Academia.eduAcademia.edu

Joe Cribb, Magic Coins of Java, Bali and the Malay Peninsula.

2000, Revue numismatique

Revue numismatique Joe Cribb, Magic Coins of Java, Bali and the Malay Peninsula. François Thierry Citer ce document / Cite this document : Thierry François. Joe Cribb, Magic Coins of Java, Bali and the Malay Peninsula.. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 155, année 2000 pp. 356-357. http://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2000_num_6_155_2742_t1_0356_0000_2 Document généré le 28/09/2015 356 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE Malgré ces quelques points de détail, non seulement l'ouvrage de He Lin est bien évidemment d'une absolue nécessité pour tout chercheur en numismatique chinoise, mais nous le conseillons aussi à certains traducteurs de romans classiques qui voient des « sapèques d'argent » circuler en Chine au XVIIIe siècle. . . F. Thierry Joe Cribb, Magic Coins of Java, Bali and the Malay Peninsula, Londres, 1999. Avec cette nouvelle publication, Joe Cribb nous donne le catalogue des amulettes malaises et javanaises conservées au British Museum dont une bonne part provient, pour ces dernières, de la collection Raffles. Un importante introduction (p. 1-91) présente l'histoire et la fonction de ces objets I2, rappelle les débuts et le développement de la collection de ces amulettes par les amateurs puis les musées occidentaux, et justifie les critères de classement de l'auteur. Joe Cribb insiste à juste titre sur les liens évidents, déjà mis en évidence par Millies (Recherches sur les Monnaies indigènes de l 'archipel indien et de la péninsule malaie, La Haye, 1871), entre les représentations humaines et animales figurant sur ces amulettes et les poupées wayang du théâtre d'ombre javanais, et en particulier sur le caractère apotropaïque commun aux deux supports : les poupées de cuir découpé avaient un rôle important dans la lutte contre les démons et leur représentation sur les amulettes métalliques est utilisée dans le même but. L'auteur montre aussi comment l'usage traditionnel de ces objets présente un obstacle non négligeable à leur datation : l'incidence de la reproduction continue jusqu'à nos jours de types anciens, par surmoulage, n'est pas conçue par les utilisateurs comme ayant une importance quelconque puisque la puissance magique de l'objet réside dans la figuration et non pas dans sa vétusté (p. 87-88). Le concept d'authenticité est absolument étranger au processus de production et d'utilisation de ces amulettes, et n'est qu'un questionnement récent d'origine occidentale et mercantile. Il n'en reste pas moins que la question se pose pour les chercheurs. Selon un canevas classificatoire cher à l'auteur, le catalogue (p. 93-173) s'organise en séries elles-mêmes divisées en groupes en fonction de la typologie ou de l'iconographie ; ce canevas, un peu lourd parfois, est cependant tout à fait adapté pour établir une répartition thématique d'objets qui présentent un très grand nombre de variantes. L'auteur traite d'abord des amulettes purement javanaises, puis des amulettes marquées par les influences musulmane et chinoise, puis des pièces d'origine malaise qui font une part beaucoup plus grande aux thèmes islamiques. L'ouvrage comprend ensuite une abondante bibliographie et plusieurs appendices et index consacrés aux collections, aux inscriptions, aux thèmes iconographiques, et un index général. Les planches qui reproduisent plus de 300 objets viennent en fin de volume et sont d'excellente qualité. L'introduction comme les notices du catalogue sont du plus grand intérêt et nous démontrent, une fois encore, la grande érudition de l'auteur. Nous aimerions cependant discuter quelques points mineurs. La lecture donnée du n° 246, une pièce de typologie chinoise, est assez surprenante : l'auteur fait commencer l'inscription en haut, puis passant à gauche puis à droite et enfin en bas (sens de 12. Ол lira ainsi les très intéressants éléments fournis par Covarrubias et Hobart sur l'usage local des amulettes magiques à Bali (p. 72-73). RN 2000, p. 321-367 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE 357 lecture absolument inconnu en numismatique chinoise) et arrive à la transcription yuan baofeng tong, dont il nous dit ensuite ajuste titre qu'il s'agit d'une reprise des Yuan Feng tongbao chinois ; il aurait été plus simple de donner d'emblée la lecture en cercle (haut, droit, bas et gauche). Sur le droit du n° 245, il y a de part et d'autre du trou central deux signes indéfinissables dans lesquels Joe Cribb voit des cages ; cependant comme le revers de cette pièce porte deux mots mandchous, boo chiowan, on peut penser que le modèle est une monnaie de la dynastie Qing et que les deux signes sont, peut-être, les caractères tong Ш et bao Ш dont ils occupent parfaitement la place, et qui auraient été reproduits dans une graphie barbare par des artisans ignorant le chinois ; on trouve des graphies similaires de ces deux caractères, isolés ou non, dans les monnayages de l'Insulinde et particulièrement sur les jokoh de Bangka et de Pahang13. Dans la série 10, la pièce du groupe 3 (n° 190) est parfaitement identifiable comme étant une amulette zodiacale d'inspiration chinoise puisque d'une part les quatre animaux qui y figurent, le buffle, le chien, le porc et le coq, appartiennent aux 12 signes du zodiaque, et que d'autre part il existe différentes séries de 3 amulettes chinoises qui présentent 4 par 4 les 12 animaux14. Enfin, mais ce n'est là qu'une hypothèse, à propos de l'inscription du revers (?) du n° 284a, dont nous avons eu un exemplaire en mains 15, on peut se demander s'il ne s'agit pas d'une reprise erronée par des gens ignorant le chinois de la mention que l'on trouve sur de nombreuses amulettes chinoises ainsi que sur bien d'autres supports : zhao cai jin bao ШШШШ , « Qu'on apporte les richesses, que viennent les trésors ! », le quatrième caractère ayant été supprimé pour laisser la place aux têtes de dragons. Par ailleurs, nous nous permettrons d'apporter une précision que le hasard nous a fournie : parmi le lot qui nous avait été confié, nous avons pu étudier une pièce du type 272a, en bien meilleur état que celle donnée ici, et nous pouvons préciser qu'elle est datée (de manière apocryphe) de 1180 H, ce qui est presqu'illisible sur l'exemplaire de la collection Seamans donné en illustration. On comprendra toute l'importance de ce catalogue si l'on sait qu'il est le premier ouvrage scientifique publié depuis longtemps sur ce sujet ardu dont il deviendra de fait la référence. F. Thierry Studies in Byzantine sigillography, 3, Nikos oikonomides (éd.), Dumbarton Oaks, 1993 Studies in Byzantine sigillography, 4, Nikos oikonomides (éd.), Dumbarton Oaks, 1995 Studies in Byzantine sigillography, 5, Nikos oikonomides (éd.), Dumbarton Oaks, 1998 This series, and the colloquium on Byzantine sigillography whose proceedings it selectively publishes, have effectively relaunched Byzantine sigillography as a 13. H.C. Millies, Recherches sur les Monnaies indigènes de l'archipel indien et de la péninsule malaie, La Haye 1871, n°220; Saran Singh, The Encyclopaedia of the Coins of Malaysia, Singapore and Brunei, 1400-1986, Mal. Num. Soc, Kuala Lumpur 1986, n° 27, p. 140. 14. Ni Mo, Gujin qian lue, 1822, 2e éd. augmentée 1879, 20 fasc, fac s. 1989, XXII, p. 14a, 17ab. 15. Il s'agissait d'un petit ensemble d'amulettes de la série 17 de Joe Cribb qui nous avait été confié pour étude par M. Pierre Crinon. ÍW2000, p. 321-367