- Wernher Von Braun
-
Wernher von Braun
Wernher von Braun (23 mars 1912 à Wirsitz, Posnanie (aujourd'hui Wyrzysk en Pologne) - 16 juin 1977 à Alexandria, Virginie) est un ingénieur allemand qui a joué un rôle majeur dans la mise au point des astronautique dans les années 1930, il se met au service du régime nazi pour poursuivre ses recherches. Il joue un rôle majeur dans la conception et la réalisation du V2, premier missile balistique qui sera utilisé vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. Récupéré après la défaite allemande avec d'autres scientifiques allemands de premier plan par les forces américaines, il développe les principaux missiles balistiques de l'armée américaine. Lorsque la agence spatiale américaine (NASA) et, à ce titre, il développe la fusée Saturn V lanceur des missions lunaires du programme Apollo.[1]
Pionnier de l'astronautique
Comme pour les autres précurseurs de l'astronautique, sa passion pour cette discipline naît de la lecture des écrits et calculs de Zurich et de Hermann Oberth (Verein für Raumschifffahrt : « Association pour les voyages dans l'espace »). Les expérimentations ont lieu à Reinickendorf, sur un terrain de cent cinquante hectares, qu'ils baptisent Raketenflugplatz (« aéroport de fusées »).
À partir de 1929, la Reichswehr commence à s'intéresser aux fusées ; elle crée un « Bureau des engins balistiques spéciaux » rattaché à la direction de l'armement, dirigé par le colonel Karl Becker et le capitaine Walter Dornberger. Ils invitent l'équipe de Reinickendorf à venir essayer leurs fusées sur le champ de tir de l'armée, à Kummersdorf. Mi-juillet, Wernher von Braun et ses coéquipiers y testent une fusée qui culmine à 1 100 mètres.
Au service de l'armée allemande
En 1932, Von Braun accepte l'offre de l'armée, qui lui permet de poursuivre ses recherches avec des moyens plus importants; il est nommé responsable du centre de Kummersdorf-West, où il entreprend une série d'expériences sur les propulseurs à comburant liquides. Le 16 avril 1934, il remet sa thèse de doctorat sur la propulsion des fusées, intitulée Solutions théoriques et expérimentales au problème des fusées propulsées par des carburants liquides. Technique des fusées et recherche dans le domaine du vol spatial. Classée confidentielle, elle n'est publiée qu'en 1960[2]. Longue, périlleuse et entièrement nouvelle, avec les matériaux de l'époque, la mise au point d'un moteur-fusée à propergols liquides est menée en collaboration avec le Doctor Thiel.
En 1934, Wernher von Braun lance de l'île de mer du Nord, deux exemplaires de la fusée A2 (Aggregat 2) dont le moteur développe une tonne de poussée. Elles atteignent l'altitude de 2 200 mètres. En août 1935, le groupe de Von Braun reçoit 5 millions de marks de la Luftwaffe et 6 millions de l'armée pour développer un moteur-fusée. Von Braun se rend sur la côte de la Poméranie à la recherche d'un terrain d'essais pour fusée; il le trouve à Peenemünde, dans l'île d'Usedom. La construction du centre d'essais démarre en 1936.
La mise au point du missile balistique V2
En 1937, toujours pour obtenir davantage de moyens, il intègre le parti nazi et est nommé directeur technique du centre d'essais de Peenemünde et assure entre 1939 et 1942 la mise au point de la fusée A4 (Aggregat 4), plus connue sous le nom de V2, avec un V pour pour Vergeltungswaffe (« arme de représailles »), dont 4 000 exemplaires seront lancés principalement sur l'Pays-Bas en 1944 et 1945.
Adulé par le régime - Hitler voit en lui le type du surhomme aryen - il est promu trois fois par Sturmbannführer. En 1943, Hitler donne la priorité absolue au programme des fusées A4. La fabrication des V2 s'intensifie. En 1943, la construction des V2 commence à utiliser des déportés des camps de Buchenwald. Von Braun appartient à l'équipe dirigeante des spécialistes des fusées, supervisant les ingénieurs, les travailleurs civils et les déportés de Dora. La fabrication des V2 fera plus de morts (plus de 10 000 prisonniers ont perdu la vie à Dora) que leur utilisation comme armes[3]. Cependant, Wernher Von Braun n'admet pas sa responsabilité dans son livre autobiographique, minimisant sa position dans le camp et affirmera toujours n'avoir rien su de la souffrance des déportés et des morts de Dora-Mittelbau. D'après le Hollandais Albert van Dijk, survivant du camp, cette ignorance est invraisemblable. Dans l'ouvrage collectif "De l'Université aux camps de concentration - Témoignages strasbourgeois" - Presse Universitaires de Strasbourg, 1947 - Charles Sadron, professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Strasbourg, repliée en septembre 1939 à Clermont-Ferrand, arrêté le 25 novembre 1943 (rafles des étudiants strasbourgeois à Clermont-Ferrand), déporté à Buchenwald en janvier 1943 et à Dora en février 1944, consacre un chapitre de 54 pages à sa déportation à Dora sous le titre "A l'usine de Dora". Concernant Werner von Braun, il écrit : "Je dois, cependant, satisfaire à la vérité en signalant que j'ai rencontré un homme qui a eu, vis à vis de moi, une attitude presque généreuse. Il s'agit du Professeur von Braun, l'un des membres de l'état-major technique qui mit au point les torpilles aériennes. Von Braun est venu me voir à l'atelier. C'est un homme jeune, d'aspect très germanique, et qui parle parfaitement le français. Il m'a exprimé, en termes courtois et mesurés, son regret de voir un professeur français dans un tel état de misère, puis il m'a proposé de venir travailler dans son laboratoire. Certes, il ne peut être question pour moi d'accepter. Je refuse brutalement. Von Braun s'excuse et sourit en s'éloignant. J'apprendrai plus tard qu'en dépit de mon refus il aura essayé quand même plusieurs fois d'améliorer mon sort, en vain d'ailleurs". Lorsque Charles Sadron parle de son "atelier", il s'agit des tunnels dans lesquels travaillaient, vivaient dans des conditions inhumaines et souvent mourraient les déportés. Werner von Braun était donc au courant de ce qui ce passait à Dora.
L'opération Paperclip
Vers l'automne 1944, la défaite devient évidente pour les milieux scientifiques allemands. Von Braun sait qu'il ne pourra continuer ses recherches que dans un autre pays[4]. Il choisit le vainqueur, les États-Unis.
Mais la SS est chargée de prévenir toute fuite de cerveaux allemands, et ordre est donné d'éliminer ceux qui tentent de faire défection. Dans les derniers jours d'avril 1945, Von Braun réussit, blessé et avec une grande partie de son équipe d'ingénieurs et de techniciens de haut niveau (une centaine de personnes), à échapper à la poursuite des commandos SS après s'être caché dans des grottes. Cette cavale a notamment été possible grâce au contact établi par son frère Magnus avec le soldat de seconde classe Schweikert, participant à une patrouille avancée américaine. Récupérer le savant et son équipe était précisément le but de l'opération Paperclip[5] en 1945.
Von Braun traverse une période d'inaction, pendant laquelle les différentes composantes de l'armée américaine se disputent le développement des missiles balistiques. Pour rattraper l'avance acquise dans ce domaine par l'Union Soviétique, Wernher von Braun est nommé responsable du projet des missiles guidés de l'armée à Fort Bliss au Texas.
Responsable du programme de missiles balistiques de l'armée américaine
En 1950, il est nommé directeur technique du Redstone Arsenal à Alabama) pour la mise au point de missiles guidés. Il est à l'origine du missile Redstone[6], premier missile balistique guidé de l'armée américaine, qui sera utilisé en 1961 pour le lancement des premiers astronautes américains. Il est nommé directeur des recherches de l'Agence pour les missiles balistiques de l'armée américaine en 1956. Il assure la mise au point des missiles Pershing et Jupiter.
Il est naturalisé Américain en 1955.
Wikimedia Foundation. 2010.