Habitations et habitat du Néolithique à l’âge du Bronze en France et ses marges, Actes des deuxièmes rencontres Nord-Sud de Préhistoire récente, (Dijon, nov. 2015), 2018
MOREAU (C.), PEREZ (P.), LESUEUR (F.), LEA (V.) - Vernègues, Cazan – Le Clos du Moulin (Bouches-d... more MOREAU (C.), PEREZ (P.), LESUEUR (F.), LEA (V.) - Vernègues, Cazan – Le Clos du Moulin (Bouches-du-Rhône) : architecture et organisation d’un site d’habitat du Chasséen récent, in : Lemercier (O.), Sénépart (I.), Besse (M.), Mordant (C.) - Habitations et habitat du Néolithique à l’âge du Bronze en France et ses marges, Actes des deuxièmes rencontres Nord-Sud de Préhistoire récente, (Dijon, nov. 2015), Archives d'Écologie Préhistorique, Toulouse, 2018, p. 213-223.
Mots clés :
Néolithique moyen, Chasséen, habitat, bâtiment, maison, poteau, architecture, restitution architecturale
Keywords :
middle Neolithic, Chassey culture, dwelling site, habitat, house, post, architecture, architectural restitution
Résumé :
La question de l’habitat et des modes d’occupation du territoire est une problématique clef en contexte chasséen. Le site de Vernègues – Cazan, le Clos du Moulin (Bouches-du-Rhône) permet d’y apporter un éclairage nouveau. Lors d’une fouille en 2013, une quinzaine de bâtiments sur trous de poteau et fosses d’implantations a été mise au jour en fond de vallon. Ces édifices ont été implantés suivant une organisation réfléchie dans l’espace avec plusieurs occupations qui se succèdent entre 4100 et 3800 avant notre ère. Ils sont associés à une concentration d’une vingtaine de structures à pierre chauffées, cinq puits et plusieurs fosses réutilisées en dépotoir (Moreau 2015 ; Moreau et al., soumis).
Après une présentation succincte des vestiges et des premiers résultats de la fouille, cet exposé s’attachera à la description architecturale d’un type standard de maison. Ce modèle de bâtiment a été réalisé à dix reprises sur le site et il est possible d’en proposer une restitution architecturale, ainsi qu’une organisation globale dans l’espace et le temps. Il est ensuite également possible d’observer la place que le Clos du Moulin acquiert au sein des sites d’habitat connus pour le Néolithique moyen dans le sud de la France et les régions limitrophes.
Abstract
In 2013, an excavation near to Vernègues (Bouches-du Rhône), « Cazan-Le Clos du Moulin », revealed an important occupation site dating to the middle Neolithic (late Chassey culture). The area excavated is located in the centre of a small valley which joins the valley of the Durance just to the north. While no occupation soil was uncovered during the excavation, over 600 archaeological features were preserved. The site contained many pits, five wells and a concentration of twenty burnt stone combustion features, which are typical of this period. However, the most notable aspect of this site resides in the discovery of many postholes and foundation pits, which trace the outline of at least fifteen different architectural structures. These are the first buildings recorded for the late Chassey in the south of France.
They notably consist of ten structures which were implanted on well preserved postholes. These structures repeat the same overall plan which can be considered as an architectural type. It is made from around a dozen posts forming two aisles, with a probable ridge beam extending beyond the ridge purlin. Two smaller posts in front of the southern gable probably indicate the location of an entrance. All of these buildings follow a plan which was clearly collectively predefined ; all the structures are orientated NW-SE, which coincides with the prevailing wind in the valley. Moreover, the distribution of these postholes and pits indicates that several houses were completely rebuilt in the same place, up to two to three times.
These first results presented here renews the debate and research concerning the character of occupation of this landscape during this period. It suggest a link of the Chassey population to this place and the surrounding landscape, that they occupied and reoccupied, several times during 300 years.
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Papers by Clément Moreau
COLLET (A.), DUFOURNET (A.) (Coll. MOREAU (C.), ZIPPER (K.) – Du Néolithique à l’âge du Fer aux Mureaux (Yvelines, 78) : le site de la station d’épuration, Actes des journées archéologiques d'Ile-de-France, Paris, 15-16 décembre 2017, Archéologie francilienne, DRAC Ile-de-France, p. 219-230
SENDRA (B.), CONVERTINI (F.), GILABERT (C.), GANDELIN (M.), MOREAU (C.) - Diversités et récurrences de l'habitat ouvert chasséen dans le sud de la France, in : Lemercier (O.), Sénépart (I.), Besse (M.), Mordant (C.) - Habitations et habitat du Néolithique à l’âge du Bronze en France et ses marges, Actes des deuxièmes rencontres Nord-Sud de Préhistoire récente, (Dijon, nov. 2015), Archives d'Écologie Préhistorique, Toulouse, 2018, p. 188-203.
IRRIBARRIA (R.), MOREAU (C.), CREUSILLET (M.-F.), DUPONT (F.), LARDÉ (S.), LECOEUVRE (J.-M.), LETHROSNE (H.), MERCEY (F.) - L’architecture danubienne en région Centre : le passage du Néolithique ancien au début du Néolithique moyen I, in : Lemercier (O.), Sénépart (I.), Besse (M.), Mordant (C.) - Habitations et habitat du Néolithique à l’âge du Bronze en France et ses marges, Actes des deuxièmes rencontres Nord-Sud de Préhistoire récente, (Dijon, nov. 2015), Archives d'Écologie Préhistorique, Toulouse, 2018, p. 41-60.
Mots clés :
Néolithique moyen, Chasséen, habitat, bâtiment, maison, poteau, architecture, restitution architecturale
Keywords :
middle Neolithic, Chassey culture, dwelling site, habitat, house, post, architecture, architectural restitution
Résumé :
La question de l’habitat et des modes d’occupation du territoire est une problématique clef en contexte chasséen. Le site de Vernègues – Cazan, le Clos du Moulin (Bouches-du-Rhône) permet d’y apporter un éclairage nouveau. Lors d’une fouille en 2013, une quinzaine de bâtiments sur trous de poteau et fosses d’implantations a été mise au jour en fond de vallon. Ces édifices ont été implantés suivant une organisation réfléchie dans l’espace avec plusieurs occupations qui se succèdent entre 4100 et 3800 avant notre ère. Ils sont associés à une concentration d’une vingtaine de structures à pierre chauffées, cinq puits et plusieurs fosses réutilisées en dépotoir (Moreau 2015 ; Moreau et al., soumis).
Après une présentation succincte des vestiges et des premiers résultats de la fouille, cet exposé s’attachera à la description architecturale d’un type standard de maison. Ce modèle de bâtiment a été réalisé à dix reprises sur le site et il est possible d’en proposer une restitution architecturale, ainsi qu’une organisation globale dans l’espace et le temps. Il est ensuite également possible d’observer la place que le Clos du Moulin acquiert au sein des sites d’habitat connus pour le Néolithique moyen dans le sud de la France et les régions limitrophes.
Abstract
In 2013, an excavation near to Vernègues (Bouches-du Rhône), « Cazan-Le Clos du Moulin », revealed an important occupation site dating to the middle Neolithic (late Chassey culture). The area excavated is located in the centre of a small valley which joins the valley of the Durance just to the north. While no occupation soil was uncovered during the excavation, over 600 archaeological features were preserved. The site contained many pits, five wells and a concentration of twenty burnt stone combustion features, which are typical of this period. However, the most notable aspect of this site resides in the discovery of many postholes and foundation pits, which trace the outline of at least fifteen different architectural structures. These are the first buildings recorded for the late Chassey in the south of France.
They notably consist of ten structures which were implanted on well preserved postholes. These structures repeat the same overall plan which can be considered as an architectural type. It is made from around a dozen posts forming two aisles, with a probable ridge beam extending beyond the ridge purlin. Two smaller posts in front of the southern gable probably indicate the location of an entrance. All of these buildings follow a plan which was clearly collectively predefined ; all the structures are orientated NW-SE, which coincides with the prevailing wind in the valley. Moreover, the distribution of these postholes and pits indicates that several houses were completely rebuilt in the same place, up to two to three times.
These first results presented here renews the debate and research concerning the character of occupation of this landscape during this period. It suggest a link of the Chassey population to this place and the surrounding landscape, that they occupied and reoccupied, several times during 300 years.
Une fouille réalisée en 2013 à Cazan « le Clos du Moulin » Vernègues (Bouches-du Rhône) a permis de mettre en évidence une importante occupation du Chasséen récent en fond de vallon. Aucun niveau de sol n’a été retrouvé, mais plus de 600 structures en creux permettent de documenter un des premiers sites d’habitat structuré de cette période dans le Sud de la France. Les attributions chronologiques reposent sur huit datations au 14C comprises en 4100 et 3800 avant notre ère et sur un abondant mobilier archéologique qui concorde avec l’attribution à une étape récente du Chasséen. Le gisement livre plusieurs fosses, des puits et une concentration de structures à pierres chauffées, mais aussi et surtout de nombreux trous de poteau et fosses d’implantation qui permettent de restituer les plans d’environ quinze bâtiments. Ces derniers correspondent notamment à dix édifices standards ; trois ensembles architecturaux plus imposants s’insèrent au sein de cette organisation et traduisent sans doute la présence d’édifices socialement plus valorisés.
L’analyse du mobilier archéologique ne permet pas de déterminer assurément de chronologies relatives au sein de ces structures et aménagements, mais elle met en évidence plusieurs zones d’activités privilégiées en particulier pour le travail du silex et de l’obsidienne. Ces activités signent une occupation domestique a priori pérenne au sein d’un paysage largement anthropisé et maitrisé d’après les observations anthracologiques et malacologiques.
L’ensemble de ces résultats tend à prouver l’attachement des populations chasséennes à ce territoire où elles se sont installées et ont vécues. Ce site permet donc enfin d’approcher pleinement la notion de village pour le Chasséen récent.
Mots clés : Néolithique moyen, Chasséen, habitat, maison, bâtiment, puits, foyer, céramique, silex, obsidienne, tracéologie, malacologie, anthracologie, matériel de mouture, faune.
Abstract :
In 2013 excavations near Vernègues (Bouches-du Rhône), “Cazan-Le Clos du Moulin”, revealed an important occupation site dating from the Middle Neolithic (late Chassey culture). The village of Vernègues is located just south of the Massif du Luberon, approximately 60 km north-west of Marseille and the Mediterranean. The area excavated, a little over one hectare, is located in the centre of a small valley which joins the valley of the Durance just to the north. This valley is remarkable for the density of Neolithic remains and “Cazan-Le Clos du Moulin” is situated in the centre of a cluster of sites. The different sites form a discontinuous network across the floor of the valley, which is undoubtedly linked to the network of watercourses which drain the valley.
While no occupation ground was uncovered during the excavation, over 600 archaeological features were preserved. These features record one of the first structured dwelling sites for this period in the south of France. The occupation of this site has been dated by eight radiocarbon dates (4100 - 3800 BCE) and a large assemblage of archaeological finds, which confirm the attribution to the late Chassey culture.
The site contained many pits, five wells and a concentration of twenty burnt stone combustion features, which are typical of this period. Through analysis of these structures we observe how two pairs of wells seem to have functioned together, particularly in their secondary use as middens. The burnt stone combustion features are all circular and organised into four sub-parallel lines. These features group two different types of hearths, which may reflect a chronological difference or differences in use.
However, the most notable aspect of this site resides in the discovery of many postholes and foundation pits, which trace the outline of at least fifteen different architectural structures. These are the earliest buildings recorded for the late Chassey in the south of France.
They notably consist of ten houses which were implanted on well-preserved postholes. These structures repeat the same overall plan, based around a dozen posts organised into two aisles, with a probable ridge beam extending beyond the ridge purlin. Two smaller posts in front of the southern gable end probably indicate the location of an entrance. The surface area of these buildings varies between 80 and 180 m². There are few comparable examples for these structures for this period and they are markedly distinct from other examples in France or in northern Italy, which are generally rectangular in plan and frequently have foundation trenches.
In addition, three other architectural structures have been identified, which are defined by a series of very large foundation pits. The pits are rectangular in plan with asymmetric profiles (at times triangular, occasionally trapezoidal): they can be up to 2 m deep with an over-cut at the base. We find even fewer archaeological parallels for these buildings. However their construction clearly demanded a significant investment of time and effort, which could indicate the coordination of a group or community of individuals.
All of these buildings follow a plan which was clearly collectively predefined; all the buildings are orientated NW-SE, which coincides with the prevailing wind in the valley. Moreover, the distribution of these postholes and pits indicates that several houses were completely rebuilt in the same place, up to two to three times. Each new phase of construction was preceded by the partial deconstruction of the remains of the previous phase. We note that some of the posts had clearly begun to decompose in situ, prior to being burnt and/or removed. Finally, some of the pits/postholes from the previous phases were backfilled with stones and broken fragments of querns.
Analysis of the archaeological finds has not allowed us to establish a relative chronology between these different buildings or the diverse features. However, it has enabled us to define several zones of activity, specifically related to the working of flint and obsidian. The obsidian comes from Sardinia and we have observed elements associated with shaping and working nuclei as well as debitage from a knapping area which were found in a well.
Obsidian is not the only example of imported material found; it is accompanied by several ceramic and earthenware objects (including a loom weight) and a copper awl, all of which probably originate from northern Italy. Furthermore, analysis of the querns recovered from the postholes and analysis of the marks on the worked flints indicate agricultural activities related to grain farming. The faunal remains were almost exclusively recovered from the deposits infilling the wells. These remains record the importance of caprines in the livestock, indicating pastoral activities were also important at Cazan, as at many other sites of the same period.
These different activities imply a domestic occupation, seemingly permanent, in a predominantly anthropogenically modified landscape (based on malacological analysis). The preliminary analysis of the snail assemblage indicates an open environment during the late Chassey culture, and this observation seems to be confirmed by the charcoal analysis. Furthermore, the study of the charcoal from the postholes and hearths allows us to distinguish the selection of different species of wood: oak is used for the posts while strawberry tree (arbutus unedo) is used as fuel.
These results suggest the attachment of the Chassey population to this place and the surrounding landscape, which they occupied and reoccupied several times over 300 years. While an important part of their activity was based around a mobile lifestyle and pastoral management, this site allows us to consider the concept of a Neolithic village. These first results presented here renew the debate and research concerning the character of the occupation of this landscape during this period.
Keywords: Middle Neolithic, Chassey culture, dwelling site, house, building, well, hearth, ceramic,
départementale 306 (ancienne RN6) reliant Anse à Villefranche-sur-Saône dans le Rhône, une fouille
archéologique préventive a mis en évidence un site polyphasé comprenant des éléments du Néolithique
moyen à l’époque moderne. Parmi ces vestiges, un groupe de structures funéraires disséminées sur le
coteau appartient à l’âge du Bronze ancien. Deux fosses livrent chacune un vase de stockage, présentant des
dispositions similaires : vase couché sur le côté, ouverture à l’est et obturée par une dalle calcaire. En outre,
une inhumation d’un individu périnatal et une tombe en coffre complètent les éléments funéraires qui se
trouvent associés à des structures d’habitat mal définies. L’étude des jarres permet leur attribution à l’âge du
Bronze ancien 2a de moyenne et basse vallée du Rhône et d’Auvergne (BARA), avec de probables contacts
avec le groupe de la Saône. Une datation radiocarbone livre un intervalle de dates calibrées comprises entre
1950 et 1780 avant notre ère. Se dessine ainsi un nouveau jalon dans le couloir de circulation de la Saône.
Anse constitue un carrefour entre cette voie majeure nord-sud et des axes secondaires est-ouest par la
vallée de l’Azergues d’une part et de la Dombes d’autre part, même si ces secteurs demeurent peu diserts
concernant cette période.
In the context of the construction of a commercial and artisanal zone along the Departmental Road
306 (formerly the RN6) linking Anse with Villefranche-sur-Saône in the Rhone region, rescue excavations
uncovered a multi-phase site with elements dating from the Middle Neolithic to the modern era. Among
these remains, a group of funerary structures dispersed across the hillside date from the Early Bronze Age.
Two pits each contained a storage vessel, both deposited in a similar way: the vessel placed on its side, the
opening facing east and covered with a limestone slab. In addition, a perinatal inhumation burial and a cist
burial make up the rest of the funerary features associated with some poorly understood settlement remains.
Analysis of the vessels suggests that they can be attributed to the Early Bronze Age 2a of the middle and
lower Rhone Valley and Auvergne (BARA), with probable contacts with the Saône group. Radiocarbon dating
has provided calibrated dates of 1950-1780 BC. This represents a new milestone in our understanding of
movement through the Saône corridor. Anse was a crossroads between this major north-south route and the
secondary east-west axes along either the Azergues valley or through the Dombes, even though those areas
have not yet yielded much information for this period.
La partie ouest du site est occupée par un paléochenal comblé entre l'âge du Fer et le 7e siècle de notre ère, alors que la fouille de la partie est a révélé plusieurs occupations, notamment protohistoriques. Celles-ci se manifestent par plusieurs monuments funéraires de la transition Bronze ancien/moyen et du Bronze final, mais aussi par une structure fossoyée néolithique, qui est le sujet de cette présentation.
Il s'agit d'une structure fossoyée ovalaire, longue de 24 m et large de 9,5 m. Elle présente une ouverture d'environ 1 m à une extrémité. Le fossé mesure environ 70 cm de large et il est profond de 40 m. Ce petit enclos oblong n'enceint aucune structure pouvant être attribuée au Néolithique. Si une vocation domestique n'est pas exclue, par ses dimensions et sa forme, ce "monument" fait beaucoup penser aux monuments funéraires type Passy de la confluence Seine-Yonne ou encore à certaines structures retrouvées récemment dans l'Ain à Saint-Jean-le-Vieux. Cependant, comme sur ce dernier site, l'absence de sépulture ne permet pas d'assurer une vocation funéraire à cet enclos.
La fouille intégrale du fossé a permis la mise au jour de dix-sept individus céramiques, dont onze individus typologiques qui se rapportent à la fin du Néolithique moyen II. Certains de ses vases ont été retrouvés entiers, alors que d'autres ne correspondent qu'à quelques tessons. La plupart de ceux-ci renvoient à des traits typiques du N.M.B. et plutôt à une phase récente de cette culture. Les parallèles les plus fructueux se trouvent en effet sur des sites de la vallée de la Saône ou de la combe d'Ain, postérieurs à 3800 avant notre ère.
Cet enclos pose donc des questions en ce qui concerne sa fonction et sa position chrono-culturelle. Situé au cœur de la plaine du Forez, qui est une région peu fertile en occupations néolithiques, ce gisement de Saint-Laurent-la-Conche devient l'une des occurrences les plus méridionales du N.M.B., mais dans une phase récente de son développement.
Malgré un manque de datations absolues et/ou de données matérielles pour certaines régions, cette mise en parallèle permet d'observer une division chronologique du N.M.B. en trois phases principales, couplée à une variation géographique.
Le premier groupe correspond à un proto-N.M.B. qui s'observe principalement dans le nord de la Bourgogne entre 4300 et 3900 avant notre ère. Les collections céramiques montrent l'association de traits typologiques provenant du Michelsberg II, du groupe de Noyen et d'une phase ancienne du Chasséen méridional. À ce stade, les traits typiques du N.M.B. n'existent pas encore, mais la Bourgogne semble plutôt former une "zone tampon", propice au développement futur de cette culture.
Le deuxième groupe présente une répartition plus méridionale, entre le sud de la Bourgogne et le nord des régions Centre et Rhône-Alpes. Peu d'indices viennent assurer son implantation chronologique ; s'il semble en partie contemporain du premier ensemble, il se prolonge aussi jusque vers 3800 avant notre ère. Au sein de ce groupe, les liens avec le Chasséen méridional sont les plus prégnants en termes de typologie et de technologie céramique. Les liens avec le Michelsberg II sont toujours aussi forts et ce sont sur des types de gobelets issus de cette culture qu'apparaissent les premiers traits typiques du N.M.B. Ils se manifestent notamment par l'apparition de décors plastiques verticaux appariés sur l'épaulement des vases.
Enfin, la troisième phase a été définie à partir de gisements, postérieurs à 3800 avant notre ère, situés essentiellement à l'est de la vallée de la Saône. Si la typologie de ces collections montre des influences fugaces provenant des cultures voisines, on peut par contre observer une nette prédominance de traits évolués du N.M.B. Parmi ceux-ci, la morphologie des gobelets et jarres à épaulement change avec une présence accrue de fonds aplatis ou plats, une évolution des types de panses, de cols et enfin des décors plastiques sur épaulement qui deviennent circulaires ou horizontaux. Cette dernière phase semble trouver des prolongements postérieurs sur les bords du lac de Neuchâtel, révélant des échanges poussés avec le Cortaillod.
Mots-clés :
Boucle du Vaudreuil, Néolithique, âge du Fer, La Tène, enclos, fossé, artisanat, mouture, tissage, céramique, bâtiment, grenier, céréale.
Val-de-Reuil, Le Chemin aux Errants. A rural settlement from the first and second Iron Ages at the confluence of the Eure and Seine rivers.
Following the extension of a quarry in Val-de-Reuil, an excavation was conducted during the summer of 2010. In a rich archaeological context, this operation brought to light the remains from several periods. Relics from the Neolithic and the Final Bronze periods are rare and some structure point to a settlement dating back to the end of the first Iron Age. The most representative period corresponds to the transition between the Middle and Late European Iron Ages (La Tène culture). An enclosure used for domestic purposes was discovered that corresponds to this settlement phase. The findings are completed by a cluster of granaries bordering a paleochannel of the Eure river.
A la suite du Cerny, des cultures post-Rössen et pré-chasséennes, les diffusions respectives du Chasséen, du Groupe de Noyen et de la Culture du Néolithique Moyen Bourguignon (N.M.B.) ont été établies à l'occasion de plusieurs synthèses (Bailloud 1964 ; Gallay 1977 ; Gallay, Pétrequin 1984…).
Cette dernière culture du N.M.B., anciennement dénommée "Faciès Salinois" puis "Groupe de Marcilly-sur-Tille", a principalement été définie sur des critères de typologie céramique. En 1984, au colloque de Beffia, son aire d'expansion se limitait aux régions de Franche-Comté et Bourgogne. Dès lors, cette aire s'est agrandie au fur et à mesure des découvertes, ainsi jusque dans le département du Cher avec le site du "Champs de la Grange" à Bruère-Allichamps (Rialland 1989), ou dans l'Ain voire la région Lyonnaise (Chiquet et alii 2003).
Certains sites importants, stratifiés ou non, peuvent être utilisés pour poser les jalons d'une définition chrono-culturelle au sein d'une Bourgogne élargie (Chassey-le-Camp et Mavilly-Mandelot (Côte d'Or), Bourguignon-lès-Morey (Haute-Saône), Tournus (Saône-et-Loire)…). Parallèlement à ceux-ci, la majorité des sites connus sont issus de découvertes plus ou moins anciennes, et ne contenant parfois qu'une faible quantité de matériel. Il convient cependant de les réexaminer à la lumière de nouveaux critères de description, et de les comparer avec les sites plus "fertiles", ou tout du moins au contexte plus sûr.
Suite à de nouvelles découvertes en Bourgogne ou dans les régions limitrophes et du fait des avancées récentes dans l'étude de la technologie céramique, il est désormais opportun de reprendre l'étude de l'ensemble des matériels céramiques qui définissent la culture du N.M.B., afin d'en déceler des nuances chronologiques et/ou spatiales.
Pour cela des critères de description typologique fondés sur des données objectives typométriques sont en cours de réalisation, et seront croisés avec des critères de description technologique. La multiplication et le croisement des critères à différentes échelles de description pourraient permettre de prendre en compte des matériels très fragmentés et issus de contextes radicalement différents les uns des autres.
Cette présentation traitera donc des premières études réalisées sur ces sites bourguignons et des premiers croisements de critères effectués intra et inter-sites.
COLLET (A.), DUFOURNET (A.) (Coll. MOREAU (C.), ZIPPER (K.) – Du Néolithique à l’âge du Fer aux Mureaux (Yvelines, 78) : le site de la station d’épuration, Actes des journées archéologiques d'Ile-de-France, Paris, 15-16 décembre 2017, Archéologie francilienne, DRAC Ile-de-France, p. 219-230
SENDRA (B.), CONVERTINI (F.), GILABERT (C.), GANDELIN (M.), MOREAU (C.) - Diversités et récurrences de l'habitat ouvert chasséen dans le sud de la France, in : Lemercier (O.), Sénépart (I.), Besse (M.), Mordant (C.) - Habitations et habitat du Néolithique à l’âge du Bronze en France et ses marges, Actes des deuxièmes rencontres Nord-Sud de Préhistoire récente, (Dijon, nov. 2015), Archives d'Écologie Préhistorique, Toulouse, 2018, p. 188-203.
IRRIBARRIA (R.), MOREAU (C.), CREUSILLET (M.-F.), DUPONT (F.), LARDÉ (S.), LECOEUVRE (J.-M.), LETHROSNE (H.), MERCEY (F.) - L’architecture danubienne en région Centre : le passage du Néolithique ancien au début du Néolithique moyen I, in : Lemercier (O.), Sénépart (I.), Besse (M.), Mordant (C.) - Habitations et habitat du Néolithique à l’âge du Bronze en France et ses marges, Actes des deuxièmes rencontres Nord-Sud de Préhistoire récente, (Dijon, nov. 2015), Archives d'Écologie Préhistorique, Toulouse, 2018, p. 41-60.
Mots clés :
Néolithique moyen, Chasséen, habitat, bâtiment, maison, poteau, architecture, restitution architecturale
Keywords :
middle Neolithic, Chassey culture, dwelling site, habitat, house, post, architecture, architectural restitution
Résumé :
La question de l’habitat et des modes d’occupation du territoire est une problématique clef en contexte chasséen. Le site de Vernègues – Cazan, le Clos du Moulin (Bouches-du-Rhône) permet d’y apporter un éclairage nouveau. Lors d’une fouille en 2013, une quinzaine de bâtiments sur trous de poteau et fosses d’implantations a été mise au jour en fond de vallon. Ces édifices ont été implantés suivant une organisation réfléchie dans l’espace avec plusieurs occupations qui se succèdent entre 4100 et 3800 avant notre ère. Ils sont associés à une concentration d’une vingtaine de structures à pierre chauffées, cinq puits et plusieurs fosses réutilisées en dépotoir (Moreau 2015 ; Moreau et al., soumis).
Après une présentation succincte des vestiges et des premiers résultats de la fouille, cet exposé s’attachera à la description architecturale d’un type standard de maison. Ce modèle de bâtiment a été réalisé à dix reprises sur le site et il est possible d’en proposer une restitution architecturale, ainsi qu’une organisation globale dans l’espace et le temps. Il est ensuite également possible d’observer la place que le Clos du Moulin acquiert au sein des sites d’habitat connus pour le Néolithique moyen dans le sud de la France et les régions limitrophes.
Abstract
In 2013, an excavation near to Vernègues (Bouches-du Rhône), « Cazan-Le Clos du Moulin », revealed an important occupation site dating to the middle Neolithic (late Chassey culture). The area excavated is located in the centre of a small valley which joins the valley of the Durance just to the north. While no occupation soil was uncovered during the excavation, over 600 archaeological features were preserved. The site contained many pits, five wells and a concentration of twenty burnt stone combustion features, which are typical of this period. However, the most notable aspect of this site resides in the discovery of many postholes and foundation pits, which trace the outline of at least fifteen different architectural structures. These are the first buildings recorded for the late Chassey in the south of France.
They notably consist of ten structures which were implanted on well preserved postholes. These structures repeat the same overall plan which can be considered as an architectural type. It is made from around a dozen posts forming two aisles, with a probable ridge beam extending beyond the ridge purlin. Two smaller posts in front of the southern gable probably indicate the location of an entrance. All of these buildings follow a plan which was clearly collectively predefined ; all the structures are orientated NW-SE, which coincides with the prevailing wind in the valley. Moreover, the distribution of these postholes and pits indicates that several houses were completely rebuilt in the same place, up to two to three times.
These first results presented here renews the debate and research concerning the character of occupation of this landscape during this period. It suggest a link of the Chassey population to this place and the surrounding landscape, that they occupied and reoccupied, several times during 300 years.
Une fouille réalisée en 2013 à Cazan « le Clos du Moulin » Vernègues (Bouches-du Rhône) a permis de mettre en évidence une importante occupation du Chasséen récent en fond de vallon. Aucun niveau de sol n’a été retrouvé, mais plus de 600 structures en creux permettent de documenter un des premiers sites d’habitat structuré de cette période dans le Sud de la France. Les attributions chronologiques reposent sur huit datations au 14C comprises en 4100 et 3800 avant notre ère et sur un abondant mobilier archéologique qui concorde avec l’attribution à une étape récente du Chasséen. Le gisement livre plusieurs fosses, des puits et une concentration de structures à pierres chauffées, mais aussi et surtout de nombreux trous de poteau et fosses d’implantation qui permettent de restituer les plans d’environ quinze bâtiments. Ces derniers correspondent notamment à dix édifices standards ; trois ensembles architecturaux plus imposants s’insèrent au sein de cette organisation et traduisent sans doute la présence d’édifices socialement plus valorisés.
L’analyse du mobilier archéologique ne permet pas de déterminer assurément de chronologies relatives au sein de ces structures et aménagements, mais elle met en évidence plusieurs zones d’activités privilégiées en particulier pour le travail du silex et de l’obsidienne. Ces activités signent une occupation domestique a priori pérenne au sein d’un paysage largement anthropisé et maitrisé d’après les observations anthracologiques et malacologiques.
L’ensemble de ces résultats tend à prouver l’attachement des populations chasséennes à ce territoire où elles se sont installées et ont vécues. Ce site permet donc enfin d’approcher pleinement la notion de village pour le Chasséen récent.
Mots clés : Néolithique moyen, Chasséen, habitat, maison, bâtiment, puits, foyer, céramique, silex, obsidienne, tracéologie, malacologie, anthracologie, matériel de mouture, faune.
Abstract :
In 2013 excavations near Vernègues (Bouches-du Rhône), “Cazan-Le Clos du Moulin”, revealed an important occupation site dating from the Middle Neolithic (late Chassey culture). The village of Vernègues is located just south of the Massif du Luberon, approximately 60 km north-west of Marseille and the Mediterranean. The area excavated, a little over one hectare, is located in the centre of a small valley which joins the valley of the Durance just to the north. This valley is remarkable for the density of Neolithic remains and “Cazan-Le Clos du Moulin” is situated in the centre of a cluster of sites. The different sites form a discontinuous network across the floor of the valley, which is undoubtedly linked to the network of watercourses which drain the valley.
While no occupation ground was uncovered during the excavation, over 600 archaeological features were preserved. These features record one of the first structured dwelling sites for this period in the south of France. The occupation of this site has been dated by eight radiocarbon dates (4100 - 3800 BCE) and a large assemblage of archaeological finds, which confirm the attribution to the late Chassey culture.
The site contained many pits, five wells and a concentration of twenty burnt stone combustion features, which are typical of this period. Through analysis of these structures we observe how two pairs of wells seem to have functioned together, particularly in their secondary use as middens. The burnt stone combustion features are all circular and organised into four sub-parallel lines. These features group two different types of hearths, which may reflect a chronological difference or differences in use.
However, the most notable aspect of this site resides in the discovery of many postholes and foundation pits, which trace the outline of at least fifteen different architectural structures. These are the earliest buildings recorded for the late Chassey in the south of France.
They notably consist of ten houses which were implanted on well-preserved postholes. These structures repeat the same overall plan, based around a dozen posts organised into two aisles, with a probable ridge beam extending beyond the ridge purlin. Two smaller posts in front of the southern gable end probably indicate the location of an entrance. The surface area of these buildings varies between 80 and 180 m². There are few comparable examples for these structures for this period and they are markedly distinct from other examples in France or in northern Italy, which are generally rectangular in plan and frequently have foundation trenches.
In addition, three other architectural structures have been identified, which are defined by a series of very large foundation pits. The pits are rectangular in plan with asymmetric profiles (at times triangular, occasionally trapezoidal): they can be up to 2 m deep with an over-cut at the base. We find even fewer archaeological parallels for these buildings. However their construction clearly demanded a significant investment of time and effort, which could indicate the coordination of a group or community of individuals.
All of these buildings follow a plan which was clearly collectively predefined; all the buildings are orientated NW-SE, which coincides with the prevailing wind in the valley. Moreover, the distribution of these postholes and pits indicates that several houses were completely rebuilt in the same place, up to two to three times. Each new phase of construction was preceded by the partial deconstruction of the remains of the previous phase. We note that some of the posts had clearly begun to decompose in situ, prior to being burnt and/or removed. Finally, some of the pits/postholes from the previous phases were backfilled with stones and broken fragments of querns.
Analysis of the archaeological finds has not allowed us to establish a relative chronology between these different buildings or the diverse features. However, it has enabled us to define several zones of activity, specifically related to the working of flint and obsidian. The obsidian comes from Sardinia and we have observed elements associated with shaping and working nuclei as well as debitage from a knapping area which were found in a well.
Obsidian is not the only example of imported material found; it is accompanied by several ceramic and earthenware objects (including a loom weight) and a copper awl, all of which probably originate from northern Italy. Furthermore, analysis of the querns recovered from the postholes and analysis of the marks on the worked flints indicate agricultural activities related to grain farming. The faunal remains were almost exclusively recovered from the deposits infilling the wells. These remains record the importance of caprines in the livestock, indicating pastoral activities were also important at Cazan, as at many other sites of the same period.
These different activities imply a domestic occupation, seemingly permanent, in a predominantly anthropogenically modified landscape (based on malacological analysis). The preliminary analysis of the snail assemblage indicates an open environment during the late Chassey culture, and this observation seems to be confirmed by the charcoal analysis. Furthermore, the study of the charcoal from the postholes and hearths allows us to distinguish the selection of different species of wood: oak is used for the posts while strawberry tree (arbutus unedo) is used as fuel.
These results suggest the attachment of the Chassey population to this place and the surrounding landscape, which they occupied and reoccupied several times over 300 years. While an important part of their activity was based around a mobile lifestyle and pastoral management, this site allows us to consider the concept of a Neolithic village. These first results presented here renew the debate and research concerning the character of the occupation of this landscape during this period.
Keywords: Middle Neolithic, Chassey culture, dwelling site, house, building, well, hearth, ceramic,
départementale 306 (ancienne RN6) reliant Anse à Villefranche-sur-Saône dans le Rhône, une fouille
archéologique préventive a mis en évidence un site polyphasé comprenant des éléments du Néolithique
moyen à l’époque moderne. Parmi ces vestiges, un groupe de structures funéraires disséminées sur le
coteau appartient à l’âge du Bronze ancien. Deux fosses livrent chacune un vase de stockage, présentant des
dispositions similaires : vase couché sur le côté, ouverture à l’est et obturée par une dalle calcaire. En outre,
une inhumation d’un individu périnatal et une tombe en coffre complètent les éléments funéraires qui se
trouvent associés à des structures d’habitat mal définies. L’étude des jarres permet leur attribution à l’âge du
Bronze ancien 2a de moyenne et basse vallée du Rhône et d’Auvergne (BARA), avec de probables contacts
avec le groupe de la Saône. Une datation radiocarbone livre un intervalle de dates calibrées comprises entre
1950 et 1780 avant notre ère. Se dessine ainsi un nouveau jalon dans le couloir de circulation de la Saône.
Anse constitue un carrefour entre cette voie majeure nord-sud et des axes secondaires est-ouest par la
vallée de l’Azergues d’une part et de la Dombes d’autre part, même si ces secteurs demeurent peu diserts
concernant cette période.
In the context of the construction of a commercial and artisanal zone along the Departmental Road
306 (formerly the RN6) linking Anse with Villefranche-sur-Saône in the Rhone region, rescue excavations
uncovered a multi-phase site with elements dating from the Middle Neolithic to the modern era. Among
these remains, a group of funerary structures dispersed across the hillside date from the Early Bronze Age.
Two pits each contained a storage vessel, both deposited in a similar way: the vessel placed on its side, the
opening facing east and covered with a limestone slab. In addition, a perinatal inhumation burial and a cist
burial make up the rest of the funerary features associated with some poorly understood settlement remains.
Analysis of the vessels suggests that they can be attributed to the Early Bronze Age 2a of the middle and
lower Rhone Valley and Auvergne (BARA), with probable contacts with the Saône group. Radiocarbon dating
has provided calibrated dates of 1950-1780 BC. This represents a new milestone in our understanding of
movement through the Saône corridor. Anse was a crossroads between this major north-south route and the
secondary east-west axes along either the Azergues valley or through the Dombes, even though those areas
have not yet yielded much information for this period.
La partie ouest du site est occupée par un paléochenal comblé entre l'âge du Fer et le 7e siècle de notre ère, alors que la fouille de la partie est a révélé plusieurs occupations, notamment protohistoriques. Celles-ci se manifestent par plusieurs monuments funéraires de la transition Bronze ancien/moyen et du Bronze final, mais aussi par une structure fossoyée néolithique, qui est le sujet de cette présentation.
Il s'agit d'une structure fossoyée ovalaire, longue de 24 m et large de 9,5 m. Elle présente une ouverture d'environ 1 m à une extrémité. Le fossé mesure environ 70 cm de large et il est profond de 40 m. Ce petit enclos oblong n'enceint aucune structure pouvant être attribuée au Néolithique. Si une vocation domestique n'est pas exclue, par ses dimensions et sa forme, ce "monument" fait beaucoup penser aux monuments funéraires type Passy de la confluence Seine-Yonne ou encore à certaines structures retrouvées récemment dans l'Ain à Saint-Jean-le-Vieux. Cependant, comme sur ce dernier site, l'absence de sépulture ne permet pas d'assurer une vocation funéraire à cet enclos.
La fouille intégrale du fossé a permis la mise au jour de dix-sept individus céramiques, dont onze individus typologiques qui se rapportent à la fin du Néolithique moyen II. Certains de ses vases ont été retrouvés entiers, alors que d'autres ne correspondent qu'à quelques tessons. La plupart de ceux-ci renvoient à des traits typiques du N.M.B. et plutôt à une phase récente de cette culture. Les parallèles les plus fructueux se trouvent en effet sur des sites de la vallée de la Saône ou de la combe d'Ain, postérieurs à 3800 avant notre ère.
Cet enclos pose donc des questions en ce qui concerne sa fonction et sa position chrono-culturelle. Situé au cœur de la plaine du Forez, qui est une région peu fertile en occupations néolithiques, ce gisement de Saint-Laurent-la-Conche devient l'une des occurrences les plus méridionales du N.M.B., mais dans une phase récente de son développement.
Malgré un manque de datations absolues et/ou de données matérielles pour certaines régions, cette mise en parallèle permet d'observer une division chronologique du N.M.B. en trois phases principales, couplée à une variation géographique.
Le premier groupe correspond à un proto-N.M.B. qui s'observe principalement dans le nord de la Bourgogne entre 4300 et 3900 avant notre ère. Les collections céramiques montrent l'association de traits typologiques provenant du Michelsberg II, du groupe de Noyen et d'une phase ancienne du Chasséen méridional. À ce stade, les traits typiques du N.M.B. n'existent pas encore, mais la Bourgogne semble plutôt former une "zone tampon", propice au développement futur de cette culture.
Le deuxième groupe présente une répartition plus méridionale, entre le sud de la Bourgogne et le nord des régions Centre et Rhône-Alpes. Peu d'indices viennent assurer son implantation chronologique ; s'il semble en partie contemporain du premier ensemble, il se prolonge aussi jusque vers 3800 avant notre ère. Au sein de ce groupe, les liens avec le Chasséen méridional sont les plus prégnants en termes de typologie et de technologie céramique. Les liens avec le Michelsberg II sont toujours aussi forts et ce sont sur des types de gobelets issus de cette culture qu'apparaissent les premiers traits typiques du N.M.B. Ils se manifestent notamment par l'apparition de décors plastiques verticaux appariés sur l'épaulement des vases.
Enfin, la troisième phase a été définie à partir de gisements, postérieurs à 3800 avant notre ère, situés essentiellement à l'est de la vallée de la Saône. Si la typologie de ces collections montre des influences fugaces provenant des cultures voisines, on peut par contre observer une nette prédominance de traits évolués du N.M.B. Parmi ceux-ci, la morphologie des gobelets et jarres à épaulement change avec une présence accrue de fonds aplatis ou plats, une évolution des types de panses, de cols et enfin des décors plastiques sur épaulement qui deviennent circulaires ou horizontaux. Cette dernière phase semble trouver des prolongements postérieurs sur les bords du lac de Neuchâtel, révélant des échanges poussés avec le Cortaillod.
Mots-clés :
Boucle du Vaudreuil, Néolithique, âge du Fer, La Tène, enclos, fossé, artisanat, mouture, tissage, céramique, bâtiment, grenier, céréale.
Val-de-Reuil, Le Chemin aux Errants. A rural settlement from the first and second Iron Ages at the confluence of the Eure and Seine rivers.
Following the extension of a quarry in Val-de-Reuil, an excavation was conducted during the summer of 2010. In a rich archaeological context, this operation brought to light the remains from several periods. Relics from the Neolithic and the Final Bronze periods are rare and some structure point to a settlement dating back to the end of the first Iron Age. The most representative period corresponds to the transition between the Middle and Late European Iron Ages (La Tène culture). An enclosure used for domestic purposes was discovered that corresponds to this settlement phase. The findings are completed by a cluster of granaries bordering a paleochannel of the Eure river.
A la suite du Cerny, des cultures post-Rössen et pré-chasséennes, les diffusions respectives du Chasséen, du Groupe de Noyen et de la Culture du Néolithique Moyen Bourguignon (N.M.B.) ont été établies à l'occasion de plusieurs synthèses (Bailloud 1964 ; Gallay 1977 ; Gallay, Pétrequin 1984…).
Cette dernière culture du N.M.B., anciennement dénommée "Faciès Salinois" puis "Groupe de Marcilly-sur-Tille", a principalement été définie sur des critères de typologie céramique. En 1984, au colloque de Beffia, son aire d'expansion se limitait aux régions de Franche-Comté et Bourgogne. Dès lors, cette aire s'est agrandie au fur et à mesure des découvertes, ainsi jusque dans le département du Cher avec le site du "Champs de la Grange" à Bruère-Allichamps (Rialland 1989), ou dans l'Ain voire la région Lyonnaise (Chiquet et alii 2003).
Certains sites importants, stratifiés ou non, peuvent être utilisés pour poser les jalons d'une définition chrono-culturelle au sein d'une Bourgogne élargie (Chassey-le-Camp et Mavilly-Mandelot (Côte d'Or), Bourguignon-lès-Morey (Haute-Saône), Tournus (Saône-et-Loire)…). Parallèlement à ceux-ci, la majorité des sites connus sont issus de découvertes plus ou moins anciennes, et ne contenant parfois qu'une faible quantité de matériel. Il convient cependant de les réexaminer à la lumière de nouveaux critères de description, et de les comparer avec les sites plus "fertiles", ou tout du moins au contexte plus sûr.
Suite à de nouvelles découvertes en Bourgogne ou dans les régions limitrophes et du fait des avancées récentes dans l'étude de la technologie céramique, il est désormais opportun de reprendre l'étude de l'ensemble des matériels céramiques qui définissent la culture du N.M.B., afin d'en déceler des nuances chronologiques et/ou spatiales.
Pour cela des critères de description typologique fondés sur des données objectives typométriques sont en cours de réalisation, et seront croisés avec des critères de description technologique. La multiplication et le croisement des critères à différentes échelles de description pourraient permettre de prendre en compte des matériels très fragmentés et issus de contextes radicalement différents les uns des autres.
Cette présentation traitera donc des premières études réalisées sur ces sites bourguignons et des premiers croisements de critères effectués intra et inter-sites.
The territory between the valleys of the Yonne and the Saône is a zone of cultural meeting in particular during the middle Neolithic II, between 4300 and 3400 BC. During the 1970's, the culture of the Néolithique moyen bourguignon (N.M.B.) is recognized in this region and its main characteristics are defined during a colloquium organized in Beffia in 1984 (Pétrequin and Gallay 1984). From criteria, based essentially on the ceramic typology, the N.M.B. is then mainly confined in the regions of Burgundy and Franche-Comté.
Since this date, the area of this culture extends in particular in the direction of the South and of the Southwest. Multiple deposits were discovered since 1984. They allow a better documentation of N.M.B., but they also imply a chronological and geographical variability, still little highlighted for this culture.
After an analysis of all the considered series, a synthesis is drawn up to bring to light the most discriminating criteria. This one concerns, at first, the deposits of the zone of study. Three groups are then recognized from the ceramic typology and for whom certain technical aspects are corresponding. Crossed in the available chronological and geographical data, these groups seem to translate considerable variations into Burgundy.
Secondly, these variations acquire a more important value, brought by the confrontation of the results with all the series attributed to the N.M.B. and by the comparison with data from external cultures. A first northern group groups includes ceramic characteristics of typology previous to the establishment of the N.M.B. Joining mainly the end of the fifth millennium BC, this group reflect mainly the influences of the group of Noyen and ancient Michelsberg, to whom are added certain features of ancient Chasséen. The second group, more Southern is situated in the bend between the fifth and the fourth millennium. In a geographical zone where the chassean influences are more important, certain typological lines of ancient Michelsberg are also present, but under a derived shape. In this group appear the first typical lines of the N.M.B. The third group seems to be set up from approximately 3800 BC. It corresponds to a phase more evolved of ceramic N.M.B.'s ceramic and occupy essentially a more oriental zone, between the Saône and the Jura. Finally, by bibliographical comparison, a recent phase of the N.M.B. can be recognized after 3650 BC, in particular in the recent levels of the site of Concise (Switzerland).
Keywords: Middle Neolithic - N.M.B. - group of Noyen - Michelsberg - Ceramic - Pottery - ceramic typology – Burgundy.
Du fait de la réalisation d'un bassin de rétention d'eau par ASF en bordure de l'autoroute A7, une surface de 2000 m² a été fouillée sur la commune de Savasse. Ce chantier se situe en face de l'aire d'autoroute des Portes du Soleil, à 7 km au nord-est de Montélimar et en bordure occidentale du bassin valdainais. Suite aux diagnostics réalisés par l'E. Néré (Inrap) en décembre 2010, une fouille a pu être conduite entre juillet et octobre 2011.
Ces recherches ont permis la mise au jour de multiples occupations diachroniques qui ont marqué le terrain à divers degrés. Ces témoignages prennent différentes formes suivant la géomorphologie variée au sein de l'emprise. En effet, le décapage de la moitié sud a découvert, sous des niveaux de limons, une terrasse dans laquelle s'inscrivent les structures des différentes périodes. La moitié nord, quant à elle, correspond à une dépression de la terrasse, comblée par des limons de débordement et au sein desquels une stratigraphie complexe a pu être révélée, avec parfois jusqu'à cinq niveaux successifs.
Sur l'ensemble de la zone de fouille, les niveaux supérieurs ont tout d'abord révélé plusieurs structures médiévales (XIe-XIIe siècle) et modernes à contemporaines. Celles-ci consistent en des structures ponctuelles empierrées, des fosses de plantation et des structures linéaires pouvant être assimilées à des drains. Ces derniers recoupent eux-mêmes d'autres drains et des fosses sous-jacentes attribuées à la période antique (IIe-IIIe siècle).
Si l'on note la présence de tels vestiges historiques, la plupart des autres témoins se rapportent plutôt à la Protohistoire et au Néolithique. Une première phase protohistorique est représentée par trois structures à pierres chauffées, quelques fosses circulaires, des concentrations de galets et de matériel au sein des limons de débordement. L'ensemble de ces structures a livré un matériel abondant, notamment en ce qui concerne la céramique, avec plus de 11 kg de matériel. L'étude de cette collection apporte des attributions chronologiques à la transition Bronze final/premier âge du Fer et au Hallstatt moyen.
Une deuxième étape correspond à l'âge du Bronze ancien. Cet horizon a été mis au jour dans la partie septentrionale et correspond à un épandage de galets dans lequel ont été retrouvés de nombreux artefacts lithiques, fauniques et des tessons de céramique à plat. L'examen de ce niveau permet d'évoquer un niveau de sol avec des calages de poteaux bien lisibles au sein des galets. Parallèlement, une zone sub-rectangulaire se démarque par une concentration compacte de fragments de galets chauffés. Elle est encadrée par au moins deux négatifs de sablières basses et elle peut être assimilée à un radier de bâtiment rectangulaire de 6,5 m sur 3, d'orientation SO/NE, avec une extrémité en abside.
Enfin, une dernière étape correspond à de multiples fosses, qui s'inscrivent dans la terrasse sous-jacente. Ces dernières traduisent une occupation relativement continue durant les trois derniers quarts du troisième millénaire. Elle se manifeste par un corpus de fosses-silos attribuées au Néolithique final 2 au centre de l'emprise et par un corpus de structures plus diversifiées au Néolithique final 3.
Ces structures du Néolithique final et du Bronze ancien ont livré un mobilier lithique (silex taillés) et céramique abondant. Malgré un hiatus d'occupation pour la période Campaniforme et le début du Bronze ancien, l'étude des aspects typologiques et technologiques de ce matériel permet de percevoir des continuités et des variations intéressantes principalement entre 2900 et 1650 avant notre ère.
Mots clés :
Chronologie : Néolithique final, Age du Bronze ancien, Bronze final, Hallstatt (Premier âge du fer), Antiquité, Moyen-âge central, Epoque contemporainre
Sujets et thèmes : Fosses-silos, habitat, niveaux de sol, bâtiment, four à pierres chauffantes, puits, drains, fosses de plantations
Mobiliers : Céramique, faune, lithique taillé, lithique poli, matériel de mouture, lest, perle en ambre
Etudes annexes : Datations radiocarbones, analyse de provenance des matières premières siliceuses, géomatique.