Pangermanisme

Pangermanisme
Sur cette carte figurent les zones de peuplement germanophones telles qu'identifiées en 1910. Les peuples Drang nach Osten, sont le résultat de la 1170[1].

Le pangermanisme est un mouvement politique XIXe siècle visant l'unité de tous les germanophones d'Europe, ou identifiés comme tels par les penseurs de cette théorie : lui correspond la volonté de mettre en place la Grande Allemagne[2], c'est l'expression traduite de Grossdeutschland en allemand, provenant du latin Magna Germania, qui désigne la

Les origines du pangermanisme

Naissance du nationalisme allemand

Les origines du pangermanisme remonteraient au début des guerres napoléoniennes. Ces guerres déclenchèrent un mouvement social en Révolution française : le nationalisme. Le nationalisme était une menace sérieuse pour les anciens régimes aristocratiques. En effet, la plupart des groupes ethniques de l'Romanov et des Réforme, lorsque le Saint Empire romain germanique fut divisé en une série de petits États indépendants. Les nouveaux nationalistes allemands, principalement de jeunes réformistes, désiraient réunir l'ensemble du peuple partageant l'ethnie et la langue allemande, les Volksdeutschen.

Dans une Europe dominée par Napoléon Ier se regroupent autour de la Prusse des patriotes allemands dans une guerre patriotique et nationale que l'on appelle très vite guerre de libération (Befreiungskriege). Apparaissent alors toute une série de libelles et de textes réclamant la constitution d'un État allemand groupant tous les peuples parlant la langue allemande, incluant au besoin des peuples en dehors de ce qui était jusqu'en 1806 le Saint Empire. Ainsi se développe le Volkstum, rassemblement de tous les hommes de même langue, de même culture.

Volkgeist (esprit du peuple) allemand.

Les sources intellectuelles

On les trouve dans les discours de quelques penseurs, comme :

  • Johann Gottlieb Fichte (1762-1814: « Or voici ce qu'est un peuple au sens supérieur du mot, sens qu'il a si on admet l'existence d'un monde de l'esprit: un peuple, c'est l'ensemble des peuples qui vivent en commun travers les âges et se perpétuent entre eux sans adultération, physiquement et moralement, selon des lois particulières au développement du divin. »[3]
  • [4]
  • Prusse, Autriche et nationalisme
    Lorsque la concrétisation du pangermanisme à l'Est enclenche l'territorial : l'intégration de l'Alsace et de la Moselle dans l'Guillaume II d'Allemagne entérine par la restauration dans le style médiéval du armoiries. Symboliquement, cette place forte garde les marches de l'Empire. Côté français, la intégrité territoriale nationale, l'esprit de revanche se forge sur cette perception d'une amputation qui ne doit pas perdurer.

    Dans les Prusse et l'Empire Austro-Hongrois. La Prusse, sous Otto von Bismarck, utilisa de son côté le nationalisme pour réunir l'ensemble du territoire qui forme l'Allemagne moderne. L'empire germanique, le 1871 suite au couronnement de Autriche et les Sudètes devinrent donc au centre de la controverse.

    De nombreux Autrichiens commencèrent à avoir du ressentiment pour la diversité ethnique de leur propre empire. Se définissant eux-mêmes comme les descendants des Débuts du pangermanisme

    Prétentions territoriales de l'Empire allemand telles qu'exprimées en 1915.
    "Le futur de l'Allemagne" ; railleries publiées à des fins de propagande dans un pamphlet britannique au début de l'année 1917.

    Le pangermanisme, à proprement parler, prend corps dans les Volkstum (l'esprit de la race), influence le jeune Adolf Hitler. Ce parti extrémiste resta toutefois très minoritaire en Allemagne.
    Selon certains, il ne faut pas confondre le « sursaut national » de 1814 cité plus haut et même la politique bismarckienne, plus prussienne que germanique, avec le pangermanisme. Ce mouvement prend d'ailleurs corps en réaction à la pensée bismarckienne, centrée avant tout sur la Prusse. Bismarck s'appuyait de plus sur des alliances à l'Est qui lui interdisaient toute velléité d'expansion en Europe centrale et orientale.
    On ne doit pas non plus associer le pangermanisme à l'expansionnisme colonial allemand, fortement voulu par l'empereur Allemagne veut se doter d'un empire colonial.

    En 1905, Joseph-Ludwig Reimer édite Une Allemagne pangermaniste, ouvrage référentiel de 400 pages. En interprétant l'histoire dans l'intérêt du pangermanisme, il tente de prouver la supériorité de la race allemande par ses apports culturels et historiques au sein des nations voisines, comme la France, la Belgique ou les Pays-Bas. L'étude raciale et ethnographique y tient une grande place. Concernant la France, Reimer, s'inquiètant de sa « dégermanisation » grandissante, approuve la solution d'une colonisation de ce pays, en commençant par le nord et l'est. Cette conquête passant d'ailleurs dans un premier temps par un retour aux frontières médiévales de la Lotharingie.

    En 1911, Otto Richard Tannenberg développe les thèses pangermanistes dans un livre capital pour cette doctrine : La plus grande Allemagne. Il y expose clairement tous les arguments qui deviendront politique d'état avec Adolf Hitler, tel ce passage : <<"Quelle situation pitoyable que la nôtre, si l'on considère que pas moins de 25 millions d'allemands, c'est-à-dire 28 pour cent de la race, vivent au-delà des limites de l'empire allemand! C'est un chiffre colossal, et un fait pareil ne saurait se produire dans un autre État quelconque sans susciter la plus vive indignation de tous les citoyens et l'effort le plus passionné pour remédier au mal sans plus attendre. (...) Qui pourrait empêcher 87 millions d'hommes de former un empire, s'ils en faisaient le serment ?>>

    Le pangermanisme après la Première Guerre mondiale

    Après la Première Guerre mondiale, l'influence de l'Allemagne en Pologne, de la Tchécoslovaquie, de la Roumanie séparèrent de nouveau le peuple allemand, après avoir été presque entièrement réuni sous les deux empires autrichien et allemand. De nombreux États slaves nouvellement formés étaient préjudicieux envers leurs minorités germanophones, spécialement dans les territoires contrôlés anciennement par l'empire austro-hongrois. Des actes de racisme et d'oppression furent recensés.

    Hitler et le Pangermanisme.

    L'idée de pangermanisme n'en a pas pour autant disparu et des penseurs et écrivains s'efforcent à la définir et à l'expliquer. En 1915, 1916, Hohenzollern. En 1926, espace vital » (Adolf Hitler est en phase avec cette famille de pensée, comme le montre clairement Mein Kampf (Mon Combat, 1925). En 1927, il a d'ailleurs révisé lui-même le programme en vingt-cinq points commandé sur son ordre, en 1920, à Sudètes, une région de l'actuelle République tchèque, étaient au centre de la controverse. En effet, majoritairement Tchécoslovaquie comme zone tampon afin de prévenir une future agression allemande. Hitler utilisa « l'oppression » des Allemands en Europe de lEst pour justifier une invasion. À la fin de 1938, le sort des Sudètes fut débattu lors de la Troisième Reich.

    Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Sudètes, Alsaciens-Lorrains, Allemands de Transylvanie et Allemands de la Mer Baltique furent tous sous le contrôle du troisième Reich et le rêve pangermanique fut finalement réalisé. Mais cet état de fait ne comportait pas que des avantages aux populations germaniques. En effet, les Nazis réinstallèrent des Allemands à travers toute l'Europe à leur guise, déroulant un plan ( Generalplan Ost ) qu'ils avaient conçu sans tenir compte de l'avis et des désirs de ces Allemands de l'Est.

    Disparition du pangermanisme

    Carte précisant les pertes territoriales issues des traités de paix de 1919 et 1945.

    La défaite de 1945 mit fin aux rêves de pangermanisme de la même façon que la Première Guerre mondiale provoqua la disparition du panslavisme. Les Allemands d'Europe de lEst furent expulsés brutalement et l'Allemagne même fut dévastée, puis divisée politiquement entre République fédérale d'Allemagne (ouest) et République démocratique allemande (est). Nationalisme et pangermanisme devinrent des sujets tabous en raison de leur connotation nazie. Mais la réunification du pays en 1990 après la chute du mur de Berlin a ravivé les vieux débats. La peur du passé demeure toutefois forte et explique la crainte que les Allemands eux-mêmes ont d'un « Volksdeutschen » uni.

    Il existe actuellement d'importantes populations germanophones à l'extérieur de l'Autriche et de l'Allemagne : en Suisse, en France, en Union soviétique, même si de nombreux germanophones ont recherché la citoyenneté allemande après l'écroulement du Autriche et de l'Allemagne ravive le douloureux souvenir du nazisme et rend peu probable une telle union dans un avenir proche. De même, Allemands et Autrichiens ont des cultures (dialecte, mode de vie…) qui diffèrent à un point tel qu'il est assez incorrect de confondre les Allemands et les Autrichiens.[réfnécessaire]

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Deutschland über alles - Le pangermanisme 1890-1945, Michel Korinman, Fayard, 1999.
    • Les allemands en France, Jacques Lorraine, 1945.

    Références

    1. : Cependant, le nationalisme allemand du XIXe siècle se bâtit sur le concept de Kleindeutschland (petite Allemagne) dominée par la Prusse, par opposition à l'idée pan-germanique de Grossdeutschland, excluant ainsi volontairement l' Discours à la nation allemande, 1808
    2. Leçons sur la philosophie de l'histoire, 1822-1830

    Liens internes

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