Neolithic France

Fouillé en 2008 sur une surface de 3700 m2 en préalable à l’aménagement d’une grande surface commerciale, Pen Hoat Salaün a livré deux occupations, l’une rapportable au groupe de Bertheaume (premier Mésolithique/8300–8200 avant notre ère), l’autre à la fin du Néolithique ancien (4800–4700 avant notre ère). Installé sur le haut d’une pente en bordure de plateau et surplombant un graben, le site domine un très vaste panorama ouvert vers le nord-est. Le substrat granitique est coiffé par une couverture de formations superficielles quaternaires, ne dépassant pas 1 m d’épaisseur et constituée de trois niveaux sablo-limoneux distincts (US 1–3). Les deux premiers sont constitués de matériaux remaniés et colluviés, provenant de l’arène granitique et des formations lœssiques résiduelles des plateaux, alors que le dernier correspond à l’horizon de sol actuel développé sur des colluvions agricoles récentes. Cette couverture a permis en outre la découverte dans un niveau archéologique inférieur (US 3), d’objets lithiques rapportés essentiellement au Mésolithique, et dans un niveau archéologique supérieur (US 2) d’un mélange de pièces rapportées au Mésolithique et au Néolithique, auxquelles sont associés, mais dans une moindre mesure, des tessons céramiques. Au nombre de 763, ils montrent des formes en bol ou en bouteille ; les décors sont dominés par des panneaux de boutons au repoussé, des cordons – dont une petite partie est décorée d’impressions digitées – et des nervures en relief, ainsi que par des impressions à la pointe mousse ou à la spatule. Si on peut distinguer quelques caractères différents en proportions entre les deux assemblages lithiques, force est de constater l’absence des outils caractéristiques du Néolithique ancien ou moyen (armatures, perçoirs, burins), mais aussi la disparition des séquences laminaires si caractéristiques du Villeneuve Saint-Germain dans la région au profit d’une production d’éclats. Une hache en gneiss à muscovite et à sillimanite et un fragment d’anneau en schiste accompagnent ce maigre outillage. La première trouve des références dans le monde des haches socialement valorisées, dites aussi carnacéennes, avec une origine alpine possible si l’on en croit son type (probablement type Bégude repolie), quoique ces roches soient aussi présentes sur le Massif armoricain. Découverte en 2007 dans une tranchée de diagnostic à 100 mètres au sud-ouest de l’emprise de la fouille, un anneau-disque en serpentinite apparaît comme une autre pièce exceptionnelle, originaire peut-être des Alpes, quoiqu’une provenance locale soit discutée. Sans être strictement associées aux tessons, quatre dates par le radiocarbone réalisées sur brindilles brûlées indiquent la plage chronologique 4800–4700 avant notre ère. Même s’il est hors de question de parler d’association, l’assemblage de Pen Hoat Salaün offre un bon aperçu des traits stylistiques et techniques de la fin du Néolithique ancien, en prélude au Castellic.

Le Dillien (Cléguérec) et Bellevue (Neulliac) sont deux sites de surface découverts dans la moyenne vallée du Blavet (Morbihan). Ils ont livré un mobilier lithique caractéristique du Néolithique ancien d'origine danu bienne : anneaux en schiste et en grès type wacke, silex d'importation dont silex dit du Cinglais pour les lames, lames régulières en silex et en grès éocènes tirées à la percussion indirecte, armature asymétrique de type danubien, bitroncatures symétriques à retouches abruptes, burins sur lame ou sur éclat, troncatures convexes sur lame (éléments de faucille ?), perçoirs divers, éclats denticulés, grattoirs sur éclats, ou pièces esquillées. Le recours aux roches locales, et en particulier les grès éocènes, permet de souligner une rupture des réseaux d'acquisition des matières premières, à plus de 200 km des sources d'approvisionnement en silex des marges occi dentales du Bassin parisien. La large ouverture de ces réseaux dans toutes les directions témoigne néanmoins du dynamisme de cette économie. Ce sont désormais les indices d'habitat les plus occidentaux de ces cultures (RRBP ou VSG). Abstract The sites of Le Dillien (Cléguérec) and Bellevue (Neulliac) were disco vered during field surveys along the Blavet river (Morbihan). The lithic items collected by Gérard Tournay are characteristic of the Danubian Early Neolithic: schist and wackestone rings, flints imported from Normandy (Cinglais) for blades, regular blades in flint and Eocene sandstone obtained by indirect percussion, Danubian and transverse arrowheads, burins on blades or flakes, truncations on blades (sickles?), borers, denticulated flakes and scrapers on flakes. The raw material acquisition system seems different from that of the V.S.G. of eastern Brittany as it consists of the use of local stones, especially Eocene sandstones. However the fact that these networks open in all directions bears witness to the economy's dynamic aspect. We here have the most western evidence to date of Linear and Post Linear settlements. Le mouvement d'expansion des groupes d'origine danubienne depuis le bassin des Carpates est probablement l'un des phénomènes européens les plus marquants du 6 e millénaire av. J.-C. par son intensité et l'homogénéité de ses expressions matérielles. Dans ses extensions à l'ouest du Rhin, cette dynamique reste prégnante 520 Grégor MARCHAND, Yvan PAILLER et Gérard TOURNAY Bulletin de la Société préhistorique française 2006, tome 103, n o 3, p. 519-533

RIASSUNTO -Nota prelimnare sull'insediamento pre-e protostorico di Campu Stefanu (Sollacaro, Corse-du-Sud) -Il sito di Campu Stefanu è ubicato nel comune di Sollacaro, nella Corse-du-Sud, su una collina di 94 m di quota in prossimità del fiume Taravu. L'occupazione neolitica è avvenuta su un caos granitico per oltre un ha. Il deposito si dispone lungo un asse che dalla piana del Taravu conduceva verso l'alta valle. Le potenzialità alimentari di questa zona sono condizionate dalla presenza del fiume e dalla sua piana. Le costruzioni individuate nel sito impiegano il granito locale, nel quale le diaclasi facilitavano l'estrazione di lastre regolari dello spessore di oltre un metro. Sulla terrazza occidentale sorge un edificio di circa 65 mq (struttura II) costruito in opera ciclopica e impiegato durante l'Età del bronzo. Il riparo n°1 rivela una serie di unità stratigrafiche che testimoniano un grado di preservazione differenziale delle diverse fasi d'utilizzo dello spazio. Nei livelli superiori sono stati rinvenuti elementi di una sepoltura attribuibile all'Età del ferro. I livelli intermedi sono risultati fortemente perturbati ma se ne può intravedere un utilizzo durante l'Età del bronzo. Al di sotto di un livello che segna un periodo di abbandono, si trovano le tracce di un'interessante frequentazione neolitica, con ceramiche ornate a punzonature associate a ceramica cardiale dello stile Pienza-Basi-Filiestru. Inferiormente a questo livello perturbato, stacca nettamente un'occupazione con la presenza di frammenti ceramici impressi col margine di una valva di conchiglia della famiglia Cardiidae. L'industria ceramica e litica è caratteristica del Neolitico antico mediterraneo e s'inserisce nello stile delle produzioni continentali dello Hérault, della Liguria, della Toscana, delle Puglie e della Grotta Su Coloru in Sardegna. La ceramica è associata ad una produzione litica a base di lame e lamelle in selce di provenienza sarda (zona di Perfugas) e di ossidiana (determinazione di provenienza in corso). Lo strato contiene anche un'importante quantità di schegge d'ossa combuste appartenenti a piccoli mammiferi (tra i quali il Prolagus Sardus) e di uccelli. Sotto il livello del Neolitico a ceramica "impressa", ben distinta da un livello sterile, un'occupazione originale di carattere sepolcrale in corso di scavo (US 114) è ascrivibile al Mesolitico finale.

Installées sur la partie haute d’un versant exposé au sud-est, en bordure d’un thalweg peu imprimé, trois grandes structures de combustion en fosse et une carrière d’extraction de blocs de granodiorite ont été fouillées en extrême urgence sur la commune de Mazières-en-Mauges, à cinq km à l’est du centre de Cholet (Maine-et-Loire). Ils témoignent d’une chaîne fonctionnelle requérant un gros investissement de travail pour un usage exceptionnel, sans abandon de mobilier. Les structures de combustion sont datées par le radiocarbone autour de 5800 BP, soit l’intervalle 4700-4600 avant notre ère après calibration. Cela correspond à la fin du Néolithique ancien et au début du Néolithique moyen dans la région. De telles structures sont connues dans cet intervalle chronologique sur le territoire français, mais c’est la première fois que l’on peut documenter la phase de construction préalable à leur fonctionnement.

58 Si les pirogues monoxyles sont connues en Europe depuis le Mésolithique, l'utilisation du bois de chêne pour leur confetion n'et solidement attetée qu'à partir du Néolithique. Elle confère aux pirogues de sérieux atouts, au premier rang desquels une remarquable longévité, etimée pour la période contemporaine à 50 ans, en particulier en Suisse où certaines atteignent même 100 ans. 1 Le corollaire de cette résistance et la dureté du matériau qui met les outils de façonnage à rude épreuve, au point que la littérature convient volontiers de l'impossibilité technique de creuser des pirogues en chêne à l'aide d'outils non métalliques, à moins d'avoir recours à l'usage du feu. Ce dernier étant bien documenté et encore en usage de nos jours dans le monde, l'afaire semblait entendue, quoique mise en doute à la faveur de certains échecs expérimentaux demeurés cependant inédits. 2 Or si le coeur du chêne et à jute titre réputé pour sa dureté, il possède une autre qualité mécanique remarquable : son caratère issible. Aussi, il et apparu intéressant de teter cette prétendue impossibilité technique, alors que les expérimentations publiées avaient porté sur des essences plus tendres, ou travaillées avec des outils métalliques. C'et ainsi qu'en 2003 et 2004, dans le cadre d'un partenariat entre le musée des Tumulus de Bougon (Deux-Sèvres) et l'Inrap, un projet a vu le jour : réaliser la réplique d'une pirogue monoxyle en chêne découverte en 1979 à Bourg-Charente (Charente) [ill.1] et datée du Néolithique récent, représenté localement par le Peu-Richardien (sa datation radiocarbone a été réalisée sur « des fragments de bordage remis par les frères Marchive » : 4540±110 Bp [3620-2910 avant notre ère ; Gif-5156)]). Jusqu'aux datations obtenues sur les piro-gues de Bercy, elle constitue la seule embarcation néolithique datée en France, et elle demeure, à notre connaissance, la plus occidentale attetée en Europe.

Abstract:
The finding of a gold biconvex bead at Tossal Gros burial cave (Torroella de Montgrí, Girona) represents the first example of this type known in the Iberian Peninsula. These beads are common in south of France and are dated in Late Neolithic. With the aim of establishing their production process, we have applied a set of analytical techniques (SEM-EDS, radiology, use-wear analysis). The results show that this is a very complex piece of technology, unparalleled known in prehistoric Iberia. The radiocarbon dating of the site and recovered materials confirm a timeline of the end of 4th - beginning of 3rd millennium cal BC. Finally the comparison with available data on the first Northeastern metallurgy allows assessing the possible origin, use and social value of this particular golden bead.

Keywords: Prehistoric Goldwork, Radiology, SEM-EDS, Metal Use-Wear Analysis, Archaeometallurgy, Late Neolithic, Northeastern Iberian Peninsula

The strengths of formal Bayesian chronological modelling are restated, combining as it
does knowledge of the archaeology with the radiocarbon dating of carefully chosen samples of
known taphonomy in association with diagnostic material culture. The risks of dating bone samples
are reviewed, along with a brief history of the development of approaches to the radiocarbon dating
of bone. In reply to Strien (2017), selected topics concerned with the emergence and aftermath of
the LBK are discussed, as well as the early Vinča, Ražište and Hinkelstein sequences. The need for
rigour in an approach which combines archaeology and radiocarbon dating is underlined.

Résumé
Des influences stylistiques issues de la sphère des groupes « à céramique imprimée » ont été détectées de longue date depuis Gibraltar jusqu’à la Loire. Les modèles proposés pour rendre compte de la mise en place du  premier Néolithique atlantique vont d’un déplacement rapide de populations par voie maritime à l’intégration progressive des techniques néolithiques dans les systèmes du Mésolithique. La néolithisation du Portugal, en léger décalage chronologique par rapport au cycle de la céramique imprimée, s’accompagne de nombreuses spécificités matérielles qui pourraient évoquer des liens avec l’Afrique du Nord. L’analyse de ces spécificités montre aujourd’hui que l’hypothèse du contournement de la péninsule Ibérique comme voie de néolithisation de l’ouest de la France est à exclure. Entre la Loire et la Garonne, plusieurs fenêtres d’analyses s’ouvrent : des premiers impacts néolithiques sur le Mésolithique final (Retzien, Mésolithique de l’Essart à Poitiers) jusqu’au Néolithique ancien évolué des Ouchettes. Elles permettent de décrire un processus gradué et polymorphe, daté de l’extrême fin du 6ème et surtout du début du 5ème millénaire avant J.-C.

Abstract
Stylistic influences from Impressed Ware groups have been discovered from Gibraltar to the Loire river. The patterns proposed to explain the expanding of Early Atlantic Neolithic are either a fast maritime expansion or a gradual integration of new techniques. The neolithization of Portugal is a little bit older than in other places of the atlantic shoreline. Its specific characteristics could evoke prehistoric traditions coming from North Africa. Because of this technical transformations, the hypothesis of a neolithization bypassing the iberic peninsula seems actually impossible to stand. Betwenn the rivers Loire and Garonne, we present several aspects of the first neolithic appearances : from the neolithic impact on mesolithic material culture (retzian, final mesolithic of l’Essart at Poitiers) to the Neolithic evolved of Les Ouchettes. We propose to consider this process as gradual and polymorphous during a long period (second half of 6th to first half of 5th cal BC).

"Le site de Campu Stefanu est situé sur la commune de Sollacaro en Corse-du-Sud. Le site occupe une colline de 94 m d’altitude, proche de la confluence de la rivière de Bujo affluent de la rive gauche du fleuve Taravu. L’implantation préhistorique a été réalisée dans un chaos granitique sur plus d’un hectare. Campu Stefanu est placé sur un axe privilégié qui empruntait depuis la plaine du Taravu, la zone collinaire et conduisait vers la moyenne et haute vallée. Les potentialités trophiques de cette zone sont conditionnées par la présence du fleuve et de sa plaine.
Les constructions recensées sur le site de Campu Stefanu mettent en œuvre le granite local, dont les diaclases facilitaient la production de dalles régulières épaisses de plus d’un mètre. Les structures bâties sont de divers types: simples murs de soutènement constitués de blocs disposés en enfilade et arases de bâtiments aux plans variés (elliptique, circulaire, quadrangulaire, oblong, etc.). Sur la terrasse ouest est installé un important bâtiment d’environ 65 m2 (structure II) construit en appareil cyclopéen. Les fouilles ont permis d’établir une stratigraphie qui indique une mise en place de ces aménagements au cours de l’âge du Bronze ancien et moyen.
L’abri n° 1, aux marges occidentales de l’habitat, présente une série d’unités stratigraphiques qui témoignent d’une conservation différentielle des divers épisodes d’utilisation de cet espace. Si les niveaux supérieurs ont permis de retrouver de rares éléments d’une sépulture attribuable à l’âge du Fer, les niveaux moyens par contre étaient fortement perturbés. Toutefois à partir de l’analyse des divers indices : organisation d’empierrements, présence d’artefacts lithiques et céramiques on peut entrevoir une évolution d’usage au cours de l’âge du Bronze. Au cours de l’âge du Bronze, l’abri a peut-être accueilli un aménagement sépulcral structurée (?).
Sous un niveau d’abandon, stérile du point de vue archéologique, marquant une nette et longue période de déprise du gisement, on trouve une discrète fréquentation au cours des phases anciennes du Néolithique (présence de céramiques au décor poinçonné associées à de la céramique cardiale de style Pienza-Basi-Filiestru). Sous ce niveau perturbé, se détache une nette occupation attribuable au Néolithique ancien avec la présence significative de fragments céramiques imprimés à l’aide du bord de la valve d’une Bucarde (Cerastoderma edule ?). Ce niveau présente un assemblage caractéristique du Néolithique ancien méditerranéen : céramique imprimée, décorée au cardium dans le style des productions continentales de l’Hérault, de la Ligurie, de la Toscane et des Pouilles, mais aussi de la grotte de Su Coloru en Sardaigne. Cette céramique est associée à une production lithique à base de lames et lamelles en silex de provenance sarde (zone de Perfugas) et d’obsidienne (détermination de la provenance en cours). En outre, une importante quantité d’esquilles osseuses brûlées appartenant à des petits mammifères (dont le Prolagus sardus) et des oiseaux.
Une occupation originelle en cours de fouille (US 114) à vocation sépulcrale s’inscrit dans le Mésolithique final."