Présentation. Les Nouveaux Objets de La Sociologie: Jean-François Côté, Svetla Koleva Et Marc-Henry Soulet
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2024 19:28
URI : https://id.erudit.org/iderudit/1036782ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1036782ar
Éditeur(s)
Athéna éditions
ISSN
0831-1048 (imprimé)
1923-5771 (numérique)
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Côté, J.-F., Koleva, S. & Soulet, M.-H. (2015). Présentation. Les nouveaux objets
de la sociologie. Cahiers de recherche sociologique, (59-60), 7–15.
https://doi.org/10.7202/1036782ar
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C
e numéro double des Cahiers de recherche sociologique revêt un carac-
tère particulier : il a été préparé en vue du XXe Congrès de l’Associa-
tion internationale des sociologues de langue française (AISLF), qui
se tient en juillet cette année à Montréal sur le thème « Sociétés en mouve-
ment, sociologie en changement » ; c’est dans cette perspective que la thé-
matique retenue ici, soit celle des « Nouveaux objets de la sociologie », s’y
articule, selon une volonté d’interroger la discipline dans une perspective
où ses intérêts l’amènent, ou non, à réévaluer ses orientations fondamen-
tales. Mais ce numéro est également spécial sous un autre angle, puisqu’il
marque le 33e anniversaire de la revue, fondée au Département de sociologie
de l’Université du Québec à Montréal en 1983, et constitue le 60e numéro
à paraître dans cette série.
Lors de la parution du tout premier numéro des Cahiers de recherche
sociologique, Michel Freitag, qui en était le premier directeur, avait avancé
dans une note préliminaire que la revue se présenterait « comme une col-
lection de volumes thématiques qui ne chercheront à afficher aucune sorte
d’inspiration théorique, méthodologique ou politique uniforme », ajoutant :
« Quel que soit le thème qu’ils aborderont, leur seule convergence sera de
viser à mettre en rapport les préoccupations de la recherche spécialisée avec
le désir d’une meilleure compréhension des transformations de la société
Cahiers de recherche sociologique, nos 59-60, automne 2015–hiver 2016
Présentation
Cahiers de recherche sociologique, nos 59-60, automne 2015–hiver 2016
Présentation
subjectifs et objectifs sont mis en scène dans une analyse sachant, ou devant,
remettre en cause les catégories sociales qu’elle rencontre. Une réflexion en
quelque sorte parallèle est inscrite par Stéphanie Vincent-Geslin et Jean-
Yves Authier au sujet des mobilités quotidiennes, celles-là qui, à l’écart des
plus grands mouvements, dessinent pourtant les activités des populations de
nos sociétés. Absente pendant plusieurs décennies de la sociologie franco-
phone alors qu’elle proliférait en particulier dans la sociologie étatsunienne,
d’abord, puis anglaise, la réflexion sur les mobilités quotidiennes traverse
les thématiques du mode de vie, de la ville, du transport, du travail, voire
de la vie familiale, en réinterrogeant les modes de socialisation qui lui sont
associés. En inscrivant des dispositions allant jusqu’à la motilité, les mobili-
tés quotidiennes trouvent donc un ancrage au plus profond dans la réalité
sociale contemporaine, et cela, non sans soulever des enjeux à l’égard des
possibilités et impossibilités sociales qu’elles déterminent ainsi, du point de
vue de la mobilité ou de la stratification sociale.
Danilo Martuccelli prend de son côté appui sur les régimes de réalité pour
revenir sur les modalités sociales de contrainte et d’habilitation des pratiques,
ou plus précisément, pour lui, de l’action sociale. De Parsons à Durkheim, le
balisage des normes de l’action sociale s’est traduit en effet dans une capacité
sociologique à reconnaître les possibilités à l’acteur, mais selon des modèles
où l’élasticité de la vie sociale n’était sans doute pas justement reconnue ;
le détour par l’imaginaire, qui prend à rebours les contraintes de la réalité,
invite au contraire à considérer les possibilités de ce travail des limites de la
vie sociale – telles qu’elles apparaissent notamment par le truchement de la
réalité économique – mais il permet tout autant de s’interroger sur les possi-
bilités de dépassement de ces limites, tant sur les plans historique qu’idéolo-
gique, puisque ce sont sur de tels repères que tablent les régimes de réalité.
L’évolution dans un sens précis de cet aspect des choses trouve un écho
du côté de l’analyse que présentent Timo Giotto et Jens Thoemmes de la
capitalisation du temps de travail, comme manière éminemment contem-
poraine d’envisager le calcul au sein de l’engagement professionnel, dans
son accouplement aux visées de l’individualisation des temporalités. Les poli-
tiques d’administration du temps de travail mises en œuvre par les entreprises
contemporaines condensant les rapports temps-individu-salaire ont joué de
manière déterminante dans le renversement des normes héritées des siècles
précédents, et cela a permis non seulement une exacerbation de ces rapports,
mais également l’apparition de nouvelles catégories sociales et analytiques
(comme celles de surtravailleurs, d’optimisateurs, de concepteurs de projets,
et de sceptiques). Cette tendance à la monétisation du temps se pose pour
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