Le
centralisme démocratique » regroupant quinze républiques soviétiques. Le système politique, très hiérarchisé, reposait en droit sur le « Conseil des ministres » (
Sovet ministrov), censé détenir le pouvoir exécutif, et le Parlement («
Soviet suprême »,
Verkhovny Sovet) censé détenir le pouvoir législatif.
En pratique, la séparation des pouvoirs n'était pas respectée, car un seul parti politique fut autorisé, le Parti communiste de l'URSS (PCUS), dont le Politburo concentrait tous les pouvoirs et contrôlait l'État, tous les hauts fonctionnaires étant choisis parmi les « activistes » (« permanents ») supérieurs du Parti. L'organisation qui maintenait la cohésion du Parti et son pouvoir absolu sur la société soviétique était la police politique, successivement nommée Tchéka, NKVD et Pacte de Varsovie, en République populaire de Chine, au Vietnam et à dictature du prolétariat » telle que le « marxisme-léninisme » l'avait conçue. En principe, le Parti était ouvert à tout citoyen « qui n'exploite pas le travail des autres, accepte le programme et les règles du Parti, milite dans une organisation du Parti et soutient toutes ses décisions », cependant le processus d'adhésion au parti était long, accompagné de multiples enquêtes, et finalement élitiste, mais exclusivement sur des critères de soumission à la hiérarchie.
Ainsi, dans les années 1980, 6 % des 265 millions d'habitants étaient membres du PCUS, ce qui était loin de conférer la représentativité du peuple tant affichée. Par contre, celui-ci compta quelque 200 000 fonctionnaires à plein temps, les Voslenski a désigné par le terme populaire soviétique de Nomenklatura était composée de ces Apparatchiki, des membres de la police politique, des hauts gradés de l'armée, des chefs du Parti et de leur parentèle. L'ensemble de cette nouvelle Revel a qualifiée de « bourgeoisie rouge », mais que les trotskistes préfèrent appeler Parti, et donc par son responsable à chaque niveau, lequel prenait ses ordres de l'échelon supérieur, jusqu'à arriver au secrétaire général du Parti, poste rendu par Soviet suprême », avec son organe exécutif, le Præsidium, ainsi que la Cour suprême et le Procureur de l'Union soviétique. Ces trois magistratures étant en principe sous le contrôle des deux chambres législatives. Le Conseil des ministres supervise une quantité de commissions et de services, dont le nombre et les attributions changent à intervalles, mais qui sont des organes plus importants que les ministères des Républiques.
Au sommet du Parti, le Secrétaire général, dont le titre est modeste mais le pouvoir beaucoup plus grand que celui du Président du Præsidium du Soviet suprême de l'Union soviétique dont le titre est purement honorifique, et plus grand que celui du Président du Conseil des ministres (Premier ministre) de l'URSS. Au-dessous de lui, par ordre d'autorité décroissante viennent le Politburo, le Secrétariat et le Comité central. Au-dessous encore le Congrès du PCUS, puis les Comités centraux, les Secrétariats et les Conférences provinciales représentent l'échelon suivant. Un degré plus bas viennent les Comités, Secrétariats et Conférences de district. Enfin, constituant la base de la pyramide, les secrétariats, bureaux et cellules locales.
Le Parti déterminait la politique à suivre que l'État devait exécuter. La tâche des fonctionnaires du gouvernement consistait à mettre en application les décisions du Parti, c'est-à-dire du Politburo et du Comité central. Cette méthode avait un avantage : contrairement à ce qui se passa en Occident, ceux qui font la politique sont ainsi déchargés des besognes de routine. Khrouchtchev a été le premier chef soviétique à cumuler les titres du Premier secrétaire du Parti et celui du président du Conseil des ministres de l'URSS. Quant à Brejnev, il fut en même temps Premier secrétaire (depuis 1966, secrétaire général) du Parti et président du « Soviet suprême » de l'URSS (de 1960 à 1964 et de 1977 à 1982). En 1990, Gorbatchev sera le premier et dernier dirigeant soviétique à prendre le poste de président de l'Union soviétique.
Économie
Article détaillé :
Révolution russe, l'économie de l'Empire russe était « archaïque »
[14]. La valeur de la production industrielle en 1913 représente moins de la moitié de celle de la France, un sixième de celle de l'Allemagne, ou un quatorzième de celle des États-Unis
[15]. Le rendement agricole reste médiocre, la pénurie de transport paralyse toute tentative de modernisation économique
[16]. Le PIB par habitant est alors inférieur à celui de la Hongrie ou de l'Espagne de l'époque, et environ un quart de celui des États-Unis
[N 2]. Surtout, le pays est dominé par les capitaux étrangers, qui possèdent un tiers des actions en Russie.
L'URSS est devenue au XXesiècle une puissance économique majeure. De 1928 à 1991, le développement économique fut guidé par une série de plans quinquennaux. L’URSS devint une des trois premières productrices d'un grand nombre de produits industriels, mais restait en retard dans l'industrie légère, les biens de consommation, et l'agriculture.
L'économie soviétique était gérée par le Gosbank (« Banque d'État ») et le Produit matériel net.
L'économie soviétique fut basée sur la propriété d’État, mais il existait quelques autres formes juridiques de propriété dites « collectives » telles que le Bilan économique : l'impasse de l'économie planifiée
L'entre-deux-guerres et l'après guerre furent des périodes de croissance économique importante que certains attribuent, pour une bonne part, au mariage de la planification et du travail forcé.
Entre 1913 et 1989, le revenu par habitant est multiplié en Russie par 4,6, contre 3,3 en Grande-Bretagne, 3,8 aux États-Unis, 5,1 en France ou 5,4 en Allemagne[17].
Lorsque la croissance se ralentit vers les années 1960, cela fut considéré comme un phénomène provisoire. Les responsables de la planification avaient été incapables de prévoir les problèmes économiques, et le concept même d'économie planifiée ne semblait pas pouvoir fonctionner dans le cadre d'une économie moderne et changeante, spécialement lorsque l'administration de la planification est confiée à une Nomenklatura
plus attachée à ses privilèges qu'au service de l’État.
Le marché noir ;
- Des priorités du plan pas toujours très heureuse : industrie lourde au détriment de l'agriculture et des biens de consommation.
Bilan technologique : quelques réalisations majeures au service du prestige national
Aéronautique
- Complexe industriel militaire
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- Génie civil
- Sciences exactes
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Bilan écologique : vers une dégradation de l'environnement
Le gouvernement de l'URSS a entravé la formation d'une conscience écologique en interdisant les partis et les associations jusque dans les années 1980[18]. Dans les dernières années du régime stalinien, le nombre de réserves naturelles et parcs nationaux fut fortement réduit[19]. Le productivisme entraîna l'érosion et l'épuisement de nombreuses terres arables[20]. Le développement d'une industrie lourde et l'exploitation intensive et extensive des ressources naturelles ont laissé derrière eux une situation préoccupante, dont souffre encore l'actuelle Russie et les anciennes Républiques soviétiques : déforestation, régions affectées par des pluies acides, dégradation des sols, accumulation de déchets industriels, désertification, contamination radioactive (suite à la lac Baïkal a été notamment fragilisé par la construction des chemins de fers mer d'Aral en Forces militaires
Autant le bilan social et sanitaire était catastrophique, autant le bilan militaire était florissant :
- Au niveau des armements nucléaires, l'URSS a atteint et maintenu la parité avec les États-Unis, dès la fin des années 1970 ;
- Ses chercheurs et ses ingénieurs ont mis au point entre 1965 et 1976 deux fois plus d'armes et de systèmes de destruction et de protection que les États-Unis ;
- Ses forces armées totalisèrent 5 millions de combattants actifs et 25 millions de réservistes entraînés et représentait la plus vaste armée en temps de paix du XXesiècle ;
- L'armée soviétique était capable d'aligner 50 divisions susceptibles d'être engagées sans délai et 30 autres mobilisables dans de brefs délais. Elle fut totalement motorisée et constamment rééquipée en fonction de l'innovation technologique, en chars, canons, véhicules de transport et systèmes de communication ;
- Elle disposa de la plus grande flotte aérienne de tous les temps, de la plus grande flotte de sous-marins nucléaires du monde, et d'une flotte de navires de surface largement supérieure en tonnage à celle des États-Unis, à l'exception des porte-avions.
Le PIB et 47 % des dépenses publiques pour les besoins de l'missiles balistiques (IRBM, ICBM).
Après la chute de l'URSS en 1991, c'est l'Forces armées de la fédération de Russie, Flotte maritime militaire de Russie
L'URSS, par sa grandeur et donc par la variété ses régions, était un état multi-ethnique, où vivaient plusieurs centaines de nationalités et groupes ethniques.
Démographie
Évolution de la démographie entre 1961 et 1991 (chiffre de la
FAO, 2005). Population en milliers d'habitants.
Lors de l'après-guerre, la population a connu une diminution importante de la mortalité, qui s'est toutefois interrompue dès les années 1970.
Vers la fin de la période, il existe en outre une différence notable entre une population russe et ukrainienne à croissance faible, et des peuples « allogènes » (principalement turcophones) à forte natalité.
Codes
L'Union soviétique a pour codes :
Notes
- ↑ À cause des 13 jours de décalage entre l'actuel calendrier julien encore suivi par les Églises orientales.
- ↑ 3 593 dollars par habitant en Russie en 1913, 13 327 aux États-Unis.
Références
- ↑ Ce qui est contesté par de nombreux marxistes, comme Rosa Luxemburg pour qui le régime bolchevik est « une dictature, il est vrai, non celle du prolétariat, mais celle d'une poignée de politiciens, c'est-à-dire une dictature au sens bourgeois » (La Révolution russe, septembre 1918.).
- ↑ Cette dissolution est fortement critiquée par des marxistes comme ↑ Lénine, « Mieux vaut moins mais mieux », 2 mars 1923.
- ↑ L'Âge des extrêmes. Histoire du court XXe siècle, 1914-1991, Complexe, 2003, p. 508-510.
- ↑ Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin, op. cit.
- ↑ Cf. Nicolas Werth, voir L'URSS de Staline et Histoire de l'URSS.
- ↑ Union des républiques socialistes soviétiques : Opération Barbarossa.
- ↑ Entre 1941 et 1945, Washington a fourni 376 000 camions, 14 700 avions, 7 000 tanks, 52 000 jeeps et 11 000 wagons de marchandises à l'URSS : d'après Russell Buhite, Decision at Yalta, Wilmington Delaware, Scholary Resources Inc., 1986, cité dans ↑ Westermann Atlas zur Weltgeschichte, Braunschweig 1985
- ↑ (fr) Accord entre le gouvernement des États-Unis et le gouvernement de l'URSS relatif à des livraisons de céréales. Signé à Moscou le 20 octobre 1975
- ↑ L'URSS et la CEI depuis 1945 de Benoit Falaize
- ↑ Nargiz Asadova. An interview with Prime Minister of Kazakhstan Karim Masimov. Imprimé à l'origine dans Kommersant, 4 juin 2007, p. 2. (traduction anglaise par Ferghana.ru) (en) [1]
- ↑ Colisee.org
- ↑ D'après Marc Ferro, La Révolution de 1917, 1967, p. 36.
- ↑ René Girault et Marc Ferro, De la Russie à l'URSS, 1989.
- ↑ Marc Ferro, La Révolution de 1917, op. cit., p. 39.
- ↑ Seurot, Les Causes économiques de la fin de l'Empire soviétique, PUF, 1989.
- ↑ Jean Radvanyi, La nouvelle Russie, Collection U, Armand Colin, 2004, 3e édition mise à jour, (ISBN 2200266871), p.46
- ↑ Jean Radvanyi, La nouvelle Russie, Collection U, Armand Colin, 2004, 3e édition mise à jour, (ISBN 2200266871), p.51
- ↑ Jean Radvanyi, La nouvelle Russie, Collection U, Armand Colin, 2004, 3e édition mise à jour, (ISBN 2200266871), p.51
- ↑ Statoids.com
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- Michel Heller et Aleksandr Nekrich, L'Utopie au pouvoir. Histoire de l'URSS de 1917 à nos jours, Paris, Calmann-Lévy, 1982.
- Moshe Lewin, Le Siècle soviétique, Paris, Fayard, 2003. (ISBN 2213611076)
- Sabine Dullin, Histoire de l'URSS, Paris, La Découverte, 2003, Collection : Repères, 123 p. (ISBN 2707141283)
- Martin Malia, La Tragédie soviétique. Histoire du socialisme en Russie (1917-1991), Paris, Le Seuil, 1995.
- Jean Bruhat, Histoire de l'URSS, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1945, douzième édition 1980, 126 p.
- Champ Libre, 1977. (ISBN 2-85184-069-x)
- Agone. (ISBN 2910846350)
- éditions Ivrea, 1997. (ISBN 2-85184-257-2)
- Nicolas Werth, Histoire de l'Union soviétique, Paris, PUF, 1990, cinquième édition, 2001.
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