles VIII, qui y fait entrer les premiers
ouvrages imprims, puis Louis XII. Cette bibliothque est installe
Amboise, puis Blois.
En 1518, Franois Ier dcide la cration d'un grand cabinet de livres , abrit Blois et confi au pote de la cour
Mellin de Saint-Gelais. Les progrs de l'imprimerie favorisent la publication d'un nombre croissant de livres. Il
instaure, en 1537, le dpt lgal qui permet d'enrichir la bibliothque[160], dont il nomme intendant l'humaniste
Guillaume Bud avec mission d'en accrotre la collection. C'est en 1540 qu'il charge Guillaume Pellicier,
ambassadeur Venise, d'acheter et faire reproduire le plus possible de manuscrits vnitiens. Comme Franois Ier
installe sa propre bibliothque Fontainebleau, il existe un temps deux bibliothques royales, mais celle de Blois est
dmnage Fontainebleau ds 1544.
Charles V de France
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Charles V de France
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Gallicanisme
Le rgne de Charles V est marqu par l'affirmation du royaume de
France comme un tat souverain et indpendant du Saint-Empire ou de
l'glise. Depuis Philippe le Bel, le royaume s'mancipe de la tutelle
que le souverain pontife aurait voulu imposer sur l'Occident. Le grand
Schisme d'Occident va grandement contribuer affirmer l'autonomie
du royaume de France vis--vis du Saint-Sige. Charles V a toujours
veill ce que l'tat ne dpende pas de l'glise, dissociant bien ses
convictions religieuses et la politique. En soutenant Clment VII,
l'objectif est surtout d'avoir un pape pro-franais dans sa lutte contre le
royaume d'Angleterre, Mais le schisme a des consquences bien plus
importantes pour les rapports entre le royaume et Rome.
Dj, pendant le gouvernement des oncles, les tentatives de
soustractions d'obdiences menes par Philippe le Hardi soutenu par
l'universit de Paris aboutissent une indpendance de fait de l'glise
de France entre 1398 et 1403[162]. Un grand pas est alors fait vers le
gallicanisme.
Notes et rfrences
[1]
[2]
[3]
[4]
[5] Sury Geoffroy G., Bayern Straubing Hennegau : la Maison de Bavire en Hainaut. XIVe XVe s. , (2e d.), d. Geoffroy G. Sury,
Bruxelles, 2010, p.153 : - Bibliothque Ste-Genevive Paris, Ms 2068, fol. 44, (Contrat de mariage entre Guillaume (II) de Bavire (alias
Guillaume dOstrevant en Hainaut) et Marie de France, anne 1375.), Manuscrit du . - A Paris, le 16 mars 1375, Charles (V), roi de France,
fait connatre les termes dun trait dalliance conclu entre lui-mme et son fils an, dune part, et de lautre, le duc Albert de Bavire et son
fils an (Guillaume dOstrevant, futur Guillaume IV comte de Hainaut), ladite alliance concernant galement les mariages contracter par les
enfants (Marie de France et Guillaume dOstrevant) des principaux intresss. In, G. Wymans, Inventaire analytique du chartrier de la
Trsorerie des comtes de Hainaut , aux A.E. Mons, dordre (cote) 1113, ditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 236. (Or. sur pch. ; seul
contre-sceau, dtach.) - A Paris, en juin 1375, Charles (V), roi de France, fait connatre les modalits du rglement de la dot de 100.000
francs dor quil destine sa fille Marie, en excution de son trait de mariage avec Guillaume (Guillaume dOstrevant), fils an du duc Albert
de Bavire. In, G. Wymans, Inventaire analytique du chartrier de la Trsorerie des comtes de Hainaut , aux A.E. Mons, dordre (cote)
1114, ditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 236. (Or. sur pch. ; sc. brch avec contre-sceau.) - A Paris, en juin 1375, Charles (V), roi de
Charles V de France
France, renonce, pour lui-mme et pour sa fille Marie, toutes prtentions sur les comts de Hainaut, de Hollande, de Zlande, et sur la
seigneurie de Frise, lexception des adhritements , assignations, douaire et provisions prvus par les clauses du contrat de mariage
voqu ci-avant et rappels ici en dtails. In, G. Wymans, Inventaire analytique du chartrier de la Trsorerie des comtes de Hainaut , aux
A.E. Mons, dordre (cote) 1115, Editions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 236. (Or. sur pch. ; sc. brch avec contre-sceau.) - A Paris, le 17
septembre 1375, Charles (V), roi de France, ratifie par son serment les termes du contrat de mariage voqu dans les deux actes prcdents et
sengage les faire observer par sa fille Marie, et ce, en contrepartie du serment quivalent prt en sa prsence par le duc Albert de Bavire,
bail, gouverneur et hritier des comts de Hainaut, etc., et son fils an Guillaume (Guillaume dOstrevant.) In, G. Wymans, Inventaire
analytique du chartrier de la Trsorerie des comtes de Hainaut , aux A.E. Mons, dordre (cote) 1116, ditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p.
237. (Or. sur pch. ; sc. brch avec contre-sceau.)
[6] Cit par Patrick Van Kerrebrouck, dans "Les Valois" - 1990. Ce fils btard est cit par Pierre Cochon dans "Chronique normande" - 1870,
page 136, tmoignage caution.
[7] . Lhistorienne conclut qu'il s'agissait d'une typhode mais la longueur d'volution et les squelles ne sont pas en faveur de ce diagnostic. Les
squelles font voquer un problme lymphatique peut-tre d un accs de peste bubonique (un tiers de la population europenne en est morte
cette anne-l) mais l'volution semble bien lente. L'hypothse la plus sduisante serait une adnite tuberculeuse qui aurait fini par gurir en
fistulisant et aurait laiss les squelles lymphatiques. Pour Franoise Autrand, il aurait t aussi atteint de la goutte qui est une affection
chronique pouvant donner des fistules . Les sources manquent pour pouvoir permettre de trancher entre ses diffrentes hypothses
[8] Il s'est fait peser avec la grande balance de Tournai : .
[21] Paul Dreyfus, Histoire du Dauphin, page 107 (livre de la chaine, folio 329)
[26] Georges Bordonove, La guerre de 600 ans, Laffont 1971, 135.
[27] Jean Mabire, Godefroy de Harcourt seigneur normand voxnr.com (http:/ / www. voxnr. com/ cc/ dh_autres/ EEApuyupllHOAFwxYa.
shtml)
[29] Raymond Cazelles, tienne Marcel, Taillandier 2006, 121
[33] Raymond Cazelles,tienne Marcel, Taillandier 2006, 151
[34] Jourdan, Decrusy et Isambert, Recueil gnral des anciennes lois franaises, depuis lan 420 jusqu la Rvolution de 1789 (http:/ / gallica.
bnf. fr/ document?O=N51690), Paris, Belin-Leprieur, Plon, 1821-1833, 769-794. Dautres sources font tat de douze reprsentants de la
Noblesse, douze reprsentants du Tiers tat et six du Clerg ; Georges Duby, le Moyen ge, Seuil 1995, 489 voir seulement 4 prlats selon
[35] Le Franc histoire dune monnaie. La cration du Franc Bibliothque Nationale de France (http:/ / classes. bnf. fr/ franc/ naissance/ creation.
htm)
[36] et H. Gourdon de Genouillac, Paris travers les ges : histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutce jusqu
nos jours. (http:/ / gallica. bnf. fr/ ark:/ 12148/ bpt6k2006868/ f214. table), t. I, ouvr. rd. sur un plan nouveau et approuv par Henri Martin,
179-183.
[51] Lon Lacabane, Mmoire sur la mort d'Etienne Marcel (1358). (http:/ / www. persee. fr/ web/ revues/ home/ prescript/ article/
bec_0373-6237_1840_num_1_1_444241), Bibliothque de l'cole des chartes, 1840, volume 1, 79
[62] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, 292 et
[76] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, 295-6.
[81] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, 296.
[82] Thierry Pcout, Charles V donne naissance au franc, Historia thmatique n107: mai-juin 2007 : Ces rois qui ont tout chang (http:/ / www.
historia. presse. fr/ data/ thematique/ 107/ 10703401. html), 35
[90] Raymond Cazette, tienne Marcel, Taillandier 2006, 146
[91] Charles V, 1338-1380 : Le roi sage, Bibliothque nationale de France (http:/ / classes. bnf. fr/ dossitsm/ b-charlv. htm)
[98] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, 298.
[103] Jacques Bainville, Histoire de France, Paris : Arthme Fayard, diteur, 1924, Collection : le livre de poche, 57
[104] Jacques Dupaquier, Histoire de la population franaise, Paris, PUF, 1988, d. quadrige 1995, tome 1, 367
[107] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, 301.
[108] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, 302.
[109] Dans Histoire des Franais de Jean Charles Lonard Simonde de Sismondi 1828 Tome 11l'auteur indique 4 000 archers et 1 500 lances
[120] John Wyclif's Political Philosophy, Stanford Encyclopedia of Philosophy (http:/ / plato. stanford. edu/ entries/ wyclif-political/ index.
html#note-2)
[121] Il s'agit en ralit d'un contentieux dj ancien, le pape tant en conflit depuis 1317 avec les Visconti. Voir Bruno Galland, Le rle du
comte de Savoie dans la ligue de Grgoire XI contre les Visconti (1372-1375) , Mlanges de l'cole franaise de Rome. Moyen ge, 1993,
vol. 105,105-2, 765 (http:/ / www. persee. fr/ showPage. do?luceneQuery=(+ authorId:auteur_mefr_2124)+ AND+
(indexable_type:articlepage?)& zoom=0& words=auteur_mefr_2124& words=articlepage& urn=mefr_1123-9883_1993_num_105_2_3322&
pageId=mefr_1123-9883_1993_num_105_2_T1_0765_0000).
[122] Kathrin Utz Tremp, Grand Schisme d'Occident, Historisches lexikon der Schweiz (http:/ / hls-dhs-dss. ch/ textes/ f/ F17156. php)
[128] Franoise Autrand, Charles VI, Fayard fvrier 1986, 12.
[129] Murielle Gaude-Ferragu, D'or et de cendres: la mort et les funrailles des princes dans le royaume de France au bas Moyen ge,
Septentrion, 2005, p.329
[130] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, 293-294
[133] Charles V, 1338-1380 : Le roi sage, Bibliothque nationale de France (http:/ / classes. bnf. fr/ dossitsm/ b-charlv. htm)
99
Charles V de France
[137] Jean Gimpel, La rvolution industrielle du Moyen ge, Editions seuil 1975, 82-83
[138] Jean Gimpel, La rvolution industrielle du Moyen ge, ditions seuil 1975, 79
[139] Jean Gimpel, La rvolution industrielle du Moyen ge, ditions seuil 1975, 84-85
[140] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, 304-305
[141] Eileen Power, The Wool Trade in English medieval History, 55 (lire en ligne) (http:/ / socserv. mcmaster. ca/ econ/ ugcm/ 3ll3/ power/
WoolTrade. pdf)
[142] Le crpuscule du Moyen ge, Cristian-Ioan Panzaru, unibuc.ro (http:/ / www. unibuc. ro/ eBooks/ medieval/ curs/ 010. htm)
[143] Patrick Boucheron, Michel Kaplan, Histoire Mdivale Tome 2, "Le Moyen ge XIe-XVe sicles", Bral, 1994, chapitre 3 : Noblesse,
fodalit et monarchies 89-90
[145] A. Coville Evrart de Trmaugon et le Songe du Verger. Paris, Droz, 1933 (http:/ / www. persee. fr/ web/ revues/ home/ prescript/ article/
bec_0373-6237_1933_num_94_1_460446_t1_0129_0000_001)
[148] et 772
[154] English longbow - History spiritus-temporis.com (http:/ / www. spiritus-temporis. com/ english-longbow/ history. html)
[155] Michel Mollat, La reconstruction (1440-1515) tir de Histoire de la France des origines nos jours sous la direction de Georges Duby,
Larousse, 2007, p 434
[156] Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992, p 355
[157] Xavier Hlary, Charles VII remet la France en ordre de bataille , Historia thmatique n107: Mai-Juin 2007: Ces rois qui ont tout chang
(http:/ / www. historia. presse. fr/ data/ thematique/ 107/ 10702201. html), 26-7.
[158] Michel Mollat, La reconstruction (1440-1515) tir de Histoire de la France des origines nos jours sous la direction de Georges Duby,
Larousse, 2007, p 435
[159] Histoire de la BnF : sept sicles, Site de la Bibliothque nationale de France (http:/ / www. bnf. fr/ pages/ zNavigat/ frame/ connaitr.
htm?ancre=histoire. htm)
[160] Claude Dufresne, Historia 107
[161] malgr une priode difficile sous l'Occupation, quand une partie de la collection est transfre en zone libre
[163] La Pragmatique Sanction de Bourges, limite les prrogatives papales et affirme la supriorit des dcisions des conciles de Ble et de
Constance sur celles du pape : Marc Girot, L'affirmation du pouvoir royal (XII-XV sicles), site de l'IUFM de Crteil (http:/ / pedagene.
creteil. iufm. fr/ ressources/ histoire/ p_royal. html)
Annexes
Bibliographie
: ouvrage ou article utilis comme source pour la rdaction de cet article
Si de nombreux ouvrages ont t utiliss, une part importante des sources provient du livre de Franoise Autrand. Ce
livre cite les travaux antrieurs (ceux de R. Cazette par exemple) et apporte des prcisions nombreuses (il a t
publi 14 ans plus tard). Cet ouvrage a t largement recoup avec ceux de Jean Favier et de Georges Minois.
Jean Favier, La guerre de Cent Ans, Fayard, 1980, 678p. (ISBN2213008981)
Franois Autrand, Charles V: le Sage, Fayard, 1994, 909p. (ISBN9782213027692)
Georges Minois, La guerre de Cent Ans: Naissance de deux nations, Perrin, janvier2008, 650p.
(ISBN978-2-262-02440-6)
Charles V, 1338-1380 : Le roi sage, Bibliothque nationale de France (http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-charlv.
htm)
Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Charles V de France dans Dictionnaire universel dhistoire et
de gographie, 1878 (Wikisource)
Thierry Pcout, Charles V donne naissance au franc, Historia thmatique no107, mai-juin 2007 : Ces rois qui ont
tout chang (http://www.historia.presse.fr/data/thematique/107/10703401.html)
Laurent Theis, Histoire du Moyen ge franais, Perrin 1992.
Nol Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) , dans Georges Duby, Histoire de la France des origines
nos jours, Larousse, 2007 (ISBN978-2035826367)
Raymond Cazelles, Les Trsors de Charles V , in Comptes-rendus des sances de l'Acadmie des Inscriptions
et Belles-Lettres, Volume 124, no1, 1980, p.214-226, [ lire en ligne (http://www.persee.fr/articleAsPDF/
crai_0065-0536_1980_num_124_1_13710/article_crai_0065-0536_1980_num_124_1_13710.pdf)].
100
Charles V de France
Biographies
Liens externes
Charles V, 1338-1380 :Le roi sage, Bibliothque nationale de France (http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-charlv.
htm)
Charles V le Sage, chrisagde (http://chrisagde.free.fr/valdirects/ch5.htm)
Articles connexes
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Bataille de Cocherel
101
Charles V de France
102
Bataille de Pontvallain
Chevauche
Terre dserte
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Raymond du Temple
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Prcd par
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Jean II
Suivi par
Charles VI
Roi de France
1364-1380
Charles VI de France
Pour les articles homonymes, voir Charles VI.
Charles VI le Bien-Aim
Prdcesseur
Successeur
4novembre1380
en la Cathdrale de Reims
Charles V
Charles VII
Biographie
Titre complet
Dynastie
Date de naissance
Roi de France
Valois
3dcembre1368
Charles VI de France
103
Lieu de naissance
Paris,
Royaume de France
Date de dcs
21octobre1422 ( 53ans)
Lieu de dcs
Paris,
Royaume de France
Pre
Charles V
Mre
Jeanne de Bourbon
Conjoint
Isabeau de Bavire
Hritier
Charles (1386)
Charles (1392-1398)
Louis (1398-1415)
Jean (1415-1417)
Charles
(1417-1422)
Rsidence
Paris
Rois de France
modifier
[1]
Charles VI de France, dit Charles le Bien-Aim [2] ou encore Charles le Fol [3] comme il a t surnomm au
XIXesicle (n Paris, le 3dcembre1368 - mort Paris, le 21octobre1422) fut roi de France de 1380 1422. Fils
du roi Charles V et de Jeanne de Bourbon, il est sacr roi du vivant de son pre. Il est le quatrime roi de la branche
dite de Valois de la dynastie captienne.
Biographie
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Il succde son pre et est sacr roi de France le 4novembre1380, dans la cathdrale de Reims. Pendant la minorit
du jeune roi, ses oncles Jean de Berry et Philippe II de Bourgogne assurent la rgence du royaume avec Jehan
Pastoret en tant qu'avocat royal et prsident du Parlement de Paris. Le 17juillet1385, Charles est mari Isabeau de
Bavire, ge d'une quinzaine d'annes, fille dtienne III, duc de Bavire-Ingolstadt et de Thadea Visconti.
Sa minorit est trouble par les querelles des ducs d'Anjou, de Bourgogne, de Berry et de Bourbon, ses oncles, qui se
disputent le pouvoir et s'enrichissent sur le dos de la population accable par le rtablissement d'anciens impts en
janvier 1382. Au mois de fvrier suivant, la ville de Rouen se rvolte, les troubles atteignent Paris ; le 1er mars 1382,
des rvolts, connus sous le nom de Maillotins, pillent la capitale et tuent les collecteurs d'impts avec des maillets
de fer. Une rpression terrible va s'abattre sur les meutiers dont les meneurs sont dcapits ou pendus sans autre
forme de procs.
Le 27novembre1382, Charles VI prend part la bataille de Roosebecke, o Olivier V de Clisson bat les Flamands
rvolts.
Le 3novembre1388, au retour d'une expdition contre le duc de Gueldre, Charles VI convoque le Conseil du roi et
remercie ses oncles pour les services qu'ils lui ont rendus : il a vingt ans et il prend le pouvoir. Il confie le
gouvernement des anciens conseillers de son pre, comme Bureau de la Rivire, qui seront appels les marmousets.
Le 5aot1392, il est pris d'un premier accs de folie dans la fort du Mans. Il attaque sa propre troupe et tue six
personnes avant d'tre matris. Sa lucidit revient aprs deux jours, mais ce n'est qu'un dbut, ces accs de folie
intermittents assombrissent son rgne. Le 28 janvier 1393, il rechute suite au bal des ardents, o quatre de ses
Charles VI de France
compagnons brlent vifs.
Devant l'incapacit du roi gouverner, ses oncles reprennent leur rgence. Parmi eux le duc de Bourgogne Philippe
le Hardi concentre les pouvoirs. Le duc Louis d'Orlans, frre du roi et gendre du duc d'Armagnac, revendique plus
de place dans le Conseil et l'obtient peu peu, surtout aprs la mort de l'influent duc de Bourgogne. Son fils le
nouveau duc de Bourgogne, Jean sans Peur fait assassiner le duc d'Orlans et le royaume sombre dans la guerre
civile en novembre 1407.
Les dsordres permettent la guerre de Cent Ans de reprendre. Henri
V, roi d'Angleterre, profitant de ces troubles, arme contre la France : il
remporte la bataille d'Azincourt en 1415 et s'empare de la Normandie.
En 1419, le conflit entre Armagnacs et Bourguignons conduit
l'assassinat de Jean sans Peur. Les Bourguignons, s'allient alors avec
les Anglais. Cette alliance conduit au trait de Troyes (1420) lequel
Gros dit florette sous Charles VI le Fou
prvoit que Charles VI devra marier sa fille Catherine Henri V
d'Angleterre, que leur fils ventuel sera roi de France, et que le dauphin
Charles, qui a fait assassiner Jean sans Peur, sera dchu de ses droits la couronne. Charles VI conserve le titre de
roi jusqu' sa mort. L'emprise des Anglais sur le royaume n'est cependant pas totale. Les Armagnacs n'acceptent pas
le trait : le futur Charles VII garde des soutiens et gouverne en qualit de rgent les territoires au sud de la Loire.
Charles VI est inhum dans la basilique Saint-Denis, o il sera rejoint ultrieurement par Isabeau de Bavire.
Il est le pre, entre autres, de Charles VII, d'Isabelle de Valois, et de Catherine de Valois.
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Charles VI de France
l'Angleterre et le conseil argumente que pour prvenir une ventuelle chevauche anglaise, il faut que le pays verse
une aide. Le pays rechigne l'accepter et les tats sont de nouveau runis en fvrier 1381. Ils consentent une aide
pour la guerre pendant un an dater du 1er mars 1381, moyennant quoi de nombreuses chartes et privilges de villes
sont confirms[6]. L'importance de cette aide est laisse l'apprciation des villes et les entres fiscales sont trs en
de du train de vie de l'tat et des principauts des oncles. Les choses s'aggravent en 1382 quand Louis d'Anjou
comprend les difficults qu'il y avait grer les affaires de France et voit l'occasion d'tre roi en Italie aprs son
adoption par Jeanne de Naples aux abois. Il fait financer son expdition dans le royaume de Naples par la couronne
(60000francs sur les aides et 50000 en faisant fondre la vaisselle royale)[7]. Le roi et son conseil n'ont d'autre issue
que de rtablir l'impt sans l'aval des tats. L'ordonnance rtablit les impts indirects le 17 janvier[8]. La leve des
aides se fait sur les marchs ce qui est propice dclencher des meutes par effet d'entrainement. En quelques jours,
des rvoltes clatent partout en Pays d'ol, commencer par la Normandie. La rvolte de la Harelle Rouen dbute
le 27 fvrier, le mme jour Caen se soulve, puis Falaise, Orlans, Reims, Amiens, Laon La rvolte des Maillotins
clate Paris le 1er mars[9]. Les meutiers arms de maillets de plomb s'en prennent aux fermiers gnraux et
quadrillent la ville. C'est Philippe de Bourgogne qui mne les ngociations pour le Conseil du roi.
Il accepte la remise en libert de quatre bourgeois emprisonns, mais
les meutiers librent aussi tous les autres prisonniers de droit commun
ou politiques[10]. Les bourgeois parisiens, inquiets de ce que les
Maillotins pourraient se retourner contre eux, se dcident ngocier.
Le mouvement commence d'ailleurs s'essouffler car Hugues Aubriot,
libr par les meutiers, a refus de prendre leur tte[11]. On ngocie
cu d'or la couronne sous Charles VI le Fou
l'abandon de l'impt et une amnistie mais pour faire bonne figure le roi
fera excuter quarante Maillotins que ses hommes ont saisis, la ville
devant implorer le pardon royal. Mais la septime excution la rue fait pression et les derniers Maillotins sont
librs : Charles VI en prend ombrage. Le lien de confiance est rompu entre les villes et le roi et ce sont les rebelles
Normands qui en font les frais les premiers. Philippe le Hardi organise un crmonial appliqu une premire fois
Rouen mais amen se renouveler dans toutes les villes qui se sont rebelles. Il s'agit de raffirmer l'autorit royale
par l'entre en grande pompe de Charles VI dans une ville soumise: les meneurs sont dcapits, leurs ttes exposes,
les vantaux de la porte de la ville par laquelle entre le jeune roi sont abattus[12] Rouen voit sa commune
confisque et ses attributions remises un bailli. Mais malgr ces actes de contritions, les villes continuent
rechigner verser l'impt.
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Charles VI de France
La bataille de Roosebeke
Article dtaill : Bataille de Roosebeke.
Dans ce contexte de rvolte antifiscale gnralise,
la Flandre pose un problme aigu : Louis de Male,
comte de Flandre, est en butte contre la rvolte des
tisserands gantois (rvolte des Chaperons blancs)
depuis 1379.
Vaincu Bruges le 3mai1382 par les Gantois
emmens par Philippe van Artevelde, Louis de
Mle doit se rfugier Lille. Il fait alors appel
l'aide de son gendre Philippe le Hardi. Ce dernier,
en qualit d'hriter prsomptif des domaines du
comte et donc de la Flandre, a tout intrt
remettre de l'ordre dans la province. Avec l'aide de
son frre Jean de Berry, il convainc facilement son
neveu le jeune Charles VI qui a 14 ans et rve
d'exploits militaires, de la ncessit d'une
expdition en Flandre[13]. Les tats de Bourgogne
La Bataille de Roosebeke
lui accordent la leve d'un subside de 60000francs
Les chroniques de Froissart, milieu du XVe sicle
et la ville de Dijon lui donne un millier
d'hommes[14]. Les liens conomiques qui lient les
Gantois aux Anglais, qui produisent la laine utilise par les drapier flamands, amnent van Artevelde tenter faire
jouer l'alliance anglaise noue par son pre au dbut de la guerre de Cent Ans[]. Mais le royaume d'Angleterre, est en
proie de graves troubles intrieurs et ne lui apporte qu'un soutien symbolique.
Le problme qui se pose est de vaincre Philippe van Artevelde qui tient tout le comt et qui, la tte d'une arme de
100 000 hommes, assige Audenarde, mais qui est sujet du roi de France (financer l'arme ncessaire une telle
expdition ncessite de faire consentir l'impt, habituellement vers pour faire face un danger extrieur et
certainement pas pour craser une rvolte populaire)[]. Pourtant Charles VI et ses oncles doivent agir car la vue de
la puissance flamande les villes et Paris en tte complotent de se soulever[15]. Les tentatives d'alliance
anglo-flamandes, mme si elles ont t infructueuses, fournissent un prtexte, mme si beaucoup n'y voient qu'une
manuvre du duc de Bourgogne pour reprendre en main son futur hritage. L'Occident est dchir par le grand
schisme, du fait de leurs alliances anglaises, les Flamands sont suspects de passer sous lobdience du pape Urbain
VI et Clment VII soutient l'expdition franaise, ce qui permet d'en faire une croisade[16].
C'est une arme la hauteur de l'enjeu qui se met en marche derrire le jeune Charles VI: elle compte au moins
20000hommes[17]. Philippe en fait naturellement partie la tte de 2000 hommes[18]. C'est surtout une arme rode
qui a chass les anglais du royaume et qui est invaincue depuis 1369. sa vue, les villes flamandes se soumettent les
unes aprs les autres payant un tribut qui finance l'expdition. Le but est d'craser Artevelde en bataille range pour
rtablir l'autorit royale. Voyant que le pays se drobe, il se retourne et rencontre l'Ost royal Roosebeke le 27
novembre 1382. Il peut compter sur les piquiers flamands qui, l'image des phalanges grecques, utilisent l'inertie
collective pour renverser les fantassins adverses et leurs longues lances fiches dans le sol pour briser les charges de
cavalerie. Certain de sa force, il charge donc frontalement. Mais l'arme franaise est rompue ce type de tactique et
combat pied terre ne gardant qu'une cavalerie modeste place sur les ailes. Le centre recule mollement encaissant
l'impact des piquiers qui sont dbords sur les flancs par la cavalerie franaise. Si la force des piquiers est leur
puissance d'impact frontal, leur faiblesse est la difficult manuvrer pour faire face une attaque de flanc ou
revers. Les rangs flamands se dsorganisent et, cerns, sont compltement crass par la contre attaque[19]. Arteveld
est tu, l'esprit de la rbellion est bris. Les Bruggeois ngocient leur soumission ds le lendemain moyennant un
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tribut de 120000francs et leur adhsion l'obdience de Clment VII[20]. Cependant, Charles VI n'assige pas Gand
ce qui lui permettrait d'en finir dfinitivement : ses oncles savent que le sige risquerait de s'terniser et il faut se
prmunir d'une rvolte gnralise du reste du royaume. Une partie de l'arme est licencie et le reste rentre avec le
roi qui compte sur les villes pour acquitter le reste des soldes dues.
Avant de regagner Paris, Charles VI tient montrer sa dtermination
d'en finir avec la rvolte flamande. Il dcide de dtruire et brler la
ville de Courtrai, laquelle tait devenue le symbole de la rsistance
flamande aprs la dbcle de la chevalerie franaise en 1302.
Quand le roi eut connoissance qu'en une chapelle de l'glise de
Notre-Dame de Courtrai, il y avoit au moins cinq cents paires
d'perons dors, lesquels avoient t aux seigneurs de France
morts avec Robert d'Artois, l'an mil trois cent deux, en la bataille
de Courtrai, et que ceux de Courtrai faisoient tous les ans, pour
ce triomphe une trs grande solennit, il dit qu'ils le
compareroient (paieraient), et qu' son partement (dpart), il
feroit mettre la ville en feu et flamme.
Jean Froissart
Charles VI de France
Restauration de l'autorit royale
Une fois les Flamands crass, Philippe le Hardi
organise la restauration de l'autorit royale,
laquelle passe par la soumission des villes et
l'acceptation de l'impt. Compigne, le 4 janvier
1383, le duc de Bourgogne qui parle en matre et
en homme d'tat, fixe les grandes lignes de la
politique royale pour un an[]. Charles VI soumet
donc les villes les unes aprs les autres en y entrant
la tte de son imposante arme, et ceci en y
reproduisant un crmonial rod. Aprs avoir
remis l'oriflamme Saint-Denis, le 10 janvier, le
roi fait son entre dans la capitale le jour suivant.
L'arme s'arrte une demi-lieue de Paris. Seul le
roi est cheval, il entre en ville avec son arme en
pitinant les vantaux de la porte Saint-Denis. La
troupe investit et occupe la ville qui est donc sous
Aprs la bataille de Roosebeke Charles VI rentre Paris la tte de son
la menace d'un pillage si le roi le souhaite[]. Les
arme. Les Parisiens ngocient avec ses envoys les conditions de leur
principaux meneurs du complot sont arrts et les
soumission.
trois plus importants sont dcapits. Le simple
Les Chroniques de Jean Froissart, milieu du XVe sicle
cantonnement d'une arme en ville constitue dj
en soi une lourde punition, puisqu'elle se paye en ranonnant les habitants. Celle de Paris dure sept semaines,
pendant lesquelles les impositions sont rtablies sans contestation, et les rebelles punis par amendes. Enfin, le 27
janvier la confiscation de la municipalit parisienne est proclame : le roi met en sa main la prvt et l'chevinage,
les matrises de mtiers sont supprimes. L'encadrement bourgeois de la ville est remplac par des institutions
dpendant directement du monarque[24]. Les bourgeois convaincus de complot se voient contraints de choisir entre
justice et misricorde . La misricorde consiste en un versement au prorata de la fortune personnelle ce qui permet
de remplir les caisses royales. Enfin, le roi consent pardonner, ce qui se fait le dimanche 1er mars 1383 au cours
d'une crmonie grandiose. Une personne de chaque famille doit tre prsente au palais tte dcouverte. La foule y
coute un discours de Pierre d'Orgemont qui dtaille en quoi la ville est fautive, puis demande au roi le pardon pour
la ville alors que la foule genoux implore misricorde. Charles VI accorde alors son pardon[25].
Ce type de protocole est reproduit dans les grandes villes de langue d'ol par des gnraux-rformateurs envoys par
le Conseil du roi. Rouen est particulirement chtie du fait de la rvolte de la Harelle : elle doit verser
100000francs commus 60000 par la clmence royale et elle perd tous ses privilges conomiques. En instituant
la libre circulation sur la Seine, le roi retire aux bourgeois normands une grande source de revenus. C'est Paris qui en
profite, retrouvant le chemin de la prosprit en moins de deux ans[26].
Le Languedoc est puni en bloc : consulats et capitoulas sont mis en la main du roi et une amende de 800000francs
est demande. En fin de compte et aprs de longues ngociations, les liberts et franchises municipales sont rtablies
contre la soumission au roi et seule persiste l'amende. Cependant, la perception de cette taxe ncessite une prsence
sur le terrain pendant plusieurs annes, ce quoi s'astreint le conseil et en particulier Jean de Berry. Entre le roi et ses
sujets du midi des liens sont enfin nous[27].
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Charles VI de France
Croisades en Flandre
Le grand schisme qui dchire l'Occident depuis 1378 a aggrav la situation financire de l'glise dj mauvaise sous
les papes d'Avignon : il y a deux Saints-Siges, avec deux administrations pontificales[28]. Le contrle de Bruges est
un enjeu conomique majeur pour les deux papes, car le produit de la fiscalit pontificale en Europe du Nord y
transite[29]. Du fait de leurs alliances anglaises, les Flamands sont suspects de passer sous lobdience du pape
Urbain VI d'autant que Louis de Male reconnat le pape romain. L'expdition franaise de 1382 soutenue par
l'antipape Clment VII et la bataille de Roosebeke qui restaure l'autorit du roi de France sur la Flandre mettent en
pril le commerce de la laine anglaise et la fiscalit pontificale romaine.
Ds lors, Urbain VI ragit et fait prcher la croisade en Angleterre par Henri Despenser, vque de Norwich. Ce sont
les frres mineurs qui se chargent de relayer la campagne sur le terrain : ils flattent l'orgueil national naissant et les
Anglais achtent massivement des indulgences pour financer la croisade[30]. Celle-ci est accepte par le Parlement
anglais le 23 fvrier 1383[31]. Henri Despenser dbarque Calais au mois de mai 1383 la tte de 3000hommes[32].
Les Anglais saccagent Gand le 20 mai 1383 et sattirent linimiti des Flamands dont le comte est pourtant urbaniste.
Les Anglais occupent Dunkerque, Bergues, Bourborg, Cassel, Poperinghe et mettent le sige devant Ypres le 8 juin.
La ville rsiste. Louis de Male rappelle les Franais son secours par le biais de Philippe le Hardi. L'arme royale est
convoque Arras le 15 aot. L'apprenant, Henri Despenser lve le sige d'Ypres et se replie sur Bergues et
Bourbourg. Bergues est enleve par les Franais le 8 septembre. La garnison de Bourbourg capitule aprs une
contre-attaque rate. Graveline ngocie sa reddition pour 15 000 florins. Une trve est vite obtenue et l'vque de
Norwich regagne piteusement l'Angleterre avec ses troupes[].
Prise de possession de la Flandre
la mort de Louis de Male en janvier 1384, Philippe le Hardi prend en charge les crmonies qu'il veut fastueuses
pour bien marquer la succession[33]. Il entre solennellement avec sa femme Marguerite Bruges, Ypres, Messines,
Dixmude, Damme, Malines et Anvers[34].
En prenant possession du comt, il n'y trouve qu'une rsistance : les Gantois. La trve, conclue Leulinghen en
janvier 1384 pour une dure de quinze mois, empche la reprise immdiate des hostilits avec ces derniers mais
ceux-ci reoivent du soutien de l'Angleterre. Au printemps 1385, Philippe instaure l'aide cense financer la guerre
contre Gand ngocie avec les villes flamandes lors de leur reddition contre un pardon gnral. Il organise la dfense
du duch en nommant des gouverneurs du pays de Flandre : Guy de Pontailler, son marchal, et Jean de Ghistelle,
reprsentant d'un grand lignage flamand[34]. Il laisse des garnisons Ardembourg, Audenarde, Courtrai, Damme et
Termonde. Enfin, il renforce les fortifications du chteau de Lille et lance la construction de celui de l'cluse[34].
Les Gantois, eux, reoivent un renfort anglais de 100 hommes d'armes et 300 archers. Ils reprennent les hostilits ds
la fin de la trve de Leulinghem en mai 1385. Ils tentent de prendre Brugge et parviennent occuper le port de
Damme. Les Franais qui montaient une arme pour dbarquer en Angleterre dans le port de l'cluse marchent
contre eux. La troupe commande par Charles VI et Philippe reprend Damme le 28 aot 1385[35]. Mais une nouvelle
fois, les Franais ne marchent pas sur Gand[]. Par contre, la ville est isole, ses voies de ravitaillement sont bloques
et sa population menace par la famine : il faut ngocier[35]. Aprs plus de six ans de guerre, les Flamands sont las.
Philippe sait que son intrt converge avec celui des bourgeois flamands. Il reoit donc des envoys flamands avec
lesquels il conclut le trait de Tournai le 18 dcembre 1385 qui rtablit la paix dans le comt de Flandre.
La volont d'apaisement de Philippe le Hardi est vidente dans ce texte o il va plus loin que les demandes des
Gantois : il leur accorde son pardon (mme tous ceux qui en Flandre ont t bannis, condition qu' leur retour ils
jurent de respecter les clauses du trait), il confirme tous leurs privilges en change de leur soumission et de leur
engagement tre de bons, loyaux et vrais sujets [35]. Il sait tre conciliant, permettant chacun de choisir son
obdience, ou faisant rdiger les lettres de la chancellerie en flamand. Toute la Flandre lui fait allgeance, ce qui
rgle le conflit[36]. Il veille, aussi bien dans son action au gouvernement du roi Charles VI de France que dans les
consquences des vnements du grand schisme d'Occident, et aux intrts conomiques des villes drapires. Il
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Charles VI de France
bnficie ce sujet des conseils d'hommes d'affaires parmi lesquels Dino Rapondi tient le premier rang.
Dvaluation du franc
En prenant possession du comt de Flandre, en janvier 1384, Philippe le Hardi sait que pour tre accept par les
Flamands, il doit leur rendre leur prosprit conomique. Celle-ci dpend en premier lieu des changes avec
l'Angleterre qui est l'poque le principal fournisseur de laine de l'industrie textile du nord du royaume, et celle-ci
exige d'tre pay en nobles d'or. Philippe fait donc battre des nobles flamands contenant trs lgrement moins d'or
que la monnaie anglaise. L'effet est rapide: l'conomie est relance et le duc y puise de substantielles plus-values[37].
Au vu de ce succs, le conseil du roi se rend compte des mfaits du franc fort et de la rarfaction de la monnaie sur la
circulation des marchandises. En avril 1385, cdant aux pressions des milieux d'affaires, le roi dvalue le franc et
augmente le prix du marc de mtal prcieux. L'effet de cette politique associe au retour de la paix est trs favorable,
l'conomie est relance. La paix est enfin faite entre les sujets qui ont accept l'impt et le roi qui apporte paix et
prosprit conomique[38].
Alliances matrimoniales avec les Wittelsbach
Depuis Saint Louis, la modernisation du
systme juridique attire dans la sphre
culturelle franaise de nombreuses rgions
limitrophes. En particulier en terres d'Empire,
les villes du Dauphin ou du comt de
Bourgogne (future Franche-Comt) recourent
depuis Saint Louis la justice royale pour
rgler des litiges. Le roi envoie par exemple le
bailli de Mcon, qui intervient Lyon pour
rgler des diffrends, comme le snchal de
Beaucaire intervient Viviers ou
Valence[39]. Les rois de France ont aussi su
attirer leur cour de nombreux nobles de ces
rgions. Les rois de France largissent
l'influence culturelle du royaume en attirant
leur cour la noblesse de ces rgions en lui
allouant des rentes et en se livrant une habile
politique matrimoniale. Ainsi, les comtes de
Savoie prtent hommage au roi de France
contre l'octroi de pensions, Jean de
Luxembourg, dit l'Aveugle, roi de Bohme, est
un habitu de la cour de France tout comme
son fils Wenceslas, le futur empereur Charles
L'empire aux XIIIe et XIVesicles Possessions des WittelsbachPossessions des
IV], ce qui permet aux Valois de sceller de
HabsbourgPossessions des Maison de LuxembourgLuxembourg
prcieuses alliances (Charles IV est l'oncle de
Philippe le Hardi)[]. Ainsi le Royaume de France a pu avancer en terre d'Empire en rachetant le Dauphin ou en
tenant de Jean de Bohme l'autorisation de revendiquer la Provence, ce qu'a fait Louis d'Anjou.
De par son mariage avec Marguerite de Flandre, Philippe rgne sur le comt de Bourgogne qui est en terre d'Empire.
Ses vises vont alors vers les Pays-Bas. Leur contrle permettrait d'largir notablement sa principaut. D'un autre
ct la Flandre a beaucoup souffert de la rivalit franco-anglaise et le temps est plutt la recherche d'un
compromis. Les princes germaniques ne voient pas d'un bon il les avances franaises en terre d'Empire, mais,
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Charles VI de France
d'une part, il existe une forte rivalit entre leurs marins et marchands et ceux de Gand ou du royaume anglais et,
d'autre part, les princes germaniques sont la recherche d'alliances puissantes susceptibles de faire basculer l'lection
impriale dans leur clan. Les Anglais sont lis (relativement mollement dans les faits) aux Luxembourg par le
mariage de Richard II avec Anne de Bohme, ds lors, il est logique pour les Wittelsbach de rechercher l'alliance
franaise[]. Enfin, la plus fervente ambassadrice d'une stabilisation des Pays-Bas sous influence franaise est la
duchesse Jeanne de Brabant. Celle-ci est veuve depuis 1383 et l'hritier du duch n'est autre que Philippe le Hardi (il
est le mari de la nice de la duchesse). L'empereur pourrait reprendre le duch plutt que de le laisser un tranger
mais cela renforcerait les Luxembourg et il n'en est pas question pour Albert de Hainaut qui contrle la Hollande et
le Hainaut qui fait partie de la maison de Wittelsbach. Paralllement, les Anglais sont peu actifs diplomatiquement,
Richard II et son entourage tant plutt enclins rechercher la paix avec la France que de remettre le pied dans le
bourbier flamand. Son frre, le puissant Jean de Lancastre, a plutt des vises en Espagne et se dsintresse
rapidement d'une alliance aux Pays-Bas. Ds lors un accord se fait sur un double mariage : Jean sans Peur, le premier
fils de Philippe le Hardi, se marie Marguerite de Bavire, et sa sur Marguerite de Bourgogne pouse Guillaume
IV de Hainaut le premier fils d'Albert Ier de Hainaut. On propose Charles VI la main d'Isabeau de Bavire (qu'il a
choisie sur portrait entre trois prtendantes de la Maison de Bavire[]), le jeune roi est immdiatement sduit et se
marie quelques jours peine aprs avoir fait sa connaissance Amiens. Il faut bien noter qu'il ne s'agit pas pour
Charles uniquement d'un mariage politique, le jeune roi est grand lecteur de littrature courtoise[] et surtout le roi
avait fait savoir que le mariage ne se ferait que si l'lue lui plaisait[40]. Ainsi se noue une solide alliance entre les
Wittelsbach et les Valois, ce qui permet de faire entrer tous les Pays-Bas dans l'orbite franaise mais en particulier
permet Philippe le Hardi d'esprer encore agrandir sa principaut.
Laffaire de Bretagne
Olivier de Clisson, conntable de France est lun des plus fidles serviteur du roi de France et de ltat. Depuis
Charles V, le conntable est forcment breton : pour pouvoir constituer une arme permanente il fallait rallier les
grandes compagnies, dont beaucoup sont constitues de Bretons levs pour les besoins de la guerre de succession de
Bretagne.
De longue date, Olivier de Clisson est serviteur de ltat plutt que des princes, ce qui en fait lalli du roi de France
et lennemi du duc de Bretagne qui y voit linstrument de lingrence franaise dans les affaires bretonnes permettant
potentiellement de retourner une partie des troupes bretonnes contre le duch[41]. De fait Olivier de Clisson est
convaincu quil fallait en Bretagne comme ailleurs baisser les impts, mnager les sujets et tenir compte de leur
opinion. Il mne cette politique dans ses possessions bretonnes et de Languedoc, ce qui lui russit car la baisse des
taxes attire de nombreux marchands dynamisant lconomie de ses terres, ce qui lui assure en retours de solides
entres financires.
Il devient de plus en plus populaire et sattire une solide inimiti de la part de Jean de Berry excd de voir le
conntable contrevenir sa politique fiscale en Languedoc[42]. Au dbut de lt 1387, le duc de Bretagne convoque
Olivier de Clisson comme toute la noblesse de Bretagne un parlement Vannes o il le fait jeter au cachot. Preuve
de la popularit du conntable en Bretagne, le duch est deux doigts de se soulever la nouvelle de son
enlvement. Ce dernier ne sen sort que dlest de 100000francs et contraint un trait dsastreux. Il est noter que
le conntable ne reoit aucun soutien de Philippe le Hardi ou de Jean de Berry qui ont pris ombrage de son influence
sur le roi. De fait quand Olivier de Clisson libr vient demander justice Charles VI, ceux-ci lui font mauvais
accueil[43].
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Charles VI de France
Expdition contre le duc de Gueldre
Lavance franaise en terre dEmpire sous la houlette de Philippe le Hardi nest pas sans inquiter nombre de princes
allemands. Guillaume de Julliers, duc de Gueldre est un jeune et hardi prince qui sest fait leur champion[44]. Pour
cela, il noue dtroites alliances avec le roi dAngleterre et envoie un dfi injurieux au roi de France, qui plus est en
Latin. Le duc de Bourgogne a tout intrt dcapiter ce foyer de rsistance aux Pays-Bas et il obtient, non sans mal,
que le conseil royal dcide linvasion du duch de Gueldre[45]. Fin aot 1388, une arme de six mille hommes
commande par le roi avec sa suite ses oncles et son frre, quitte Montereau[46]. Guillaume de Julliers ne reoit pas
les renforts anglais escompts, mais il peut compter sur les marais qui avec les pluies dautomne vont enliser larme
franaise. Celle-ci, au lieu de marcher droit sur lobjectif travers le Brabant et le Hainaut, fait un large crochet par
lest sur instruction de Philippe de Bourgogne qui veut viter le pillage des riches terres de la duchesse de Brabant sa
prcieuse allie. La progression est fortement ralentie par les rivires en crue et lhiver arrivant, le duc de Gueldre
peut se soumettre au roi de France des conditions honorables le 13 octobre 1388 Corenzich. Les conditions de sa
soumission respectent sa fidlit au roi dAllemagne qui est son seigneur naturel et son serment au roi dAngleterre.
En contrepartie, il sengage avertir le roi de France un an lavance sil doit le dfier ou lui dclarer la guerre. Sur
instruction de Philippe le Hardi, larme franaise doit retraverser les forts des Ardennes, o elle subit des
embuscades de compagnies allemandes frustres de la bataille dont elles attendaient profit. Le repli se fait vite et le
franchissement des rivires, sans prendre le temps de chercher un gu ou de construire des radeaux, cote la vie des
soldats et des chevaliers, et des chariots de butins sont perdus. Aprs cette retraite dsastreuse, le ressentiment est
important en particulier contre le duc de Bourgogne qui en est linstigateur et le responsable du retard, dautant que le
pays doit se soumettre la taille chaque expdition[47].
113
Charles VI de France
Au dbut de son rgne, il confie le gouvernement d'anciens conseillers de son pre, comme Bureau de la Rivire,
qui seront appels les Marmousets.
La folie
Voir l'article "Crise de dmence de Charles VI en la fort du Mans".
En 1392, il marche contre Jean IV, duc de Bretagne, qui donne asile Pierre de Craon, l'homme qui a tent
d'assassiner le conntable Olivier V de Clisson. Comme il entre dans le Mans, par une chaleur accablante, un
vieillard en haillons apostrophe le roi en ces termes : Ne chevauche pas plus avant, noble roi, tu es trahi ! . Malgr
la frquence de ce genre d'apparitions la cour, le roi n'en demeure pas moins troubl. Selon Froissart, au sortir de la
fort, alors que le soleil crasant et la fatigue de l'tape plongent l'escorte dans la somnolence, un page s'endort et
laisse tomber sa lance sur le casque d'un second. Le fracas rveille Charles, qui entre alors dans un tat de folie
frntique. Il dgaine son pe et crie au complot en attaquant les gens de sa suite. Le duc d'Orlans s'enfuit. Le roi
est finalement matris aprs avoir tu quatre hommes. Charles est li sur un chariot et perd connaissance, sa mort ne
fait alors aucun doute parmi les nobles de la cour. Il reste inconscient deux jours, puis il se rtablit. Le rgne de
Charles devient alors une alternance de priodes de folie et de rmission durant lesquelles il s'efforce de
gouverner[52].
Aujourd'hui encore, la dfinition de la maladie du roi divise les spcialistes. De nombreuses thses penchent pour un
genre de schizophrnie atypique[rf.ncessaire]. Pour d'autres, la consanguinit entre les parents du roi (Charles V
n'tait autre que le petit-cousin de son pouse Jeanne) pourrait tre galement l'origine de ses troubles
psychiatriques, ainsi que de la fragilit de ses frres et surs. D'autres enfin, considrent qu'il tait atteint d'un
trouble bipolaire, celui-ci expliquant la succession d'pisodes d'excitation et de priodes de mlancolie, ainsi que les
moments de lucidit et la detrioration mentale des dernires annes[53],[54],[55].
Pour gurir le roi, certains nobles de la cour font venir des sorciers. Le seigneur dpense beaucoup d'argent pour les
entretenir, mais ils ne parviennent pas le gurir. Sous l'influence d'intellectuels et de gens d'glise, la facult de
thologie prend des mesures pour condamner ces pratiques. Les malheureux sorciers paieront de leurs vies la fermet
de la justice de l'tat[52].
Le Bal des ardents
Article dtaill : Bal des ardents.
En 1393, l'occasion du mariage de son amie Catherine l'Allemande, la reine Isabeau de Bavire, pouse de Charles
VI, ordonne un bal masqu pour distraire le roi. Charles VI et cinq seigneurs se dguisent en sauvages hirsutes, et
s'enduisent le corps d'toupe et de poix, matire hautement inflammable. La fte bat son plein et, pour mieux voir les
costumes, le duc d'Orlans approche une torche. Les hommes s'enflamment comme papier. C'est la confusion, et
tandis que la reine perd connaissance, la duchesse de Berry a le rflexe d'envelopper le roi dans sa longue robe.
Ainsi, elle l'empche de se mouvoir, et elle touffe les flammes. Quatre autres danseurs n'ont pas cette chance et
prissent. Cet pisode affecte fortement le roi, et sa folie s'aggrave aprs ce sinistre bal des ardents .
114
Charles VI de France
115
Trait de Troyes
Article dtaill : Trait de Troyes.
La guerre de Cent Ans continue sous son rgne. Henri V, roi
d'Angleterre, profitant de ces troubles, arme contre la France : il
remporte la bataille d'Azincourt en 1415. Il s'empare de la Normandie,
puis, s'alliant par le trait de Troyes (1420) avec le jeune duc de
Bourgogne, Philippe le Bon, qui avait venger le meurtre de son pre
et avec la reine Isabeau elle-mme, il se fait couronner roi de France
Agnel d'or sous Charles VI le Fou
(1421), aprs avoir pous Catherine, fille de Charles VI. Celui-ci
conserve nanmoins le titre de roi : son fils, futur Charles VII,
gouverne en qualit de rgent les tats qui lui restent.
Charles VI meurt le 21octobre1422 l'htel Saint-Pol Paris. Selon le trait de Troyes, son successeur devait tre
Henri VI d'Angleterre, fils d'Henri V, mais de nombreuses personnes, dont Jeanne d'Arc, estiment le trait invalide,
arguant que le roi l'avait sign sous l'emprise de la folie. En outre, la couronne de France n'appartenant pas au roi,
celui-ci ne peut en disposer. Son fils Charles VII est finalement sacr le 17 juillet 1429.
Charles VI est inhum dans la basilique Saint-Denis, o il sera rejoint ultrieurement par Isabeau de Bavire.
Mariage et descendance
Il se maria Amiens avec Isabeau de Bavire le 17juillet1385. [56]
Ils eurent douze enfants :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10. Catherine de Valois (1401-1438), reine d'Angleterre, pouse en 1420 Henri V d'Angleterre, puis secrtement
entre 1425 et 1428 Owen Tudor, dont postrit, notamment Edmond Tudor ;
11. Charles VII (1403-1461), et postrit ;
Charles VI de France
12. Philippe de France (1407-1407), sans postrit.
Odette de Champdivers (Odinette), sa matresse, lui donna une fille qui fut lgitime, Marguerite de Valois
(1407-1458), connue sous le nom de demoiselle de Belleville.
Notes et rfrences
[1] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Charles_VI_de_France& action=edit& section=0
[2] Gnalogie de Charles VI de France sur le site Medieval Lands (http:/ / fmg. ac/ Projects/ MedLands/ CAPET. htm#_Toc154137016)
[3] Franoise Autrand, Claude Gauvard, Jean-Marie Moeglin, Saint-Denis et la royaut: tudes offertes Bernard Gune, vol. 59, Publications
de la Sorbonne, 1999, , 13
[14] P. Brigal, L'Illustre Jacquemart de Dijon, Dijon, 1832, p. 40. D'aprs Bertrand Schnerb, L'tat bourguignon, Perrin 2005, p. 70, il s'agirait
de .
[16] Georges Minois, La guerre de cent ans, Perrin 2008, p. 250
[17] D'aprs Pierre d'Orgemont dont les chiffres sont considrs comme les plus fiables parmi les chroniqueurs de l'poque, elle est compose de
, 500 arbaltriers, 400 archers, arms de haches, puis la bataille ( et 600 archers) et enfin l'arrire-garde de et 600 valets arms.
[18] Bertrand Schnerb, L'tat Bourguignon, Perrin 2005, p. 70
[20] Bertrand Schnerb, L'tat bourguignon, Perrin 2005, p. 71
[21] P. Brigal, L'Illustre Jacquemart de Dijon, Dijon, 1832, p. 15, r.1 nous rapporte : L'abb Richard dit, dans ses Tablettes de Bourgogne,
anne 1754, p. 42 : Ce prince fut ddommag des frais immenses qu'il avait fait dans cette guerre, par le roi, son neveu, qui lui donna une
somme de 103 000 livres et par le comte de Flandre, qui lui permit de tirer un subside de 100 000 livres de la ville d'Ypres et du pays
d'alentour .
[22] P. Brigal, L'Illustre Jacquemart de Dijon, Dijon, 1832, p. 16. Cette devise du duc de Bourgogne, serait selon certains l'origine du mot
moutarde. L'auteur ajoute que Tabourot, factieux Dijonnais aurait, dans ses Bigarures du seigneurs des Accords, dition de 1586, p. 38 et 39,
parl de ce cri de guerre, et prtend qu'il est l'origine du mot moutarde. Selon lui, les Chartreux de cette ville firent sculpter sur le portail de
leur glise les armoiries du prince, et au-dessous, la devise Moult me tarde tait grave sur un ruban (en pierre), mais tellement dispos que le
monosyllabe me tait dans le repli un peu enfonc du ruban, de sorte que les seuls mots moult tarde taient en vidence. Aussi les passans
(sic), ignorants ou malins, lisant le mot moutarde, disaient qu'aux chartreux tait le troupe des moultardiers de Dijon. D'autres donnent des
explications plus srieuses l'tymologie de ce mot.
[23] L'horloge de Jacquemart de Dijon sur le site du Ministre de la culture (base Joconde) (http:/ / www. culture. gouv. fr/ public/ mistral/
joconde_fr?ACTION=RETROUVER& FIELD_98=REPR& VALUE_98=tour& NUMBER=18& GRP=0& REQ=((tour) :REPR )&
USRNAME=nobody& USRPWD=4$%34P& SPEC=1& SYN=1& IMLY=& MAX1=1& MAX2=1& MAX3=100& DOM=All)
[28] Lynn H. Nelson, The Great Schism ORB (http:/ / www. the-orb. net/ textbooks/ nelson/ great_schism. html)
[32] Bertrand Schrnerb, L'tat bourguignon, Perrin 2005, p. 74
[33] Bertrand Schnerb, L'tat bourguignon, Perrin 2005, p. 77-78
[34] Bertrand Schnerb, L'tat bourguignon, Perrin 2005, p. 79
[35] Bertrand Schnerb, L'tat bourguignon, Perrin 2005, p. 80
[46] Andr Castelot et Alain Decaux, Histoire de la France et des Franais au jour le jour
[47] et 166.
[52] Bernard Guene, La folie de Charles VI, roi Bien-aim, Ed. Perrin, 2004.
[53] Thierry Haustgen, Ides reues sur les troubles bipolaires, d. du Cavalier bleu, 2013
[54] BOURGEOIS ML / HAUSTGEN T, La folie (maniaco-dpressive) de Charles VI (1368 - 1422), Annales mdico-psychologiques, vol 161,
n5, p. 370-376, 2003
[55] Marc Louis Bourgeois, Manie et dpression: Comprendre et soigner les troubles bipolaires (http:/ / books. google. fr/
books?id=3XlIA5wKQpoC& pg=PA35& lpg=PA35& dq="Charles+ VI"+ Haustgen& source=bl& ots=8fGvHYI_G1&
sig=stuk4wtL5FqR_SbLXI8vXIa0I4c& hl=fr& sa=X& ei=_CrxUeDEF4WF4gSYt4HgCA& ved=0CEoQ6AEwBQ#v=onepage& q="Charles
VI" Haustgen& f=false), Odile Jacob, Paris, 2007, p.35-36
[56] Geoffroy G. Sury, Bayern Straubing Hennegau : la Maison de Bavire en Hainaut, XIVe-XVe s. , Edit. Geoffroy G. Sury, Bruxelles,
2010 (2e d.), pp. 180, 203-204 : - Isabeau de Bavire : elle est issue de la Maison von Wittelsbach duc de Bavire (Basse
Bavire-Ingolstadt), mais dune branche collatrale aux von Wittelsbach ducs de Bavire-Straubing, comtes de Hainaut : les deux branches
descendant de Louis IV (von Wittelsbach) duc de Bavire, dit le Bavarois, empereur du St.-Empire Romain Germanique (v. 1282-1286 U11/10/1347.) Jean Ier (comte de Nevers) dit Jean-sans-Peur, duc de Bourgogne et Guillaume dOstrevant (en Hainaut) alias, Guillaume II
duc de Bavire-Straubing, comte (IV) de Hainaut, devenus beaux-frre, par une double alliance politico-familiale clbre par deux mariages
Cambrai le 12 avril 1385, pouseront respectivement Marguerite de (Valois) Bourgogne et Marguerite de Bavire-Straubing (les surs des
prcits).
116
Charles VI de France
117
Sources
Jean Froissart - Chroniques est une source essentielle pour les annes antrieures 1400
Jean II Jouvenel des Ursins - Histoire de Charles VI. Roy de France, et des choses mmorable advanues durant
quarante-deux anne de son regne depuis 1380 jusqu'en 1422 (vers 1430)
Bibliographie
: ouvrage ou article utilis comme source pour la rdaction de cet article
Jean Favier, La guerre de Cent Ans, ditions Fayard, 1980, 678p. (ISBN2213008981)
Franoise Autrand, Charles VI: la folie du roi, Paris, ditions Fayard, fvrier1986, 647p. (ISBN978-2213017037)
Bernard Guene, Un meurtre, une socit. L'Assassinat du duc d'Orlans, 23 novembre 1407, Paris, Gallimard,
collection Bibliothque des histoires , 1992
Bernard Guene, La folie de Charles VI, Roi Bien-Aim, Librairie Acadmique Perrin, collection Pour l'histoire
, 2004
Portrait de Charles VII, par Jean Fouquet, vers 1445 ou 1450, muse du Louvre, inv.9106
Titre
Roi de France
21octobre1422 22juillet1461
38ans, 9 mois et 1jour
Couronnement
Prdcesseur
Successeur
17juillet1429
en la cathdrale de Reims
Charles VI
Louis XI
Biographie
Titre complet
Dynastie
Roi de France
Duc de Luxembourg
Valois
Date de naissance
22fvrier1403
Lieu de naissance
Paris,
Royaume de France
118
Date de dcs
22juillet1461 ( 58ans)
Lieu de dcs
Mehun-sur-Yvre,
Royaume de France
Pre
Charles VI
Mre
Isabeau de Bavire
Conjoint
Marie d'Anjou
Hritier
Louis de France
Rsidence
Bourges
Rois de France
modifier
[1]
Charles VII de France[2], dit Charles le Victorieux ou encore Charles le Bien Servi, n Paris le 22fvrier1403 et
mort Mehun-sur-Yvre, entre Bourges et Vierzon, le 22juillet1461, fut roi de France de 1422 1461. Il est le
cinquime roi de la branche dite de Valois de la dynastie captienne.
Charles VII est le fils de Charles VI et d'Isabeau de Bavire[3].
Roi indissociable de l'pope de Jeanne d'Arc, il russit renverser une situation compromise pour se faire sacrer
Reims le 17juillet1429. Il met fin en 1453 la guerre de Cent Ans sur une victoire franaise Castillon-la-Bataille,
en Gironde, 60 km de Bordeaux.
Trs contest dans sa lgitimit mme, Charles devient roi en 1422 en pleine guerre civile entre Armagnacs et
Bourguignons, complique d'une intervention militaire anglaise victorieuse depuis la bataille d'Azincourt (1415).
Chef de fait du parti Armagnac, il est dshrit par son pre au trait de Troyes (1420) au profit du roi Henri V
d'Angleterre puis du fils de ce dernier, Henri VI. Repli au sud de la Loire, le roi de Bourges , comme on le
surnomme par drision, voit sa lgitimit et sa situation militaire s'arranger nettement grce l'intervention de
Jeanne d'Arc. Celle-ci dlivre Orlans et conduit Charles la crmonie du sacre Reims.
Souvent critiqu par la postrit pour avoir ralenti la reconqute de la France commence par Jeanne d'Arc et pour
l'avoir abandonne son sort aprs la victoire, Charles la fait nanmoins rhabiliter solennellement en 1456 et laver
de toute accusation d'hrsie. Achevant de chasser les Anglais du royaume, il s'emploie galement rtablir
l'conomie grce Jacques Cur, le gallicanisme et l'autorit royale.
119
Biographie
Charles est le onzime des douze enfants de Charles
VI et d'Isabeau de Bavire, et troisime porter ce
prnom. Les fianailles entre Charles et Marie
d'Anjou sont clbres en 1413. La mre de Marie,
Yolande d'Aragon, qui ne souhaitait pas laisser sa
fille dans la capitale dangereuse, notamment
menace par les Bourguignons, russit emmener
sa fille et son futur gendre en Anjou en fvrier
1414. Aussi, le prince peut-il y passer, avec sa
fiance, quelques heureuses et paisibles annes,
jusqu'en 1417[4].
Dauphin de Viennois
Devenu dauphin la suite de la mort prmature de
ses deux frres ans, Louis en 1415 et Jean en
1417, Charles devient hritier du trne de France,
en 1417, il est fait duc de Touraine, reoit le duch
de Berry et le Poitou. cette poque il n'a que
15 ans on dit de lui qu'il manque de caractre et
qu'il a horreur de la violence.
Devant les menaces qui se prcisent contre sa
personne,
en pleine guerre civile entre Armagnacs
Jean Fouquet a reprsent le roi Charles VII en roi mage. Il s'agit de l'un
et Bourguignons, lhritier de la couronne doit
des trs rares portraits du roi. D'aprs certaines sources[Lesquelles?], les
deux autres rois mages sont le dauphin Louis, futur Louis XI, et son frre.
quitter Paris, aux mains des Bourguignons, le
29mai1418. Il se rfugie Bourges avec quelques
fidles, ce qui lui vaut au dbut de son rgne le surnom pjoratif de petit roi de Bourges. Aux cts de Bernard VII
d'Armagnac, il apparat comme le chef du parti hostile la politique du duc de Bourgogne Jean sans Peur. C'est dans
cette ville de Bourges qu'il se proclame rgent, en raison de l'incapacit mentale de son pre. Il soumet plusieurs
villes et tablit un parlement. Jean sans Peur, soucieux de faire cesser cette rsistance, l'invite Montereau pour une
entrevue maintes fois reporte qui se tient finalement le 10septembre1419. On dresse un enclos au milieu du pont
o le dauphin et Jean sans Peur se retrouvent avec chacun quelques compagnons, le gros de chaque troupe attendant
sur l'une ou l'autre rive. La discussion est orageuse ; les entourages taient nerveux et, alors que le ton monte,
Tanguy du Chtel, qui avait sauv le jeune prince lors de l'entre des Bourguignons Paris en 1417, carte le
dauphin ; au cours de la mle qui s'ensuit, Jean sans Peur est poignard.
Les Bourguignons rpandent la rumeur que Charles est en ralit le fils naturel de Louis d'Orlans dont il aurait
voulu venger le meurtre. Selon cette rumeur, c'est parce qu'il est btard qu'un dcret le bannit du royaume le
17janvier1420. La cause relle de ce dshritement est cependant la complicit dans le meurtre de Jean sans Peur
dont l'on accuse, tort ou raison, Charles. Malgr les rumeurs rpandues, sa mre, Isabeau de Bavire, n'a jamais
reconnu, encore moins proclam, l'illgitimit de son fils.
Le 21mai1420, sous l'influence de la reine Isabeau de Bavire, Charles VI signe le trait de Troyes, stipulant que la
couronne de France sera cde au fils du roi Henri V d'Angleterre, condition qu'il pouse une de ses filles. Comme
Henri V meurt avant Charles VI de France, c'est son fils Henri VI d'Angleterre qui est reconnu roi de France.
120
Roi de France
Victoires militaires sur l'Angleterre
Aprs la leve force du sige d'Orlans, puis de Beaugency, suivi de
la victoire franaise de Patay o de nombreux chefs de guerre anglais
sont capturs (notamment Talbot, Joan et William Pole), Charles se fait
sacrer Reims le 17juillet1429, en prsence de Jeanne d'Arc et de
Gilles de Rais. partir de ce moment tout tourne en sa faveur. Il
reprend la majorit des territoires du nord contrls par les Anglais et
russit par le trait d'Arras en 1435 faire la paix avec le puissant duc
de Bourgogne, Philippe le Bon jusqu'alors alli de l'Angleterre. En
1436 le conntable de Richemont reprend Paris aux Anglais et
finalement toute la France est dlivre l'exception du port de Calais
(1448-1453). Ces victoires successives mettent fin la guerre de Cent
Ans.
Les succs de Charles VII doivent beaucoup au soutien de la riche et
puissante famille de son pouse Marie d'Anjou, de sa belle-mre
Yolande d'Aragon, de Jeanne d'Arc et de ses adjoints duc d'Alenon et
autres chevaliers, la Hire, Gilles de Rais et du conntable Arthur de
Richemont[5], futur duc de Bretagne et l'appui dcisif du duch de
Bretagne[6]. Cependant, malgr l'affection de Charles VII pour son
pouse, sa grande passion reste sa matresse Agns Sorel.
Renforcement du pouvoir royal et rorganisation administrative
121
122
Spulture
La chapelle caroline o furent placs les gisants de Charles VII et Marie d'Anjou
(emplacement C).
Michel
Colombe
(1430-1513). Le grand sculpteur,
clbre pour la ralisation du tombeau
de Franois II de Bretagne, na gure
sjourn en le-de-France mais il a
suivi les rois dans leur dplacement de
Bourges Tours.
Le document de la collection
Gaignires (aujourd'hui Oxford, la
Bodleian Library) montre qu'au
XVIIesicle, le tombeau n'tait plus
intact. Les bras des souverains avaient
t casss et les couronnes amputes.
On ne sait quelle priode eurent lieu
ces dgradations marginales.
Cependant,
le
monument
tait
relativement bien prserv comme le
prouve l'tat du dcor gothique entourant les deux gisants, tout au moins jusqu' la fin du XVIIesicle car si le
dessins Gaignires reproduit les deux colonnettes horizontales gothiques sur les cts de la dalle, le plan de dom
Flibien de 1706 ne les montre plus. Ce plan, trs dtaill, les maintient pour les tombeaux de Charles V et Charles
VI, ce qui peut laisser penser qu'il y eut des travaux inachevs au dbut du XVIIIesicle qui motivrent un retrait
temporaire de cette dcoration.
Le tombeau fut dtruit du 5 au 8 aot 1793. la diffrence des gisants de Charles V et de Charles VI (et dIsabeau
de Bavire), ceux de Charles VII et de Marie dAnjou furent briss coup de masse. Alexandre Lenoir put sauver les
bustes des gisants quil fit dtacher des parties suprieures amputes et smiettant. Aussi fit-il dcouper
horizontalement la scie ce qui restait de rcuprable pour le transporter dans les rserves du Muse des Monuments
Gnalogie
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Descendance lgitime
Il n'a pas vingt ans lorsqu'il pouse le 22avril1422 Bourges, dans la cathdrale Saint-tienne, Marie d'Anjou. Ils
eurent quatorze enfants :
1.
2.
3.
4.
Louis de France (3juillet1423 - 30aot1483), qui lui succde sous le nom de Louis XI ;
Radegonde de France (1425 ou 1428 - 1445)[8] ;
Jean de France n et mort le 19septembre1426) ;
Catherine de France (1428 - 13septembre1446), qui pouse en 1440 le futur Charles le Tmraire ;
Descendance naturelle
Charles VII eut de sa liaison avec Agns Sorel :
Marie de France (1444-1473), qui pouse Olivier de Cotivy, snchal de Guyenne ;
Charlotte de Valois (ca. 1446-1477), qui pouse Jacques de Brz, snchal de Normandie, dont le fils Louis de
Brz pousa Diane de Poitiers ; elle mourut assassine par son poux qui la transpera d'un coup d'pe aprs
l'avoir dcouverte dans les bras de l'un de ses cuyers ;
Jeanne de Valois (1448-aprs 1467), qui pousa Antoine de Bueil, chancelier du roi.
Une fille ne le 3 fvrier 1450 au manoir du Mesnil prs de l'abbaye de Jumiges en Normandie et morte l'ge
de six mois.
123
124
Sources partielles
Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Charles VII de France dans Dictionnaire universel dhistoire et
de gographie, 1878 (Wikisource)
Notes et rfrences
[1]
[2]
[3]
[4]
[5]
[6]
[7]
[8]
Prcd par
Charles VII
Charles VI
Louis XI
Roi de France
1422-1461
Portail de lhistoire
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Suivi par
Louis XI de France
125
Louis XI de France
Louis XI
Louis XI.
Portrait anonyme (XVesicle)
Titre
Roi de France
22juillet1461 30aot1483
22ans, 1 mois et 8jours
Couronnement
15aot1461,
en la Cathdrale de Reims
Prdcesseur
Charles VII
Successeur
Charles VIII
Biographie
Dynastie
Maison de Valois
30aot1483 ( 60ans)
Lieu de dcs
Pre
Mre
Marie d'Anjou
Conjoint
Marguerite dcosse
(1436-1445)
Charlotte de Savoie
(1451-1483)
Enfants
Louis de France
Joachim de France
Louise de France
Jeanne de France
Anne de France
Franois de France
Charles VIII
Franois de France
Hritier
Louis XI de France
126
Rsidence
Chteau du Plessis-du-Parc-lz-Tours
Rois de France
modifier
[1]
Louis XI de France
127
Biographie
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Enfance et jeunesse
Fils de Charles VII et de Marie d'Anjou. Il fut baptis en la cathdrale
Saint-tienne de Bourges. Durant son enfance, il fut lev par
Catherine de lIsle-Bouchard, sa marraine, son parrain tant le duc Jean
II d'Alenon[8], et rsida au chteau de Loches o une ducation de trs
bonne qualit lui fut dispense. Il y commena en effet, l'ge de 6
ans, apprendre le latin, l'histoire et les mathmatiques sous les
directives de Jean Gerson, ancien chancelier de l'universit de Paris et
de Jean Majoris, licenci en droit et thologien qui fut un bon
prcepteur pour le futur souverain[9]. Par consquent, le dauphin, puis
le roi, matrisait l'art de convaincre et d'ordonner, sachant parfaitement
l'art d'crire avec prcision.
Le 24juin1436, il pousa Marguerite dcosse, fille de Jacques Ier
d'cosse, au chteau de Tours. Il avait 13 ans, elle 11. Il la rendra
tellement malheureuse[rf.ncessaire] que, mourant 21 ans, la dauphine
soupira ces ultimes paroles : Fi de la vie ! Quon ne men parle plus...
Le dauphin Louis (portrait la sanguine, Recueil
. Ds lpoque de son mariage, il commena jouer un rle politique.
d'Arras, Bibliothque municipale d'Arras)
Il entra Lyon et Vienne pour recevoir les serments de fidlit de leurs
habitants. En fvrier-mai 1437, il visita le Languedoc et mena seul la
reconqute des places-fortes anglaises dans le Velay. Accompagn de son pre, il fit une entre royale dans Paris,
rcemment conquise par le conntable de Richemont.
En mai 1439, son pre le nomma lieutenant gnral en Languedoc. Il put choisir lui-mme ses conseillers[10] et
capitaines. En dcembre de la mme anne, il fut transfr en Poitou, cette fois sans vrai pouvoir de dcision. En
fvrier 1440, aprs une entrevue avec Jean II dAlenon, il rejoignit la Praguerie, rvolte de grands seigneurs
mcontents, comprenant galement Dunois, le marchal de La Fayette ou encore Georges de la Trmoille. Cette
rbellion du dauphin, mene depuis Niort, sexpliquait par labsence de responsabilit o le maintenait son pre
celui-ci avait constat les effets dsastreux des apanages sur lunit du domaine royal. Sa fronde fut vite mate. Louis
dut offrir sa soumission Cusset, sous rserve nanmoins dobtenir le gouvernement du Dauphin, et dautres
garanties. Charles VII lui accorda le gouvernement, mais refusa le reste.
En 1441, il reprit la bataille contre les partis anglais et bourguignons. Il mena larme royale lors de la bataille qui se
droula du 5 juin au 19 septembre devant Pontoise. En 1443, il fit campagne contre Jean IV d'Armagnac, grand
vassal insoumis. Lanne suivante, il fut charg de mener hors du royaume les bandes de routiers , cest--dire les
compagnies darmes laisses sans solde, qui vivaient de rapines. Il les conduisit en Suisse. Le 26aot1444, il
remporta la victoire de Pratteln, puis se dirigea contre Ble o se tenait un concile o lantipape Flix V avait t lu.
Louis fut nomm gonfalonier, cest--dire protecteur de lglise, par le pape Eugne IV. Il ngocia le trait
dEnsisheim, conduisant la paix, le 26septembre1444. En rcompense de quoi, il fut nomm protecteur du Comtat
Venaissin le 26mai1445.
Paralllement, Louis consacrait ses importants revenus se constituer une clientle. Depuis 1437, en effet, il recevait
une pension royale de 21000 livres. Il fallait y ajouter les subsides accords par les tats quil dbarrassait des
routiers. Cependant, il restait insatisfait de sa situation. Il tait frustr de navoir retir que le Dauphin de la
Praguerie. la fin de l'anne 1446, ayant conspir contre Agns Sorel et Pierre de Brz, il fut chass de la cour et
se rfugia dans son gouvernement, en Dauphin, d'abord Romans-sur-Isre, puis Grenoble o il fit son entre le
Louis XI de France
128
12 aot 1447.
Install place Saint-Andr[11] dans l'Htel de la Trsorerie, spcialement amnag, il va faire son apprentissage de
roi pendant neuf ans. Peu peu, sous son administration rigoureuse, le Dauphin devient un tat nettement distinct
de la France. Il rforma la fiscalit, attira Grenoble des artisans trangers et des banquiers juifs qui avaient t
maltraits par Humbert II et fonda en 1452 une universit Valence, confirme par le pape Pie II en 1459[12]. Il
transforma en 1453 le vieux Conseil delphinal en Parlement du Dauphin, le troisime du royaume aprs ceux de
Paris et Toulouse, faisant passer la cit au statut de capitale provinciale. Louis chargea mme son conseiller Mathieu
Thomassin d'tablir les bases juridiques de sa souverainet, par un volumineux brviaire des anciens droits, honneurs
et prrogatives du Dauphin, intitul Registre delphinal qu'il achvera en 1456.
Louis continua entretenir avec le roi son pre des relations
apparemment excellentes en lui crivant des lettres pleines de respect.
Malgr ce dvouement, le dauphin poursuivit une politique personnelle
en nourrissant l'ambition de constituer un vaste fief sur les deux
versants des Alpes[13]. Dans ce but, il signa un trait d'assistance avec
le duc LouisIer de Savoie, et forma le projet d'pouser sa fille Charlotte
de Savoie, ge de 6 ans seulement. Il en avertit son pre qui dpcha
un missaire en Savoie afin d'exprimer au duc sa surprise et son
courroux. Mais des envoys du dauphin Louis interceptrent le cavalier
et, sous prtexte de lui faire escorte ralentirent sa marche autant qu'ils
le purent.
Enfin arriv destination le 8 mars 1451, ce fut pour voir les poux
vtus de velours cramoisi, franchir le seuil de la chapelle du chteau de
Chambry. Le 9mars1451, Louis pousa Charlotte de Savoie, fille du
duc LouisIer de Savoie, somptueusement dote de 200000 cus, dont
12000 comptant. Nanmoins, Louis rencontra par la suite des
difficults pour entrer en possession de toute la dot. Paralllement au
mariage, Louis et le duc de Savoie avaient sign une alliance exclusive.
Il profita galement des bonnes grces du pape pour simmiscer dans
Louis XI de France
Rgne
Mort de Charles VII
Le 22juillet1461, Charles VII meurt Mehun-sur-Yvre. Louis XI
affecte lindiffrence, il est absent lors des funrailles royales
Saint-Denis. Il se fait sacrer Reims trois semaines aprs avant
dentrer dans Paris le 30aot1461. Philippe le Bon se fit remarquer
avec son escorte comptant pour la moiti du cortge, et comprenant
une troupe en armes. Le nouveau roi ne demeura pas longtemps
Paris. Il regagne, le 7 octobre, le chteau d'Amboise o sa mre Marie
d'Anjou rsidait. Ds le 9 octobre, il sinstalle Tours, ville gagne sa
cause, et aussi Amboise jusqu' ce que le chteau de
Plessis-lez-Tours soit bien bti[15].
La succession d'Aragon et les projets du roi
Article dtaill : Itinraires du roi Louis XI de 1461 1483.
Sa premire action de monarque fut de profiter de la crise de
Louis XI. Le roi porte le collier de Saint-Michel
succession en Aragon. En effet, Alphonse le Magnanime tait mort en
sur un justaucorps rouge et un pourpoint jaune,
1458. Jean II, frre du dfunt, disputait la couronne son fils Charles
masquant sa calvitie par une calotte de feutre et
[14]
de Viane. Celui-ci fut retrouv mort en septembre 1461, ce qui
un chapeau de bivre
e
dclencha une guerre civile entre Jean II et les villes, en particulier
Portrait anonyme (XV sicle). Brooklyn
Museum, New York.
Barcelone. Louis XI tenta de sallier aux tats de Catalogne. Devant
leur refus poli, il se tourna vers Jean II, lequel lui cda les revenus des
comts de Roussillon et de Cerdagne en change de son aide. Louis XI en prit tout bonnement possession.
Il intervint galement dans la querelle dynastique savoyarde. Avant que Nicolas Machiavel crive Le Prince, il savait
bien que le souverain devait se prsenter au peuple afin de rgner mieux. Ainsi, Louis tant Saint-Jean-de-Luz s'en
alla jusqu' Toulouse o il arriva le 26 mai 1463, dvaste par un grand incendie ( partir du 7 mai). Il y arriva le 26
mai et y demeura trois semaines pour soutenir la reconstruction de la ville[16]. Le roi sur les routes (selon
l'expression de Jacques Heers) devint dsormais une de ses manires politiques de prdilection.
En dcembre 1463, Louis XI ordonna une cration de l'universit Bourges, sa ville natale [17]. Le pape Paul II
autorisa celle de l'universit de Bourges le 12 dcembre 1464 [18]. Si les lettres patentes avaient t expdies de
Montilz-lz-Tours le 6 dcembre 1469 [19], l'universit dut subir des empchements d'autres universits, avant son
inauguration [20].
Un mois aprs la naissance de sa fille Jeanne en 1464, il apprend que lenfant est boiteuse (elle fut dune laideur
proverbiale, petite, contrefaite, malingre) et dcide sur le champ de la marier son lointain cousin Louis dOrlans,
fils du pote Charles dOrlans, dans le but avou que le mariage restt strile et que steignt une branche
captienne rivale de la sienne. Quand il deviendra roi sous le nom de Louis XII, celui-ci obtiendra lannulation de
son mariage.
129
Louis XI de France
La ligue du Bien public
lintrieur se forma, en mars 1465, la ligue du Bien public. Trs
comparable la Praguerie, elle avait sa tte Charles de Charolais
(Charles le Tmraire), fils de Philippe le Bon, qui au fond souhaitait
que se prennise la rupture du lien de vassalit du duc de Bourgogne au
roi de France.
Le dclenchement de cette rvolte des grands fodaux tait d un
incident avec les Bourguignons. En 1463, Louis XI avait dcid de
racheter les villes de la Somme qui avaient t cdes au duc de
Bourgogne alors premier pair de France et prince le plus puissant du
Saint Empire. Cette cession, dcide au trait d'Arras de 1435 devait
compenser lassassinat de Jean sans Peur Montereau, le 10 septembre
1419. La nouvelle du rachat avait suscit la colre de Charles de
Charolais qui s'tait ds lors oppos son pre, Philippe le Bon.
Franois II de Bretagne sallia aux Bourguignons. Se joignirent eux
Jean II de Bourbon et Jean V d'Armagnac. Le mcontentement ne
sarrtait pas aux grands vassaux. La pression fiscale avait beaucoup
augment la suite du rachat des villes de la Somme, pour 400000
Charles le Tmraire
cus[21]. Louis XI avait exig des prts du clerg, forc les
tablissements religieux lui fournir un inventaire de leurs biens, priv
lUniversit et le corps des archers et arbaltriers de Paris de leurs privilges. Il avait supprim la Pragmatique
Sanction.
Contre la ligue du Bien Public, Louis XI se mit personnellement la tte dune grande offensive. Aprs la chute de
Moulins, les Bourbons se soumirent. Louis XI fit volte-face vers Paris, menace par les Bretons et les Bourguignons.
Il livra une grande bataille Montlhry, le 16juillet1465, pleine de confusion et de sang et sans rel vainqueur, mais
le sige de Paris fut bris. Louis XI parvint cependant ngocier une paix o il ne concdait rien pour rformer
ltat. Il lcha cependant le gouvernement de Normandie son frre. Celui-ci ne parvint pas prendre en main son
gouvernement, et dut sexiler. Son troisime fils prnomm Franois nat le 4 dcembre 1466 mais meurt 4 heures
plus tard. Le 10septembre1468, par le trait d'Ancenis, Charles de France et Franois II de Bretagne firent la paix
avec la couronne et rompirent, du moins officiellement, avec les Bourguignons. Mais un second trait sera
ncessaire, pour vaincre les vellits de Franois II, lors du trait de Senlis de 1475.
130
Louis XI de France
131
Louis XI de France
Suite un trait d'alliance (trait de Londres[23], 25 juillet 1474) avec son beau-frre Charles le Tmraire qui l'avait
convaincu de reprendre les hostilits contre Louis XI, le roi dAngleterre douard IV dbarqua Calais[24] avec son
arme (4 juillet 1475) pour la joindre celle du duc de Bourgogne, envahir la France et si possible dtrner son
monarque. Dmontrant toute son habilet de ngociateur et tacticien, Louis XI parvint dnouer cette alliance
anglo-bourguignonne en signant lui-mme avec douard IV, moyennant 500000 cus[25] verss celui-ci, le trait
de Picquigny (le 29 aot 1475) qui mettait fin la guerre de Cent Ans et privait, la grande colre du Tmraire, les
tats Bourguignons de leur dernier vrai alli.
Rduire la puissance des grands vassaux fut une constante du rgne de Louis XI.
En 1474, le Roi de France manuvre contre
son oncle Ren d'Anjou, dont il dsire
annexer le domaine angevin. Louis XI se
rend Angers avec son arme, sous couvert
d'une visite de courtoisie. Ren d'Anjou, qui
rside dans sa rsidence de chasse de Baug
non loin d'Angers, voit arriver son royal
neveu, sans se douter qu'une fois dans la cit
angevine, celui-ci demandera les clefs de la
capitale de l'Anjou. La surprise est totale.
Louis XI installe aussitt une garnison dans
le chteau d'Angers et en confie le
commandement Guillaume de Cerisay[26].
Remise de la charte aux bourgeois de la ville d'Angers par le roi de France Louis
65 ans, Ren d'Anjou ne peut ni ne veut
XI en 1474, par Jules Dauban (1901).
entamer une guerre contre son neveu, le Roi
de France. Il lui cde l'Anjou sans combat et se tourne vers la Provence dont il est le souverain et quil rejoint
aussitt[27]. Louis XI nomme Guillaume de Cerisay, gouverneur de l'Anjou, ainsi que maire de la cit d'Angers[28].
L'Anjou cessa ds lors d'tre un apanage et entra dfinitivement dans le domaine royal[29].
En 1475, aprs le trait de Picquigny, Louis XI commena effectuer
la libration de Marguerite d'Anjou, fille de Ren d'Anjou et qui fut
reine d'Angleterre, avant d'tre emprisonne aprs l'excution de son
mari le roi Henri VI d'Angleterre en 1471 dans la tour de Londres. Il
fallut que Louis XI paie 50000 cus d'or pour cette libration. Le 29
janvier 1476, Marguerite regagna Rouen, aux officiers royaux.
Cependant, avant de rejoindre son pre Aix-en-Provence, elle dut par
Blanc au soleil sous Louis XI le Prudent.
consquent renoncer ses droits sur l'hritage angevin, en faisant un
testament en faveur du roi Louis XI. C'est la raison pour laquelle elle passa en Anjou ses derniers jours sans
ressources, aprs la mort du Roi Ren (1480)[30].
En 1477, quand Charles le Tmraire mourut au sige de Nancy, Louis XI tenta de semparer de ses tats, mais se
heurta Maximilien dAutriche, qui avait pous la fille du dfunt, Marie de Bourgogne[31],[32].
La mme anne, il cra le Relais de poste[33]. En effet, Louis XI aimait dcider de tout. Encore lui fallait-il connatre
tout. Il est vrai qu'il dictait trs frquemment : Je vous prye que me faictes souvent savoir de voz nouvelles . C'est
prcisment la raison pour laquelle il organisa ce systme. C'est d'abord et avant tout pour lui : il ne peut tre
inform que le premier[34].
132
Louis XI de France
133
Par le jeu dhritages, dont celui de Ren Ier d'Anjou, il entra en possession du
Maine et de la Provence. Louis rcupra galement la vicomt de Thouars
quil avait repris Nicolas dAnjou en 1472 aprs quil eut ralli le
Bourguignon.
Soucieux que son fils poursuive sa politique de runions, Louis XI fit rdiger
vers 1482[35] son intention un trait d'ducation politique, historique et
moral par son mdecin Pierre Choisnet, le Rosier des guerres.
Il attribua Talmont et Berrie Philippe de Commynes. Concernant la Vicomt de Thouars, il finit par engager son
attribution Louis II de la Trmoille mais le roi dcda avant la restitution effective de ce vicomt.
Mort et inhumation
Louis XI mourut[36] dune hmorragie crbrale. Il avait subi plusieurs
attaques d'apoplexie au cours de sa vie. Sur son lit de mort, il voulut avoir
prs de lui la Sainte Ampoule. Superstitieux, il avait interdit que lon
pronont le mot mort devant lui et avait convenu avec ses officiers de
l'expression code Parlez peu avant de recevoir les derniers
sacrements[37].
Conformment son souhait en 1467 de refuser le prestige de la ncropole
royale (comme les deux autres captiens Louis VII et Philippe Ier), Louis XI
fut inhum dans la basilique Notre-Dame de Clry, quil avait fait difier vers
1467, et non dans la basilique Saint-Denis[6]. Clry-Saint-Andr, la statue
en cuivre et bronze dor de Louis XI, reprsentait le roi en habits de chasseur,
priant genoux devant Notre Dame sur un coussin, servant de prie-dieu, aux
couleurs des armes de France. Elle tait l'uvre de l'orfvre Conrad de
Cologne et du fondeur Laurent Wrine. La statue dgageait une relle
simplicit, tenant un chapeau de chasseur entre les mains et accompagn de
son chien[38]. Le 2avril1562, le tombeau du roi fut dtruit par les protestants
la suite de la prise de la ville dOrlans par les armes du prince de Cond.
Louis XI g
En 1622, Louis XIII fit construire une nouvelle spulture en marbre qui fut son tour dtruite la Rvolution
franaise.
Seuls
Louis XI de France
134
La sant du roi
Sa vie durant, Louis XI est un perptuel malade :
brlures destomac, crises de foie, goutte, congestion hmorrodaire qui lempche de marcher, eczma
purulent,
selon Ivan Gobry qui pour son physique cite Basin :
Avec ses cuisses et ses jambes maigrichonnes, il navait, ds le premier abord, rien de beau ni dagrable.
Pire encore : si on le rencontrait en ignorant son identit, on pouvait le prendre plus pour un bouffon ou pour
un ivrogne, de toute faon pour un individu de vile condition, que pour un roi ou un homme de qualit.
Ce jugement mrite dtre toutefois pondr par lhostilit que lancien vque de Lisieux portait au roi la suite de
son bannissement du royaume en 1465. Thomas Basin entreprit de rgler ses comptes, en 1473, dans une biographie
cense rvler ses ruses, ses malices, ses perfidies, ses sottises, ses mfaits et ses cruauts sous couvert
d'objectivit[43].
D'ailleurs, le 19 dcembre 1481, le roi expdia une lettre au prieur de Salles[44]:
je vous prie tant que je puis que vous priez incessamment Dieu et Nostre Dame de Sales pour moy, ce
que leur plaisir soit m'envoyer la fievre quarte, car j'ay une maladie dont les physiciens disent que je ne puis
estre guery sans l'avoir.
Selon cette lettre, Auguste Brachet conclut en 1903, dans son livre Pathologie mentale des rois de France, que la
maladie du roi tait l'pilepsie[45]. Claude Gauvard ajoute une autre raison pour cette hypothse : le roi portait
toujours un chapeau. En cas de chute, cela pourrait amortir les chocs[46].
Louis XI de France
135
Toutefois, le roi ne manqua jamais de bons mdecins. Aussitt sacr, il dlivra Adam
Fume enferm dans la tour de Bourges. En effet, Charles VII et le dauphin Louis
sjournrent, au printemps 1437, en Languedoc dont Montpellier. Toute la famille royale
profitait dsormais des meilleurs professeurs de la facult de mdecine de
Montpellier[47],[48] : Adam Fume, Dodat Bassole, Jean Martin ainsi que Robert Poitevin
et Robert de Lyon diplms de Montpellier. Aussi cette universit tait-elle toujours
protge et soutenue par le roi[49]. Enguerrand de Parent, doyen de la facult de Paris, et
Jacques Coitier taient galement les mdecins de Louis XI. Certains devinrent les
personnages importants du royaume. Ainsi, Adam Fume fut nomm garde des sceaux de
France alors que Jacques Coitier devint prsident-clerc dans la Chambre des comptes en
1482. Enfin, l'ancien doyen Jean Martin, matre de la Chambre des comptes sous Charles
VIII.
Par ailleurs, Louis XI soutenait les projets de copie et de traduction dans ce domaine, afin que s'amliore la
disponibilit des livres et des manuels de mdecine en France. Par exemple, le roi faisait copier la Pratica de Jean
Pacis, doyen de la facult de Montpellier, tandis que fut acheve pour la premire fois la traduction du Regimen
Sanitatis Salernitatum de l'cole de mdecine de Salerne. Enfin Louis XI, roi bigot, se faisait apporter des reliques
de lEurope entire et envoyait des dons toutes les glises rputes pour leurs gurisons miraculeuses[50]. Il
collectionnait aussi les images pieuses, par contre les mdailles de plomb censes orner son chapeau n'existaient pas
du vivant du roi[].
Enfants illgitimes
Cette section ne cite pas suffisamment ses sources. Pour l'amliorer, ajouter en note des rfrences vrifiables ou
les modles {{refnec}} ou {{refsou}} sur les passages ncessitant une source.
Louis XI eut de nombreux enfants illgitimes :
Guyette de Valois, fille de sa matresse Fliz Regnard ;
Jeanne de Valois (1447-1519) (lgitime le 25 fvrier 1466, n.s.), fille de sa matresse Fliz Regnard, pouse en
1465 Louis de Bourbon, comte de Roussillon, amiral de France, qui elle donne un fils, Charles de Bourbon,
comte de Roussillon, mort sans postrit, et deux filles (avec une postrit dans les familles Chabannes et
Arpajon) ;
Guyette de Valois (dcde en 1502), lgitime, fille de Marguerite de Sassenage.
Marie (1450-1470), lgitime, fille de sa matresse Marguerite de Sassenage, pouse en 1467 Aymar de Poitiers,
sire de Saint-Vallier, qui elle donne un fils mort sans postrit : Jean de Poitiers, baron de Srignan. Veuf, son
poux se remarie avec Jeanne de la Tour dAuvergne (grand-tante de Catherine de Mdicis), qui lui donne, entre
autres, un fils, Jean de Poitiers, pre de Diane de Poitiers, favorite dHenri II ;
Isabeau, de Marguerite de Sassenage, pouse Louis de Saint-Priest ;
3 autres enfants de diverses matresses dont les prnoms nous sont inconnus.
Toutefois, un bouleversement se produit en 1473, la mort de son dernier fils lgitime Franois. Le roi est si
profondment touch qu'il fait le vu de ne plus tre infidle la reine Charlotte de Savoie[51]. Selon Louis XI, un
des plus grands plerins des rois de France, il s'agissait l de l'intention de Dieu, car, aprs avoir subi la rvolte de la
Ligue du Bien public, il savait parfaitement que le Royaume, sans hritier mle direct, pourrait tre facilement
dsuni. Aussi devint-il fidle afin que le Prince Charles puisse lui succder. C'est ce qui se passa en 1483.
Louis XI de France
136
Louis XI de France
Blanchefort, snchal de Lyon et chambellan de Charles VII, et de Souveraine dAubusson, sa mre (sur cadette
de Pierre dAubusson, grand matre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jrusalem ; les Chevaliers de Rhodes). Son
frre cadet Charles fut abb de Sainte-Thrse et vque de Senlis. Son autre frre, Guy de Blanchefort, sera
nomm commandeur de Morterolles (actuelle Creuse), commandeur de Chypre, grand prieur de la langue
dAuvergne et fut le 42e grand matre de lOrdre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jrusalem (1512-1513).
Louis de Blanchefort entreprit la restauration de loratoire de Notre-Dame de Bethlem o il mourut, le 27 fvrier
1505. Il reconstruire lglise Saint-Eloi. Il fit restaurer le grand clotre et la chapelle Sainte-Elisabeth. Attir
lui-mme par les sciences, il redonna un lustre lcole monacale, envoyant les religieux se perfectionner Paris,
avant de revenir enseigner dans les classes du monastre.
Notes et rfrences
Notes
[1] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Louis_XI_de_France& action=edit& section=0
[2] Pierre Champion, Louis XI, d., Paris, H. Champion, 1928, 2 vol.
[3] Dpartement dhistoire, UL - Cours - HST-20718B - Travail de F.-A. Raymond (Aut. 2002) (http:/ / www. hst. ulaval. ca/ Cours/
HST20718B/ A02_FARaymond. htm#Intro)
[4] http:/ / www2. cndp. fr/ archivage/ valid/ 3418/ 3418-188-202. pdf 4
[5]
[6]
[8]
[9]
137
Louis XI de France
138
[33] Histoire de La Poste: Chronologie de 1477 1672 (http:/ / www. laposte. fr/ legroupe/ Nous-connaitre/ Histoire/ Les-grandes-dates-cles/
Chronologie-de-1477-a-1672)
[34] Jean Favier, Louis XI, moins cruel que sa lgende, un fauve politique, Le Point, 18-25 dcembre 2008, p. 188.
[35] Jean Favier, Louis XI, Fayard, 2001, p. 883.
[36] le 30 aot 1483, soit, assez curieusement, un an jour pour jour aprs l'assassinat du prince-vque de Lige Louis de Bourbon (cousin
germain de Charles le Tmraire et son alli, puis celui de Marie de Bourgogne et Maximilien de Habsbourg), lequel assassinat avait t
perptr l'instigation de Guillaume de La Marck, l'homme de main de Louis XI en "pays de par-de" bourguignon.
[37] Charles Pinot Duclos, Histoire de Louis XI, Volume 2, 1745, p. 488.
[38] http:/ / www2. biusante. parisdescartes. fr/ img/ ?refphot=CIPA0565& mod=s
[41] Patrice Georges, Louis XI eut-il cinq crnes ? Evolution du nombre de crnes dans le caveau royal de lglise Notre-Dame de
Clry-saint-Andr (Loiret) , in Philippe Charlier (dir.), Actes du 1er Colloque International de Pathographie (Loches, 2005). Paris, De
Boccard, 2006, pp. 195-214.
[42] Cuve de sarcophage et vitrine du XXe sicle montrant les restes crniens (http:/ / saintdenis-tombeaux. forumculture. net/
t38-louis-xi-a-clery-saint-andre-que-sont-devenus-ses-ossements)
[43] Ren Gandilhon, compte rendu du tome I de l'Histoire de Louis XI dite et traduite par Charles Samaran aux Belles Lettres (http:/ / www.
persee. fr/ web/ revues/ home/ prescript/ article/ bec_0373-6237_1963_num_121_1_461390_t1_0275_0000_000), Bibliothque de l'cole des
Chartes, 1963, Volume 121, Numro 121, p. 275-276.
[44] Il s'agit de la collgiale fonde au Bourges, sous la rgle de Saint Colomban (Joseph Vaesen et tienne Charavay, Lettres de Louis XI,
tome V, p. 332, note n2, Librairie Renouard, Paris, 1895)
[45] Joseph Vaesen et tienne Charavay, Lettres de Louis XI tome IX p.120, Librairie Renouard, Paris 1905
[46] http:/ / www. lepoint. fr/ actualites-culture/ ces-malades-qui-nous-ont-gouvernes/ 249/ 0/ 301084 Peut-on rgner en tant malade?
[47] Ainsi, le 27 juillet 1480, le roi expdia pour le futur Charles VIII une lettre au gouverneur de finances en Languedoc, Franois de Genas :
Monsr le general, je vous ay ja escript que vous m'envoyssiez maistre Jehan Martin, medecin, pour ce que maistre Guillaume Girard, qui estoit
medecin de Monsr le daulphin, est trespasse, et qu'on m'a conseille que je prinsse en son lieu ledit maistre Jehan Martin ... .
[48] Joseph Vaesen et tienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VIII, p. 242, Librairie Renouard, Paris, 1903.
[49] Jacques Heers, Louis XI, p.351, Perrin, Paris 2003.
[50] Jacques Heers, Louis XI, p.350, Perrin, Paris 2003.
[51] Didier Feuer et Jean d'Hendecourt, Dictionnaire des Souverains de France et de leurs pouses p.117, Pygmalion, Paris 2006.
Rfrences
Filmographie
Le Miracle des loups (1924), film ralis par Raymond Bernard. Charles Dullin interprte Louis XI.
Le Miracle des loups (1961), film ralis par Andr Hunebelle. Jean-Louis Barrault tient le rle du roi.
Quentin Durward (1971), srie tlvise avec Michel Vittold.
Louis XI ou la Naissance d'un roi (1978), tlfilm ralis par Alexandre Astruc d'aprs la biographie de Paul
Murray Kendall. Denis Manuel incarne le dauphin Louis puis le roi de France.
Louis XI, le pouvoir fracass (2011), tlfilm ralis par Henri Helman, diffus le 6 dcembre 2011 sur France 3.
Jacques Perrin joue Louis XI.
Articles connexes
Franois de Paule
Formation territoriale de la France mtropolitaine
Itinraires du roi Louis XI de 1461 1483
Liens externes
Texte intgral du Mmoire des faits du feu roy Louis onziesme de Philippe de Commynes (http://users.skynet.
be/antoine.mechelynck/chroniq/comm/C0.htm)
Prcd par
Louis XI
Suivi par
Louis XI de France
139
Charles VII
Charles VIII
Roi de France
1461-1483
Portail de lhistoire
Portail du royaume de France
Portail du Moyen ge
Charles VIII
Titre
Roi de France
30aot1483 7avril1498
(14ans, 7 mois et 7jours)
Couronnement
Rgent
30mai1484,
en la Cathdrale de Reims
Anne de France (1483-1491)
Prdcesseur
Louis XI
Successeur
Louis XII
Roi de Naples
Alphonse II
Successeur
Ferdinand II
Biographie
Dynastie
Maison de Valois
7avril1498 ( 27ans)
Louis XI de France
140
Mre
Charlotte de Savoie
Conjoint
Anne de Bretagne
Enfants
Charles-Orland de France
Charles de France
Franois de France
Anne de France
Hritier
Louis d'Orlans
(1483-1492)
Charles-Orland de France
(1492-1495)
Charles de France
(1496)
Franois de France
(1496-1498)
Louis d'Orlans
(1498)
Rsidence
Chteau d'Amboise
Rois de France
modifier
[1]
Charles VIII de France ou Charles VIII l'Affable, n le 30juin1470 au chteau d'Amboise, mort le 7avril1498 au
mme endroit, fut roi de France de 1483 1498.
Seul fils de Louis XI et de sa deuxime pouse Charlotte de Savoie ne pas tre mort en bas ge, il est le septime et
dernier roi de la succession directe de la branche des Valois de la dynastie captienne.
Devenu roi l'ge de treize ans, il fut plac sous la tutelle de sa sur Anne de Beaujeu, rgente de France.
vingt-et-un ans (1491), il se marie Anne de Bretagne, prparant ainsi l'union du duch de Bretagne au royaume de
France. Son rgne vit la perte du comt d'Artois, du comt de Bourgogne et du comt de Roussillon qu'avait annexs
son pre Louis XI (1493). Son expdition pour conqurir le royaume de Naples marque le point de dpart des
guerres d'Italie (1494).
Biographie
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Enfance
N le 30juin1470, Charles est le premier et seul fils de Louis XI passer l'ge d'un an (sur les cinq fils qu'a eus le
roi et aprs deux filles). Il est de constitution fragile, et le roi, soucieux de s'assurer une succession, se proccupe
plus de sa sant que de son ducation[2]. Ainsi, il lui interdit l'enseignement du latin que lui-mme avait pourtant
appris l'ge de six ans, et lui choisit pour prcepteur l'humaniste Guillaume Tardif. Il fait rdiger pour l'ducation
du dauphin un trait historique, politique et thique, le Rosier des guerres. Heureusement pour le dauphin, le roi
prend galement son service le meilleur mdecin de l'poque, Jean Martin, grce auquel sans doute Charles
conservera une bonne sant[3].
Rgence
13 ans, Charles VIII monte sur le trne n'ayant eu d'autre ducation que la lecture des romans de chevalerie. Il est
toujours mineur et, conformment au dsir de son pre, il accepte la tutelle de sa sur ane, Anne de France, ge
de 23 ans, dite Anne de Beaujeu, aprs son mariage avec Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu.
Le gouvernement des rgents provoque une rbellion des princes emmens par le beau-frre et successeur du roi,
Louis II d'Orlans (poux de Jeanne de France).
Le futur Louis XII, qui, en vue de soustraire le roi ses tuteurs, entreprend la Guerre folle. Le 28 juillet 1488, Louis
d'Orlans est fait prisonnier la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier. Incarcr pendant trois annes, il est graci en
1491.
141
142
Rgne personnel
l'ouest, Anne de Bretagne, duchesse
de Bretagne, est marie par procuration
avec Maximilien de Habsbourg.
Charles, lui-mme fianc Marguerite
d'Autriche, fille de Maximilien,
entreprend de longues ngociations et
fait le sige de Rennes pour pouvoir
pouser Anne, ce qu'il obtient le
6dcembre1491 8 heures du matin
au chteau de Langeais. Il rapproche
ainsi de la France cet important duch,
au prix de l'inimiti du futur empereur.
Selon Guyard de Belleville, le contrat de mariage de Anne de Bretagne avec Charles VIII portait cette clause
singulire qu'au cas o elle deviendrait veuve, elle ne pourrait se remarier qu'avec le successeur du roi ; cela pour
assurer plus solidement l'alliance de son duch de Bretagne et de la couronne de France. Elle pousera ensuite Louis
XII en 1499. Aucun des six enfants issus de son union avec Anne de Bretagne ne survivra. Charles-Orland, le fils
an de Charles VIII et de la reine Anne, duchesse de Bretagne, mourut en 1495 l'ge de 3 ans.
la mort du roi Ferdinand Ier de Naples, en 1494, Charles VIII prend le titre de roi de Naples et de Jrusalem et
pntre en Italie. C'est le dbut de la premire guerre d'Italie (1494-1497). Sans aucune rsistance, les Franais
entrent Florence en novembre et Rome en dcembre. Ils sont Naples en fvrier 1495. Cependant, en mars, sous
l'impulsion de Ferdinand II d'Aragon et du pape Alexandre VI, se constitue la ligue de Venise, une alliance quasi
gnrale contre la France. L'architecte italien Fra Giovanni Giocondo et le prtre jardinier napolitain Dom Pacello de
Mercogliano entrent son service.
Le retour en France de Charles VIII est prilleux. Il parvient cependant franchir l'Apennin et, remportant de
justesse une victoire la bataille de Fornoue, il russit chapper ses ennemis. Louis d'Orlans vacue Novare et
renonce au duch de Milan. Dbut 1497, l'arme franaise reste Naples capitule devant le capitaine espagnol
Gonzalve de Cordoue, dit le Grand Capitaine.
Sduit par la beaut des villas italiennes qu'il considre comme le
paradis terrestre, il engage des travaux importants sur le chteau
d'Amboise (la chapelle Saint-Hubert), et commande ses artistes
italiens des jardins l'image de ceux qu'il a pu voir la villa Poggio
Reale du roi Ferdinand d'Aragon. Ils seront tablis au Chteau-Gaillard
Amboise au pied de l'oppidum de Cesar dont il fera, grce au matre
Karolus ou dizain sous Charles VIII l'Affable
jardinier Dom Pacello de Mercogliano, sa villa de plaisance.
Chteau-Gaillard (Amboise) verra ainsi les premiers orangers cultivs
en France et la cration des parterres la franaise.
Tombeau
Charles VIII fut inhum la basilique Saint-Denis
tandis que son cur rejoignit la Basilique Notre-Dame
de Clry, afin qu'il puisse tre prs de ses parents,
Louis XI et Charlotte de Savoie.
Le tombeau de Charles VIII tait l'un des plus riches de
Saint-Denis, ralis en grande partie en bronze dor et
en mail. Comme tous les tombeaux n'tant pas de
pierre, il fut fondu ds 1792. Les derniers vestiges
disparurent en 1793.
Charles VIII ne fut pas inhum dans la chapelle tablie
par Charles V, qui tait devenue la chapelle Saint
Jean-Baptiste, chapelle des "rois Charles", comme son
nom pouvait l'y prdisposer. La place manquait dans
Tombeau de Charles VIII par Franois Roger de Gaignires.
cette chapelle. Il fut enterr dans l'un des lieux les
mieux exposs de l'glise : la croise du transept, au
nord-Ouest du matre-autel. Ce secteur n'avait connu aucune modification depuis l'enterrement de Jeanne II de
Navarre aux pieds de son pre Louis X en 1349.
La reine Anne de Bretagne en a supervis la conception puis les travaux. L'excution en fut confie l'Italien Guido
Paganino Mazzoni, "chevalier, painctre et enlumineur" que Charles VIII avait ramen de ses conqutes italiennes, et
qui tait pass au service de Louis XII. De fait, ce tombeau surpassait tous les autres Saint-Denis par ses
dimensions et son ornementation somptueuse. Le monument mesurait 8 pieds et demi de long et 4 pieds et demi de
large. Il dominait les gisants mdivaux en avant desquels il fut plac. La statue monumentale en bronze dor
reprsentant le roi en orant. Celui-ci tait revtu de la robe bleue fleurs de lys dores ralise en mail.
Le soubassement rectangulaire tait orn de figures fminines dans des mdaillons - comme au tombeau de Franois
II de Bretagne Nantes. Des rubans de "K" entrelacs se droulaient entre ces figures fminines, sur tout le pourtour
du soubassement.
Ce tombeau a influenc les ralisations postrieures de la basilique, notamment cause de la reprsentation du
souverain en prire, sans couronne. Elle sera reprise au XVIe sicle dans les tombeaux transis (Louis XII, Franois
Ier et Henri II).
143
Descendance
Charles VIII et Anne de Bretagne ont six enfants dont trois mort-ns, mais aucun ne survit[7]:
Devise
Il prit pour devise celle de l'officier des gardes du corps cossais qui blessa le duc de Bourgogne en 1477 : Si Deus
Pro Nobis, Quis Contra Nos ? (Si Dieu [est] pour nous, qui [sera] contre nous ?).
Sources
Rfrences
[1] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Charles_VIII_de_France& action=edit& section=0
[3] Le roi expdia une lettre Franois de Genas, le 27 juillet 1480 : "Monsr le general, je vous ay ja escript que vous m'envoyssiez maistre Jehan
Martin, medecin, pour ce que maistre Guillaume Girard, qui estoit medicen de Monsr le daulphin est trespasse, et que on m'a conseille que je
prinsse en son lieu ledit maistre Jehan Martin ; mais il ne va ne vient, dont je m'esbays. ..." (Joseph Vaesen et tienne Charavay, Lettres de
Louis XI tome VIII p.242, Librairie Renouard, Paris 1903). Jean Martin tait doyen de la facult de mdecine de Montpellier, "qui avait,
Montpellier' tudi au "Collge des douze mdecins" fond au XIVe sicle par le pape Urbain V..." (Jacques Heers, Louis XI p.351, Perrin,
Paris 2003). Aprs le sacre de Charles VIII, ce physicien illustr du roi devint matre de la Chambre des comptes de Paris. http:/ / books.
google. fr/ books?id=Ep0ZBnXeZloC& pg=PA5
[6] "A l'entre se hurta du front contre l'huis, combien qu'il fust bien petit" (Mmoires de Philippe de Commynes)
[7] Didier Feuer et Jean d'Hendecourt, Dictionnaire des Souverains de France et de leurs pouses, p.28, Pygmalion, Paris 2006
[8] Cites par Patrick Van Kerrebrouck, in Les Valois - 1990, page 164.
[9] Charles VIII, son pre putatif, en est le parrain.
Bibliographie
Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Charles VIII de France dans Dictionnaire universel dhistoire
et de gographie, 1878 (Wikisource)
Ivan Gobry, Louis XI, La force et la ruse, 2001
Annexes
Lectures approfondies
Claude Joseph de Cherrier, Histoire de Charles VIII Roi de France (http://books.google.fr/
books?id=DTYOAAAAQAAJ&pg=PA1&dq=histoire+de+charles+VIII&lr=), Deux vol. ditions Didier et
Cie Paris 1868
Yvonne Labande-Mailfert, Charles VIII et son milieu (1470-1498) : la jeunesse au pouvoir, Paris, Klincksieck,
1975, 615 pages.
Yvonne Labande-Mailfert, Charles VIII. Le vouloir et la destine, Paris, Fayard, 1986.
144
145
Anne Denis, Charles VIII et les Italiens : Histoire et Mythe, Genve, Droz, collection Travaux d'humanisme et
Renaissance , 1979, 185 p.
Ivan Cloulas, Charles VIII et le mirage italien, Albin Michel, collection L'homme et l'vnement , 1986, 278 p.
Didier Le Fur, Charles VIII, Librairie Acadmique Perrin, 2006, 477 p.
Liens externes
Iconographie principale
Portrait de Charles VIII au Kunsthistorisches museum (http://bilddatenbank.khm.at/viewArtefact?id=2428)
Portrait de Charles VIII par Prreal (BnF) (http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Daguerre&
O=7817597&E=JPEG&NavigationSimplifiee=ok&typeFonds=noir)
Portrait du muse Cond Chantilly (http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=25&
FP=71840494&E=2K1KTS22UGBFX&SID=2K1KTS22UGBFX&New=T&Pic=19&
SubE=2C6NU0BAV06C)
Charles VIII peint par Jean Hey (BnF) (http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Daguerre&
O=7900813&E=JPEG&NavigationSimplifiee=ok&typeFonds=noir)
Scne de ddicace Charles VIII (BnF) (http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Daguerre&
O=7868363&E=JPEG&NavigationSimplifiee=ok&typeFonds=noir)
Prcd par
Charles VIII
Louis XI
Suivi par
Louis XII
Roi de France
1483-1498
Franois de
France
(Indirectement)
Charles de
France
(Indirectement)
Dauphin de France
30juin1470 30aot1483
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146
Conflits
23novembre1407
Paris
Pre
Charles V
Mre
Jeanne de Bourbon
Charles
Philippe
Jean
Marguerite
modifier
[1]
Louis Ier d'Orlans (13mars1372 - Paris, 23novembre1407) est un prince franais de la maison captienne de
Valois qui fut duc d'Orlans et chef du parti des Armagnacs.
147
Le frre du roi
Second fils survivant du roi de France Charles V et de Jeanne de Bourbon, il est le frre unique de Charles VI.
Comte de Beaumont et duc de Valois, puis duc de Touraine (1386), comte de Chteau-Thierry, de Vertus, de
Luxembourg, de Porcien, de Courtenay, d'Angoulme, du Prigord, de Blois, de Dunois, de Chartres, de Soissons, et
de Dreux, baron de Coucy et de Chtillon-sur-Marne, seigneur de Luzarches, de Sabl de Grandelin, de
Chlons-en-Champagne, de Chteaudun, de Sedenne, de Crcy, d'Epernay, de Montargis, de Fre-en-Tardenois et
d'Oisy. Il reoit en apanage le duch d'Orlans (1392).
Il pouse en 1389 Valentine Visconti (1368 1408), fille de Jean-Galas Visconti, seigneur de Milan, et d'Isabelle
de France, la procuration de Charles VI pour la ngociation de ce mariage date du 20 septembre 1386[2]. Ce mariage
sera l'origine des prtentions des rois de France Louis XII et FranoisIer sur le duch de Milan.
Il montre son got pour la fte et les plaisirs en faisant difier Paris de coteux htels. C'est un sducteur dont les
ennemis diront qu'il hennissait comme un talon aprs presque toutes les belles femmes .
Intime du roi son frre, lors du bref gouvernement personnel de Charles VI et de la politique des Marmousets
(1388-1392), il devient, la folie du roi se confirmant, le rival (soutenu par la reine Isabeau de Bavire qui fut
peut-tre son amante) des ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi puis son fils Jean sans Peur.
Le parti d'Orlans
En 1392, le roi sombre dans une folie intermittente. Pendant ses crises,
la reine Isabeau devient rgente, conseille par les grands du royaume.
De fait, Phillippe le Hardi, puissant duc de Bourgogne et oncle et
tuteur du roi il fut rgent pendant sa minorit entre 1380 et 1388
acquiert une influence majeure sur le pouvoir. De plus, la reine qui est
pitre politique s'appuie sur Philippe qui elle doit son mariage royal.
Louis dOrlans s'applique donc reprendre de l'influence au sein du
conseil, s'imposant comme le seul vritable rival du duc de Bourgogne.
Il s'attle contrer l'influence grandissante du duc de Bourgogne. En
1402, il acquiert le duch de Luxembourg en gagre pour empcher les
tats de Bourgogne (qui incluent le comt de Flandre) de raliser une
continuit territoriale. La mme anne, il est l'excuteur testamentaire
du conntable Louis de Sancerre.
la mort de Philippe le Hardi, en 1404, le duch de Bourgogne est
l'apoge de son pouvoir politique au sein du conseil. Son fils Jean sans
Peur en prend le contrle mais est politiquement moins puissant que
son pre. Louis d'Orlans sait qu'il doit profiter de la disparition de
Philippe le Hardi pour reprendre les rnes du pouvoir. Il serait alors
devenu l'amant de la reine, Isabeau de Bavire[3].
Par sa prodigalit, il s'attire une croissante impopularit, soigneusement exploite par Jean sans Peur. Il est accus
d'avoir voulu sduire ou, pis, violer la duchesse de Bourgogne. Il semble vouloir faire rompre la trve
franco-anglaise, allant jusqu' provoquer Henri IV de Lancastre en duel, ce que Jean Sans Peur ne peut admettre, car
les industriels flamands dpendaient totalement des importations de laine d'outre-Manche et auraient t ruins par
un embargo. Louis d'Orlans parvient conforter sa position et celle de ses partisans au sein du Conseil du roi
(1406-1407), en faisant vincer ceux du duc de Bourgogne grce au soutien de la reine.
148
Descendance
Louis et Valentine Visconti eurent pour enfants :
Bibliographie
Eugne Jarry, La vie politique de Louis de France, duc d'Orlans 1372-1407, Paris, Alphonse Picard, 1889, [ lire
[8]
en ligne ].
Michael Nordberg, Les ducs et la royaut. tudes sur la rivalit des ducs d'Orlans et de Bourgogne, 1892-1407,
Upsal-Stockholm, Studia Historica Upsaliensia, XII, 1964. Compte-rendu [9] de Jean Favier in Bibliothque de
l'cole des chartes, n 123-1, 1965, p.260-261.
Claude Ribra-Pervill, Aspects du mcnat de Louis Ier d'Orlans ( 1407) , in Jeanne d'Arc, une poque, un
rayonnement, Paris, ditions du CNRS, 1982, p.138-148.
Bernard Guene, Un meurtre, une socit. L'Assassinat du duc d'Orlans, 23 novembre 1407, Paris, Gallimard,
collection Bibliothque des histoires , 1992, 350p.
Thierry Crpin-Leblond, Louis d'Orlans et Valentine Visconti, mcnat et politique autour de 1400. Le petit
journal de lexpo, Blois, chteau, 26 juin-12 septembre 2004, 8p.
Pierre-Gilles Girault, Images et portraits du prince autour de 1400 : lexemple de Louis dOrlans , La cration
artistique en France autour de 1400 : XIXe Rencontres de lcole du Louvre (Paris, 7-9 juillet 2004), Paris : La
Documentation franaise, 2006, p.141-165.
Corinne Leveleux-Teixeira, Du crime atroce la qualification impossible. Les dbats doctrinaux autour de
l'assassinat du duc d'Orlans (1408-1418) , in Franois Foronda, Christine Barralis, Bndicte Sre (dir.),
Violences souveraines au Moyen ge. Travaux d'une cole historique, Paris, Presses universitaires de France
(PUF), collection Le nud gordien , 2010, p.261-270
Notes et rfrences
[1]
[2]
[3]
[4]
[5]
[6]
[7]
[8]
[9]
149
150
Autre titre
Conflits
Naissance
24novembre1394
Paris
Dcs
5janvier1465 ( 70ans)
Amboise
Pre
Mre
Valentine Visconti
Conjoint
Isabelle de Valois
Bonne d'Armagnac
Marie de Clves
Enfants
Marie
Louis
Anne
modifier
[1]
Charles d'Orlans, n Paris le 24 novembre 1394 et mort Amboise le 5 janvier 1465, duc d'Orlans, est un
prince franais, connu surtout pour son uvre potique ralise lors de sa longue captivit anglaise. Il est le fils de
151
Louis Ier, duc d'Orlans (le frre du roi de France Charles VI), et de Valentine Visconti fille du duc de Milan. Il est
n l'htel de Saint-Paul, Paris.
Prsentation
Son enfance est marque par les rivalits qui opposent son pre Jean sans Peur, duc de Bourgogne, rivalits
l'origine de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Son pre est tu sur l'ordre du duc de Bourgogne le 23
novembre 1407. En sa qualit d'an, il recueille la plus grande part de l'hritage dont le duch d'Orlans, les comts
de Valois et de Blois, et les seigneuries de Coucy et de Chauny.
Il pouse en 1406 sa cousine germaine Isabelle de Valois (17 ans), fille de Charles VI, et veuve de Richard II
d'Angleterre. Celle-ci meurt vingt ans en donnant le jour une fille. Charles se remarie en 1410 avec Bonne
d'Armagnac, fille du comte Bernard VII d'Armagnac, grand fodal du Sud-Ouest, transfrant le conflit familial la
maison d'Armagnac.
la mort de sa mre, le 4 dcembre 1408, il hrite du comt d'Asti et de quelques terres lombardes.
En 1415, survient la reprise de la guerre, Charles d'Orlans fait partie de l'arme franaise poursuivant Henri V
retraitant dans le nord de la France. la dbcle d'Azincourt, le 25 octobre 1415, Charles d'Orlans est fait
prisonnier et emmen en Angleterre. Sa libration est conditionne par le paiement d'une ranon. Il reste vingt-cinq
ans en Angleterre, annes pendant lesquelles il dveloppe son uvre.
En effet, il ne se trouve personne pour payer sa ranon. Sa seconde
pouse est morte la fin de 1415, son beau-pre, le comte Bernard VII
d'Armagnac, a t massacr par les partisans de Jean Sans Peur en
1418 et, en 1420, disparat son frre cadet, Philippe, comte de Vertus.
Son duch d'Orlans est laiss sans dfense et les Anglais assigent
Orlans sans mme songer demander au duc, leur prisonnier, de leur
ouvrir les portes ; sige auquel mit fin Jeanne d'Arc.
Charles d'Orlans reoit l'hommage d'un vassal
152
uvres
Charles d'Orlans est l'auteur d'une uvre considrable : 131 chansons,
102 ballades, sept complaintes et pas moins de 400 rondeaux. Il est
aussi l'auteur de pices potiques en langue anglaise.
Bibliographie
Principales ditions des uvres de Charles d'Orlans
Ballades et rondeaux, Paris, Le Livre de Poche, collection Lettres gothiques , 1992.
En la fort de longue attente et autres pomes, dition bilingue de Grard Gros, Paris, Gallimard, collection
Posie / Gallimard , 2001.
Posies, Tome 1, La retenue d'amour. Ballades, chansons, complaintes et caroles dites par Pierre Champion,
Paris, Honor Champion, collection Classiques franais du Moyen ge , 2010.
Le Livre d'Amis : Posies la cour de Blois (1440-1465), dition bilingue, publication, traduction, prsentation et
notes de Virginie Minet-Mahy et Jean-Claude Mhlethaler, Paris, Honor Champion, collection Champion
Classiques Moyen ge , 2010.
153
Littrature
Hella S. Haasse, En la fort de longue attente. Le roman de Charles d'Orlans, Paris, Seuil, 1991.
Postrit
Ses pomes ont t enlumins par Henri Matisse[4]
Trois chansons mises en musique par Claude Debussy[5]
Notes et rfrences
[1]
[2]
[3]
[4]
[5]
Liens externes
Charles d'Orlans (http://www.arlima.net/no/6), Archives de littrature du Moyen ge (ARLIMA).
Posies compltes (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k28434q/f1.image) sur Gallica.
Manuscrit des Posies de Charles d'Orlans et Alain Chartier (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
btv1b52000448q/f1.item)
Prcd par
Suivi par
Louis XII
Louis Ier
154
Ascendance
Portail de la posie
Portail du Moyen ge tardif
Portail du royaume de France
27mai1498,
en la Cathdrale de Reims
Prdcesseur
Charles VIII
Successeur
Franois Ier
Roi de Naples
1501 1504
Prdcesseur
Successeur
Frdric II
Ferdinand III
Duc de Milan
1499 1500
Prdcesseur
Ludovic Sforza
Successeur
Ludovic Sforza
1501 1512
Prdcesseur
Successeur
Ludovic Sforza
Maximilien Sforza
Duc d'Orlans
5janvier1465 7avril1498
33ans, 3 mois et 2jours
Prdcesseur
Successeur
Charles d'Orlans
retour la couronne
155
Biographie
Dynastie
Valois Orlans
1erjanvier1515 ( 52ans)
Lieu de dcs
Paris (France)
Pre
Charles de Valois,
duc d'Orlans
Mre
Marie de Clves
Conjoint
Jeanne de France
(1479-1499)
Anne de Bretagne
(1499-1514)
Marie d'Angleterre
(1514-1515)
Enfants
Claude de France
Rene de France
Hritier
Franois d'Angoulme
(1498-1508)
NN de France
(1508)
Franois d'Angoulme
(1508-1512)
NN de France
(1512)
Franois d'Angoulme
(1512-1515)
Rsidence
Chteau de Blois
Chteau d'Amboise
Rois de France
modifier
[1]
Louis XII, n le 27juin1462 au chteau de Blois et mort le 1erjanvier 1515 Paris, surnomm le Pre du peuple
par les tats gnraux de 1506, est roi de France de 1498 1515. Son rgne est marqu par les guerres d'Italie, qui
s'achvent avec la dfaite de Novare en 1513 et, au plan intrieur, la rforme de la justice et des impts. Son image
fut cultive aprs sa mort comme symbole d'une monarchie modre, s'appuyant sur les tats gnraux, par contraste
avec la monarchie absolue.
156
Duc d'Orlans
Jeunesse
Louis d'Orlans est le fils de Charles d'Orlans, le prince pote, et de Marie de Clves et l'arrire-petit-fils de Charles
V (voir son ascendance). Orphelin de pre trois ans, il est pris en tutelle par Louis XI, qui lui prodigue une svre
ducation.
En 1476, Louis XI organise son mariage avec sa fille Jeanne, difforme, physiquement estropie (boiteuse) : Louis XI
espre ainsi provoquer lextinction de la branche dOrlans, qui menace toujours la branche ane des Valois directs.
Au moment du mariage de sa fille et du futur Louis XII, Louis XI aurait cyniquement gliss l'un de ses confidents
(...) pour ce qu'il me semble que les enfants qu'ils auront ensemble ne leur coteront point cher nourrir (...) .
Aprs avoir accd au trne, Louis XII s'empresse en 1499 de faire annuler ce mariage par le pape pour
non-consommation, ce que Jeanne conteste en vain, en dclarant au procs que bien qu'elle sache trs bien qu'elle
n'est ni aussi jolie ni aussi bien faite que les autres femmes , son mariage a bel et bien t consomm. Le mariage
est nanmoins annul, Jeanne se retire au couvent Bourges pour fonder, ultrieurement, l'ordre des religieuses de
l'Annonciade, destin honorer la Sainte Vierge plus particulirement dans le mystre de l'Annonciation. Morte en
odeur de saintet, elle est canonise par le pape Pie XII en 1950.
Le rebelle
la mort de Louis XI, il choue obtenir la rgence aux tats gnraux de Tours, confie Anne de Beaujeu.
Aprs les pripties de la Guerre folle, il est fait prisonnier la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, en juillet 1488.
Graci aprs trois ans de dtention (qu'il passe dans les prisons dAngers, de Sabl, de Lusignan, de Poitiers, de
Mehun-sur-Yvre et de Bourges), il suit son cousin, le roi Charles VIII, en Italie o il tente en vain de conqurir le
duch de Milan son profit (cf. premire guerre d'Italie).
Roi de France
Le 7avril1498, Charles VIII meurt accidentellement sans enfant
survivant. Louis se rend au chteau d'Amboise le lendemain pour
rendre hommage au corps du dfunt : il y est reu et honor par la Cour
comme souverain[3]. Les fiefs, possessions et prtentions des Orlans
rentrent dans le giron de la monarchie. Ds son accession au trne, il
manifeste cependant un dsir profond de ne pas rompre avec la
tradition des Valois. Sa clbre phrase, le roi de France ne venge pas
les injures faites au duc d'Orlans , tmoigne de sa volont de
rconciliation et de continuit.
157
Une consquence mineure de ce mariage est qu'il y a continuit dans la
vie culturelle de la Cour : parmi les potes de Cour, on peut citer
l'humaniste italien Fauste Andrelin de Forl.[rf.souhaite]
Ds 1499, il reprend la politique italienne de son prdcesseur (cf.
deuxime, troisime et quatrime guerre d'Italie), en ajoutant
cependant la prtention des Anjou sur le royaume de Naples, celle
des Orlans sur le duch de Milan. Aprs avoir conquis le Milanais, il
devient matre d'une grande partie de la pninsule.
[2]
Transi
158
Sa figure fournit le sujet de pices de thtre sous la Rvolution (Une journe de Louis XII ou Louis XII Pre du
peuple de Charles-Philippe Ronsin, joue en fvrier 1790)[5]. Alors que le Panthon est rserv aux hommes de la
Rvolution (sauf Descartes, etc.), le dput Charles Lambert de Belan tente de faire valoir, en fvrier 1792, une
exception pour les seuls de nos rois qui se soient montrs les pres du peuple [5]. Avec l'intensification de la
Rvolution, son aura plit[5].
Cette tendance hagiographique est mise en question au XIXesicle par l'historien Roederer critiquant ainsi, en 1819,
l'usage non scientifique de l'histoire[5], alors que d'autres font son apologie sous la Restauration[5].
Fratrie et descendance
Article dtaill : Maison captienne de Valois#Gnalogie simplifie de la maison rgnante de Valois.
Frres et surs
Marie (1457-1493) pouse en 1476, Jean de Foix, comte d'tampes
Anne (1464-1491), abbesse de Fontevrault puis de Poitiers
pouses et descendance
Il pouse en deuximes noces, en 1499, la reine douairire Anne de Bretagne (1477-1514), fille du duc Franois II de
Bretagne et de Marguerite de Foix. De cette union naissent :
En 1514, il pouse Mary Tudor, princesse d'Angleterre (1496-1533), fille du roi Henri VII et d'lisabeth Plantagent
d'York.
On lui connat un enfant illgitime, Michel Bucy, archevque de Bourges (1489-1511).
159
Notes et rfrences
[1] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Louis_XII_de_France& action=edit& section=0
[2] Ces statues couches, les plus dramatiques, reprsentent les cadavres saisis dans les affres de la mort, pris par les derniers spasmes, le ventre
recousu par lembaumement, les bouches entrouvertes par le dernier rle, la peau colle au squelette, les seins affaisss, la tte renverse pour
la reine. (http:/ / saintdenis-tombeaux. forumculture. net/ t43-le-tombeau-de-louis-xii-et-anne-de-bretagne)
[5] Laurent Avezou (2003), Louis XII (http:/ / www. cairn. info/ article. php?ID_ARTICLE=RHIS_031_0095) , Revue historique 1/2003 (n
625), p. 95-125.
[6] Arlette Jouanna, La France du XVI sicle : 1483 1598, PUF, 1996, p. 688
[7] Lettre Louis XIV sur site-magister (http:/ / www. site-magister. fr/ travec4. htm#fenelon)
Annexes
Bibliographie
Bernard Quilliet, Louis XII, pre du peuple, Paris, Fayard, 1986.
Philippe Contamine et Jean Guillaume (dir.), Louis XII en Milanais, Actes du 41e colloque international d'tudes
humanistes (30 juin - 3 juillet 1998), Paris, Honor Champion, 2003, (ISBN2-7453-0923-4).
Nicole Hochner, Le Trne vacant du roi Louis XII. Significations politiques de la mise en scne royale en
Milanais , in Philippe Contamine et Jean Guillaume (dir.), op.cit., 2003, p.227-244, [ lire en ligne (http://
cour-de-france.fr/squelettes/art/HochnerTroneVacant.pdf)].
Laurent Avezou, Louis XII. Pre du peuple : grandeur et dcadence d'un mythe politique, du XVIe au
XIXesicle , in Revue historique, 2003 / 1, no625, p.95-125, [ lire en ligne (http://www.cairn.info/article.
php?ID_ARTICLE=RHIS_031_0095)].
Nicole Hochner, Louis XII : Les drglements de l'image royale, Seyssel, Champ Vallon, collection poques ,
2006, (ISBN978-2-87673-453-2). Compte rendu de David Domin-Cohn, in Cahiers de recherches mdivales et
humanistes, 2006, mis en ligne le 15 septembre 2008, [ lire en ligne (http://crm.revues.org/2732)].
Monique Chatenet et Pierre-Gilles Girault, Fastes de cour. Les enjeux d'un voyage princier Blois en 1501,
Presses universitaires de Rennes, collection Histoire , 2010, (ISBN978-2-7535-1232-0).
Didier Le Fur, Louis XII, 1498-1515, un autre Csar, Librairie Acadmique Perrin, 27mai2001, 369p.
(ISBN978-2262032975)
Liens externes
La premire mdaille franaise est frappe Lyon pour le passage de Louis XII et Anne de Bretagne, Lyon.
(http://www.nicolas-salagnac.com/blog/index.php/2006/09/03/
78-histoire-de-la-medaille-lyonnaise-naissance-de-la-medaille-a-lyon-la-premiere-medaille-francaise-est-lyonnaise)
Prcd par
Louis XII
Charles VIII
Franois Ier
Roi de France
1498-1515
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Suivi par
160
Biographie
Jean d'Orlans fut livr en otage aux Anglais en 1412, et ne fut libr qu'en 1444.
Il combattit ensuite sous les ordres de son demi-frre Dunois en Guyenne en
1451 et contribua en chasser les Anglais.
Il pousa le 31 aot 1449 Marguerite de Rohan, fille d'Alain IX, vicomte de
Rohan, et de Marguerite de Bretagne, dame de Guillac, et eut :
Louis (1455-1458)
Charles d'Orlans (1459-1496), comte d'Angoulme, pre du roi Franois Ier
Jeanne (1462-1520), marie Charles Franois de Coetivy, comte de
Taillebourg, fils d'Olivier de Coetivy et de Marie de Valois.
Il eut galement un fils, Jean de Valois, btard d'Angoulme, qu'il lgitima en
1458.
161
Rfrences complmentaires
tudes
(en) Lucy de Angulo, Charles and Jean d'Orlans: an attempt to trace the contacts between them during their
captivity in England , dans Franco Simone, d., Miscellanea di studi e ricerche sul Quattrocento francese, Turin,
Giappichelli, 1967, p.59-92.
Gustave Dupont-Ferrier, La date de la naissance de Jean d'Orlans, comte d'Angoulme, Bibliothque de
l'cole des chartes, vol.56, 1895, p.518-527. (ISSN 1953-8138 [3]) [ texte intgral [4], lien DOI [5]]
Gustave Dupont-Ferrier, La captivit de Jean d'Orlans, comte d'Angoulme (1412-1445), Revue historique,
vol.63, janvier-avril1897, p.42-74. (ISSN 0035-3264 [6]) [ texte intgral [7]]
Gilbert Ouy, Recherches sur la librairie de Charles d'Orlans et de Jean d'Angoulme pendant leur captivit en
Angleterre, et tude de deux manuscrits autographes de Charles d'Orlans rcemment identifis, Comptes
rendus de l'Acadmie des inscriptions et belles-lettres, vol.99, no2, 1955, p.273-288. (ISSN 1969-6663 [8]) [ texte
intgral
[9]
, lien DOI
[10]
Gilbert Ouy, propos des manuscrits autographes de Charles d'Orlans identifis en 1955 la Bibliothque
nationale : Hypothse ingnieuse ou certitude scientifique ?, Bibliothque de l'cole des chartes, vol.118,
1960, p.179-188. (ISSN 1953-8138 [3]) [ texte intgral [11], lien DOI [12]]
(en) Gilbert Ouy, Charles d'Orlans and his brother Jean d'Angoulme in England : what their manuscripts have
to tell , dans Mary-Jo Arn, d., Charles d'Orlans in England : 1415-1440, Cambridge, Boydell & Brewer, 2000
(ISBN9780859915809), p.47-60.
Gilbert Ouy, La librairie des frres captifs: les manuscrits de Charles d'Orlans et Jean d'Angoulme, Turnhout,
Brepols, 2007, 185p. (ISBN978-2-503-52540-2) [ prsentation en ligne [13]]
ditions de sources
Passage a subgez pour poursuir la delivrance a prisonniers [14] , dans Le formulaire d'Odart Morchesne d'aprs
la version du ms BnF fr. 5024 [15], dition critique par Olivier Guyotjeannin et Serge Lusignan, ditions en ligne
de l'cole nationale des chartes, no 10.
Eusbe Castaigne, diteur, La vie de Jean d'Orlans, dit le Bon, comte d'Angoulme, aeul de Franois Ier: par
Jean du Port, sieur des Rosiers, Angoulme, 1852, XXXII-112p. [ lire en ligne [16]]Rdition d'une biographie
publie par Jean du Port, sieur des Rosiers, en 1588, puis de nouveau en 1602.
tienne Charavay, Jean d'Orlans, comte d'Angoulme: Notice, publie avec des notes, Paris, Alphonse Lemerre,
1876, 17p. [ lire en ligne [17]]
Lopold Delisle, Deux lettres de Bertrand du Guesclin et de Jean le Bon, comte d'Angoulme, 1368 et 1444,
Bibliothque de l'cole des chartes, vol.45, 1884, p.300-304. (ISSN 1953-8138 [3]) [ texte intgral [18], lien DOI [19]]
Gustave Dupont-ferrier, La date de la naissance de Jean d'Orlans, comte d'Angoulme., vol.56, 1895, 518-527p.
[ lire en ligne
[4]
162
Prcd par
Louis de France
Charles
comte d'Angoulme
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163
Notes et rfrences
[1] http:/ / www. charentelibre. fr/ 2011/ 12/ 05/
exclu-cl-cathedrale-d-angouleme-les-squelettes-exhumes-sont-ceux-des-aieux-de-francois-ier,1068423.
php
[2] Dictionnaire de la Noblesse, de La Chenaye-Dubois, Tome XI, Paris, 1776.
Prcd par
Jean d'Orlans
Franois Ier
comte d'Angoulme
Suivi par
164
Franois Ier vers 1527 par Jean Clouet, huile sur toile, 96 74 cm, Paris, muse du Louvre.
Titre
Roi de France
1erjanvier1515 31mars1547
32ans, 2 mois et 30jours
Couronnement
Prdcesseur
Successeur
25janvier1515,
en la Cathdrale de Reims
Louis XII
Henri II
Duc de Milan
1515 1525
Prdcesseur
Maximilien Sforza
Successeur
Franois II Sforza
Biographie
Dynastie
Valois Angoulme
Date de naissance
12septembre1494
Lieu de naissance
Cognac (France)
Date de dcs
31mars1547 ( 52ans)
Lieu de dcs
Rambouillet (France)
Pre
Charles de Valois,
comte d'Angoulme
Mre
Louise de Savoie
Conjoint
Claude de France
(1514-1524)
lonore de Habsbourg
(1530-1547)
165
Enfants
Louise de France
Franois de France,
duc de Bretagne
Henri II
Madeleine de France
Charles de France,
duc d'Orlans
Marguerite de France
enfant illgitime :
Nicolas d'Estouteville
Hritier
Charles d'Alenon
(1515-1518)
Franois de France
(1518-1536)
Henri de France
(1536-1547)
Rsidence
Chteau de Blois
Chteau de Fontainebleau
Chteau de Saint-Germain-en-Laye
Chteau de Chambord
Rois de France
modifier
[1]
Franois Ier (1494 1547), dit le Pre et Restaurateur des Lettres, le Roi Chevalier, le Roi Guerrier, le Grand
Colas, le Bonhomme Colas ou encore Franois au Grand Nez[2], est sacr roi de France le 25janvier1515 dans la
cathdrale de Reims. Il rgne jusqu sa mort en 1547. Fils de Charles dAngoulme et de Louise de Savoie, il
appartient la branche de Valois-Angoulme de la dynastie captienne.
Franois Ier est considr comme le monarque emblmatique de la priode de la Renaissance franaise[3]. Son rgne
permet un dveloppement important des arts et des lettres en France. Sur le plan militaire et politique, le rgne de
Franois Ier est ponctu de guerres et dimportants faits diplomatiques.
Il a un puissant rival en la personne de Charles Quint et doit compter sur les intrts diplomatiques du roi Henri VIII
dAngleterre toujours dsireux de se placer en alli de lun ou lautre camp. Franois Ier enregistre succs et dfaites
mais interdit son ennemi imprial de concrtiser ses rves, dont la ralisation toucherait lintgrit du royaume.
L'antagonisme des deux souverains catholiques a de lourdes consquences pour lOccident chrtien : il facilite la
diffusion de la Rforme naissante et surtout permet l'Empire ottoman de s'installer aux portes de Vienne en
s'emparant de la quasi-totalit du royaume de Hongrie.
Sur le plan intrieur, son rgne concide en effet avec l'acclration de la diffusion des ides de la Rforme. La
constitution de la monarchie absolue et les besoins financiers lis la guerre et au dveloppement des arts induisent
la ncessit de contrler et optimiser la gestion de l'tat et du territoire. Franois Ier introduit une srie de rformes
166
Biographie
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Jeunesse et ducation
Franois Ier est n le 12septembre1494 Cognac (Charente). Son prnom lui vient de saint Franois de Paule[4].
Son pre Charles d'Orlans, duc d'Angoulme, que Franois na pas connu, tait le cousin du roi Louis XII et le
petit-fils de la duchesse de Milan Valentine Visconti, Franois appartient donc la branche cadette de la maison
royale de Valois et n'est pas destin rgner.
Faute dhritier, Louis XII fait venir la cour d'Amboise son cousin le petit Franois, accompagn de sa mre Louise
de Savoie et de sa sur ane Marguerite. Cest dans ce chteau et sur les bords de la Loire que Franois grandit.
Louise de Savoie, veuve dix-neuf ans en 1495 alors que Franois na que deux ans, lve seule ses deux enfants. Le
jeune Franois sentoure de compagnons qui resteront influents dans sa vie adulte tels Anne de Montmorency, Marin
de Montchenu (1494-1546), Philippe de Brion et Robert de La Marck, seigneur de Sedan[5], qui on doit une
description de leurs jeux et activits. En 1502, Franois fait une chute de cheval et se retrouve dans un tat critique.
Sa mre en tombe malade et ne vit que pour la gurison de celui quelle appelle son Csar . Il eut comme
prcepteurs Artus de Gouffier et Franois Desmoulins de Rochefort, nomm plus tard grand aumnier du roi[6].
167
Un prince de la Renaissance
Le mcne et les artistes
lpoque o Franois Ier accde au trne, les ides de la Renaissance italienne se sont diffuses en France et le roi
contribue cette diffusion. Il commande de nombreux travaux des artistes quil fait venir en France. Plusieurs
travaillent pour lui, dont les plus grands comme Andrea del Sarto, Benvenuto Cellini et Lonard de Vinci.
Franois Ier manifeste une vritable affection pour le vieil homme, quil
appelle mon pre et quil installe au Chteau du Clos Luc,
Amboise, quelques centaines de mtres du chteau royal dAmboise.
Vinci apporte dans ses malles ses uvres les plus clbres tels La
Joconde, La Vierge, l'Enfant Jsus et sainte Anne, Saint Jean Baptiste.
Le roi lui confie de nombreuses missions comme lorganisation des
Jeton sur le rgne de Franois Ier.
ftes de la Cour [...], la cration de costumes ainsi que ltude de
divers projets. Vinci reste en France de 1516 jusqu sa mort en 1519
dans les bras du roi selon une lgende battue en brche par certains documents historiques[10].
On peut citer aussi lorfvre Benvenuto Cellini et les peintres Rosso Fiorentino et Le Primatice[11], chargs de
nombreux travaux dans les diffrents chteaux de la couronne. Franois Ier emploie de nombreux agents comme
Pierre l'Artin, chargs damener en France les uvres de matres italiens comme Michel-Ange, Titien et Raphal.
Cest pendant le rgne de Franois Ier que la collection duvres dart des rois de France, aujourdhui expose au
Louvre, commence rellement.
Le protecteur des Lettres
Les progrs de l'imprimerie favorisent la publication dun nombre
croissant de livres. En 1518, Franois Ier dcide la cration dun grand
cabinet de livres abrit Blois et confi au pote de la Cour Mellin
de Saint-Gelais[12]. En 1536, interdiction est faite de vendre ou
envoyer en pays tranger, aucuns livres ou cahiers en quelques langues
quils soient, sans en avoir remis un exemplaire s mains des gardes de
la Bibliothque Royale [13], bibliothque dont il nomme intendant
lhumaniste Guillaume Bud avec mission den accrotre la collection.
Cest en 1540 quil charge Guillaume Pellicier, ambassadeur Venise,
dacheter et faire reproduire le plus possible de manuscrits vnitiens.
168
169
Le btisseur
Franois Ier est un btisseur acharn et dpense sans compter dans la
construction de nouveaux btiments. Il poursuit le travail de ses
prdcesseurs au chteau dAmboise, mais surtout au chteau de
Blois[16]. Par des travaux qui durent dix ans, il fait ajouter deux
nouvelles ailes ce dernier, dont lune abrite le fameux escalier, et
modernise son intrieur avec des boiseries et des dcorations base
darabesques propres la nouvelle mode italienne. Au dbut de son
rgne, il entame la construction du chteau de Chambord, sur un
domaine de chasse acquis par Louis XII. Il est fortement influenc par
la renaissance italienne : Lonard de Vinci participe
vraisemblablement ses plans, ainsi que larchitecte italien Boccador,
qui on doit le donjon de ce chteau.
Franois Ier tente de reconstruire le Louvre, faisant dtruire la tour
mdivale de la sombre forteresse de Philippe Auguste. Il demande la
construction dun nouvel Htel de Ville pour Paris dans le but
dinfluencer les choix architecturaux, qui seront dailleurs mis en uvre
par Boccador et Pierre Chambiges. En 1528, dans le bois de Boulogne,
Lescalier monumental du chteau de Blois.
il fait difier le chteau de Madrid, sous la direction de Girolamo della
Robbia, qui voque par sa structure la demeure que Franois Ier a occupe pendant son emprisonnement en Espagne.
Il fait galement construire, sous la direction de Pierre Chambiges, le chteau de Saint-Germain-en-Laye ainsi quun
chteau de chasse, le chteau de la Muette, dans la fort de Saint-Germain : celui que l'on surnomme le roi des
veneurs peut s'y adonner sa passion la chasse courre. Il fait aussi ouvrir les chantiers des chteaux de
Villers-Cotterts vers 1530, de Folembray en 1538, et de Challuau en 1542. En tout, prs de sept chteaux seront
construits et remanis en 15 ans[17].
Politique extrieure
La politique extrieure de Franois Ier sinscrit dans la continuit des guerres dItalie menes par ses prdcesseurs.
Pendant toute la dure de son rgne, le roi na de cesse de revendiquer ses droits sur le duch de Milan reu en
hritage de son arrire-grand-mre. Son rgne est galement domin par sa rivalit avec le duc de Bourgogne,
Charles de Habsbourg, devenu roi dEspagne puis empereur du Saint Empire sous le nom de Charles Quint. Leur
rivalit est marque par quatre guerres au cours desquelles Franois Ier enregistre succs et dfaites mais interdit
son ennemi imprial de concrtiser ses rves de recouvrer le duch de Bourgogne.
Le premier conflit (1521-1526) est marqu par la dfaite de Pavie au cours de laquelle le roi est fait prisonnier. Aprs
presque un an de captivit, le roi est contraint de faire des concessions importantes en vue d'tre libr (trait de
Madrid). Franois est autoris rentrer en France en change de ses deux fils, mais son retour, le roi prtexte que
son accord fut obtenu sous la contrainte pour rejeter le trait. Cela conduit la guerre de la Ligue de Cognac
(1527-1529).
La troisime guerre (1535-1538) est marque par lchec des armes de Charles Quint en Provence et lannexion par
la France de la Savoie et du Pimont. La quatrime guerre (1542-1544) voit lalliance de lempereur et du roi
dAngleterre. Franois Ier parvient rsister linvasion mais perd la ville de Boulogne-sur-Mer au profit des
Anglais.
Pour lutter contre l'empire des Habsbourg, Franois Ier a mis en place des alliances avec des pays considrs comme
des ennemis hrditaires de la France ou des alliances juges contraire aux intrts chrtiens dont le roi est cens tre
le garant : le roi d'Angleterre Henri VIII, les princes protestants de l'empire et le sultan ottoman, Soliman.
Conqute du Milanais (1515)
Par son arrire-grand-mre Valetina Visconti, Franois Ier possde des
droits dynastiques sur le duch de Milan. Ds la premire anne de son
rgne, il dcide de faire valoir ces droits et monte une expdition pour
prendre possession de ce duch. Pour lui, c'est aussi l'occasion de
venger les dfaites franaises de la prcdente guerre italienne ; deux
ans avant son avnement, tous les territoires occups par ses
prdcesseurs en Italie avaient t perdus. La conqute du Milanais par
Franois Ier s'inscrit totalement dans la continuit des guerres d'Italie
commences vingt ans plus tt par le roi Charles VIII[18].
Par plusieurs traits signs au printemps 1515, Franois Ier parvient
obtenir la neutralit de ses puissants voisins[19],[20]. Lopposition ses
vises se limite au duc de Milan Maximilien Sforza, officiellement
mais faiblement soutenu par le pape Jules II, et son alli le cardinal
Matthieu Schiner, artisan de lalliance entre les cantons suisses et le
pape, et futur conseiller de Charles Quint.
Au printemps 1515, Franois Ier ordonne la concentration des troupes
Grenoble et une arme de 30000hommes marche sur lItalie.
Franois Ier la bataille de Marignan.
Solidement tablis Suse, les Suisses tiennent la route habituelle du
Mont-Cenis et larme franchit les Alpes par une route secondaire plus
au sud par les deux cols, Vars 2090m (Ubaye) et Larche 1900m puis dbouche dans la valle de la Stura, y
compris les chevaux et lartillerie (60 canons de bronze) avec laide technique de lofficier et ingnieur militaire
Pedro Navarro. C'est au prix d'efforts trs importants qu'ils agrandissent les chemins correspondants pour y passer
l'artillerie. Ses efforts rapides sont rcompenss car ils provoquent une surprise trs grande. Dans la plaine du
Pimont, une partie de larme suisse prend peur et propose, le 8 septembre Gallarate, de passer au service de la
170
171
France. Schinner russit regagner les dissidents sa cause et savance leur tte jusquau village de Melegnano (en
franais, Marignan), 16 kilomtres de Milan. La bataille qui sengage reste longtemps indcise mais lartillerie
franaise, efficace contre les fantassins suisses, les forces dappoint vnitiennes et la furia francese finissent par faire
pencher la balance du ct de Franois Ier, qui emporte cet affrontement dcisif. Contrairement une lgende tenace
mais malheureusement apocryphe (dveloppe partir de 1525 pour des raisons de prestige dune royaut
chancelante), il ne se fait pas armer chevalier par Bayard sur le champ de bataille.
Article dtaill : Bataille de Marignan.
Cette victoire apporte renomme au roi de France ds le dbut de son rgne. Les consquences diplomatiques sont
nombreuses :
Franois Ier prend rapidement le contrle de la Lombardie.
Il signe la paix perptuelle de Fribourg le 29novembre1516 avec les cantons suisses. Ce trait restera en vigueur
jusqu la fin de la monarchie en France.
Le 13aot1516, Franois Ier et le jeune roi des Espagnes Charles Ier, futur Charles Quint, signent le trait de
Noyon qui confirme Franois Ier la possession du Milanais, qui restitue la Navarre Henri dAlbret[21] et qui
promet Charles la main de la fille ane du roi de France, Louise, alors ge dun an (mais qui ne survivra pas
son troisime anniversaire). Dans la dot de la future marie sont inclus les droits sur le royaume de Naples.
Antoine Duprat signe en son nom le concordat de Bologne le 18aot1516. Ce concordat rgira les relations entre
le royaume de France et la Papaut jusqu la Rvolution franaise. Dsormais, le roi nomme les vques,
archevques et cardinaux, qui sont par la suite confirms par le pape.
Rivalit avec l'empire des Habsbourg
Charles de Habsbourg
Charles de Habsbourg, est la tte dun vritable empire :
Par son pre Philippe le Beau, lui-mme fils de Maximilien et de
Marie de Bourgogne (fille de Charles le Tmraire), il possde les
Pays hrditaires de Habsbourg et les tats bourguignons.
Par sa mre Jeanne la Folle (fille des rois catholiques), il hrite des
Espagnes (union dynastique de la couronne de Castille et de la
couronne d'Aragon), ainsi que de leurs dpendances en Italie
(Naples, Sicile, Sardaigne) et aux Amriques.
la mort de son grand-pre Maximilien Ier en 1519, Charles est le
favori pour sa succession au titre dempereur des Romains. En vertu
d'une convention passe entre Maximilien et Vladislas Jagellon, il
est, en outre, avec son frre Ferdinand le seul hritier de son
beau-frre le roi de Bohme et de Hongrie, Louis II Jagellon, tant
que celui-ci n'a pas d'enfants.
Portrait du jeune Charles de Habsbourg futur
empereur Charles Quint vers 1515, lternel rival
de Franois Ier ; peint par Bernard van Orley,
Paris, muse du Louvre.
172
Pre :
Grand-pre paternel :
Philippe Ier de Castille Maximilien Ier du Saint-Empire
Arrire-grand-pre paternel :
Frdric III du Saint-Empire
Arrire-grand-mre paternelle :
Alinor de Portugal
Grand-mre paternelle :
Marie de Bourgogne
Arrire-grand-pre paternel :
Charles le Tmraire
Arrire-grand-mre paternelle :
Isabelle de Bourbon
Mre :
Jeanne Ire de Castille
Grand-pre maternel :
Ferdinand II dAragon
Arrire-grand-pre maternel :
Jean II dAragon
Arrire-grand-mre maternelle
:
Jeanne Enrquez
Grand-mre maternelle :
Isabelle Ire de Castille
Arrire-grand-pre maternel :
Jean II de Castille
Arrire-grand-mre maternelle
:
Isabelle de Portugal
173
viter que le souverain qui contrle dj plus de la moiti de lEurope et le Nouveau Monde ibrique se voie
aurol dun prestige diplomatique supplmentaire et parvienne raliser son rve avou de constituer un nouvel
empire de Charlemagne.
Revendiquer ce surcrot de prestige pour lui-mme, comme lont tent avant lui Philippe le Hardi et Charles de
Valois.
La comptition se rsume vite un duel Franois contre Charles. Pour convaincre les sept princes-lecteurs
allemands, les rivaux useront tour tour de la propagande et darguments sonnants et trbuchants. Le parti autrichien
prsente le roi dEspagne comme issu du vritable "estoc" (lignage), mais la clef de llection rside essentiellement
dans la capacit des candidats acheter les princes-lecteurs. Les cus franais sopposent aux florins et ducats
allemands et espagnols mais Charles bnficie de lappui dterminant de Jakob Fugger, richissime banquier
dAugsbourg, qui met des lettres de change payables aprs llection et pourvu que soit lu Charles dEspagne .
Charles est lu 19 ans Roi des Romains le 28juin1519 et est sacr empereur Aix-la-Chapelle le
23octobre1520[24]. Sa devise Toujours plus oultre correspond son ambition de monarchie universelle
dinspiration carolingienne alors quil est dj la tte dun empire sur lequel le soleil ne se couche jamais mais
nanmoins, pour son malheur, trs htrogne.
Du Camp du Drap dOr la Paix des Dames
Bien entendu, llection impriale napaise en rien les tensions continuelles entre Franois Ier et Charles Quint.
Dimportants efforts diplomatiques sont dploys pour constituer ou consolider le rseau dalliance de chacun.
174
Aux termes de ce trait, Franois Ier doit cder le duch de Bourgogne et le Charolais, renoncer toute revendication
sur lItalie, les Flandres et lArtois, rintgrer Charles de Bourbon au sein du royaume de France et restituer ses
terres, et pouser lonore de Habsbourg, sur de Charles. Franois est libr en change de ses deux fils ans, le
dauphin Franois de France et Henri de France (futur Henri II). Franois Ier lors de sa captivit Madrid, avait fait le
vu dun voyage de dvotion Notre-Dame du Puy-en-Velay et la basilique Saint-Sernin de Toulouse, sil obtenait
sa dlivrance. En 1533, il honora sa promesse et fut accueilli avec liesse dans de nombreuses villes de provinces[29].
Charles Quint ne tire pas grand profit de ce trait, que Franois avait dailleurs jug bon de dclarer inexcutable la
veille de sa signature. Le 8 juin, les tats de Bourgogne dclarent solennellement que la province entend rester
franaise. De surcrot, Louise de Savoie ntant pas reste inactive pendant sa rgence, une ligue contre lempire est
scelle Cognac, laquelle participent la France, lAngleterre, le pape et les principauts italiennes (Milan, Venise et
Florence). Le 6 mai 1527, Charles de Bourbon est tu dans l'assaut qu'il donne Rome. Ses troupes s'en vengeront
en mettant sac la cit de Rome.
Une suite de dfaites et de victoires des deux camps en Italie amnent Charles Quint et Franois Ier laisser
Marguerite dAutriche, tante de lempereur, et Louise de Savoie, mre du roi, ngocier un trait qui amende celui de
Madrid : le 3aot1529, Cambrai, est sign la Paix des Dames, qui sera ratifie par les deux souverains.
Franois Ier pouse lonore veuve du roi du Portugal, sur de Charles, recouvre ses enfants moyennant une ranon
de 2000000cus et garde la Bourgogne ; en revanche, il renonce lArtois, la Flandre et ses vues sur lItalie.
Article dtaill : Septime guerre d'Italie.
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L'Amrique du Nord
Lorsque Franois Ier accde au pouvoir, la France ne sintresse gure aux grandes dcouvertes et limite ses priples
maritimes aux actions de contrebande et aux actes de piraterie sur la cte africaine. Pourtant, la France possde tous
les atouts dune grande puissance coloniale et navale : elle est dote dune longue faade maritime, de nombreux
ports et de marins de qualit. Nanmoins, les prdcesseurs de Franois Ier privilgient les conqutes
mditerranennes.
Cest donc sous le rgne de celui-ci que nat le premier engouement
franais pour les Amriques. Le roi de France s'attache desserrer le
contrle du Nouveau Monde mis en place par les royaumes ibriques
avec l'appui de la papaut (bulle pontificale de 1493 Inter Coetera
modifie par le trait de Tordesillas de 1494) en limitant la porte de la
bulle aux territoires dj dcouverts cette date, limitation qu'il
n'obtient que sous la forme d'une dclaration de Clment VII en 1533.
Franois Ier peut donc pousser ses envoys vers les territoires qui ne
sont pas encore sous tutelle ibrique[32]. Les protestations espagnoles
nes de cette politique sont l'origine de la rpartie du roi de France:
Je voudrais bien voir la clause du testament dAdam qui mexclut du
partage du monde [33].
Jacques Cartier.
lithographie du XIXesicle.
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Politique intrieure
Alors que le roi rige en France de nombreux chteaux, il dsquilibre
srieusement le budget du royaume. la fin de son rgne Louis XII
sinquitait dj dun Franois trs dispendieux. Le beau-pre du roi
avait laiss une France en bonne sant conomique avec une
monarchie au pouvoir renforce sur le pouvoir des fodaux. Franois
Ier continue de consolider lemprise de la couronne sur le pays mais, en
mme temps, dtriore la situation conomique du royaume.
Lorsque Franois Ier accde au trne de France, son royaume compte
environ 18 millions dhabitants[34], ce qui en fait le pays unifi le plus
peupl dEurope. 85% de la population franaise est paysanne, mais la
productivit de lagriculture, base essentiellement sur la polyculture et
les crales, est faible (5 quintaux lhectare), et la pnurie, frquente.
En revanche, lhorticulture progresse avec notamment la culture des
carottes, betteraves, artichauts, melons, choux-fleurs et mriers. Quant
aux villes, leur croissance suit le dveloppement de lartisanat.
Le gouvernement de Franois Ier
180
La religion
Franois Ier est vu comme un roi trs chrtien et bon catholique[38].
Bien quil ne soit peut-tre pas aussi pieux que sa sur Marguerite, il
prie chaque matin dans sa chambre, communie rgulirement sous les
deux espces et se rend bien sr la messe aprs le conseil des affaires.
Franois Ier prend galement part aux plerinages : ds son retour
dItalie en 1516, il se rend la Sainte-Baume en Provence sur le
tombeau de Marie-Madeleine. Plus tard, il part pied avec ses
courtisans rendre hommage au Saint-Suaire Chambry.
Aprs plusieurs dcennies de crise entre la papaut et le royaume de
France, Franois Ier signe avec le pape Lon X le concordat de Bologne
(1516).
Alors que les ides de la Rforme commencent se rpandre en
France, Franois Ier garde initialement une attitude plutt tolrante,
sous linfluence de sa sur Marguerite de Navarre, porte sur
lvanglisme, sans rupture avec lglise catholique. Le roi protge les
membres du groupe de Meaux, perscuts durant son absence par les
thologiens de la Sorbonne et sur les conseils de sa sur nomme mme
prcepteur de son fils Charles, Lefvre dtaples qui stait exil
cause de ces perscutions.
En revanche, ds 1528, lglise de France entreprend des actions contre le dveloppement de la nouvelle religion et
propose aux rforms le choix entre labjuration et le chtiment. Linfluence de Marguerite de Navarre est contrarie
par celle de deux puissants conseillers proches du roi: les cardinaux Antoine Duprat et Franois de Tournon.
Devant les actes de vandalisme perptrs contre les objets du culte romain, Franois Ier se montre implacable et
favorise la poursuite en justice des rforms[39]. Face aux actes iconoclastes, le roi participe personnellement aux
crmonies destines effacer ce qui est considr pour lpoque comme un crime. Survient en octobre 1534 laffaire
des Placards, dans laquelle Franois Ier estime lautorit royale bafoue et qui acclre en raction le processus de
perscution des protestants et lamorce des guerres de religion en France.
Lpisode le plus douloureux de cette rpression, qui ternit la fin de rgne de Franois Ier, est le massacre des
Vaudois du Luberon, rallis aux thses de Calvin, des villages de Cabrires, Mrindol et Lourmarin, villages situes
sur les terres de lglise. Aprs publication dun dit du Parlement dAix en 1540, rest lettre morte, Franois Ier
dcide de rprimer dans le sang les dsordres de cette communaut. Grce aux galres de Paulin de La Garde qui
amnent des troupes du Pimont, Jean Maynier, prsident du Parlement dAix, et Joseph dAgoult, baron dOllires,
excutent les ordres royaux avec un tel enthousiasme que mme Charles Quint en exprime son motion.
Le durcissement de la politique de Franois Ier lgard de la religion rforme est aussi, vraisemblablement, li aux
accords secrets passs avec Charles Quint loccasion de la signature du trait de Crpy-en-Laonnois, accords qui
obligent le roi de France participer activement lradication de la menace protestante en Europe et donc en
France. Nonobstant ces accords, Franois Ier persiste dans sa politique de soutien aux princes protestants
dAllemagne.
181
Pour faire face la situation, le roi augmente les taxes : la taille, paye par les paysans, est plus que double, et la
gabelle, paye sur le sel, est triple[40]. Franois Ier gnralise la douane et la traite foraine, augmentant ainsi la part
dans les ressources du Trsor des taxes gnres par les importations et les exportations de marchandises.
Contrairement la plupart de ses prdcesseurs, en particulier pour les dcisions caractre fiscal, Franois Ier ne
convoque pas les tats gnraux durant son rgne.
Il met en place trois mesures douanires protectionnistes. Il impose des droits de douane sur les importations de soie
dans le but de protger l'industrie de la soie de Lyon. Les deux autres mesures visent l'imposition de denres
alimentaires l'exportation, motiv par la crainte d'une pnurie dans le royaume.
L'accroissement des diffrentes traites rend inoprant le systme de recouvrement en usage jusqu'alors. Franois Ier
pallie cette insuffisance administrative par l'extension la gabelle du systme de perception par la ferme. De mme,
le roi entend amliorer l'efficacit de l'emploi des fonds levs et l'adquation des prlvements avec la cration en
1523 du Trsor de l'pargne, caisse unique o doivent tre apportes toutes les finances et ralises toutes les
dpenses gnrales de l'tat. Cette nouvelle institution centralise l'activit des dix recettes gnrales prexistantes,
qui opraient de faon indpendante et sans coordination, laissant se dvelopper erreurs et doubles emplois[41].
Franois Ier use aussi de nouveaux moyens pour lever des fonds. Il se
spare de pierres prcieuses appartenant la couronne et aline des
territoires royaux qui lui apportent les fonds ncessaires au
financement de sa politique.
Enfin, le roi innove avec la vnalit des charges et offices. Ainsi, de
nombreux bourgeois et nobles de grandes familles accdent aux plus
Chambre des comptes du roi sous Franois Ier
hautes charges de ltat par leur seule fortune. Les postes les plus
priss sont les notaires et secrtaires de la Chancellerie de Paris, qui
rdigent et authentifient les lois. Bien quil nabuse pas de ce dernier moyen, cest certainement le dbut dun
phnomne destin samplifier et donc affaiblir plus tard ladministration du pays malgr un pouvoir de plus en
plus centralis.
Par ldit de Chteauregnard (21mai1539), Franois Ier cre galement la premire loterie dtat, sur le modles des
blancques existant dj dans plusieurs villes italiennes.
Enfin, comme lors de laffaire du conntable Charles de Bourbon, Franois Ier ne recule pas devant les procds
douteux pour rsoudre les problmes financiers de la couronne. Lexemple le plus frappant en est le procs intent
Jacques de Beaune, baron de Semblanay, principal intendant des finances depuis 1518 et accus lors dun procs
intent par le roi en 1524, de dtournement des fonds destins la campagne dItalie. Bien quayant russi se
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justifier lors de ce procs, il est arrt en 1527, accus de concussion, condamn mort et excut au gibet de
Montfaucon. Lors de sa rhabilitation, il apparat quil avait surtout eu le tort dtre un crancier important de
Franois Ier.
Fiefs runis la couronne
La majeure partie des acquisitions du domaine royal se limite aux fiefs
de la famille de Franois Ier et de son pouse, runis la couronne lors
de son sacre, tel le comt dAngoulme, rig en duch et offert
Louise de Savoie, qui le redonne la couronne sa mort en 1531. En
1523, le domaine du roi stend au duch de Bourbonnais, au comt
dAuvergne, de Clermont, de Forez, de Beaujolais, de la Marche, de
Mercur et du Montpensier (la plupart de ces terres sont confisques
au conntable de Bourbon en 1530 aprs sa trahison[26]). En 1525, la
couronne acquiert le duch dAlenon, le comt du Perche,
dArmagnac, du Rouergue et en 1531, le Dauphin dAuvergne.
La Bretagne tait dj en cours de rattachement la couronne de
France depuis 1491, la duchesse de Bretagne Anne ayant pous
Charles VIII puis Louis XII. Le duch entre alors dans une re assez
prospre, dont la paix nest perturbe que par quelques expditions
anglaises, telle celle de Morlaix en 1522.
Franois Ier en devient l'usufruitier en pousant la fille dAnne de Bretagne, Claude de France, duchesse souveraine
de Bretagne qui dcde en 1524. Franois, conscient que la Bretagne fut toujours hostile toute annexion au
Royaume de France[rf.ncessaire], y envoie Antoine Duprat qui devient Chancelier de Bretagne en 1518. En 1532,
anne de la majorit du duc-dauphin, Franois Ier runit les tats Vannes le 8 dcembre en demandant une union
relle et perptuelle moyennant le respect de leurs droits et privilges fiscaux. Le 6 aot, Rennes, il fait couronner
son fils qui devient Franois III de Bretagne. Le 13 aot, il signe ldit dunion du duch la couronne de France. La
Bretagne est ainsi unie dfinitivement au royaume et symbolise la russite de Franois Ier dans son agrandissement
territorial du domaine royal.
Claude de France, lors de son mariage, apporte galement en dot le comt de Blois, le Soissonnais, les seigneuries de
Coucy, Asti et le comt de Montfort.
part les conqutes du Milanais au dbut du rgne de Franois Ier et lacquisition temporaire de la Savoie et du
Pimont, le rgne de Franois Ier se rvle pauvre en conqutes trangres, en particulier aprs l'chec de ses
revendication sur le royaume de Naples.
Mort du Roi
Le roi Franois Ier meurt dune septicmie le 31mars1547 au chteau
de Rambouillet. Aprs des crmonies de funrailles Saint-Cloud, il
est enterr le 23 mai, en mme temps que les restes de ses fils Charles
II d'Orlans et Franois III de Bretagne, au ct de sa premire pouse
Claude de France la basilique Saint-Denis. Son deuxime fils Henri
II lui succde.
Anne de Pisseleu, sa matresse, est contrainte de quitter la cour.
Un monument au cur, appel cardiotaphe, est ralis sous forme
d'urne sur un haut socle, sculpte entre 1551 et 1556 par Pierre
Urne contenant le cur de Franois Ier la
Basilique de Saint-Denis, France
Bontemps et l'origine place l'abbaye des Hautes-Bruyres
(Yvelines, dtruite), et aujourd'hui conserve Saint-Denis, non loin
du monument au corps o le roi repose aux cts de Claude de France, dans un ensemble sculpt entre 1548 et 1558
par Franois Carmoix, Franois Marchand, puis Pierre Bontemps. La tombe de Franois Ier fut profane pendant la
Rvolution, le 20octobre1793, en mme temps que celle de sa mre et de sa premire pouse.
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Durant son rgne, Franois Ier ne cache pas son got pour les plaisirs
courtois et linfidlit, son got pour les femmes l'amne d'ailleurs
tre atteint de syphilis. On prte au roi cette phrase : Une cour sans
femmes, cest comme un jardin sans fleurs , montrant quel point le
roi comptait sur la prsence fminine la cour de France, imitant ainsi
les cours italiennes dans lesquelles le fminin tait un symbole de
grce. Parmi ses matresses, on peut citer Franoise de Foix, comtesse
de Chteaubriant, supplante par Anne de Pisseleu[47], duchesse
dtampes et demoiselle dhonneur de Louise de Savoie au retour de
Franois Ier aprs sa captivit espagnole, ou encore la femme de
lavocat Jean Ferron, surnomme la belle ferronnire. On peut aussi
citer la comtesse de Thoury et mme une dame inconnue, dont le roi
aura un fils, Nicolas dEstouteville.
Certaines de ces femmes ne joueront pas seulement le rle de matresse
du roi. Quelques-unes dentre-elles auront galement une influence
politique, telle Anne de Pisseleu ou encore la comtesse de Thoury,
lorigine de la construction du chteau de Chambord.
Franoise de Foix.
Titulature complte
Roi de France (1515-1547)
Comte dAngoulme (1496-1515)
Duc de Valois (1498-1515)
Duc dOrlans (1514-1515)
Duc de Romorantin (1498-1515)
Duc de Milan, Seigneur de Parme et de Plaisance (1515-1521,
1524-1525, 1527-1529)
Comte de Civray-en-Poitou (1498-1515)
Baron de Fre-en-Tardenois (1507-1515)
Mariages
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Descendance
Claude de France, premire pouse de Franois Ier, donne naissance sept enfants dont deux meurent en bas ge.
Certains voquent un huitime enfant, Philippe, n en 1524 et mort en 1525, ce qui laisse penser que Claude de
France est morte en couches[rf.ncessaire].
Descendance illgitime
de Jacquette de Lanssac, il eut :
Louis de Saint-Gelais (1513 + 10/1589) pousa en premires noces Jeanne de la Roche-Landry +1563 puis en 2e
noces le 8 octobre 1565 Gabrielle de Rochechouart; Sa postrit s'teignit avec les mles la troisime gnration
en 1636.
Franois Ier eut galement dune dame inconnue un fils qui ne fut pas lgitim par la suite : Nicolas dEstouteville,
seigneur de Villecouvin[50][rf.ncessaire].
Gnalogie simplifie
Charles V
(1338-1380)
Jeanne de
Bourbon
(1338-1378)
Isabeau de
Charles VI
Louis
Bavire
(1368-1422)
d'Orlans
Visconti
(1372-1407)
(1368-1408)
(1371-1435)
Valentine
Marie
Charles VII
Marie de
Charles
Jean d'Orlans
d'Anjou
(1403-1461)
Clves
d'Orlans
(1400-1467)
(1426-1487)
(1394-1465)
(1404-1463)
Marguerite de
Rohan
(v. 1412-1497)
Charlotte de
Louis XI
Savoie
(1423-1483)
(1440-1483)
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Charles
Anne de
Louis XII
Louise de
Charles
VIII
Bretagne
(1462-1515)
Savoie
d'Angoulme
(1470-1498)
(1477-1514)
(1476-1531)
(1459-1496)
Claude
(1499-1524)
Louise
Charlotte
Franois
Henri II
Madeleine
Charles
Marguerite
(1515-1518)
(1516-1524)
(1518-1536)
(1519-1559)
(1520-1537)
(1522-1545)
(1523-1574)
Franois Ier
(1494-1547)
Emblme
Plusieurs sources diffrent quant lorigine de la salamandre comme
symbole de Franois Ier[51] : Une tradition voudrait que Franois ait
reu cet emblme de son prcepteur, Artus de Boisy, qui avait observ
dans son lve, un temprament plein de feu, capable de toutes les
vertus, quil fallait tantt aviver, tantt amortir . Mais cest oublier
quon trouve dj une salamandre dans lemblme du comte Jean
dAngoulme, frre cadet de Charles dOrlans, et quun manuscrit
excut pour Louise de Savoie en 1504, porte lui aussi une salamandre.
La thse selon laquelle lanimal fut apport Franois Ier par Lonard
de Vinci est une version romance.
La salamandre, symbolise gnralement le pouvoir sur le feu, donc sur
La salamandre, emblme de Franois Ier au
les hommes et sur le monde. La devise Nutrisco & extinguo ( Je men
chteau de Chambord
nourris et je lteins ), qui accompagne parfois cet emblme, prend
tout son sens lorsquon se rfre au pouvoir sur le feu. On la retrouve sur normment de plafonds et de murs du
chteau de Chambord et de celui de Fontainebleau, et sur les armes de la ville du Havre et sur celles de
Vitry-le-Franois ainsi que sur le logo du dpartement de Loir-et-Cher. Cet animal un peu magique est cens
teindre les mauvais feux et attiser les bons.
Article dtaill : Salamandre (crature fantastique).
Toponymie
La cte de Floride, reconnue lors de lexpdition de 1523 de Giovanni da Verrazano est initialement baptise
Franciscane par Jean Ango.
La ville de Vitry-le-Franois conserve le souvenir de Franois Ier, qui la fit rebtir, do son nom[52].
Franciscopolis est le premier nom donn lactuelle ville du Havre, dont Franois Ier dcida la construction.
Il existe de nombreux lyces Franois-Ier ainsi que collges du mme nom en France.
188
Citations
Souvent femme varie. Et bien fol qui sy fie .
Parce que tel est notre bon plaisir. appose au bas des ordonnances[53]
Je voudrais bien voir la clause du testament dAdam qui mexclut du partage du
monde.
Je peux faire un noble, je ne peux faire un grand artiste.
Tout est perdu, fors lhonneur. [54]
Une cour sans femmes, cest comme un jardin sans fleurs [55].
Votre Majest : il reprend cette formule jusque-l utilise pour les empereurs,
formule utilise par ses successeurs.
Le blason de Franois,
Comte dAngoulme.
Cinma
Franois Ier et Triboulet, le rle est tenu par un acteur inconnu. Ce film a t ralis
par Georges Mlis en 1907 et sorti en 1908, il sagit du premier film dans lequel ce
roi fut reprsent.
Claude Garry reprend le rle en 1910
Aim Simon-Girard en 1937
Fernandel en 1937 dans le film Franois Ier ninterprte pas le rle du roi mais il le
rencontre la Cour.
Sacha Guitry en 1937 dans le film Les Perles de la couronne
Grard Oury en 1953
Jean Marais en 1955 dans le film Si Paris nous tait cont
Pedro Armendriz en 1956
Annexes
Sources
Marichal, Paul (d.), Catalogue des actes de Franois Ier, Paris, Imprimerie nationale, 1887-1908, 10 vol.
Niccolo Tommaseo, Relations des ambassadeurs vnitiens sur les affaires de France au XVIesicle, t.1, Paris,
Impr. royale, 1838. pour "Portrait de Franois Ier".
Dolet, Les Gestes du roi Franoys, Lyon, 1540.
Bibliographie
Notices dautorit : Systme universitaire de documentation [56] Bibliothque nationale de France [57] Fichier
dautorit international virtuel [58] Bibliothque du Congrs [59] Gemeinsame Normdatei [60] WorldCat [61]
Biographies
Robert-Jean Knecht, Un Prince de la Renaissance : Franois Ier et son royaume, Paris, Fayard, 1998.
Jean Jacquart, Franois Ier, Paris, Fayard, 1981.
Charles Terrasse, Franois Ier, le roi et son rgne, 3 vol, Paris, 1943, 1970.
Articles connexes
Liens externes
Notes et rfrences
Notes
[1]
[2]
[3]
[4]
189
On y remarque une lettre en prose et en vers que ce prince adressa de sa prison lune de ses matresses, une glogue
intitule Admetus, et un trs grand nombre de petites pices.
Nous en extrayons quelques-unes :
Les vers quil fit sur Agns Sorel sont plus connus. Le manuscrit dont nous avons parl, les reproduit ainsi avec
quelques variantes :
Source :
[16] Historia, n107, p56
[17] Historia n101, p64
[18] Robert-Jean Knecht, Un Prince de la Renaissance : Franois et son royaume, Paris, Fayard, 1998, p. 75 et 77.
[19] Avec Charles, le jeune souverain des Pays-Bas et duc de Bourgogne, le trait de Paris (24 mars 1515), avec Henri VIII d'Angleterre, le trait
de Londres (5 avril 1515). Robert-Jean Knecht, Un Prince de la Renaissance : Franois Ier et son royaume, Paris, Fayard, 1998, p. 77-78.
[20] .Louis avait d reculer face aux attaques de la Sainte Ligue. Peu de temps avant le rgne de Franois , deux des lments essentiels de cette
ligue reviennent de meilleures sentiments envers le royaume de France : Henri signe en 1514 le trait de paix et dalliance de Tournai et le
pape Lon , lu en 1513, envisage des relations avec la France moins tumultueuses que celles de son prdcesseur Jules . Le trait de Dijon
nayant jamais t ratifi par Louis , Franois ne sestime pas tenu par les clauses prvoyant la renonciation des droits de sa famille sur le
duch de Milan et passe une alliance avec la rpublique de Venise. Du ct du Saint-Empire romain germanique, le futur Charles Quint est
alors seigneur des Pays-Bas bourguignons et lempereur Maximilien est concentr sur sa diplomatie vers lest (Bohme, Hongrie, Pologne et
Lituanie)
[21] La Navarre avait t envahie en 1512 par Ferdinand le Catholique avec la complicit du pape Jules , qui avait excommuni la famille
rgnante au motif quelle entretenait des liens coupables avec le protestantisme qui se rpandait au Sud de lHexagone. La Haute-Navarre ne
sera pas restitue mais intgre au royaume de Castille
[22] Wim Blockmans, La position du comt de Flandre dans le royaume la fin du sicle , in La France du sicle, renouveau et apoge, Paris,
CNRS, 1985, p. 73 : Il est clair qu'en 1477 Louis XI ne se soucia pas de la lgitimit de ses actes, mais il ne se fia qu'aux rapports de force,
son but tant le dmantlement complet de l'tat bourguignon.
[23] Voir par ex. Bertrand Schnerb, La plus grande hritire du monde , dans Bruges Beaune. Marie, l'hritage de Bourgogne, Paris, 2000,
21-37, ici 23.
[24] Le pape Clment le sacrera pour sa part le Bologne, une fois apaiss ses diffrends avec Charles Quint
[25] Dans le tome de son Histoire de France, le pre Daniel rapporte une lettre curieuse quil transcrit de loriginal, crite par Franois sa mre,
lorsque les Impriaux lvent le sige de Mzires. Le Pre des Lettres , comme on peut le voir, traite assez cavalirement lorthographe.
Madame, tout asetheure ( cette heure), ynsy que je me vouoys mettre o lyt, est aryve Laval, leque ma aport la
sertenet (la certitude) deu lvement du sige de Msyres. Je croy que nos anemys sont en grant pne, vu la
honteuse retrte quyl ont fet: pour tout le jour de demayn, je sor le chemin quys prandront. Et selon sela, il nous
fodra gouverner. Et syl on jou le pasyon, nous jourons la vanganse. Vous suplyant vouloyr mander partout pour
fre remercier Dieu : car sans poynt de foie, il a montr se coup quyl est bon Franois. Et fesant fyn ma lettre,
remettant le tout seur le porteur, pry Dieu quil vous doynt trs bonne vye et longue. Vostre trs-humble et
trs-obyant fyls. Franois.
[26] Charles de Bourbon avait pous sa cousine Suzanne de Bourbon, fille dAnne de Beaujeu. Il se trouve donc la tte dun des plus vastes
ensembles de territoires non encore runis la couronne. Suzanne meurt en 1521, sans hritier. Les biens en apanage (Auvergne, Montpensier,
Clermont-en-Beauvaisis) reviennent la couronne et Louise de Savoie, cousine de Suzanne et petite-fille du duc Charles de Bourbon
revendique le Bourbonnais et Chatellerault. De procs en confiscation puis en ordres darrestation, le conntable finit par senfuir, rejoint
lempereur et meurt Rome sans rcuprer ses fiefs, qui sont dfinitivement rattachs la couronne.
[27] >Jusquau commencement du , on a imprim et rimprim que Franois , aprs la bataille de Pavie, crivit immdiatement sa mre cette
seule phrase : Tout est perdu, fors lhonneur et lon ne manquait pas de se rcrier sur la simplicit et sur lnergie de cet apophtegme la
laconienne, comme le dit le docteur Pancrace. On montre longtemps la Chartreuse de Pavie, la table sur laquelle Franois aurait crit ce
billet. Il est juste de dire que cette table est dpoque. Par malheur pour la mmoire du roi chevalier , on a retrouv, dans les registres
manuscrits du Parlement, le texte de la lettre adresse par ce prince Louise dAngoulme. La voici telle quelle est rdige :
Pour vous advertir comment se porte le ressort de mon infortune, de toutes choses ne mest demour que lhonneur et
la vie, qui est sauve ; et pour ce que, en nostre adversit, cette nouvelle vous peu de resconfort, jay pri quon me
laisst vous escripre ces lettres, ce quon magrablement accord. Vous suppliant de volloir prendre lextremit de
vous meismes, en usant de vostre accoustume prudence ; car jay espoir en la fin que Dieu ne mabandonnera point
190
Extraits indits des registres du Parlement de Paris dans Bulletin de la Socit de lhistoire du protestantisme franais 1859 (An 8) p. 62 et
s.
ibidem dans Bulletin historique et littraire de la Socit de lhistoire du protestantisme franais 1884 t33 (An 3) p. 162 et s.
B. Robert, La rforme Alenon dans le Bulletin de la Socit dhistoire du protestantisme franais 1934 (An 83) p 92 et s.
[40] provoquant des meutes, notamment la Rochelle en 1542.
[41] Franois I se flicite des consquences de cette nouvelle institution : (cit dans Systme financier de l'ancienne monarchie par Lon
Bouchard (1891)
[42] Quid 2005, p. 750.
[43] Brantme donne une explication des traits de caractres du roi : Le grand roy Franois, ce nom lui fut donn, non tant pour la grandeur de
sa taille et corpulence, qui estoit trs belle, et majest royale trs riche, comme pour la grandeur de ses vertus, valeurs, beaux faicts et hauts
merites, ainsi que jadis fut donn Alexandre, Pompey et dautres
[44] Robert Knecht, article "Un souverain en toute intimit". Historia n101.
[45] Niccolo Tommaseo, Relations des ambassadeurs vnitiens sur les affaires de France au , t.1, Paris, Impr. royale, 1838
[46] noter que Marino Cavalli tait un fervent admirateur de Franois :
[47] La lgende raconte que le monarque et Anne de Pisseleu se rencontraient Blois, au pied d'un orme qui a donn son nom un lieu de cette
charmante ville des Yvelines : "l'Orme la Blonde"
[48] Ren Guerdan, Franois , p. 53.
[49] Ils sont venus Mont-de-Marsan (http:/ / www. tourisme-montdemarsan. fr/ FR/ histoire_la_ville/ ils_sont_venus_a_mont_de_marsan___.
aspx), Office de Tourisme
[50] Gnalogie complte des rois de France, Jean-Charles Volkmann, p. 40
[51] Marie Holban : De la guivre des Visconti la salamandre de Franois . Extrait de la revue Archilevor, , Bucarest.
[52] Site de Vitry-le-Franois (http:/ / www. vitry-le-francois. net/ decouvrir/ hier. html)
[53] On lui prte cette formule quil redira maintes reprise durant son rgne, mais on sait dsormais quil ne la pas dit en premier : en effet,
lexpression trouve son origine dans le droit romain : quod principi placuit legis habet vigorems = ce qui plat au prince a force de loi . L
ou Franois innove, cest quil le rdige en franais et dune manire plus familire. Le roi sexprime la premire personne du pluriel, ce qui
est lusage depuis les dbuts de la royaut.
191
192
[54] daprs la phrase originale Madame, pour vous avertir comme se porte le reste de mon infortune, de toute chose ne mest demeur que
lhonneur et la vie qui mest sauve. sa mre Louise de Savoie, aprs la dfaite de la bataille de Pavie (fors signifiant sauf, en dehors, extra)
[55] daprs Nicolas Le Roux, matre de confrences Paris -Sorbonne dans son article "La cour devient le thtre de sa majest"
[56] http:/ / www. idref. fr/ 028254287
[57] http:/ / catalogue. bnf. fr/ ark:/ 12148/ cb120127827
[58] http:/ / viaf. org/ viaf/ 21677
[59] http:/ / id. loc. gov/ authorities/ names/ n50038638
[60] http:/ / d-nb. info/ gnd/ 118534947
[61] http:/ / www. worldcat. org/ identities/ lccn-n-50-38638
[62] http:/ / www. publius-historicus. com/ fr1. htm
[63] http:/ / www. histoire-pour-tous. fr/ histoire-de-france/ 2971-francois-ier-1494-1547. html
[64] http:/ / www. linternaute. com/ histoire/ motcle/ 160/ a/ 1/ 1/ francois_ier. shtml
[65] http:/ / www. histoire-en-ligne. com/ spip. php?article180
[66] http:/ / www. renaissance-france. org/ rabelais/ pages/ impressions/ impleroi. html
[67] http:/ / roglo. eu/ roglo?lang=fr& m=NG& n=francois+ Ier+ d%27angouleme& t=PN
[68] http:/ / roglo. eu/ roglo?lang=fr
Rfrences
Henri II de France
Henri II
26juillet1547,
en la cathdrale de Reims
Prdcesseur
Franois Ier
Successeur
Franois II
Duc de Bretagne
10aot1536 31mars1547
10ans, 7 mois et 21jours
Prdcesseur
Franois III
Henri II de France
193
Successeur
Domaine royal
Biographie
Dynastie
Valois Angoulme
10juillet1559 ( 40ans)
Lieu de dcs
Paris (France)
Pre
Mre
Claude de France
Conjoint
Catherine de Mdicis
Enfants
Franois II
lisabeth de France
Claude de France
Louis de France
Charles IX
Henri III
Marguerite de France
Franois de France
Victoire de France
Jeanne de France
Rsidence
Chteau de Blois
Chteau de Fontainebleau
Chteau de
Saint-Germain-en-Laye
Chteau de Madrid
Rois de France
modifier
[1]
Henri II de France
194
Jeunesse
En tant que second fils du roi de France, Henri reoit le titre de
duc d'Orlans ds sa naissance. Il doit son prnom son parrain
Henri VIII d'Angleterre[3] .
Henri II de France
Roi de France
Une administration nouvelle
Une rvolution de palais
L'anne 1547, avec la disparition de Franois Ier et l'avnement d'Henri II, voit un renouvellement complet du
personnel de la Cour et des conseillers du souverain. L'ancienne faction au pouvoir est chasse sans mnagement et
certains hauts responsables politiques sont emprisonns et poursuivis par la justice royale. Les places au sein du
conseil royal et les charges honorifiques de la cour sont redistribues aux proches du nouveau roi : ct d'Anne de
195
Henri II de France
Montmorency, on trouve dsormais Jacques d'Albon de Saint-Andr fait marchal et premier gentilhomme de la
Chambre, et les princes Lorrains, les frres Franois futur duc de Guise, et Charles, cardinal de Guise, futur cardinal
de Lorraine.
Le nouveau roi, 28 ans, dsire marquer une rupture avec le train de vie de son prdcesseur et un courant d'austrit
souffle passagrement sur la cour royale. Le nombre de dames d'honneur est rduit et l'accs la personne royale,
resserr. Henri II s'entoure de nouveaux conseillers.
Politique administrative
Poursuivant la politique administrative de son pre, Henri II rforme certaines institutions qui contribuent faire de
la France un tat puissant au pouvoir centralis. Henri II ordonne ainsi en 1557 qu'un type unique de poids et
mesures soit dsormais appliqu l'ensemble de la banlieue de Paris, puis dans un second temps tout le ressort du
parlement de Paris, avec dpt d'un talon l'Htel de ville.
Ds le dbut de son rgne, il met en place un vritable systme ministriel, gnralisant le gouvernement de son
pre. En 1547, l'administration est supervise par quatre secrtaires d'tat, choisis dans la compagnie des
notaires-secrtaires du roi. Ils sont chargs des commandements du roi et plus particulirement de l'expdition des
affaires financires. l'origine chargs d'un secteur topographique du royaume, ils prennent en 1557 le titre de
secrtaire d'tat et des finances du roi. Les registres du Trsor Royal sont confis un contrleur gnral. Henri II
poursuit galement l'unification du systme judiciaire avec la cration (par l'ordonnance de janvier 1551), des
prsidiaux, tribunaux intermdiaires entre les parlements et les juridictions infrieures. Ces prsidiaux sont composs
de 9 juges chacun et sont situs au sige des bailliages (snchausses).
En 1553, une ordonnance royale prvoit que les matres des requtes visitent chaque anne les provinces.
Politique financire
L'anne 1555 voit l'institution du Grand Parti de Lyon, un emprunt gant lev auprs des marchands-banquiers de la
ville de Lyon (principale place financire du royaume de France) qui refinance long terme l'ensemble des dettes
royales existantes. Le caractre innovant de cet emprunt n'empche pas les circonstances militaires et politiques de le
faire s'achever par une faillite qui entrane la convocation par le roi des tats gnraux de Paris en janvier 1558 pour
en obtenir le vote d'une contribution.
l'instar de son prdcesseur, Henri II doit faire face d'importants besoins financiers et suit l'exemple de Franois
Ier en recourant l'augmentation des impts existants (tentatives d'uniformisation de la gabelle, cration du taillon et
application de nouvelles crues de taille, dveloppement des taxes sur les importations[6]). Les mmes causes
produisant des effets similaires, Henri II doit faire face, comme Franois Ier La Rochelle en 1542, une rvolte
paysanne, la jacquerie des pitauds, qui contamine les villes, dont Bordeaux. Henri II confie la rpression au
conntable Anne de Montmorency. La raction de Montmorency est brutale : la cit perd ses privilges, est
dsarme, doit verser une amende de 200000 livres, voit son parlement suspendu. 140 personnes sont condamnes
mort. La rpression stend ensuite dans les campagnes d'alentour o lon pend les meneurs. En 1549, Henri II
amnistie la cit.
l'instar de son pre, il veille galement amliorer le recouvrement de l'impt, et ordonne (dit de janvier 1551) la
runion des 4 trsoriers de France et des 4 gnraux des finances en un mme corps de trsoriers gnraux, dont
l'effectif est port 17.
Aprs les rformes administratives et fiscales engages successivement par Franois Ier et Henri II, l'essentiel des
ressources de l'tat provient dsormais des aides.
196
Henri II de France
197
Henri II de France
198
En 1554, Sienne cherche en dcoudre avec Florence. L'arme
royale, commande par Pierre Strozzi, est dfaite le 3 aot
Marciano della Chiana par l'arme de Florence; Sienne est
assige. Dfendue par Monluc, la ville tombe le 17 avril 1555 et
passe sous contrle florentin.
Le 16janvier1556, Charles Quint abdique en faveur de son fils
Philippe II mais conserve la couronne impriale qu'il transmet
son frre Ferdinand Ier du Saint-Empire puis se retire au monastre
de Yuste. De son ct, le roi de France perd progressivement ses
appuis: les princes allemands rforms ont sign la Paix
d'Augsbourg leur donnant la libert de religion et les Turcs se
rvlent moins actifs en Mditerrane occidentale. Le nouveau roi
d'Espagne et la France signent donc une trve l'abbaye de
Vaucelles. La trve est destine durer 5 ans et reconnat la
France ses conqutes territoriales du Pimont et des
Trois-vchs. Cet accord souffre nanmoins d'un dfaut majeur:
tout comme la Paix d'Augsbourg, il n'a pas reu l'aval du pape.
Paul IV, lu pape en 1555, est anim d'une haine farouche envers
l'Empereur: Depuis mille ans, il n'est pas n un homme aussi
mchant que lui . Il multiplie les provocations envers Philippe II et envoie son neveu le cardinal Carlo Caraffa
comme lgat la cour de France en 1556. Ce dernier en revient avec une promesse d'intervention d'Henri II.
Le pape Paul IV
En novembre 1556, le duc de Guise, aurol de sa gloire messine, rejoint le marchal de Brissac en Pimont, avec
l'objectif avou d'enlever Naples aux Espagnols. Les manuvres de Philippe II et de ses allis anglais et savoyards
au nord de la France remettent rapidement en cause ce plan et Franois de Guise est contraint de rentrer
prcipitamment en France aprs la dfaite franaise de Saint-Quentin. Cette dernire tentative manque marque la fin
des ambitions franaises en Italie, formalise par le trait du Cateau-Cambrsis par lequel Henri II restitue l'ensemble
des possessions franaises dans le pays, y compris la Corse.
Henri II de France
199
Henri II de France
Le 21juin1551, l'dit de Chteaubriant remet aux juges sculiers les causes des "hrtiques" ayant provoqu des
troubles et coordonne la rpression. Seuls les catholiques sont autoriss ouvrir des coles.
Il est complt le 24juillet1557 de l'dit de Compigne, qui accentue la rpression, y compris avec les catholiques
qui aident ou hbergent des protestants.
Crise gallicane (1551)
En 1551, dans le contexte de la guerre et de la gestion des affaires italiennes, un violent conflit oppose Henri II au
pape Jules III. Le 27 juillet 1551, le pape lance l'anathme contre le roi. En raction, Henri II rompit toutes ses
relations avec la papaut et l'ide d'un schisme, quoique vite carte, fut voque. Henri II prfra prendre des
mesures de rtorsions. Il interdit le transfert des bnfices Rome, il s'opposa la participation des prlats franais
au Concile de Trente et le 13 aot, il dclara la guerre au pape. Inquiet de la rupture engage, le pape chercha se
rconcilier ds le mois d'octobre.
Le roi bnficia de l'appui du Parlement de Paris, toujours hostile l'ingrence de Rome dans les affaires franaises.
Ainsi, en 1557, celui-ci s'opposa au rtablissement de l'Inquisition dans le royaume.
L'attachement du roi la religion traditionnelle ne l'empche pas non plus de soutenir les princes rforms
d'Allemagne et de s'allier aux Turcs, ennemis hrditaires de la chrtient.
Extension du protestantisme et crispations croissantes (1557-1559)
Malgr tous les dits rpressifs, le protestantisme connat la fin des annes 1550 une croissance exponentielle qu'il
n'avait encore jamais connue. Les adhsions se multiplient dans la noblesse. Deux princes du sang, Antoine de
Navarre et son frre le prince de Cond contribuent diffuser les nouvelles ides en se faisant notamment
accompagner dans leurs dplacements par des ministres. Les deux frres participent galement aux clbrations du
Pr-aux-Clercs organises Paris par les protestants en mai 1558 et auxquelles participent plusieurs centaines de
personnes. Les premires glises rformes se mettent en place et en mai 1559, a lieu le premier synode national des
glises, au Faubourg Saint-Honor, qui publie la Confession de foi des glises franaises en 40 articles.
Un mouvement de sympathie nat au sein-mme de la cour, dans l'entourage de la reine, de la sur du roi,
Marguerite et du roi lui-mme avec les neveux d'Anne de Montmorency - Franois d'Andelot, le cardinal de
Chtillon et l'amiral Gaspard de Coligny. Comme eux, de nombreux gentilshommes hsitent par fidlit au roi
afficher leurs convictions.
La visibilit croissante du protestantisme accentue l'aversion des catholiques intransigeants et renforce les
crispations. En septembre 1557, une meute clate Paris rue Saint-Jacques, o des rforms s'taient rassembls.
En septembre 1557, Henri II est victime d'une tentative d'assassinat par un dnomm Caboche, vite matris par la
garde du roi, et excut dans les heures ayant suivi son arrestation, sans procs ni interrogatoire. Cette promptitude
excuter le rgicide entrane l'poque la conviction qu'il s'agit d'un attentat commandit par le parti protestant, sans
que la preuve ait pu en tre apporte.
Henri II rpond aux tensions religieuses avec l'dit d'couen, le 2 juin 1559, qui stipule que tout protestant rvolt
ou en fuite sera abattu et nomme galement des commissaires chargs de poursuivre les rforms. De nombreux
parlementaires sont acquis aux ides de la Rforme et l'occasion de la mercuriale du 10 juin, le roi embastille ceux
qui critiquent ouvertement sa politique. La plupart rtractrent leurs propos, l'exception d'Anne du Bourg, qui sera
brl en place de Grve quelques mois aprs la mort du roi.
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Henri II de France
201
Les arts
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Article dtaill : Pliade (XVIe sicle).
Henri II s'inscrit galement dans la continuit de son
pre dans son soutien au dveloppement artistique et
intellectuel, quoique de faon moins flamboyante. La
nouveaut du rgne s'inscrit surtout dans la mise en
scne du pouvoir royal, par la multiplication des
entres royales et des festivits. La monarchie fait
travailler ensemble potes, architectes, sculpteurs et
peintres pour magnifier le pouvoir royal l'occasion de
ftes phmres. Pour les entres royales, des ouvrages
sont publis pour rappeler le souvenir des portes
splendidement dcores, tels des arcs de triomphes,
Spectacle nautique donn lors de lentre royale dHenri II Rouen,
parfois accompagns de pomes et de musique joue au
le premier octobre 1550
passage du roi. Celui-ci fait galement appel des
orfvres rputs pour le faire revtir de luxueuses
armures de parade. Cette politique de mise en scne artistique sera habilement reprise sa mort par son pouse
Catherine de Mdicis.
Les sculptures de l'aile dite Lescot du Louvre sont l'uvre de Jean Goujon, sculpteur du roi Henri II. L'autre
sculpteur emblmatique du XVIesicle, Germain Pilon se fait une spcialit des sculptures funraires, avec la
ralisation des tombeaux et des gisants des rois de France.
La littrature franaise s'enrichit galement de l'uvre de grands crivains, tels Michel de Montaigne et tienne de la
Botie, et d'un nouveau mouvement potique, la Pliade, avec Pierre de Ronsard, Joachim du Bellay...
Henri II de France
Le Nouveau Monde
Articles dtaills : France antarctique et Histoire d'un voyage faict en la terre du Brsil.
En 1555, un demi-sicle aprs la dcouverte du Brsil
par Cabral, Henri II charge le vice-amiral de Bretagne
Nicolas Durand de Villegagnon de l'installation d'une
colonie franaise dans la baie de Guanabara, reconnue
cinq ans auparavant par le navigateur et cartographe
Guillaume Le Testu. Des Havrais avaient install un
comptoir quelques annes plus tt, proche de l'actuel
Cabo Frio, afin de fournir l'industrie drapire de Rouen
en brsil (pau brasil en portugais), dont est tire une
teinture rouge.
Accompagn de 600 colons, Villegagnon fonde la
France antarctique et fait construire une bourgade,
Henryville, et le Fort Coligny pour en dfendre l'accs.
Villegagnon, qui a lanc son expdition avec
d'importantes difficults de recrutement et qui doit faire
face des dfections dues sa rigueur morale qui va
La baie de Guanabara en 1555.
l'encontre des relations charnelles entre colons et
indiennes Tupinambas, renvoie Le Testu en France pour solliciter des renforts. L'amiral Gaspard de Coligny accde
la requte, qui rejoint son objectif de crer une colonie protestante dans cette rgion du monde. Trois navires
quittent Honfleur le 19novembre1556 avec leur bord un groupe de rforms, dont le pasteur Jean de Lry.
Ce dernier voque, dans son rcit, les dissensions continuelles au sein de la colonie, notamment ses affrontements
avec Andr Thvet, moine franciscain et aumnier de l'expdition initiale de Villegagnon. Les divisions religieuses
de la communaut profitent aux Portugais qui, en 1560, prennent et dtruisent le Fort Coligny et signent la fin de la
premire aventure franaise en Amrique du Sud[11]. Les premiers chantillons de petun (tabac ou herbe
angoumoisine) auraient t ramens en France par Andr Thvet l'occasion de ces voyages, bien que la diffusion de
l'usage de cette plante soit impute Jean Nicot, qui en a ramen de Lisbonne et en a vant les proprits curatives
Catherine de Mdicis.
202
Henri II de France
203
Descendance
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Bien que longtemps considre comme strile, Catherine de
Mdicis donne Henri II dix enfants, dont trois morts en bas ge :
Franois (1544-1560), roi de France de 1559 1560 sous le
nom de Franois II.
lisabeth (1545-1568), pouse Philippe II d'Espagne (1559).
Claude (1547-1575), pouse Charles III de Lorraine (1559).
Louis (1549-1550), duc d'Orlans.
Charles (1550-1574), roi de France de 1560 1574 sous le nom
de Charles IX.
Henri (1551-1589), roi de Pologne (1574) puis roi de France de
1574 1589 sous le nom de Henri III.
Marguerite (1553-1615), pouse Henri III de Navarre en 1572.
Franois (Hercule) (1555-1584), duc d'Alenon puis d'Anjou.
Mort et postrit
l'occasion du double mariage d'lisabeth de France avec Philippe II
dEspagne et de Marguerite de France, sur du roi, avec le duc de
Savoie, un tournoi fut organis le 30 juin 1559 rue Saint-Antoine, la
plus large rue de Paris lpoque[13], car elle avait dj les dimensions
quon lui connat de nos jours.
Au cours dune joute se droulant devant lhtel de Sully (soit au
niveau de lactuel numro 62), Henri II fut grivement bless dun coup
de lance accidentel par Gabriel de Lorges, comte de Montgomery,
Le tournoi fatal.Gravure allemande du XVIe
capitaine de sa Garde cossaise. Il fut transport lhtel des
sicle
Tournelles, rsidence royale toute proche, situe l'emplacement de
l'actuelle place des Vosges. Malgr les soins des mdecins et chirurgiens royaux dont Ambroise Par, autoris
reproduire la blessure sur des condamns mort afin de mieux la soigner, et Andr Vsale, chirurgien particulier de
Philippe II dEspagne appel d'urgence de Bruxelles au chevet du bless, le roi mourut dans d'atroces souffrances le
10juillet1559.
Article dtaill : Gabriel Ier de Montgommery.
Henri II de France
204
Au cours de la Rvolution franaise son tombeau en la basilique Saint-Denis fut profan. Le vendredi 18 octobre
1793 son cercueil fut extrait du caveau des Valois et son corps jet dans une fosse commune. Son gisant, le
reprsentant aux cts de Catherine de Mdicis, ralis par Germain Pilon en 1565 est encore visible dans la
Basilique.
Un monument funraire conserv au muse du Louvre, appel les Trois Grces[16], contenait le cur du roi et tait
rig jusqu' la Rvolution dans la chapelle d'Orlans de l'glise du couvent des Clestins Paris. la Restauration,
le vase de cuivre contenant la relique fut remplac par une copie en bois.
Basilique Saint-Denis
Henri II de France
205
Emblmatique
Comme de nombreux princes de la Renaissance, Henri II utilise une
emblmatique riche et varie. Sa principale devise personnelle lui vient
de sa jeunesse. Il s'agit du croissant ou plus souvent du triple croissant
entrelac, associ la phrase latine donec totum impleat orbem (jusqu'
ce qu'il emplisse le monde entier). Le croissant provient sans doute de
la brisure des Valois-Angoulme, qui rompaient les armes de France
d'un lambel d'azur charg de trois croissants de gueules. Comme
souvent, ce corps de devise formait donc un jeu de mot avec la
sentence: l'origine, il soulignait le fait que le jeune prince n'tait que
le dauphin et ne jouissait donc pas de la plnitude de son pouvoir. Le
croissant tait certes un cercle vid, inachev, mais il fallait galement
le prendre son sens littral. La gloire des trois croissants (les
Valois-Angoulme) avait ainsi vocation s'accrotre jusqu' s'tendre
au monde entier, orbem signifiant la fois cercle et monde. Cette
devise s'inscrivait dans la tradition impriale et providentialiste de la dynastie.
Henri II de France
La relation avec Diane forme un autre ple important de la mythologie dveloppe par Henri II et l'emblmatique qui
en dcoule. Prenant prtexte de sa passion pour la chasse, Henri II fait raliser de nombreux dcors en rapport avec la
desse antique de la chasse, Diane. Les arcs et les flches, caractristiques de la divinit, sont ainsi trs frquents
dans l'emblmatique henricienne. On les retrouve ainsi dans les vitraux que le roi offrit la Sainte-Chapelle de
Vincennes.
Citation
Reste avoir bon cur et ne s'tonner de rien , crit aprs la bataille de Saint-Quentin remporte par le duc
Emmanuel-Philibert de Savoie.
Notes et rfrences
Notes
[1] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Henri_II_de_France& action=edit& section=0
[2] Jacques Broquin, Lexique militaire et guide mdival (http:/ / books. google. fr/ books?id=C4EZSkb05ckC& pg=RA1-PA148& dq="sacr
Reims le 26 juillet 1547"& f=false), 2001, 148
[3] http:/ / www. linternaute. com/ histoire/ recherche/ henri_4. shtml
[4] Franck Ferrand, Henri II , mission Au cur de l'histoire, 13 avril 2011
[6] Taxes qui prsentent de plus l'avantage de protger les nouvelles manufactures du royaume, par ailleurs favorises par divers privilges et
exemptions
[7] Cette journe du 10 aot 1557, jour de la saint Laurent, restera jamais dans l'esprit de Philippe II, qui la commmorera par la construction
du Site royal de saint Laurent de l'Escurial, dont la structure en forme de grille rappelle le martyre de ce saint.
[8] Commentaire de Monluc la nouvelle du retrait de l'arme espagnole :
[9] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Henri_II_de_France& action=edit
[10] Architecte de la maison de Montmorency, avant d'accder au statut d'architecte de la reine-mre Catherine de Mdicis en 1570 la mort de
Philibert Delorme
[11] L'lot sur lequel fut construit le Fort Coligny porte encore aujourdhui le nom d'Ilha de Villegaignon
[12] , p 327
[13] Elle tait appele La Grant rue Saint Anthoine
[14] Didier Le Fur, Henri II, Tallandier, 2009, p. 542 ; on parle des astrologues Jrme Cardan et Luca Gaurico.
[15] Henri II, Ivan Cloulas, Fayard, 1985, p 546; Anatole Le Pelletier, Les Oracles de Michel de Nostredame (http:/ / books. google. fr/
books?id=ZkEXsspbQWMC& pg=PA67& dq=1559+ Nostradamus+ Henri-II&
sig=ACfU3U0ldPcxAp_h8m74_RqHNA983NrKBA#PPA72,M1) Note 1 bas de .
[16] Germain Pilon sculpta Les Trois Grces et Domenico del Barbieri le pidestal
[17] http:/ / www. corpusetampois. com/ cle-19-balzac-martyr. html
Rfrences
Source partielle
Marcel Reinhard (sous la direction), Histoire de France, Larousse, 1954
Bibliographie
Nathanal Weiss, La Chambre ardente. tude sur la libert de conscience en France sous Franois Ier et Henri II
(1540-1550) (http://www.archive.org/stream/lachambreardent00fragoog#page/n11/mode/2up), Paris,
Librairie Fischbacher, 1889.
Lucien Romier, Les guerres d'Henri II et le trait du Cateau-Cambrsis (1554-1559) (http://www.persee.fr/
web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1910_num_30_1_8373?), Mlanges d'archologie et
d'histoire, volume 30, no30, 1910, p.3-50.
Lucien Romier, La mort de Henri II (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15457f.image.f105), Revue du
seizime sicle, Tome Ier, Paris, douard Champion, Publications de la socit des tudes rabelaisiennes, 1913.
206
Henri II de France
Cinma
1956 : Diane de Poitiers (Diane de Poitiers) de David Miller (Henri II est incarn par Roger Moore)
1956 : Si Paris nous tait cont de Sacha Guitry.
Annexes
Articles connexes
Style Henri II
Formation territoriale de la France mtropolitaine
Liste des rois de France
Renaissance franaise
La Princesse de Clves
Liens externes
Iconographie d'Henri II (http://derniersvalois.canalblog.com/archives/henri_ii/index.html)
Lettres patentes donnes contre les hrtiques des Cvennes (1557) (http://icp.ge.ch/po/cliotexte/sites/
Arisitum/cdf/cev.html) Lettres donnes par Henri II contre les prdicants.
Fiche gnalogique (http://roglo.eu/roglo?lang=fr&m=NG&n=henri+II+d'angouleme&t=PN) dans la base
roglo (http://roglo.eu/roglo?lang=fr) de l'INRIA
207
Franois II de France
208
Franois II de France
Pour les articles homonymes, voir Franois II.
Franois II
Franois II de France par Franois Clouet, vers 1560, pierre noire et sanguine, 337 x 243 mm, Paris, bibliothque nationale de France.
Titre
Roi de France
10juillet1559 5dcembre1560
1an, 4 mois et 25jours
Couronnement
Prdcesseur
Successeur
21septembre1559,
en la cathdrale de Reims
Henri II
Charles IX
Roi consort d'cosse
24 avril 1558 5 dcembre 1560
Monarque
Prdcesseur
Successeur
Marie Ire
Marie de Guise
Henry Stuart
Biographie
Dynastie
Valois Angoulme
Date de naissance
19janvier1544
Lieu de naissance
Fontainebleau (France)
Date de dcs
5dcembre1560 ( 16ans)
Lieu de dcs
Orlans (France)
Pre
Henri II de France
Mre
Catherine de Mdicis
Conjoint
Hritier
Rsidence
Chteau de Blois
Franois II de France
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Rois de France
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[1]
Franois II (Fontainebleau, le 19janvier1544 - Orlans, le 5dcembre1560), fut roi de France du 10 juillet 1559
sa mort.
Fils an d'Henri II et de Catherine de Mdicis, il monte sur le trne de France l'ge de quinze ans aprs la mort
accidentelle de son pre le 10 juillet 1559. Son rgne phmre na dur qu'un an et cinq mois mais constitue un
prlude majeur au dclenchement des guerres de religion.
Son rgne est en effet marqu par une importante crise religieuse. son avnement, il confie les rnes du
gouvernement aux Guise, les oncles de son pouse Marie Stuart, reine d'cosse, partisans dune politique de
rpression l'gard des protestants. Aprs la conjuration dAmboise, il entame la mise en place d'une conciliation
l'gard des rforms mais se montre implacable face aux meutiers qui mettent mal son autorit dans les provinces.
Son rgne est galement marqu par l'abandon de l'cosse, du Brsil et sous leffet du Trait du Cateau-Cambrsis,
de la Corse, de la Toscane, de la Savoie et de la quasi-totalit du Pimont. Il marque, au profit de lEspagne, le point
de dpart de laffaiblissement de linfluence franaise en Europe.
Accession au trne
Le 10juillet1559, Franois succde son pre Henri II, mort accidentellement. Cest un adolescent de quinze ans.
Selon la loi, il est majeur et n'a thoriquement pas besoin de s'entourer dun conseil de rgence[2], mais, jeune,
inexpriment et de sant fragile, il dlgue son pouvoir aux oncles maternels de son pouse, les Guise. Cette
transmission du pouvoir se fait avec l'accord de la reine Catherine de Mdicis. Le premier jour de son rgne,
Franois II avait command ses quatre secrtaires d'tat de s'adresser sa mre, mais celle-ci, accable par la mort
de son poux, les recommanda plutt aux Guise[3].
Les deux frres ans de cette grande famille nobiliaire avaient dj tenu un rle majeur pendant le rgne dHenri II :
le duc Franois de Guise tait lun des chefs militaires les plus rputs de l'arme royale et le cardinal Charles de
Franois II de France
Lorraine a t associ aux plus importantes ngociations et affaires du royaume. lavnement du jeune roi, les deux
frres se rpartissent les charges du pouvoir ; le duc de Guise prend en main la direction de l'arme royale et le
cardinal de Lorraine celle des finances, de la justice et de la diplomatie[4].
Cet avnement des Guise se ralise au dtriment de leur ancien rival, le conntable Anne de Montmorency. Le
tout-puissant favori du rgne prcdent doit s'effacer. Sur la recommandation du nouveau roi, il quitte la cour et
rejoint ses riches domaines pour prendre du repos. Lancienne favorite Diane de Poitiers est galement prie de ne
plus paratre la cour ; son protg Jean Bertrand doit rendre les sceaux au chancelier Franois Olivier que Diane
avait fait dmettre quelques annes plus tt. Il sagit dune vritable rvolution de palais[5]. Les Guise s'imposent
comme les nouveaux matres de la cour. Les faveurs et privilges que leur accorde le roi sont nombreux[6]. L'un des
plus significatifs est l'attribution au duc de Guise de la charge de grand-matre, alors que le conntable avait obtenu
du prcdent roi la survivance de cette fonction pour son fils Franois de Montmorency.
Le 21septembre1559, Franois II est sacr Reims par le cardinal de Lorraine. Puis la cour rejoint la valle de la
Loire. Le chteau de Blois et les forts de la rgion sont les lieux de prdilection du nouveau roi. Franois II adopte
comme emblme un soleil et comme devise Spectanda fides (traduction : C'est ainsi qu'on doit respecter la foi) et
Lumen rectis (traduction : La lumire est dans la droiture).
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Franois II de France
Limpopularit du gouvernement des Guise
peine placs la tte de ltat, les Guise font lobjet dans tout le
royaume de profonds mcontentements. Un mouvement
dopposition men par les deux principaux princes du sang
conteste leur mainmise du pouvoir et les mesures quils prennent
dans lexercice de leur fonction.
Les Guise ptissent dun manque de lgitimit. Pour leurs
adversaires, ce ne sont que dambitieux trangers[7] qui ne sont au
pouvoir que parce quils ont la faveur du roi[8]. On leur reproche
de profiter de la jeunesse du prince pour imposer leur pouvoir
arbitraire. Un mouvement dopposition conteste leur monopole du
pouvoir et leur oppose les princes du sang comme Antoine de
Bourbon, roi de Navarre. Des thoriciens comme Franois
Hotman, estiment que la position de principal conseiller lui revient
de droit en tant que descendant de saint Louis et hritier du trne
de France en cas de disparition de la branche rgnante des
Valois-Angoulme. Mais, faible de caractre, Antoine ne parvient
pas simposer aux Guise quand il se rend la cour.
Franois de Lorraine, duc de Guise.
Laction politique du gouvernement est galement conteste. Les
Portrait au crayon par Franois Clouet.
Guise doivent faire face une situation financire dsastreuse.
Aprs plusieurs dcennies de guerres contre les Habsbourg, la
dette publique se monte 48 millions de livres. Avec seulement 12 millions de recettes annuelles, les Guise sont
contraints, pour renflouer les caisses de l'tat de mener une politique d'austrit draconienne qui contribue leur
impopularit[9]. Ils reportent ainsi le paiement des gages des militaires et des officiers du roi et le paiement des
factures des fournisseurs de la cour. Les effectifs de l'arme sont rduits. De nombreux soldats se retrouvent sans
emploi. Les frustrations naissent galement au sein des gentilshommes de la cour, car les restrictions deffectifs ne se
font pas au dtriment des rgiments commands par les Guise et de leurs amis.
Dans le domaine religieux, les Guise durcissent la politique rpressive l'gard des protestants, initie par le roi
Henri II. Sous l'effet de leur action politique, l'automne 1559 est marqu par une grande vague de perquisitions,
d'arrestations et de confiscations de biens[10]. Le 23 dcembre 1559, le conseiller-clerc Anne du Bourg, magistrat au
parlement de Paris qui avait cr la polmique en contestant la rpression, est publiquement excut Paris en place
de grve. Rsolu de mettre un terme la perscution et de faire reconnatre le droit du culte rform, un groupe de
gentilshommes montent le projet de renverser le gouvernement des Guise et de confier le pouvoir aux princes du
sang, gagns la nouvelle religion. C'est la conjuration d'Amboise.
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Franois II de France
La conjuration dAmboise
Les conjurs ont le projet dinvestir le palais avec la complicit des
membres de la garde royale, de sassurer de la personne du roi et
dliminer les Guise en cas de rsistance de leur part. Une importante
troupe arme doit depuis lextrieur assurer la scurit de
lopration[11]. Les conjurs ont aussi vraisemblablement lappui secret
du prince Louis de Cond, le jeune frre ambitieux du roi Antoine de
Navarre.
Pendant le mois de fvrier, la cour reoit plusieurs avertissements sur
l'existence du complot. Face au danger grandissant, le conseil royal
L'excution des conjurs
gravure
de
Tortorel et Perrissin, 1569-1570
dcide, sous l'influence de la reine Catherine de Mdicis de faire des
concessions. Le 8 mars 1560, le roi signe un dit qui offre une amnistie
gnrale aux protestants[12]. Mais il est trop tard, le complot est dj en marche. De toutes les provinces du royaume,
des troupes d'hommes se dirigent vers le chteau dAmboise o sige la cour. Dans les villes de Tours et dOrlans,
les conjurs leurs distribuent de largent et des armes.
Mal organise, la conjuration va se terminer en bain de sang. Son sort se joue ds le 15 mars quand le duc de
Nemours parvient arrter plusieurs des principaux conjurs. Les jours suivants, dsorientes, les troupes rebelles,
composes de gens de pauvres conditions, sont, une une, faites prisonnires dans la fort dAmboise et ses
environs. D'abord enclin la clmence, le roi les fait relcher en leur ordonnant de retourner chez eux. Mais le 17
mars, 200 hommes tentent de prendre dassaut une porte de la ville au pied du chteau. Rapidement disperss par le
duc de Guise, les rebelles sont impitoyablement pourchasss. Plus d'une centaine d'entre eux sont excuts, dont
certains pendus au grand balcon du chteau. La rpression durera plusieurs semaines et fera prs de 1200 victimes.
Lattitude des Guise l'gard du prince de Cond est plus indcise. Le prince tait arriv entretemps la cour et avait
particip la dfense du chteau aux cts de ses ennemis. Linterrogatoire des prisonniers le dsignait clairement
comme le bnficiaire de la conjuration. Mais la parole de simples gens ne compte pas contre celle d'un prince de
sang. Il fallait une preuve crite irrcusable pour le mettre en accusation. Laiss libre la cour, Cond s'chappa et
rejoignit son frre Antoine dans le Sud-Ouest[13].
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Franois II de France
La politique de conciliation
Le dchainement de violence de la conjuration dAmboise
confirme lopinion de la cour que la perscution des protestants ne
fait quaggraver la crise religieuse. Sous linfluence de la reine
Catherine de Mdicis et des conseillers moyenneurs , le
gouvernement tente d'apaiser les tensions en mettant en place une
politique de concorde[14].
Plusieurs mesures de clmence sont tout d'abord prises en faveur
des protestants. Tout en interdisant les assembles publiques, le
gouvernement ordonne la libration de toutes les personnes
emprisonnes pour fait de religion. Il s'agit d'un premier cran
d'arrt historique donn la perscution mene depuis le rgne
dHenri II[15]. L'dit de Romorantin sign en mai 1560 porte en
germe le droit la libert de conscience[16] .
En avril 1560, la reine fait nommer Michel de l'Hospital,
chancelier de France. Le gouvernement est dsormais domin par
Portrait de Catherine de Mdicis
les moyenneurs , des humanistes qui croent possible la
rconciliation des chrtiens, moyennant des concessions
rciproques[17]. Le cardinal de Lorraine lui-mme est loin dtre insensible la rforme de lglise. Lide dun
concile national de l'glise de France est officiellement lance. dfaut d'obtenir le consentement du pape Pie IV, le
cardinal et la reine-mre lui rclament louverture dun concile gnral o les chrtiens de toutes les opinions et de
toute l'Europe seraient runis pour rformer la religion. Mais le pape ne veut pas en entendre parler. Bien qu'ils ne
souhaitent pas une rupture avec Rome, l'opposition papale les amne brandir la menace d'un concile national, s'il ne
cde pas[18].
Pour contrer les critiques d'illgitimit face au jeune ge du roi, le gouvernement tente enfin dobtenir lappui de ses
sujets en l'associant ses dcisions. Il est question de runir les tats gnraux, mais craignant cause de leur
impopularit dtre vincs, les Guise y sont farouchement opposs. Sous la pression de la reine-mre, ils consentent
la consultation de la noblesse. Cest ce qui aboutit lassemble des notables qui se runit Fontainebleau du 21 au
26 aot. Les princes du sang et le conntable sont appels s'y rendre et reprendre leur place au conseil du roi[19].
Cest au cours de cette assemble que lamiral de Coligny, futur chef des protestants, fait lire devant la cour bahie
les ptitions des protestants de Normandie rclamant la libert du culte. son terme, l'assemble des notables dcide
de convoquer les tats gnraux.
Trs critique l'gard du pape, l'assemble des notables convient aussi de runir les vques de France pour qu'ils
donnent leur consentement la tenue d'un concile national. Effray de voir l'glise gallicane lui chapper, le pape
finira par accorder l'ouverture d'un concile gnral, mais rejettera la participation des protestants exige par le
gouvernement franais[20]. Cette dcision aboutira la rouverture du concile de Trente.
L'embrasement de la province
La politique de conciliation mene par le gouvernement avait pour but d'apaiser les troubles. Elle provoqua l'effet
contraire. Encourags par les mesures de clmence, les protestants continuent de sassembler lors des prches[21] et
mettent mal l'autorit royale en multipliant les meutes et les coups de main arms. La vague d'agitation surgie de
manire sporadique lors de la conjuration d'Amboise, parcourt pendant l't une grande partie du royaume. Les
principales rgions touches forment un territoire en forme de croissant qui va de l'Anjou, au Dauphin, en passant
par le Poitou, la Guyenne, le Prigord, le Languedoc et la Provence.
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Franois II de France
Les meutiers bnficient d'un appui important au sein de la noblesse locale. Anims par une propagande acharne
contre les Guise et d'un dsir de vengeance depuis la rpression des vnements d'Amboise, les plus audacieux n'ont
pas peur de sattaquer aux chteaux, de forcer les prisons et de saccager les glises. Au printemps 1560, le royaume
connat mme en Provence la premire vague massive d'iconoclasme[22]. partir de l't, le mouvement de
dsobissance civile s'intensifie ; plusieurs villes du Midi sont en tat dinsurrection[23].
Avec l'appui secret des deux premiers princes de sang, Cond et Navarre, une organisation politico-militaire se met
progressivement en place. Les protestants lisent localement des chefs, rcoltent de l'argent, achtent des armes et
font lever des troupes. Des bandes armes circulent depuis le Languedoc vers la Provence et le Dauphin que tentent
de soulever respectivement Paul de Mouvans et Charles de Montbrun. Le point d'orgue de cet embrasement militaire
a lieu dans la nuit du 4 au 5 septembre, quand les troupes protestantes tentent de semparer par la force de la ville de
Lyon.
La raction du roi est vive et dtermine : convocation du ban et de l'arrire-ban, rdistribution de l'arme dans les
provinces agites et ordre aux gouverneurs de regagner leur poste[24]. Pendant l'automne, l'ordre semble revenir peu
peu ; les chefs rebelles qui n'ont pu tre arrts sont en fuite. Convaincu de la responsabilit du prince de Cond
dans l'embrasement de la province, le roi le fait venir la cour et le 31 octobre 1560, le fait arrter.
Politique trangre
Sur le plan extrieur, la politique du gouvernement de Franois II s'inscrit dans la continuit des efforts de paix
mens par Henri II depuis la signature du trait du Cateau-Cambrsis (avril 1559). Au dtriment de son influence et
de son rayonnement en Europe, la France poursuit la restitution des terres conquises par elle depuis quarante ans.
cet gard, le rgne de Franois II marque, au profit de lEspagne, le point de dpart de laffaiblissement de la
prpondrance franaise en Europe[25].
Face au soulvement dune congrgation de nobles cossais, Franois II s'efforce galement dapporter son soutien
militaire la rgente Marie de Guise. Mais son intervention pour la rtablir dans son pouvoir se solde par un chec.
Le trait d'dimbourg (juillet 1560) met un terme dfinitif la mainmise franaise sur le royaume dcosse.
la mort de Franois II, les Franais ont vacu l'cosse, le Brsil, la Corse, la Toscane, la Savoie et la
quasi-totalit du Pimont.
La paix du Cateau-Cambrsis
La politique trangre de la France lavnement de Franois II est domine par le trait du Cateau-Cambrsis qui
mettait un terme quarante annes de guerre quasi ininterrompue entre la France et lempire des Habsbourg. la
stupeur de tous les contemporains, la France abandonnait au profit de lEspagne et de ses allis, la quasi-totalit de
ses conqutes italiennes.
Lorsque le roi Henri II meurt, la restitution des places fortes tait dj bien avance du ct franais. Le
gouvernement de Franois II, conscient des faiblesses du royaume, sefforait de rassurer les Espagnols sur sa
volont de respecter les engagements pris au Cateau-Cambrsis[26]. Le marchal de Brissac qui mettait de la
mauvaise volont vacuer les places du Pimont fut pri de cesser de faire des difficults et dacclrer les
restitutions[27]. lautomne 1559, les Franais avaient dfinitivement quitt la Savoie, le Pimont (hormis les cinq
places prvues par le trait[28]), la Toscane[29] et la Corse[30]. Du ct espagnol, le roi Philippe II mettait de la
mauvaise volont restituer la France, comme le prvoyait le trait, quatre places situes au nord-est du royaume.
Des querelles de frontires ranimaient les tensions entre les deux grandes nations, mais aprs plusieurs mois de
protestations, Franois II obtint enfin gain de cause[31].
Paralllement aux restitutions territoriales, le gouvernement de Franois II avait encore ngocier, verser ou
rclamer les compensations des personnes dont les biens avaient t pris ou dtruits pendant la guerre[32]. Il devait
aussi saccorder avec les autorits espagnoles pour dterminer le sort des prisonniers de guerre dtenus de part et
dautre. De nombreux gentilshommes restaient en prison faute de pouvoir payer leurs ranons. Quant aux simples
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Franois II de France
soldats de pied, ils taient condamns tre utiliss comme rameurs sur les galres royales. Si un compromis de
libration rciproque fut sign entre les deux pays, lEspagne se montrait peu humaine, sinon peu empresse de se
sparer de ses prisonniers[33].
La perte de lcosse
Depuis le mariage de Franois II avec la jeune reine d'cosse, Marie
Stuart, le sort de ce pays tait li celui de la France. Une clause
secrte signe par la reine prvoyait le rattachement pur et simple de
lcosse la France, mme dans le cas o le couple naurait pas
denfant[34].
Face la mainmise de la France sur leur pays, une congrgation de
nobles cossais stait souleve et avait chass d'dimbourg, la
capitale, la rgente et son entourage de conseillers franais (mai 1559).
Rfugie dans la forteresse de Dunbar, Marie de Guise rclamait laide
de la France. Franois II et Marie Stuart envoyrent aussitt des
troupes. Ds la fin de lanne 1559, la situation tait rtablie en faveur
des Franais[35].
Rien ne semblait pouvoir empcher la mainmise franaise sur l'cosse,
si lAngleterre ne s'tait pas dcide intervenir en faveur des rvolts.
Le roi et son pouse Marie Stuart : illustration du
La reine Elisabeth dAngleterre demeurait offense que Franois II et
Livre d'heures de Catherine de Mdicis (vers
Marie Stuart avaient fait mettre sur leur blason, les armes dAngleterre,
1572-1574).
affirmant ainsi les prtentions de Marie sur la couronne
dAngleterre[36]. En janvier 1560, la flotte anglaise vint bloquer le port
de Leith que les troupes franaises avaient transform en base militaire. Elle fut appuye par l'arrive en avril d'une
arme de 6000 hommes et de 3000 cavaliers qui assigrent aussitt la place.
Si les troupes anglaises ne se montrrent gure brillantes, la situation des Franais ntait pas meilleure. La ruine du
trsor royal et les troubles en France ne permettaient plus l'envoi de renforts militaires[37]. Lorsque l'vque de
Valence et Charles de La Rochefoucault, sieur de Randan, envoys par le roi pour traiter avec les rebelles,
dbarquent en cosse, ils sont quasiment traits comme des prisonniers. Tandis que Marie de Guise se mourait dans
la forteresse dEdimbourg o elle tait enferme, les deux hommes furent contraints de ngocier une paix
dsavantageuse pour la France. Ils signrent le 6 juillet 1560, le trait d'dimbourg qui marquait la fin de
loccupation franaise. Franois II et Marie Stuart devaient faire vacuer leurs troupes et cesser de porter les armes
dAngleterre.
Quelques semaines plus tard, le parlement cossais prenait diffrentes mesures qui tablissaient le protestantisme
comme religion d'tat. Quand ils eurent le trait d'dimbourg sous leurs yeux, Franois II et Marie Stuart, outrs,
refusrent de le ratifier, tout comme ils contestrent la lgitimit des actes du parlement[38].
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Franois II de France
L'chec d'un Brsil franais
Article dtaill : France antarctique.
Indpendamment de toute volont royale, les Franais avaient nou depuis le dbut du XVIesicle de fortes relations
avec les communauts dindiens du Brsil. La colonie tablie depuis 1555 dans la baie de Guanabara fut dtruite par
les Portugais le 17 mars 1560.
Le 23 dcembre 1560, le corps de Franois II est conduit Saint-Denis par le prince de La Roche-sur-Yon. Son
cur, qui devait rester Orlans, rejoint finalement le couvent des Clestins de Paris. On commande pour le
monument destin son cur un pidestal triangulaire en marbre blanc, sculpt par Jean Leroux, portant une
colonne galement en marbre blanc. Le monument est conu par Primatice, et sculpt par Jean Leroux et Ponce
Jacquiot entre 1562 et 1570. Au sommet de la colonne, une urne en bronze (surmonte d'un enfant portant une
couronne) renfermait le cur du roi. Elle fut envoye la fonte en 1792. Alexandre Lenoir rcupra la colonne, qu'il
installa au Muse des Monuments Franais, avant qu'elle ne soit dplace Saint-Denis en 1817. Elle y est toujours
conserve.
Postrit
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Franois II eut un rgne bref, montant sur le trne en pleine adolescence et donc sans exprience, alors que son
poque tait en proie aux troubles religieux. Les historiens s'accordent sur le fait que Franois II tait fragile tant
physiquement que psychologiquement et que sa frle constitution eut raison de sa sant[rf.ncessaire]. Il subsiste aussi
une controverse pour savoir si son mariage avait t consomm ou non, sujet sur lequel un chroniqueur partisan
dclara, en parlant du roi : Il a les parties gnitales constipes .
Il n'apparat, aujourd'hui, au regard du septime art, que comme le simple poux de Marie Stuart. Les films ne le font
que rapidement apparatre en prologue de la biographie de la fameuse reine d'cosse.
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Franois II de France
Titulature complte
Notes et rfrences
[1] http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php?title=Fran%C3%A7ois_II_de_France& action=edit& section=0
[2] Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598, Robert Laffont, coll. Bouquins , 1998, p. 52-53 et 1067.
[3] Voir Lucien Romier, La Conjuration d'Amboise. L'aurore sanglante de la libert de conscience, le rgne et la mort de Franois II, Paris,
Librairie acadmique Perrin et Cie, p. 1 et 3, et, Jean-Hippolyte Marijol, Catherine de Mdicis, Hachette, 1920. Rdition : Tallandier, 1979,
p. 94-95.
[4] Lettres du cardinal Charles de Lorraine (1524-1574), s.d. Daniel Cuisiat, Genve : Droz, coll. Travaux Humanisme Renaissance , 1998, p.
14
[5] Lucien Romier, La Conjuration d'Amboise..., op. cit., p. 2-3.
La tradition historiographique a trs longtemps forc la brutalit de l'viction du conntable. Mme si ce ne fut pas sans de grosses
frustrations, le changement de pouvoir s'est droul sans confrontations, ni reprsailles. Anne de Montmorency reste associ au pouvoir. Ds
le lendemain de la mort du roi, il est prsent au conseil ; il est galement prsent la crmonie du sacre ; plus tard, il soutient la rpression de
la conjuration d'Amboise (en se rendant notamment au parlement de Paris pour lui communiquer les mesures prises par le roi) ; et ds le mois
de juillet 1560, il rintgre la cour et le conseil du roi - avec une influence videmment moindre que sous Henri II
[6] Lettres du cardinal Charles..., op. cit., p. 2, note 22 et Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire..., op. cit., p. 53.
[7] Les Guise sont originaires de Lorraine. Leur pre Claude de Guise est le fils de Ren II duc de Lorraine. Il a t naturalis franais par le roi
Franois , son compagnon d'armes.
[8] Sur la faveur des Guise voir Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire..., op. cit., p. 53.
[9] Lucien Romier, La Conjuration d'Amboise..., op. cit., p. 6.
[10] Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire..., op. cit., p. 62-63.
[11] Lucien Romier, La conjuration..., op. cit., p. 86-87.
[12] Lucien Romier, La conjuration..., op. cit., p. 165.
[13] Il y a lieu de penser que les Guise n'taient pas tout fait d'accord entre eux sur le degr de culpabilit du prince. Le roi et la reine-mre
semblaient convaincus de sa mauvaise foi. Le cardinal de Lorraine optait pour la svrit. Mais le duc de Guise, homme d'honneur, semblait
vouloir mnager un homme au ct duquel il s'tait battu pendant les guerres d'Italie. La cour lana des recherches actives de preuves crites.
Les affaires du prince furent mme fouilles pendant son absence. En vain. Lucien Romier, La Conjuration d'Amboise. L'aurore sanglante de
la libert de conscience, le rgne et la mort de Franois II, Paris, Librairie acadmique Perrin et Cie, p. 121-122.
[14] La reine Marie Stuart elle-mme semble avoir reproch son oncle le cardinal de Lorraine sa politique de rigueur. Sur laffaiblissement et le
recul des Guise face au parti modrateur, voir Lucien Romier, La conjuration..., op. cit., p. 143-144.
[15] Le rglement du 16 mars et la circulaire du 31 mars confirment et prcisent les dispositions de l'dit d'Amboise du 8 mars : amnistie des
protestants, libration des prisonniers, autorisation du droit de requte. Lucien Romier, La conjuration..., op. cit., p. 167-170.
[16] L'dit de Romorantin fait la distinction entre protestants et agitateurs. Il a l'ambigit de durcir la rpression contre les troublions, les
manifestations collectives et les activits de propagande mais laisse le jugement des hrtiques aux tribunaux ecclsiastiques. C'tait mettre
un terme juridique la perscution des protestants. Seule la justice royale pouvait mettre des condamnations. Lucien Romier, La
conjuration..., op. cit., p. 179.
[17] Arlette Jouanna, La France..., op. cit., 354-357.
[18] Lucien Romier, La conjuration..., op. cit., p. 256-257.
[19] La conjuration dAmboise est lorigine des premires amorces de rapprochement entre les Guise et le conntable qui aboutiront, un an plus
tard, la formation du fameux triumvirat. Sur cette alliance voir Lucien Romier, La conjuration..., op. cit., p. 135.
[20] Lucien Romier, La conjuration..., op. cit., p. 256-261.
[21] Les troubles venaient des assembles clandestines que les communauts protestantes, dans leur essor, tenaient en dpit de leur interdiction.
Les officiers de justice interviennent pour les faire disperser et emprisonner les meneurs, mais face au nombre croissant des participants qui
dpassent parfois le millier, les officiers manquent de moyens. Certains d'entre eux sont mme gagns la nouvelle religion et laissent faire.
[22] Par opposition l'iconoclasme isol et individuel qui prvalait auparavant, l'iconoclasme de masse se caractrise par un pillage et une
destruction systmatiques des difices religieux par une foule arme. Olivier Christin, Une rvolution symbolique : l'iconoclasme huguenot et
la reconstruction catholique, Paris, ditions de Minuit, 1991, p. 68.
[23] A Montpellier et Nmes, les autorits urbaines acquises la nouvelle religion laissent les protestants exercer leur culte publiquement. A
Montauban, elles refusent douvrir les portes de la ville aux magistrats du parlement de Toulouse venus enquter sur les meutes qui ont
entran la libration dun important prisonnier. Voir Histoire gnrale de Languedoc, tome LIV, 1889, p. et Alphonse de Ruble, Antoine de
Bourbon et Jeanne d'Albret, suite de Le mariage de Jeanne d'Albret, Tome second (http:/ / www. archive. org/ stream/
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Franois II de France
antoinedebourbon02rubluoft#page/ n7/ mode/ 2up), Paris, Adolphe Labitte, 1881-1886, p. 244.
[24] La raction du roi et des Guise intervient surtout aprs le 29 aot, aprs l'arrestation de La Sague, agent du prince de Cond et porteur de
documents faisant tant d'une vaste conjuration. Seuls le duc de Guise et le conntable sont appels rester auprs du roi pour le conseiller.
Voir Lucien Romier, La conjuration..., op. cit., p. 233-234.
[25] La raction en France et ltranger fut quasi unanime entre stupfaction et atterrement devant ce que tous considraient comme une
vritable soumission lEspagne. Mais pour lhistorien, Ivan Cloulas, outre linstallation dune paix durable en Europe, le trait ne marquait
pas un amoindrissement de la France mais un repli stratgique qui la rendait moins vulnrable . La France ntait plus en mesure de conserver
ses conqutes. Ivan Cloulas, Henri II, Fayard, 1985, p. 572-573. Voir galement Lucien Romier, Les origines politiques des guerres de
religion, volume II, Genve, Slatkine-Megariotis reprints, 1974, p. 345.
[26] A lavnement des Guise, de nombreux franais et de leurs allis espraient que lvacuation par les troupes franaises des territoires encore
rendre serait retarde, sinon limite. Cest le cas des habitants de la Rpublique de Montalcino qui ne voulaient pas retourner sous le joug des
Florentins. Les Guise staient opposs la paix et la restitution des places sous Henri II. Certains avaient pens tort quils allaient
poursuivre dans cette ligne. Lucien Romier, op. cit., p. 424-429 et 437.
[27] Alphonse de Ruble, Le trait de Cateau-Cambrsis (2 et 3 avril 1559) (http:/ / www. archive. org/ stream/ letraitdecateau01rublgoog#page/
n7/ mode/ 2up), Paris, ditions Labitte & mile-Paul, 1889, p. 34-52 et Lucien Romier, op. cit., p. 436-437 et Charles Marchand, ,Charles Ier
de Coss, comte de Brissac et marchal de France, 1507-1563, Paris, E. Champion, 1889, p. 457.
[28] Si la Savoie et le Pimont furent restitus au duc de Savoie Emmanuel-Philibert, le marquisat de Montferrat fut restitu Guillaume de
Gonzague. Tous les deux taient des allis de lEspagne. Enfin, la place de Valenza que Brissac rechignait restituer, devait revenir au
Milanais espagnol.
[29] Les troupes franaises avait soutenu la rpublique de Sienne dans sa lutte contre le duc de Florence. Quand le 21 avril 1555, Sienne fut
livre lennemi espagnol, la garnison franaise (commande par Blaise de Monluc) et la plupart de ses habitants sortirent de la ville et se
rfugirent dans la petite place de Montalcino (situe 40 km plus au sud de Sienne). Ils y fondrent une rpublique libre qui dura quatre ans.
En 1559, le trait du Cateau-Cambrsis obligeait le roi de France abandonner ses allis siennois. Lorsque les troupes franaises vacurent
Montalcino au cours du mois de juillet 1559, ses habitants, rsigns, firent leur soumission leurs ennemis florentins. Lucien Romier, op. cit.,
p. 424-429 et Alphonse de Ruble, op. cit., p. 60.
[30] Henri II stait engag lors du trait du Cateau-Cambrsis restituer lle (que la France occupait depuis 1553) la Rpublique de Gnes. Les
Corses se dsolrent de perdre lappui militaire de la France, mais ils ne purent empcher les troupes franaises dvacuer lle durant
lautomne. Ils tentrent alors de contrer le retour de leurs ennemis gnois au moyen de la gurilla. Alphonse de Ruble, op. cit., p. 63-69.
[31] Il sagit des villes de Saint-Quentin, Le Catelet, Ham et Throuanne. Elles furent restitues en janvier 1560 alors que les places de
Thionville, Yvoi, Mariembourg, Damvillers et Montmedy avaient t restitues par la France lEspagne ds le mois de juin 1559. Alphonse
de Ruble, op. cit., p. 215-223 et Ch. Rahlenbeck, Metz et Thionville sous Charles-Quint, Paris, Sandoz et Fischbaker, 1881, p. 343-345.
[32] Ivan Cloulas, Henri II, Fayard, 1985, p. 579 et Alphonse de Ruble, op. cit. p. 203-204 (que ne fait que reprendre en synthtisant Ivan
Cloulas).
[33] Mfiante et rancunire lgard de la France, lEspagne se montrait beaucoup plus svre dans le traitement des prisonniers. Alors que la
France avait libr ds octobre 1559 Marseille environ mille prisonniers, lEspagne prfrait conserver ses prisonniers franais sur ses
galres le temps dune campagne contre les barbaresques Tripoli. Ivan Cloulas, Henri II, Fayard, 1985, p. 579-581 et Alphonse de Ruble, op.
cit., p. 214 (remarque identique la prcdente note). Voir galement Ngociations, lettres et pices diverses relatives au rgne de Franois
II, tires du portefeuille de Sbastien de l'Aubespine, vque de Limoges, Paris Louis, Paris, imprimerie royale, Collection de documents
indits sur lhistoire de France , 1841, p. 67-68, p. 132-136, p. 243-257, p. 506.
[34] Michel Duchein, Histoire de lcosse, Fayard, 1998, p. 207.
[35] Pour un rcit des vnements, voir en document source, Jacques-Auguste de Thou, Histoire universelle, tome second, La Haye, 1742 p.
742-746.
[36] Michel Duchein, Elisabeth Ire, Fayard, 1985, p. 576-579-581.
[37] De plus, les Guises prenaient srieusement en compte l'ventualit d'un dbarquement anglais sur le sol franais. Dans sa crainte, le
gouvernement franais prfraient garder ses troupes en France. Lucien Romier, La conjuration d'Amboise..., op. cit., p. 93-95. Voir
galement Alphonse de Ruble, Le trait du..., op. cit., p. 149
[38] Michel Duchein, Histoire de l'cosse, Paris, Fayard, 1998, p. 80.
218
Franois II de France
Annexes
Sources
Marie-Thrse de Martel, Catalogue des actes de Franois II, 15591560. Paris : CNRS, 1991. 2 vol.
Ngociations, lettres et pices diverses relatives au rgne de Franois II, tires du portefeuille de Sbastien de
L'Aubespine, vque de Limoges. Paris : Louis ; Paris : Imprimerie royale, 1841 (Collection de documents indits
sur lhistoire de France).
Bibliographie
Notices dautorit : Systme universitaire de documentation (http://www.idref.fr/034531653) Bibliothque
nationale de France (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12351125v) Fichier dautorit international virtuel
(http://viaf.org/viaf/54222814) Bibliothque du Congrs (http://id.loc.gov/authorities/names/
n91031186) Gemeinsame Normdatei (http://d-nb.info/gnd/119077647) WorldCat (http://www.worldcat.
org/identities/lccn-n-91-031186)
Charles-Hippolyte Paillard, Additions critiques l'histoire de la conjuration d'Amboise (http://gallica.bnf.fr/
ark:/12148/bpt6k18104r/f65.table), in Revue historique, cinquime anne, tome XIV, septembre-dcembre
1880, Paris, Librairie Germer Baillire et Cie.
Henri Naef, La Conjuration d'Amboise et Genve, in Mmoires et documents publis par la Socit d'histoire et
d'archologie de Genve, 32 (2e sr., 22), 1922.
Lucien Romier, La Conjuration d'Amboise. L'aurore sanglante de la libert de conscience, le rgne et la mort de
Franois II, Paris, Librairie acadmique Perrin et Cie, 1923. 292 p.
Louis-Raymond Lefvre, Les Franais pendant les guerres de religion. Le Tumulte d'Amboise, Paris, Gallimard,
NRF, 1949. 256 p.
Corrado Vivanti, La congiura d'Amboise in Complots et conjurations dans l'Europe moderne, Publications de
l'cole franaise de Rome, 1996, p.439-450. ISBN 2-7283-0362-2
Elizabeth A. R. Brown, La Renaudie se venge : l'autre face de la conjuration d'Amboise in Complots et
conjurations dans l'Europe moderne, Publications de l'cole franaise de Rome, 1996, p.451-474. ISBN
2-7283-0362-2
Arlette Jouanna, Le thme polmique du complot contre la noblesse lors des prises d'armes nobiliaires sous les
derniers Valois in Complots et conjurations dans l'Europe moderne, Publications de l'cole franaise de Rome,
1996, p.475-490. ISBN 2-7283-0362-2
Eric Durot, Franois de Lorraine, duc de Guise entre Dieu et le Roi, Paris, Classiques Garnier, 2012 (chapitres IX
XI).
219
Charles IX de France
220
Charles IX de France
Charles IX
Charles IX de France, d'aprs Franois Clouet, huile sur bois, Versailles, Muse national du chteau.
Titre
Roi de France
5dcembre1560 30mai1574
13ans, 5 mois et 25jours
Couronnement
Rgent
Prdcesseur
Successeur
5mai1561,
en la cathdrale de Reims
Catherine de Mdicis (1560-1563)
Franois II
Henri III
Duc d'Orlans
Prdcesseur
Louis de France
Successeur
Henri de France
Biographie
Dynastie
Valois Angoulme
Date de naissance
27juin1550
Lieu de naissance
Saint-Germain-en-Laye (France)
Date de dcs
30mai1574 ( 23ans)
Lieu de dcs
Vincennes (France)
Pre
Henri II de France
Mre
Catherine de Mdicis
Conjoint
lisabeth d'Autriche
Enfants
Marie-lisabeth de France
Hritier
Rsidence
Chteau de Blois
Chteau de Fontainebleau
Chteau de Saint-Germain-en-Laye
Chteau de Madrid
Charles IX de France
221
Rois de France
modifier
[1]
Biographie
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
N Charles-Maximilien de France, il est le troisime fils et le cinquime des dix enfants d'Henri II et de Catherine de
Mdicis. D'abord nomm duc d'Angoulme, il est nomm duc d'Orlans (1550 1560), aprs la mort de son frre
Louis. Il est baptis dans la religion catholique et reoit pour parrains le roi Henri II de Navarre et Maximilien II,
empereur du Saint-empire romain germanique et pour marraine la duchesse de Guise, Anne d'Este, une cousine de
son pre.
Il accde au trne de France aprs la mort prmature de son frre Franois II. Il est alors g de dix ans. La rgence
est confie sa mre jusqu' sa majorit. Charles est sacr roi de France dans la cathdrale de Reims le 5mai1561.
Il prside du 13 dcembre 1560 au 31janvier1561, les tats gnraux rassembls Orlans. Le premier prince du
sang Antoine de Bourbon est nomm lieutenant gnral du royaume.
Charles IX de France
le pouvoir en son nom.
La paix dAmboise
Ldit de pacification dAmboise ne satisfait personne, et a du mal tre appliqu : il interdit le culte rform dans
les villes, alors que les protestants sont majoritaires dans de nombreuses places importantes, et sont matres de
plusieurs provinces.
En mars 1564, dbute un grand tour de France organis par la reine-mre, pour montrer le roi ses sujets et faire
connatre son royaume au roi. Il permet aussi de pacifier le royaume. Litinraire passe par les villes les plus agites
du royaume : Sens, Troyes en Champagne.
Le cortge sort de France le 30 avril 1564 pour se rendre Bar-le-Duc o il sjourne du premier au 9 mai. Charles III
duc de Lorraine, et son pouse Claude sur du roi de France, y font baptiser leur fils Henri g de 6 mois. Charles
IX et Philippe II roi d'Espagne, tous deux oncles maternels de l'enfant, sont les parrains du jeune prince. Le roi
d'Espagne se fait reprsenter par le comte de Mansfeld, seigneur de Ligny et gouverneur du Luxembourg. Catherine
de Mdicis, bien que conforte d'avoir runi son fils Charles avec sa fille prfre Claude manque son rendez-vous
avec sa fille ane la reine d'Espagne Elisabeth.
Ensuite le cortge royal se rend dans le comt de Ligny en Barrois sur les confins Lorrains, puis Dijon le 19 mai,
Mcon ville stratgique sur la Sane, et la valle du Rhne : Roussillon, Valence, Montlimar, Avignon dans les
tats pontificaux.
C'est dans le chteau Renaissance de Roussillon (Isre) que Charles IX signe l'dit de Roussillon dont un article
instaure le 1er janvier comme le premier jour de l'anne dans tout le royaume de France, article l'origine de la
tradition du poisson davril[rf.ncessaire][2].
Aprs une halte de trois semaines, le tour de France continue vers Salon-de-Provence - o la reine-mre retrouve
son astrologue Nostradamus - puis Aix-en-Provence, sige du parlement de Provence. La suite royale arrive Hyres
pour la Toussaint 1564, passe ensuite par Toulon et Marseille, o le peuple laccueille en faisant la fte, et quitte la
Provence pacifie.
Dans le Languedoc, le jeune roi passe Montpellier, Narbonne, Toulouse. Dans les villes protestantes de Gascogne,
il est accueilli respectueusement, sans plus. Montauban, o lentre se fait le 20mars1565, il faut ngocier le
dsarmement de la ville, qui avait rsist trois siges de Monluc. Toulouse et Bordeaux sont plus tranquilles, tant
aux mains des catholiques.
Le grand tour fait une excursion Bayonne (14 juin) par Mont-de-Marsan ; la reine-mre s'y trouve pour deux
raisons : revoir la reine d'Espagne, sa fille Elisabeth pouse du roi Philippe II et ngocier un trait avec lEspagne,
qui choue.
En juillet, la Gascogne est nouveau traverse, puis en aot et septembre, la valle de la Charente. Dans ces rgions
forte minorit protestante, la paix est extrmement fragile, et les protestants appliquent non sans rticences ldit
d'Amboise. Cependant, partout, le plus grand loyalisme est tmoign au roi. Les seules anicroches sont La Rochelle
(dernire entre d'un roi de France avant 1627) o les protestants se montrent mcontents, et Orlans, o le convoi
est accueilli par une meute[3].
En 1566, le roi s'arrte enfin Moulins, o sont dcides plusieurs rformes. Sur la proposition du chancelier Michel
de L'Hospital, l'dit de Moulins rgle les successions et dclare le domaine royal inalinable.
222
Charles IX de France
223
La paix de Saint-Germain
Charles IX se rapproche diplomatiquement de l'Angleterre et du Saint Empire germanique. Certains verraient bien le
roi de France ceindre un jour la couronne impriale. Charles IX pouse Mzires le 27 novembre 1570 lisabeth
d'Autriche (1554-1592), fille de Maximilien II (1527-1576), empereur romain germanique, et de Marie d'Espagne
(1528-1603), infante d'Espagne. En mars 1571, la reine et le roi font leur entre Paris. Les plus grands artistes
franais ont contribu l'laboration du dcor et du programme du cortge. Pour l'occasion, Ronsard crit :
Heureux le sicle, heureuse la journe
O des Germains le sang trs ancien
S'est reml avec le sang troyen
Par le bienfait d'un heureux hymne
Selon Pierre Gaxotte, un tableau reprsentant un tranger foulant une prairie de safran et de camomille tait dress
la porte Saint-Denis, accompagn dun dicton : la France, plus invincible en adversit quen prosprit.
Charles IX de France
224
Le massacre de la Saint-Barthlemy
Le mariage de la sur du roi, Marguerite, avec un jeune prince protestant, le roi de Navarre, futur Henri IV, semble
tre le gage d'une rconciliation durable ; mais le 22 aot 1572, quelques jours aprs le mariage, a lieu un attentat
contre le chef du parti des huguenots, Gaspard II de Coligny. Craignant un soulvement, Charles IX dcide sur les
avis de sa mre Catherine de Mdicis et de ses conseillers, l'limination des chefs protestants, l'exception de
quelques-uns parmi lesquels les princes du sang Henri de Navarre (futur Henri IV) et le prince de Cond.
Cette dcision dclenche le massacre de la Saint-Barthlemy (24aot1572), qui fait des milliers de morts Paris et
dans plusieurs grandes villes de France. Dtermin maintenir l'ordre, le roi ordonna l'arrt des massacres ds le
matin du 24 aot, mais ses multiples appels au calme furent trs souvent transgresss[4].
Ce massacre marque un tournant dans le rgne de Charles IX.
L'abandon de l'dit de Saint-Germain et les exactions commises
par l'entourage royal lui font dfinitivement perdre la confiance
des protestants. Aprs les vnements, la monarchie entend venir
bout du protestantisme. La guerre reprend et dbouche sur le sige
de La Rochelle.
cause de son caractre inattendu et droutant, le massacre de la
Saint-Barthlemy a depuis toujours fait l'objet de dbats[5]. Il
s'agissait pour les historiens de dterminer la responsabilit du roi.
Il a longtemps t cru que le massacre avait t prpar et
provoqu par la monarchie. Ds le XVIIe sicle, Charles IX est
peru comme un roi fanatique encourageant lui-mme les
meurtriers, les pamphltaires et les romanciers poussant
l'exagration dire qu'il tira lui-mme l'arquebuse sur les
protestants depuis un balcon du Louvre qu'on a appel par la suite
balcon de Charles IX [6].
Fin de vie
Charles IX de France
225
Titre complet
Roi de France (1560-1574)
Duc d'Orlans (1550-1560)
Annexes
Personnalits du rgne de Charles IX (1560 - 1574)
La famille :
Catherine de Mdicis
Elisabeth de France
Henri, duc d'Anjou
Franois, duc d'Alenon
Marguerite de France
Claude de France
Diane de France
Rene de France
Elisabeth d'Autriche
Antoine de Bourbon
Jeanne, reine de Navarre
Louis, prince de Cond
Louis, duc de Montpensier
Charles, prince de La Roche-sur-Yon
Charles, cardinal de Bourbon
Henri de Navarre
Les Grands :
Jean de Morvillier
Paul de Foix
Ren de Birague
Albert de Gondi
Franois de Scpeaux
Nicolas de Bauffremont
Jacques Amyot
Jacques Cujas
Franois de Belleforest
Pierre de Ronsard
Antoine Caron
Nicol dell'Abbate
Franois Clouet
Germain Pilon
Girolamo della Robbia
Charles Dumoulin
Blaise de Monluc
Armand de Biron
Gabriel de Montgomery
Jacques de Crussol
Franois, baron des Adrets
Ambroise Par
Ascendance
Bibliographie
Lucien Romier, Catholiques et huguenots la cour de Charles IX. Les tats gnraux d'Orlans, le colloque de
Poissy, le Concordat avec les protestants, le massacre de Vassy (1560-1562), Paris, Librairie acadmique
Perrin et Cie, 1924. 356 p.
Pierre Champion, Charles IX, la France et le contrle de l'Espagne. Tome I : Avant la Saint-Barthlemy, Paris,
ditions Bernard Grasset, 1939. 428 p.
Pierre Champion, Charles IX, la France et le contrle de l'Espagne. Tome II : Aprs la Saint-Barthlemy, Paris,
ditions Bernard Grasset, 1939. 432 p.
Michel Simonin, Charles IX, Paris, Fayard, 1995. 524 p.
Denis Crouzet, Charles IX ou le roi sanglant malgr lui ? in Bulletin - Socit de l'histoire du protestantisme
franais, 1995, vol. 141, p.323-339
Sur le tour de France de 1564-1566 :
Victor E. Graham and W. McAllister Johnson, The royal tour of France by Charles IX and Catherine de Medici :
festivals and entries, 1564-6, Toronto, 1979. [recueil de toutes les sources imprimes du temps (dont le fameux
journal d'Abel Jouan) et de quelques sources manuscrites, avec une abondante iconographie]
Jean Boutier, Alain Dewerpe, Daniel Nordman, Un tour de France royal. Le voyage de Charles IX (1564-1566),
Paris, Aubier, 1984. [prsente des analyses croises sur les plans gographique, politique, rituel et sociologique]
Charles IX de France
Pierre Champion, Catherine de Mdicis prsente Charles IX son royaume, 1564-1566, Paris, ditions Bernard
Grasset, 1937, 494 p. [sur les aspects diplomatiques et politiques essentiellement]
Dans la littrature
La Reine Margot, roman d'Alexandre Dumas, 1845
Charly 9, roman de Jean Teul, 2011
Notes et rfrences
[1]
[2]
[3]
[4]
[5]
[6]
Source partielle
Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Charles IX de France dans Dictionnaire universel dhistoire et
de gographie, 1878 (Wikisource)
Liens externes
Charles IX de France (http:/ / commons. wikimedia. org/ wiki/ Category:Charles_IX_of_France?uselang=fr) sur
Commons
Iconographie de Charles IX (http://derniersvalois.canalblog.com/archives/charles_ix/index.html)
Hector de la Ferrire, Les dernires conspirations du rgne de Charles IX (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
bpt6k16967c.image.f421.tableDesMatieres), in Revue des questions historiques, juillet 1890.
226
227
Portrait d'Henri III de France, huile sur bois, chteau de Versailles, aprs 1578
Titre
Roi de France
30mai1574 2aot1589
(15ans, 2 mois et 2jours)
Couronnement
Prdcesseur
Successeur
13fvrier1575,
en la cathdrale de Reims
Charles IX
Henri IV
Sigismond II
tienne Ier
Biographie
Dynastie
Maison de Valois
Nom de naissance
Date de naissance
19septembre1551
Lieu de naissance
Fontainebleau (France)
Date de dcs
2aot1589 ( 37ans)
Lieu de dcs
Saint-Cloud (France)
Pre
Henri II
Mre
Catherine de Mdicis
Conjoint
Louise de Lorraine-Vaudmont
228
Hritier
Rsidence
Franois de France
(1574-1584)
Henri de Bourbon
(1584-1585)
Charles de Bourbon
(1585-1588)
Henri de Bourbon
(1589)
Palais du Louvre
Monarques de Pologne
Monarques de Lituanie
Monarques de France
modifier
[1]
Henri III (19septembre1551 Fontainebleau - 2aot1589 Saint-Cloud) fut roi de Pologne de 1573 1575 puis
roi de France de 1574 1589.
Il est le quatrime fils d'Henri II, roi de France, et de Catherine de Mdicis. Il est, dans un premier temps, baptis
sous le prnom d'Alexandre-douard, et titr duc d'Angoulme, avec pour parrains le roi douard VI d'Angleterre
et Antoine de Bourbon, duc de Vendme, futur roi de Navarre, et pour marraine l'pouse de ce dernier, Jeanne
d'Albret, princesse de Viane, future Jeanne III de Navarre. En 1560, l'avnement de son frre Charles IX, il devient
duc d'Orlans. Il prend lors de sa confirmation Toulouse, le 17mars1565, le prnom de son pre : Henri[2]. Le 8
fvrier 1566, il devient duc d'Anjou.
Le 11mai1573[3], il est lu roi de Pologne sous le nom d'Henryk Walezy (en polonais, Henri de Valois). Il rgne sur
la Pologne et devient Grand-duc de Lituanie 11mai1573 au 12mai1575. Le 30mai1574, son frre Charles IX
tant mort, il quitte la Pologne en catimini pour le trne de France. Il est sacr Reims le 13fvrier1575 sous le
nom d'Henri III et le 15 fvrier il pouse Louise de Lorraine.
En montant sur le trne de France, Henri III a hrit de son frre un royaume divis o son autorit n'est que
partiellement reconnue. Son rgne est marqu par de srieux problmes religieux, politiques et conomiques. Quatre
guerres de religion se droulent sous son rgne. Henri III doit faire face des partis politiques et religieux soutenus
par des puissances trangres, qui finissent par venir bout de son autorit, le parti des Malcontents, le parti des
protestants et pour finir celui de la Ligue qui parvient le faire assassiner. Il meurt Saint-Cloud le 2aot1589
aprs avoir t poignard par le moine Jacques Clment.
Son emblme est constitu de trois couronnes symbolisant les royaumes de France et de Pologne ainsi qu'une devise
qui explique la troisime couronne : Manet ultima caelo , La dernire se trouve au ciel.
229
Biographie
Article dtaill : Arbre gnalogique des Valois.
Jeunesse
Jusqu' la mort de son pre, Henri grandit avec ses frres et
surs aux chteaux de Blois et d'Amboise. Au sortir de la
petite enfance, il est confi deux prcepteurs connus pour
leur humanisme, Jacques Amyot et Franois de Carnavalet.
C'est auprs d'eux qu'il apprend aimer les lettres et les
discussions intellectuelles.
Il exerce trs tt son rle de prince royal. 9 ans, il sige
ct de son frre le roi Charles IX aux tats gnraux de
1560. Il l'accompagne ensuite dans son grand tour de France
et en 1565, l'ge de quatorze ans, il est charg, l'occasion
de l'entrevue de Bayonne d'aller en Espagne chercher sa
sur la reine Elisabeth.
La priode polono-lituanienne
La reine Catherine avait envoy l'vque de Valence, Jean de Monluc, en ambassade extraordinaire pour soutenir
devant la Dite la candidature de son fils au trne polonais, lors des lections libres de 1573. Grce son talent de
diplomate, Montluc russit la convaincre et Henri est lu roi de la Rzeczpospolita de Pologne-Lituanie sous le nom
d'Henri de Valois (Henryk Walezy). Le 19 aot 1573, une grande dlgation polonaise compose de 10
ambassadeurs et 250 gentilshommes est envoye en France pour aller le chercher. Le nouveau roi fut oblig de
signer la premire Pacta Conventa et Les Articles du Roi Henry ("Artykuy Henrykowskie"), que tous les souverains
polono-lituaniens de lavenir auront respecter. Selon ces documents Henri devait arrter les perscutions contre les
protestants en France et estimer la tolrance religieuse en Pologne conforme avec la Confdration de Varsovie
(Konfederacja Warszawska, 1573). Henri, n'tant pas press de quitter la France, fit traner son dpart. Il dut
s'excuter devant les exigences du roi son frre, qui il fit ses adieux en dcembre 1573.
Parti de Fontainebleau, il arrive Cracovie le 18 fvrier 1574 aprs une traverse assez difficile des pays allemands.
Il est accompagn par une troupe nombreuse de gentilshommes de qualit : Albert de Gondi, Louis de Gonzague,
Charles de Mayenne, Franois d'O
Le 21 fvrier, le jeune prince de 23 ans est sacr roi, mais refuse d'pouser Anna Jagellon, sur de Sigismond II
Auguste, une femme quinquagnaire qu'il juge laide .
Il apprend par une lettre le 14 juin 1574 la mort de son frre Charles, et songe alors quitter la Pologne. Un roi de
Pologne n'a pas autant de pouvoir qu'un roi de France et Henri regrette la cour de France rpute dans toute l'Europe
pour ses ftes. Sans la permission de la dite polonaise, il s'chappe en catimini dans la nuit du 18 juin 1574 du
palais royal du Wawel.
Aprs un interrgne de dix-huit mois, la dite lira le souverain de la Transylvanie tienne Bathory nouveau roi de
Pologne (1575).
230
231
Retour en France
Henri arrive Vienne en Autriche, le 23 juin o il rencontre l'empereur Maximilien II.
La capitale autrichienne l'accueille avec
faste et il y dpense prs de 150000 cus. Il
atteint ensuite l'Italie et s'y arrte plus
longuement.
Henri III fuyant la Pologne, par Artur Grottger, 1860, Varsovie, muse national.
Le 13 fvrier 1575, Henri troisime du nom, est sacr dans la cathdrale de Reims par le cardinal de Guise. Lors du
sacre la couronne de sacre, plusieurs reprises, manque de tomber de la tte du nouveau souverain, et les clbrants
oublirent de faire jouer de Te Deum. Le 15 fvrier, il pouse Louise de Vaudmont-Nomny, princesse de Lorraine.
Il n'aura pas d'enfant de ce mariage d'amour[6].
232
Henri III
Portrait questre d'avnement (1574)
Le roi apparat sur un fond de ruines comme l'lu qui restaurera la France
Humili, Henri III ne cherche qu' reprendre sa revanche. Il doit tout d'abord runir la fin de l'anne les tats
gnraux Blois dans le but de combler les dficits budgtaires causs par la guerre. Sous la pression des dputs
catholiques, Henri III dcide de reprendre la guerre contre les protestants. Auparavant, il a pris soin de se rconcilier
avec son frre qui, combl de bienfaits, marche ses cts. Henri de Montmorency se rallie galement la cause
royale. Ainsi dbute la 6e guerre de religion dont le droulement aura lieu principalement en Languedoc. La ville de
Montpellier, prise par les protestants, voit sa citadelle rase par les troupes catholiques. Le 17 septembre 1577, la
paix de Bergerac est signe entre les belligrants et l'dit de Poitiers restreint quelque peu les liberts accordes aux
protestants dans l'dit prcdent.
233
de six ans.
Toujours sur les conseils de sa mre, Henri III soutient les ambitions du duc d'Alenon aux Pays-Bas, tout en le
dsavouant devant l'ambassadeur espagnol. Conscient des fragilits du pays, le roi ne veut pas se risquer un conflit
ouvert avec l'Espagne. Ses relations avec Philippe II d'Espagne sont alors au plus bas. En 1582, La France soutient
Antoine, prtendant au trne du Portugal, alors que Philippe II occupe le pays. Commande par Philippe Strozzi, la
flotte franaise est lourdement mise en chec la Bataille des Aores, permettant l'annexion de l'Empire portugais
par l'Espagne. Les Franais sont excuts sans piti et Strozzi trouve la mort.
La mme anne, les Franais chouent galement aux Pays-Bas avec la retraite dsastreuse de Franois d'Anjou.
Aprs la furie d'Anvers, le prince franais doit se retirer faute de moyens, ce qui amne les Espagnols reprendre le
contrle de la Flandre, qu'ils avaient perdu. Devant la monte en puissance de l'Espagne, Henri III resserre plus que
jamais l'alliance avec la reine d'Angleterre et reoit l'ordre de la Jarretire.
Sa faon de gouverner
Henri III est un chef d'tat qui aime prendre connaissance des affaires
du royaume et entend tre au courant de tout. Dans son conseil, il
s'entoure de juristes comptents, comme le comte de Cheverny, ou
Pomponne de Bellivre.
la cour, il aime promouvoir des hommes de noblesse moyenne, qui
il va donner de trs hautes responsabilits. Henri III veut s'appuyer sur
ces hommes neufs pour rgner. Sa cour voit donc apparatre des favoris
qui connaissent, grce au roi, une fortune fulgurante et qu'on va appeler
vulgairement les mignons. Le roi a l'intention d'avoir autour de lui des
hommes qui lui sont compltement dvous. Pour concrtiser ce projet,
il cre, en 1578, l'Ordre du Saint-Esprit, un ordre de chevalerie trs
prestigieux qui rassemble autour de la personne royale, les
gentilshommes les plus distingus de la haute socit.
Le roi aime impressionner ses sujets et organise des ftes somptueuses,
comme celles donnes en l'honneur du duc de Joyeuse en 1581. cette
occasion, on donne la cour le somptueux Ballet comique de la reine.
234
Le roi donne galement d'importantes sommes d'argent, en rcompense, aux serviteurs les plus zls. Toutes ces
dpenses, fortement critiques ne manquent pas d'approfondir la dette du royaume, mais, pour le roi, qui n'hsite pas
emprunter d'importantes sommes au Grand Prvt Richelieu (pre du cardinal de Richelieu) ou au financier
Scipion Sardini, la restauration de la puissance royale demeure la priorit.
Par ailleurs, Henri III organise plusieurs rformes importantes, notamment des rformes montaires devant rgler les
problmes financiers du royaume. Il rend aussi l'tiquette de la cour plus stricte, prfigurant ainsi celle de Versailles
un sicle plus tard. Comme Louis XIV plus tard, il cherche mettre sa majest en valeur. C'est ainsi qu'apparaissent
les barrires qui empchent les courtisans de s'approcher de la table et du lit royal.
La Ligue
La paix relative qui s'est installe pendant quelques annes
dans le royaume est mine lorsque Franois, le frre du roi,
meurt de tuberculose en 1584 sans enfant. Henri III
lui-mme ne parvient pas en avoir. Enceinte au dbut de
son mariage, la reine Louise n'a eu que de faux espoirs. La
dynastie des Valois est donc condamne s'teindre. Selon
la loi salique, l'hritage de la couronne reviendrait la
maison de Bourbon dont le chef, protestant, est Henri, roi de
Navarre. Pour les catholiques, l'accession au trne d'un
huguenot est rdhibitoire; mme la rconciliation entre le
roi de France et le roi de Navarre est inacceptable.
Le duc de Guise, craignant l'arrive sur le trne d'Henri de
Navarre, signe avec l'Espagne un trait secret. Contre
50000 cus mensuels, le duc s'engage empcher Henri de
devenir roi de France et placer plutt le cardinal de
Bourbon, catholique, sur le trne.
Henri III
Portrait par Franois Quesnel (vers 1588)
Marqu par les malheurs de son temps, le roi adopte une vie
austre et consacre la prire
Mort
Le 1eraot 1589, Henri III, install Saint-Cloud dans l'attente du sige de Paris, est assassin sur sa chaise-perce
par Jacques Clment, moine dominicain ligueur. Alors que celui-ci vient de le poignarder, le roi s'exclame :
Mchant moine, tu m'as tu ! [11]. Aprs une lente et douloureuse agonie, il dcde au matin du 2 aot 1589. Son
cousin Henri de Navarre lui succde sous le nom d'Henri IV.
Henri III est le dernier souverain de la Maison captienne de Valois, laquelle rgna sur la France de 1328 1589.
235
236
Sa personnalit
Henri III est un homme de contrastes qui prsente plusieurs
facettes : celle d'un homme fier aux manires distingues et
solennelles, mais aussi celle d'un homme extravagant qui aime les
divertissements et ses plaisirs. Sa personnalit est complexe. Son
apparente douceur cache un esprit nerveux et inflexible.
Henri III est un homme lgant qui incarne la grce et la majest
d'un roi. Il apprcie la mode et ses extravagances (boucles
d'oreilles et fraise imposante). C'est aussi un homme d'une grande
douceur qui abhorre la violence et vite toute confrontation
belliqueuse. Il dlaisse les activits physiques, bien qu'il soit une
des plus fines lames du royaume. Son dgot de la chasse et des
activits guerrires, privilges des nobles, comme son got pour la
propret et l'hygine, lui valent des critiques acerbes de la part de
ses contemporains, dont beaucoup considrent que c'est un
comportement effmin.
duqu dans un milieu humaniste, le roi encourage le monde des lettres en soutenant financirement des crivains
(Desportes, Montaigne, Du Perron). Il s'adonne lui-mme la philosophie et malgr son hostilit aux protestants fait
venir l'imprimeur Estienne Paris.
Henri III est un roi plus apte s'affairer dans son cabinet avec ses ministres qu' guerroyer sur un champ de bataille.
Ce qui ne l'empcha point de faire plusieurs campagnes militaires et de rester ferme, donnant l'ordre d'excuter
coups de pistolet le prince de Cond Jarnac. C'est un homme trs intelligent, qui fait gnralement preuve de
mansutude vis--vis de ses adversaires et des villes rebelles qu'il reconquiert, recherchant des solutions
diplomatiques, ce qui lui vaut parfois quelques revers.
Henri III est un homme pieux, profondment catholique. Avec l'ge, sa pit se dveloppe. Les malheurs qui
l'accablent la fin de son rgne lui donnent parfois un got pour le macabre. Il s'adonne de manire ostentatoire aux
processions des pnitents. De nature nerveuse, le roi est un grand malade. Henri III croit que ses malheurs (dont
l'absence d'hritiers) et ceux de son royaume sont causs par ses pchs. Il passe donc son temps se mortifier dans
des monastres o, pendant quelques jours, il prend une retraite spirituelle.
237
Ses matresses
Les contemporains d'Henri III nous ont dcrit le roi
comme un homme aimant beaucoup les femmes. Si
celles-ci furent assez peu connues, c'est quHenri III ne
leur confra jamais le titre de matresse officielle.
Dans sa jeunesse, Henri III se fait remarquer par une
frquentation assidue des femmes, au point que sa
rputation et sa sant, en ptissent[13]. En 1582, un
ambassadeur italien disait : Le roi a aussi eu quelques
maladies pour avoir frquent dans sa jeunesse trop
familirement les femmes [14].
Ses matresses les plus clbres sont Louise de La
Braudire (de plus de vingt ans son ane), Mme
dEstres (mre de Gabrielle dEstres) et Rene de
Rieux, issues de la moyenne noblesse[15]. Il frquente
galement lors de son priple italien qui le ramne de
Henri III et Louise de Lorraine. Estampe populaire du XIXesicle
Pologne en juin 1574, Veronica Franco, une courtisane
vnitienne fort renomme l'poque. la mme date,
il entretient aussi une relation platonique avec la princesse de Cond, Marie de Clves, pour qui il prouva une
passion dmesure. Sa mort survenue brutalement le 30 octobre 1574 amena le roi prendre un deuil
particulirement ostensible qui tonna la cour.
Aprs son mariage avec Louise de Lorraine, les aventures dHenri III se firent plus discrtes. Par respect pour son
pouse quil aimait, il organisait ses rendez-vous avec les dames galantes, lcart du palais, dans des htels
particuliers parisiens. Fait exceptionnel, Henri III avait choisi Louise de Lorraine pour sa beaut et son esprit et non
pas pour des raisons politiques, comme ctait le cas pour la plupart des mariages royaux. Louise de Lorraine tenait
une place trs importante dans la vie sentimentale et spirituelle du roi. Un jour que Catherine de Mdicis entra dans
ses appartements sans se faire annoncer, elle la surprend en intimit sur les genoux de son mari[16]. Cette intimit
quasi-exceptionnelle du couple royal n'empche toutefois pas le roi de poursuivre ses aventures furtives avec une
multitude de jeunes filles belles et enjoues (mesdemoiselles dAssy, de La Mirandole, de Pont, de Stavay, ou encore
une des surs de Gabrielle dEstres[17]). Louise de Lorraine et Catherine de Mdicis, toutes les deux fort
pointilleuses sur la moralit la cour, avaient alors suffisamment dinfluence sur le roi pour faire chasser ces
matresses dun jour.
Ses favoris
Longtemps, l'image vhicule d'Henri III a t
indissociable de celle de ses favoris plus couramment
appels mignons[18], terme pourtant dj en vogue au
XVesicle[19]. Au XIXesicle, c'est un thme la
mode et plusieurs peintres et auteurs romantiques s'y
sont essays. Henri III est alors dcrit et reprsent
entour
d'phbes
effmins,
aux
costumes
excentriques et grotesques. Cette image caricaturale du
roi est encore trs rpandue.
cause des nombreux tmoignages sur le ct
entreprenant d'Henri III auprs des femmes,
l'homosexualit stricte du roi longtemps vhicule a t
remise en cause par quelques historiens[20]. Une source
importante qui voque des aventures masculines est
une source partisane, celle du diplomate savoyard
Lucinge. Cet ennemi de la France avait crit que le roi
a t initi aux amours masculines par Ren de
Villequier[21]. Les autres textes allusifs
Vision romantique de l'assassinat du duc de Guise, par Duprat,
l'homosexualit sont des pamphlets rdigs par des
peintre du XIXesicle. Cette scne rassemble divers lment qui ont
ligueurs radicaux, des calvinistes intransigeants ou
fait la "lgende rose" d'Henri III. Sur la droite, se trouvent deux
encore par des membres du parti des Malcontents dans
mignons rendus ridicules par leur attitude manire et leur costume
de couleur jaune et rose. L'artiste n'a pas omis de mettre entre les
l'entourage du frre du roi Franois d'Angoulme ayant
mains de l'un d'entre eux un bilboquet, qui donne au personnage un
[22]
perdu la faveur royale
qui promeut alors des
caractre frivole. La scne n'a rien d'historique, d'une part cause de
hommes nouveaux appartenant la noblesse seconde
la prsence de ces deux figures thtrales, pur produit de l'imagerie
[23] du royaume dans l'entourage du dernier Valois. Le
populaire, et d'autre part, par le mpris ici manifest au cadavre du
duc de Guise.
raffinement des costumes, les nouvelles pratiques de
cour, l'accs plus restreint au roi sont autant d'lments
qui irritent la haute-noblesse traditionnelle et remettent en cause le mode de gouvernementalit qui prvalait jusqu'au
milieu du XVIesicle selon lequel le roi gouvernait par conseil de sa noblesse. Les crivains comme L'Estoile ou
Brantme, pourtant connus pour leurs informations scabreuses n'accordent aucun crdit ces rumeurs et mettent en
exergue, quant eux, la passion du roi pour les femmes. D'Aubign et Ronsard, par contre, n'hsitent pas nombre de
fois dans des vers brocarder le roi sur le sujet :
Le roi comme lon dit, accole, baise et lche
De ses poupins mignons le teint frais, nuit et jour ;
Eux pour avoir argent, lui prtent tour tour
Leurs fessiers rebondis et endurent la brche. UNIQ-ref-0-13b3ed44f2248c2b-QINU
L'ambigut de l'image dHenri III trouve peut-tre galement son explication dans la propagande particulirement
violente, suscite contre lui par la Ligue. L'appel au soulvement a t accompagn dans les derniers mois de son
rgne, d'une violente vague de calomnies destines pervertir l'image du roi dans l'esprit des Franais. Le
changement de dynastie n'a pas vraiment permis d'tablir le portrait le plus impartial de ce roi attaqu et l'image
trouble d'Henri III a continu de se perptuer. En dpit des efforts de la reine Louise et de la duchesse d'Angoulme
pour obtenir un soutien en faveur du dfunt roi, ni Henri IV, trop soucieux de complaire aux Guise, ni l'glise
nexaminrent objectivement la vie prive de ce roi, ni ne cherchrent mme punir les coupables de son assassinat.
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Titre complet
Notes et rfrences
[1]
[2]
[3]
[4]
239
Annexes
Bibliographie
Sources imprimes
Lettres de Henri III, roi de France, recueillies par Pierre Champion, publies avec des complments, une
introduction et des notes pour la Socit de l'Histoire de France (Legs Pierre Champion) par Michel Franois.
Pierre Champion, La jeunesse d'Henri III, 2 tomes, Paris, Bernard Grasset, 1941-1942.
Pierre Champion, Henri III, roi de Pologne, Paris, Bernard Grasset, 1943-1951.
Philippe Erlanger, Henri III, Paris, Gallimard, 1948.
Pierre Chevallier, Henri III : roi shakespearien, Paris, Fayard, 1985.
Jean-Franois Solnon, Henri III : un dsir de majest, Perrin, 2001.
Michel Pernot, Henri III, le roi dcri, Paris, Editions de Fallois, 2013.
240
241
Sylvie Daubresse, Henri III au parlement de Paris : contribution l'histoire des lits de justice , in Bibliothque
de l'cole des chartes, no159-2, 2001, p.579-607, [ lire en ligne (http://www.persee.fr/articleAsPDF/
bec_0373-6237_2001_num_159_2_463077/article_bec_0373-6237_2001_num_159_2_463077.pdf)].
Nicolas Le Roux, La cour dans l'espace du palais. L'exemple de Henri III (http://cour-de-france.fr/
article266.html), in M. -F. Auzepy, J. Cornette (dir.), Palais et Pouvoir, de Constantinople Versailles,
Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 2003, p.229-267.
Nicolas Le Roux, Un Rgicide au nom de Dieu. L'assassinat d'Henri III, Paris, Gallimard, collection Les
journes qui ont fait la France , 2006. Lire un compte rendu (http://chs.revues.org/index72.html) de ce titre
dans la revue Crime, Histoire & Socits (http://chs.revues.org/), Vol. 12, no1.
Isabelle de Conihout, Jean-Franois Maillard et Guy Poirier (dir.), Henri III mcne des arts, des sciences et des
lettres, Paris, Presses de l'Universit Paris-Sorbonne (PUPS), 2006.
Pierre-Gilles Girault et Mathieu Mercier (dir.), Ftes & Crimes la Renaissance. La cour d'Henri III, Somogy
ditions d'art, 2010.
Isabelle Haquet, Lnigme Henri III. Ce que nous rvlent les images, Paris, Presses universitaires de Paris Ouest,
2011 (Prix de thse Paul Ricur 2011 de l'universit Paris Ouest Nanterre La Dfense).
Les proches :
Les financiers :
Louise de Lorraine
Catherine de Mdicis
Franois d'Anjou
Marguerite de France
Henri de Navarre
Charles de Valois
Diane de France
Charles III de Lorraine
Christine de Lorraine
Anne d'Este
Les Grands :
Jacques-Auguste de Thou
Guy Du Faur de Pibrac
Barnab Brisson
Achille de Harlay
Scipion Sardini
Sbastien Zamet
Giordano Bruno
Franois Vite
Pierre de Bourdeille dit Brantme
Pierre Matthieu
Michel de Montaigne
Pierre de L'Estoile
tienne Pasquier
Agostino Ramelli
Blaise de Vigenre
Jean Antoine de Baf
Eustache du Caurroy
Jean Bodin
Jacques Amyot
Philippe Desportes
Jean de la Barriere
Ren Benot
Les ennemis :
Opra
Emmanuel Chabrier, Le Roi malgr lui (1887), opra comique en trois actes, livret d'mile de Najac et Paul
Burani, d'aprs une pice d'Ancelot.
Cinma et tlvision
L'Assassinat du duc de Guise, film franais ralis en 1897.
L'Assassinat du duc de Guise (1908), film franais ralis par Andr Calmettes. Rle interprt par Charles Le
Bargy.
L'Assassinat d'Henri III (1912), film franais ralis par Henri Desfontaines.
La Reine Margot (1954), film franais ralis par Jean Drville. Rle interprt par Daniel Ceccaldi. Ceccaldi
incarne un prince outrageusement effmin et manir, dans la veine comique. galement dpeint comme un
comploteur brouillon ligu avec Henri de Navarre, le personnage du duc d'Anjou reprend ainsi des traits et
caractres propres Franois, duc d'Alenon (personnage absent de cette version cinmatographique mais tenant
un rle plus important que celui de son frre an dans le roman d'Alexandre Dumas).
Si Paris nous tait cont (film, 1955), film franais ralis par Sacha Guitry qui relate les grandes pages de
l'Histoire de France. Une scne est consacre l'assassinat du roi Henri III (interprt par Jean Weber) par le
moine Jacques Clment.
La Dame de Monsoreau (1971), feuilleton tlvis franais ralis par Yannick Andri. Rle interprt par Denis
Manuel. Dans cette adaptation du roman d'Alexandre Dumas, Manuel interprte un roi intelligent, conscient de
ses devoirs et soucieux de la dignit de sa charge bien que vellitaire et prompt au dcouragement face aux
cabales des Guises et de son frre cadet Franois, duc d'Alenon. Confront cette succession de complots et de
crises politiques, Henri III prfre se reposer entirement sur son bouffon et confident Chicot ainsi que sur sa
mre, Catherine de Mdicis. Quant aux supposes tendances homosexuelles et possessives du roi vis--vis de ses
mignons, elles sont illustres par une scne o il surprend les poux Saint-Luc au lit, ce qui vaut sa disgrce
Franois d'Espinay. Ce dernier se rfugie en Anjou dont le gouverneur, Louis de Bussy d'Amboise (Nicolas
Silberg) se moque du souverain en voquant le choc occasionn par cette liaison htrosexuelle.
La Reine Margot (1994), film franais ralis par Patrice Chreau. Rle interprt par Pascal Greggory.
Elizabeth (1998), film britannique ralis par Shekhar Kapur. Rle interprt par Vincent Cassel. Alors duc
d'Anjou, Henri est l'un des prtendants la main de la reine d'Angleterre (Cate Blanchett). Cependant, l'oppos
du viril duc de Foix (personnage interprt significativement par ric Cantona), le prince Valois n'est qu'un
personnage manir et sans-gne ; son got pour le travestissement finit d'ailleurs par dtourner lisabeth Ire de
son projet d'alliance matrimoniale. Par ce portrait de prtendant falot, le film contribue l'idalisation de son
hrone en ddouanant la reine vierge de la responsabilit de la rupture. En ralit, Henri et lisabeth ne se
sont jamais rencontrs ; c'est le frre cadet d'Henri, Franois, qui dbarqua en Angleterre en tant que prtendant
de la reine. De mme, ni Henri, ni Franois ne sjournrent en cosse afin d'y rencontrer Marie de Guise (joue
par Fanny Ardant), dcde plusieurs annes avant le dbut des ngociations matrimoniales.
La Courtisane (1998), film amricain ralis par Marshall Herskovitz. Rle interprt par Jake Weber.
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Articles connexes
Liens externes
Iconographie de Henri III (http://derniersvalois.canalblog.com/archives/henri_iii/p0-0.html)
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Licence
Licence
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