Geodesie

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Geodesie

La géodésie est l'étude de la forme de la Terre, du calcul de ses


dimensions et de la mesure de son champs de gravité. Elle détermine
donc la forme précise de la Terre appelée "Géoïde"

Est « la science qui mesure et représente la surface terrestre ». Bien


que formulée en 1880, cette définition reste valable à ce jour, à
condition d'y inclure la détermination du champ de pesanteur
extérieur de la Terre et celle du fond océanique. La géodésie, qui
comporte indéniablement un fort volet historique de sciences de
l'ingénieur, se retrouve en voisinage immédiat de trois grands
domaines scientifiques, l'astronomie, la géophysique et
l'océanographie, domaines auxquels elle est de plus en plus
étroitement liée compte tenu des innombrables missions spatiales
les concernant.

La géodésie est l’une des branches de la géophysique. Elle a pour


mission, à l'origine, de préciser géométriquement la forme extérieure
du globe terrestre, en donnant la position de points remarquables
matérialisés de façon durable (points géodésiques). Cette mission se
traduit par l'établissement des systèmes de coordonnées et des
cartes topographiques (géodésie géométrique) et par la
détermination du champ de pesanteur terrestre (géodésie physique),
garantie de la fiabilité de toute mesure précise dans le domaine
spatial, notamment les études d'astronomie, le repérage des engins
spatiaux et le calcul des trajectoires.
La géodésie fournit, grâce à ces techniques, des renseignements non
seulement sur la géodynamique terrestre interne, mais aussi sur
la climatologie et l'océanographie (évolution prévisible des climats
par détection de l'épaississement éventuel des calottes glaciaires,
modification de la circulation des courants marins), ainsi que sur
la planétologie.
HISTORIQUE
La géodésie s'est développée à partir des méthodes primitives
d'arpentage et s'est peu à peu étendue aux mesures de grandes
distances. En 220 avant J.-C., Ératosthène de Milet détermine le
rayon terrestre en se fondant sur la distance Syène-Alexandrie et sur
la différence de la hauteur du Soleil au-dessus de ces deux villes, le
jour du solstice d'été, à midi. La méthode est trouvée ; elle est
ensuite perfectionnée, mais il faut attendre le xvie s. pour voir
apparaître les premières triangulations qui permettent d'augmenter
notablement la précision de la détermination des distances.
Au xviie s., Isaac Newton et Christiaan Huygens, en étudiant la
période d'un pendule à Paris et à Cayenne, émettent l'opinion que la
Terre est un ellipsoïde aplati. Pour vérifier cette opinion, l'Académie
des sciences de Paris envoie deux expéditions en Laponie et au Pérou
mesurer des arcs de méridien. Les résultats obtenus confirment cette
théorie. La géodésie se développe, aux xviie et xviiie s., grâce aux
travaux de Willbrord Snell Van Royen, de J. Picard, de Jacques Cassini
et de nombreux savants français.
Utilisée surtout, à l'origine, pour le tracé des cartes
(voir cartographie), elle résout par la suite le problème des
dimensions et de la forme de la Terre. Alors que les méthodes
astronomiques permettent de mesurer directement la latitude et la
longitude des points, indépendamment de la forme du globe, la
géodésie procède autrement : elle calcule, grâce à des méthodes
de triangulation et de nivellement, la distance réciproque des points
et leur azimut, puis déduit de ces éléments leurs coordonnées
géographiques sur un ellipsoïde de référence, le géoïde, à partir d'un
point origine dit « point fondamental ».
En 1924, les travaux de John Hayford concernant le réseau
géodésique des États-Unis conduisent à l'adoption d'un premier
ellipsoïde international de référence. En 1960 sont lancés
les premiers satellites géodésiques.

PRINCIPES GÉNÉRAUX

On distingue fondamentalement la notion d'ellipsoïde de référence


de la Terre (une surface définie mathématiquement, qui sert de
canevas géométrique pour l'établissement des cartes) et la notion de
géoïde (surface qui se confond avec le niveau moyen des océans).
L'ELLIPSOÏDE DE RÉFÉRENCE

Tout point de la surface de la Terre (ou tout satellite proche de celle-


ci) peut être positionné dans un repère orthonormé par
ses coordonnées cartésiennes (x, y, z, qui sont déterminées
respectivement par rapport à la ligne des pôles, au méridien de
Greenwich et à l'est du point) ou par ses coordonnées
ellipsoïdiques (λ, ϕ, h, qui sont respectivement la longitude, la
latitude géodésique et l'altitude ellipsoïdique). La géodésie locale
consiste à repérer l'ensemble de ces points dans un système
unique associé à un ellipsoïde de révolution, autour du centre de
gravité de la masse terrestre.
LE GÉOÏDE

La Terre, qui est constituée de masses concentriques pleines,


engendre un champ de gravité g appelé aussi pesanteur, ou champ
de pesanteur, ou accélération de la pesanteur. La direction et
l'intensité de g sont obtenues par des mesures sur le terrain grâce à
l'emploi de gravimètres. Les surfaces perpendiculaires aux lignes de
force de la pesanteur sont équipotentielles, le plan tangent en un
point donné constituant le plan horizontal local. C'est la surface
équipotentielle, qui correspond au niveau moyen des océans, qui est
appelée par convention le géoïde ou géoïde terrestre. Celui-ci est
défini sur les continents (qui constituent le reste du globe) en
prolongeant horizontalement la surface moyenne des mers de façon
continue sous les plaines et les montagnes. Pour la détermination de
ce géoïde, il est fait abstraction des marées terrestres et océaniques,
et de tous les accidents de relief, en plus ou en moins, visibles à la
surface de la Terre (montagnes, îles, planchers océaniques et fosses
abyssales). Le géoïde est loin de présenter une surface de révolution
parfaite, mais comporte, notamment, un aplatissement aux pôles et
un renflement à l'équateur. La différence des rayons terrestres entre
le pôle et l'équateur est de 21 km.
LES ANOMALIES DE PESANTEUR

À grande échelle spatiale, on détecte en outre de très légères


boursouflures, en bosse ou en creux. La surface moyenne des océans
elle-même en est affectée. L'anomalie la plus ample positivement
(100 m de flèche) est centrée sur la Nouvelle-Guinée, et la plus basse
(négative, de − 100 m) affecte l'Asie et l'océan Indien. Le continent
antarctique et une partie du Canada sont également en creux.
L'Atlantique et une partie de l'Afrique sont en bosse. Ces grandes
ondulations ne sont pas corrélées aux reliefs de la surface terrestre,
mais elles résultent d'anomalies de masse localisées profondément
dans le manteau. Si les mesures gravimétriques à partir de navires
permettent une bonne cartographie du champ de pesanteur, celle-ci
est plus délicate sur les continents, et c'est seulement la géodésie par
satellite avec notamment les techniques radar (altimétrie spatiale, à
but militaire à l'origine) qui a permis le déblocage des connaissances
sur les zones océaniques et une haute résolution sur les anomalies du
géoïde.

LA GÉODÉSIE PHYSIQUE
La géodésie physique s'attache surtout à l'étude du champ de
pesanteur, mais ses progrès récents viennent aussi aborder diverses
branches de la physique du globe touchant à la géodynamique
interne (hétérogénéités du manteau, tectonique des plaques, volcanologie).

ANOMALIES DE PESANTEUR ET CORRECTIONS


Même après les corrections à l'air libre (corrections d'altitude, de
latitude et de marée), les cartes de valeurs du champ de pesanteur
ramenées à une altitude fixe présentent de fortes corrélations avec la
topographie. La correction de Bouguer consiste à diminuer ou
supprimer l'effet de l'attraction des masses superficielles dans les
mesures de g. Les cartes ainsi corrigées révèlent des hétérogénéités
dignes d'intérêt et sont appelées « cartes des anomalies de Bouguer
». Les anomalies ainsi déduites sont en général des anomalies
négatives à l'aplomb des chaînes de montagnes, et positives à
l'aplomb des bassins océaniques. Elles sont liées à la nature
différente de la croûte, épaisse et peu dense (2,7 g/cm3, comme les
granites) sous les continents, et mince et dense (3,4 g/cm3, comme
les péridotites) dans le manteau qui forme le plancher des océans. Le
comportement visqueux du manteau supérieur est la cause d'une
certaine compensation des surcharges en poids à l'aplomb des
grands reliefs ou des inlandsis, phénomène très lent que l'on appelle
ajustement isostatique. Les anomalies attribuées à une compensation
insuffisante sous les reliefs sont appelées anomalies isostatiques.
Elles trahissent des contraintes profondes et une possible instabilité
tectonique.

ÉVOLUTION THERMIQUE DE LA LITHOSPHÈRE


ET GÉOÏDE
L'altimétrie spatiale a permis d'observer à l'aplomb des points chauds
un bombement au niveau du géoïde, qui se superpose à un
bombement du plancher sous-marin si l'on est en domaine
océanique. La convection en rouleaux dans le manteau supérieur est
également révélée par les « bosses » de très grandes longueurs
d'onde du géoïde, qui coïncident avec les régions de vitesse sismique
lente (donc chaudes) du manteau inférieur, caractérisées par la
tomographie sismique. On présume que ces régions correspondent
aux courants ascendants à grande échelle de la convection
mantellique, qui affectent l'une ou l'autre des deux couches du
manteau, et parfois les deux.

LA GÉODÉSIE GÉOMÉTRIQUE
LES TECHNIQUES CLASSIQUES ET MODERNES

Jusqu'à la fin du xxe s., les techniques de la géodésie géométrique


étaient relativement classiques : nivellement, astronomie de position
(avec détermination de l'heure et de la distance zénithale des étoiles
au lieu mesuré), triangulation (désormais aidée du théodolite laser).
Concernant la technique de mesure des distances, la méthode des
minutieuses constitutions de bases rectilignes horizontales de 10 km
que l'on amplifiait a cédé le pas aux mesures par faisceau
électromagnétique. La méthode classique aboutit, au sommet, à
l'établissement des réseaux géodésiques (appuyés sur les points de
premier, deuxième, troisième et quatrième ordres). Le réseau
géodésique français, achevé en 1991 par l'IGN (Nouvelle
Triangulation de la France), comporte 105 900 points.
Parmi les techniques plus récentes, l'arpentage inertiel intègre des
mesures accélérométriques réalisées sur une plate-forme inertielle
positionnée à l'aide de gyroscopes. Il est utilisé en navigation
aérienne ou maritime, ainsi que sur des véhicules terrestres et des
hélicoptères.

LA GÉODÉSIE SPATIALE
La géodésie classique se limitait à la détermination de réseaux
constitués par des points en intervisibilité directe (distants au
maximum de 100 km). Seule l'astronomie géodésique échappait à
cette contrainte, mais le lancement de satellites artificiels a permis
d'autres mesures et créé ainsi un nouveau domaine d'étude : la
géodésie spatiale, ensemble des techniques de mesure et de
traitement conduisant à la détermination de paramètres
géodésiques, dans lesquels interviennent un ou plusieurs points
situés en dehors du voisinage immédiat de la surface terrestre. La
géodésie spatiale a permis d'améliorer considérablement la
connaissance de la Terre, tant en ce qui concerne la forme de sa
surface que la composition de ses matériaux en profondeur.
La géodésie spatiale s'applique à des mesures géodésiques utilisant le
suivi des trajectoires de satellites, de sondes spatiales, de
radiosources et d'étoiles, et à leur traitement informatique. Elle
combine les techniques énumérées ci-dessous.

L'ALTIMÉTRIE RADAR
L'altimétrie radar utilise des émetteurs-récepteurs d'impulsions radar
embarqués sur des satellites. La mesure du temps de trajet des
ondes, qui vont se réfléchir à la surface des océans, permet
de calculer l'altitude du satellite avec une précision de quelques
centimètres. Cette technique a été appliquée avec succès à la mesure
de l'amplitude des marées, à l'étude des courants marins, et, en
planétologie, à la représentation de la topographie de Vénus (sonde
Magellan lancée en 1989).

LA TÉLÉMÉTRIE RADIOÉLECTRIQUE
La télémétrie radioélectrique utilise les mesures radioélectriques de
distances, l'effet Doppler-Fizeau ou l'interférométrie. Le Global
Positioning System (GPS), le Navigation System with Time and
Ranging (NAVSTAR) et les Détermination d'Orbite et Radio-
positionnement Intégrés par Satellite (DORIS) en sont les applications
les plus marquantes. Elles permettent en géodynamique d'étudier
la tectonique des plaques, le mouvement des failles, le tracé des
zones de subduction sous la surface des océans.

LA TÉLÉMÉTRIE LASER
La télémétrie laser utilise des émetteurs installés soit sur télescopes
(mesures sol-satellite-sol ou sol-Lune-sol), soit sur satellites (mesures
satellite-sol-satellite). La précision varie, suivant les instruments, de 1
m à quelques centimètres. Comme dans les méthodes précédentes,
c'est la gestion informatique qui permet la consolidation des données
rassemblées dans les observatoires du monde entier, ce qui fait de la
géodésie une science particulièrement tributaire de la qualité et de la
densité des échanges interdisciplinaires internationaux.
La géodésie s'est historiquement appuyée sur les sciences de
l'ingénieur. Elle se situe à la croisée de trois grands domaines
scientifiques, l'astronomie, la géophysique et l'océanographie, ces
trois domaines étant de plus en plus étroitement liés compte tenu
des innombrables missions spatiales les concernant. Les techniques
spatiales et satellitales ont élargi ses moyens et sa pluridisciplinarité,
permettant de cartographier les surfaces d'autres corps planétaires :
celle de la Lune bien sûr, mais aussi celles des autres planètes et
satellites du système solaire. Lorsqu'il s'agit de la Lune, on parle
parfois de sélénodésie ou encore de géodésie lunaire, dans les autres
cas de géodésie planétaire.
La géodésie étant une science par nature quantitative, ses moyens
d'analyse et de description découlent des mathématiques et
la physique et de plus en plus de l'informatique.
Selon l'acception francophone du terme, par ses formules de calcul
(géodésie mathématique) la géodésie vise à déterminer la forme et
les dimensions de la Terre dans son ensemble (autrement dit, de
la figure de la Terre), ainsi que de son champ de pesanteur (pour
l'étude duquel on emploie actuellement le terme de « géodésie
physique »). Les progrès techniques ont permis d'y inclure la mesure
de plus en plus fine des variations de ces paramètres. Les variations
temporelles de la géométrie globale sont devenues incontournables
dans les études tectoniques. Les missions de gravimétrie spatiale
(Champ, Goce, Grace) permettent notamment de bien mieux
apprécier les variations du champ de pesanteur.
La topométrie et la topographie, qui procèdent à des mesures locales
en vue d'applications pratiques (cadastre, travaux de chantier,
notamment travaux routiers, appui aux travaux de cartographie,
de photogrammétrie ... ), ne sont pas comptées parmi les branches
de la géodésie proprement dite, bien qu'elles tirent de toute
évidence leurs racines des techniques de géodésie. Helmert a tenu
compte de ce fait en désignant la géodésie proprement dite
par géodésie supérieure (en allemand : « höhere Geodäsie ») et la
topométrie par géodésie inférieure (en allemand : niedere Geodäsie),
le qualificatif « inférieur » n'ayant pas ici de connotation péjorative.
Le nom anglais de la topométrie est « surveying », en allemand on
parle — en dehors de « Topometrie » — de « Vermessungskunde »,
de « Vermessungswesen » ou de « Einzelvermessungswesen ».

ÉLÉMENTS FONDAMENTAUX DE LA GÉODÉSIE


En se basant sur la définition de Helmert et en la complétant, la
géodésie peut être présentée de la manière suivante : détermination
de la « figure », c'est-à-dire les dimensions, la forme et le champ
de pesanteur extérieur de la Terre (et éventuellement d'autres corps
planétaires) en fonction du temps. La détermination de la forme de la
Terre a fait historiquement appel à des mesures terrestres : par
exemple des niveaux ou des théodolites, pour lesquels la verticale est
une référence fondamentale parce qu'étant la seule direction facile à
acquérir n'importe où, avec une très grande précision et sans moyens
techniques complexes. Or, la verticale en un lieu est une
caractéristique locale du champ de pesanteur : c'est une ligne de
champ.
Sous le vocable « forme » ou « figure » de la Terre se cachent
plusieurs acceptions possibles. Au sens le plus élémentaire, on peut
comprendre par ce mot la surface topographique, qui représente la
frontière matérielle entre la lithosphère (l'ensemble des masses
rocheuses) et l'hydrosphère (l'ensemble des masses liquides) ou
l'atmosphère (l'ensemble des masses gazeuses) : ce n'est qu'au cours
de la deuxième moitié du xxe siècle, lorsqu'il a commencé à être
connu, qu'on a inclus le fond océanique dans la définition de la
surface topographique.

SURFACE TOPOGRAPHIQUE
La surface topographique de la Terre solide est une surface très
irrégulière à toutes les échelles, et ne se prête donc pas du tout à une
description mathématique ou paramétrique. Cette surface, par
rapport à un ellipsoïde de révolution l'approximant le mieux possible,
présente des variations de l'ordre de 10 km vers le haut (Himalaya) et
vers le bas (fosses océaniques). Pour cette raison on la décrit au
moyen de points de mesure repérés au moyen de coordonnées dans
un système bien défini. Dans un référentiel topographique courant,
les altitudes sont comptées à partir d'une surface de référence,
souvent un ellipsoïde, le plus proche possible en moyenne du géoïde.

GÉOÏDE
La surface des océans — qui constitue à elle seule environ 70 % de la
surface terrestre totale — est généralement assez proche d'une
surface de niveau, c'est-à-dire d'une surface équipotentielle du
champ de pesanteur. En effet, la surface des océans et des mers est
contrôlée essentiellement par la force de pesanteur, avec quelques
phénomènes perturbateurs tels les courants marins, les variations de
salinité, les marées, la houle causée par les vents, les variations de
la pression atmosphérique, etc. Ces phénomènes perturbateurs ne
sont pas tous périodiques dans le temps, de sorte que le niveau
moyen de la mer, notion donc difficile à définir, ne représente pas
une surface équipotentielle du champ de pesanteur avec la précision
de mesure actuelle des satellites (de l'ordre du centimètre). On
définit ainsi le « géoïde » comme étant une surface équipotentielle
du champ de pesanteur, choisie arbitrairement, mais très proche du
niveau des océans que, par la pensée, nous pouvons prolonger sous
les continents. C'est cette surface physique que l'ingénieur-géodésien
allemand J.B. Listing a appelé en 1873 le géoïde. Cette surface avait
d'ailleurs déjà servi de surface de référence avant d'être nommée.
Ainsi, en 1828, C.F. Gauss se rapporte explicitement dans les termes
suivants au géoïde, sans lui attribuer de nom particulier : « Ce que
nous appelons surface terrestre au sens géométrique n'est rien de
plus que la surface qui intersecte partout la direction de la pesanteur
à angle droit, et une partie de cette surface coïncide avec la surface
des océans ».
Les satellites radar océanographiques (p. ex. Topex-Poséïdon, Jason 1
et 2) visent en tout premier à déterminer les courants, visibles par
leur signature géométrique (les eaux chaudes forment des bosses, les
froides sont en creux, compte tenu de la variation de densité induite
par la température des eaux) : l'exploitation de ces mesures radar
exige une excellente connaissance du géoïde, et de fait géodésiens et
océanographes ont donc eu partie liée pour ces traitements. Il en est
résulté une connaissance du géoïde marin avec une précision
centimétrique. Les terres émergées ont été moins bien servies par les
outils spatiaux, néanmoins les missions de gravimétrie par satellite
fournissent actuellement un géoïde sur les continents dont la
précision est un peu meilleure que le décimètre (voir les travaux
du GRGS).

Géodésie : les surfaces de référence sur la Terre.

SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE CÉLESTE ET


TERRESTRE
Des systèmes de référence sont introduits pour décrire le mouvement de la Terre dans l'espace (« système céleste »), ainsi que la géométrie de
surface et le champ de pesanteur de la Terre (« système terrestre »). Le choix des meilleurs systèmes de référence, compte tenu des progrès
spectaculaires de la métrologie actuelle, est devenu l'une des grandes avancées de la géodésie, la géométrie globale de la Terre étant désormais
mesurée à mieux que 1 cm. Cette géométrie, ainsi que l'orientation dans l'espace, reposent actuellement sur 4 techniques très différentes :
la VLBI (une technique de radioastronomie), DORIS, la Télémétrie laser sur satellites (SLR en anglais) et le GPS.
Système de référence fondamental historique.

Comme système fondamental de coordonnées terrestres on utilise désormais volontiers un système de coordonnées spatiales
cartésiennes X, Y, Z dont l'origine O est au centre des masses de la Terre, et tournant avec celle-ci. L'axe OZ coïncide avec l' axe de rotation
moyen de la Terre. Le plan de l'équateur moyen est perpendiculaire à cet axe OZ, et donc contenu dans le plan OXY. Historiquement, une
ancienne convention fixait que le plan OXZ contenait le plan méridien moyen de Greenwich, correspondant à la longitude « moyenne » de
l'Observatoire de Greenwich, dans la banlieue de Londres. Ce n'est désormais plus le cas, le méridien de référence étant calculé par synthèse
des observations des 4 techniques pré-citées sous forme d'un système de référence mondial, l'International Terrestrial Reference System. Ce
calcul est mené au Laboratoire LAREG de l'IGN et celui-ci, intégrant au mieux les vitesses des plaques tectoniques, a conduit à un méridien de
référence désormais significativement différent de celui de Greenwich.

MOUVEMENT DU PÔLE
L'introduction de l'axe de rotation moyen s'avère nécessaire, car la rotation terrestre est variable dans le temps. Ceci est vrai tant pour l'orientation
de l'axe de rotation terrestre par rapport à la figure de la Terre (mouvement du pôle) que pour la vitesse angulaire de rotation de la Terre sur elle-
même (variation de la longueur du jour). Le mouvement du pôle2 contient plusieurs composantes, en particulier une composante annuelle ou
quasi annuelle, une composante possédant une période d'environ 430 jours (environ 14 mois), et une composante séculaire. La composante de
quatorze mois est le mouvement de Chandler. Il s'agit d'un mouvement du pôle quasi circulaire d'une amplitude comprise entre 0,1" et 0,2", qui se
fait dans le sens inverse des aiguilles d'une montre lorsqu'on l'observe à partir du nord.

Ce mouvement est causé par le fait que la Terre tourne et que l'axe de plus grande inertie ne coïncide pas exactement avec l'axe instantané de
rotation propre. Si la Terre était parfaitement indéformable (= rigide), on observerait une précession de l'axe de rotation par rapport à l'axe de
figure avec une période de 305 jours, appelée « période d'Euler ». L'allongement de la période de Chandler par rapport à la période d'Euler est dû
au fait que la Terre est en réalité déformable. Ainsi, d'après le principe de Le Chatelier, la déformation produite par une force de rappel
essentiellement élastique se fait de manière à s'opposer à cette force de rappel qui perturbe l'équilibre initial, et il en résulte un allongement de la
période.

Outre la composante de Chandler, il existe dans le mouvement du pôle une autre composante périodique ou quasi périodique avec une période
annuelle, possédant en général une amplitude comprise entre 0,05" et 0,1", donc nettement plus faible que celle de Chandler. Elle se fait dans le
même sens que le mouvement de quatorze mois et a pour cause le déplacement saisonnier de masses d'air dans l'atmosphère ou de masses
d'eau dans l'hydrosphère. Des processus météorologiques, océanologiques et hydrologiques complexes sont à la base de ces déplacements de
grands volumes de matière qui se répercutent par des variations saisonnières du tenseur d'inertie I. En l'absence d'un moment de force extérieur,
le moment cinétique total doit se conserver. Cela se traduit par le fait que la quantité I • Ω est constante. Ainsi, si I varie, le vecteur Ω décrivant la
rotation instantanée doit varier en sens inverse.
Enfin, il existe à l'intérieur de la Terre des mouvements de matière à des échelles spatiales très grandes (mouvements de convection dans
le manteau et dans le noyau, subduction des plaques tectoniques, etc.). Ces mouvements sont très lents, mais donnent lieu sur des intervalles de
temps géologiques à des déplacements considérables, impliquant des variations non négligeables du tenseur d'inertie. Ces variations séculaires
induisent une dérive, ou migration, du pôle. Ainsi, de 1900 à 1996, on constate une dérive d'environ 0,003" par an, approximativement le long du
80e méridien Ouest. En superposant ces trois composantes, le pôle instantané décrit une courbe spirale dont le point central avance lentement au
cours du temps. Les déviations de la position instantanée du pôle par rapport au point central restent inférieures à 0,3" sur une année.

Les progrès de la géodésie permettent actuellement de localiser les pôles de la Terre (points où l'axe de rotation instantané de la Terre perce la
surface) à 1 cm près environ.

L'ITRF, SYSTÈME DE RÉFÉRENCE MONDIAL ET


LE WGS 84, SON DÉRIVÉ OPÉRATIONNEL]
Depuis 1988, le Service International de la Rotation de la Terre (« International Earth Rotation Service », IERS) est un service international établi
conjointement par l'Union Astronomique Internationale, UAI (« International Astronomical Union », IAU) et l'Union Géodésique et Géophysique
Internationale, UGGI (« International Union of Geodesy and Geophysics », IUGG). L'ITRF, synthèse des mesures géométriques venant du monde
entier, est mis à disposition de tous sous forme de points dont on fournit les coordonnées un jour et une heure précises, ainsi que les vitesses (en
mm/an), directement liées à la tectonique des plaques. Ainsi donc les coordonnées de chaque point de cet ensemble changent jour après jour. La
mise à disposition la plus récente, calculée par le LAREG de l'IGN, est l'ITRF 2008, dont les coordonnées publiées correspondent au 01.01.2008
à 00 h TU.

Un ensemble de coordonnées qui varient tout le temps correspond certes à un optimum scientifique, mais pour autant n'est pas utilisable
aisément dans les différentes branches professionnelles utilisatrices, comme celle des géomètres. On a donc recours à un calcul supplémentaire,
qui consiste à traiter un ensemble de pays ayant à peu près les mêmes vitesses tectoniques, et à soustraire globalement cette vitesse. On obtient
ainsi des coordonnées fixes, directement utilisables. Par exemple, en Europe le système EUREF ainsi obtenu est la base des systèmes de
références géodésiques de tous les pays européens, dont la France qui, à son tour, a appuyé dessus sa référence nationale officielle, le RGF 93,
sous la responsabilité de l'IGN.
Cette démarche, entretenue au niveau mondial et sans rechercher une précision de transformation très poussée, est la base de la référence
opérationnelle courante appelée WGS 84, employée par défaut dans tous les matériels courants de positionnement.

ÉVOLUTIONS DE LA GÉODÉSIE ACTUELLE


La Terre et son champ de gravité subissent des variations au cours du temps qui peuvent être de nature séculaire (par exemple, les variations
liées au freinage de la rotation terrestre à la suite de la friction des marées ou celles associées au soulèvement
des boucliers laurentide et fennoscandien à la suite de la déglaciation il y a environ dix mille ans), périodique (par exemple, les diverses
composantes de marée) ou brusque (par exemple, les variations de la pesanteur minimes associées au soulèvement ou à l'abaissement d'une
région avant et pendant un séisme). Dans l'espace, ces variations peuvent se produire à des échelles globale, régionale ou locale, selon les cas.
La mesure extrêmement précise de ces variations permet désormais un suivi régulier des masses d'eau, nappes phréatiques et manteau neigeux
ou glaciaire par exemple : ces outils se trouvent donc au centre d'enjeux sociétaux majeurs, ceux liés au réchauffement global.

Il en est de même du rôle tout à fait majeur de la géodésie dans la mesure du niveau moyen des mers par altimétrie radar spatiale. Là encore, les
attentes de la société sont immenses, il s'agit de savoir donner des résultats globaux et réguliers, d'une précision inattaquable, et c'est ce qui s'est
produit depuis peu (cf. les travaux du LEGOS).

Les gains en précision apportés depuis le début de l'ère spatiale ont été extraordinaires, mais ils sont désormais peu susceptibles de se
poursuivre, sauf dans le cas du champ de pesanteur. En effet, une fois atteint la précision de quelques mm sur les points fondamentaux, on ne
trouve plus guère de sens physique à une précision meilleure, en supposant même qu'on sache l'atteindre. De fait, la précision de la VLBI et de la
télémétrie laser sur satellites, par exemple, ne changent pratiquement plus depuis le début du XXIe siècle.

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