Université Episcopale D'Haïti (Uneph) Faculté Des Sciences Agronomiques (FSAG)
Université Episcopale D'Haïti (Uneph) Faculté Des Sciences Agronomiques (FSAG)
Université Episcopale D'Haïti (Uneph) Faculté Des Sciences Agronomiques (FSAG)
(UNEPH)
Faculté des Sciences Agronomiques
(FSAG)
Option : Phytotechnie
Décembre 2015
ii
Signature
Thème de recherche
Option : Phytotechnie
Signatures Date
BEAUBRUN Marie Rose Valoune, Ing.- Agr. M. Sc., Membre ….………….. ……….
DEDICACES
REMERCIEMENTS
Cette étude n’aurait pas pu être achevée sans l’aide du grand Dieu, les précieux concours de
nombreuses personnes et institutions. En ce sens, je voudrais adresser particulièrement mes
remerciements à :
Mes parents, Monsieur et Madame Idessaint FRANÇOIS, qui ont été toujours prêts à remuer
ciel et terre en vue de me doter de cette formation agronomique;
Ma conseillère scientifique, Marie Eunide Alphonse Ing.-Agr., Msc. qui a joué le rôle
d’une conseillère-type en apportant son soutien scientifique à la réalisation de mon travail,
malgré ses multiples occupations ;
Aux cadres de L’Association des Techniciens pour la Promotion de l’Agriculture et la
Protection de l’Environnement du Sud-est (ATEPASE) pour leur appui logistique qu’il m’a
fourni pour la réussite de ce travail ;
Ingénieur-Agronome Roosevelt DUBREUSE, pour sa contribution considérable à la
réalisation des enquêtes de terrain ;
Agronome Monéra PAUL, pour son support technique et pour les documents mis à ma
disposition ;
Ingénieur-Agronome Ricot SCUTT pour son aide depuis la formulation du sujet jusqu’à la
fin du travail ;
Tous les enquêté(e)s qui, sans la moindre hésitation, ont accepté de répondre à mes
interrogations et de me fournir des informations supplémentaires ;
Tous les enseignants qui ont contribué à ma formation depuis le primaire en général et tout
particulièrement à ceux de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université Episcopale
d’Haïti en particulier ;
Tous les autres collègues de ma promotion en général, et à ceux de l’option Production
Végétale en particulier ;
Tout le personnel de l'administration de l’UNEPH, spécialement, de la FSAG Ingénieur
Agronome Emaël JEAN-BAPTISTE et Agronome Wolfens JOACHIM.
Tous ceux qui ont contribué d'une façon ou d'une autre à la réalisation de ce travail.
RESUMÉ
L’étude a été réalisée par voie d'enquêtes et d'observations. Une enquête approfondie effectuée
sur un échantillon de 202 producteurs choisis de façon aléatoire stratifiée sur 50 a permis de
connaître l’ensemble des contraintes qui entourent la production d’igname, d’inventorier les
espèces et les variétés cultivées dans la section, d’étudier la place de la culture dans les agro-
systèmes, d’analyser et de déterminer la performance agronomique de l’igname ainsi que les
techniques culturales adoptées.
Les résultats de l’enquête montrent qu’à haut Cap-Rouge, le complexe Dioscorea cayenensis-
rotundata ( igname de guinée à chaire jaune et à blanche), le Dioscorea bulbifera (Masòkò) et
certaines variétés de Dioscorea alata sont les plus cultivées. L’étude permet de constater que
l’igname est classée en quatrième position après l’haricot (Phaseolus vulgaris), le maïs (Zea
mayis) et le chou (Brassica oleracea, L. var capitata). Le rendement de l’igname est très faible,
soit de 7.41 t/ha dans la classe des grands producteurs, 6.30 et 6.11 dans la catégorie des moyens
et petits producteurs ce qui donne en moyenne 6.60 t/ha, par rapport au rendement moyen
national qui est évalué à 12 t/ha. Par contre, l’analyse statistique révèle que les différences
observées entre les classes de producteurs sont significatives entre la classe I-II, I-III et non
significative entre II et III. Ces différences peuvent être expliquées par l’utilisation des
techniques culturales variables et des problèmes socio-économiques des producteurs.
DEDICACES .................................................................................................................................. ii
REMERCIEMENTS ...................................................................................................................... iv
RESUMÉ ........................................................................................................................................ v
3.3. Sols......................................................................................................................................... 12
3.6.4.4. Observation, identification des variétés et mesures des variables au champ ................... 15
4.2.4.5. Le buttage......................................................................................................................... 22
4.7. Analyse des techniques culturales adoptées par les producteurs ........................................... 33
V-CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS......................................................................... 38
Figure 5. Répartition des espèces utilisées comme tuteurs par catégorie de producteurs ............ 26
Tableau 4: Répartition des 505 planteurs d’igname dans les habitations retenues ....................... 14
Tableau 5: Repartions des variétés d’igname les plus cultivées à Cap-Rouge ............................. 17
Tableau 6: Répartition des espèces, variétés inventoriées et celles en voie de disparition .......... 18
Tableau 7: Les différents types d’associations de culture à base d’igname observées ................. 19
Tableau 10: Traitements naturels des plants par les agriculteurs ................................................. 23
Tableau 12: Répartition des modes de faire valoir par catégorie de producteurs ......................... 27
Tableau 13: Répartition des formes de main-d’œuvre par catégorie de producteurs ................... 28
Tableau 14: Répartition des planteurs qui pratiquent le miniset comme mode de multiplication de
semences ....................................................................................................................................... 29
Tableau 16: Rendement de cassage obtenu en t/ha par classe de producteur ............................... 31
Tableau 17: Rendement de la deuxième récolte en t/ha par classe de producteur ........................ 31
Tableau 18: Rendement confondu des deux récoltes en t/ha par classe de producteur ................ 32
de l’Environnement du Sud-est
Développement
DES ANNEXES
I-. INTRODUCTION
Les racines et tubercules affichent une très forte potentialité pour la sécurité alimentaire de
nombreux pays du monde. Ils sont représentés par l’igname (Dioscorea spp.), le manioc
(Manihot esculenta), la patate douce (Impomea batatas) et les aroïdées (Xanthosomas
Sagittifolium (DESTIN, 2011). La production mondiale d’ignames est de 53 millions de t/an sur
4 millions d’hectares répartissent dans 56 pays, dont 95% en Afrique de l’Ouest, avec le Nigeria
en tête (26 millions de tonnes), Ghana (4 millions), Côte d’Ivoire (3 millions) et le Bénin (2
millions) (FAOSTAT, 2009). En Haïti, la superficie en racines et tubercules avoisine 190,000 ha
dont l’igname occupe 23% soit de 43,700 ha. Les superficies destinées à la culture d’igname ont
été estimées à 37.000 ha en 1987 et à 43.700 en 2009 (SCUTT, 2009). En 1991, son volume de
production était évalué à 170.000 tonnes (SCUTT, 1991) et passait à 524.400 tonnes avec un
rendement national de 12 t/ha (MARNDR, 2013). En conditions paysannes, les rendements
moyens de l’igname ont été estimés 5.5 T/ha et en conditions contrôlées, ils varient jusqu'à 20
T/ha (PIERRE-JEAN, 1985). Les rendements retrouvés sur la parcelle paysannes varient suivant
les zones agro-écologiques : de 9 T/ha de moyennes altitude et passent à 9,1 T/ha dans les hauts
plateaux. Et selon le potentiel de la plante, son rendement est estimée à une valeur allant de 60-
70 t/ha (PIERRE-JEAN, 1985).
A Cap-Rouge, presque chaque agriculteur a une petite surface plantée en igname, et leur
importance s’explique par son double rôle que joue cette culture dans le fonctionnement des
exploitations paysannes. Sur le plan alimentaire, il garantit la sécurité alimentaire des familles
car, malgré la rareté d’autres denrées agricoles, il y a toujours des buttes d’igname jaune plantée
sous les arbres de son jardin « lakou » ou « pré-kay » appelé (Yanm atoutan). Sur le plan
économique, les recettes tirées de la vente d’igname facilitent l’achat de têtes de bétails par les
agriculteurs et payer la scolarité de leurs enfants. Comme toutes les autres zones de production
d’igname en Haïti, Cap-Rouge est figuré dans la liste et est malheureusement confrontée à
d’énormes contraintes techniques et socio-économiques qui risquent de décimer cette culture
dans la section.
Pour la place qu’occupe l’igname tant sur le plan économique qu’alimentaire, ATEPASE a
décidé de faire un diagnostic technique de la culture d’igname afin de pouvoir identifier les
facteurs qui limitent la production de cette espèce à Cap rouge.
1.2. Objectifs
1.2.1. Objectif général
L’étude vise à discerner les principales contraintes et les opportunités qui entourent la culture de
l’igname à Cap-Rouge en vue d’élever son niveau de développement.
1.3. Hypothèses
1) Le goulot d’étranglement pour un bon développement de la culture de l’igname se repose
sur des pratiques culturales non adaptées, des problèmes socio-économiques et la non-
disponibilité de semence de bonne qualité dans la section communale.
II - REVUE DE LITTERATURE
2.1. Généralité de l’igname
L’igname est un nom générique s'appliquant à plusieurs plantes appartenant à une vingtaine
d'espèces du genre Dioscorea (famille des Dioscoréacées) cultivées dans toutes les régions
tropicales. Le genre Dioscorea comprend plus de six cents espèces dont une dizaine est cultivées
comme plantes alimentaires (KNUTH, 1924, cité par SCUTT en 1991). Trois espèces
représentent plus de 95% de la production mondiale : D. alata : originaire d’Asie du Sud-est,
aujourd’hui largement diffusée dans toute la zone intertropicale, D. cayenensis-rotundata (D.c.r):
complexe spécifique qui regroupe D. cayenensis (igname jaune) et D. rotundata (igname
blanche). Elles sont originaires des pays du Golfe de Guinée. Ces deux espèces sont préférées
par les populations, particulièrement en raison de leurs qualités organoleptiques (ADOLPHE,
2008 et DANSI, 2011).
Parmi ces espèces, seuls Dioscorea alata et le complexe D. cayenensis – D. rotundata font
l’objet d’une culture à grande échelle et présentent une importance économique réelle surtout en
Afrique (VOLOLONIAINA, 2008).
Composants Valeurs en g
Calories 83%
Protéines 1,1 g
Glucides 19,7 g
Lipides 0,1 g
Fibres alimentaires 2,8 g
Sources : Santé Canada, fichier Canadien sur les éléments nutritifs 2010
espèces alternes ou opposées. A leur aisselle se développent des bulbilles pouvant servir à la
multiplication de la plante, et parfois consommables (Dioscorea bulbifera).
Les inflorescences axillaires sont des grappes ou des épis; les fleurs femelles, trimères, à ovaire
triloculaire donnent des samares à trois ailes. Les tubercules de forme variable, ovoïde à
oblongue, parfois aplatie ou en forme de massue allongée, peuvent atteindre 1 m de longueur et
leur poids, généralement de 3 à 5 kg, peut aller jusqu’à 15 kg. Ils sont garnis d’yeux comme les
pommes de terre. La peau est généralement jaune, mais peut être presque blanche ou plus foncée
de brunâtre à noirâtre. La chair est généralement blanche, parfois jaunâtre (SCUTT, 1991).
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Embranchement Spermaphytes
Sous-embranchement Angiospermes
Classe Monocotylédones
Ordre Dioscoréales
Sous-classe Liliidae
Familles Dioscoréacées
Genre Dioscorea
Espèces sp.
variétés d’igname cultivées ont des exigences écologiques strictes. Elles se développent
normalement dans les régions intertropicales humides et très humides de tous les continents.
L’igname exige une température idéale qui oscille entre 23 et 30 °C pour pouvoir se développer.
Leurs tiges se développent bien dans l’intervalle de 700 à 1500 m d’altitude. Si les températures
tombent en dessous de 20 °C, leur croissance est fortement freinée. Toutefois, elle pousse bien
dans les zones à climat tropical et subtropical, à l’exception de la variété connue sous le nom de
Dioscorea batata qui s’adapte dans les régions tempérées (ONWUEME, 1978).
Défricher la parcelle
Creuser un trou à la pioche facilitant la descente du tubercule de 80 à 100 cm de diamètre sur
40 à 50 cm de profondeur.
Epierrage de la terre déposée à coté du trou pour éviter toute déformation des tubercules
pendant sa croissance.
Paillage du trou avec des feuilles d’arbres, résidus de graminées ou de céréales pour
constituer la butte en remettant sur les pailles les terres retirées du trou.
La partie supérieure de la butte devrait être mélangée avec du fumier bien décomposé pour
faciliter la croissance des racines (SCUTT, 1991).
À la plantation, les semences peuvent connaitre trois types de répartition sur la butte. Elles
peuvent être placées individuellement à raison d’un plant jusqu’à quatre semences par butte
dépendamment de la taille des buttes. Dans le cas d’une semence par butte, la densité de
plantation varie avec le nombre de butte (PNDRT, 2007).
La technique de miniset mise au point Nigeria par le NRCRI, permet une multiplication rapide
des semences. Des fragments de tubercules pesant 25 à 50g sont mis à germer en pépinière puis
replacées sur des planches mesurant six à huit m2. On obtient de tubercule de 100 à 300g qui
serviront de semenceaux la prochaine campagne (BOYER, TEMPLE and SCUTT, 2014).
2.7.5.1. Désherbage
La culture d’igname est sensible aux mauvaises herbes entre un à trois mois après la levée
(GENEVIEVE, 2002). En culture continue, trois à quatre sarclage peuvent être effectués. Le
désherbage chimique permet de bien maitriser les mauvaises herbes pendant les quatre à cinq
premiers mois dans les zones de pluviométrie moyenne et pendant les trois premiers mois en
zones forestières (Mémento de l’Agronome, 2002).
2.7.5.3. Tuteurage
C’est une opération qui consiste à placer des gaules de 1 à 2 mètres de longueur entre deux ou
plusieurs buttes pour faire grimper la tige de l’igname, mais pratiquée dans le système « chouk. »
Dans le système sous bois le tuteur est fait de grand arbre. Sans tuteur, le rendement peut
régresser de 0 à 50% selon les variétés (SCUTT, note supplémentaire pendant l’enquêtes 2015)
2.7.5.4. Récolte
La récolte a lieu 6 à 10 mois après le semis. Elle intervient lorsque la partie aérienne jaunit et se
dessèche. On le fait à la main et on distingue deux types : le cassage et l’arrachage.
2.7.5.5. Le cassage
Il se pratique pour l’igname guinée et l’igname jaune en première récolte. C’est une technique
qui consiste à récolter le tubercule en laissant en place le sommet ou pré tubercule et le collet
avec une partie des racines (MESSIAN, 1989 cité par SCUTT, 1991). Et la plante peut fournir
une deuxième récolte qui servira de semence. L’arrachage consiste à enlever les tubercules des
buttes avec précautions pour éviter de les briser. Mais, il est pratiqué pour les ignames à récolte
unique ou en deuxième récolte, dès l’arrêt complet du cycle végétatif pour celle à deux récoltes.
Les champignons qui attaquent les feuilles sont : Curvularia spp, Fusarium spp, Rhizoctonia spp,
Sclerotium rolfsii, Cercospora spp. Les trois genres les plus répandus qui causent de grands
dégâts aux tubercules et au collet sont le Fusarium, Penicillium et le Bothriodiplodia associés
aux pourritures des tubercules. L’anthracnose causée par le couple Colletotrichum
gloeosporioïdes, Glomerella cingulata peut provoquer des pertes énormes de production de
tubercule allant de 50 à100% et la disparition de certaines variétés de D. alata (DEGRAS, 1986).
(1986). Ils ont trouvé dans la pourriture molle sur Dioscorea rotundata, Clostridium,
Corynebacterium, Vibrio et surtout Bacillus temus (PATRICE et ATTAKY, 2009).
Une diversité de symptômes de maladies observés sur l’igname est d’origine virale. Des
symptômes de mosaïques ont été trouvés sur la plupart de Dioscorea alata, Dioscorea
cayenensis et très abondant chez le Dioscorea trifida. En Barbade, des attaques virales ont
engendrés une diminution de production de 40 à 60% chez le Dioscorea alata. En Haïti dans une
étude réalisée sur la cartographie des virus de l’igname, il a été détecté des badnavirus sur D,
cayenensis, bulbifera, trifida, alata, rotundata, des Potexvirus sur bulbifera et rotundata, des
potyvirus sur trifida et YMMV sur alata et trifida (FILLOUX, SCUTT ET PROPHETE, 2013).
Les principaux nématodes liés à la culture d’igname sont : Scutellonema bradys, Pratylenchus et
Meloidogyne incognita (KERMAREC et al, 1977 et 1989 : cité par RENFORT, 2011). Ils
mentionnent une concentration de nématodes au niveau de la partie proximale du tubercule de
l’igname par rapport à la partie médiane et distale. Les nématodes peuvent provoquer la chute
totale de la culture d’igname (CASTAGNONE S, 1989)
La partie aérienne de la plante peut être endommagée par des larves de lépidoptères, des
cochenilles, la fourmi défoliatrice du manioc Acromyrmex octospinosus. La partie souterraine
peut être attaquée par des cochenilles dont les dommages s’aggravent entre la récolte et la
plantation. Les agressions des larves de Coléoptères sur le système racinaires engendrent de
pertes énormes. Les dégâts les plus spectaculaires, mais dépassant rarement 1% de la récolte sont
causés par les Scarabéidés, Dynastidés et Melolontidés. (COURSEY, 1967et DEGRAS, 1986).
Il y a aussi des oiseaux qui ébourgeonnent les jeunes tiges et feuilles et des rats qui se nourrissent
des tubercules avant la récolte ou pendant la conversation.
Cap-Rouge, 3me section communale des Cayes Jacmel se situe à 800 m d’altitude. Elle occupe
une superficie de 14.8 km2 et est située à 17 km de la ville de Jacmel. Cette section communale à
une population estimée à 18000 habitants repartit sur 22 habitations (IHSI 2012).
3.2. Climat
Cap-Rouge est une zone semi-humide de montagne, elle a un climat tropical humide. Il est
caractérisé par une saison pluvieuse et une saison sèche. La saison pluvieuse partant du mois de
Février à Octobre et la saison sèche allant de novembre à mars (FACN, 1995).
3.2.1. Pluviométrie
La pluviométrie annuelle de Cap-rouge se situe entre 1400 à 2000 mm par an. Les résultats de 25
années montrent que la pluviométrie moyenne annuelle est de 1700 mm repartie de façon
hétérogène (FACN, 1995).
3.3. Sols
Les sols de Cap-Rouge sont de type alluvionnaire à texture sablo-limoneux. Dans certaine
localité on rencontre des sols à prédominance ferralitique (FACN, 1995).
3.4. Végétation
La végétation est très diversifiée. La strate arborée regroupe en majorité les espèces à vocation
forestière comme : le chêne (Catalpa longissima), le cacia (Cassia fistula, L), le lilas (Gliricidia
sepium), le calebassier (Passiflora maliformis, L), etc. Parmi les espèces fruitières on compte les
citrus, le cocotier (Cocos nucifera), le cachiman cœur de bœuf (Anona reticulata L), etc.
Pour parvenir aux objectifs fixés et tester les hypothèses avancées, les démarches suivantes ont
été adoptées :
Recherches bibliographiques
Enquête exploratoire
Echantillonnage
Enquête formelle et visite de terrain
Traitement et analyses des données
Dans la perspective de conserver la structure de la population, les producteurs ont été classés en
3 catégories : les petits producteurs sont ceux qui conduisent une quantité inferieure ou égale à
350 buttes d’igname, les producteurs moyens 350 à 750 buttes, et les grands producteurs butte
comprise entre 750 et plus. Cette classification n’a pas été faite sur la base de superficie
emblavée en démarrage mais, plutôt sur la quantité d’igname plantée par producteur.
Producteurs
Petits Moyens Grands Total
103 53 46 202
51 % 26% 23% 100%
Tableau 4: Répartition des 505 planteurs d’igname dans les habitations retenues
occupée par l’igname, aux différentes cultures auxquelles l’igname est associée, au calendrier
cultural de la zone ; à l’outillage utilisé, aux avantages et aux inconvénients de la culture.
Afin de pouvoir vérifier et compléter les informations collectées auprès des agriculteurs, des
observations et mesures de certains paramètres agronomiques au champ on été effectuées pour
éviter toutes confusions et voir la fiabilité de ces données par rapport celle recueillies des
planteurs pour les comparer et tirer des conclusions valables.
Des carrés d’échantillonnage de 5 m x 5 m délimités au hasard dans les parcelles retenues pour
les mesures. Le nombre de carré par parcelle varie de 3 à 5 en fonction de la taille du jardin.
Dans chaque carré équivaut à 25 m2, le nombre de butte et de plants ont été déterminés par
comptage et la moyenne de ces nombres a été utilisée à chaque fois pour les ramener à l’hectare.
La distance entre les buttes a été mesurée aux sens vertical et horizontal à l’aide d’un ruban
métrique. La hauteur des buttes a été mesurée avec un piquet placé dans la base du trou jusqu’au
sommet de la butte, la longueur de celle-ci étant ainsi mesuré à l’aide d’un ruban métrique.
Les rendements ont été calculés sur 27 parcelles d’igname à raison de 9 parcelles par catégorie
de producteur. Des carrés d’échantillonnage mesurant 5 m x 5 m ont été délimités dans les
parcelles. Le nombre de carré de rendement choisi varie de 2 à 5 en fonction de la taille du
jardin. Pour une superficie < 0,063 ha on choisi deux carrés, > 0,134ha 4 carrés et 5 carrés pour
toute celle supérieure à un hectare. Dans chaque carré, le poids des tubercules récoltés a été
déterminé à l’aide d’une balance et la moyenne des poids obtenus a été ramenée à l’hectare.
A Cap-Rouge, l’igname jaune, l’igname de guinée, yanm diven, yanm mablèz, yanm riyal et le
masòkò sont les variétés inventoriées. L’étude nous a permis de constater que, l’igname jaune,
l’igname de guinée sont les variétés les plus cultivées dans la zone en raison de leur valeur
marchande, leur bonne capacité d’adaptabilité aux conditions agro-écologiques de la zone ; leur
faible sensibilité aux attaques des larves scarabéidés et curculionidés et à l’anthracnose.
L’igname jaune et l’igname de guinée donnent aux planteurs la possibilité d’obtenir une double
récolte annuelle. Ce tableau ci-dessous montre à quel pourcentage que les variétés d’igname sont
présentes dans les parcelles des agriculteurs.
Grand 46 41 5
Moyen 53 37 16
Petit 103 38 65
Total 202 116 76
Moyenne en % 100% 57.43% 37.62%
On a pu remarquer la variété d’igname jaune est dominante dans le système de culture, 100% des
agriculteurs soit 202 plantent de l’igname jaune, 57.43% soit de 116 agriculteurs plantent de
l’igname guinée et l’igname jaune et en fin 76 agriculteurs soit de 37.62% agriculteurs ne
possèdent pas de l’igname de guinée.
Le Dioscorea cayenensis appelé igname jaune est reconnu par ses épines plus ou moins érectes
ses feuilles entières arrondies, son tubercule est de couleur jaune.
Le Dioscorea rotundata de sont coté est reconnaissable par les épines plus ou moins recourbées,
ses feuilles entières allongées et son tubercule à chair blanche.
Le Dioscorea alata est caractérisé par ses feuilles vertes ou rougeâtres pourvues de trois ou
quatre expansions plates ou ondulées appelées ailes. Les feuilles sont entières, non lobées.
Plusieurs variétés sont rencontrées :
L’igname rurale est une plante très vigoureuse, à feuilles souvent anthocyanées qui produit des
bulbilles. Les tubercules souterrains sont profonds et la chair est de couleur blanche.
L’igname divin et l’igname pasteur ont presque les mêmes caractéristiques que l’igname rurale,
avec la seule différence qui est l’absence des bulbilles. La tige et les feuilles sont moins
vigoureuses et l’igname divin peut se différencier de l’igname français seulement par les
tubercules à chair violacée. Donc une seule récolte est effectuée avec ces différentes variétés et le
cycle est de 8 à 12 mois.
3 Dioscorea alata Rial, divin, pasteur, fransè fransè divin, Igname pastè
Le Dioscorea alata est en voie de disparition à cause de leur sensibilité aux marocas, aux
champignons et d’autres maladies et le Dioscorea rotundata est peu cultivée pour sa forte
exigence en soins depuis la plantation jusqu’à la récolte et la cherté des semences. Mais cette
variété se comporte plus bien dans les zones de basse altitude.
(***) Association abondamment pratiquée (**) Association assez pratiquez (*) Association
occasionnellement pratiquée. Les agriculteurs ne pratiquent pas l’igname en monoculture.
Pour la majorité des planteurs enquêtés, la rotation de culture est considérée comme un moyen de
lutte efficace qui empêche la multiplication de certaines maladies et des pestes qui sont nuisibles
aux cultures. Les agriculteurs qui disposent de grande superficie évitent le retour la culture
d’igname sur une même parcelle. Cependant, dans la catégorie des petits producteurs, certains
agriculteurs sont obligés de venir avec l’igname pendant deux années consécutives sur la même
parcelle vue qu’ils n’ont pas recours à d’autres portions de terres capables de faire l’igname.
Mois de l’année
Variétés Nov Dec Jan Fev Mar Avr Mai Ju Jui Au Sep Oct Nov Dec Jan Fev
Le tableau ci-avant montre qu’un agriculteur qui emblave 625 m2 équivaut à 0,063 ha en igname
dans la catégorie des petits producteurs, soit de 350 buttes dépense 3500 gourdes pour préparer
les buttes (trouaison, ralage et buttage des buttes) ; pour les producteurs moyens, 1339.3 m2 ou
0,134 ha pour planter 750 buttes, dépense 7500 gourdes et pour les grands producteurs, 1964.3
m2 ou 0,14 ha pour planter 1100 buttes dépense 1100 gourdes pour cette opération uniquement.
Donc avec ces calculs on peut déterminer les coûts de préparation des buttes d’un agriculteur qui
cultive moins ou plus d’un hectare.
4.2.4.2. Trouaison
Pour réaliser une butte, on creuse un fossé mesurant 50 cm à 90 cm de diamètre et une
profondeur allant de 45 à 90 cm pour faciliter la descente des tubercules. Ces opérations se
réalisent soit avec une houe ou une pioche, cela est fonction du type de sol dont il s’agit.
4.2.4.3. L’épierrage
C’est une opération qui consiste à enlever les pierres retrouvée dans la fosse pour rendre meuble
le sol. Ainsi, quand l’igname atteint son stade de tubérisation, celle-ci évite toute tentative de
déformation des tubercules.
4.2.4.5. Le buttage
Le buttage de son coté, c’est une technique qui permet de surélever au-dessus du trou la terre
mise au dehors lors du creusement de fossé. Les variables qui ont été mesurées concernant les
buttes ne sont pas uniformes sur toutes les parcelles des agriculteurs observées. La longueur
d’une butte varie de 64 à 70 cm sur 40 cm de largeur ; les hauteurs varient de 42 cm à 70 cm
pour les variétés d’igname jaune et guinée.
Il est à souligner que les données collectées qui ont été mesurées sur la hauteur des buttes ne
représentent pas les hauteurs initiales, car sous la pression de fortes pluies les buttes avaient été
déjà subies des tassements qui diminuent la hauteur avant les prises de mesures.
Le tableau ci-dessous montre l’ensemble des agriculteurs qui traitent leurs semences avant de les
exposés en bassin ou les couvées comme les disent. Sur 202 agriculteurs enquêtés, 9 d’entre eux
soit 5% utilisent le (cendre jus d’orange et lanman) ; 14% soit 29 agriculteurs traitent les plants
avec le cendre ; 23% soient de 47avec jus d’orange et cendre et finalement 58% soit de 117
planteurs sur 200 n’utilisent aucune forme de traitement.
4.2.6. La plantation
La mise en terre des plants se fait quand les tiges apparaissent. Mais pour l’igname récoltée en
retard les tubercules sont plantés quand les boursouflures apparaissent dans la partie proximale,
ce qui traduit que la dormance est déjà levée. La plantation se fait manuellement et les plants
sont enfouis sur la partie haute de la fosse.
4.2.8.1. Le désherbage
Le nombre de sarclage effectué par les agriculteurs varie de 1 à 3 sarclages pour l’espèce
Dioscorea cayenensis et le Dioscorea rotundata. L’igname souvent associée avec la culture du
maïs et de l’haricot subit un premier désherbage deux mois après la plantation, un deuxième 5 à
6 mois pendant la phase de tubérisation et enfin un dernier pas souvent pratiqué par tous les
agriculteurs 8 mois après le cassage. Le tableau ci-dessous présente en détails les désherbages
pratiqués.
Petits 13 90 0 103
Moyens 3 48 2 53
Grands 0 42 4 46
Ce tableau montre que la quantité d’agriculteur qui pratique deux (2) désherbages représente
80%, 7% pratique un désherbage et 3% fait 3 désherbages pendant tout le cycle de la culture.
Cependant, malgré la rareté de fertilisants et le prix exagérés de ce dernier sur les marchés
locaux, il existe certains agriculteurs qui utilisent de l’engrais chimiques accompagnés du
paillage dans leur parcelle. Par manque de formation des agriculteurs ou l’absence d’un
fertilisant sur le marché, ils utilisent soit de l’engrais Urée à la place de l’engrais complet (NPK).
Cette mauvaise utilisation affecte négativement le rendement de l’igname.
La figure ci-dessous montre que les agriculteurs qui font l’usage de fertilisants chimiques dans
leur parcelle montre dans ce graphique que 46% soit 94 agriculteurs sur 202 utilisent de l’engrais
chimique et 54% soit de 108 ne font pas d’usage de fertilisants chimiques.
4.2.8.3. Le tuteurage
Le tuteurage, c’est la mise en place d’un support appelé tuteur mesurant 2 à 2.5 m de hauteur qui
permet à la tige d’igname de se grimper. Certains agriculteurs les fixent immédiatement après la
plantation et d’autres attendent un à deux mois pour les placer quand il y a rareté. Le tuteurage se
résume en deux éléments : le tuteur et le gaulis qui est un autre support qui sert de pont entre la
butte et le tuteur pour amener la tige vers ce dernier. A Cap-Rouge, le type de tuteur utilisé varie
en fonction de la disponibilité d’espèces végétales qui se retrouve dans la zone. Les tuteurs les
plus utilisés sont le bambou et les autres espèces de repousse à croissance rapide telles que :
siwèl, bwa panyol et accasia. Pour acheter un bambou capable de donner trois (3) à quatre (4)
tuteurs, l’agriculteur doit disposer 125 gourdes. Et ces bambous peuvent être réutilisés jusqu’à 2
ans au maximum, pour procurer les tuteurs proviennent des rak, l’agriculteur paie 150 à 200
gourdes la douzaine mais ceux-ci sont plus difficile que le bambou. Donc la majorité des
planteurs enquêtés utilisent comme tuteur le bambou. Le graphique ci-dessous montre que 21%
des producteurs enquêtés utilisent d’autres espèces végétales comme tuteurs et 79% soit de 159
agriculteurs utilisent le bambou.
Figure 3. Répartition des espèces utilisées comme tuteurs par catégorie de producteurs
4.2.9. La récolte
La première récolte s’effectue à partir du sixième ou huitième mois après la plantation. Celle-ci
consiste à récolter soigneusement une partie du tubercule en laissant en place le sommet ou le
prétubercule et le collet avec une partie des racines. L’arrachage consiste à dégager le tubercule
du sol à partir du dixième au douzième mois. Pour les variétés à double récolte, une partie des
tubercules récoltés servent de semences pour la prochaine plantation et l’autre partie est
consommée et/ou commercialisée. Les ignames récoltées après la date idéale peuvent engendrer
des pertes de semences pour la plantation de la prochaine saison.
4.2.10. Conservation
Il n’existe pas une méthode de conservation réelle par les agriculteurs permettant de garder les
tubercules pendant une longue durée dans un endroit. Ainsi, les tubercules destinés à la
commercialisation sont vendus lors ou toute suite après la récolte. Pour les parcelles qui sont
placées très éloignées de la maison, les agriculteurs viennent avec les tubercules et les exposés
dans un endroit pendant un ou deux jours, le temps pour les transporter au marché.
4.3.1. Le foncier
Les parcelles en igname sont travaillées soit en mode de faire valoir direct (terres mineures ou
héritées, terres achetées) soit en faire valoir indirect (fermage, métayage). Le tableau ci-dessous
présente les différents modes de faire valoir des terres emblavées en igname par catégorie de
producteurs.
Tableau 12: Répartition des modes de faire valoir par catégorie de producteurs
Petits 80 17 6 103
Moyens 32 8 13 53
Grands 22 14 10 46
Le tableau ci-dessus montre que 66% soit de 134 des producteurs interviewés pendant exploitent
des terres en mode de faire valoir direct, 20% soit de 39 producteurs en faire valoir indirect et
14% soit de 19 en de faire valoir direct et indirect.
4.3.3. Le travail
Certains producteurs sont obligés de recourir à la main-d’œuvre salariale en raison de faible
force de travail familiale. Les opérations qui demandent plus de main-d’œuvre restent la
préparation des buttes. Pour les autres opérations, les agriculteurs paient des Hommes-jour soit
de 125 ou 150 gourdes pour 6 à 7 heures de temps accompagnée de deux repas. Les producteurs
à faibles moyens financiers échangent des journées de travail appelé « Asosye ». Dans cette
structure, l’agriculteur récepteur assure l’alimentation du groupe pendant les heures de travail.
Petits 51 26 24 103
Moyens 9 26 20 53
Grands 0 31 15 46
Total 60 83 59 202
Dans le tableau ci-avant, on voit que la main-d’œuvre salariée représente en moyenne 41% de la
main-d’œuvre totale soit de 83 agriculteurs, 30% de la main-d’œuvre familiale soit de 60
agriculteurs et 29% soit de 59 agriculteurs qui utilisent les deux à la fois.
Tableau 14: Répartition des planteurs qui pratiquent le miniset comme mode de
multiplication de semences
Pour trouver les semences de l’igname, les agriculteurs utilisent celles provenant de leurs
parcelles. Le tableau ci-dessus montre que 16% de la population soit 34 agriculteurs sur 202
pratiquent la multiplication par mini fragmentation appelée miniset et 34% soit de 168
agriculteurs n’ont aucune connaissance de cette méthode de multiplication des plants.
4.4.2. L’outillage
Pour effectuer les différentes opérations liées à la production d’igname, les agriculteurs de Cap-
Rouge utilisent des outils manuels traditionnels comme : pioche, houe, machette, serpette et
autre. Ces outils se rencontrent sur presque toutes les exploitations agricoles des producteurs
enquêtés. Tandis que les pulvérisateurs et les arrosoirs se trouvent rarement chez certains grands
producteurs qui pratiquent la culture maraichère.
En général, le transport d’un sac de 90 kg en moyenne d’igname vers les marchés de Port-au-
Prince coûte 125 à 150 gourdes. Quand l’igname est abondante sur le marché le prix d’une
cuvette ou d’un sac paille diminue considérablement. Certains producteurs sont obligés de payer
une motocyclette pour assurer le transport de Cap-Rouge vers la ville de Jacmel pour augmenter
leur mage. Les deux marchés locaux ne suffisent pas pour l’écoulement des produits en périodes
de pointe qui s’étend depuis le mois d’Octobre jusqu’au mois de novembre. Le livre d’igname
se vend sur le marché 17 à 20 gourdes aux personnes ayant des contrats avec les ONG.
Zones Jours
Canyette Mardi-Jeudi-Samedi
Vergeon Lundi-jeudi
récolte. Le cumul des rendements de ces deux récoltes pour chaque classe et pour les mêmes
agriculteurs donnent des rendements moyens globaux annuels varient de 5.97 t/ha à 7.35 t/ha.
Classe 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Moy
Grands 4.64 4.47 3.51 5.64 5.83 4.71 4.13 3.25 4.82 4.56
Moyens 3.52 3.84 4.41 4.22 3.20 3.47 3.06 2.91 3.17 3.53
Petits 3.02 3.81 3.12 4.62 3.23 2.85 3.24 3.86 3.47 3.47
Pour la première récolte, les rendements moyens à l’hectare mesurés varient de 3.47 à 4.56 t/ha.
Une analyse de variance (à 5% d’incertitude) rejette l’hypothèse d’égalité des rendements
moyens. Toutefois, un test de comparaison multiple selon la méthode de Fisher et le test de « t »
montre que les rendements moyens à l’hectare obtenus dans la classe des grands producteurs sont
supérieurs et différents de ceux obtenus dans la classe des moyens et petits producteurs.
Classe 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Moy
Grands 3.13 2.64 3.56 3.25 2.20 2.07 2.43 3.02 3.43 2.89
Moyens 2.61 2.33 3.72 3.42 2.65 2.47 2.82 2.77 2.18 2.77
Petits 2.33 3.22 2.49 2.68 2.97 3.42 2.17 2.24 2.31 2.64
Tableau 18: Rendement confondu des deux récoltes en t/ha par classe de producteur
Classe 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Moy
Grands 7.77 7.11 7.07 8.89 8.03 6.78 6.56 6.27 8.25 7.41
Moyens 6.13 6.17 8.13 7.64 5.85 5.94 5.88 5.68 5.35 6.30
Petits 5.35 7.03 5.61 7.30 6.20 6.27 5.41 6.10 5.78 6.11
L’hypothèse d’égalité entre les rendements moyens à l’hectare mesurés pour les deux récoltes
confondues est rejetée. Un test d’analyse de variance à 5% d’incertitude rejette l’hypothèse
d’égalité entre les rendements moyens à l’hectare mesurés pour les deux récoltes confondues. Un
test de comparaison multiple par la méthode de Fisher et le test de « t », justifie que le rendement
moyen à l’hectare obtenu dans la classe des grands producteurs est supérieur et différent de ceux
provenant de la classe des moyens et petits producteurs.
Pour la lutte phytosanitaire, certains agriculteurs utilisent le cendre de cuisine, jus d’orange sure
et les feuilles de lanman avant la plantation contre la pourriture des plants. Ils pratiquent le
tuteurage, le sarclage, le paillage, la rotation de culture et la jachère pour lutter contre les
insectes, et l’anthracnose. La jachère se fait aussi pour permettre au sol de se reconstituer car au
moment de la récolte, le sol subit des déformations au niveau de sa structure et sa fertilité
diminue. Souvent fois, les agriculteurs font très mal la rotation culturale puisqu’ils font succéder
sur une même parcelle les mêmes cultures ou une autre culture appartenant à une même famille.
Pour la préparation des plants, les agriculteurs utilisent les semences proviennent de leur parcelle
ou l’achat d’autres plants. Tandis que, il existe aujourd’hui une méthode de multiplication de
semence très fiable qui est la technique de mini-fragmentation ou « miniset » pouvant résoudre le
Les producteurs n’ont pas une bonne manière de gérer la fertilité de leur sol. Ils n’utilisent que la
matière organique disponible en petite quantité dan la zone. Les producteurs qui font usage de
fertilisants chimiques sont peu et l’application se fait de façon non contrôlée car aucune analyse
de sol n’a été faite au préalable. En fin, l’utilisation des outils rudimentaires et les semences de
mauvaises qualités non traitées ne sont pas favorables pour l’obtention d’un rendement
appréciable au niveau de la section.
Sur le plan technique, les agriculteurs ne conduisent pas les parcelles de la même façon, depuis la
préparation de sol jusqu’à la récolte. La profondeur et la distance entre les buttes varient d’un
agriculteur à l’autre. La jachère qui permet au sol de se reconstituer ne fait pas aussi de la même
manière. Certains agriculteurs pratiquent la jachère pâturée avec ou sans apport de la matière
organique. Cependant, d’autres le font avec seulement des apports sans pâturage.
Les opérations culturales ne sont généralement pas les mêmes, la fréquence de désherbage varie
d’un à trois dans la section, et la quantité recommandée est au moins 3 pendant tout le cycle de la
production. Le niveau de fertilité des sols sont différents d’une parcelle à l’autre et surtout, dans
la catégorie des grands producteurs qui souvent font des apports de fertilisants chimiques. Dans
cette même catégorie, ils associent de l’igname avec le chou qui subit toujours de la fertilisation
chimique, et que l’igname en profite de ce dernier pour se développer très bien et tubériser plus
convenablement.
Ainsi, les différences constatées entre les rendements au niveau des trois classes de producteurs
au sein de la même section communale peuvent être expliquées par : le mode de gestion de
fertilité du sol propre à chaque agriculteur, par l’application des techniques culturales relatives à
chaque agriculteur, l’application des tuteurs souvent fait en retard, le nombre de sarclage, le
traitement des semences, l’absence des soins phytosanitaires et les modes d’association culturale.
A noter que, une analyse des causes qui sont à la base des différences de rendements observées
au niveau des trois classes de producteurs de la section, nous permettre de mettre beaucoup plus
d’accent sur les conditions du milieu et les techniques culturales comme les principaux facteurs
qui limitent les rendement de la culture d’igname à Cap-Rouge .
Sur le plan agronomique, l’igname a la capacité de fournir des rendements appréciables et sans
trop de difficultés en association avec certaines autres cultures comme : le maïs, le haricot, les
cultures maraichères tant qu’avec les arbres fruitiers tels que : les citrus, le caféier, le cacaoyer et
les espèces forestières (système sous bois).
D’un point de vue écologique, la culture de l’igname ne participe pas à la pollution de la section
car, elle se pratique dans des conditions plus ou moins biologiques. La majorité des producteurs
ne font pas l’usage d’engrais chimiques ni des pesticides synthétiques qui, en cas d’apport de
doses excessives pouvant polluer l’environnement et mêmes les nappes phréatiques. Il faut
souligner que, des fois les agriculteurs utilisent comme tuteurs des jeunes arbres qui participent
dans le processus de déboisement. Mais il y a aussi des espèces à repousse facile qu’on utilise ses
branches comme tuteurs et le bambou qui participe dans la conservation du sol de cette région.
Sur le plan économique, après le chou, l’igname reste l’une des principales cultures de rentes
dans la section communale. D’après les producteurs interviewés, les valeurs ajoutées de cette
culture sont souvent appréciables malgré l’absence d’encadrement technique et économique au
niveau de la zone. La production d’igname est aussi une source de création d’emploi dans la
section pour les hommes- jour, à cause de sa demande de main-d’œuvre élevée et, il y a
également des personnes qui cultivent des arbres de repousse rapide comme le bambou pour les
vendre comme tuteurs.
Les contraintes naturelles, en dépit des autres difficultés rencontrées au niveau de la section,
l’igname fait face à des contraintes naturelles. Celles-ci sont liées à la période cyclonique, parce
qu’il y a de fortes pluies qui accélèrent l’érosion au niveau des zones qui possèdent des pentes
élevées d’une part, et d’autre part, de forts vents qui augmentent le phénomène
d’évapotranspiration des cultures, et abattent les arbres, font tomber les tuteurs sur lesquels sont
grimpés les tiges de l’igname. C’est qui se passe dans les zones exposées au vent comme
« Martel, Jacques » où les agriculteurs qui ne disposent pas de parcelles dans d’autres habitations
sont obligés d’abandonner la pratique de la culture d’igname à cause des pertes totales de
production enregistrées lors de ces périodes.
Sur le plan phytosanitaire, cette culture fait face à un problème de nématodes (Scutellonema
bradys) qui ne provoquent pas de symptôme sur la partie aérienne de la plante mais causant la
pourriture des tubercules ainsi que les plants. Les producteurs ne pratiquent pas de technique de
lutte pour remédier à ce problème. Ce qui occasionne une diminution considérable au niveau du
rendement de la production. Un autre aspect important, certaine fois, pour s’échapper aux
attaques de maroca (Melolonta melolonta), les agriculteurs procèdent à des récoltes avant la
maturité des tubercules ce qui cause une perte de poids et agit sur la qualité gustative des
tubercules.
Les contraintes agronomiques, l’approvisionnement de semences reste l’une des plus grandes
contraintes de la culture et les cultivars sont assez âgés, ils deviennent très sensibles aux attaques
des vers blancs larves de (Scarabéidae ou de Curculionidae). Il faut souligner que pour la culture
de l’igname, les tubercules récoltés sont souvent utilisés pour nourrir la famille, pour
commercialiser et pour produire de nouvelles semences. Les agriculteurs ont tendance à vendre
de plus en plus un pourcentage plus élevé de leur production au détriment de la quantité qui doit
être réservée à la préparation des plants pour la prochaine campagne agricole. En conséquence, il
s’ensuit de plus en plus une rareté de semences et une augmentation considérable de leur coût
lors de la prochaine période de plantation.
Ensuite, certaines techniques culturales traditionnelles pratiquées ne sont pas favorables aux
producteurs à améliorer les rendements. Parfois, la mauvaise répartition et l’irrégularité des
pluies retardent les dates de plantation de la culture. Les agriculteurs jugent qu’il y a une baisse
énorme de la fertilité des sols car certains d’entre eux sont parfois de retourner sur la même
parcelle avec de l’igname pourvue qu’ils n’ont pas recourt à d’autre parcelle. Ce qui signifie que,
la majorité des producteurs sont des petits exploitants qui cultivent moins d’un hectare de terre et
qui vivent presque au niveau de l’autosubsistance sur des parcelles de petites tailles.
Les ennemis de la culture d’igname, outre des contraintes d''ordre agronomique, l’igname fait
face aussi à des problèmes pathogènes qui agissent négativement sur la production. Ces
pathogènes sont : (les champignons, les bactéries, les virus), des parasites et des ravageurs.
Ceux-ci peuvent engendrer des pertes directes mais aussi une diminution de revenu par
l’augmentation du coût de production dû aux traitements.
Pendant les observations faites au cours de l’enquête formelle, on a remarqué des cas de nécrose
foliaire traits caractéristique de l’anthracnose causée par le Colletotrichum gloeosporioides, de
pourriture des tubercules, de jaunissement des feuilles et le desséchement des tiges. Mais
malheureusement pendant l’étude, des problèmes d’ordre économiques nous empêchent d’aller
au laboratoire pour vérifier s’il s’agit naturellement de ces agents pathogènes, car pour un même
symptôme il peut être d’origine des agents différents, ce qui fait la limite du travail. La figure ci-
dessous montre la façon dont les maladies se repartissent chez les trois catégories de producteurs.
V-CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
5.1. Conclusion
A Cap-Rouge, (l’igname jaune), (l’igname guinée), le (masòkò) et certaines variétés de
Dioscorea alata sont les principales variétés cultivées. Les deux premières variétés ont une
grande valeur marchande et que l’on cultive à un but hautement économique. Cependant, la
culture dans la zone, elle évolue dans des conditions difficiles. Face aux contraintes technico-
agronomiques que confrontent les agriculteurs, ils recourent à des pratiques culturales et des
techniques de luttes naturelles contre ces problèmes. Pour le desséchement des tiges, la
pourriture du collet, la tache nécrosée des feuilles et d’autres attaques cryptogamiques, aucune
solution n’est encore trouvée leur permettant de résoudre ces problèmes qui influencent
grandement la performance agronomique.
La productivité de l’igname dans la section est très faible, soit de 7.41 t/ha, 6.30 et 6.11
t/ha dans la catégorie des moyens et petits producteurs ce qui donne en moyenne 6.60 t/ha. Une
analyse statistique des données relatives au rendement de l’igname montre qu’il n’y a pas
d’égalité entre les trois classes de producteurs. Alors, la différence qui existe entre les classes de
producteurs vérifie tout bonnement notre deuxième hypothèse de travail.
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Webographie :