État nazi

État nazi

Troisième Reich

Großdeutsches Reich (de)
(Grand Reich allemand)


1933 — 1945

Flag of Germany 1933.svg Reichsadler.svg
Drapeau Armoiries

Devise : « Ein Volk, ein Reich, ein Führer. »
« Un Peuple, un Empire, un Chef. »
 
Das Lied der Deutschen
suivi de
Carte des Gaue du Troisième Reich en 1943.
Carte des

Informations générales
 Statut nazie
    Allemand
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 Monnaie Reichsmark
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Population
69 314 000 hab. (1939)
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Superficie
633 786 km² (1939)
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Histoire et événements
 30 janvier 1933 Élection d'Hitler
 27 février 1933  31 mars 1933 Plein pouvoirs
 10 avril 1938  8 mai 1945 Capitulation
 5 juillet 1945 Dissolution
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Pouvoir exécutif
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Pouvoir législatif
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Entités précédentes Entités suivantes
République de Weimar (1933) République de Weimar (1933)
Territoire du Bassin de la Sarre (1935) Territoire du Bassin de la Sarre (1935)
Première République d'Autriche (1938) Première République d'Autriche (1938)
Première République tchécoslovaque (1938) Première République tchécoslovaque (1938)
Ville libre de Dantzig (1939) Ville libre de Dantzig (1939)
Deuxième République de Pologne (1939) Luxembourg (1940) Luxembourg (1940)
France (Alsace-Lorraine) (1940) France (Alsace-Lorraine) (1940)
Royaume de Yougoslavie (Haute-Carniole, Styrie) (1941) Royaume de Yougoslavie (Styrie) (1941)
Zones d'occupation alliées en Allemagne Zones d'occupation alliées en Allemagne
Zones d'occupation alliées en Autriche Zones d'occupation alliées en Autriche
Troisième République tchécoslovaque Troisième République tchécoslovaque
République populaire de Pologne République populaire de Pologne
Luxembourg Luxembourg
France
FD de Yougoslavie

On appelle Troisième Reich ou Allemagne nazie l'État allemand dirigé par Adolf Hitler lorsqu'il fut parvenu au pouvoir et l'eut monopolisé. Le nom officiel du régime était, comme pour l'République de Weimar, Deutsches Reich (Reich allemand, pouvant être traduit par Nation allemande ou État allemand), puis, à partir de 1943, Großdeutsches Reich (Grand Reich allemand).

Hitler était chef du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP). Le mot nazisme est un acronyme représentant la doctrine définie par Hitler et le régime politique qu'il dirigea ; il est tiré de lettres du nom de cette doctrine, devenu nom du parti : nationalsozialismus.

Ce régime dura douze ans, de la nomination de Hitler comme chancelier le 30 janvier 1933 à la capitulation sans condition du Reich vaincu le 8 mai 1945, suivie de l'arrestation le 23 mai du Karl Dönitz. La Propagande nazie destinait le Troisième Reich ou « Grand Reich allemand » (Großdeutschland) à durer « mille ans ». Il en dura douze, la République de Weimar n'ayant d'ailleurs jamais été formellement abrogée par les nazis.

État policier et de type totalitaire, reposant avant tout sur le « pouvoir Führer Adolf Hitler, le Troisième Reich est responsable du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en Europe, pendant laquelle il perpétra, entre autres crimes de masse, le génocide des Juifs (Shoah) et des Tziganes (Porajmos) d'Europe.

Sommaire

La destruction de la démocratie et l'instauration du régime

Bien que n'ayant obtenu qu'un tiers des voix aux élections libres de 1932, et bien qu'Hitler ait été battu à la présidentielle par Paul von Hindenburg, le NSDAP arrive au pouvoir quand son Chancellerie le 30 janvier 1933.

Beaucoup d'industriels et d'hommes de droite, réunis autour de Alfred Hugenberg, pensaient ainsi « lever l'hypothèque » nazie et se servir de Hitler pour ramener l'ordre dans l'Allemagne en crise, avant de s'en séparer dès qu'il n'y aurait plus besoin de lui. De fait, le gouvernement Hitler ne comporte que deux nazis : Prusse, et Wilhelm Frick à l'Intérieur.

Or loin de se laisser instrumentaliser par les conservateurs, Hitler parvient en quelques mois à mettre l'Allemagne au pas (Gleichschaltung). Le démantèlement de la République de Weimar au profit de la Potsdam, sur le tombeau de « Mise au pas » et répression

Dès le 1er février, Hitler fait dissoudre le Reichstag par Hindenburg. Pendant la campagne électorale, la SA et les SS, milices du parti nazi, reçoivent des pouvoirs d'auxiliaires de la police. Les réunions du Parti communiste (KPD), du Parti social-démocrate (SPD) et des autres partis d'opposition sont marquées par de nombreux décès. Des opposants sont déjà brutalisés ou torturés.

Dans la nuit du 27 au 28 février survient l'énigmatique D'après les historiens actuels, tels [réfnécessaire] Saisissant l'occasion, Hitler fait adopter par Hindenburg un « décret pour la protection du peuple allemand  » qui suspend toutes les libertés garanties par la Schutzhaft ou « détention de protection » préventive, qui permet d'arrêter et d'emprisonner sans aucun contrôle ni limite de temps.

La terreur s'accélère. En deux semaines, Göring fait ainsi arrêter 10 000 communistes en Prusse, dont le chef du KPD, [1].

De nombreuses figures de la gauche littéraire et scientifiques s'exilent, comme Thomas Mann, Albert Einstein dès le 28 février 1933. D'autres sont jetées en prison comme le pacifiste Karl von Ossietsky. Les nazis condamnent l'« avant-gardes artistiques.

Les premiers Heinrich Himmler ouvre le premier camp permanent à Buchenwald et en 1939 de Ravensbrück pour les femmes.

Le 5 mars 1933, les nazis obtiennent 43,9 % des voix aux élections législatives. Dans tous les Länder d'Allemagne, les nazis s'emparent par la force des leviers locaux du pouvoir. Le 23 mars 1933, Hitler se fait voter les pleins pouvoirs pour quatre ans. Le 2 mai, les syndicats sont dissous et leurs biens saisis. Les ouvriers sont enrôlés dans l'organisation Deutsche Arbeitsfront (DAF). Le 10 mai, le ministre de la Propagande autodafé pendant laquelle des milliers de « mauvais livres » d'auteurs marxistes, démocrates ou psychanalystes sont brûlés pèle-mêle en public par des étudiants nazis ; la même scène se tient dans les autres grandes villes. Le KPD est officiellement interdit en mai, le SPD en juin[2]. Les autres partis politiques se sabordent ou se rallient. Le 14 juillet, une loi fait du NSDAP le parti unique en Allemagne. Les jeunes Allemands sont obligatoirement embrigadés dans les er décembre 1936.

Les SA de anticapitaliste et rêvent de prendre le contrôle de l'armée. Hitler fait massacrer une centaine de leurs chefs le 30 juin 1934 au cours de la Nuit des Longs Couteaux. Le IIIe Reich s'oriente dès lors vers un « État SS » (Eugen Kogon).

Les nazis liquident aussi à cette occasion plusieurs dizaines de personnalités diverses, ainsi le Action catholique.

Après la mort de Paul von Hindenburg le 3 août 1934, Hitler est à la fois chancelier et chef de l'État. Il est entouré d'un Führerprinzip devient le fondement de toute autorité.

Mouvement néopaïen et antichrétien, le nazisme tente de soumettre les Martin Bormann rêvent même d'éradiquer le chrétiens allemands », qui professe sans réserves le racisme et le culte du Führer. Il combat aussi l'Martin Niemöller et Article détaillé : Églises luthériennes d'Allemagne face au nazisme.

En 1933, le puissant parti catholique, le Zentrum, s'était sabordé en échange de la signature d'un Vatican. Mais en 1937, le pape Pie XI dénonce dans l'encyclique Mit brennender Sorge les violations répétées du concordat, les tracasseries contre des hommes d'Églises, le racisme d'État et l'idolâtrie entourant le Reich et son chef. Son texte est interdit de lecture et de diffusion en Allemagne et ses exemplaires en circulation détruits par la Jacques Sémelin), et le successeur de Pie XI, Pie XII, ancien nonce en Allemagne, évitera pendant la guerre de dénoncer les atrocités nazies, notamment par peur d'attirer des représailles sur l'Église allemande qu'il connaît bien.

Article détaillé : Werner von Fritsch et Werner von Blomberg et soumet la Wehrmacht en plaçant à sa tête les serviles Alfred Jodl et Wilhelm Keitel. Le conservateur Joachim von Ribbentrop aux Affaires étrangères, et Göring prend en main l'économie Hjalmar Schacht.

La Témoins de Jéhovah, objecteurs de conscience, refusent par principe le Führer. Près de 6 000 d'entre eux sont enfermés en Articles détaillés : Politiques racistes du Troisième Reich et antisémite se déchaîne. Une loi permet à Hitler de faire révoquer 2 000 universitaires juifs. Le boycott des magasins juifs est lancé le 1er avril par les SA. Des Juifs sont humiliés en public, des couples mixtes promenés dans les rues avec des pancartes insultantes autour du cou. La contribution juive à la Mendelssohn ou de Heinrich Heine, la Lorelei, n'a officiellement plus d'auteur. Les lois de Nuremberg, en 1935, retirent la citoyenneté allemande aux Juifs et interdisent tout mariage mixte. La liste des métiers interdits s'allonge sans fin, toute vie quotidienne normale leur est rendue impossible. Cependant, si plusieurs dizaines de milliers de Juifs s'exilent, beaucoup persistent à rester malgré les brimades, pensant qu'Hitler apaisera son courroux et parce qu'ils devaient abandonner toutes leurs richesses pour quitter le pays[3]. Le pogrom de la Nuit de Cristal, le 9 novembre 1938, annonce leur élimination physique ainsi que leur spoliation systématique (étoile jaune, puis sont déportés dans les Pologne et les Mischlinge (métis), ou les Juifs mariés à des Allemandes « aryennes », tels Victor Klemperer. En 1943, en plein Berlin, des conjointes de Juifs manifesteront dans la Rosenstrasse pour empêcher la déportation de leurs époux.

En juillet 1933, le régime adopte une loi sur la stérilisation forcée, conforme à son objectif de « purifier la race aryenne ». Des dizaines de milliers de personnes en sont victimes. Elle concerne surtout les malades mentaux, mais aussi des Tziganes, ou encore des Noirs : en 1937, Hitler ordonne de stériliser les 400 enfants nés dans les [4]. Des milliers de femmes tsiganes ne survivent pas à la stérilisation.

Les paragraphe 175 du code pénal : on compte 25 000 condamnés en deux ans (J.M. Argelès).

L'opinion et le nazisme : adhésions et réticences

Alors que la [5], toute opposition organisée au nazisme a pratiquement disparue après 1934. La police politique ne pourrait donc avoir autant d'efficacité sans l'aide de nombreux Jeunesses hitlériennes, finissent par dénoncer leurs parents.

Les rares groupes constitués de la résistance allemande au nazisme émergent à nouveau à partir de 1938. Ils sont très isolés, surtout lorsqu'après l'entrée en guerre, les résistants à Hitler sont assimilés par l'opinion à des traîtres à leur pays. Ce qui amène les historiens allemands au concept d'une « résistance sans le peuple ».

Dans l'ensemble, la société allemande s'est vite accommodé du régime nazi du moment qu'il mettait fin à l'instabilité politique et économique, et entreprenait de déchirer le Diktat du traité de Versailles. Les réalisations sociales du régime, les cérémonies grandioses de propagande comme lors des Congrès du NSDAP à Nuremberg, la peur, l'indifférence ou le conformisme ont entraîné de nombreux Allemands à céder à la « fascination du nazisme » (Peter Reichel).

Environ 11 millions de citoyens allemands ont adhéré au NSDAP, dont beaucoup de carriéristes et d'opportunistes, soit une part considérable de la population adulte. Quelque 100 000 Allemands, selon génocide des Juifs. L'historien de la Wehrmacht Omer Bartov (L'Armée de Hitler, 1999) a montré qu'une bonne part des combattants allemands avaient intégré le discours nazi, et que nombre d'entre eux furent, avec leurs officiers et leurs généraux, à peine moins compromis que les SS dans les tueries à l'Est.

L'historien britannique Paul Johnson (Une Histoire des Juifs, 1986) souligne que les Hitler lui-même, on peut citer Adolf Eichmann, Arthur Seyss-Inquart ou Hans Rauter) et qu'ils ont en proportion beaucoup plus participé à la Shoah que les Allemands. Un tiers des tueurs des camps d'extermination et près de 40 % des gardes des camps. Sur 5 090 criminels de guerre recensés par la Yougoslavie en 1945, on compte 2 499 Autrichiens.

L'historiographie allemande distingue depuis Martin Broszat la résistance organisée au nazisme (Widerstand) et des formes de dissidence civiles (Resistenz), sans ambition de contestation politique, mais démontrant une certaine réticence envers l'embrigadement et l'idéologie officiels.

Par exemple, des groupes de jeunes gens (les Edelweiss) se réunissaient en pleine guerre pour écouter la musique swing proscrite par le régime, et adoptaient un habillement et une coiffure qui défiaient l'ordre moral officiel. De nombreuses Allemandes bravèrent les interdictions officielles des relations amoureuses avec les travailleurs étrangers occidentaux ou slaves. Des centaines d'Allemands furent exécutés pour avoir écouté la [6].

Mgr Clement von Galen, évêque de Münster, relaya une vague d'indignation contre l'aktion T4 (août 1941). Dans les La nature du pouvoir sous le IIIe Reich

Un totalitarisme

Hitler n'a jamais aboli formellement la 1933, tous les partis, syndicats, mouvements de jeunesse ou associations non-nazis ont été dissous ou absorbés, les opposants exilés ou envoyés dans des Gestapo, certes relayée par une multitude de Volksgerichtshof) de Roland Freisler ayant prononcé des milliers de condamnations à mort au cours de parodies de justice n'essayant même pas de respecter les apparences élémentaires. Plus de 30 000 condamnés à mort furent pendus sous le IIIe Reich, souvent pour de simples paroles d'hostilité ou de mécontentement. Il n'était pas rare que la Gestapo arrête des gens acquittés ou ayant fini leur peine, et les déporte à sa guise.

L'historiographie allemande caractérise donc traditionnellement le IIIe Reich comme un « état de non-droit » (Unrechtsstaat). En juin 1934, le célèbre juriste SA lors de la Nuit des Longs Couteaux et théorise publiquement que la simple parole du Führer a force de droit.

Interprétations intentionnaliste et fonctionnaliste

L'école historique allemande dite des « culte de la personnalité autour du Führer ne serait pas compréhensible sans son « pouvoir Max Weber : Hitler se considère et est considéré sincèrement comme investi d'une mission providentielle.

Sans l'idéologie (Weltanschauung, ou vision du monde) redoutablement cohérente qui animait Hitler et ses fidèles, le régime nazi ne se serait pas engagé dans la voie de la guerre et de l'extermination de masse, ni dans le reniement des règles juridiques et administratives élémentaires régissant les États modernes. Par exemple, sans son pouvoir euthanasie massive des handicapés par quelques simples mots sur papier à en-tête de la chancellerie (opération T4, 3 septembre 1939), et encore moins déclencher la Shoah sans rédiger un seul ordre écrit. Aucun exécutant du génocide des Juifs ne demanda jamais, justement, à voir un ordre écrit : le simple mot de Führerbefehl (ordre du Führer) était suffisant pour faire taire toute question.

Comme l'a démontré l'école rivale des « Martin Broszat), le IIIe Reich n'a jamais tranché entre le primat du pouvoir du parti unique et celui du pouvoir de l'État, d' des rivalités de compétence incessantes entre les hiérarchies doubles du NSDAP et du gouvernement du Reich. Surtout, l'État nazi apparaît comme un singulier enchevêtrement de pouvoirs concurrents aux légitimités comparables. C'est le principe de la « polycratie »[7].

Or, entre ces groupes rivaux, Hitler tranche rarement et décide peu. Fort peu bureaucratique, travaillant de façon irrégulière (sauf dans la conduite des opérations militaires), le Ian Kershaw, dont les travaux font la synthèse des acquis des écoles fonctionnnalistes, chaque individu, chaque clan, chaque bureaucratie, chaque groupe fait de la surenchère et essaye d'être le premier à réaliser les projets nazis fixés dans leurs grandes lignes par Adolf Hitler. C'est le cas en particulier dans le domaine de la persécution génocide industriel. Ce qui explique que le IIIe Reich obéit structurellement à la loi de la « radicalisation cumulative », et que le système ne peut en aucun cas se stabiliser.

Ce « pouvoir charismatique » explique aussi que beaucoup d'Allemands soient spontanément allés au devant du Führer. Ainsi, en 1933, les organisations d'étudiants organisent d'eux-mêmes les autodafés de livres honnis par le régime, tandis que les partis et les syndicats se rallient au chancelier et se sabordent d'eux-mêmes après avoir exclu les Juifs et les opposants au nazisme. L'Allemagne se donne largement au Führer dans lequel elle reconnaît ses rêves et ses ambitions, plus que ce dernier ne s'empare d'elle. Selon Kershaw, le Führer est l'homme qui rend possible les plans caressés de longue date à la « base » : sans qu'il ait besoin de donner d'ordres précis, sa simple présence au pouvoir autorise par exemple les nombreux boycotts et pogroms, ou les médecins d'extrême-droite à pratiquer les expériences pseudo-médicales et les opérations d'euthanasie dont l'idée préexistait à 1933.

Ce qui explique aussi, toujours selon IIIe Reich, retour à l'« anarchie féodale » (Kershaw) se décompose en une multitude chaotique de fiefs rivaux. C'est ainsi qu'en 1943, alors que l'existence du Reich est en danger après la IIIe Reich se disputent pendant des mois pour savoir s'il faut interdire les courses de chevaux, sans trancher. Le régime substitue aux institutions rationnelles modernes le lien d'allégeance personnelle, d'homme à homme, avec le Führer. Or, aucun dirigeant nazi ne dispose du charisme d'Hitler. Le culte de ce dernier existe dès les origines du nazisme et est consubstantiel au mouvement puis au régime. Chacun ne tire sa légitimité que de son degré de proximité avec le Führer. De ce fait, en l'absence de tout successeur (« En toute modestie, je suis irremplaçable »[8]), la dictature de Hitler n'a aucun avenir et ne peut lui survivre[9]. La mort du IIIe Reich et celle de son dictateur se sont d'ailleurs pratiquement confondues.

Appellation Troisième Reich

L'inspiration de la dénomination « IIIe Reich » (Drittes Reich) mérite des développements détaillés dans la mesure elle a des implications, voulues par Hitler, jusque dans l'Reich signifie « domaine », « empire ». Il est utilisé dans des mots tels que Königreich « royaume » ou « domaine d'un roi » (König), Frankreich « France » ou « empire des Francs », ou Österreich « Reich" est au reste difficile à traduire car il désigne à la fois la notion d'Empire et d'État.

« Ier Reich »

La dénomination « Ier Reich » fait référence en premier lieu au Saint Empire romain germanique qui serait, a posteriori, le « Ier Reich ». En allemand, Heiliges Römisches Reich Deutscher Nation, « Saint-Empire romain de LA nation allemande ».

Napoléon Ier, en 1806, n'avait pas pu abolir cet empire puisque l'empereur « IIe Reich »

La dénomination « IIe Reich » fait référence en second lieu à l'1871 dans la Versailles (er et Otto von Bismarck), qui serait le « IIe Reich» mais dont l'intitulé officiel était, cependant, Deutsches Reich, « Empire allemand », bien loin de la titulature du précité Saint Empire romain, et de la portée de celle-ci, en tout cas dans sa version originale en langues allemande ou latine, lesquelles seules font foi à cet égard.

Validité du terme

La dénomination « IIIe Reich » est donc purement politique au sens d'un instrument de propagande totalement dénuée de fondement juridiqueplus encore, en contradiction juridique formelle avec l'acte conservatoire de Allemagne actuelle, constatant la continuité ininterrompue de la personnalité juridique du Heiliges Römisches Reich Deutscher Nation sans contestation de la part d'aucune

L'expression « Troisième Reich » n'a pas en soi de valeur totalitaire du régime. De fait, officiellement, Hitler fut "Führer du NSDAP" et "Chancelier" de la République. Toutefois, en 1934, à la mort du Maréchal von Hindenburg, il devient également "Président de la République", cumulant ainsi les deux fonctions de "Chancelier" et de "Président de la République". Bien que le terme de "Führer" n'ait pas non plus de valeur constitutionnelle, il devient très vite un terme d'usage dans les administrations de l'État.

Arts, culture et sport sous le Reich hitlérien

L'arrivée de Hitler au pouvoir marque brutalement la fin de l'âge d'or culturel qu'avait représenté la République de Weimar pour l'Allemagne. En effet, de nombreux autodafés ont lieu, surtout des livres d'auteurs juifs, communistes, etc. Ainsi tous les livres de Einstein et d'auteurs célèbres à cette époque finissent brûlés en place publique. La culture est dirigée : Hitler met en place un contrôle total de la presse écrite par le parti nazi, choisit les films qui passent au cinéma... La propagande passe par ces moyens de communication ; tout a pour but de mettre en avant le parti. L'organisation des Proscriptions, exils, ralliements

De nombreux artistes, écrivains et savants doivent fuir d'emblée l'Allemagne nazie en raison de leurs origines juives, et/ou de leurs convictions politiques pacifistes, de gauche, antinazies, ou encore de la nature avant-gardiste de leur art.

On peut citer parmi eux les écrivains Thomas Mann et son frère Bertolt Brecht, Alfred Döblin, Kurt Tucholsky, ou encore Lion Feuchtwanger, Walter Benjamin, Max Reinhardt et Husserl, Wilhelm Reich, la théologienne Auschwitz), le peintre d'avant-garde Paul Klee, l'architecte Walter Gropius, le physicien et mathématicien Albert Einstein. En 1938, l'annexion de l'Autriche oblige le vieux fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, à partir pour Londres - sa famille entière sera exterminée. L'écrivain viennois Stefan Zweig, qui a du fuir les nazis autrichiens dès 1934, se suicide en 1942.

Les nazis brûlent en public les livres proscrits, 10 mai 1933.

Quelques artistes pourtant sondés par Fritz Lang ou l'actrice Marlene Dietrich.

Un certain nombre d'artistes et d'écrivains restés en Allemagne se voient interdire de peindre ou d'écrire, et sont placés sous surveillance policière.

Les Juifs sont exclus de la presse, du cinéma, du monde du spectacle. Les œuvres d'auteurs juifs ne peuvent plus être jouées ou interprétées, et Goebbels devra intervenir contre certains fanatiques de son propre parti qui souhaitaient interdire Mozart parce que franc-maçon.

L'autodafé spectaculaire des livres interdits, le 10 mai 1933, permit à beaucoup de commentateurs de rappeler la célèbre phrase de art dégénéré » très visitée sillonne l'Allemagne pour tourner en dérision les œuvres des plus célèbres artistes d'avant-garde, taxées de « bolchevisme culturel » ou de « gribouillages juifs et cosmopolites » par Hitler. Beaucoup de ces œuvres sont ensuite dispersées ou détruites par les nazis.

Un nombre non négligeable d'esprits se rallient toutefois plus ou moins durablement au régime hitlérien. Le philosophe Martin Heidegger prend sa carte au NSDAP et accepte quelques mois les fonctions de recteur à Carl Schmitt devient le juriste nazi officiel. Nombre de musiciens et d'interprètes entretiennent des relations très cordiales avec le régime et ses plus hauts dirigeants, acceptant ou sollicitant les commandes officielles : ainsi les compositeurs Richard Strauss, la cantatrice Wilhelm Furtwängler et Liste des compositeurs persécutés pendant le nazisme.

L'Goebbels impose la création des Reichskulturkammer, organisation Richard Wagner et celle de Leni Riefenstahl au cinéma ou de Albert Speer, confident de Hitler, en architecture. Relevant souvent de la propagande monumentale, comme le Stade olympique de Berlin destiné aux Jeux de 1936, ces œuvres au style très néo-classique développent aussi souvent l'exaltation de corps "sains", virils et "aryens".

Le Führer confia à Albert Speer le projet pharaonique (et inabouti) de reconstruction de la capitale Germania et se couvrir de monuments Néoclassiques au gigantisme démesuré : la coupole du nouveau Reichstag aurait été 13 fois plus grande que celle de Champs-Elysées et l'Arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l'Joachim Fest, décèle à travers ces projets mégalomanes une "architecture de mort"[10]. En pleine guerre, Hitler se réjouira que les ravages des Linz.

L'instrumentalisation du sport

Les Accords de Munich seront lapothéose. Le Comité international olympique lui-même a été accusé d'avoir une part de responsabilité dans lédification de l'image positive de lhitlérisme[11].

Économie sous le Troisième Reich

Article détaillé : Économie du Troisième Reich.

Situation économique et sociale à l'arrivée de Hitler au pouvoir

La 1929 s'était traduite par une montée importante du Allemagne, il y avait environ 3 500 000 chômeurs en 1930.

Robert Ley, adhérant du parti nazi dès 1923, et élu député au Reichstag en 1932, fut chargé de l'élimination des syndicats, qui furent remplacés par le 1933, organisation de type Kraft durch Freude (Force par la Joie) fut chargée d'offrir aux classes populaires des loisirs de masse étroitement encadrés. Elle offrit par exemple à des milliers d'ouvriers des croisières en mer Baltique sur ses deux paquebots.

À la fois antimarxiste, et soucieux de se rallier la fascisme expérimenter une troisième voie entre libéralisme et économie. Il mena une politique de grands travaux (essor du réseau autoroutier), lança un programme ambitieux de logements sociaux, de réfection des cantines ouvrières, ou de loisirs de masse. En 1936, Hitler fit concevoir par Volkswagen ou "voiture du peuple", censées être accessibles aux Allemands les plus modestes - en réalité, peu seront construites sous le IIIe Reich, leurs usines de montage étant vite affectés à la construction de chars. Mais aussi, le régime imposa la planification et une stricte ersatz de moindre qualité les produits interdits d'importation.

Dès l'origine, l'économie du Troisième Reich s'est orientée vers la remilitarisation de l'Allemagne, puis la préparation de la 1933-1934 sur une série de lois économiques qui favorisèrent la réorganisation complète de l'1936 avec le lancement du Plan de Quatre Ans confié à développement de l'industrie de l'armement fut grandement facilité par la technologie de la mécanographie et de la Hollerith, fournie par la industrialisation dans ce sens.

À partir de 1941, l'État-major SS a entériné le programme d'exploitation de travailleurs forcés et de prisonniers de guerre, dans des conditions extrêmes pour les dits « travailleurs ». Très fréquemment, ces travaux étaient d'ailleurs simplement une manière « économiquement efficace » de liquider les ennemis du régime en maximisant leur utilité économique. Littéralement, on les tuait à la tâche. Le camp IG Farben, BMW, Mercedes-Benz, Volkswagen ont toutes participé à ce système, mais également des entreprises étrangères, telles Ford, et Opel, filiale du groupe Henry Ford notamment participa activement à la constitution de l'arsenal de la Wehrmacht avant l'entrée en guerre de l'Allemagne, et accepta en 1939, la même année que Évolution du chômage pendant le IIIe Reich

Le drapeau de guerre, utilisé notamment par la chômage par une plein emploi mais pour une proportion importante dans l'xénophobie. Il y avait 3 500 000 chômeurs en 1930, alors qu'il n'y en avait plus que 200 000 en 1938 (soit 17,5 fois moins).

En comparaison avec les Angleterre, ces chiffres sont très flatteurs, sur le papier. Mais, outre le surendettement de l'État qu'impliquait la politique de militarisation et de plein emploi, il faut ajouter que :

« Cette performance apparente fut obtenue au moyen de mesures de plus en plus attentatoires aux libertés. Ainsi, le 22 juin 1938, une ordonnance ouvrit le droit pour les autorités de réquisitionner la main-d'œuvre pour une tâche précise. Le 1er septembre 1939, c'est la fin de toute liberté en matière de choix d'un emploi. La militarisation de la classe ouvrière s'était esquissée dès avant la guerre. La ligne Siegfried (Westwall ou « mur de l'ouest ») fut construite au moyen de la réquisition de 400 000 ouvriers (22 juin 1938). »

— (Source : Alfred Wahl, L'Allemagne de 1918 à 1945, Paris, Armand Colin, 1993, ISBN 2-200-21338-7 - page 136)

Catégories sociales perdantes

À cela, s'ajoute le fait que l'indice des salaires (100 en 1932) était retombé à 97 en 1938. En 1937, le niveau des salaires était à peu près celui de 1929. Le pouvoir d'achat de la classe ouvrière est inférieur en 1939 à celui de 1933. À partir de juin 1938, les salaires sont fixés d'autorité.

Les paysans, nombreux à avoir voté pour les nazis, ne virent pas l'SA, furent aussi pareillement floués : au nom de l'efficacité économique et par souci de préparer la guerre, les nazis encouragèrent légalement la concentration des petites entreprises, dont plus de 400 000 disparurent entre 1933 et 1939[12].

Enfin, en raison de la conception que les nazis avaient de la femme[13], celles-ci furent peu à peu cantonnées à leur rôle traditionnel[14]. Dès 1933, les femmes sont poussées hors de la 1933 et 1939. La politique vis-à-vis des femmes s'est cependant un peu assouplie à l'approche de la guerre[15].

Expansionnisme nazi

Carte des agressions nazies avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale : l'Allemagne procède à des annexions de terres vivent des germanophones, au mépris de la SDN; le régime confortant ainsi sa popularité auprès de l'opinion publique allemande (l'utopie nationaliste de la XIXe).

Les fondements idéologiques

La justification de lexpansionnisme nazi se trouve déjà dans Mein Kampf (1926). Le régime nazi se réclame du Mussolini comme un régime militariste et anti-pacifiste. Il nourrit le culte de la virilité et de la violence guerrière, et vit dans le souvenir permanent de l'expérience de la Hitler viole constamment le traité de Versailles, imposé à lAllemagne en 1919. Méprisant les institutions internationales, posant le primat de la force sur le droit, il traite les traités internationaux conclus en "chiffons de papier". D'emblée Hitler se met à bafouer ouvertement le traité de Versailles, dont il ne reste plus grand chose dès 1938-1939. Le 14 octobre 1934, l'Allemagne quitte la Société des Nations tout en proposant des discussions bilatérales sur la sécurité[16]. En janvier 1935, les Sarrois votent massivement leur rattachement à l'Allemagne. Cette victoire améliore l'image des Nazis à l'étranger[17]. La Wehrmacht sont portés à 550 000 hommes[18]. En même temps, Hitler négocie avec les Britanniques. Le 18 juin 1935, un accord anglo-germanique autorise l'Allemagne à se doter d'une flotte équivalente à 35% de celle du Royaume-Uni. En fait, les Allemands cherchent à dessiner un nouveau partage du monde qui leur réserverait l'Est de l'Europe[19].

Le projet nazi reprend en partie les vieux thèmes du pangermanisme. Selon Hitler, la réunification du « sang allemand » est un impératif moral, même si cette communauté se révélait nuisible sur le plan économique. Il revendique donc des territoires qui étaient allemands avant la Première Guerre mondiale, et invoque la communauté de sang et de culture pour annexer d'abord lRégion des Sudètes en 1938. À partir de 1939, Adolf Eichmann est aussi chargé de "rapatrier" les minorités allemandes dispersées depuis des siècles à travers toute l'Europe centrale et orientale.

Mais au désir de regrouper tous les Allemands s'ajoute l'idée que les Aryens, "Race des Seigneurs" (Herrenvolk) auraient besoin dun Lebensraum) pour survivre, et que celui-ci, potentiellement illimité, doit être conquis par la force à lEst (Drang nach Osten). Considérant les Slaves comme une race inférieure (des « sous-hommes », Untermenschen), le projet nazi ambitionne donc de conquérir lEurope orientale et de réduire ses populations en Pologne, qui abrite une large population juive, est particulièrement visée par le Troisième Reich.

Vers la guerre

Le Führer prépare la société allemande à la guerre. Dans les production darmes. Hitler prend lui-même le commandement de larmée en 1938. Le 7 mars 1936, la Wehrmacht entre en Rhénanie, démilitarisée depuis le Traité de Versailles. La Grande-Bretagne et la France condamnent cette action mais n'interviennent pas[18] alors qu'Hitler avait prévu de reculer s'il rencontrait une résistance. L'inaction des démocraties conforte la volonté d'Hitler de réaliser la grande Allemagne et en protestant publiquement de son pacifisme. Hitler ensuite multiplie les pressions sur le chancelier autrichien Schuschnigg pour qu'il cède le pouvoir au nazi 1er mars 1938, Hitler entre en Autriche. Il annonce le rattachement du pays au Reich et obtient 99 % de oui de la part des Autrichiens au plébiscite d'avril[20]. Laccords de Munich, le Royaume-Uni et la Hitler semparer des Sudètes.

Les deux pays sont mis devant le fait accompli lorsque la Bohême-Moravie, Dantzig sont annexés en 1939.

Les réactions des démocraties

À la fin des pacifisme est extrêmement puissant dans les opinions publiques. La spécificité du nazisme est rarement perçue, et beaucoup persistent longtemps à voir en Hitler un nationaliste allemand comme les autres. La SDN na pas de réel pouvoir et les isolationnistes.

Une grande partie de lEurope est aux mains de dictatures autoritaires (Portugal, Italie) ou communistes (URSS). LAllemagne a conclu une série dalliances qui la renforce : pacte d'Acier avec l1939, pacte germano-soviétique avec lURSS de Staline. guerre civile espagnole par l'envoi de la Legion Condor, est l'allié moral du Reich. Les États des Balkans, qui ont conclu des accords commerciaux de Belgique et la neutralités frileuses. La Royaume-Uni sont isolées et vivent dans le spectre de la Grande Guerre.

Malgré lalliance qui les unit à la Tchécoslovaquie, la Sudètes. Les accords de Munich de 1938 marquent l'ultime tentative de conciliation des démocraties devant les prétentions territoriales nazies : elles laissent Hitler semparer des Sudètes en octobre 1938.

À cette époque, beaucoup de partisans de "l'apaisement" avec l'Allemagne nazie croient qu'Hitler s'en tiendra à démolir les dispositions les plus humiliantes du traité de Versailles et aux traditionnels projets pangermanistes. Pour le Premier Ministre britannique Neville Chamberlain, l'annexion de l'Autriche n'est ainsi qu'"une affaire entre Allemands", et la Tchécoslovaquie "un petit pays dont nous ne savons presque rien". Mais le 15 mars 1939, Le Reich s'empare de Prague et détruit l'État tchécoslovaque, absorbant donc des populations slaves et nullement allemandes. Les opinions occidentales basculent, les gouvernements comprennent que le IIIe Reich nourrit des ambitions hégémoniques illimitées.

Lorsque les armées allemandes pénètrent en Pologne, elles ne peuvent plus reculer et doivent déclarer la guerre. Toutefois, les démocraties n'entreront pas en Allemagne, alors qu'elles auraient pu tirer profit de la division de l'armée allemande pendant la Le Reich en guerre

Le 1er septembre 1939 à 04:45 du matin, le Reich envahit la Pologne sans Seconde Guerre mondiale. L'occupation militaire allemande de la plus grande partie du continent européen a lieu rapidement et, jusqu'en 1941, le territoire contrôlé par les nazis va du Cercle Polaire et de la Manche jusqu'à l'Afrique du Nord et aux portes de Moscou. Dans tous les pays, le IIIe Reich trouve des forces de résistance. La Grande-Bretagne cependant refuse de se retirer de la guerre même après la armistice du 22 juin 1940. Elle est le seul adversaire du Reich entre juin 1940 et juin 1941, quand Hitler envahit brusquement l'Union Soviétique, violant le pacte de non-agression et s'ouvrant un autre défaite devant Moscou (6 décembre 1941), Hitler perd l'espoir d'une Pearl Harbor, il a déclaré la guerre le 11 décembre 1941, sans bénéfice aucun pour l'Allemagne.

Se résignant à proclamer la mobilisation totale voulue par Speer, Hitler accentue le pillage des pays occupés et met en œuvre la totalitarisme nazi se renforce encore avec la guerre. Sous la direction de IIIe Reich perpètre sur son territoire et à travers les pays occupés, surtout à l'Est, les pires conférence de Wannsee le 20 janvier 1942 ; l'extermination s'abat aussi sur les handicapés mentaux allemands, les Tziganes, les Polonais et les Slaves ; d'innombrables résistants de toute l'Europe affluent dans les Wehrmacht et les SS perpètrent à l'extérieur massacres et tortures. En putsh du 20 juillet 1944, mené par des résistants allemands, est réprimé dans le sang : plus de 5 000 personnes sont suppliciées après des parodies de procès, leurs familles déportées en vertu du principe totalitaire de la responsabilité collective (Sippenhaft).

À partir de 1943, les armées allemandes ne cessent de reculer.

À partir de novembre 1944, tous les Allemands sont appelés à servir dans la Volkssturm, une milice sous-équipée : les derniers défenseurs du IIIe Reich seront souvent des vieillards et des pré-adolescents armés de vieux fusils. Dans les ruines de Berlin et de Vienne assaillies par l'Hitler donne l'ordre en mars 1945 d'une politique de terre brûlée d'une radicalité jamais égalée : il s'agit de détruire non seulement les usines et toutes les voies de communication, mais aussi les centrales thermiques et électriques, les stations d'épuration, et tout ce qui est indispensable à la vie des Allemands. Dans la pratique, toutefois, ces ordres furent peu appliqués sur le terrain[21].

Hitler se suicide le 30 avril 1945 quand l'Armée Rouge arrive à quelques centaines de mètres du bunker berlinois du dictateur. Son successeur, l'amiral 8 mai 1945. Il est arrêté avec le dernier vestige de gouvernement allemand, le 23 mai 1945, à Bilan des pillages, crimes de masse et destructions

  • Des centaines de milliers d'enfants européens "germanisables" furent arrachés à leurs familles et transférés dans les Martin Bormann. Dans ces foyers, véritables "haras pour SS", il s'agissait aussi d'étudier l'amélioration de la "race aryenne".
Camp de Lager Nordhausen
  • aktion T4" furent ensuite affectés au gazage massif des Juifs dans les Polonais en peuple de "sous-hommes". Trois millions de Polonais catholiques, autant de Polonais juifs furent exterminés par les nazis (20 % de la population totale).
  • Extermination de plus de 3 millions de prisonniers de guerre soviétiques dans des camps en Allemagne. L'historien de la Wehrmacht Omer Bartov estime qu'en URSS même, 600 000 autres prisonniers furent assassinés par les troupes allemandes, et 1 400 000 autres laissés délibérément mourir de faim. Le "décret des commissaires" (mai 1941), préparé dès avant l'agression de l'URSS, ordonnait de fusiller tous les communistes capturés.
  • Affamement délibéré de la ville de Leningrad assiégée, qui fit 700 000 morts (1941-1944). Hitler avait interdit qu'on enlève d'assaut la ville qui avait vu naître le Göring pour planifier la future exploitation méthodique de l'URSS avait conclu dès mai 1941 que "nos projets devraient entraîner la mort d'environ 10 millions de personnes".
  • Massacre de nombreux otages à travers l'Europe occupée (Mont-Valérien, Oradour, Lidice, Marzabotto); emploi systématique de la torture et des fusillades de masse contre les résistants, les suspects et les civils ; inauguration des bombardements terroristes sur les populations civiles (Rotterdam, insurrection de Varsovie, écrasée par résistants, persécutés, droits communs, Témoins de Jéhovah, Juifs de toute l'Europe ont été soumis à l'extermination par le travail forcé dans les Buchenwald, Mauthausen, Sachsenhausen, Ravensbrück, etc. et leurs centaines de kommandos dispersés à travers tout le territoire du Reich. Les mauvais traitements des sous-alimentation, la volonté des SS de déshumaniser complètement leurs victimes avant de les réduire en cendres ont fait de ces camps un enfer d'une barbarie rarement égalée. 40 % des déportés français ne survécurent pas à leur séjour en camp.
  • Extermination d'environ un tiers des Tziganes européens (Henriette Asséo) au cours du Porajmos.
  • Juifs (Shoah). Entre 1941 et 1945 les nazis firent périre les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée. Le ghettos de Pologne ( furent déportés aussi de nombreux Juifs allemands et autrichiens, prélude à leur extermination), par balles sur le front de l'Est par les unités mobiles de tuerie des camps de concentration, ou dans les camps d'extermination.

« Legs politique » et mémoire

La défaite finale du IIIe Reich laisse l'Allemagne en ruines et la fait disparaître en tant qu'État indépendant jusqu'en 1949, et en tant que pays unifié jusqu'en 1990. 5 millions de soldats allemands sont morts au front et 3 millions de civils sous les bombes. 11 millions d'Allemands présents depuis des siècles sont chassés des pays d'Europe centrale et orientale en représailles aux exactions du IIIe Reich. L'actuel territoire de la République Fédérale d'Allemagne est inférieur d'un tiers à celui du Reich de 1914.

Après leur capture, les 16 plus hauts dirigeants du IIIe Reich encore vivants sont jugés au procès de Nuremberg en 1946, lequel déclare également organisation criminelle plusieurs piliers du régime : le NSDAP, la SS, la Adolf Hitler, Joseph Goebbels. D'autres, en fuite, seront traqués et retrouvés, tels Adolf Eichmann, jugé et pendu à Jérusalem en 1962. D'autres sont morts libres après s'être réfugiés en Amérique du Sud (dénazification imposée à l'Allemagne après 1945, ainsi qu'une série de procès et de révocations, n'a pas empêché de très nombreux serviteurs du IIIe Reich de faire de bonnes carrières administratives, économiques ou politiques après la guerre, sans être jamais inquiétés, même lorsque très compromis. Tout comme les Russes, les Américains recyclèrent des agents gestapistes, tels CIA, ou des scientifiques compromis tels Wernher von Braun.

Adolf Hitler partage avec Staline le privilège d'avoir brisé la continuité historique de son pays[25] ; de surcroît, la "catastrophe allemande"[26] ne s'est pas produite dans un pays arriéré aux mœurs traditionnellement brutales. Les Nazis accèdent au pouvoir légalement, dans l'un des pays les plus développés et les plus cultivés du monde, célèbre pour son abondance de philosophes, d'artistes et de savants. Dès lors la question de la "culpabilité" du peuple allemand dans l'avènement du IIIe Reich et de son degré d'adhésion à ses actes (Schuldfrage) n'a cessé de hanter la conscience nationale depuis la fin de la guerre. Elle a longtemps pesé lourdement sur l'image de l'Allemagne et des Allemands à l'étranger, et sur sa place en Europe et dans le monde. Pendant la RFA et RDA se renvoyèrent l'accusation d'être les continuateurs du IIIe Reich. Des personnalités comme le philosophe Martin Heidegger ou le chef d'orchestre parti nazi et de s'être montrés incapables de s'expliquer clairement sur leur adhésion au IIIe Reich.

Camp de Buchenwald, près de Weimar, le 24 avril 1945.

En dépit de ce passé, quelques nostalgiques, ainsi que les néo-nazis ou les négationnistes, vantent encore aujourd'hui la grandeur du IIIe Reich, prétendant par exemple que "le procès de Nuremberg [c'] est celui de l'homme blanc, que les [27]. Ces individus, parfois apparentés au mouvement skinhead nazi, sont ultra-minoritaires et guère médiatisés, et ce sont surtout leurs frasques violentes qui les mettent en lumière, comme en Angleterre avec le paki bashing, ou encore dans certaines tribunes de supporters de ultras.

Du fait de l'ampleur inédite de ses crimes, le IIIe Reich est reconnu aujourd'hui comme l'un des épisodes les plus noirs et les plus traumatisants de l'crimes contre l'humanité, comme en France, en Autriche ou en Allemagne même. Sans équivalents même dans l'URSS stalinienne, sa "violence congénitale"[28], son idéologie raciste et ses volontés expansionnistes et génocidaires, et surtout la spécificité radicale amplement établie de la Shoah, singularisent communément le IIIe Reich comme un régime intrinsèquement criminel. Il pose de ce fait à l'historiographie mais aussi à la conscience universelle des angoisses et des interrogations jamais totalement résolues.

Notes et références

  1. J.M. Argelès, « La terreur en Allemagne avant 1939 », in Une si longue nuit, dir. St. Courtois, 2003.[réfincomplète]
  2. Pierre Milza, Les Fascismes, Imprimerie Nationale, 1985, p. 242.
  3. Le système concentrationnaire nazi->Lhistoire des camps->Étape 1: la terreur politique et totalitaire : 1933-1937
  4. Jean-Yves Le Naour, La Honte noire, 2000
  5. Eric Johnson, La Terreur nazie. La Gestapo, les Juifs et les Allemands ordinaires, 1999, tr. fr. Albin Michel, 2001
  6. Martin Broszat
  7. Propos d'Hitler à ses généraux rapporté par Kershaw
  8. Albert Speer, Perrin, 2001
  9. J-M Brohm, 1936, Les Jeux olympiques à Berlin, Bruxelles, Atlas du IIIe Reich, coll. Autrement
  10. les 3 K : Kirche, Kinder, Küche en français « église, enfants, cuisine »
  11. Du moins si leurs caractéristiques raciales le leur permettaient : jusqu'en 1945, 200 000 femmes furent stérilisées
  12. Alfred Wahl, L'Allemagne de 1918 à 1945, op. cit.
  13. Alfred Wahl, L'Allemagne de 1918 à 1945, Armand Colin 1999, p 118-119
  14. Alfred Wahl, p 144
  15. a et b ushmm, l'expansion allemande avant la guerre, encyclopédie de la Shoah, consulté le 5 novembre 2007
  16. Alfred Wahl, p 144
  17. Alfred Wahl, p 147
  18. Joachim Fest, Albert Speer, Perrin, 2001
  19. J.P. Azéma
  20. Selon Ulrich Herbert dans Hitler's foreign workers, Cambridge, 1997
  21. Jörg Friedrich, L'Incendie. L'Allemagne sous les bombes, 2004
  22. Selon Friedrich Meinecke
  23. Citation extraite d'une chanson du groupe de RAC 9e Panzer Symphonie intitulée Le procès
  24. Philippe Burrin

Voir aussi

Articles connexes

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Bibliographie

  • Pierre Ayçoberry, La société allemande sous le IIIe Reich, 1933-1945, Éditions du Seuil, coll. Points Histoire, 1998.
  • Pierre Ayçoberry, La question nazie, Le Seuil, 1979
  • Martin Broszat, L'État hitlérien, Fayard, 1985
  • Stéphane Courtois (dir.), Une si longue nuit. L'apogée des régimes totalitaires en Europe, 2004
  • e Reich, Le Livre de Poche Références, 1997
  • Saul Friedländer, LAllemagne nazie et les Juifs. T. 1, Les Années de Persécution (1933-1939), Seuil, 1997
  • Ian Kershaw, Quest-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives dinterprétation, tr. fr. Gallimard, 1992
  • Eugen Kogon, L'État SS, Le Seuil, 1970
  • Eric Michaud, Un art de l'éternité. L'image et le temps du national-socialisme, Paris, Gallimard, 1996
  • Léon Poliakov, Bréviaire de la haine. Le IIIe Reich et les Juifs, Gallimard, 1959
  • William L. Shirer, Le Troisième Reich des origines à la chute (titre original : "The Rise and Fall of the Third Reich", publié par Simon & Schuster en 1960), traduction non attribuée, Stock, Paris, novembre 2007 (1er édition en 1961), 2 vol., 1275 p., (ISBN 2234022983)
  • Peter Reichel, La Fascination du nazisme, Odile Jacob, 1993
  • Alfred Wahl, L'Allemagne de 1918 à 1945, Armand Colin, coll. Cursus Histoire, 2001.
  • Günter Weisenborn, Une Allemagne contre Hitler, Ed. du Félin, 2000
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