Royaume du Maroc
Ministère Délégué Auprès du
Ministre de l’Energie, des Mines,
de l’Eau et de l’Environnement
Chargé de l’Environnement
Projet « Planification nationale en matière de diversité biologique
en appui à la mise en œuvre du plan stratégique 2011 – 2020 de la
Convention sur la Diversité Biologique (NBSAP) »
Fait par :
Mohammed BAJEDDI
Expert international en Economie
et finance de l'Environnement
30 Août 2015
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
« Le contenu de la présente publication relève de la seule
responsabilité du contractant et ne peut en aucun cas être
considéré comme reflétant l’avis du FEM / PNUD / MEMEE».
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
Logo de la Conférence mondiale sur la biodiversité de Nagoya
“ Parce que les comptes nationaux sont fondés sur des transactions
financières, ils ne comptent pour rien la Nature, à qui nous ne
devons rien en termes de paiements mais à qui nous devons tout en
termes de moyens d’existence.”
Bertrand de Jouvenel – Arcadie, 1968
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
TABLE DES MATIERES
PREAMBULE
iv
RESUME EXECUTIF
vi
I.
Contexte
1
II.
Objet et objectifs de l’étude
3
III.
Approche méthodologique
5
IV.
Définition, concept et domaine de la biodiversité
7
V.
Contexte spécifique au financement de la SPANB et Défis
V.1
Pourquoi une évaluation économique et monétaire ?.......................................................................................10
V.2
Les principes de base de l’évaluation.........................................................................................................................10
V.3
L’intérêt d’une approche financière............................................................................................................................10
V.4
Extrême complexité pour la mesure de la valeur de la biodiversité..........................................................11
V.5
Deux cent trente six indicateurs de suivi de la biodiversité...........................................................................11
V.6
Quinze indicateurs financiers de suivi de la biodiversité ................................................................................12
V.7
Défis extrêmes pour l’estimation des indicateurs et
10
de l’intégration de la biodiversité dans la comptabilité nationale au Maroc .........................................................13
V.8
Des priorités claires d’investissement pour la protection de la biodiversité........................................13
V.9
Des lacunes apparaîtront inévitablement dans l’estimation du financement de la protection de
la biodiversité .........................................................................................................................................................................14
V.10
Des efforts visibles pour la gouvernance des statistiques environnementales au Maroc ..............15
V.11
Multiplicité des parties prenantes actives dans le domaine de la biodiversité....................................15
V.12
Existence d’une organisation au niveau du MEMEE pour la collecte des données économiques
et financières...........................................................................................................................................................................17
V.13
Initiatives nationales d’intégration des informations environnementales dans le système de
comptabilité nationale. ......................................................................................................................................................18
VI.
Démarche d’estimation des dépenses de la protection de la biodiversité au Maroc.
VI.1.
Absence d’obligations nationales qu’internationales de la tenue de la comptabilité
20
environnementale ................................................................................................................................................................20
VI.2.
Vers l’élaboration d’un cadre de la comptabilité de la biodiversité au Maroc......................................21
VI.3.
Les comptes de la comptabilité de la biodiversité...............................................................................................24
VI.3.1. Les populations des espèces et les risques extinction ......................................................................................24
VI.3.2. Les écosystèmes terrestres. ............................................................................................................................................25
VI.3.3. Écosystèmes des eaux intérieures / continentales. ............................................................................................25
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
VI.3.4. Les écosystèmes marins et côtiers. .............................................................................................................................26
VI.3.5. La diversité génétique ........................................................................................................................................................26
VI.3.5.1.
Les ressources zoogénétiques
27
VI.3.5.2.
Les ressources génétiques forestières (HCEFLCD)
27
VI.3.5.3.
Ressources phytogénétiques
28
VI.3.5.4.
La richesse des ressources ichtyogénétiques
29
VI.3.6. Les pressions actuelles sur la biodiversité et les réponses ............................................................................29
VII.
L’évaluation des flux financiers de la biodiversité au Maroc.
30
VII.1. Caractéristiques et mécanismes de l’APD ................................................................................................................30
VII.2. L’APD globale Octroyée au Maroc de 2006 - 2010 ..............................................................................................34
VII.3. L’évaluation des flux internationaux de financement de la biodiversité 2006 - 10...........................36
VII.4. L’évaluation des ressources financières nationales de la biodiversité 2006 - 2010. ........................42
VII.4.1
Evolution du financement national de la biodiversité au Maroc 2006 - 2010
42
VII.4.2
Récapitulatif des budgets nationaux à tous les niveaux
56
VIII.
Lacunes de l’évaluation du financement de la protection de la biodiversité
57
VIII.1.
Les mesures de l’UICN pour la conservation de la nature.
VIII.2.
Mesures de la Commission Européenne pour combler les lacunes et intégrer la biodiversité
dans les politiques publiques
VIII.3.
59
60
Mesures adoptées par la Suisse pour le contrôle national de l’attente des objectifs de la
biodiversité et l’identification des lacunes
61
VIII.4.
62
IX.
Mesures pour l’évaluation du financement de la protection de la biodiversité au Maroc
Conclusions générales
64
ANNEXES
Annexe 1: 15 indicateurs financiers de suivi de l’application de la stratégie de mobilisation des ressources de
la Convention DB................................................................................................................... 66
Annexe 2: Entités / départements concernés et leur rôle potentiel et justification de l’implication dans le
domaine de la biodiversité ...................................................................................................... 68
Annexe 3 : Note sur les ressources humaines et les organes gestion de la biodiversité au MEMEE ............. 71
Annexe 4 : Le budget global des départements sectoriels actifs dans le domaine de la biodiversité (2006 2010) ..................................................................................................................................... 76
Annexe 5 : Estimation des dépenses de la biodiversité par sous secteur (2006 - 2010) ............................... 77
Annexe 6 : Liste de présence à l’atelier relatif à l’étude des finances de la biodiversité ............................... 78
Annexe 7 : Liste de la bibliographie ........................................................................................................... 81
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
TABLEAUX
Tableau 1: Liste minimale de partenaires impliqués.................................................................................... 16
Tableau 2: La situation des espèces animales et végétales au Maroc (1997) ................................................ 24
Tableau 3 : Structure et gouvernance du FEM ............................................................................................ 33
FIGURES
Figure 1: Approche méthodologique .......................................................................................................... 5
Figure 2: Schéma du développement durable ............................................................................................. 7
Figure 3: Ecosystèmes et services : modèle conceptuel .............................................................................. 8
Figure 4: Les niveaux des interactions de la biodiversité ............................................................................ 9
Figure 5: Les interactions entre les 3 niveaux de base de la biodiversité ................................................... 12
Figure 6: Les flux financiers de la biodiversité ......................................................................................... 12
Figure 7 Zones clés pour l’investissement prioritaire dans la biodiversité au Maroc................................. 14
Figure 8: Les six membres du comité de pilotage de l’étude de la comptabilité environnementale ............ 16
Figure 9: Les place de la biodiversité dans l’organigramme du département de l’environnement .............. 17
Figure 10: La matrice de la comptabilité de la biodivesité au Maroc « Dépenses de protection » .............. 22
Figure 11: Processus de collecte et de traitement de l’information pour le suivi des indicateurs financiers
de la biodiversité. ................................................................................................................... 23
Figure 12 : Catégories de flux financiers internationaux de l’APD à la biodiversité au Maroc 2006-10 ..... 38
Figure 13 : Chiffres clés de l’APD dans le secteur de la biodiversité au Maroc 2006 – 2010 .................... 42
Figure 14 : Les secteurs concernés par les dépenses de protection de la biodiversité au Maroc 2006 - 2010
.............................................................................................................................................. 43
Figure 15 : Répartition des dépenses brutes de l'Etat dans les secteurs en relation avec la biodiversité 2006 2010 ....................................................................................................................................... 44
Figure 16 : Les variations annuelles des dépenses de la biodiversité par secteur (2006-2010) ................... 45
Figure 17 :Répartition des dépenses brutes de l'Etat dans le domaine de la biodiversité 2006 – 2010 ........ 46
Figure 18 :Les dépenses du secteur agricole dans le domaine de la biodiversité 2006 – 2010.................... 46
Figure 19 :Les dépenses du secteur de la pêche maritime dans le domaine de la biodiversité 2006 – 2010 47
Figure 20 :Les dépenses du secteur de l’environnement dans le domaine de la biodiversité 2006 – 2010 .. 48
Figure 21 :Les dépenses du secteur des eaux et forêts dans le domaine de la biodiversité 2006 – 2010 ..... 49
Figure 22: Les surfaces forestières dédiées à la conservation de la diversité biologique dans les pays
méditerranéens. ...................................................................................................................... 51
Figure 23: Les surfaces forestières situées dans les aires protégées dans les pays méditerranéens. ............ 51
Figure 24: La densité des feux de forêt dans la région méditerranéenne 2006-2010. ................................. 52
Figure 25 :Les feux de forêt dans la région méditerranéenne 2006-2010................................................... 52
Figure 26 :Les dépenses du secteur R & D dans le domaine de la biodiversité 2006 – 2010 ...................... 53
Figure 27: Sources de financement national disponibles pour la diversité biologique 2006 à 2010 ............ 56
Figure 28 : Chiffres clés de l’APD dans le secteur de la biodiversité au Maroc 2006 – 2010 .................... 56
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
GRAPHIQUES
Graphique 1: APD octroyée au Maroc de 2006 à 2010 - Banque mondiale ............................................... 34
Graphique 2: APD octroyée au Maroc par secteur de 2006 à 2010 ........................................................... 35
Graphique 3: APD octroyée à la biodiversité au Maroc de 2006 à 2010.................................................... 36
Graphique 4: Flux financiers internationaux de financement de la biodiversité au Maroc de 2006-10 ....... 37
Graphique 5 : Les Top ten des donneurs de l’APD pour la biodiversité au Maroc 2006 – 2010................. 38
Graphique 6 : L’apport de soutien financier du GEF au Maroc 2006 – 2010............................................. 40
Graphique 7 : Importance de l’APD à la biodiversité par rapport à 10 secteurs au Maroc 2006 – 2010 ..... 41
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
LISTE DES ABBREVIATIONS
AEA
Comptes des émissions atmosphériques
AFD
Agence française de développement
APD
Aide publique au développement
BAD
Banque africaine de développement
BEI
Banque européenne d'investissement
BERD
Banque européenne pour la reconstruction et le développement
BID
Banque interaméricaine de développement
BIRD
Banque internationale de reconstruction et de développement
CAD
Comité d'aide au développement
CAD
Comité d'aide au développement
CC
Changement climatique
CDB
Convention de la diversité biologique
CGEM
Confédération Générale des Entreprises du Maroc
CSS
Coopération sud-sud
CTB
Coopération technique belge
DB
Diversité biologique
DRPE
Direction de la Recherche et la Planification de l'Eau
DRPE
Direction de la Recherche et la Planification de l'Eau
ESEA
European Strategy for Environmental Accounting de l'UE
ETEA
Comptes relatifs aux taxes environnementales
EW-MFA
Comptes de flux de matières à l’échelle de l’économie
FAO
Organisation des nations unies pour l'agriculture et l'alimentation
FED
Fonds européen de développement
FEM
Fonds pour l'environnement mondial
FFEM
Fonds français de l'environnement mondial
GAVI
Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination
GEF
Global environment facility
GFATM
Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme
GIZ
Agence allemande de coopération international
HCEFLCD
Haut commissariat des eaux et forêts et la lutte contre la désertification
HCP
Haut commissariat au plan
HCP
Haut Commissariat au Plan
HCR
Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés
IDA
Association internationale de développement
IG
Identification géographique
INRA
Institut national de la recherche agronomique
i
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
INRH
Institut national des ressources halieutiques
MAPM
Ministère de l'agriculture et la pêche maritime
MEMEE
Ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement
MI
Ministère de l'intérieur
NBSAP
Stratégies et Plan d’Action Nationaux pour la Biodiversité
OCDE
Organisation de Coopération et de Développement Économiques
OFEV
Office fédéral de l’environnement (Suisse)
ONEE
Office nationale de l'eau et l'électricité
ONG
Organisation non gouvernementale
ONU
Organisation des nations unies
PAC
Politique agricole commune
PAM
Programme alimentaire
PANE
Plan d’Action National pour l’Environnement
PIB
Produit intérieur brut
PNRC
Plan National de lutte contre le Réchauffement Climatique
PNUD
Programme des nations unies pour le développement
PNUE
Programme des Nations unies pour l'environnement
PTRC
Plans Territoriaux de lutte contre le Réchauffement Climatique
SSN
Système Statistique national
TdR
Termes de référence
UE
Union Européenne
UE
Union européenne
UICN
Union internationale pour la conservation de la nature
UNICEF
Fonds des Nations unies pour l’enfance
USD
Dollar américain
WAVES
Wealth Accounting and the Valuation of Ecosystem Services
ii
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
TAUX DE CONVERSION
1 USD = 9.75319 Dirham marocain
1 dirham = 0.103969 USD
Date du 20 août 2015
REMERCIEMENTS
L'expert adresse ses vifs remerciements au Chef de service de la conservation de la
biodiversité Mr Mostafa Madbouhi et à Mr le coordinateur du projet et son assistante pour
leur accueil, leur disponibilité et leur aimable coopération tout au long de cette mission. Les
remerciements vont également à toutes les parties prenantes du MEMEE, des institutions
nationales et de la coopération internationale pour leur contribution et participation à l’atelier
de démarrage, et surtout pour les informations utiles, déterminantes et indispensables
fournies.
iii
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
PREAMBULE
Lors de la Conférence des Parties en 2010 à Nagoya, un nouveau Plan Stratégique 2011-20 de la
CDB a été adopté et qui se fixait pour objectif que à l'aune 2015 les Stratégies et Plan d’Action
Nationaux pour la Biodiversité (NBSAP) soient actualisés.
Ayant ratifié la CDB en 1995, le Maroc a adhéré à cette action d'actualisation de sa stratégie en se
conformant aux orientations données aux pays concernant i) la biodiversité et les services éco
systémiques ; ii) les aires protégées terrestres et marines ; iii) l’eau, la santé et les moyens de
subsistance et iv) la résilience des écosystèmes au changement climatique.
Le travail initié pour l'actualisation du plan stratégique 2011-2020 de la Convention sur la diversité
biologique (CDB/projet NBSAP) bénéficie de l'apport du FEM et s'appuie sur les réalisations du
Maroc en matière de production de rapports sur la diversité biologique, d’une part, et
l’établissement de cadres nationaux de planification sectorielle intégrant les obligations du Maroc
vis-à-vis de la CDB.
Ce projet contribue, également, à l’atteinte des objectifs nationaux en matière de la protection et de
la valorisation de la biodiversité conformément aux dispositions de la Charte Nationale de
l’Environnement et du Développement Durable.
La mission d’une durée de huit semaines1 a été entamée le 24 mars par Monsieur Mohammed
Bajeddi, Expert international en économie de l’environnement par la remise d'une note de cadrage
méthodologique pour relater tous les aspects de la problématique, recadrer et éventuellement
harmoniser les termes de référence pour une compréhension partagée par l'expert, l'équipe du
projet, et présenter un calendrier détaillé de la mission en général et des réunions / ateliers à tenir
avec les partenaires institutionnels et des parties prenantes.
La mission a procédé aussi à une analyse de toute la documentation et rapports disponibles en
relation avec la thématique de l'étude, a rencontré les partenaires institutionnels impliqués en étroite
collaboration avec le service de la conservation de la biodiversité et le Coordinateur du projet.
Par la suite, un atelier a été organisé avec les parties prenantes concernées par la question de la
biodiversité : institutions nationales, internationales, bailleurs de fonds et privés. L’objectif de cet
atelier était de i) informer sur l’objet et l’objectif de l’étude ; ii) présenter la démarche pratique pour
la collecte des données statistiques financières ; iii) expliquer le mode d’utilisation du cadre
d’insertion des données statistiques et iv) la mise en place des modalités pratiques de suivi et
d’assistance pour la réalisation du travail de collecte des données spécifiques aux secteurs.
Le travail de l’expert devra déboucher sur la préparation de trois rapports :
Rapport I : Ce premier rapport qui est entièrement consacré au « financement existant de la
protection de la biodiversité ».
Rapport II : Le deuxième rapport va traiter de la problématique « d’intégration de la
biodiversité dans les politiques, plans et pratiques de développement, dans les cadres de
comptabilité nationale ».
Rapport III : Un dernier et troisième rapport sera consacré aux indicateurs de suivi de
l’application de la stratégie de mobilisation des ressources de la Convention qui va servir
pour l’actualisation du rapport sur la NBSAP.
1
La durée totale de l’intervention de l’expert est de 8 semaines pour réaliser trois études dont ce premier rapport I.
iv
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
Le présent rapport « Rapport I » livre les principales informations pratiques sur le financement de la
biodiversité.
Par ailleurs, malgré son caractère stratégique, et l’importance des résultats attendus pour la mise en
place du Plan stratégique pour la biodiversité, la mission a rencontré des limites qui sont surtout
dues à i) la multiplication des acteurs institutionnels, privés et de la coopération internationale et ii)
le fait que toutes les données financières nécessaires pour l’étude dépendent en grande partie de
l'apport des parties prenantes. C’est pourquoi, la mission a essayé de les impliquer dès le début à
travers un atelier.
Aussi, compte tenu du temps imparti à la réalisation de ce travail, malgré que les informations
utilisées sont extraites des documents administratifs officiels, la mission était dépourvue de moyens
pour les trier et analyser en profondeur afin de répondre entièrement aux exigences des TdR.
v
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
RESUME EXECUTIF
Le Maroc a ratifié les trois conventions issues du processus de la Conférence de Rio en 1992 et qui portent
sur les thèmes de changement climatique, de la biodiversité et de la lutte contre la désertification. Cette
adhésion traduit la volonté du gouvernement marocain de s'inscrire dans le cadre légal des nouvelles
perspectives de coopération internationale que ces nouveaux instruments juridiques offrent au pays pour
faire face aux graves menaces qui planent sur la biodiversité.
Dans la mouvance que connaît la question de l'environnement à l'échelle planétaire et les dispositions
concertées impliquant tous les acteurs concernés et les Etats à se conformer à un certain mode de conduite, la
question de la diversité biologique se trouve au centre des préoccupations des pays depuis l’adoption de la
Convention sur la diversité biologique lors su Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992.
Les objectifs de la CDB sont i) la conservation de la diversité biologique, ii) l'utilisation durable de ses
éléments et iii) le partage juste et équitable des avantages découlant de 1'exploitation des ressources
génétiques, notamment grâce à un accès satisfaisant aux ressources génétiques et à un transfert approprié des
techniques pertinentes, compte tenu de tous les droits sur ces ressources et aux techniques, et grâce à un
financement adéquat.
A cet effet, un nouveau Plan Stratégique 2011-20 de la CDB a été adopté lors de la Conférence des Parties
en 2010 à Nagoya, et qui se fixait pour objectif que à l'aune 2015 les Stratégies et Plan d’Action Nationaux
pour la Biodiversité (NBSAP) soient actualisés.
Ayant ratifié la CDB en 1995, le Maroc a adhéré à cette action d'actualisation de sa stratégie en se
conformant aux orientations données aux pays concernant i) la biodiversité et les services écosystémiques ;
ii) les aires protégées terrestres et marines ; iii) l’eau, la santé et les moyens de subsistance et iv) la résilience
des écosystèmes au changement climatique.
A ce sujet, il faut rappeler les efforts consentis par le Maroc pour l'établissement de deux versions antérieures
de la Stratégie et du Plan d’Action Nationaux pour la Biodiversité (NBSAP) en 2000 et 2004.
Le travail initié pour l'actualisation du plan stratégique 2011-2020 de la Convention sur la diversité
biologique (CDB/projet NBSAP) bénéficie de l'apport du FEM et s'appuie sur les réalisations du Maroc en
matière de production de rapports sur la diversité biologique, et les cadres nationaux de planification
sectorielle intégrant les obligations du Maroc vis-à-vis de la CDB.
Ce projet contribuera, également, à l’atteinte des objectifs nationaux en matière de la protection et de la
valorisation de la biodiversité conformément aux dispositions de la Charte Nationale de l’Environnement et
du Développement Durable.
Objet et objectifs de l’étude
Le travail demandé consiste à effectuer les tâches spécifiques liées à :
1.
Explorer les possibilités d'intégration de la biodiversité dans les politiques, plans et pratiques de
développement, dans les cadres de comptabilité nationale et dans les plans et stratégies sectorielles
(la Composante 2) ;
2.
Contribuer à l'analyse des conditions de financement durable pour la mise en œuvre du SPANB,
définir les financements existant pour la biodiversité avec leurs sources, et établir les besoins et
lacunes en finances (la Composante 3)
Les résultats de ce travail seront donc consignés dans trois rapports dont ce premier rapport qui est
entièrement consacré au « financement existant de la protection de la biodiversité et les lacunes ».
Méthodologie
L'approche méthodologique globale s'appuie sur trois éléments (outils / instruments) pour la réalisation de
l’étude : i) l'analyse de la documentation disponible, ii) l'organisation de réunions d'entretien et un atelier
avec les parties prenantes, iii) la compilation et l'analyse de l'information.
vi
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
Mai 2015
Août/2015
Sept/2015
Planification
Documentation
Atelier/de/
collecte/
information
Rapport/ I/
provisoire
validation/
du/ rapport/ I
•Exploitation/
documents/
MEMEE/et/
bibliographie/
internationale
•Approche/
méthodologique/
et/planification
•Organisation/
d'un/atelier/
national/avec/
les/parties/
prenantes
•Remise/du/
rapport/sur/
l’économie,/
finance/et/les/
lacunes
Fin/Sept/2015
•Validation/
avec/les/
parties/
prenantes
Rapport(I(:(Financement(
de(protection(de(la(DB(au(
Maroc
Avril/2015
MarsDAvr 2015
Les limites de l’étude
Une large documentation bibliographique sur la question de l’économie et la finance de l’environnement, en
général, et la biodiversité, en particulier reconnaissent l’existence de problèmes insurmontables pour
l’évaluation des agrégats économiques et comptes financiers. Déjà la nature de l’évaluation / estimation
monétaire se heurte à la richesse et la variabilité du concept allant d’une simple évaluation des dépenses pour
la protection de la biodiversité jusqu’à l’extrême estimation de la valeur de la biodiversité. Entre les deux
limites, on trouve des concepts d’évaluation du coût de dégradation de l’environnement y compris la
biodiversité, l’analyse coût/bénéfice de l’action et/ou l’inaction, etc.
La principale difficulté pour l’établissement du référentiel de niveau financier de la protection de la
biodiversité au Maroc durant la période 2006 à 2010 réside dans l’absence de système national informatisé
de gestion intégrée des dépenses (GID) publiques avant 2010. Ce système a été conçu et déployé à partir du
1er janvier 2010. Il simplifie les procédures en consacrant le principe de la saisie unique, le renforcement des
capacités de contrôle interne et la mutualisation de l’information budgétaire.
Ce qui montre les difficultés certaines pour trouver les dépenses publiques couvrant la période 2006-10 avec
les détails nécessaires pour identifier les finances publiques relatives à la biodiversité.
Définition, concept et domaine de la biodiversité
La définition au sens large, la biodiversité, ou diversité biologique, désigne la variété et la variabilité
du monde vivant sous toutes ses formes. Elle est définie plus précisément dans l'article 2 de la convention sur
la diversité biologique comme la « variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre
autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont
ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des
écosystèmes ».
La biodiversité ne se limite donc pas à la somme des espèces, mais représente l'ensemble des interactions
entre les êtres vivants, ainsi qu'avec leur environnement physico-chimique, sur plusieurs niveaux :
Figure 1 : Les niveaux des interactions de la biodiversité
Niveaux(des(
interactions
Coût'de'
protection'de'
l’environnement
Coût'de'
protection'
de'la'
Biodiversité
Ecosystèmes'
terrestres
Ecosystèmes'marins'
et'côtiers
Ecosystèmes'
intérieures'/'
continentales
Diversité'génétique
Indicateurs(financiers(de(suivie(de(
l’état(de(la(protection(de(la(
biodiversité
Espèces'et'
risques'
d’extinction
Pressions'et'
réponses
vii
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
Extrême complexité pour la mesure de la valeur de la biodiversité
A l’échelle mondiale il est formellement connu qu’il n’existe aucune mesure universelle de la biodiversité et
les différentes manières de l'estimer sont sujettes à débat. Mesurer l'ensemble de la biodiversité d'un système
donné étant une tâche quasiment irréalisable, des indicateurs de la biodiversité sont utilisés afin d'en obtenir
une estimation.
Cela implique qu’une estimation objective de la valeur (valeur ne doit pas être confondue avec prix ou coût)
de la diversité spécifique de la biodiversité est basée surtout sur des éléments qualitatifs d’aide à la décision.
De ce fait, l’estimation financière ou les indicateurs financiers de suivi de la biodiversité sont basés sur la
mise en œuvre des politiques de protection de la biodiversité (différente de la valeur de l’écosystème) pour
connaître l’efficacité des actions menées (coût, nature et source).
La réalisation concrète et le succès des comptes environnementaux pilotes sont facilités par l'adoption d'une
démarche pragmatique. Certaines données, bien qu'incomplètes ou peu détaillées, sont déjà disponibles au
niveau des parties prenantes. Cette étude est destinée en réalité à les réunir sans prétendre que les chiffres
sont complets et de qualité supérieure.
Démarche d’estimation des dépenses de la protection de la biodiversité au Maroc
Jusqu’à présent, les données rassemblées dans le domaine de la comptabilité environnementale le sont sur
une base volontaire de la part des pays. Cependant, peu de pays, notamment ceux de l’UE, ont complètement
adopté un cadre codifié comptable en mettant en place des priorités qui s’articulent autour des comptes des
dépenses de protection de l'environnement et des comptes de flux de produits.
La comptabilité nationale marocaine est multidimensionnelle et large pouvant abriter toutes les statistiques
de nature monétaire dans des agrégats structurés en chapitres, comptes et sous comptes. Dans cette
architecture de la conception de la comptabilité nationale il y’a la place pour insérer / marquer des comptes
de la comptabilité environnementale, en général, et la comptabilité de la biodiversité en particulier.
L'objectif premier des comptes monétaires de l’environnement, qui est d’ailleurs le même pour les comptes
de la biodiversité, est de répertorier les dépenses de protection et les recettes liées à la biodiversité. Tant le
secteur public que le privé (industries et ménages) sont concernés par ce genre de comptes.
Les composantes pratiques correspondent à des comptes de la comptabilité nationale qui sont imbriqués dans
le domaine de l’environnement dans sa globalité. Pour estimer les dépenses de protection / produits de la
biodiversité il est nécessaire d’identifier les « comptes » et « sous comptes monétaires » de protection de la
biodiversité pour chacun des « Chapitres » écosystémiques. Une matrice est élaborée dans le cadre de cette
étude pour assumer cette fonction durant la période 2011-2020.
L’évaluation des flux financiers de la biodiversité au Maroc
Evaluation des flux financiers internationaux annuels de financement de la
biodiversité
D’après la FAO, l’APD octroyée à la biodiversité au Maroc de 2006 à 2010 s’élève à 5,05 millions USD ;
soit 1,81 millions USD par an d'APD nette. Ce montant d’APD représente environ 0,02% du PIB du Maroc,
dont la majeure partie (près de 98,55%) est obtenue par le biais de la coopération bilatérale.
Graphique 1 : APD octroyée à la biodiversité au Maroc 2006 - 2010
Le financement de la biodiversité au Maroc est
irrégulier variant de 0,03 million USD en 2007 à
2,66 millions USD en 2008. Cette variation
contrastée d’une année à l’autre montre
principalement les difficultés de trouver des
ressources de financement stables et régulières.
L’analyse des flux financiers internationaux de
l’APD montre que le secteur public international
contribue fortement au financement de la
biodiversité au Maroc avec plus de 44,95%.
L’APD directe provient surtout de l’aide
bilatérale qui est fortement liée aux orientations
stratégiques des pays donateurs. En revanche
Evolution annuelle de l'APD à la biodiversité au
Maroc
(Engagements USD Million)
2,66
1,43
Source : FAO
0,55
0,38
0,03
2006
2007
2008
2009
2010
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Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
l’aide multilatérale est très limitée, elle représente 1,45% de l’APD globale dédiée à la biodiversité et
environ 9% de l’APD directe. Les aides allouées par le PNUE et les organismes de recherche sont très
limitées.
Figure 2 : Catégories de flux financiers internationaux de l’APD à la biodiversité au Maroc 2006-10
Résultats de l’APD présentés selon le modèle de la CDB
Evolution du financement national de la biodiversité au Maroc 2006 - 2010
Sur la base des finances publiques et d’hypothèses, les dépenses de protection de la biodiversité au Maroc
ont été estimées pour la période 2006 - 2010 à 12.059.417.377 dh (1.236.863.321 USD) ; soit 2.411.883.475
dh par an (247.372.664 USD). Ce montant correspond à 0,35% du PIB.
Figure 3 : Les variations annuelles des dépenses de la biodiversité par secteur (2006-2010)
7.000.000.000
6.000.000.000
5.000.000.000
4.000.000.000
3.000.000.000
2.000.000.000
1.000.000.000
2.006
2.007
MAPM
2.008
MEMEE
2.009
2.010
HCEFLCD
Source : Notre estimation.
A l’exception des années 2008 et 2009 qui coïncident avec le démarrage effectif du Plan Maroc Vert et du
programme d’arboriculture fruitière (PAF – MCA – MCC) caractérisé par des plantations massives et la
mobilisation des ressources en eau pour l’irrigation, le département de l’environnement a été durant les
autres années (3 sur 5) le leadership des dépenses destinées à la biodiversité avec en moyenne 33% des
dépenses nationales. Compte tenu de l’intensité et du volume des dépenses en 2008 et 2009, le département
de l’agriculture se place en 2ème position en assurant 26% des dépenses nationales de la biodiversité.
ix
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
Figure 4 : Répartition des dépenses brutes de l'Etat dans le domaine de la biodiversité 2006 – 2010
Source : Notre estimation.
En outre, l’effort soutenu de mise en convergence des différentes politiques sectorielles se poursuit afin
d’assurer leur réalisation dans les meilleures conditions de rentabilité socio-économique et dans le respect
absolu des principes de base du développement durable, notamment le respect de l’environnement et de la
biodiversité.
Figure 5 : Sources de financement national disponibles pour la diversité biologique 2006 à 2010
Le financement de la biodiversité au Maroc est une affaire de l’Etat qui apporte la quasi majorité des fonds.
La contribution du secteur privé et de la société civile est loin d’atteindre des seuils significatifs. Ce
financement s’effectue globalement par les niveaux décentralisés des secteurs concernés avec la perspective
de prendre plus d’importance dès la mise en œuvre effective de la politique de régionalisation.
Figure 6 : Chiffres clé du financement national dans le secteur de la biodiversité au Maroc 2006 – 2010
x
Economie et finance de la Biodiversité au
Maroc 2006 – 2010
Les lacunes de l’évaluation du financement de la protection de la biodiversité
Dès l’entame de cette étude, il était clair que des lacunes apparaîtront inévitablement dans les données, que
les observatoires pourront alors identifier, classer et hiérarchiser en termes d'enjeux pour tenter de les
combler dans l’avenir. Les lacunes sont de plusieurs natures et couvrent plusieurs aspects de la biodiversité
et les combler nécessite un travail à long terme.
Le Maroc, est reconnue comme un haut lieu mondial de biodiversité, tant dans le milieu terrestre que dans le
milieu marin, et cela parce qu'elle est soumise à un changement anthropique rapide. Toutefois, les
évaluations réalisées sont rares et de portée limitée en raison de l’existence de lacunes importantes due en
particulier au manque de connaissances sur l’état des espèces. La problématique de financement de la
biodiversité ne peut être rapprochée actuellement qu’en se basant sur les dépenses de protection et les
constats visuels qui laissent conclure que les rivières et les zones humides sont parmi l’écosystème menacé.
Effectivement si la finalité de combler les lacunes dans la connaissance est d’anticiper les pertes pour
préserver la biodiversité, il faut toujours garder à l’esprit qu’il ne sert à rien de savoir sans agir, et qu’il ne
sert à rien non plus d’agir sans savoir. Nos connaissances sur la biodiversité au Maroc sont très limitées,
mais elles suffisent pourtant dans nombre de domaines pour agir. Les plus grosses lacunes concernent la
répartition et les exigences d’habitat des espèces et sont surtout encore plus marquées dans le domaine de la
diversité génétique.
L’évaluation de l’effort financier nécessaire pour initier des actions plus efficaces pour la diminution des
pertes en biodiversité serait plus intéressante si on dispose d’abord de connaissances suffisantes et
pertinentes et puis faut-il que le transfert de connaissances se fasse jusqu’au niveau de la pratique.
Pour avoir le document entier de l’étude contacter l’auteur :
[email protected]
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