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MÉMOIRE
PRÉSENTÉ
DE LA MAITRISE EN ÉCONOMIQUE
PAR
FÉVRIER 2009
Avertissement
La diffusion de ce mémoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé
le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles
supérieurs (SDU-522 - Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que «conformément à
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intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de
commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»
REMERCIEMENTS
Merci à mon fiancé, Stéphane, pour son soutien moral tout au long de ce travail.
RÉSUMÉ ix
INTRODUCTION 1
CHAPITRE 1
CHAPITRE II
LA RELATION ENTRE PERFORMANCES FINANCIÈRES ET PERFORMANCES
SOCIALES 11
2.1.4 MicroRate 14
2.1.5 M-CRIL 15
IV
CHAPITRE III
LE « SCHISME DE LA MICROFINANCE» 23
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CADRE DE LA RECHERCHE 32
CHAPITRE VI
MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 40
6.1.2 Régression 42
6.2.2 Régression 46
CHAPITRE VII
CONCLUSION 58
ANNEXE A
Tableaux récapitulatifs de la relation PF - PS 60
ANNEXEB
Le triangle de la microfinance 61
BIBLIOGRAPHIE 62
Figure
Tableau
C'est ainsi que dans leur quête pour obtenir des ressources financières additionnelles
et indispensables à la satisfaction d'une demande toujours croissante de microcrédits, les
IMF se heurtent néanmoins à certains problèmes comme le besoin de réduire les coûts de
fonctionnement au strict minimum, de renforcer les performances de gestion financière
et administratives. Afin de pouvoir négocier des ressources auprès des banques
commerciales et de bénéficier de l'aide des bailleurs de fonds, elles doivent inspirer
confiance, assurer leur propre viabilité financière, et développer des mécanismes
financiers adaptés pour capter les ressources financières, leur permettant de réaliser des
économies d'échelle.
Les performances financières deviennent alors le mot d'ordre dans la gouvernance des
IMF. Tout est mis en œuvre pour afficher de bons résultats financiers. Cependant, une
attention trop poussée à la rentabilité risquerait d'éloigner l'institution des pauvres (sa
raison d'être) en faisant une sélection trop rigoureuse des clients. Par contre, une vision
trop sociale pourrait inciter à l'application des taux d'intérêts trop bas mettant en danger
la viabilité de l'institution. L'intermédiation financière et l'intermédiation sociale,
3
double rôle des IMF, peuvent donc faire l'objet d'attentes et de priorités divergentes et
donc facilement entrer en conflit.
Dès lors, on se demande si les IMF sont confrontées à un arbitrage entre l'atteinte de
bOlU1es performances financières (objectif financier) et un degré de portée sociale élevé
(objectif social). Telle est la question qui fait l'objet de ce mémoire. De nombreuses
« banques des pauvres », face aux risques élevés que représentent les plus pauvres, sont
tentées de les abandonner au détriment des plus nantis qui appartielU1ent aux classes
moyennes et de s'éloigner ainsi de leur raison d'être. On cherchera à savoir si la
recherche de la rentabilité financière par les institutions de microfinance entre en
contradiction avec leur désir de fournir des services financiers aux « plus pauvres des
pauvres» '. En d'autres mots, on veut déterminer si le ciblage des plus pauvres
marquerait un frein à l'atteinte de bOlU1es performances financières ou si plutôt ces deux
objectifs peuvent être réalisés conjointement. Pour nous aider à faire cette analyse nous
allons nous baser sur le cas de quelques IMF de la zone UEMOA (Union Économique et
Monétaire Ouest Africaine).
Le mémoire sera structuré en sept chapitres. Les quatre premiers chapitres porteront
sur une revue de la littérature inhérente à notre sujet .Tout d'abord, nous dresserons un
tableau de l'évolution du secteur de la microfinance à travers le monde (CHAPITRE 1).
Ensuite, nous présenterons les travaux empiriques qui tendent à expliquer l'éventuelle
relation entre performances fmancières et performances sociales d'une entreprise
(CHAPITRE II). Pour finir, nous parlerons du schisme de la microflnance, ce débat
polarisé qui alimente les discussions au sein du secteur (CHAPITRE III) ainsi que du
concept du triangle de la microflnance (CHAPITRE IV) qui montre quelle stratégie
optimale de management les IMF doivent mener afin de réaliser les objectifs qu'elles se
sont fixées.
1 Le « seuil de pauvreté» c'est à dire la segmentation des pauvres en trois niches de marché distingue « les plus
pauvres des pauvres» des « moyens pauvres» et des « moins pauvres », à la limite de la classe moyenne.
4
Dans les trois chapitres qui suivent, nous ferons notre analyse de la relation entre les
performances financières et le degré de portée sociale. Après avoir présenté le cadre
d'analyse, la zone UEMOA (CHAPITREV); nous exposerons par la suite notre méthode
d'étude (CHAPITRE VI). Pour finir, nous présenterons les résultats obtenus et tirerons
nos conclusions (CHAPITRE VII).
CHAPITRE 1
Se heurtant aux eXIgences que demandaient les banques classiques car ils
n'offraient aucune garantie, les plus démunis se trouvaient exclus du système bancaire
traditionnel. Pour faire face à ce problème, ils se voyaient dans l'obligation de se tourner
vers le secteur informel. Ces derniers avaient soit recours aux prêteurs d'argent
(moneylender) dont les taux d'intérêt étaient faramineux et décourageaient à la longue
soit ils empruntaient tout simplement à la famille, aux voisins ou aux amis (avec des
taux d'intérêt pratiquement nul). C'est pour pallier à ces imperfections de marché que le
secteur de la microfinance va se développer. Ce « nouveau» secteur financier qu'on
retrouve dans la plupart des pays, essentiellement dans ceux en développement (PED) est
tributaire de deux idées « révolutionnaires »: on peut concevoir des services financiers de
proximité adaptés à des populations exclues du système financier formel, et qui ont un
véritable impact sur leur développement économique et social; et les organisations qui
offrent ces services peuvent être viables (Boyé, Hajdenberg et Poursat, 2006).
L'idée de ces systèmes d'épargne rotative était simple. Des individus généralement
du même voisinage ou appartenant à la même famille s'entendaient pour épargner
régulièrement une certaine somme d'argent qui constitue un « pot» commun distribué à
tour de rôle à chaque membre du groupe. Par exemple si vingt personnes décident
d'épargner 15$ par mois pendant vingt mois, à la fin de chaque mois, le butin est de
300$. Cette somme d'argent est attribuée à chacun des membres selon un ordre
prédéterminé. Des tontines du Cameroun aux hui de Taipei, en passant par les tanda du
Mexique et les poila de la Chilie, le processus des ROSCAs va se répandre à travers le
monde. Morduch et Armendàriz (2006) mentionnent que dans les années 90 au moins la
moitié des résidents des zones rurales du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, du Congo et
du Nigeria participaient aux ROSCAs. En Taiwan, à la même époque plus de 20% de la
population utilisent ce même procédé.
Dans les années soixante et soixante- dix, après les indépendances, les
gouvernements de nombreux pays en développement prennent conscience de la nécessité
de fournir aux paysans un accès au crédit. Des banques publiques de financement
agricole sont alors créées dans bon nombre de pays du Sud, offrant aux paysans des
crédits aux taux d'intérêts subventiormés. Cependant ces initiatives vont cormaître
rapidement toutes sortes de difficultés: leur gestion était soumise à de fortes pressions
politiques et électorales, elles avaient de fort taux d'impayé et de surcroît taux d'intérêts
trop faibles pour espérer atteindre la pérennité financière. Après quelques années, une
grande partie de ces banques de développement se voient dans l'obligation de
disparaître et donc de laisser en suspens le problème de l'accès aux services financiers
pour les exclus.
En 1983, le professeur Yunus crée la Grameen Bank. Cette institution démontre non
seulement que les pauvres peuvent efficacement gérer et rembourser des crédits, mais
qu'ils peuvent payer des intérêts élevés, et que l'institution peut donc couvrir ses propres
coûts. La Grameen a ainsi popularisé le «crédit solidaire », un crédit à un groupe
d'individus dont chaque membre est solidaire du remboursement de tous les autres.
À la fin des années 80, le secteur devient de plus en plus connu. En 1992,
PRODEM, ONG bolivienne créée en 1986, décide de « filialiser » ses activités de micro
crédit sous forme de banque en créant Banco Solidario SA (BancoSol). Elle accorde des
prêts, au logement, des fonds de roulement et du capital d'investissement; elle reçoit des
dépôts d'épargne à vue et à terme et organise un service d'assurance, de transfert de
fonds et de cartes de crédit.
En Afrique, au même moment des IMF inspirées du système des tontines sont
créées. Ces institutions favorisent la formation des groupes solidaires, garanties de
remboursement de chacun de ses membres. C'est d'abord le cas de KREP au Kenya, du
PADME au Bénin et d'autres coopératives finançant les récoltes du coton, comme Kafo
Giginew au Mali. C'est le début de l'émergence d'une « industrie de microfinance ».
Les années 1990 marquent une période d'euphorie pour la MF : les IMF
abondaient de partout dans le monde. Face à la concurrence, la viabilité financière
devient l'enjeu central de la plupart des programmes de microfinance. Afin de réaliser
des économies d'échelle, la stratégie des IMF est de standardiser les produits et
d'augmenter son nombre de clients. L'attention est portée sur l'institution elle-même au
détriment des produits offerts et des clients. L'incontestable succès conunercial des IMF
9
est souvent considéré comme une preuve suffisante qu'elles répondent à un véritable
besoin.
A la fin des années quatre vingt- dix, on voit apparaître les premières difficultés.
La croissance rapide des institutions poussées par l'acharnement sur l'équilibre financier
s'est so Idée dans certains cas par des échecs retentissants. La première faillite médiatisée
de la Corposol, en 1996, en Colombie a dicté le ton à plusieurs autres en Asie comme en
Afrique. Ceci crée un effet d'alarme. Les IMF prennent conscience que leur clientèle
n'était pas aussi satisfaite qu'elles le croyaient. Pour faire face à ce problème on décide
de mettre les clients au cœur des préoccupations. C'est ainsi que sont élaborés des outils
pour analyser les besoins de ces derniers. Les produits proposés se diversifient pour
s'adapter aux demandes de différentes natures. De nouveaux produits comme les
transferts de fonds, les micro-assurances, sont développés.
Passée d'une période d'euphorie dans les années 90 à une maturité qui ne cesse
de se développer de nos jours, la microfinance bien qu'elle est présentée celiaines
limites, a été porteuse de plusieurs acquis durant ces trois dernières décennies. Pour
marquer l'importance du microcrédit comme instrument de lutte contre la pauvreté,
l'année 2005 a été proclamée « année internationale du microcrédit » par l'assemblée
générale des Nations Unies. Son objectif était de réduire de moitié les populations
pauvres qui vivent sous le seuil de pauvreté d'ici 2015 (Objectifs de développement du
millénaire).
Sur les 3164 IMF : 118 dans les pays développés et 3046 dans les PED qui servent 92
millions de clients
Répartition des 3046 IMF dans les PED et de leurs 92 millions de clients:
2 Les chiffres sont tirés de On ne prête pas qu'aux riches: Maria Nowak. Editions J.-C. Latlès (2005)
CHAPITRE II
PERFORMANCES SOCIALES
La double vocation des IMF les oblige à avoir autant de bonnes performances
financières que sociales. C'est la raison pour laquelle il est primordial de savoir la
relation qui lie ces deux concepts. Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous allons
revoir les mesures de performances financières et sociales des IMF.
Le souci d'évaluer les performances financières des IMF s'est développé de plus
en plus au cours des deux dernières décennies. On entend par « évaluation des
performances» une analyse basée sur des indicateurs standards et des ratios financiers
visant à mesurer le niveau de performance et de risque d'une IMF. Les dits indicateurs
sont le plus souvent repartis en quatre principaux volets: à savoir l'analyse de
portefeuille, de l'efficience et de la productivité, et pour finir celle de la profitabilité et
de la gestion financière.
C'est ainsi que de nombreuses méthodes d'évaluation ont vu le jour. Elles ont été
mises en place par des agences spécialisées ou des IMF elles-mêmes. Certaines d'entre
elles ont été développées de manière à pouvoir être utilisées sur tous types d'IMF,
quelques soit leurs clientèles. D'autres développées en interne, ont une vocation plus
spécifique. Dans cette section du mémoire, nous allons décrire et comparer cinq
méthodologies d'évaluations d'IMF qui sont les plus connues à savoir CAMEL mis
œuvre par ACCION, PEARL élaborée par WOCCU, GIRAFE de PlaNet Rating et pour
finir les méthodologies proposées par MicroRate et M-CRIL.
La méthode PEARLS a été mise sur pied par WOCCU (World Council of Credit
Union), une ONG américaine basée à Madison (Wisconsin) dont le but est de faciliter le
développement des coopératives financières. Au départ, dans les années 80, le personnel
de WOCCU cherchait à adapter la méthode CAMEL aux coopératives du Guatemala.
Cependant cela nécessitait toute une panoplie de changements. C'est dans ce contexte
que la méthodologie PEARLS a été créée. Elle a été désignée comme un outil de
management, qui est devenu par la suite un mécanisme de supervision utilisé à travers le
monde. Avec PEARLS, WOCCU a élaboré des standards financiers internationaux pour
évaluer les performances financières des coopératives et établir les tendances du marché.
Ainsi, chaque mois ou chaque trimestre, près de 200 coopératives (la moitié d'entre
elles se trouvant en Amérique Latine) font parvenir à l'organisme les informations
nécessaires à leur évaluation. Ces données font l'objet d'un audit externe préalable. Une
fois l'analyse terminée, chacune de ces IMF affiliées au réseau reçoit un rapport
soulignant leurs forces et faiblesses.
4 Une présentation plus détaillée de la méthode est disponible sur le site de WOCCU (www.WOCCU.org)
14
La méthodologie GIRAFE a été créée en 1999 par Planet Rating 6 , une agence de
notation spécialisée en microfinance dont le siège social se trouve à Paris. GIRAFE est à
la fois une méthode d'évaluation et un guide de notation. L'acronyme se compose des
six champs d'évaluation sur lesquels se base l'analyse des performances et du risque
institutionnel des IMF: G comme gouvernance et processus de décision, 1 comme
information et outil de gestion, R comme risques et contrôle interne, A comme activités
et portefeuille de prêts, F comme financement et E comme efficacité et profitabilité.
Des cinq méthodes présentées, GIRAFE est celle qui met le plus l'accent sur le
risque fiduciaire et l'analyse du management ainsi que la gouvernance. Les conditions
de mise en œuvre sont similaires à celle énoncées pour la méthodologie CAMEL. Quant
aux résultats, ils sont aussi diffusés sous réserve de l'accord de PlaNet Rating et de
l'IMF. Depuis sa création, Planet Rating a mené plus de 200 missions dans plus de 50
pays à travers le monde.
2.1.4 ~icroRate7
MicroRate a débuté ses activités en 1996 en tant que pionnière dans l'évaluation
des institutions de microfinance. Sa principale raison d'être était de s'attaquer aux
problèmes de financement que rencontraient les IMF en Amérique Latine. En effet,
certaines de ces institutions connaissaient de forts taux de croissance annuels allant
(h IIp:!/www.planetfinance.org/fr/raling/index.htm )
Même si la méthode n'est pas publiée, les lignes directives sont consultables sur son site ( www.microrate.com)
15
jusqu'à 50%. Cette croissance représentait une menace pour les IMF dont l'offre en
capitaux des donateurs traditionnels devenait insuffisante. Il était donc indispensable
pour les IMF de trouver des sources de financement alternatives. MicroRate a ainsi été
créée afin de fournir aux bailleurs de fonds des informations objectives et à jour sur les
performances des IMF. Depuis sa création l'agence a effectué près de 70 évaluations
d'IMF, essentiellement en Amérique Latine, et parmi celles-ci on trouve les leaders du
secteur.
Pour procéder à ces évaluations, l'agence envoie deux analystes dans l'IMF à
évaluer pendant 4 à 5 jours. Ces derniers ont des entrevues avec le conseil
d'administration, la gérance et les employés de l'institution. Leur travail est le pl us
souvent confidentiel ainsi que la méthode détaillée de l'analyse.
2.1.5 M-CRIL 8
effectués dans le monde entier, exclusivement en Inde et en Asie du sud, pour des
coopératives, des ONG, des compagnies financières et des banques rurales.
Pour évaluer les institutions, une équipe de deux analystes est ainsi envoyée sur
le terrain pendant 4 à 5 jours. Les résultats sont confidentiels mais peuvent être diffusés
avec l'accord de l'IMF. La méthodologie n'est pas directement accessible et diffusée.
Nous venons ainsi de passer en revue les cmq méthodes d'évaluations des
performances financières des institutions de microfinance qui sont les plus répandues.
Des quelques initiatives menées pour aboutir aux meilleurs indicateurs d'évaluation
de performances sociales, nous allons exposer les plus avancées.
9 Définition élaborée par Social Performance Taskforce au CGAP Donor working Group sur les performances
sociales.
10 Une présentation plus détaillée de l'outil SPI et de ses avancées est disponible au ( www.cerise-microfinance.org )
18
communauté. A date cinq projets pilotes ont été complétés (dont quatre en Amérique
Latine et un autre en Inde). L'outil est encore en élaboration.
D'autres travaux par contre ont donné une relation plus ou moins ambiguë VOIre
négative (Aupperle, Caroll et Hatfiel, 1985). Cette relation négative entre les
performances financières et les performances sociales peut avoir lieu lorsque les coûts
engendrés pour la responsabilité sociale de l'entreprise excèdent les bénéfices à en tirer
et vont même jusqu'à remettre en cause la compétitivité de l'entreprise. Ce point de vue
renvoie à la pensée néoclassique (Friedman, 1970) selon laquelle la responsabilité
12 Orlitzky, Schmidt et Rynes, Corporale Social and Financial Performance :A Mela-analysis, p.pA
20
sociale de l'entreprise est une charge que l'on doit veiller à éliminer dans un
environnement de type capitaliste.
Pour finir, c'est un lien PF-PS neutre qui a été trouvé par certains spécialistes: il
n'existe aucune relation qu'elle soit positive ou négative entre les performances
financières et les performances sociales. Ullman (1985) l'un des tenants de cette
approche explique que le grand nombre de variables intervenant dans l'analyse du lien
PF-PS rend difficile une éventuelle relation directe entre les deux types de
performances: un éventuel lien proviendrait du pur hasard. Mc Williams et Siegel
(2000) ont prouvé à leur tour que lorsqu'on introduit des variables de précision (accurate
variables) comme l'ampleur de la recherche et du développement (research and
development intensity) dans les modèles économétriques, tous les signes d'une
quelconque relation PF-PS disparaissent.
A titre récapitulatif, on dénombre « 127 études sur le sujet, publiées sous forme
d'articles ou de livres depuis les premiers travaux de Moskowiltz (1972). Dans 109 des
127 études, les performances sociales ont été traitées comme une variable indépendante
prédisant les performances financières.» (Margolis et Walsh, 2003). Margolis et Walsh
(2003) ont concluent que parmi les 109 des 127 études, la moitié (54) détermine la
relation PF-PS comme positive, 20 montrent des résultats mixés et 28 études reportent
des relations non significatives. Seulement 7 études ont noté une relation négative.
Comme on peut le constater la majorité des résultats ont tendance à déceler une relation
PF-PS plutôt positive. Néanmoins Garcia-Castro, Arifio et Canela (2006b) expliquent
que cette relation reste loin d'être parfaitement établie dans la littérature et ne fait pas
13 Orlitzky, Schmidt et Rynes, Corporale Social and Financial Performance: A Mela-analysis. p.. 5
21
encore l'objet d'un consensus. Selon eux, cette hétérogénéité des résultats s'explique
tout d'abord par une hétérogénéité des mesures de performances sociales difficiles à
évaluer. Ces derniers expliquent par la suite que le changement de la relation PF-PS
selon les circonstances n'est pas toujours évident à traduire au moyen de variables de
contrôle. Pour finir, ils pointent du doigt la différenciation entre le court - terme et le
long - terme qui n'est pas toujours prise en compte dans l'analyse de la relation entre les
14
PS et les PF.
Une fois la question du signe de la relation entre les performances sociales et les
performances financières posée, il est important de s'interroger sur le sens de sa
causalité. Deux principales théories s'opposent à ce sujet. La première est la théorie des
ressources supplémentaires « slack resources theory» et l'autre celle de des bonnes
pratiques de gestion « good management theory» comme les appellent Waddock et
Graves (1997). Selon la « slack resources theory », la corrélation positive entre les PF et
les PS se traduit comme suit: ce sont les bonnes performances financières qui ont un
impact positif sur les performances sociales de l'entreprise. Lorsqu'elle a de bonnes
performances financières, l'entreprise peut décider d'investir les ressources
supplémentaires qu'elle a générées dans sa responsabilité sociale ce qui permet
d'améliorer ses performances sociales.
Par contre, dans la théorie des bonnes pratiques de gestion, c'est plutôt une bonne
responsabilité sociale qui engendre de meilleures performances financières. Cette
perspective provient de la « instrumental stakeholder theory» de Jones (1995). En effet,
15 Orlitzky, Schmidt et Rynes, Corporate Social and Financial Performance:A Meta-analysis, p.3
22
une entreprise socialement responsable aura des relations privilégiées avec ses parties
prenantes et améliora ainsi ses PF. Cette dernière peut accéder facilement à une main
d'œuvre qualifiée et réduire par conséquent ses coûts d'exploitation d'où une
amélioration de sa rentabilité (signes de meilleures PF). Pour faire référence à McGuire
et al. (1988), on peut citer une panoplie d'avantages que procurent de bonnes actions
sociales: la hausse de la productivité des employés, une bonne réputation auprès des
clients, un accès facile aux bailleurs de fonds.
Comme nous venons de le voir, la relation PF-PS ne fait pas encore l'objet d'un
consensus. Elle peut être soit positive, négative ou neutre. Dans les deux derniers cas
cela peut se traduire par un éventuel arbitrage auquel doit faire face les entreprises. Les
IMF peuvent être évidemment confrontées à ce problème. Avant de vérifier de
J'existence de cet arbitrage (trade-afJ), nous allons nous attarder sur un débat, propre au
secteur de la microfinance à savoir le « schisme de la microfinance».
CHAPITRE III
LE «SCHISME DE LA MICROFINANCE»
Basée sur une logique de dons (les taux d'intérêt étaient même inférieurs à ceux
du marché) et de dépendance des bénéficiaires, cette approche a engendré des taux
d'arriérés ainsi que des coûts de fonctionnement très importants conduisant à la
disparition progressive de nombreux programmes de micro-crédit. Paral1èlement à ces
problèmes de mauvaises performances financières, un renouveau de pensée économique
et financière apparaît, caractérisé par une volonté de libéralisation des marchés
financiers. Face à cette double évolution, la « Welfarist approach» a fait l'objet de
nombreuses critiques à partir des années 70 et surtout dans les années 1980 pour devenir
peu à peu minoritaire.
L'objectif recherché n'est pas focalisé sur l'amélioration du bien être en général
des pauvres, mais plutôt sur l'amélioration de l'accès aux services financiers de la
catégorie des pauvres spécifique que constituent les exclus du secteur bancaire
tradi tionnel. À l'intérieur de ce nouveau courant, on distingue deux grandes tendances:
17 Un proxy est un indicateur de résultats auquel il est fait recours lorsque celui-ci ne peut être mesuré directement.
27
de développement des populations pauvres à travers le monde, pour reprendre les mots
de N. Bhatt. Bhatt poursuit d'ailleurs en soulignant qu'il existe bel et bien une place
pour les différentes sortes de programmes de micro-crédit [... ]. Ce point de vue est
également partagé par Woller, Dunford et Warner (Woller, Dunford et Warner, 1999).
Une chose est certaine, le défi actuel des IMF (qu'elles soient à tendance
commerciale ou sociale) consiste à trouver un juste équilibre entre rentabilité financière
satisfaisante et le maintien de la mission sociale de l'organisation qui constitue leur
raison d'être. C'est de ce sujet dont il sera question dans la prochaine section.
CHAPITRE IV
Nous allons clore notre revue de littérature avec ce chapitre qui dévoile les
éléments stratégiques que doivent adopter une IMF pour atteindre ses objectifs aussi
bien financiers que sociaux.
Comme nous l'avons déjà mentionné, une IMF se caractérise par la dualité de ses
objectifs: sociaux, dans la mesure où elle veut contribuer au développement, à la lutte
contre la pauvreté et financiers car elle veut atteindre une certaine rentabilité afin de
pouvoir continuer ses activités. On peut définir la stratégie d'une IMF, comme un
équilibre à trouver entre ces objectifs, lequel équilibre peut différer d'une institution à
une autre. On peut ainsi caractériser deux pôles de la manière suivante: à une extrémité,
on trouve les IMF qui mettent l'accent sur la mission sociale, en faisant abstraction des
« concessions» que peuvent entraîner la recherche de l'équilibre financier. À l'autre
extrémité, on a plutôt des IMF dont la logique est la suivante: il n'y a de sens à fournir
des services financiers que si l'on peut le faire de manière durable, sans quoi on ne
saurait gagner la confiance des clients, Boyer et Hajdenberg (2006). En raison de cela,
elles s'apparentent plus à des banques commerciales qu'à des programmes sociaux.
Il peut exister une synergie entre ces trois objectifs propres à la microfinance. Par
exemple, si l'impact sur les clients est bon, de plus en plus de personnes seront
désireuses de devenir clientes d'où une augmentation de la portée. Un impact satisfaisant
sur les clients montre que leur demande de crédit à été porteuse et génératrice de
revenus, par conséquent il y aura de fortes volontés et capacités de rembourser les micro
crédits. Cette croissance permettra des économies d'échelle, renforçant la viabilité
financière. La bonne santé financière séduit les bailleurs de fonds et permet d'acquérir
davantage de financement, ce qui renforcera encore plus la croissance. Plus l'IMF
montrera de bons signes de pérennité, plus les clients voudront y adhérer (surtout les
épargnants). De bons résultats financiers permettre d'avoir suffisamment de fonds pour
lancer par exemple de nouveaux produits, et donc renforcer l'impact.
Si on part plutôt d'une bonne viabilité financière, les potentiels clients peuvent
percevoir ces résultats satisfaisants comme un indicateur de pérennité de l'IMF. Par
conséquent, ils seront influencés à prolonger leur utilisation des services de l'institution.
Une meilleure viabilité peut avoir ainsi un impact positif sur la portée. Cet impact est
d'autant plus amplifié dans la mesure où les potentiels clients, rassurés et confiants
peuvent épargner davantage en toute sécurité. D'un autre coté, en recherchant la
viabilité financière, les IMF se voient forcer de prêter attention aux exigences de leurs
clients, par ricochet, elles chercheront donc à améliorer leurs produits, leurs opérations et
18 The triangle of microfinance:finatlcial stlstaitlability, otltreach atld impact, ZeUer M. and R. Meyer. John Hopk.ins University Press,
Baltimore and London (2002). Voir l'annexe B pour de plus amples détails.
30
leur portée. De meilleurs produits financiers vont générer à leur tour de meilleurs
bénéfices économiques pour les clients et par conséquent un meilleur impact.
Bien que les dits objectifs stratégiques puissent être complémentaires, dans
certains cas ils entrent en contradiction et peuvent être source de conflits et de risques.
C'est à ce moment qu'apparaissent des arbitrages (trade -off) auxquels sont confrontées
les institutions.
Il peut exister aussi un compromis à faire entre l'impact et la portée. En fait les
IMF peuvent choisir de mettre l'accent sur le nombre des personnes qu'elles veulent
toucher plutôt que le type de personnes. Ces dernières vont alors cibler un plus grand
nombre de bénéficiaires, mais à condition qu'ils ne soient pas très démunis. Ainsi, ces
banques des pauvres adapteront leurs services à une clientèle faisant partie de la
catégorie des moins pauvres voire dans certains cas une clientèle constituée de
propriétaires de petites et moyennes entreprises. Par conséquent, elles délaissent une fois
de plus les plus nécessiteux. Ce choix pourrait s'expliquer par le fait qu'il existe encore
31
des doutes sur le pouvoir de la microfinance de sortir les plus pauvres des pauvres de
leur extrême précarité.
Nous venons ainsi d'achever la revue de littérature inhérente à notre sujet. Les
chapitres qui vont suivre vont faire l'objet de notre analyse de la relation qui lie les
performances financières au degré de portée sociale. Cela nous donnera les éléments
pour répondre à la problématique posée dans ce mémoire.
CHAPITRE V
CADRE DE LA RECHERCHE
Dans ce chapitre, nous débutons notre analyse de la relation qui lie les
performances financières et le degré de portée sociale des institutions de microfinance
afin de vérifier l'existence de ce fait. Nous présentons ainsi notre contexte
méthodologique qui est celui de la zone UEMOA (Union Économique et Monétaire
Ouest Africaine).
Le cadre d'analyse que nous avons choisi pour effectuer notre étude est celui de
I9
l'Afrique de l'Ouest, plus précisément la zone UEMOA (Union Économique et
Monétaire Ouest Africaine) qui se compose de huit états membres à savoir le Bénin, le
Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
Ces huit pays ont une monnaie commune, le franc CFA 2D d'où le nom «Zone Franc»
pour désigner cette partie de l'Afrique.
Nous avons choisi ce cadre d'analyse car il se compose de PED. Comme nous
l'avons mentionné en introduction la microfinance est un secteur porteur d'espoir dans
19 L'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est une organisation sous-régionale (créée en janvier
1994) qui a comme mission la réalisation de l'intégration économique des États membres, à travers le renforcement de
la compétitivité des activités économiques dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement
juridique rationalisé et harmonisé.
20 1$ CAN équivaut à environ 500 FCFA.
33
ces pays pauvres où les politiques d'endettement ont pratiquement toutes échoué. Nous
trouvons donc intéressant de savoir si au sein des pays où la microfinance joue un rôle
primordial dans l'économie, les IMF arrivent à remplir leur double mission et ne se
heurtent pas à un éventuel arbitrage entre profitabilité et portée sociale. Avant d'aller
plus loin dans notre analyse, nous allons dresser un tableau du secteur de la microfinance
dans la zone UEMOA.
Au cours des dix dernières années, le secteur de la microfinance a connu une forte
expansion qui a été favorisée par l'adoption en 1993 de la loi PARMEC (Projet
d'Assistance à la Réglementation des Mutuelles d'Épargne et de Crédit). Elle a pour but
de régir les activités de micro finance au sain de l' UEMOA en favorisant le
développement des IMF de type mutualiste mais aussi en mettant en place une
convention cadre pour les structures ou organisations non mutualistes exerçant
néanmoins des opérations d'épargne ou de crédit.
Le nombre de SFD officiellement recensés dans l'UEMOA a ainsi été multiplié par
six, pour se situer à 626, tandis que celui des points de services est passé de 1 136 en
1993 à 2 597 en 2003. Le nombre des bénéficiaires des services offerts par ces
institutions est également en progression constante. De moins de 313 000 en 1993, il s'est
établi à plus de cinq millions en décembre 2003, représentant près de 7 % de la
population totale de l'Union et 15 % de la population active. A titre de comparaison, le
taux de bancarisation dans l'UEMOA se situait à moins de 3 % à fin juin 2003. En outre,
près de 44 % des bénéficiaires de services offerts par la microfinance sont des femmes.
Au plan de l'intermédiation financière, les SFD ont enregistré un accroissement régulier
34
des dépôts de leur clientèle. Les ressources collectées sont estimées à FCFA 204,7
milliards à fin décembre 2003, contre FCFA 19,3 milliards à fin décembre 1994. Le
montant des crédits distribués, établi à FCFA 19,4 milliards en 1994, a été multiplié par
plus de dix, pour se situer à FCFA 200 milliards en 2003. Dans l'ensemble, 67 % des
financements accordés ont une échéance de moins d'un an et sont orientés
principalement vers les activités génératrices de revenus dans les secteurs du commerce,
de la restauration et de l'agriculture. Par ailleurs, la qualité du portefeuille qui demeure
au delà de la norme de 5 % généralement admise dans le secteur, s'est sensiblement
améliorée depuis 2001, le ratio revenant à 7,2 % en 2003.
Source: www.uemoa.inl
35
Nous avons rencontré bon nombre de difficultés dans le repérage de nos données
sur les IMF de ces pays africains car elles sont très limitées voire inexistantes.
Néanmoins nous avons pu trouver des informations pertinentes par le biais du MLX
Market (Microfinance Information Exchange Market)21.Les informations les plus
récentes pour la plupart des institutions sélectionnées datent de 2002 à 2004. Donc
notre analyse va se faire sur cette période de trois années.
Tous les pays qui appartiennent à la zone UEMOA sont représentés dans notre
échantillon sauf la Guinée Bissau qui ne fait pas partie de la base de donne du Mix
Market. Nous avons pu sélectionner 48 IMF à partir de l'information disponible. Ces
institutions de microfinance sont reparties comme suit:
21 Le MIX est une ONG basée à Washington qui entend promouvoir l'échange d'information au sein du secteur de la
microfinance. Le MIX Market est la pJateforme d'information globale créée par le MIX sur, pour et par les IMF, les
bailleurs de fonds, les prestataires de services et les programmes d'appui. Son adresse est ( www.mixmarket.org)
36
13
11
5
3
•
2
On a distingué trois catégories: les IMF jeunes pour celles qui ont moins de 10
ans d'existence, les IMF en croissance pour les institutions qui ont entre 10 ans et 20
ans d'existence, et pour fmir les IMF matures pour celles qui sont créées depuis plus de
20 ans. Les IMF jeunes sont celles qui sont le plus représentées. On explique cela par le
fait que le marché de la microfinance en Afrique a pris son essor à la fin des années 90.
37
34
12
1 1
35
10
Les femmes font partie le plus souvent des populations les plus pauvres, surtout
dans les pays en développement. Le pourcentage de femmes parmi les emprunteurs sera
donc un des indicateurs du degré de portée sociale que nous allons utiliser. Nous avons
pu avoir les données que pour 43 IMF. Trois catégories d'institutions ont ainsi été
créées: les IMF à clientèle féminine, c'est à dire les IMF dont la totalité des emprunteurs
sont des femmes, les IMF à clientèle quasi-féminine, les IMF dont le pourcentage des
femmes parmi les emprunteurs varie de 99% à 65% et pour finir les autres, les
institutions dont la clientèle féminine est de moins de 65%.
31
12
• Autres(20)
CHAPITRE VI
MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Dans le chapitre précédent nous avons dressé notre contexte méthodologique qui
est la zone économique ouest africaine. Dans le présent chapitre il sera question
d'exposer les différents éléments qui vont encadrer notre recherche. Après avoir présenté
le modèle sur lequel nous allons nous baser, nous exposerons le nôtre.
Nous avons ainsi fait un parallèle entre la relation PF-PS au sein d'une entreprise
et la relation PF- DPS au sein d'une IMF. En effet, dans notre recherche on veut vérifier
si les IMF africaines peuvent réaliser conjointement leurs deux principaux objectifs ou si
elles sont plutôt confrontées à un arbitrage. C'est ainsi que pour traduire les objectifs
financiers nous utilisons les performances financières et pour les objectifs sociaux nous
avons choisi la portée sociale plutôt que les performances sociales. En effet, la p011ée
sociale se définit comme les efforts visant à étendre les services de microfinance aux
populations, non desservies par les institutions financières (Lafourcade, Isern, Mwangi et
Brown, 2005). Quant aux performances sociales elles se définissent plutôt comme les
effets de l'institution sur les conditions sociales de ses clients: effet sur le niveau de vie
(pauvreté), logement, santé, éducation, etc. (Lapenu, Zeller et Greeley, 2004). Par
conséquent, la portée sociale plus précisément le degré de portée nous permet de mieux
rendre compte des objectifs sociaux des IMF (fournir des services financiers aux
populations défavorisées, exclus du système bancaire classique).
Variables de contrôle
Les variables de contrôle sont la taille, mesurée par le total des ventes, l'actif total et le
nombre d'employés et le risque mesuré par le ratio dette/capital total. En outre, pour
tester la présence d'éventuels problèmes de spécification dans le modèle de Waddock
et Graves( 1997), A et T ont raj outé comme variable de contrôle la recherche et le
développement mesurés par le ratio des dépenses en recherche et développement sur les
ventes nettes.
6.1.2 La régression
avec:
INDi secteur industriel de l'entreprise i (variable binaire basée sur les codes
Euronext)
Quant à la seconde hypothèse, elle est formulée à partir de la théorie des bonnes
pratiques de gestion « good management theory» qui stipule que les performances
sociales d'une entreprise ont un impact positif sur ses performances financières. Notre
hypothèse 2 sera donc:
avec:
Tous les modèles sont estimés par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO).
44
Comme énoncé précédemment, nous allons nous baser sur le modèle de référence
pour créer notre modèle d'analyse de la relation PF-DPS. Rappelons que notre
échantillon se compose de 48 IMF et que les données recueillies s'étendent sur trois
années: de 2002 à 2004.
Comme les femmes font partie en général des plus pauvres, surtout en Afrique où elles
représentent la majorité des analphabètes, le pourcentage des femmes parmi les
emprunteurs peut être un indicateur du niveau de pauvreté. Plus le pourcentage est élevé,
plus la population visée est pauvre et donc plus la portée est grande.
Nous allons nous servir de trois variables comptables qui ont l'habitude d'être
utilisées pour mesurer les performances financières d'une entreprise et par extension
d'une IMF : le rendement sur l'actif (ROA), le rendement sur les fonds propres (ROE)
comme A et T ainsi que l'autosuffisance opérationnelle(OSS).Une institution de
microfinance est profitable et soutenable si elle a un rendement positif sur son actif et ses
fonds propres et une autosuffisance opérationnelle supérieure à 100%. En microfinance,
cela signifie par ailleurs que l'IMF a réussi à avoir un revenu net positif, en faisant
abstraction du soutien des donateurs pour pallier à d'éventuelles pertes opérationnelles.
Des valeurs plus grandes de ces trois mesures comptables font référence à des
institutions plus performantes
Variables de contrôle
Comme dans notre modèle de référence, nous allons considérer les variables de
contrôle suivantes: la taille de l'institution, mesurée essentiellement par le nombre
d'emprunteurs et le risque, mesuré par le PAR>30 22 . En effet, le PAR> 30 mesure la
qualité du portefeuille qui reflète le risque de défaut de paiement sur les prêts et
détermine les produits futurs et donc la capacité d'une institution à accroître sa portée et à
être au service de ses clients existants. Plus le PAR>30 est faible plus la qualité du
portefeuille est bonne.
6.2.2 La régression
En effectuant cette régression, nous voulons savoir s'il existe ou pas un lien
(positif, négatif ou neutre) entre les performances financières et le degré de portée
sociale de l'IMF et détecter la présence d'un arbitrage. Conformément à notre modèle
de référence, nous allons fixer deux hypothèses en supposant l'existence d'une relation
entre les performances financières et le degré de portée sociale. Nous formulons ainsi
notre première hypothèse en faisant référence à la théorie des ressources
supplémentaires « slack resources theory» qui stipule l'impact positif des bonnes
performances financières sur les performances sociales d'une entreprise. Notre
hypothèse 1 est donc:
En vue de tester cette hypothèse, nous allons effectuer une régression multiple en
incluant des retards (lags) comme dans le modèle de référence pour faire face au
problème d'endogénéité. L'endogénéïté suppose l'existence de variables dans le terme
d'erreur qui soient corrélées avec les variables explicatives jusqu'alors supposées
exogènes. Cette corrélation fausse l'hypothèse d'orthogonalité des résidus, ce qui biaise
les coefficients de ces variables exogènes. Pour corriger ce biais, il faut trouver des
variables instrumentales qui doivent d'une part être corrélées avec les variables
suspectées d'endogénéïté et d'autre part, qui doivent être strictement orthogonales à
l'écart aléatoire (Baltagi, 1995). Par ailleurs, il ne faut pas que ces variables
instrumentales soient directement corrélées avec la variable dépendante. Nous avons
donc adopté, comme A et T la solution théorique préconisée qui consiste à prendre
comme variables instrumentales, les variables suspectées d'endogénéité retardées d'une
période. Nous aurons donc seulement deux années pour chaque IMF. Vue ce nombre
limité de période et d'IMF, nous allons avoir recours à unpooling de nos données. On va
donc supposer qu'il n'y a pas d'effets spécifiques de temps. C'est ainsi que notre modèle
47
devrait comprendre 96 observations (48 IMF observées sur deux années consécutives).
Nos estimations seront plus précises d'où un modèle plus robuste.
avec:
Cette seconde hypothèse sera testée de la même manière que la première malS en
utilisant cette fois- ci les mesures de performances financières comme variable
dépendante et les indicateurs du degré de portée sociale comme variable indépendante.
Les variables de contrôles resteront donc les mêmes.
PERFt,i = f(PORTEEt-l ,i, RISKt-l ,i, TAILLEt-l,i, AGEt-l ,i, TYPEt,i) (5)
Tous les modèles seront estimés par moindres carrés généralisés (MCG) au moyen du
logiciel STATA plutôt que par moindres carrés ordinaires (MCO) comme nous avons
inclus des données en panel dans nos modèles.
49
Nombre
Pou rcen tage d'emprunteurs actifs
d'emprunteurs femmes! Nombre 66,76 24,4 100
femmes d'emprunteurs PEF n= 114
actifs,
Résultat
Rendement sur les opérationnel ajusté,
fonds propres après impôts! ROE -0,341 -464,25 301,.97
Montant moyen des n=116
fonds propres
Produits financiers!
Autosuffisance (Ch. financières +
opérationnelle DOL nettes aux OSS 108,428 10,48 297,73
Prov. pour prêts n=133
irrécouv. + Ch.
d'exploitation)
Risques
Capital restant dû
Portefeuille à pour prêts avec 5,995
risque >30 jours: montants échus> 30 RlSK n= 99 0 72,71
PAR>30 jours/ Encours brut
de prêts
CHAPITRE VII
Dans ce dernier chapitre du mémoire, nous allons dans un premier temps analyser
les résultats obtenus à partir de nos modélisations et par la suite nous les discuterons afin
de répondre à la problématique posée dans ce mémoire qui est de savoir si les IMF sont
confrontées à un arbitrage entre performances financières et portée sociale ainsi que du
bien fondé d'une éventuelle dérive de mission.
également significatifs dans l'ensemble. Les faibles valeurs des R2 confirment ce fait.
Les modèles pour lesquels on se sert du SPMPNB comme proxy du DPS ont un faible
pouvoir explicatif.
Les tests sur notre seconde hypothèse ont donné les résultats présentés dans le
tableau 4. Lorsqu'on utilise l'OSS et le ROE comme mesures de performances
financières, les P-value des modèles sont largement supérieures à 0,05. Par conséquent,
on ne peut rejeter l'hypothèse nulle et les modèles ne sont pas également significatifs
dans l'ensemble. Par contre quand on se seli du ROA comme indicateur de PF, la
Prob>chi 2 est inférieure à O,OS.On rejette donc l'hypothèse nulle qui stipule que de
meilleures performances financières engendrent un meilleur degré de portée sociale. De
bonnes performances financières n'ont donc pas un impact positif sur le degré de portée
sociale. Cet impact n'est pas néanmoins négatif car nous n'avons pas trouvé de
coefficients significatifs qui l'attestent. Parallèlement, A et T rejettent l'hypothèse nulle
que de meilleures performances sociales engendrent de meilleures performances
financières et trouvent un impact négatif des CSP sur le ROE.
Nous avons détecté le risque comme seule variable qUl pUlsse fOliement
influencer les performances financières de l'IMF (coefficient négatif significatif à
1%).Cette relation négative atteste qu'un portefeuille à risque plus élevé (la mesure de
risque utilisée) mettrait un frein à de bons résultats financiers. Les IMF peuvent donc se
préoccuper d'améliorer ce portefeuille à risque afin d'assurer leur pérennité.
également conclus sur une relation linéaire neutre entre les performances sociales et les
performances financières d'une entreprise, après avoir corrigé les problèmes de
spécification de modèle.
Les variables qui peuvent influencer le pourcentage des femmes emprunteurs sont
la taille et le type. Cependant le lien négatif significatif entre le type et le pourcentage de
femme emprunteurs est plutôt étonnant. Cela montre que les IMF de type coopératif (à
caractère plutôt social) ont l'accent moins porté sur une clientèle féminine par rapport
aux autres types d'institutions de microfinance, alors qu'on aurait plutôt dit le contraire.
Mais ce résultat peut s'expliquer par le fait que les IMF de la catégorie non
coopératives comprennent les ONG et les projets qui ciblent spécifiquement les femmes.
Une étude sur les IMF africaines effectuée par le Mix confirme ce propos (Lafourcade,
Isern, Mwangi et Brown, 2005).
Par contre, il n'est pas étonnant que le risque joue un rôle important dans la
détermination des performances sociales. La question est de savoir comment améliorer
son portefeuille à risque en vue d'afficher de meilleurs résultats financiers. Comme nous
l'avons vu, écarter les populations les plus démunies ne semble pas être l'unique solution
56
Nos résultats n'ont pas donné une relation significative entre le type de l'IMF et
ses performances financières. Cela aurait pu nous permettre de nous situer dans le débat
entre institutionnalistes et les welfaristes exposé au chapitre III. Rappelons que selon les
institutionnalistes qui prônent leurs best practices, les IMF de type commercial seraient
plus performantes que celles à vocation sociale. Nous n'avons pas pu confirmer ce fait.
Bien que nous ayons tenté de faire une étude minutieuse de l'arbitrage entre les
performances financières et le degré de portée sociale, nous relevons certaines limites,
essentiellement d'ordre méthodologique.
Vue la taille réduite de notre échantillon, on ne peut donc pas généraliser nos
résultats.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Afin de savoir si une IMF peut effectivement réaliser sa double mission, nous
avons procédé à l'analyse de la relation entre le DPS et les PF à partir d'un échantillon
de 48 IMF appartenant à la zone économique UEMOA sur une période allant de 2002 à
2004. En nous basant sur le modèle préconisé par A et T, nous avons créé un modèle qui
inclut des données en panel afin d'avoir un plus grand nombre d'observations.
Nos résultats ont montré une relation neutre entre le DPS et les PF. Nous
n'avons pas pu confirmer qu'un degré de portée sociale plus élevé engendre de
meilleures performances financières et vice versa. Malgré cette relation neutre nous
avons pu tout de même détecter la présence d'un arbitrage entre les deux concepts.
Par ailleurs, nos résultats nous ont permis de constater que les variables qUi
peuvent jouer un rôle primordial dans la détermination du pourcentage de femmes
emprunteurs (indicateur de DPS) sont la taille et le type de l'institution. Ainsi, les IMF
plus grandes (celles qui ont le plus d'emprunteurs) et les coopératives ont tendance à
moins privilégier la clientèle féminine. Quant aux PF, la seule variable qui puisse les
influencer est le risque. Un portefeuille à risque plus élevé mettrait un frein à bonne
rentabilité
Pour clore ce travail de recherche, on peut affirmer que la microfinance peut bel
et bien réaliser son rôle d'intermédiaire financier et social, mais pour cela les IMF
doiventtrouver la meilleure stratégie de gestion qui leur est propre. Par conséquent, elles
doivent se donner les moyens de gérer le risque inhérent aux populations pauvres.
Exclure systématiquement les plus défavorisés serait remettre en cause le bien fondé de
la micro finance.
ANNEXE A: Tableaux récapitulatifs de la relation PF-PS
Performance sociale -> Performance (1) Hypothèse de l'impoct social ou du bon « (3) Hypothèse de
Performance Financière .> (2) Hypothèse des fonds disponibles ou du « slack (4) hypothèse de
Performance sociale organisationnel» l'opportunisme
Performance sociale <=> Performance
(5) Synergie positive (6) Synergie négative
Financière
t • Loan size
• Loan duration
• Complementary services
• Economie growth
• Policy framework
Trade-offs to be made
• Large impact / limited outreach ?
• Broad or deep outreach / less impact?
• Smaller impact / high sustainability ?
5
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The impact of stakeholder management on short run and long run shareholder value
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63
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